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Sommaire du numéro

n°61 de novembre 1986

  • Les indo-européens en deuil (Georges Dumezil) par M. Hubert
  • Signé Hitler (politique anonyme) par J. Roccia
  • Lyon: l'antiracisme organisé par J.M. Ollé
  • Smaïn: a star is beur par Cherifa
  • Noir sur blanc (racisme dans les manuels scolaires) par E. Chikha
  • Dossier: Mauritanie: pourquoi faut-il que les villes meurent par B. Hadji et Cherifa
  • Agonie d'un mythe: la découverte de l'Amérique par R. Pac
  • Le mois de la photo: comment on photographie l'histoire
  • L'insertion: rien n'est simple par P. Warin [immigration]
  • La virginité dans tous ses états par P. Jacob
  • Lettre ouverte à J.P. Kauffmann par J.J. Pikon
  • Un appel contre le terrorisme

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1.-- ' .. , " . -.!-~ LES •• , IMMIGRES SONT RIGOLOS ~i .. ... a.. Le magazine de l'amitié entre les peuples GAZ DE FRANCE. TOUTE NOTRE ENERGIE EST POUR VOUS. IGililD ~ l Lie. A 1205 TETE DE MALIEN 15 octobre : ils sont arrivés au foyer, ont embarqué Ousmane. Il s'est un peu débattu, ils l'ont bourré de coups de pieds. On a voulu s'interposer, ils nous ont collés au mur, nous ont palpé tout le corps et demandé nos papiers. 19 octobre: on a appris à la radio qu'ils avaient renvoyé Ousmane au pays, avec cent autres compatriotes. Ils ont dit que c'était des trafiquants de drogue. Ça nous a un peu étonné d'Ousmane. On savait qu'il n'avait pas de papiers, mais la drogue, ici, je vois mal comment il aurait pu la trouver. Lundi 20 : au boulot, le chef de chaîne m'a dit, alors, Fleur de tunnel, pas encore dans l'avion? Il a de l'humour, le chef. Mardi 21 : le métro, ce n'est plus possible, je ne peux plus marcher dans un couloir sans me faire tomber dessus. Ils sont en règle, tes papiers, tu es bien sûr? Avant, les gens s'arrêtaient, disaient quelque chose, mais maintenant, je les comprends un peu, c'est trop souvent. Tant pis, je vais prendre le bus, mais ça va me faire plus long. Mercredi 22 : je suis sorti tard de chez Abdallah. Plus d'une heure dehors avant d'avoir un taxi. La plupart ralentissent, puis repartent dès qu'ils me voient mieux. Finalement, c'est une femme qui m'a pris. Jeudi 23 : la radio dit que Botha va venir en France en novembre. Je suis content pour lui, au moins il ne sera pas dépaysé. Il y a même les manifs comme là-bas ; ce soir, je vais à la République, pour protester contre les expulsions. Il y aura des Africains, des Maghrébins et des Français. Je sens que ça va me faire du bien. OCTOBRE id 6 Signé Hitler Nette recrudescence de la « polit; tique anonyme» : tracts, lettres, cC associations bidon: à qui profite, le crime ? JEAN ROCCIA 10 Lyon, l'antiracisme organisé Comment une association se donne les moyens de faire face ? JEAN-MICHEL OLLE 12 Smaïn : A star is beur Un portrait du premier comique d'origine arabe. CHERIFA ~ 36 Insertion: rien n'est simple ... Une expérience menée à Grenoble f5 montre que l'aide à l'insertion se

nourrit parfois de préjugés. g PHILIPPE WARIN

U ~ 38 La virginité dans tous ses états Petite histoire de la virginité à travers les siècles et le monde. ABONNEMENTS lan:200F. 1 an à l'étranger: 220 F. 6 mois : 120 F. PAULINE JACOB Etudiants et chômeurs, 1 an : 150 F. 6 mois: 80 F (joindre une photocopie des cartes d'étudiant ou de pointage). Soutien : 240 F Abonnement d'honneur : 1000 F. Algérie: 15 dinars. Belgique: 140 FB. Canada: 3 dollars. Maroc: 10 dirhams. Publicité au journal Photocomposition PCP, 17, place de Villiers, 93100 Montreuil. Tél. : 42.87.31.00 Impression Montligeon. Tél. : 33.83.80.22. Commission paritaire n° 63634 ISSN 0247-9095. Dépôt légal: 1986-6 La rédaction ne peut être tenue pour responsable des photos, textes et documents confiés. Magazine créé par le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entres les peuples), édité par la Société des éditions Différences 89, rue Oberkampf, 75011 Paris. Tél. : (1) 48.06.88.33. f5 18 Mauritanie: Pourquoi faut-il en que les villes meurent? Un pays mal connu, de prestia gieuses cités qui s'ensablent, une guerre qui s'enlise. BRUNO HADJI CHERIFA. en lU II: ~ 30 Le mois de la photo : 5 comment on photographie U l'histoire ~ 40 Lettre c:::t ouverte à

Jean-Paul

Kauffmann. 42 Un appel contre le terrorisme DIRECTEUR DE LA PUBLICA TlON Albert Lévy REDACTION Rédacteur en chef Jean-Michel Ollé Secrétariat de rédactionmaquettes: Véronique Mortaigne Service photos : Abdelhak Senna ADMINISTRATION/GESTION Khaled Debbah PHOTO COUVERTURE Droits réservés ONT PARTICIPE A CE NUMERO: Jean Roccia, Mariette Hubert, Cherifa, Elisabeth Chikha, Bruno Hadji, Joëlle Tavano, Robert Pac, Yves Thoraval, Bernard Golfier, Philippe Warin, Pauline Jacob, Pierre Vallée, Jean-Jacques Pikon, Christiane Dancie, Maryse Tripier, Philippe Marsollier, François Prunet. .. LES INDO-EUROPEENS EN DEUIL Tout le monde ne peut pas s'appeler Coluche: ~quand Georges Dumézil est mort, un matin d'octobre , cela a dû laisser un bon nombre de gens indifférents. Pourtant, la personne et ses travaux rassemblent toutes les avancées et tous les malentendus de la pensée des Européens sur leurs origines et leurs histoires pendant ces quarante dernières années. Dumézil laisse une oeuvre colossale, après avoir passé sa vie à compulser des milliers de manuscrits, dressant ainsi l'inventaire gigantesque des origines de la société indo-européenne. Son hypothèse, qui fonde en fait la mythologie comparée: les mythes expriment des réalités tant sociales que culturelles. Ses travaux l'ont emmené partout, avec, comme souvenirs de voyage, la pratique d'une trentaine de langues, comme l'oubykh, une des langues caucasiennes qu'il découvrit alors qu'elle était en train de disparaître et qu'il réussit à sauver avec l'aide des quelques vieillards qui la parlaient encore. Une des langues les plus vieilles du monde, puisque née il y a quelques millénaires sur les bords de la mer Noire. C'est aussi la plus riche en consonnes: plus de quatrevingt pour seulement deux voyelles. L'étude des mythes lui permit de repérer l'existence d'un tronc commun à toutes les cultures. Ainsi, il découvrit que le quechua, langue de Pérou, avait beaucoup de similitudes avec le turc. Dans ses recherches, Dumézil eut la bonne idée de limiter ses conclusions: son étude des tion des Aryens, qui en font partie. Bien sûr, Dumézil ne fit jamais ce pas, mais, quelques années après Drieu La Rochelle, la « nouvelle droite» tenta à nouveau de le tirer à elle. Alain de Benoist ouvrit en 1972 les colonnes de sa revue Nouvelle Ecole à Dumézil, qui la quitta lorsqu'il s'aperçut du caractère extrémiste de la publication, récoltant au passage quelques accusations d'antisémitisme dont il eut à se défendre. Il est vrai que le champ même de ses recherches, les Indo-européens, était passablement encombré des travaux du XIXc siècle consacré à ce thème, et dont beaucoup servirent à l'émergence des thèses nazies. Dumézil le savait, et savait qu'il travaillait sur un terrain miné. Ses travaux lui permirent d'établir un schéma selon lequel s'organisaient les sociétés indo-européennes : le religieux et le politique, donc le pouvoir, la guerre et la fécondité. C'est peu dire que ces schémas sont encore valables. Une bonne raison pour ne pas laisser Dumézil s'empoussiérer sur les étagères de bibliothèques.O MARIETTE HUBERT Indo-européens ne l'amenait pas à tirer de conclusions pour le présent. Mais cela n'empêcha pas les tentatives de récupération. On imagine bien les glissements qui peu- Abonnez-vous ! vent s'opérer d'une étude des lai 1_ _______________________ ~:In~d~o~-~e~u~r~o~pé::en~s~à~la~g~lo~r~if~ic~a~-~.::~ TOILES DE TURCS Les immigrés ont des idées : depuis quelques années, en fait depuis le droit donné en 1981 aux étrangers de fonder leurs propres associations, on voit se multiplier les initiatives culturelles émanant de communautés installées en France. La Maison des travailleurs de Turquie est une de ces associations spécialisées dans le règlement des problèmes sociaux, administratifs ou de santé rencontrés par les travailleurs et réfugiés Turcs (1) . Outre cette assistance, elle s'est donnée pour but de favoriser l'expression culturelle. Première réalisation: une exposition d'oeuvres d'artistes émigrés ou réfugiés. Quand on sait les difficultés que représente ce genre de prestation, on ne peut que s'émerveiller du résultat. Les toiles de Coban Ressan, qui se dit « peintre-berger », des deux soeurs Askoy, de Cako Aykac, les sculptures de Coskun Salik touchent au coeur, qui se serre quand on sait que l'avenir même de l'association est menacé ... O (1) La Maison des travailleurs de Turquie, 10, rue de la Fontaine-auRoi, 75011 Paris. DROIT ET LIBERTE Michel Droit, membre de la Haute Autorité version Léotard, voilà de quoi réjouir le coeur de tous les antiracistes. Il devenait fatigant de protester contre le peu de place fait à l'information sur la situation en Afrique du Sud. Le problème est réglé : grâce à cet ardent défenseur de l'apartheid, on ne verra plus KOUS KOUS KLAN C'est le nom qu'a donné Mounsi, le chanteur qui monte, à l'association culturelle qu'il a créée pour que s'exprime sa génération « en état de légitime différence devant l'illégitime défense de l'Etat » . Au programme, la préparation d'un 45 tours. Aznavour a donné l'autorisation qu'on reprenne sa chanson, ce qui donnera: «Viens voir les Algériens, voir les Africains, qui arrivent, viens », etc. Mounsi est plein d'idées, un bal musette bien français avec des instruments ar.abes, et la réactualisation de l'histoire

