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Sommaire du numéro

n°86 mars 1989

  • Le racisme tue
  • Racisme électoral
  • La loi Pasqua en question [législation]


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1 ) M 1430 • III • 10 F • MARS 1.' • H· Il • MEHSUEL • ISSN 0247 _ Le magazine de l'amitié entre les peuples Enjeux Quand vous lire: ces lignes, la campagne électorale des municipales sera lerminée ou presque. LE RACISME TUE Les pourfendeurs de l'immlgrallon y auront élé pius discrets que dans les derniers scrutins: celui-ci n'aura pas été marqué par la mise en accusalion de toute une communauté comme bouc émissaire de tous les malaises de notre socilté. Les échecs récents de J'exttilM droite ont en effet monlré les limiles de la tUmagogie raciste : la mtlnipuJalion politicienne th la unophobie ne peUl pas servir Il tout, lout le temps. Il ne laui pourtanl pas se faire d'illusion : dans bNucoup de communes, plus ou moins discntement. des alliances se sonl nouées entre droile classique el Front nalional el cena;ns élus locaux di/fusent dharmais. eux aussi, la gang"ne des idM racistes. Dans plusieurs régions, tUjll, droile el Ulrlme droite gou~rnent ensemboe. Le Conseil régional d '/lNie-France vient de le monlrer el le candidat UDF Il IQ maim de Mllf#ille dirige sa rqion ITV« l'exttime droite en comptant, bien sfir. sur ses voix pour conqrdrir IQ tnQi";e phodenne. DfftIX partoui ? Non SQns doute, mIIis le risque exis1f d'une nOlQbilisation de l'ulfilM droite. Ces alliances doivent lIre tUnonchs et combattues partoul. SOUS peine de voit se pérenniser le racisme dans les lieux-mimes de l'action civique locale: no.: co,.;1s municipaux. _rellCeS La mort d' Ahmed Bouss ina est-elle un hasard? Entré un samedi soir dans un bar près de Montataire (O i se), accompagné d'une jeune femme, Ahmed Boussina a été retrouvé une semaine plus tard dans un sac poubelle sur le bord d'une départementale. Entre-temps, après un accrochage avec le serveur, il avait été battu, assommé puis descendu à la cave pour y être achevé à coups de bouteille. Les autorités refusent de parler d'un crime raciste, mais pour les habitants de la cité des Martinets où demeurait le jeune homme, c'est une évidence. « Les assassins reconnaissent el revendiquent eux-mêmes le caractère raciste de leurs actes, c'est dans le dossier, affirme M" Terquem. Les inculpés ont déclaré avoir agi parce qu'Ahmed était d'origine nord-africaine et qu'ils avaient peur des représailles. Ils ont dit qu'ils en avaient assez d'être agressés par des Arabes » ... Le parquet s'en tient, lui, à sa version de « l'addition non payée » qui aurait dégénérée ne bagarre meurtrière. Quelques jours plus tard, à Reims, Ali Rafa était tué d'une balle de 22 LR dans la tête. Pour une histoire de croissants. La boulangère prise de peur à tiré, elle avait trois armes à feu dans son arrièreboutique. Là aussi, la préfecture s'est empressée de préciser que l'affaire n'avait« absolument aucun caractère raciste». PeUl-être, mais un jeune homme est mort, aussi mort qu'Ahmed Boussina. Si ce n'est pas le racisme qui a tué, quoi d'autre? La peur? Mais la peur de quoi ou de Qui, et distillée par Qui au fil des mois et des campagnes électorales de ces dernières années? La touchante unanimité des autorités pour nier le crime raciste dans ces deux morts, pour nier immédiatement est en elle-même suspecte. S'il s'agissait de démobiliser les réactions prévisibles contre ces morts scandaleuses, c'est raté. Le comité Justice pour Ahmed a réuni mille manifestants à Montataire avec l'appui de plusieurs associations dont le MRAP. Il y en eut autant quelques jours plus tard à Reims. Ce::: importantes manifestations, regroupant associations antiracistes et jeunes issus de l'immigration marquent la conscience que ceux-ci ont d'être une cible désignée pour les racistes et pour ceux Que la peur rend dangereux. Elles montrent aussi leur refus de voir durer cette situation. Car c'est une vérité Que « les attentats se multiplient, les balles transpercent toujours les mêmes corps», comme l'a déclaré l'avocat, commis par l'ambassade algérienne pour le SDMMAIRE meurtre de Montataire, et qui n'accepte pas non plus Que l'on taise le crime raciste dans cette affaire où le MRAP est d'ailleurs partie civile. Ahmed Boussina est mort pour un café, Ali Rafa a été tué dans une boulangerie. Le premier meurtre est ouvertement un crime raciste, le second le résultat do;: la peur de l'autre. Les deux morts ont peut -être un caractère différent, elles se sont soldées par le même résultat. Certains politiciens qui, depuis des années, poussent littéralement au crime en installant la haine ou la peur-réflexe dans la population de ce pays ont ces victimes sur la conscience. Les deux affaires illustrent en tout cas un climat où les actes de la vie Quotidienne peuvent mortellement déraper Quand on s'appelle Ali ou Ahmed. Ceux Qui croyaient l'action ant iraciste dépassée sont aujourd'hui éclairés: le poison raciste est là, profondément infiltré. Il nourrit la méfiance, la peur, la haine. ACTUEl Encore plus de répression dans les territoires occupés .......... . Racisme électoral ........... . Citoyenneté ................ . DOSSIER La loi Pasqua en Question . ... omirences trimestriel 2 3 4 6 Un doUter" SO ,.,.. consac'" aux apports cie la RUoIlltIOn ft'ançaille en mati .... cie ctto)'enneU et cI"pltt6. Des contrllMlUon. cie MI" Herillulot, Jack Lan" V'""'Niue .. Rudcler, M ...... lne RéWI1oux, CWIMl.Ic..Ie.. .u..a uzu, ..... Bart, Mounsl, Germaine l i I:i1 L--- ------------II:J ~ • SURVEILLANCE NOCTURNE Un contrôle d'identité qui tourne mal, les jeunes du Closdu- Roi à Saint-Ouen-l'Aumône (Val-d'Oise) commencent à en avoir l'habitude. Ça leur est déjà arrivé, sans aller plus loin. Mais la dernière fois, quatre policiers de la brigade de surveillance nocturne (BSN) en sont venus aux insultes puis aux coups. Hassein Talhaoui , 20 ans, s'est retrouvé embarqué sans même avoir pu montrer ses papiers. Frappé dans la voiture, il l'a été encore dans les locaux du commissariat, ce «bougnoule de fils de pute qui va ouvrir sa gueule ». Le problème est là : Hassein ne s'est pas laissé faire. Constat des blessures (traumatisme crânien) et arrêt de travail ont appuyé sa plainte pour coups et blessures et injures racistes. Un collectif s'est aussi formé dans la cité pour en finir avec les brutalités policières : ce n'était pas la première fois , mais les familles d'autres jeunes frappés auraient reçu des coups de téléphone dissuasifs. Une manifestation et un concert de soutien