Dossiers thématiques - Journées, congrès et AG
Journées, Congrès et Assemblées générales
L'histoire du MRAP est jalonnée par ces réunions organisées sous différentes forme et permettant aux délégués de tous les comités locaux de discuter,de proposer et de décider de l'orientation du MRAP.
Journées Nationales contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix
Jamais dans le même camp que les bourreaux nazis
Ce seront d'abord les "Journées Nationales contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix" qui rassemblent chaque annés les délégués de la France entière et des invités.
La première d'entre elles, tenue le 22 mai 1949 est considérée comme le congrès fondateur du MRAP. Elle est marquée par l'enthousiasme et l'émotion des participants.
"Le nombre des délégués, leur conscience et leur assiduité, l'éclat des orateurs invités, l'enthousiasme méthodique : tous ces traits qui ont marqué le congrès, tout cela prouve que la fondation du M.R.A.P. correspondait
à un besoin profond des masses. Elles sentent avec précision qu'il faut sortir des bêlements, des aspirations vagues, des désirs velléitaires pour venir à une action réglée, fondée sur l'expérience tragique
de ces vingt dernières années. Maintenant, les délégués sont rentrés chez eux. Il ne faut pas qu'après le feu d'artifice du 22 mai, après l'enthousiasme ils retombent dans un train-train quotidien,
comme on laisse, dans les ruisseaux, les lampions mouillés du 14 Juillet.
Il faut d'abord qu'ils lient dans leur esprit les conceptions, les pensées d'une journée aussi chargée de substance que celle du 22 mai.
Ils savent maintenant qu'antisémitisme et racisme sont intimement liés et en réalité synonymes..."(déclaration de André Blumel, président du MRAP).
Celui qui n'a pas, assisté à la journée nationale contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la Paix, ne peut réaliser toute l'ampleur de cette manifestation qui, désormais, marquera une date dans l'histoire de la lutte antiraciste.
Les quelques 2.000 délégués représentant plus de cent organisations groupant des milliers d 'adhérents, assistés de plusieurs centaines d'auditeurs faisaient craquer la large enceinte du Cirque d'Hiver;
La volonté inébranlable de tout un monde composé d’éléments les plus divers a prouvé, qu'au-dessus d'idéaux politiques, des conceptions religieuses, des divergences d'opinions, une union totale pouvait se faire contre un danger commun."
(article de Serge Kriwkoski secrétaire de la section de Marseille du MRAP)
Quand, l'autre dimanche, se termina l'émouvante Journée Nationale du M.R.A.P., l'assistance entière écouta, debout et dans le recueillement, la magnifique formule du serment ,que chacun répétait dans le fond de son cœur. Et chacun en a
certainement gardé en mémoire au moins la dernière phrase :« Nous n'accepterons jamais d'être dans le même camp que les bourreaux nazis. » (article de Marcel Prenant)
Droit et Liberté n°29 (numérotation avant le MRAP) du 1er juin 1949 : (voir le document)
La seconde journée organisée le 11 juin 1950 met l'accent sur la préservation de la Paix et se rallie à "l'appel de Stockholm".
De Stockholm nous vient un appel acceptable pour tous tendant à la mise hors la loi de 1'arme atomique, instrument d'extermination massive des populations. Cet appel dit :
1• Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations.
2" Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application , de cette mesure d'interdiction.
Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait contre n'importe quel pays l'arme atomique, commettrait non seulement un crime de guerre mais un crime cuntre l'humanité et serait
à traiter come criminel de guerre. Conscients de la terrible menace qui pèse sur tout le genre humain, nous signons et nous vous appelons tous à signer avec nous l'appel de Stockholm.
Nous exigeons que le racisme et 1'antisémitisme soient mis hors la loi et sévèrement punis, que les organisations factieuses antisémites soient dissoutes.
Nous exprimons notre solidarité avec les forces de paix en Israël. groupées autour des Partisans de la Paix. dans leur lutte pour la paix, la liberté et leur indépendance
nationale.
Nous jurons de déployer toutes nos forces pour gagner à la cause sacrée de la paix tous ceux qui ont souffert et qui souffrent du racisme, de l'antisémitisme et de la xénophobie, tous ceux qui s'élèvent contre les discriminations
barbares entre les hommes.
Nous jurons de tout faire pour apporter notre aide à la lutte gigantesque des millions d'hommes et de femmes dans le monde entier pour faire interdire les armes d’épouvante,
pour SAUVER LA PAIX.
Droit et Liberté n°34 du 16 juin 1950 : (voir le document)
En 1951, les participants à la troisième journée s'émeuvent de la vague de racisme qui déferle sur le monde: multiplication de la presse antisémite, libération des anciens nazis et amnistie des collaborateurs,
procès racistes aux Etats-Unis, répression des Nord-Africains...,Ils lancent un vibrant appel à l'union:
Le racisme. en quelque lieu et contre n'importe lesquels de nos frères humains qu'il se manifeste, est l'arme empoisonnée de division et de haine dont usent les ennemis de la Démocratie et de la Paix.
HOMMES ET FEMMES. FRERES ET SOEURS !
Le peuple de France, le peuple de l'abbé Grégoire. de Schoelcher et de Zola, rejette avec dégoût le racisme et le fascisme.
C'est pourquoi, en cette Journée Nationale contre le Racisme, l'Antisémitisme el pour la Paix, ses délégués élus au cours de multiples assemblées populaires tenues dans toute
la France, et représentant toutes les couches sociales de la population sans distinction d'opinions politiques ou philosophiques d'origines ou de confession, vous lancent un vibrant
appel.
Pour que, plus jamais, aucun homme, aucun peuple ne soient voués à l'extermination sur la chaise électrique ou dans les fours crématoires,
Pour que plus jamais des enfants ne soient arrachés à leur mère, des époux à leur compagne, des frères à leurs sœurs,
Pour empêcher la barbarie raciste ct l'odieux antisémitisme de diviser la Nation, d'étouffer la démocratie et d'instaurer le fascisme,
Pour Vaincre la haine qui prépare les esprits à une troisième guerre mondiale,
UNISSONS PLUS LARGEMENT DANS L'ACTION TOUS LES GENS DE COEUR!
Droit et Liberté n°77 du 25 mai 1951 : (voir le document)
Sous le signe de l'union
Cet appel à l'union est réitéré en 1952 au cours de la quatrième journée.
Le manifeste proclame : Nous nous adressons à l'opinion publique du pays tout entier pour dénoncer la grave menace qui pèse sur l'unité de la nation du fait des odieuses
campagnes racistes et antisémites, lesquelles ont suscité des attentats criminels, restés jusqu'ici impunis.
Rafles "au faciès", matraquages, arrestations arbitraires, discrimination dans l'embauche, les salaires. les lois sociales et la logement. sont le lot brutal des travailleurs nord-africains vivant en France.
Les. étudiants d'outre-mer se heurtent à d'insurmontables obstacles découlant des préjugés indignes en pratique dans certaines hautes Administrations qui tournent délibérément les principes essentiels de la Constitution
française.
Dans les pays coloniaux et assujettis, le racisme la plus abject est d'ordre courant et il s'exprime avec une brutalité qui révolte la conscience de tous 1es Français dignes et honnêtes,
Ces campagnes et ces pratiques discriminatoires sont contraires aux traditions françaises de fraternité et de justice.
Elles déshonorent notre pays, dégradent sa culture et constituent une menace pour les libertés démocratiques.
La lutte contre le racisme et l'antisémitisme est l'affaire do tous les Français, soucieux de sauvegarder la République et la Paix.
Il dépend de leur action que soient imposés; dans 1'esprit de la Censtitution l'interdiction el le châtiment des propagandes racistos et antisémites et des pratiques discrimina1oires,
FRANÇAIS, FRANÇAISES, GENS DE COEUR ET DE RAISON! UNISSONS NOUS.
pour préserver notre pays sa culture et sa civilisation de la souillure du racisme et de l'antisémitisme.
Et Charles Palant conclut son rapport en proclamant: c'est dans l'union que nous sommes forts, c'est par l'union que nous sommes invincibles.
Unissons nous pour le triomphe de la justice et de la fraternité, de l'entente entre les hommes et les peuples, UNISSONS NOUS POUR LA PAIX.
Droit et Liberté n°112 de juin 1952 : (voir le document)
La 5ème journée en 1953 est marquée par l'affaire Rosenberg, le MRAP menant en France la campagne pour les arracher à la chaise électrique.
Lors de la préparation de cette journée, Charles Palant écrit:
La Cour suprême des Etats_Unis vient de rejeter la requête en révision présentée par les. Rosenberg. La date de leur exécution peut être fixée d'un jour à l'autre. Nous plaçons rèso1ument
la préparation de notre 5ème journée Nationale sous le signe de ta défense des Rosenberg. Pour ces innocents nous ne ménagerons aucun effort. Les arrachant à l'horrible chaise de Sing Slng
nous avons conscience que nous arracherons un peu du danger qui pèse sur notre propre vie
En avant donc pour la 5ème journée Nationale contre te racisme, l'antisémitisme et pour la paix!
Le numéro 124 de DL, rendant compte de la journée, est malheureusement toujours manquant.
Droit et Liberté n°123 du 28 mai 1953 : (voir la document)
En 1954, c'est la C.E.D. (Communauté européenne de défense) qui suscite l'inquiétude du MRAP:
Nous ne pouvons admettre que les bourreaux d'hier puissent, en Allemagne, se réorganiser librement en ligues et en formations militaires, embryons d'une nouvelle Wehrmacht appelée à renaître au sein de l' armée européenne
Nous ne pouvons admettre que, sur notre sol, les anciens collaborateurs, qui ont aur la conscience la mort de dizaines de milliers de Français qui ont appliqué les
mesures racistes et antisémites de Vichy, puissent se regrouper et éditer impunément plus de 20 journaux d'excitation à la haine entre les citoyens, aux discriminatlons entre les races....
Unissons-nous et agissons tous ensemble pour empêcher la ratification de la C.E.D. qui consacrerait le réarmement de l'Allemagne cf aggraverait considérablement le danger du racisme et de l'antisémitisme.
Unissons-nous et agissons tous ensemble pour faire triompher la justice, la fraternité et la Paix.
Et dans son rapport, Charles Palant conclut: "Jamais nous n'accepterons d'être dans le même camp que les bourreaux nazis"
Droit et Liberté n°136 de juillet 1954 : (voir le document)
La journée de 1955 se place sous le signe de l'union dans le respect des convictions de chacun ainsi que le souligne Charles Palant, secrétaire général du MRAP dans son rapport, qui ensuite dresse un programme d'action:
-- « Populariser et généraliser les exemples de large union antiraciste réalisée à Lille, Nancy, Marseille, Poitiers, etc.»