«De 732 à 1986, les

Arabes n'ont été qu'à moitié arrêtés à Poitiers, la preuve, ils sont dans les banlieues ... »0 ENCORE UN NOBEL NOIR Wole Soyinka, écrivain, nigé- coup double contre l'aparrian et prix Nobel de litté- theid. Quand on connaît la rature depuis peu. Les Afri- frilosité et le conservatisme cains sont formidables: les du jury Nobel, on se dit que Européens ont mis dix-neuf l'Afrique du Sud est salement siècles pour inventer le prix, repérée. En attendant, lisez les Africains à peine trente Soyinka, c'est chez Belfond. ans pour l'obtenir. En plus, On vous en redira des avec Desmond Tutu, ça fait nouvelles.O ÇA MANQUE DE FEMMES C'est Planfu qui le dit, dans son demler recueil de dessins parus dans un supplément au Monde vendu dans les kiosques. Planfu y a rassemblé un certain nombre de dessins consacrés à l'Afrique du Sud : c'est1rès fort. JE. fRËP~({E. U~€ TH~SE ltMot.JTRANI QUE t' APARTH~i:b N'A lAMAis ~XiSTË! V. rien. Espérons qu'ils ne se- Il ~r~o~n~t~p~a:s~t~o~u:s~c~o~m~m~e~l~u~i.~O12 janvier 2012 à 18:46 (UTC)Charles::J Différences - n° 61 - Novembre 1986 , g PRIS, rue de Ri- du leader du FN sur les murs. helieu: sur un Peu de chance, avec cela, mur, bombé à qu'on l'oublie. grandes lettres Les tracts dans les boîtes aux malhabiles et à lettres, c'est aussi vieux que coup de fautes d'ortho- l'invention de la politique et graphe, ce petit chef-d'oeuvre de la poste. Mais là encore, de retournement dialec- on assiste à un singulier raffitique

« Les immigrés sont nement dans la communicades

occupants nazis sans uni- tion ; ne parlons pas du tract forme! » A voir le contraste haineux, type «Dehors les entre l'orthographe et le bougnoules », sinon pour propos, on ne peut s'em- dire que depuis deux ans, pêcher de se demander s'il nous en recevons trois fois n'y a pas, dans ces slogans qui plus à la rédaction, envoyés occupent de plus en plus les par des lecteurs dégoûtés d'amurs de nos villes, des têtes voir trouvé cela dans leur pensantes, si on peut dire, boîte aux lettres. Avec, là pour dicter les phrases et des aussi, une certaine homogélampistes pour les écrire sur néisation du thème : partant les murs. Sans tomber dans la du détournement par l'exparanoïa, pourtant fort trême droite du slogan commune sur d'autres sujets, Touche pas à mon pote (soit du grand ordonnateur oc- par le FN, Touche pas à mon culte , il est difficile de ne pas peuple, soit _ p~r Minute} se rendre compte que les Leurs potes ont touché à .. .), hi et l'engager vivement à immigrer clandestinement. Distribué partout, parfois même affiché dans des entreprises, le tract couvrait tout le territoire. Le MRAP a partout porté plainte, mais jamais l'enquête n'a abouti. En ce moment, circule partout un tract double page, titré Demain, il sera trop tard. Celuici à l'avantage d'être plus clair, puisque au-delà de l'appel à la violence raciste, à la réaction devant les « dangers de l'immigration », il reprend point par point, sans quement des croix gammées dans les espaces restés libres du papier. Tellement habitués que nous nous inquiétons presque de leur santé quand ils se passe un mois sans que nous recevions leur message (1). Mais là aussi, brutalement, les choses s'organisent. Ainsi, de plus en plus, les lettres que reçoit le MRAP contiennent des coupures de presse (Minute, National Hebdo, ou des faits divers tirés de la presse nationale), classées, annotées, et citant trême droite. Signalons le dernier en date : sur le répondeur d'Hara-Kiri , le message du professeur Choron du 9 octobre expliquait que, en gros, on avait bien fait de gazer les juifs. Dernière pièce du puzzle : les fausses associations. Voici comment elles agissent. Il suffit d'avoir quelques sous (lesquels ?) , d'imprimer un papier à en-tête, si possible ronflant et sérieux, et surtout de se donner une adresse prestigieuse. Ces critères de respectabilité établis, on peut Lettres anonymes, répondeurs téléphoniques, tracts dans les boîtes aux lettres, association-bidon: une inquiétante résurgence du racisme rampant, aussi dangereux qu'anonyme . coïncidence ou opération concertée ? graffiti , les tracts dans les on a vu arriver dans les boîtes aux lettres, les lettres boîtes, partout en France, un dévier d'un pouce ni rajouter les noms de délinquants à en toute efficacité délivrer un anonymes, les associations tract reprenant la petite quoi que ce soit, le pro- consonance étrangère. A message ordurier qui pourra bidon , les messages sur ré- main, avec ces mots: « Si tu gramme d'un parti politique, noter aussi, depuis quelque marquer un lecteur peu atpondeurs téléphoniques, touches à ma France, c'est ma du soutien aux chrétiens du temps, une brutale résur- tentif. Le ressort psycholovoire la délation, ça com- main sur la gueule et mon Liban à l'abrogation de la loi gence de l'antisémitisme dans gique est un peu le même que mence à proliférer, et, si ça pied au c ... » Un dessin uni- sur l'avortement, en passant ces lettres. Ou bien ces gens celui de ces messages publicine fait pas encore système, que, une mauvaise qualité de par le rétablissement de la ont tous la même idée en taires qui vous annoncent que cela fait déjà masse. Et tou- reproduction, pas de si- peine de mort, l'expulsion même temps, et il y a trop vous avez d'ores et déjà jours dans le même sens: gnature d'imprimeur, tout des étrangers indésirables et d'envois (et trop de thèmes gagné une Rolls Royce en or racisme , xénophobie, anti- concorde: il s'agit d'une en- l'organisation du retour pro- dans le racisme) pour que ce massif ou un week-end aux sémitisme. treprise nationale, répercutée gressif des autres. Même soit probable, ou bien, il y a, Bermudes avec Adjani ou Ce n'est pas nouveau, mais par un réseau national. question que précédem- au moins, des consignes. Qui Newman. ça se développe : on a tou- Alors, qui? ment: qui? les donne? jours écrit sur les murs du Ainsi nous avons reçu un métro. Mais pendant la cam- Le système a été mis en place Le système de racisme non Phénomène annexe, mais qui courrier d'un groupe dit pagne pour les législatives, après 1981: partout en signé, ou d'intimidation sou- participe de la même stra- «Association parlementaire est-ce un hasard objectif ou France, en 1982, a été dis- terraine, est relayé à d'autres tégie de la tension, les répon- pour la sauvegarde de la une consigne, les messages tribué un tract, titré Mon niveaux. Ainsi les lettres de urs téléphoniques. Intro- France », domicilié au Palaisce avant le 16 mars, peut-être s'est-elle constituée depuis ?) et d'ailleurs, si on avait d'assez bon yeux pour déchiffrer les notes, on pouvait lire que cette association « devrait » se placer sous le haut patron nage de M. le Président de l'Assemblée nationale . L'association elle même renvoyait à un courrier d'une autre association bidon, dont l'insistance à se référer à la nécessaire union des femmes françaises avait pour but de semer la confusion avec l'UFF, et qui mettait en bas de son tract, à l'endroit de la signature: Yvette Roudy, ministre des Droits de la femme, précédé d'une mention minuscule