ont déjà été organisés par le collectif (MRAP, LDH, FEN, PCF, JARASH, SCALP . . . ) qui semble déterminé à aller jusqu'au bout. • CONTRE L'EXCLUSION La CGT a publié un communiqué important à l'occasion du 30· anniversaire du FAS, le syndicat demande l'abrogation de la loi Pasqua et des textes d'exclusion, affirme le droit au logement, la liberté des droits syndicaux pour les immigrés et le droit de vote aux municipales. Sous le titre « Pas d'insertion sans sensibilisation des discriminations », Alphonse Vermèse a dénoncé « l'absence, depuis plus de trente ans, de mesures concrètes visant à l'insertion sociale, économique, humaine des migrants en France ... ». • BLANCS CONTRE L'APARTHEID Trois groupes parlementaires blancs de l'opposition au gouvernement de Prétoria ont annoncé la naissance d'un nouveau parti politique. Le Parti démocratique (DP) fusionnera avec le Parti progressiste fédéral (PFP), le mouvement démocratique national (NDM) et le Parti indépendant (IP). Selon ses dirigeants, le nouveau parti est« totalement acquis à l'idée d'une démocratie non raciale en Afrique du Sud » et représenterait près du quart de l'électorat blanc. Il dispose déjà de 20 députés dans l'actuel parlement. • INTOLERANCE Après les malheurs de Martin Scorsese avec une partie de la hiérarchie catholique et les intégri,stes catholiques français, c'est un livre, anglais, qui risque d'être censuré sous la pression religieuse. Les Versets sataniques, de Salman Rushdie, n'ont pas eu l'heur de plaire au~ intégriste~ musulmans vivant en Angleterre et le livre a même été brûlé en place publique lors de manifestations. La plus importante chaîne de librairies du pays (430 points de vente) a pris peur et retiré un temps l'ouvrage de ses rayons avant de reprendre courage. Certains députés travaillistes ont pris fait et cause pour les intégristes en demandant que la loi Le rapport annuel du département d'Etat américain consacre un très sévère chapitre à la situation dans les territoires occupés par Israël. Il dénonce notamment « un accroissement substantiel des violations des droits de l'homme » et souligne une forte augmentation des prisonniers: 4 700 en 1987 et 10 000 en 1988. La détention administrative (sans jugement concernerait 2 600 Palestiniens, souvent maltraités. Ce bilan n'empêche pas les dirigeants israéliens d'annoncer que les Palestiniens mani- • LES AMIS DE L'APARTHEID (suite) Selon le Nouvel Observateur, des guérilleros de la Renamo, groupe mozambicain aidé par les Sud Africains et responsables de dizaine de milliers de morts au Mozambique seraient entraînés par des mercenaires français au Tchad. Dans le même camp d' entraînement, viennent d'arriver des mercenaires noirs recruté par Pretoria pour monter une guérilla clandestine en Namibie et en Angola après le retrait officiel des troupes sudafricaines. Les forces françaises sont très présentes au Tchad, le contre le blasphème Gamais appliquée) soit élargie à la religion musulmane. Au Pakistan, des émeutes contre la publication de ce livre ont fait plusieurs morts. Enfin, l'imam Khomeiny a appelé ouvertement au meurtre de l'écrivain et de ses éditeurs, prime à l'appui. Les intégristes de tous poils ont rarement à voir avec la culture et la tolérance. • CALEDONIE: ÇA FREINE « Il nefaut pas relâcher l'effort ... »a souligné le ministre des Dom-Tom, Louis Le Pensee en déclarant « nous avons dix ans pour changer la Nouvelle-Calédonie mais il faut aussi que très vite, des sifestant leur opposition à l'occupation seraient plus durement châtiés encore. Les peines de prison seront plus lourdes et l'armée pourra plus largement faire usage de ses balles en plastique. Du 15 décembre au 15 janvier dernier, 26 jeunes gens ont été tués par balles et 500 autres blessés. Une situation que les milltaires israéliens vivent de plus en plus mal et certains n'ont pas hésité à dire au Premier ministre venu les voir qu'on leur demandait d'exécuter des actes contraires à leur conscience. Les militaires ne croient plus qu'il puisse y avoir une solution militaire et leurs respon- • SUISSE. La Suisse vient de prêter 42 millions de dollars à l'Afrique du Sud. Pas de commentaire côté suisse ou la questions est jugée sensible. Les coffres-forts ont de ces pudeurs quand ils contreviennent aux recommandations de l'ONU ... gouvernement français a-t-il connaissance de ce camp d'entraînement? Par qui sont payés les mercenaires français qui entraînent les tueurs de la Renamo ? Quelles actions ontelles été entreprises auprès du gouvernement tchadien (très largement soutenu par la France) pour qu'un terme soit mis à ces entraînements ? gnes de changement apparaissent sur le terrain ». Or, sur le terrain, ça bloque. Selon JeanMarie Tjibaou, des circulaires et formulaires administratifs s'évaporent d'un bureau à l'autre à Nouméa et les projets - téléphones, routes, adductions d'eau, électrification - destinés à améliorer la vie des Kanaks sont en panne, bien que décidés et financés. Côté ministère, on en est à envisager une structure parallèle pour traiter tous ces dossiers. Un court-circuitage obligé de l'administration locale, ce qui en dit long sur sa bonne volonté. L'euphorie affichée après le référendum sur l'avenir de l'archipel se heurte aux réalités. La mentalitécaldosche, pétrie de néo-colonialisme à du mal a accepter le changement. sables le disent ouvertement. Une solution politique? Beaucoup - Israéliens et Palestiniens - la souhaite et la croit possible. Mais Itzhak Shamir la refuse: «Nous sommes prêts à négocier avec les Palestiniens, mais un Etat palestinien est inimaginable» a-t-il déclaré. Que resterait-il donc à négocier? Fayçal Husseini, libéré après six mois de détention administrative, proche de l'OLP et considéré comme interlocuteur possible par les Israéliens a été clair : l'autodétermination puis « création d'un Etat qui nous soit propre », c'est le chemin choisi par les Palestiniens. Il faudra bien en parler un jour. • RELACHES • RACISME ELECTORAL Deux criminels de guerre nazis ont été relachés le mois dernier de leur prison hollandaise après un vote du Parlement. Franz Fischer et Ferdinand Aus der Fünten étaient les responsables directs de la déportation de dizaine de milliers de juifs hollandais. La quasitotalité furent exterminée dans les camps de la mort. L'émotion a été grande dans le pays où des manifestations contre cette décision ont rassemblé des milliers de personnes. Simon Wiesenthal a également condamné la décision hollandaise en soulignant la gravité des crimes commis par ces deux nazis. • LE KLAN ELU David Duke, ancien