Moyen-Orient: Israël-Palestine de 1948 à 1987
en cours de création
Le Moyen-Orient à travers les publications du MRAP 1ére partie: Israël Palestine 1948 1987
Création d'Israël
Un rêve deux fois millénaire
L'ONU vote le 29 novembre 1947 le plan de partage de la Palestine, sous mandat britannique depuis 1917, en deux états indépendants l'un juif, l'autre arabe.
L'état d'Israël devient officiellement indépendant le 14 mai 1948.
Droit et Liberté, qui reparait en 1948 et qui deviendra l'organe du MRAP en 1949, salue avec enthousiasme cette décision et la réalisation "d'un rêve deux fois millénaire" et suit avec angoisse les combats qui embrasent la région.
Droit et Liberté de février 1948 (voir le document)
Droit et Liberté appelle à la reconnaissance de l'état d'Israël et à la constitution de l'état arabe prévu par le plan de partage.
Dans le n°5 du 1er mai 1948 est publié un appel de l'UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide) :
"L'UJRE a pris l'initiative de s'adresser à de nombreuses personnalités françaises pour leur demander de signer la déclaration ci-dessous dénonçant la violation des décisions internationales:
"Emus par la remise en question de la décision de l'Assemblée Générale de l'O.N.U, du 29 novembre 1947 - décision portant sur la création de deux Etats indépendants, juif et arabe, en Palestine -
nous nous adressons à l'Assemblée de l'O,N.U. du 16 avril pour lui demander de faire honneur aux engagements pris. Nous considérons que la mise en application immédiate du plan de partage est possible sans effusion de sang.
En la retardant on porte une atteinte dangereuse au prestige des Nations-Unies et à la cause de la paix. Contester le plan de partage serait également prendre une lourde responsabilité dans les massacres qui se préparent. Ceux qui ont payé un si lourd tribut à la dernière guerre méritent le soutien de tous les hommes de progrès pour la réalisation d'un Etat juif indépendant en Palestine."
Droit et Liberté n°5 de mai 1948 (p3) (voir le document)
En mars 1948, rendant compte d'un meeting de solidarité tenu à la Mutualité, Droit et Liberté relaie les paroles de J. Duclos:
"J'ai la conviction profonde qu'il y a un malentendu tragique, dont certains profitent, entre le peuple juif, qui a le droit de rester en Palestine et le peuple arabe qui a, lui aussi, le droit d'avoir sa place en Palestine. Et j'ai le sentiment profond qu'il y a à travers le monde des malfaiteurs publics, des gens qui ont dans les veines du pétrole en guise de sang, qui ont intérêt, peut-être, à ce que les Juifs et les Arabes se dressent les uns contre les autres, pour pouvoir assurer leur domination impérialiste sur l'ensemble du Proche-Orient ! Telle est la vérité. Je déplore, quant à moi, que des luttes fratricides ensanglantent ce coin du monde alors que j'ai la conviction que l'on pourrait mettre un terme à cette situation si pénible, si l'on appliquait les décisions, prises par l'Organisation des Nations Unies, qui tendent à constituer en Palestine un Etat juif indépendant et un Etat arabe. On ne veut pas réaliser ces décisions.
Il y a des obstacles qui, chaque jour, se dressent pour en empêcher la réalisation, Peut-être y a-t-il des hommes qui veulent empêcher le partage de la Palestine pour pouvoir rester plus longtemps là-bas et pour pouvoir prolonger leur mandat.,.
Derrière tout cela, il y a, de toute évidence, des luttes d'influence qui se manifestent entre des sociétés de pétrole et les Etats qui sont derrière ces sociétés pétrolières."
