Différences n°65 - mars 1987
Sommaire du numéro
n°65 de mars 1987
- Les dix ans de mosaïque: Tewfik Farès réalisateur de l'émission fait le point pour Différences; *propos recueillis par Claude Gavoille
- Il n'y a guère d'arabes à Poitiers par J. Roccia
- Foulées multicolores: le melting sport
- Le sport à la base par Laurence Péan
- Faire du sport ensemble par Fausto Guidice
- Les vedettes par Driss El Yasaml et Christiane Dancie
- Supporters: violence ou passion? par M. Djillali
- Le contre exemple américain par Robert Pac
- Pressions, résistances et petit écran; livre de Bernard Langlois présenté par Maya BenSalam.
- Berlin 1936: l'important c'est de participer par Philippe Dewitte
- Musiques de Bourges par J.L. Gaillard
- La bande dessinée saisie par la politique
- Cinéma sans passeport par Chrstiane Dancié*
Numéro au format PDF
Cliquez sur l'image ci-dessous pour avoir accès au document numérisé. Cliquez ensuite sur l'onglet "précédent" de votre navigateur pour revenir à cette page.
Texte brut
Le texte brut de ce document numérisé a été caché mais il est encore visible dans le code source de cette page. Ce texte ne sert qu'à faire des recherches avec la fonction "rechercher" dans la colonne de gauche. Si une recherche vous a amené sur cette page, nous vous conseillons de vous reporter ci-dessus au document numérisé pour en voir le contenu.
• , •• · " • LE 21 MARS: DES FOULEES MULTICOLORES ORGANISEES PARTOUT EN FRANCE le magazine de l'amitie entre les peuples LE GROUPE JEUNE AFRIQUE
Leaders de la presse francophone en Afrique et au Moyen-Orient Les quatre titres du groupe: Jeune Afrique (hebdomadaire) Jeune Afrique économie (mensuel) Jeune Afrique magazine (mensuel) Télex confidentiel (bi-hebdomadaire) atteignent plus de deux millions de lecteurs par semaine
- **
Publicité-abonnements: DlFCOM, 3, rue Roquépine, 75008 Paris. Tél. : 42.65.69.30. l 1 Le 21 mars, c'est le printemps, les petits oiseaux, les bourgeons, tout ça. C'est aussi, depuis que l'ONU en a ainsi décidé, la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale. C'est moins poétique, et beaucoup moins connu. Les immigrés ont beau tomber sous les balles des beaufs ou de la police, les réformes s'ingénier à rogner le peu de droits qu'ils avaient ici, on continue àfaire comme s'il n'y avait pas de racisme en France, et donc pas besoin de commémorer une journée de lutte contre lui. Que faire, se demandent chaque année, après Lénine, les organisations antiracistes? Une manif de plus? Bof. On a tant de mal àfaire marcher les gens. Qu'à cela ne tienne, on va les faire courir dans des foulées multicolores. C'est simple: on prend trente-quatre villes de France, pour commencer, et on invite tout le monde, les jeunes, les vieux, les Blancs, les bronzés, les Noirs, les autres choses, à piquer un petit sprint ensemble, au coude à coude dans les rues, histoire de montrer que la France plurielle est en marche. Alors, si vous n'aimez pas trop les manifs, et guère les grandes déclarations, chaussez vos baskets le 21 mars et participez aux Foulées multicolores. Ça vous fera du bien aux poumons, et si tout le monde s'y met, peut-être respira- t-on un peu mieux dans ce pays. Si vous manquez d'entraînement, pas de problème, parcourez ce numéro consacré au sport, ça vous mettra en jambes. Différences - n° 65 - Mars 1987 MARS Magazine créé par le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entres les peuples), édité par la Société des éditions Différences 89, rue Oberkampf, 75011 Paris. Tél . .' (1) 48.06.88.33. OMMAIRE L-__________________________ ~I I, ___________________________ ~ i:d 6 Les dix ans de Mosaïque Tewfik Farès, réalisateur de t; l'émission, fait le point pour Dîffée rences. Propos recueillis par CLAUDE GA VOILLE 10 Il n'y a guère d'Arabes à Poitiers Pas beaucoup d'immigrés dans la capitale poitevine mais de nombreuses associations. JEAN ROCCIA ~ 36 Pressions, résistances et petit .cc- écran .....
Q
Bernard Langlois raconte dans un livre ses difficultés avec le pouvoir politique. MAYA BENSALAM .U... . CI 38 Berlin 1936 : l'important, c'est de participer Les compromissions de l'olympisme avec le nazisme. ABONNEMENTS 1 an : 200 F. 1 an à l'étranger : 220 F. 6 mois : 120 F. PHILIPPE DEWITTE Etudiants et chômeurs, 1 an : 150 F. 6 mois: 80 F (joindre une photocopie des cartes d'étudiant ou de pointage). Soutien: 240 F Abonnement d'honneur : 1 000 F. Algérie: 15 dinars. Belgique: 140 FB. Canada: 3 dollars. Maroc: 10 dirhams. Publicité au journal Photocomposition PCP, 17, place de Villiers, 93100 Montreuil. Tél. : 42.87.31.00 Impression Montligeon. Tél. : 33.83.80.22. Commission paritaire n° 63634 ISSN 0247-9095. Dépôt légal: 1986-12 La rédaction ne peut être tenue pour responsable des photos, textes et documents confiés. cc 16 Foulées multicolores: le mel- ~ ting sport en Le sport à la base g Une enquête dans un petit club de foot pluri-ethnique. LAURENCE PEAN Faire du sport ensemble.' L 'exemple des piscines. FAUSTO GIUDICE Les vedettes.' Jeannie Longo, championne cycliste, petite fille d'Italiens, Joseph -Antoine Bell, Camerounais, la vedette de l'OM. DRISS EL Y AZAMI, CHRISTINE DANCIE Supporters .' violence ou passion ? M. DJILLALI Le contre-exemple américain. Sous les champions, la ségrégation . ROBERT PAC Et les petites annonces, le courrier, les jeux. DIRECTEUR DE LA PUBLICA TlON Albert Lévy REDACTION Rédacteur en chef Jean-Michel Ollé Secrétariat de rédactionmaquettes: Véronique Mortaigne Service photos : Abdelhak Sen na ADMINISTRATION/GESTION Khaled Debbah PHOTO COUVERTURE Pascal Maître/Gamma ONT PARTICIPE A CE NUMERO: Claude Gavoille, Jean Roccia, Chantal Langeard, M. Djillali, Laurence Péan, Fausto Giudice, Driss Elyazami, Robert Pac, Christiane Dancie, Jean-Louis Gaillard, Joëlle Tavano, Bernard Golfier, Yves Thoraval, Maya Bensalam, Philippe Dewitte, Pierre Vallée, Eric Beaumatin. Il 'VA,., AVOCATS AU VINAIGRE Il a de l'humour le bâtonnier de l'Ordre des avocats à la cour de Bordeaux. Nouvellement élu, M. Peyrelongue a fait paraître dans son bulletin cette lettre, émanant d'un médecin qui n'est, bien sûr, pas membre de l'Ordre des avocats . Nous citons: «J'ai lu dans Sud-Ouest qu'un prix Ludovic-Trarieux sera bientôt décerné pour la deuxième fois. Je me permets à ce propos de vous soumettre un avis : il faudrait l'attribuer à Andreï Sakharov. Je pense qu'on ne peut trouver de meilleur lauréat. Si on compare ON A GA-GNE avec celui de 1985, il n'est Marie Tjibaou, par exemple, certes du même niveau, tout puisque Salvador Allende, en étant prix Nobel de la paix. mort, n'est plus éligible. » Ce n'est qu'un Blanc, mais dans un pays qui opprime des dizaines de millions de Jaunes. Il est libre d'aller et venir (jusqu'à Moscou), mais on trouvera quelqu'un des siens pour quérir le prix à Bordeaux. Il n'a certes jamais lancé d'appel au meurtre, ni abrité en ses murs un quelconque arsenal, mais on peut l'en absoudre. Evidemment, il y aura d'autres concurrents sérieux, en la personne de Jean- Le terroriste ainsi désigné, c'est Nelson Mandela, lauréat du premier prix LudovicTrarieux. Autre explication: le prix avait été créé par le prédecesseur de M. Peyrelongue. Tout cela prouve au moins une chose : même si cela ne le fait pas sortir de prison, toute distinction donnée à Mandela est utile. La preuve, cela démange les médecins qui écrivent et les bationners qui publient. 0 Aix / .... fi ~û . ("1y! L'action de MM Maignant et Warion, professeurs d e chaire supérieure exclus du Lycée militaire d'Aix-en-Province a fini par payer . Ils viennent d'être réintégrés par le tribunal administratif f\lous sommes trop modestes pour publier la lettre de remerc iements de M MOignant après l'artic le paru dans Différences de Janvlel' Mais voiCi un extra it des lettres de menace de mort qu'il reçoit. MM Maignant Wanon seront à Paris le 6 mars pour une conférence de presse dans les locaux du MRAP A~ r.J.~ c.--,.&. .L "-r',~~ . .,t.. rr..J:'" .~-t: "'J~ ..,;.:/ ~,~ _" ~.....;..,;--..........( d- ~ ~ -t,..r";;"----.r - /-",-k, v._ --, e·~JÂ~--.,....~_I'~_--' ~ v~ .. ~ e- _~--r?-I1It"'TL;· -'-~~ ,..-JL',-"..kt.'-/'~- "?r e·..Lt;:é:;L 9- ~ ~ ..,I;h,.t.;. ~"........, ~,'-7"...; .',,C ~;-~ ' . N ·~-h~ 1-/ ,.,: ~ ~ 4 /111$.' . .,,-9-- /f-/'/-trn.; - ~ ,g,.. .• ,," ~_ .r~-:..,~ _.~ ~ .e. --./"-1.. ~~ _.~ AJ......J1!..-.,. .. - Ac7- .~(),Î:I~Tt:_ fi"' ....... P....., .L.:-c:.-....t; ....A ---""~~. J6 ",.:z:::: ~ R~,_ .. e.. r4.~ --r---Y' /--r "'~~- A-l~d'_ .... -f-,...d,,~_ w'~ ____ ......,.)"A.&.. ~ POINT (DE) G U ne nouvelle association contre le racisme vient de naître, Mawadda. Celle-ci a la particularité d'être francoarabe, et se propose doeuvrer pour le dialogue interculturel
- Mawadda, en arabe,
c'est la convivialité. Détail amusant, elle est dirigée par Abdellatif Laabi et le docteur François Rémy. A une lettre près, c'est le même nom que François Rémy, médecin aussi, et membre de la présidence du MRAP. 0 Abdellatif Laabi . ÇA NE S'ARRANGE PAS POUR BOTHA L'Association des Comités nationaux olympiques d'Afrique vient à nouveau de condamner l'apartheid dans le sport. Ce n'est pas nouveau, l'Afrique du Sud restant exclue des jeux Olympiques. En revanche, dans la même résolution, l'organisation, qui regroupe tous les pays africains, s'oppose à ce que toute mission d'information soit envoyée sur place par le CIO, comme de bonnes âmes l'avaient suggéré. Même demarche, à un autre niveau, et dans un tout autre genre, à la Fédération française des masseurs-kinesithérapeutes. Elle a été invitée par la Confédération mondiale à se prononcer sur l'exclusion de la Fédération sudafricaine. En effet, l'article un des règles déontologiques de la profession interdit explicitement tout racisme dans la pratique des kinésithérapeutes. La Confédération sud-africaine prétend ne pas pratiquer l'apartheid. Méfiante, la Fédération fran çaise s'est renseignée auprès du MRAP, qui a répondu, par euphémisme, qu'il y avait peu de chance qu'une association sud-africaine puisse échapper à ia loi. A suivre. 0 IM'MEDIA: PLUS TARD Im'media, c'est une agence de presse, créée par des jeunes issus de l'immigration. On peut dire qu'ils jouent de malchance avec Différences. Non seulement, cela fait plusieurs fois qu'on réussit à se rater, pour des rendezvous pris pour faire le point sur l'agence trois ans après sa création, mais en plus, quand on leur commande un article et des photos, comme le mois dernier sur Nanterre ( La cité des potagers dans les' choux »), on oublie de les mentionner. C'est dire s'ils ne sont pas contents. Et on ne peut que leur donner raison. Immédiatement. PARLEZ-VOUS JUIF? ANNUEL DES RELIGIONS Il y a en France «600 000 locuteurs (Askhénazes et Sépharades) » d'une langue appelée le «juif ». C'est tel qu'on vous le dit. C'est l'information que nous transmettons de toute urgence aux «locuteurs» concernés, en précisant qu'elle leur est aimablement fournie par l'éminent Gabriel de Broglie, président de la Commission nationale de la communication et des libertés, formé en linguistique au Haut Comité pour la langue française etc., dans son récent, bien qu'impérissable, ouvrage Le français, pour qu'il vive (Gallimard, p. 281, annexe 3 : Situation des langues en France). Sans doute, dans une de ces sempiternelles variations sur le thème du français-qui fout- le -camp, n'était-il pas impertinent de se poser, entre autres, le problème des Différences - n° 65 - Mars 1987 langues parlées, à des titres divers, au sein de la communauté juive de France (hébreu, yiddish ou judéo-espagnol, par exemple). Mais précisons tout de même, pour l'édification de M. de Broglie, qu'aucune de ces langues, maternelle ou d'acquisition seconde, écrite ou parlée, ne s'appelle le « juif ». Et que leur fragmentation, leur spécialisation d'usage ou leur fragilité actuelle font qu'aucune d'entre elles n'est parlée, loin de là, par «600 000 lecteurs ». (au passage: d'où vient ce chiffre? Que signifie-t-il ?). De fait, s'il est une langue possiblement commune à l'ensemble des juifs de France, ce ne peut-être que ... le français! M. de Broglie ne ferait pas mal de changer de ... nègre! o ERIC BEAUMAT/N DES SUJETS BRULANTS . la théologie de la libération. les droits de l'homme. les femmes dans l'Eglise. le réreil de . l'Islam. les jeunes et la loi. la fécondation in "Îtro, les secles . DES PORTRAITS. Desmond Tutu, le cardinal Ratzinger, Leonardo Boff. Marc Chagall .. DES ANALYSES. L'indifférence religieuse. l'avenir du dialogue imerreligieux. le synode. les voyages du Pape. la catéchèse, la vie religieuse. par France Quêré. Gwendoline Jarczl'k, Ibrahim Chebli. Paul' Valadier, AIarie-Dominique Chenu. Pablo Richard. Jean Vernelle .. sous la direction de Pierre ARNOLD édition 1986 300 pages 60 pages d' illustrations Format 19 x 26,5 cm 100 Francs Vente en librairie BREPOLS~~ 6, rue du Vieux olombier - 75006 Paris Tél. 46.34.21.88 Il Il 1977-1978 : avec 400 émissions hebdomadaires, 800 heures de programmation, une liste prestigieuse d'invités, 1 000 artistes révélés ou confirmés, Mosaïque a créé l'événement. Le scénariste de Chronique des années de braise et du Vent dans les Aurès, Tewfik Farès, est aussi celui qui a su donner à Mosaïque ses lettres de noblesse. Tewfik Farès pour Différences, raconte, commente, se souvient, n'oublie rien de ce que fut, de ce qui fit Mosaïque. Un langage passionné pour une histoire parfois douloureuse, mais qui s'inscrit dans l'itinéraire de ce réalisateur, homme avant tout du voir et de l'image. • Mosaïque, c'est ma première télévision en banlieue. Une chaleur, des têtes nouvelles que l'on retrouve le dimanche matin après le marché, en préparant le couscous. Karim Kacel • Une île, un oasis, il faudrait l'agrandir. «0 UI, ce fut un événement. Pour la première fois en France, le 2 janvier 1977, un média aussi important que la télévision offrait un espace à ceux qui venaient d'ailleurs. Certes, il existait bien cette demi-heure, partagée entre reportage et plateau, qui s'intitulait Les immigrés parmi nous. Un titre révélateur: on s'adressait aux téléspectateurs français et non aux autres communautés. Ce fut donc une grande innovation. ECiIn combat difficile. Car, durant ces dix ans, les remises en cause furent nombreuses. Notre collaboration Lakdar Hamina avec les télévisions étrangères fut ainsi, à la rentrée 1985, l'objet d'une véritable dénonciation. Le préjudice fut considérable. Surtout pour les téléspectateurs qui, par ces émissions, découvraient ou redécouvraient leurs cultures et la géographie des pays ,d'origine, du bassin méditerranéen. Mais le préjudice fut aussi financier puisque ces accords nous assuraient une production importante. Un combat difficile En fait, l'équipe de Mosaïque se sent souvent en situation d'apartheid. C'est un peu Tewfi~rc Farès: l'équipe se sent souvent en situation d'apartheid comme si l'on estimait nécessaire la présence d'un contremaître français pour nous indiquer ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Mais il s'agit de notre métier. Nous sommes des hommes de télévision, des hommes d'images. Et nous devons produire des images. De façon professionnelle. Cette atteinte à notre travail nous pose quantité de problèmes. Difficiles parfois à résoudre. lut ion est patente. L'esprit, le style de l'émission, a changé. C'est surtout significatif au regard des registres choisis, dans le dispositif d'image, dans la manière de traiter l'information. Mosaïque est née, a vécu sa période enfantine et puis est parvenue à l'âge adulte, et sa vie, semblable à tout autre, est traversée de multiples influences. Elle traduit de par sa nature même l'évolution • Mosaïque doit continuer. On aimerait parfois que l'équipe soit un peu plus irrévérencieuse vis-à-vis des institutions. Peroncel-Hugoz • Une réussite, un voyage qu'on offre à chaque immigré, chaque dimanche. Et pourtant, l'audience de Mosaïque n'a pas cessé de croître: dans les milieux immigrés, mais aussi dans le public français. Pour nous, la concurrence des autres chaînes le dimanche matin est normale, stimulante même. Elle ne nous fait pas peur. En fait, depuis 1977, les structures n'ont pas bougé. Nous avons toujours le secrétariat d'Etat, le FAS (Fonds d'action sociale), \l'ADRI, agence pour le dé'veloppement des relations interculturelIes, et. .. Mosaïque. Mais Mosaïque s'est transformée. Chaque semaine, on peut le constater. L'évo- Paco Ibânez des populations immigrées. Nous avons travaillé pour un usage de la télévision par les minorités culturelles. Pour ceux d'ailleurs Les minorités culturelles autrefois vivaient dans un désert médiatique... la source pourtant était là. Il fallait la découvrir et aller jusqu'à la mer. Ne surtout pas laisser tarir cette eau claire. Nous ne pouvions vivre dans la précarité, fermer cette fenêtre qui s'ouvre chaque dimanche. Il fallait donc faire preuve d'une grande vigilance même si l'espace était mesuré. Aujourd'hui, nous avons démultiplié nos possibilités, nos capacités de développement sont plus grandes. Mais sachons travailler sur une période et non sur une durée. Le style, là encore, est essentiel
- nous avons de la considération
pour le public, nous sommes ouverts, courtois, chaleureux. Et nous rejettons toute complaisance. Tout le monde a droit à la parole, même si les avis divergent et sensibles. Ceux qui ont eu vingt ans cette année ont pour référent culturel Mosaïque depuis l'âge de dix ans. Cela doit nous faire réfléchir. Par fi mage Mosaïque n'est pas une émission ghetto. Le ghetto, c'est les autres, les trois autres chaînes. Ce n'est pas nous. Nous refusons seulement de travailler dans une dépen- • Cette émission me rappelle le pays. Nous sommes quelques milliers à ne pouvoir rentrer, alors c'est un peu chaque semaine un nouveau voyage. Je ne sais pas, quand je regarde, j'ai l'impression de partir, de rentrer chez moi. Je suis un peu plus à travers l'écran. si des désaccords se font jour. .. Ça arrive. Mosaïque s'adresse à un large public. Et, contrairement à ce que certains pourraient penser, la jeune génération s'y retrouve naturellement. Notre enquête sur les prisons, entre autres, l'a prouvé. Mosaïque a permis de dynamiser la vie culturelle, de créer d'autres besoins, de révéler d'autres exigences. Je crois que nous contribuons à une interaction culturelle de la plus grande importance. Cette intervention en profondeur, par le biais de la création et de l'information, est déterminante et touche tout le monde. Et les jeunes y sont Différences - n° 65 - Mars 1987 Fati, Tunisien dance qui met en cause notre production. La télé doit être rendue à la télé, Mosaïque à Mosaïque. La priorité doit être donnée à l'image pour un traitement original de l'information. II nous est difficile d'être continuellement dans l'obligation de nous justifier, de voir nos projets remis en question, alors que nous pouvons générer toute une production dans l'immigration, touchant aux minorités culturelles . La privatisation ? La privatisation? c'est peutêtre paradoxal, mais nous sommes les premiers à en avoir fait l'expérience. Nous avons loué notre canal et si Beriusconi pouvait se targuer d'avoir sept ans d'avance en matière de télévision privée, nous, nous avons quelque dix ans derrière nous. Car ce sont les plus démunis, les plus marginaux qui ont dû payer pour avoir droit de cité dans le paysage audiovisuel en France. Mosaïque, et nous ne le répéterons jamais assez, est une réalisées en direct. Vienne, Perpignan nous ont laissé des souvenirs profonds. II existe une espèce de fascination à être ainsi ensemble avec le public. Ce spectacle des uns et des autres, cette chaleur, cette vie justifient le mal que l'on se donne , les heures passées, les frustrations, les cassures, les brisures. Aujourd'hui, nous totalisons des milliers d'images dans lesquelles se reflète la société • On allume et on attend. Peut-être verrons-nous des artistes algériens, du pays. Je ne sais pas si c'est nostalgique ou pas. Mais c'est vraiment mon rendez-vous de la semaine. Ça me donne l'impression d'être chez moi, de n'être plus seul, que j'ai des droits, une existence . oeuvre collective, non personnelle, un travail d'équipe. Le bilan de ces dix ans peut se mesurer à l'impact formidable que nous avons réussi à avoir. Les gens qui regardent Mosaïque se sentent concernés, et ils interviennent avec la passion des gens qui aiment. C'est pourquoi nous pensons que Mosaïque devrait être sanctionnée par son public, que ce dernier est le, meilleur juge, celui qui, chaque dimanche, ouvre la fenêtre. ... La vie même C'est aussi pourquoi nous regrettons le peu d'émissions Ali. Algérien française. Certaines émissions, au regard d'autres productions, furent tout à fait révolutionnaires, sur la lutte des femmes, par exemple. C'était une émission qui racontait quelque chose, une sorte de récit jamais fait. L'enjeu est d'importance. C'est un enjeu de société, un enjeu de taille. II faut assurer à Mosaïque les moyens de son avenir. Car, comme le disait Cocteau de la poésie : «Je sais que Mosaïque eSI indispensable. fe ne sais pas à quoi. 'mais fe sais qu'elle est indispensable. » 0 Propos recueillis par CLAUDE GAVD/LLE Il VOUS AVEZ VU AN ? « Vietnamien par son père, un peu Noir par sa mère, Français par filiation, danseur de profession. » Mon ami Mouloudji ne m'en voudra pas, j'en suis sûr, d'avoir emprunté (et adapté) son célèbre autoportrait pour vous présenter Binh-Eric Vu An jeune artiste de 22 ans qui gravit en un temps record tous les échelons de la réussite, malgré sa «différence » et peut-être grâce à elle ... Beau comme un dieu (selon la formule et bien qu'on ait jamais pu en vérifier la véracité!) il ne connaît ni les Antilles, pays d'origine de sa mère, ni le Viêt-nam paternel, mais se sent simplement un Français un peu différent. Toute son attitude trahit ce carrefour culturel : mélange de modestie asiatique et d'assurance black, de distance et de chaleur, de désir d'intégration et de passion rebelle ... A quinze ans, il entre dans le corps du ballet de l'Opéra de Paris. Sa rancontre avec Béjart marque un tournant dans sa carrière; c'était il y a deux ans, Eric dut aller à Bruxelles pour répéter le Sacre du Printemps, dont il devait interpre ter le rôle principal pour la reprise à l'Opéra de Paris. Il en garde un souvenir ému : « C'était fantastique ... » Après avoir vu le spectacle à Paris, Béjart eut envie de créer un duo pour Eric (avec Sylvie Guillem), puis lui proposa de plus en plus de rôles de soliste : le Kabuki, le Baiser de la Fée etc... La création d'Arepo (anagramme d'Opéra) à Paris fut à l'origine du scandale qui ébranla le milieu artisticochorégraphique: Béjart annonce la nomination d'Eric au grade d'étoile, et Noureev dément trois minutes après ! Dur ! Dur ! Eric continue à travailler d'arrache-pied, et semble méditer le sens du proverbe «Les chiens aboient et la proposés et oublier les querelles du palais Garnier, Eric prend un an de congé sans solde et confirme : « Il me le fallait ... ne serait-ce que pour être obligé pendant un an, de me prendre en charge; je ne serai plus supporté par la compagnie de l'Opéra; c'est important, je crois, si l'on veut vraiment devenir quelqu'un d'indépendant ... Il faut pouvoir couper le cordon. » Il reviendra bien sûr, pour y être enfin sacré étoile, black star? Il faut l'espèrer mais il précise : « La seule chose sur laquelle on me freine toujours à l'Opéra, c'est d'envisager de me mettre dans les grands rôles du répertoire, le prince Albrecht dans Giselle, par exemple, tout en me donnant perpétuellement les rôles techniquement les plus difficiles ... C'est uniquement un a priori au niveau du physique ... » En attendant, Eric continue de tourner dans le monde entier et d'imposer son exceptionnelle virtuosité technique et ses qualités d'interprétation (notamment théâtrale dans le Martyre de SaintSébastien). Souhaitons-lui qu'à son retour dans la grande maison un racisme larvé ne bloque pas son accession au firmament artistique. 