impérial Wizard du Klu Lux Klan a gagné son élection à la législature de l'Etat de Louisiane. Duke se présentait au titre d'une organisation «Pour l'avancement du pleuple blanc ». Le racisme a d'ailleurs été présent tout au long de la campagne électorale et la circonscription ne compte que 46 électeurs noirs pour 21 000 blancs. Les Républicains, battus, ont dénoncé le nouvel élu, « Charlatan qui cherche n'importe quelle organisation pour légitimer ses vues racistes et sectaires. »Une précision : le numéro de téléphone de David Duke est le même que celui de la section locale du Klan. L'ABSURDE Les infractions de droit commun inspirées par des mobiles racistes ne sont pas faciles à combattre sur le terrain judiciaire. C'est en particulier le cas des professions de foi et des bulletins de vote de l'extrême droite qui reviennent systématiquement depuis quelques années lors des périodes électorales. Les antiracistes du Val-d'Oise ont remporté lors des élections cantonales de septembre dernier une victoire qui leur avait échappé l'année précédente. Sur plainte, le tribunal de grande instance de Pontoise ordonnait le retrait des bulletins de vote et la profession de foi de Gérard Orget intitulés : « Trop d 'immigrés. La France aux Français ». Des tracts de ce type ne manqueront d'être à nouveau diffusés lors de ces élections municipales il faut être attentifs. La procédure administrative n'est pas simple à manipuler. La commission de la propagande qui contrôle la validité des professions de foi électorale (au nom du tribunal administratif) s'en tient à des critères formels: présentation, format du papier et des lettres ... Or, Michel Gentilhomme, avocat du MRAP, a conclu à Un chauffeur de taxi de Tourcoing a été récemment inculpé « d'aide à la circulation d'étrangers en situation irrégulière» L'article 21 de la loi de 1946 prévoit en effet que sera passible de 2 000 à 200 000 F d'amende toute personne « qui aura facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d'un étranger ». Deux mois à deux ans de prison complètent éventuellement la peine. Tous les taxis, tous les chauffeurs de bus, voire tous les citoyens sont donc passibles de cette peine dès qu'un étranger est dans leur véhicule ou qu'ils lui indiquent son chemin! Il ne reste plus qu'à demander à chacun ses papiers avant de rendre le moindre service ou d'accomplir une course (pour un taxi). Sinon, infraction à la loi. Voilà de quoi transformer chaque taxi en auxiliaire de police, sous peine de ne pouvoir travailler. A Tourcoing, aucune personne de couleur n'est plus acceptée dans les taxis qui deviennent ainsi condamnables au titre de la loi antiraciste de 1972. Absurde! La loi de 1946 visait au départ les trafiquants de main-d'oeuvre et les marchands de sommeil. Son imprécision la rend grotesque. Le HRAP avait d'ailleurs demandé à plusieurs reprises qu'elle soit modifiée. (Voir notr€-dossier pages 6 et 7) Différences - N° 86 - Mars 1989 l'issue d'une analyse du droit administratif, que la jurisprudence permettait de s'opposer à la décision de la Commission de la propagande de ne pas juger du contenu des tracts électoraux. Pourtant les parquets restent muets et complètement inactifs sur la question. Ce sont les associations et les élus qui alertent l'opinion et saisissent la justice. La poursuite judiciaire se heurte également au problème de la définition du délit. Les professions de foi à caractère raciste sont concernées par deux types de délits que la loi distingue: l'incitation à la haine raciale et la diffamation raciste. La plainte doit dès qu'elle est déposée fixer le délit sur lequel le texte est attaqué. Or, l'analyse pêche souvent pas un subjectivisme largement facilité par l'ambiguïté des propos tenus. Le MRAP a parfois fait les frais de cette ambiguïté, le fait délicteux étant retenu mais l'objet de l'incrimination jugé erronée. D'où la nécessité pour les militants de se faire conseiller et appuyer pas des avocats au fait de la jurisprudence antiraciste. L'application de la loi sur la liberté de la presse aux professions de foi électorales pose problème. D'une part, parce que les citoyens reçoivent dans leurs foyers, sans qu'il y ait de leur part un acte volontaire comme celui d'acheter un journal, une injure, une diffamation ou un appel raciste. Et que la poursuite ne se fait qu'après coup, une fois la graine raciste semée à tout vent. Si la liberté d'opinion et d'expression doit effectivement être respectée, il faut se battre pour que les parquets et les commissions de contrôle de la propagande assument réelle- . ment leurs responsabilités en écartant du champ de la vie publique l'appel à la haine raciale. Il y va précisément du respect des valeurs démocratiques et de l'efficacité des mécanismes qui les font respecter. BERLIN : LA GUEULE DE BOIS Les élections berlinoises ont créé le choc en RFA. Plus de 7 % des voix à un groupe d'extrême droite, dont le chef est un ex-55. La campagne des républicains (ainsi qu'ils se cachent) n'a pas été sans cousinage avec ce que nous connaissons en France, via le FN. Elle a même utilisé un clip montrant alternativement drogués et enfants à la peau brune envahissant les rues de la ville. Les Républicains ne sont pas seuls. La DVU (Deutsche Volk Union) vient de lancer sa campagne européenne avec 28 millions de lettres personnalisées. La propagande se présente comme un sondage: « Les chômeurs allemands doivent-ils avoir la priorité sur les étrangers ? Les soidisant demandeurs d'asile et criminels étrangers doivent-ils être expulsés? » La légalité est sauve. La réactiow de nombre de citoyens a été l'indignation : et à Berlin où la presse a titré Heil Berlin l, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue contre les Républicains. Le récent congrès du NPD néo-nazi s'est vu opposé, lui aussi, une manifestation de plus de 5 000 personnes. Enfin, la pression montante de l'extrême droite allemande n'a pas empêché la Diète de Hambourg d'accorder le droit de vote aux immigrés après huit ans de résidence. Mais la droite (CSU), a annoncé qu'elle saisirait la Cour constitutionnelle contre ce droit accordé. Une attitude frileuse qui n'est pas sans rappeler la situation de compromission de la droite française avec le Front national. Les sondages montrent une poussée de l'extrême droite allemande, à 4 % des intentions de vote et un recul de a CSU à 45 %. Certains politiciens de droite sortent déjà les règles à calcul. Il • 'CITOYENNETE 1 « Faut-il encore parler d'immigration ?» s'interrogeait récemment Michel Rocard devant deux mille présidents d'associations