1950 - 1971 : Charles Palant

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Charles Palant lors de son témoignage de près de quatre heures pour le Mémorial de la Shoah fin 2004.

Né en 1922 dans le Belleville parisien de tous les immigrés – ses parents avaient fui la Pologne des pogroms –, Charles Palant s'est engagé très tôt dans la lutte contre les fascismes, à la Ligue internationale contre

l'antisémitisme (LICA, devenue LICRA) et à la CGT (section des maroquiniers). En juillet 1941, il passe la ligne de démarcation vers Lyon, où le rejoignent sa famille et de nombreux amis.

Charles Palant a 21 ans lorsqu'il est arrêté par la Gestapo, en août 1943, pour possession de faux papiers, avec sa mère et sa sœur, tandis que son frère aîné y échappe par hasard. D'abord emprisonnés au Fort-Montluc, tous trois sont ensuite déportés vers Drancy puis vers Auschwitz, d’où sa mère et sa sœur ne reviendront pas. "On comprend que si on cède au chagrin, on est mort", dit-il. Charles Palant raconte la "descente dans l'animalité" des déportés de Buna-Monowitz (Auschwitz III), sa sélection pour la chambre à gaz à laquelle, malade, il échappe grâce au souvenir des blagues d'un chansonnier lyonnais, sa Marche de la mort avec 60 000 déportés début 1945, puis le train pour Buchenwald (Allemagne), et l'insurrection de ce camp, la veille de l'arrivée des libérateurs américains.

Après 650 jours passés en enfer, Charles Palant ne s'est senti "l'ennemi de personne, pas même des Allemands". "Au sortir de la plus abominable faillite de l'organisation humaine", il s'est lancé dans la lutte pour la construction d'un "monde meilleur".

Charles Palant est un militant français des droits de l'homme né en 1922 à Paris. Il fut Secrétaire général du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix entre 1950 et 1971.

Charles Palant (1949), ancien Président du comité des jeunes de la LICA, devenu un des fondateurs du MRAP en 1949. Secrétaire général du MRAP de 1950 à 1971.

Histoire

Charles Palant, de parents juifs polonais qui avaient immigré en France depuis peu, a grandi dans le quartier de Belleville à Paris. Son père décède le 2 avril 1933 et laisse une famille de quatre enfants (dont Charles est le second) qui doit survivre avec le seul salaire de l'aîné. Le 12 février 1934, il manque l'école pour participer à la grève générale. En juillet de la même année fut signé le pacte d'unité d'action entre les communistes et les socialistes. L'un des signataires, le socialiste André Blumel, sera quinze ans plus tard le premier président du MRAP. En 1935 Charles Palant quitte l'école à douze ans : le certificat d'études primaires, obtenu six mois plus tôt, restera son seul diplôme. Il devint alors maroquinier chez un petit patron du voisinage.<ref>Paragraphe tiré du texte écrit et signé à la main par Charles Palant, Je ne cesserai jamais de croire au matin, juin 1993, conservé aux archives du MRAP, 43 boulevard Magenta, 75010 Paris. Voir également Charles Palant : après 650 jours en enfer, lutter pour un monde meilleur, Le Monde, 22 aout 2005; témoignage de quatre heures recueilli en 2004 et diffusé par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris. Voir témoignage en ligne : [1]</ref>

En mai 1936, le triomphe du Front populaire lui doubla son salaire, son temps de travail fut ramené de cinquante cinq heures à quarante. En septembre 1939, il perdit son travail, et fût engagé dans une petite fabrique de maroquinerie. Il milite alors à la Ligue internationale contre l'antisémitisme (LICA), mais dû se résoudre à fuir Paris et à y revenir après avoir parcouru, à pieds, six cents kilomètres. « A l'âge des plus exaltantes promesses de la vie, écrit-il<ref>Texte écrit et signé à la main par Charles Palant, Je ne cesserai jamais de croire au matin, juin 1993, conservé aux archives du MRAP, 43 boulevard Magenta, 75010 Paris.</ref>, j'ai du pour survivre apprendre les dures lois de l'illégalité, devenir faussaire, franchir des frontières dans mon propre pays. ».

En août 1943, dénoncé, il fut arrêté par la gestapo à son domicile lyonnais. Sa mère et sa jeune soeur, qui avait dix sept ans, furent arrêtées avec lui. Elles périrent en déportation. « On comprend que si on cède au chagrin, dit-il, on est mort »<ref>Charles Palant : après 650 jours en enfer, lutter pour un monde meilleur, Le Monde, Paris, 22 août 2005.</ref>. Il est détenu au Fort-Montluc à Lyon, au camp de Drancy près de Paris, puis dans les camps d'Auschwitz et de Buchenwald d'où il revint en 1945, pesant trente-huit kilos. Il avait vingt trois ans.

C'est avec les communistes, dit-il, qu'il a appris à refuser l'injustice et qu'il a résisté dans les prisons et dans les camps. En 1949, il participe à la création du MRAP, dont il a été le secrétaire général pendant vingt et un an, et un des Président d'honneur depuis. Il représente également le MRAP à la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).

« Je ne me souviens plus quand je suis devenu communiste, écrit-il, mais c'est à Buchenwald que j'ai adhéré au PCF. (...) Je ne crois pas avoir jamais cédé aux fallacieuses promesses du grand soir. Je ne cesserai jamais de croire au matin. »<ref>Charles Palant, Je ne cesserai jamais de croire au matin, juin 1993, conservé aux archives du MRAP, 43 boulevard Magenta, 75010 Paris.</ref>

Bibliographie

  • Au Lutetia le silence des survivants, Libération, Paris, 25 janvier 2005.
  • Charles Palant : après 650 jours en enfer, lutter pour un monde meilleur, Le Monde, 22 aout 2005; témoignage de quatre heures recueilli en 2004 et diffusé par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris. Voir témoignage en ligne : [2]

Notes et références

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