0 CHANTAL LANGEARO Vous pourrez voir Eric Vu An au TMP (Châtelet) du 27 mars au 5 avril 1987 dans le Baiser de la fée de Béjart. LE MONDEORCHESTRE Auvidis annonce la sortie d'un disque enregistré par le World Philarmonic Orchestra, un orchestre qui a rassemblé, pour un concert, 109 solistes des plus grands orchestres du monde, sous la direction de Lorin Maazel. Le disque sera vendu au profit de la Croix Rouge. 0 caravane passe ... » AUVIDIS, 34 rue des PeuPour mieux honorer les mul- pliers, 75013 Paris, Tél.: tiples contrats qui lui sont 45.88.88.02 BIRD LIVES Il Y a 32 ans, le 12 mars 1955, Charlie Parker, celui qu'on appelait le bird (l'oiseau), mourait dans un profond dénuement physique et matériel à New York, dans un dernier éclat de rire. Car Charlie Parker, qui fut, avec Louis Armstrong, l'un des deux plus grands musiciens de l'histoire du jazz, celui qui lui donna un nouvel essor, celui qui le sortit de la sclérose, celui pour lequel on peut employer le terme de « génie» sans risque de le galvauder, Charlie Parker est mort à 34 ans, victime de la misère, des préventions raciales et des frustrations musicales. C'est la misère qUI le fait errer toute son enfance dans les rues de Kansas City, sa ville natale, où il rencontre la drogue dès l'âge de 15 ans. Il ne cessera de lutter contre, pendant toute son existence. Il en dénonça les méfaits qui firent de sa courte vie un long martyre. Il ne cessa de dénier la légende de l'effet bénéfique de la drogue sur l'inspiration et le talent du musicien. Parker jouait pour l'oublier. Et puis, il souffrit de l'incompréhension, de ne pas voir son art reconnu comme il le méritait, parce qu'il était Noir, parce que sa musique Différences - n° 65 - Mars 1987 était trop en avance. Et lorsque, en 1954, Pree, sa petite fille de deux ans mourut soudainement, on comprit que bird voulait aussi mourir. L'oiseau est tombé, foudroyé, des sommets qu'il avait atteints. Il est tombé sur cette terre où, comme l'Albatros de Baudelaire, «ses ailes de géant l'empêchaient de marcher » . Il ne nous donne plus ses soli fulgurants à la limite de la folie musicale, mais toujours pleins de sensibilité et d'émotion, avec une sonorité admirable, dont nul n'en a, depuis, trouvé le secret, et bâtis sur une trame harmonique merveilleusement riche et audacieuse. Charlie Parker a fait tout autant pour le jazz que Louis Armstrong dans les années 20. Tous les musiciens qui lui ont succédé lui sont redevables de leur art et les recherches contemporaines, aussi diverses qu'elles paraissent, demeurant toutes tributaires des découvertes musicales du bird. Charlie Parker est toujours vivant pour nous et il n'en est pour preuve que ce merveilleux graffiti qu'on voit apparaître de temps à autre sur les murs de Harlem: «Bird lives ». 0 ROBERTPAC LES TURCOS SONT DE RETOUR ... Ils ont été de toutes les guerres de la France, des plus nobles jusqu'aux plus sales et leurs tombes jalonnent tous les champs de bataille où les armées de l'Hexagone ont été engagées ; « égaux devant la mort », tant qu'ils étaient dans l'armée, ils retrouvaient leur statut d'« indigènes» et de citoyens de seconde zone dès qu'ils étaient démobilisés. C'est cette histoire, qui a brassé des centaines de milliers de personnes, que retrace l'exposition : «Musulmans, soldats de France », conçue par l'historien Rochdy Allili et inaugurée le 10 février dernier. Une histoire tourmentée, sanglante et déjà fort ancienne puisque les premiers soldats issus des colonies ont été engagés dès 1831, lors de la conquête de l'Algérie. Mobilisés contre leurs compatriotes durant toutes les guerres coloniales (au Maghreb, en Afrique noire ... ), ils seront, à partir de la guerre de Crimée, en 1852, de tous les fronts du XIXe siècle: guerre d'Italie, du Mexique, 1870 ... A l'occasion des deux guerres mondiales, ils seront de nou- . veau sollicités, provoquant de véritables saignées humaines parmi les populations des colonies : 200 000 Algériens ont été, par exemple, mobilisés entre 1914 et 1918, ce qui représentait à l'époque ... 20 % de la population active masculine du pays. De telles « ponctions» ont eu, on s'en doute, de graves conséquences dans les colonies
- telle l'introduction de
la monnaie dans certaines campagnes reculées, l'aggravation de l'exode rural, le déséquilibre du marché local du travaiL.. Indirectement, elles ont aussi joué un rôle dans l'émergence de la conscience nationale parmi les soldats démobilisés . Malgré quelques envolées cocardières, l'exposition a le mérite de rappeler cette histoire, partie intégrante de l'histoire de France, ce qui n'est pas rien au moment où l'on parle ici et là de « l'honneur d'être Français » . On n'opposait pas de tels « arguments » aux tirailleurs sénégalais ou aux goumiers marocains en 1940. OR/55 EL YAZAM/ COMME ÇA NOUS VIENT On vous le donne comme ça nous vient, en vrac et dans le désordre: en URSS, on libère à tour de bras. Quand il y a deux ans, nous avons organisé une table ronde, mettant face à face des responsables soviétiques et des représentants français d'associations soutenant les juifs d'URSS, on avait crié au loup. Un an après, début 1986, le MRAP repartait à la charge en envoyant à M. Gorbatchev une liste de cent refusniks emprisonnés ou persécutés. Aujourd'hui, beaucoup de ces hommes sont libres. Tout n'est pas gagné, mais ça bouge. à à une grande manifestation nationale contre le projet de réforme du Code de la nationalité, maintiennent leur mot d'ordre pour le 15 mars, à partir de 11 heures à Paris. En effet, tout porte à croire que le projet gouvernemental, loin d'être abandonné, n'est que différé. Les foulées multicolores organisées par le MRAP pour lutter contre le racisme et attester du caractère plu ri-ethnique de la société française auront lieu le 21 mars dans 34 villes de France. Dans ces villes, des manifestations sportives (cross, matches de foot, etc.) auront lieu sous le signe de Les 180 organisations, dont l'amitié. Ça bouge aussi le MRAP, qui avaient appel contre le racisme (1). (1) Renseignez-vous auprès du MRAP pour les manifestations organisées dans votre ville le 21 mars, journée internationale contre le racisme. Tél. : (1) 48.06.88.00. Exposition «Musulmans, soldats de France », du 10 février au 10 mars 1987. Salons d'accueil de la Ville de Paris. • IL N'Y A GUERE D'ARABES A POITIERS Manifs anti-apartheid : originalité et humour pour mieux frapper les imaginations. U ne chose m'étonnera toujours: c'est dans les villes où il yale moins d'immigrés qu'on fait le plus de chose pour eux. Voyez Poitiers. Préfecture, ville universitaire, capitale historique, c'est une ville où on pense. Très peu d'industrie, on laisse ça aux villes voisines: à Poitiers, on fait plutôt dans le concept. Pas très loin, René Monory et Edith Cresson, élus locaux, veulent construire leur Futuroscope, une sorte de Iycéehall d'exposition des nouvelles technologies, histoire de faire la nique aux Japonais. Pas d'industrie, donc peu d'immigrés, à peine 5 000 pour une agglomération de 100 000 habitants. Une fac , donc 1 500 étudiants parmi les 5 000 étrangers. Et pourtant, la ville peut s'enorgueillir d'organisations puissantes: un collectif tiers monde, qui tient boutique d'objets artisanaux et possède une bibliothèque meilleure que celle de la fac sur les su jets internationaux Une API (Accueil et promotion des immigrés), organisme du FAS qui se démène comme un beau diable , depuis les prestations d'écrivain public jusqu'à des tables rondes immigrés/administration. Une maison d'échanges culturels dite le Toit du monde, nous y reviendrons, et un comité local du MRAP Ce n'est pas à cause de Charles Martel, plutôt par manque d'industrie. Mais ceux qui sont là sont aidés dans leur intégration par un nombre impressionnant d'associations. A se demander, d'ailleurs, ce que ce dernier a à faire, avec si peu d'immigrés et tant d'organismes. Gisèle et Catherine, des responsables du comité, me font remarquer, en préambule, que le MRAP n'est pas une association de soutien aux immigrés mais de lutte contre le racisme. L'API fait dans soutien, le Toit du monde dans la culture et l'échange. Mais pour le MRAP reste l'information, surtout à l'école. «Le MRAP s'est recentré vers les profs, dit Gisèle Jean (1) , Poitiers est une ville tertiaire, et on travaille beaucoup sur l'école. L'avantage des instituteurs, c'est que, une fois nommés, ils ne bougent pas. La coordination, les contacts avec les syndicats, les partis politiques, les manifs, c'est encore nous. » Histoires d'astronautes Nombre approximatif des victimes? - Euh, 100 000 ? OK. Et au troisième astronaute, le Noir: Nom et adresse des victimes? Je ne sais pas s'ils connaissaient la blague à Poitiers, mais l'an dernier, ils ont organisé une manifestation contre l'apartheid qui y ressemblait fort. Il s'agissait de sensibiliser les jeunes à l'injustice du régime de Pretoria. Ils ont donc organisé un jeu de piste, où des jeunes grimés tenaient respectivement le rôle de Blancs, de métis et de Noirs sud-africains. On commençait par une visite médicale : on vérifiait leur vue en leur faisant déchiffrer une affiche du MRAP contre l'apartheid. Seulement les jeunes faisant fonction de Blancs étaient pour ce faire placés à deux mètres, les métis à cinq et les Noirs à dix. Les autres épreuves étaient du même type, les difficultés grandissant à mesure que la peau dans laquelle on était noircissait. «On a eu ce qu'on voulait, dit une responsable, des jeunes toutes la journée. » Les manifs, ils le font à leur façon, qui n'est pas dénuée d'humour. Vous connaissez sans doute cette vieille blague des trois astronautes américains, deux Blancs et un Noir, en perdition dans une capsule spatiale. La NASA, en difficulté, décide de ne sauver que les deux plus intelligents, et leur fait passer un test pour décider. Au premier astronaute blanc, elle demande: Date de la première bombe atomique? - 1945, répond l'homme sans hésiter. Au second Blanc : Autre exercice du même genre. Dans une nouvelle manif contre l'apartheid, des militants en combinaison blanche de flic sud-africain, munis de matraques et de boucliers aux armes de Total, CCF, Crédit Lyonnais, Citroën , toutes entreprises françaises collaborant avec l1li très actif. Pretoria. Ces militants ont .. ,------~----------------------------------------------------~ sillonné la ville, tabassant, au passage devant les sièges locaux de ces firmes, d'autres militants déguisés en Noirs. Bon, c'était pour de faux, mais ça rénove un peu le genre. Rien d'étonnant si les foulées multicolores organisées par le comité local de Poitiers le 18 mars seront centrées sur le milieu scolaire. « On s'y est pris un peu tard, dit Catherine, et on n'y connaissait pas grand-chose. On a eu l'idée d'aller voir le responsable local de la Jeunesse et des Sports. Ils nous ont trimballés de bureau en bureau, et c'est un peu par hasard qu'on est tombés sur le responsable de l'Union nationale du sport scolaire. On lui a proposé nos foulées, ça lui a plu, il s'est chargé de faire circuler l'information dans les lycées du département. L'objectif, c'est de faire se rencontrer, dans un match mi-hand mi-basket, des équipes mixtes, sexe et origine, dans chaque établissement. Ça part un peu à l'aveuglette, on ne sait pas pour l'instant ce que cela va donner, mais il faut bien commencer. » Le vieux centre bien rénové, bien propre, qui s'étend à mesure de l'ascension sociale des habitants ; en ce moment, vers le Rocher, c'est-à-dire toute la pente qui descend du Plateau vers le Clain. Ancien quartier populaire, et, ceci explique cela, régulièrement inondé, il est peu à peu investi par la nouvelle petite bourgeoisie, celle qui a fait 68. Plus loin, bien sûr, ce sont la ZUP et la ZAC, des noms plus habituels, avec l'hôpital, les PTT, la fac et ses étudiants étrangers, et les familles de travailleurs immigrés. Sur la ZAC, une sorte de fraction autonome du comité local accomplit un travail spécifique en direction des étrangers, en tenant en particulier une permanence. Géographie classique, mais ici au moins comprise. Au Toit du monde, sorte de maison pour tous organisant l'échange culturel entre les populations poitevines d'origine différente, le directeur, Georges Charbonnier, insiste sur la décentralisation: « Nous sommes ici au centre de la ville, mais nous travaillons avec les maisons de quartier de toute la ville, pour être là où sont les immigrés. Si on devait matérialiser notre acce prêtre catholique est tel qu'on ne peut que s'incliner. Il a su faire sortir des gravats, à grands coups de démarches, de subventions arrachées, de chantiers de bénévoles, ce Toit du monde, qui n'a rien à voir avec l'Himalaya (2), si n'est que pour Georges Charbonnier, « arriver à mettre en contact les différentes populations, les aider à échanger et combattre ainsi le racisme, c'est un autre Himalaya ». Fenêtres Ils ont déjà fait une partie de l'ascension, puisque l'échange, indiscutablement, existe. Ouverte tous les soirs, la grande salle accueille les immigrés et les Français qui aiment à se retrouver là, pour partager un verre de jus de fruit ou une partie de cartes. Des «Fenêtre ouverte sur ... », sorte de soirées de découverte d'un pays ou d'un peuple, réunissent des gens de toutes origines autour d'un plat local. Des semaines, des quinzaines, consacrées à un continent permettent de coordonner (toujours la tête !) des manifestations qui ont lieu aux quatre coins de la ville, de leur donner ainsi un effet de masse et donc de multiplier les publics. Le Toit du monde, en quelques années, a su devenir une sorte d'institution protéiforme de l'amitié entre les peuples : pendant les deux heures de ma visite, Georges Charbonnier a dû refuser des propositions, faute de place dans le programme, émanant des ambassades de l'Inde et de Corée. Le MRAP, l'API, le Toit du monde, etc.: finalement, Poitiers n'est pas une si mauvaise ville pour les Arabes. Et pour les autres. 0 JEAN ROCCIA Est-ce à dire qu'on ne tion sur un plan de la ville, le s'occupe à Poitiers que de Toit du monde serait le coeur l'édification, et accessoire- et la tête, et les associations, ment du déguisement, de la les maisons de quartier et belle jeunesse pictave? autres lieux, les membres. » Que non: le 14 mars est De la mise en place de stages prévu un débat public sur le rémunérés de formation pour code de la nationalité, avec là les femmes d'origine aussi une approche originale. étrangère à l'organisation de Gisèle Jean: « Nous apparte- rencontres entre les services nons ici à un collectif Li- administratifs concernés et bertés, censé informer la po- les usagers immigrés, en paspulation des violations des sant par le projet d'atelier de susdites. Faire un débat à la tissage et l'ouverture d'un Maison du peuple, au centre- SOS-Couture (où les femmes ville, c'est se condamner à se immigrés proposeraient un retrouver encore une fois service de raccomodage aux entre les mêmes intellos. On étudiants esseulés et malse connaît tous, on s'aime habiles), c'est vrai que le Toit bien, mais les immigrés ne du monde part dans tous les viennent pas à un débat au sens, et arrive là où les étran- (1) Ce nom n'est pas inconu aux lecteurs de Différences. C'est Gisèle centre-ville, c'est trop loin. gers isolés ont besoin de et Yves Jean qui, l'an dernier, On le fera donc à la Blaiserie, contact avec la population avaient gagné le concours d'abonnequartier populaire où vit une française. Bien sûr, on pour- ment à Différences, doté d'un voyage poa rt t.·e d es i.m mi.gr,es . » ra.It ta.qum er G eorges Char- (à2 )N Lewe TYooirtk .d u monde, c'est le nom phon tactique qui renvoie à bonnier en filant sa mé- donné par les Népalais à l'Himalaya. Le Toit du monde, SOSCouture, des Fenêtres ouvertes sur. .. : Poitiers bouge. Georges Charbonnier, directeur du Toit du monde: « Mettre Français et étrangers en contact, lutter contre le racisme, n'est-ce pas un autre Himalaya? » une géographie au demeu- taphore, qui suppose, le Toit Le Toit du monde, 31, rue des ra nt classique: au milieu de du monde étant à la tête, que Trois-Rois, Poitiers. Tél.: l'agglomération de Poitiers, la décision lui revient tou- 49.41.13.40. S'y adresser, pour 1 Pli" contacter le MRAP, qui a son siège Il ~eff,;,~a~te:a~u~,~e~v~l~e~u~x~c~e~n~tr_e_ __Jo _u_r_s_,_m_a_i_s_I'_e_n_th_o_u_s_i_as__m e_ d_e_ __so _c_ia_I~là~_b~a~s.~ ______________________________________~ Différences - n° 65 - Mars 1987 IL N'Y A GUERE D'ARABES A POITIERS Manifs anti-apartheid : originalité et humour pour mieux frapper les imaginations. U ne chose m'étonnera toujours: c'est dans les villes où il yale moins d'immigrés qu'on fait le plus de chose pour eux. Voyez Poitiers. Préfecture, ville universitaire, capitale historique, c'est une ville où on pense. Très peu d'industrie, on laisse ça aux villes voisines: à Poitiers, on fait plutôt dans le concept. Pas très loin, René Monory et Edith Cresson, élus locaux, veulent construire leur Futuroscope, une sorte de lycéehall d'exposition des nouvelles technologies, histoire de faire la nique aux Japonais. Pas d'industrie, donc peu d'immigrés, à peine 5000 pour une agglomération de 100 000 habitants. Une fac, donc 1 500 étudiants parmi les 5 000 étrangers. Et pourtant, la ville peut s'enorgueillir d'organisations puissantes: un collectif tiers monde, qui tient boutique d'objets a rtisanaux et possède une bibliothèque meilleure que celle de la fac sur les sujets internationaux Une API (Accueil et promotion des immigrés), organisme du FAS qui se démène comme un beau diable, depuis les prestations d'écrivain public jusqu'à des tables rondes immigrés/administration. Une maison d'échanges culturels dite le Toit du monde, nous y reviendrons , et un comité local du MRAP Ce n'est pas à cause de Charles Martel, plutôt par manque d'industrie. Mais ceux qui sont là sont aidés dans leur intégration par un nombre impressionnant d'associations. A se demander, d'ailleurs, ce que ce dernier a à faire, avec si peu d'immigrés et tant d'organismes. Gisèle et Catherine, des responsables du comité, me font remarquer, en préambule, que le MRAP n'est pas une association de soutien aux immigrés mais de lutte contre le racisme. L'API fait dans soutien, le Toit du monde dans la culture et l'échange. Mais pour le MRAP reste l'information, surtout à l'école. «Le MRAP s'est recentré vers les profs, dit Gisèle Jean (1) , Poitiers est une ville tertiaire, et on travaille beaucoup sur l'école. L'avantage des instituteurs, c'est que, une fois nommés, ils ne bougent pas. La coordination, les contacts avec les syndicats, les partis politiques, les manifs, c'est encore nous. » Histoires d'astronautes Nombre approximatif des victimes? - Euh, 100 000 ? OK. Et au troisième astronaute, le Noir: Nom et adresse des victimes? Je ne sais pas s'ils connaissaient la blague à Poitiers, mais l'an dernier, ils ont organisé une manifestation contre l'apartheid qui y ressemblait fort. Il s'agissait de sensibiliser les jeunes à l'injustice du régime de Pretoria. Ils ont donc organisé un jeu de piste, où des jeunes grimés tenaient respectivement le rôle de Blancs, de métis et de Noirs sud-africains. On commençait par une visite médicale : on vérifiait leur vue en leur faisant déchiffrer une affiche du MRAP contre l'apartheid. Seulement les jeunes faisant fonction de Blancs étaient pour ce faire placés à deux mètres, les métis à cinq et les Noirs à dix. Les autres épreuves étaient du même type , les difficultés grandissant à mesure que la peau dans laquelle on était noircissait. « On a eu ce qu'on voulait, dit une responsable, des jeunes toutes la journée. » Les manifs, ils le font à leur façon, qui n'est pas dénuée d'humour. Vous connaissez sans doute cette vieille blague des trois astronautes américains, deux Blancs et un Noir, en perdition dans une capsule spatiale. La NASA, en difficulté, décide de ne sauver que les deux plus intelligents, et leur fait passer un test pour décider. Au premier astronaute blanc, elle demande : Date de la première bombe atomique? - 1945, répond l'homme sans hésiter. Au second Blanc : Autre exercice du même genre. Dans une nouvelle manif contre l'apartheid, des militants en combinaison blanche de flic sud-africain, munis de matraques et de boucliers aux armes de Total, CCF, Crédit Lyonnais, Citroën , toutes entreprises françaises collaborant avec lW1lil I_ _____~ ________tr_ès_ acti_f. ___________________________P_re_to_ria. _C_es _m_ili_ta_nts ~ ont sillonné la ville, tabassant, au passage devant les sièges locaux de ces firmes, d'autres militants déguisés en Noirs. Bon, c'était pour de faux, mais ça rénove un peu le genre. Rien d'étonnant si les foulées multicolores organisées par le comité local de Poitiers le 18 mars seront centrées sur le milieu scolaire. « On s'y est pris un peu tard , dit Catherine, et on n'y connaissait pas grand-chose. On a eu l'idée d'aller voir le responsable local de la Jeunesse et des Sports. Ils nous ont trimballés de bureau en bureau, et c'est un peu par hasard qu'on est tombés sur le responsable de l'Union nationale du sport scolaire. On lui a proposé nos foulées, ça lui a plu, il s'est chargé de faire circuler l'information dans les lycées du département. L'objectif, c'est de faire se rencontrer, dans un match mi-hand mi-basket, des équipes mixtes, sexe et origine, dans chaque établissement. Ça part un peu à l'aveuglette, on ne sait pas pour l'instant ce que cela va donner, mais il faut bien commencer. » Le vieux centre bien rénové, bien propre, qui s'étend à mesure de l'ascension sociale des habitants ; en ce moment, vers le Rocher, c'est-à-dire toute la pente qui descend du Plateau vers le Clain. Ancien quartier populaire, et, ceci explique cela, régulièrement inondé, il est peu à peu investi par la nouvelle petite bourgeoisie, celle qui a fait 68. Plus loin, bien sûr, ce sont la ZUP et la ZAC, des noms plus habituels, avec l'hôpital, les PTT, la fac et ses étudiants étrangers, et les familles de travailleurs immigrés. Sur la ZAC, une sorte de fraction autonome du comité local accomplit un travail spécifique en direction des étrangers, en