« Adressez vos suggestions

à:» Quant au contenu, il s'agissait, en gros d'expliquer que tous les Arabes violant les femmes, il fallait les virer. Bien sûr, toutes les plaintes contre ces incitations à la haine et la violence raciale n'ont jamais abouti, l'enquête, quand il y en a eu, butant vite sur l'anonymat qui les caractérise. Mais on remarquera la convergence de ces initiatives, qui toutes visent à déstabiliser la société française. Alors, coïncidence ou coordination ? JEAN ROCCIA racistes « habituels », d'ordi- cher Mustapha, où un im- anonymes. Chaque journal a duit en France par le FN Bourbon, soulignant que la naire déjà peu variés, se sont migré était supposé écrire à ses correspondants fous. De- (Radio-Le Pen, en 1982), le France vivait la plus grande (1) II Y aura des romans à écrire sur considérablement simplifiés : un cousin resté au pays pour puis cinq ans, à Différences, phénomène se multiplie. On invasion de son histoire, et le mal qu'ils se donnent pour varier on aural't dit qu'il s'agissait 1U·l va nter la douceur de V.I vre nous avons nos habitués, cou- a déj'à cité ici celui de la appelant a'1 a re,s.I stance. L'a s- la pauvre syntaxe de leurs injures, F pour traverser tout Paris pour poster .. d'écrire le plus de fois pos- en rance, avec ses avantages vrant des pages entières d'in- FPIP, organisation syndicale sociation n'existait pas, nous leurs lettres d'un endroit différent de ' I~si~b~le~les~c~in~q~le~t~tr~e~s~d~u~n~o~mCharles ______________________________________~ s~o~ci_a_u_x~,_ses_ _«_ m_ o_ u_to_u_e_l_le~s_~'~ __ ~~j~u:r:e:s,~e:t~g:ri:ff:o:n:a:n:t_fr~é~n:é~tI~·-~;d~e-Ep~o~li~c~e~m~a~r~q~u-é-e--à--l-'e-x-----a-vo-n-s_ _vé r_i_fi_é_(~d_u_m__ o_ ins _é_ ta_i_t-___Ia~ p~r_écé_den_te,_e_tt_' __________- -J Différences - n° 61 - Novembre 1986 • ILS SE FONT DU CINEMA Ça festivale partout en novembre. Surtout dans le Valde- Marne et à Amiens. Journées cinématographiques d'Amiens, du 13 au 23 novembre, puis Journées cinématographiques contre le racisme, organisées dans le Val-de-Marne du 25 novembre au 5 décembre. Deux festivals pas comme les autres, sans doute parce ·qu'en leur temps ils ont été lancés par le MRAP. Ce qui explique sans doute cet intérêt que tous deux portent au cinéma d'ailleurs. Le Val-de-Marne (1) d'abord. A chaque année sa région du monde: l'an dernier on présentait le cinéma '" indien, cette année l'oeil se :i tourne vers le Maghreb. On ne s'étonnera guère de titres comme Omar Gatlato de Merzak Allouache, les Baliseurs du désert de N acer Khemir, grands films maghrébins que les inconséquences de la distribution française forcent depuis quelques années à tourner dans ce genre de circuit parallèle. C'est d'ailleurs un des buts avoués du festival cette année: peser, si possible, sur les circuits français pour que la timide ouverture qui se manifeste depuis quelques années vers le cinéma africain au sens large se renforce. Un effort tout particulier sera fait sur Poupées de roseau, merveilleux film du marocain Jillali Ferhati, pour qu'une chance lui soit offerte de tourner dans le circuit commercial français. C'est pourquoi on fera les choses comme il faut: la presse nationale sera conviée au festival. Quelques autres nouveautés dans la démarche même du festival. On visera toujours Jean Legrand Cuisinier-Conserveur • tout le public du département, avec, en plus, quelques opérations ciblées : on diffusera , par exemple , Une femme pour mon fils d'Ali Ghanem dans une école d'infirmière. Ouverture aussi vers les associations: cette année, la FCPE (fédération de parents d'élèves), la Ligue' des droits de l'homme, SOS Racisme. A chaque film, on débattra, ce qui ne sera pas inutile dans ces temps troublés. D'autant que cette année, le thème du festival, le Maghreb, s'accorde assez à la population locale, puisque le Val-de-Marne compte près de 20 % d'immigrés, en grande majorité maghrébins. La plupart des films sont d'ailleurs choisis selon l'axe «traditions et modernité », ce qui permettra sans doute d'y voir un peu plus clair dans les problèmes auxquels se TOUTE L'ANNÉE trouvent actuellement confrontés les pays du Foie Gras Frais d'Oie et Canard Maghreb, les populations im- Ses magrets de canard frais migrées en France et les Français eux-mêmes. OU fumés Pour Gérard Coulon, respon- Ses plats grande cuisine sable du MRAP sur le département, il s'agit de «garder 58, rue des Mathurins un oeil vers le Maghreb et un Le festival d'Amiens (2) n'a pas choisi la même mer : il ne s'agit pas cette année de franchir la Méditerranée mais l'Atlantique, avec une Perspective du cinéma mexicain : Juan Antonio de la Riva, Felipe Cazals, Diego Lopez, Paul Leduc, etc. Mais comme d'habitude, le foisonnement est roi à Amiens. La compétition officielle opposera des films de tous les pays, dont Tête de Turc, de Gunter Wallraff, une Sélection d'information présentera un panorama du cinéma marocain des années quatre-vingt, du cinéma des minorités et des Noirs américains indépendants. Ajoutez à cela, un hommage à Pierre Chenal, un thème « rétrospective» joliment baptisé Les routes du sud dans le cinéma français, et le deuxième marché international du film d'Amiens, vous aurez une idée de l'ampleur et du développement de ce festival international. Un petit festival qui a su grandir sans crise de croissance, c'est assez rare pour être souligné. S'ils continuent comme ça, à Amiens, il n'y aura plus un chat sur la Croisette.D 75008 PARIS Tél. : 265.50.46 oeil vers la vie quotidienne @) d 1 d d 1 (1) L'oeil vers ... le Maghreb. Rens. 18, rue Montmartre ans e épartement: ans es au 43.77.50.56. go 75001 PARIS Tél. : 236.03.52 salles obscures, il est permis (2) Journées cinématographiques LL ______ Charles::~::::::::::::::::::::~------JL~d:e~/o~u~c~h~e~r~»~.--------------2d~'A:m:ie:n:s.~R:e:n:s.~a~u~4~3.:2:5.~86~.~58:. __ J CARTHAGE A VINGT ANS Non, pas la cité de Didon et d'Hamilcar, beaucoup plus vieille que cela, mais les « JC », c'est -à-dire les «Journées cinématographiques de Carthage », les plus importantes d'Afrique et du monde arabe, qui se tiennent à Tunis depuis 1966, envers et contre tout. Contre la crise, en particulier, qui affecte les cinémas afro-arabes, crise qualitative et quantitative (Egypte exceptée). Chasse gardée des distributeurs français et américains, l'Afrique semblait vouée à ne consommer que des films venus de l'extérieur, et si ses productions nationales naissantes ont été stimulées, c'est en partie grâce au forum international de qualité qu'est «Carthage» (presque) libre de pressions politiques, animé par des hommes qui ont la foi, et qui savent rassembler là tout ce qui compte, de Bamako à Bagdad, de Rabat à Nairobi, de Beyrouth à Khartoum. D'ailleurs, le simple énoncé des Tanits d'or qu'il a décernés montre qu'il a su faire connaître au monde des films d'une importance capitale, comme : les A ventures d'un héros, de M. Allouache (Algérie, 1978); les Ambassadeurs, de N. Ktari (Tunisie, 1976); Sambizanga, de Sarah Maldoror (France-Congo, 1972); le Vent, de S. Cissé, (Mali, 1982) ; le Choix, de Y. Chahine (Egypte, 1970); Kafr Kassem, de B. Alawiya (Liban- Syrie, 1974) ; les Dupes, PARIS, 1961 de T. Salah (Syrie, 1972) ; la Noire de ... , de o. Sembene (Sénégal, 1966) ; les Rêves de la ville, de M. Malass (Syrie, 1984); Aziza, de A. Ben Ammar (première et unique coproduction algéro-tunisienne, 1980), les Bicots-Nègres, de Med Hondo (Mauritanie- France, 1974) et Veilleur de nuit, de K. Chaouki (Irak, 1968). Nous reviendrons le mois prochain sur le « cru » de Carthage 1986. YVES THORAVAL 17 octobre 1961 : les forces de l'ordre répriment sauvagement une manifestation de soutien à l'indépendance de l'Algérie à Paris. On relève des dizaines de morts. Certains Algériens sont jetés à la Seine. Voir à ce sujet l'excellent bouquin de Michel Lévine, les Ratonnades d'octobre. 0 Mort (accidentelle?) de Samora Machel, président de la République du Mozambique. A la mise sous presse, M. Mitterrand n'avait pas annoncé sa participation aux obsèques. C'est très regrettable. UIS~AÉLIENQUI VEUT ARRETER LA GUERR . ~URIAVNERY _ retrace son dialogue ~ avec les Palestiniens. -" ct Z ~ Editions Liana Levi-Scribe -" . Distribution Hachette Différences - nQ 61 - Novembre 1986 .. Il Une situation tendue: l'an dernier, Nordine Mechta se fan tabasser à mort par des videurs de boîtes de nuit. L'ANTIRACISME, ORGANISE On s'est fait tout petits pour assister à une réunion de la fédération du Rhône du MRAP. G are de Lyon, octobre 1986. Dans chaque wagon du TGV montent deux policiers et un inspecteur qui fouillent les bagages et nous accompagnent jusqu'à Lyon. Elle n'est pas toujours facile, la vie du policier en temps de terrorisme