(DL n°2 mars 1948) (voir le document)
Dans le n°7, Droit et Liberté publie un mémorandum d'organisation juives insistant sur la nécessité pour la France de reconnaître l'état d'Israël et à d'exiger la constitution d'un état arabe :
"Les représentants des organisations juives de France soussignées ont l'honneur de soumettre à M. Je Ministre des Affaires Etrangères la présente requête en vue de la reconnaissance, par la France, de l'Etat d'Israël. La France généreuse, qui a été la première nation à émanciper les Juifs en leur accordant les droits de l'homme et du citoyen, et à proclamer le droit, de tous les peuples de vivre libres, restera fidèle à elle-même et à ses glorieuses traditions en reconnaissant le jeune Etat d'Israël, lequel s'est engagé, dès sa naissance, à observer les principes démocratiques énoncés dans la charte de l'O.N.U. Par la haute autorité morale de la France, ce geste de son Gouvernement, consacrant une décision de justice et de réparation à l'égard du peuple juif,' est de nature à amener l'apaisement et l'entente entre,Juifs et Arabes et à hâter une solution pacifique du conflit qui ensanglante la terre sainte. Mandatée par ces organisations pour effectuer cette démarche, la délégation exprime sa confiance en la France et prie M. le Ministre de ne plus tarder à accomplir l'acte de reconnaissance de l'Etat d'Israël. Avec tous les démocrates de ce pays, tous les hommes épris de liberté et de justice de par le monde applaudiront à ce geste."
(DL n°7 juin 1948) (voir le document)
Le n°11 revient sur ce même sujet:
"Il y a quelque chose de puéril dans les considérations de ceux qui se demandent si le plan de partage est juste ou réalisable. Les Arabes aussi bien que les Juifs chercheront - et trouveront - les moyens d'aplanir les difficultés une fois que l'existence des deux Etats ne sera plus contestée. Nous en sommes persuadés, non pas parce que nous croyons à la « bonne volonté », mais parce que la communauté de vie est plus forte que la division artificiellement provoquée.
Tout effort, toute action, tendant à donner force à la décision du 29 novembre sert la cause des peuples et de la paix. C'est pourquoi il serait juste que le gouvernement français reconnaisse l'Etat d'Israël...Si la France se décide à reconnaître l'Etat d'lsraël - et dès sa constitution, l'Etat arabe de Palestine - les agresseurs seront dévoilés et le travail du Conseil de Sécurité sera grandement facilité."
DL n°11 août 1948 (voir le document)
Quo vadis Israël
La situation très complexe dans cette partie du monde, prise dans les conflits de la guerre froide et ses luttes d'influence, l'attitude ambigüe des parties en présence, amène rapidement Droit et Liberté puis le MRAP en 1949 à s'interroger, tout en maintenant son exigence de reconnaissance et de soutien au jeune état.
Présentant les "forces déchues et forces montantes en Israël" M. Vilner écrit: "Déjà, le monde entier se demande avec curiosité quelle sera la structure et le visage politique et social du nouvel Etat, quel sera son rôle dans le Moyen-Orient et dans le monde de demain, « Neutre entre l'Est et l'Ouest ~, proclame le gouvernement provisoire Ben-Gurion. « Inféodé à Moscou ~, insinuent les ennemÎs du jeune Etat pour justifier leur attitude. « Etat d'un type nouveau ~, assurent les uns, « Etat socialiste et collectiviste ~ prétendent les autre". Pendant cc temps, les pressions financières ct politiques redoublent. tandis que se succèdent les interventions diplomatiques et militaires."
DL n°19 de janvier 1949 (p3):(voir le document)
Puis dans le n°22 du 15 février 1949, rendant compte des élection israëliennes M. Vilner s'interroge: "Quo vadis.. Israël?" (p3). Droit et Liberté n°22 (voir le document)
Et le dans le n°28 du 15 mai 1949 dans un article: "Le peuple d'Israël a gagné la guerre, saura-t-il préserver la paix?" Catherine Varlin s'interroge sur la politique menée par le gouvernement Ben Gourion:
"La cessation des hostilités montra plus clairement encore, si besoin en était que le Gouvernement d'Israël préférait composer avec les pires tenants de l'impérialisme que de les défaire.
