Droit et Liberté n°308 - décembre 1971
- Editorial: Le racisme tue en France par Albert Levy
- Qui a tué Djellali par Jacques Desmoulins
- Peut-on être algérien et délégué (citroën)
- Du racisme à la torture par Henri Alleg
- Silbermann...(suite) par Janine Langiert
- "Jacques" (Jacob Insel) par Catherine Varlin
- Pakistan : L'insoutenable réalité propos de Georges Bender recueillis par R. Chonavel
- Dossier du mois. Forum de l'amitié: bilan d'une année
- Pierre Paraf: notre vérité est en marche
- Alfred Kastler: "le lointain devient notre prochain
- Marius Apostolo (C.G.T.): "racisme et xénophobie ont des bases de classe"
- Pierre Evain (CFDT) "les immigrés sont les exploités les plus vulnérables"
- Abbé Jean Piban:"Faire que tout homme soit un homme debout"
- Charles Palant:"lutter contre le racisme c'est aussi mener le combat démocratique"
- Cinéma: Charlot, une figure universelle par Marcel Martin
- Théâtre: Le marchand de Venise (Shakespeare/Rétoré) présenté par J. Marchand
- Livres: "Je et les autres de J.F. Held et J. Maucorps présenté par D. Krziwkowski
- Poésie: Sous le soleil de Jean Sénac
- Education à la Fraternité: des livres qui apprennent à aimer par Bernard Epin
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DECEMBRE 1.11 . .. _ . "IX 1.101 flWlCS Le racisme tue en France Des livres qui apprennent • • a aImer Bilan d'une , annee Inde-Pakistan LE DRAME Rewe mensuelle du Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M.R. P.) DÉCEMBRE 1971 • N° 308 • PRIX : 2,50 FRANCS Le • racisme tue en ATTENTION! dans 'ce nunléro LA CARTE DU M.R.A.P. 1972 France Inde-Pakistan LE DRAME Des livres qui apprennent '" . a aImer Bilan d"une , annee Diffusion de couture Créations Arlette Nastat vaGe~nastat 43, rue d'Aboukir, Paris-2e . Tél. : 508-88-60 2 Baris, décembre 1971 Lettre à nos lecteurs NOUS POURSUIVONS l'expérience entreprise le mois dernier : Droit & Liberté est une nouvelle fois adressé non seulement aux abonnés, mais à l'ensemble des adhérents, amis et sympathisants du l·':.R.A.P. Voici pourquoi : Alors que, les années précédéntes, la carte du N.R.A.P. était envoyée à tous, abonnés ou non, sous enveloppe, elle est, cette fois-ci, encartée dans notre revue (voir pages 21 à 24). Cette formule permet un allègement considérable pour les services administratifs du M.R.A.P; et surtout, elle apporte à nos nouveaux le.cteurs, la possibilité de conna~tre mieux Jl!:Qil et Liberté et les problèmes dont il traite o NoUS espérons que, dans ces conditions, nombreux seront nos lecteurs de ce mois qui voudront, en souscrivant pour la carte 1972,manifester leur adhésion à la lutte contre le racisme. Dans notre tllettretl de novembre, nous invitions les bénéficiaires de notre envoi exceptionnel à s'abonner à Droit & Liberté. Nous leur proposions le tarif, exce~tionnel lui aussi , de 15 FR.!ù'l'C8 (au lieu de 25) POUR LEUH ABONNEHENT ANNUEL. Beaucoup ont déjà profité de cette offre. Comme nous l'avions indiqué, celle-ci reste valable encore en décembre o C'est le cadeau de fin d'année que Droit & Liberté met à la disposition de ses 10 000 nouveaux lecteurs ; et aussi des anciens qui souhaiteraient abonner' autour d'eux des personnes susceptibles de l'apprécier. Etendre le r ayonnement de Droit & Liberté c'est renforcer son potentiel d'action. C'est contribuer à f aire de 1972 tlune bonne année". A tous, donc, amis lecteurs, bonne année ! DROIT & LIBERTE . Profitant de l'offre d'abonnement annuel à 15 francs pour les amis et sympathisants du M.R.A.P., valable en décembre 1971, je vous envoie ci-joint cette somme par chèque bancaire --.:. chèque postal - mandat poste (1). NOM ...... _._. _.. _ ... _ _ _.. .... (1) Rayer les mentions inutiles . - C.C.P. 6070-98 Paris . Il Droit et Liberté Il. 120. rue Saint-Denis. Paris-2e • DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 3 4 Impossible de louer ... Abonné à votre revue depuis bientôt trois ans, je voudrais vous soumettre une petite annonce qui , à première vue est sans embûches, mais qui cache un étrange racisme . Elle a paru dans France-Soir, le 16 novembre. J'offr'l chbre à J .H. ou J .F. Px 200 F et 1 stud . à jne cple, prix intér. LAF. 08-79. Etant à la recherche d'un studio , je téléphonai au numéro indiqué. Mon interlocuteur me demanda d'abord si les deux personnes du couple étaient de nationalité française , ce à quoi je répondis négativement , étant pour ma part de nationalité tunisienne. Il me signifia donc qu'il lui était impossible de me louer le studio , son propriétaire n'acceptant pas les étrangers.. Cette réponse m'ayant choqué et intrigué , j'ai téléphoné à nouveau , et j'ai affirmé, cette fois , que j' étais de nationalité fran çaise . On me demanda alors si j'étais né en France . A ma réponse négative on m'a précisé qu'on ne louait pas d'appartement aux personnes qui ne sont pas nées en France. Mon agacement s'arrête ici . Je serais · curieux de savoir qui est derrière cette annonce . Un abonné fidèle. Des errements Dans un compte rendu des manifestations qui ont eu lieu à Paris lors de la visite de M. Brejnev, Le Monde (28 octobre 1971) écrit: « A 12 h 15, à la fin de la cérémonie à l' Hôtel de Ville , quatre jeunes gens appartenant à un mouvement d'extrême- droite ont été appréhendés et relâchés après avoir été conduits au commissariat du 4· arrondissement. Une heure plus tard , au même endroit, une cinquantaine d' élèves du séminaire israélite de France ont arraché deux drapeaux soviétiques et distribué des tracts » .. . Ainsi , à une heure près , les deux groupes pouvaient se rencontrer ; et les futurs chefs spirituels de la communauté israélite se seraient alors livrés sur les mêmes lieux, aux mêmes activités que les voyous d « Ordre Nouveau », antisé. mites forcenés. C'est afflÎgeant ! S'ils ne sont pas aveuglés par la passion , une telle concordance devrait faire réfléchir ces jeunes séminaristes , qui entendent défendre une juste cause. Je ne doute pas de leur bonne foi. Ceux que j'accuse, ce sont les politiciens qui les entraînent à de tels errements et qui , eux, certainement savent ce qu'ils font quand ils pervertissent de la sorte les sentiments humains. A moins qu'ils ne jouent les apprentis-sorciers, ce qui n'est pas moins grave ... J 'ai connu pendant la guerre des élèves du séminaire israélite , quand celui-ci était replié près de Clermont-Ferrand. Certains ont payé de leur vie leur action contre le nazisme. Les temps ont bien changé. Je ne prétends certes pas que la situation des juifs en U.R .S.S. ne soulève aucune question . Mais il est des méthodes et des promiscuités inadmissibles. Peut-on' accorder respect et confiance à ceux qui ne craignent pas d'y reeourir ? Stéphane BON FILS Paris (18") Je n'ai pu m'empêcher ... Lors de la venue à Paris de M. Brejnev, lorsque j'ai vu et entendu manifester des jeunes juifs sionistes dont l'idéal semble être surtout l'antisoviétisme , j'ai ressenti un profond sentiment de gêne. Si l'Union soviétique n'avait pas joué le rôle décisif que l'on sait dans la lutte contre Hitler et sa clique, ces mêmes manifestants ne seraient sûrement pas là : eux, leurs familles , moi-même, aurions disparu . Je n'ai pu m'empêcher, en les croisant, de penser à une certaine chanson de Jean. Ferrat pauvres petits ... inconscients! R. LEVY Paris (11") . Indiens et publicité J'ai vu dans un cinéma de Metz, la projection d'une publicité de la firme Miko , qui fait présenter ses produits par de pseudo-Indiens. Ceux-ci dialoguent dans le style que prêtent les racistes à ce COURRIER peuple : « Moi grand-chef », etc .. . Cette publicité précédait le film « J'irai cracher sur vos tombes» , de Boris Vian , sur le racisme des blancs aux U.S.A., au siècle dernier. Ce film est d'une actualité brûlante , et il ne faut pas beaucoup transposer pour que surgissent à notre conscience les noms d'Angela Davis ou des Frères de Soledad . Toutes mes félicitations aux membres du comité de rédaction pour leur travail et leur vigilance efficace (O.R.T.F.). J 'entends parler du M.R.A.P., et je lis le sigle d'espérance dans la presse . Cela est encourageant ... Yves-Pierre RAGON 21 - Dijon . Correspondance Je vous serais très obligé si vous pouviez me communiquer les noms et adresse d'un jeune étranger, qui accepterait de correspondre avec moi, pour ainsi nouer des contacts toujours intéressants. Je suis né le 10-4- 1950 à Roubaix, exerce la profession d'employé de banque et participe à la promotion des travailleurs étrangers par l'alphabétisation . Jean-Claude LECOMPTE 118/ 1, rue Saint-Hubert 59- Roubaix. « A coups de pieds Il ••• Ce n'est pas pour vous parler des manifestations de racisme incessantes que nous pouvons constater dans différents milieux de la coopération (dont nous faisons partie) que je vous écris. Mais pour vous rapporter les propos suivants dont j'ai été le témoin honteux et révolté, bien que connai ssant hélas la fréquence de ce genre de choses en Fra nce, malgré la lutte menée sur ce plan- là par nos travai lleurs. Etant en traitement, au mois de septembre , à la maternité de l'hôpital Saint-Vincent-dePaul dans le 13" arrondissement de Paris, je fus réveillée pendant la nuit par des éclats de voix. Un garçon de service (chargé de transporter les malades) parlait , et très fort pour être entendu , d'une accouchée récente qui faisait - réaction assez fréquente paraît- il après un accouchement - une sorte de crise nerveuse (besoin de tout casser, de frapper, cris, tentatives d'évasions répétées ... ) : « Moi , criait- il , c'est à coups de pieds au cul que je la ferais accoucher. Qu'est-ce qu'elle a à se plaindre? Elle n'avait qu'à rester dans son pays si elle n'est pas contente . Au lieu de nous emmerder. Est-ce qu'on l'aurait soignée aussi bien chez elle , hein? Non mais alors ... Qu'elle retourne dans son pays si ça ne lui plaît pas ! », etc. (je cite les termes dont je me souviens) . La femme dont il s'agit était une Algérienne . C'est ce qui justifiait pour cet homme le discours grossier et raciste qu'il faisait . Discours bête au demeurant, chacun sachant que la réaction nerveuse de cette femme n'avait rien à voir avec sa volonté . J 'ajouterai simplement que la garde de nuit, loin de s'indigner, approuvait très fort . Ce fait s'ajoute à d'autres, fort nombreux, qui montrent le racisme étonnant qui existe dans nos hôpitaux, vis-à-vis des travailleurs immigrés hospitalisés et des travailleurs de la Santé publique antillais, ainsi que me l'a maintes fois affirmé uf\e amie infirmière qui lutte contre cet état de choses. Je pense que cet incident peut intéresser vos lecteurs. Hélas 1. .. Mme NEGRE, Porto-Novo (Dahomey). dans ce nUDlèro Qui a tué Djellali? Un jeune Algérien de quinze ans a été assassiné. Un climat de haine, des campaQnes racistes sont à l'origine du crime (p. 7). Du racisme à la torture le général Massu a écrit ses mémoires. justifie l'emploi de la torture. Henri Ailey répond (p . 9 et 10). Ecrit dans la boue Des journaux, toujours les mêmes, sèment la haine (p . 11) . Le drame La guerre a éclaté entre le Pakistan et l'Inde. Une situation dangereuse est ainsi creee dans cette partie du monde (p. 13 et 14). 1* bfj~ 1----- Bilan d'une Année le Forum de l'Amitié a été un succès . Des hommes, divers dans leurs origines et leurs options ont exprimé une volonté identique d'agir contre le racisme (p. 17 à 26). Des livres qui apprennent à aimer Dans les livres pour enfants paraissent des ouvrages qui donnent à connaître la vie, les civilisations d'autres peuples (p. 38) . Couverture photo Information Service of India MENSUEL, 120, rue Saint-Denis - Paris (2) Tél. 231 -09-57 - C.C.P. Paris 6070-98 ABONNEMENTS • Un an : 25 F • Abonnement de soutien : 50 F Ami/IeS, Réul1ioll, Maghreb, Afrique [rall copholle, Laos, Cambodge, Nouvelle-CalédOllie
- 25 F. Aulres pays : 35 F.
Chal/gell/enl d'adresse : J F. Directeur de publication : Albert Lévy Imprimerie La Haye DROIT ET LIBERTE - ND 308 - DECEMBRE 1971 éditorial Le racislDe tue en France A SSASSINAT d'un garçon de quinze ans dans le dix-huitième arrondissement de Paris; coups de feu contre toute une famille et tentative de noyade à Angers ; menaces et brimades contre un candidat aux élections du personnel chez Citroën, à Levallois; agressions à Paris contre un cinéaste qui est gravement blessé, à Boulogne contre un travailleur qui meurt sous les coups; attaques de commandos contre des passants, à Lyon dans le style de l'O.A.S. : la liste s'allonge des crimes et des sévices dont sont victimes depuis quelques semaines des Algériens et parfois d'autres immigrés en France. Si ces actes traduisent parfois la fureur meurtrière qui s'empare de racistes forcenés lorsque leurs passions sè' déchaînent, ils sont souvent le fait de groupes organisés. CETTE escalade de la violence, introduisant en France les moeurs qui sont l'apanage des pays les plus racistes, s'inscrit dans le contexte de la dure exploitation qui frappe praticulièrement les travailleurs immigrés dans notre société: bas salaires , travaux les plus pénibles, entassement dans les bidonvilles, les caves ou les garnis sordides, dans les quartiers transformés en ghettos. Elle est un effet des excitations à la naine, des appels aux sentiments de peur, et de mépris, répandus par une certaine presse , par des tracts, des graffiti qui déshonorent notre pays. En cette période de crise économique, de chômage et d'insécurité, où tant de Français connaissent des difficultés de toutes sortes, le racisme tend à diviser en groupes hostiles les travailleurs, la population, alors que tous doivent faire face aux mêmes problèmes. Arme antidémocratique, le racisme tend à désigner à l'opinion des « boucs émissaires» pour détourner d'une analyse lucide et d'une lutte cohérente ceux qui cherchent à améliorer la situation. C'est donc dans l'intérêt de tous, dans l'union, qu'il convient de barrer la route au racisme. Nous constatons que, dans le cadre de l'Année internationale de lutte contre le racisme, proclamée par l'O.N.U. , et qui va bientôt s'achever, les pouvoirs publics n'ont pris aucune disposition concrète pour combattre ce fléau . En particulier, aucun des actes criminels perpétrés par des racistes pendant le conflit pétrolier franco-algérien, au printemps dernier, n'a donné lieu à des arrestations ou à des poursuites. DEVANT la montée des périls, sans démagogie et avec le souci permanent de ne pas aggraver les tensions, le M.R.A.P. demande que soient prises sans délai les mesures suivantes : Mise hors d'état de nuire et châtiment impitoyable des auteurs d'exactions racistes; Poursuites contre les publications qui provoquent systématiquement la haine; Adoption des propositions de lois du M.R .A.P ., déposées au Parlement depuis 1959, contre les discriminations, la diffamation et toutes les menées racistes; - Vote et application de lois assurant l'égalité sociale des immigrés, l'alphabétisation et la promotion, un accueil humain et organisé de ces travailleurs; - Financement par l'Etat et le patronat d'un plan d'urgence pour la suppression des bidonvilles et des taudis, afin d'assurer un logement décent à tous les mal-logés français et immigrés; - Mise en oeuvre des grands moyens d'information et développement des activités culturelles pour éclairer l'opinion publique sur les problèmes de l'immigration, combattre les préjugés racistes et xénophobes. Nous appelons tous ceux - sans distinction d'origine ou d'opinion - qui condamnent le racisme , à se mobiliser pour lui faire échec, pour exiger des pouvoirs publics les mesures urgentes qui s'imposent. Albert LEVY 5 fi _CO_ ~_a_,,,!,,,r~ ____ )_5'_R_U_E_D_E_CL_I_CH_Y_'_P_"_R_IS_'9_. Mensuel ~dit~ Tél, 874·35·86 . C.C.P. p,,;, 10.072-53 par le Conseil National du Mouvement de la Paix Au sOlDlDaire du n ° 251 (15 d~c_ 71- 15 JanY_ 72)
- Le ((Cône Sud» : l'Anlérique Latine
en 697"1. * Indochine, c'est fini? Non!
- Opinion publique et' désarnlenlenl
- Rappels r~cents :
- Le Bangla-Desh tel que je l'ai vu.
un témoignage du R.P. Jean-Yves JOLlF, membre du Bureau National du Mouvement de la Paix (n° 249).