-- « Populariser largement les travaux de la 7' Journée Nationale ... »
-- « Alerter l'opinion, organiser des délégations pour obtenir que les travailleurs nord-africains bénéficient du mêm9 régime des allocations familiales que les autres travailleurs. »
-- « Demander la création, sur les ondes de la Radio nationale, d'une émission régulière consacrée à la propagation des idées antiracistes ... »
-- « Instituer un Prix de la Fraternité destiné à récompenser chaque année une œuvre littéraire ou artistique ... »
De même, Albert Levy note: Il y a fort longtemps que ne s'était pas réalisée en France une telle unanimité.
Que tant de personnalités, si diverses par leurs conceptions politiques, philosophiques et sociales, aient pu trouver un langage commun pour condamner les préjugés et les discriminations
racistes, voilà qui représente une grande victoire nationale, justifiant, n'est-il pas vrai? l'enthousiasme, l'optimisme réfléchi des quelque 1.600 délégués réunis à la Mutualité.
A cela s'ajoute l'importance des décisions prises. Les débats approfondis, qui se sont déroulés en séance plénière et dans les commissions, ont donné naissance à un programme
d'action complet, dont la réalisation portera des coups décisifs aux éléments antisémites et racistes.
Le président Lyon-Caen déclare :
"Pour vaincre les préjugés pour que triomphe l'homme. serrons les rangs, unissons nous."
Jacques Malaude ajoute:
On ne pourra songer à l'humanité véritablement réconciliée, à une paix véritablement durable à l'intérieur des nations
et entre les nations elles-mêmes que lorsque ce cancer abominable du racisme, de l'antisémitisme aura été exterminé .
En luttant comme vous le faîtes vous luttez donc pour notre pays et pour cette promotion de l'homme, à laquelle, chacun dans sa sphère, nous nous efforçons de travailler.
Droit et Liberté n°147 de juillet 1955 : (voir le document)
Le drame algérien
1956 est marqué par l'aggravation du "drame algérien", les délégués lancent un appel à lutter pour les valeurs républicaines qui souligne:
"(Les délégués) constatent cependant que des hommes et des groupements disposant de moyens puissants n'ont pas renoncé à semer la haine et à déchaîner la violence,...
Ces hommes et ces groupements utilisent une nouvelle fois la méthode qui consiste à détourner le mécontentement de la population contre un bouc émissaire.
Falsifiant outrageusement les faits, ils substituent de prétendues opposition de race aux graves problèmes soumis au pays sur le plan national et international. Ils misent sur la gravité du
drame algérien, qui remplit d'angoisse les Français patriotes, les adversaires de la guerre et de la violence, et risque d'entretenir ct d'attiser du côté autochtone eonuue du côté européen les haines et les discriminations raciales
contraires à l'interêt de la France, comme aux principes inscrits dans notre constitution."
Dans son rapport Charles Palant insiste:
" Comment ne pas dire l'inquiétude des antiracistes, alors que les hommes de Poujade, de Tixier-Vignancour et Xavier Vallat
exploitent le drame algérien comme une sorte de banc d'essai du fascisme et du racisme le plus outrancier ...
Notre exigence est une exigence de paix, par une patiente recherche de la solution pacifique du problème, car l'aggravation du drame algérien renforce
les préjugés, les incompréhensions et les haines qui, contraires aux généreuses traditions de notre pays, ne peuvent que compromettre l'amitié qui doit l'unir aux peuples· d'outre-mer.
Droit et Liberté n°177 de juillet 1956 : (voir le document)
La résolution adoptée en 1957 dresse un bilan inquiétant de la situation et appelle à une action résolue contre le racisme:
"Comme aux jours sombres, Paris est le théâtre d'odieuses violences racistes et antisémites. Les éléments factieux se regroupent impunément aux cris de " mort aux juifs " et leurs journaux, qu'inspirent
ou dirigent d'anciens collaborateurs attaquent ln dignité et menacent les droits et la sécurité de certaines catégories de citoyens, à raison de leur race ou de leur confession.
En Algérie, des hommes subissent des traitements indignes contraires aux lois de l'humanité et à l'honneur français, tandis que s'aggrave le fossé des violences et des haines.
Dans le même temps, douze ans à peine après la défaite de l’hitlérisme. les responsables des crimes
nazis retrouvent - défi aux victimes et aux survivants - des fonctions dirigeantes en Allemagne et même dans des organismes internationaux.
Le Moyen-Orient est déchiré par dea conflits fratricides dressant les une contre les autres dea peuples que le passé et le présent placent pourtant devant un même destin.
Dans de nombreux pays, les discriminations et la ségrégation raciales exercent toujours leurs ravages, et l’antisémitisme, vestige d'un passé douloureux, continue à se manifester...
Aucune divergence sur des problèmes politiques ou idéologiques ne doit nous empêcher de nous unir et d'agir ensemble pour exiger que soit respectée partout la dignité humaine, que soient bannies les
discriminations d'où qu'elles viennent, sous quelques formes qu'elles se manifestent, et que les progrès de la science servent à créer, non pas des armes de destruction massive, mais toujours plus de fraternité
et de bonheur."
Et la résolution proclame: "Le racisme, l'antisémitisme et la guerre ne sont pas une fatalité"
Droit et Liberté n°165 de juin-juillet 1957 : (voir le document)
La journée de 1958 se tient alors que de graves événements secouent le France (journée du 13 mai à Alger et ses conséquences en "métropole") .
Doit et Liberté souligne: "C'est en des heures exceptionnellement graves pour ]a République et pour la France que s'est déroulée, le 1er juin; à la Mutualité,
la 10" Journée Nationale contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix.
Journée bien différente, certes, par son climat comme par son contexte, de toutes celles qui l'avaient précédées depuis la fondation du M.R.A.P.
Journée ardente, résolue, confiante, où s'affirmèrent avec une particulière vigueur la vitalité de notre Mouvement, et la volonté du pays de faire triompher l'idéal républicain de tolérance, de fraternité entre les hommes, d'amitié entre les peuples, auquel chaque Français est indéfectiblement attaché."
Droit et Liberté n°174 de juin-juillet 1958 : (voir le document)
Lutte pour une législation antiraciste efficace
1959 marque le début de la longue bataille du MRAP pour obtenir une législation antiraciste, et lors de la journée nationale, le bâtonnier Thorn en souligne l'importance:
« Quand une législation répressive ne peut atteindre son but dans la pratique, il appartient au législateur de la modifier, au risque de paraître n'avoir légiféré que pour la forme...
« Et c'est pour lui épargner cette indignité que le M.R.A.P. a soumis à son examen aux fins d'adoption les deux projets de lois dont les dispositions seront cette fois de nature à réprimer
d'une manière certaine les menées du racisme et de l'antisémitisme.»
De son côté le président Lyon-Caen déclare: "En présence du redoublement de l'activité raciste, il faut donc poursuivre, amplifier la lutte pour la défense des Idéaux qui nous sont chers,
et dont l'existence est aujourd'hui gravement mise en péril. Avec ardeur et fol, tout en nous gardant de tout esprit sectaire et partisan, de toute allégeance à une formation politique quelconque, empêchons
que renaissent et s'acclimatent les mœurs qui ont conduit naguère la France à la perte des libertés fondamentales, reconquises au prix de tant de sacrifices."
Droit et Liberté n°182 de juin-juillet 1959 : (voir le document)
En 1960 se tient la 12ème journée:
"En quoi cette Journée Nationale - la douzième - se différencie-t-elle des précédentes? En ceci, d'abord, qu'ayant eu lieu en 1960, et notre combat n'étant pas mené en vase clos, elle a reflété les grandes transformations que
subit aujourd'hui le monde et, avec lui, l'esprit des hommes.
Ce qui caractérise notre temps, c'est l'écroulement du régime colonial. Les peuples maintenus jusqu'à présent, par la force, dans une situation d'infériorité
physique et morale, accèdent un à un à l'égalité, et l'on découvre tout à coup qu'ils sont aptes à se diriger eux-mêmes, qu'ils possèdent de riches civilisations et, pour
certains, qu'ils existent.
Et puis, d'une façon générale, après l'expérience horrible de la dernière guerre, l'idée de la détente a mûri, s'est emparée de tous les peuples, qui aspirent à se
connaître, à coopérer, et prennent conscience du rôle qu'ils peuvent jouer pour imposer la paix.
Le racisme désarme-t_il pour autant? Certes non!!"
Et la résolution finale dresse la liste des axes d'action:
-Pour une répression efficace du racisme
-Pour un enseignement et une culture au service de la fraternité
-Contre l'apartheid en Afrique du sud
-Pour l'organisation de l'action contre le racisme et l'antisémitisme
-Pour la Paix
Droit et Liberté n°192 de juin-juillet 1960 : (voir le document)
Après une pause en 1961, la 13éme journée nationale se tient en 1962, les délégués se réjouissent de la signature des accords d'Evian mettant fin à la guerre d'Algérie mais:
"Ils. soulignent, pour que le cessez-le-feu tant souhaité soit suivi d'une paix véritable, l'absolue nécessité de mesures implacables contre tous ceux qui, par la terreur et le sang, entendent
maintenir en Algérie, un système condamné par l'histoire et fondé sur la négation de la dignité des hommes." puis établissent trois constats:
-Le racisme est un tout : qu'il vise les juifs, les noirs, les musulmans ou toute autre catégorie ethnique, il constitue dans tous les cas une intolérable atteinte à la personne humaine, un même avilissement de ceux qui le pratiquent ou le favorisent.
-Sous quelque forme et en quelque lieu qu'il se manifeste, le racisme est toujours condamnable : le mépris ou l'ignorance à l'égard d'un groupe d'hommes ou d'un peuple,
même s'il s'agit d'une attitude apparemment anodine, peut servir de fondement et de justification aux théories pseudo-scientifiques, puis aux mesures discriminatoires et enfin aux crimes les plus barbares
commis au nom d'une prétendue hiérarchie des races.
-Le racisme constitue un danger, non seulement pour les hommes qui en sont les victimes directes, mais aussi pour tous ceux qui le laissent se développer:
de proche en proche, les méthodes inhumaines employées contre une minorité menacent bientôt l'ensemble des libres citoyens...
Et les délégués concluent: "S'opposer au racisme, c'est rester fidèle aux plus nobles traditions de notre peuple, c'est défendre, avec le renom de la France, les libertés républicaines ; c'est contribuer
à la grandeur de l'Homme et au triomphe de la paix.".