réunis à l'occasion du trentième anniversaire du Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles (FAS). Le premier ministre entendait souligner ainsi que ces étrangers installés durablement en France (sinon définitivement) sont, de plus en plus « des Français d'origine étrangère ». La rupture est nette avec les discours des gouvernements précédents. La permanence d'une population de résidents étrangers est donnée pour ce qu'elle est: un fait de la vie sociale, économique et politique. Pour le reste, si Michel Rocard a affirmé vouloir« une véritable politique d'intégration », on est resté dans le vague. Trois axes d'action ont été énoncés : « l'emploi sans lequel il n y a pas d'insertion durable; l'éducation qui doit permettre de combattre les inégalités de départ tout en respectant le légitime attachement à des spécificités culturel/es; le logement, exigence première d'une vie stabilisée ... » Des déclarations d'intention intéressantes, mais sans décision à l'appui. Toutes choses renvoyés à l'après-municipales, les questions de fond restant en suspend. Le volet citoyenneté manque singulièrement dans les intentions gouvernementales. La place des résidents étrangers ne se décrète pas : combattre le racisme et l'exclusion c'est aussi ouvrir des espaces pour l'expression et l'action de tous les citoyens, cette ouverture se fait dans la vie, sa traduction politique est en retard et les élections municipales font à cet égard figure d'occasion manquée. Si Pierre Joxe se déclare (encore à l'Heure de vérité du 13 février) partisan du droit de vote des résidents étrangers aux élections locales, comme cela se fait un peu ' partout en Europe, le quand j et le comment reste à voir là aussi. La formidable volonté de participation dont font preuve les jeunes issus de l'immigration à'l'occasion de ce mor.aenf de la vie politique et sociale que sont les municipales est un révélateur des possibilités. Il marque aussi les limites de ce parcours: des centaines de milliers de résidents, travaillant et payant l'impôt, restent exclus de la vie politique locale. Quand viendra le temps ou, en plus d'une bonne volonté affichée, nos dirigeants ne feront plus pour les résidents étrangers mais avec eux ? En citoyens. RACISME? -,~ : "o ~-- ~---:~"7·-~- ~-_--::--:'-~::---~---------~-7~-~- ,-~~.-~A~1 - ---~ ---- ---- • LES ASSASSINS DE LA MEMOIRE Les historiens révisionnistes ont à nouveau tenté de se réunir publiquement en colloque. Sous prétexte d'études historiques, le but de ces émules de Faurisson est de tenter d'effacer des mémoires les massacres nazis en niant le génocide antisémite hitlérien. Le MRAP, la LICRA et de nombreuses associations se sont refusées à les laisser faire et une manifestation a empêché ce crime contre la mémoire. Le colloque n'a pas eu lieu. Une autre protestation a eu lieu, le 9 février dernier, devant le Mémorial du martyr juif à Paris (cf. communiqué en p. 8). • LE TERREAU DES ASSASSINS Les assassins qui ont fait sauter des bombes devant des foyers d'imigrés ces dernières semaines sont donc en prison. Comme on s'en doutait, ils sont liés à des mouvements d'extrême droite sévissant dans la région et qui, aujourd'hui, ne veulent plus reconnaître leurs petits. Trop facile: Georges Hervachon est un nazillon passionné, citant Goebbels et dénonçant « l'invasion étrangère» et les juifs. Des mots que l'on a entendus ailleurs. Il fut aussi candidat, en 1983, à Nice sur les listes du Front national. « Un bouche-trou» plaident les lepénistes qui le croyaient «délirant mais pas dangereux ». La preuve ... -,SOS '1 CAIVDIDATS ~ ~ Le Front national vient de ! subir quelques revers j électoraux, ce qui nous 4 réjoui et lui pose quelques '.1'. problèmes pour les municipales. ~ Ainsi est-il contraint, dans f j Rivarol ou Nationa/-Hebdo 1 de passer des petites ~ annonces pour trouver des ~ candidats (à Royan ou ~ Viroflay par exemple). Ce ~ n'est pas la marque d'une i force sûre de soi! ~ ~ ,Bicentenaire oblige, Le Pen '~ n'a pas hésité à lancer ~ l'idée d'états généraux du j peuple français pour 1989. " Pourquoi pas se demanl deront les innocents. La ~ déclaration d'intention indique que « les Français " n'ont plus les avantages de 1 la monarchie, ils en ont 1. .· tous les inconvénients plus ceux de la République )}. La Veme serait d'ailleurs « un système discrédité, impuissant, corrompu, paralysé par les factions, .J sans vraie légitimité de 1 droit ou de fait, non .~ seulement incapable de 1 défendre la France contre l'invasion étrangère mais s'en faisant complice ... )} . On imagine sans peine la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dont pourraient accoucher les états généraux de Le Pen •.• A noter clin d'oeil de la (petite) histoire que ces propos furent tenus sur un bateau-mouche transformé en salle de presse. La barque porte un nom: le Zouave. Un programme et un titre! Nicolas Gouge avait lui aussi fréquenté les réunions FN avant de rejoindre l'association la France et sa police et de retrouver son complice dans le Parti national français et européen. • RE VISO. Les historiens Aujourd'hui plus personne ne révisionnistes ont des veut connaître ces assassins. malheurs. Devant les Mais c'est bien dans cette protestations, l'historien allemand Ernst Nolte a dû mouvance-là qu'ils ont pris ra- j••' annuler sa conférence cine, dans cette extrême droi- • prévue à Oxford sur le te tolérée qui sert de terreau au ~ troisième Reich. terrorisme anti-immigré et an- ~ ticommuniste. Ces groupes ont Il . NAMIBIE. Début du le mrap sur minitel : pour le moins une responsabi- 1. retrait des forces sudlité morale importante dans 1. africaines de Namibie. 3615 taper mrap ces actes meurtriers. Ce qui Au moins quinze mille D souligne l'urgence qu'il y a de hommes devront partir ~::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::~~le:s~c~o~m~b~a~t:tr~e~. ____________ Charlesd~'~ic~iCharlesn~n~de~/Charlesn~n~é~e.~ __ ~ \ ,~ • PREFECTURES: PAS DE CADEAU Après le discours présidentiel du jour de l'an, plusieurs milliers de travailleurs immigrés se sont présentés au guichet des préfectures des AlpesMaritimes et de l'Hérault. Ils croyaient que les paroles suffiraient, la rumeur propageant l'information que la loi Pasqua était morte. Tous les dossiers ainsi constitués seront examinés, affirme aujourd'hui le ministre de l'Intérieur

« Si, à l'issue de cet