les voilà transformés

en « roulants» SNCF, avec quatre ou cinq voyages par jour. Arrivée à Lyon à 18 heures. Il fait nuit. Cette fois-ci , c'est l'hiver. Maison des associations à Villeurbanne. C'est plutôt coquet, bien qu'un illuminé de la CB y fasse grésiller son micro, qui parfois recouvre les voix des militants qui sont là. Dans le local du MRAP, un Noir explique qu'il sort de prison , qu'il vient de faire 16 jours de tôle, sans raison valable, et que ça ne lui fait qu'à moitié plaisir. Pourquoi tu ne m'as pas appelé ?, repproche un militant. On lui donne l'adresse d'un avocat, d'un journaliste pour faire parler de lui. Il demande s'il peut rester, et la réunion commence. Djamel téléphone qu'il sera en retard, on a essayé de lui piquer sa bagnole, et la direction est faussée. Les militants ne sont pas contents de moi, ils avaient On en a appris de belles ! des problèmes d'organisation à régler, et voilà que je débarque de Paris , qu'il faudra parler d'autre chose. On se met d'accord : on discutera de l'organisation . D'ailleurs, je n'aurai pas à le regretter: en trois heures, j'ai pu toucher du doigt les problèmes qui se posent à une organisation antiraciste locale pour répondre aux besoins. Je n'avais plus qu'à retranscrire leur dialogue. Le président arrive, il s'étonne qu'il n'y ait personne de Saint-Sym ( ... phorien, dans la grande banlieue de Lyon). Saint-Sym, c'est trop loin Justement, dit Christine, on leur a proposé qu'il y ait l'un d'entre eu.x; au bureau (de la fédération, organisme départemental du MRAP, NDLR), ils préféreraient être deux et venir en alternance, Saint-Sym, c'est loin et c'est pas commode pour venir. Le président n'est pas content: Non, on veut créer ce bureau fédéral pour coordonner l'action des différents comités. Pour que ça marche, il faut une personne à chaque fonction. S'ils sont deux, on va s'y perdre. Marie-Jo, de Lyon 3e , ne serait pas contre s'occuper des contacts avec les autres organisations. Il faut voir. Christine propose à Richard de faire la liaison avec les comités locaux. Hésitations: Je vous préviens, répond le proposé, je ne peux pas y consacrer trop de temps. Attention, dit le président, les relations avec les comités, c'est quand même du boulot. Il ne faut jamais laisser passer l'occasion de créer un comité. Il faudrait, par exemple, recontacter le type de Villefranche qui nous avait téléphoné. Dans la ville, Gollnish, le député du Front national, veut faire enlever la plaque de rue dédiée aux accords d'Evian de 1962. Ce type travaille à la mairie, il faut le contacter, on ne peut pas laisser faire cela. Christine : Tiens, note ce numéro, puis elle hésite: Remarque, c'est comme si tu avais déjà accepté. Le président: Il te faudra commencer par un truc capital, noter les numéros de téléphone des militants de chaque comité du département, leurs permanences, leurs responsabilités. A chaque réunion mensuelle, les relancer pour qu'il y ait quelqu'un de chez eux, il faut remettre en route le tam-tam, faire circuler l'information. A voir sa tête, on voit que Richard s'inquiète un peu. Attention, rassure le président, tu es là pour les relancer, et informer, pas faire du dirigisme ou de l'assistanat. Les comités doivent se débrouiller pour agir, mais toi tu fais savoir ce qu'ils font, tu les informes de ce qui se fait à côté de chez eux, et qu'ils ne connaissent pas toujours. Djamel, le sans-voiture arrive. L'ex-prisonnier, lui, s'en va, parce qu'il doit récupérer son fils au foot. Christine: Djamel, c'est pareil avec la presse, il téléphone au rédacteur en chef, il doit savoir les noms de ceux qui nous suivent. Au Progrès, il doit aller gueuler, dire qu'il y en a assez qu'ils ne passent jamais rien sur nos actions, donner son nom, et repartir avec le nom d'un journaliste pour nous suivre. et sortira le lendemain avec une inculpation d'outrage et rebellion.) Ils veulent qu'on se réunisse le 22 octobre, c'est un mercredi, c'est pour son procès. Le président : Voilà un truc pour le secrétaire aux argas. Christine : Oui, enfin, là, pas la peine de se disperser, ça peut se traiter au téléphone. Aziz, autre Maghrébin qu'on n'a pas entendu jusque-là: Oui, attention, des fois on donne un accord au téléphone, et on se retrouve avec un texte changé. Christine: Rien à craindre, là, on a déjà travaillé avec eux, ils sont corrects. Les collectifs truc et machin, généralement on ne sait pas d'où ça vient, mais là, non. Le président: Pas de problème, on suit. Si c'était pour prendre d'assaut la préfecture, non, mais pour le procès, on sera là. Et puis ça marche aussi dans S'engueuler l'autre sens, à nous aussi, de avec Hernu diffuser la presse antiraciste, de vendre · Différences. A A Villeurbanne, il y a des nous aussi de gueuler quand problèmes à Jacques-Monod une information du Rhône ne (nouvelle cité remplaçant en passe pas. Il y a du travail, vu partie Olivier-de-Serres, citéqu'il n'en passe jamais. ghetto récemment démolie, Longs regards sur moi, j'es- NDLR). Les nouvelles HLM saie de me fondre dans le sont propres, mais les imdossier de ma chaise. migrés ont été relogés ailleurs. Heureusement, arrive le mili- . Je me suis même engueulé tant de Saint-Symphorien. avec Hernu : pourquoi on n'a On parlait d'organisation, dit pas laissé les immigrés dans Christine. Ben voilà, il est les nouveaux bâtiments? Du 19 h 30 et j'arrive. Récrimi- coup, pour se dédouaner, ils nations : on ne lui demande ont laissé douze familles, dans pas de justification. des petites villas spéciales, - Non, ce n'est pas pour ça, complètement retranchées, il c'est pour vous dire que ce n'y a pas de barbelés mais n'est pas facile. On avait c'est tout comme, un grand pensé venir à deux, à tour de mur avec seulement deux enrôle. Le président reprend la trées. Avec deux flics, on thèse dite d'une personne, boucle le quartier. une fonction. On en reste là, Saint-Sym: J'ai vu ça à la télé pour l'instant. Entre Ri- à l'inauguration. Le reportage chard, Christine, Marie-Jo et était tendancieux, on parlait Djamel, ça tournera comme de villas style Maghreb. On ça. Arrivent les inévitables disait, vous verrez, l'été sera questions diverses. chaud. Djamel: Le comité antira- Aziz: Oui, mais il y a vraiciste de Feyzin demande une ment un problème avec deux réunion pour faire un tract sur familles. Aziz: Attention, c'est vrai qu'il y a eu des vols, même des Magrhébins se sont plaints. Le président: Ce n'est pas une raison pour jouer les gros bras devant toute la presse et jeter le discrédit sur le reste de la population. Saint-Sym : On a un peu le même problème de discrédit à Saint-Sym. Le gymnase du collège a brûlé, et deux élèves, dont un Maghrébin, ont été entendus par la police. Il y a une sorte de rumeur qui part dans tous les sens, et on ne sait pas si on doit agir comme MRAP, ce qui risque d'amplifier le côté raciste de la chose, ou intervenir discrètement auprès des autorités pour qu'elles ne laissent pas filtrer d'informations fausses. Le président : Il y a une règle d'or: ne s'engager que si on est sûr de son fait, et ne pas nous mettre à défendre quelqu'un qui a fait une connerie simplement s'il est maghrébin. Cela dit, s'il y a une rumeur, il faut agir tout de suite, intervenir pour qu'un fait divers ne se transforme pas en climat de méfiance envers tous les étrangers. Saint-Sym: C'est bien ça le problème: on sent qu'il y a des choses qui circulent, mais rien de tangible, pas d'affiche, pas de tract, les gens se taisent dès qu'ils voient arriver quelqu'un de connu comme militant antiraciste. Ca pose un problème de seuil: intervenir trop tôt, c'est porter l'attention sur le fait qu'un des auteurs probable de l'incendie est maghrébin, intervenir trop tard, c'est laisser se colporter les bruits les plus divers. On tranche: le mieux, c'est de faire un tract préventif, en portant l'attention de la population sur les risques de dérive raciste ces temps-ci. Saint-Sym, pas trop convaincu: Bien sûr, si l'exrême-droite s'en emparaît, ce serait plus facile. Djamel : Qu'est-ce qu'ils attendent? Tout le monde se marre. C'est un peu le signal du départ. On me reconduit à la gare du TGV. Au retour, on n'a pas été fouillés. Que fait la police? 0 Mais un large éventail d'antiracistes: un évêque, un cheikh (lors de la grève de la faim de N. Zahir et D. Tazdait cet été) et. .. des punks ! l'affaire Rachid (19 juin Christine: Celles que Hernu 1986 : Rachid Cheballa est voulait faire expulser cet été? contrôlé par la police. Il veut (Juillet 1986: Charles bien montrer ses papiers, à Hernu, maire de Villeurcondition qu'on cesse de' le banne, demande l'expulsion tutoyer. Il sera tabassé dans de deux familles de la cité ~la~ru_e_,_p_u_i_s~a:u~c_o~m~_m _is_ sa~r_ia~t~,~J_a_cq~ue_s__M _on od~)_. __________________~ J~EA~N~-~M~/C~HEL~O~LLE~ _______________________1 III Différences - nU 61 - Novembre 1986 A STAR Super-tapage au Tintamarre (1)! Du rire, du show, de la dérision, des histoires, des projections dans l'avenir, du réalisme, plein de poésie, de personnages, de clins d'oeil à l'actualité politique et sociale, du savoirfaire, du spectacle tonique! Ça fait du bien en ces temps de grisaille! Le protagoniste? Un jeune comédien de 28 ans, Smaïn, dans un «one man show» intitulé A star is beur. Volubile, secret, intelligent, têtu, sensible, dur, tendre, coléreux, à la fois sûr de lui et sur le qui-vive, en tout cas bourré de talent, Smaïn semble réunir en lui une somme de contraires, de différences. Il se définit comme «un amalgame de choses ». Son algérianité, il la porte sur la gueule comme un nez au milieu de la figure ; silhouette frêle et solide, il semble fait de la même pâte que les sobres paysans des Aurès qui plient - parfois - mais ne rompent jamais. Mais Smaïn a son histoire