Droit et Liberté n°208 du 15 avril 1962 : (voir le document)
Mener un combat et pas seulement une controverse
La journée de 1963, organisée au palais de l'UNESCO, est préparée par un questionnaire publié en encart dans Droit et Liberté et largement diffusé.
Les questions se répartissent en 4 rubriques: Actualité du racisme, Quelles sont ses formes et ses manifestations? Quelles en sont les causes? Comment le combattre?
Le questionnaire : (voir le document)
Les nombreuses réponses reçues permettent d'alimenter les débats. Pierre Paraf souligne: "violent ou discret, combattu avec une vigueur accrue, le racisme demeure un problème d'actualité;
A propos des mythes raciaux, Théodore Monod affirme: "Enraciné très loin dans notre passé, le racisme peut et doit être maîtrisé" et Albert Memmi s'interroge, à qui profitent les mythes raciaux?
Me Jean Schapira insiste: "Nous devons mener un combat et non pas seulement une controverse".
Les délégués, par les résolutions adoptées exigent "une action conséquente des pouvoirs publics face aux menées racistes et neo-nazies"; encouragent l'organisation et le renforcement de l'action antiraciste;
insistent pour l'adoption d'une véritable législation antiraciste et expriment leur solidarité ardente et fraternelle aux noirs et aux blancs libéraux de l'Alabama qui, avec tant de courage et de sang-froid,
font face aux déchaînements de la rage raciste; ils saluent tous les antiracistes américains, engagés dans une bataille sans précédent pour la défense des droits des noirs, et dont l'action a déjà fait reculer
sur certains points, les tenants de la ségrégation et de la haine.
Droit et Liberté n°208 de juin-juillet 1962 : (voir le document)
En 1964, les délégués à la XVème journée se réjouissent de la déclaration de l'ONU sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale:
"Les participants à la Journée Nationale contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix, réunis le 24 mai 1964 au Palais de l'U.N.E.S.C.O. à Paris, soulignent avec satisfaction
et gratitude l'immense portée de la Déclaration des Nations-Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, dont ils ont étudié attentivement les analyses et les conclusions.
Ils se félicitent des travaux poursuivis actuellement à l'O.N.U. pour que soit adoptée à la prochaine assemblée générale, une Convention qui reprenne les recommandations contenues dans ce texte et engage les Etats signataires.
Dans le même temps , "Ils insistent pour que soient enfin discutées et adoptées les deux propositions de loi contre les discriminations et la diffamation racistes élaborées par le M.R.A.P. et qui ont été
déposées au Parlement par trois groupes de députés appartenant aux principaux courants politiques."
"Les participants à la Journée Nationale condamnent le racisme et l'antisémitisme sous quelque forme, en quelque lieu et sous quelque régime qu'ils se manifestent dans le monde,
ils saluent tous les antiracistes qui luttent pour l'égalité des droits et le respect de la dignité humaine."
Droit et Liberté n°233 dde juin-juillet 1964 : (voir le document)
En 1965, la journée nationale est précédée par les réunions de cinq commissions préparant les résolutions présentées au vote des délégués.
Une commission animée par Jean Schapira travaille sur l'analyse rigoureuse de « ce qui est »."c'est-à-dire de ce mal multiforme qui sévit toujours autour de nous et que, par une étrange presbytie,
certains ne voient que lorsqu'i1 se manifeste au loin."
Une autre animée par Charles Palant avait pour tâche de déterminer les «remèdes» dont disposent les antiracistes. D'abord, a-t -elle indiqué. il convient de «ne rien laisser passer ».
Il faut exiger: la poursuite et la condamnation sévère des publications qui font profession de racisme et de celles qui se livrent même occasionnellement à des campagnes de dénigrement, de calomnie et d'excitation
raciste ou xénophobe; l'interdiction des organisations racistes et antisémites génératrices de troubles et de violences, ainsi que la punition des coupables qui les dirigent et les animent; l'inscription d'urgence, à l'ordre du jour des
travaux parlementaires des propositions de loi formulées depuis 1959 en vue d'une répression plus efficace de la propagande et des discriminations racistes.
La commission contre l'apartheid, que présidait Jean-Jacques de Félice, a étudié ce problème "beaucoup moins lointain qu on serait tenté de le croire à la lumière de nos responsabilités de Français."
La résolution finale proclame: "la nécessité pour tous les peuples, pour tous les hommes, d'agir vigoureusement contre l'apartheid et d'imposer le respect des droits des hommes de couleur en Afrique du Sud."
La commission« Droit et Justice » a travaillé le samedi sur deux questions : la prescription des crimes contre l'humanité; l'adoption en France d'une véritable législation antiraciste.
"Ils demandent que le Parlement français soit à même de délibérer le plus rapidement possible sur les propositions de loi élaborées par le M.R.A.P. pour une véritable législation antiraciste en France conforme à la « Déclaration
des Nations-Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale » adoptée par l'Assemblée Générale de l'O.N.U. le 20 novembre 1963.
Enfin Me Mainville, rapporteur de la commission Moyen-Orient insiste sur la nécessité "d'ouvrir le dialogue".:
"Conscients des origines lointaines de ce litige ainsi que de ses données actuelles multiples et complexes, ils estiment néanmoins que l'intérêt des peuples de cette région, dont l'histoire présente tant de similitudes et de rappels communs,
victimes les uns et les autres du racisme, réside dans la recherche d'une solution juste et pacifique."
Les participants exigent également "justice pour les gitans et les tsiganes: Il convient qu'un effort spécial soit accompli pour mieux faire connaître à la population française la vie réelle des
Gitans et Tziganes et les raisons historiques et sociales de leurs particularités.
Droit et Liberté n°244 de juin juillet 1965 : (voir le document)
La 17ème journée en 1966 proclame: "Nous sommes tous concernés quand des hommes sont frappés de ségrégation, brimés, tués, humiliés." et se prononce pour la ratification de la Convention Internationale contre le racisme,
mais insiste: "pour importante et nécessaire qu'elle soit, la ratification et l'entrée en vigueur de la Convention internationale ne résoudra pas tous les problèmes que pose la discrimination.
Car l'émigration de travailleurs africains du tiers-monde ou des pays les plus pauvres de l'Europe vers les nations industrielles donne au racisme un visage nouveau : la xénophobie.
La résolution finale souligne: "sans en être la cause unique, le racisme se trouve lié aux fléaux qui pèsent sur des peuples entiers, soumis pendant des siècles à la domination coloniale .
Alors ·que s'affirme la personnalité nationale de ces peuples, la persistance des discriminations, des préjugés à leur égard, contrarie leur vocation à jouer pleinement leur rôle ·dans l'évolution politique, économique et
culturelle du monde." et conclut: "pour combattre efficacement le racisme, Ies participants à la Journée Nationale préconisent :
- l'adoption d'une législation efficace contre les discriminations et la propagande raciste, antisémitique et xénophobe, selon les deux propositions de lois élaborées par le M.R.A.P. et soumises depuis huit ans au
Parlement,
- des sanctions sévères contre toute publication incitant à la discrimination ou à la haine entre groupes de citoyens ou d'habitants à raison de leur race, leur confession ou leur nationalité,
- l'interdiction des organisations dont les activités se fondent sur le racisme et la xénophobie,
- des mesures effectives pour améliorer les conditions d'habitat des immigrés (notamment par l'application de la loi du 14 décembre 1964 sur l'élimination des bidonvilles) et pour assurer aux immigrés de toutes
nationalités ,les mêmes droits et les mêmes possibilités qu'aux autres travailleurs,
- des efforts pour favoriser l'alphabétisation, l'éducation et la formation professionnelle des travailleurs immigrés en vue de leur participation réelle à la vie sociale,
- l'instauration d'une véritable éducation civique dans les établissements scolaires, prolongée par ·l'action des mouvements de jeunesse,
- l'adoption, pour l'enseignement, d'un choix d'auteurs et plus généralement de programmes qui soient de nature à promouvoir parmi les jeunes la tolérance et l'ouverture à autrui ,
- la formation dans cet esprit des enseignants et éducateurs,
- des efforts systématiques dans les domaines de l'information et ·de la culture en vue de combattre les préjugés raciaux."
Droit et Liberté n°253 de juin 1966 : (voir le document)
Le 21 mars: Journée Internationale pour l'élimination de la discrimination raciale
1967 marque un changement dans l'organisation des journées nationale, Charles Palant l'explique dans un éditorial:
"En proclamant le 21 mars de chaque année Journée Internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, l'assemblée générale des Nations Unies a solennellement investi tous les
peuples de la mission de porter au plus haut niveau la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Dans la résolution adoptée par l'O.N.U. le 28 octobre 1966, l'assemblée générale réaffirme ...
que la discrimination raciale et l'apartheid constituent une négation des droits de l'homme et des libertés fondamentales ainsi que de la justice, et sont une offense à la dignité humaine.
En France, depuis 1949, le MRAP a introduit une tradition désormais solidement établie: la tenue tous les ans d'une Journée nationale contre le racisme, l'antisémitisme, pour la paix. Le 21 mars devrait donc
connaître un retentissement tout particulier.
Solidaires de toutes les victimes du fléau raciste et de tous ceux qui dans le monde entier combattent pour le respect de la personne humaine et la paix, les antiracistes de France mettront également en
évidence les nécessités nationales auxquelles répondent leur .propre action. Et tout d'abord en accentuant la campagne pour la ratification par notre pays de la Convention internationale contre toutes les formes
de discrimination raciale adoptée à l'unanimité par l'O.N.U."
(éditorial de C Palant: Droit et Liberté n°259 du février 1967 : (voir le document) )
Droit et Liberté explique la portée de la date du 21 mars: "Si le 21 mars choisi, c'est parce que cette date est l'anniversaire du massacre de Sharpeville.
Le 21 mars 1960, des dizaines de milliers d'Africains avaient organisé, à travers l'Afrique du Sud, des manifestations afin de protester contre les discriminations raciales
et plus particulièrement contre le système des "laisser-passer".
A Sharpeville, localité africaine située près de Vereniging, la police tira sur un rassemblement pacifique d'Africains. Il y eut 68 tués et
près de 200 blessés. C'est à ces victimes de l'apartheid en même temps qu'à toutes les victimes du racisme et de l 'antisémitisme que nous penserons en célébrant la Journée Internationale."
Puis le MRAP précise l'organisation de cette journée:
Depuis sa fondation (en 1949), le M.R.A.P. organise, chaque année au printemps, une Journée Nationale contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix. Aussi notre Mouvement se réjouit de la décision
prise par l'O.N.U., proclamant une Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale qui confère à la tradition établie en France un retentissement universel.