tenant en particulier une permanence. Géographie classique, mais ici au moins comprise. Au Toit du monde, sorte de maison pour tous organisant l'échange culturel entre les populations poitevines d'origine différente, le directeur, Georges Charbonnier, insiste sur la décentralisation: « Nous sommes ici au centre de la ville, mais nous travaillons avec les maisons de quartier de toute la ville, pour être là où sont les immigrés. Si on devait matérialiser notre acce prêtre catholique est tel qu'on ne peut que s'incliner. Il a su faire sortir des gravats, à grands coups de démarches, de subventions arrachées, de chantiers de bénévoles, ce Toit du monde, qui n'a rien à voir avec l'Himalaya (2), si n'est que pour Georges Charbonnier, « arriver à mettre en contact les différentes populations, les aider à échanger et combattre ainsi le racisme, c'est un autre Himalaya ». Fenêtres Ils ont déjà fait une partie de l'ascension, puisque l'échange, indiscutablement, existe. Ouverte tous les soirs, la grande salle accueille les immigrés et les Français qui aiment à se retrouver là, pour partager un verre de jus de fruit ou une partie de cartes. Des «Fenêtre ouverte sur. .. » , sorte de soirées de découverte d'un pays ou d'un peuple, réunissent des gens de toutes origines autour d'un plat local. Des semaines , des quinzaines, consacrées à un continent permettent de coordonner (toujours la tête !) des manifestations qui ont lieu aux quatre coins de la ville, de leur donner ainsi un effet de masse et donc de multiplier les publics. Le Toit du monde, en quelques années, a su devenir une sorte d'institution protéiforme de l'amitié entre les peuples : pendant les deux heures de ma visite, Georges Charbonnier a dû refuser des propositions, faute de place dans le programme, émanant des ambassades de l'Inde et de Corée. Le MRAP, l'API, le Toit du monde, etc.: finalement, Poitiers n'est pas une si mauvaise ville pour les Arabes. Et pour les autres.O JEAN ROCCIA Est-ce à dire qu'on ne tion sur un plan de la ville, le s'occupe à Poitiers que de Toit du monde serait le coeur l'édification, et accessoire- et la tête, et les associations, ment du déguisement, de la les maisons de quartier et belle jeunesse pictave? autres lieux, les membres. » Que non: le 14 mars est De la mise en place de stages prévu un débat public sur le rémunérés de formation pour code de la nationalité, avec là 1 e s f e m mes d' 0 r i gin e aussi une approche originale. étrangère à l'organisation de Gisèle Jean: « Nous apparte- rencontres entre les services nons ici à un collectif Li- administratifs concernés et bertés, censé informer la po- les usagers immigrés, en paspulation des violations des sant par le projet d'atelier de susdites. Faire un débat à la tissage et l'ouverture d'un Maison du peuple, au centre- SOS-Couture (où les femmes ville, c'est se condamner à se immigrés proposeraient un retrouver encore une fois service de raccomodage aux entre les mêmes intellos. On étudiants esseulés et malse connaît tous, on s'aime habiles), c'est vrai que le Toit bien, mais les immigrés ne du monde part dans tous les viennent pas à un débat au sens, et arrive là où les étran- (1) Ce nom n'est pas inconu aux lecteurs de Différences. C'est Gisèle centre-ville, c'est trop loin. gers isolés ont besoin de et Yves Jean qui, l'an dernier, On le fera donc à la Blaiserie, contact avec la population avaient gagné le concours d'abonnequartier populaire où vit une française. Bien sûr, on pour- ment à Différences, doté d'un voyage poa rti..e d es I.m mi.gr,es . » raI.t ta.qum er Georges Char- (à2 )N Lewe TYooirtk d. u monde, c'est le nom phon tactique qui renvoie à bonnier en filant sa mé- donné par les Népalais à l'Himalaya. Le Toit du monde, SOSCouture, des Fenêtres ouvertes sur. .. : Poitiers bouge. Georges Charbonnier, directeur du Toit du monde: « Mettre Français et étrangers en contact, lutter contre le racisme, n'est-ce pas un autre Himalaya? » une géographie au demeu- taphore, qui suppose, le Toit Le Toit du monde, 31, rue des rant classique: au milieu de du monde étant à la tête, que Trois -Rois, Poitiers. Tél.: l'agglomération de Poitiers, la décision lui revient tou- 49.41.13.40. S'y adresser, pour 1 Pli" contacter le MRAP, qui a son siège ID ~e~~a~te~a~u~,~e~~vI~e~u~x~c~e~n~tr_e_ __Jo _u_r_s_,_m_a_i_s_I' e_n_th_o_u_s_ias_m e_ d_e_ __sO_ C_ ia _I~là~-b~as.~ ______________________________________~ Différences - n° 65 - Mars 1987 ID POUR MEMOIRE • RETRAIT DEFINITIF. Prenant acte «avec intérêt » de l'annonce par M. Chalandon d'un nouvel ajournement du débat parlementaire sur la réforme du Code de la nationalité et de l'ouverture d'une vaste consultation nationale, le MRAP souligne que « le gouvernement n'a cependant pas renoncé à ses intentions ». Il importe donc « de mieux informer, dans le délai obtenu, l'opinion sur le contenu réel des mesures proposées, sur les enjeux en cause ... afin d'amplifier la campagne pour le retrait total et définitif du projet Chalandon ». • SALUT LES MECS! Au Figaro Magazine qui lui demande s'il est d'accord avec la politique de Ronald Reagan vis-à-vis de l'Afrique du Sud, Yves Montand répond : Le racisme a subi quelques revers au pays du Klu Klu Klan et de la statue de la Liberté. Trois jeunes Blancs qui avaient roué de coups trois jeunes Noirs, provoquant le décès de l'un de ceux-ci, à New York, le 20 décembre 1986 avaient été laissés en Ii- ' berté. Ils viennent d'être arrêtés pour meurtre. retrouve sous le coup d'un nouveau mandat d'arrêt international. Aujourd'hui âgé de 74 ans, il est accusé d'avoir envoyé plus de cent mille juifs à la mort (20 janvier). • MALIN. Pretoria mène des négociations secrètes avec l'île de Man, en mer d'Irlande, dont il souhaite utiliser la zone franche afin de contourner les sanctions commerciales. Les Sud-Africains y procéderaient à des changements d'étiquettes sur leurs denrées alimentaires afin de les réexporter vers la CEE (21 janvier). .OBSEQUES. Près de Durban, en Afrique du Sud, 3 000 personnes assistent aux obsèques de 4 enfants noirs assassinés le 21 par les ra- SECOUSSES AUX ETATS-UNIS contre lui l'intention de donner la mort. Le patron de l'entreprise est condamné à un an de prison, dont 9 mois avec sursis, pour dissimulation de preuve (23 janvier). • RELOGEMENT. 250 personnes manifestent dans les rues de Paris pour demander le relogement immédiat des 110 personnes, pour le plupart des immigrés, qui ont été victimes d'une série d'incendies criminels dans le XX' arrondissement (24 janvier). • AnENTAT. Un attentat à l'explosif est commis à Paris au cours de la nuit, contre le journal Jeune Afrique (27 janvier). • MALIK. Après la mort de Malik Oussekine, un policier, membre du peloton voltigeur motocygrande manifestation antiraciste dans cet Etat depuis les luttes pour les droits civiques des années soixante. Le Ku Klux Klan est condamné, le 12 février, par un tribunal de Mobile, dans l'Alabama, à payer 70 000 F de dommages et intérêts à la famiDe d'un adoles· cent noir assassiné en Cette affaire avait pro- 1981 par plusieurs voqué une vive émotion dans la ville où les tensions raciales s'étaient exacerbées. A Cumming, en Georgie, plus de 20 000 personnes ont participé, le 24 janvier, à une marche de protestation contre les manifestations racistes qui s'étaient déroulées la semaine précédente. C'est la plus membres de l'organisation raciste. Enfm, à Cleveland, aux Etats·Unis, un propriétaire qui refusait de louer un appartement à une famille noire, est condamné à leur accorder un an de loyer gratuit. A suivre ••. 0 « Il faut répondre honnêtement aux gens qui disent: "Ce n'est pas acceptable." Entendons- nous bien les mecs. Si le pouvoir blanc s'en va, ce sont les Soviétiques qui prendront le pouvoir là-bas. » • BONNE MEMOIRE. Quarante- cinq ans après la "solution finale », Aloïs Brunner, ancien adjoint d'Eichmann, se cistes, en même temps que 8 adultes de la cité noire de Kwamakhuta (24 janvier). • VIOLENCE PATRONALE. Devant la cour d'assises de Versailles, Jacques N'Dzana, le vigile qui avait tué l'ouvrier kurde Kemal Ozgül venu réclamer des salaires impayés est condamné à 4 ans de prison, la cour n'ayant pas retenu Chronique el encadrés réalisés par ROBERT PAC cliste est inculpé de « coups et blessures volontaires par agent de la force publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner» (27 janvier). • PREMIERE. Le premier bébé issu d'un manage légal entre une Blanche et un Noir en Afrique du Sud, est né près de Durban. Son père est sud-africain, sa mère américaine. Ils l'ont appelé Nkululeko, ce qui signifie « liberté authentique » en zoulou (27 janvier). • RENCONTRE. M. George Schultz reçoit à Washington M. Oliver Tambo, dirigeant l'ANC, ce qui constitue une entorse à la politique d'" engagement constructif » à l'égard de Pretoria de Ronald Reagan (28 janvier). • CENSURE. Le Journal officiel sud-africain publie de nouvelles décisions gouvernementales donnant de larges pouvoirs au chef de la police nationale en matière de censure de la presse. Ces dispositions élargissent la notion de «compte rendu subversif » (29 janvier). • BARBIE A L'HOPITAL. Détenu à la prison Saint-Joseph de Lyon depuis le 5 février 1983, Klaus Barbie est hospitalisé pour subir une opération de la prostate (29 janvier). • RAFLE. Vaste opération anti-immigrés à Nice, où 700 personnes sont contrôlées dans un foyer Sonacotra. 36 immigrés dépourvus de carte de séjour sont reconduits à la frontière (30 janvier). • SCANDALE NANTAIS. A l'université de Nantes, après l'affaire Roques, cet historien qui avait soutenu une thèse tendant à nier l'existence des chambres à gaz, c'est un universitaire communiste, Alain Croix, qui est frappé d'ostracisme. Il a été évincé du poste de professeur au profit de M. Delaporte, un ancien membre du Front national, bien connu pour avoir écrit des articles racistes dans le magazine fasciste Militant, y compris des articles prenant la défense de M. Roques. Devant les protestations des étudiants et la requête du ministre de l'Education, la Commission de sélection a remis sa décision à plus tard (31 janvier). • VISITE SECRm. Yitzhak Rabin, ministre israélien de la Défense, effectue une visite secrète en Afrique du Sud à propos des fournitures d'armes israéliennes au régime raciste, révèle l'hebdomadaire américain Newsweek (25 janvier). • VOISINAGE. René Huard, un propagandiste du Front national, est condamné à quatre mois de prison, dont un ferme, pour avoir tiré au pistolet à grenaille sur Mongi Rekkik, son voisin d'immeuble à Evreux dans l'Eure (27 janvier). • AVEUX. Pik Botha, ministre sud-africain des Affaires étrangères, avoue devant une commission d'enquête internationale qu'il avait donné de fausses informations sur la catastrophe aérienne qui, en octobre dernier, a coûté la vie au président du Mozambique, Samora Machel, dont l'avion s'était écrasé en Afrique du Sud (27 janvier). • NOUVELLE CALEDONIE. Jean-Marie Tjibaou déclare que le FNLKS boycottera probablement le référendum en Nouvelle-Calédonie au mois de juillet ou août. Le leader du FNLKS annonce en outre une « épreuve de force» sur le territoire (31 janvier). • ACIDE. 12 jeunes filles palestiniennes sont brûlées par de l'acide que des hommes masqués leur ont jeté à l'intérieur du collège de Gaza où ils s'étaient introduits (1 " février). • ALBERTI NI. L'assemblée paritaire ACP-CEE, ou Convention de Lomé, qui rassemble les membres de la Communauté européenne et 70 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, réunie en Tanzanie, exige la libération immédiate de Pierre- André Albertini, jeune coopérant français emprisonné en Afrique du Sud depuis le 24 octobre (3 février). • CLANDESTINS. Plus de 1 000 immigrés clandestins, en majorité turcs ont été interpellés e~ 1986 par la police et la Mi-fé~~ier : m~lgré la réprobation internationale, une partie des camps palestiniens de Beyrouth est assiégée et affamée les milices chIItes. gendarmerie alors qu'ils tentaient de franchir la frontière franco-italienne dans les Alpes du Sud (4 février). • NAZIS AU CANADA. La Commission royale chargée d'enquêter sur la présence au Canada de criminels de guerre nazis rencontre une vive opposition de la part des associations d'immigrés d'Europe de l'Est. Le centre Simon-Wiesenthal a fourni 475 des 660 noms de suspects. Selon lui, la plupart des anciens criminels nazis auraient été admis au Canada dès le début de la guerre froide parce qu'ils avaient fourni aux services secrets occidentaux des renseignements sur les pays communistes. Cacher un passé nazi, fût -il criminel, n'est pas considéré comme un délit aux yeux de la loi canadienne (6 février). • LIBRES. M. Sakharov annonce la libération d'une douzaine de « dissidents », dont le mathématicien Iouri Chikhanovitch et l'écrivain Serguei Grigorian (6 février). • PAS GAY. Le gouverneur de Buenos-Aires ôte le droit de vote aux homosexuels (7 février). • INTEGRISME ET ANTISEMITISME. Un classique de la propagande antisémite du début du siècle, les Protocoles des sages de Sion - texte rédigé, à l'origine, par la police du tsar, à la fin des années 1860, diffusé ensuite par les nazis, puis à partir des années 1950 dans certains pays arabes - est en vente à Paris. Cette édition française imprimée au Koweit, se trouve dans une librairie de Belleville spécialisée dans la diffusion d'ouvrages d'inspiration islamique intégriste (7 février). • VERITE POUR NASSER. 300 personnes d'origines française et maghrébine manifestent à Noisy- le-Sec pour exiger que toute la lumière soit faite sur les circonstances du décès de Nasser Hamoudi, 26 ans, découvert mort le 8 janvier dans le local vide-ordure d'une HLM des Lilas. Nasser avait été interpellé par la police le 5 janvier et emmené au commissariat où il avait été tabassé (7 février). • PENALTY. Les services du procureur de Bonn Différences - n° 65 - Mars 1987 examinent le cas d'un joueur de football de Cologne, Stephan Engels, accusé d'avoir crié HeU Hitler! au cours d'un match en Israël (7 février). • REJET. Le Parlement britannique rejette une résolution visant à incor- De la bouteille à la gâchette! Un petit coup dans le nez et on tire. L'état d'ébriété provoque des accidents de voiture et de revolver. La bouteille seraitelle le fait le mieux partagé de la police française ? La liste des procès du mois engagés contre des représentants de l'ordre public un peu - beaucoup - éméchés n'en offre en tout cas pas une image vertueuse. A Pontoise, Jean-Michel Guillot, 25 ans, gardien de la paix, a porer dans la législation britannique la Convention européenne des droits de l'homme (9 février). • AMNISTIES. Les autorités soviétiques annoncent qu'elles ont accordé une amnistie à quelque 140 dissidents à la suite condamné à 2 ans de prison, dont 6 mois avec sursis, pour avoir tiré en état d'ébriété sur plusieurs personnes, blessant de trois balles M. Hassan Bouralha, un vigile de 30 ans. A Nanterre, ouverture du procès du brigadier de police Jean-Paul Lapeyre. En état d'ivresse, il avait tiré sur un jeune Tunisien de 17 ans qui, atteint à la tête, était tombé dans un coma hémiplégique. Le policier n'est poursuivi que pour homicide involontaire. Enfin, n'oublions pas Abdel Benyahia, tué en décembre dernier par un policier ivre à Pantin. d'une revIs IOn récente des cas des personnes condamnées pour activités antisoviétiques (10 février). • INSTRUCTION ANNULEE . La chambre criminelle de la Cour de cassation annule toute la procédure d'instruction pour «crimes contre ['humanité» menée contre Maurice Papon. Elle rejette toutes les inculpations prononcées dans cette affaire par le juge d'instruction. Mais les accusations demeurent (11 février). • MORTS SOUS LA TORTURE. L'Association turque des droits de l'homme révèle à Ankara que 149 personnes sont mortes sous la torture et par manque de soins dans les prisons de Turquie depuis le coup d'état militaire du 12 septembre 1980 (12 février). • VANDALISME . Le Centre communautaire israélite de Saint-Germain - en-Laye (Yvelines) est mis à sac par des inconnus au cours de la nuit. Ils ont arraché le téléphone, cassé des bouteilles, maculé les murs d'inscriptions injurieuses et profané les objets du culte (15 février). Il LE 21 MARS, FOULEES MULTICOLORES, PARTOUT EN FRANCE: LE MRAP VA FAIRE COURIR DES JEUNES, DES VIEUX, DE TOUTES ORIGINES, HISTOIRE DE MONTRER QUE LA SOCIETE PLURICULTURELLE EST EN MARCHE. DU COUP ON VOUS A PREPARE CE DOSSIER SUR LE SPORT: DE LA CONVIVALITE DE BASE AU MERCANTILISME INTERNATIONAL, DE L'AMITIE ENTRE LES PEUPLES AU CHAUVINISME LE PLUS MEURTRIER, LE SPORT EST CAPABLE DU MEILLEUR COMME DU PIRE. NOUS, ON EST OPTIMISTES, ON A PLUTOT CHOISI LE MEILLEUR: L'AMITIE SUR LE TERRAIN, DANS LES PISCINES, L'APPORT DES IMMIGRES ET DE LEURS ENFANTS AU SPORT DE HAUT NIVEAU, TOUT CE QUI BRASSE, MELANGE, QUI DONNE UN PEU RE RESSORT A NOTRE SOC 1 ETE SI COINCEE ... ILS SONT DES CENTAINES DE MILLIER EN FRANCE A FAIRE PARTIE D'UN CLUB, D'UN GROUPE, D'UNE ASSOCIA TlON SPORTIVE. LES AS DE LA RAQUETTE, LES CHAMPIONS DU BALLON ROND, LES FANAS DU VELO S'ECLATENT LE DIMANCHE. Paris. Arts-et-Métiers. Le quartier de toutes les ethnies, réconcilié rue Volta par un ballon rond. La jeunesse aime jouer. Le Ille arrondissement de Paris, un quartier parmi d'autres, mais un quartier qui bouge, qui transgresse les préjugés raciaux, qui bouleverse les velléités de ségrégations. Au 45 de la rue Volta, dans un de ces vieux immeubles parisiens au charme suranné, l'association FootVolta a établi son QG. Au premier étage, un appartement, refait pour la circonstance, on sent la peinture bleu ciel encore fraîche. Un baby-foot trône au milieu de la pièce, prince du lieu, et tend ses poignées aux amateurs. Pendant que la machine distille un café chaud, mes yeux se promènent sur les murs où se jouxtent affiches de tinéma et affiches antiracistes. Houcine, le trésorier, me raconte comment a germé l'idée de l'association et comment elle a pris corps: « Cette idée d'un club de foot traîne dans les esprits depuis longtemps. Le quartier des Arts et Métiers est très composite ,' il yale vieux quartier du Marais qui a une fonction historique et culturelle, avec une population juive très aisée. Puis ce1U1 des Asiatiques et des commerçants kabyles; enfin la rue Notre-Dame-de-Nazareth bordée de commerces juifs. Cette diversité ethnique était source de repli de la part des habitants, chacun s'isolant dans sa caste sociale et religieuse. On se croisait sans se connaître, on se tolérait sans se mélanger. Les jeunes vivaient une ambiguïté douloureuse,' "Comment vivre en tant qu'étrangers en France parmi d'autres étrangers de pays différents ?" Ils ont trouvé la solution ,' créer une activité au sein de laquelle 11s auraient la possibilité de se retrouver. Qu'est-ce qui peut rassembler autant d'adeptes, quel que soit le pays ou la religion, autant de fous passionnés, si ce n'est le foot ! » Ainsi naquit l'association Foot-Volta. Le personnel se compose d'un président, Jean-Yves, membre du MRAP, d'un vice-président, d'un trésorier, Houcine, et d'une secrétaire, Fatia. Tous bénévoles, bien sûr : leurs moyens financiers sont très réduits, car ils n'ont aucune subvention de la municipalité ni aucun sponsor. En attendant, la cotisation s'élève à 300 F, pour l'achat des maillots, des ballons, etc. C'est trop cher pour les joueurs, qui ne peuvent pas toujours payer. Outre cette source pécuniaire, le seul revenu reste le baby-foot : voilà pourquoi il occupe une place si royale dans le local ! Quinze joueurs entre dix-huit et vingt-cinq ans forment l'équipe. Equipe multicolore s'il en est, car s'y bousculent des Portugais, des juifs, des arabes, des Français, des Noirs, des Antillais. Est-il possible que tout ce monde tape dans le ballon sans le moindre dérapage raciste? Frédéric, un jeune Gabonais répond: « Pendant le match, les frontières disparaissent. On forme une équipe solidaire, unie, sans distinction de couleur ni de races. On aime gagner et on se bat pour y parvenir. » Mais après le match? Bien sûr, des clans se forment, des affinités particulières se révèlent, des rivalités même: mais c'est un schéma que l'on retrouve chez tous les jeunes dans la rue. A plusieurs, on a la force, la sécurité, du moins on le croit. Toutefois, il ne semble pas que le racisme soit à l'origine de ces -IP.II _ _______________________div~ erg-enc-es.- Pa-scal~, q-ui l-es -entr-aîn-ent- de-puis- tro-is -moi~s, me parle de son expérience: « Ces jeunes sont assez renfermés. Ils n'ont pas une vie très facile. Le chômage, le manque d'argent les mettent sur la défensive,' ils sont très impulsifs. Le foot leur permet vraiment de se défouler. Lorsqu'ils jouent, ils oublient totalement l'ennemi, héréditaire ou social, et s'ils ne l'oublient pas, ils transposent leur rancoeur sur le ballon rond. Jamais on entend un mot qui fait mal, une insulte raciste. » Le sport en tant que facteur de paix, de compréhension n'est-il pas un cliché éculé? Sport, compétition, rivalité ne vont-ils pas de pair? Ici, la question n'est pas de mise : tous les membres de l'association sont sensibilisés au problème du racisme. Le vivant quotidiennement dans une société où l'individualisme ne laisse que peu de place à la tolérance, ils s'en défendent en participant à des mouvements en faveur de la coexistence pacifique entre les hommes de pays différents. Bien sûr, il y a des clans, des affinités particulières, des rivalilés, même ... El puis on aime gagner el on se bal pour ••• Ils vendent des badges pour SOS Racisme, assistent à des réunions, cherchent des terrains d'entente. Ils veulent que la société évolue vers plus de compréhension et vers une reconnaissance et une acceptation de la différence. Outre cela, ils s'interrogent aussi sur eux-mêmes. Tous les mois, les membres de l'association se réunissent rue Volta pour aborder les problèmes qu'ils rencontrent et tenter de trouver des solutions. La drogue est un des thèmes récurrents de ces tables rondes. Beaucoup de jeunes du quartier sont concernés et affectés par elle. D'ailleurs, lorsqu'on pénètre dans le local du club, on est immédiatement frappé par deux grandes affiches sur lesquelles est inscrit très lisiblement le règlement. L'un des alinéas indique qu'il est interdit de fumer ou de prendre une quelconque drogue pendant le temps des entraînements; la sanction est nette et précise: l'expulsion du club. Cette interpellation abrupte est significative. Si le sport est un moyen de défouler ses instincts d'agressivité et de gommer le temps de quelques heures son mal de vivre, la drogue, elle aussi, peut jouer ce rôle d'échappatoire. Mais les conséquences de l'exercice d'un sport et de la prise de drogue ne sont pas les mêmes. Les responsables de l'association le savent: aussi sont-ils intransigeants sur ce dernier point. Bien d'autres problèmes sont mis sur le tapis au cours de ces réunions comme la coexistence au sein du quartier, le chomage, le lycée, etc. Chaque membre de l'association, qu'il soit responsable ou joueur, consacre beaucoup de temps et d'énergie au club: il y a trois permanences dans la semaine, deux entraînements et un match tous les samedis. Ainsi, par-delà le côté purement sportif de l'association, se crée, au fil du temps, le sentiment d'appartenir à un groupe, à une sorte de grande famille, avec ses propres règles, sa discipline, ses exigences, mais aussi avec le confort moral qu'elle offre, la solidarité dans le jeu et l'amitié.D LAURENCE PEAN Différences - n° 65 - Mars 1987 PETIT CLUB, GROSSE MACHINE A SOUS Passionné de foot depuis l'enfance, Abderhamane, Algérien et commerçant dans le XX' a"ondissement de Paris est supporter du RCP, le Racing club de Paris, ex-petite équipe de deuxième division que J.