- (( Marchands de canons », inlage de
lRarque de la France? Un dossier publié dans le n° 248. * Mégatonnes, nléganlorls. Un monde capable de se surtuer (n° 247). Specimen sur demande : « Combat pour la Paix, 35, rue de . Clichy, Paris-9" - C.C.P. 10.072.53 - Abonnement 1 an (10 numéros) : 18 F, le numéro 2 F. LE PAVILLON ROGER MARIA ÉDITEUR présente sa galerie BRONZES D'ART MONNAIES ET MÉDAILLES 6, rue Thouin, 75-PARIS 05, TéL 633-66-35 POUR VOS CADEAUX nous vous proposons une sélection des plus attrayantes productions de LA MONNAIE DE PARIS • OFFREZ ET COLLECTIONNEZ des médailles et médaillons représentant les personnalités les plus diverses d'hier et d'aujourd'hui (écrivains, musiciens, peintres, hommes politiques, etc.) ou évoquant des thèmes variés, des reproductions de monnaies anciennes. ENTRÉE LIBRE OUVERT TOUS LES JOURS (SAUF DIMANCHE) de 14 h à 19 h COMBINI! Jmprim6 ft! a.JJ~it. .. Distribution : Saogêne - Merci NS. Bouly, 71, rue de Provence, Paris-9' Tél. : 744-67-59. inunigrés Qui a tué Djellali? électoralistes au niveau du Conseil de Paris. Et sous le titre « Voici notre dossier noir li, on peut lire, sur deux pages, ce genre de prose : « Sortir le soir est devenu une véritable expédition ou presque li, "Les contrôles ne sont qu'occasionnels. L'absence d'agents musulmans ou arabisants laisse abandonnée à toutes les tentations de la délinquance une population immigrée qui a besoin d'être aidée. Les voyous prolifèrent li, "Un quartier entier est ainsi en train de devenir le lieu de "loisirs li des dizaines de milliers de travailleurs immigrés li, .. Par quel abus autorise-t-on, par exemple, des ressortissants étrangers à acquérir à bas prix - après avoir rendu la vie impossible aux propriétaires - des cafés, des magasins dont la " colonisation li tend à donner un caractère irréversible à une occupation qui s'étend constamment.)I I L s'appelait Djellali Ben Ali. Il avait quinze ans. Le mercredi 27 octobre, il a été assassiné, au 53, rue de la Goutte-d'Or, dans le 18' arrondissement de Paris. Il allait chercher son lait. L'escalier où il est tombé, la tête éclatée par la balle qui l'a frappé, pose le décor de ce qu'on appelle un fait divers. Fait divers? Cela ne fait aucun doute pour certains. Conclusion normale d'une affaire passionnelle, affirment-ils le mari trompé s'est vengé. Il ne faut pas chercher plus loin. Et la grande presse, celle qui affiche toujours le crime à la « une », glisse et tourne la page. C'est l'attitude déjà observée lors du crime de Boulogne, quand Gacem Ali fut roué de coups par des voyous et en mourut dans la première quinzaine d'octobre. Même silence gêné en ce mois de novembre quand le cinèaste Mohammed Zinet, réalisateur de Tahya ya Didou, est agressé au Quartier Latin. Mais les « Coudreaux», c'est autre chose! Un rentier français, roué de coups, et qui en meurt, ça, cela vaut des « manchettes ». Pourquoi cet amalgame des faits divers? Parce que des Algériens y jouent un rôle: agresseurs aux Coudreaux, agressès dans les autres cas. Avec mort d'homme le plus souvent. Quand c'est l'Algérien qui est tué, il ne peut s'agir que d'un fait divers banal, qu'on ne parle surtout pas de racisme. C'est ainsi, qu'en gènéral, ce qui est devenu « l'affaire Djellali » a ètè prèsenté. On s'appuie pour cela sur des données contrôlèes donc incontestables : Djellali était turbulent, bagarreur, la police le connaissait bien (il avait quinze ans !). De plus, il était malade, sujet à des crises d'épilepsie. Mais beau garçon. Et comme l'épouse de M. Pigot, le meurtrier, ne dédaignait pas de «rendre visite, quand elle s'ennuyait, -à ces Arabes ... li, il n'en faut pas plus pour accréditer la thèse du crime passionnel. On ajoute encore la légitime dèfense. Mais les cartouches qui ont tué ont été achetées une semaine avant. On dit encore que Djeliali «avait menacé à plusieurs reprises M. Pigot, le concierge de l'immeuble li. Mais il a été attaqué par derrière, et c'est dans la nuque qu' il a été frappé. Mais le mercredi 20, huit jours avant le crime, le concierge avait menacè la tante de Djellali, chez qui il vivait, jetant dans leur magasin des cartons ramassés près des poubelles, il criait : DROIT ET LIBERTE - N° 30B - DECEMBRE 1971 «Gardez vos ordures chez vous et rentrez dans votre sale pays li et tirait sur elle avec un pistolet d'alarme chargé à blanc. Des témoins existent. Le jeudi, c'est Djellali lui-même qui est agressè par les époux Pigot. Crise d'épilepsie chez le gamin. Et hôpital. Plainte de l'oncle au commissariat de police : «ça ne nous regarde pas li, lui est-il répondu. Nouvelle démarche auprès d'un avocat avec qui est pris r~ndez-vous pour le mercredi 27, à 14 heures. Djellali n'est pas allé au rendez-vous. Son sang, depuis le matin, maculait le plafond et le mur de l'escalier du 53, rue de l.a Goutte-d'Or. Cela, c'était avant le crime. Les lendemains du crime conhrment l'analyse, puisqu'une pétition a circulé immédiattement, demandant la libération de Présence permanente de la police. Ces faits, et d'autres que nous ne pouvons pas tous citer, tempèrent un peu l'engouement avoué pour le seul fait divers, pour le crime passionnel. Et puis, il y a l'environnement. Nous sommes dans le 18e arrondissement où la politique d'immigration a parqué, par milliers, des familles d'Algériens. Ils sont aujourd'hui une très forte minorité dans ce quartier. Parfois majoritaires dans certaines rues. Cela ne peut pas ne pas crèer de difficultés. Et cela d'autant plus que des journaux racistes, des groupes racistes enveniment les rapports. Surtout quand quelques « bonnes âmes» s'emploient à dresser les communautés les unes contre les autres. C'est ainsi qu'une feuille, Paris-demain, a vu le jour dans le 18'. Son premier numèro est datè de novembre. Elle ne cache pas ses visées « Monsieur Pigot» qui a tuè le « dénommé Ben Ali» qui «l'avait menacé à plusieurs reprises li. Cette pétition adressée à M. Bernasconi, dèputé U.D.R. du 18e, reprend les thèmes de la feuille Pa risdemain, et, bien entendu, exige des mesures policières plus fermes dans le quartier. Parallèlement, des groupes irresponsables, sous prétexte de défendre les Algériens, provoquent des incidents qui isolent les immigrés et justifient la présence permanente de la police. Ainsi, avant le crime existait une situation que certains ont exploitée de façon raciste. Le crime commis, la situation nouvelle est encore exploitée de façon raciste. Alors qui a tué Djellali? Crime passionnel ou racisme? Jacques DESMOULINS. 7 - une histoire d'antour -, ----------------------- PEUT-ON ÊTRE ALGÉRIEN ET DÉLÉGUÉ? M ESSAOUD BENGHELLAB est algérien . Il travaille chez Citroën , à Levallois. Cette entreprise emploie 5 800 travailleurs dont 4856 horaires . La main d'oeuvre immigrée représente environ 85 % de cette catégorie. L'écrasante majorité de ces travailleurs est O.S. Citroën offre une autre particularité : celle de posséder une organisation syndicale , la C.F.T. (Confédération française du travail) qui , en collaboration avec la direction, fait régner sa loi dans l'entreprise et s'oppose violemment et par tous les moyens au développement des syndicats ouvriers . Messaoud Benghellab a adhéré à la C.G.T. il y a deux ans. Ouvrier conscient il se fait souvent le porte-parole de ses camarades immigrés. En juil let dernier, il donne son accord verbal pour figurer sur la liste C.G .T. lors des élections des délégués de novembre. A partir de ce moment , il devient le point de mire de la direct ion et di'! la C.F.T. Rien ne lui est épargné. D'abord et pendant deux jours, un chef d'équipe et un contremaître se relaient, à côté de sa machine, le traitent de fainéant et autres injures plus grossières les unes que les autres. 8 Dans le même temps, une vaste campagne est orchestrée. Aux travailleurs immigrés on dit : Il Il faut être bien avec la direction, il faut être bien avec la C.F.T., ce sont eux qui vous donnent du travail, donc qui vous donnent à manger. " Aux autres travailleurs, on suggère qu'ils ne peuvent être défendus par un Algérien et tous les sous-entendus racistes et xénophobes sont utilisés. Quant à Messaoud Benghellab, on l'oblige à prendre une carte de la C.F .l . Pour le protéger, la C.G.T. , dépose immédiatement sa candidature pour les électio"ns. Alors la pression s'accentue et le processus s'accélère. Dès la deuxième semaine d'octobre Messaoud est muté de poste. Le 27, il est convoqué par « l'interprète» de la direction qui veut lui faire rendre sa carte de la C.G .T. Le 28, il tombe malade et se soigne chez lui (ils sont quatre dans la même pièce) . Là , du 28 octobre au 2 novembre, la pression va se poursuivre. Quatre fois la C.F.T. conduite par un délégué bien connu , lui rendra visite. Toujours pour qu'il abandonne la C.G.T. La menace intervient : «On va te couper la tête si tu n'obéis pas." Le 2 novembre , dans un tract, la C.G.T. dénonce ces méthodes. Le 4 , la C.F.T. distribue un tract où elle présente une lettre écrite en arabe par Messaoud . Celui-ci aurait donc cédé? Non, c'est un faux, car Messaoud ne sait ni lire ni écrire dans sa langue maternelle. L'inspectrice du travai l intervient le même jour. Elle convoque Messaoud pour 14 h 30. Il veut se rendre à cette convocation . Mais, à 14 h 15, il est intercepté par un commando C.F.T. qui veut l'obliger à distribuer lui-même le faux. Ce qu' il fait pour quelques exemplaires et sous la menace, puis disparaît. Messaoud, nous l'avons dit, est un travailleur conscient. Il sait , et de nombreux immigrés avec lui, qu' il est nécessaire que ceux-ci soient représentés parmi les délégués pour être mieux défendus. Il maintient donc sa candidature. Les élections ont eu lieu. La C.G.T. a gagné en voix, en pourcentage. Elle obtient même un délégué supplémentaire . Messaoud est élu . C'est un échec pour la direction Citroën et son « syndicat- maison ». Mais il y a plus que cet échec : car si les travailleurs immigrés sont les plus atteints par la répression patronale et la C.F.T., cette répression n'épargne pas les travailleurs français . Immigrés et Francais ont mené ensemble une action . les intéressant tous . C'est une victoire sur les tentatives de division que le racisme et la xénophobie engendrent. Et cela , chez Citroën , il fallait le faire! Du raci• sme a"' la torture UNE exceptionnelle publicité a entouré la sortie récente du livre du général Massu , « La vraie bataille d'Alger.,. Ce n'est pourtant pas la valeur de l'ouvrage qui justifie ce bruyant lancement, car les lecteurs y chercheront vainement un é p~sode inédit, une révélation historique ou un jugement politique nouveau sur les événements évoqués. Ceux qui auront ouvert le livre avec l'espoir d'y trouver un témoignage de première main sur la guerre d'Algérie , le refermeront en restant sur leur soif. Ce ne sont évidemment pas non plus les qualités littéraires du général parachutiste, plus à l'aise dans le maniement des commandos répressifs que dans celui des idées, qui suscitent cet intérêt tapageur. Personne d'ailleurs, même parmi ces journalistes proches de l'auteur et qui furent en d'autres temps des «jusqu'auboutistes., de la guerre coloniale, ne s'est risqué à prétendre le contraire car nul ne se trompe sur les ra isons d'un su ccès commercial qui t ient avant tout, comme nombre d'autres, au scandale qu'il soulève . « Lisez ce livre! Du jamais vu, du jamais dit! Un général de l'armée française avoue qu'il faisait torturer ses prisonniers! Les tortionnaires? Des DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1"971 hommes aux qualités morales exceptionnelles, affirme Massu ! Il Ces lignes - au point où l'on en est - pourraient très bien figurer sur la bande de lancement du livre. Elles résumeraient sans en trahir l'esprit, le thème général d'une opération bâtie pour tenter de justifier la torture et réhabiliter les tortionnaires . A la vérité , les aveux du général Massu n'apportent pas non plus de par Henri Alleg ' ....... ~ ....... L'auteur de « La Question Il, s'agissant de la torture, peut témoigner. Il sait dans sa chair, de quoi il parle. Son analyse du livre du Général Massu n'en est que plus précieuse. révélation extraordinaire, même dans la connaissance de la « pratique., de la guerre d'Algérie. Il y a bien longtemps que l'opinion dans sa grande majorité ne doute plus de la véracité des témoignages nombreux qui dénoncèrent à l'époque le traitement indigne infligé aux prisonniers algériens ; mais ce qui est effectivement nouveau , c'est qu'un militaire français de haut rang s'en fasse gloire - cela au pays de la Déclaration des Droits de l'Homme et au moment même où des méthodes semblables utilisées par les Américains au Vietnam , soulèvent une telle indignation que certains officiers ont dû , malgré tout, venir s'en expliquer devant les tribunaux de leur pays. Cette apologie de ce qu'il faut bien appeler des crimes de guerre - puisque c'est ainsi que, depuis Nuremberg , les qualifie la jurisprudence internationale - n'a pourtant suscité aucune sorte de réaction dans l'aréopage des détenteurs du pouvoir pourtant chargés de veiller sur l'honneur et le crédit de la nation . Faut- il rappeler qu'au temps de la guerre d'Algérie, les hommes courageux qui luttaient pour la paix en Algérie et osaient dire ce qu'ils savaient des massacres collectifs de population , des exécutions sommaires, et des « usines 9 ~Photos Marc Paygnard _____ ... fin ................ à torture Il mises au point par les services du général ne jouissaient pas d'une telle mansuétude? Ils étaient poursuivis devant les tribunaux,' sanctionnés lorsqu'ils étaient militaires comme le fut lui-même le général Pâris de la Bollardière, accusés de calomnier la France et son armée parce qu'ils refu saient seulement de faire endosser à leur pays les horreurs que le général Massu revendique allègrement aujourd'hui. C'était l'époque où Michel Debré , alors premier ministre, s'expliquant à la tribune du Sénat (1) sur la saisie du livre « La gangrène » qui dénonçait les sévices exercées en France par certains policiers , s' indignait de son caractère « outrageusement mensonger et diffamatoire représentant simplement un assemblage de mensonges Il. « Le parquet, aloutait-il , est saisi, d'une plainte en calomnie et en diffamation . .. Je ne voudrais pas qu'on dise que ce livre infâme, rédigé par deux auteurs infâmes, représente en quoi que ce soit l'ombre de la vérité Il. Les temps ont décidément bien changé puisque, ce qui était «calomniell hier et attirait sur ses auteurs les fou dres du pouvoir, est aujourd'hui vérité avouée , bonne à publier et à diffuser par les voiès de la télévision et de la radio d'Etal . Il faut dire aussi qu'à l'époque, le générai Massu était lui-même moins disert. Les ordres qu'il donnait pour l'utilisation systématique des électrodes , 10 de la baignoire et d'autres supplices , et pour la destruction « physique Il et sans jugement des résistants algériens , étaient marqués du sceau du secret. Il n'y a pas si longtemps encore , à l'occasion d'un procès où il témoignait en faveur de l'un de ses anciens subordonnés qui s'est illustré depuis parmi les mercenaires du Katanga - il jurait ne rien savoir des méthodes d'interrogatoire pratiquées sous son règne puisqu'il ne « descendait pas sur le tas Il. La « franchise Il dont certains voudraient au moins créditer le général, se révèle donc n'être qu'une franchise à éclipses. Il n'hésite pas plus à taire ou à travestir la vérité lorsqu'il y trouve son compte : ainsi de cette torture à la française (( parfaitement supportable ... comme chez le dentiste ... qui ne porte pas atteinte à la dignité ou à l'intégrité physique des prisonniers Il, à l'exception sans doute des milliers d'Algériens qui sont morts sur la planche à tortures et dans les « corvées de bois )1, à l'exception aussi des milliers d'autres que la souffrance a rendu fous et marqués pour toujours , ainsi également de la « fuite» de Maurice Audin et du « suicide » de Ben M'Hidi, ainsi de ces tortionnaires choisis pour leur « haute valeur morale», ainsi enfin de ces contre-vérités lancées pour discréditer des hommes et des femmes qui combattirent pour l'indépendance de l'Algérie . La politique, affirme aussi le général , n'était pas son affaire. Sa mission, était de protéger la population européenne contre les « terroristes». Pour cela il lui fallait être renseigné et pour l'être, une seule méthode était efficace, celle de la « question Il, jugée « nécessaire et moralement valable Il (2). Sur « l'efficacité Il, il suffit aujourd'hui de dire que ces méthodes n'ont pas empêché l'Algérie de conquenr son indépendance pour démontrer que les hommes qui se sont abaissés à les pratiquer n'ont rien changé à ce que l'Histoire exigeait. Le seul résultat de la tortu re et des exactions généralisées a été de rendre la décolonisation plus difficile en préparant le terrain à l'O.A.S . et en contraignant des centaines de milliers d'Européens d'Algérie au départ. Mais le général se fait plus simple qu'il n'est. Il n'est pas si incolore qu',! le prétend et il savait quelle politique il servait. Celle-ci répondait parfaitement à ses propres sentiments qui s'expriment dans son livre, malgré les précautions qu'il prend. Il servait le colonialisme qui" ne peut se détacher du racisme à l'égard du colonisé. A partir de là, on peut plus aisément comprendre que Massu puisse parler avec ce mépris ironique des « Mohammed Ben Untel» que ses hommes maltraitaient (après tout, il ne s'agissait que de « bougnoules» et accidentellement de leurs complices) . On disait déjà que ces gens ne comprenaient que la force, il fallait bien leur montrer où elle était et le meilleur moyen était la terreur. C'est sur ce mépris de l'homme que reposait toute la politique coloniale. C'est au même mépris profond que répondait en août 1955, l'ordre de destruction complète - avec raccord du gouverneur général d'alors, Jacques Soustelle - de dix mechtas algériennes après (( évacuation des femmes et des enfants Il selon le communiqué officiel, ce qui signifiait que tous les hommes y furent sacrifiés . On sait qu'on fit encore mieux par la suite. (1) Déclaration au Sénat , le 25 juin 1959. (2) Dans une note secrète du 19 mars 1957 (citée dans « La raison d'Etat » de P. Vidal -Naquet) Massu écrit à propos d'un sermon du R.P. Delarue , aumonier parachutiste justifiant la torture « Le général commandant de la 1 O· DP invite toutes les âmes inquiètes ou désorientées à l'écouter et souhaite que ces réflexions d'un prêtre contribuent à éclairer ceux qui n'ont pas été formés à