De ce fait, le Conseil National du M.R.A.P. réuni à Paris le dimanche 5 février, a pris plusieurs décisions qui modifient sensiblement la conception de nos manifestations annuelles.
La Journée nationale s'inscrira désormais dans le cadre de l'appel lancé par l'O.N.U. Elle se déroulera donc régulièrement chaque 21 mars.
Par delà le M.R.A.P. et au lieu de l'unique rassemblement national habituel, de multiples manifestations auront lieu dans toute la France, sous des formes très diverses, permettant à
de très nombreux citoyens une participation plus active.
En outre, comme le 21 mars tombe chaque année un jour différent de la semaine, le M.R.A.P. suggère que ce soient en fait sur huit ou dix jours que s'étendent les manifestations.
Dans l'appel rendu public par notre Conseil National, le M.R.A.P. invite à cette occasion, « tous les Français à examiner les données actuelles du racisme et de l'antisémitisme et à prendre
des dispositions pour s'opposer aux discriminations, aux préjugés qu'ils engendrent....
Droit et Liberté n°260 de mars 1967 : (voir le document)
La semaine est marquée par l'organisation d'un gala au Palais de Chaillot réunissant de nombreuses personnalités et Pierre Paraf se réjouit:
"Ce qu'il faut noter principalement, c'est la participation de la Jeunesse ; partout la jeunesse, cette Jeunesse que l'on dit hâtivement insensible, a pris les choses en mains, s'est portée au premier rang de l'action.
.... Autre fait d'importance: l'adhésion de toutes les grandes formations politiques aux propositions de lois élaborées par le M.R.A.P. ; adhésion qui nous permet d'espérer une discussion et une adoption prochaines à l'Assemblée
Nationale ....Car le racisme est aussi à notre porte. A côté des manifestations extrêmes de l'apartheid, de la résurgence du nazisme, Il y a le racisme tout proche chez nous-mêmes, à l'encontre des travailleurs Immigrés, racisme de l'isolement, de la misère, du silence... Une lutte vigoureuse s'impose."
Droit et Liberté n°261 de avril 1967 : (voir le document)
En 1968 le MRAP organise de nombreuses manifestations autour du 21 mars, et en particulier, une soirée à la Sorbonne et à la Bourse du Travail, une assemblée consacrée aux problèmes des travailleurs immigrés...:
"A travers tout le pays, des dizaines de manifestations rassemblant des foules de jeunes; à Paris, la brillante soirée de la Sorbonne et l'exaltante journée de solidarité avec les travailleurs immigrés;
partout un même courant d'intérêt, une même volonté d'agir: telle fut, en France, ce 21 mars, la seconde Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale.
Dans une lettre du 27 mars, la direction du Centre d'Information de l'O:N.U. nous dit « tout le prix que le Secrétariat des Nations Unies attache aux initiatives récemment prises par le M.R.A.P. »
Une fois de plus, notre Mouvement, qui a mené tant de campagnes retentissantes, qui assure avec une continuité sans faille la défense des plus nobles traditions françaises, trouve dans les succès
obtenus et dans les hommages qu'il reçoit, une récompense.
La résolution finale de la journée de la Bourse du travail est reprise dans un communiqué: "Pour les travailleurs immigrés".(voir le document)
Droit et Liberté n°271 de mars 1968 : (voir le document)
Droit et Liberté n°272 de avril 1969 : (voir le document)
Congrès et 21 mars
Solidaires de toutes les victimes du fléau raciste
Les congrès du MRAP sont désormais distincts de la journée internationale.
Le 21 mars voit de multiples actions organisées localement, le congrès reprend le rôle de la journée nationale contre le racisme et l'antisémitisme et réunit les délégués de comités locaux pour déterminer l'orientation du MRAP.
En 1969, Droit et Liberté rend compte des initiatives autour du 21 mars: "D’année en année, la tradition s'enracine · la Journée internationale
pour l'élimination de la discrimination raciale aura donné lieu, en 1969. à un nombre record d'initiatives En fait, ce n'est pas seulement d'une journée qu'il s'agit : c'est sur deux mois
(mars avril) que se situent les quelques 80 manifestations de toutes sortes que nous avons pu enregistrer jusqu'à présent.
Celle façon originale de répondre à l'appel des Nations Unies nous parait aussi la plus efficace puisqu'elle se traduit par la participation active de milliers de personnes à l'action contre le racisme à travers tout le pays..."
En conclusion : "Un peu partout, nos comités locaux ont suscité des initiatives ou ont aidé à leur réalisation Parfois, au contraire, ce sont les manifestations de la Journée internationale qui ont permis la création
de comités en b1en des endroits, des jalons ont été posés pour de nouveaux progrès. Ainsi il ne fait pas de doute que tous les efforts accomplis. tous les succès acquis auront des suites, immédiates ou lointaines.
Droit et Liberté n°281 de avril 1969 : (voir le document)
Toujours en 1969, le MRAP tient son congrès, en novembre, placé sous le thème; "Le MRAP demain".
Albert Levy dégage 4 données principales:
1 Nous avons décidé de nous orienter d'une façon aussi conforme que possible aux grands problèmes de notre temps...
2 Nous avons affirmé aussi notre volonté d'accorder la priorité à la lutte contre le racisme chez nous...
3 Dans les commissions, s'est exprimée avec force la nécessité de multiplier les comités du M.R.A.P. dans les localités, les départements, les arrondissements parisiens, ainsi que dans les entreprises, lycées et facultés.
4 Notre Congrès a mis en relief les prolongements que doit avoir notre action dans deux domaines importants : l'éducation et l'information.
Les résolutions adoptées portent sur:
-Les immigrés et le tiers monde: "Le M.R.A.P. constate que la présence en France de plus de trois millions de migrants (travailleurs et leurs familles), qui jouent un rôle essentiel dans l'économie nationale,
n'a suscité jusqu'à présent aucune action valable de la part des pouvoirs publics pour aménager leur accueil, leur logement, leur formation professionnelle et la défense de leurs droits...."
-Le racisme et l'antisémitisme en France et dans le monde: "le racisme demeure en France une réalité qui se manifeste quotidiennement tant sous la forme ancienne de l'antisémitisme que dans la ségrégation et l'hostilité
à l'égard des travailleurs immigrés et des gitans..."
-Le problème du proche-orient et ses conséquences: "Le Congrès du M.R.A.P. ... réaffirme les principes qui sont à la base de toute l'action antiraciste du Mouvement et, notamment :
le respect du droit pour chaque peuple à son existence, à son indépendance nationale, à sa dignité, à sa sécurité, à la libre disposition de son destin. Aucune nation ne saurait faire un préalable à sa
propre existence ou à sa propre sécurité de la spoliation ou de la disparition d'une autre nation..."
Droit et Liberté n°272 de avril 1969 : (voir le document)
Le MRAP place les initiatives autour du 21 mars 1970 autour du thème du logement des travailleurs immigrés et à travers ce problème crucial, la condition des travailleurs étrangers dans son ensemble:
"Partout nos militants s'efforcent d'associer à leurs initiatives les syndicats, les municipalités, les associations, la presse, les enseignants, etc. Ensemble , il convient d'informer, d'alerter l'opinion sur le sort inhumain imposé à des dizaines de milliers de travail leurs dont les conditions d'existence
sont dramatiques.
De nombreuses manifestations sont organisées, une soirée de l'amitié à Pleyel réunit de nombreux artistes.
Droit et Liberté n°290 de mars 1970 : (voir le document)
Droit et Liberté n°292 de mai 1970 : (voir le document)
L'année internationale de lutte contre le racisme et la discrimination raciale
L'année 1971 est proclamée par l'ONU "Année internationale de lutte contre le racisme et la discrimination raciale.»
Cet engagement, le M.R.A.P. entend l'honorer de son mieux. C'est donc en fait, une année entière d'efforts pour le MRAP.
Une délégation du MRAP est reçue par le premier ministre qui "a réservé un accueil compréhensif à la délégation et exprimé son intérêt pour l'action du M.R.A.P."
La délégation a particulièrement souligné les points suivants:
L'éducation, l'information, les travailleurs immigrés, les gitans, les propositions du MRAP pour une législation antiraciste, la lutte contre l'apartheid.
Droit et Liberté n°299 de janvier 1971 : (voir le document)
Tout en regrettant que "Le 21 mars, la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, n'a pu revêtir en France l'ampleur souhaitable en une pareille année (elle coïncidait avec le second tour des élections municipales, aprés une campagne
qui avait absorbé l'opinion publique pendant une longue période)...le MRAP se réjouit de " constater que l'Année internationale s'est emparée de l'actualité. La presse française, à Paris comme en province,
a publié maints articles, généralement en rapport avec le M.R.A.P., d'autres se préparent. De multiples associations ont décidé de consacrer une part de leurs activités à la lutte antiraciste : des manifestations
très diverses ont eu lieu ou sont prévues...
Droit et Liberté n°301 de avril 1971 : (voir le document)
Le 15 avril de cette année, l'Assemblée Nationale vote l'adhésion à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.
Satisfaction pour le MRAP qui rappelle cependant: La ratification de la Convention est une étape. La loi ne permet pas l'application de la charte internationale et qui insiste sur la nécessaire "véritable" législation antiraciste.
Droit et Liberté n°302 de mai 1971 : (voir le document)
L'année culmine par l'organisation en novembre du Forum de l'amitié à la Mutualité. Droit et Liberté consacre son dossier du mois de décembre à ce forum et au bilan de l'année internationale de lutte contre le racisme et la discrimination raciale;
Charles Palant conclut: "La France antiraciste est inséparable de la France démocratique. Tout au long de cette Année internationale , nous l'avons constaté partout, dans les villes, les villages, dans les usines, les universités, les lycées où avec l'aide de nombreuses organisations nous avons multiplié débats,
conférences , expositions , manifestations de toutes sortes . La France antiraciste, elle est à l'image de ce forum, celle des travailleurs manuels et intellectuels, celles des citoyens d'opinions et de
croyances diverses, au coude à coude unis dans l'action à laquelle les appelle notre Mouvement.
Oui nous sommes fiers et reconnaissants devant toutes celles et tous ceux qui par leur présence parmi nous contribuent au retentissement de notre action.
Mais nous ne prétendons nullement tout ramener à nous. Avec une égale reconnaissance nous saluons toutes les prises de positions , toutes les initiatives qui ont marqué en France l'Année internationale ."
Droit et Liberté n°308 de décembre 1971 : (voir le document)
En 1972, le MRAP regrette l'inaction des pouvoirs publics: "La Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale (21 mars) a été marquée en France, cette année encore par de multiples initiatives.