-L. Lagardère, P-DG de Matra, Hachette et peut-être bientôt TF1 a acheté à prix d'or pour en faire une grande équipe de compétition européenne. Abderhamane a un point de vue particulier sur la question. «Je suis supporter du RCP depuis des années, un peu par sentimentalisme. On se choisit une équipe, et on la suit. Je connais comme ça des tas de Beurs qui étaient des supporters acharnés de Saint-Etienne, au temps de la gloire, et même maintenant que l'équipe redémarre. C'est comme une identification, de nouvelles racines qu'on se choisit. J'ai choisi le Racing il y a longtemps, parce qu'à Paris, c'était l'équipe qui comptait le plus de joue urs étrangers. li y avait Madjer, Ben Mabrouk, Chebel, Laachi, des Algériens, et le Zaïrois Ekeke. A ce moment-là, le Racing jouait à Colombes. li y avait une ambiance extraordinaire, sans doute plus de la moitié de Maghrébins dans les tribunes le dimanche. Ça sentait la merguez pendant les matches. Et puis l'équipe a commencé à monter, et à perdre un peu de son âme. Est arrivé Lagardère, qui a mis cartes sur table,' Matra avait déjà tout gagné en sport automobile, il lui fallait une équipe de foot. Les joueurs algériens sont partis, ou ont été étouffés,' ils avaient besoin d'une ambiance particulière, d'avoir leurs marques dans le club et dans le public. Le passage au Parc des Princes a tout changé. Paris n'est pas une ville de foot, les gens viennent de trop d'endroits, de France ou d'ailleurs, pour s'attacher à une équipe, et le Racing en changeant d'échelle a perdu une partie de son public. Le prix des places au Parc n'a plus rien à voir avec ceux de Colombes. Le RCP s'est acheté des grandes vedettes, il est devenu international dans son recrutement et ses ambitions. Mais international au sens du grand spectacle, de l'argent. On a un peu perdu une interculturalité de base, chaleureuse, populaire, pour un mondialisme de marchands. Je crois que c'est en partie ce qui explique les mauvais résultats actuels du club. On ne change pas comme ça. »D Dimanche matin à Paris, ciel gris. Température extérieure 11°. Température intérieure 24°. L'eau est à 28°, mais celle des douches brûle. La petite a une natte. La grande a sacrifié sa chevelure au salariat. La petite plonge beaucoup, si bien qu'elle a mal à la tête. Mais elle s'obstine. Bref, elle frime. La grande rêvasse, la petite fonce. Il les a observées mine de rien en sillonnant le bassin. Il y a des années, il croyait que le seul sport praticable en piscine était la natation Il a découvert au fil des saisons qu'il en apprenait plus là que dans les meetings. Son expérience du lieu fait qu'il sait que l'endroit stratégique d'abordage est la petite douche, là où il n'y a que deux pommeaux. Ils s'y retrouvent donc à trois; elles se savonnent mutuellement. Il se savonne tout seul. Elles ont retiré leurs lunettes embuées et tâtonnent dans la vapeur à la recherche des accessoires. Enfin, il parle: « Vous êtes Chinoises?» « Ah, non Laotiennes! Et vous? », a répondu la grande. « Espar;! nol, mais ma mère est anglaise. » La grande est hardie, la petite ne veut pas être en reste. On se quitte pour les cabines, il freine sa rapidité masculine de rhabIllage pour se mettre au timing du brossage d'une longue chevelure. Il a en tête une image, extraite d'un vieux film militant sur la guerre du Viêt-nam. . . tapas, chorizo, paëlla et le vin du grand-père. C'est le début d'une grande amitié. Ça, c'était la piscine du week-end, la petite avec une drôle de forme. Arrive le lundi. Là, elles sont toutes fermées, comme les épiceries. Mais, du mardi au vendredi, il va à l'autre piscine. Il prend le métro de 6 h 52, descend trois stations plus loin, se glisse à moins une dans la petite queue entre deux retraités bien roses, et attend que la madame des îles se hisse en soupirant sur son tabouret, pose son crochet, et commence sa journée d'immigrée municipale. La petite foule des habitués dévale l'escalier, s'engouffre dans les vestiaires, effleure les douches - un jour brûlantes, l'autre glaciales, ce qui donne bien du souci au Noir baraqué de service - et c'est à qui polluera le premier l'eau chlorée. L'enfer, c'est bien les autres. Chacun prend position; il Y a cinq couloirs, il faut partager. Le noyau dur est constitué d'individus au sexe abstrait - même que c'est dommage, y en a qui seraient pas mal du tout -, en bonnet et lunettes, qui ne reprendront leur souffle que trois quarts d'heure plus tard, après le nombre réglementaire de longueurs, quand ils ressortiront cramoisis du bassin. Autour de ces forçats, les Méditerranéens nostalgiques, les frustrés de la plage, les gras du bide, bref, les nageurs à visage humain s'ébattent à contre-brasse. Ils attendent son arrivée. Elle est toujours en retard: elle n'arrive que quinze ou vingt minutes avant la fermeture au public et l'invasion scolaire, quand les premiers mômes goguenards sont déjà là-haut et observent en grillant une dernière clope les agités du bassin. Elle a le plus beau visage slave connu entre la Butte et le Canal. Elle ne parle jamais à personne. Mais c'est comme ça qu'on l'aime. D « Cheveux-courtS» est prête la première. Mais Ben]amme ne tarde pas trop. On sort ensemble. C'est l'heure du déjeuner. Ça tombe bien. On est branchés. Promenade rapide et bavarde vers un terrain neutre de négociations. Au café on lie connaissance très vite. Petite soeur mène la lEI l~d~a~ns~e~.~E~1~le~s~d~é2je~u~n~e~r~o~n~t~ch~e~z~lu~i.~I~l~d~é~p:lo:ie~le~gr:a:n:d~]~·e:u~: ____________~ _______________- ---____FA _u_S_~_O_G_'U_D_'_CE~ Dans les tribunes, des écarts de langage à la mi-temps. Sur le terrain, les-pas-tout-à-faitBlancs ont intérêt à bien jouer. Le racisme dans le sport, ça n'existe pas. Ou pas vraiment. Juste quelques exceptions qui confirment la règle. Sur le terrain, c'est bien connu, dans la tension d'un match, les coups bas ne sont pas toujours d'ordre physique. Et les «sales ratons» ou « sales nègres» qu'entendent quelquefois les joueurs africains dans la bouche de leurs collègues blancs ne sont, paraît-il, qu'une partie infime de l'arsenal très riche des moyens d'intimidation de l'adversaire. Simple bavure sportive vite oubliée en rentrant dans les vestiaires ? Paraît-il ! Venant des tribunes, la chose raciste est -elle plus courante dans les stades de France ou est-elle seulement plus voyante? Il y a quelques années, dans les tribunes du Parc des Princes à Paris, des spectateurs de football s'ennuient en attendant le coup d'envoi du match. Ils aperçoivent, quelques rangées plus bas, deux Noirs coiffés rasta. Pour tuer le temps, ils se mettent à leur balancer cacahuètes et peaux de bananes, au sens propre, avec quelques allusions négrophobes à l'appui. Furieux, les deux Noirs se lèvent et se retournent pour affronter leurs détracteurs, qui se trouvent ainsi face à Yannick Noah accompagné d'un ami. Les petits Blancs ayant reconnu le numéro l du tennis français se confondent en excuses. Tout rentre dans l'ordre. Entre gens bien, la couleur n'a pas d'importance. Joseph Antoine Bell a, la saison passée, eu droit à moins de respect. L'international camerounais qui garde la « cage» marseillaise a passé une désagréable soirée au stade du Ray à Nice. S'étant montré intraitable face aux multiples attaques des Aiglons niçois qui n'arrivaient pas à ouvrir le score, il s'est attiré les foudres de la galerie locale, qui le lui a montré d'une drôle de façon: là aussi, jets de projectiles, pétards, papiers de toilette, insultes racistes... qui l'ont obligé à quitter le terrain, histoire de montrer à l'arbitre l'inconfort de sa situation. L'intervention de la police a permis de calmer les trublions et le match a pu reprendre jusqu'au bout. A sa sortie, le gardien marseillais a déclaré simplement: « Ici, c'est l'Nrique du Sud. » Quoi de plus logique puisque Nice est jumelée avec la ville sud-africaine du Cap? Faut-il remonter plus haut: José Touré, le franco-malien de Nantes et numéro 9 de l'équipe de France n'a pas échappé à la querelle des couleurs. Quand Touré joue, et il joue bien en général, on l'appelle le Brésilien par référence au pays des virtuoses du ballon rond. Quand il ne joue pas, c'est autre chose. Il y a trois saisons, une succession de maladies l'avaient éloigné des terrains pendant de longs mois: angines, maux de dents, grippe, rechute lui firent passer un triste hiver. Du côté des supporters nantais, les rumeurs les plus folles couraient à son encontre: certains ont affirmé qu'il était parti après avoir fait un cambriolage. D'autres plus futés soutenaient qu'il avait été condamné pour proxénétisme. Deux ans plus tard, le club de Nantes, où évolue Touré, reçoit en Coupe d'Europe le Spartak de Moscou. Il reste ••• Différences - n° 65 - Mars 1987 une petite demi-heure de jeu et il faut absolument un but aux Nantais, sinon ils sont éliminés. Alors, le « souteneur » José Touré s'envole dans les airs comme un aigle d'Afrique et, avec une finesse toute africaine, lobe le meilleur gardien du monde et marque le but capitaL Dans les tribunes, c'est le délire. Un délire à l'africaine comme les ancêtres de José Touré, le « cambrioleur ». Dahleb Siluve la Coulle de Ffilnle. Dans les Itibunes, l'est du délire. Plus tard, Ffilneoise Giroud difil : « Si Dahleb, avait été simllie ouvrier émigré, aUfilit-il eu droit à tant d'honneurs 1 » COOPERATION SPORTIVE, MAIS GENANTE C'est l'élite du rugby français qui recrute le plus dejoueurs étrangers. Rien qu'en première division (40 clubs), on trouve quelque 80 rugbymen étrangers jouant sur les terrains français. Parmi eux, les Sud-Africains sont les plus nombreux. Ils sont blancs, évidemment. On en compte 23 sur les 43 étrangers du groupe A. Ces joueurs pallient le plus souvent les insuffisances des rugbymen français, en touche notamment. Mais leur présence n'apporte pas que des choses positives au rugby français. D'abord, contrairement aux Américains en basket, qui restent plusieurs années en France, s'y établissent parfois et même se font naturaliser, les Sud-Africains ne restent pas longtemps en France. Ils n'y restent même pas toute l'année. Ils ne jouent dans notre Quelques années plus tôt, le Paris-Saint-Germain affronte le pays que pendant l'été austral, de novembre à mars. Football-Club de Nantes en finale de la Coupe de France, à Ensuite, ces joueurs nuisent au recrutement des joueurs Paris. A la mi-temps, les affaires du PSG sont mal engagées. français et à la formation des jeunes par les clubs qui ne Les Nantais dominent et mènent à la marque le club prospectent plus, d'autant plus que les Sud-Africains sont parisien. Sur les bancs des remplaçants, un Algérien souvent moins exigeants que les Français. regarde les événements avec tristesse. Il s'appelle Mus- Cette situation a contraint Albert Ferrasse, président de la tapha Dahleb. Devant la situation critique, l'entraîneur Fédération française de rugby, dont on connaît la parisien fait rentrer celui que tout le monde appelle sympathie maintes fois exprimée pour l'Afrique du Sud, à familièrement Moumousse. Vous comprenez, Mustapha ça limiter à un par club, au lieu de deux auparavant, le sonne trop basané! Alors, Dahleb pénètre sur le terrain et nombre des joueurs autorisés à pratiquer en France. Mais le visage de l'équipe parisienne se transforme. Dans le bon cela n'émousse pas les liens étroits qu'il noue avec les sens. Des accélérations lumineuses, des débordements fédérations de rugby racistes d'Afrique du Sud, et Albert fulgura.nts, l'Algérien sort tout ce qu'il a de talent, et le PSG Ferrasse n'abandonne pas son idée d'une tournée de renverse la vapeur et remporte la Coupe de France. Dans l'équipe de France en Afrique du Sud. les tribunes c'est du délire et le nom de Moumousse est La plupart des transferts de joueurs sud-africains en scandé par 45000 bouches euphoriques. France sont organisés par une société française, la société Plus tard, l'ex-secrétaire d'Etat, Françoise Giroud, qui Stemark à Neuilly-sur-Seine. Aujourd'hui, quelques assistait à la rencontre, prononcera en substance ces mots 25 Springbocks (joueurs sud-africains) ont émigré en historiques : «Si Dahleb avait été un simple ouvrier émigré France par ses soins. De plus, cette société veut favoriser le au lieu d'un prestigieux footballeur, aurait-il eu droit à tant transfert de joueurs de rugby français en Afrique du Sud, d'honneurs?» Est-il besoin de rajouter autre chose à ces pendant l'été, c'est-à-dire l'hiver là-bas, pendant la saison Il paroles? 0 de rugby sud-africaine. 0 1 M. DJ/LLALI I ______________ ~------------------------------~ Les Noirs tiennent le sport américain? Faux, répond Harry Edwards. Il est blanc à 90 %. Sauf les exceptions. Aux Etats-Unis, les Noirs dominent dans tous les sports populaires, mais cela ne signifie pas la chute des barrières raciales. On retrouve forcément dans le sport les caractéristiques principales d'une société et le sport américain est le reflet du racisme institutionnel des Etats-Unis. Cette affirmation peut surprendre, car les Noirs dominent de façon outrageuse dans tous les grands sports: basket, base-ball, football (américain), athlétisme, etc. En base-ball, sport numéro un depuis 1970, sur les 24 leaders nationaux, 22 ont été des Noirs, pour les batteurs, 16 sur 24. Depuis 1963, tous les attaquants champions de la Ligue nationale de football sont des Noirs. En basket, trois joueurs blancs seulement ont été en tête des marqueurs depuis 1960 .. . (1) Mais c'est l'arbre qui cache la forêt. En fait, « il n'y pas plus de 900 athlètes noirs qui gagnent leur vie dans le sport, 1 500 au maximum, en comptant les coaches et les entraîneurs. D'un autre côté, il y a peut-être 3 millions de jeunes Noirs entre J'âge de 13 et 22 ans qui rêvent de devenir athlète. Au mieux, les chances sont de 20 000 contre une. Statistiquement, vous risquez davantage d'être frappé par un météore dans les dix prochaines années que de faire carrière dans le sport. 90 % du sport américain peut être considéré comme blanc comme lys". » En revanche, les Noirs sont cantonnés de façon disproportionnée dans les sports où ils sont les plus exploités dont l'accès leur est largement ouvert. La discrimination raciale s'exerce à fond dans les structures sportives. Ainsi, au sein de NCAA (Association nationale d'athlétisme universitaire), les Noirs n'occupent aucun poste de responsabilité, comme ceux d'entraîneur principaL Il n'y a qu'un seul directeur d'athlétisme noir. Il n'y a qu'un entraîneur principal noir en base-ball. Sur les 279 collèges et uniV-ersités classés 1re division A par la NCAA en basket-ball, 9 seulement ont un entraîneur noir. De même, sur les 105 établissements classés en 1re catégorie A en football, un seul possède U .... J· .VLLL'-' un entraîneur noir. Sur le plan du sport professionnel, les Noirs ont encore moins accès à des postes de responsabilité. « Au sein de la Ligue nationale de football (NFL), il n'y a : - aucun propriétaire noir ; - qu'un seul Noir au bureau du commissaire de la Ligue; - aucun manager général noir; - aucun entraîneur principal noir; - aucun coordinateur noir (offensif et défensif) ; - que 24 entraîneurs assistants (soit 6 % sur 255 répartis dans 28 équipes); - que 5 Noirs à occuper des postes de décision dans J'ensemble de la Ligue. » Les chiffres, pour le base-ball professionnel, sont très proches de ceux de la NFL. Différences - n° 65 - Mars 1987 .. lm Quant à la répartition des arbitres, la situation est identique. « Il y a.' - 5 arbitres noirs sur un total de 27 à l'Association nationale de basket-ball " - 11 sur un total de 106 à la Ligue nationale de football , - 35 sur 825 dans le football universitaire l,e division,' - 1 seul sur 60 pour le base-ball professionnel. » « Et pourtant, en 1985, les Noirs représentent 20 % des athlètes des grandes lignes de base-ball, 57 % de la Ligue nationale de football, 75 % du basket-ball professionnel. Les Noirs dominent dans la boxe amateur et professionnel, dans la course, le saut, le lancement du poids et les épreuves d'athlètisme. » Les Noirs n'ont accès qu'aux sports dans lesquels ils sont immédiatement exploitables financièrement, c'est-à-dire les sports qui rapportent de gros bénéfices, comme le basket, le football, le base-ball, ou ceux qui présentent un intérêt politique au plan international, comme la boxe ou l'athlétisme. C'est la raison pour laquelle on ne compte pas de nageurs noirs, par exemple. Pour les jeunes Noirs, sans aide financière, la natation est hors de leur portée et les piscines sont trop rares dans les quartiers noirs. Dans ces conditions, les Noirs profitent au maximum des facilités offertes (bourses) par les collèges et les universités à leurs athlètes. Mais, ne voyant que les avantages matériels et la fortune que confèrent les exploits sportifs, ils ont tendance à délaisser leurs études. La barrière raciale est la cause principale du manque d'intégrité dans le système universitaire auquel les fédérations tentent aujourd'hui mollement de s'attaquer. Ces deux facteurs confortent un préjugé contre lequel les athlètes noirs sont obligés de lutter: le mythe insidieux de leur supériorité innée, plus « animale ", ainsi que contre son corollaire: le stéréotype du « nègre idiot ", en vertu de la croyance très répandue de l'exclusivité réciproque de la capacité physique et intellectuelle. Mépris, manque d'intégrité, voilà où mènent les barrières raciales dans le sport. Il faut les faire tomber, donner des postes de responsabilités aux minorités. L'enjeu va bien au-delà du sport, il s'agit sans doute de l'avenir du pays. 0 ROBERT PAC (1) Cet article a été rédigé à partir des travaux du sociologue américain Harry Edwards, de Berkeley. Les passages en italique sont de lui. LES JO JOUENT CONTRE LES INDIENS Les Jeux Olympiques d'hiver de 1988, qui doivent se dérouler à Calgary, au Canada, dans la province d'Alberta, vont être boycottés. C'est le chef indien Bernard Ominayak, de la «bande» du Lubicon Lake, qui l'a annoncé au printemps dernier. La « bande » du Lubicon Lake, qui est dans le nord de la même province, appartient au groupe des Indiens Cree et elle occupe ce territoire depuis des temps immémoriaux. Leurs terres, situées dans une région très rude et difficile d'accès, ont été longtemps inaccessibles aux Blancs. Les premiers contacts eurent lieu au début du siècle, mais la première visite officielle du gouvernement n'eut lieu qu'en 1939. Celui-ci reconnut l'authenticité historique du peuple du Lubicon Lake et lui promit de lui octroyer une réserve importante dans la région. Cette promesse ne fut jamais tenue. Le gouvernement proposa même aux Indiens un territoire très réduit, situé hors de leurs terres ancestrales. Les Indiens refusant obstinément, le gouvernement fit construire une route traversant le territoire, par laquelle les compagnies pétrolières envahirent le territoire qui s'était révélé riche du précieux liquide noir et aussi, évidemment, de gaz naturel. Les bulldozers abattirent les arbres de la forêt, tuant ou faisant fuir le gibier, détruisant ainsi l'économie traditionnelle des Indiens qui vivaient depuis des ,milléilaires de la trappe et de la chasse. Les orignals (élans) se sont raréfiés et les Indiens en sont réduits à traquer les écureuils! Dans un rapport de 1983, le Conseil mondial des Eglises parlait de « conséquences génocidaires ». Depuis 1979, le revenu moyen familial de la trappe est tombé de 5 000 dollars par an à environ 400 aujourd'hui. De plus, les Indiens ne peuvent pas travailler dans les exploitations pétrolières, la plupart ne sachant ni lire, ni écrire, ni même parler l'anglais. Et ce peuple, qui était encore virtuellement autosuffisant ily a seulement 7 ans, dépend aujourd'hui à 95 % du welfare (aide publique). « Nous avons décidé d'adopter cette mesure spectaculaire du boycottage, déclare Fred Lennarson, un membre de la "bande", pour la simple raison que nous n'avons aucun moyen légal pour nous défendre. » ROBERT PAC , J Jeannie Longo, une star du vélo, une des rares femmes à tenir le devant de la scène sportive. Différences, en ce mois de mars, traditionnellement consacré à la femme, se devait de voir quel sort la société française et la société des hommes de par le monde réservait aux femmes sportives. Champions et championnes sont-ils égaux devant la loi du sport? Nous avons interrogé Jeannie Longo, championne du monde cycliste. • Comment se passe l'entraînement d'une championne cycliste? - Il faut un entraînement régulier bien sûr. D'autre part, les compétitions s'échelonnent de mars à octobre. Ce n'est pas un effort solitaire puisque nous nous entraînons en équipe, régionale ou nationale. A Grenoble, nous sommes assez nombreuses. • Est-ce que la vie de champion exige plus d'efforts, de discipline, pour une femme que pour un homme? - Tous les sports de haut niveau supposent un effort de tous les instants et demandent les mêmes efforts qu'on soit homme ou femme. • Mais les performances ne sont pas les mêmes? - Les meilleures athlètes féminines ont des performances à discipline égale de 10 à 12 % inférieures à celles des athlètes masculins. Plus la force physique entre en jeu plus la disparité s'accroît... Je cours souvent avec les garçons de meilleur niveau régional. J'ai d'ailleurs gagné une épreuve où j'étais confrontée uniquement à des cyclistes hommes. Je n'en tire aucune gloire particulière. L'important, c'est de s'être dépassée, d'avoir fait mieux que l'année dernière. Pour jeannie Longo, quand la tenniswoman Billie Jean King, que je lui cite en exemple, fait la preuve qu'elle peut battre un champion c'est « de l'exhibition ». - Je ne veux pas le duel, je ne veux qu'améliorer des performances. C'est vrai que je bats des tas de garçons ... Mais je ne vais pas aller proclamer partout que je suis meilleure qu'eux. Ça reste au niveau de la performance. • Les limites sont souvent imposées dès l'enfance. Dans la cour de récréation, les petites filles ne sont pas admises à jouer aux mêmes jeux que les garçons. - Je me moque des limites, je cherche à les dépasser... Petite fille, je n'ai jamais eu de complexes vis-à-vis des garçons ni ne me suis sentie mise à l'écart. J'ai toujours participé aux jeux des garçons. J'ai toujours évolué dans un milieu mixte. • Pouvez-vous dire pourtant qu'une championne jouisse de la même renommée qu'un sportif homme? - Si discrimination il y a, c'est