« Mes repères culturels

sont français, occidentaux. » Arrivé en France à l'âge de deux ans, il a eu une enfance heureuse, à Vincennes, avec des parents merveilleusement, miraculeusement chouettes. Il les perd prématurément et doit se débrouiller seul. Sur scène, cette histoire personnelle devient collective: « J'ai grandi entre le flipper et la télé, entre Mandraque et Ivanohé, ~ntre Vincennes et Saint-Mandé. » Puis il ajoute, tendre et menaçant: «J'veux pas payer les pots cassés 1» Mais qu'est-ce que c'est les pots cassés? La guerre d' Algérie? Peut-être... Dans tous les cas : « Ce sont nos pères qui l'ont faite cette guerre 1 Et nous, on se retrouve un peu comme les Ritals en 45. Moi, je ne sais pas très bien ce que "beur" veut dire, je le découvre chaque jour. On dit "beur" pour ne pas dire "arabe" ... quand tu dis "arabe" maintenant tu penses "bombe" ... Il faut se défendre. Je me défends moi aussi parce que je ne pensais III I-::::::::::::::~ _________________________________________________________ ~p_a_s~q~u_e_ _l_ a_ _v _i_e _c_ 'e_'w_·lt_~ç_a.~ Entre le flipper et la télé, entre Mandrake et Ivanhoé Quand j'étais petit, j'étais un petit garnement, un petit voyou, ou plutôt un freluquet, je pissais dans les escaliers. Et je rêvais. Je rêvais surtout devant la télé. Je m'habillais pour regarder la télé, je prenais un bain, je mettais un peignoir et bien coiffé, je regardais le Palmarès des chansons de Guy Lux ou Jacqueline Huet; c'était une grande speakerine Jacqueline Huet, c'était une femme qui représentait mes rêves, ma fascination pour les images, tous ces gens qui se mettaient à bouger, à exister. Et je pensais: "Si tu entres dans cette boîte les gens te verront. " La vie c'était ça pour moi, entrer dans les coulisses du rêve ; c'étaient pas les gens qui se tapent dessus, les difficultés, la bêtise. » Après plusieurs années de cabaret, « une bonne école », commente-t-il, le théâtre de Bouvard (qui l'a fait connaître) pendant une année et plusieurs films dont « le Grand Frère », « Femme de personne» et « Le bonheur a encore frappé », ce fut « la galère et la dèche ». Une tournée lui fait traverser toute la France et mûrir le one man show qui s'est définitivement structuré avec la rencontre de son coéquipier et musicien Thierry Martin et du metteur en scène JeanLouis Trottignon. « Moi qui un fond de méchanceté dans la voix de la personne qui a prononcé cette phrase, ça m'a fait mal. .. On jalouse la réussite. Et puis, moi je suis un déconneur. Je fais les' choses sérieusement mais je suis un paresseux notoire, confie-t-il, je suis devenu travailleur. Parce que ce métier t'ouvre les portes du rêve mais oit .•• . quel boulot 1 Je suis mainte- :i _____ •• ii nant dans les coulisses dont je rêvais, de ce métier ... traître. Oui, traître, parce que quand ne veux pas me prendre au ça marche, tu es sollicité, on sérieux. Quand je déconne vient te voir, les gens accou- dans la rue c'est plus comme rent vers toi... Et toi, tu ne avant. Les gens croient que je sais pas ce qui ('arrive, tu fais l'intéressant. Ce sont les penses qu'il y a trois mois tu gens qui font de vous une ~ étais dans la rue. Je me méfie. vedette ... J'aime pas trop les ~ J'ai peur parce que je ne sais idoles. ~ pas où je vais, où on Smaïn situe sa réussite ., m'emmène. Hier, j'étais dans dans le contexte de « l'éclo.~ un restau, quelqu'un a dit sion artistique provoquée par ! "tiens, v'là la star 1". J'ai senti l'éveil des minorités sous la Différences - n° 61 - Novembre 1986 gauche au pouvoir. Mon spectacle, je n'aurais pas pu le réaliser il y a dix ans. Aujourd'hui, les Beurs, les jeunes, on a une place à prendre. Smaïn admire Montand qu'il imite avec superbe au cours du spectacle dans une scène délirante de jeux de mots et de clins d'oeil au public. Et cela malgré les positions politiques que le· chanteuracteur a prises ces dernières années? «Oh, répond Smaïn d'un air entendu, \ \ Montand veut devenir \ 1 chef d'Etat 1 C'est son affaire, moi, mon parti, c'est le parti d'en rire ... Je ne prétends être représentatif de personne, ce serait de l'abus de pouvoir. Je voudrais seulement faire rire tout le monde sur la stupidité du monde. Je suis plus à gauche qu'à droite mais comme qui dirait, il n'y a pas de gauche sans la droite.» Etern~lle dialectique dans un métier à dilemme ... : «Si tu ne réussis pas, on te traite de ringard et si tu réussis tu deviens un frimeur. » On sent pourtant chez ce « cool» inquiet, une sorte de rage (de vivre) contenue : il appelle cela revanche, il lnsis te: «la revanche pas la vengeance ». Comme une volonté farouche de vaincre l'adversité, de réussir. Un projet, plus que tous les autres, le fait rêver: jouer Molière à la Comédie-Française. «Tu comprends, me confie-t-il dans un souffle saccadé et enjoué, je ne crois pas aux castes ni aux groupuscules, je crois en l'homme, en l'âme et en la bonne étoile. Il faut que petit à petit, nos initiatives de toutes sortes fassent de nous des gens reconnus. Alors, tu imagines, jouer Molière à la ComédieFrançaise, quand on s'appelle Smaïn, c'est comme un maire noir à Chicago ou à Los Angeles. Tu te rends compte, on dira: "L'Arabe, il joue les Fourberies de Scapin", c'est ça le cours fatal de l'histoire. » Malgré une apparence et des propos qui l'éloignent singulièrement du style rangé des « fils spirituels de Tapie », malgré l'apparent éclatement de ses projets, Smaïn est en fait un méticuleux, un type organisé qui a besoin de retomber sur ses pieds. Sa stratégie? Il la formule globalement ainsi: « Je me fiche de jouer quatre rôles de dealer maghrébin si le cinquième me permet d'obtenir un rôle riche et positif. Je veux justement jouer sur l'ambiguïté. En jouant l'Arabe "négatif' et l'Arabe "positif', je veux créer la surprise, l'accroche, la réflexion. » Dans les mois prochains, Smaïn va tourner deux films dont un avec Richard Bohringer et Pierre Arditi, il continuera à se produire au Tintamarre qui lui a renouvelé son contrat jusqu'à fin décembre étant donné le succès du spectacle, il poursuivra un travail de production de courts métrages qu'il a entamé il y a plusieurs années, enfin il commence à réfléchir au prochain one man show. Comme le suggérait Yves Mourousi, il y a quelques semaines sur TF1, reprenant une phrase du spectacle, Smaïn est un beur qui veut aussi l'argent du beur(re). Il nous reste à souhaiter que cette « beur star » puisse continuer à exprimer le talent - réel ou latent - que l'on découvre avec A star is beur. Que ses capacités ne soient pas confinées au rôle de « dealer de type maghrébin» ni au jeu de mots, splendide mais éphémère. Alors, à bientôt Smaïn, pour la conquête de la Grande Comédie ... française. 0 (1) 10, rue des Lombards. Tél. : 48.87.33.82. CHER/FA III o z • Le racisme, ça commence tôt. Parfois constitution de la nation française à les stéréotypes. continuent à circuler, même dans les manuels scolaires. De la l'histoire de la colonisation, malgré les efforts timides - des éditeurs. Manuels scolaires, quelle évité l'écueil de présenter de mamere l'élève « à faire face de manière responimage donnez-vous de l'é- cloisonnée la vie des hommes dans leur sable aux problèmes et défis de notre tranger? Question pri- milieu; celle-ci obéissant à un détermi- temps» (3). Là encore, noble promordiale car, comme nisme géographique et climatique beau- gramme; comment se traduit-il noir sur chacun sait, nos chers petits assureront coup trop accentué. Sont quasiment blanc? la continuation de notre civilisation qui, passées sous silence les influences exté- Le droit à l'éducation est inégalement ainsi que les autres, a pour objectif la rieures (colonisations, dépendances) abordé. Si certains traitent de l'analtransmission de son identité. dans la mise en valeur du milieu. Le phabétisme, du travail des enfants, Qui est l'étranger pour un enfant? terme inégalité est employé, mais sans d'autres l'effleurent ou l'ignorent carré- Comment le lui présente-t-on ? L'édu- précision quant à son contenu et ses ment. Les livres insistent différemment cation familiale, les médias, les gouver- causes. De même de la solidarité: on sur l'importance pour