examen, il apparaît que l'étranger ne peut bénéficier d'un titre de séjour, une décision de refus de séjour lui sera notifiée, assortie d'une invitation à quitter le territoire dans un délai lui permettant de prendre ses dispositions pour regagner volontairement son pays d'origine. » Sinon, reconduite à la frontière. Une bien longue phrase pour expliquer qu'entre le 31 décembre et le 1er janvier, rien n'avait encore changé. • OBSERVATIONS Djibril Diop a fait dernièrement connaissance avec les moeurs très spéciales de certains policiers français. Cet étudiant en anthropologie des rituels en fera peut-être son sujet de thèse. Interpellé pour un contrôle d'identité, l'étudiant d'origine sénégalaise n'a pas eu la moindre chance de montrer ses papiers. Embarqué, il a été frappé, dénudé, insulté. Le matricule 14200 a même fait un rapport pour « trouble de l'ordre public », en omettant de porter l'identité de Djibril sur ce rapport: il n'avait sans doute pas eu le temps de contrôler ses papiers, trop occupé à cogner. La circulaire du préfet de police de Paris contre tout dérapage raciste n'était donc pas inutile. Reste à la faire appliquer. • C'ETAIT POSSIBLE 1 L'affaire Papon le montre: l'administration française et la police de Vichy ont allégrement participé aux opérations antijuives quf se terminèrent pour la plupart des victimes dans les camps d'extermina- ' tion. Deux policiers français de l'époque viennent pourtant d'être décorés par les autorités israéliennes. Ils sont l'exemple de ce qu'il était possible, nécessaire de faire. Pierre Marie et Edouard Vigneron ont refusé la collaboration aux rafles. Ils ont choisi de prévenir les juifs de Nancy où ils étaient en poste à l'époque, des rafles prévues. Ils ont été jusqu'à leur fournir de faux papiers et à les cacher. Des 385 arrestations prévuès, 19 seulement ont eu lieu. L'un des policiers, soupçonné, fut révoqué. Une histoire simple et l'on se prend à imaginer l'inefficacité des rafles nazies si toute l'administration de l'époque avait eu la même courageuse attitude. • TETE DE TURC A CAEN Gilles Perrault et Leny Escudero sont venus à l'usine Rifa près de Caen à l'invitation de quarante travailleurs turcs et portugais en grève depuis treize semaines. Une grève qui porte d'abord sur les conditions de vie et de travail : sans sécurité et sans hygiène pour 4 299 F par mois après quinze années d'ancienneté. La douche? cinquante litres d'eau froide pour quarante hommes. En bref, l'exploitation des immigrés comme elle est rarement dévoilée : tête de Turc, ça n'est pas qu'ailleurs. Krieg (RPR) et ses amis de l'UDF ont voté un amendement du FN prévoyant des crédits pour« un recensement des immigrés clandestins » dans la région. Un texte inquiétant qui ouvre la voie aux pires pratiques

comment recenser les

clandestins, sauf à contrôler systématiquement tous les étrangers ou ceux qui paraissent l'être? La chasse au faciès va connaître une embellie. • MUNICIPAUX CONDAMNES Le Il septembre dernier, deux policiers municipaux de Wattrelos (Nord) avaient jeté dans un canal Djelloul C., un garçon de 17 ans interpellé vers 1 heure du matin dans les rues de la ville. Le jeune homme avait été interpellé, fouillé, menotté, chargé dans le coffre de la voiture des deux policiers et emmené dans les locaux de la police municipale : toutes actions complètement illégales. En rentrant au commissariat, l'un des deux hommes s'était même vanté : « On a balancé l'Arabe à l'eau! » Devant une « action concertée et délibérée », le procureur avait demandé de 18 mois à deux ans de prison. Le juge s'est montré plus sévère en tarifiant l'agression raciste de ces deux agents municipaux de trois ans de prison ferme. Une fermeté qui, après celle du tribunal de Bobigny (deux à trois ans de prison pour des agressions racistes) semble marquer que certains juges sont déterminés à punir plus • AU FACIES , sévèrement la chasse au faciès. Après les sondages indiquant un certain recul des idées lepénistes, voici la confirmation des partielles: - 11 ,5 070 à Montpellier, - 12,5 % dans les Bouches -du-Rhône, - 5,2 % en Seine-SaintDenis. Les résultats tournent à la catastrophe pour le FN. Des résultats qui n'empêchent pas la droite classique - relativement majoritaire au Conseil régional d'Ile-deFrance - de continuer à se compromettre honteusement avec le groupe d'extrême droite. Ayant besoin de ses voix (ou de leur abstention) pour voter le budget régional, Pierre Tant mieux. • DISCO Trois patrons de discothèques, jugés pour avoir refusé l'entrée de leurs établissements à de jeunes Maghrébins, ont été relaxés par le tribunal de Moulins. Le tribunal, malgré les témoignages apportés par un journaliste et un représentant de SOS-Racisme, a estimé que l'accès n'avait été interdit aux jeunes qu'en « raison de leur comportement et antécédents », parce qu'ils « avaient mauvaise réputation ». Le tribunal a exclu précisément «toute volonté discriminatoire ». "'î • SAINT-MAUR. Le i maire de Saint-Maur avait 1 loué sa salle à une associa~ tion. Les riverains ont vu -l' débarqué quelques diazaine de nazillons tout de ~ noir vêtus, avec brassard 1~ et croix celtiques. Ils Il n'ont pas apprécié et le !-j maire a porté plainte ~ pour apologie de crimes ~ 1 de guerre et incitation au !' racisme. i • INSUFFISANT. Clauri de Evin vient de créer six ~1 postes à la sous-direction ~_~ des naturalisations à Rézé LI (Loire-Atlantique) afin ~J d'accélérer les procédures ~1 d'acquisition de la natioPl nalité française. Les '1 agents déjà en place consiri dèrent, eux, que ses six 11 postes « ne permettront Il en aucun cas de faire face , ; à l'accélération des procéj dures ». 1 • MANDELA. Le ! sénateur-maire de Nanteri re, ville dont Nelson Mani dela est citoyen d'hon- ~ neur, s'est rendu à Oslo ~ avec une délégation du .~ PCF pour proposer l'attri.