la rude école de la « guerre pourrie» d'Indochine et qui n'auraient pas encore compris que l'on ne peut lutter contre la « guerre révolutionnaire et subversive », menée par le Communisme international et ses intermédiaires, avec les procédés classiques de combat, mais bien également par les méthodes d' action clandestines et contrerévolutionnaires. « La condition sine qua non de notre action en Algérie est que ces méthodes soient admises, en nos âmes et consciences , comme nécessaires et moralement valables . » Un récidiviste C * OMME de nombreux autres foyers . africains celui de la rue Nordmann, dans le treizième arrondissement de Paris, est perturbé. Les locataires font la grève des loyers. Pour des raisons identiques à celles que mettent en avant toutes les victimes des marchands de sommeil. Dans cette ancienne usine, ils payaient un loyer mensuel de 90 F pour coucher dans des « chambres» à 8, 10 et 12 lits. Tout ce qu'on voit dans de telles chambres est connu. Des revendi cations sont apparues hygiène, douches, réfectoire... comme partout ailleurs. Des entrevues ont eu lieu entre le gérant et les locataires. Des promesses ont été faites . Et, comme ailleurs , rien n'est venu depuis deux ans . Les locataires proposent de ne payer que 50 F tant que les réparations ne seront pas effectuées. Refus du gérant, et la grève devient la seule riposte possible. Aussitôt la provocation s'organise. Le lundi 1 er novembre, deux provocateurs se présentent et prétendent loger au foyer. Ils se recommandent du gérant. Refus des locataires qui connaissent bien ces individus. La police intervient et emmène les nervis. Le mardi, le gérant fait son apparition. Accompagné de trois hommes de main. Un revolver est aperçu. Bagarre. La police intervient. Les locataires arrêtés seront rapidement libérés grâce à l'intervention de diverses personnalités et du M.R .A.P. Notons le nom du gérant: M. Touré. Il est guinéen comme ses hommes de main. Et rappelons qu'en octobre dernier, au foyer de la rue Bisson dans le vingtième arrondissement, deux journalistes de L'Humanité et deux conseillers muni- . cipaux communistes avaient été agressés par le concierge de ce foyer. Un concierge désigné par le gérant de cet établissement, et qui n'est autre que le même M. Touré . C Silberu.unn ... (suite) ) S ILBERMANN» encore ... Alors que la nocivité de ce film diffusé au mois de septembre par la télévision semblait parfaitement établie, si on en croit les critiques de la presse, les protestations de diverses organisations et personnalités, ainsi que les répercussions dans le public (1). il se trouve une revue, L'Arche (2), pour offrir une tribune à l'auteur du roman, Jacques de Lacretelle. Nous ne signalerons qu'en passant le comportement du journaliste, Victor Malka, qui annonce d'emblée ne pas partager l'opinion de « L'Humanité» et du M.R .A.P., ni « le délire anti-israélien » de Michel Cournot et avoue ne pas savoir « ce qu'il faut penser de ce livre ». L'intention est manifeste de restreindre le champ des protestations à celle de « L'Humanité» et d'y assimiler le M.R.A.P. Procédé bien connu , et qui vise ici à discréditer auprès de certains lecteurs tous ceux qui ont manifesté leur indignation contre l'émission. Ce qui permet a contrario de dédouaner les responsables de celle-ci et de valoriser l'auteur du roman. L'inter-· viewer ne va-t-il pas jusqu'à prétendre que « l'on trouve Silbermann dans toute bibliothèque juive!» Est-ce un constat ou une invitation? Cette plate complaisance confine au masochisme? En attendant qu'il y figure ... pourquoi donc tresser des couronnes à Jacques de Lacretelle. « Spécialiste» de Gobineau dont l'oeuvre lui a inspiré « Silbermann», il a collaboré à la rédaction du « Flambeau », organe des Croix de feu, puis du mouvement qui leur succéda après DROIT ET LIBERTE - ND 308 - DECEMBRE 1971 leur dissolution (18 juin 1936), le parti social français. Il est l'auteur d'une « Vie de la Roque», qui fut président des Croix de feu puis du parti social français. Ce sont les Croix de feu qui avec d'autres nationalistes, furent à l'origine des émeutes du 6 février 1934, aux cris de « mort aux juifs». Jacques de Lacretelle écrivit ensuite dans « Le petit journal» quotidien racheté par des amis de la Roque dans la perspective d'en faire le porte-parole du P.S.F. (3). Si, aujourd'hui Jacques de Lacretelle proteste de ses bonnes intentions son oeuvre demeure, pétrie des stéréotypes de l'antisémitisme , que l'écran a fatalement mis en relief. Suffit-il qu'un tel homme se dise favorable au sionisme pour que « L'Arche Il oublie son passé et la nocivité de ses écrits? Un vaste (( complot Il Autre son de cloche, dans le dernier numéro (4) de « France-Pays Arabes» , où l'article d'Abdelkader Benabdallah - toujours à propos de « Silbermann » - s'intitule : « La provocation antisémite des sionistes». Il s'agit là d'insérer le film « Silbermann» dans une vaste machination qui viendrait à point nommé, pour exercer une pression sur une opinion publique profondément culpabilisée par des oeuvres comme « Le chagrin et la pitié», pour renforcer la propagande sioniste et amener les juifs fran çais à partir en Israël! Ce long article , s'appuyant sur des éléments partiels (Maurice Clavel n'est pas le seul porte-parole de la presse française, ni même du « Nouvel Observateur» où lui répondait, le même jour Michel Cournot), jouant sur la répétition et les généralisations, ne craignant pas les contradictions les plus absurdes , baigne dans le délire le plus aberrant. Nous répondrons simplement : effectivement « Silbermann» est un film antisémite; il faut le dénoncer comme tel et prévenir l'opinion publique du danger qu'il représente . Mais n'est-ce pas aussi de l'antisémitisme que de voir partout « la main des juifs Il, de même des « sionistes Il, d'une façon obsessionnelle? Pour reprendre l'un des faits évoqués par M. Benabdallah, le succès du film de Marcel Ophüls « Le chagrin et la pitié» a de quoi réjouir les antiracistes, car en démontant le processus de la collaboration , il contribue très efficacement à la lutte contre l'antisémitisme. Ne serait-ce pas précisément ce qui chagrine l'auteur de ce ridicule pensum? M. Benabdallah oublie volontairement qu'en France, pour de nombreux juifs combattre l'antisémitisme n'implique pas obligatoirement le départ pour Israël, même parmi ceux qui éprouvent une très grande sympathie pour ce pays. Il néglige en outre l'existence des nonjuifs qui poursuivent le même objectif. Démasquer ceux qui s'efforcent de masquer l'antisémitisme et ceux qui le pratiquent en se camouflant fait partie de ce combat. Janine LANGIERT (1) Voir Droit & Liberté de septembre-octobre et de novembre 1971. (2) 26 octobre 1 971 . (3) Cf. «Partir, journaux et hommes politiqueS », par Henry Coston. (4) Octobre-novembre. 11 « J acques )~ Le 25 octobre 1971, le commandant Jacob Insel, mort au combat en 1944, a été inhumé au cimetière de Bagneux. 1 ES morts meurent chaque fois qu' on L y pense » a dit Henri Pichette le poète. Notre ami « Jacques », notre camarade est donc mort il y a quelques jours, aux premiers froids d'automne, lorsqu'avec un petit groupe de fidèles , nous avons vu descendre son cercueil au cimetière de Bagneux, un cercueil qui avait déjà beaucoup voyagé , depu is ce jou r de 1 944 où Jacques fut tué pour avoir essayé de signaler aux avions britanniques qu'ils bombardaient un train plein de déportés , jusqu'à ce premier transport de Provence à Toulouse dans une camionnette brinqueballante au milieu des désordres de joie de la Libération. Pendant que les fossoyeurs inhumaient Jacques, l'autre jour, nous étions quelques-uns, autour de sa femme Fella , qui exhumions son souvenir : il avançait dans une rue de Toulouse de son pas chaloupé , précédé de sa pipe et de son regard gris (au fait n' avait-il pas des yeux noisette?), ses pantalons serrés par des pinces - le vélo était notre pain quotidien -, la veste à carreaux flottant sur ses hanches . Il était membre du triangle de direction de notre brigade F.T .P.-M .O.I. , chargé des armes - si rares -, de l'organisation - si frêle - , des liaisons - si menacées. Il était de ces responsables qui servent d'appui. Bien qu'il fût très jeune, il était pour nous l'anci en, non par l'âge - je ne pense pas qu'il avait dix ans de plus que nous, blancs-becs ayant sauté à la marelle de l'enfance à la clandestinité - mais par l'expérience , par le poids du vécu au combat. Il flottait autour de lui comme un air de Madrid ou de Teru el. que noùs respirions comme un oxygène, et qui nous grisait. Il avait toujours ' entre les mains une petite réserve de bonté qu'il déposait furtivement auprès de nous, lorsqu' il nous quittait, après chaque rendezvous. Jacques avait choisi son pseudonyme tout près de son prénom. Comme il tenait de naissance le beau nom de Jacob, il n'avait pas voulu s'en dessaisir tout à fait. Les nazis n'avaient pas le pouvoir de le faire se renier. La mort non plus.. Jacques serait donc venu jusqu a nous, s'il n'y avait eu cette balle dans sa poitrine , comme nous le rêvons : 12 sans complaisance pour tout ce qu'il avait combattu , la lâcheté , la haine, le racisme , l'intolérance, l'oppression , l'hypocrisie , le despotisme . Plus de vingt ans après, il aurait encore eu des forces pour ce combat-là . Ce combat plus que jamais nécessaire. Aujourd'hui , nous avons encore bi en besoin de sa force. La grandeur des morts, c'est qu'ils ne ménagent pas, lorsqu'on les solli cite , leur leçon aux vivants. Ni leur appui . Que Jacqu es nous aide. Comme il nous a déj à aidés. Nous lui avons survécu avec lui. Catherine VARLI N 35" Brigade F.T.P. de Toulouse. - Au fil des jours~ • Estimant qu' ils ne pouvaient s'ada pter en Israël , une cinquantaine de familles d'origine géorgienne demandent à rentrer en U.R.S.S. Il s'agit de juifs orthodoxes qui se plaindraient de ne pas disposer de moyens suffisa nts pour célébrer leur culte. • A la su ite d'une grève déclenchée par des ouvriers du bâtiment et motivée par des revendica tions sa lariales, de violents incidents ont éclaté à Cayenne (Guyane). Ils s'inscrivent dans le climat de tension qui règne dans ce « D.O .M.» où les part isans de l'autonom ie ont enlevé à l'U.D.R. la majorité au sein du Conseil général. Ecrits dans la boue Truis journaux, un tract. .. Carrefou r, le plus connu parmi ces feu illes. articule sa prose sur l'afTaire Lipsky et pro ti te de l'occasion pour répertorier les juifs (ou prétendus tels), soit compromis dans des scandales fi nanciers, soit occ upant des postes clefs. Selon ce paren t pauvre du Parisiel/ libéré, ceue nomenclature fournit à elle seule la preuve ... qu'il n'y a pas d'antisémitisme en France : ne sommes -nous pas génereu x, nous qui supportons à la fois les j uifs escrocs et les juifs « dominateurs,,? Tel est le sens de son articl e anonyme du 17 novembre, article qui semble ignorer l'existence d'escrocs d'industriels. de ban quiers. d'arti stes ... non j uifs. Cest le même état d'es prit qui inspi re le tract. cgalement anonyme, adressé par la poste à des habitants de Grenoble. et que nous transmet un correspondant. Le même procédé est employe avec. à la tin, cet appel : « França is. l'occupation j uive ne doit pas succéder à l'occupation aile mande ( ... J. " Organe du « com bat national révolution naire ", l'Ac/ion européenne parait sous la tërule de Pierre Clementi, fondateur au len demain du 6 février 1934 du Parti français national collecti vis te (sic), directeur en 1940 du journal le Pays libre (u Il faut exterminer les juifs fossoyeurs de la France ". y li sait on le 12 avril 194 1 J. et. enfin dirigeant du comite de Paris de la L. V.F., condamné à mort pour fai ts de collaboration. Les thé mes : apologie du fasc isme, exal tation des regimes grec, espagnol. boli vien. argentin, défense de la « race blanche ", préservation de son unité grâce au sucees du M.S. 1. en Ital ie, à l'ex istence du N.P.D. en Allemagne et d' u Ordre nouveau " en France. Et voici le quatriéme comparse : Pour un ordre nouveau, numéro 5 du mois de novembre. Vendu le soir, à la tombée de la nuit, devant l'église de la Madeleine, entre autres lieux, il bénéficie de deux couleurs et se donne des all ures intellectuelles pour préconiser un u Etat nationaliste fondé sur l'ord re et l'autorité ", poUf dénoncer l'im migration qui abouti rai t, à son avis. « à modifier radicalement le caractère de notre peuple, y tuer toute conscience collecti ve. en fai re un innommable mixage sans âme ... etc. ". Enli n. il lancef une souscription nationale en vue de reunir les fonds nécessaires pour presenter cent candidats d'une u nouvelle droi te" aux prochaines èlections législatives. Tant qu 'u Ordre nouveau" existera, cet espoir 1 ui sera -permis! Marguerite KAGAN CHAMPAGNE PRIX A LA PRODUCTION : 13,50 F LA BOUTEILLE FRANCO T.T.C . PAR 12 OU 15 BOUTEILLES. PAIEMENT A LA COMMANDE OU CONTRE-REMBOURSEMENT. UNION DES COOPÉRATIVES AUBOISES DE VIN DE CHAMPAGNE B.P. 17 - 10-BAR-SUR-SEINE - TÉL. : 157 . , Pakistan L'insoutenable Nous publions ici un témoignage direct. M. Georges Bender qui nous l'apporte ne se considère pas comme un spécialiste de rlnde. Il aime ce vaste pays. En juillet dernier, il était à Calcutta. Par millions, les réfugiés bengalis arrivaient. M. Bender les a vus et il nous livre quelques réflexions en forme de S.O.S. O UAN D on est sur place ça vous tombe sur la tête . Comme ça, d'un seul coup. C'est horrible. Pour l'occidental que je suis, cela évoque des souvenirs : des visites de camps de concentration . Mais des camps aux proportions immenses. Une sorte de descente aux enfers. C'est insoutenable et quand on rentre chez soi , il n'est plus possible d'oublier, de penser qu'on peut s'en laver les mains. J'ai vu des millions de gens qui vivent dans un chaos indescriptible et que l'on tente vainement d'organiser. Il existe actuellement une dizaine de centres de regroupement où l'aide internationale se manifeste tant soit peu. A côté , on estime que 900 et 1 200 autres centres sont incontrôlés. Mort, vivant? Et puis il y a Calcutta et sa banlieue . C'est absolument hallucinant. Là , un ou deux millions de réfugiés vivent mêlés à la population . J'ai marché, la nuit, dans les faubourgs où, approximativement, un million de gens dorment dans la rue. Il faut enjamber des corps . Vivants ou morts, vous ne pouvez pas le savoir. Le jour, ces mêmes rues sont un ensemble de boue , d'ordures , de chiens , de gosses, d'hommes difficilement reconnaissables . Quand vous partez du centre de la ville, déjà très encombré, vers la périphérie la plus éloignée , vous parcourez toutes les étapes de la misère. C'est seulement dans le degré d'horreur que les différences sont perceptibles . Et , plus vous avancez, plus vous découvrez les limites extrêmes de la misère. Les caniveaux sont bouchés par les excréments, les tas d'ordures s'amoncellent , les réfugiés vivent au milieu de tout cela . J ' ai dans les yeux une image décroissante, celle de 1'« habitat» de ces réfu giés. Ce sont des espèces de guitounes faites de toiles de jute. Au début du DROIT ET LIBERTE - N° 30B - DECEMBRE 1971 parcours, on peut entrer debout, puis il f aut se pencher, s'agenouiller, enfin ramper dans les guitounes les plus éloignées du centre de Calcutta. Mais toujours avec la boue en guise de plancher. Là j'ai vu des gosses innombrables couchés. Vivants? Morts? Il est impossible de dénombrer les décès ... J'ai lu dans « L'Inde diplomatique» de novembre un article de Gita Bange ; je vous livre deux de ses réflexions : CI Les paysans du Bengale savent qu'il n'y aura pas de récolte cette année et, en toute logique le nombre total des réfugiés devrait passer à 20 millions. Il CI Les experts de Genève prévoient que 40 millions de Bengalis pourraient mourir de faim.)) Et, vous le savez comme moi, depuis ces événements, deux cyclones ont ravagé cette région ... L'I nde ne peut faire face , seule , à ce problème humain et politique. Car, par delà l'émotion ressentie il faut se poser la question : pourquoi? Je vais tenter d'y répondre brièvement . Le Pakistan occidental compte 50 millions d' habitants. Il se rattache au Proche-Orient par son histoire , sa culture , sa religion . Géographiquement, la steppe d'Asie centrale se termine sur son territoire . Le Pakistan oriental réalité compte 70 millions d'habitants de culture indienne. Même si une partie importante des Bengalis s'est convertie à la religion musulmane , leur comportement, leur mode de vie sont restés très proches des Bengalis hindous. N'oublions pas que le Pakistan est un héritage de la colonisation . Les Britanniques ont laissé derrière eux deux communautés divisées non seulement parce qu'elles sont séparées par une distance de 2000 km mais également par la vie. les armes françaises Prenons quelques exemples. Du point de vue économique quelques chiffres suffisent. Le revenu moyen , par habitant, au Bengale est de 220 F par an . Il est de 1 130 F au Pakistan occidental. Actuellement 22 familles, dont aucune n'est bengali , contrôlent 60 % des actifs de la nation, 80 % des avoirs bancaires et 80 % des assurances . Dans le domaine politique, il convient de noter que le Pakistan occidental. quoique moins peuplé , a rapidement confisqué tout le pouvoir. Dirigé par des militaires, il consacre 35 % de son budget à l'armée. Quant à l'aspect culturel , je ne veux 13 '{ 1 1 ~ citer qu'un fait : l'urdu, langue du Pakistan occidental, est imposé comme langue nationale, alors que l'immense majorité des Bengalis ne le comprend pas. C'est dans ces conditions que sont intervenues les élections de décembre 1970, qui ont donné 288 sièges sur 300, à la Ligue Awami au Pakistan oriental et 167 sièges sur 313 à cette même Ligue à l'Assemblée nationale qui regroupe les députés des deux parties du Pakistan . Si la démocratie avait été respectée , le gouvernement actuel - qui est une junte non élue - aurait dû céder la place. Il a choisi la guerre et l'indescrip- R.P. 'DE CHIN E Des chiffres le Pakistan compte 942 000 km2 et 125 millions d'habitants. Sa capitale est Rawalpindi. Il est divisé en deux provinces séparées l'une de l'autre de 1 500 kilomètres de territoire indien : • Le Pakistan occidental : 50 millions d'habitants (Pendjabis, Sindhis, etc.). . • Le Pakistan oriental : 75 millions d'habitants (Bengalis). Capitale : Dacca . Formé avec la partie orientale du Bengale . Récemment proclamé République populaire du . Bangla Desh. l'Inde compte 3,268 000 km2 et 550 millions d'habitants. Sa capitale est la Nouvelle-Delhi.
