Différences n°53 - février 1986

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Sommaire du numéro

n°53 de février 1986

  • Ça marche pour Vergès (procès Barbie) par Durand-Dupont
  • Israël; des nouvelles du rabbin fou par B. Abouaf [moyen_orient]
  • Colombie; sans sucre par G. Bellorget [Amérique latine]
  • Les routiers sont sympas (association routes sans frontières) par Claude Chabaneau
  • Que sont devenus les Sonacotra [immigration]
  • Mais que fait la justice (procès du meurtrier de Wahid Hachichi) par Jean Roccia
  • La fin des immigrés propos de Rachid Boudjedra recueillis par P. Coupechoux
  • Dossier: Vienne par Y. Thoraval, P. Borgel, J.M. Ollé
  • Qui veut faire la fête (carnaval) par R. Mauconduit et J. Tavano
  • Affreux, sales et méchants (cinéma) par C. Dancie
  • Un livre typiquement français (Michel Tournier; la goutte d'or) par J.J. Pikon
  • En passant par la troisième (République) par J.L. Sagot-Duvauroux
  • Les bons nègres se rebiffent (exposition coloniale de 1931) par P. Dewitte [racisme]

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DéJiQI ~ 1986-2 taridaction né peut être tenuepo .. rrespOnsa~ dt$ te~es. dOcuments etpbotostl)nfiés. OIITPARTlCfPE A CE NUMERO: BfRNARDABOUAF, JEAN ROCCIA, nuP( tNT·OURAND, CLAUDE 'CHABANEAU. BERNARD BULLIARD , MAHAMOU,D AHMEO WAAOANE. ROBERT PAC, 'NES THORAVAL, PATRtCK BORGEL. JOELLf TAllANO, BERTRANO BARY, ANNIE LAURAN, JEAN·LOUISSAGOT·OUVAU- ... ROlJX, PHILIPPE DEWITIE, l./ ... . . E 'dgg~~lJlT, · [ PU<oN. DOLORES ALOIA; YOAE, i GHISLAIN I3ELlORèET. MON.lOUE.,AYOUN. i . ', ... ' .. .' LPlHlTOCOUVERTURE: . i uri violoniste à Vienne. '. ' • DR.OITS RESERVES Différences - n" 53 - février 1986 OMMAIRE 8 10 Février ACTUEL POINT CHAUD Ça marche pour Vergès. DURAND-DUPONT Procès Barbie une fois de plus reporté, déclarations diverses doutant de son utilité, tout va bien pour Paul Vergès, l'avocat du tortionnaire nazi. Il faut dire qu'il ne manque pas d'appuis à l'étranger. .. RENCONTRE __ _ Les routiers sont sympa. CLAUDE CHABANEAU Une association paloise crée Route sans frontière. pour l'Ethiopi~ , 14 JUSTICE Mais que fait la justice ? JEAN ROCCIA Le procès du meurtrier présumé de Wahid Achichi commence bien mal. 18 COUP DE GUEULE --BOUDJEDRA La fin des immigrés. RACHID 20 30 32 34 36 38 L'écrivain algérien ne mâche pas ses mots: pour lui , les immigrés n'en ont plus pour longtemps ... à s'intégrer. Propos recueillis par P. Coupechoux. DOSSIER Vienne, une ville pour tout le monde, YVES THORALVAL, PATRICK BORGEL, JEAN-MICHEL OLLE. Grande exposition à Beaubourg sur la capitale de l'Autriche. Une occasion de rappeler le rôle capital de Vienne dans le contact Orient-Occident. CULTURES L'ÉVÉNEMENT __ _ Ou i veut fai re la fête, REGINE MAUCONDUIT, JOELLE TAVANO. Non, Carnaval n'est pas mort, car il rit encore. TENDANCES __ _ Affreux, sales et méchants. CHRISTIANE DANCIE Depuis Reagan et Rambo, on croirait que le biceps a remplacé le cerveau au cinéma . VEDETIES __ _ « Un livre typiquement français». MICHEL TOURNIER Le dernier roman de l'académicien Goncourt parle de la Goutte d'or. Propos recueillis par J.-J. Pikon. DÉCOUVERTES RÉFLEXION __ _ En passant par la troisième. JEAN-LOUIS SAGOT-DUVAUROUX Suite et fin de notre enquête sur les origines antiracistes de la République. HISTOIRE __ _ Les bons Nègres se rebiffent. PHILIPPE DEWITTE L'histoire bizarre de l'exposition coloniale de 1931. vous L'agenda, Pour mémoire, les jeux, les petites annonces, et la suite de notre grand concours. Il , foyer sur 5 esl. adhérent à France Loisirs • un catalogue trimestriel gratuit • plus de 400 livres reliés, des disques, des jeux • des prix exceptionnels • des achats «à la carte» par correspondance ou dans nosl90librairies et boutiques près de chez vous POUR TOUT RENSEIGNEMENT, ÉCRIRE A : FRANCE LOISIRS - SERVICE 1000 - 75759 PARIS CEDEX 15 D/TOR/AL POUR Saisie par la fièvre du dimanche seize, la France n'arrête pas de regarder le thermomètre. Crise de sondagite aiguë, disent les médecins qui repèrent chaque jour de nouveaux symptômes: avalanche de chiffres, boulimie de pourcentage, multiplication de ponctions-minute dans l'opinion minitélisée. Ça va mal. Loin de nous l'idée d'être de reste dans cette fringale d'introspection, voici nos questions. Etes-vous pour ou contre: le tunnel sous la Manche, le tunnel sous la Méditerranée, le juste châtiment des assassins de mari de femmejockey, le juste châtiment des assassins d'immigrés, le maintien de l'abolition de la peine de mort, l'abolition du maintien de l'apartheid, l'option zéro en Europe, la paix dans le monde, la superconcorde entre tous, les droits de l'homme, les droits des hommes, les droits des femmes, les droits des autres, les allocations familiales payées à tous, l'exhaltation de l'homme par l'homme, et le contraire? Si vous êtes pour, c'est bon, vous ======~ pouvez avancer page suivante. Si vous êtes contre, c'est votre droit, mais c'est dommage, de tourner ainsi le dos à la modernité . Ne visitez pas Vienne, n'Ul'lu.",n parler ni Tournier, ni Boudjedra. Rendez vous directement à la dernière page, celle du concours. Et puisque vous êtes là, profitezen pour faire abonner vos amis, nous sommes sûrs qu'ils sont pour. D ~~----27 mars 2014 à 15:20 (UTC)~------------------------------------------------------------' Différences - n° 52 - Janvier 1986 .. NBREF ______________________ ~ Israël DES NOUVELLES DU RABBIN FOU Différence s'offre un correspondant permanent à Tel Aviv. pest à Nazareth que tout a IIcommencé. Là, s'était constitué un groupe raciste, le Mena Benatseret (Prévention) pour lutter contre la coexistence judéo-arabe dans la ville. Il existe, en fait, deux Nazareth divisées en nll"rT'P1" juif et quartier arabe. ait déjà beaucoup trop à accepter pour ces mystiques qui décidèrent de faire comprendre par la force aux deux ethnies qu'il était inconvenable de se mélanger. La violence fit clairement son entrée dans la scène politique israélienne quand le mouvement Cakh (Prend) dq rabbin Kahana décida de soutenir ce qui n'était alors qu'un conflit localisé. Menaces, insultes, maisons d'arabes habitant les quartiers juifs saccagées, propriétaires juifs louant à des arabes, brutalisés dans la rue. On assiste à la première expression ouverte raciste en Israël. Nous sommes alors en 1982. On n'a pas cru Kahana, on ne l'a jamais pris au sérieux, il faisait déjà rire à New York sa ville d'origine avec sa ridicule organisation juive de défense. Kahana, c'était la dernière blague juive, le Popeck américain qui expliquait aux jeunes filles la grandeur et la gloire que constituait leur judaïté, les appelant à aux élections. Seulement voilà, Israël est un pays en guerre, Israël a peur et Kahana travaille depuis très longtemps. Il se fit bel et bien élire. 1 Show-biz, walkman et coup de théâtre C'est d'abord la stupeur, puis, rapidement, la consternation. On commença très sérieusement analyses et sondages. Et ils sont accablants de vérité. Près de 60 % des jeunes dans les lycées partagent les opinions dè Kahana sur les Arabes ! Pire encore, si des élections devaient avoir lieu dans les jours qui viennent, ce n'est plus un mais entre sept et onze sièges que devrait totaliser la liste Cakh. rejoindre «la garde de dé- Il compte sur des moyens fense de l'honneur juif ». Il financiers new-yorkais colosétait fou, sans aucun cha- saux qui se chiffrent par risme, jamais on n'aurait centaines de milliers de Et pour commencer, la petite histore de Kahana aux Etats-Unis à coup de show-biz, de cassettes de walkman et de coups de théâtre. Après l'organisation d'un certain nombre ....:>" de provocations, il ........ semble que l'ambiance est moins chaude au parti Cakh qui vient d'apprendre dernièrement que l'une des plus grandes organisations juives du monde, le Bnai Brith, veut lancer un programme d'envergure à la télévision, où, quotidiennement, une minute avant les informations, des vedettes du sport et de la musique israélienne vont dénoncer le racisme et le danger que constitue Kahana pour Israël. C'est que les juifs du monde entier commencent à prendre conscience que le danger de Kahana les concerne au premier plan. Le Comité antiraciste qui compte maintenant plus de quarante comités dispersés sur tout le pays, a décidé, lui, et avec l'appui de la grande majorité des institutions publiques, de contre-attaquer dans le domaine de l'éducation. Doron Bar, l'un des dirigeants, insiste : « Kahana n'est pas qu'un furoncle, c'est une maladie, se débarrasser d'un bouton n'est pas un but en soi. Ce qui est grave, c'est le sang, le corps d'Israël qui est malade et qui peut, à chaque instant, créer de nouveaux Kahana. » 0 .. pensé qu'il avait la moindre do Il ars t r a v a i Il a n t 1 e • ~ ___________________ ~~c~ha~n~c=eCharles2il~se~p~r~és~e~n~taCharles 27 mars 2014 à 15:20 (UTC)c~0~m~m~e~o~n_l~'Charles ___ ~Te~/~ACharlesw~,~BfI~R~N.CharlesR~D~A~B~O~U~~F~ Panique au zinc: le petit noir augmente. Le prix du café risque de flamber. La cause alléguée: la sécheresse au Brésil, premier producteur mondial. La cause réelle : la spéculation sur les matières premières, surtout celles produites par les pays du tiers monde tenus à la gorge par les financiers internationaux. Même problème en Colombie. Si elle est le deuxième producteur mondial de café, cela signifie aussi" pour les quatre cent vingt mille exploitations qui le produisent - dont beaucoup de petits planteurs - une vie difficile, dépendante de la rapacité des financiers qui fixent les cours à New York. ou à Londres. Une situation néocoloniale, qui ne vaut d'ailleurs pas que pour le café. La violence sociale a atteint ici un développement inégalé dans les pays latino-américains, si l'on fait exception de ceux qui vivent une situation de guerre ouverte, Salvador et Nicaragua. En Colombie, la violence a éclaté en 1948 avec l'assassinat d'un tribun libéral, Gaitan. Dans les dix années suivantes, il y aura trois cent Colombie plan émanerait des milieux militaires. Les événéments semblent le confirmer. On ne compte plus les assassinats de SANS SUCRE leaders. Le dernier en date, Hector Calvo, dirigeant de l'EPL. Des militants des Comissions de paix ont reçu leur avis de condamnation à mort par la poste. Misère, catastrophes naturelles, crise du café : la vie est amère à Bogota Mi-janvier, des ordres d'évacuation de la région du volcan Nevada deI Ruiz, responsable de la mort de vingt trois mille personnes en novembre, ont été à nou-· veau donnés, puis annulés. La ville d'Armero est pour l'instant rayée de la carte. On peut s'inquiéter des conditions de sa reconstruction, quand on voit l'état de Popayan. mille morts. Puis un pacte entre libéraux et conservateurs, pour se relayer au pouvoir tous les quatre ans. Mais la violence a atteint son rythme de croisière. On trouve aussi bien la violence des pauvres (baptisés antisociaux) dans les villes, que celle des trafiquants de drogue qui possèdent leurs armées bien équipées, celle de l'armée, celle des justiciers de l'armée et de la police organisés dans un mouvement clandestin de tueurs, le MAS (Muerte a los sequestra dores = Mort au kidnappeurs), enfin celle des mouvements de guerilla ou d'autodéfense. Quatre de ces mouvements ont signé un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement: le M-19, les FARC (PC), l'EPL et le Groupe d'autodéfense ouvrière. D'autres poursuivent la lutte armée, comme l'ELN, le Front Ricardo Franco ou le Groupe Quintin Lamé (organisation indigène). Le M-19 vient de dénoncer son accord et de reprendre la lutte armée. 1 Le plan Djakarta Récemment, un certain nombre d'organisations dénonçaient l'existence d'un « plan Djakarta », prévoyant l'élimination systématique des leaders syndicaux et politiques. Nommé sans doute ainsi en hommage au massacre de communistes et de démocrates en Indonésie, le Cette ville du Cauca, au sud de la Colombie, a été ravagée en 1983 par un tremblement de terre. Du fait que c'était une veille ville coloniale, très touristique, on en a beaucoup parlé. L'aide internationale a été considérable. Le séisme a eu lieu le vendredi saint. On n'a pas «jeté des pierres au ciel en criant Dieu est mort », comme dans la chanson de Jacques Brel. En revanche, d'aucuns ont reconnu la main du Malin et ont conclu à l'insuffisance de la foi. On a donc payan: l'aide internationale a servi à reconstruire la banque et les églises après· le séisme de 1983 reconstruit en priorité les églises... et les banques, vrais palaces modernes. Des centaines de familles vivent toujours dans de sordides bidonvilles, sous les bâches de plastique, le carton. On craint une nouvelle éruption du Nevada deI Ruiz. Les Colombiens les plus pauvres, et parmi eux les Inl'nlllllili ft It4'i'1.noe diens, savent qu'ils seront les premiers à payer le tribut au dieu Volcan. Mais ils savent aussi qu'ils seront les derniers à empocher les bé· néfices d'une hypothétique flambée des prix du café. A chacun ses catastrophes ! 0 • Charles 27 mars 2014 à 15:20 (UTC);=~~;;~~========~====~======27 mars 2014 à 15:20 (UTC)====~~GHCharlesU~mCharleslL~O~RG~E~T Différences - n° 53 - février 1986 • mNTCHAUD~ __________________________ ~ Procès Barbie différé ÇA MARCHE POUR , VERGES vous N/AVEZ. AUCUNe. PQ.EuvE c..ONTfl.E. HON . il C L..' !. NT (JI t1 fi> le procès du tortionnaire est une fois de plus différé. A se demander s'il aura lieu. Pendant ce temps-là, son avocat tente de rameuter le ban et l'arrière-ban, quitte à parler dans les revues nazies. A près une instruction déjà longue, le procès de Klaus Barbie, qui devait débuter le 3 février devant la cour d'assise de Lyon, est reporté à une date ultérieure. Par une décision très controversée, la chambre criminelle de la Cour de cassation a cassé l'arrêt de la chambre d'accusation de Lyon en date du 4 octobre 1985, qui limitait le procès - en terme de faits retenus - à trois grands dossiers: la rafle organisée dans les locaux lyonnais de l'Union générale des juifs de France le 9 février 1943 ; la rafle, le 6 avril 1944, des enfants juifs d'Izieu (1) et l'organisation du dernier convoi de déportés du 11 août 1944. Dans ses attendus, la chambre a reconnu que certains crimes de guerre pouvaient être considérés comme des crimes contre l'humanité, par nature imprescriptibles. En conséquence, la chambre d'accusation de Paris, chargée maintenant du dossier, devra élargir les motifs d'accusation donnant, par cela même, satisfaction aux associations de résistants et déportés qui souhaitaient se porter partie civile. L'ouverture du procès aura donc lieu après les élections législatives. Les groupes néonazis qui ont toujours soutenu Barbie se voient privés d'un thème de campagne, et Me Vergès du retentissement qu'auraient pu prendre des révélations promises depuis longtemps. Le procès gagnera peut-être en sérénité ce qu'il perdra en scandales, c'est du moins le voeu que l'on peut faire. L'organisation d'un tel procès ne va pas sans risque. Klaus Barbie n'a jamais désarmé - il se considère toujours comme un SS - et ne compte pas plaider coupable. Son défenseur, Me Jacques Vergès, entend tout mettre en oeuvre pour assurer la défense de son client, même au prix d'une banalisation, voire une négation de la barbarie nazie. Le système de défense (2) qu'il a imaginé l'a conduit à plaider davantage devant l'opinion que devant les juges. Me Vergès ne s'est ainsi pas contenté des seuls médias français, il a aussi donné une interview à la Cedade (3). Ce journal, enregistré légalement et publié de façon plus ou moins régulière depuis 1967, est le principal organe d'expression de l'organisation du même nom : le Cercle espagnol des amis de l'Europe. Créée à l'origine en RFA sous l'égide d'une société wagnérienne le 22 août 1965, elle regroupait des nazis et fascistes connus, originaires de plusieurs pays d'Europe. Implantée ensuite à Barcelone, avec l'approbation de Franco, la Cedade, forte d'environ deux mille cinq cents membres (4), n'a cessé d'entretenir des liens étroits avec les mouvements nazis européens ; elle appartient aussi bien à l'Eurodroite qu'au Nouvel Ordre européen de G. Amaudruz, entretenant des liens avec le Ku-Klux-Klan, le Vlaamse militanter orde flamand, le National Front ou le British Movement, comme avec la FANE-FNE en France. Il s'agit tout simplement d'un groupe nazi à vocation internationale. Le journal ne sert qu'à diffuser la doctrine de l'organisation