Tendant une main fraternelle à Abdallah de Transjordanie, Ben Gourion sacrifia allègrement la possibilité de de l'existence d'un état arabe indépendant en Palestine, qui seul aurait pu apporter au peuple d'Israël l'espoir d'une sécurité sans cesse menacée par les volontés et les besoins impérialistes....Le Gouvernement Ben Gourion entreprit donc de séparer son peuple d'avec le peuple arabe en Israël. Il fit en sorte, tout d'abord, qu'il restât en Israël le moins d'arabes possible. En cela, il paracheva l'oeuvre du défunt gouvernement militaire britannique en Palestine. Puis il décida d'opposer, autant que faire se peut, les intérêts apparents des nouveaux immigrants juifs et des travailleurs arabes. Puis il créa à ces travailleurs . d'effroyables conditions de vie."
Droit et Liberté n°28(p3) (voir le document)
Droit et liberté n°34 de septembre 1949 publie l'interview de Moshé Sneh du MAPAM, membre du Parlement Israélien:
A la question "Quelle est votre attitude à l'égard de la question des réfugiés arabes?" il répond:
Nous avons toujours éxigé le droit pour les réfugiés pacifiques arabes de revenir dans le pays. Nous l'avons lié avec notre réclamation que dans la partie arabe de la Palestine soit créé un état démocratique, indépendant, arabe qui serait lié avec Israël par une union économique et par un traité d'amitié.....Il est caractéristique que lorsque nous avons proposé, il y a un an, de proposer le droit des réfugiés pacifiques arabes à leur retour comme élément d'une entente démocratique entre juifs et arabes, les partis de la majorité nous ont presque dénoncés comme traîtres."
DL n°34 de septembre 1949 (p3):(voir le document)
Sur cette période de création de l'état d'Israël, on peut consulter l'ensemble des numéros des années 1948 et 1949. 1948 | 1949
La crise de 1956 et les tensions
Non aux haines aveugles
En 1956, à la suite de la nationalisation par l'Egypte du canal de Suez, la France, la Grande-Bretagne et Israël mènent une opération militaire conjointe.
Le MRAP appelle au règlement pacifique du conflit: "Au Moyen-Orient, comme ailleurs, la haine, la tension qui suscitent les haines aveugles, ne profitent pas aux peuples dressés les uns contre les autres. Seuls quelques monopoles, quelques boutefeux peuvent en tirer profit. Aussi,est-il compréhensible que, ces derniers temps, de nombreuses voix se soient élevées, en Israël et dans les pays arabes, pour un règlement pacifique de conflits qui ont fait couler déjà trop de sang. Puissent les premières initiatives prises, aboutir, dans les plus brefs délais, à une paix réelle et juste, au règne de l'amitié.
Droit et Liberté de avril 1956 p7 et8:(voir le document)
Puis après le cessez-le-feu en novembre 1956: Comme le souligne la déclaration du Bureau National du M.R.A.P., les antiracistes ne savent que trop ce que la guerre engendre de haines de toutes sortes. Où passent les chars, fleurit difficilement l'amitié... Et si nous souhaitons la paix, c'est aussi parce que nous savons que la guerre empoisonne l'atmosphère, excite les passions aveugles, attise les préjugés et les incompréhensions...Puisse bientôt l'esprit de négociation triompher définitivement et ramener la quiétude, le respect mutuel, l'amitié même, dans une région du globe trop longtemps ensanglantée par d'inexpiables conflits.
Droit et Liberté de novembre 1956 p3:(voir le document)
En 1957, Droit et Liberté publie un texte de M. Pierre Cot appelant à "une solution pacifique des problèmes du Moyen-Orient".
Droit et Liberté de avril 1957 p5:(voir le document)
En mai 1957, Droit et Liberté n°164 titre:"le dialogue est ouvert" , publie des textes de personnalités diverses et déclare:
"Le Moyen-Orient reste le point sensible du globe. Les conflits qui agitent cette région sont lourds de menaces pour l'humanité tout entière.