l'élève de nements et l'école contribuent tous au ne précise pas qui la met en oeuvre, avec prendre des initiatives dans son collège développement de cette image. En quels moyens et objectifs. et sa commune. La présentation de cette période où beaucoup s'inquiètent Tous ces silences ne permettent pas aux celle-ci amène à parler des différents de la résurgence d'ethnocentrismes et élèves de prendre conscience des inter- groupes ethniques qui la composent, du du racisme, livres et congrès se multi- dépendances et des nécessaires solida- droit à la différence, du respect des plient sur ce thème. Citons en particu- rités entre tous les pays. Certains ma- autres et de soi, de l'ouverture sur lier un colloque qui s'est réuni au début nuels n'échappent pas non plus à une d'autres cultures, de la solidarité avec de l'année à l'initiative du groupe hiérarchisation implicite des différents les plus défavorisés dans sa commune et consultatif du Comité français pour types d'adaptation choisis par l'homme. bien au-delà. Delagrave réussit remarl'Unicef avec pour sujet: « L'image de Hachette, par exemple, présente la quablement cette entreprise. Hatier se l'étranger vue par l'enfant ». (1) technique comme la meilleure alliée de montre également ouvert. Certains édi- Pour le dictionnaire français, l'étrang~r l'homme pour transformer son milieu te urs (Magnard, Nathan) ne jugent pas n'est pas seulement un individu;. il sans évoquer les méfaits provoqués par nécessaire de faire exister la population _ désigne aussi une communauté, une son utilisation abusive. immigrée dans la commune ou rabounation. Cette ambiguïté n'existe pas grissent la solidarité aux limites de dans d'autres langues qui utilisent deux, celle-ci. Signalons un essai intéressant parfois trois mots pour cerner cette L'empire sur la représentation des migrants dans notion. Comment nos enfants la perçoi- du non-dit les manuels de lecture du primaire, par vent-ils à travers leurs manuels sco- Iva Cintrat. (4) laires ? Des contradictions sont relevées chez Il ressort de ce survol que le principal Le livre est un miroir fidèle pour Colin. Le manuel présente le sous- reproche que l'on puisse adresser à ces refléter son époque mais aussi un outil développement comme le fruit d'une manuels relève du non-dit. Taire la pour forger l'évolution des mentalités. dépendance économique puis valorise réalité, la tronquer est un moyen de la On est heureusement loin des manuels comme moyen de développement, déformer, de la falsifier. xénophobes et racistes, mal cicatrisés l'appel aux sociétés et capitaux étran- L'enseignement de l'Histoire l'illustre des guerres et conflits qui ont jalonné gers. Ou bien présente la forte démo- clairement. Je viens de feuilleter les l'histoire de France. Il est cependant graphie et la faible densité de popula- deux livres d'histoire dont s'abreuvent L'ère des conquêtes européennes terminée, le manuel se tourne vers « La conquête de l'Empire colonial », réalisée en un chapitre. Brutalement l'élève découvre l'existence d'autres continents: Asie, Afrique, mais dans des rapports de dominants à dominés comme ils le demeurent encore entre pays riches et tiers monde. Le dernier chapitre tente une percée : « La France et le monde» en lançant en vrac rapports Est-Ouest, CEE, pays pauvres ... Le second livre, Documents et civilisation - ce dernier mot au singulier bien sûr -, brosse un tableau de la société française, du Moyen Age à 1944. A travers tous ces siècles survolés, le lecteur entrevoit l'Europe en toile de fond. Son horizon se borne là. L'Orient est évoqué pour ses soieries, sa verrerie, son canal de Suez... français; jamais en tant que tel. Là encore, on découvre les autres peuples à travers la colonisation. Aucune présentation, même succincte, de leur civilisation n'est esquissée. Un chapitre est consacré en revanche à la boxe: question de priorité ... Un chapitre aussi sur « le racisme et la répression nazie ». Bien sûr, tous les manuels de toutes origines condamnent ce fléau mais il s'agit du racisme des autres; il se situe toujours ailleurs et autrefois. Un héritage inconscient nécessaire de ne pas les oublier, car ils tion comme causes de sous-développe- mes filles au cours moyen. J'avoue être Indubitablement notre histoire a du mal nous rappellent que l'objectivité ment... arrivée atterrée à la dernière page. à sortir d'un certain enfermement dans n'existe pas dans ce domaine. D'autres éditeurs présentent des ou- Jusqu'à l'âge de onze ans, l'histoire du l'Hexagone. Il est nécessaire de dé- Prenons quelques exemples permet- vrages très ouverts sur I~ monde: monde se réduit pour les enfants fran- centrer celui-ci, de s'ouvrir bien plus tant de tâter le pouls de l'édition Magnard, Nathan et surtout -Hatier qui çais à celle de la France. Je regarde la largement qu'à la francophonie ou à scolaire récente. Le Courrier d'école et effectue deux remarquables synthèses carte de notre pays grossir au fil des l'euratlantisme mais au monde entier. tiers monde (2) passe en revue les sur l'adaptation et l'action de l'homme monarchies pour arriver à des titres En France comme ailleurs, les sténouveaux manuels de géographie et sur son milieu. Cet éditeur explique glorieux: « La France victorieuse, pre- réotypes grossiers ont été remplacés par éducation civique en classe de sixième, également le grand rôle de la techno- mière puissance d'Europe », « Jamais un ethnocentrisme plus ou moins subtil. publiés à la suite de la mise en place de logie dans la production de richesses roi n'eut plus de majesté et d'orgueil », Cet esprit de supériorité n'engendre pas diversité du vécu de chacun. On devrait d'ailleurs former les enseignants aux pratiques de mise en valeur des différentes cultures des élèves d'une même classe. Malgré tout le chemin restant à parcourir, il est remarquable de constater qu'en une génération, peut-être à cause des contacts qui se multiplient entre les différents points du globe, les enfants se libèrent rapidement du passé. Echanges économiques, culturels, politiques... Tout annonce un métissage biologique et culturel sans précédent historique (4).0 ELISABETH CHIKHA L'immigré vu par Saladin, dans un manuel de Delagrave. nouveaux programmes dont les objec- mais aussi ses coûts écologiques, hu- « Jamais la France ne fut aussi forte automatiquement le racisme mais le (1) Les Actes du colloque de l'Unicef. tifs sont louables: « Comprendre la mains et sociaux. dans le monde », sous le sceau du permet. (2) Supplément au numéro de mai-août 1986. multiplicité des réponses apportées par Il est regrettable que la plupart de ces Roi-Soleil bien sûr. Nouvelle apothéose L'héritage d'un peuple, quel qu'il soit, (3) Citation extraite des instructions officielles. l'homme aux défis de la nature et de livres laissent trop peu ou pas du tout la avec « Napoléon In victorieux de persiste longtemps, même inconscient (4) A signaler d'heureuses initiatives de la part l'histoire» et donner aux enfants « le parole aux habitants des différentes l'Europe» titre un chapitre ... Jusqu'à et souterrain. Certains pays comme la d'une petite association au nom prometteur, sentiment des so li d arite's qUl. l es ll' ent a, contrées. Cependant Magnard pr'es ente ce que la nation trop enflée éclate dans S ue'd e ont réussi à appliquer à Gmeigrmraet io(Gnsr oeut pseu rd 'lé'étucodlees) . eEt ndsee irgencahnetrsc,h peas resunrts leest ceux qui les ont précédés et à leurs d'intéressants récits de jeunes parlant les plaines de Russie. Durant ces l'école une politique multiculturelle travailleurs sociaux y oeuvrent pour une ouverture contemporains» (3). Les manuels ont- de leur vie et de leurs préoccupations siècles, les seuls contacts avec les étran- avec une réelle internationalisation du de l'école, une action auprès des enfants de ils suivi cette voie? Réponse variable d'avenir. gers apparaissent à l'occasion des cursus scolaire. Un peu partout en travailleurs migrants dans leur recherche d'iden· selon l'é d1· teur et le s'Uje t trai.t e'. Le s nouveaux manue1 s d' e'd u ca t'I on C1. - guerres: 1'1 s se b attent en ennemI.s ou E urope 1e s manue1 s sco 1a I. res ont subi tité, des échanges intercuIturels... Pour tous III renseignements, s'adresser à E. Perrin, 36, rue II!I . L:~~B~e~l~in~,~B~o~rd~a~s~e:t~H~a:c:h:e:t:te~:n~'o:n:t~p:a:s~~v~iq~u~e~o~n~t~p:o~u:r~m~i:s:si~o~n~d~'a~p~p~r~e~n:d:r~e~à __ ~~;a~I~li~é:s~d:e~la~F~r;a~n~c~e~. ____ Charles _______ ~d~e~s~r~é~v~is~io~n~s:,~te~n~t~a~n~t_d~e~s:'~0~u~v~r1~'r~à~la~_K~lé~be~r~,~6~31~O~O~C~I~er~m~o~n~t-~F~e~rr~a~nd~.