de nombreux articles

font l'éloge d'Hitler, du Ille Reich, de la culture et des arts allemands de l'époque nazie. Ainsi, le numéro 96, d'avril 1981, faisait sa couverture sur une grande photo en couleurs de Hitler et une note faisant son éloge. Présenté comme «l'unique avocat suffisamment honnête envers lui-même - d'idées gauchistes - pour pouvoir se charger du cas scandaleux de Klaus Barbie », Me Vergès est élevé dès le début de l'article au rang de « combattant ». Un combattant scandalisé par la détention illégale de Barbie. Certes, on ne pourrait voir dans cette interview que le martellement des thèmes chers à l'avocat du «bourreau de Lyon» : les faits reprochés à son client ne seraient pas prouvés, sa détention relève de l'arbitraire administratif, dans sa vie quotidienne il est victime de brimades, «c'est l'unique prisonnier en France qui ne bénéficie pas du parloir libre lorsque sa fille vient le voir. .. Nous revenons au temps des lettres de cachet d'avant la révolution de 1789 », etc. Barbie serait victime d'une injustice. Tout cela n'est pas nouveau, Vergès l'a déjà dit dans les colonnes de journaux français; ce que révèle cette interview tient essentiellement en deux points. D'une part, certains jour- Différences - n° 53 - février 1986 POINTS DE REPERE 26-01-83: arrestation de K. Barbie en Bolivie pour défaut de paiement d'une dette de 10000 dollars US, sous la dictature du général Banzer en 1975. (A noter que l'extradition de Barbie avait été refusée en 1974, sous prétexte qu'il n'existait pas de convention entre la France et la Bolivie.) 05-02-83: extradition de Barbie. 15-06-83 : Jacques Vergès devient l'avocat de la défense. 06-10-83 : la chambre crimineUe de la Cour de cassation rejeue le pourvoi que J. Vergès avait formé contre l'arrêt du 8 juillet 1983 de la chambre d'accusation de Lyon. 19-12-83 : le doyen des juges d'instruction du tribunal de Lyon accepte la plainte déposée par Barbie pour présentation d'un faux document par l'accusation. 26-01-84 : la chambre criminelle de la Cour de cassation a rejeté le pourvoi formé par Barbie contre l'arrêt de la chambre d'accusation de Lyon, qui, le 28 octobre 1983, avait jugé injustifiée sa deuxième demande de mise en liberté. 05-03-84: Barbie refuse de reconnaitre sa signature sur le document présenté par la présùlente du Centre de documentationjuive contemporaine, un document prouvant qu'il a organisé des déportations. naux français, mais aussi l'hebdomadaire allemand Stern, avaient évoqué le banquier pro-nazi suisse François Genoud dans le financement et l'organisation de la défense judiciaire de Barbie, sans obtenir de véritable confirmation. Or, dans son entretien avec Jean Dufresne - le correspondant français de la Cedade - Vergès affirme que «la fille de Klaus Barbie accompagnée par le banquier suisse G. [me] demandèrent de [me] charger de la défense». On imagine difficilement qu'il puisse s'agir d'un autre G. que Genoud. Celui-ci offre la double particularité de s'intéresser de près à la cause arabe et de se présenter comme le représentant des héritiers de Hitler et de Martin Boormann, ainsi que comme l'unique légataire des oeuvres de Goebbels. Ne cachant pas son amitié pour le Ille Reich, il semble appartenir à des milieux où l'antisionisme fait bon ménage avec l'antisémitisme. 1 Une signification particulière Son amitié avec Me Vergès remonte à la guerre d'Algérie, lorsqu'il avait géré le trésor de guerre du FLN. Plus tard, ils se sont retrouvés en 1969, lors du procès de trois membres du FPLP (5), auteurs d'un attentat à Zurich contre un avion israélien, dont Vergès était l'un des défenseurs. Bruno Bréguet, le présumé terroriste suisse arrêté le 16 février 1982 en compagnie de Magdalena Koppet en possession d'explosifs, avait déjà eu affaire avec la justice israélienne dans les années 1970 pour le même motif. Il avait alors reçu le soutien de François Genoud, mais, à Paris, après son arrestation, son défenseur était Jacques Vergès. Il n'est donc pas indifférent de savoir si c'est bien Genoud qui a mis en contact Barbie et Vergès. D'autre part, l'interview est surtout remarquable dans sa fonction: il s'agit d'un véritable appel. « Toute l'opinion internationale doit se solidariser, et l'opinion espagnole a aussi son mot à dire », lancet- il à la fin. Dans un journal nazi, cet appel revêt une signification particulière et dont de nombreux bulletins de même obédience s'en sont fait l'écho. Dans son numéro de septembre 1984, le Courrier du continent, bulletin du Nouvel Ordre européen (6) ne cite que la fin de l'interview dans laquelle Vergès évoque aussi la possibilité d'entreprendre de nouvelles actions. Vergès apparaît comme le « contact» de son client, celui qui assure le lien avec les amis dont il est à présent séparé. Barbie n'avait-il déjà pas rencontré le trésorier de la Cedade en 1965 (7) ? Cela n'est pas sans risques. On se souvient des menaces de Carlos à l'encontre du gouvernement français s'il ne libérait pas Bruno Bréguet et Magdalena Kopp ; à l'expiration de l'ultimatum, une bombe avait explosé à bord du train Le Capitole ParisToulouse, et le 22 avril 1982, jour d'ouverture de leur procès, un attentat avait eu lieu rue Marbeuf (un mort, soixante blessés). Concernant Barbie, les menaces néo-nazies comme celles en provenance d'un groupe Colonne 88, sont pour le moment restées lettres mortes. Cela pourrait bien changer, d'autant que ces groupes n'ont guère apprécié le lâchage des Etats-Unis dont Barbie (mais avec lui d'autres anciens nazis) auraient été victimes. MARCEL DURAND (1) Différences dans son numéro 30 de janvier 1984 a publié le témoignage de Mme Zlatin, directrice de la maison d'enfants d'Izieu. (2) Pour une analyse plus complète du système de défense de Barbie cf. Différences n° 30, janvier 1984, l'article de Pierre Alain Gourion. (3) CEDADE n° 125, juin 1984. (4) Article 31 n° 7, avril 1985, a publié une étude de synthèse sur le Cercle espagnol des amis de l'Europe. (5) Front populaire pour la libération de la Palestine. (6) Le Nouvel Ordre européen est un mouvement international déjà ancien, puisque sa création remonte au 30 septembre 1951. D a été dirigé tout d'abord par René Binet, puis, après sa mort en 1957, par G. Amaudruz. (7) Différences n° 21, mars 1983, p. 6. D'autre part, les analyses de P.-A. Gourion se sont largement vérifiées. D écrivait en effet dans Différences