~ bution du prochain prix l Nobel de la Paix au lea- , der sud-afrcain de la lutte ! antiapartheid. ~. • BOTHA. Pieter Botha ~ a démissionné de ses fonctions de chef du parti au ~ 1 pouvoir (Parti National). f Willem de Klerk lui succè- 1 de, ce qui en fait le dau- ~ phin en titre. L'apartheid continue. ~ Soixante-dix 1 mandats d'arrêts ont été f lancés contre une filière 1 internationale de trafic ~ d'armes mêlant Mafia et t~ extrême-droite. Le réseau r J fasciste - soutenu par ~ j Ordine Nuevo, responsarî ble de l'attentat de Bolofj gne en 1980 (85 morts) - ~ 1 avait des ramifications ~l américaines, brésiliennes, ~~ chiliennes, péruviennes et "'1 argentines. ~l • REVISO. Les historiens 1 i révisionnistes ont des ma/'~ heurs. Devant les protesl tations, l'historien allel mand Ernst Nolte a du ,J annuler sa conférence préi vue à Oxford sur le troi- ! sième Reich. i • PREMIERE. Une pre- 1~ mière aux Etats-Unis ou ~ le parti démocrate a élu à ,& sa tête un noir de 47 ans, . Ronald Brown. Ancien collaborateur du président Kennedy, le nouveau chef du parti démocrate américain appartient à l'aile libérale du parti. LA LOI PASOUA ENI 'UESTION La loi Pasqua du 9 septembre 1986 est en question. Les propos récents du président de la République semble l'avoir condamnée: elle sera rééxaminée lors de la cession parlementaire d'avril. Mais il n'y a pas que la loi Pasqua, les textes législatifs ou réglementaires réprimant les étrangers la déborde largement et doivent, eux aussi, être supprimés et remplacés. Voici quelques une des propositions élaborées par le Mrap et le Réseau d'information et de solidarité (Cimade, Gisti, Accueil et promotion, Caif, Ciemi, Clap, Pastorale des migrants). D LES CONDITIONS D'ENTREE Sous prétexte de lutte contre l'immigration clandestine ou contre le terrorisme, certains textes constituent en fait des entraves à la liberté de circulation des immigrés et de leurs familles. • L'entrée sur le territoire Elle est soumise aux articles 5 de l'ordonnance du 2 novembre 1945, à l'article 1 du décret du 30 juin 1946, l'article 16 de la loi du 9 septembre 1986 (dite loi Pasqua) et à une circulaire du 8 août 1987. Par ces textes, le refus de visa n'a pas à être justifié, ce qui déroge aux principes généraux du droit entraînant une difficulté de recours puisque le motif du re-fus n'est pas connu. L'arbitraire est total et la police de l'air et des frontières (PAF) dispose en fait d'un double contrôle. Propositions: abrogation des circulaires introduisant l'obligation de visa pour les ressortissants de pays qui en étaient jusqu'alors dispensés. Suppression pour tous du visa préfectoral, remise en vigueur des dispositions suspendues des conventions internationales de circulation et d'établissement (qui priment sur des dispositions internes) et obligation de motiver les refus de visas pour les pays qui n'en sont pas dispensés. • Moyens d'existence (Art. 5-2 ordo 2/11/45 et décret du 27/5/82). Les textes exigent des moyens d'existence propres en plus des garanties de rappatriement et du certificat d'hébergement prévus par la loi. Propositions: suppression de cette demande, compte tenu des garanties déjà prévues par la loi (rapatriement, hébergement...). • Refus d'entrée en France (Art. 5-3 ordo du 2/11/45 et loi du 9/9/86). Ces textes introduisent la notion de menace à l'ordre public, flou qui autorise à peu près n'importe quoi. Les droits de la défense ne sont pas respectés, le recours est illusoire et la décision de refus immédiatement exécutoire. Propositions: définir clairement la menace à l'ordre public (existance de délits graves et récents), allongements des délais (de 1 à 7 jours). Possibilité de recours suspensif à la décision et avec assignation à résidence (la mise en rétention devant être exceptionnelle). D DELIVRANCE DES TITRES DE SEJOURS Il faut en finir avec la pratique consistant à refuser d'examiner les demandes d'admission au séjour pour cause d'irrecevabilité (situation irrégulière au moment de la demande de titre de séjour). Les catégories attributaires de plein droit de la carte de résidence, réduites par la loi Pasqua, doivent pouvoir bénéficier à nouveau de ce droit. La délivrance de la carte de séjour pour ces catégories ne doit plus être subordonnée à l'appréciation de la « menace à l'ordre public ». Sans cela, la notion de plein droit est vidée de son contenu. Ces dispositions doivent également s'appliquer aux ressortissants algériens. • Admission au séjour (Art. 6ord. de 45 et décret du 30/06/46). Les textes rendent impossible l'examen des demandes de cartes de séjours postérieures (et donc la délivrance de plein droit). Proposition: obligation pour l'administration de recevoir l'ensemble des demandes et de rendre des décisions motivées sur la situation réelle de l'étranger. Délai de trois mois pour les étrangers bénéficiaires de plein droit d'une carte de résident. • Délivrance du titre de séjour aux jeunes (Art. 9 de l'ordo de 45 et art. 17 de la loi Pasqua). Le cadre de la demande est strictement limité à 16 ans et 7 jours. La formulation employée de « mineurs étrangers» exclut les très jeunes adultes. Les jeunes algériens sont exclus. Propositions : la limite des 16 ans doit être indicative de démarches à entamer, le régime général devrait être appliqué aux jeunes algériens et « mineurs étrangers» remplacé par « jeunes étrangers ». • Carte de résident de plein droit (Art. 150rd. du 2/11/45, décret du 30/06/46). La notion de plein droit a été vidée de son contenu par la notion de « menace à l'ordre public », largement utilisée. Propositions : revenir à la notion de plein droit prévue par la loi du 17 juillet 1984. Délivrance automatique de la carte de résident pour ces catégories, sans possibilité d'opposer de refus pour séjour irrégulier ou de menace à l'ordre public. • Conjoints de Français (Art. 15/1 ordo 2/11/45 et loi du 9/9/86). La loi Pasqua a introduit l'idée de la communauté de vie durant un an. Ce qui laisse un vide juridique la première année de vie commune et laisse planner la suspicion sur les couples mixtes. Propositions: retour à la loi de 1984. • Etranger entré en France avant l'âge de 10 ans ou jflstifiant de 10 années de séjour (Art. 15/12ord. 45 et loi du 9/9/86) Les textes prennent en compte le critère de non-condamnation pénale et introduisent la double peine (refus de carte) pour des délits déjà sanctionnés. Certains étudiants ont des difficultés pour obtenir un titre permettant de faire les dix ans de résidence. Propositions: suppression du critère de condamnation pénale, possibilité de prouver les dix ans de séjour par tous les moyens, délivrance de titre « étudiants» jusqu'à la fin des études. • Absence prolongée du territoire (Art. 18ord. 45 et loi du 9/9/86) La qualité de résident est perdue après plus d'un an d'absence du territoire français, quelles qu'en soient les raisons. Propositions: abrogation pure et simple. IJ MESURES D'ELOIGNEMENT Les abus et les erreurs sont monnaie courants en ce domaine. Il faut garantir les droits de la défense. Il est souhaitable de revenir aux garanties autrefois prévues par la loi, quelle que soit la forme d'expulsion. L'autorité administrative devrait être liée aux avis de la commission départementale d'expulsion. En outre la simple motivation de décisions d'expulsion basée sur la menace à l'ordre public, ne peut que conduire à l'arbitraire. Cette notion doit donc être définie, clairement et correctement délimitée. Bien sûr, les résidents de plein droit doivent être protégés des expulsions et de