Le M.R.A.P. et « Droit et Liberté », qui unissent des antiracistes de toutes tendances, n'ont certes 'pas à se prononcer sur les problèmes politiques complexes qu'implique cette situation douloureuse.
Ce que nous pouvons toutefois affirmer, c'est que, selon nous, tous les pays du Moyen-Orient, Israël comme les pays arabes, ont droit à l'existence, à la sécurité, au respect de leurs aspirations, de leurs Intérêts, de leur Indépendance.
Nous ne pouvons admettre les discriminations quelles qu'elles soient, aussi bien dans les 'rapports entre ces pays que dans leurs rapports avec les autres puissances. Nous ne pouvons admettre les excitations à la haine, nourries de chauvinisme, d'antisémitisme et de racisme.
Nous pensons que, divisés, dressés les uns contre les autres, excités en fonction des Intérêts et de la stratégie liés au pétrole, les peuples du Moyen-orient, placés par l'histoire et la géographie devant un même destin, peuvent et doivent co-exister et coopérer dans la paIx."
Droit et Liberté n°164 (p3): (voir le document)
En 1964 le détournement des eaux du Jourdain provoque de nouvelles tensions, Droit et Liberté de janvier 1964 note:
"L'antiracisme est un tout. Et notre attachement à l'idéal d'amitié et de paix entre tous les peuples nous amène, antiracistes conséquents, à ressentir avec une angoisse toute particulière ies aspects multiples et contradictoires de la situation au Moyen-Orient."
Et plus loin: "L'affaire des eaux du Jourdain, qui fait peser à nouveau la menace de la guerre, est typiquement de celles qui ne peuvent être résolues que par la négociation et la collaboration"
Droit et Liberté n°228 (p3): (voir le document)
Pour la recherche d'une solution juste et pacifique
En 1965, lors de la journée nationale contre le racisme antisémitisme et pour la paix Me Manville présente une motion qui a été adoptée déclarant notamment:
"Soucieux du maintien de la paix dans les régions où elle se trouve menacée, les participants à la Journée Nationale expriment en particulier leurs préoccupations, en tant que militants antiracistes et en tant qu'hommes attachés à la cause de la paix, concernant la situation au Moyen-Orient où le litige israélo-arabe risque de conduire à un affrontement armé aux conséquences incalculables non seulement parmi les peuples avoisinants mais pour toute l'humanité.
Conscients des origines lointaines de ce litige ainsi que de ses données actuelles multiples et complexes, ils estiment néanmoins que l'intérêt des peuples de cette région, dont l'histoire présente tant de similitudes et de rappels communs, victimes les uns et les autres du racisme, réside dans la recherche d'une solution juste et pacifique .
C'est pourquoi les participants à la Journée Nationale appellent à des efforts toutes les parties concernées pour qu 'elles cherchent à aboutir à la réparation des injustices subsistantes de façon à ce que le règlement éventuel soit acceptable pour tous. En particulier, doivent être sauvegardés les droits des minorités arabe dans l'Etat d'Israël et juives dans les Etats arabes, ainsi que ceux de la communauté nationale arabe palestinienne."
Droit et Liberté n°244 (p12): (voir le document)
En 1966, le MRAP souligne que sa position peut lui valoir des critiques, mais déclare Charles Palant:
« Nous demeurons persuadés, qu'une solution pacifique est possible, dans le 'respect des droits et des intérêts légitimes des peuples en présence. Juifs et Arabes sont des hommes au riche passé de culture et de civilisation. Les uns comme les autres ont souffert de l'oppression raciste. Il est grand temps qu'à la pseudo fatalité d'un affrontement sanglant, les hommes de bonne volonté substituent 'la perspective d'une coexistence pacifique, harmonieuse et fraternelle . "
Droit et Liberté n°255 (p3): (voir le document)