«A force de ne pas vouloir

être connivent avec le pouvoir et les juges, Vergès court le risque de l'être, au moins objectivement, avec le fascisme d'hÛ1r et celui d'aujourd'hui. » • Il ENCONTRE ____________________________ ~ Soudan l'été dernier LES ROUTIERS SONT SYMPA C'est au retour <fun séjour douloureux en Ethiopie que le Dr Michel Saint-Macary, pédiatre palois et membre de l'association Médecins du monde (il séjourna à ce titre au Tchad, à la frontière guatémaltèque sur le territoire mexicain et en Thaïlande à la frontière birmane) décida d'impulser Route sans frontière. Elle naquit donc en janvier 1985 dans une cité plus connue pour son prestigieux château d'Henri IV, sa poule au pot et la douceur de son «beth ceü» (beau ciel, en béarnais). Le premier projet élaboré concernait le Sidamo éthiopien. «Quand nous fûmes prêts, _ .... Q raconte le Dr Saint-Macary, '"";:;~~.:~ les autorités d'Ethiopie ne '-____ ..... III voulurent plus de nous. Elles acceptaient bien les camions et le matériel, mais surtout pas nos hommes. » Sachant que le contrôle des opérations leur échapperait, RSF changea son fusil d'épaule et s'attacha au Soudan où la Les micro-initiatives comblent des vides en matière d'assistance technique RSF s'attaque aux transports situation, en pleine saison des pluies, s'annonçait catastrophique pour des millions de personnes. Dès la mise en place de la structure, des hommes, las du chômage, s'étaient présentés au siège de l'associa- Pour être branché, il faut être multinational. C'est ce qu'ont bien compris les Palois, qui viennent de créer Route sans frontière. Mais de Pau à Khartoum, la route est longue tion (1), improvisé dans les locaux du cabinet médical. Venus proposer leur savoirfaire professionnel, ils n'obéissaient pas à un désir impérieux d'aventure ou de fuite, mais à celui de plonger au coeur de la misère pour tenter de la soulager. En août, les événements se précipitent. Le noyau de l'expédition se forme. Parti le premier, Christian Parpaite, quarante-huit ans, un ancien officier d'origine ossaloise, spécialiste de la Corne de l'Afrique, est chargé de la logistique. Il prépare le terrain à ses compagnons de route. D'abord Driss El Hajoui, sans doute le seul Maghrébin engagé dans une mission humanitaire au Soudan. Installé à Pau, ce Marocain de vingtneuf ans, l'un de ces immigrés longtemps voué aux mauvaises tâches et aux bas salaires en dépit d'une solide expérience de conduite routière tout terrain et de qualifications multiples donne le ton d'un élan solidaire. Au Soudan, il doit aussi remplir une fonction d'interprète. Avec lui, Gustav Cuypers, quarante-sept ans, un mécanicien hors pair. Marié et père de deux enfants, ce Flamand connaît bien l'Afrique de l'Ouest. Longtemps, il travailla dans le désert rural pour y tracer des pistes et faciliter la communication entre les villages. Enfin, Benoît DaI, un jeune homme de vingt-six ans qui a quitté sa paisible vallée d'Ossau pour rallier la cause de RSF. Un cinquième homme les a rejoints à la mi-novembre, Alain Armand, un artisan rural de vingt-neuf ans. A Khartoum 2, un quartier assez peu animé, loin du coeur de la capitale soudanaise, l'ancienne maison des volontaires de MSF-France abrite aujourd'hui les membres de Route sans frontière. A des milliers de kilomètres, à Pau, les membres du siège restent en contact avec leur équipe, grâce à l'indispensable télex qui distille les dernières nouvelles. A travers les dépêches, on a pu ainsi vivre, depuis la capitale béarnaise, les difficultés de ces ambassadeurs hors du commun. Nos Palois ont dû s'adapter à la dure shari'a, la loi islamique en vigueur depuis moins de trois ans. S'accommoder de la réalité de ce marché noir où tout se négocie, des cigarettes françaises à l'alcool pourtant prohibé (450 F la bouteille de whisky!) et même au Pepsi Cola introuvable. Composer av.ec la spéculation qui fait gnmper les loyers très haut (plus de trois mille francs pour une maison avec jardin sans luxe) avec, en outre cette exigence ahurissante d~ payer un an de location d'avance. Se plier enfin au couvre-feu dès 23 h (il a été levé le 12 novembre) et au rythme lent de la vie soudanaise, souvent source de contretemps et d'énergie gaspillée. Du temps, Route sans frontière n'en a déjà que trop perdu. A Port-Soudan notamment où Gustav Cuyp ers dut attendre près d'un mois les opérations de dédouanement nécessaires à la sortie des véhicules et du matériel embarqués à Marseille. Grâce à des dons en tous genres, à des subventions municipales (à cet égard, la ville de Pau fut la première à donner l'exemple) et au produit de kermesses et manifestations de soutien, RSF put en effet acquérir et expédier un Volvo d'une capacité de douze tonnes, un Berliet, un Unimog 4 x 4 et une chargeuse. stockage de l'aéroport de Khartoum les vivres en provenance d'Europe et d'Amérique du Nord, on parvient mal, encore, à résoudre la question de l'acheminement et de la distribution. Durant et après la saison des pluies qui isola le Darfour, la CEE organisa un pont aérien, jusqu'au 15 octobre. A raison de cinq à six avions par jour, celui-ci permit d'assurer seulement... dix pour cent des besoins. «On a longtemps estimé, indique ce mé. decin de MSF-Belgique, que la nourriture parvenant au fin fond du Darfour correspondait en fait à un kilo de riz par personne et par mois!» Vraie ou discutable, l'affirmation fait frémir. Aujourd'hui, le trafic par route a repris ses droits et Route sans frontière a enfin trouvé l'occasion d'accomplir pleinement son oeuvre. Courant septembre, la CEE signe avec RSF un contrat de six mois renouvelable portant sur 150 000 écus. Cette fois, on touche le long terme, ce travail de fond qui motive l'équipe. Après un mois d'attente et de contretemps d'ordre technique ou mécanique, les bénévoles palois se mobilisent. 1 Un kilo de riz par personne et par mois: au fin fond du Darfour, rien n'arrivait Un apport sans doute mo- L'un des objectifs prioritaires deste en regard des moyens de RSF repose sur la volonté déployés par des ONG da- d'initier les Soudanais à la vantage fortunées, mais un conduite et à la mécanique. effort apprécié à sa juste Si les cours conçus en arabe valeur par Brian O'Neil, et en anglais n'ont pas encore coordinateur de la CEE à commencé, l'association a reKhartoum. « Pour nous, a-t- cruté sans attendre un jeune il confié, les micro-initiatives Erythréen, Isak. Pas vrain'ont pas de prix et celle de ment un néophyte d'ailleurs, RSF a le mérite de venir puisqu'il a travaillé aux côtés combler certains vides en ma- des Italiens en qualité de tière d'assistance technique. Il chauffeur. dougli (Kordofan). Depuis octobre, ils prêtent la main à l'installation d'un feeding, une action pilote d'AICF menée auprès de quelque vingt mille réfugiés, dans un rayon de vingt-cinq kilomètres. Ailleurs, à plusieurs centaines de kilomètres de ses camarades, Driss El Hajoui en liaison avec les secours britanniques participe aux travaux destinés à l'assainissement de l'eau alimentant le camp de réfugiés éthiopiens de Wad Kowli. Un site aux allures de «monstre» avec ses trente-deux mille occupants regroupés en un lieu particulièrement insalubre, un véritable bouillon de culture. Dans la petite communauté~ _ française (deux cent cin- c:i quante résidents environ) du ~ Soudan, l'exemple de cette ~ minuscule association qui ose '-' L...-_________ ~ se hisser au niveau des ONG implantées de longue main ne passe pas inaperçu. En fait, à l'ambassade de France et ailleurs, on a même les yeux de Chimène pour Route sans frontière, si volontaire et si ambitieuse. Forts des premiers résultats enregistrés, tous les membres de RSF à Khartoum et à Pau ont; conscience de la nécessité c:i d'agrandir le parc des véhicules. « Une remorque de douze tonnes et un nouvel'-"'L-:1~--l!!!..:...J.. Unimog seraient les bien- Driss, le seul Maghrébin venus », a même suggéré la de l'équipe. logistique dans l'un de ses Conduite, mécanique, derniers télex. Un voeu manutention: bientôt exaucé. la polyvalence est de rigueur « Le Soudan, nous y resterons tant que l'on voudra de nous », affirme le Dr SaintMacary qui, bien que favorable au travail en profondeur entrepris dans ce pays charnière entre l'Afrique et le monde arabe, n'envisage pas moins de nouvelles actions. Probablement au Niger où, précise le président de l'association, « nous irons avec l'intention de veiller à ne jamais concurrencer la production locale, selon le voeu des autorités ». 0 CLAUOE CHABANEAU faudrait que ce genre d'entre- Fin . septembre, RSF a prise se multiplie partout dans contribué à la reconstruction le tiers monde. » du pont reliant Dilling et El Depuis plusieurs mois, le Obeid, dans le sud Kordofan transport demeure bien le (district de Bara). L'ouvrage souci numéro un de tous les avait été emporté par les partenaires de l'aide au eaux. Plus tard, Benoît Dai Soudan. Alors que s'entas- et Gustave Cuypers, l'un au sent sur les quais de Port- volant du Berliet, l'autre de S d t 1 . dl' (1) 6, avenue des Lilas, 64 000 Pau. • ~_o_u_an_e_ _s_ u_r_e_s_a_l_re_s _e_ _' _U_n_l_m_o_g~,_o_n_t~g~a~g~n_é_K_a-_~T~é=I.~:~59~.=80=.~37~.%~. _____________________- -1 Différences - n° 53 - février 1986 Il ROSPUN __________ ~----------~------~ Nostalgie QUE SONT DEVENUS LES SONACO~ Un anniversaire passé inaperçu des médias, mais au coeur du débat social actuel. Les ministres soixante-huitards veulent évacuer le problème pour cause d'élections. Les autres politiques se taisent ou spéculent sur la peur. Pourtant, de leurs banlieues transformées, les « anciens » de la Sonacotra sont bien vivants. Dix ans après, ils témoignent. Vérifiez vos mémoires. ~s facile de retrouver es anciens dirigeants de la lutte des Sonacotra. Beaucoup sont retournés au pays, volontairement ou expulsés, écoeurés. D'autres se sont lancés dans la course au fric, objectif survie, oubliée la fraternité. D'autres se sont intégrés en silence, confort, famille, un peu de politique tout en vivant la mutation. Smicard dans une boîte de surveillance, uniforme et travail de nuit, Aziz, vingt-neuf ans, est l'un des trois présidents qui organisèrent successivement la lutte du comité de coordination des foyers. Des deux autres, l'un s'occupe d'une association pour des immigrés handicapés, l'autre travaille au Gesti, toujours solidaire. En cette année 1975, la lutte des Sonacotra, c'était nouveau. A la une de tous les médias, vingt-cinq mille immigrés dans les rues de Barbès, sans contrôle des organisations françaises, du jamais vu. « Sans aucune expérience, tout en sachant ce que nous voulions de la lutte, nous ne savions pas où nous allions déboucher. Nous avions des objectifs concrets et un seul souci : conserver notre façon de vivre, nos aspirations, garder la maîtrise du mouvement. Les pressions idéologiques étaient quotidiennes, partis et syndicats voulaient nous faire rentrer dans leurs schémas. Ils ne comprenaient pas que nous étions porteurs de mentalités différentes. Nous inaugurions . les nouvelles formes de lutte 1 Vingt-cinq mille immigrés dans les rues de Barbès: du jamais vu ! Aziz est resté dans sa banlieue, rangé en apparence. Conscient du problème social actuel, il se décide à témoigner. «Je suis français et je me sens français. En dix ans de lutte, je me suis frotté à toutes les contradictions du système en place, tous les pièges idéologiques. Dans le climat de tension actuelle, le manque de compréhension de ce que nous représentons vraiment, il est temps de prendre la parole, démystifier et tenter d'éviter la confrontation violente. » qui ont marqué ces dix dernières années. » En 1981, de tables rondes en négociations, les résidents sont rentrés sagement dans leurs foyers-hôtels rénovés. Les objectifs matériels de la lutte étaient pratiquement atteints, la graine était semée, les jeunes des cités oubliées prenaient le relais sur fond de crimes racistes. Dans le silence des médias et des structures sociales, de « marche pour l'égalité» en « touche pas à mon pote» les ~ ..... , ..... .--"!;:;,ilII anciens de la Sonacotra ~ voient se lever les semences. ..: L..;oo~~::;;a",--='--_"""::"IL!Oi:::J:!!:~~.D...u. «Nous sommes les héritiers de 1968, tous ces jeunes de tous les pays levés pour exprimer une autre façon de vivre. Mais leurs aspirations ont été récupérées par les idéologues, leur révolution a dégénéré comme toutes les autres. Aujourd'hui, depuis leurs ministères, leurs partis, leurs hôpitaux psy, leurs écoles, ils se permettent de juger les jeunes. Ils tentent de les diviser en «beurs », « deuxième génération », etc. Ils bloquent la communication avec le réel. Ce n'est plus un problème d'immigration, c'est le problème de toute la jeunesse. La société ne comprend pas le suicide des jeunes, la drogue, la délinquance. Les parents nous prennent pour des illuminés, avec nos couleurs, nos rollers, nos danses, nos langages différents. Mais qu'ils soient blancs, jaunes, noirs, rouges ou verts, leurs enfants ont atteint une ouverture d'esprit qui leur montre le décalage entre les possibilités du présent et la confusion où les parents veulent les enfermer. Les techniques decommunication ont évolué plus vite que les mentalités des gens qui décident de l'avenir de la planète. La société mondiale est malade, ça ne peut qu'empirer si ses forces vivantes sont coupées de l'ensemble. Les idéologues devraient condescendre à aller se confronter avec les jeunes à l'heure de l'interrelationnel. Ce qu'ils veulent, c'est simple. Assumer leurs devoirs de citoyen du monde en laissant aller l'évolution, éclater les structures économiques sclérosantes et égoïstes. » A une époque de choix mondiaux, de famine en Ethiopie aux moissons brûlées aux Etats-Unis, de presse muselée en Afrique du Sud au débat sur la cohabitation en France, les jeunes des banlieues oubliées ont leurs propositions ancrées dans leur vécu quotidien. A nous de les écouter vivre leur différence, sur fond de rock'n roll, bien sûr. 0 BERNARD BULL/ARD Des gens simples et dévoués sauront vous aider et vous guider vers vos aspirations. L'Agence de voyages« Détente et Culture»- 60, rue Oberkampf - 75011 Paris - Tél. : 357.00.55 - est prête à vous accueillir de 9 h 30 à 19 h 30 (sans interruption) (c. lie. n° A1839). FLASH-IACK rh les anciens, assez rigolé, il est temps de se ~ réveiUer ... »Bien sar, c'est à moi qu'ü cause ce vieux frère africain. Nous sommes chez lui, écoutant de la musique traditionnelle et discutant soufisme ... Ça fait dix ans que je le connais, «so-so-so-sonacotra », nous chantions dans les rues. A l'époque dans la cité bétonnée, c'était pas la joie. Métro-boulot-dodo, une mère de famille s'était balancée du dix-septième avec ses deux gosses, Allende était liquidé. Les militants mutaient sur fond de crise. Et puis ils sont arrivés exposer leur problème ... Noirs, Maghrébins, même Français, venus rendre visite aux organisations démocratiques, de gauche, d'extrême Aliz : encore dans sa banlieue gauche, aux syndicats, montrer qu'ils existaient ... Enfin, on allait pouvoir bouger par immigrés interposés. Jusqu'à présent, üs ne sortaient pas de leur foyer pour célibataires. Tabou. Sauf pour les initiés de la lutte de classe. Dans la cité « deux miUe enfants, attention aux logements », les gens se croisaient sans se voir, alors vous pensez, les immigrés ... D'ailleurs le foyer Sonacotra à l'écart de la cité, on l'évitait, surtout le soir. De la musique bizanoe, des odeurs d'épices s'échappaient des fenêtres, l'inconnu. Des histoires de femmes agressées couraient le ghetto. La peur s'installait dans la cité. Les vieux du FLN, les familles nombreuses avec leurs jeunes soumis à la loi du père, ça d'accord. Mais, ces immigrés-là dans des foyers-hôtels, des sans-famüle ... Ils nous ont raconté, la vie encasernée sans droit de visite, les loyers toujours plus chers, les directeurs racistes. Ils s'étaient auto-organisés par nationalité, des délégués à chaque étage, un comité pour coordonner le tout. Ils voulaient simplement faire savoir qu'ils existaient, différemment. Et nous n'avons rien compris en tentant de calquer leur lutte avec nos critères mentaux dépassés. Ils avaient réalisé l.!=:::::::::::==============~1~968... ~ la synthèse Orient-Occident, nous en étions encore à 1 Différences - n° 53 - février 1986 Deux poids, deux mesures ! QUE FAIT LA JUSTICE? Loin de nous l'idée de crier au loup. Mais dans le procès sur le meurtre de Wahid Achichi, qui s'ouvre ces jours-ci, l'explication sécuritaire est un peu courte 0 rx février. au tribunal de vol de la voiture elle· de sa classe. Les relations de de la rue Vauban, Thierry, de Lyon, ouve rture même. Autre détail gênant Wahid et Thierry n'étaient qui avait pris de l'avance, a du procès de Nicolas (mais on verra que ce n'est pas amicales :Thierry est fils disparu. Les premiers coups , accusé du meurtre pas le seul), la voiture ne de rapatrié, nostalgique de de feu éclatent. Frank fait de Wahid Achichi, dans la portait pas une seule em- l'Algérie française. et Wahid, demi-tour et s'enfuit vers le nuit du 20 octobre !982 (1). preinte digitale. JI faut bien au lycée, faisait figure de pont. Wahid. on ne sait pourCommençons par la version avoir vraiment le vol dans le conciliateur dans les diffi- quoi, continue et est touché. de la police. N. au- sang pour être capable de cuités qui naissaient souvent Il revient sur ses pas, et rait vu de sa fenêtre un jeune voler un autoradio qui entre Beurs et enfants de s'appuie contre une maison homme tentant de fracturer n'existe pas, ou une voiture rapatriés. Wahid accepte du quai Sarrail. Frank s'apsa voiture. 11 aurait liré pour sans la toucher ! pourtant d'aller discuter avec proche. protéger son bien. Wahid est La famille a mené sa propre eux, autour d'un pot, dans un La cabine téléphonique et mort presque sur le coup. La enquête et a accumulé les café du quai SarraiL une R12 garée là portent des famille n'a été prévenue que faits troublants. Pour elle. Thierry, qui conduit l'auto, impacts horizontaux, ce qui le lendemain dans la journée. Wabid cc soir-là, revenait se gare en épi quai Sarrai.l, infirme la thèse d'un tir deDans un premier temps, la vers dix heures d'une sortie sort de l'auto, et se met puis la fenêtre de l'a(?parte· police parlait de tentative de ratée, un bal prévu dans le brusquement à courir vers la ment de M. . De vol de l'autoradio. Mais. coin puis annulé. Deux rue Vauban (voir schéma). plus, l'angle de tir supposé comme, détail gênant, la jeunes gens l'ont interpellé Wahid, surpris, lui emboîte est extrêmement réduit. Plus Il voiture n'avait pas d'auto- devant chez lui, Frank, quïl le pas, en criant « Où vas- encore, l'homme qui habite radio, on a voulu transformer connaissait depuis deux tu? P . au rez-de-chaussée de la ~le:J27 mars 2014 à 15:20 (UTC)~e~n~te:n~ta~t~iv~e:_j. j~o~u:Charles 27 mars 2014 à 15:20 (UTC)e~t~T~b~ie~r~rY!·~u~n~g~a~r~ço~n~F~r~a~n~k~s~u~i~t~d~e~rr~ie~·r~e~.~A~u~c:o~i~n~·~n~a~is~o~n~s~u~rCharles 27 mars 2014 à 15:20 (UTC)s~'e~s:t~~ puyé Wahid blessé a déclaré à la famille avoir entendu « siffler des balles P . Membre d'un club de tir, il sait de quoi il parle. Voyant Wahid appuyé et blessé, il a demandé à Frank ce quïl pouvait faire. Réponse de Frank : • Ce n'est rien, mon. copain a tm malalse, il en a souvent. » Rappelo ns que Frank connaissait W<~bid depuis deux jourS. Pourq~oi ce mensonge? Le comportement de Thierry <este inexpliqué : parti en courant, i-J revie.nt quelques instants plus tard sur les lieux . La pOlice· est déjà là. Il a pris le ternps de se changer, de troquer le survêtement rouge qu'il portait contre un costume cravate. Il est venu en bàdaud, et n'a dt. té· moigner que -parce que Frank, interpellé e.t présent, a dit aux policiers que Thierry en était aussi. Att itudes de Frank et de Thierry. improbabilité de la thèse d'un tir depuis la fe· nêtre, la famille est persuadée, et l'a dit publiquement. qu'on a entraîné Wahid dans un guet-apens. D'autant qu'on a t{ouvé cinq douilles sur les lieux et que nie avoir tiré cinq to1s. A-t-on fait payer à Wahid sa position de conciliateur '! Pourtant. on n'a pu établir aucun lien emre et Thierry ou Frank. Revenons à la police. Des oncles de Wahid se sont rendus sur les lieux. Ils affirmem avoir entendu les policiers dire qu'il ne pouvait s'agir d'un vol, fa ute d'empreintes. puis se taire qua.od ils ont compris que les personnes présentes appartenaient à la famîlle de la vktime. La mère de Wahid affirme que, présente au commissariat, elle a entendu l'un des policiers dire à celui qui tapait le rapport qu'il fallait modifier le procès verbal portant la thèse d'une tentative de vol d'autoradio, puisqu'il n'y en avait pas. Remarque négligée par le rapporteur, de sorte que le procès verbal qui sera produit au procès porte encore la mention • temative de vol d'autoradio ». Enfin. la justice: Frank, Diff<rences- n• 53-février 1986 quelque temps après, a voulu revenir sur son témoignage et a demandé rendez-vous au juge d' in;struction «pour dire fa vérité •- Le juge a refusé qu'il revienne sur ses déclarations. llluj aurait dit : • L'af· faire est simple et très claire, 111 ne vos pas la cqmplutuer. • La longue lutte de la fami lle. a, pour l'instant. eu pour seul tésultat de faire inculper d'bomiéide iMolontaire. Mais, à l'iniiiative de , frèoe de lait de Wahid. s'est créée, en 1982. Wahid association, pour faire la lumière sur cette affaire. Puis la mère \le Wahid a pris des contacts. qoi onr abouti à la création de l'association des mères de victimes de crimes racistes. élargie ensuite en Association· des familles de victimes de crimes rac.istes et sécuritaires. avec un rassemblement place Vendôme devant le ministè~e de la Justice. en mars 1984. puis en octobre. L'association cherche maintenant à obtenir une dérogation à l'obligation faite :lUX' aS$ociations de justifier de plus de cinq ans d'existence pour pouvoir se porter partie civile dans les procès. On ne peut s'empêcher de faire un certain nombre de comparaisons. L'affaire arrive devant la justice juste après le jugement de M. , convaincu du meurtre d' Ahmed .Boutclja, et conaam.né à cinq ans, dont un de sursis. l\près avoir fait un péu de préventive. Peine clémente, comparée aussi avec le jugement de , fils de harki, lui aussi conoamné à cinq ans. mais sans sursis et PQUr un cambr. iolage. Au delà de cette égalité de peines. l'his•oiré de est édWante. En janvier L983, , pur produit du camp de Bias. près de VilleneU\•e-sur-Lot. où sont parqués les Harkis depuis leur retour dans l'es fourgons de l'armée française. tente le braquage d'un antiquaire avec ' à Saint-An toi ne-de-Fic al ba. dans la région de Villeneuve. Equipée lamentable, guidée par José, phis vieux et plus "expérimenté». Jacques a volé une auto pour cela. mais il est convaincu qu'on l'a vu. Ils tentent de bloquer la voiture de l'antiquai re. s'y prennent comme des manches. l'antiquaire s'enfuit. C'est qui porte l'arme. non chargée selon lui. supposée impressionner l'antiquair~. L'affaire ratée. tout le monde se sépare. ' rentre chez lui. Mais Jacque$. convaincu d'avoir été reconnu. va. se cacher chez José. Quelques jours plus tard, s'inquiète, Jacques ne réapparaît pas. n apprend qu'il s'est disputé avec José. Se doutant de quelque chose. il se constitue prisonnier. Le même jour. José est arrêté et avoue avoir tué· Jacq!les. On est le '16 fé vrier 1983. [ 1..--·--· .. l' 0 " ~•,., .. m ,0 ()c>(/ c'est le bout du tunnel. Treize mois de prison lui ont donné, ce qui est aussi assez rare, le désir de s'en sortir, de reprendre des études. C'est probablement tout cela qu'on lui a fait payer. Avec l'accord des avocats, on décide que les deux affaires. le braquage raté et le meurtre de Jacques. seront jugées ensemble. La veille du procès,_ le 14 mai 1985. José se suicide dans sa cellule. comparaîtra seul. dans une salle où l'on a négligé d'enlever les pièces à conviction du meurtre de Jacques par José. Le pr.ésident. d'après la famille. mène les interrogatoires à charge. se moquant de quànd celui-ci affirme vouloir accéder à un travail intèllcctucl. .L'avocat général çlemande plus de cinq .-.· --·· - D r;;;] --· t ~ 1 La topologie des lieux : une preuve contre la version officielle. · commence par faire 1rC1Ze mois de préventive à Agen, puis il est libéré. li trouve du travail à Toulouse. mais le juge refuse la mainlevée qui lui permettrait d'aller vivre là-bas. a commencé par la délinquance, certes. Mais, en. décembre !984. dans la foulée de Convergence. il crée Mixture, une association de jeunes qui rassemble, fait assez rare. des enfants de Harkis et des enfants d'immigrés. Le but : sortir de la galère cbômage-drogue·délinquaoce. Pour tous ces jeunes de vingt-cinq ans, il s'agit d'éviter que les petits frères connaissent les mêmes galères qu'eux. Ça marche bien, Mixture, on se regroupe avec d'autres associations du coin, on crée le Vent de la zone, une association plus l.arge. Pour ans, « pour le guérir ~demândera aux jurés de ne pas le renvoyer d'oit il vient. JI y est\ actuellement, et pour cinq ans. Soo seul recours. sa seule lutte, c'est de demander la grâce présidentielle. Cinq ans pour un Harki qui rate un braquage minable, cinq a.ns pow un Français qui tue un Arabe. Bien sûr, il serait idiot de généraliser, mais cela laisse planer des doutes sur l'efficacité de la j'ustice. Dans l'affaire Achichi, se donnera- t-elle la peine de prendre en compte les anomalies relevées par la fa111ille dans la version officielle des faits ? Pour les fam illes des victimes, il ne s'agit pas de demander la tête des assassins. Simplement, elles réclament la même justice pour tous. 0 JEA.N ROCCIA (1) Quelques jours apm celui des meu-d'Ka.bi.b Grimzl. • III OuRMÉMmRE __________________________ ~ _ TORTURE_ Le Premier ministre turc, Turgut Ozal, reconnaît que la torture est pratiquée dans les prisons et les commissariats turcs. Il profite de l'occasion pour indiquer que son gouvernement examine les conditions pour une éventuelle adhésion de son pays à la CEE (15 décembre). ___ NAZI __ _ La Cour suprême des Etats-Unis se prononce contre l'extradition en Israël d'un ancien nazi accusé d'avoir participé au massacre de 900 000 juifs à Treblinka en Pologne (16 décembre). __ AUSCHWITZ __ Pologne. Plusieurs personnalités catholiques belges et françaises, ainsi que le Consistoire israélite de Belgique protestent contre l'installation de huit religieuses carmélites dans l'ancien théâtre d'Auschwitz, proche du « mur de la mort» et du « bloc 2 » du camp d'extermination nazi. Cette communauté catholique est née des subsides de l'association « Eglise en détresselPrêtres des pays de l'Est », dirigée par un religieux belge familier du pape Jean-Paul II. La création de ce carmel est considéré comme une « atteinte inadmissible » à la mémoire des martyrs juifs par le Consistoire israélite de Belgique (17 décembre). __ FOOTBALL __ Le jour même où Bo Jackson, un athlète noir de l'université Auburn à Montgomery dans l'Alabama, se voyait décerner le « Heisman Trophy » comme le meilleur joueur de football des collèges, le juge du district à Birmingham désignait Auburn comme étant le campus le plus ségrégué de l'Etat. « Le comportement raciste de Auburn n'a pas beaucoup changé depuis les années 50 », a-t-il précisé (17 décembre). __ DEUX ANS __ A Annonay, le procureur requiert deux ans de prison, dont un avec sursis, pour un commissaire de police et six mois avec sursis pour un gardien de la paix, qui l'avait aidé pour avoir torturé à l'électricité un jeune Algérien coupable d'une tentative de cambriolage (20 décembre). _ ROYALTIES __ Le chanteur américain de rock Steven Van Zandt fait don de 50 000 dollars, représentant ses royalties pour sa participation au disque «Sun City», à Coretta Scott King, la veuve de Martin Luther King, pour son action en faveur des prisonniers politiques d'Afrique du Sud (20 décembre). __ BARBIE __ La chambre criminelle de la Cour de cassation annule l'arrêt de la chambre d'accusation qui avait envoyé Klaus Barbie devant les assises du Rhône en ne retenant contre lui que des faits de déportation de «juifs innocents ». Pour la première fois, la chambre criminelle précise la notion de « crime imprescriptible contre l'humanité» (20 décembre). __ PROCES __ La Cour de sûreté de l'Etat algérien prononce quinze condamnations à des peines de un à treize ans de prison et acquitte vingt et une personnes lors du procès des partisans de l'ancien président Ahmed Ben Bella. Trois autres accusés, jugés par contumace, sont condamnés à vingt ans de prison chacun. Le quarantième accusé est condamné à une amende de 5 000 dinars algériens (7 000 F) (25 décembre). __ SACCAGE __ A Avignon. Le local du MRAP est saccagé au cours de la nuit (28 décembre). -CREMAILLEREAu Puy, un homme tire sur ses voisins marocains qui pendaient la crémaillère : deux morts. Sa fille et son fils sont inculpés aussi, pour complicité (27 décembre). ___ ETCHEGARAY __ Le président irakien Sad am Hussein reçoit en audience le cardinal Roger Etchegaray, mandaté par le pape Jean-Paul II pour une mission humanitaire auprès des prisonniers de guerre iraniens en Irak. Etchegaray, président de la Commission pontificale Justice et Paix chargée de la défense des droits de l'homme, remet, à l'occasion de cette visite de plusieurs jours en Irak, un message du pape au président Hussein (31 décembre). _ PENDAISON_ Un homme de trente-cinq ans, Serge Pous, détenu à la prison de Nîmes, en préventive pour une petite affaire, est mort, pendu dans sa cellule. Une jeune femme qui a visité Serge au parloir publie les dernières lettres de son ami. « Cette direction en a spécialement après moi. On veut me faire taire, en maquillant cela en suicide. Des idées suicidaires, je n'en ai jamais eu. Je n'en aurai jamais. Jamais, je ne ferai de bêtises par moi-même. Je tiendrai toujours le coup. S'il m'arrive quelque chose, sois battante: vois la presse, les avocats. Que ça ne reste pas impuni. Je compte sur toi ... ». La mort tragique de Serge, « le dépressif », demeure difficile à expliquer (31 décembre). _ REJOUISSANCES_ Les réjouissances du Nouvel An aux Philippines dégénèrent en émeutes. Le bilan est lourd: 15 morts et 600 blessés. En guise de feux d'artifice, les Philippins brûlent des pneus, font exploser des bombes artisanales et des pétards. Les incendies laissent 5 000 sans-abri (31 décembre- 1" janvier). SOTHOS ET NDEBELE Dix-neuf morts, parmi lesquels deux policiers, tel est le bilan provisoire de sanglants affrontements produits dans le district de Moutse, dans le nord du Transvaal, en Afrique du Sud. Les affrontements de Moutse trouvent leur origine dans la décision du gouvernement de Prétoria d'inclure les Sothos dans un bantoustan peuplé par l'ethnie Ndebele. (1" janvier). _ REFOULEMENT _ La police togolaise refoule une mission d'Amnesty International à l'aéroport de Lomé-Tokoin. Cette mission humanitaire, composée de Helen Jaffe, Arnaud d'Hondt et Stephen Ellis, devait se rendre dans les prisons au Togo et enquêter sur le sort de quinze personnes arrêtées fin septembre. (1" janvier). _ ARRESTATIONLa police ouest-allemande arrête quatorze militants écologistes sur le site de Wackersdorf en Bavière. La police intervient pour faire évacuer plus de quatre cents écologistes qui campent là depuis le 11 décembre dernier afin d'empêcher le début des travaux de déboisement nécessaires à la construction d'une usine de retraitement de déchets nucléaires (2 janvier). _ MARCHE BLOQUEE _ Les quelque trois cents membres de la Marche pour la paix en Amérique centrale, partis le 12 décembre de Panama, sont bloqués au Nicaragua depuis le 28 décembre. Leur porteparole, le révérend américain .Blase Bonpane, indique que les pacifistes n'abandonnent pas la marche, malgré les interdictions de passage prononcées par les autorités honduriennes et salvadoriennes. Blase précise que si les marcheurs n'obtiennent pas de visas d'entrée au Honduras, ils vont en tout cas avoir recours à d'autres moyens pour se trouver le 14 janvier au Guatemala, pour la prise des fonctions du nouveau président, M. Vinicio Cerezo. La fin de cette marche est prévue le 22 janvier au Mexique, et une délégation va se rendre à Washington pour faire connaître les résultats de cette manifestation pacifique (5 janvier). ___ BILAN __ _ En 1985, l'immigration en Israël a enregistré son plus mauvais bilan depuis la création de l'Etat: 11 298 arrivants seulement. Par rapport à 1984, la chute est spectaculaire: -41 %. Au cours de l'année 1985, 1 410 juifs soviétiques ont obtenu l'autorisation d'émigrer en Israël, mais 348 seulement se sont rendus dans ce pays, précise l'agence juive de Jérusalem, les autres choisissant de s'installer en Europe ou aux Etas-Unis (8 janvier). ___ FETE __ _ En avant-première à la commémoration de la Journée nationale d'hommage à Martin Luther King du 20 janvier, la police a arrêté Martin, Yolanda et Bernice, trois des enfants du célèbre pasteur assassiné en 1968. Ils participaient à une manifestation contre l'apartheid devant un supermarché appartenant à une chaine qui importe des produits sud-africains aux Etats-Unis (7 janvier). 4~' ..., v," ~ *' !"& ~.~~" > '~ :;~~ ' .i Y. ~ ....... - '-,,, < ",' ' , 7 . t ". "", . ,·t', < J( • ' ....' ., '., ,,<è c- ~ . v' ' ,.,,", ",. ,1' {~. . ~ J""W , ' c'L, '~' il " ,.....r : .. ~ .~, ... : ,'~.'