toute forme d'éloignement. L'usage de la double peine (détention en France puis éloignement par la suite) doit cesser. • Expulsion (Art. 23 ordo de 45 et loi du 9/9/86) Les textes, avec la notion de« menace à l'ordre public» laisse la porte ouverte à tous les abus. La double peine (peine à effectuer puis expulsion) est inacceptable, les courts délais permis ne laissent pas le temps d'une demande d'abrogation d'arrêté d'expulsion. Proposition : définition claire de la notion de menace et retour à la notion de « menace grave ». Choix pour l'étranger condamné d'être expulsé ou de purger sa peine. Délai de quatre mois pour la réponse du ministère à une demande d'abrogation (et devenant implicite au-delà de ce délai). Prescription automatique des arrêtés d'expulsions après 5 ans. • Reconduite a la frontière (Art. 22ord. du 2/11/45 et loi du 9/9/86) Un pouvoir d'arbitraire est laissé aux préfets, les droits de la défense ne sont pas garantis. Propositions: contrôle par une commission, saisie par l'administration et donnant un avis préalable, après vérification de la légalité de la procédure. Elle tiendrait des audiences publiques et contradictoires ou l'intéressé pourrait se' faire représenter par le conseil de son choix. Possibilité de recours suspendant l'exécution. L'intéressé serait alors assigné à résidence jusqu'à décision. Des procédures identiques seraient mises en place pour l'expulsion. • Expulsion en urgence absolue (Art. 26ord. du 2/11/45) Les décisions de ce type sont arbitraires, les droits de la défense ne sont pas respectés et la notion d'urgence reste très élastique. Proposition: abrogation. Différences - N° 86 - Mars 1989 ACTION! Paire des propositions concrètes pour modifier la législation relative aux étrangers n'empêche pas de mener des actions immédiates contre les textes répressifs. Ainsi les comités du MRAP mènent-ils des actions en direction des préfets et des élus locaux. Cette campagne est également active au niveau national

les responsables du MRAP et ceux du réseau

ont été reçu par Pierre Joxe auquel ils ont réaffirmé leur volonté de voir réformer les textes actuellement en application contre les étrangers. _ Outre les proprositions ci-contre, des demandes ont étéfaites quant à l'amélioration de laformation des personnels affectés à l'accueil, la mise en place de traducteurs, de meilleures conditions d'accueil (locaux et rendez-vous), une diversification des lieux de réception en fonction de la nature des dossiers et/ou du site géographique ... Il a été proposé au représentant du ministère de simplifier le langage des documents administratifs, de donner des moyens supplémentaires aux intervenants sociaux et aux associations (permanence juridique ... ). Le ministère a fait savoir que les circulaires« Joxe » n'avaient été qu'une réponse rapide aux souhaits du président de la République. Un pré-projet de loi est en préparation par une commission interministérielle. Les associations seront saisies et pourront même intervenir au moment du débat parlementaire. Ouverture donc, côté officiel qui autorise quelques espoirs quant à l'amélioration de la situation faite aux étrangers dans la loi. Au MRAP, le service juridique et la commission immigration ont décidé de travailler à une refonte de l'ordonnance de 1945 et des textes qui l'ont suivie. • Conditions d'expulsion (Art. 24 ord. de 45 et loi du 9/9/86) L'application des textes actuels comportent des délais trop courts, l'avis consultatif de la commisison d'expulsion reste sans effets. Trop d'arrêtés d'expulsions sont pris sans tenir compte des situations réelles, en particulier des jeunes. Propositions: retour au délai de convocation de 15 jours. Nécessité d'un avis conforme de la commission, recours suspensifs. • Refus d'embarquer (Art. 27ord. de 45 et loi du 9/9/86) L'interdiction du territoire français devient alors possible, sinon courante. L'étranger se voit en plus condamner à une peine de prison. Propositions: réduction de la peine encourue, impossibilité de prononcer une interdiction de territoire. • Rétention administrative (Art. 35 bis ordo de 45 et loi du 9/9/86) La prolongation de la rétention au-delà de 24 heures est devenue systématique. Les conditions légales ne sont pas respectées. Propositions: l'assignation à résidence doit être la pratique normale et la rétention l'exception. Les locaux doivent être conformes aux règles de la santé publique. • Regroupement familial (décret du 7/12/84) L'application restrictives des conditions n'autorise pas le respect réel des possibilités de regroupement. Propositions: suppression des barèmes de ressources et de logement; application du régime d'aide commun aux familles défavorisées. Possibilité de régularisation sur place pour les familles des étrangers en situation régulière. Mouvement ACTIONS • MEURTR/ERE « LOI DES SERIES JJ POUR LES ENFANTS D'IMMIGRES. Après le crime barbare de Montataire, où le MRAP est constitué partie civile, un jeune Beur, Ali Rafa, vient d'être arraché à la vie pour un croisSant à Reims, privant deux enfants d'un père. le MRAP joint sa douleur et sa colère à celles de la famille et des proches de la victime. Il constate. une fois de trop. qu'en l'espace d'une semaine, les victimes sont toutes les trois jeunes et Beurs. Est-ce un hasard 1 Cette loi des séries illustre malheureusement que dans la France de 89 le délit au raciès est trop souvent un passeport pour la violence ou le crime racial. Pour le MRAP, il Y a urgence absolue de mettre fin à cette escalade meurtrière. Il souhaite que des sanc· tions exemplaires soient prises à l'encontre des auteurs de ces crimes. Pour sa pan, il entend contribuer à faire toute la lumière sur les mobi· les de l'assassinat d'Ali Rafa. A cet égard. une délégation du MRAP se· ra reçue par le préfet de Châlons· sur-Marne et le commissaire de Reims le mercredi 1 S février. Par ailleurs. à l'approche des élections municipales, le MRAP met en garde tous ceux et celles qui, par leurs propos, écrits, contribueraient à la banalisation du racisme. (14 féconstituent un important succès dans la lutte contre le racisme. Il souhaite que les enquêtes qui vont suivre fassent toute la lumière sur les ramifications et les liens de ces terroristes avec les mouvements. associations et certains partis politiques. D'ores et déjà, il réitère sa demande de dissolution de groupes porteurs de l'apologie du racisme comme le prévoit la loi du 1 er juillet 1972. (JO janvier 1989) .US ASSASSINS DE LA MEMOIRE ONT UN PROJET. les assassins de la mémoire qui nient le génocide des juifs et des tsiganes