~ ________ ~ III Différences - nU 61 - Novembre 1986 POUR MEMOIRE • RENCONTRE. Coretta King, la veuve du pasteur noir américain Martin Luther King, rencontre à Soweto Winnie Mande la , femme du leader de l'ANC emprisonné depuis 24 ans . Winnie avait exigé auparavant que Coretta King annule sa rencontre projetée avec Pieter Botha, chef de l'Etat raciste sud-africain (11 septembre). • ENFANTS EN PRISON. Un porte-parole du Bureau sud-africain d'information confirme que le régime de Pretoria a créé « cinq ou six camps de réhabilitation » pour enfants, afin de faire de ceux-ci des «citoyens utiles ». Environ 4 000 enfants auraient été emprisonnés depuis Le Premier ministre japonais, Yasuhito Nakasone, en a fait une bien bonne en déclarant devant son parti : « Depuis qu'il y a aux Etats-Unis des Noirs, des Porto-Ricains et des Mexicains, le niveau moyen des connaissances a beaucoup baissé.» Et, comme s'il craignait qu'on ne à bord d'une automobile (15 septembre). • RECONNAISSANCE. Yasser Arafat, chef de l'OLP, déclare dans une interview à un quotidien koweitien que « tout dirigeant israélien qui reconnaîtra les droits des Palestiniens sera le bienvenu pour une négociation » (15 septembre). • C'EST TOUT? Les « douze » de la Communauté européenne décident des sanctions économiques très limitées contre l'Afrique du Sud et refusent de frapper d'embargo le charbon qu'ils importent du pays de l'apartheid , lui accordant ainsi un nouveau sursis (16 septembre). • CARNAGE SUR LE TROTTo R. Une bombe explose sur le trottoir, rue LES PIEDS DANS LE PLAT toutes ses activités en Afrique du Sud pour protester contre la politique d'apartheid . La firme américaine prévoit en outre de revendre une partie de ses avoirs à des financiers noirs (17 septembre). • NEGATIVE ACTION. A Chicago, un jury composé de 7 Blancs et un Noir accorde 4,3 millions de dollars de dommages et intérêts à 13 agents de police blancs qui prétendaient qu'ils . avaient été mutés pour des raisons raciales après l'élection pour la première fois d'un maire noir à Chicago (18 septembre). • PERSISTANCE. Yitzhak Shamir, ministre israélien des Affaires étrangères, qui doit detions variées. Celle des racistes, bien sûr. Passons, les Français connaissent déjà les thèses de Jean-Marie Le Pen. Puis celle des minoritaires mis en cause, des antiracistes et des gens sensés, étant entendu qu'on peut être l'un ou l'autre, ou deux à la fois, ou les trois ... On l'ait pas bien compris, émit par exemple l'idée il expliquait deux jours plus tard aux journalistes japonais: «J'ai voulu dire que les Etats-Unis avaient fait de grandes choses, mais qu'il y en avait qu'ils n'avaient pu réaliser à cause des différentes ethnies. Les choses sont plus simples au Japon, parce que la société japonaise est racialement homogène. » Pour les Japonais, ce discours à usage interne n'est que l'expression d'une rhétorique qui dure depuis des siècles, selon laquelle le succès et la suprématie japonaise en Orient puis, aujourd'hui sur l'Occident, sont dus à l'homogénéité raciale du peuple japonais. Aux Etats-Unis, il y a eu des réacque le racisme et la ségrégation pouvaient faire que les minoritaires recevaient un enseignement de moins bonne qualité que les Blancs. D'autres avancèrent que la pureté raciale des Japonais n'avait pas empêché les Américains de leur foutre la râclée en 1945, ou encore que les Japonais avaient été bien contents de copier les techniques et les méthodes américaines dans un premier temps. D'autres enfin, en profitèrent pour accuser les Américains d'être les victimes de 1'« American way of life » et d'être devenus gras et feignants. Alors là, oui, on peut dire qu'il n'a pas perdu son temps le Nakasone ! ROBERT PAC le 12 juin, date de l'ins- de Rennes, dans le venir Premier ministre tauraton de l'état d'ur- sixième arrondissement après le 15 octobre, angence (12 septembre). de Paris, devant les ma- nonce qu'il va intensifier • FUSILLADE. A Manos- gasins Tati, faisant six la colonisation juive des que, deux jeunes gens, morts et 58 blessés, dont territoires occupés un Français et un Algé- 19 gr a v e s ( 1 7 se p- (20 septembre). rien sont grièvement tembre). • VISA. La Grande-Breblessés par balles alors • ENJOY WITH COCA tagne envisage de dequ'ils étaient assis sur un COLA. Coca Cola an- mander un visa sanguin comme très exposés au SIDA (20 septembre). • LOI-PROGRAMME. Après ceux de la Réunion et de la Guadeloupe, le conseil régional de la Martinique émet un avis défavorable à l'avantprojet de loi-programme pour les DOM élaboré par Bernard Pons (20 septembre). • BIDE. La manifestation organisée devant l'Opéra de Paris par le Front national «contre le terrorisme» réunit moins d'un millier de personnes, ce qui amène Le Pen à renoncer au défilé qu'il projetait. Les quelques policiers présents regardent ailleurs , bien que cette manifestation soit en fait interdite . On scande: « rétablissement de la peine de mort », « la France aux Français », «Le Pen président », «Harlem Désir au four » et on réclame en guise d'apothéose un «lâcher d'Arabes » . .. (22 septembre). • DISSIDENT EN ISRAEL. Wladimir Brodsky, un docteur juif Soviétique, fondateur d'un groupe pacifiste clandestin, arrive en Israël avec sa famille après sa libération d'un camp de travail (22 septembre). • ENCORE WALDHEIM. Le Congrès juif mondial annonce qu' il a découvert un stock de tracts antisémistes signés par Kurt Waldheim quand il était un officier de renseignements nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Un de ces tracts, destiné à être lancé derrière les lignes soviétiques pour persuader les soldats rouges de déserter, conclut: «C'en est assez de la guerre juive; tuons les juifs; déposez les armes. » Ces documents ont été trouvés aux Archives nationales des Etats-Unis, à Washington (23 septembre). • RAID ISRAELIEN. L'aviation israélienne effectue un raid sur le camp de réfugiés palestinien de Miyeh-Miyeh, au sudest de Saïda (chef-lieu du sud-Liban) (25 sep- Une série d'affiches intitulée « United Colours », qui vante les textiles Benetton, fait l'objet d'une demande du Bureau de vérification de la publicité (BVP) de retrait de l'une d'entre elles. Ces affiches représentent des jeunes de peau noire, blanche, jaune, rouge, vêtus des parures caractéristiques de leurs pays. Chaque affiche représente deux enfants, l'un deux tenant symboliquement une sphère terrestre dans ses mains. Sur l'une, c'est un jeune juif religieux qui tient le globe terrestre. Mais il est le seul dont le globe laisse dépasser un billet de 20 dollars. Un cliché avec un sérieux relent d'antisémitisme qui s'est attiré les foudres du BVP et les critiques cinglantes de l'hebdomadaire «Médias» (25 septembre). • SIGNE DES TEMPS? Le parquet de Lorient, se retranchant derrière le Code d'instruction générai de l'état civil, refuse à un père breton le droit de donner Djamila comme second prénom à sa fille nouvelle née (26 septembre). • TRAFIC. Deux policiers sont écroués et une avocate inculpée dans une affaire de trafic de cartes de séjours d'étrangers à Paris. Ils sont placés sous mandat de dépôt sous l'inculpation de «corruption passive de fonctionnaires publics » (26 septembre). • ARCHIVES. Le ministre de la Défense, M. André Giraud, annonce au « Club de la presse » d'Europe 1 son intention de remettre au service historique des armées les archives de l'Abwehr et de la Gestapo que les services secrets français détiennent depuis la fin de la dernière guerre mondiale (28 septembre) . • EXPULSION. Un serrurier de Belfort entreprend des démarches pour que les autorités reviennent sur l'expulsion de l'un de ses outembre). • AFFICHE ANTISEMITE. vriers algériens qui se trouvait en situation irbanc dans le centre ville, nonce sa