bien au niveau de l'appréciation de la performance. On fait beaucoup moins de cas des résultats chez une femme. Alors qu'une championne du monde a subi tout autant d'éliminatoires, affronté autant de concurrence qu'un champion. C'est moins bien considéré. Pourtant un titre de champion du monde chez une femme vaut bien le même titre chez un homme! PETITE-FILLE D'ITALIENS, NEE A GRENOBLE, JEANNIE NE S'EN LAISSE PAS COMPTER PAR LES GARÇONS: « C'EST VRAI QUE JE BATS DES TAS D'HOMMES, MAIS JE NE VAIS PAS ALLER PROCLAMER PARTOUT QUE JE SUIS MEILLEURE QU'EUX! » • Y a-t-il autant de rencontres sportives pour les femmes? - Oui il y en a autant. Mais l'intérêt porté au cyclisme Il ~DCharlesre~'r-e-nc-e-s---n~Q~6~5~-~A1~a-r-s~1~9~8~7----------------------------------------------------------------------------~ 1 féminin varie selon les pays. Plus on va vers le sud ou dans les pays latins ... Les Etats-Unis, les pays nordiques, je crois que ça a à voir avec le fait que le mouvement féminin y est très fort, font énormément pour le cyclisme. Moi qui suis italienne de la troisième génération, ça aurait pu jouer contre moi. Mais, j'ai un père « très évolué » qui n'a jamais fait de différence parce que nous étions des filles. Ma mère fait partie d'une autre génération. Les femmes avaient des tâches bien spécifiques. • Pensez-vous que le sport soit un facteur d'intégration dans la société française? On constate que beaucoup de sportifs qui rapportent honneurs et médailles à la France sont fils ou petits-fils d'immigrés? - Quel que soit le sport, ça a toujours été un facteur d'intégration. Ça l'est peut-être moins. C'est en tout cas, pour une grande majorité, l'occasion d'une promotion, ne serait-ce que parce qu'il y a de l'argent en jeu, et de plus en plus d'argent. Marseille joue la carte africaine. Joseph-Antoine Bell, gardien de buts, capitaine de l'équipe, vient de Douala, Cameroun. Les chiffres parlent d'euxmêmes. Il y a aujourd'hui 700 000 licenciés de football en Afrique contre 17 millions en Europe. Pourtant, le foot africain fournit chaque jour de nouvelles preuves de sa vitalité et de son efficacité. Au dernier mundial, les Marocains Zaki, Timoumi et Bouderbala étonnaient le monde entier et quatre ans auparavant, en Espagne les Camerounais et les Algériens créaient la surprise: la défaite de l'équipe nationale allemande devant la sélection d'Alger est encore dans toutes les mémOlres. Mais pour longtemps encore, ce football inventif, débrouillard, vif et spontané, mais pauvre en moyens financiers et en infrastructures techniques doit, pour s'épanouir, prendre les chemins de l'exil. Exception faite de l'Egypte - et encore - tout champion africain en herbe est obligé, s'il désire entamer une carrière professionnelle, de faire un • Le sport sous sa forme de compétitions n'encourage-t-il pas les rivalités entre les groupes, les pays? - Les contacts ne sont pas toujours faciles, quand il y a confrontation, voire jalousie. J'ai néanmoins noué des relations amicales avec plusieurs sportifs d'autres pays. En revanche, là où je pense qu'il y a rapprochements des hommes, c'est avec le public. Quand on loge chez l'habitant, aussi, on va à la rencontre des peuples. • Si vous étiez invitée en Afrique du Sud, est-ce que vous iriez? - Je ne sais pas si il y a du cyclisme féminin... Il ne sert à rien de faire la politique de l'autruche, oui, j'irais. Mais j'essaierais de faire un petit quelque chose. De témoigner par une interview, ou dire je ne participerai que si vous admettez les spectateurs noirs, mais je ferai quelque chose ... 0 Propos recueillis pal CHRISTIANE oANCIE stage de formation de dix jours sous la direction de Gérard Houiller, l'entraîneur du Paris-Saint-Germain, grâce aux fonds rassemblés par l'Amicale des footballeurs professionnels d'origine africaine, créée et présidée par le capitaine de l'OM. Quelques mois plus tard, M. Jo, comme on dit sur la Cannebière, récidive et organise à Marseille la remise des premiers « Senghors », trophées destinés à récompenser à l'image des Césars et autres Oscars, les sportifs, artistes et créateurs africains. Et histoire de rappeler les racines - et les dures réalités du continent noir - Joseph-Antoine Bell suggère d'envoyer les recettes de la soirée aux sinistrés du lac Nyos au Cameroun. Deux opérations réussies et réalisées en quelques mois et qui portent la griffe du capitaine phocéen, qui s'impose, après tout juste deux saisons passées en championnat, comme l'un des grands du foot africain en France. Lorsqu'il débarque à Marseille en juillet 1985, JosephAntoine Bell a tout juste 30 ans, mais déjà une longue carrière derrière lui, commencée 15 ans auparavant dans un club de Douala, les Oryx. Diplôme d'ingénieur de travaux publics en poche, il est recruté par une équipe détour par l'Europe et en particulier par la France: vingt ivoirienne avant de devenir professionnel chez Arab footballeurs africains, issus en majorité des pays d'Afrique Contractors, un groupe financier qui veille aux destinées noire, évoluent cette saison en première division; depuis d'un club cairote. Trois ans en Egypte et un tournant en quelques années en effet, le Cameroun et le Sénégal mars 1984, lors de la quatorzième édition de la Coupe fournissent les plus grands contingents de sportifs africains d'Afrique des nations; le Cameroun, l'un des favoris de l'hexagone, loin devant le Maroc, l'Algérie, le Zaïre ou le pourtant, fait un mauvais départ et Bell remplace aux buts Nigéria. le prestigieux «mundialiste» N'kono. Les lions indomp- Mais là-bas, dans les rues boueuses des médinas et les tables camerounais remportent la coupe et Joseph-Antoine stades mal fagottés des villes africaines, des dizaines de ses premiers titres: «Bell le sauveur », ou, autre variante, milliers de gosses jouent à longueur de journées au foot et « le lion à deux mains ». Talentueux gardien de buts, ce lion rêvent d'une carrière en Europe. Certains écrivent même à est un sportif calme et sérieux, discret mais mobile, qualités leurs aînés, à ces grands frères qui ont « réussi », comme on qui font, depuis, sa réputation. Alors que son compatriote et écrit, parfois ici, au Père Noël. « Beaucoup de jeunes l'Algérien Kourichi s'empoignent, Bell n'hésite pas à quitter m'écrivent, raconte Joseph-Antoine Bell, le gardien de buts «les cages» pour séparer les deux vedettes énervées et et capitaine de L'Olympique de Marseille. Les jeunes d'iCi lorsque la défense camerounaise flanche, il est toujours là veulent un conseil ou une photo, alors que les gosses pour discuter avec l'un et encourager l'autre. Et sans l'air d'Afrique demandent tous la même chose: envoie moi un d'y toucher, à sa manière, tout en douceur, M. Jo, inaugure billet d'avion et je viendrais vivre chez toi pour faire une une nouvelle façon d'être goal, qui le fera très vite adopter Il carrière. » En avril dernier, ce rêve se réalise enfin pour par Marseille et ses milliers de supporters qui s'appellent, Il dix jeunes Africains qui débarquent à Marseille pour un c'est tout un programme, les ultras. I--~----------~------~----------~----------------~~------------------------~- Lorsqu'il y est arrivé pourtant, l'enthousiasme n'était guère de mise. Présidé par Jean Carrieu, un entrepreneur de la région, l'Olympique de Marseille, l'un des plus anciens clubs de France - 87 ans d'âge - se traîne parmi les dernières équipes du championnat. Bell s'impose très vite, mais son talent ne saurait suffire et au stade Vélodrome, la crise couve. Les supporters se font rares, les commerçants se plaignent et Gaston Deferre s'inquiète. « Le maire de l'OM », comme il s'appelle lui-même, sait en vieux routier qu'il est, que des joueurs qui gagnent font les meilleurs agents électoraux et il a encore à l'esprit le souvenir des difficiles municipales de mars 1983, gagnées de justesse. Il sait aussi que cette ville, où le fanion bleu et blanc de l'Olympique trône derrière tous les comptoirs de bar doit avoir une grande équipe car « cela rapporte» à l'économie locale en a bien besoin (1). A quelques mois de sa mort, « le vieux lion» mitonne une de ces opérations dont il a le secret et le duo Tapie-Hidalgo débarque sur le Vieux-Port, transformant du coup les destinées de l'OM et de Joseph-Antoine Bell. Le zorro des entreprises et l'ancien directeur technique de l'équipe de France recrutent à coups de millions (Forster, le meilleur stoppeur allemand, Giresse, l'ex-capitaine des girondins, Sliskovic, l'international yougoslave .. . ) boutent dehors l'ancienne direction. « H. Jo a de la dasse. Touiours le SlJulile, SilDé comme un Dlince, beau et modeste ... » Bell devient le premier des phocéens, et l'ex-équipe «de marioles» (dixit M. Jo) se retrouve, depuis le début de cette saison, en tête de championnat, draînant à chaque match joué à domicile, le public des grands jours de l'OM-30 à 50 000 personnes qui, toutes classes et origines confondues, communient avec leur équipe et le symbole de ces retrouvailles : Joseph-Antoine Bell. Un capitaine charmeur (qui applaudit, à chaque début de « cérémonie » son public), solidaire (qui traverse tout le terrain pour embrasser le joueur qui vient de marquer) et disponible: le plus humble des clubs de quartier sait que la vedette répondra a son invitation. Et puis, comme dit un jeune supporter, Djamal, «M Jo a de la classe. Toujours le sourire, sapé comme un prince, beau et modeste. C'est obligé que tu l'aimes ». Et c'est ainsi que Marseille et Bell se réconcilient avec l'espoir. Sauf accident, le championnat - et la coupe? - sont à portée de main, les commerçants ont retrouvé le sourire. Depuis août 1986, « la messe» est toujours aussi courrue et le rituel en est bien établi, rassemblant pêle-mêle bourgeois de la rue Paradis et électeurs du Front National, jeunes « frisés» des quartiers Nord et vieux prolos du port. Shootés à l'OM, ils en redemandent, comme s'ils voulaient, le temps d'un match, oublier les vieux démons qui taraudent la ville. Et là, au milieu de l'arène, pétri de talent, le roi Bell, engagé dans une irrémédiable course au succès, où, il le sait, aucun faux-pas ne lui sera pardonné. Symbole d'une remontée spectaculaire « le lion à deux mains» n'a plus qu'une issue: aller toujours plus loin, jusqu'à effacer des mémoires le souvenir de ses prestigieux prédécesseurs étrangers, Skoblar, l'Aigle dalmate, Ben Barek, la perle noire et Vaconcellos, el Jaguar... Aux « popus» et aux virages, là où règnent les ultras, on a la passion exigeante et. .. aveugle. 0 oRISS EL YAZAMI (1) Sur 50 000 spectateurs, 15 000 viendraient de l'extérieur de Marseille. Ce qui représente, on l'imagine, des dépenses en restauration, frais d'hôtel, taxis, parkings... 120 chambres d'hôtel occupées équivalent, selon le AVANT DE DEVENIR CAPITAINE DE l 'Ol YMPIQUE, lE LION A DEUX MAINS A FAIT QUELQUES DETOURS: PARTI DE l'EQUIPE DES ORYX DE DOUALA, Il JOUE EN COTE-D'IVOIRE, PUIS PART EN EGYPTE POUR lA COUPE D'AFRIQUE. EN 1985, Il DEBARQUE A MARSEILLE. président de la chambre syndicale de l'hôtellerie, à un emploi direct ou _ induit. iii
- D~iffi~e7r-en-c-~----n7Q~65~-~M~a~s~I~9~8~7------------------------------------------------------------------------~
L v R E s D'ICI ET D'AILLEURS ORAGES. Quel orage ô mon cousin Noé .. . images et récits d'Algérie ou la carte postale témoin de son temps et d'une époque à jamais révolue: l'Algérie du temps de la colonisation française. En fait, tout se passe comme si, écrit Bernard Zimmermann voulant transmettre aux touristes et aux Français de France, des images de ce qu'ils possèdent, la photographie coloniale transmet un témoignage de ce que sont les Algériens. Une fois liquidée, dans la haine et le sang, cette période de colonisation, PALPITATIONS. La sincérité a toujours quelque chose de dérangeant. Le roman de Mustapha Raïth « Palpitations intra-muros » aborde un sujet - ô combien! - tabou: le viol. Mouss est un jeune zonard. Son adolescence errante et marginale le mènera - lui, le doux, le tendre -, d'avatar en avatar, d'amitiés médiocres en histoires d'amour ratées, jusqu'au viol. Et du viol directement en prison : douze ans de réclusion criminelle ! ... Palpitations intra-muros pourrait parfois prêter à sourire par sa naïveté et sa maladresse d'écriture: c'est, en fait, le contraire qui se produit. Cette maladresse fait toute la force et la violence de ce roman. Pour être écrites, certaines choses ont quelquefois intérêt à être mal dites. Long appel au secours, cri désespéré, un prisonnier - peu importe son origine ethnique - nous parle de son passé, et ce passé saigne devant nous. J. T. Palpitations intra-muros, de Mustapha Raïth - Ecritures arabes. L' Harmattan. bien peu nombreux sont ceux qui osent se souvenir du passé. Bernard Zimmermann d'une voix sensible et pudique nous montre comment la photographie et la carte postale suppléent à cette défaillance volontaire de la mémoire et témoignent de ce qui fut. Les légendes de certaines de ces cartes postales ne valent-elles pas, à elles seules, toute une leçon d'Histoire? Ainsi, on notera: «Oran. Le village nègre» ou encore «Oran. Le marché du village nègre. » Quel orage ô mon cousin Noé, images et récits d'Algérie, de Bernard Zimmermann. Préface de Marc Ferro. Pierre Fanlac éditeur. 156 pages. 120 F. Images d'Algérie: des cartes postales témoins Marie Ndiaye a du talent. Beaucoup. En virtuose chevronnée, elle adresse un clin d'oeil désinvolte à la foule ébaubie avant de se lancer et, miracle, de réussir, haut la main, son pari insensé: en effet, une seule, unique et longue phrase compose ce roman , serpente, s'enroule, zigzague autour de cette comédie classique. Mais attention, qu'on ne s'y trompe pas, ce roman ironique et tragique n'est pas seulement un exercice de style un peu fou, tout à fait gratuit et légèrement présomptueux
- non, il existe en tant que tel.
Une fois le point final enfin posé, et le livre refermé, on se dit, en accord avec le narrateur que, décidément, cette journée-roman était vraiment exceptionnelle et qu'entre l'arrivée et le décès inattendu du cousin de province, les projets de meurtre et les chaussures trouvées, sans tenir compte des diverses aventures survenues au narrateur (en quelques heures, il va passer de l'état d'amoureux transi à celui de célibataire endurci, de l'indigence à la richesse), qu'on n'aura guère eu le temps de s'ennuyer. JOELLE TAVANO COMEDIE CLASSIQUE est le deuxième roman de Marie Ndiaye. Un roman déconcertant qu'il faut lire d'une seule traite car il possède son rythme propre, Comédie classique, de Marie Ndiaye. Il ElL-____________________________ L-~sa~p_e_ti_te_ m__u _sl~·q~u_e_i_n_ti_me_. ____________l _0_5_p_a_g_e_s_._6_5 _F _._E_d_._P__O_ L_ . _______~ EN COUVERTURE Naissance d'une affiche Le 21 mars vous serez plusieurs milliers à participer aux foulées multicolores. Mais pour être plusieurs milliers il fallait que vous sachiez que les foulées multicolores existaient, pour cela un moyen : une affiche ! Une carte de France, des bandes de toutes les couleurs, des ressorts, du dynamisme et un slogan, voilà ce que vous avez vu sur la couverture de Différences et sur les murs de vos villes, et c'est le projet de Catherine Simonnet. C'est au début décembre que le MRAP a pris contact avec l'atelier Prep'art (1) qui comme son nom l'indique prépare les futurs graphistes, illustrateurs, designers aux concours des écoles supérieures d'art. Objectif: exprimer de manière vivante, spectaculaire l'esprit des foulées: une société plurielle, conviviale qui avance avec dynamisme, où l'on se rencontre en pratiquant les mêmes sports. Un défi pour des créatifs. Dix! Ils se sont mis à dix à plancher sur le projet, à imaginer cet esprit. A mi-course, une délégation du MRAP s'est rendue à Prep'art pour y effectuer une première sélection des projets. Cinq ont été retenus. Passé ce premier crible, il appartenait aux étudiants de passer du projet à une mise au point de l'image. Dès la mi-janvier, plusieurs réunions regroupant des dizaines de militants se sont tenues pour trouver le meilleur projet. Discussions acharnées, débats contradictoires, votes. Au bout du compte, c'est une majorité de jeunes qui a fait basculer l'opinion vers « les ressorts ». Pas simple le cheminement ! Eloquente, l'affiche de Nicole Labesse mais la gestuelle de ses coureurs était quelque peu trop chorégraphique. Très graphique celle d'Anne Aubert et très parlante pour représenter l'idée de course à pied. Mais elle n'exprimait pas l'idée de tous les sports. Belle image, l'affiche de Nadia Pouteau avec ses coureurs à la conquête du globe terrestre, mais là aussi même critique: elle n'exprime pas l'idée de tous les sports. Superbes taches colorées: le projet d'Anne-Sophie Rouvillois et d'Anne Froment a été jugé trop littéraire en dépit de ses qualités plastiques. Le mille-pattes de Paul Clavel avec ses Différences - n° 65 - Mars 1987 chaussures de sport quant à lui visait juste, il traduisait bien l'idée de tous les sports; il exprimait aussi l'idée de rencontre de milliers de personnes venues de tous les horizons liées par la même envie d'être ensemble ... En un mot, il représentait ce que l'on voulait exprimer. Problème! Le milIepattes? ou les ressorts ? les ressorts ou le mille-pattes? Cornélien, non ? Justement c'est parce que le choix était cornélien que les débats ont duré, duré, duré ... Les partisans de l'un voulaient emporter l'adhésion des partisans de l'autre; les partisans de l'autre voulaient emporter l'adhésion des premiers. Ce sont ceux-là qui ont eu gain de cause en finale. Pourquoi? Bien malin qui le dira. L'affiche est un art. et dans cet art. il y a comme dans tous les arts quelque chose de magique, quelque chose que les mots n'expriment pas, quelque chose qui plaît plus qu'autre chose et ce quelque chose-là échappe tout simplement à l'analyse. « Le ressort », on a aimé, juste un peu plus, c'est comme ça et tous les raisonnements du monde n'y pourront rien changer. Seul le temps fera peut-être que dans six mois ou plus ou moins on reviendra à l'idée du mille-pattes, nul ne le sait! Ce que l'on sait aujourd'hui de façon sûre à l'atelier Prep'art c'est que la communication par lïmageest une chose à la fois simple et difficile. Simple, parce que pour parler, une affiche doit être simple. Pour être immédiatement perceptible. les images , les couleurs, les formes doivent parler avec le langage que les esprits peuvent comprendre. Difficile , parce que pour arriver à cette simplicité , le cheminement est tout sauf rectiligne. Alors tous ceux qui ont cherché , qui se sont colletés avec euxmêmes pour approcher du but ont permis précisément d'atteindre ce but. Pour leurs efforts, pour leur talent. ils méritaient un grand coup de chapeau. C'est fait. 0 Taches de couleur, mille-pattes, chorégraphie: un premier choix difficile. (1) Prep' art : Atelier préparatoire aux écoles supérieures d·art. Cours du jour et du soir (2 ans). 36. rue Claude-Decaen. 75012 Paris Tél. : 47,00.06.56 - ·BAIA9.6.t Prep 'art organise en outre tout au long de l'année des stages spécifiques de « Pers· pective » dans le cadre de la formation continue destinés aux professionnels et étudiants dans les domaines de l'architecture. bâtiment-tra,'aux publics. design-publicitéédition- illustration. Dix ans, ça vous pose on festival. Pour sa onzième édition, et malgré des problèmes que connaissent tous les festivals de musique: finances, démarches administratives lourdes et complexes pour faire venir les artistes; le Printemps de Bourges promet une fois encore un programme de haute qualité pour 1987. Le pari est de faire connaître au public de nouveaux artistes français et étrangers, francophones ou non. Une recette inédite dans la programmation produit à chaque fois son effet sur les spectateurs. Rendez-vous du 17 au 26 avril, avec 270 artistes, 11 spectacles et une nouvelle salle. DES l'année 1978, le Printemps de temps constitue le vecteur de pénétraBourges réunit avec succès sur sa tion d'autres musiques en France, mais scène des artistes des différents conti- aussi celui de la chanson française à nents: Amérique du Sud (Chiliens, l'étranger. Quelques noms de passage à Uruguayens, Brésiliens) et du Nord Bourges bien avant qu'ils ne figurent en (Québec, Etats-Unis), d'Europe de bonne place dans les supports médiatil'Est (Bulgares, Roumains, Hongrois), ques nationaux: Ana Prucnal, Quilad'Afrique du Nord (Tunisiens, Maro- payun, Carteto Cedron, N acer cains) , et d'Europe occidentale (Sué~ Irouane, Djurdjura, Yousoun' Dour, dois, Catalans ... ). Le plus souvent, et Mori Kanté et Turé Kunda. dans la mesure du possible, lorsqu'un Leur réussite est bien sûr imputable à artiste ou un groupe plaît, il se produit leur persévérance et leur travail, mais plusieurs années de suite. C'est le cas de aussi à la sensibilité de gens tel Jacques Turé Kunda, qui connaît aujourd'hui Erwan, chargé des musiques étrangères un succès exemplaire, aussi bien dans au Printemps de Bourges et au Théâtre l'Hexagone qu'en Afrique. de la Ville. «Nous devons aussi faire De là à penser que Bourges permet à un attention aux modes, déclare-t-il, car il parallèle de musiques et de structures nouvelles qui se passent des circuits traditionnels. Or, le mérite d'un festival tel que celui de Bourges, c'est d'être également réceptif à ce qui est fabriqué musicalement en France en intégrant des dispositifs musicaux (textes, rythmes, intervalles, modes, ... ) déjà existants, ou non, dans des cultures extranationales. Et on est pas peu fier parmi les organisateurs, d'avoir réussi à programmer des artistes sortis du fond . d'une cave de banlieue. . Une chance pour nous artiste inconnu en France de s'y faire un ne s'agit pas de passer à côté de la El Orban, groupe de rock ouvriernom, il y a un vide qu'on ne peut plaque. Néanmoins, notre souci reste de maghrébin, est de ceux-là. Il accomplit franchir. Néanmoins, cette heureuse présenter de nouvelles musiques et de un double exploit: vaincre l'indifféinitiative favorise l'émergence de nou- nouveaux artistes et leur permettre de rence où ils étaient relégués jusque-là, veaux styles (dont Différences se fait relever le défi. » et l'intolérance du chauffeur de taxi qui l'écho) venus d'autres horizons. Ceux Ce qui fait aussi la particularité de ce refuse de les transporter, cela en marqui viennent d'ailleurs, et parfois de festival, c'est son public: composé pour chant à pied de la gare jusqu'à la scène loin, contribuent activement, en les moitié de gens originaires de la région, du Festival. conservant vivants, à la diffusion et la assez modestes financièrement, très De plus, conjointement à cette action perpétuité du folklore et du répertoire fidèles, avec plusieurs Printemps à leur de découverte de musiques nouvelles, le du pays d'origine. Cela pour notre plus actif, absolument curieux et résolument Festival de Bourges présente des argrand plaisir ! confiants en la programmation. Ainsi, la tistes dont la fonction essentielle est de En 1986, le Festival du Printemps de reconnaissance des musiques étrangères nous restituer un folklore et un réper- Bourges invite des chanteurs de dix-huit en France passe donc par les specta- toire traditionnel. Cela commence dès nations différentes à se produire, et teurs, à l'inverse d'autres festivals à qui 1978 avec les groupes sud-américains à c'est à chaque fois le succès. Cela est on reproche un caractère trop officiel, une époque où leur musique est particupossible grâce à une idée originale: le voire élitiste et même exclusivement lièrement appréciée en France. En jumelage d'artistes étrangers avec les commercial. Elle devrait aussi passer 1979, même démarche. 