Grâce au M.R.A.P. Car les pouvoirs publics s'en désintéressent, bien qu'elle ait été instituée par l'O.N.U."
A l'occasion de la journée du 21 mars, le MRAP lance un appel: "Face au racisme" signé par plus de 100 personnalités. qui proclame:
"Devant les manifestations alarmantes de ce fléau en France même, ils invitent instamment les pouvoirs publics à prendre toutes mesures pour s'y opposer.
Ils déclarent particulièrement urgente l'adoption par le Parlement des propositions de lois élaborées par le M.R,A.P. et qui , conformes à la Convention internationale contre le racisme, sont déposées depuis plusieurs années
par des députés de toutes tendances ...S'opposer activement au racisme, c'est l'affaire de chaque homme conscient de ses responsabilités."
Droit et Liberté n°312 de avril_mai 1972 : (voir le document)
La loi enfin adoptée
Les 20 et 21 janvier 1973, le MRAP tient son congrès.
A cette occasion, Albert Levy se réjouit de l'adoption de la loi relative à la lutte contre le racisme (loi du 1er juillet 1972), " Le M.R.A.P. peut être fier d'avoir forgé cette arme, par laquelle, désormais,
les victimes du racisme seront mieux défendues, et dont nous devons leur faire bien connaître l'utilisation .", mais il avertit: "Nous sommes frappés par le nombre croissant et la croissante diversité des manifestations du racisme qui nous sollicitent,
et qui, loin d'apparaître comme des faits occasionnels se trouvent liés en France et dans le monde, aux problèmes cruciaux de notre temps...
"« Ce qui saute aux yeux , tout d'abord, c'est que les peuples des pays sousdéveloppés sont infériorisés sur tous les plans : économique, politique, social et culturel....
En France, on sait que les travailleurs, immigrés, sans qui une part importante de l'économie se trouverait paralysée, sont confinés dans les travaux les plus pénibles et les plus mal payés...Ségrégation, misère, infériorité
devant la vie. Des discriminations légales contribuent en outre à rejeter les immigrés hors de la communauté: droits sociaux et syndicaux réduits, libertés individuelles amputées..."
Les résolutions présentées par les commissions portent sur:
-Le racisme en France et en particulier la situation de l'ouvrier immigré et la promotion de la loi de juillet 1972.
-Face au sous developpement: "La notion de développement est ambiguë. Trop souvent, sous couvert de « modernisation» et de développement, on introduit dans des sociétés paysannes à base communautaire
des rapports économiques et sociaux de type capitaliste qui aggravent les clivages sociaux et la dépendance vis-à-vis de l'étranger"
Cette commission exprime aussi la position du MRAP sur le proche-orient: "Le congrès approuve les efforts du M.R.A.P. pour susciter et favoriser toute rencontre entre tenants de l'un et de l'autre camp. Il donne mandat
au M.R.A.P. pour développer de tels efforts avec plus de vigueur, favorisant les prises de conscience de l'opinion antiraciste dont le rôle est important dans la promotion d'une solution de paix. »
-Culture, information et éducation dans la lutte contre le racisme: "La commission insiste une fois de plus sur la nécessité de persuader les enseignants et les éducateurs de l'urgence d'une action spécifiquement pédagogique
auprès de l'enfance et de la jeunesse"
-Modalité et moyens d'action du MRAP: " Que faire et comment faire pour que notre lutte soit plus étendue, plus efficace, et permanente?"
Droit et Liberté n°318 de février 1973 : (voir le document)
Cette même année, à l'occasion du 21 mars, Droit et Liberté édite un numéro spécial consacré essentiellement au "Tiers monde" dont l'Afrique australe et le moyen-orient, ainsiqu'aux travailleurs immigrés.
Albert Levy souligne: "C'est le sous-développement affectant la moitié de la terre qui entraîne aujourd'hui les plus graves inégalités, les discriminations les plus profondes entre les hommes..."
Droit et Liberté n°319 de mars 1973 : (voir le document)
En 1974, dans le cadre des actions pour la journée du 21 mars, une délégation du MRAP est reçue par le premier ministre: "Au cours de l'entretien, qui a duré 40 minutes, M. Pierre Messmer, soulignant
l'importance et l'intérêt de l'action du M.R.A.P., a déclaré que les suggestions formulées par notre Mouvement seraient examinées, compte tenu de la réalité indéniable du racisme aujourd"hui
en France et de la situation de mépris dont souffrent les immigrés.
Droit et Liberté n°329 de avril 1974 : (voir le document)
Donner la parole aux immigrés
Le 21 mars 1975 est principalement axé sur les immigrés:"Donner la parole aux immigrés : ce fut la préoccupation du M.R.A.P., le 21 mars, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination
raciale... A la conférence de presse organisée au siège du mouvement, les problèmes, les revendications des diverses communautés nationales ont été exposés par les délégués de plusieurs organisations représentatives :
Amicale des Algériens en Europe, Association franco-Italienne, Association des Marocains en France, Collectif des orgamsations africaines en France, Association des travailleurs comoriens en France."
En novembre de cette même année 1975, se tient le congrès du MRAP:
Les commissions travaillent sur:
-les relations internationales avec les organisations luttant contre le racisme.
-la lutte contre le racisme dans la localité et dans l'entreprise.
-les mass-media et la lutte contre le racisme.
-la lutte contre le racisme à l'école et à l'Université.
-action juridique contre le racisme.
-sur la résolution des Nations Unies assimilant le sionisme à une forme de racisme et de discrimination raciale.
Charles Palant conclut:"La lutte contre le racisme, l'antisémitisme, pour la paix coïncide très exactement avec l'intérêt national bien compris. Elle s'appuie sur la raison porteuse des
lumineuses promesses d'élargissement de la démocratie, de la liberté, c'est-à-dire de la France fraternelle et antiraciste qu'avec tous les hommes de progrès et de paix nous voulons pour demain. "
Les délégués au congrès lancent un appel: "Non au racisme". soulignant que le racisme est aujourd'hui une réalité inquiétante et concluant à la nécessité de renforcer le MRAP.
Droit et Liberté n°344 de décembre 1975 : (voir le document)
En 1976, de nombreuses actions sont initiées autour du 21 mars tant au niveau national qu'au niveau local, c'est aussi l'occasion pour Monsieur Amadou-Maboer M'Bow, Directeur général de l'UNESCO, de faire parvenir au MRAP
et à son mensuel Droit et Liberté" un message "21 mars contre l'injustice" dans lequel il déclare: "Aussi ai-je plaisir à saluer...l'exemple que donne la revue Droit et Liberté du rôle efficace que peut jouer une presse sérieuse, honnête et sensible
dans la formation des esprits et renforcement de la solidarité humaine."
Droit et Liberté n°347 de avril 1976 : (voir le document)
Comme chaque année en 1977, le MRAP construit un 21 mars actif: "A Paris et en province, la presse a fait largement écho à la déclaration rendue publique
par le M.R.A.P. affirmant sa « solidarité fraternelle avec tous les peuples, tous les hommes, en quelque lieu que ce soit, qui sont persécutés, brimés, menacés dans leurs
droits, leur sécurité ou leur vie, en raison de leur origine raciale, ethnique, religieuse ou nationale . Dans ce texte, qui souligne particulièrement les crimes de l'apartheid
en Afrique du Sud, le M.R.A.P. indique qu'« en France même, chacun doit prendre conscience de la réalité du racisme: qu'il vise les Arabes, les Juifs ou les Noirs, les
immigrés ou les Gitans, il prend aujourd'hui des formes et une ampleur alarmantes .
Parmi les mesures urgentes qui s'imposent, le M.R.A.P. énumère : « la recherche efficace et le châtiment des criminels racistes; la mise hors d'état de nuire des groupes
néo-nazis qui pratiquent ou suscitent les violences et la haine racistes, le développement par la presse, la radio, la télévision et l'enseignement, de l'information sur les menées
et les préjugés racistes, afin d'en prémunir tous les secteurs de l'opinion publique; la suppression de toutes discriminations légales, brimades policières et administratives,
expulsions arbitraires visant les travailleurs et étudiants étrangers; la suspension du soutien économique et militaire de la France à l'Afrique du Sud raciste."
Le Directeur général de l'UNESCO M. M'Bow accorde un entretien à Droit et Liberté, il s'interroge: "Que les travailleurs des pays pauvres soient obligés d'émigrer n'est pas nouveau; mais il est important
de savoir pourquoi ils sont contraints d'accepter les travaux les moins appréciés par les habitants des pays d'accueil et de s'y cantonner, même à la seconde génération" et il conclut par ces mots: "Je crois donc que les antiracistes français devraient entrainer leurs compatriotes à reprendre le cri d'un Voltaire: Raison, Tolérance, Humanité."
Droit et Liberté n°356 de mars 1977 : (voir le document)
Le changement de titre
Le congrès du MRAP se tient fin novembre 1977, le débat est préparé dès le numéro d'été de Droit et Liberté qui pose le problème de l'évolution du racisme qui devient "un racisme de crise":
"D'une part, les violences et les crimes racistes se multiplient...D'autre part, les campagnes tendant à présenter les immigrés comme responsables de tous les maux, deviennent systématiques et reçoivent des
encouragements officiels".
Dans cette optique le MRAP se doit d'évoluer, et dans une perspective de renforcement se pose la question du titre du MRAP: "...il convient de répondre aux questions qui nous sont posées sur le
titre du m.r.a.p ... Beaucoup d'amis, de nouveaux adhérents s'étonnent d'y voir figurer côte à côte les deux mots racisme et antisémitisme, alors que le premier englobe l'autre. Le racisme, en effet, c'est
le tout..."
Droit et Liberté n°359 de juillet 1977 : (voir le document)
Droit et Liberté rend compte en octobre du débat préparatoire : Droit et Liberté n°362 de octobre 1977 : (voir le document)
Puis publie un large compte rendu du congrès:
En ouverture, Pierre Paraf souligne: "Le racisme, vous le savez, se manifeste avec plus d'ampleur encore et dans une indifférence parfois hostile d'une partie de la population contre les 4 millions
d'immigrés que le développement des pays industrialisés, la misère et le chômage dans les pays en voie de développement,ont attiré parmi nous ..."