perpétrés par les nazis n'agissent pas gratuitement. leur but est la réhabilitation du nalime et par là-même des thèses racistes et d'exclusion sous couvert d'une prétendue recherche scientifique. D'où le projet d'assassiner la mémoire par le poison de la falsification au cours d'une réunion que les tenants de ces thèses organisent le 10 février à Paris. les organisations soussignées appellent à exprimer leur condamnation de toute réhabilitation du nazisme et de ses crimes, du racisme et de l'exclusion par une manifestation silencieuse le jeudi 9 février 1989. à 18 heures. au mémorial du martyr juif. rue GeoUroy-l"Asnier, Paris 4' . (16 JanVier 89). • LES TAXIS DE TOURvrier 1989) COING. . , • UN VOTE HONTEUX I les ter qu'à Tourcoing des chauffeurs de taxi, mystifiés par une décision prétravaitleurs immigrés viennent de fai- rectorale frappant l'un des leurs, re les frais d'un marchandage électoraliste éhonté lors du vote du bud- tombent dans le piège grossier du ra· cisme en « se trompant collective· get de la région d'Ile-de-France. On ment de colère » car les travailleurs comprend que les mêmes qui ont sénégalais transportés n'étaient nulpassé cet accord réclament à cor et lement responsables de la législation à cri le maintien de la loi Pasqua dont française. "application sert souvent à transfor· le MRAP s'élève. en effet, depuis mer bon nombre d'immigrés au sé· très longtemps contre les articles 21 jour régulier en « clandestins. JO et 22 de l'Ordonnance du 2 novemle MRAP s'élève contre ce procédé cynique qui fabrique des clan- ~~dÎ~::5d::e~I::~~ee q~~i;:sn;oCharles 17 janvier 2012 à 14:37 (UTC) destins pour les mieux contrôler. A la suite de son conseil national du 28 sent viser que les trafiquants de maind ·oeuvre et les « marchands de somjanvier, le MRAP persiste à deman- meil ,. sans mettre en cause l'action der l'abrogation de la loi Pasqua et des personnes ou des associations de invite les immigrés qui en auraient he- solidarité apportant une aide à des soin à consulter son conseil juridique étrangers en difficulté administrative. à son siège. (JO Janvier 1989) Par ailleurs, il est inadmissible et • DES SANCTIONS dangereux de demander à une caté· EXEMPLAIRES t le MRAP ap- gorie professionnelle dont ce n'est précie à sa juste valeur l'efficacité et pas le rôle de se transformer en pole résultat de l'enquête judiciaire ef- liciers et de créer ainsi artificiellefectuée pour l'arrestation des assas- ment un conflit entre un corps prosins de la Côte-d'Azur. fessionnel et une communauté étran- Il souhaite que des sanctions exem· gère. Pour que cesse l'action. légale plaires soient prises à leur encontre mais absurde, contre le chauffeur de pour prévenir d'autres attentats. A taxi incriminé et celle, ignominieuse, cet égard. il s'est constitué partie ci- transformant les travailleurs immivile par l'entremise de son président, grés en boucs émissaires, le MRAP Me Roland Rappaport, de Me Gilbert intervient auprès du préfet du Nord POSITIONS • Dreux. le comité du MRAP avait fêté la journée internationale contre les discriminations (le 21 mars) très activement J'an passé, avec des centaines d·enfant$. Pour cette année, le maire de la ville a refusé toute aide technique et toute subvention, municipales obligent: élu avec les voix du Front national. il ne veut pas facher ses amis. • Haute-Vienne. le congrès fédéral du MRAP a adopté un large programme d'actions, notamment autOur de la journée internationale du 21 mars. Il a réa(firmé sa volonté aux Vuanda, une famille zaïroise menacée de reconduite à la frontière. • Lyon. Invité par le MRAP, Solly Smith, représentant en France l'ANC sud-africaine recontre des personnalités locales. • Nord. l a pétition pour le droit de vote des immigrés a recueilli plus de 5 000 signatures à Lille, Roubaix et Villeneuve-d'A$q à l'initiative d·un collectif d·associations avec le MRAP. • Saint-Etienne. SOO signatures ont été réunies contre la loi Pasqua et une conférence de presse a réuni le MRAP, la CFDT, le PSU et le PS. • Le Mans, le MRAP et 1 2 associations ont été reçues par le préfet sur les dossiers en instance et pour réa(firmer leur volonté de voir abroger la loi Pasqua. • Val-d'Oise. Un collectif d'associations (MRAP, l DH, SM et SAF) s'est constitué pour l'abrogation de la loi Pasqua fi génératrice d'in;ustice et d'arbitraire ». • Rennes, Douze associations (MRAP. CFDT, FEN, PCF, lCR, UNEF) ont demandé audience au préfet pour obtenir la suspension des menaces d'expulsions. • Roubaix. MRAP, lDH. SOSRacisme et JOC ont lancé une campagne d'information et d'action contre la loi Pasqua. A Roubaix, une cinquantaine de personnes sont menacées d'expulsion. Une permanence juridique existe à la Maison des amicales, 20, rue de Lille à Roubaix (vendredi de 18 h 30 à 19 h 30). • Eure-et-Loir. le MRAP a créé un collectif pour les droits civiques. Première cibles: la loi Pasqua et les textes discriminatoires et répressifs à l'égard des étrangers. • Lille. Débat avec Soly Smith à. Lille. à l'initiative du MRAP, sur l'apartheid et les sanctions économiques. le film Classified People a été projeté. • Nantes. l e numéro 14 du Pont Transcouleurs est sorti. le bulletin de la fédération du MRAP offre des articles sur la loi Pasqua, les Tsiganes, les droits de l'homme et le bicentenaire . • Plaisir (78). le comité local de Plaisir.les-Clayes présente une exposition sur les costumes du monde, à l'occasion de la journée internationale contre le racisme (21 mars). Costumes, mais aussi films et objets des cinq continents, du 18 au 27 mars, au château de Plaisir. ABONNEMENTS DIFFERENCES Au numéro: 10 F. N° spécial (4 par an) : 40 F 1 an : 200 F. 1 an à l'étranger: 220 F. 6 mois: 120 F. Etudiants et cbômeurs, 1 an: 150 F. 6 mois .. 80 F (joindre une photocopie des cartes d'étudiant ou de pointage). Soutien: 300 F. Abonnement d'bonnear: 1 (}(){) F. PublJcIt~ au joumsl 89, rue Oberkampf 75011 Paril PhotocDmposition PCP, 17, plaoe de JliUiers, 93100 Montreuil. Tél. : 42.87.31.00 Impression : Mont/j~n. Tél. : 33.83.80.22. Commission paritaire n° 63634 ISSN 0247-9095. Dip&t Iigal: 1989-3. DIRECTEUR DE LA PUBLlCATION Albert Lévy REDACTION Rédacteur ni chef René François &crélariat de rédactionmaquetta: V. M. ADllllNI$TRA TION /GESTION Il Collard et de Me Françoise Assus. et des syndicats de taxi au niveau 10' Marie-Qdile Leuenbergel ~_p~o~~",~I,~M2RA~~P~. ~,~,~,_i~"~,~"I~p~,~,,~O~"~' - "~'~,~'~"~,~'i~o~"~,'~.~(~.~"~Y~ri~.~r~'~.~.~.~)~::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::J

Notes

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