1980 s'oriente étoiles françaises, recette rassurante par les producteurs qui font souvent vers la Méditerrannée avec une artiste pour le public novice, mais aussi atti- preuve d'un manque flagrant de curio- grecque et un Turc, rassemblement rante et doublement alléchante. En sité. éminemment politique. 1981 est général l'association des deux produit oriental avec le Japon. 1982 s'intéresse plusieurs effets: sur les artistes eux- Origine rurale à la Sardaigne (Maria Cart a) et à mêmes, en faisant tomber certaines Madagascar. 1983 est africain, avec la barrières psychologiques, notamment Plus récemment, on note, aussi famille Turé et Francis Bebey. Quant à en matière de collaboration, et puis sur bien en France qu'à l'étranger, la 1984-1985, ils rassemblent tous les horiles spectateurs qui découvrent un autre naissance et la transformation de styles zons. aspect de leur idole en même temps musicaux d'origine rurale, en une forme A noter que, pour la plupart, notamqu'ils découvrent la richesse musicale et urbaine dont les thèmes développent les ment en ce qui concerne l'Amérique du la qualité de la vedette étrangère. problèmes politiques et culturels d'une Sud, les artistes invités sont établis en La même année, Yves Duteil joue avec population particulière. Or jusque-là, si France ou en Europe du fait des un groupe portugais inconnu ici: Tro- l'artiste voulait réussir, il devait dé- dictatures au pouvoir. Une chance pour vante, lequel est assuré de trouver à nicher un producteur en France sous nous. Bourges bénéficie aussi de la Bourges, un public, des médias, mais peine de voir la diffusion de son oeuvre présence sur notre sol de grandes aussi toute une infrastructure de profes- très limitée. dias por as (j ui ve, arménie nne, sionnels du spectacle susceptibles de Ce qui est paradoxal, par exemple, ce tzigane ... ). donner une suite à cette expérience. sont les groupes africains qui viennent «Décider au plus haut niveau une Conséquence: aujourd'hui Trovante se enregistrer des maquettes à Paris, alors semaine de la chanson d'expression produit au Théâtre de la Ville de Paris, que sur place il y a d'excellents studios française alors que cette dernière se mais aussi à Lisbonne en mai avec (Sénégal, Côte-d'Ivoire, Bénin) et de nourrit d'influences étrangères, semble _ Karim Kacel. fantastiques preneurs de son. A Paris, paradoxal, poursuit Jacques Erwan. Il Karim Kacel : rendez-vous à Bourges. français tels que Reggiani, Dalida, en passant par Brel, Hallyday ou Salvador. N'oublions pas non plus les autres formes linguistiques de l'expression française: breton, tzigane, basque, flamand, catalan, créole ou corse, qui constituent un apport non négligeable. La chanson française est plurielle, et lorsqu'on sait que Trenet a séjourné à Berlin dans les années 30, et côtoyé toute une culture musicale, telle qu'elle est chantée par M. Dietrich, on mesure mieux la diversité de nos influences. » Bourges, enfant chéri des festivals, reste donc pour l'instant synonyme d'échanges, qui constituent une des finalités de l'art. Reste le plaisir! A Bourges on sait bien que plaisir et profit sont trop souvent liés. 0 JEAN-LOUIS GAILLARD ON A TROUVE DANS LE PROGRAMME: • DES MARIAGES D'UN SOIR : Jane Birkin et Guy Bedos, Ray Charles et l'Orchestre national d'ile-deFrance, John Mac Laughlin et Jonas Hellborg, Karim Kacel et Bernard Lavilliers, le Printemps de Nashville avec Emmylou Harris et Jerry Lee Lewis, Gilbert Bécaud et Charles Trenet Sapho et Bashung. • DES VEDETTES : Les Dogs, the Pogues, Pierre Desproges, Kassav, James Brown ... • DES ARTISTES A CONFIRMER : Mauranne, Philippe Caubère, Johnny Clegg . • DES ARTISTES A DECOUVRIR : Carl Biscuit, Bizarre Bizarre, Un magicien, jeune, beau et vraiment magique: Abdul Alafrez LES MEGAPHONIES D'HENRI Avec Henri Guédon, on a toujours l'impression de feuilleter un passeport émis aux Caraïbes, mais dont chaque page serait tamponnée d'un visa pour l'univers. Son dernier disque enregistré avec l'Orchestre d'harmonie du Havre, dirigé par Philippe Langlet, nous propose une réflexion musicale multiculturelle. La démarche est intéressante, le résultat sur le plan musical l'est moins: l'alliance d'un big band, d'un orchestre d'harmonie, de choeurs, de rythmes africains, pèche parfois par excès. On aimerait revenir à plus de limpidité. , lM Cet exemple illustre comment le Prin- on assiste depuis peu au développement suffit d'examiner l'origine de chanteurs 1 I ____________________________________ ~ ___________________________ ~~ _______ ~~ ____ ---~~----------~------------~ Cependant, le spectacle en vaut la chandelle, et, le 18 mars, tout le monde (40 musiciens, plus Henri Guédon et ses compères) sera sur scène, au théâtre de la ville du Havre, pour enregistrer l'Opéra triangulaire (à voir aussi dans Mosaïque le 5 avril). Différences - n° 65 - Mars 1987 Il LA BANDE DESSINEE SAISIE PAR LA POLITIQUE A SUIVRE: CROYANCE, MUSIQUES ET CORTO De plus en plus, les auteurs de BD sentent le besoin d'agir: lutte contre le racisme, solidarité internationale, dénonciation de l'injustice ou des brutalités policières. Voici Müss, Beka et Grapus, trois graphistes pour une bonne cause. • A l'époque où la télé n'avait pas exercé la percée fulgurante Qu'on connaît aujourd'hui (à tous les étages des HLM !), les journaux de bandes dessinées constituaient l'influence médiatique la plus forte sur la jeunesse, Au départ, un dessinateur tout seul, Müss, qui publie à compte d'auteur. Sans doute pour se faire plaisir, mais aussi et en même temps pour véhiculer des idées (alors, il milite à Terre des hommes) et pour que ce travail profite à une cause. Question graphisme, ça va de mieux en mieux (deux albums alors : Des petits enfants en pagaïe et Du tiers comme du quart, épuisés depuis). Quant aux ventes du Coureur de fond solitaire, elles atteignirent bien leur but. En 1980, simultanéité entre la sortie d'un album et une exposition. Beaucoup de travail pour un homme seul et pour une seule occasion. D'où l'idée de rendre l'exposition itinérante. D'autant plus exploitable qu'elle sera (ainsi que toutes les suivantes) toujours prêtée gratuitement si on nous permet ce pléonasme. Donc, expositions de dessins sur le tiers monde ou les droits de l'homme. En 1982, naît Regards et graphisme, association loi de 1901. Rien de nouveau de prime abord (dessiner et éditer pour les autres) , si ce n'est de protéger fiscalement l'auteur. Il est courant - du côté des Financesqu'on soit sceptique quand un homme travaille gratuitement. Avec le temps, l'association va peaufiner l'intuition. Côté financement, les sociétaires ajouteront aux droits d'auteur pour chaque sortie d'album (approxi- Voici donc en place les matériaux de base, des éditions au profit de causes humanitaires et des expositions prêtées. Mais le plus dur reste à faire, puisque, paradoxalement, les financements - sans jamais recevoir une seule subvention - sont conçus, expérimentés et concIuants, La vraie difficulté sera de faire connaître une association d'une vingtaine d'adhérents dispersés à travers la France. Et plus difficile encore, ne pas être pris pour des opportunistes, des commerçants avisés, voire astucieux mais dépourvus d'émotions, Pourtant, lentement, très lentement, l'asociation va faire son chemin. Rien de spectaculaire ni de fracassant, mais être militant c'est aussi apprendre la patience. Ceux qui, au début, manifestèrent un sceptimativement moitié-moitié). Prêts jus- cisme tous azimuts, devront réviser qu'ici toujours remboursés dans les six leurs jugements. mois qui suivent (trois titres depuis Bref, Regards et graphisme n'est pas 1982, voir bibliographie). autre chose qu'une« maison d'édition» De financiers, les sociétaires-prêteurs très artisanale. Avec ceci de particulier deviendront lecteurs ou plus précisé- qu'elle ne comprend que des bénévoles des cartes postales), dont elles conservent les bénéfices au profit de leurs actions (approximativement 50 % du chiffre d'affaires), Question commandes ou dépôts, pas d'investissements préalables, en général les associations n'ont pas les moyens: on règle toujours après la manifestation prévue, après les ventes effectives, on fera difficilement mieux comme offre ! Dans la plus mauvaise hypothèse - parfois simple question d'organisation -les demandeurs couvriront leurs frais, Quand l'hypothèse est parfaitement exploitée, ce sont des fonds supplémentaires s'ajoutant aux rentrées financières habituelles. Un dessinateur qui traite bénévolement du tiers monde, des droits de l'homme, une association qui édite sans que les questions de bénéfices soient son propos, qui propose matériau (le dessin) et matériel (albums et expositions) pour consolider le nerf de la guerre d'associations diverses, mais ayant en commun la fraternité et la solidarité, voici ce que proposent Müss et Regard et graphisme. Est-il besoin de dire que les sociétaires entremêlent des courants d'idées différents? Que tous militent ou ont milité? Ils ont en commun de ne pas être des indifférents et une semblable façon de regarder le monde et de s'y sentir impliqués. Quant à Müss, nous n'en saurons pas plus, sinon qu'il vient du monde ouvrier et qu'il est professeur d'atelier dans un LEP. Voilà. 0 / ,-;::- ~~/Ç/O~ / KAMEL ET MOHAMEO n'ont pas 'intention de compter pour du beurre dans le dessin d'humour. A la limite du beurre rance et du kabyle mental, ils forment un redoutable couple d'illustrateurs. Contact: Beka, cio Angi, 48.34.85.07. GRAPUS, peut-être ce nom ne vous dit-il rien. En revanche, vous ne pouvez pas ignorer le travail de cette agence de graphistes. Depuis quinze ans, ils ont révolutionné le petit monde de l'affiche, plutôt propret et gentillet avant eux. Grapus vient de créer cette affiche contre l'apartheid, qu'ils ont offert à Breyten Breytenbach. Grapus, 48.70.00.11. Et les stéréotypes Que les publications d'alors trimballaient (Tintin en est, à ce sujet, exemplaire) n'étaient pas piqués ' des vers ! Après de nombreuses études sur le contenu politique et social des BD, Bandes dessinées et croyances du siècle, s'attaque bravement (mais avec le sérieux de la sociologie) à un morceau de taille: les stéréotypes religieux (en d'autres termes, la tentative de modernisation du message religieux, principalement catholique) dans la BD francobelge, auxquels sont venus se substituer peu à peu les formes du fantastique. 0 Bandes dessinées et croyances du siècle, par J. -B. Renard, aux éditions PUF. • Le Ve Festival BD, opéra BD-musiques aura lieu les 14 et 15 mars 1987 à Lisses-Evry ville nouvelle. Plus de 60 dessinateurs sont attendus autour de François BOUCQ. Trois concours verront s'affronter de jeunes créateurs, A côté de cela se donneront des expositions originales et des animations avec le concours de l'Op,éra de Paris et de l'Ecole nationale de musique et de danse de la Ville nouvelle d'Evry, ainsi Qu'un festival de dessins animés pour enfants. Renseignements: 60.86.13.45.
~/~------~
• Le nouveau Corto (n° 12, trimestriel) accueille un invité de marque, Manara, Qui y livre enfin la suite de H. p, et Guiseppe Bergman, avec l'Anatolie pour tJ,tq "Df1~ l décor. 0 VOtlS f/(.. ressembkl fas i1eaucf)Uf. ! vofre catte d',dedrté j ~~/!7 f/ BERNARD GOLF/ER UNE REVUE D'INFORMATION, DE REFLEXION ET DE DENONCIATION SUR CE QU'EST LE GUATEMALA D'AUJOURD'HUI ET CE QUE POURRAIT ETRE CELUI DE DEMAIN. UNE TRIBUNE OUVERTE AUX LUTIES GUATEMALTEQUES ET A CEUX QUI LES SOUTIENNEm-. ment formeront un comité de lecture. et ne travaille J'amais en milieu commer- L'abonnement annuel est de 70 francs pour 4 numeros. L'abonnement de soutien est de ... soutien. Regards et graphisme, BP 35, 33290 Blanquefort (joindre un timbre pour la réponse). Tél . .' 56.95.08.77 (le soir). .:M.-- téttt/ che. ..... i'/llê corrfrolé Ce sont eux désormais qui déterminent cial. Seules les associations profitent iL J a .d~ heure] _ le choix des dessins, réel échantil- des expositions et d e 1a vente d es Reglement au: Collect.i f GuIaf)t em45al7a9, 6677,5 7m e du Theatre, 75015 Paris 1 ~ 1~lo~n~n~a~g~e~d~e:s~l~e:c~te:u~r~s~à~v~e:n~i~r.~ ________ ~a~1~bu~m~sj(~e:t~m~a~i~n~te:n~a~n~t~d~e:sJP~o~s~te:r~sJp~u~iS~ ________________________________ 17 janvier 2012 à 13:42 (UTC)~:;17 janvier 2012 à 13:42 (UTC)::::::::::17 janvier 2012 à 13:42 (UTC)~~::::::~::::::::::::~ Différences - n° 65 - Mars 1987 '----- 1 ID AGENDA 4 jusqu'au 16 avril, au théâtre des Amandiers de Nanterre, le Suicidé, comédie de Nicolaï Erdmann, dans une mise en scène de Claude Stratz. Rens. au 47.21.22.25. 6 jusqu'au 4 avril, Tango, tango, avec Josefina, à 22 heures, aux Trottoirs de Buenos Aires. Le dimanche, jazz sud-américain, le lundi place aux jeunes fanas du tango. Le dimanche à 17 heures, bal tango avec le Cuarteto Argentino. Il y a aussi des cours. De tango! Rens. au 42.33.58.37. 12 Pharoah ~anders Quintet, u~ géant du Jazz, au New Mormg, 7, rue des Petites-Ecuries, à Paris Xc. Rens. au 45.23.56.39. 14 Pierre Meige : de l'humour, du rythme, du rock et du charme, au centre culturel Gérard-Philipe à Brétigny. Tél. : 60.84.38.68. 15 Manifestation à Paris à l'appel à l'appel de 180 associations pour s'opposer au projet de réforme du Code de la nationalité. Rens. au MRAP, 48.06.88.00. 17 Julos Beaucame au Déjazet. Belge wallon, chanteur pour les grands et les petits. « Nous sommes entrés dans l'ère vidéo-chrétienne, il n'y aura plus qu'une seule école, récole cathodique. Déjazet, 1, boulevard du Temple, Paris IY'. 17 au 22,14" Rencontres d'Epinay, consacrées au court métrage. Une compétition rassemblant une cinquantaine d'oeuvres, un hommage à Jean-Claude Brialy et à l'émission Cinéma, cinémas. Rens. au 48.26.33.46. 19 au 22, danse en Yvelines 87, un festival de la jeune chorégraphie française, en collaboration avec le CAC de Saint-Quentin-en-Yvelînes, le théâtre du Mantois, la maison Jean-Yilar de Marly-le-Roi, la Biennale de danse du Yal-de-Marne. Avec les compagnies Sidone Rochon, Maïté, Fossen CIo Lestrade, etc. Reus. au 30.58.45.75. s P E C TAC L E s DANSE-THEATRE JEANNE ET MAO. Peu après les remous estudiantins qui ont agité ces derniers temps la Chine et les purges qui ont suivi, cette (re)mise en scène (mais sur les planches cette fois !) du procès de la veuve de Mao tombe à point nommé ! Seulement, le parti-pris de cette nouvelle production du théâtre de l'Aquarium est surtout de revisiter, à la lumière de la dérision, cette ... sombre affaire. La veuve ici présente a en effet emprunté quelques traits à notre pucelle nationale et la confusion sciemment entretenue entre ces deux hérétiques face à deux orthodoxies a au moins le mérite d'ouvrir la brèche d'une saine dérision, même si le procédé n'est pas toujours parfaitement convaincant quant à la démonstration qu'il vise. 0 Le Procès de Jeanne d'Arc, veuve de Mao Tsé Toung. Jusqu'au 29 mars, 20 h 30, au théâtre de l'Aquarium. LE SAGE. Voici une pièce écrite en 1779 par l'un des représentants de la philosophie des Lumières. Elle s'articule autour de Nathan, marchand et philosophe, qui s'applique à faire coexister, au temps des croisades, juifs, musulmans et chrétiens à Jérusalem. 0 Nathan le Sage, de G.E. Lessing. Du 10 mars au 12 avril à 20 h 30 au théâtre de Gennevilliers (mise en scène de B. Sobel). VOYAGES En musique au Théâtre de la Ville : - Lakshmi Shankar, cette grande chanteuse, élève de Ravi Shankar, véhicule à travers sa voix la tradition de l'Inde du Nord, passe en un concert unique le 22 mars à 20 h 30. - Adnan Ataman et son ensemble donnent, quant à eux, un concert de musique et de chants d'Anatolie les 13 et 14 mars à 18 h 30 et le 15 mars à 20 h 30. - Lluis Llach, ce symbole de la Nova Canço, se produit en compagnie de Maria dei Mar Bonet et Marina Rossell les 17,18,20 et 21 mars à 18 h 30. 0 B. G. vrai et le faux, la réalité et la fiction. Le découpage de l'adaptation, effectué à partir de ce récit-journal, s'est voulu au plus près du mouvement même du texte, qui demeure le véritable moteur de ce travail théâtral. 0 La Presque Innomée. Du 4 mars au 5 avril au théâtre du Chaudron (Cartoucherie de Vincennes). 0 DRAGUE. Une pièce de conversation plus que de dialogues, qui évoque la drague comme passe-temps, comme divertissement, sans oublier pour autant la réalité du terrorisme du discours ... Un peu de temps qui passe. 0 Un peu de temps à l'état pur, de Jean Magnan. Du 24 mars au 11 avril, à 19 h 30, au théâtre de la Bastille. Jeanne et Mao. ELLES. Miléna la vie, une adaptation au théâtre de Miléna, de Margarete Buber-Neumann, qui se propose de rendre compte de l'itinéraire de Milena, ce «feu vivant» selon Kafka, d'éclairer cette amitié entre deux femmes, Miléna et Margarete, dans le contexte du camp de la mort de Ravensbrück et de témoigner d'une tranche d'histoire dont notre présent est encore imprégné. 0 Miléna la vie. Jusqu'au 28 mars, à 21 heures, au Carrefour de la différence (mise en scène de Catherine Espinasse). PERFORMANCE. Notes from the Moroccan Journals, une performance bilingue, mais en solo, de Nancy du Plessis, a pris son origine dans un journal tenu par l'auteur-interprète lors de son séjour dans un village marocain. INNOMEE. Au départ du spectacle, un Le chef d'un groupe de musiciens vif intérêt de la compagnie Carcara traditionnels lui demande d'épouser son Product pour J. M. Coetzee, romancier fils pour faciliter son émigration aux afrikaan contemporain. Son livre, Au Etats-Unis ... 0 2 0 coeur du pays, se présente comme un Notes Jrom the Moroccan Journals, de aNua2n2te,s2, 'à F lo'irnuitmiaitnivteer dcue l3tu3r elà d ocument auto bl' Ograp hI' que (c1e U'l Nancy du Plessis. Le 18 mars à associations, sur le thème: « Les d'une femme blanche qui se veut diffé- 21 heures, Centre Pompidou. ID Limm:ig:::r:é:s.:et:l::e:s.:F.::ra::n:ç:a:îs~c:ré:e:.:n:t-e:n:se:.:m:.::::..bl:.::e:...l_~r:..:e:..:n:..:t.:.e_d::..e~se::..s:........co.:..n_s_oe_u_rs~)_o_u_' _s_e_m_ê_le_n_t_l_e __________ 8_E_R_N._~_R_O_G_O_L_F,_IE_R-...l YVES THORAVAL B LOC-NOTE s K ATEB YACINE. Poète, dramaturge, romancier, le plus grand de l'Algérie. C'est lui qui s'est vu décerner, pour 1986, la plus haute récompense du ministère de la Culture français : le Grand Prix national des Lettres. Une occasion pour lire ou relire son oeuvre et, surtout, pour découvrir de magnifiques inédits (de ses 15 ans à aujourd'hui), tout récemment publiés, un mois avant sa mort, par Jacqueline Arnaud, chez Sindbad : L'OEuvre en fragments. L'ILLUSTRATION. Pendant un siècle, de 1843 à 1944, une revue illustrée, « universelle », a reflété, en 5 923 numéros, la vie des Français sous toutes ses formes: politiques (affaire Dreyfus, Panama, la Grande Guerre), les faits divers (Bazar de la Charité, procès anarchistes), ou culturels (Zola en locomotive, les expositions universelles, Marcel Proust, Mistinguett) : L'illustration, le fleuron illustré de l'âge d'or de la presse française (1880-1914). Avec des signatures comme celles de George Sand, Loti, Barrès, Clemenceau . .. Musée de Paris par excellence, le musée Carnavalet est le lieu idéal pour retracer cette fabuleuse aventure de presse, à l'aide de centaines de dessins, caricatures, lithographies, photographies et illustrations originales de toutes sortes tirées des six millions de documents de la revue : une leçon d'histoire et une belle promenade dans la nostalgie. 0 ATELIERS NATIONAUX. « Que cent fleurs s'épanouissent ... » C'est presque le message de la direction des Musées nationaux qui développe, d'une manière spectaculaire, les initiatives pour amener toutes les catégories du public (petits enfants, scolaires, travailleurs pendant les poses de midi, personnes âgées), non seulement à la découverte de leurs collections, mais également vers des ateliers ouverts à tous, aux groupes scolaires en particulier. Ainsi, selon le principe que la pratique personnelle d'une technique permet de mieux appréhender une forme d'art et son histoire, six ateliers, jusqu'à présent, avant que d'autres ne s'ouvrent, offrent la pratique des arts suivants aux enfants de 7 à 17 ans. Au Louvre, d'abord, découverte des hiéroglyphes, des coutumes funéraires et de l'art égyptiens. L'Egypte, toujours, peut ê~re abord~e par le Nil, les bijoux ou le tissage antiques. Le Différences - n° 65 - Mars 1987 Govidér Triki, la peinture tunisienne. Musée des monuments français (Palais de Chaillot) permet de s'initier à la sculpture, à l'architecture, et aux fresques médiévales et au modelage. Le musée Guimet, temple des arts de l'Inde et de l'Extrême-Orient offre des ateliers d'écritures asiatiques pour comprendre que les alphabets d'Occident ne sont pas les seuls au monde. Guimet donne aussi des cours de danse indienne au milieu des sculptures. A Saint-Germain-en-Laye, le musée des Antiquités nationales propose des séances d'empreinte sur argile autour des arts paléolithiques, ou des séances de maquette et de mosaïque à partir de la civilisation gallo-romaine. Le musée des Arts africains et océaniens, qui a, enfin, le vent en poupe auprès de la direction des Musées, propose avec un succès croissant aux enfants et adolescents des ateliers sur les masques africains et océaniens, sur les arts décoratifs et les contes du Maghreb (avec Hama Méliani) et sur la calligraphie arabe avec le grand Massoudy. A ce propos d'ailleurs, cet atelier Signes du musée des AAO, présente actuellement pour tous, après les peintres marocains et avant ceux d'Algérie, une exposition très bien accrochée de six des plus intéressants peintres tunisiens actuels, de l'Ecole de Tunis des années 60, aux plus vigoureux talents d'aujourd'hui: Azzabi, Ben Meftah, Kamel, Mahdaoui, Gouider et Hedi Turki. Des artistes qui, tout en gardant une personnalité propre à leurs racines culturelles, sont résolument ancrés dans les courants de cette fin de notre siècle. Direction des Musées de France, ateliers/ animations. Rens.: enfants, adultes, groupes, 34, quai du Louvre, Paris 75001. Tél. : 42.60.39.26. Musée des AAO. 293, av. Daumesnil, Paris 75012. Tél. : 43.43.13.54., p. 430. Musée Carnavalet. Tous les jours, sauf lundi, de 10 h à 17 h 30. Jusqu'au 26 avril. Groupes, infos. Tél.: 42.72.21.13. et participent à la vie de la cite. »Trois jours de forwn qui se tiendront à la manufacture des tabacs, maison des Associations, 11, boulevard Stalingrad. Rens. au 40.47.88.36. 2 0 au 7 avril, Semaines de la · marionnette à Paris, avec notamment de nombreuses troupes présentées à Sceaux, au CAC, Les Gémeaux. Rens. au 46.60.05.64. 