• Les exportations de jute du Bengale oriental fournissent à tout le Pakistan 43 % de ses ressources en devises. Mais 75 millions de Bengalis reçoivent moins d'investissements que 50 millions d'habitants du Pakistan occidental. • Représentant 60 % de la population totale du Pakistan , les Bengalis ne sont que 15 % des effectifs de l'administration et 10% dans l'armée . 14 tible misère dont je vous parlais à l'instant. Misère des survivants. Car chacun s'accorde à estimer que le nombre des victimes des massacres dépasse le million. Et la destruction des récoltes , la famine qui s'ensuivra peut provoquer, à son tour, la mort de millions d'hommes, de femmes, d'enfants. Que faire? Moi j'ai vu , alors je lance un cri. Comme Bernard Clavel , lui qui a vu aussi , l'a fait à l'O .R.T.F. Les gens sont généreux, c'est vrai , mais à mon avis cette générosité ne peut être suffisante. C'est affaire de gouvernement. Donc affaire du gouvernement français , qu' il s'agisse du problème politique ou Des dates 1947. - L'Empire britannique des Indes a vécu. L'Union indienne indépendante est proclamée. Le Pakistan est constitué en deux territoires et sur une base religieuse. Ces décisions imposées par Londres sont appliquées dans un cli mat de guerre civile. Des combats entre communautés hindoues et musulmanes font 600000 victimes, 14 millions de personnes sont jetées sur les routes de l'exode. 1949. - Fin du conflit. Le Pakistan annexe une partie du Cachemire et adhère aux pactes militaires du C.E,N.T. O. et de l'O.T.A.S.E., dirigés par les Etats-Unis. 1965. - Nouvelle guerre pour le Cachemire. Celle-ci dure un peu moins de trois semaines. Alexis Kossyguine réunit les belligérants à Tachkent (U .R.S.S.). Les deux pays proclament Il leur engagement de ne pas recourir à la force et de régler leurs litiges par des moyens pacifiques Il. 1969. - Le général Yahya Khan s'empare du pouvoir grâce à un coup d'Etat militaire . Décembre 1970. - Elections générales au Pakistan . La Ligue Awami, présidée par le cheik Mujibur Rahman du Pakistan oriental , l'emporte. Elle obtient 167 des 169 sièges réservés à l'aile orientale. Elle devient majoritaire à l'Assemblée nationale de tout l'Etat pakistanais. Elle peut donc gouverner. Mujibur Rahman présente un programme en six points , se résumant en la revendication d'une large autonomie économique , financière et administrative du Bengale, dans le cadre préservé de l'Etat pakistanais. Le général Yahya Khan refuse de convoquer l'Assemblée nationale. Mars 1971. - Dans la nuit du 25 au 26 une répression sanglante s'abat du problème humain. Mais, voyez-vous , il faudra une pression importante , car le gouvernement français a accordé, en trois ans, des crédits de 350 millions de dollars au Pakistan, pour l'achat de matériel de guerre. Personne n'ignore d'ailleurs que le Pakistan est, en ce domaine, un très bon client de la France. Des blindés, 100 « Mirages», 3 sous-marins, 24 « Alouettes»... La France exporte beaucoup d'armes au Pakistan. Des armes qui ont servi pour le génocide. Comme des armes identiques et françaises sont utilisées en Afrique du Sud au service de l'apartheid. (Propos recueillis par Roger CHONAVEl) sur le Pakistan oriental. Mujibur Rahman est arrêté , l'armée pakistanaise se déchaîne. Des centaines de milliers de victimes sont dénombrées. Près de 10 millions de Bengalis se réfugient en Inde . 17 avril. - Proclamation de la République populaire du Bengla-Desh dans un petit village situé à la frontière des deux Bengales. 3 décembre. - L'aviation pakistanaise bombarde sept aérodromes indiens. La guerre commence. Le drame Profondément ému par le déclenchement des hostilités entre le Pakistan et l'Inde, le M.R.A.P. adresse un pressant appel à toutes les puissances qui peuvent mettre fin à ce drame en assurant une paix juste et durable. Celle-ci suppose le respect des droits et des aspirations du peuple bengali, tels qu'ils se sont exprimés lors de la dernière consultation électorale. La grave situation présente résulte tout d'abord de l'héritage colonial qui s'est traduit par une partition arbitraire dans cette partie du monde, niant les réalités ethniques, économiques et culturelles des peuples concernés. La violation brutale du verdict électoral, dont se sont rendus coupables les dirigeants pakistanais au Bengale, provoquant l'amux en Inde de 10 millions de réfugiés dans une misère atroce, a contribué à déclencher un process us de violences. La guerre, qui vient accroître les souffrances ainsi que les difficultés économiques des populations de l'Inde et du Pakistan ne saurait effacer ces données fondamentales. Il faut dans l'immédiat, que les réfugiés bengalis qui ont fui la répression pakistanaise puissent regagner leurs foyers; que les prisonniers politiques recouvrent la liberté, et que soient rétablies au Bengale les règles démocratiques. Mesures arbitraires Quand un Antillais, un Réunionnais ou un Guyanais enseignant ou tout autre fonctionnaire se heurte à l'arbitraire politique et administratif pour avoir tenté d'exprimer librement ses opinions, quand toute sa vie, familiale, intellectuelle, professionnelle est en jeu, que lui reste-t-il comme solution , sinon compter sur l'opinion publique et la solidarité de ceux qui dénoncent la situation régnant dans son île? M. Yves Leborgne, professeur de philosophie au lycée Carnot de Cannes, avait été victime en août 1961 avec sept de ses collègues, des dispositions de l'ordonnance du 15 octobre 1960, signée de Michel Debré, alors Premier Ministre; elle autorisait les préfets des D.O.M, à demander sans autre formalité que soient rappelés d'office en métropole les fonctionnaires dont le comportement est de nature à troubler l'ordre public. Nommé en Corse , puis à Cannes, M. Leborgne n'a cessé de demander son retour en Guadeloupe où vivent depuis deux ans sa femme, dont les ennuis de santé résultent de cette situation, ainsi que ses quatre enfants. Aucun délit, aucune faute professionnelle ne pouvant lui être reproché, seules ses opinions autonomistes expliquent cette mesure arbitraire qui le frappe en même temps que quelque vingt autres fonctionnaires antillais, réunionnais et guyanais, et dont le Conseil d'Etat a reconnu à plusieurs reprises l'illégalité . les Antilles, affirment le REG et le REM (Rassemblement des émigrés guadeloupéens et martiniquais), constituent des terres de non-droit où nul n'est à l'abri du despotisme d'un préfet et de sa politique. On est bien loin du statut officiel des D.O.M. qui en fait en principe des départements français à part entière. En désespoir de cause, le 22 novembre, Yves Leborgne , suivi quatre jours après par un professeur de lettres réunionnais, Boris de Gamaleya, muté tout aussi arbitrairement en France, au CES de Noisy-le-Sec, commençait une grève de la faim dans sa salle de classe. L'affaire fit grand bruit dans la région. Des comités de soutien auxquels le M RAP adhéra , se formèrent; des pétitions, des télégrammes, furent envoyés aux autorités; des manifestations eurent lieu : un défilé rassembla cinq mille personnes à DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 C~nnes ; des mots d'ordre de grève furent lancés et suivis par les enseignants et les élèves. Après neuf jours de grève de la faim , Yves Leborgne était informé qu'il pourrait se rendre en congé à la Guadeloupe dès que son état de santé le lui permettrait et qu'il obtiendrait ensuite un poste dans son pays natal. Le même jour, soit trois jours après avoir commencé la grève de la faim , Boris de Gamaleya obtenait aussi des promesses. Cette victo ire est une première étape. Mais, en solidarité avec toutes les autres victimes de cette mesure, il faut demander l'abrogation du texte incriminé, qui est une grave atteinte à la liberté d'opinion et à la liberté individuelle. L'affaire Klaus 8arbie Alors que les obstacles soulevés pour empêcher la réouverture du dossier Klaus Barbie, le « boucher de Lyon» semblaient surmontés, le procureur général de Munich persiste dans une attitude équivoque. Il est question de ne prendre en considération qu'une partie seulement des crimes 'de Barbie, ceux dont les juifs ont été victimes , les autres, perpétrés contre la Résistance et l'ensemble de la population, n'étant paraît-il, pas prouvés. Le député Virgile Barel dans une question posée le 19 novembre au ministre des Affaires étrangères pose le problème de l'imprescriptibilité des crimes de guerre. (1 Il nous est impossible d'admettre , déclare-t-il, qu'un juge allemand, en 1971, bafoue le souvenir de nos martyrs, casse le jugement des tribunaux français et blanchisse les bourreaux ... Vous nous dites ... que l'accord franco-allemand du 2 février 1971 (jamais publié et non ratifié) permettra des poursuites contre Klaus Barbie . Ce que nous voulons, c'est que vous exigiez la ratification du traité et que sans tarder et sans indulgence complice , les contumaces soient punis ( ... )). Une seule issue à ce dossier : que le criminel soit extradé et soit jugé là où il a torturé et tué : en France. Un haut lieu du racisme Le procès d'Angela Davis qui devait s'ouvrir le 1 er novembre à San Rafaël est reporté vraisemblablement au mois de janvier et aura lieu à San José; dans le comté de Santa Clara . Les défenseurs de la militante noire réclamaient que son procès se déroule à San Francisco où elle aurait bénéficié de certaines garanties, en particulier de la présence de syndicats - ceux des dockers - de progressistes blancs et de l'importante communauté noire . A San José, où Angela Davis a été transférée , ses conditions de détention resteront très dures et risquent d'altérer encore sa santé gravement compromise. Elle souffre d'un glaucome chronique aux deux yeux qui peut entraîner une cécité complète si les soins nécessaires ne lui sont pas prodigués. Il faut savoir également que le comté de Santa Clara est l'un des plus racistes des Etats-Unis: il fut le théâtre en 1933 du dernier lynchage qui eut lieu dans le pays. La population de San José ne compte que 1 % de noirs et celle du comté, 7 %; les 700000 habitants, pour la plupart petits agriculteurs, ont de très faibles revenus : ce sont les « petits blancs» en général fortement hostiles aux minorités raciales. Une enquête sociologique sur les répercussions de l'affaire Angela Davis dans l'opinion publique · 'de Californie fait ressortir que 69 % des personnes interrogées dans le comté de Santa Clara ont 15 ---.'~------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 1 une opinion défavorable à l'accusée, chiffre plus élevé que celui enregistré pour le comté de Marin où est situé San Rafaël. Un procès équitable - si on peut dire car seule la libération d'Angela Davis serait équitable - ne peut donc s'y dérouler. Les défenseurs ont annoncé qu'ils allaient faire appel de la décision du juge Arnasson concernant le lieu du procès et faire appel également devant la Cour Suprême des Etats-Unis pour que soient respectées les droits de la détenue, en particulier sa libération sous caution. les juifs de Syrie Assez grave au lendemain de la guerre des Six jours, la situation des juifs de Syrie sur lesquels pèsent des mesures discriminatoires d'ordre administratif prises d'ailleurs avant le dernier conflit, semble se détériorer, d'après les témoignages de jeunes juifs syriens qui ont quitté leur pays. Ils ont tout particulièrement dénoncé les tortures et sévices dont sont l'objet des juifs qui tentent de passer les frontières . Quant aux mesures prises à l'encontre des 4 000 juifs vivant en Syrie : restriction de déplacement, mention en rouge de la religion sur les cartes d'identité etc. , le reportage de Pierre Demeron dans Il Flash de Damas Il les corrobore; son argumentation , qui est celle du gouvernement, s'appuie essentiellement sur l'état de guerre qui existe entre la Syrie et Israël. sur la situation des Arabes en Israël victimes eux aussi de discrimination, et sur celle des réfugiés palestiniens, plus misérables que les juifs de Syrie. Argumentation contestable en politique, et dangereuse. On ne saurait justifier la nécessité de mesures discriminatoires dans un pays par leur existence ailleurs ; il faut les dénoncer où qu 'elles sévissent. De même, la suspicion étendue à toute une catégorie de gens, quelles qu'en soient les motivations est toujours génératrice d'erreurs et de racisme. la comédie anglo-rhodésienne Le 11 novembre 1965, la Rhodésie proclamait unilatéralement son indépendance, malgré le refus de la GrandeBretagne qui réclamait pour la majorité africaine le droit d'accéder au pouvoir. Le gouvernement travailliste d'Harold Wilson imposait immédiatement des sanctions économiques sélectives . Depuis et surtout après la victoire des Conservateurs en Grande-Bretagne , le Premier ministre rhodésien, lan Smith, ' ne fit aucune concession. Bien au contraire, puisque depuis le 24 novembre un accord a été signé entre Sir Douglas Home et lan Smith, qui permet à Londres la reprise des relations normales avec Salisbury et surtout d'un commerce fructueux représentant environ 40 millions de livres par an ; cela , bien sûr, au détriment des « cinq principes» publiés par le gouvernement britannique en 1970 et jugés déjà insuffisants par les représentants authentiques de la majorité noire. Sur le premier point, qui traitait de la progression sans entrave pour le gouvernement de la majorité de la population, lan Smith s'est engagé à modifier la loi électorale qui accordait le droit de vote à 7 000 Africains sur 5 millions. Mais le système censitaire qui sera appliqué exigera des électeurs noirs un niveau exceptionnel des revenus . C'est dire qu'en fait, la situation actuelle qui donne tous les pouvoirs et tous les droits aux Blancs de Rhodésie ne changera guère . La pression des milieux d'affaires dans les deux pays a prévalu sur les intérêts véritables des Africains du Zimbabwe , dont beaucoup rejoignent les maquis et participent aux mouvements de libération . 16 Pour la façade ... l.'Afrique du Sud est un des pays qui fait du sport une véritable religion. Sous le signe de l'apartheid bien sûr. Aussi les difficultés croissantes qu'elle rencontre dans ce domaine (exclusion du Comité olympique international en 1970, exclusion de la Coupe Davis de tennis) ont-elles amené le gouvernement Vorster à assouplir sa politique en la matière. Effectivement, dans la dernière semaine de novembre, des compétitions entre athlètes de races différentes se sont déroulées au Cap et à Johannesburg . Mais qu'on ne se méprenne pas sur la signification de ce changement. Il s'agit de compétitions internationales et la condition pour que les blancs et non-blancs s'y affrontent (à l'exclusion du cricket et du rugby , les sports les plus pratiqués) est qu'y participent des concurrents étrangers. Seule la nécessité d'améliorer la « façade» vers l'étranger a présidé à ces décisions. Les spectateurs noirs resteront derrière leurs grillages et il n'y aura toujours pas de compéti ~ tions multiraciales entre sportifs d'Afrique du Sud. D es faits qui ••• • Le président René Cassin, prix Nobel de la Paix, menace de démissionner de la Cour européenne des Droits de l'Homme, au cas où la France ne ratifierait pas la Convention européenne des Droits de l'Homme. Il entend souligner ainsi « que le peuple n'est pas complice du pouvoir » . • l'armée de libération du Bengla Desh opposerait quelque 100 000 partisans aux 80 000 hommes de l'armée pakistanaise et aux 60000 hommes des forces paramilitaires du Pakistan occidental. • Quelques dizaines d'anciens S.S. , vétérans de la « Légion Wallonie», se sont réunis, sous la protection de la police dans un restaurant de Bruxelles. Ils n'avaient pu célébrer une messe pour ceux des leurs morts pendant la guerre , en raison des protestations des mouvements de résistance, qui s'élèvent également contre la visite en Belgique de Giorgio Almirante, secrétaire général du M.S.I. • Il Comment créer la première force qui rendra la France aux Français Il (!!1. tel est l'un des thèmes de la cc Journée d'études et d'unité Il organisée à Montrouge par le cc Mouvement pour la justice et la liberté Il et cc Unité française Il sous la présidence de Georges Bidault. • L' Espagne , le Portugal , la Grèce , le Brésil, l'Afrique du Sud sont les principaux clients de l'industrie française d·armement. Des armes françaises servent à la répression des maquis d'Angola , de Mozambique et de GuinéeBissau. • Le gouvernement islandais aurait demandé que le corps expéditionnaire amencaln stationné en Islande comprenne le moins possible de soldats de race noire. Le Pentagone aurait approuvé . • Au cimetière juif de Munich, 63 tombes ont été profanées et 13 renversées. • Ils espéraient leur mort! Ils applaudirent pourtal11t la réclusion à perpétuité! Il s'agit des habitants de Mezel (Alpes-de-Haute-Provence) , heureux d'être cc débarrassés» des frères Santiago, peut-être coupables de crimes, mais surtout coupables d'être gitans. • Accroissement de la présence militaire de l'Afrique du Sud au Mozambique - pour cc protéger» le futur barrage de Capora Bassa -, développement des investissements des capitaux sud-africains à Madagascar : le gouvernement Vorster fortifie le bastion raciste de l'Afrique australe. donnent à penser 1* LE DOSSIER DU MOIS , r\t\l\O~ DROIT ET LIBERTÉ - N° 308 DÉCEMBRE 1971 Forum de l'Amitié Bilan d'une ANNEE LE Forum de l'Amitié, organisé par le M.R.A.P. à Paris, le 20 novembre, méritait bien son nom La grande salle de la Mutualité offrait aux participants des activités multiples se succédant tout au long de l'après-midi, ou même parfois simultanées : exposition (sur l'apartheid en Afrique du Sud), animation musicale, ventes-signatures de livres et de disques, meeting, spectacle, discussions avec les dirigeants du Mouvement Tous ont regretté que quelques heures seulement de ce samedi soient consacrées à une rencontre d'une telle ampleur et d'un tel intérêt L'originalité de la manifestation ne résidait pas seulement dans sa forme. Elle fut marquée aussi, plus que toute autre, par la grande diversité des courants antiracistes, des groupes sociaux et ethniques représentés tant dans la salle qu'à la tribune du meeting et qui trouvaient là leur point de convergence, d'union, au terme de ilombreuses initiatives, engagées séparément ou en commun dans le cadre de l'Année intelnationale de lutte contre le racisme. Pour en apprécier toute l'importance, il faut savoir (ou imaginer) ce ,qu'un rassemblement de cette sorte demande d'efforts. dans sa préparation et son déroulement Les militants, les comités du M.R.A.P. de la région parisienne se sont dépensés sans compter pour assurer ce succès. Les témoignages de satisfaction et de sympathie, les dizaines d'adhésions qu'ils ont recueillis seront pour eux un précieux apport Un premier bilan a été dressé de l'Année internationale qui se termine. On lira dans ce dossier les interventions faites au meeting. Nous y reviendrons dans notre numéro de janvier. Ce qu'il faut signaler dès maintenant, c'est que ce bilan est positif en ce qui concerne la prise de conscience et la mobilisation de l'opinion. Un élan puissant est donné. Mais la gravité des menées racistes dans la dernière période, la passivité des pouvoirs publics exigent que l'action s'amplifie et se renforce encore. Une lourde responsabilité pèse aujourd'hui sur tous ceux qui entendent combattre lucidement le racisme. Cette responsabilité, le M.R.A.P. sera plus fort pour l'assumer. A.l. DROIT ET LIBERTE - N° 30B - DECEMBRE 1971 17 ForUDI de l'Antitié De nombreuses personnalités De nombreuses personnalités se sont associées au Forum de l'Amitié et y ont participé. Citons notamment : M. Luc VAN BELLINGEN, directeur du Centre d'information des Nations-Unies à Paris ; Mme GLEAN, responsable pour l'U .N.E.S.C.O., des réalisations de l'Année internationale contre le racisme; MM. AHred KASTLER, prix Nobel de physique et MiguelAngel ASTURIAS, prix Nobel de littérature; MM. les professeurs Paul BASTID et Théodore MONOD, membres de l'Institut; MM. Pierre JUVIGNY, conseiller d'Etat; Jacques FONLUPTESPERABER, conseiller d'Etat honoraire, le gouverneur général Robert DELA VIGN ETTE ; MM. Jacques DUCLOS, sénateur, membre du bureau politique du Parti communiste français; Emile DUBOIS, sénateurmaire de Salomé (Nord) ; Jean CAUCHON, sénateur-maire de Dreux; Jean-Pierre CHEVENEMENT, secrétaire national du Parti socialiste; Fernand GRENIER, ancien ministre. Mmes Jacqueline THOME-PATENOTRE, député-maire de Rambouillet, Jacqueline CHONAVEL, député-maire de Bagnolet ; M. Raymond BARBET, député-maire de Nanterre ; MM. Arsène BOULAY, Paul LACAVE, Gabriel PERONNET, Jean-Paul PALEWSKI, Jacques MARETTE, députés; Robert BURON, maire de Laval, président d'Objectif socialiste; Louis PERILLIER, Guy DESSON, Elie BLONCOURT, députés honoraires: Mmes Madeleine JEAN-ZAY, Madeleine LEO-LAGRANGE, Hélène EDELINE, maire de Gentilly, conseiller général; MM. Jacques PIETTE, maire de Henin-Beaumont, Camille VALLIN, maire de Givors, Léo FIGUERES, maire de Malakoff, conseillers généraux; MM. Albert DUQUENOY, maire d'Harfleur, Bernard JEAN, maire de Bar-le-Duc, Georges PERRET, maire de Tassin-la-Demi-Lune, Hervé de FONTMICHEL, maire de Grasse , la municipalité de Coueron (Loire-Atlantique) ; Des professeurs d'université, parmi lesquels : MM. Henri BARTOLl, Jacques GUTWIRTH, René JULLlAN, Paul CHAUCHARD, Hubert DESCHAMPS, Laurent SCHWARTZ, Pierre VILAR, Maxime RODINSON, Mmes Hélène LANGEVIN, Claire ROPARS, Mme et M. CHOMBART DE LAUWE (Paris), MM. Gérard DESTANNE DE BERNIS (Grenoble) , Ernest KAHANE (Montpellier); Lionel RICHARD (Besançon) ; Jacques HILY (Nancy) ; Les écrivains Pierre ABRAHAM, Pierre BOULE, Marie-Magdeleine CARBET, Georges COULONGES, David DIAMANT. Jean DIDERAL, Charles FOURNIAU, Jacques FREMONTIER, Pol GAILLARD, Monique HERVO, Roger IKOR, Michel LEIRIS, 18 Annie LAURAN, Louis LlPPENS, Armand LUNEL, Jacqueline MARCHAND, Edouard MAU NICK, Albert MEMMI, Jacques NANTET, Anne PHILIPE, Vladimir POZNER, Lucien STEINBERG, J.