Albert Levy précise l'évolution du racisme: "Ces dernières années, nous étions en présence d'un racisme de séquelles: séquelles de l'antisémitisme médiéval s'exprimant parfois en rumeurs à Orléans, Amiens et autres
lieux, ou de l'antisémitisme nazi; séquelles de la guerre d'Algérie, qui a engendré tant de préjugés et de rancœurs; séquelles du racisme colonial, visant à justifier la misère et l'humiliation du Tiers-Monde, comme des
immigrés qui en sont les témoins en Europe. Ces éléments subsistent, certes, dans le racisme actuel. Mais ce qui est nouveau, c'est qu' il s'alimente désormais directement dans le présent : nous l'avons caractérisé
comme un racisme de crise. Il consiste à isoler dans la population un groupe ethnique et à le désigner comme responsable de tous les maux du moment, dont on veut masquer les véritables causes, pour détourner contre
ce groupe mécontentement et colères."
Après avoir débattu des problèmes intérieurs, mais aussi de l'apartheid, du Moyen-Orient, des juifs d'URSS, du racisme aux Etats-Unis...le congrès définit "la France que nous voulons":
"Lourd de danger pour tous, le racisme doit donc être combattu par tous. C'est pour tous, et avec tous, que nous luttons pour une France d'où le racisme serait définitivement banni"
Le congrès approuve le changement de titre du MRAP qui devient le "Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples", le sigle restant inchangé.
Sur ce sujet voir le dossier thématique : Dossiers thématiques - Le changement de nom du MRAP
Le congrès se conclut par une déclaration: "Pour une France sans racisme" proclamant entre autre: "...Ainsi, chacun de nous est concerné par le racisme. C'est à chacun de nous qu'il appartient de le combattre".
Droit et Liberté n°364 de décembre 1977 : (voir le document)
Ne pas oublier le racisme ordinaire
Le 21 mars 1978 est principalement centré sur le combat contre l'apartheid mais n'oublie pas le racisme "ordinaire":
"Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, le 21 mars était aussi, en 1978, le point de départ de l'Année internationale de lutte contre l'apartheid.
Le mrap était évidemment présent à ce double rendez-vous de l'Organisation des Nations-Unies."
"Au cours d'une conférence de presse, il a annoncé, deux jours après les élections, l'envoi à tous les députés, d'une lettre attirant leur attention sur ce que le mrap attend de la nouvelle
Assemblée Nationale . Les propositions présentées sont celles qui figuraient déjè dans le document destiné aux candidats sous le titre : Pour une France sans racisme, amie des peuples
luttant pour leur liberté ". La lettre souligne en particulier trois questions :
1. Les mesures à prendre pour mettre enfin hors d'état de nuire les auteurs d'agressions et d'attentats racistes et pour contrecarrer les campagnes de haine aujourd'hui particulièrement virulentes contre les travailleurs immigrés.
2. L'amélioration des conditions de vie et de travail des immigrés et, en premier lieu, l'abrogation de toutes les mesures restreignant les droits et libertés fondamentaux de ces travailleurs et <;le leurs familles.
3. La cessation du soutien apporté aux régimes racistes de l'Afrique australe et la participation active de la France à l'Année mondiale de lutte contre l'apartheid proclamée par l'O. N. U. à partir de ce 21 mars."
Droit et Liberté n°368 de avril 1978 : (voir le document)
Le congrès de 1980 se définit comme un "congrès de lutte": "La lutte, la réflexion, l'échange d'expériences : le congrès s'est articulé autour de ces trois pôles intimement liés entre eux."
"La lutte, la combativité ont été présents tout au long des débats et interventions que ce soit à la tribune officielle ou au cours des travaux des commissions et au moment de la discussion générale."
Elle s'était déjà manifestée - et de quelle manière! - le jeudi 20 mars du côté de l'ambassade d'Afrique du Sud où, bravant le froid et la neige, 1500 personnes avaient crié leur révolte contre
l'apartheid qui a condamné à mort James Mangé.
Albert Levy soulignait que: "les immigrés étaient désignés comme responsables de la crise, qu'on détournait contre eux mécontentements et colère.
"La crise s'est accentuée, déclarait-il. Le racisme aussi. Nous noterons la dimension internationale ajoutée à l'une et à l'autre. En insistant outrancièrement sur le pétrole, l'on attribue aux Arabes y
compris ceux qui travaillent ici les dangers qui pèsent sur l'économie occidentale. De même, on impute aux pays en développement les conséquences néfastes en France d'un redéploiement industriel
qui n'a pas d'autre but que de les exploiter davantage".
Après avoir rappelé que «la fraternité humaine n'est pas un sentiment, mais un combat », François Gremy affirmait que «le premier devoir du mrap est celui de la lucidité, de l'intelligence, de l'information,
de l'éducation ».
Droit et Liberté insiste sur le travail des commissions: "Lieux de réflexion, de lutte mais aussi d'échange d'expériences, les commissions ont réuni de très nombreux congressistes. 5 commissions ont été
mises en place: forum (débat général), action des comités locaux, action juridique, finances, droit et liberté et matériel d'information"
Droit et Liberté n°390 de avril 1980 : (voir le document)
Liberté, Egalité, Fraternité: une exigence pour tous
A l'occasion du 21 mars 1981, le MRAP publie un manifeste sur l'immigration: "Liberté, Egalité, Fraternité: une exigence pour tous"
Il y affirme: "La tension engendrée par la crise économique ne doit pas mettre en cause les droits fondamentaux de la personne humaine. Entre autres, il faut reconnaître aux. étrangers:
- Le droit d 'asile pour les réfugiés, qui ne peut en aucun cas, être mis en question, et ce, quelle que soit leur origine.
- Le droit au regroupement familial, dont l'exercice doit être favorisé pour permettre une vie normale aux travailleurs Immigres et de meilleures possibilités d'insertion.
- Le droit de visite pour les familles, le droit au tourisme ainsi que le droit de libre circulation défini par les accords internationaux signés par la France.
La partie Fraternité du manifeste est conclut par ces mots:
"EN CONSEQUENCE, LE MRAP DEMANDE AVEC FORCE, DANS L'IMMEDIAT:
- Le respect absolu par la France des Pactes relatifs aux Droits de l'Homme.
- Un débat parlementaire global et approfondi sur l'immigration.
- La révision des accords bilatéraux avec les pays d'origine pour qu'ils assurent des échanges avantageux pour tous les partenaires.
- La fin de tout arbitraire contre les immigrés.
- Une présence sans exclusive des cultures de l'immigration dans les émissions de radio et de télévision, assurée avec le concours de toutes les associations concernées."
Droit et Liberté n°399 de mars 1981 : (voir le document)
Le MRAP se réjouit en 1982 car le changement de majorité politique permet de bénéficier d'un plus grand appui des pouvoirs publics:
"La semaine du 21 mars prend cette année un caractère particulier: pour la première fois en France un large écho lui sera donné. Leconcours de la RATP, pour l'exposition photo de la station Châtelet,
celui du Ministère des Postes et Télécommunications pour l'édition du timbre antiraciste, l'inlassable action des comités locaux contribueront à faire de ce 21 mars 82 une date importante dans la lutte contre le racisme."
Cette année encore d'importantes initiatives sont prises por combattre l'apartheid.
Droit et Liberté n°409 de mars 1982 : (voir le document)
Contre tous les racismes
Le 8 mai de cette même année, le MRAP tient son congrès placé sous le signe "Contre tous les racismes"
Jean Pihan en coclusion du congrès déclare: "Je noterai seulement une prise de conscience croissante des responsabilités de chacun, une maturité plus grande dans le Mouvement. La discussion est parfois chaude - car heureusement nous ne sommes pas tous d'accord sur tout - mais elle reste fraternelle...
De tous nos débats, je ne puis que retenir ce qui a été dit à propos de «La France, société pluri-culturelle ". Il faut que nos compatriotes, comme ceux des autres pays européens - pour ne parler que de ceux-ci - s'habituent à ce que la présence d'étrangers, ou de descendants d 'étrangers, sur notre sol, n'ait pas le même caractère que celui des immigrations antérieures. Nous avons un rôle à jouer pour y habituer les Français, qui sont facilement chauvins et casaniers. Nous avons à faire en sorte que ces nouveaux « résidents » soient traités autrement qu 'ils ne l'ont trop souvent été et puissent participer librement
à l'expression de leur culture et à l'exercice de leurs droits humains. Parler d 'amitié entre les peuples. c'est travailler à faire reconnaître la pluralité enrichissante entre des groupes identifiés par leur histoire et leur culture."
François Grémy, président du MRAP évoque les problémes de démocratie interne:" les structures que nous nous sommes données sont fondamentalement démocratiques: congrès, Bureau National, où sont représentées les différentes régions et les différentes commissions, Secrétariat où travaillent côte à côte les militants bénévoles et les militants permanents.
Mais des contraintes de fait viennent contrarier l'exercice démocratique. Les premières contraintes sont celles de l'argent : dans son fonctionnement concret, le Bureau National instance dirigeante suprême du Mouvement, souffre d'un absentéisme important dû aux frais de transport. Beaucoup de régions n'ont pas les ressources pour financer le voyage de leur délégué.
Aussi nous trouvons-nous souvent devant des bureaux nationaux réduits, où la région parisienne est sur-représentée... »
La résolution finale proclame; Le MRAP quant à lui continuera:
- à expliquer l'apport inestimable tant économique que culturel de l'immigration à notre pays ;
- à rencontrer les responsables gouvernementaux afin de faire prendre en compte ses revendications.;
- à alerter l'opinion publique et les élus sur ce qui lui semble inacceptable dans la politique gouvernementale en matière d'immigration;
- à lutter dans les institutions, entreprises, écoles, offices d'HLM, etc . pour la prise en compte de ses propositions ...
Et poursuit: "...Le MRAP, enfin, s'engage à développer au plan local et national, sa réflexion sur :
- le droit de vote pour la population immigrée,
- le droit à la libre circulation."
Le Congrès réflechit aussi sur l'organisation, les structures du MRAP ainsique sur son champ d'action et ses moyens d'expression. (411)
Droit et Liberté n°411_412 de mai 1982 : (voir le document)
En 1983, Droit et Liberté 418 rend compte des initiatives autour du 21 mars: "Comme chaque année, les comités locaux du MRAP auront marqué d'une manière particulière la célébration de la Journée internationale
contre le racisme..."
Droit et Liberté n°418 de avril 1983 : (voir le document)
En juin 1983, le MRAP réunit son assemblée générale, Droit et Liberté rappelle ce qu'est l'Assemblée Générale:
"Nous l'identifierons par ses ... différences ...
- A la différence du Congrès, réuni tous les trois ans, l'Assemblée générale - statutaire - doit avoir lieu tous les ans.
- Seconde différence: au Congrès, les votes sont réservés à des délégués, dûment mandatés, au prorata du nombre de membres des Comités ou des Commissions qu'ils représentent.