2 0 à 21 heures, Mariann Mathéus " présente sous spectacle « La tradition revisitée » au CAC de Marnela- Vallée. Rens. au 60.05.64.87. 21 Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale. 21 Foulées multicolores, manifestations sportives à l'initiative du MRAP dans 34 villes de France. Rens. au 48.06.88.00. 21" Les pratiques culturelles de. 1: Islam , en Frànce, colloque orgamse par )' ADEREC, association pour le développement des relations entre les communautés. Rens. au 45.89.89.15. 2 7 de 9 h 30 à 17 heures, Journées d'études à l'initiative de l'école des parents et des éducateurs, Ile-deFrance, sur le thème: « Pparents séparés : pratiques mode de vie, stratégies ». Rens. au 43.48.00.16. 31 la comp~gnie b,r~siIi~nne Macunatma, qUi avaIt brillamment inauguré la maison des Cultures du monde en 1982 revient à Paris, du 31 mars au 12 avril au théâtre des Amandiers de Nanterre. Rens. au 45.44.72.30. Attention: L'Institut d'études politiques de Paris, soit« Sciences po », organise en avril 1987 un cycle de douze conférences, dans le cadre de la formation continue, consacré cette année à l'environnement international, crises régionales et modifications de l'équilibre international. Ce cycle destiné à donner !:ln nouvelédairage SUI l'équilibre mondial débutera le 27 avril pour se terminer le 12 juin. Inscription individuelle 450 F, au titre d'un Organisme ou d'une entreprise 1 ,800 F. S'adresser à M. Forestié, directeur du service de la formation continue, lEP Paris, 21$, boulevarl Saint~Germajn, '75007 Paris. Tél. : 45.49.50.50, Il ' 1 l ' 1 M u s QUE s COSMOPOLITES THE REST? Paul Simon se fait une deuxième jeunesse. En concert au Zénith le mois dernier, il a cassé la baraque, mais pas seul: Myriam Makéba et des musiciens sud-africains ont apporté le very special touch qui fait de Paul Simon la vedette de l'année. Attention, c'est une histoire d'amour ! Paul se morfondait sur les bords d'une piscine californienne. Il lui manquait le feeling, le fil conducteur, et son futur album stagnait. Un copain lui prête une cassette, Gumboots (la musique des mineurs et des cheminots sud-africains) Accordéon live Hils, vol. 2. Une musique à mi-chemin entre le rock et l'Afrique noire, à la fois dure et pleine de joie de vivre. Coup de foudre. Paul prend contact avec Hilton Rosenthal, le producteur de Juluka, premier groupe mixte sud-africain. Il sélectionne une trentaine de groupes et s'envole pour Johannesbourg. De ces rencontres, naîtra Graceland, que beaucoup ont déjà sacré meilleur album de l'année 1987, pourtant à peine ébauchée, et ils risquent fort d'avoir raison . Et puis, il y a des invités: dans Diamonds on the soles of her shoes, y oussou N'Dour, la grande vedette du Sénégal joue des percussions. Los Lobos, le groupe le plus en vue de la West Coast américaine, amène la touche latino dans Ali around the world. Les puristes ont reproché à Paul Simon d'avoir brisé le blocus instauré face au régime de l'apartheid. «Quand on évoque l'Afrique du Sud, c'est pour parler de l'apartheid, répond Paul Simon. Les gens n'ont aucune idée de la culture. Ils ne soupçonnent même pas qu'il en existe une. Outre le fait que ces musiciens sont excellents et que leur voeu le plus cher est d'être entendu hors de leurs frontières, ce serait une seconde punition. Ils sont déjà persécutés par leur gouvernement, ne pas y aller revient à dire : "Personne ne peut travailler avec vous parce que vous êtes sud-africains". » De fait, on a jamais tant écouté de musique sud-africaine aux Etats-Unis, et les disquaires new-yorkais ont fait le plein. Le live music côtoie Kassav et Touré Kunda, découverts par la même occasion. Espérons qu'en France aussi ... - VERONIQUE MORTAIGNE Graceland, Paul Simon. W EA 9254471. Ladysmith Black Manbazo, Sanachie 43040. Zulu live, the indestructible beat of Soweto, Sanachie 43 033. BLEUES. Ringarde, la banlieue? Pas si sûr, répondent les accros de la petite ceinture. Et de lui redorer le blason! Opérations d'urbanisme avec Banlieue 89, étés fous avec les Fêtes des Forts, aux portes de Paris, et voici la quatrième édition de Banlieues bleues, quatre semaines de jazz, et du bon, en Seine-Saint -Denis. Ça démarre le 6 mars à Bobigny par le Vienna Art Choir, des voix, du swing et Pau Simon. de la tradition helvétique. Ensuite, Sur le plan musicial, Graceland est, de impossible de tout citer, il Y en a trop. fait, excellent. Des arrangements origi- Mais quand même. naux, un mélange de rythme, d'émo- D'abord, les vedettes. Le 14 mars, tions, d'Afrique et d'Amérique, des Charlélie Couture à Sevran; le 17, le titres obligatoires: The boys in the violoniste Didier Lockwood, à La bubble, avec Tao Ea Matsekha, un Courneuve; le 19, le batteur Elvin groupe du Lesotho, une basse à tout Jones à Saint-Denis; le 21 Joachim rompre et un accordéon joueur, Home- Kahn, Daniel Humair, à Drancy; le 27, less, chanté a capela en anglais et en Eddy Louiss, à Tremblay-lès-Gonesse; zoulou par Paul et son complice Joseph le 31, Steve Lacy, à Montreuil. Shabalala. «Homeless, homeless, Le 3 avril, le très classique batteur Max moonlight steeping on a midnight lake. » Roach à Saint-Ouen, en duo, tenezLe clip arrive en tête des hits. On y vous bien, avec le saxophoniste Ornette découvre un petit Paul aux allures Coleman, un des créateurs les plus timides, entouré des Ladysmith Black originaux issus du free jazz. Le lendeManbaza, en costume traditionnel, sur main, ne fatiguez pas, allez danser avec fond d'images de vie quotidienne dans UB 40, reggae multiracial made in Il les townships: matraquages, bulldozers Birmingham, toujours à Saint-Ouen. jazz français (Padovani, le 24 à Montreuil, Sylvain Kassap, le 31) et ceux venus de pays lointains : le saxophoniste japonais Shimizu Yasuaki, le 7 mars à Aubervilliers, les Ethiopiens Mahmoud Ahmed et Roha Band, le 10 à Pantin, Zani Diabate du Mali le 14 à Sevran. Enfin deux groupes sud-africains qui ont le vent en poupe en ce moment : Condry Ziquubu, le 28 à Sevran, et Johnny Clegg, un Blanc qui fut avec Sipho Mchunu à l'origine du premier groupe multiracial sud-africain, Juluka. Bref, en tout, seize pays, quatre continents, un 93 accueillant. - V.M. Banlieues bleues, du 6 'mars au 7 avril. ALPHA BLONDY. On l'a vu en février sur A2, aux Enfants du rock (excellente émission, très critiquée par ces temps répressifs qui courent au sein des chaînes publiques) ; il est sympathique, mais il nous a un peu endormi : trop naïf peut-être, cool, mais très baba, le Peace and Love sur un air de reggae traînant n'est pas pour réveiller les fatigués du samedi soir. Pourtant cet Ivoirien aux accents bigarrés a de la ressource. Son premier album, Jah glory, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires et est devenu un must du piratage en Afrique francophone. Dès lors, les clips vidéo répandent l'image d'un rasta iconoclaste et volubile, habillé de combinaison treillis bariolés, brandissant la Bible et le Coran, l'Etoile de David fichée sur un casque de chantier. Un peu fou, Alpha? Peut-être. Après quelques détours en Jamaïque en 1985, il affirme ses positions pacifistes dans son troisième album, Apartheid is nazism. En 1986, il obtient le prix Senghor du meilleur groupe africain. En attendant de réaliser son rêve, un concert Peace in the Middle East, il viendra au Zénith, les 6 et 7 mars, puis entamera une tournée de vingt villes en France, d'Annecy, le 9 mars, à Angers, le 3 avril. 0 Alpha Blondy. rasant les baraquements... Et puis, il y aura des espoirs, ceux du ,----------~------------------~----~------------------ CINEMAS SANS PASSEPORT l'Australie, l'Amérique, la Pologne, Axel Corti On nous avait déjà fait le coup avec Les dieux sont tombés sur la tête, . du « bon sauvage» qui ridiculise gentiment la civilisation dite avancée, pour la grande joie des box offices. Crocodile Dundee reprend le flambeau, on nous fait part du succès aussi écrasant qu'imprévu dans le pays d'origine
- l'Australie, des records battus
aux Etats-Unis. Comprenez, braves Français, qu'il vous faut y aller de votre million d'entrées, au plus vite, au risque de passer pour le dernier des Mohicans au pays du tiroir-caisse . Crocodile Dundee est un Australien un peu bourru, qui sort le moins possible du bush, règle vite ses querelles d'un direct du droit, sait être copain avec les Aborigènes. A tous ses clichés sortis des émissions de la TV australienne, s'ajoute un racisme diffus et condescendant. Le seul admirateur de Dundee quand il se retrouve à New York est le chauffeur noir de Sue et de son grand patron de père. Au pays des dégénérés, de la drogue et de l'homosexualité, le cowboy va apporter l'amour qui lave « plus blanc ». Joyeuse surprise: un dessin animé américain «Fievel et le Nouveau Monde. Le héros: Fievel Mousekevitz salué comme la première souris juive des dessins animés qui met fin au règne sans partage, pour ne pas dire impérialiste de ce protestant de Mickey. Il émigre avec ses parents vers le Nouveau Monde où «les rues sont pavées de fromage ». Nous sommes en 1885, tous les rêves sont possibles. Hélas, il y a aussi des chats en Amérique, aussi redoutables que ceux de sa Russie natale. Pour le réalisateur, il s'agissait de toucher petits et grands sur le sujet des immigrants, de montrer ce qu'était la misère et l'exploitation au début du siècle pour bon nombre des nouveaux venus. Autre visage de l'immigration vers le Nouveau Monde, guère plus souriant, celui que nous montre Axel Corti dans les deux premiers volets de Vienne pour Différences - n° 65 - Mars 1987 mémoire. Quand Freddy Wolf arrive à New York en 1947 avec des projets de conquête de l'Ouest, il découvre l'exploitation dans un atelier de confection, les réussites imaginaires qui ne viennent pas à bout de la nostalgie inassouvie d'une Europe à jamais perdue. Bonne nouvelle après le succès à Nanterre des projections intégrales des trois films de Corti, les meilleurs cinémas dans votre quartier ou votre région vont à leur tour les montrer. Pour prolonger ou anticiper ce plaisir vous pourrez lire, en édition bilingue, s'il vous plaît, Welcome in Vienna qu'a publié, l'A vant Scène Cinéma. Nostalgie toujours, dont Wajda citant le romantique Mickiewicz nous dit qu'elle est le pain quotidien des Polonais pour son dernier film Chroniques des événements amoureux. Cela se passe avant-guerre en Lituanie: catholiques, juifs, orthodoxes, protestants coexiset Micheline Presle Crocodile Dundee: des records battus, des vieux cljchés. taient et les rues de Wilno bruissaient de toutes les langues, du yiddish au polonais en passant par le français et l'allemand ... 0 CHRISTIANE OANCIE CRETEIL, IXe Le IX' Festival de films de femmes nous propose cette année de redécouvri r troi S femmes «références»: une réalisatrice, Vera ChytUova, tchèque et auteur d'une vingtaine de longs métrages, une actrice, Micheline Presle que l'on pourra voir dans dix films, depuis Paradis perdu (1939), jusqu'à Beau temps mais orageux en fin de journée (1986) ; et enfin un écrivain, Colette qui a écrit plusieurs scénarios (dont Divine, de Max Ophuls), des dialogues (Lac aux dames, de Marc Allegret), sans compter les films inspirés par son oeuvre. Il y aura aussi 60 films en compétition et une rencontre franco-berlinoise. VM Festival de films de femmf!s. Du 28 mars au S avril, maison des Arts de Créteil. Tél. : 42.07.38.98. PRESSIONS, RESISTANCES Faute de pouvoir continuer son émission Résistances, Bernard Langlois, interdit d'antenne, a écrit un livre. A la question centrale: quelle télévision pour quel pouvoir? ET PETIT ECRAN Il avait répondu par une phrase simple: « Mon émission avait comme raison d'être de s'opposer à la raison d'Etat. » Aujourd'hui, il raconte. Résistances va mal, mais Bernard Langlois n'a pas dit son dernier mot : il publie aujourd'hui un livre d'une grande densité, dans lequel il raconte avec autant de passion que de lucidité son expérience et celle de l'équipe qui l'a accompagné dans l'aventure de cette émission. II l'a dit sur l'antenne, écrit et répété, Résistances avait «comme raison d'être de s'opposer à la raison d'Etat ». Ce principe, appliqué aux divers contextes que les caméras ont enregistrés, n'a pas duré au-delà de la 34' édition. Comme si ce que défendait le magazine depuis quatre ans partout à travers le monde, les droits de l'homme, et tous, sans confortable hiérarchisation, mettaient tout d'un coup en jeu la raison d'Etat de la France et en cause la parole d'« en-haut » . Que se passe-t-il en ces tristes mois qui précèdent l'été de l'année dernière? Langlois rappelle,dans le premier chapitre, La trogne à Pasqua, les moments clés de cette période de bien avant la pause. Souvenons-nous avec lui ... pour au moins ne pas mourir idiot. « Les députés débattaient encore de l'utilité du contrôle d'identité obligatoire qu'on ne pouvait déjà plus faire un pas sans montrer ses papiers », note-t-il. Pasqua et Pandraud étaient montés au créneau du syndrome sécuritaire. Le 21 mars, au lendemain de l'attentat terroriste qui endeuille la galerie Point-Show des Champs-Elysées, c'est le Premier ministre, Jacques Chirac, qui prend la relève. II promet à la police « de lui donner les moyens d'agir et à la couvrir si, par malheur, un accident arrivait ». Curieusement, de nombreux policiers vont trop souvent se tromper de cible et les dérapages se multiplient. Immigrés, mais aussi citoyens français d'origine étrangère ou non, sont agressés, insultés, tabassés hors ou à l'intérieur des locaux de la police. Le mouvement associatif, les organisations antiracistes et de solidarité s'émeuvent de ce climat pour le moins malsain. Ils se regroupent à l'initiative de la Ligue des droits de l'homme et lancent un appel en juin pour dénoncer « un projet de société où tout citoyen, et d'abord les jeunes, est présumé suspect, où tout étranger est présumé clandestin, où la police prend le pas sur la justice ». Le dérapage continue en prenant une tournure institutionnelle. Chirac s'en prend à mots peu couverts aux médias: «Je ne voudrais pas que le gouvernement soit obligé d'utiliser régulièrement la procédure de déclaration du gouvernement pour faire des mises au point, jour après jour, sur les antennes de telle ou telle chaîne de télévision, afin de corriger ce que peut avoir de trop systématiquement excessif, déformateur, le commentaire », déclare-t-il au cours d'un banquet à Autun. « M. Chirac, votre récent discours à Autun nous a fait quelque peu froid dans le dos... » Ce fut la dernière émission. Existe-t-il donc « un » type de commentaire et un seul dans cette société si fière - à juste titre - de son pluralisme idéologique, politique, culturel, médiatique? On se le demande, et pas uniquement le quidam interloqué, mais aussi les trois directeurs de chaînes (Antenne 2, FR3 et TFl) qui déclarent publiquement: «Seule la Haute Autorité de la communication audiovisuelle est habilitée à veiller avec eux au bon équilibre de l'information. » C'était en mai 1986, la Haute Autorité n'avait pas encore été ... pacifiée! C'est dans ce contexte que Langlois et son équipe préparent la 34' édition de Résistances. Bien que l'essentiel de l'émission soit consacré à l'Afrique du Sud avec comme invité l'écrivain Breyten Breytenbach, Langlois commence par balayer devant sa porte. Il s'attaque aux trognes des superflics qui veulent mater la France. En fait, Langlois dit tout haut ce que nombre de citoyens pensant tout bas: «L'ennuyeux, avec l'idéologie sécuritaire, c'est qu'elle privilégie toujours les mêmes : les pauvres, les jeunes, les marginaux, les différents, les pas bon-chic-bon-genre et, plus encore, les basanés et les crépus. » Il n'oublie d'ailleurs ni de passer le discours d'Autun prononcé par Chirac, dans lequel il mettait en cause l'information télévisée, ni de lui répondre en ces termes: «(. . .) M. Chirac, vous n'avez pas la tête de quelqu'un qui veut porter atteinte aux droits de l'homme (. .. ). Mais comment vous cacher que votre récent discours d'Autun, devant les sénateurs de votre majorité, nous a quelque peu fait froid dans le dos ? » Il n'oublie pas non plus de rendre hommage «(aux) angoisses et (aux) révoltes des laissés-pour-compte de notre société - comme ces balayeurs du métro, par exemple, qui viennent de mener cette grève dure pour protester contre les injures racistes; comme ces exilés de l'intérieur, ni vraiment français ni franchement maghrébins, qu'on ratonne dans les rues de Toulon ou de Marseille; comme ces familles qui débarquent de pays lointains - Turcs, Tamouls, Zaïrois, Iraniens - qui fuient leur pays de dictature et viennent chez nous parce qu'on leur a dit, un jour, que la France était terre d'asile ». L'ambiance sur la chaîne après cette ouverture carrée? Langlois raconte: « (. .. ) Lorsque je suis remonté en régie pour relire la prise, j'ai lu dans les regards mi-administratifs, mi-apitoyés, que j'avais peut-être lancé le bouchon un peu trop loin. » Le surlendemain, de ce jeudi 5 juin fatidique, « le procès eut lieu à huis clos, hors de la présence de l'accusé, et le verdict en fut rendu avant les plaidoiries. » Résistances, une belle histoire qui aura duré quatre ans, est retiré à son auteur. Telle est, résumée à grands traits, la fin d'une emISSlOn qui a laissé son public sur sa faim. Un public nombreux et diversifié comme en témoignent, publiés en annexe du livre, les lettres des téléspectateurs et les extraits des articles de presse (de gauche comme de droite). Ce livre est construit comme une chronique de la genèse et l'évolution de l'émission, tant dans sa forme que dans son fond. C'est aussi - surtout - le témoignage d'un professionnel, qui se trouve aussi bien à l'aise dans l'objectif de la caméra que devant une page vierge, une plume à la main. On découvre avec lui les coulisses que ne pouvait montrer l'émission télévisée. On redécouvre, comme en direct, les multiples questions de l'heure passée, présente ou à venir: les geôles de Hassan II, le petit roi chérifien, le tiersmondisme, la libération de Sakharov, les têtes de Turcs d'Allemagne et d'ailleurs, le racisme ordinaire et inordinaire, l'absurdité des guerres fraticides ou non, les otages du Liban, victimes innocentes de causes inavouées de tractations secrètes, l'ordre inégalitaire du monde ... Ce livre est aussi, à sa manière, un livre d'histoire: les dates, les faits, les documents sont fixés noir sur blanc pour que, demain, on n.'oub~ie ni la chronologie des engrenages hasardeux, explosIfs, nI la responsabilité des décideurs. Différences - n° 65 - Mars 1987 « Lorsque je suis remonté en régie pour relire la prise, j'ai 1 u dans les regards mi-admiratifs, miapitoyés, que j'avais peutêtre poussé le bouchon trop loin. » Bernard Langlois reçoit le prix de la Fratern ité Guy Archam baud, en décembre dernier. C'est enfin un livre coup de coeur. Bernard Langlois a réussi une mission délicate : exposer une tranche du réel dont il a été un des acteurs, en gardant à la fois le sens de la précision professionnelle, l'honnêteté d'exprimer ses convictions personnelles et la fraîcheur de sa générosité intellectuelle et philosophique. On connaissait le journaliste de télévision, on découvre le talent du reporterécrivain. En décembre 1986, Lan,glois était à la manifestation organisée à la mémoire de Malik sous le mot d'ordre« Plus jamais ça ». II consacre la postface de son livre à cet événement et au code de la nationalité. Les derniers mots sont symptomatiques de l'éveil de la conscience antiraciste en France: « Il n'y a plus d'immigrés, écrit-il en adresse à Jacques Chirac encore une fois, il y a une jeunesse française, de toutes les couleurs. Et c'est bien ainsi. » 0 MAYA BENSALAM Résistances 1983-1984, éditions la Découverte, 1, place iii Paul-Painlevé, 75005 Paris, 1987. Il BERLIN 1936 • • L'IMPORTA T C'EST DE PARTICIPER , • On a souvent présenté les jeux Olympiques de 1936, organisés par les nazis à Berlin, comme un malentendu. Pas si sûr que cela: on retrouve de curieuses analogies entre la pensée olympique de l'époque et les assurances données par Hitler. Lorsqu'on aborde le pro- responsables nazis repérèrent donc à l'envi leur profession est fait pour les Aryens. (. .. ) La direction de la jeunesse blème du sport comme de foi olympique, jurèrent la main sur le coeur que leur voeu allemande appartient tout entière aux Aryens et non pas aux vecteur de l'amitié entre le plus cher était la réalisation «de l'entente entre juifs », sans troubler le sommeil des dirigeants du CIO. les peuples, des esprits nations ». Mais ceux-ci font mieux encore, ils en viennent à accréditer critiques - d'aucuns diront Racistes les dirigeants sportifs allemands? Mais non, la propagande antisémite des nazis en faisant de la des esprits chagrins - ne puisqu'ils se déclarent prêts à accueillir à bras ouverts les campagne pour le boycott une « manoeuvre de la juiverie ». manquent pas de rappeler délégations de toutes nationalités. Belliqueux le régime Baillet-Latour le dit clairement en réponse à Brundage qui que certaines compéti- nazi? Mais non puisqu'il tient à qui veut l'entendre les lui demande conseil: «Personnellement je n'aime ni les tions internationales exa- discours les plus pacifistes. La remilitarisation de la juifs ni leur influence. ( .. .) cerbent au contraire les Rhénanie? Le CIO ne fait pas de politique. Les persécu- Je sais qu'ils ont l'habitude tensions xénophobes. Au- tions antisémites que personne ne peut plus ignorer dès de pousser les hauts cris delà des cas extrêmes, 1935 ? Le CIO n'a pas à se mêler des affaires intérieures de bien avant d'avoir des raicomme le «drame du l'Allemagne ... Hypocrisie, sophisme, casuistique, dissimu- sons valables de le faire. » Heysel », on peut se de- lation même, le CIO est, de 1933 à 1936, prêt à tout pour se Avery Brundage reprend mander si les compétitions laisser convaincre et pour voir ces chers jeux se dérouler à à son tour l'argumentation sportives, en elles-mêmes, Berlin, là où la traditionnelle efficacité allemande, relayée raciste: «Les juifs et les ne véhiculent pas implici- par un ordre nouveau plus spartiate qu'athénien, promet communistes ont menacé tement une idéologie de de faire merveille. de dépenser un million de «guerre à blanc », voire Cependant dès 1933 les campagnes pour le boycott dollars pour éviter la partide haine de l'autre. s'organisent un peu partout. Aux Etats-Unis d'abord ou cipation des Etats-Unis L'interrogation est volontairement provocatrice. Pourtant, l'Amateur Athletic Union of the United States (AAU) aux jeux Olympiques en l'exemple des jeux Olympiques de Berlin laisse prend en 1933 la décision de boycotter les jeux de la croix Allemagne. ( . .) Ils ont perplexe (1). gammée. Et lorsque les organisations juives américaines utilisé la rorruption, le Ij XI' olympiade a-t-elle été un moment d'égarement du font directement appel au comte de Baillet-Latour, le mensonge et autres promouvement olympique, supposé par nature « fraternel et président du CIO, celui-ci répond par une incroyable cédés vicieux. » pacifique»? C'est