-B. TIEMLE, VITO, André WURMSER, ainsi que Mme Marie ROMAIN-ROLLAND. L'abbé PIERRE; les R.R.P.P. Joseph BRAND (Comité pastoral de migrants), Marie-Jean MOSSAND (Service ir;lterdiocésain des immigrés), Max LAGRANGE (Aumonerie catholique des Gitans et voyageurs de la région parisienne) ; les pasteurs Georges CASALIS et Maurice VOGE; Si Hamza BOUBAKEUR, recteur de l'Institut musulman de la Mosquée de Paris ; Si Mohamed Benzouaou; Les peintres Victor VASARELY, Marc SAINT-SAENS, Chapelain MIDY, Mireille MIAILHE, Jean FUSARO, James PICHETTE, l'architecte Bernard ZEHRFUSS, les critiques d'art Raymond COGNIAT et Juliette DARLE, ainsi que Mmes Simone JEAN-LURÇAT, Marguerite ARP et M. Daniel-Henry KAHNWEILER; Les compositeurs Georges AURIC et Henri DUTILLEUX; des artistes, cinéastes, réalisateurs, parmi lesquels Jean FERRAT, Olivier HUSSENOT, Guy BEDOS, Louis DAQUIN, Marcel BLISTENE, Eddy MARNAY, Raoul SANGLA. La C.G.T. et la C.F.D.T. avaient désigné des orateurs pour le meeting: MM. Marius APOSTOLO et Pierre EVAIN. Des messages de sympathie avaient été envoyés par MM. Henri FAURE, président honoraire de la Ligue de l'enseignement; Mmes Marie-Elisa NORDMANN-COHEN, présidente de l'Amicale d'Auschwitz, Marie-Madeleine FOURCADE, présidente du Comité d'action de la Résistance ; Mme Marcelle GEORGES HUISMAN, présidente de l'Union des Femmes Françaises. On notait également la présence de Marc-André BLOCH, président du Centre de liaison des éducateurs contre les préjugéS raciaux (C.L.E.P.R .), Sally N'DONGO, président de l'Union générale des travailleurs sénégalais en France, Vanko ROUDA, président du Comité international tziqane; Charles STEINMAN, secrétaire général de l'Union des juifs pour la résistance et l'entraide (U.J.R.E.) et des représentants de plusieurs sociétés mutualistes juives. D'autres organisations avaient exprimé leur adhésion au Forum de l'Amitié : Amicale des déportés de Neuengamme, Union nationale des étudiants de France (U.N.E .F.l, Union nationale des étudiants algériens , Conseil régional des clubs U.N .E .S.C.O . de la région parisienne , Jeunesse ouvrière chrétienne féminine, Eclaireuses et éclaireurs de France, Mouvemen. pour le désarmement, la paix et la liberté, Christianisme social, Amitié et promotion. Dans les pages qui suivent nous publions de très larges extraits des discours prononcés au Forum de l'Amitié. ( Pierre Paraf président du ltI.R.A.P. (C Notre vérité est en marche J) CETTE Année internationale contre le racisme n'est pas une fin, mais un nouveau commencement. L'impulsion donnée par les Nations- Unies a été suivie. En France, l'opinion qui semblait longtemps lointaine, indifférente, s'est de plus en plus réveillée. La presse quotidienne et périodique a consacré de nombreuses études au racisme. De l'U.N.E.S.C.O. à la Ligue de l'enseignement, de « Croissance des jeunes nations» aux publications chrétiennes, israélites , communistes . Des pièces ont été présentées, des films projetés , des livres publiés avec le racisme pour thème. De l'esclavage d'hier à celui d'aujourd'hui, des persécutions de Vichy à l'apartheid, le thème du racisme domine la production littéraire. Et cette prise de conscience ne s'affirme pas seulement sur le plan de l' art, mais sur celui de l'action. Chaque fois que l'occasion l'exige, qu'il s'agisse des victimes de procès illégaux ou des victimes du racisme, de plus en plus la France bouge. A ce grand renouveau le M.R.A.P. peut constater qu'il a sa part. Il n'en revendique pas le monopole , mais il a été l'un des éveilleurs , l'un des moteurs de cette oeuvre de fraternité. Je m'en tiendrai en ce propos d'ouverture à la mission de « généraliste ». y a-t-il un racisme en France? Y a-t-il un antiracisme efficace? Les optimistes - ou les ingénus - pourraient s'étonner que la première question soit posée, vingt-six ans après la victoire sur le nazisme, douze ans après la décolonisation. Mais ni celle-ci , ni celui- là ne sont tout à fait éliminés. Sous la forme la plus scandaleuse , l'antisémitisme n'ose plus dire son nom, s'il porte encore sur lui le crime et la honte des fours crématoires, il subsiste , camouflé, sous d'autres visages . Une crise économique pourrait dangereusement le rallumer. Hors de France sous DROIT ET LIBERTE - ND 308 - DECEMBRE 1971 les régimes politiques et sociaux les plus divers il alarme les consciences. L' Histoire nous enseigne que l'on a vite fait de détourner les colères populaires , des responsables aux minorités innocentes. Les préjugés antisémites ont la vie dure. Dans les oeuvres littéraires où l'on s'accroche au même spécimen du juif homme d'argent, à moins qu'on n'en fasse , pour attendre les gros tirages , l'éternel inadapté, l'obsédé social ou sexuel. Il survit dans la vie quotidienne. On s'est habitué à prononcer sans cesse le nom de juif, à associer hors de propos cette origine à toute pensée, à tout comportement. Séquelle d'une occupation nazie, déjà vieille d'un quart de siècle? Réaction aussi de l'orgueil blessé de la victime? Le devoir de l'antiraciste est de dénoncer le péril , d'accepter chaque fa mille humaine , telle qu'elle est, à la fois pareille et différente. Et de lui demander aussi fraternellement qu'elle se garde, elle aussi, de tomber dans les pièges de ses ennemis , surtout lorsqu'elle recueille dans le patrimoine de son passé une vocation universelle. Les travailleurs immigrés Mais le plus grand péril raciste, à chaque heure, c'est contre ces travailleurs immigrés qu'il s'affirme , dont vont plus longuement traiter nos camarades. L'Administration , la police, l'homme de la rue , le prennent pour cible . Et parfois aussi ses frères de labeur qui au lieu de s'unir à lui , s'en séparent , le traitent comme le prolétaire des prolétaires. Répétons-le encore. Ces travailleurs immigrés ne sont pas ceux qui mangent notre pain , mais qui par leur travail , nous le font manger. Sils encombrent nos hôpitaux, c'est le plus souvent pour des maladies qu'ils ont contractées parmi nous. Et leur destin mobile ne leur permet de bénéficier que d'une partie des prestations retenues sur leur salaire : Si la France veut profiter pleinement de cet apport, en attendant qu'un nouveau cours de l'histoire ne comporte plus de telles immigrations, il lui faut pratiquer la politique de son économie, la politique de l'accueil , de l'égalité, de l'aide sanitaire , de la formation scolaire et professionnelle, la po,litique des égards et de l'amitié . Un mot honteux Le racisme existe. Mais l'antiracisme lui aussi se manifeste. Il n'est plus seulement article de doctrine ou drapeau sans combattants. La jeunesse qui y était jadis indifférente s'enflamme pour lui . Les Eglises dans leurs conciles , l'O.N .U. et l'U.N.E .S.C.O. dans leurs délibérations, l'enseignement dans ses cours, les écrivains dans leurs livres l'analysent et le combattent. Le racisme est mal porté . Il est devenu un mot coupable, honteux, dont, hors l'Afrique du Sud , on n'ose plus ouvertement se réclamer. Ceux même qui le pratiquent le répudient plus ou moins sincèrement comme une manoeuvre de la propagande ennemie . Notre vérité est en marche. Rien dédésormais ne l'arrêtera . Sans avoir trop d'illusions sur la trop rapide perfectibilité de l'homme, ne doutons pas qu'il soit possible, partiellement, par la loi, mais bien plus sûrement par l'action obstinée des éducateurs et des informateurs, de faire reculer cette forme de l'ignorance et de la haine . S'il nous semble parfois qu'elle progresse, c'est en réalité que la conscience en est devenue plus sensible. Demeurons attentifs à la détecter, à la combattre , non seulement dans ses manifestations, mais dans ses sources. Attachons-nous à cette éducation à la fraternité qui seule peut assurer le succès des réformes et des révolutions . Pour les structures nouvelles que nous voulons, formons l'homme nouveau . Enseignants, laïques et religieux, militants des partis politiques, ouvriers, étudiants, jeunes de toutes origines qui jugez ce racisme non seulement odieux , mais ridicule à notre ère planétaire , notre cause est en vos mains. Que l'ardeur, l'efficacité de cette amitié qui donne son nom à notre forum , fasse de toutes les années qui viennent des années internationales contre le racisme . 19 Alfred I(astler prix Nobel (c Le lointain devient notre prochain J) 1 A révolution scientifique et technique L qui se poursuit change radicalement le problème des relations entre les hommes. Rien ne peut se passer aujourd'hui aux antipodes sans que nous soyons informés. Nous pouvons résumer cette situation par fa formule
- Il Le lointain devient notre prochainll.
Laissez-moi vous lire à ce propos un t rès bref passage d'un exposé qu'Albert Schweitzer avait fait en1 952 deva nt l'Académie des sciences morales et politiques. Dans cet exposé intitulé I( Le problème de l'éthique dans l'évolution de la pensée humaine ». il dit ceci : Il C'est dans la mesure ~e l'étendue de la solidarité avec d'autres que se produit la première évolution à constater dans le développement de l'éthique ... Il. De cette fraternité humaine nous sommes encore loin . Bien des préjugés de nationalité, de religion , de race , de classe sociale s'y opposent. Je voudrais faire mention d'un exemple qui est d'actualité: je me trouvais il y a quelques dizaines de jou rs en Irlande du Nord , à Belfast, on m'avait demandé d'y faire une conférence à l'Université. J 'étais heureux de constater qu'à Queen's University l'entente était parfaite et l'atmosphère fraternelle . Les professeurs qui m'accueillaient étaient l'un un Irlandais catholique , l'autre un Irlandais protestant, le troi sième un ju if originaire de Russie . La coopération entre eux était parfaite et j'ai constaté aussi parmi les étudiants une atmosphère studieuse que bien des universités du continent pourraient envier. Mais le jour même où je faisais mon exposé , une jeune fille catholique irlandaise, fiancée à un soldat britannique. catholique également, a été tondue . La veille un hôtel a été incendié. Dans un discours, un évêque irlandais, le révérend docteur Daly évoquait, à Londres , cette spirale de 'Ia violence : violence nO 1 : injustice ; violence nO 2 : la révolte contre l'injustice ; violence nO 3 : la répression de la violence . Ainsi la haine et la violence montent, s'accélèrent et le docteur Daly s' écriait : Il Aucun progrès technique et social ne pourrait compenser l'insulte du refus de l'égalité des droits politiques, et c'est bien là la violence numéro un qui engendre toutes les autres ... Il . 20 .. . Je veux ici vous donner un témoignage personnel en faisant appel à mes souvenirs d'enfance . Dans une petite ville d'Alsace, j'allais à l'école confessionnelle protestante - c'était avant 1914 et sous le régime impérial allemand quand toutes les écoles étaient confessionnelles - et je me rappelle que notre sport favori était, à la sortie de l'école, à 4 heures de l'après- midi , de nous masser au coin de la rue , d'attendre les gamins de l'école catholique massés à l'autre bout de la rue. Nous criions Il Voyous catholiques Il, ils répondaient Il Voyous protestants Il. Quelquefois les paroles étaient accompagnées de jets de pierres. Non pas que nos instituteurs semaient la haine dans nos âmes d'enfants, mais le seul fa it d'être séparés avait engendré cet esprit d'animosité. Quelques années plus tard , j'allais toujours à l'école confessionnelle mais là, la cour de récréation était commune aux catholiques , aux protestants, aux juifs. Nous jouions ensemble et ce fait avait créé une atmosphère d'amitié. Si nous voulons arriver à combattre le nationalisme c'est chez de très jeunes enfants que nous devons commencer. L'influence des manuels, des enseignants est déterminante . Ceci est égaIement vrai pour la ségrégation scolaire des sexes. Il y a quelques années, je me trouvais en Australie . A Sidney, au collège où j'étais hébergé , sur les murs de ma chambre il y avait des affiches qui stigmatisaient le racisme aux Etats-Unis, le racisme des blancs contre les noirs. J'ai demandé à un collègue australien : Il Et chez vous y a-t-il du racisme? Il. Il me répondit : Il Non, nous n'avons pas de problème racial chez nous. Nous n'avons ni jaune, ni noir, l'immigration leur est interdite Il. Evidemment, dans ces conditions, il est facile d'être antiraciste, de l'être dans l'absolu et dans l'abstrait. Là où le problème se pose , c'est quand il y a coexistence et cohabitation . Là , y a-t-il antinomie ou coopération? J'ai eu récemment l'occasion de parler à un sociologue qui s'occupe de l'implantation de l'habitat des travailleurs immigrés dans la banlieue parisienne. Il m'a dit qu'audelà d'une certaine proportion d'étrangers, il y a toujours danger de rejet et que les sociologues attachés à ces questions sont obligés d'envisager un certain taux de tolérance. Je crois qu'il ne faut pas nous insurger avec indignat ion contre ces faits . Il faut essayer de les comprendre , de les analyser, de rechercher leur origine. Je suis persuadé que là encore, c'est le manque de connaissance , c'est l'ignorance qui sont à la base de ces réactions . Je voudrais me permettre de terminer par une citation. Elle est tirée de la Miguel Angel Asturias « Petite Odyssée » d'André Chamson. Il parle de son expérience au cours d'un voyage en Afrique et il conclut : Il C'est pour avoir pensé qu'ils étaient une race de maîtres que des hommes sont devenus des bourreaux et des tortionnaires, qu'un grand peuple a donné naissance à un ramassis d'assassins. J'ai passé quatre ans de ma vie sous la règle de ces seigneurs. J'ai été le noir de ces messieurs blonds Il. Et plus loin il ajoute : Il Je me souviens avec une brusque fureur de la phrase abominable d'un grand poète, qui, paraît-il, était aussi un chrétien
- JI Le nègre est le meilleur ami de
l'homme Il pour me rappeler aussitôt avec une sorte d'allégresse ce que disait André Gide : Il Ce sont les blancs les plus bêtes qui trouvent les noirs imbéciles Il. Marius Apostolo repr"sentant la (;.G.T. (c Racisme et xénophobie ont des bases de classe J) 1 A Confédération Générale du Travail , L fidèle aux principes contenus dans ses statuts, a toujours lutté avec acharnement, contre le racisme , la discrrmlnation raciale et l'antisémit isme sous toutes leurs formes. En même temps, elle n'a cessé de proposer des solutions pour venir à bout de ces terribles fléaux .. . Au mois d'octobre , la C.G.T. recevait une délégation du S.A.C.T.U ., principale organisation syndicale multiraciale des travailleurs d'Afrique du Sud. Dans le communiqué final , la C.G.T. dénonce une nouvelle fois la discrimination ra ciale et l'odieux système de l'apartheid qui sévit dans ce pays, condamne la politique du gouvernement raciste et profasciste de Vorster. Dans le cadre de l'Année internationale de lutte contre le racisme et la discrimination raciale , les deux centrales syndicales, la C.G.T. et la C.F.D.T., soutiennent tous les efforts qui permettent de développer la lutte unitaire et en particulier la proposition de la tenue d'une conférence syndicale internationale contre le racisme , la discrimination raciale et l'apartheid , à propos de laquelle la Fédération Syndicale Mondiale et la Confédération Mondiale du Travail se sont trouvées d'accord .. . Pétrole et racisme Alors que 1971 a été proclamé par l'O.N.U . Il Année internationale de lutte contre le racisme et la discrimination raciale Il, dès le début janvier, à la suite du différend qui opposait l' Etat algérien aux sociétés pétrolières françaises , une odieuse campagne raciste s'est développée dans le pays , et les nostalgiques de l'Algérie française, de l'ex-O.A.S. Soustelle à l'hebdomadaire raciste, spécialiste de l'infâmie, « Minute », ont cru le moment venu de provoquer la rupture totale avec l'Algérie et de dresser l'opinion publique contre les travailleurs al gériens immigrés en France . Dès le 1 5 janvier, le Bureau confédérai de la C.G.T. dénonçant le caractère tendancieux de cette campagne , réaffirmait sa solidarité agissante envers les travailleurs algériens et réclamait à nouveau au gouvernement de prendre sans tarder toutes mesures visant à interdire DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 c 'C" l ~ .~ üJ o ë .I:: a.. les menées racistes et xénophobes, à sanctionner sévèrement leurs auteurs et notamment : de procéder à l'interdiction de « Minute » et à la dissolution des groupements racistes et fascistes , tel « Ordre Nouveau », et ce, conformément à l'article 4 de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale ; de favoriser la discussion d'urgence au Parlement des projets de lois relatifs à ces cistes et xénophobes se sont renouvelés à l'encontre de travailleurs immigrés de toutes nationalités, de travailleurs antillais et juifs, accompagnés parfois de violences et de crimes, en particulier contre des travailleurs algériens. Mais dans le même temps, la lutte antiraciste s'est développée, des protestations se sont élevées de toutes parts y compris sur le plan international. Le 15 avril dernier, le Parlement adop- Jacques Duclos et Si Mohamed Benzouaou questions et déposés de longue date sur le Bureau de l'Assemblée nationale. Le 10 février 71 , le ministre des Affaires étrangères d'Algérie s'adressait à Georges Séguy, secrétaire général de la C.G .T. : Il • •• Le peuple algérien salue l'attitude des travailleurs français dont vous avez su traduire avec fidélité et courage les dignes sentiments de solidarité. Vous êtes bien placé pour savoir que notre peuple n'a jamais douté d'ailleurs que le peuple de France puisse se défaire de ses grandes traditions de noblesse et d'hospitalité et ignorer les conditions de vie combien difficiles des ouvriers algériens en France. Il L'Union générale des travailleurs al gériens intervenait auprès de ' la C.G.T. dans le même sens. Depuis cette période , des actes ratait enfin un projet de loi autorisant l'adhésion de la France à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, convention adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 21-12-65 et ouverte à la signature le 7 mars 1966. Dans une envolée qui lu i est coutumière, le Premier ministre s'écriait alors du haut de sa tribune : Il Le racisme ne passera pas Il. Mais en même temps, le gouvernement se refusait à adopter la législation française qui permettrait de s'opposer efficacement à toute manifestation de racisme et faisait des réserves sur un article faisant référence à l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ... La C.G.T. considère que le racisme 25 et la xénophobie ont des bases de classe, qu'ils sont le fruit du régime capitaliste , du colonialisme et de l'impérialisme . Les monopoles capitalistes à la recherche de profits toujours plus élevés multiplient les catégories de travailleurs sous-payés: jeunes, femmes, personnes âgées, immigrés, tous ceux placés en situation plus difficile dans la lutte des classes. Les travailleurs immigrés en ce qui les concerne sont victimes de discriminations scandaleuses - dans tous les domaines - malheureusement encore trop ignorées du grand public : discriminations en matière de salaires, d'allocations familiales, de Sécurité sociale , de droits sociaux et syndicaux, de libertés individuelles et collectives . Ces discriminations alimentent le racisme et la xénophobie sur lesquels spéculent le pouvoir et le patronat pour opposer travailleurs français et immigrés les uns contre les autres, voire les immigrés entre eux, créer la division de la classe ouvrière afin de peser sur les salaires , de freiner les luttes revendicatives et d'imposer à tous les salariés , à la population laborieuse, leurs objectifs réactionnaires . Pour un statut de l'immigré C'est pourquoi , comme l'ont déclaré en commun la C.G .T. et la C.F.D.T. en juillet dernier, la lutte contre le ra cisme et la xénophobie passe par l'action contre toutes les discriminations. La C.G.T. pour sa part, considère que les travailleurs immigrés font partie intégrante de la classe ouvrière en raison de la place qu'ils occupent dans la production, face aux mêmes exploiteurs que les travailleurs français. Les uns et les autres sont liés par une communauté d'intérêt qui se manifeste tous les jours dans les luttes revendicatives qu'ils livrent aux mêmes adversaires . C'est pourquoi la C.G .T. fidèle à son passé , à ses principes de classe et de solidarité ouvnere internationale, ne cesse de lutter pour la reconnaissance de l'égalité absolue des droits entre travailleurs français et immigrés; elle s'est maintes fois adressée au gouvernement et au C.N.P.F., afin aue. sur la base de ce principe fondamental , s'ouvrent des discussions avec les centrales syndicales représentatives en vue de donner le jour à une nouvelle politique d'immigration conforme aux intérêts des travailleurs français et immigrés, à l'intérêt national; elle réclame le vote par le Parlement d'un statut de l'immigré à caractère démocratique et social, de même que le vote d'une législation antiraciste
- elle intervient dans le même
sens dans toutes les instances internationales. Pierre Evain représentant la (;.~.D.T. (c Les immigrés sont les exploités les plus vulnérables ;J) DA.NS le texte de la Convention internationale de l'O.N.U. sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale , à laquelle la France, avec cinq années de retard vient d'adhérer, nous lisons : Il Convaincus que toute doctrine de supériorité fondée sur la différenciation entre les races est scientifiquement fausse, moralement condamnable, et socialement injuste et dangereuse, et que rien ne saurait justifier, où que ce soit, les discriminations raciales, ni en théorie, ni en pratique ... )) Nous sommes concernés Pourtant, à travers le monde, on est encore bien loin de voir ces affirmations passer dans les faits . Le racisme est partout , en fait ou en puissance : qu 'i l s'agisse en premier lieu , des pays où il oppose des citoyens d'une même nation , les uns considérées par les autres comme des sous-hommes, parce que de races différentes, comme au Pakistan, en Rhodésie , en Afrique du Sud, au Biafra, où des centaines de milliers d'hommes en sont morts, ou encore en Amérique du Sud, au Brésil , où ces dernières années s'est poursuivie l'extermination des Indiens ; qu'il s'agisse des pays où sévissent encore les méfaits et les crimes du colonialisme, comme en Angola et au Mozambique. . 26 Nous sommes concernés, parce que citoyens d'un pays qui trop souvent, hélas, établit une rupture entre son comportement pratique et le rappel constant de ses traditions les plus Çjénéreuses. C'est notamment le cas , face à l'apartheid en Afrique du Sud ; je ne prendrai qu'un exemple, puisé dans l'expérience syndicale. A Genève, en juin dernier, où se tenait la 56" session de la Conférence internationale du travail, les organisations syndicales , unanimes, déposaient une résolution condamnant l'apartheid. La délégation gouvernementale française refusait de voter cette résolution. Si elle avançait comme argument, la non compétence de l'O.I.T. en ce domaine, nous pensons quant à nous que les vraies raisons étaient ailleurs , et notamment dans l'autorisation donnée à la firme Dassault, et à la S.N.E .C.M .A. de signer des accords en vue de la construction de Mirages dans ce même pays où se pratique le pire racisme ... Sur notre propre sol Mais la lutte contre le racisme à travers le monde doit être intimement liée à celle que nous devons développer contre ses méfaits sur notre propre sol. Près de 4 millions d'hommes, de femmes, d'enfants de nationalités et de races différentes vivent et travaillent en France ... La défense des travailleurs immigrés est trop souvent entreprise lorsque des faits massifs révèlent au grand jour, une condition qui pour les immigrés eux-mêmes est permanente. On verra , par exemple, une campagne de presse qui dure un mois, lorsque cinq travailleurs africains meurent dans un taudis à Aubervilliers , mais l'émotion passée que reste-t-il ? On verra de nombreuses prises de position , et il faut s'en réjouir, lorsqu'une campagne raciste , renaît de nouveau , après la nationalisation du pétrole algérien , mais là encore, le temps de l'émotion passé , la condition demeure , prête à exploser à l'occasion de tel ou tel événement et des faits récents viennent encore le confirmer. Une double exploitation Les travailleurs immigrés en France sont victimes en fait d'une.double exploitation, l'une d'abord comme travailleurs. Ils débarquent dans une société divisée en classes, quoiqu'aujourd'hui on veuille nous convaincre du contraire. Ils sont , bien sûr, du côté des exploités, par rapport à ceux qui les exploitent. Ils sont les exploités les plus vulnérables , parce qu'ayant le moins de défense . C'est pour cette raison qu'avant de voir l'étranger, nous voyons d'abord le travailleur. C'est ainsi que lorsqu'on parle des problèmes posés aujourd'hui aux travail leurs français les plus exploités, il suffit d'ajouter : à plus forte raison pour les travailleurs immigrés. Les degrés sont différents, et ils le sont , dans l'exploitation , la nature est la même. Le système économique et politique dans lequel nous vivons , vise en fait à diviser les hommes, à les opposer entre eux, là est déjà le point de départ du racisme. Basé d'abord sur le rapport de forces , il écrase les plus vulnérables , c'est le cas des travailleurs immigrés ... L'autre exploitation, est de nature raciste . Dans les organisations syndicales, la lutte doit être permanente pour informer, expliquer, les positions et l'action avec et pour les travailleurs immigrés. Et les camarades syndicalistes présents dans cette salle se rappellent des luttes au moment de la guerre d'Algérie. La vérité libère Le raciste, a-t-on dit, est un homme qui a peur ... C'est la vérité qui libère , c'est pourquoi le problème de l'information sur les conditions réelles de l'immigration en France est un aspect capital de la lutte contre le racisme, il constitue le point de départ d'une lutte vigoureuse contre toutes les discriminations. Ce n'est pas ce qu'on nous a appris à récole, ce qu'on apprend encore aujourd'hui à nos enfants, qui nous a mis à même d'abord d'accepter, puis d'apprécier des hommes d'origines, de races différentes . Ainsi pour les travailleurs immigrés, la division en classes, la division en races se conjuguent, les deux hostilités s'interpénètrent, se nourrissent. On ne peut distinguer rune de l'autre . C'est pourquoi l'on ne peut dissocier les deux aspects permanents de la lutte contre le racisme : celui de l'égalité des droits et celui dirigé contre les manifestations racistes. Tel est le sens de la camp'agne, que notre organisation a décidé avec la C.G.T. de développer dans les mois qui viennent.