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Paris-Dakar: un drame ordinaire pour un rallye new-look. Daniel Balavoine et Thierry Sabine meurent dans le désert. __ EMBARGO __ Un décret adopté par le Conseil des ministres français prévoit un embargo sur les ventes d'armes à l'Afrique du Sud, l'interdiction de nouveaux contrats dans le domaine nucléaire; l'embargo toujours sur les ventes de pétrole en provenance de l'Europe, sur celles de « matériels sensibles» destinés à l'armée ou à la police sud-africaine, ainsi que le rejet de la coopération militaire avec le rappel des attachés militaires en poste à Prétoria (8 janvier). __ MEURTRES __ Dix mille personnes manifestent à Hambourg pour protester contre la série de meurtres d'immigrés turcs exécutés dans cette ville par le mouvement d'extrême- droite des «Skinheads» 11 janvier). _ ANTISEMITES_ L'ambassadeur d'Israël en RFA condamne les propos antisémites du député de la majorité gouvernementale Hermann Fellner, qui déclare: «Les juifs donnent l'impression de se manifester dès que l'argent tinte dans les caisses allemandes. » Le jeune député social-chrétien (CSU) fait allusion aux demandes de réparations présentées par les juifs employés comme quasi-esclaves Différences - n° 53 -février 1986 par le groupe Flick pendant le régime nazi (9-10 janvier). __ MASSACRE __ Brésil. Deux parlementaires du Mouvement démocratique brésilien (PMDB) révèlent qu'au moins 60 Indiens ont été massacrés la semaine précédente en Amazonie brésilienne par deux cents chercheurs d'or liés à l'entreprise « Gold Amazon» qui avait déjà tenté de s'approprier par la force des zones aurifères appartenant à ces indigènes (13 janvier). __ PROCES __ Ouverture du procès des trois apprentis légionnaires accusés d'avoir tué Habib Grimzi dans le Bordeaux-Vintimille (23 janvier). ___ ASILE __ _ Lancement d'une grande campagne sur le droit d'asile. 25 associations dont le MRAP adressent aux partis politiques huit questions concernant leur position et leurs intentions en la matière (29 janvier). Réalisé par MAHAMOUO AHMEO WAAOANE et ROBERT PAC POUR QUI FAIRE PLEURER DANS LES CHAUMIÈRES? Nous vous parlions le mois dernier des réactions suscitées par le rallye Paris-Dakar auprès d'associations françaises et africaines. L'article était titré « L'enlèvement de Sabine ». L'actualité nous a tristement donné raison, puisque queUJues jours après la sortie du journal, Thierry Sabine mourait, avec quatre autres personnes, dans un accident d'hélicoptère. Personne ne peut se réjouir de la mort d'un homme, même si on peut être agacé par l'immédiate béatification du personnage en pape de l'aventure moderne. Le collectif Pa'dak, à l'origine de la contestation du rallye, en a été, comme tout le monde, attristé. Il semblerait que le rallye soit maintenu pour l'an prochain, et donc, avec lui, les réserves qu'il suscite. On voudrait bien voir les médias qui ont tant versé de pleurs sur cet accident organiser la même compassion quand il s'agit de la disparition de gens qui n'avaient rien demandé et ont pourtant trouvé la mort, non dans une plaine du Ténéré, mais plus prosaïquement au pied de leur HLM, dans la rue, ou sur le ballast du Paris-Vintimille. Si on en parlait autant, si on s'inquiétait un peu des familles qui restent, peut-être y aurait-il moins de gens pour penser que tuer ces gens-là, ce n'est pas vraiment tuer. Paradoxalement, si ces crimes existaient un peu plus dans la presse, il y en aurait sans doute moins dans la vie. o .. III OUPOEGUEmE _______________________________________________ __ C'est un petit homme. Maigre, légèrement voûté, que l'on devine tendu. Des yeux noirs en perpétuelle quête dans un visage émacié, encadré d'une chevelure folle. Quelque peu nerveux, il fait face assis sur sa chaise à une soixantaine de travailleurs immigrés. L'homme c'est Rachid Boudjedra, écrivain algérien. Eux ce sont des OS de l'île Seguin, chez Renault à Boulogne- Billancourt. Une rencontre curieuse faite tout d'abord d'observation réciproque. On a parlé de l'Algérie et de l'immigration. Puis, insensiblement, de l'action de l'écrivain. Du rôle de l'artiste dans la société. De la force qu'a le romancier de traquer l'histoire. D'en débusquer les mécanismes profonds. Par l'imagination et par l'écriture. Dans Topographie idéale pour une agression caractérisée son troisième livre écrit en 1975, Rachid Boudjedra décrit la course hallucinante d'un immigré dans le métro parisien. Une course à la mort. «j'ai voulu montrer dans ce livre combien un immigré ici est perdu. Combien il devient fou », explique Rachid Boudjedra. Selon lui, l'immigration est aujourd'hui un processus qui se termine. Par le retour ou par l'intégration. «On sera obligés de rester ou obligés de partir. C'est un choix devant lequel chacun est placé. » Ceux qui resteront deviendront Français. Ils s'intègreront, avec leur spécificité. A eux, la lourde tâche de défricher et d'inventer ! Différences: - Dans Topographie idéale... la longue errance de l'immigré aboutit au meurtre. Est-ce là pour vous l'inévitable issue ? R. B. : - C'est la mort de l'immigration, dans le sens où elle va cesser. Elle va cesser d'une manière ou d'une autre. Pas nécessairement par la rupture, mais aussi par l'intégration. Le type d'immigré que je décris dans mon livre est condamné à mourir. Ceux que nous avons vus dans l'usine rentretont. Je vous le garantis. Ils portent trop l'Algérie en eux. Les autres vont s'intégrer très, très bien. Et moi, je ne vous cache pas que je suis pour. « Comme il y a un lobby juif, il y Ceux qui resteront auront Ecrivain reconnu, Rachid Boudjedra Maghrébins. En fin de compte, pagnole... Il Y a eu chez elle une volonté puissante d'intégration. Jusqu'à la négation. Est-ce la même chose pour l'immigration arabe ? R. B. : - Pour les Arabes, c'est pareil. Pas ceux de l'usine. Mais les autres. Ils existent déjà. Des gens qui ne sont pas du tout des fils d'immigrés. Des intellec- DES 1 En plein ramadan, il s'était mis à manger une baguette Un jour, il a fallu que j'intervienne dans la rue, car un de ces jeunes avait des histoires. En plein ramadan, il avait acheté une baguette de pain et il s'était mis à la manger! Pour lui, c'était un comportement tout à fait normal. Alors que les gens lui demandaient d'aller manger chez lui, lui ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait le faire dans la rue. Il était plus logique qu'eux. Mais il était dans une autre logique. Ceux-là ne pourront jamais s'installer en Algérie. de pain dans la rue. Il a fallu intervenir. Cette force constituée des enfants d'immigrés, j'espère qu'elle deviendra un jour une force politique. Une force politique française. Ils seront des Français à part entière. Un peu comme les juifs. Ils sont français, sans discussion. Mais, ils sécrètent dans la société française toute la culture juive, toute la passion juive. C'est formidable! Je les admire pour cela. Un jour, je voudrais bien que les Arabes soient comme eux. Qu'ils soient complètement français. Que si un jour la France est en danger, ils la défendent aussi bien que n'importe quel Français installé ici depuis cinq siècles. Et qu'ils sécrètent dans la société française cette passion arabe. Je ne dis pas musulmane, je dis arabe. Et c'est en ce sens qu'ils pourront jouer un rôle important. Différences : - Si l'on pense à l'immigration d'avant-guerre, polonaise, italienne, estuels, des hommes d'affaires, des médecins ... qui sont arrivés tous seuls. Pour faire des études. Ils sont très intégrés. Ils sont français et ils veulent qu'on les prennent pour des Français à 100 %. Ils font tout pour l'être. Ils donnent des prénoms chrétiens à leurs enfants. C'est nouveau. Ils représentent aujourd'hui environ cent mille personnes. Différences: - Pour poursuivre la comparaison avec les anciennes immigrations, le lien avec le pays est aujourd'hui plus étroit. R. B. : - Le lien avec le pays est très faible dans la génération qui vient. Ils sont beaucoup plus ridicules là-bas qu'ici. Moi, je connais des jeunes qui viennent l'été en Algérie. Ils ont un comportement stupide. Ils sont vomis. Les pauvres, ils sont complètement en dehors du coup là-bas. Ils sont dans le coup ici. Différences: - S'ils s'intègrent à la société française, ils ne vont pas se dissoudre, ils vont modifier les choses. Quel pourra être leur apport ? R.B. : - Je le vois sur un plan tout à fait culturel. Ils imposeront leur musique, leur cuisine ... C'est fait déjà, mais ce sera encore plus important. Regardez la mode. Ce n'est pas par un hasard tout de même si actuellement la mode féminine est aux pantalons bouffants. Les modes japonaise ou indienne passeront, la mode arabe, non. Il y a un lien organique. Ne serait- ce que géographiquement, par la Méditerranée. Le Japon et l'Inde, c'est loin ! Et puis, il y a l'histoire. C'est tellement clair. Mais, la géographie les gens l'oublient. Récemment, j'étais à Nice. Dans les vieux quartiers, les gens se comportent comme à Alger. Les mêmes odeurs, les aura demain en France, un lobby arabe. » la charge de le constituer. eu assez du discours habituel sur les immigrés, ça veut dire quoi? IMMIGRES Rachid Boudjedra, écrivain algérien mêmes couleurs, le même linge qui sèche... Et je ne parle pas de Marseille. Différences : - Et puis il y a la vision qu'ont les Français de leur propre pays ... R. B. : - Elle se modifiera. Il y aura un apport reconnu implicitement, vécu très intimement. Avec du temps. Pour moi, c'est une affaire de cinquante ans. Différences : - Si le processus d'immigration touche à sa fin, il y a tout de même une réalité quotidienne. Il faut vivre ensemble. Est-ce possible? R. B. : - Il Y aura des crises, des avancées, des fièvres, comme dans toute évolution. Il y aura des rejets, il y aura des violences. Mais il y aura un aboutissement inévitablement positif. C'est l'aboutissement qui est intéressant. Les flambées auront même lieu des deux côtés. Je connais, par exemple, une jeune fille de vingt et un ans, fille d'immigrés, née ici. Un beau jour, elle a rencontré un Français. Elle voulait se marier avec lui. Le père, un ouvrier assez formé, assez conscient, a dit qu'il était d'accord à condition que le prétendant se convertisse à Différences - n° 53 - février 1986 l'Islam. Elle lui a fait remarquer que, lui, ne lui avait pas demandé de devenir chrétienne. Elle lui a dit : « Toi qui te plaignais de leur racisme, c'est toi qui est raciste aujourd'hui. » Ce père a un comportement négatif. Il sera balayé. Il rentrera, mais sa fille restera. Et elle revendiquera totalement son identité arabe. Ces gens-là s'insèrent en amenant leur vision du monde, qui est une vision arabe. Différences: - Vous parliez tout à l'heure du rôle des juifs en France, pensez-vous que pour les Arabes cela sera aussi simple ! R. B. : - Ce sera plus simple ! Vous savez s'il y a des gens fidèles à leur identité, ce sont bien les juifs. Ce sont eux qui ont amené la cuisine arabe en France. Ce ne sont pas les Arabes. Les Arabes, à la limite, sont complexés. Ils seraient même plutôt portés à dire que leur cuisine c'est pour là-bas, pas pour ici. Les juifs ont amené la cuisine tunisienne, avec les plats les plus compliqués, les plus lents. Des plats qui ne sont pas entrés dans les moeurs. Mais que, eux, mangent encore. Alors, il y aura cela chez les Arabes. Il faudra qu'ils soient les meilleurs. On le voit déjà, par exemple dans le sport. (c'est la pitance du pauvre). Ils sont là dans les équipes de foot en judo, en tennis ... Différences : - Il y a pourtant chez les jeunes de la deuxième génération une recherche presque ostentatoire des racines, d'une identité. R. B. : - Absolument et heureusement ! Ce n'est pas du tout contradictoire. Cela ne serait pas intéressant s'ils arrivaient avec le complexe de l'Occident. Ils sont obligés d'en rajouter pour pouvoir s'ancrer. Il faut qu'ils soient sécurisés sur le plan affectif. Il faut qu'ils aient quelque part des repères. Il y a deux sortes de repères. Psychologiquement arabe et socialement français. Il faut qu'on les reconnaisse dans les deux sens. Sinon, ils n'y parviendront pas. Sinon, cela va faire des malades. Vous savez tout cela est neuf. Et ils sont les premiers à commencer! 0 Propos recueillis par PATRICK COUPECHOUX Rachid Boudjedra a écrit : LA Répudiolion, l'lnso/otion, Topographie idéale pour une agression caractérisée, l'Escargot entêté, les 1001 Années de la nostalgie, le Vainqueur de coupe, le Démantèlement, Greffe, la Macération (éditions Denoël), , Journal palestinien (Hachette), Pour ne plus rêver (éditions Enal). D a également écrit de nombreux scénarios dont celui de Chronique des années de braise, Palme d'or à Cannes en 1975. Différences - n° 53 - février 1986 NE VILLE POUR TOUT LE MONDE Freud et pâtisserie, valses et dodécaphonisme, Palestiniens et juifs d'URSS: Vienne a, depuis le XIXe siècle, ravi la première place à Rome dans l'imaginaire occidental. Paris lui fait fête ce mois-ci. fi VIENNE A LA A CREME Pour qui ne connaît pas la langue de Goethe, il y a quelque chose de frappant quand on arrive à Vienne. Dans les rues ou dans le métro, on a constamment l'impression d'entendre parler français. On se retourne, on écoute mieux, non, c'est bien de l'allemand, mais un allemand adouci, un allemand qui aurait tâté de la Méditerranée. Vienne a fasciné l'Europe pendant toute la fin du XIXe siècle et le début du XXe . Normal, c'est l'époque de l'Empire triomphant. Mais Vienne a continué après la chute de l'Empire, au sortir de la guerre de 1914-1918. Puis est venue la Seconde Guerre mondiale. Et, bien qu'alliée, certes forcée mais réelle de l'Allemagne nazie, Vienne fascine toujours. Sans doute parce qu'elle a su rester la porte européenne de l'Orient et cet allemand adouci d'un vent du sud, cette étonnante présence étrangère dans les rues piétonnes, font qu'on s'y sent bien, en sécurité, dans une ville qui a l'art de la synthèse et de l'accueil. A titre expérimental, essayez d'avoir l'air perdu et dépliez un plan dans une rue de Vienne. Vous aurez un mal fou à vous dépêtrer de la nuée d'Autrichiens souriants qui vous proposeront, en allemand, de vous guider. ARTICLES . CADEAUX .AROOUINIiRla SERVIETTES - PORTE-DOCUMENTS G ROS 1/2 GROS t1ICHElEf\ Société Anonym. au C.plt.1 ". 200.000 Fr.nc. 70, RUE DU TEMPLE, 75003 PARIS Ut : 887.72-11 MARCY PRET A PORTER 129, rue d'Aboukir 75002 Paris - Tél. 236.66.89 Porte de l'Orient? On ne peut nier l'influence déterminante du chancelier Kreisky et de sa politique jusqu'à ces dernières années, dans cette opinion. Sous sa direction, l'Autriche et Vienne ont été le seul pays et la seule capitale européens à entretenir de bonnes relations avec le mouvement palestinien. Vienne, débarrassée, en 1955, des troupes alliées qui l'occupaient depuis la guerre, est devenue la ville symbole de la neutralité, de l'asile politique et de la lutte pour la paix. C'est encore Vienne qui a été choisie pour accueillir les juifs soviétiques désirant émigrer. Partout dans les rues, lors de mon dernier séjour, des jeunes gens, parfois déguisés en prophètes du Jugement dernier et juchés sur des cageots, haranguaient des Viennois rigolards pour les alerter du danger de guerre atomique. Ville ouverte, ville musicale aussi. Laissons les valses reposer en paix, mais le prestige de sa musique reste si grand, que bon nombre de Japonais viennent y terminer leurs études musicales, et c'est chose amusante que de se promener au pied de la cathédrale et d'entendre successivement un Japonais chanter Carmen, un groupe de jeunes Espagnols chanter et danser le flamenco, et de jeunes Turcs en culottes de peau et chapeau tyrolien s'essayer aux vocalises des alpages. Le tout sébiles ouvertes et pleines de schillings: les Viennois aiment la musique et donnent volontiers. Ville intellectuelle aussi. Les Turcs se sont arrêtés en 1683 • aux portes de Vienne, se sont repliés en laissant des sacs de café à l'Occident. On en a fait bon usage. A Vienne, les cafés sont presque aussi nombreux qu'à Paris, ce qui n'est pas peu dire. On y passe après le travail et c'est l'une des dernières capitales où l'on trouve facilement tous les journaux autrichiens et étrangers, laissés à la disposition de la clientèle dans un coin de la salle. Ville de prestige ensuite. Vienne est le siège d'un des organismes les plus méconnus, mais des plus importants, de l'ONU, l'UNIDO, institut des Nations unies pour le développement, qui est à l'origine de tous les programmes de l'organisme international dans ce domaine (1). Bruno Kreisky, leader incontesté qui s'est reti ré en 1984. Porte de l'Orient ou de l'Occident, selon le sens, Vienne ne renie pas les traditions : valses, café (ici le restaurant Schwarzenberg) et hospitalité à toute épreuve l'organisme international dans ce domaine. Allez à Vienne. Passez un peu de temps à vous imprégner de cette extraordinaire architecture baroco-bourgeoise du XIXe siècle, qui donne l'impression de visiter une ville bâtie à coups de crème Chantilly, pleurez un peu sur le thème grandeur et décadence, en contemplant les échaufaudages qui recouvrent une bonne part du palais de Schoenbrunn, comme on si l'on faisait un lifting à Sissi. Puis, regardez les gens vivre. Peut-être sentirez-vous que cette douceur de vivre, à Vienne, est le fruit d'une tradition d'accueil, de Différences - n° 53 - février 1986 cette politesse à l'autre, qui est l'une des plus hautes formes sociales de la tolérance. Et peut-être arriverez-vous à oublier que, en Autriche, bien différente de la simple capitale, il y a encore beaucoup d'anciens nazis dans les rangs du parti au pouvoir. 0 JEAN-MICHEL OLLE (1) L'UNIDO gère tous les programmes d'aide au développement et finance toutes les campagnes annuelles de l'ONU_ UNE LENTE· AGONIE Autour de 1900, Vienne a abrité l'un des bouillonnements culturels des plus féconds, mais également des plus marqués par une angoisse crépusculaire du génie européen (1). Comment la capitale de l'Empire paternaliste multi-ethnique, .u-.--"L......""-"'"'mais uni autour d'un symbole incarné, François-Joseph de Habsbourg, est-elle devenue le creuset d'une modernité ardente? Il faut certainement l'expliquer par le caractère éphémère de cette révolution culturelle, politique et sociale, accomplie en un demi-siècle (de 1860 à 1914 environ), là où l'Angleterre et la France avaient mis deux cents ans, du siècle des Lumières à la révolution industrielle. Par ailleurs, c'est dans son caractère multi-ethnique que résidaient à la fois la richesse et la faiblesse de ce colosse aux pieds d'argile, qui regroupait, autour des vieilles provinces germaniques, une douzaine de nationalités : Hongrois, Polonais, Tchèques, Ruthènes, Roumains, Serbes, Croates, Slovènes, Italiens, sans compter les juifs, d'origine géographique variée, particulièrement nombreux à Vienne. Si le catholicisme dominait dans l'Empire, on y trouvait également nombre de protestants, d'orthodoxes, de juifs et même des musulmans dans les Balkans. Lorsque les Tchèques, conscients de leur culture pluriséculaire, veulent une monarchie tricéphale, avec Prague comme capitale, après Vienne et Budapest, les Hongrois s'y opposent, de même que l'administration impériale, inquiète des revendications nationalistes centrifuges de plus en plus nombreuses et violentes. Seul, l'empereur, figure tutélaire, solitaire et vieillissante, incarne une « supranationalité» qui peut, un temps encore, garantir l'union de ses sujets. Un symbole: c'est un nationaliste serbe qui mettra le feu aux poudres du cataclysme fatal à l'Empire, en assassinant l'héritier du trône en 1914! nisme politique, qui voit là la seule solution pour arracher d'autres masses désemparées à un sort misérable. On assiste également aux efforts du brillant Victor Adler pour construire la social-démocratie autrichienne. Freud et Alfred Adler, eux, veulent permettre aux pulsions profondes, niées par l'hypocrisie sociale, de s'exprimer, ce que Klimt accomplit en peignant les replis d'Eros, au grand scandale du monde artistique officiel et avant d'être lui-même contesté par un jeune iconoclaste nomme Kokoschka. SchOnberg et son dodécaphonisme, puis Berg et l'Ecole de Vienne portent également un coup très dur à l'édifice rococo et néoclassique de la musique viennoise d'alors (sans parler des célèbres valses universellement adorées). Les architectes Loos, Olbricht ou Otto Wagner reviennent au dépouillement des formes extérieures qui n'affichent plus le statut social aristocratique des bourgeois qui les habitent. Cette « explosion dans le jardin» (2) des arts, de la pensée, de la politique sonne le glas d'une envie de vivre ensemble dans un monde de beauté et d'harmonie. C'est peut-être là Vienne 1896, le café Griensteidl : un véritable bouillon de modernité. Quelques années plus tard, en tenue de chasseur tyrolien, l'empereur François-Joseph de Habsbourg. " sera le témoin de ce tournant de siècle si fertile en talents . " mourra avant le déclin, et ne connaîtra pas l' ensevel issement de l'empire, contrairement à l'écrivain Robert Musil (en bas). Première dissonance dans l'unanimisme: l'apparition l'origine de cette angoisse typiquement viennoise, de cette «tristesse triomphale» devant la brutalité des nationalismes exaspérés, celles de politiciens faisant entrer racisme et insultes au Parlement. A ces forces extrêmes, les productions intellectuelles répondent en explorant, parfois avec morbidité, la vie des instincts: la littérature se lance dans un individualisme désespéré, la musique dans une « désharmonie » qui reproduit celle d'une société «en marche vers une joyeuse apocalypse ». Depuis la dispersion ~ de l'Empire, qui résulte de la :!j '-------------r-i-,;.-----D de l'antisémitisme Première Guerre mondiale, il n'y a guère de voix en Europe pour protester contre l'Alliance, l'Anschluss imposé par les nazis à l'Autriche, tant elle apparaît comme le parent pauvre de l'Allemagne. Freud, auquel on ne peut que reprocher son manque de clairvoyance en 1938, lorsque les nazis, après avoir brûlé ses livres, le malmèneront, ne se résoudra pas à partir de son plein gré. En exil, à Londres, il dira: « Ce n'est pas moi qui suis parti, c'est Vienne qui m'a abandonné. » Si certains, comme Freud, s'isolent, d'autres se trouvent, se rencontrent CONCOURS Au tournant du siècle, Vienne compte plus d'un million d'habitants, pour beaucoup « montés» de fraîche date des quatre coins de l'Empire. Le consensus libéral de la bourgeoisie germanophone et catholique, à qui la fidélité à l'empereur sert de nationalisme, ne peut plus servir de ciment à un puzzle prêt à voler en éclats. Au-delà des façades somptueuses Renaissance ou rococo de la Ringstrasse, les taudis ouvriers pullulent, et la frustration des groupes sociaux et ethniques tenus à l'écart de la prospérité gronde. Un voyage à New York ? C'est sur le plan politique que la première dissonance se fait entendre dans l'ordonnance du libéralisme matérialisé Fa cil e ! Jou e z a v e c no us. par la Hofburg impériale, l'opéra, l'université, le Parlement

on assite à l'irruption de partis de masse, souvent (V . 2)