la question que l'on peut se poser au tartufferie: le CIO respecte la liberté individuelle de De fait l'action de regard des positions pour le moins ambiguës prises par les chacun et ne contraindra aucun sportif juif à se rendre à Brundage porte ses fruits principaux responsables du CIO vis-à-vis de la grand-messe Berlin. La participation aux jeux nazis cesse ainsi d'être un et le mouvement de boynazie de 1936. problème éthique pour devenir une simple affaire person- cott américain s'essouffle. L'année 1986 a vue une floraison d'articles commémorant nelle... A la fin de 1935, et plus le cinquantenaire des jeux de Berlin, ce n'est donc pas le Devant la montée du mouvement de boycott, le CIO doit encore en 1936, c'est en lieu de rappeler ici les « anecdotes» racistes qui jalonnè- pourtant «faire quelque chose» pour sauver les appa- France que la patrie se ~ D'ailleurs, le baron ne tarira pas d'éloges sur la parfaite tenue des jeux de Berlin . Lors d'un entretien accordé à l'Auto en septembre 1936, il ne cherchera même pas à se démarquer des Sieg Hei! qui ponctuaient chaque victoire allemande. Les cris xénophobes de la foule fanatisée furent, pour Coubertin, le nécessaire «excitant passionnel » qui donne toute sa dimension aux jeux. Bien sûr, ni Coubertin, ni Baiilet-Latour, ni Brundage ne sont des nazis, reste que leur idée de la compétition sportive n'est pas. sur beaucoup de points. tellement divergente de celle des dirigeants du Reich. Coubertin le reconnaîtra implicitement en 1937. lorsqu'il demandera que l'Allemagne accueille un institut olympique «car ailleurs on ne prendrait guère d'intérêt à l'histoire de ce mouvement ». rent son déroulement. En revanche, bien peu de commen- rences. Pour faire bonne mesure, il envoie une commission joue. Il est en effet capital tateurs ont souligné l'attitude des contemporains, sportifs, d'enquête en 1934 en Allemagne. En fait ladite « commis- pour Hitler que la « patrie ________________ ____________________ I Bilan de l'affaire. le régime nazi sort renforcé sur la scène internationale et sur le plan intérieur. Non seulement le III' Reich fait figure de gagneur (pour ~la première fois l'Allemagne a devancé les Etats-Unis dans le décompte des médailles). mais les visiteurs gardent l'impression d'une efficacité exemplaire et d'un régime finalement responsables olympiques, gouvernements ou organisations sion» se compose du seul Avery Brundage, à l'époque de Coubertin» participe politiques de par le monde. président de l'AAU des Etats-Unis, qui n'écoute et ne voit aux jeux, surtout après la Berlin, 1936 : Hitler félicite les champions. Car il ne suffit pas de constater l'évidence, à savoir que les que ce que les nazis veulent bien lui présenter. Lorsqu'on remilitarisation de la Rhénanie et plus encore après la nazis ne respectèrent ni l'esprit ni la lettre de la Charte lui apprend que les juifs ne peuvent adhérer qu'aux victoire du Front populaire. Las! Celui-ci fait preuve d'une olympique, ou qu'ils utilisèrent les jeux à des fins impuissance coupable: un boycott des jeux semblerait propagandistes. Il faut aussi expliquer par quelles « compli- ABd h' 1 CIO d' ~ tellement contradictoire avec l'instauration des congés cités objectives» Hitler pu utiliser cette formidable very run age, c arge par e enqueter payés et le credo naturiste de Léo Lagrange, le ministre de chambre d'écho-médiatique, par quelle aberration la tenue en Allemagne: rien à signaler. la Jeunesse et des Sports, que celui-ci n'aura pas un mot de la XI' Olympiade ne fut pas refusée à la ville de Berlin Léa Lagrange, ministre des Sports du Front contre la participation française aux jeux. après l'avènement au pouvoir des nazis. populaire: pas un mot sur la participation française. Seul le mouvement communiste luttera jusqu'au bout Pourtant, très vite on pouvait savoir que le discours de paix contre la tenue des JO à Berlin. Mais encore faut-il que Carl Diem -le grand ordonnateur des jeux - tenait au organisations sportives juives, il ne trouve rien à y redioe rappeler que l'URSS ne participe pas au mouvement CIO était mensonger, quand les usines d'armement puisque, dit-i l, dans son club de Chicago les juifs ne sont olympique et que les associations sportives ouvrières tournaient à plein rendement ou quand, en mars 1936 pas admis non plus. .. organisent, parallèlement à Berlin, la tenue de jeux (c'est-à-dire entre les jeux d'hiver de Garmisch-Partenkir- Avery Brundage revient aux Etats-Unis rassuré. Les juifs populaires à Prague et à Barcelone (ces derniers finalement chen et ceux d'été), l'Allemagne remilitarisait la Rhénanie. d'Allemagne ne sont pas plus mal traités qu'ailleurs. A annulés en raison du déclenchement de la guerre civile Très vite, on pouvait savoir que l'Allemagne nazie ne croire qu'il n'a pas cherché à se faire traduire les terribles espagnole). respecterait pas la non-discrimination quand les clubs inscriptions antisémites qui, déjà en 1934, fleurissent un Mais force est de constater que le CIO n'a pas milité sportifs juifs (ou comportant des membres juifs) étaient peu partout... activement pour la tenue des jeux à Berlin par seule crainte interdits ou quand les athlètes juifs étaient écartés des Finalement, pour le CIO la question de la discrimination se d'une mort prématurée de l'olympisme, mais aussi parce séances d'entraînement olympique. résume à savoir si oui ou non Berlin accueillera les sportifs que les dirigeants du CIO n'étaient pas fondamentalement pas si terrible, malgré tout ce qu'on en r'aconte. Car les nazis ont bien compris tout le parti qu'ils pouvaient tirer d'un tel show mondial: pendant la durée des jeux toutes les pancartes antisémites ont été retirées. les I{vres naguère victimes des autodafés sont réapparus à la vitrine des librairies, etc. Berlin 1936, c'est un peu la répétiti0p. de Munich 1938. Albrech von Kessel en conviendra devant la cour de justice de Nuremberg, la victoire diplomatique des jeux O'lympiques fut le meilleur des encouragements. « Ils (les nazis) se dirent et nous dirent: vous voyez on peut tout se permettre. il suffit simplement de s'y prendre correctement. » Qui peut encore prétendre, après les jeux Olympiques de Berlin, que le sport est neutre... 0 PH/LIPPE DEW/TTE L'hypocrisie du CIO fut facilitée par l'attitude des « de toutes races », comme on disait alors. Or les dirigeants en désaccord avec la conception nazie du sport. C b . 1" 't d . . (1) L'essentiel de cet article s'appuie sur le livre de Jean-Marie responsables nazis qui, en la matière, firent preuve de nazis ont donné toutes assurances à ce sUJ'et " les Juifs ou ertm, u~-me~e, aVal epUIS touJours exposé une t f t d , 1 . Brohm : 1936, Jeux Olympiques à Berlin, Bruxelles, éd. Complexe, beaucoup d'intelligence tactique et de diplomatie. Le III allemands, eux, sont du domaine de la politique alle- doctrine spor Ive . al l'e apo ogle de la force virile , de culte 1983 et sur un dossier préparé par Heinz Hôhne ( Da kann man Reich avait besoin d'une manifestation comme celle-là mande. Le Reichssportführer von Tschammer und Osten du corps, de « vlta Isme primaire» pour reprendre l'ex- nur noch nazi werden ») pour l'hebdomadaire allemand Der pour asseoir son image tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, les peut ainsi tranquillement déclarer que « le sport allemand pression de J.-M. Brohm, voire de nationalisme racial. Spiegel, n° 31 du 28 juillet 1986_ I~--------------~--------------~------------------------------~--------------~------~----------~~-D~I~ff.~é~re-n-c-es---:n;"~65~--A1~a:~~19~8~7~----------------------------17 janvier 2012 à 13:42 (UTC)17 janvier 2012 à 13:42 (UTC)~------------------------I ml 1 ~.:\ .. ~t;. ..\ :. nOTJ CRoisÉJ ' ........................ , .' •••.. ,. ..:. ...:.. .. .................. .....:. .. ......:. ..:...:....:....:...:...:.. ...: ..:~ .:~.: . "' .. ........ ' ..... .. . .. . ." 2 3 2 3 4 5 6 7 8 9 4 . 5 6 7 8 9 \0 HORIZONTALEMENT: 1. Récipients à liquide. - 2. Brille d 'un vif éclat. N'eut pas froid aux yeux. - 3. Poison végétal. Condition. - 4. I nterjection méridionale. Maigre. - 5 . A le coeur souvent chaud. Château. - 6. Dans un loup ou un bar. - 7. Règles doubles. Mammifères de l'ordre des lémuriens. - 8. Filtrent sous la porte . Cuvette soudanaise. A la mode. - 9 . Moi philosophique. Sert à être imité. - 10. Impressions. VERTICALEMENT: 1. Recueils de prières pour un \0 prêtre. - 2. Cours d'eau anglais. Mesure le temps écoulé. - 3. Ancêtre d'un Etat des USA. Héros grec. - 4 . Petites tablettes à glissière. - 5. Usées. Note de musique. - 6. Vit une victoire impériale. Sert à désigner un objet. - 7. Ancienne monnaie. Manière qui varie dans le temps. - 8. Saint normand. Maison des steppes. Pronom. - 9. Crochets doubles. Robe masculine. - 10. Singe. Instruments chirurgicaux. .:.;... . .- ' ....... .... , ~ ..•..•.•...•• ' ... ......••.•.•...•.' ., ................................. :. ~!: •• ~ •• : ••• ~: •• - 11()T$ , ~SJEJ A partir de la liste ci-dessous, il s'agit de reconstituer le nom de 24 affluents des fleuves français. Chaque groupe de lettres occupant une case ne peut être utilisé qu'une seule fois. AL AN AR ARD AU AV BAI BE EN EL EC DUR ORE CH CE CE EP ER ER ERE EU EV EV GA IS INE IND lE HE GE DR GE LE MA NE OME RE RD RS SA LI MOS NI ONE RNE SE SE TE MA NE 01 RE RON VI VON ZE SOLUTION DES JEUX DU NUMERO PRECEDENT Mots croisés: Horizontalement: 1. Frontière. - 2. Aurores. Té. - 3. Ti . Lunés. - 4. In . Icare. - 5. Loess. Me. - 6. Ente. Unau. - 7. Sonates. - 8. Ute. Pet. - 9. Cap. Régime. - 10. Iseran . Cul. Verticalement: 1. Facile. Ici. - 2. Ruinons. As. - 3. Or. Etoupe. - 4. Nolisent. - 5. Trucs. Aéra. - 6. Iéna. Ut. En. - 7. Eserine. - 8. Se. Aspic. - 9. Et. Mu. Emu. -10. Erre. Etel. Mots cassés: Les 28 noms d'oiseaux à trouver sont: Agami, aigle, alouette, autruche, bouvreuil, canard, canari, cigogne, corbeau, cygne, dindon, étourneau, fauvette, hirondelle, jabiru, mésange, moineau, outarde, palombe, perroquet, perruche, pingouin, pinson, pintade, poule, roitelet, tadorne, vautour. République bananière Le 2 novembre 1985, j'ai été l'objet d'un contôle d'identité à 4 h 35 du matin, porte d'Orléans, à l'arrêt des bus de transport du personnel RATP dont je suis un agent. Le car démarrant à cinq heures précises de cet endroit, je venais d'y arriver lorque des hommes en civil sortant d'une voiture beige m'ont brusquement entouré. J'ai été extrêmement surpris, et même inquiet , m'étant déjà fait attaquer à deux reprises dans le quartier par des voyous qui voulaient de l'argent. J'ai demandé aux civils qui m'entouraient de décliner leur fonction. C'est alors que sous l'injonction d'un des civils un homme est sorti de la voiture en tenue de police. A moitié rassuré, j'ai tendu mes papiers comme ils me le demandaient, ma carte d'identité et ma carte de service RATP, sans faire aucune difficulté m objection, ajoutant seu1ement qu'ils m'avaient fait peur et demandant un peu naïvement s'il y avait eu un problème dans le quartier. L'un des policiers m'a demandé de la fermer pendant qu'un autre procédait aux vérifications. Les choses se sont gâtées quand l'un d'entre eux m'a demandé mes nom et adresse. J'ai gardé un instant le silence, puis lui ai répliqué que tout cela se trouvait sur les papiers que je leur avais présentés. S'offusquant de ma réponse, le policier m'a dit que j'étais agressif et peut-être stressé. Ce à quoi j'ai répondu que je voyais difficilement quelqu'un ne sachant pas bien lire une carte nationale d'identité faire un diagnostic sur ma santé. C'est alors qu'un des hommes m'a dit que si je n'étais pas content, je n'avais qu'à retourner dans mon pays. Je lui ai simplement fait remarquer que j'avais fait mon service militaire en France, que j'y étais depuis 1964, que le département d'où je venais était pourtant français et que les papiers qu'il tenait entre les mains le lui indiquaient assez clairement. Celui qui était en tenue, avisant le sac que je transportais, me demanda ce qu'i! y avait dedans. Je lui répondis qu'il pouvait fouiller, que je n'avais rien à cacher, et j'ajoutais que je plaignais les compatriotes antillais qUi travaillaient avec de tels individus. Où as-tu vu un nègre parmi nous, me répondit l'un au regard plutôt menaçant. Je compris que j'avais affaire à une bande de provocateurs . L'autre me contraignit à exhiber ma tenue RATP, mon casse-croûte. Pour la monnaie dont la présence l'intriguait, je dus lui expliquer que tenant une caisse, cette monnaie était pour les transactions . Excédé, je finis par demander qu'on me conduise au commissariat pour m'expliquer avec un responsable. C'est alors que le car RATP apparut. Les policiers me remirent alors mes papiers et s'en allèrent, sans me notifier que je faisais l'objet d'une quelconque contravention. Un an plus tard , j'eus la désagréable surprise de recevoir une notification d'ordonnance pénale, et 850 F à payer. Je me trouvais seul à un arrêt de bus, pourtant ils ont mentionné « cris et vociférations sur la voie publique, de nature à troubler la tranquillité des riverains ». Il paraît qu'en plus j'ai été jugé et condamné à payer 850 F d'amende. Quel juge a pu tomber si bas et salir une institution qui se veut si morale, si démocratique? Où sont les droits de l'homme? Où voyez vous une justice dans tout cela ? Bof, la France en a vu d'autre m'a dit un copain en m'offrant un Ricard. Je dois dire que ce n'est pas ma boisson favorite , mais c'était de bon coeur. Je suis Marti niquai s, j'ai confiance dans la vraie justice, celle qui confond et punit les crapules. J'ai vu un conseiller juridique à la RATP qui m'a expliqué que sans témoin en ma faveur, les policiers auraient de toute façon raison. Quand je récapitule toutes les grandes et petites affaires de ces derniers mois, je ne crois pas que ce conseiller ait tort. Il paraît qu'être Français, ce n'est pas rien . Il faudra me démontrer la différence entre une république bananière et celle des droits de l'homme qu'on ne respecte pas, porte d'Orléans. 0 ROLAND CARON Paris .-------1' Les 1 Petites fulnonces de Différences I~--------~ La Bretagne à bicyclette! Des vacances toniques, une ambiance jeune (16/25 ans) . FUAJ, rue A.-Daudet, 22000 Saint - Brieuc, Té l. 96.61.91.87. (n" 223) Vacances fluviales: canaux Bourgogne, Alsace, Lorraine, Bretagne, Maine, Anjou, Midi, location sans permis sur bateaux habitables 2 à 10 pers. Rens. et réserv. Tél. : (1) 46.22.10.86. NavigFrance. (n" 224) La Maison de la randonnée propose des séjours loisir montagne dans un catalogue gratuit. 7, rue Voltaire, 38000 Grenoble 76.51.76.00. (n" 225) Découvrez le Sahara avec un guide algérien à partir de 4900 F tt comp. Doc. sur demande: Tidikelt 30, rue Salneuve, 75017 Paris. Tél. 47.64.06.11. (n" 226) Analyse graphologique travail sérieux, détaillé, approfondi
- 250 F. Demangeat 6,
rue des Patis, 88100 SaintDié. (n" 227) Maison de l'amitié: 87220 Feytiat (tél. : 55.48.34.60) lieu d'accueil près Limoges, cadre verdoyant, ambiance familiale, séjours, vacances, stages et animations variées toute l'année . Accueil à la semaine. (n" 228) Aidez les Réfugiés palestiniens de Mar Elias : dons à Assoc. médicale franco-palestinienne. 14, rue de Nanteuil, 75015 Paris. (n" 229) A vendre, belle édition du Littré en quatre volumes édité par l'Encyclopaedia universalis, jaquette crème. 1500 F. S'adresser au journal qui transmettra. (n" 230) 25 stages région Cahors et Paris : formation thérapies douces, épanouissement pers. Doc. contre 4,20 F timbres. Facettes, 6, GrandeRue, 91530 Blancheface (1) 64.59.51.73. (n" 231) «L'Autodidacte », 14, -rue des Roses, 67100 Strasbourg, propose livres et journaux sur mvts sociaux, 1789, 1848, Commune 1871, anarchie. socialisme, litt. prolétaire. (n" 232) Des amie(s) par correspondance de France et du monde entier souhaitent faire votre connaissance. Doc. à Genet International. BP 222 09, 75423 Paris cedex 09. (n" 233) (suite page 42) Tarif : 25 T.T.C. la ligne (26 signes ou espaces). Texte et règlement à Différences: 89, rue Oberkampf, 75011 Paris. Tél. : 48.06.88.33 Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient d'une insertion gratuite par an (maximum 5 lignes) L 1 1 1 1 1 1 1 U_ 1 1 1 1 1 1 1 1 Ll _ L.L _ LLLl.~ 1 - L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1-1. 1 1 1 1 _L 1 1 1 1 1 1 1 I~ L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 Différences - nU 65 - Mars 1987 III Il Voulez-vous correspondre avec des étrangers dont vous ne connaissez pas la langue ? C'est facile! Rens . gratuits contre enveloppe affranchie à OCI, 123, rue de Royan, 16710 Saint-Yrieix . (n' 234) A vendre état neuf, prix intéressants livres sur racisme, droits de l'homme, etc. Liste sur demande. Ecrire au journal qui trans. (n' 235) Vous voulez apprendre à naviguer en famille ? Croisière sur mesure en Sun Fizz (12 mètres) départ BretagneSud, week-end, semaine ... Itinéraires selon désirs et compétences, skipper confirmé, enfants acceptés. Tél. : 47.00.24.51. (n' 236) Equitation près de Paris, à Saint-Martin-du-Tertre (95) . Tous niveaux, du débutant à équipe de concours, dressage et obstacles. Tél. à Brigitte Grenadou, monitrice DE au 30.35.92.83. (n' 237) A Lugrin-Evian (lac Léman) centre vacances CE Aérospatiale accueille toute l'année séjours familiaux, retraités, enfants ; à la demande: stages, congrès , séminaires. Doc. et rens. : 50.75.22.66. (n' 238) Séjour linguistique en Ecosse à Pâques (12-24 avril). Excursions, visite de Londres . Assoc. Escal, BP 315, 50203 Coutances. Tél. : 33.45.45.41 ou 33.45.15.65. (n' 239) Voyage à travers 8 pays d'Europe: croisière sur le Danube (11 -25 août). Visites de Bucarest, Vienne, etc. Ass. Escal, BP 315, 50203 Coutances. Tél . : 33.45.45.4L (n' 240) Voyage-pèlerinage Israël- Terre sainte pour jeunes de 18 à 40 ans. Du 3 au 15 juillet. Assoc. Escal, LES PIEDS SENSIBLES c 'est l'affaire de BP 315, 50203 Coutances. Tél. : 33.45.45.41. (n' 241) Découvrez l'Albanie: Pâques, juillet-août 1987. Spéc. archéologie: printemps. Faune et flore : prÎntemps. 3' âge: automne. Assoc. franco-albanaise, 11, rue Bichat, 75010 Paris. Tél.: 42.49 .53.30. (n' 242). Lourdes: hôtel Marie-Thérèse, 5 mn gare et grotte. Prix modérés. 2, rue de Pau, 65100. Tél.: 62.94.02.02. (n' 243) Des vacances économiques : échanges de résidences (Grande-Bretagne, EtatsUnis, RFA, Danemark). Interlink, BP 1124, 69203 Lyon cedex 1. Tél. : 78.27.96.00 (le soir). (n' 244). Hautes-Alpes: Alpes vraies, parc naturel du Queyras, hiver, été: semaine tout compris: ski fond et alpin , randonnées pédestres. Pour familles, groupes, 3' âge, jeunes. Hôtel le Cognare\ * *NN, 1 Logis de France, 05390 Molines. Tél. : 92.45.81.03. (n' 245) Pâques/été: Voyages et Rencontres pour comprendre des pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine. Stage de réflexion sur la rencontre int~ rculturelle en voyage Tourisme et tiers monde (25- 26 avril). Cevied 8, quai Joffre, 69002 Lyon. Tél.: 78.42.95.33. Stage d'Initiation musicale pour enf. 5/9 ans, près de Rambouillet: 19-25 avril. Rens. et doc. sur autres stages: « A tous crins », 180, avenue de Versailles, 75116 Paris. Tél. : 45 .20.77.12. SULLY Confort, élégance, qualité, des chaussures faites pour marcher 85 rue de Sèvres 5 rue du Louvre 53 bd de Strasbourg 81 rue St- Laza re Du 34 au 43 féminin, du 38 au 48 masculin, six largeu rs CATALOGUE GRATUIT: SULLY, 85 rue de Sèvres, Paris 6" 5 % sur présentation de cette annonce VITE, JE M'ABONNE A DIFFERENCES o 200 F (1 an) o 120 F (6 mois) o 240 F (soutien) Nom: Prénom: Adresse: Bulletin dûment rempli à retoUrner, accompagné d 'un chèque, il : Différences, service abonnements 89, rue Oberkampf. 75011 Paris COPCI ~ doniel hechter MOLITER 51 rue Raspail 92300 Levallois-Perret dorothée bis paoul et cuply Société Anonyme au Capital de 4 545 000 F TAX-FREE SHOPPING CENTER PARFUMS - COSMETIQUES - CRAVATES CADEAUX, etc. 47, avenue de l'Opéra - 75002 PARIS Métro : Opéra Différences n° 65 Mars 1987 Tél.: 47.42.50.10 R.C. Paris 58 B 3417 E FAMILIALE Ue-de-Franee qu'est·ce que la mutueUe familiale? Comnw . on nom l'indique, elle est familiale. C'~t une mutuelle interprofessionnelle qui li son l iège 10, rue Dieu, Paris 10'. Avec 1/1 seule cOIÎSlltion du chefdefamille, IOn conjoint , ses enlanls, !WIS ~nl. reconnu. ;lo charge /lu lilre de la Sécurili Socillle, recevront les "'""talions maliw:Iie. chirurgie, ho&pitalisation, etc ... ainsi que lei priM, om charge pOIl' ln soifl$ dans les établilMments conventionnés. TRA.V..A..I.L..L.E..U _RS .S. A .-L.A..R. I~S P ESTATIONS FAMILIALES ., ':,...~. ., ..... - ';-;"-';;:3--"'l' .,.,." •• lU ",rll con'lel'l1ionnel de ............. ou pÂIII-.n CfIWII ........ ,.. .. __ ..... M ........ ,.... pendant 30 Jou,. ptI, an 2(1% du Wtf de" S6curttt Soc:-. ""'-- 100"" .' en pk,. dn i." • II s.e.... sociale et mutude o.r. ~ .......... ~ .... $ $' • _1I6compk portant la ~ pI'CIIhMe •• ~ .... du china ........ MI __ '*-, Fort.11 1Iotp'M.., Prime.-""'" •••• Dtlp'rt S • ..wo....... .., l"orlItIt IIWN: 1. ' P~ ........ : _ ' ~;-, D6cN~1otMI~. 17.' C~: ._, ~t ... : ., F __ EnIMt~; ., • • ...................... 1 Il Conau?t.llion. Visit .. c__. Ser.m:e. .~"..,. Si Ja conjointe seule est mut ..... te. elle 00' les droits aux prestations pour elle· mhne: el sn enfants. Ainsi don;:, ".... seule cotisation, pour la couvmure _ risques: remboursement H ion roprion JIOI'I' les !lOin o.ntei," , lIOins médicaux. soins de spécialistes, radoo. la prothèse d!ntaire. chirurgie. hospotllbal oon, mo!decine. materniM, ml!IISOIl de repos, les Irais d'a1'l3iyses, l'orthopédie, les h.me ttes el les f. ais pharmaceutiques, Décès : Irais funéraires TRAVAILLEURS NON SALARI~S "'- ._. ---- PRESTATIO S FAMILIALES Pour une seule cotisctiOl'l mensuelle de 371 F nous couurons toule 10 famille ô (:harse (143 F pour 1'QS3urll social homme OJ fem..,., sans charge de famille) Ces rarifs comprennenr l'abonnemenr odressll d domicile pour Il numll,OIIi de "La Vie muruolisre~. rwue _IIeJoie la mu/ua/M, de gesrion, d'oclion el de réalisation, édirlie par la COClpIraiw d'Ildilion de la V M. R.mbou ........... In ..... du lCket ma Ille Il • .u tard ~Ionnel 0. 18 ~ ....... ou ,... ........ ......... ,... ... __ ..... ............-.....-................. -...... -, ' , ............... ...... , .. ~ ~ lKlCiIIIe et nuu.t. ................ ...... _ ........ du cIIkcImc* parIanI" -.", prothttot lit cil .. flc:1\n -du d*-w. ..-....... (.: ..........., ,...". • .......,.: ., OPf/qW· . , "'neg.: ., Oklh COIIYOJIoc8/""nrGfi : 1741' ".,."S.rvice Millt~,.. : 400' C~,",,1on 1. ' FOrlfJit r;;ure: 1400F Forl8Jt ..... , ProtlJése .uditÎv.: 5DOF EnIatW mott-nI • • Franchise IM-,. ... pour lM .............. ..".".-."..".."..". '" ""**'" s.mc..~uw.. OrO' ' hi ... ' ......... - RsdWI'"
_---T--I-U---I-_--- --------------------------------------------_.
8tWO)IW C8 ~1tI • lit MUTUELLE FAMILIALE, 10, rue Dteu 75010 PARIS .... TIUI......,. ~ C* buHMIn •• MUTUELLE FAMILIALE, 10, rue Dieu 75010 PARIS NOM ._........,.. ...
Notes
<references />