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Abbé Jean Pihan vice-président du M.R.A..P. (c Paire que tout homme soit un homme debout ;J) • ~$-~. ..., ~ L ~ ~ ~_. ~ '" MA brève inte,:,e~t!on. comporte une double signification : 10 Je désire porter ici témoignage en faveur du M.R.A.P. Depuis que les responsables du Mouvement m'ont fait l'honneur de me convier à participer activement et de très près à leurs travaux et à leur lutte , j'ai pu voir, non seulement à quel point elle est efficace, mais aussi à quel point le M.R.A.P. s'efforce d'agir de telle manière que des représentants de tous les courants spirituels puissent se trouver à l'aise au sein du Mouvement .. . Notre objectif spécifique est évidEÎlnment, pour que cette égalité, pour que cette fraternité , pour que le respect de la dignité humaine ne soient pas de vains mots, la lutte contre toutes les formes de ce que l'on appelle la discrimination . Eh bien! je dois témoigner de ce que, au M.R .A.P ., on ne fait pas de discrimination parmi les discriminés! DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 Ce n'est pas chose faci)e , veuillez le reconnaître , parce que précisément, les uns et les autres, nous avons des amitiés, qui sont différentes, qui ont l'air parfois de s'exclure . Des amitiés politiques , des amitiés de classe, des amitiés de coreligionnaires ... Il y a donc parfois parmi nous, lorsque nous nous penchons sur tel ou tel problème brûlant, des difficultés à bien mettre au point l'examen d'une situation sur laquelle nous voulons porter un jugement impartial. Or, je dois dire que j'ai toujours constaté ceci : quand il faut que ce soit le Mouvement lui-même qui témoigne , qui revendique, qui proteste , et même qui accuse, on aboutit toujours à l'unanimité . Et s'il n'en était pas ainsi, ce ne serait plus le M.R .A.P . tel que nous le voulons tous. Nous aurions détruit, peut-être en une seule fois , ce que nous avons reconnu être à la fois la plus grande des forces, le plus beau des rêves et la plus impérieuse des nécessités : faire que tout homme soit un homme debout, faire que l'humanité ne soit plus 'partagée entre victimes et bourreaux, entre exploiteurs et exploités. Malgré les divergences Je tiens à redire ce que j'ai affirmé il y a maintenant plus de dix ans quand j'ai commencé à me joindre à mes amis pour mieux lutter contre le racisme. J' ai dit et je redis que si l'on attend que tous les Français soient d'accord sur tous les points pour leur permettre de travailler ensemble à résoudre n'importe quel problème, on peut attendre jusqu 'à la fin des temps. Mais que s'ils veulent bien, déjà, travailler ensemble, malgré toutes leurs divergences, à la solution d'un problème bien digne de mobiliser les énergies de chacun, en raison de 27 son caractère d'urgence, en raison aussi de sa nature indiscutablement juste aux yeux de tous , alors ces Français divisés seront amenés à s'estimer, à se comprendre , à se découvrir frères et compagnons d'une même aventure . C'est ce que nous faisons. C'est ce qui fait, au M .R.A.P., notre force et aussi . notre joie ... Lutter contre le racisme , c'est reconnaître les différences, c'est admettre que s' il n'y a aucune catégorie d'hommes qui puisse être réprouvée collectivement pour quelque raison que ce soit, il n'yen a aucune non plus qui puisse se prévaloir d'une supériorité quelconque, d'une exemption quelconque des tendances mauvaises qui sont le lot de tous les humains. Lutter contre le racisme , c'est donc lutter contre l'orgueil en notre propre conscience et en notre propre inconscient, c'est se découvrir soi-même enclin , comme n'importe qui, au racisme, au sectarisme, à l'intolérance, à l'étroitesse d'esprit, à toute forme de cléricalisme. Cette humble acceptation de nos limites, de notre éternelle difficulté à être ce que nous souhaiterions être, je l'ai trouvée chez mes camarades du M.R.A.P ... 2° Je dois, maintenant, apporter un second témoignage. Je veux parler de la part considérable qui est prise aujourd'hui, à travers le monde entier, dans le combat antiraciste, par les hommes et les institutions qui se réclament de l'Evangile de Jésus-Christ, c'est-à-dire principalement, au plan mondial par la Papauté et par le Conseil oecuménique des Eglises, et au plan national par les évêques, les synodes des Eglises de la Réforme et par les communautés chrétiennes. Je ne prétends nullement que les chrétiens soient meilleurs que les autres hommes. Je ne chercherai pas à cacher - bien que cela m'attriste - que les Eglises et les chrétiens sont loin d'avoir été constamment, dans le passé , exempts du péché de racisme . Je ne nie pas les lourdes responsabilités que nous avons pu avoir, notamment en France, dans l'antisémitisme. Il eût même été surprenant que nous n'ayons . pas partagé avec nos peuples d'Occident les vilains côtés du colonialisme ... Je ne dis même pas non plus que tout soit parfait chez nous, nous les chrétiens, en ces temps que nous vivons. Mais je dis qu'aujourd'hui, dans l'ensemble, et spécialement en notre pays, les chrétiens, leurs pasteurs et leurs leaders laïcs sont au premier rang, fraternellement unis avec leurs frères ou 28 c 'C"l "" .!!1 LU o 15 if Steve Warring camarades non-chrétiens, dans le combat pour l'égalité et la justice. Je dis que l'on ne compte plus les documents pontificaux ou épiscopaux qui stigmatisent le racisme . Le pape Paul VI l'a dénoncé vigoureusement , à égalité avec le nationalisme, comme l'un des principaux obstacles à la paix du monde; et il y a quelques jours, en glorifiant le sacrifice héroïque du franciscain polonais Maximilien Kol" 1 a parlé des temps de barbarie, où des millions d'hommes ont été victimes de l'orgueil de la force et de la folie du racisme. Je rappellerai la décision du Conseil oecuménique des Eglises de venir en aide aux Mouvements de libération des territoires encore portugais d'Afrique et de s'opposer à l'apartheid en République Sud-Africaine et en Rhodésie. Je rappellerai le geste prophétique des Pères Blancs quittant le Mozambique . Je rappellerai qu'il y a quelques mois, lors de l'affaire des pétroles d'Algérie, nos évêques ont élevé la voix pour que les travailleurs nord-africains ne soient pas traités indignement. Je dirai qu'il n'y a pour ainsi dire pas d'incident local plus ou moins teinté de racisme, ou de xénophobie, généralement à l'encontre de travailleu rs immigrés, sans que l'on ne trouve les Le spectacle Le spectacle qui a clôturé le Forum de l'Amitié était animé par Stève et AnneMarie Warring. L'assistance les a longuement applaudis ainsi que Francesca Sotte\(ille, JoséMario Branco, Claude Reva et Lamine Konté. prêtres, les pasteurs, les religieuses, les militants chrétiens parmi les défenseurs de ces travailleurs. Les publications catholiques ou protestantes reviennent souvent sur ces questions, publient parfois des numéros spéciaux, étonnant ou scandalisant même une clientèle encore assez souvent retardataire. Des organismes comme Pax Christi , le Secours catholique, la Cimade, des Mouvements éducatifs pour les jeunes et même pour l'enfance font entrer la lutte antiraciste dans leurs objectifs . Nombreuses sont les initiatives d'origine confessionnelle pour l'alphabétisation , pour les contacts fraternels avec les étrangers .. Tel est mon second témoignage . Je ne suis pas un franc-tireur dafl'S l' Eglise et je sais que je parle en plein accord avec la hiérarchie catholique, et spécialement avec M. le Cardinal Marty, archevêque de Paris, qui m'a dit son approbation de notre action, en pleine communion fraternelle aussi avec les responsables des autres confessions chrétiennes et puisque nous voici réunis en un Forum de l'Amitié, je dis à tous ceux qui veulent, du fond du coeur, l'amitié entre tous les hommes : « Vous pouvez compter à fond sur la présence active, à vos côtés, de vos camarades chrétiens ». Charles Palant vice-président du M.R.A.P. (c Lutter contre le racisme c'est aussi mener le combat dé1J10cratique ~) A . U terme de l'Année internationale de lutte contre la discrimination raciale, proclamée par l'Organisation des Nations-U nies, il appartenait au M.R .A.P . de souligner par la présente manifestation, le bilan de ce qui fut réalisé en France. C'est en considérant ce qui a été fait qu'il faut jeter les bases pour un nouvel élan de l'action contre le racisme dont il serait vain de nier, et dangereux de sous-estimer la persistance. Combattre le racisme, n'est pas l'affaire d'une année, et c'est parce que le combat continue qu'il faut faire le point et repartir en avant et de pl us belle. Lutter contre le racisme, celui des bidonvilles, des taudis et de l'exploitation féroce subie par près de 4 millions de travailleurs immigrés dans ce pays et dont l'ignoble condition d'existence a été soulignée par les précédents orateurs; lutter contre le racisme, des préjugés, de la haine, de la bétise , le racisme lié à ce qui subsiste d'ignorance et d'obcurantisme ; lutter contre le racisme des ligues facistes et de leurs journaux . parfois florissants, c'est bien sûr prendre en considération et marquer notre solidarité avec les humiliés ; travailleurs arabes auxquels « Minute» voue sa haine à longueur de colonnes , travailleurs venus des villages d'Afrique noire et dont la détresse est immense , travailleurs portugais, espagnols, turcs , qui ont dû fuir les régimes de terreur et de misère, travailleurs antillais et réunionnais condamnés à l'exil en raison dEls structures coloniales qui maintiennent leurs pays dans un cruel sous-développement; lutter contre le racisme , c'est marquer notre honte et notre dégoût pour les survivance du vieil antisémitisme qui s'affiche encore si souvent avec bestialité; lutter contre le racisme c' est parfois rougir encore des discriminations légales imposées aux Gitans soumis cependant à l'impôt de l'argent, à l'impôt du sang. Un quart de 'Ia classe ouvrière Lutter contre le racisme c'est aussi mener le combat démocratique qui DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 c 'C" l ~ .!!1 LU o 15 5' Francesca Solévil/e ne concerne pas seulement les victimes que le racisme frappe . Par exemple, lorsque nous exigeons avec les syndicats , pour les 4 millions de travailleu rs immigrés des droits syndicaux et sociaux égaux à ceux des trava illeurs français , c'est pour un quart de la classe ouvrière de ce pays que nous luttons. Un quart de la classe ouvrière tenue à l'écart et en dehors du débat politique dont on conviendra que dépendent le présent et l'avenir de la nation tout entière . De ce point de vue , il convient de souligner et de dénoncer ceux qui tendent à accroître l'isolement des im migrés, en préconisant par exemple des syndicats d'immigrés, en flattant ce qui les sépare des autres travailleurs, voire en défendant de stupides mots d'ordre tels que « bidonville vaincra!» Non ce ne sont pas les bidonvilles qui vaincront la misère des travailleurs immigrés, c'est l'union de tous les démocrates agissant ensemble qui vaincra et le racisme et les bidonvilles! Il faut de même dénoncer un certain antiracisme de pacotille et qui est en fait une monstrueuse complicité avec les pires racistes. Je veux parler de ceux qui s'en vont aux côtés des fascistes d' « Ordre Nouveau» brûler des drapeaux soviétiques ou qui , peu dégoûtés, fouillent les poubelles de l'O.A.S. pour y recruter un Soustelle. La France antiraciste est inséparable de la France démocratique. Tout au long de cette Année internationale , nous l'avons constaté partout, dans les villes, les villages, dans les usines, les universités, les lycées où avec l'aide de nombreuses organisations nous avons multiplié débats, conférences , expositions , manifestations de toutes sortes . La France antiraciste, elle est à l'image de ce forum, celle des travailleurs manuels et intellectuels, celles des citoyens d'opinions et de croyances diverses, au coude à coude unis dans l'action à laquelle les appelle notre Mouvement. Oui nous sommes fiers et reconnaissants devant toutes celles et tous ceux qui par leur présence parmi nous contribuent au retentissement de notre action. Mais nous ne prétendons nullement tout ramener à nous. Avec une égale reconnaissance nous saluons toutes les prises de positions , toutes les initiatives qui ont marqué en France l'Année internationale . L'absence de la France officielle Et avec tous nous regrettons que cette année historique dans la lutte contre le racisme se soit déroulée en l'absence totale de toute initiative gouvernementale. Nous avions pourtant été reçus le 5 janvier par le Premier ministre, M . Chaban Delmas, qui ne nous avait pas ménagé ses compliments et ses encouragements. Certes nous avons entendu, il y a quelques semaines un beau discours 29 30 Claude Réva prononcé devant les membres de l'Union interparlementaire par M. Pompidou et appelant les élus des divers pays membres à s'opposer au racisme. Mais en France, la Convention internationale des Droits de l'Homme attend depuis 25 ans d'être ratifiée. Et la Convention internationale contre la discrimination raciale à finalement été ratifiée après plusieurs années d'attente , non sans que le gouvernement se soit élevé, au cours du débat à l'Assemblée nationale contre ce qui était essentiel dans le texte , c'est-à-dire , l'adoption par les Etats signataires de lois efficaces contre le racisme qui , particulièrement en France , font cruellement défaut. Radio et télévision d' Etat sont restées muettes et nous avons dû dénoncer plusieurs émissions télévisées au contenu nettement raciste , la dernière en date étant consacrée à l'éloge du ministre hitlérien Albert Speer. Le ministère de l'Education nationale n'a donné aucune instruction pour répercuter l'Année antiraciste dans les écoles . Même carence au ministère des Affaires culturelles . Nous avions suggéré un timbre au ministère des P. et T. Il nous fut répondu qu'une « flamme» pourrait être réalisée .. . à nos frais. Partout, solidarité et action Ainsi la France officielle est restée absente tout au long de cette année. Il appartient donc à la France qui travaille, qui pense et qui lutte de continuer à agir sans relâche. Que partout circule et se couvre de signatures par milliers et par milliers ' notre pétition nationale pour l'adoption rapide de nos propositions de lois antiracistes approuvées et soutenues par de nombreux parlementaires. Que partout se constituent et se multiplient les comités forts de centaines d'antiracistes munis de la carte du M.R .A.P . 1972 pour riposter sans attendre à toute agression raciste , à toute discrimination . Que partout se manifeste la solidarité avec tous ceux qui souffrent du racisme en France et dans le monde. De ce forum de l'amitié nous saluons les antiracistes du monde entier. L'année internationale de lutte contre la discrimination raciale s'achève. Puisse-H~lIe avoir contribué à préparer les années de lutte et de victoires qui ouvriront la voie à l'avenir de compréhension , de coopération et de paix, de fraternité et de bonheur pour tous les hommes, nos frères . A l'occasion du nouvel an, offrez des jetons de voeux de la monnaie de Paris OEuvres des meilleurs artistes contemporains, ils feront la j oie et l'admiration de vos amis. La collection comprend plus de 300 modèles aux thèmes variès. Ils expriment l'amour, l'espèrance, toutes les sèductions de la nature, une multitude de symboles ou d'allusion. CIGALE (( Le soleilmefait chanter )) par Jean Asselberg ÉPANOUISSEMENT par Andras Beck PAIX SUR TERRE par Pauline de la Jarrige et Danièle Obled A MA PORTE JAMAIS NE HEURTEREZ EN VAIN par Mme Germaine Resseguier·Lagriffoul ... ET PUIS VOICI MON COEUR QUI NE BAT QUE POUR VOUS par Jean Vernoil Venez choisir dans nos vitrines, ceux qui traduisent le mieux votre personnalitè ou demandez notre documentation. 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Une génération au moins, sinon deux, ne connaît plus Charlot qu'à travers les petits films de ses débuts, ceux qui ont d'ailleurs fait le plus pour sa popularité mais qui sont insuffisants pour une connaissance véritable de l'auteur et de son personnage et pour une juste appréciation de la valeur artistique et humaine de sa contribution au patrimoine culturel de notre temps. C'est pourquoi il est heureux que Charlie Chaplin, se rendant aux raisons formulées il y a deux ans par un certain nombre de ses biographes dans une lettre ouverte à lui adressée, ait enfin consenti à remettre en circulation tous ses plus grands chefsd'oeuvre, à commencer par Il les temps modernes Il. Pas une ride Mais il y a un risque : ces films auront-ils résisté à l'épreuve du temps? Oui, si l'on en croit justement Il les temps modernes Il. Le film n'a pas une ride, ni esthétique, ni intellectuelle, après trente-cinq ans. C'est un des plus purs chefs-d'oeuvre du cinéaste , le plus intelligent, le plus engagé socialement. On n'y trouve aucune trace de cette sensiblerie qu'on lui a si souvent reprochée et qui lui a valu l'apostrophe célèbre (et si injuste) d'André Suarès sur Il le coeur ignoble de Charlot Il. C'est pratiquement le seul de ses films qui ait une fin heureuse, le seul (avec Il Une vie de chien Il) où il ait trouvé une âme DROIT ET LIBERTE - N" 308 - DECEMBRE 1971 soeur avec laquelle il s'éloigne, bras dessus, bras dessous, vers l'horizon , allusion symbolique au bonheur qu'il connaissait alors avec sa partenaire Paulette Goddard. C'est aussi un film où il manifeste une grande conscience politique , où il dénonce vigoureusement la misère engendrée par les crises du capitalisme , les cadences infernales du travail à la chaîne et les violences policières auxquelles recourt le système pour protéger ses privilèges . La fameuse scène du drapeau rouge , si mal comprise et si calomniée bien souvent, ne signifie pas que Charlot prend par hasard la tête d'une manifestation ouvrière (ce qui serait ironique et condescendant) mais que le travailleur exploité , si inconscient soit-il encore des mécanismes économiques qui déterminent son exploitation , est déjà objectivement un militant en butte à la répression aveugle des gardiens du capital. Chaplin est un homme des années 30; c'est au cours de cette décennie qu'il est parvenu à la maturité de son art et qu' il a produit ses plus grands films : sa conscience politique reflète les espérances et les illusions de ces années de crises et de luttes. Il s'est toujours défendu d'être communiste mais il a reconnu qu' il était très intéressé par le « bolchévisme ». Son comportement d'ouvrier et la philosophie qu'il suppose (dans Il les temps modernes Il) risquent de paraître dépassés par rapport au climat et aux impératifs des luttes politiques actuelles . Ce serait exiger de lui , a posteriori, une conscience et une cohérence qu'il n'a jamais eues (st qu' il n'était pas tenu d'avoir, en tant que . cinéaste et acteur comique) et qu'il remplaçait par un humanisme que certains rejettent aujourd'hui comme une mystification ou un alibi. Les temps modernes. Dialectique brechtienne Charlot est un « pauvre type'», ce n'est pas un militant politique. Il incarne le solitaire en proie à l'exploitation, à la violence et à l'injustice : il est seul mais il est également le seul. ou presque, à se révolter, d'une révolte plus anarchisante qu·organisée. Mais en vacillant ainsi entre l'abrutissement et la lucidité, il peut aider le public à prendre conscience au terme d'une démarche intellectuelle qui s'apparente à la dialectique brechtienne : en mettant en scène des individus encore inconscients politiquement, Chaplin, tout comme Brecht, incite le spectateur à démasquer le système dont ils sont, tout comme lui , les victimes. J 'ai peur que certains jeunes spectateurs d'aujourd'hui , en proie à l'impatience révolutionnaire , soient incapables de percevoir ce retournement dialectique nécessaire à la véritable compréhension du message politique de Chaplin. Cet idéalisme des années 30, on le retrouve aussi dans l'attitude de Chaplin face à la guerre, dont il avait dénoncé l'absurdité criminelle dès 1918, avec un humour noir jamais dépassé, dans Il Charlot soldat Il. Comme beaucoup, il avait dû croire que la Il Grande guerre Il serait la dernière. Mais alors que la plupart s'abandonnaient à un Il lâche soulagement Il après Munich, lui avait mis en chantier dès 1938 le film qui devait être deux ans plus tard Il le dictateur Il, féroce pamphlet antinazi qui lui valut la haine de tous les réactionnaires américains. Par la suite sa campagne en faveur de l'Union soviétique et de l'ouverture du second front devait renforcer cette haine. Mais c'est évidemment (1 Monsieur Verdoux Il qui devait constituer, quelques années plus 31 tard , la plus violente et la plus cohérente attaque contre la guerre : le meurtre individuel est condamné mais le meurtre de masse est permis . Tel est l'argument essentiel de Verdoux face à ses juges : il apparaît alors comme le double satanique de Charlot que la société envoie à l'échafaud parce qu'il n'a pas respecté la cc règle du jeu Il. Le secret de la gloire Charlot , l'éternel solitaire , est le type même du paria. On songe naturell ement au cc Juif errant Il, puisqu'il semble bien établi que Chaplin est juif par sa mère , ce qu' il s'est toujours refusé à confirmer sans jamais d'ailleurs le démentir formellement. Tous ses biographes admettent comme une évidence cette appartenance ethnique et culturelle : Charlot n'est jamais donné comme juif, mais il évolue très souvent dans des milieux israélites et son comique est typiquement juif. Persécuté , il se défend contre la violence par la ruse et son admirable scène mimée du combat de David contre Goliath , dans Il Le Pèlerin Il , est le clair symbole de sa conception du monde : l'intelligence peut triompher de la force brutale . Il est parfois luimême brutal' avec des faibles, quand il subodore en eux des exploiteurs possibles ou des complices des puissants, mais il est le plus souvent le protecteur des enfants, le chevalier servant des dames. Eternel persécuté , il lui arrive d'être en proie à une sorte de vertige messianique et d'aller jusqu'à prendre sur ses épaules tous les péchés du monde et à donner sa vie comme le Chri st (cc Monsieur Verdoux Il). C'est qu' il se veut le symbole de l'humanité souffrante et n'a cessé de proclamer son internationalisme, refusant la citoyenneté amencaine parce qu'aussi bien c'est le hasard seul, disait-i l, qui l' avait f ait naître à Londres et viv re aux EtatsUnis. C' est pou rquoi son succès et sa popu la rité ont été universels : c'est le seu l héros cinématograph ique qui ait jamais jou i d'un t el prest ige, à cau se de la qualité de son comique sans dout e, mais surtout parce que tous les hommes peuvent se recon naître en lui . Et s' il est vrai que la recherche du bonheur est la motivation première de t outes les act ions humaines, alo rs on comprend sans peine le secret de sa gloire. Marcel MARTIN LA BATAILLE D'ALGER. 1957, plus de deux ans après le début de la guérilla dans les A urés. Le F.N .L. lance une série d'attaques à A lger. A la volonté de lutte du peuple algérien pour son indépendances, le gouver nement 'français et les généraux d'Alger. répondent par les tortures, les assassinats, les emprisonnements, les exécutions; c'est une véri table guerre de rue que se livrent les patriotes algériens et les soldats français : ,c'est ce que l'on a appelé La Bataille d 'A lger. Le film, qui relate cette partie de la guerre d'Algérie montre les difficultés de la lutte clandestine, les grèves des travailleurs algériens, le régime, de terreur auquel ils étaient soumis. Parce que ce fi lm a montré l'Algérie qui voulait vivre, les néo-fascistes, les réactionnaires, les nostalgiques de l'" Algérie Française» ont tenté de l'interdire, recourant parfois au terrorisme et aux menaces. On ne peut que se fé liciter de sa sortie sur les éc rans et du succés qu'il remporte. J.D. PIEDS SENSIBLES 32 Les chausseurs du super-confort et de l 'élégance C,",vix UNIQUE en CHEVREAU, en SPORTS et en TRESSE MAIN Femmes du 35 au 43 - Hommes du 38 au 48 6 largeurs différentes (9") GARE SAINT-LAZARE, 81, rue St-Lazare (MO Saint-Lazare - Trini té) (6' ) RIVE GAUCHE, 85, rue de Sèvres (Mu Sèvres· Babylone) (1Ü") GARE DE L 'EST, 53, boulevard de StrasbouI:g (Mu Château-d'F:au), Magasins ouverts tous les lundis -------- - lu ... • Le Prix Fémina belge du cinéma a couronné Marie-José Nat et Michel Drach pour « Elise ou la vraie vie» ainsi que Marina Vlady, interprète du film de Georges Farrel « Sapho ». • Le Prix Dussane fondé en souvenir de la grande sociétaire disparue a été décerné à l'unanimité à Sacha Pitoëff, interprète d'« Incident à Vichy» , d'Arthur Miller, à l'Espace Pierre Cardin . • Sur France-Culture , le samedi 18 décembre ae 14 h à 18 h, sera diffusée une émission sur les gitans et tziganes : « Nous autres les Rorns », • La Fédération du cinéma éducatif organise deux stages en 1972' à l'I.M ,E,P, de Marly- le-Roi : du 12 au 18 avril , initiation aux rnontages culturels; du 11 au 16 septembre , animation de cinéclub et réalisation d'un court-métrage noncommercial, Renseignements: Fédération du cinéma éducatif, 27 , rue de Poissy, Paris (5") , • Le Prix Goncourt 1971 a été attribué à Jacques Laurent pour « Les Bêtises ». Compagnon de file d'Antoine Blondin , Michel Déon , François Nourrissier etc, ; il a été pendant la guerre d' Algérie du côté de l'O,A.S. vu ... • Bertrand Soletchnik, auteur de « Il éta it un capitaine » qui a pour sujet l'affaire Dreyfus , a obtenu le Prix Jean Macé qui couronne un ouvrage ou manuscrit destiné aux adolescents, Il avait publié « D'où viens-tu tzigane?» • « Ciel d'enfer» de Youssef Chahine a été projeté le 1.2 décembre au théâtre des Amandiers de Nanterre, où , le 22 décembre , aura lieu un concert : « Théodorakis dirige Th~dorakis». • L'exposition réaliséeparl'U,N ,E.S,C,O pour célébrer les 25 ans de l'Organisation est présentée jusqu'au 19 décembre au Foyer international d'accueil (F .I.A, P.) , 26-30, rue Cabanis , Paris 148 • Des exposés, débats, projections sont organisés dans ce cadre . • Un ensemble important de sculptures de Françoise Salmon est exposé au Centre culturel de La Courneuve, • A la galerie Maurice Garnier, 6, avenue Matignon , Commère revient ' avec des paysages de Iï le-de-France, de la Sologne, et des mariniers des îles Chaussey. entendu , \. théâtre Le marchand de Venise C'EST une entreprise courageuse que celle de Guy Rétoré , qui a monté Il Le Marchand de Venise Il au Théâtre de l'Est Parisien , Non que la pièce ne soit drôle , éclatante , et d'un rythme qui brûle les planches; mais c' est là que Shakespeare a créé le personnage du juif Shylock, qui réclame à son débiteur une livre de sa chair ... Il est facile de tourner le texte en une violente parade antisémite , car le spectateur est du côté des amoureux et de leurs amis, donc contre le juif. qui se trouve finalement accablé , ruiné et chassé sous les rires, Mais ce - n'est là que l'apparence , Shakespeare a peint la réalité de son temps ; les juifs y sont usuriers - on ne leur permet aucun autre rôle - et les maîtres chrétiens , gros commerçants , , jeunes seigneurs , les traitent avec mépris, voire avec horreur, Telle est la vérité du tableau . Cela n'a pas empêché Shakespeare de mettre dans la bouche de Shylock des paroles admirables : Nous sommes des hommes comme vous ... Nous sommes ce que vous nous avez faits .. . Et le noble Antonio n'a pas le beau rôle , quand Shylock lui rappelle de combien d'injures il a, lui le premier , accablé la Il nation juive Il en général , avant de s'en prendre à Shylock luimême, Tout cela est dans le texte , Mais l'art du metteur en scène est justement de le mettre en valeur . Sur les intentions qui ont guidé la troupe du T.E .P. , nul doute n'est possible , Il s' agit , dit le dépliant distribué aux spectateurs , Il de ce racisme viscéral dont notre siècle lucide feint de se croire aujourd'hui délivré alors qu'il n'est pas de semaine qui ne manifeste, ici ou là dans le monde, ses survivances explosives, dans sa forme moderne et renouvelée du racisme politique... Shylock se retrouve face à l'honorable société bourgeoise qui le traite avec hauteur Il. Voilà ce que la mise en scène a vou lu dénoncer; encore une fois , ce n'était pas facile , car le spectateur peut être tenté de croire que l'auteur et le metteur en scène veulent avant tout exalter les amours de la charmante Portia et du beau Bassiano , et ceux de Jessica , fille de Shylock, qui se fera chrétienne pour l'amour de Lorenzo : le spectateur aime bien que ça finisse par un mariage .. . (ou deux, ou trois) . Shylock DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 n'est plus alors que l'empêcheur de s'aimer en rond . Pour éviter cette interprétation digne de nos hebdomadaires aux titres sensationnels , qui régal ent les midinettes à force d'amours princières, le metteur en scène a eu recours à un procédé en lui-même discutabl e : est imant que pour nos contemporains la gloire commerciale de Venise n'a plus de sens , il a transposé la pièce au XIX· siècle , « alors que Londres règne sur les mers et que naît l'univers qui nous est fami lier ». De cette façon , pense-t-il , cc l'alibi du temps disparaît Il. Cela nous vaut un Antonio en redingote louis-philipparde , un Bassanio habillé en hussard comme le Clavaroche de Musset, et une Portia en crinoline, C'est très gênant d'abord , car enfin les conditions de vie peintes par Shakespeare : le commerce maritime , les formes de l'usure , et surtout celles du procès, si elles comportent quelque fantaisie , même au XVI· siècle , sont absurdes au XIX· . Absurde aussi ce juge en culotte collante , en habit rouge et en haut-de-forme , même si c'est une idée heureuse que de l'avoir fait précéder par une musique de chasse à laquelle se mêle l'aboiement des chiens , et qui évoque la curée. Je ne pense pas que cette transposition nous aide à donner à la pièce son véritable sens . L'univers ainsi créé n'est pas celui cc qui nous est familier Il - les choses ont bien changé depuis cent ou cent cinquante ans - et ce n'est pas non plus celui de Shakespeare. La question importante demeure celle-ci : quels que soient les costumes , la pièce peut-elle entretenir des réactions antisémites? Je réponds non , sans hésiter, Car, en redingote ou en lévite, Shylock est un homme comme les autres , et dans la scène où les deux jeunes seigneurs se moquent de lui , c'est lui qui attire la sympathie, Car son acharnement contre Antonio s'explique non seulement par le mépris et la haine qu'Antonio lui a montrés, mais aussi par la douleur que lui inspire le départ de sa fille, Le couple Jessica- Lorenzo apparaît comme celui d'une petite garce et d'un débauché , l'un et l'autre fort amis de l'argent ; c' est un peu dommage, surtout dans la scène du clair de lune ; mais cela n'est pas sans grandir Shylock par contraste , Enfin la scène du procès est parfaitement odieuse , mais Shylock y joue le rôle du crucifié : ses adversaires sont des