A l'Assemblée générale, tous les membres votent. Ils peuvent être présents personnellement ou donner pouvoir à un autre membre"
L'assemblée générale du MRAP, réunie en juin 1983 déclare que dans la lutte antiraciste, "il faut un mouvement spécialisé, braqué " tous azimuts ", contre toutes les formes de racisme. Le MRAP veut être, et
il est, ce mouvement. Encore faut-il que l'outil soit bon, l'instrument solide et malléable à la fois: c'est à cela que répond le souci d'organisation, et ce fut
un des deux points majeurs de l'Assemblée Générale des 4 et 5 juin " (421)
L'Assemblée générale définit les actions prioritaires pour contibuer à couper les racines même du racisme:
-Mobiliser massivement les forces antiracistes et inviter les pouvoirs publics à agir avec détermination
-Accentuer notre effort d'information, d'explication et de réflexion
-Riposter sans faiblesse à tout acte raciste caractérisé
-Contribuer à donner vie à une société véritablement inter-culturelle
Droit et Liberté n°421 de juin 1983 : (voir le document)
Les Assises nationales, Vivre ensemble avec nos différences
En 1984, autour du 21 mars, le MRAP se mobilise avec d'autres associations pour une action de grande ampleur: les "Assises nationales, Vivre ensemble avec nos différences" déclinées au plan local comme au plan national,
elles cuminent avec six forums organisés à la maison de l'UNESCO devant plus de 2000 participants.
Différences consacre un numéro spécial à cet événement et rend compte des six forums:
Habitat et cadre de vie
Entreprise et droit des travailleurs
Medias
Histoire et cultures
Ecole et éducation
Participation à la vie publique.
Lors des interventions de clotûre, George Pau_Langevin déclare: "Ce qui est apparu clairement, c'est que pour vivre mieux ensemble il faut surtout lutter ensemble pour vivre mieux,
dans l'école pour qu'elle soit meilleure et prenne en compte les aptitudes diverses des enfants, dans les quartiers pour que chacun puisse accéder à un logement de bonne qualité.
A la fin de ces journées, nous nous sentons sans doute plus forts, mieux armés pour reprendre la lutte au quotidien.
Une première action simple que nous pouvons proposer, c'est que le 21 mars nous portions tous le badge « Vivre ensemble » qui est disponible ici. Ce que nous souhaitons également, c'est que la
prochaine période et notamment la campagne électorale qui s'amorce ne soient pas l'occasion pour les hommes politiques de se servir du racisme et des immigrés comme d'un argument facile dans la campagne...
Numéro spécial de Différences: (voir le document)
Toujours en 1984, le MRAP tient son assemblée générale, sous le mot d'ordre: pour une action tous azimuts, en prise avec les réalités quotidiennes.
George Pau Langevin y précise l'action du MRAP: Le MRAP n'est pas le détenteur d'une vérité révélée, mais une caisse de résonance, un endroit où on réfléchit, où on étudie, où on approfondit toutes les idées d'où
qu'elles viennent . Ainsi le débat: droit à la différence, égalité des droits est intéressant, puisque le droit à la différence n'est qu'une des voies permettant d'aboutir à une égalité non mutilante.
Droit et Liberté n°433 de novembre 1984 : (voir le document)
Droit et Liberté n°434 de décembre 1984 : (voir le document)
Vivre et agir ensemble dans la France plurielle d'aujourd'hui
En 1985, le MRAP se réjouit de la belle réussite des actions du 21 mars:
A l'occasion du 21 mars, Journée internationale contre le racisme, le MRAP avait organisé à Paris, avec le concours de la SNCF, une animation culturelle, gare du Nord, à laquelle
se sont associés de nombreux artistes...Dans toute la France, nos comités locaux ont pris, dans cette période, les initiatives les plus diverses pour informer et sensibiliser l'opinion.
Droit et Liberté n°438 de avril 1985 (numéroté 439 par erreur) : (voir le document)
Le congrès de juin 1985 est placé sous le signe de "Vivre et agir ensemble dans la France plurielle d'aujourd'hui"
Albert Levy s'inquiète de la montée du Front National et réclame une grande campagne de vérité: ." En prenant à contre-pied la propagande mensongère qui a contaminé les milieux populaires, il
s'agit de faire savoir que les immigrés ne sont pas causes de la crise, du chômage ou de l'insécurité..."
"Donnons corps à un nouveau civisme: un civisme fondé sur notre diversité féconde et sur la prise en main commune de nos responsabilités locales , nationales, internationales..."
Le congrès insiste sur la lutte contre l'apartheid: Le MRAP est aujourd'hui le principal mouvement à lutter contre l'apartheid en France. Sa contribution, dans la prochaine période, sera essentielle: multiplions
les assemblées, les rencontres, faisons grandir la protestation contre le régime de Pretoria..."
Droit et Liberté n°440_441 de juin 1985 : (voir le document)
En 1986, les initiatives sont encore nombreuses tant en province qu'à Paris où l'autobus de la Fraternité parcourt Paris à la rencontre des parisiens...
Droit et Liberté n°449 de avril 1986 : (voir le document)
En octobre le MRAP organise son Assemblée générale, qui refléchit sur les moyens à mettre en oeuvre pour un MRAP plus efficace dans les luttes. (456)
L'AG s'inquiète aussi de la dégradation observée depuis le dernier congrès, en particulier les atteintes aux droits des immigrés dans le contexte de la lutte contre le terrorime.
Droit et Liberté n°456 de décembre 1986 : (voir le document)
En 1987, alors que se développe l'action contre la réforme du code de la nationalité, le 21 mars est marqué par l'organisation des "foulées multicolores":
"Mais notre action n'est pas seulement "contre". Elle est aussi "pour": pour que, dans notre pays, la
pluralité des origines s'affirme comme une richesse, un élément de modernité et de progrès dans un monde où se multiplient les échanges de toutes sortes. Nous voulons faire valoir qu'il est possible et bienfaisant d'être,
de vivre et d'agir ensemble...Et de courir aussi. C'est le sens des Foulées multicolores, courses pédestres à allure libre, ouvertes à tous, décidées par le MRAP et qui,
selon les lieux, se dérouleront autour du 21 mars ou dans les semaines qui suivront..."
Moulouid Aounit enchérit: "Les Foulées du 21 mars prennent dès lors une tonalité particulière. Dans 40 villes, des milliers d'hommes et de femmes, de toutes origines, courront au coude à coude pour affirmer
que cette société est plurielle, que c'est une richesse, dont il ne saurait être question de se priver par quelque Code que ce soit."
Droit et Liberté n°459 de février 1987 : (voir le document)
Droit et Liberté n°460 de mars 1987 : (voir le document)
En novembre de cette même année se tient le congrès du MRAP. George PAU-Langevin, présidente déléguée du MRAP présente les points forts:
"Solidarité internationale avec le peuple palestinien, avec le peuple kanak, avec les victimes de l'apartheid; sur le plan national, opposition à la réforme du code de la nationalité, et reflexion sur la place des immigrés,
des jeunes issus de l'immigration dans la société que nous voulons, avec une interrogation sur les notions d'intégration, d'assimilation, d'insertion sociale et culturelle."
Parmi les sept campagnes décidées par le congrès, on note la "Campagne pour le droit de vote des étrangers et le droit à la nationalité française."
(468)
Droit et Liberté n°468 de décembre 1987 : (voir le document)
Face au racisme, construire l'égalité
Le 21 mars 1988 est principalement centré sur la lutte contre l'apartheid, Différences publie un entretien avec Dulcie September réprésentante de l'ANC en France qui sera assassinée quelques jours plus tard; (76)
Différences n°76 de mars 1989 : (voir le document)
En juin 1989 se déroule le congrès du 40ème anniversaire. Mouloud Aounit souligne: "Bicentenaire de la Révolution, 40éme anniversaire du MRAP : la coïncidence est fortuite . Mais une relation profonde existe entre ces deux célébrations.
En effet, les objectifs fondamentaux du MRAP ont toujours été et restent de défendre et de promouvoir les valeurs de 1789. La Déclaration française des droits de l'homme a connu un prolongement dans la Déclaration universelle, qui a, elle aussi, quarante ans. Le MRAP se réclame de l'une et de l'autre."
Le congrès est placé sous le mot d'ordre: face au racisme, construire l'égalité.
Les travaux se déclinent entre les 8 commissions:
-commission anti-apartheid (... Nous avons pu mettre en route « une chaîne» : tous les comités en ont reçu un modèle...) ; commission immigration (La campagne pour l'abrogation de la loi Pasqua et la révision de la réglementation concemant les étrangers.);
commission Amériques (La commission « Amériques » du MRAP a participé à la commémoration annuelle de la « Journée internationale de solidarité avec les peuples indiens des Amériques »);
Commission éducation: (La Commission Education a, cette année, travaillé sur la presse enfantine), commission Tsiganes et gens du voyage (« le problème se repose chaque hiver. Le manque chronique de places pour les tsiganes
et gens du voyage provoque des stationnements « sauvages » et des tensions...); la commissio antisémitisme et néonazisme; la commission communication et la commission laïcité, identité, citoyenneté
(... Comment définir la laïcité, sans trop d'ethno-centrisme, compte tenu de l'héritage culturel dans lequel cette idée a été transmise?.
Différences n°92 de septembre 1989 : (voir le document)
Contre les exclusions, pour l'égalité des droits
En 1992, le MRAP veut un congrès novateur, dès novembre 1991 Différences présente l'ébauche d'un projet d'orientation:
Différences n°122 de novembre 1991 : (voir le document)
Les contributions reçues sont présentées en mars 92 dans Différences :
Différences n°126 de mars 1992 : (voir le document)
Un numéro spécial de Différences publie le comptze-rendu du congrés de avril 1992, placé sous le signe de "Contre les exclusions et pour l'égalité des droits"
Mouloud Aounit dans son rapport d'ouverture s'inquiète:
"Comme nous pouvions le craindre, si la France n'est toujours pas un pays raciste, il y a de plus en plus de racistes en France,
l'expression politique du racisme, le Front National , est aujourd'hui une réalité politique incontournable".
Puis il s'interroge: "La mise en place de l'espace européen pose
de nouvelles questions: sera-t-il possible de promulguer une législation européenne contre le racisme, d'harmoniser d'une façon positive les législations nationales sur l'entrée et le séjour des étrangers, le droit au regroupement familial, de concevoir une citoyenneté européenne égale pour tous les résidents (nationaux et étrangers ?), dans le respect des droits des minorités?".
Puis il dénonce: "L' extrême-droite se nourrit de la détresse sociale, économique, culturelle, des inégalités.
L' histoire a su montrer tragiquement à quel point il est plus aisé de manipuler une population fragilisée, déstabilisée dans un monde incertain.