Il unis par le seul antisémitisme (Schoenerer, Lueger, futurs 01 r p. 4 , ~m~o~d~è~le~s~d~'H~i~tle~r~)~,~a~ux~qu~e=ls~r~é~p~o~n~d~H~e:rz~l,~p~è~re~d~u~s~~:-____ -=========================================::J pour créer des sonorités nouvelles qui restent à découvrir : SchOnberg, Berg, Webern. Tous, quel que soit le médium utilisé, font oeuvre commune, quelque chose comme rendre l'esprit de, et à, Vienne. La Première Guerre mondiale n'aura eu qu'un intérêt, bien mince il est vrai, au regard de ses millions de victimes. Celui de donner la date exacte de l'ensevelissement, après la mort de François-Joseph, comme si l'histoire avait voulu lui épargner d'être témoin de l'ensevelissement de son empire trop grand. Robert Musil, Joseph Roth en seront, eux, les témoins. La Seconde Guerre mondiale ne viendra que parachever le massacre. 0 YVES THORAVAL (1) Cette atmosphère, ce moment privilégié de la création mondiale, se retrouve dans l'Immense exposition pluridisciplinaire organisée par le centre Georges-PompidOU. Il faut s'y précipiter, car c'est la seule fois de ce siècle que les pièces, venues de Vienne et d'Amérique, sortiront de leurs réserves ou musées ... Vienne 1880-1938: centre Georges-Pompidou (13 février-5 mai). Tous les jours, sauf mardi, de 12 à 22 heures. (2) Selon l'expression de C. E. Schorske. Différences - n° 53 - février 1986 Il Il SCHIELE, PEINTRE MAUDIT? On redécouvre Vienne grâce au livre de Carl E. Schorske (1) et l'on se souvient tout à coup que c'est la ville de Schnitzler (dont on a monté Terre étrangère au théâtre des Amandiers à Nanterre), de Musil, d'Otto Wagner, de Freud, de Malher, de Herzl, de Hugo von Hofmannstahl et de tant d'autres. En peinture, un nom domine, celui de Klimt (1862-1918), comme un phare. Et puis, il Y a les suiveurs, ceux que l'on présente comme des élèves doués: Kokoschka (mort en 1980), Egon Schiele (1890-1918). C'est ce dernier qui, paradoxalement, dans cette remise à l'honneur des enfants de Vienne, y perd le plus. Klimt, définitivement, symbolise la fin d'un monde, d'une société à laquelle il tend un miroir : «Il a été le peintre de l'ancienne finance et en a décoré les salons de panneaux scintillants d'or et d'argent, ainsi que de radieux paysages ruisse- 1ants.» (Fasitaner, 1923). Peintre de la surface où se reconnaissent les figurants de Vienne qui lui ont passé commande. Schiele, de son vivant (et bien longtemps après sa mort), fera figure de copieur. Cette attitude se retrouve encore aujourd'hui dans, par exemple, le numéro spécial de Critique (2), où l'on reconnaît à Schiele, comme du bout des lèvres, « une certaine indépendance» dans la manière de représenter les paysages vis-à-vis de Klimt. Il n'y a pas une ligne sur Schiele dans le livre de Schorske, il n'y est cité qu'une fois (p. 15), entre Klimt et Kokoschka (qui auront droit chacun à un chapitre). Schiele sera-t-il donc définitivement l'élève de Klimt? Le premier avait vingt-huit ans de moins que le second et si l'on se souvient que l'adolescent vint montrer ses premiers travaux au maître qu'il imitera un temps, on oublie un peu vite que Klimt lui-même s'inspira d'autres peintres et que, dans certaines oeuvres de Schiele, on sent plus l'influence d'artistes un peu oubliés aujourd'hui que de l'auteur de Judith. 1909 : « La psyché qui monte à la surface de l'être. » Klimt dirige la Sécession viennoise, école créée en 1897, dont l'audacieux pavillon se dresse à deux pas de l'Académie, où Schiele s'ennuyait ferme avant d'en être exclu. Il ne fit jamais partie du groupe de Klimt, il créera le sien : le Neukunstgruppe (groupe pour un nouvel art) en 1909 et s'il exposa à l'Internationale à plusieurs reprises (1909, 1913, 1916, 1918), comme tant d'autres artistes, ce fut sur l'invitation de Klimt. Jusqu'en 1909, beaucoup de choses lient les deux hommes, même Walli, que Schiele « empruntera» au maître pour en faire son modèle et sa compagne jusqu'en 1915; il est donc concevable que, à l'époque, la critique éblouie ne considère le jeune Egon que comme «un médiocre imitateur» (Stem, 1912). Personne ne verra dans la toile de 1909 représentant Gerti (la soeur de l'artiste) que leurs deux routes se séparent. L'espace est vide autour du personnage planté au milieu de la toile, cela est un portrait, non une allégorie obscure; nul remplissage doré, la figure est isolée, seule, et c'est « la psyché qui monte à la surface de l'être ». C'est la ligne et non la couleur qui, désormais, va «montrer ", dans l'oeuvre de l'artiste - 1909, année charnière où l'activité graphique, d'abord subordonnée à la peinture, va tendre vers l'autonomie. Schiele dessinait rapidement, sans corrections, sans repentirs (passant ensuite la couleur, avec ses doigts parfois), comme on écrit un brouillon qui en dit bien plus long que le texte que l'on n'écrira jamais. D'où viennent donc ces lignes hachées, sinueuses, jetées à la hâte sur une feuille blanche, ces formes qui dansent et donnent le vertige, l'expression de personnages torturés ou s'abîmant dans le plaisir? Que regardait donc ce peintre pour nous donner cela à voir? Bien plus qu'un lien avec Klimt, c'est peutêtre du côté de Freud et de Van Gogh (dont Schiele partage parfois l'exaltation mystique) qu'il faut aller voir. Freud n'entretiendra toute sa vie que des rapports lointains avec l'expression artistique, collectionnant les antiquités égyptiennes et grecques, n'abordant l'oeuvre d'art que dans le but d'éclairer certains aspects de la théorie psychanalytique par des choix on ne peut plus prudents: un souvenir d'enfance de Leonard de Vinci (1910), le Moïse de Michel Ange (1914). Il se demandera pourquoi André Breton, chef du mouvement surréaliste et Salvador Dali tiendront tant à le rencontrer. D'ailleurs, qu'aurait pu dire l'inventeur de la psychanalyse du fils d'un père fou, qui fit poser nue sa soeur et qui peindra des mères mortes ou aveugles? Schiele nous donne à voir ce que Freud mettra tant de temps à formuler, mettant en scène son propre corps, sa propre détresse. Il représentera ce que d'autres subliment ou cachent derrière un érotisme glacé, hypocrite, anonyme, se montrant nu, se masturbant, ou le corps Egon Schiele : un fils de fou, un corps torturé. Il mourra en 1918 d'une grippe espagnole après avoir produit près de 350 oeuvres, toutes reniées par la critique. Ici : Adele Harms (1917) et la Famille (1915). ~ enchevêtré dans celui de sa compagne dans les turbulences de l'amour ou de son double dans cette dangereuse fascination de soi-même. Et tous ceux qui reconnaîtront leurs propres pulsions, la mise en scène de leurs fantasmes condamneront unanimes ces images trop reconnaissables pour ne pas être rejetées. Il est bien évident qu'un dessin de Schiele ne tient pas à côté d'une toile bien léchée de Klimt. Ce dernier nous donne à voir ce que l'on sait déjà, le Différences - n° - février 1986 premier ce que l'on n'est pas prêt à reconnaître. Jusqu'à la fm de sa trop brève existence (il mourra en 1918 de la grippe espagnole), c'est l'exploration du sujet humain qui l'occupera, le fascinera, même si l'on compte parmi les 330 oeuvres recensées 140 paysages. Il dira à ce propos : «j'observe en ce moment les mouvements corporels des montagnes ... Tout me rappelle de semblables mouvements dans le corps humain» (lettre d'août 1912). On a parlé un peu vite de narcissisme, d'introspection excessive, mordide, dès que l'on reconnaît les traits de Schiele, son corps dans des convulsions impudiques, alors qu'il ne se servait de son propre corps que comme signes, lettres de l'alphabet des émotions, de la souffrance. 1912 : jeté en prison pour avoir « fabriqué des dessins pornographiques et séduit une jeune fiUe » Au-delà du modèle déshabillé, c'est une autre nudité qui apparaît, celle de chacun de nous, qui dépassant l'anecdote, l'événement, tend vers une universalité que bien d'artistes ont pu atteindre. Et s'il fallait un seul exemple, en voici un: en 1912, Schiele fut arrêté, jeté en prison vingt-quatre jours parce qu'il fabriquait «des dessins pornographiques» et qu'il avait «séduit une jeune fille» (qui, en fait, s'était enfuie de chez elle et qu'il n'avait hébergée qu'à regret). Pendant son incarcération, il dessina, peignit treize aquarelles qui constituent l'un des plus poignants témoignages de souffrance qu'il nous a jamais été donné de voir. On y lit la détresse de cet homme qui ignore pourquoi il est privé de liberté: pour ce qu'il est, pour ce qu'il a fait ou n'a pas fait. Ce sentiment d'horreur insoutenable, d'injustice, annonce ce que vivront des ~ons d'hommes trente ans plus tard. Lors de son procès, il dîra: « Un de mes dessins, confisqué, a été brûlé par le juge somptueusement paré de sa toge, à la flamme d'une bougie ... Autodafé!» Hitler n'avait que vingt-trois ans en 1912. Mais déjà Vienne mourait. 0 PATRICK BORGEL (1) Vienne, fin de slécle, de Carl E. Schorske, traduction d'Yves Thoraval éditions du Seuil. ' III! (2) Critique aoOt-septembre 1975, ni 339-340, enfin réédité. III Il IVRES _____ , A NE PAS LIRE LA NUIT ... C'est à un voyage au bout de la nuit que nous convie Yves M. Zélig dans son livre Le retour du front. La nuit des militants du FN. On les voit défiler les uns après les autres, sous l'ombre protectrice de Bruno Gollnisch, responsable national des commissions du FN, corédacteur du programme. Y. M. Zélig a vécu parmi eux durant la préparation des cantonales de mars 1985, à Saint-Etienne, Lyon, Vaulx-en-Velin. Magnétophone en main, il les écoute: M. Henri, un fervent de Mgr Lefebvre ; Yvonne, la raciste convaincue, et son mari, Bernard, un fidèle du maréchal Pétain; M. Yazid, un Français musulman pour qui il faut un président « qui ait des couilles » ... ; l'ancien militant PSU, le skinhead raté ... Il nous rapporte leurs propos démasqués et frappants de naïveté, de vérité toute faite, de stupidité et de méchanceté. C'est un voyage au bout de la nuit pour y. M. Zélig lui-même, qui pendant toute cette enquête a travaillé sous un pseudonyme (Zélig étant nécessairement exclu de la France qu'ils voulaient construire), et pour le lecteur lui aussi qui peut mieux saisir, par la spontanéité du reportage et des propos, ce que nous réserve l'homme « sans bandeau ». Un livre à ne pas manquer ... mais à ne pas lire la nuit ! 0 GERMAINE OUPON7 Le retour du front, de Y. M. Zélig. A la rencontre des enfants de Jeanne d'Arc et de Jean-Marie Le Pen. Coll. Barrault. ABONDANCE. Avec La vie, la vie que vient de publier Albin Michel, Alain Vircondelet signe son premier vrai roman, après trois ouvrages qui sont des hymnes d'amour à sa mère et à la terre d'Algérie, toutes deux confondues (Maman la Blanche, Alger l'amour, et Tant que le jour te portera). On retrouve ces deux thèmes dans La vie, la vie, où le désert, l'Afrique et la mère sont exaltés d'un même élan par une écriture sensuelle et onirique précise et mélodieuse, charnelle et poétique à la fois. La vie, la vie relate l'histoire d'un jeune appelé français, Pierre-Marie, qui ne peut supporter les abominations de la guerre et choisit de déserter et de partager la vie des maquisards de Grande Kabylie. Mais ce premier niveau de lecture est très vite dépassé lorsqu'on comprend que cette désertion n'a rien d'idéologique. Si Pierre-Marie trahit les hommes et leurs machines de guerre, c'est par fidélité à la mère, à toutes les mères, à la Mère universelle. Ce qui le pousse à fuir, c'est un élan vital, irrésistible. La forêt kabyle, cette Alain Vircondelet épaisse et palpitante forêt dans laquelle il se réfugie, est un immense corps de femme qui le reprend dans son ventre. Et l'histoire de cette désertion est prétexte à caresser encore la peau de la terre algérienne pleine de parfums musqués et subtils, avec ses fruits pulpeux, ses femmes et ses hommes silencieux, mais en contact avec les choses simples et essentielles. Comme le héros des légendes, PierreMarie est confronté à une série d'épreuves pour conquérir sa liberté. Il devra marcher des jours et des nuits dans le désert du Tassili, et cette longue marche dans la clandestinité a une valeur initiatique qui ne lui permet pas seulement de sauver sa vie, mais d'accéder à la découverte des secrets et de devenir un homme. Car devenir un homme, au sens où Vircondelet l'entend, c'est être capable de lire et de capter en soi les messages de la TerreMère. La femme et la mère, en osmose avec le milieu naturel, sont au centre de ce beau roman tragique où trois mères qui portent le même nom - Marilou, la Française, mère de Pierre-Marie; Meriem, l'Algérienne, mère de Karim, et Marie, la Vierge, la mère absolue - pleurent et pansent les plaies de leur fils d'une manière ou d'une autre sacrifié ... C'est toute l'histoire des femmes qui glisse là, leur véritable légende de sorcières travaillant la nuit, défaisant le travail des hommes. Ainsi, la guerre avec ses massacres, ses tortures et ses viols qui nous sont pourtant relatés avec une terrible précision est mise à distance par la présence irradiante de ces trois femmes et le rapport très profond, quasi mythologique qu'elles entretiennent avec leur fils. L'amour éclipse la haine et cette mise à distance est encore accentuée par une écriture très subtile et très travaillée. Toutefois cette écriture, qui rythme les coulées de palmiers, la turbulence du soleil et le souffle des femmes, offre par sa richesse même une certaine résistance au lecteur. Sans doute voudraitelle trop en dire. Car, au-delà de l'aventure anecdotique d'un déserteur, au-delà du thème de la mère, ce qui cherche à s'exprimer ici à travers ce fleuve de mots fébriles et passionnés, touffus et denses comme la forêt kabyle, c'est un gigantesque débordement, une profusion généreuse d'énergies, une merveilleuse abondance à laquelle on ne peut donner de nom. Ou bien il n'yen a qu'un, et c'est: La vie, la vie. 0 MONIQUE AYOUN La vie, la vie, d'Alain Vircondelet. Ed. Albin Michel. COURAGE. En 1958, une jeune romancière libanaise, Leila Baalbaki publiait à Beyrouth, Je vis, un roman de facture très moderne et d'un courage fracassant dans le contexte de la société arabe où elle revendiquait hautement sa liberté de femme à disposer de son corps et de son sort. Leila fit scandale d'autant qu'elle était issue de la communauté chiite peu prolixe en femmes émancipées. La traduction de Je vis en 1967, en français, avait, été ici saluée avec enthousiasme. Leila a une émule, un quart de siècle plus tard, en la personne d'une autre romancière (née en 1945), elle aussi chiite du Sud Liban, Hanan El-Cheikh, dont les éditions Lattès viennent de publier la traduction française de son fort et cynique Histoire de Zahra. Mais cette fois-ci, à une violence masculine à peine adoucie depuis Je vis, violence privée des femmes, s'ajoutent les horreurs de la guerre civile qui dévaste le Liban et sert de toile de fond au roman. Cette belle interrogation intimiste d'une jeune femme qui ose dire « je » est trop rare dans les lettres arabes pour se priver du plaisir qu'elle procure. 0 YVES THORAVAL Histoire de Zahra, par Hanan El-Cheikh, roman traduit de l'arabe. Ed. J.-c. Lattès. ITINERAIRE. Zeida de nulle part, c'est l'auteur elle-même, bien que, parfois, se refusant au «je », c'est « elle» qui est employé, comme si l'itinéraire d'une autre se déroulait devant ses yeux: petite fille, esprit déjà ouvert aux choses de la vie, elle quitte Fès pour Bruxelles, avec sa famille, Bruxelles ville grise, humide, qu'elle a du mal à intégrer. La classe où elle est félicitée pour ses rédactions, l'amour pour sa Différences - n° 53 - février 1986 mère, et la voilà adolescente, affolante période pour toutes les filles, mais encore plus traumatisante pour Zeida de Fès, soumise aux contradictions multiples qui bataillent en elle. Révolte, bien sûr, contre les tabous paternels, aussi décide-t-elle à se mettre, seule, en quête du bonheur, de l'amour aussi, entretenant le fantasme du « cavalier noir ». Le besoin de se libérer d'une existence tiraillée entre les souvenirs de son pays d'origine et les habitudes qu'elle a dû se créer en Europe, la décide à s'en aller, retrouver le village marocain qui hante ses pensées, avec son ciel pur, la gentillesse de ceux qu'elle ne connaît que par les confidences de sa mère, et devenus sorte de rêves. Donc, elle part, et tout lui semble tel qu'elle l'attendait, la voilà libérée, allégée, jusqu'à ce que des riens, des petites incompréhensions la heurtent. Non, elle n'est pas tout à fait à son aise... Alors, elle réfléchit, tâche d'ordonner les différences qui l'inquiètent, de trouver une voie nouvelle, à créer avec d'autres jeunes, en s'aidant de l'écriture, de la confession, pour expliquer qu'il faut s'accrocher, ne pas désespérer. de nulIe pQrl Roltuut Elle rentre« chez moi» se force-t-elle à penser, mais ramène un peu de menthe fraîche et des fleurs d'oranger, afin de ne pas oublier le village, la vie tiède et simple à laquelle il faut renoncer pour ramasser les morceaux écartelés de son âme. Jusqu'ici nous écrivions sur les immigrés, voici qu'eux prennent la plume, mieux que nous ne pourrions le faire. Zeida de nulle part n'est pas seulement Zeida, mais l'une de ces jeunes devant vivre avec nous et qui, il faut le dire, apportent richesses de coeur et d'esprit si on accepte de les reconnaître. 0 ANNIE LAURAN Zeida de nulle part, de Leila Houari. Ed. L'Harmattan. LE PASSÉ La typographie de la couverture est étonnante: le nom de l'auteur en caractère plus grand que le titre du livre. Indice indubitable d'une déjà célébrité de l'écrivain ... Il est vrai que c'est aux chères éditions Fleurus, où Jean Pihan a commis, entre autre, un nombre impressionnant d'albums pour enfants, présentant des «héros pour jeunes» - saints de l'Eglise ou non, très largement imagés précurseurs en quelque sorte de la BD. Faut-il présenter (l'abbé) Jean Pihan ? Vice-président du MRAP jusqu'en 1982, cofondateur, dans les années 60 avec Marc-André Bloch, du CLEPR (Comité de liaison des éducateurs contre les préjugés raciaux). Prêtre, bien connu dans le milieu écclésiastiques, mais ainsi dans les milieux éducatifs et journalistiques, par la participation à de multiples commissions de travail. Mais revenons au titre Merci pour le passé: naïveté, autocomplaisance, défi ?!. .. Un défi, oui, de l'optimisme. Il en est tant qui se penchent sur le passé, sur leur passé, pour l'embellir ou le vitupérer, ce qui revient presque au même : nostalgie ou acrimonie rechangent rien au présent et n'apportent pas une pierre pour bâtir l'avenir. Le style est alerte, presque parlé ... mais que de noms. Un peu trop peu-être: c'est que Jean Pihan tient à rendre un hommage scrupuleux à tous ceux avec qui il a travaillé, et, à travers ses multiples fonctions, ils sont pléthore. Pour s'y retrouver, il faut être quelque peu du sérail (s'il est permis d'appeler sérail l'Eglise catholique ... ). Mais l'humour et l'esprit critique - non de critique - ne manquent pas! Et pour Jean Pihan, pas de vase clos, pas d'église sans symbiose avec le monde, sans dialogue avec tous les hommes de bonne volonté. Une seule haine sans doute: celle de l'étroissesse d'esprit. Et l'on ne s'étonne pas de voir Jean Pihan sollicité par Albert Lévy pour un Colloque sur les responsabilités des éducateurs dans la lutte contre les préjugés raciaux, et, de fil en aiguille, c'est le CLEPR et le MRAP où l'on peut dire que Jean Pihan fut un des symboles du pluralisme du Mouvement. Faut-il rappeler qu'au temps de l'affaire Peiper il fût une des victimes désignées des nazillons: il reçut en colis un cercueil miniature et, plus grave, la voiture d'un confrère, confondu avec lui, fût incendiée!. .. JEAN-BERTRAND BARY Merci pour le passé, de Jean Pihan. Ed. Fleurus. Il 1 Masques QUI VEUT FAIRE A LA FETE? Février c'est le mois du carnaval. Mot magique, jours où tout est permis. Le carnaval règne dans la ville: on occupe les rues, on interpelle les passants. Les fous épient partout et se moquent. Les spectacles de rues traduisent la curiosité, le désir de plaire; ils présentent le répertoire des thèmes à la mode goûtés par le public de la ville. Le carnaval est double: celui des thèmes courtois, exotiques, références à des traditions anciennes, représentation de moralité, désir de plaire, de susciter l'étonnement et curiosité, tout cela dans le registre du spectacle de bon ton. Son autre face est l'occasion de licences effrénées, de désordres de toutes sortes, support ludique et spectaculaire d'une satire sociale ou politique, reflet d'un véritable conflit de sociétés, ou pour le moins, d'une fronde irrévérencieuse. Peut-être cette dernière face a-t-elle été exagérée: on s'en fait en tout cas l'idée d'une occasion de défoulement, de refus des tabous et des contraintes, sous le couvert du jeu, et grâce au masque de l'anonymat (1). Partout en France, vous pourrez vous amuser (voir encadré). Mais nous avons choisi de vous parler du carnaval des Ténèbres, qui commence ces jours-ci, pour une apothéose en ... juin. Sur une initiative du théâtre de l'Unité Compagnie, dirigée par Jacques Livchine, comédien professionnel, se déroule chaque année, le carnaval des Ténèbres, à Saint-Quentin-en-Yvelines. L'idée d'origine était de réunir les gens de plusieurs villes nouvelles de cette région des Yvelines, à l'occasion d'une grande fête . Aucune tradition n'existait dans ces villes dont les habitants venaient d'horizons et d'origines très différents. Jacques Livchine s'est inspiré de différents carnavals : celui de Trinidad, celui de Cologne, ceux de villes de provinces françaises. Le carnaval des Ténèbres se prépare depuis le mois de décembre de l'année qui précède, et se termine en juin, en collaboration avec des gens des villes de Saint-Quentin, Elancourt, Maurepas et des membres de la troupe de comédiens. Chacun fait son costume. La fête dure vingt-quatre heures. Dès quatre heures, ils défilent dans les rues, habillés de couleurs sombres, formant un ensemble assez lugubre, et vont réveiller les habitants de la ville endormie en leur offrant des croissants et du chocolat chaud. Tout au long du Sentier des amuseurs, se tiennent des groupes de comédiens professionnels qui jouent des saynètes, et font différents jeux. Mais, ce que tous attendent avec le plus d'impatience, c'est le Concours des bandes. Tous peuvent y participer. Il s'agit, par groupe de trois ou quatre, d'organiser une petite prestation en rapport avec le thème de l'année. Un prix de un million de francs récompense les vainqueurs. L'an dernier, sur le thème de l'eau, c'est un groupe de jeunes Maghrébins qui l'a remporté en parodiant un combat de karaté entre deux bandes de nomades s'affrontant pour un point d'eau dans le désert. Cette année, le thème sera les oiseaux. alors, tous au rendez-vous du 1« juin 1986 pour le carnaval des Ténèbres. Vous ne pourrez pas vous plaindre de ne pas être prévenus à temps ! 0 REGINE MAUCONDUIT· (1) Pour en savoir plus, lire le livre de Jacques Heers, Fêtes des fous et carnavals, édité chez Fayard. L a fête, c'est vite dit... Est-ce que les manifestations politiques ou commerciales qui portent ce nom le méritent vraiment? S'y est-on un jour amusé? La Fête de la musique? Oui, au début, quand elle était spontanée et prise en mains par les gens eux-mêmes ; à présent, bureaux ministériels et médias nous concoctent une bien triste soupe... l~:IJ La pauvre, elle n'avait que quatre ans ! ~ Il reste le carnaval. Il est dans l'air un ..; peu partout, il est réapparu çà et là en Europe, et a explosé là où il somnolait. A Paris, depuis plusieurs années, des lycéens sentant obscurément leur parenté avec les escholiers du Moyen Age, en ont repris la tradition. L'àn dernier, l'Institut supérieur de gestion a fait défiler ses chars dans le XIV' arrondissement, dans une ambiance estudiantine qu'on croyait perdue à Paris. L'association Paris-Carnaval, qui prône la renaissance des grands carnavals parisiens du siècle passé, a suscité un bal costumé et a maquillé les passants sur l'esplanade de Beaubourg. Bizarrement, les Antillais qui dans leurs îles sont des maîtres ès carnavals, et organisent des bals toute l'année à Paris, semblent oublier mardi gras en métropole. En revanche, les Beurs, dont le carême n'est pas précédé de liesse collective, l'ont réinventé après leur marche sur Paris. Une bouffée d'air dans une société où tout est codifié, prévu Mais pourquoi le carnaval, né de ce côté de l'Atlantique, s'est-il épanoui aux Amériques et évanoui dans nos pays ? Plus besoin de fêter la fin de l'hiver à l'ère du chauffage central? Plus possible de s'exprimer dans la rue, devenue le domaine de l'automobile? Plus de privations du carême à anticiper? Plus de tabous et de contraintes à enfreindre ? Peu importe, il renaît. Peutêtre pour être une bouffée d'air dans une société où tout est prévu et codifié. Peut-être pour faciliter la rencontre des autres sous le masque, à une époque où la communication à distance (téléphone, télématique, télévision) prend le pas sur celle de toujours, rapprochée, directe, humaine. Peut-être, enfin, pour être soi-même acteur, et non spectateur anonyme d'une énième manifestation pilotée d'en haut. Paris : les escholiers sont dans la rue Alors que faire? Le faire, soi-même, pour qu'il soit une fête et le reste , comme le veut sa tradition : un ordre savamment désorganisé, et non un désordre savamment organisé. Un carnaval de Paris, dans sa tradition, son actualité et sa diversité, et non l'implantation d'une fête à succès, dont nous ne serions que les spectateurs. Vénitiens et autres Brésiliens seront bienvenus au carnaval de Paris. 