pantins - les juges - ou des tortionnaires - les jeunes gens. Le spectateur ne peut être que pour Shylock. Une autre façon , à mon sens beaucoup plus , valable que la transposition au XIX· siècle de dénoncer l'antisémitisme , tient à l'interprétation , très shakespearienne d' ailleurs , des passages comiques : ils sont nombreux , et en général remarquablement traités . Les amoureux sont sympathiques, mais que sont-ils? des marionnettes, L' histoire des trois coffrets entre lesquels les prétendants de Portia doivent choisir est irréelle comme un conte des mille et une nuits. Le déguisement de Portia en docteur, éminent spécialiste du droit civil , ne saurait tromper personne et relève du carnaval. L'échange des bagues s'accompagne de plaisanteries dignes des fabliaux du Moyen Age . Le déguisement du valet Lancelot en juif - c'est, si je ne me trompe , une invention du metteur en scène - souligne le caractère dérisoire de la caval cade finale , en opposition avec la sortie du véritable Shylock, qui s'était faite avec une émouvante dignité. Au dernier tableau , tous les personnages ont revêtu des dominos de couleurs vives par dessus leurs costumes; c'est pour la fête chez Portia , mais cela efface très heureusement toute localisation précise , et renforce l'impression de fantaisie , de conte , que laisse le dénouement. Shylock , lu i, était bien réel. Quand il a disparu , tous les autres s'évanouissent avec les couleurs diaprées d'une bulle de savon . Jacqueline MARCHAND 33 (li'OTes ~(Je et les Î autres )~ DANS la mesure où cette étude (J) donne lieu à un examen des relations inter-individuelles, elle entre particulièrement dans nos préoccupations d'antiracistes. L 'enquête, réalisée par l 'équipe de Janine Maucorps et J. -F. HeId, a consisté à poser un certain nombre de questions et à laisser s'exprimer les interviewés sur leur façon de concevoir les rapports entre eux-mêmes et « les autres», sur leur aptitude à « l'empathie ». L'(( empathie)) est le terme utilisé pour désigner la disponibilité à se mettre à la place d'autrui. Les fondements du racisme sont d'origines multiples, selon le type d'analyse que l'on fait de ce phénomène, mais il est certain que les facteurs psychosociologiques interviennent ; le fait même qu'on parle d'attitudes racistes prouve qu'il s'agit de jugements a priori ancrés dans le psychisme individuel. Mais ces préjugés qu'on dit, profon dément fixés dans la pensée, sont fonction d'un système de référence collectif: ainsi, le concept d'autrui est certes le produit d'expériences personnellement vécues mais aussi de représentations forgées dans un contexte socio-économique déterminé, mettant en oeuvre un ensemble de valeurs et de normes dominantes précises. Dans les sociétés occidentales comme la nôtre, l 'attitude raciste serait la manifestation d'une impossibilité de concevoir un autrui trop différent de soi, de se mettre à la place de l'étranger vu comme étrange parce que différent quant au système culturel. Il ne s'agit pas de vouloir, par un antiracisme naïf, escamoter les différences culturelles existantes pour faire de l'autrui· étranger un reflet de soi. Comme le font remarquer les auteurs, plutôt que de répéter « tu aimeras ton prochain comme toi même », il vaudrait mieux dire: « tu aimeras ton prochain comme lui-même». Ils ajoutent que « la démarche empathique doit être équilibrée et composée, pour n'être pas une technique artificielle de digestion d'autrui, mais un effort d'intégration res pectueuse et de mise en place respectueuse ». Parmi les membres participants d'une même société, d'un même ensemble socioculturel, il existe des obstacles à -sur- 34 ...... monter pour aboutir à des rapports harmonieux, du moins tolérables pour le « moi» respectif. Il faut comprendre que les difficultés sont pires pour arriver à établir des relation s entre gens d'origine culturelle, de classe sociale, d'ethnie di fférentes. Un sujet interviewé par l'équipe de J. Maucorps le dit lui-même : « J'éprouve des difficultés à me mettre à la place d'autrui, quand ses convictions sont trop éloignées des miennes, quand son milieu social et culturel est différent. .. » Un des mérites, entre autres, de cette recherche, est d'évoquer cette peur, car, dans le fond, j 'y vois là, la. peur d'êtreremis en cause par un autrui dont les conceptions différent et prétendent tout autant que les nôtres, se rapprocher du vrai, du bien, du juste. L'homme est un animal social, dit-on, mais c'est ce même être qui, petit escargot portant sa solitude sur son dos, se rétracte facilement au moindre contact, menant ainsi « un ersatz d'existence sociale ». Selon l'expression d'un autre sujet de l'enquête, pour s'éviter un trop grand risque, le « moi» réagit par des défenses. par des biais. L 'un d'eux consiste à ranger autrui dans des catégories rigides, selon un certain manichéisme (par exemple : noir sale, mauvais ; blanc propre, bon). Un autre biais réside dans la projection
- on attribue à autrui ses propres
faiblesses, ce n'est pas du vrai altruisme, car tout part de soi, tandis que l'identifi cation est un altruisme plus authentique. Or, les résultats, selon J. Maucorps et J.-F. Held, montrent que les sujets enq uêtés, sont pl us enclin s à projeter, à annexer autrui qu'à s'identifier. La majorité d'entre eux avouent qu'ils cherchent à mieux se voir par les yeux d'autrui. On pourrait en déduire une notion pessnlliste des relations inter -indiviiluelles, mais justement, cette étude nous permet de mesurer les efforts à fai re dans la créa tion du « nous », surtout lorsque le sys téme culturel dominant ne favori se pas toujours l'éclosion d'un tel dessein. Dominique KRZIWKOWSKI (1 ) Je el les autres, par Jea n-Francis Held et Janine Ma ucorps (éditions Payot). télévision Ibn Khaldoun t s CHEMINS DE L'HISTOIRE Il est une émission qui depuis plus « d'un an n'avait pas hésité à aborder des sujets severes, difficiles comme par exemple les méfaits de l'Inquisition et à les t ra iter avec courage et sincérité. Lorsque , il y a quelques semaines, elle nous contait l'histoire de la Perse, ce n'était pas avec le triomphalisme officiel mais avec , au contraire , une grande sobriété et une fidélité absolue aux données de la science et de l'archéologie . En nous présentant plus récemment l'historien arabe du Moyen Age Ibn Khaldoun, elle a su rendre vivant et actuel un sujet qui pouvait paraître lointain et surtout austère , Que le Maghreb et les pays immédiatement voisins aient fort peu changé depuis qu'au XV· siècle l'historien nous en donnait une description qui alla it bien au -delà de l'anecdote pour atteind re une dimension qù asi sociologique, c'est ce que l'émission intelligemment rç alisée par Colette Djidou nous a fort bien prouvé, Elle a su fort bien utiliser les élements divers qui peuvent illustrer ses récits. Ainsi lo rsque l'historien dépeint Fez, ses mosquées et ses universités , ses échoppes d'artisans et le grouillement de ses marchés, il a suffi de nous conduire dans la ville la plus religieuse du Maroc, telle qu'elle est encore maintenant pou r qu'à chaque parole d'Ibn Khaldoun corresponde une image actuelle, Et le para llèle se poursuit lorsque la caméra nous emmène dans les tribus de Mauritanie, à l'orée du désert , otr la vie est encore telle qu'elle nous fut décrite il y a cinq siècles ou davantage. Mais la part ie la plus impressionnante fut sans doute la lecture de « l'Histoire des dynasties» éclairée par des scènes très actuelles de la cour d'Hassan , de ses armées. Comment ne pas donner aux paroles de l'homme du Moyen Age un sens quasi prophétique quand ce qu 'i l décrit s'applique aussi bien à ce qui se passe de nos jours? Sans doute est-ce la pertinence de ces rapprochements qui fait trouver « dérang eante » une telle émission et qui vaut à la série d'être supprimée au moment où la TV aurait tant besoin d'émissions de valeur, Jean CONTE. poéSie -------------------.., Sous le soleil de Jean ' Sénac Il Obsédée de justice, affamée de lumière et d'une beauté sans masque, fidèle au pain autant qu'aux roses, persuadée que l'alphabétisation est l'acte primordial Il : ainsi Jean Sénac int r~duit l'Anthologie de la nouvelle poéSie algérienne (1). Et certes c'est en poète et alphabétiseu r (et militant du M.R.A.P.) que j'ai reçu, ce « bivouac de liberté», dont la dédicace est signée d'un « solei l fraternel », Merci J ean Sénac ! Car voi ci une anthologie inhabituelle, Il composée d'inédits de poètes dont la plupart ont à peine vingt ans, issus de milieux populaires Il. Leu rs oeuvres nommées sont à paraître , L'int roduction de Jean Séna,c les dépasse d' ail leurs pour nous OUVrir les différents visages de la Jeune Poésie algérienne et nous les découvrir attachés à la grande t radit ion arabe ; et non sans courage analyse la condition actuelle du poète au Maghreb , (( Parias peut-être, mais fidèles à la grande tradition des (( fous de Dieu Il ·de la littérature arabe, les poètes maghrébins font de leur véhémence la dernière parole lisible. La première parole. Il Il Il s'agit par une provocation du langage, d'avancer vers un ailleurs où la liberté, l'amour, une vraie santé soient possibles. Il J'a i été frappé de découvrir ces jeunes poètes aussi vibrants que désespérés, Et c'est lourd d'enseignements, Ma peau me gêne amis écrit Ahmed Ben Kamba (19 ans) et Hamid Kacer- Khodja (18 ans), le plus jeune, C'est ici Et c'est, ô Fa ust la maison de Marguerite, C'est ici qu' habite la Raison menant à l'appel fertile du suicide. Rachid Bey, nous apprend Jean Sénac, en fut t enté au point que Breton dut litté ral ement l'en sauver, La poési e sauve du désespoir. Leur poésie est douloureuse , crispée, érotique et insolente, Mais leur poésie ouverte, non seulement ouverte, adhérent e à l'homme, Et c'est en quoi elle est une poésie révolutionnaire, « L' Espérance désespérée » du berger Youce l Sebti s'est nourrie de Rimbaud, d'Artaud, Je suis né dans l'enfer DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 J'ai vécu dans l'enfer Et l'enfer est né en moi Et dans l'enfer Sur la Laine - ce terreau qui flambe Ont poussé des fleurs il crie o truands des bas-fonds vous seuls êtes mes frères. Mais ce voyou Rimbaud, Maïakovsky, c'est celui de toutes les insurrections, de la Commune au Viêt-nam ou de l'autogestion, C'est Abdel Hamid La ghouati. Etre soi-même, être un voyou à la sortie d'un mirage Où l'on aurait voulu boire éternelle[ ment Alors la détresse du révolutionnaire chute dans la recherche de l'Et re Que sont tes habits? Sinon un gouffre Et tes cheveux un linceul Où je sens passer le vent Que sont nos étreintes. Et cela conclut J'ai un billet de 100 dinars Juste de quoi habiller Un mendiant un vrai Et m'en aller Dormir Sans Rêver Vous comprenez pou rquoi Rach id Bey donne cette définition du poème « Volupté posthume et cert itude sexuelle, testament politique et liberté nationale .. , l'arc-en-cie l destru cteur et le soleil des parias ». Une CHAIR audible où les Mots [souffrent De Saba-La Mer sortit un soleil au Profil de reine Et j'ai vu des Vivants Mourir le long du verbe AIMER Ce soir-là, la vie avait une saison [de plus. Et c' est pourqu oi, bien sûr, Boulem Aldoum (2 1 ans) , le plus étonnant peut-être de ces étonnants jeunes poètes (comme nous n'en avons pas), mais il est possible que les ayant, nous ne les connaissions pas, car ici rien ne leur est offert), élève son poème d'amour à une dimension cosmique. Berçons-nous avant le cécité du jour, par ce bruissement tendre [d'abeilles ... et par ce frisson temporel et par ce rythme sidéral. Narcisse dénonçant Narcisse . Echo, cruel écho que tes éclabous[ sures me font mal Il conquiert à travers le mal d'aimer une liberté, qui aussitôt se veut offerte aux humiliés, Avec joie et désespoir, cet authentique révolut ionnaire boira Il longtemps à la pureté féconde de l'inassouvissement Il. Parce que lui aussi parle « pour les muets, les opprimés, les f aibles » Hamid Skif déchire ses mots pour en faire une conscience-mitrailleuse Désormais il est normal que Ahmed Ben Kamba fasse suivre sa plainte de Ma peau me gêne amis Qu'elle est belle la prairie où ils vivent qu'il est amer le clos qui m'en sépare et le très jeune Hamid Kacer Khodja dépassant son amour de suicide C'est ici, juste ici Faust ! Oui , vraim ent cette fois, pour le sal ut de l'Homme C'est ici, juste ici, parmi la nuit, que naquit la profonde terre du verbe aimer. Je n'ai pas parlé du Djamel lmaziten, prodigue d'épanchement lyrique , mais dont la vIsion aiguë s'inscrit dans l'expression immédiate, o tes cils dans un battement d'aile [rapide ni de Djamal Kharchi « consumé aux confins de ses désirs», mais voix sobre et pleine Débout Face au défi d'un ciel toujours [ouvert ... Voyou des quatre portillons Vous êtes trop , trop doués, chers jeunes poètes frères d'une Algérie que vous voulez nouvelle. Merci à Jean Sénac, Mais il me reste à parler de lu i. Ce sera dans une prochaine chronique, Jean CUSSAT-BLANC. (1) Librairie Saint-Germain-des-Prés, p . .. Ue ipez à la souse .. lption de ,droit & libe:rté 35 Cet hODrDle est responsable Il effectue plusieurs fois par jour un trajet difficile au milieu d'autres véhicules. Pour lui, comme pour les autres, la rapidité de ses réflexes est un gage de sécurité! Et vous? Etes-vous sûr d'exercer vos responsabilités d'homme moderne? Vous pouvez n'être jamais ivre et ne pas être sobre! Vous pouvez « savoir tenir la boisson» et ne pas être sobre. Alors la sobriété qu'est-ce que c'est? La sobriété c'est LA MESURE, c'est la connaissance des limites quotidiennes (*) à ne pas dépasser pour préserver sa santé. En étant sobre vous préserverez la rapidité de vos réflexes, la précision de vos mouvements : Vous êtes un homme moderne! 36 Dites-le avec des tiHlbres ... PENDANT l'Année internationale contre le racisme, ne manquez pas d' utiliser et de diffuser les timbres édités par le M.R.A.P. Ceux de grand format (110 x 140 mm) peuvent se coller sur la vitre d'une voiture, la vitrine d'un magasin, d'une bibliothéque, etc. Ceux de petit format (28 x 55 mm), peuvent figurer sur votre courrier, vos cahiers, dossiers, livres, etc. Grâce à ces timbres, vous exprimerez votre attachement à la cause antiraciste, vous susciterez l'attention et une réflexion salutaire sur les problémes qui nous tiennent à coeur. Les commandes doivent être passées au M.R.A.P., 120, rue Saint-Denis, Paris (2°). (C.C.P. 14-825-85). LE GRAND TIMBRE : 10 F; LE PETIT : 1 F (10 F la feuille de dix). Remise de 20 % pour toute commande atteignant 50 F. (*) Pour préserver votre santé vous devez rester en-deçà des quantités suivantes: 1 litre de vin à 1 Cl" soit 10 cl d'alcool pur pour un travailleur; 3/4 de litre de vin à 10° soit 7,5 cl d'alcool pur pour un travailleur sédentaire; 1/2 litre de vin à 1 Cl" soit 5 cl d'alcool pur pour une femme. Communiqué réalisé par le Haut Comité d'Etude et d'Information sur l'Alcoolisme. EUROPE Revue littéraire mensuelle
Derniers nUDléros parus Marcel PROlJST 1 Marcel PROlJST Il Elsa 7'RIOLE7' Paul Valéry Fernand LEGER DOSTOIEVSKI Chaque numéro 1 5 F
21, r~ de Richelieu - Paris (1·') C.C.P. PARIS 4560-04 Sllzanne-MarÏe HuttÏn à la Galerie 34, rue Jou.nroy En ouvrant sa galerie, notre confrère Bernard SannierSalabert a voulu mettre à la disposition des peintres le fruit d'une expérience qu'il met, depuis trois ans, au service de la musique à Bessancourt, dans le Val-d'Oise, attirer le public à la découverte de l'art sous toutes ses formes. Aux cimaises de ses jolies salles qui jouxtent, 10. boulevard Montmartre, le musée Grévin , il expose une trentaine de toiles de SuzanneMarie Huttin (du 4 au 24 décembre 1971) fruit de ces deux dernières années (*). Le nom de Suzanne-Marie Huttin n'est pas étranger aux amis du M.R.A.P ., on retrouvait sa signature au catalogue 'de la récente vente de notre association à la salle Drouot en juin dernier. D'une facture très personnelle, au graphisme très dur, à la palette chaude et lumineuse, l'ensemble de sa production attache et séduit par l'unité des compositions : bouquets vivants aux découvertes personnelles; compositions oniriques avec, entre autres, une grande marine toute de soleil et de Profils de médaille
En cette saison de présents et de voeux, quel catalogue peut stimuler l'imagination et l'intérêt plus que celui de la Monnaie de Paris. dont la richesse et la diversité de possibilités sont infinies. Et quelle résonance humaine parmi cette production! Saluant en cette fin d'année tous les pays, tous les hommes qui marquent notre époque, la Monnaie de Paris nous offre ainsi un tour du monde en frappe directe '" Voici le romancier japonais: Yasunari Kabawata, oeuvre de Louis Robert Muller, toute de suggestion et de rigueur; le peintre et graveur anglais, William Hogarth, par Henri LaggrifouL d'une belle facture , bien personnelle; le poète fabuliste russe Ivan Krylov, dont Serge Ponomarev a gravé le visage puissant, avcc au revers, l'illustration de dix Cables fameuses, dont Gogol disait: « Son oeuvre est le livre même de la sagesse populaire ... » Françoise Salmon, quant à elle, nous offre une médaille dédiée à Elsa Triolet, d'une simplicité belle et émouvante. En consacrant une de se" frappes à Camelinat, Marcel Guilleminet, en saluant celui qui fut directeur de la Monnaie sous la Commune. nous remémore aussi sa participation à toutes les luttes ouvrières de la fin de l'Empire; celui qui fut député de Paris en 1885 fut, en 1864, fondateur du Syndicat du bronze ... Figure légendaire, recevant des mains de Jaurès, le journal l'Humanité, au congrès de Saint-Quentin en 1911, sa vie passionnante est un exemple de volonté indéracinable ... Car la Monnaie de Paris ne se contente point de diffuser sa- production , elle offre, dans les pages de son bulletin du Club Français de Médaille, un histor'ique de chaque oeuvre, par les meilleur's spécialistes . .. DROIT ET LIBERTE - W 308 - DECEMBRE 1971 suggestion, aux lointains multiples et comme jaillit d'un camaieu d'or et de ciel; natures mortes, fortement charpentées où l'objet s'efface souvent au profit de la réalité poétique. Après sa participation au Salon des femmes peintres, chez Duncan et au Salon des beaux-arts de Bessancourt, il faut retenir avec intérêt la décision de cette artiste qui a su s'astreindre à ne pas exposer durant de nombreux mois afin de présenter aujourd'hui cet ensemble de toiles dont la confrontation souligne l'équilibre et la maturité d'un art qui sait heureusement unir le dessin et le coloris, un art où le visiteur retrouve avec joie l'une des vérités évidentes de la peinture une fête pour l'oeil. Roger ANTRAYGUES. (*) Tous les jours sauf lundi de 10 à 19 heures, 34, passage Jouffroy, Paris (ge ) . Métro Montmartre. On salt moins qu' elle édite également, chaque année un très beau calendrier sous forme d'une médaille grand format (95 mm) et une série de jetons de voeux dont cette année les charmants: « Je t'écris pour te dire ... » de Moirignon et « La porte ne s'ouvrira qu'à celui qui frappe» de Schafer. Ces bronzes, de 12 à 33 F, agrandiront j'en suis certain, le choix des cadeaux de fin d'année, auquel il faut ajouter la délicate Croix aux poissons de. Pauline de La Jarrige, qui renouvelle heureusement les médailles religieuses de ces dernières années. Bernard SANNIER-SAIABERT Salon. de beauté IIÉLÉNA RUBINSTEIN 52. faubourg Saint-Honoré Paris-se Tél. : 265-65-69 Ouvert tous les jours de 9 heures à 19 heures sur rendez-vous 37 ~ ~ ~A VIE DU' M.R.AB DÉCEMBR~ 1971 i Un no~e_bre actlr UN mois à peine nous sépare de 1972, qui devra être pour tous les antiracistes une année durant laquelle ils accentueront leur action militante et leurs efforts. L'année internationale a vu ceux-ci se multiplier considérablement, et nombreux sont ceux qui au sein du M.R.A.P., avec raide du M.R.A.P. ou sans lui, ont pris des initiatives allant dans le sens des objectifs visés par notre Mouvement. On constate une progression très nette de la conscience antiraciste et le mois de novembre, pour ne parler que de lui, a donné lieu à de très nombreuses réalisations qu'il est intéressant de signaler. Elles peuvent être reprises et adoptées selon les circonstances et les lieux de l'action et ne demandent aucune aptitude particulière pour les mener à bien, sinon d'être persuadé de leur nécessité. De très nombreuses Maisons de jeunes et de la culture ont notamment répondu à notre appel en programmant des Journées ou des Semaines contre le racisme; de même, plusieurs municipalités par l'intermédiaire de leurs centres culturels. Diverses associations étudiantes ou de parents d'élèves, des paroisses, des syndicats, des organisations politiques ont également mis à l'ordre du jour, les divers aspects de ce fléau du xx· siècle. Nous ne donnons ici que quelques exemples. Formes multiples - Diversité Le plus fréquemment la projection d'un film suivie d'un débat animé par un représentant du M.R.A.P. et laissant à chacun la possibilité de s'exprimer, de questionner pour enrichir les connaissances de tous, est retenue. Ce fut le cas, à Malakoff, avec Jeff Kaplow sur les noirs aux U.S.A., et sur le même thème à Saint-Denis après le film « Dans d chaleur de la nuit», ou encore à Romainville, avec J.-J. Recht, après la pièce « Libérez Angela Davis tout de suite», débat auquel participaient également le 38 metteur en scène et un membre du Comité Angela Davis. Le thème des immigrés est souvent retenu, vu l'acuité du problème, et traité en plusieurs séances dans le cadre d'un stage d'animateurs des P.T.T. à Paris (12 e), à la suite de deux projections « Nuit et brouillard» et « Les Autres». Les films « Etranges Etrangers» ou « Négritudes» constituent souvent ie point de départ des débats sur « le racisme a'ctuel en France» et la situation des travailleurs migrants comme par exemple à Fontenay-sous-Bois avec M" Fred Hermantin, à Saintes avec les animateurs du Comité local, à Conches avec Mme Madeleine Rebérioux, à Orléans avec Albert Lévy, à Amiens avec Me Roland Rappaport . Signalons que 'très souvent des expositions réalisées par le M.R.A.P. comme à Fontenay-sous-Bois, à Conches, à Malakoff, à Romainville, sont présentées parallèlement aux activités déjà citées, ou quelquefois les expositions sont créées localement à partir de documents fournis par le M.R.A.P. (pour tout ou partie). Il est très rare que ce genre d'initiative soit un échec et l'on enregistre au contraire un intérêt croissant vis-à-vis de ces problèmes, surtout de la part des jeunes, pour lesquels la prise de conscience débouche souvent sur rengagement dans la lutte. Signalons encore Sarcelles avec une « table ronde» sur le racisme où une motion a été votée par les formations communistes présentes. Une table de " littérature antiraciste y a également remporté un grand succès. Une autre « table ronde» a été animée à Elbeuf par Roger Maria dans le cadre du 2 e Festival elbeuvien organisé par Action et Culture. Quant à l'idée exploitée à Fontenaysous- Bois de faire visiter notre exposition sur le racisme dans les murs du centre culturel par les élèves d'un C.E.S., elle est vivement conseillée, surtout si cette visite est guidée et commentée comme cela a été fait par Mme Parmentier- Reiss. Deux expériences Parlons enfin de deux initiatives importantes
- celle de notre ami Robert
Pac qui a obtenu, à Troyes , la publication de cinq articles substantiels sur le racisme dans « Libération-Champagne ». Il a par ailleurs, au titre du M.R.A.P. et avec raide de la C.F.D.T., organisé une conférence de presse sur les travailleurs immigrés de la région et les deux organisations ont adopté une motion en faveur de ceux-ci, qui fut portée au préfet de l'Aube, aux parlementaires locaux, aux conseillers généraux, aux chambres patronales, à la Caisse régio- Ex'position à Epernay na le de la Sécurité sociale, aux foyers de jeunes travailleurs, etc., ce qui a amené divers journaux à traiter du problème. Pour clôturer le tout, le film « Come back Africa» a été projeté et suivi d'un débat très animé. Enfin à Aix-en-Provence où 1 0% de la population est étrangère , 39 organisations et formations religieuses, politiques, culturelles et syndicales ont réalisé du 3 novembre au 1 er décembre, 17 « Journées aixoises d'amitié entre les peuples contre le racisme». La diversité 'IIIes « courants de pensée» en présence et la variété de ce programme est l'exemple-type de ce qu'il est possible d'entreprendre à une grande échelle quand les divergences sont mises en veilleuse pour défendre les intérêts bafoués des plus opprimés. Cela s'est traduit par une exposition itinérante sur les Travailleurs immigrés, et une autre sur la Déportation; une exposition-vente de livres sur le racisme, une exposition de peinture; des projections de films suivies de débats ou non (( Come back Africa», « Haines», « Dans la chaleur de la nuit», « Scène de chasse en Bavière». « Little Big Man», « Le Propriétaire », « Elise ou la vraie vie», « Le Sel de la Terre», « Le jugement des flèches», « Nuit et brouillard», « La jeune fille», « Quelque chose d'autre», « Shakespeare Vallah », « Rhodesia count down», « Etranges Etrangers», « Moi et le colonel»); des conférences (( le sionisme et l'antisémitisme», « l'alphabétisation des adultes et la scolarisation des enfants étrangers» , « La femme étrangère», « Rôle et place des travailleurs étrangers dans les pays occidentaux », etc.). La population locale a participé très activement à la préparation et aux conclusions de ces manifestations. Notre revue « Droit et Liberté» y a tenu une grande place. D'autre part, de nombreux comités de province, comme à Grenoble, Montpellier, Rennes, Marseille, Toulon, Bordeaux, etc., à défaut de pouvoir entreprendre quelque chose dans le cadre de notre semaine d'action contre le racisme (du 13 au 20 novembre), sont parvenus à signaler notre Forum, à faire passer dans la presse des articles appelant à soutenir nos propositions de lois et à se mobiliser pour recueillir de nombreuses signatures. On ne peut qu'inciter encore une fois tous les militants à faire circuler cette pétition, l'obtention d'une législation antiraciste étant rune de nos tâches essentielles. Diversité et unité Ce sont là beaucoup d'expériences enrichissantes et qui doivent aider tous les militants à se convaincre que des expenences similaires, multipliées à l'infini, ne peuvent que faire reculer les préjugés raciaux, faciliter notre combat et montrer aux responsables et aux exploiteurs du racisme que leur entreprise ne peut plus se poursuivre impunément et qu'elle devra prendre fin tôt ou tard. A nous de faire en sorte que ce soit le plus tôt possible. A travers les événements récents ou plus lointains, à travers l'intérêt grandissant que manifeste la population pour DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 ces problèmes, nous devons essayer de dégager un enseignement utile à notre action future . Chacun devrait se poser d'abord la question : « Que signifie, faire partie du M.R.A.P.?» Il s'agit d'un soutien à l'action de notre Mouvement et à la diffusion de s.es idées. Ce soutien peut se traduire par des moyens financiers - aspect de la lutte que nous ne devons pas négliger, étant donné les difficultés qu'affronte le M.R.A.P. dans ce domaine - , par une action individuelle en milieu professionnel, familial, amical ou autre; par la collecte d'adhésions, d'abonnements à « Droit et Liberté», de signatures sur nos pétitions. Et surtout, en donnant une forme organisée, donc plus efficace à notre action, par la création et ranimation de multiples comités locaux. Tout soutien, sous quelque forme que ce soit, est valable . Mais si nous voulons voir nos idées se concrétiser véritablement, les militants doivent prendre conscience qu'ils appartiennent à une organisation démocratique, au sein de laquelle, il est possible et nécessaire de s'exprimer librement et de prendre des initiatives responsables. Toutes critiques constructives des positions et des actions de notre Mouvement doivent nous permettre d'atteindre à plus d'objectivité et d'efficacité, de nous unir davantage pour faire avancer la lutte et s'attaquer aux causes profondes du racisme, en même temps que nous devons venir en aide à ses victimes. Il n'est pas d'organisation démocratique qui puisse se développer ni entreprendre une action d'envergure, sans que ses membres se sentent entièrement responsables d'elle, participent collectivement à sa réflexion et à ses réalisations à tous les niveaux. Le M.R.A.P. n'est pas un mouvement de quelques « super men» ou « super women» capables de tout entreprendre, tout réussir sans jamais faire d'erreurs, c'est un Mouvement où le travail et la pensée de tous est indispensable. On ra bien vu au Forum de l'Amitié, le 20 novembre à la Mutualité : c'est la mobilisation des militants et des comités locaux qui a été l'élément décisif du succès obtenu. Cette réussite est pour nous tous un encouragement et chacun comprendra mieux l'importance qu'il y a à créer des comités en grand nombre comme à Paris (6"), Paris (11 e) et Boulogne ce mois-ci. Il suffit pour cela de quelques adhérents de bonne volonté . Ainsi nous ferpns de 1972 une année plus fructueuse encore que l'année internationale. Lucky THIPHAINE Raisons d'une calomnie Une fois encore notre ami Sally N'Dongo, président de l'Union générale des travailleurs sénégalais en France et secrétaire du M.R.A.P., est pris à partie par un groupe gauchiste (1). Dans CI Spécial Puteaux Il, du Il Secours rouge Il les arguments volent bas. On y lit que Sally N'Dongo est chef de service à la mairie de Puteaux. Ce qui est faux, il est manoeuvre spécialisé, comme ses compatriotes avec lesquels il monte et nettoie les marchés_ Dans cette même feuille, on insinue que si le président de rU.G.T.S.F_ a obtenu un logement H_L.M., ce serait grâce à ses bonnes relations avec M. Ceccaldi-Reynaud, maire de Puteaux. C'est encore faux, car ce logement a été attribué un an avant que M. Ceccaldi-Reynaud soit maire. Il ne suffit pas aux militants du Il Secours rouge Il, par leurs mots d'ordre et leur pratique de concourir à l'isolement des travailleurs immigrés de l'ensemble de la population, il leur faut encore salir l'un des dirigeants de ces travailleurs parce que, lui, oeuvre réellement au combat commun de tous. (11 Voir Droit & Liberté, numéro 304, page 15 sous le titre «Chien de garde •. COMMISSION* DES ETUDIANTS Le 1 0 novembre, a été créé une commission dont le but est de regrouper les étudiants afin d'organiser ensemble des manifestations et des débats, culturelles d'agir dans et hors les Facultés, de toucher ceux qui enseigneront transmettant ainsi des messages antiracistes. Nous prévoyons, entre autre, de constituer un dossier sur le statut de l'étudiant étranger. D'ores et déjà, des contacts ont été pris à cet effet. Nous avons aussi représenté le M.R.A.P. étudiant à la Soirée internationale des étudiants organisée le l·r décembre par l'U .N.E.F. Nos ambitions sont grandes, mais nos taches aussi. Nous comptons sur vous.
- O.K.