Mais comment ne pas souligner d'abord les responsabilités d'une certaine classe politique acceptant de se laisser piéger volontairement ou involontairement par un discours sécuritaire et de situer la question de l'immigration
au centre de gravité de la vie politique française, comme un leitmotiv obsessionnel, la rendant toujours plus coupable de tous les maux."
Il conclut: "C'est ensemble que nous rechercherons les solutions pour apaiser cette blessure humaine, morale qu'est le racisme. C'est ensemble que nous préparerons l'urgence du futur. A nous de prendre à bras le corps ces défis.
A nous de donner une tonicité aux valeurs de la République. A nous d'aider à la construction de l'avènement d'une société plus juste, humaine, un monde meilleur..."
Quatre commisions sont au travail: commission "Racisme, amitié entre les peuples, droit des minorités Champ et modalités d'intervention", commission "Citoyenneté et lutte contre le racisme, strategie, campagne",
commission "Développement, finances, structures et fonctinnement" et commission "Stratégies et outils de communication interne et externe du Mrap"
Différences n°129_130 spécial congrès : (voir le document)
En 1994 le MRAP réunit une conférence nationale sur le thème "racisme et exclusion".
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En ouverture, Mouloud Aounit souligne:
"La lutte contre le sentiment d'impuissance, la résignation, le découragement, le pessimisme tant dans nos rangs qu'auprès de l'opinion publique doit demeurer une de nos priorités...
La citoyenneté doit être notre réponse au racisme et les conditions de la citoyenneté telles que le droit à l'emploi, le droit au logement, le droit à l'éducation, les droits civiques,
doivent demeurer dans la permanence de nos actions.
Un groupe de travail réfléchit aux transformations nécessaires au mouvement: Rendre l'action des comités locaux plus efficace; renforcer la coordination des actions nationales;
déterminer les choix d'action; se donner des outils efficaces et bien adaptés sur le terrain; se donner des moyens; susciter de nouvelles adhésions.
Différences n°154 de juillet 1994 : (voir le document)
En 1995, en ouverture du congrès, Mouloud Aounit analyse: Depuis notre dernier congrès, sur le plan national, cinq faits marquants ont caractérisé voire façonné notre société du point de vue du combat qui est le nôtre.
1. L'opinion publique demeure perméable au racisme et paradoxalement l'intégration avance
2. Le développement et les expressions du racisme de masse suivent une courbe parallèle à celle de l'exclusion
3. L'immigration, révélateur des difficultés de notre société, a servi d'anesthésiant et de support pour un plan de précarisation générale des droits
4. Devant une société bloquée émergent des logiques inquiétantes de lecture ethnique des problèmes de société ainsi que l'expression de revendications communautaires.
5. Des bouleversements inquiétants et des conflits permanents sur le plan international.
Les commissions travaillent sur :
-"Antiracisme.Prévention : information et éducation du citoyen";
-"Quel développement et quel fonctionnement pour un antiracisme de proximité?" : Paul Muzard,dans son introduction au débat, a rappelé que le racisme aujourd'hui s'exprime
massivement et sous des formes variées trouvant ses sources dans l'accroissement des inégalités économiques et sociales.
-"Lois. Racismes et exclusions quelles réponses? comment? avec qui?" qui présente en particulier la campagne "Français si vous saviez: Tel est le titre de notre campagne pour faire connaître
aux franco-français la vérité qu'on leur cache : la triste réalité des lois actuelles concernant l'immigration"
-"Racisme, nationalismes, droits des peuples: quelles solidarités?" la commission exprime son inquiétude devant la situation du peuple palestinien, du Kurdistan,de l'Irak et s'élève contre les ventes d'armement.
Une motion du congrès s'élève contre "l'intolérable errance des tsiganes roumains"
Différences n°163 de mai 1995 : (voir le document)
Mondialisation et amitié entre les peuples
En ouverture du congrès de 1998, Mouloud Aounit s'alarme: "Nous avions souligné, lors du dernier congrès, combien notre société était perméable aux idées racistes. Trois ans après, nous
devons reconnaître malheureusement que la situation ne s'est pas améliorée; elle s'est aggravée au point où il nous faut, sans exagération, tirer la sonnette d'alarme..."
Le congrès aborde les thèmes du racisme dans la crise, de l'antiracisme ( prévention, éducation, citoyenneté, lutte contre l'extrême droite), mondialisation et amitié entre les peuples.
En conclusion, "Le congrès du MRAP constate que:
• Les inégalités insupportables continuent de se creuser entre pays riches et pays pauvres.
• Les flux migratoires ont favorisé l'essor économique et culturel des pays développés comme la France dont la richesse s'est, en grande partie, constituée de l'exploitation des ressources et des peuples.
Le congrès, en conséquence, appelle nos gouvernants:
• A s'engager avec audace et résolution dans une politique nouvelle de codéveloppement
• A régulariser ceux des immigrés qui vivent sans papiers sur le territoire de la République.
• A ouvrir plus largement les voies de la citoyenneté et de l'intégration aux étrangers résidant en France.
Tandis que la venue et l'installation d'immigrés reste un besoin permanent de notre pays, de sa démographie, de son économie, il faut cesser de traiter les questions liées à l'immigration avec la frilosité d'un autre temps. Il convient de préparer cet accueil, l'établissement et l'intégration dans la citoyenneté.
Aux enfants d'étrangers nés en France, doit être restitué le droit à la nationalité dès la naissance."
Différences n°197 de juin 1998 : (voir le document)
Différences n°198 de juillet 1998 : (voir le document)
Pour préparer le congrès de novembre 2001, Différences publie un numéro spécial. J.C. Dulieu définit les objectifs:
"Chacun de nous est d'ores et déjà invité à s'interroger (individuellement mais aussi collectivement à l'occasion des congrès locaux et départementaux) sur les orientations de notre Mouvement, notamment par le biais d'une lecture critique et constructive des cinq textes proposés dans ce numéro de Différences.
Au terme de ce travail, il nous faudra pouvoir répondre à la question de savoir quels sont et quels doivent être le rôle et l'importance du combat antiraciste dans la société actuelle.
Question indissociable, chacun l'aura compris, de celle de savoir la place de notre Mouvement dans ce combat."
Le congrés est invité à réfléchir sur les thèmes suivants, essentiellement centrés sur la mondialisation et ses corrolaires; :
-Racisme et antiracisme en France et en Europe, quelle stratégie pour le MRAP?
-Liberté de circulation, liberté d'installation.
-Reflexion sur la mondialisation; l'amitié entre les peuples à l'heure de la mondialisation.
-Quels outils,
Différences n°233 de octobre 2001 : (voir le document)
Différences n°236 de janvier 2002 : (voir le document)
Dénoncer l'Europe forteresse
Mouloud Aounit présente le congrés de 2004: "Ce Congrès fut un moment attendu par tous pour que le Mouvement se retrouve, analyse, dissèque le long et rude chemin parcouru depuis 200l.
Pour servir, façonner et construire l'avenir commun qu'estla défense, la promotion du respect sans exclusive du droit à l'égale dignité des hommes et des peuples.
Pour donner un sens, une visibilité, un quotidien à cet objectif cardinal du MRAP : agir et faire émerger l'impérieuse nécessité d'oeuvrer collectivement à ce combat contre tous les
racismes sous toutes ses formes.
En un mot: donner sens et vie à l'universalité par l'indivisibilité du droit au respect de tous les hommes et de tous les peuples. C'est notre réponse à la haine et à
ce poison mortel pour nos valeurs qu'est le communautarisme, véritable danger pour le devenir du vivre ensemble..."
Le Congrès revient sur le thème "mondialisation, immigration", et aussi sur l'évolution du racisme, la laïcité, les moyens de l'antiracisme. une reflexion est menée sur "l'international" avec le devoir de mémoire pour le Rwanda et une dénonciation de "l'Europe forteresse".
Différences n°253 de janvier 2005 : (voir le document)
Différences n°253 supplément congrès : (voir le document)
L'Assemblée générale du MRAP se réunit en décembre 2005, Mouloud Aounit s'indigne:
"Voici presque un an jour pour jour que s'est tenu notre congrès. Depuis, le vent mauvais a soufflé et les ravages ont cruellement dépassés nos inquiétudes prémonitoires.
Sous un prétexte sécuritaire et anti-terroriste, pour mieux répondre au diktat de la mondialisation néolibérale, ce gouvernement a activement promu, de manière inédite, une régression généralisée des droits et des libertés individuelles et collectives."
L'assemblée générale adopte une résolution:"Contre l'état d'exception, mobilisation exceptionnelle".
Différences n°257 de janvier 2005 : (voir le document)
Les délégués se retrouvent en 2007 et votent quatre motions:
la première déclare 2007 année de lutte contre la haine anti-tsigane en Europe ...et en France, puis une motion demande une meilleure intégration des roms migrants.
Les délégués se penchent esuite la citoyenneté de résidence: "Le droit de vote des étrangers à toutes les élections reste un droit à conquérir en cette veille d'élections présidentielle et législative de 2007."
et enfin une motion est votée sur les sans-papiers: "La loi Sarkozy instaurant une immigration choisie et jetable a été l'objet de contestation tout au long de l'année 2006. Des luttes de résistance
contre les rafles, contre l'expulsion d'enfants scolarisés, contre l'embarquement de force de sans papiers dans des charters, contre l'expulsion d'étrangers avec ou sans papiers squattant des immeubles comme
celui de Cachan se sont développées, dans lequel le MRAP a été présent au sein d'associations comme RESF ou avec d'autres associations antiracistes ou de défense des droits de l'Homme..."
Différences n°262 de avril 2007 : (voir le document)
Un MRAP mobilisé face aux enjeux d'aujourd'hui
Le congrès de 2012 travaile autour de deux ateliers: "Amitié entre les peuples" et "Racisme, discrimination, xénophobie".
Il est souligné que :"Quand le MRAP condamne, il condamne des Etats et jamais des peuples. Il est solidaire avec les progressistes des peuples en question..."
A la question comment agir? le congrès répond: "Participer à des collectifs, sans perdre son identité : le MRAP n’a pas les moyens d’envoyer des militants à l’étranger, il ne peut développer des
analyses sur toutes les situations. Il travaille avec des collectifs, se rapproche d’associations qui ont plus de moyens" puis :"Ne pas intevenir sur tout, mais sur les questions où nos valeurs sont en cause."
Le congrès propose: "que le MRAP soit aux côtés de toutes les victimes des violences sociales : logement, accès aux soins, taxes payées par les sans papiers ; mais aussi violences policières dénoncées dans les collectifs Vérité et Justice"
Différences n°283 de juillet 2012: (voir le document)