0 Renseignements à Paris-Carnaval. Tél. : 42.41.55.56. La France a aussi ses carnavals Nord (dont les traditions se maintiennent depuis le XVI' siècle) : Dunkerque : 17, 18 et 19 février; associé au débordement des gens de la mer avant le grand départ pour l'Islande. Lille : 16 et 23 février ; les géants Lyderic et Phinaert sont de sortie. Solesmes: lundi et mardi gras; tout le monde sera aspergé. Cassel: 17 février; réveil en fanfare à 6 heures du matin, défilé des arlequins, sortie du Four merveilleux ... Bailleur: 17 et 19 février; sortie de Gargantua et des marmitons. Méditerranée Nice : du 31 janvier au 20 février ; défilé de chars, bataille de fleurs : le must des carnavals, en toute excentricité. Menton: du 9 au 19 février. Aix-en-Provence: 10 mars. Languedoc-Roussillon (les plus fous, fous, fous .. . ) Limoux : du 16 février au 31 mars, tous les week-ends, qu'on se le dise! Quillan : du 16 février au 31 mars, de même à Pezenas, Lodèves. Ailleurs Paris : 17 février. Grignan (Drôme) : du 20 au 23 février. Périgueux (Dordogne) : 19 février. Albi: en mars. Chartres : 13 avril. Nice 1986. Les flonflons de la fête du carnaval vont bientôt s'éteindre. Il y a bien longtemps déjà que le carnaval de Nice ressemble à une de ces respectables institutions pour touristes qui s'ennuient. On vient un peu au carnaval comme on irait au musée ... Peut-on simplement parler de folie ou de fête ? Le carnaval est mort il y a belle lurette. Certains ont même brûlé le roi avant terme ! Pendant que défilent «joyeusement» chars et grosses têtes et que les rues se parent de guirlandes électriques multicolores, imaginez que vous soyez d'origine maghrébine. Vous travaillez. Vous avez des économies. Vous décidez - pourquoi pas? - d'acheter un appartement ... Un seul lieu vous sied : le Vieux-Nice. Le Vieux-Nice avec ses ruelles tortueuses, ses troquets de moins en moins louches et de plus en plus branchés, mais où subsiste quand même un semblant de vie. Et puis, malgré une tendance à la hausse ces dernières années, le Vieux-Nice, ce n'est pas encore trop cher... Bref, vous trouvez l'appartement de vos rêves. Imaginons que votre salaire soit suffisant et que la banque ne fasse aucune difficulté pour vous octroyer un crédit. Tout va bien, la vie est belle, pensezvous, le sourire aux lèvres ! Hélas, vous n'êtes pas au bout de vos peines. Pour habiter dans le Vieux-Nice, il vous reste encore à obtenir l'autorisation de la mairie, laquelle jouit d'un droit de préemption... Que croyez-vous qu'il adviendra ? .. Si vous ne vous retrouvez pas dans une de ces magnifiques ZUP, situées à l'extérieur de la ville, c'est que soit vous avez beaucoup de chance, soit vous avez su cultiver avec beaucoup d'intelligence quelques amitiés haut placées... Mais cela est une autre histoire et a bien peu de chance de vous arriver... Le roi est mort. Vive le roi! 0 JOELLE TAVANO Différences - n° 53 - février 1986 ,1 1 1111 ENOANCES ______________________________ ~--------------------------------______ ~ Il Y eu Rambo. On s'est dit, bon, ça va passer. Non, ça continue. Des années après l'arrivée au pouvoir, de Reagan le cinéma américain comble le retard pris sur la pensée (?) du président. Rambo /l, Rocky IV, Commando, etc. : Khadafi n'a qu' bien tenir. l1ut change: du temps du cinéma aussi à l'aise dans une ville américaine des années Carter, les blessures que dans la jungle amazonienne. Pour physiques ou morales du Viêt- l'acteur Chuck Norris, interpréter des nam laissaient le héros à jamais rôles de pur et dur est un contrat moral mutilé et le conduisaient parfois à la avec son public : « Mes supporters veufolie suicidaire. Dans le Retour, de Al lent me voir fort et bon à 100 % » (1), Ashby, dans Cutter's way, d'Ivan affirme-t-il. Rien d'étonnant à ce que le Passer, pour n'en citer que quelques- vocabulaire sportif revienne souvent à uns, les héros du règne de Reagan sont propos de ces films. La performance des hommes forts, culturisme oblige, et physique est donnée comme le bellicistes. Ils trimballent avec eux un triomphe moral, voire religieux, ultime. véritable arsenal car, pour Rambo, «Avec la venue de Reagan, explique pour Chuck Norris, héros de Portés Yves Eudes (2), c'en est fini des idéaux Hollywood pagne du mépris pour ceux qui pensent ou organisent des dispositifs techniques sophistiqués. A la fin de sa « mission », John Rambo détruit à la mitraillette les ordinateurs de la base. Stanley White a fait l'achat d'un livre, Things Chinese, mais pour mieux comprendre ses ennemis asiatiques, il ne fait confiance qu'à ses armes. L'obsession de la sécurité nationale disparus et de Invasion USA, pour d'une intelligentsia coupée des masses. Simplification extrême, culte et culture Stanley White, le policier de l'Année du C'en est fini de la complexité du monde de la force physique impliquent la dragon, pour Rocky Balboa dans sa contemporain, désormais il n'y a qu'un solitude et l'obstination forcenée de nos quatrième aventure, la guerre continue. seul et unique ennemi. La simplicité est héros. Le refus des ordres reçus pour érigée en système. » John Rambo et pour Stanley White. Rambo, qui part pour une mission, a « En vertu de la doctrine Rambo, écrit priori pacifique, déclare: « Cette fois, Le héros nouveau est, en soi, une Sylvia E. Crane (3), être fort requiert un on y va pour gagner. »Comme Rambo, machine de combat. John Rambo ne renforcement du potentiel militaire, se Stanley White est un déçu du Viêt-nam. retourne pas dans l'enfer, soutient un traduit par l'obsession de la sécurité De l'avis même de son metteur en de ses supérieurs, «Il est l'enfer lui- nationale.» Rambo se fait justicier scène, l'Année du dragon est « un film même.» Avant de passer à l'attaque, il solitaire, un arsenal à lui tout seul. Une de guerre en temps de paix ». John remonte, fait vibrer biceps et deltoïdes, énorme lame crantée et dentée est Matrix (Arnold Schwarzenegger) dans en gros plans qui sont d'habitude rés er- l'épée de ce chevalier de 1985, son arc sa dernière aventure, nous est présenté vés, au cinéma, à la mise en train des catapulte de véritables rockets. Il ne se _ comme un « as des commandos améri- avions, hélices et autres mécaniques. pose jamais le problème de sa propre liiI cains L-__ », «expert en arts martiaux », Le culte de la force physique s'accom- responsabilité, ni de respecter un ordre ~ _ ~ _________________________ ~ _______________________________ ~ revanchard donné par ses supérieurs, il est la justice et le bras qui l'exerce. Il n'affronte pas l'ennemi, il le détruit, le pulvérise. C'est un esprit de croisade qui anime pareillement Stanley White, missionnaire blanc (White) au pays de la pègre asiatique. Il refuse de tourner la page, comme le lui conseillent ses chefs ; il s'affirme comme champion de la civilisation chrétienne contre la barbarie, confondant Chinatown et les champs de bataille de l'Asie. Dans une paraphrase raciste du slogan de la guerre froide : « The only good commie is the one that's dead» «< il n'est de bon communiste que mort »). S. White déclare seul « bon Chinois » le garçon de restaurant qui le sert à table. Au générique de Rambo II, des images d'hélicoptères sur fond de soleil couchant et de bouddha: nous y sommes, voici le Viêt-nam de Apocalypse now. On nous donne cette référence pour dire : le film et Rambo vont faire mieux. Dans Apocalypse now, il s'agissait de récupérer un officier américain devenu fou. « Un film trop négatif» pour Chuck Norris (1). Le message de son dernier film est explicite: «Les démocraties Différences - n° 53 - février 1986 sont des cibles parfaites pour le terrorisme, car leurs hommes sont mous et ignorants de leur propre liberté. » (Sept à Paris.) Combats d'apocalypse A la mollesse des démocraties s'oppose la virilité en action de nos héros. « Plus que jamais, les affrontements internationaux apparaissent comme un gigantesque combat entre le Bien et le Mal, c'est-à-dire en fait un combat d'idées de valeurs et de modes de vie (2). » Le monde entier est le terrain où s'affrontent ces valeurs, d'où l'aisance avec laquelle, sur les écrans comme à travers la planète, les Américains interviennent, prompts comme l'éclair, pour détruire un ennemi multiforme. C'est un problème privé qui motive l'expédition de John Matrix dans Commando, mais il débarque dans le pays avec autant de naturel que Rambo atterrissant au Viêt-nam en temps de paix. Matrix est le frère de Kalidor, de Conan et autres avatars de Schwarzenegger dans Commando. Tel Saint Michel affrontant le dragon, il vient à bout, sur fond de flammes (nous sommes dans une chaufferie) d'un affreux mercenaire à l'accent prolétarien. Le recours aux thèmes de l'Apocalypse n'est pas l'effet d'une stylisation fortuite. Il ne faudrait pas croire non plus que MM. Stallone et Schwarzenegger soient équipés par de talentueux costumiers et accessoiristes. Non, c'est précisé à la fin du film, les gilets, les armes, sont les vrais de vrais, utilisés par l'armée américaine! Les combats d'apocalypse des écrans sont l'écho d'une doctrine maintes fois réitérée par le président Reagan et ses collaborateurs. Le président est convaincu que sa carrière obéit à un dessein divin et que les Etats-Unis, sous sa conduite, doivent contribuer à hâter l'avènement de la bataille d'Armaguedon, combat final entre le Bien et le Mal, décrit dans le Livre de l'Apocalypse dans la Bible. De nombreux démocrates ont dénoncé cet aveuglement prophétique, d'autant qu'il s'accompagne d'une politique de surarmement et d'un renforcement des phobies sécuritaires dans le pays. « L'idéologie de l'Apocalypse assimile les ennemis de Dieu et celle de notre patrie (4). » Sylvester Stallone et sa dernière lIvraison de Rambo font l'admiration du président et la joie du box-office. Avec Rocky IV, il souffle sur les braises de l'Apocalypse. Voyez plutôt: Rocky, homme de muscles, « qui s'est forgé tout seul », affronte dans un combat décisif le champion soviétique Ivan Drago, «pur produit des idéologies et des technocrates ». La vie et la légende se confondent. Stallone, qui tout petit se faisait appeler Michael, et sespersonnages. Né dans un quartier baptisé Hell's kitchen (la cuisine de l'enfer), il doit affronter à l'écran de multiples dragons. Crucifié, il se libère de ses ennemis, sur l'écran, bien sûr, et le rédempteur proclame: «Je veux que notre pays nous aime autant que nous l'aimons. » Sylvester Stallone, qui avait déjà Rocky IV au feu pendant le tournage de Rambo II, avoue: «A certains moments, je ne savais plus si je devais saisir ma mitraillette ou enfiler mes gants de boxe. » Pour un certain cinéma américain qui fait recette, ici aussi, le monde est un écran. 0 CHRISTIANE OANCIE (1) Téléra11UJ du 8 janvier 1986. (2) Yves Eudes: la Conquête des esprits, Maspéro/ la Découverte, et Revue française d'études américaines, n° 24, du 25 mai 1985. (3) Le Monde diplomatique, décembre 1985. (4) ibid. Il La Goutte d'or « UN LIVRE TYPIQUEMENT FRANÇAIS » le dernier roman de Michel Tournier est centré sur l'immigration. Une « divine surprise ». La Goutte d'or, dernier roman de Michel Tournier vient de paraître (1). Fruit d'une longue gestation, d'une documentation fouillée et même de « repérages » (à l'origine, il y avait un scénario de Kalsoum (1975). Mais je n'ai pas craint certains «anachronismes», car, pour moi, dans un roman, toute documentation - aussi exacte soit-elle - est toujours subordonnée au travail de l'écriture, au travail littéraire. Différences: Comment percevez-vous l'accueil public de votre livre ? film (2)): un roman-fable. L'itinéraire d'un jeune Berbère en quête de «son image» - sa photo - prise par une touriste. Il quitte son oasis natale pour devenir travailleur immigré à Paris. Tournier souhaitait déjà dédier son premier M.T.: Disons que l'accueil de la livre (3) «à la masse énorme et silen- presse, je m'en moque un petit peu. cieuse des travailleurs immigrés en Mais pas de celui des lecteurs. Person- France » ••• Désir aujourd'hui surpassé et nellement, je crois que ce livre, que j'ai accompli. mis trois ans à écrire - mais qui me tenait à coeur depuis huit - trouvera son Michel Tournier: La Goutte d'or est un public, car il est extrêmement vivant et roman né de ma fascination du le plus facile à lire des romans que j'ai Maghreb. C'est, en un sens, un publiés jusqu'ici. roman ... islamique. Son sujet profond - lié à l'itinéraire de mon personnage - Mais, je pense aussi que c'est un livre c'est le problème de l'image et du typiquement français; sans doute signe; des signes abstraits (calligraphi- moins évident à saisir pour d'autres ques) exaltés par l'Islam face à « la mer lecteurs européens. Bien sûr, il y a des d'images» (photo, télé, etc.) qui sub- travailleurs immigrés, des conditions de merge notre Occident... vie, et une situation sociale qui s'y rattachent dans bien d'autres pays. En Différences: Avec un souci d'auteur- Allemagne, celle des Turcs; aux Etatsartisan, vous avez tenu à légitimer de Unis, celle des Portoricains; en Suède, près votre «fiction» ,. à évaluer aussi le les Pakistanais, etc ... poids des gestes vécus par votre « héros » d'origine maghrébine. Mais, en France, avec l'Algérie, il y a un socle historique incomparable. Qui M.T. : Oui, je me suis beaucoup docu- remonte à cent trente ans de colonisamenté sur la société du nord-ouest du tion, de confrontations et de relations Sahara et ses bergers d'oasis, du musée spécifiques, doublées d'une véritable de l'Homme au voyage sur le terrain. mythologie et d'une considérable ima- Et, pour la partie « France » du livre, j'ai gerie. Des premières conquêtes au Père épluché la presse de l'immigration (4), Charles de Foucauld. En passant par la visité des foyers d'accueil, fait un petit Légion étrangère, la Bandera (le film de tour dans les peep-shows de la rue Duvivier/Jean Gabin), et de l'Algérie St-Denis et même appris à manier un des djebels à celle d'aujourd'hui ... marteau piqueur. .. Pour un écrivain, la moindre des choses est d'aller sur les En écrivant, j'essaie d'exprimer dans traces et les sensations de ses per- une forme la plus rassurante possible sonnages. des choses qui ne le sont pas du tout. Si je ne passais pas par cette forme Dans le temps, l'aventure migratoire de Michel Tournier: classique, je crois que je ne serais ni mon jeune berger saharien, Idriss, se «Je ne crains pas les anachronismes: édité ni lu. Et, bien que je fasse partie Il déroule pendant une période allant de toute documentation est subordonnée depuis 1972 de l'Académie Goncourt, Ll-a_ m_o_r_t _de _N_ass_e r (1_970 ) à_ c_e_ll_e _d_'O_u_m_ __a_u_ tra_vai_l de_ l_'é_criv_a_in_. _»_ ___________ je n_'ai pa_s à_ c_rai_ndr_e_ d_'ê_tre_ r_é cupérépour reprendre l'expression de 68 - car je me sais depuis longtemps ... irrécupérable. Différences: La Goutte d'or paraît cependant en pleine approche de période électorale. Une manière d'être sur la sellette avec ce roman parlant de la vie d'un adolescent maghrébin immigré en France? M. T. : Un écrivain n'est pas un être de pouvoir mais d'influence. Ce n'est pas un livre revendicatif; il ne contient d'ailleurs pas de porte-parole politique. Mon personnage est simplement reçu à Paris par un cousin plus âgé et qui lui donne surtout des leçons d'immigration, en lui faisant part de son expérience vécue. Personnellement, je ne crois pas qu'il y ait plus de racisme aujourd'hui en France ... Malgré tout ce qu'on tend à nous faire accroire ou entendre. Ce qui, en fait, débouche sur des arguties politico-électorales répercutées par les médias. Souvenons-nous de la guerre d'Algérie et de ces événements autrement graves et douloureux que nous avons vécus. Qu'avec la crise actuelle, des problèmes demeurent, c'est certain. La génération des Beurs, comme on dit, souffre encore, car il n'est pas facile d'avoir un tiers de pied dans un pays d'origine et les trois quarts du même pieds en France ... Ils sont donc beaucoup plus Français qu'autre chose, il n'y a pas de doute là-dessus. Même s'ils ont des parents qui, eux, ne le sont pas. Mais cette situation est souvent pire pour les filles, car beaucoup d'entre elles se trouvent encore brimées par les tutelles ancestrales. De toute façon, les Beurs d'aujourd'hui cesseront bientôt de l'être. L'assimilation se fera et elle sera pour tous une richesse supplémentaire. 0 (1) Editions Gallimard. Propos recueillis par J.-J. PIKON (2) Pour Antenne 2,. al'ec Marcel Bluwal à la réalisation (un projet actuellement« gelé »). (3) Vendredi ou les Limbes du Pociflljue (et un souhait émis dans Le Vent Paraclet, essai autobiographique de Tournier). (4) Notamment le journal Sans-Frontières. FAITES LE CONCOURS ... MUSIQUE 11JDt: comme chacun l'aura ou: lUiI blié, était l'année internationale de la jeunesse. La municipalité a réfléchi: qu'est-ce qui intéresse la jeunesse ? La musique ! Donc, les jeunes Manceaux feront de la musique. Dix groupes d'horizons différents ont été constitués, de l'internat du Lycée-Sud au stage de formation et démocratie, en passant par le CES du Vieux-Colombier, les Mutuelles du Mans, au groupe d'animation des Ronceray- Glonnières, en tout, quelque quatre-vingts jeunes gens et jeunes filles. Ils ont tous planché sur des textes, choisi leur type de musique, que Christian Ferrari, chanteur-compositeur, leur a écrit sur mesure. Ça donne un 33 tours, gravé à six mille exemplaires par Digue-Nord productions. Spectacles dans la ville, arrosage de toutes les bibliothèques, centres culturels, disquaires de la Sarthe, articles dans la presse locale, TF1, AFP. Le début de la gloire pour un vrai disque, qui le mérite bien. A tout seigneur tout honneur, la première chanson, par des jeunes du quartier de Ronceray-Glonnières s'appelle Différences. Rien à voir avec nous, rien à voir non plus avec Michel Berger qui nous a fait l'honneur, involontaire, en choisissant ce titre pour son nouvel album, de voir notre nom écrit en deux mètres sur trois sur tous les murs de France. Mais, elle a, en revanche, quelque chose à voir avec le racisme. A preuve, le dernier couplet: « J'ai appris à ne jamais oublier mes papiers, à rester sans rien dire dans un commissariat, à sourire calmement à des propos bornés, à se faire insulter en gardant son sang-froid. Lutter avec sa tête pour défendre ses droits, j'ai peur que mes jeunes frères soient moins calmes que moi. » Il est bien, ce disque, il mériterait largement de sortir de la Sarthe. Les jeunes Manceaux s'y emploient, et j'ai vu débarquer l'une d'entre eux dans mon bureau pour m'en parler et me le faire écouter. Dix belles chansons, sur tous les thèmes qui préoccupent la jeunesse, une variété qui mérite son nom. Une petite demi-heure de bonheur. Allez, ne reculons devant rien : elles sont dans la course, les vingtquatre minutes du Mans. 0 JEAN-MICHEL OLLE N IMAGE GUERRE, TWIST ET MACARONI. Omar Gatlato, de Merzak Allouache, ressort ce mois-ci et un film de M. Zemmouri, Les folles années du twist, réalisé voici deux ans est enfin distribué. Ces deux films donnent l'occasion au public français de reprendre contact avec le cinéma algérien et avec leur propre histoire. L'observation amusée de leurs semblables, un certain goût pour la chronique en pleine sympathie et solidarité avec leurs personnages, à l'opposé d'un cinéma édifiant, se retrouvent chez Allouache et Zemmouri, deux cinéastes de la même génération. «En 1976, dit aujourd'hui M. Allouache, j'avais envie de touchec à tout; aborder tous les sujets: le logement, l'inceste, le boulot, les femmes, une certaine forme d' homosexualité de groupe ... » Les années du twist, c'est la période 1960 à 1962, une façon un peu irrespectueuse d'évoquer la fin de la guerre d'Algérie, vue du côté de ceux qui avaient vingt ans à l'époque qui, pour tout un tas de raisons de l'histoire des individus et de celle des peuples, étaient peut-être les plus belles de leur vie. L'insouciance de la jeunesse étunt plus glorieuse que certaines manoeuvres des adultes ralliés à la dernière minuta à la cause nationaliste. Les folles années du twist jettent un regard plein d'humour et de sérieux sur une guerre que le cinéma français ignore encore trop. Revoilà Ettore Scola, avec Macaroni. Ce titre avec une fierté provocatrice répond à tous ceux qui, méprisant les Italiens désignent sous ce vocable les différents plats de pâtes et leurs amateurs. Bâti sur la confrontation de deux acteurs (J. Lemmon et M. Mastroianni), de deux mondes dont les mythes s'inversent (le héros américain doit ses exploits à l'imagination du latin), le film se laisse voir avec plaisir, mais n'évite pas quelques longueurs et quelques clichés. Le dialogue NordSud, comme la comédie, sont des plats qui se mangent chauds. CHRISTIANE OANCIE Jeunes gens, une production DigueNord. Renseignement au service jeunesse de la mairie du Mans. Tél. : (43) ~===================-Charles.9~Z~97~· ____________________________________ ~1I Différences - n° 53 - février 1986 La République et l'antiracisme (III) EN PASSANT PARLA , TROISIEME Avec ou sans sabots, racisme et antiracisme prennent leur forme moderne avec la troisième république. Le dernier volet de notre enquête Du 14 décembre 1898 au 15 janvier 1899, le quotidien la Libre Parole publie dix-huit listes de souscription en faveur d'une jeune veuve et d'un petit orphelin. Rarement oeuvre charitable n'a obtenu un tel succès. Vingt-cinq mille dons en un mois. 131 110,15 Fau total, à une époque où bien des ouvriers gagnent deux ou trois francs seulement par jour. Le journal la Croix salue «cette manifestation de respect et de sympathie allant du grand au petit, du riche au pauvre, du vieillard à l'enfant, du savant à l'ignorant ». De ce «grand et consolant spectacle », le journal catholique croit qu'il sortira « un des rayons de la lumière destinée à rendre la paix à la France ». Pourtant, les commentaires qui accompagnent les dons des souscripteurs n'ont qu'un lointain rapport avec la douceur évangélique. Un «petit curé poitevin »: qui offre un franc, «chanterait avec joie le requiem du dernier des youpins ». L'abbé Cros, lieutenant de réserve, envoie cinq francs « pour une descente de lit en peau de youpins, afin de les piétiner matin et soir ». Un médecin militaire, amis des animaux, propose de pratiquer «la vivisection sur les juifs plutôt que sur d'inoffensifs lapins ». Carrément visionnaire, un habitant de Baccarat souhaite voir «tous les youpins, youpines et youpinets de la localité dans les immenses fours de la cristallerie ». Etrange déchaînement d'hystérie raciste ! Le défunt, dont on défend ainsi la veuve, est le lieutenant-colonel Henry, un des responsables du bureau de renseignement de l'état-major. Il s'est suicidé le 31 août 1898 en tranchant la gorge d'un coup de rasoir. La veille, il avait dû reconnaître devant le ministre de la Guerre en personne qu'il était l'auteur d'un faux, principale pièce à conviction dans l'affaire Dreyfus. Ainsi, la preuve est faite que l'officier juif, condamné voilà quatre ans à la déportation perpétuelle par le conseil de guerre est victime d'une machination. Dans cette machination, Henry a joué un rôle actif et déshonorant. Sa veuve et son enfant ont, certes, droit à la compassion. Mais ce qu'ils réunissent autour de leur tragédie, ce n'est pas la charité, c'est la haine. Pourquoi? Un curé du diocèse de Bayeux, souscripteur à un franc, accompagne son aumône de cette imprécation : « A bas les républicains de tout acabit: youpins, huguenots, francmaçons et tous les enjuivés comme eux ! » Il trace assez bien la ligne qui sépare les «deux France» à l'aube du XX· siècle. L'affaire Dreyfus, extraordinaire épopée juridique, la plus étonnante de notre histoire, a cessé d'être l'affaire d'Alfred Dreyfus. Léon Blum se souvient: « On ne se battait plus pour ou contre Dreyfus ... On se battait pour ou contre la République, pour ou contre le militarisme, pour ou contre la laïcité. » Le suicide d'Henry a transformé les enjeux. La preuve est faite que ceux qui demandaient la révision du procès Dreyfus ont juridiquement raison. Ce que la Libre Parole et ses cohortes pétitionnaires leur reprochent, ce n'est plus tant leur position sur le cas Dreyfus que le regard républicain sur les relations entre l'Etat et l'armée, entre l'Etat et l'Eglise, entre l'Etat et la société. Le théoricien monarchiste Charles Maurras le dit clairement, lui qui a qualifié le «faux Henry» de «patriotique»: il refuse d'« entrer dans le vieux débat innocent ou coupable» ; en revanche, que l'officier juif soit ou non un traître, il faut « fusiller une douzaine de ses principaux défenseurs pour le triple tort qu'ils faisaient à la France, à la Paix, à la Raison ». La raison d'Etat, bien entendu ... Dans toute 1'« affaire )), l'antisémitisme joue un rôle pivot. C'est autour de lui que vont se distribuer les deux camps: celui de la République et de l'Egalité, parce que ce sont justement la République et l'Egalité qui ont permis qu'un juif pénétrât dans le saint des saints de l'état-major; celui de la droite nationaliste et catholique, parce qu'elle ne croit ni n'accepte qu'un juif puisse être un bon Français, que pour cela seulement Dreyfus est déjà coupable, parce que, comme le dit l'écrivain nationaliste Maurice Barrès, les dreyfusards « ont ramassé ce petit juif comme une arme, comme un couteau dans la poussière », un couteau contre l'armée, un couteau contre la foi, un couteau contre la France. Une fois encore, un grand combat fondateur de la République tourne autour de l'antiracisme. C'est à cette époque que se constitue le nationalisme de droite par référence aux valeurs de l'Ancien Régime. Mgr Delassus, directeur de la Semaine religieuse, met en cause l'intégration des juifs opérée par la Révolution : « Si l'on avait écouté l'Eglise, jamais les juifs n'eussent été admis à faire partie de la nationalité française. » Barrès affirme également très fort la clôture génétique et culturelle de la nation française : « Une napolitique, le combat pour la laïcité voit en gros s'affronter les mêmes forces. Là encore, l'antiracisme est présent sous la forme de la tolérance, vertu des Lumières adoptée par la République. On a du mal, aujourd'hui, à se représenter la fureur du débat qui opposa les partisans et les adversaires de l'école obligatoire, gratuite et laïque, puis de la laïcité de l'Etat. Depuis le concile de Vatican II, l'Eglise catholique a officiellement admis la liberté de conscience et s'est spectaculairement convertie à l'antiracisme. La situation est fort différente à la fin du XIX· siècle. Le quotidien la Croix se proclame lui-même « le journal le plus antijuif de France ». Les papes qui ont, jusqu'au bout, maintenu les discriminations contre les juifs dans leurs Etats dénoncent les droits de l'homme au nom du droit divin. En 1832, le pape Grégoire XVI a solennellement condamné la liberté de conscience, cette «maxime absurde et erronée », ce «délire », cette erreur « la plus pernicieuse de toutes », objurgations reprises par Pie IX, puis encore, au début du XX· siècle, par saint Pie X. tion, c'est la possession en commun d'un antique cimetière et la volonté de faire valoir cet héritage indivis. » Face aux nostalgies contrerévolutionnaires de la droite, on a la surprise de voir des Républicains, par ailleurs d'un immobilisme social en béton, se référer constamment aux idéaux de 89 et même de 93. La République « opportuniste» (c'est l'appellation officielle qui n'a, à l'époque, rien de péjoratif) fait du 14 juillet la fête nationale et les accents brûlants de la Marseillaise redeviennent l'hymne du pays. La troisième République, née de la défaite de 1870, est hyperpatriotique, cocardière même, mais dans une ligne qui reste celle de la nation « Si vous continuez, je vous mets tous à la porte » ! gravure d'époque Or, c'est au nom de la liberté de conscience et des droits de l'homme que la troisième République impose l'école laïque. L'Eglise et la droite se battent pied à pied contre la gratuité qui enlève son prix à l'éducation, contre l'obligation, mesure totalitaire, contre la laïcité qui piétine les droits de Dieu, contre les lycées de jeunes filles, écoles contre-nature qui déboucheront sur l'immoralité. Peine perdu : les Républicains augnouvelle inaugurée avec la chute de la monarchie. Fustel de Coulanges écrit à propos de l'Alsace : « Ce qui distingue les nations, ce n'est ni la race ni la langue. Les hommes sentent dans leur coeur qu'ils sont un même peuple lorsqu'ils ont une communauté d'idées, d'intérêts, d'affections, de souvenirs et d'espérance ... La patrie, c'est ce qu'on aime. Il se peut que l'Alsace soit allemande par la race et par le langage. Mais par la nationalité et le sentiment de la patrie, elle est française. Et savez-vous ce qui l'a rendue française? Ce n'est pas Louis XW, c'est notre Révolution de 1789. » Le grand rabbin du Haut-Rhin qui, en 1872, s'apprête à quitter son département occupé explique dans la même veine son amour de la patrie blessée: «Je l'aimais (la France) surtout parce qu'elle était grande par le coeur, parce qu'elle était bonne et généreuse, parce qu'elle prenait en main la cause des faibles et des opprimés, parce qu'elle était l'initiatrice du progrès, l'apôtre de la civilisation, parce que sur son sol germaient les nobles idées de tolérance et de fraternité pour se répandre de là sur l'univers entier, parce que dans les plis de son glorieux drapeau, elle a apporté les bienfaits de la liberté et de l'égalité aux peuples mêmes qui, depuis, se sont rués sur elle et l'on abattue sanglante à leurs pieds. » Au rabougrissement racial des nationalistes, les Républicains opposent une fois de plus une citoyenneté ouverte sur un projet. L'affaire Dreyfus, malgré la pusillanimité du pouvoir civil face à l'armée et les atermoiements judiciaires, se termine par la victoire des principes républicains et la déconfiture de la raison d'Etat à la sauce antisémite. Plus directement Différences - nU 53 - février 1986 mentent leurs scores à chaque élection. Les enfants de France apprennent désormais à l'école: « La Révolution a mis dans les âmes françaises l'amour de la justice, de l'égalité, de la liberté. Nos pères ont cru que la France allait délivrér tous les peuples des maux dont ils souffraient. Ils étaient fiers d'être un grand peuple qui doit montrer le chemin aux autres peuples. » Puissante réthorique qui ouvre incontestablement les « âmes françaises )) à l'intégrationisme républicain, même si l'on en voit mieux aujourd'hui les limites. Lorsque commence la guerre 1914-1918, la République est suffisamment affermie pour imposer l'union sacrée. Tous ceux dont elle a fait des citoyens à part entière rivalisent d'héroïsme. Les très nombreux juifs étrangers qui se sont fixés en France, pour fuir les persécutions dont ils étaient victimes ailleurs, s'enrôlent massivement dans l'armée. Ils se naturalisent ainsi par le feu. Bien sûr, la haine de l'Allemand et l'exaltation des va-t -en-guerre ne sont pas précisément un ciment antiraciste. Mais l'image restera très profondément ancrée dans la conscience collective. Même les tirailleurs coloniaux, souvent recrutés de force, sont englobés dans les cantiques à la gloire de la fraternité des tranchées. L'idéal républicain, malgré les injustices qu'il a parfois couvert, ouvre les portes de la maison. Henri Krasucki, le cardinal Lustiger, Jean Tigana, Yves Montand, Alain Suite p. 41 Il ~TmRE ______________________________ ~ LÀ PLUS GRANOe FRANce L' EXPOSITION COLONIALE DE EICharles 27 mars 2014 à 15:20 (UTC)1B~3~1 Différences - n° 53 - février 1986 Dernière Le 6 mai 1931, l'Expositio~Filè'sorganisateurs doivent recruter des Africains pour ce coloniale internatiOn:âi~":'il'aVail("L.'état d'esprit des tirailleurs malgaches est tel que manifestation ouvre ses portes au '"de i'*nfn;e (lêd 'Exposition leur est interdite. Les services de du colonialisme Vin c en n es. J u . < ':alisés dans la surveillance des colonisés en 16 novembre, 34 . '. nt en permanence cinq de leurs fonction- triomphant, badauds vont cél~ n • sition afin de repérer les « anti-Français ». l'exposition de 1931 l'expression de RaotJ} '~i;. t, un ouvrier français provoque une panne à même suscité rardet, «l'ap de la laquelle des militants révolutionnaires t d plus grandç..;Ffance » (1). . ttent des milliers de tracts dans les une con re-expo es Dans le ûid~' officiel de l'Exanticolonialistes. positi()/ DemaisOn Un épisode sY!~ll~~ 9uer qne. ta 4tFrance ale est C:lesor- peu connUc maîs~euse d'en finir avec de l'histoi exhibitions ~dantes l, f 'antan:« M#us vous ne de hexagol1l J !rautltrez J'4f ici une txploitll- 1 tian des bas instüu:&J d'un public vulgaire ( .•. J. Point de ces bambouItu, de ces danses du ventre, de ces étala. de bazar, Ilui ont discrldité blm d'autres manifestations coloniales. ,. (2) Est -ce à dire que tou va pour le mieux dam le meilleur des empires? Non. Dé consensllS n'est pas total, car le mouvement révol~nnaire et quelques inteDectuels parisiens viennent jouer tes trouble-fête au sein dn conoett impérial. Le parti communiste français, tout d'abord, tire à 100 000 exempl<pres ooe brochme camouflée en publication officielle :..k Le véritable guide de l'ExpoaitioW coklniale ». On y/déoonce les crimes de la colonisation, on y voit le gouv~~eur général de l'Indochine tenant dans ses mains un pla~u rempli de tête sanglantes (3), on y fait le décompte ironièNe des ~. l()() ans de bienfaits en AfrifI:uedu Nord », des «35'rprnéeSile bienfaits ci Madag(l$car'»; 011 dénonce la constrùetion~u che~de fer Co~an (25 000 morts selon le j~malisté >.Albert Londres' !), l'exploitation des gran s\lmers ~laOuàdeJoope, et<:. lièrement les contacts entre les S.» et leurs compatriotes résidant ' lu~ Question de laisser sortir les ' ~autorisés à passer la nuit en dresse de leurs hôtes. Porter ses fruits, tous les . ' ~Rnt déjoués les uns