VAINCRE LE RACISME! La revue « Croissance des jeunes nations», qui a consacré récemment un dossier au racisme (réalisé par notre vice-président l'abbé Jean Pihan) organisait le 8 décembre à la Mutualité, une soirée sur le thème : Vaincre le racisme. 39 -... 1 SACHEZ AUSSI QUE ... 1 • Epernay (51) présentera pendant 15 jours notre exposition sur le racisme courant décembre tandis que l'exposition sur « l'Afrique du Sud bastion du racisme» sera présentée pendant un week-end à Ivry (94). • Des débats sur «le racisme aux U.SA.» seront animés par J. Kaplow à Tremblay-lès-Gonesse et par P. Oren à Aulnay-sous-Bois. • le racisme en France et les travailleurs immigrés JI : Ce thème sera traité à la suite de projection des films « Oerrière la fenêtre », « Etranges étrangers », « Les autres» et ft Négritudes» à Oijon, à Gennevilliers par Alain Gaussel. à Cachan et Orléans par Albert Lévy, à Corbeil par Sally N'Oongo. • la paroisse de Saint-Germain-des-Prés organise du 12 au 16 décembre des journées contre le racisme avec exposition, films et débats dont deux seront animés par des membres du M.R.A.P. • le M.RA.P. a participé à deux soirées sur le racisme avec projection de films au siège de l'A.E.M.N.A. à Paris (( Etranges Etrangers ») et à Aubenas ( la Pyramide humaine »). • L 'apartheid en Afrique du Sud fera l'objet d'un débat avec MO René Blum à Epernay, à la suite de la projection pour la première fois en France du film « Témoignage» (Witnesses). • Une grande soirée débat sur le racisme, avec, en première partie la projection du film «Elise ou la vraie vie» est programmée le 1 0 décembre à Marseille, sous le patronage du Comité local du M.RAP. • le M.RAP. s'est associé au meeting du Comité national de liaison pour la recherche et le châtiment des criminels de guerre, qui s'est tenu le 30 novembre à l'Hôtel moderne à Paris. • Un message de sympathie du M.R.A.P. a été lu au 28 Congrès du l'Union des Vietnamiens en France, qui a eu lieu les 13 et 14 novembre à Malakoff. • A Montpellier, le comité du M.R.A.P. constate une recrudescence d'inscriptions racistes sur les murs : « Juif pollution », «Négros sous les tropiques », « Afro-Asiates pègre pollution maladies chômage ». Oans un communiqué, il met en garde la population « contre le caractère fascisant de ce renouveau de racisme et de xénophobie J. S'étonnant de ce que ces provocations ft ne déclenchent pas les réactions officielles J, il appelle à une vigoureuse protestation de tous ceux qui s'opposent à ces méthodes et décide de renforcer son action pour « apporter à tous des éléments d'information objectifs ». • Un colloque est en préparation à Argenteuil. Son thème: récole et les enfants d'im migrés. C'est un problème brûlant dans cette ville où 25 % de la population est immigrée. Une réunion préparatoire a eu lieu à l'initiation du M.RAP., 17 personnes étaient présentes. SOUSCRIPTION POUR «D.-L» Nous publions ci-dessous la 6e liste de souscription en faveur de « Droit & Liberté )l. Collecté par le Comité du M.R.A.P. d'Aubenas . .... F 250,00 Divers : Mlle Le Stir, 5 F. Dreyfus, 20 F. Moreau (Orléans), 15 F. Bacalu (Antony). 25 F. Wilfart (Fresnes) , 50 F. Desfonts, 20 F ....... ... F M. et Mme L. ............. F Divers : Lassène, 50 F. Dr Berno (Auxerre),'100 F. Krausz, 20 F. Fenigstein , 50 F. Guillemot, 50 F. Desoille , 10 F. Baudouin , 15 F ......... F Total de la 68 liste ... . ..... F Listes précédentes ......... F Total .................... F 135,00 5000,00 295,00 5680,00 13719,85 19399,85 N.B. - Nous remercions chaleureusement M. et Mme L ... (qui souhaitent rester anonymes) de leur don de 5 000 F, qui permet à notre souscription d'approcher, ce mois-ci, des 20000 F. Ce chiffre, toutefois est encore loin des prévisions et des espoirs que nous avions formulés. Loin des nécessités. Aussi espérons-nous que nos amis et militants, que nos comités vont poursuivre activement cette campagne. En cette période de cadeaux, n'oubliez pas « Droit & Liberté» ! Nos vifs remerciements aussi à Mme Louise Haoudji, professeur à Narbonne, qui a souscrit 10 abonnements pour ses collègues. LE TIRAGE DES BONS DE SOUTIEN Le tirage des Bons de Soutien du M,R,A.P. a eu lieu, comme prévu le samedi 11 décembre à 16 heures au siège du Mouvement. Les délais d'impression font que le présent numéro de Il Droit & Liberté)) ne peut donner les résultats. Mais ils sont d'ores et déjà à la disposition des personnes qui souhaiteraient les consulter ou les recevoir. De toute façon ces résultats seront publiés dans notre numéro de janvier, NOTRE CARNET 1 DISTINCTIONS Deux membres du Comité d'honneur du M,R.A.P. figurent parmi les lauréats des Grands Prix nationaux des Arts, des Lettres, de la Musique et du Théâtre, qui viennent d'être décernés : Jean CASSOU et Darius MILHAUD. Nous nous associons à l'hommage qui est rendu à ces deux éminents artistes qui apportent en permanence leur prestigieux soutien à la cause que nous défendons. Nous leur exprimons nos chaleureuses félicitations. NOS DEUILS Nous avons appris avec peine le décès de M. Charles LEWKOWITZ, ami dévoué de notre Mouvement. A son èpouse, à sa famille, nous présentons nos très sincères condoléances. Notre ami Francis Boniart, trésorier du M.R.A.P., a eu la douleur de perdre sa mère. Qu'il trouve ici l'expression de notre affectueuse sympathie. ID P 1 P BULLETIN D'ADHÉSION PRESIDENT : Pierre PARAF; VICE-PRESIDENTS : Désireux de soutenir l'action contre le racisme, l'antisémitisme et pour Charles PALANT, abbé Jean PIHAN , Fred HERMANTIN ; SECRETAIRE GENERAL : Albert LEVY. la paix, COMITE D'HONNEUR Bâtonnier Paul ARRIGHI. Georges AURIC, Claude AVELINE, Robert BALLANGER, Roger BASTIDE, Jean CASSOU, Aimé CESAIRE, Dlarles de CHAM BRUN, André CHAMSON, Pierre COT, Docteur Jean DALSACE, Louis DAQUIN. Hubert DESCHAMPS, Henri DESOILLE, Michel DROIT, Maurice DRUON, Pasteur André DUMAS, Adolphe ESPIARD, Henri FAURÉ, Max- Pol FOUCHET, Marcel GROMAIRE, André HAURIOU, Charles-André JULIEN , Alfred KASTLER, Henri LAUGIER. Alain LE LEAP, Michel LEIRIS . Jeanne LEVY. Darius MILHAUD, Théodore MONOD, Etienne NOUVEAU, Jean PAIN LEVE. Marcel PRENANT, Alain RESNAIS, Emmanuel ROBLES, Françoise ROSAY, Armand SALACROU, Jean- Paul SARTRE, laurent SCHWARTZ, Jean SURET-CANALE, Jacqueline THOME- PATENOTRE, Général Paul TUBERT, VERCORS, Dr Pierre WERTHEIMER. Robert ATTULY, Vincent AURIOL, Georges DUHAMEL, Yves FARGE. Francisque GAY, Jacques HADAMARD, Georges HUISMAN, Jules ISAAC, Frédéric JOLIOT-CURIE, J'ADHÈRE AU M.R.A.P. Nom Prénom . . ~ .. . .... . .. .... . . ..... " . . . . Profession Adresse Je vous envoie, à cet effet, la somme de Je souhaite : • recevoir une documentation complète sur le M.R.A_P, • être invité à ses réunions et manifestations, • participer à l'un de ses Comités locaux ou professionnels, Jean LURÇAT. Léon LYON-CAEN . André MAUROIS, Le montant de la carte d'adhésion là partir de 10 francs) est laissé à l'appréciation du souscripteur, Amiral MUSELIER. Marc SANGNIER, André SPIRE, selon ses possibilités, compte tenu de la nécessité d'apporter le soutien le plus efficace à l'action du Chanoine Jean VIOLLET. M.R.A.P. MOUVEMENT CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ET POUR U\..PAIX (M.RA.PJ ... _____ 120, rue Saint-Denis - Paris (2") - Téléphone: 231-09-57 - C.C.P. : '14-825-85 Paris ______ .1 40 IDUCAIION A LA FRATERNITE • qUI ON n'a pas oublié l'attention vigilante que portait aux livres pour enfants une amie regrettée du M.R.A.P. et du C.L.E.P.R ., Natha Caputo (1) , qui pourchassait toute trace de racisme dans une production dont les auteurs ne se soucient pas tous d'éducati0l1.. On ne peut que reprendre aujourd'hui ce qu 'elle écrivait sur les dangers de certains clichés , apparemment plus bêtes que méchants, qui , répétés d'un livre à l'autre, persuadent finalement un enfant que Gitan s'a llie à voleur, Asiatique à ruse froide et calculée, etc. La production de ces dernières années ne permet pas de dire qu'on ait définitivement gagné cette bataille. Tel petit roman sous label Walt Disney fait des méchants, un Chinois qui lit un petit livre jaune (?) et un barbu casquetté à la Fidel Castro ( Mickey et les pirates de l'air», Hachette); dans tel autre, c'est encore un méchant révolutionnaire barbu d'Amérique centrale que doit affronter le héros ( La nuit de Port Libertad», Hachette) ; dans «Les chevaliers de l'Océan», prix du Salon de l'Enfance 1969, la xénophobie et le ra cisme se donnent libre cours dans les dialogues, pour faire plus vrai sans doute (Hachette) ; un auteur chevronné co'mme Paul Berna choisit d'écrire un roman policier avec , dans le mauvais rôle , un « métèque à la peau basanée» et il récidive avec une espèce d'aventure naturaliste et complaisante dans un bidonville où s'affrontent des bandes étrangères rivales ( Le ·Commissaire Sinet, Opération oiseau-noir», ,G.P.). Ce sont quelques exemples; on en rencontre bien d'autres car l'attitude ra - DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 Des livres apprennent " . a aImer L es veillées d'A louma. ciste prend tous les visages, y compris celui de la charité dans des ouvrages où , par exemple, on s'attendrit sur un petit enfant noir pur, généreux, dont la bonté s'exprime dans une niaiserie ri dicule ( La grande aventure de Bouba », Hachette). Et n'est-ce pas aussi un encouragement au racisme que ces romans consacrés à la Seconde Guerre mondiale et tenant la balance égale entre les crimes nazis et les actions des peuples résistants ( Boris, un pays sans légende», G.P.) ou prônant une réconciliation morale avec ces mêmes nazis ( La frontière à travers champs», G.P.) ? Face à ces pauvres illustrations de causes perdues, soutenues par des publicités racoleuses, on rencontre heureusement beaucoup d'ouvrages honnêtes, parfois discutables à d'autres points de vue, mais au moins dépourvus de chauvinisme ou d'inspirations racistes . En Le trésor de l'homme. fait, tous les bons livres, qu'ils apportent une information documentaire ou qu'ils en appellent à l'imaginaire, ne peuvent que servir la cause humaniste défendue dans ces pages et c'est au niveau de la qualité que s'opère toute véritable sélection. Cela dit, il est des livres dont les personnages , les thèmes, débouchent directement sur une éducation à la fraternité sans pour autant tomber dans l'erreur du roman ou du documentaire à thèse. Ce sont quelquesuns de ces livres de parution récente qu'on trouvera sélectionnés ci-dessous. Albums pour petits Deux petits albums du Père Castor méritent une mention particulière pour la simplicité , l'absence de verbalisme qui caractérise les deux récits; dar.s Joselito, un petit Espagnol arrive dans une école française; il faudra un premier échange de dessins pour que débutent la compréhension et l'amitié ; le petit garçon de Rosa ma tortue recherche son animal familier dans un chantier de construction; il y rencontre les ouvriers, en particulier des travailleurs italiens, et c'est grâce à Mustapha, le gardien, qu'il retrouve sa tortue. Parmi les nombreux albums de contes publiés par La Farandole , on retiendra Les veillées d'Alouma, recueil de spirituels contes kabyles établi par Jean Coué et Le baobab merveilleux, dernier conte africain dû à Andrée Clair, un écrivain qui ~ 41 Le baobab merveilleux. La fidèle pirogue. ~ a énormément fait pour la cause de la fraternité . A l'Ecole des loisirs, on retrouve la silhouette amusante de Barbapapa qui , dans Le voyage de Barbapapa trouve une Barmama et fonde une famille de toutes les couleurs. Plus exemplaire encore, la fable du Juge où l'on voit un magistrat dévoré par le monstre qu'il a contribué à installer en punissant ceux qui dénonçaient son existence , Enfin, dans la célèbre collection Enfants du Monde (Nathan), on se réjouit des réussites que constituent Maïda la petite Cubaine, Amiram le petit Israélien, Yasmina la petite Tunisienne et Sinoun la petite Cambodgienne. GANTS - TETINES Chez votre phannocien 42 Dans la mesure où ils incarnent les caractères profonds d'un peuple, où ils traduisent ses meilleures aspirations à travers des récits aux multiples visages , les grands contes popul aires ne contribuent pas peu à ouvrir l'enfant sur des mondes inconnus. Une très bélle collection d'origine tchèque publiée chez Grund offre une série de gros recueils aux magnifiques illustrations : Contes tziganes, La steppe enchantée, Contes chinois, Contes japonais, Contes persans. Par ail leurs, cette saison a vu la parution d'un album exceptionnel, rassemblant des contes , des légendes, des poèmes du Viêt-nam d'hier et d'aujourd'hui : Le trésor de l'homme. A travers ces textes et images simples et vrais comme la vie , se ressent l'écho de la grande tragédie présente du Viêt-nam (La Farandole). Enfin , pour les plus grands, on retiendra les contes malicieux d'Afrique du Nord réunis sous le titre Les aventures de Djoha (G .P.). Parmi les romans , Le seigneur des sables, de Bertrand Soletchnik se distingue par la délicatesse avec laquelle sont évoquées les amours contrariées d'un jeune chef bedouin avec une jeune fille juive. Dans Le Boléro d'or, de L.N. Laitolle , c'est un jeune Gitan qui doit affronter l'hostilité de quelques jeunes Landais favorisés et montrer sa valeur en obtenant les meilleurs résultats aux jeux locaux, après quoi il repart avec ses frères errants. (Hatier-Amitié.) Dans la même collection , citons encore L'unique rebelle, histoire d'un vieil Indien qui n'accepte pas les brutalités de l'administration yankee; Le perroquet d'Americo, roman historique qui rappelle de quoi fut faite la découverte de l'Amérique. Enfin , l'intolérance religieuse qui n'est pas étrangère à notre propos, trouve une efficace condamnation dans Temps d'orage d'Al ice Piguet (G.P.) et dans La ville déchirée de Georges Nigremont (La Farandole) . Une mention particulière pour Le secret du verre bleu courageux roman japonais à la fois fantastique et réaliste , qui dénonce la fascisat ion du J apon et ses conséquences au cou rs de la Seconde Guerre mondiale (Nathan). Peu de réussites dans les ouvrages destinés à montrer les hommes d' ailleurs. Au pays de Nadlouk donne une image vraie des Esquimaux de l'Alaska (G .P.) et dans l'ensemble il faut se féliciter de la bonne tenue des albums de la collection Western (Sitting Bull, Geronimo ... ) (N athan) . Pour les plus grands, une vision lucide et originale du Japon Tokyo (L'Ecole des Loisirs). Pour les plus grands Des romans historiques montrant le vrai visage de certaines grandes conquêtes
- Lorsque vinrent les visages pâles
(G.P .), J'étais avec Cortès; La guerre des Venètes; Les révoltés de SaintDomingue; D'où viens-tu tzigane? ; La cité des Guaranis (R . Laffont) . Des romans montrant avec force les grands problèmes de notre temps : Quand revient la lumière, courageuse dénonciation du racisme. (G . P.). L'enfant noir, le roman vécu et désormais classique de Camara Laye (G .P.), La route d'Israël dont les personnages bouleversants incarnent les contradictions déchirantes d'une réalité montrée en dehors des habituels plaidoyers pro-israéliens (R. Laffont) et deux livres qui rappellent ce qu'a été le nazisme en France et la lutte des résistants : Et pourtant l'aube se leva et La rue qui descend vers la mer (Magnard). (2) Bernard EPIN. (1) M. Bernard Epin, auteur du présent article, poursuit dans « L' Ecole et la Nation » la critique des livres pour enfants qu'assurait Natha Caputo. (2 ) Les livres signalés ici figureront dans la vente de l'Amitié au siège du M.R.A.P . du 11 au 31 décembre «EDUCATION A LA FRATERNITE 10 est la rubrique mensuelle du' Centre de liaison des . Educateurs contre ln Préj~és Raciaux (C.L.E.P.R.). Le C.L.E.P.R. développe ses activités : - En organisant des rencontres et des débats entre éducateurs tel le colloque de Nanterre sur la scolarisation des enfants des travailleurs imoùgrés. - En favorisant les échanges d'expériences entre les enseignants et en leur envoyant la documentation qu'ils demandent n a besoin, pour cela, du soutien de tous ceux qui s'intéressent à son action et la jugent nécessaire. MONTANT DE LA COTISATION: Membre actif: 10 F (donnant droit aux deux numéros annuels de Droit &; Liberté où paraît un dossier de 8 pages réalisé par le C.L.E.P.R.), cette cotisation minimale étant portée à 5 F pour les abonnés à Droit &; La"berté. Membre donateur: 20 F. Membre bienfaiteur: A, partir de 30 F. Adresser les adhésions à Mlle Renée Baboulène, 50, rue des Poissonniers, Paris (18") avec un chèque postal (3 volets) à l'ordre de Mlle R. Baboulène, institutrice - C.L.E.P.R. (C.C.P. 18 177-35, Paris). . VENTE DE L'AMITIÉ au siège du M.R.A.P., du 11 au 31 décembre, ,~ous présentons à nos amis la liste des livres et des disques qu 1 s pourront choisir pour les fêtes de fin d'année. Ils ne seront pas non plus . 'bl .. rt d ,"sen SI es aux bIJOUX, gadgets foulards ca es e voeux b' d' " . ' 0 Jets Ivers - tous à des prix compétitifs _ qUI, tous, les tenteront. Des livres Les Français et le racisme, A J .-F. Held (15 F) . par . Memmi, P. Maucorps et Racis~e et société (1 8.80 F). T~avalll.eurs africains en France, par S. N'Dongo (18 F) BidonVIlles par M. Hervo et M .A. Charras (24 F) . T En m~llrge parI R. Ertel , G. Fabre et E. Marienstra's (24 F) raval eurs a gériens en Fra M . Les 3 frères, par P. Abraham n(;9 ~r . Zehraoui (14,80 F). J~ et les autr.e~, par J. Maucorps et J.F. Held (25 70 F) L éternel, les JUIfs et moi, par A. Wurmser (12 F).' . Torotomb~, ?ar M.A. Asturias (8 F). Lé~endes JUIves et chrétiennes, par J. Marchand (24 ,60 F) . Freres kabyles, par Vito (20 F) Frères de .Soledad, par G. Jack;on (21 F). La ~ragédle du roi Christophe, par A. Césaire (4 50 F) AntIlles déc~lonisées, par D. Guérin (12 F). ' . Ecoute Israel, poésie, par L. Wolf (6 F). La flaque du mendiant, par M.A. Asturias (15 F) Homme de maïs, par M.-A. Asturias (21 F) . Le miroir ~e Lida SaI, par M.-A. Asturias (12 F). Une certaIne mulâtresse, par M.A. Asturias (20 F) Week-end a~ Guatemala, par M .A. Asturias (15 F). L~ larro~ ~UI ne croyait pas au ciel, par M .A, Asturias (20 F) V~e quotl~l~nne en Israël, par P. Paraf (22 F). . VIe quotIdIenne en Algérie, par R. Boudjedra (22 F) La révolte des justes, par R. Steinberg (35 F). . Des disques FOLKLORE Chants d' Afrique (21 F). C Chants de Yougoslavie (21 F) . hants de Turquie (21 F). Chants de rUruguay (27 F) . Chants du Brésil (27 F). Chants du Chili (27 F). Chants du Mexique (27 F) . Chants tziganes (45 tours. lOF) . Chants d'Amérique latine (27 F). Chants des Antilles (24 ,25 F). Chants d'Algérie (24.25 F). Chants d' Israël (24,25 F). Chants de Cuba (24,25 F) Flûte des Andes (16 F). Los Andi nos . (24 F) . Los Incas (24 ,25 F) . Rythme de l'Inde (21 F) . Chants du Maroc (24,25 F) . Chants révolutionnaires (27 F). Chants pour la liberté (27 F). Chants du ghetto (24,25 F) . Grande nuit de Ravensbruck (28,40 F) . DROIT ET LIBERTE - N° 308 - DECEMBRE 1971 Trafics et crimes sous l'occupation, par J . Delarue (2450 F) La !ortere~se ouvrière: Renault, par J . Frémontier (24'F) . . AfrIque nOIre, par J . Suret-Canale (29 F) . Arts et peuples d'Afrique noire, par J. Delange (40 F) Les nazis sont parmi nous, par J. Delarue (4,50 F). . Pardonner, par V. Jankelewitch (9 F) . Les juifs dans la résistance françal'se A ngel a Davis parle (3 20 F) ' par D. Diamant (29 F). L:âge scandaleux, par A. Lau~an (15 F) . Lo~ragan, par M.A. Asturias (14 F) . N~zlsme et littérature, par L. Richard (14 80 F) E!,se ou la vraie vie, par C. Etcherelli (1 6 F). . Llle, par R. Merle (5 F) . L~s eaux mêlées, par R. Ikor (5 F). Charles!Charleso~' s~~ Il: ~~e:;~o~ I;u~:~o~~e; J.a;. ~:r:~ur;~;~ (~,50 F) , ~ernère la VItre, par R. Merle (28 F). . L HO,:"~e ~ominé, par A. Memmi (15 F). Le mIroIr d un peuple, par C. Dobzynski (38 F) Le ~el et le soufre, par A. Langfus (12 F). . Le beu du supplice, par V. Pozner (25 F). Le temps est hors des gonds, par V. Pozner (15 F) Journal de résistance, par M. Théodorakis (32 F) . Journal d'Amérique latine, par J. Arnault (tom~ 1 520 F tome Il , 5 .20 Fl. " et La g~a~de rafle du Vel d'Hiv', par C. Lévy et P. Tillard (1855 F) MédIatIon pour la liberté, par Catain (25 F) ,. Tragédie de la déportatio A W . Egalite ou inégalité des ra:!~~a; le ~;:;::~:~r~i~~chel (20 F). Scandale financier et antisémitisme catholique ~u~(18 :). Leroux (20 F). ,par . erdes- Sous développement vaincu, par J. Poncet (20 F) Un autre pays, par R. Baldwin (23 F) . . A r assaut du ciel (27 F). Chants de la Commune (26 F) Libérez Angela Davis (27 F). . Theodorakis (30 F). VARIETES: J .M . Branco (45 tours: 7 F, 33 tours 16 F). J. Ferrat (45 tours, 8 F) . M. Fanon (45 tours, 8 F). Claude Vinci (28,40 F). Colette Magny (27 F). R.L. Lafforgue (29 F). Paul Robeson (21 F). Yupanqui (26,40 F). G. Moustaki (26 F). Francesca Soleville (24 F). Guy Bedos, Sophie Daumier (29 F) . J. Brel (26 F). Michel Legrand (24 ,25 F). Claude Nougaro (28,40 F). Frida Boccara (24,25 F). Serge Lama (24,25 F). Y. Labejof (26 F). et tous vos cadeaux de fin d'année 43 .1 ~ ~ Ir ·s ,&j "o · ·. " 1 1 -_.. ~ ~ 1 , ~ 1 -.- 1 •~ . c -• • M ~ , .-• • u ". ~ ~ ca. "Ol . • 81 ... -1 ,, E ! ~ ~ " 0 • ~ ·0 ,- ---.-,- --------------------~ •~ •·c '! 1 I·t i ,- t .h • 1 • ! 1 " - " • 0 --"• ~ 0 0 --~ m ~ ~ • ~ ! m • il • m •• c • "~ .~.. Da c .. __ . * 4'~ l t r------------------------- 1 Le montant de la carte d'adhésion (à partir de 10 francs) est laissé à I"appréciation du souscripteur selon ses possibilités; compte tenu de la nécessité d'apporter le soutien le plus efficace à I"action du M.R.A.P. a...,, .., __________________________ J • 1 f fi .. ~! 1 i .1 'n 1 t J. 1 •• 1 p "t~ " vous QUI condom .... ~ ,a:;s.me, ..,;ci le moyer. do man', ... te concrtt_, vot"'_ li rlOC'ion men6e 1'0 le M_RAP Ac,,,,,, pema.....,..'~. et QUI Pf_ des f~ multipla, poul f.". lace • tout ... In "",-u.. ';poo,. imm!ld •• t ....... x "'scnm,nauons '" d,lIa""" 00$ """ ...... \If"ndes ma"ifes'at-. i'!U""" et oonféreflCft-léba'l; JIOU ...... i I'Jdoa; •• et cornpoogone i' ' une Itgiol',f(ln on",..,", . lficaca, lKIuc'l1ion de " "",ne_ en lia,,,,,,, a..c le corpI ""Hognon. et les 11'_" do ;.....-; lahd,,," Ive: ,OS ceux qui ..,.,11,..." du rao;;ome ., le _".." d.", le moro:Ie. Souscrire Il la Cline 1972 du M,R,A.P., c'est vaus associe. 1\ la lune contre le racisme. l'antisémitisme, la dnophobia; c'est affirmer votre soutien aux efforts poursuivis pour l'ilgalit' et la dignité da tous 10$ hommes. pour l'amitié entre les peuples. pout la pa;". ATTENTION t LH ...... prk .... , ... le cane du ~.RAP "fIt "''1 """'" ""~ Uo!orme """",_ poo, 1972 p."net d'emtO\IiIf du mfme :Oup ce .... ~ do • Drot el Ubon6 . li 1'_ dei odh6foonto, ami. '" tympll,h" du M RA P Nou. oomptona .,,, \lOt'. prompt. riIpoooe 10lt lU corni" local du M R.A.P do "'u . ...... la,1 • P"" (Ii,,,,,,.....,., con' .""" ....,,), ..,;, ... """,t- ,ana, ",,"onal M.R .A.P., ,20 ..... S.in,-Denll, PARIS 12'). , POURQUOI deux c.'", ,. EII-..faun, pa"""" .. ce.", an""', deux ,,"rt ... '" lieu d'une, le M,R.A,P vou. invi.e amicale", .. ", • "" y!S'e IUppl6men •• " .. "" laveu' le -. "",ion 0 .... ""'" propre 'amil le, po"'" """ .mi., """ coIltg.ueo. n'y .-,--il po, ..... ,..-oonne t qu. ""'" pou'" P"_ Il MCCH'ldo ca"., Il ...,." ..,mbIe """ c' .. , ' acile. 41' """ cfIacun le vou. au," • coeu' (l'~,, cet.:t .. m,hton', pou' la ,,"u .. QUi nous 011 commune, Si le nombrto de .... adhk"",. doubIo't - V',,," • VQUI 10 M ,R.A p, _lit deux ,"'. plu. fort. donc c~aci,' . ..d.e _la, .. 1_..,. .""e u" ...b. eaQvUc' oulup, p,nlcuo. m(Ib·"efnli' · ISien 00" li """" le 1OU""'te. ""'" ""'" "" ..... rono ",_tô, (l'""," CII', ... J Qua; qu'il en soit. dés ~ujou.-d'hui • Détachez votre carte, • Remplissez-la, • Détachez le talon 41' .etournez-Ie au M,RA,P ave: votre versemem (par chèque bancaire, mandat-pos'e ou chèQue postal C,C.P. 14825-85 PARIS). MERCI DE VOTRE CONCOU RS OIIOIT (T UHRrt ... _ ~l ,~ ,• ~ • w • Ë • .~ Le montant de la carte d'adhésion là partir de 1 0 francs) est laissé à l'appréciation du souscripteur selon ses possibilités: compte tenu de la nécessité d'apporter le soutien le plus efficace à l'action du M.R.A.P.
Notes
<references />