S~s Algériens, qui

aV1110n des missions lIon~'!; Rortant des dessùs> l'Exposire donc aiSon:deS'syndicats, arrondissement de Les militants africains et . . iSParviènnent quelque temps à tromper la vigilan licière ef·<ij.stribuent, dan.s,-.......... _., l'enceinte même de l'Exposit1on,.giîi Ia compJiei quelques « indigènes déléguéS », la ure venger . ,e. Car un sourd mécontent(fment parcourt les rangs >d~ · cès artistes, danseurs, artisa~,pourtant triés sur le volet p les g~uverneurs avant d\~t.re env?yés à .Vi~es. ~. orgamsateurs de l'Expo;üon doivent amSJ renoncer à promener les visiteurs eI}J p'onsse-pollSSe à la suite d'une plainte de la Ligue des aroits de l'homme, mais aussi en raison de l'hostilité des IndoChinois qui me.naoe.nt de « rosser » les cents Chirtois de Hong Kong recrutés à cet effet. On noté au passage que les bon es intentions affichées par André Demaison ont leurs liml : on .ne veut pluS: de « bamboulas » mais on envisage ncore de véhiculer les parisiens en pousse-pousse ... Mais il Y a pire, au Jardin d'acclimatation, on organise des manifestations paraDèles à l'Exposition : des « négresses )rPlateaux ~ sont exhibées à côté de l'ours Martin, deJ:fCanaques sont présentés au public comme « cannibale$'» ILes tnetteur en scène Roger Blin s'en indigne dans lcljoûmalla Dépeche africaine, mais la grande presse ne tr . V,e rien à redire à ces speCtacles délicieusement pittores es. Les délégués et tiraille iDdigètles ;de l$xposition ne restent pas insensibles à tindigne« bdc 4 bmcdè flte foraine », comme l'appelle gec B1in. p!~1l!tJln~pUblic « métropolitain» ; pendant toute la durée de l'Exposition, une multitude de petits incidents témoigne des blessures infligées à leur amour propre. Les Indochinois refusent de traîner le gigantesque dragon que l'on promène partout dans l'enceinte de l'Exposition et ,:,:' ,---:', , (1) Cf.""" ~ (2) • le Guide officiel de l!E . (3) Allusions aux mutineries de Yen-Bay (Viêt-nam), réprimées dans le sang en 1930. (4) Tous les renseignements sont issus des Archives nationales, section outre·mer. (5) Tract intitulé « Ne visitez pas l'Exposition coloniak ,. et signé par Louis Aragon, André Breton, Paul Eluard, etc. Il Il ..'. ' .:.:..:.~ . .. :::.::: :::::::~ ....... . :,,': :.:,::': ::':',:: :::',:: ::.. ..

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LA VALEU~ .DO LErTRES '.:.' TCAT x TACT TCAT CUNC ANRA TCAT Il s'agit de reconstituer cette mystérieuse multiplication. A chaque lettre, correspond un chiffre et un seul. Tous les chiffres sont utilisés, sauf le 0, le 7 et le 8. De plus: Tet C sont consécutifs, le plus grand étant C. K et N sont consécutifs, le plus grand étant N. TNCNTKT NOTJ CRoi$ÉJ HORIZONTALEMENT: 1. Ecarts. - 2. Sommes qu'on peut avoir à payer en retard. 1 - 3. Petit morceau. Pareil. - 4. Libertaire. Ecrivain latin. 2 - 5. Patrie de Valéry. - Outils. - 6. Ville des Alpes 3 du Sud. -7. Risque un oeil. - 8. Coule en France. Trop 4 gros. - 9. Riches. Sert à lier. - 10. Préposition. Bien fa- 5 tigué. Sucre. 6 VERTICALEMENT: 7 1. Capitale asiatique. Le dé en a une avec un seul point. - 8 1 2 3 2. Outils chirurgicaux. Par- t--t--t-......, ticule chargée. - 3. Actions 9 d'auteur. Autrefois, disposi- t--t-tions des pièces d'une 10 maison. Bien appris. - 5. '.\ i. .\ :. 1 .....' .:.:.:. .......... . ....... : .... : ............................... . ' .. : ..... :.:.: ...................... ~.: ..: .:.:. ....................... . .. .... ' ......... . 4 5 6 7 8 9 10 Terme sportif. Coins perdus. - 6. Entoure un point inflammatoire. Bien ouverte. -7. Divinité grecque. Mises à la porte. - 8. Apprécions. - 9. Qui n'ont pas de dents. -10. Servent à ouvrir. Intente en justice. ' , I1()TJ ~SJEJ AL AN AR AR AS BA BE BD CA IN IN IS IT JE LA LE LE CE IN ON OR PA PA PE PI LI CE IN DL TE UL UR US RC LU CH IN 01 ST ZA XTE VI RE MA CI IEN NT SE SC RT RGE RE MA CLE lE NOC NO NIC NI NE ME MAR CT GR GE FA EV ET ER ENT EL EG A partir de la grille ci-dessus, il s'agit de reconstituer le nom de 24 pays. Chque groupe de lettres occupant une case ne peut être utilisé qu'une seule fois. OURROER ______________________________ ~ AU BOURGET Bien, la couverture du dernier numéro. Ce manequin, je l'ai vu au stand d'une entreprise spécialisée dans leur fabrication. C'était à la fête du Front national, au Bourget. De même, si vous avez trois sous à perdre, achetez un jour Minute ou National Hebdo. Vous serez frappé par le nombre de pub pour des bombes de défense, des systèmes anti-écoutes, des mallettes blindées, et j'en passe. Les fabricants ne sont pas philanthropes, s'ils visent ce public, c'est qu'ils savent que ça marche chez eux. Les gens d'extrême droite jouent à se faire peur. Et si possible, à faire peur aux autres. On tremble moins quand on se serre. On veut toujours voir le grand méchant loup dans Le Pen. C'est tout le contraire, c'est un gros bébé rose, un gros bébé qui a peur du noir, qui se raconte que, au bout de son lit ou sous la carpette, il y a plein de méchants qui vont l'attaquer. Il n'y a guère de différence entre une réunion du Front national et une cour de récré : et pis mon vieux, les arabes y vont tous nous manger - Ouah !, lui, hé, c'est même pas vrai! Si mon pote, et ils nous couperont les mains. Ouah l'autre ... mais il met quand même ses mains dans ses poches. Le seul problème, c'est qu'il n'y a pas plus méchant que les enfants. Le Pen, c'est un petit garçon boudeur, et pis si les autres ils l'aiment pas c'est tant pis, parce que lui il les détestent tous et un jour il se vengera et il sera pompier et il sera le seul .à monter sur la grande échelle, voilà. Une fois, à la télé, le soir des Européennes, les leaders socialiste et communiste ont quitté le plateau quand il est venu. Qui a vu la moue de Le Pen ce soir-là, je m'en moque ça fait même pas mal, alors, a tout compris : Le Pen a huit ans. Le Pen est un gros bébé rose. Chaque fois qu'on voit son inno- Cour martiale Mon fils, Anatol Yablonko, est physicien, soldat de réserve de l'armée israélienne. Il est actuellement incarcéré dans une prison militaire, depuis le 11 novembre, et attend de passer en cour martiale pour désertion. Les faits que je vais souligner ici prouvent qu'il ne s'agit pas de désertion. La véritable cause de son arrestation est son objection de conscience à effectuer son service au-delà de la «ligne verte », c'est-à-dire dans les territoires occupés par Israël Les autorités militaires savent très bien le motif de sa conduite, puisqu'il a déjà passé trois trimestres en prison dans le passé, pour son refus de servir dans les territoires occupés. La dernière fois qu'Anatol a été rappelé, en août 1984, il a refusé de servir sur le plateau du Golan, comme on lui en donnait l'ordre. Il a été arrêté en novembre de cette année (1985) et la cour martiale doit siéger ces jours-ci. Je m'adresse au public, en Israël et dans le monde : faites ce que vous pouvez pour éviter la cour martiale à mon fils, et pour le faire sortir de la prison militaire. Adressez-vous au gouvememt d'Israël, demandez-lui d'obliger les autorités militaires à especter les idées et la conscience de mon fils. D SARAH YABLONKO Tel-Aviv La République et l'antiracisme Suite de la p. 37 Mimoun, Bernard Stasi, tous fils d'immigrés, y ont trouvé leur place et y jouent leur rôle. Bien rares sont ceux qui oseraient le leur dénier. Aussi doit-on dire que toutes les tentatÏves pour fermer le mouvement d'intégration, pour refuser la nationalité à ceux pour qui la France n'est déjà plus un pays étranger, voire pour retirer leur nationalité à ceux qui l'ont acquise de fraîche date, comme le souhaite le Front national, sont profondément antirépublicaines et rappelle les heures les plus petites de notre histoire . Il en va de même pour les distinctions faites entre les immigrés européens et les autres. Comme si la République faisait acception des couleurs ou des religions. Comme si les enfants des Algériens ou des Africains ne connaissaient pas, à l'école et dans la vie, la même intégration de fait en dépit des légitimes particularités de chacun. Profondément antirépublicaine également, la proposition chiraquienne de . supprimer les allocations familiales aux enfants d'immigrés qui, rappelons-le, ne sont pas, eux, des immigrés et seront 1 pour une grande part des Français. Antirépublicaine, évidemment, la non-gratuité de l'école pour les enfants d'étrangers, ainsi que le propose Le Pen. Une République qui a Toussaint Louverture parmi ses pères fondateurs, ne peut aller que dans l'autre sens, celui de l'universalisme et de l'ouverture sans lesquels elle n'a jamais su être grande. o JEAN-LOUIS SAGOT-OUVAUROUX Les Petites M1nOnCeS de Différences Groupe de Cognac Eclaireurs de France cherche Ecole à louer pour août 1986. Région Alsace-Lorraine ou Pyrénées- Atlantiques. Tél.: 45.80.87.31 ou 45.82.78.65. n' 116 Voulez-vous correspondre avec des étrangers dont vous ne connaissez pas la langue ? C'est facile! Rens. gratuits contre enveloppe affranchie à OCI, 123, rue de Royan, 16170 Saint-Yriex. n' 117 Sain sportif et naturel. Vivre la montagne au quotidien les skis de fond aux pieds. La Sauvagine, Grimone. 26410 Glandage. Tél. : 75.21.10.06. n' 118 Haut plateau ardéchois. Ski de fond pour débutants et confirmés: 1 230 F la semaine tt compris. Randonnées raquettes ou pédestres. La Burie 07150 Usclades. Tél.: 75.38.80.19 (répondeur). n' 119 Ski de fond ou raquette? Stage ou randonnée. Une semaine tt comp. 1 540 F. Cheminée, sauna, BD. Peyrebelle 05390 Molines. Tél. : 92.45.81.28. n' 120 Ski de fond débutant. Raid 7 j. 1 180 à 1 580 F tt compris (matériel, cours, héberg.). Soleil déc. à mai, indiv. et groupe Gîte-école 05100 Cervière. Tél.: 92.21.00.37. n' 121 cente blondeur, on se demande où ils ont rangé le coussin pour Tarif: 25 FT. T .C. la ligne (26 signes ou espaces) Texte et règlement à le photographier tout nu Différences: 89, rue Oberkampf 75011 Paris Tél. 806.88.33 dessus... Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient Et des fois, il dit des trucs qui tombent sous le coup de la loi, d'une insertion gratuite par an (maximum 5 lignes) mais c'était pour de faux, voir l'Heure de vérité. 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 Alertez les bébés, disait un chan- L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 ~ teur. Bon, d'accord, mais sur- l. 1 1 1 1 1 1 1 1 tout ne votez pas pour eux. Ils . . - '. _----1 feraient rien qu'à faire des 1 1 1 1 bêtises. Et bonne année quand L 1 1 1 même à toute l'équipe. D MARC LE COZ X------ ---- --. L-______________ ~;R~en~n~u~~================================================================::J ' Différences - n° 53 - février 1986 Il 6ENDA ________________________________ ~ FEVRIER 2 ' 6, 19 et 23, la Compagnie du coq à l'âne présente au théâtre Dunois, à Paris, spécialisé dans les spectacles pour enfants, Chemin faisant, un spectacle musical. Renseignements au 45.84.72.00 0 3 jusqu'au 3 mars, un spectacle de cabaret contemporain, sur le thème Paris-Berlin-Paris, à la PénicheOpéra , amarrée quai de Jemmapes à Paris. Renseignementsau46.70.11.61. 0 3 au 8, Festival national du court métrage de Clermont.... errand. Au programme, des fIlms français et étrangers et une session spéciale «enfants ». Renseignements au 48.28.35.68. o 3 concert inaugural de l'Or. chestre national de jazz, une création récente qui, pour la première fois, donne suffisamment de moyens à une formation de jazz pour sillonner la France. Concert au Théâtre des ChampsElysées, 47.20.30.88. Tél. de l'associa tion ré gisan t l' orchestre

45.85.89.90. 0

5 au 18, Caméras plurielles, premier festival de court métrage des jeunes issus de l'immigration. 40 films courts métrages, 5 films étrangers en première vision nationale, 100 vidéos, des espaces réflexion. Un jury national distribuera 100 000 F de prix. Organisé par Images et spectacles du monde, et l'association La condition des soies. Tous renseignements de Faouzi Sakref, au 78.84.11.04. 0 a.vec George Pau-Langevin, présIdente du MRAP, et Augustin Barbara, sociologue, auteur de Mariages sans frontière. D'autres intervenants sont prévus. 0 8 au 28, un festival féminin pluriel, autour de Juliet Berto, Marie-Paule Nègre, Françoise Gerbaulet, Classées X, etc. Au Théâtre PaulEluard à Choisy-le-Roy. Renseignements au 48.90.89.79. 0 8 Cycle intensif d'espéranto organisé à Paris par l'association SAT-Amikaro. Renseignements au SAT-Amikaro, 67, avenue Gambetta, 75020. 0 9 Un dimanche à l'opéra, journée de gala au bénéfice de la prévention du Sida et de l'aide aux malades, renseignements au 42.62.27.07. 0 12 Début d'une exposition sur la photographie à la découverte du monde à Beaubourg, sur les regards portés sur l'étranger à travers quelques types de voyageurs représentatifs des XIXe et XXe siècles. Renseignements au 42.77 .12.33. o 14 Oncle Vania d'Anton Tchekhov avec une mise en scène de Christian Benedetti avec Jean-Pierre Marielle, au TEP, 159, avenue Gambetta, 75020 Paris. Tél. : 43.64.80.80. 0 15 au 17, création de Gaston H, de Roland Timsit, à l'Eden Théâtre, 8, rue de Paradis, 75010 Paris. Renseignements au Théâtre du Gué, 42.62.86.06. 0 15 jusqu'au 21 mars, Cassepipe, de Céline, un réquisitoire contre la guerre. Au Théâtre Marie-Stuart à Paris. Renseignements au théâtre: 45.25.11.65. 0 4 ,5 et 8, retour de Reinette 18 Reprise par la MC 93 du l'Oranaise sur la scène du spectacle fétiche des Théâtre de la Bastille. Toute la années 60, Marat-Sade, ou « La tradition arabo-andalouse. Ren- persécution et l'assassinat de seignements au 43.57.42.14. 0 Jean-Paul Marat représenté par le groupe théâtral de l'hospice 7 au Centre de développement culturel d'Alençon, Anna Prucnal en concert exceptionnel. Renseignements au 33.29.16.96. A noter aussi une exposition de Nacer Khemir, artiste-conteur. 0 7 à 20 h 30, salle de la cité à Rennes, soirée d'information, La vérité sur l'immigration, de Charenton sous la direction de Monsieur de Sade ». Renseignements au 48.31.11.45. 0 19 au 23, A fleur de peau : tel est le titre de la chorégraphie que présente la Compagnie Thierry Guedj, au 18 Théâtre, 16, rue GeorgetteAgutte, 75018 Paris. Tél.: 42.26.47.47. 0 24 Semaine de la chanson vivante à Argenteuil, salle Jean-Vilar, avec Denis Wetterwald, Jean Vasca, Ann Krist, Gilles Elbaz et Jofroi Bernard Haillant et Morice Benin. 0 24 Premier symposium national sur le thème : Où en est, où va l'enseignement du cinéma et de l'audiovisuel? Organisées par les Rencontres audiovisuelles INRP/CNDP et par la Mission pour la création de l'Institut supérieur de formation aux métiers du cinéma et de l'audiovisuel, ces journées de réflexion se déroulent salle Jules-Ferry, rue d'Ulm à Paris. Tél. : 46.34.91.35. 0 Talila (voir 1" mars) MARS 1 Concert exceptionnel de Talita à Caen, à la Maison des arts, puis à Paris, du 4 au 31 mars à Dejazet. Renseignements au 43 .38.26.26. 0 1 Représentation du Ballet jazz de Montréal, au Rutebeuf, 16-18, allée Gambetta, 92110 Clichy. Tél. : 47.39.28.58. o 1 L'Afrique en vedette d~ns la deuxième exposition des artistes du tiers monde à Paris, organisée par l'Union chrétienne de jeunes gens de Paris YMCA, 14, rue de Trévise, 75009 Paris. Tél. : 47.70.90.94. 0 27 Présentation de la Ville de 4 à 20 h 30, soirée de poésie Paul Claudel sur une mise avec Gérard Noiret, avec la en scène de Bernard Sobel, au compagnie du Théâtre de BeThéâtre des Amandiers, 7, av. zons, à la Maison de la poésie à Pablo-Picasso, 92000 Nanterre. Paris. Renseignements au Tél. : 47.21.22.25. 0 42.36.27.53. 0 28 Jusqu'as 6 mars, Festival de cinéma de Bondy, sur le thème découvrir les cinémas d'Amérique latine, dans le cadre de l'implantation à Bondy de l'Institut culturel sud-américain. Tous renseignements au 48.47.18.27. 0 28 Concert du groupe sénégalais Xalam, au Rutebeuf, 16-18, allée Gambetta, 92110 Clichy. Tél. : 47.39.28.58. o 7 Début de la rétrospective consacrée à Authouart, à la Maison de la culture du Havre. Renseignements au 35.21.21.10. o 7 Dernière limite pour la rétrospective sur le cinéma italien intitulée : «De la prise de Rome (1905) à Rome ville ouverte 1945 », présentée salle Garance par le centre GeorgesPompidou. 0 ET ENCORE 28 Unique représentation CENTRE SIMONE DE BEAUchorégraphique de la Ga- VOIR. Création à Paris d'un viota (La mouette) de la com- centre culturel consacré aux pagnie Manuela Vargas, au femmes, proposant de nomThéâtre Jean-Vilar, place Sta- breuses activités de documentalingrad, 92150 Suresnes. Tél.: tion et de création. Renseigne- 47.72.38.80. 0 ments au 45.42.21.43. 0 JE M'ABONNE A DIFFERENCES o 1 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom Adresse Prénom Recueilli par (nom, adresse) : 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES 01 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom .... Prénom Adresse Recueilli par (nom, adresse) : ____ 1


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JE M'ABONNE A DIFFERENCES o 1 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom ...................................... . Prénom .......................... .. Adresse ..... Recueilli par (nom, adresse) : 1 1 1 1 1 1 1 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES 01 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom ................................ . Prénom Adresse ..................................................................... .. Recueilli par (nom, adresse) : ..................................... ......... .......................... .......................... ........... 1 ......................................... .. .. . f- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -+- - - - - - -"="--.:."="="="="="="="'="="="~ - JE M'ABONNE A DIFFERENCES : JE M'ABONNE A DIFFERENCES . o 1 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom ............................................... . Prénom Adresse ......................................................................................... . Recueilli par (nom, adresse) : 1 ............................... 1 1 1 1 1 1 ................................................................ ...................... ............................... ..................... 1 o 1 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom ............................................... . Prénom ............................................... .. Adresse ................................................................................................................. .. Recueilli par (nom, adresse) : .... ; ............................................................................................ ......................................... ..


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JE M'ABONNE A DIFFERENCES 1 01 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom ............................................... . Prénom ..................................... . Adresse ............................................................................................................. . 1 1 1 1 ................................ .............................................................. .................... ............................ 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 1 ........................................................................................ ............................. ....................... 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES o 1 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom ............................................... . Prénom ................................................. .. Adresse .......................................................................................................................... . Recueilli par (nom, adresse) : --"="="="="="="="="="'="='="='='="="="~ +- .: . :. =.= ..= . = .. = .= .. = .. = ...= .= . :::: :: . =. = .= .= . ~ - JE M'ABONNE A DIFFERENCES 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES

0 1 an, 170 F 0 6 mois, 100 F

............................. Prénom ...... ........................................... 1 Nom ................................................ Prénom ................................ .. o 1 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom. Adresse ............ ............................................................................................................. 1 .................................... ....................................................................... ................................. 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 1 ...................................................................... ................................................. ..................... 11 Adresse ......................................................................................................................... .. Recueilli par (nom, adresse) : Différences • Grand concours d'abonnements a cinq ans 5'" J 'r 2' prix: un micro-ordinateur. 1" prix · un billet aller-retour pour New York pour deux personnes 3' au 10' prix: une collection complète de livres. A partir du 11' prix : tout le monde gagne des milliers de livres, jouets, disques. Comment participer? C'est tout simple : faites le plus d'abonnements possible, en vous servant des bons imprimés au verso ou en les recopiant sur papier libre ou en photocopiant la page. D'autres bons son/disponibles au journal. Attention: envoyez vos bons accompagnés du chèque le plus rapidement possible, par paquets de deux ou trois ou même un par un. Dès réception d'un premier abonnement, REGLEMENT Le jeu est ouvert à tous, sans obligation d'achat, sauf aux collaborateurs du journal. Les abonnements sur papier libre seront acceptés et comptabilisés, à condition qu'ils portent le nom de l'abonneur, la mention «Concours Différences a cinq ans)l., et soient, bien entendu, accompagnés du chèque au montant nous vous ouvrirons« un compte» où seront comptabilisés les abonnements que vous avez/aits. En cas d'ex aequo, le prix ira au lecteur qui a envoyé le plus vite ses dix premiers abonnements. Pour vous faciliter la tâche, Le jeu est aussi ouvert aux abonnements de six mois. Mais attention, ils seront comptabilisés pour un demi-point. correspondant. La liste des gagnants sera proclamée et les prix remis le vendredi 7 mars 1986 dans les locaux du journal. DATE LIMITE Le jeu est ouvert jusqu'au 28 février à minuit, le cachet de la poste faisant foi.

Notes

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