décision de aux Africains originaires III l~p~a~r~d~e~s~t~ir~e:u~r:s~c~ir~c~u~la~n~t~~c:es~s:e:r~d~'i~ci~6~à~9~m::o~is~-d~e~p::a~y:s~c~0~n~s~i~d~é~r_é_s ____________________________________________ ~ 18 octobre: 101 Maliens sont embarqués manu militari dans un avion loué par MM. Pasqua et Pandraud. Le 23, le MRAP, soutenu par une vingtaine d'associations, réunit plusieurs milliers de personnes à la République pour protester contre cette expulsion et les nouvelles lois qui l'autorisent. régulière sur le territoire en liberté (29 septemfrançais, la préfecture bre). n'ayant pas renouvelé • EMBUSCADE DE LEGITIME son titre de séjour DEFENSE. Le juge d'ins- (28 septembre). truction de Nouméa • MEPRISE. Un jeune pos- rend une ordonnance de tier de Marseille, pied- non-lieu dans l'affaire noir, brun et frisé, est de la fusillade de passé à tabac par une Tiendane, près de patrouille de police. Hiengène, le 5 dé- « Tu diras que c'est les cembre 1984. Il trouve Arabes qui t'ont fait l'excuse de la « légitime ça» lui conseillent les défense» aux auteurs policiers. Il a porté caldoches de l'emplainte (28 septembre). buscade préméditée qui • FORMATION ADEQUATE. fit dix morts, dont deux par le mlmstre français de la Culture et de la Communication (29 septembre). • LE VERNIS CRAQUE. Aux journées parlementaires d'Epinal , les députés RPR n'ont pas caché longtemps le «naturel ». Au cours d'un mini-débat sur la famille, ils ont critiqué la mesure tendant à exempter de la vignetteauto les familles de plus de 5 enfants, parce que cela profitera surtout aux « Pijots » (entendez par là : aux immigrés !) (30 septembre). • LE PEN CHEZ LES GRECS. Jean-Marie Le Pen ar- Deux policiers greno- frères de Jean-Marie pour le référendum blois sont inculpés de Tjibaou. Ce déni de qu'aux purs Kanaks, coups et blessures sur la justice fait monter ! qu'il était métis et que rive à Athènes où doit se tenir une conférence réunissant les partis d'extrême-droite européens. Cette réunion devait avoir lieu à l'origine c à Salonique et s'étaler pendant 4 jours. Mais le gouvernement grec avait interdit cette manifestation. Elle se tiendra donc dans les bureaux du Parlement européen à Athènes, en dépit de la volonté du gouvernement d'annuler égaiement cette réunion (30 septembre). personne d'un ressortis- tension en Nouvelle-Ca- s'il croyait avoir fait sant algérien. Ils l'a- lédonie. Le Syndicat de oublier qu'il avait du • n LA FRANCE? Dans vaient cru en état d'é- la magistrature exprime sang japonais dans les deux lettres adressées briété alors qu'il était sa« stupéfaction» et veines, il se trompait! respectivement au Sénat pris ... d'une crise d'épi- «découvre... l'appari- Vraiment, on est fier et à la Chambre des lepsie. Leur formation tion d'un nouveau d'avoir des ministres représentants des Etatsde policier semble com- concept juridique: la lé- co m m e Ber n a rd Unis à Washington, le porter des lacunes. Mais gitime défense avec pré- Qu'est-ce qu'on se Pons! Car il a légi- MRAP félicite ces deux Robert Pandraud, mi- méditation et guet- marre au Figaro Ma- timé ainsi, de façon assemblées« d'avoir nistre délégué chargé de apens ». Le syndicat gazine ! On y lit que imparable, le vote des voté des sanctions signila Sécurité, estime « s'étonne vivement de Bernard Pons, mi- « caldoches» qui, ficatives à l'encontre du qu'elle est satisfaisante l'absence d.'appel immé- nistre des DOM- eux n'ont pas une régime raciste sud-afriet que la durée de la diat du parquet qui avait TOM, lors de son der- goutte de sang japo- cain », malgré l'opposiformation des gardiens pourtant retenu l'incul- nier voyage en Nou- nais dllns les veines. tion du président de la paix restera donc pation d'assassinat dans velle-Calédonie, afait Pas davantage de Reagan. 1 i mit é e à 6 moi s son réquisitoire définitif rire tout Nouméa, sang Kanak non plus « Le MRAP appelle le (25 septembre). (1" octobre). lorsqu'il a rappelé à d'ailleurs. Mais, au gouvernement français à • PEDALO. Le plagiste de • UNE NOIRE VAUT UNE Jean-Marie Tjibaou, fait, Bernard Pons a- prendre des mesures Vassivière, dans la BLANCHE. La soprano qui lui réitérait la re- t-il du sang 100 % semblables et à inter- Creuse, inculpé et noire américaine Bar- vendication des indé- français dans les venir instamment pour écroué depuis la noyade bara Hendricks est faite pendantistes de n'ac- veines? que la Communauté eud'un adolescent noir le commandeur de l'ordre corder le droit de vote ROBERT PAC ropéenne fasse de III ~8~a~0~û~t~d~e:rn~i~e:r~,:es~t~r~e~rn~i~s~~d:es;;A;r~t:s~e:t~d:es~L~e~t~tr~e:s __ ~::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::~~m::êm::e~):)~(5~oc~to~b~r~e~).~~ Différences - nU 61 - Novembre 1986 Photos: Bruno Hadji Vie quotidienne à Chinguetti. POUR UO 1 FAUT-IL UE LES VILLES MEURENT? Différences - n° 61 - Novembre 1986 ( e AU PAYS DES ( - - -1 ) 1 1 1 La Mauritanie est un pays / plutôt oublié par les médias CI') et l'actualité : ses modestes dimensions (1) et la faiblesse (conjoncturelle) des enjeux géo-politiques, malgré le conflit du Sahara occidental, expliquent peut-être en partie cet état de fait. Pourtant, de nombreuses singularités devraient guider notre attention vers ce petit Etat où un riche passé historique a forgé un paysage humain, ethnique, culturel et religieux fort complexe. Avec le Niger, le Mali et le Tchad, la Mauritanie appartient à une zone géographique qui a joué un rôle stratégique jusqu'à l'ère coloniale. Elle fut, en effet, le lieu privilégié des contacts entre l'Afrique méditerranéenne et l'Afrique tropicale ; les nombreuses routes transahariennes ont permis l'éclosion, sur plusieurs siècles, d'un puissant mouvement commercial entre les deux rivages du Sahara. D'où un métissage et une richesse ethnique plus accentués qu'ailleurs. On compte en République islamique de Mauritanie environ deux tiers d'Arabo-berbères (noirs et blancs) qui pratiquent l'élevage et le nomadisme et un tiers de noirs sédentaires (essentiellement Toucouleurs, Sarakollé, Ouolofs et Peulhs). La Tombouctou de la Mauritanie s'appelle Walata, à textrême est du pays, avant le vide saharien. On a découvert dans la région un site préhistorique grandiose, longeant une falaise de grès, qui aurait abrité selon les archéologues 300 000 personnes au temps du néolithique. Walata fut ensuite un « ksar » (village fortifié), une étape obligée sur la route des caravanes d'or, de sel et d'esclaves. Au XIe siècle, les étudiants de l'Afrique islamisée s'y retrouvaient et en firent un centre spirituel de grande renommée. Aujourd'hui, les touristes qui y passent - à la recherche de traces d'histoire ancienne - peuvent visiter les cours intérieures derrière les façades rouges des enceintes en' banco. Là, on découvre de mystérieux ••• Il dessins et des femmes-artistes qui fabriquent des maisons de poupée, des poupées « phalliques» et des mobiliers en miniature. Le marché regorge, quant à lui, de couturiers et de vendeuses de perles (verre, ambre, argent, pierre) que l'on achète - et marchande - à l'unité. Nouakchott, la capitale (qui a abrité le mois dernier le sommet des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) ressemble avec ses 150000 habitants à un conglomérat de villages de brousse (comme on dit en Afrique pour désigner la campagne). Mais çà et là, locaux diplomatiques et administratifs, résidences, villas, hôtels et nouvelles constructions se dégagent fièrement dans une prétention quelque peu « futuriste ». Un « centre» approximatif, un grand marché, deux artères qui finissent par se croiser distinguent la ville proprement dite de ses alentours: le sable des bidonvilles couvert de tentes. La Mauritanie souffre, comme ses voisins, de la pauvreté, de la sécheresse (la désertification y est galopante), du sous-développement devenu chronique. Le système colonial a découpé dans cette région des tracés géométriques sans tenir compte des spécificités culturelles et ethniques; en 1958, lorsque la Mauritanie accède officiellement à l'indépendance, les terres et les ressources n'ont pas été mises en valeur et les pays arabes (excepté la Tunisie et l'Algérie en 1962) hésitent à l'accepter au sein de la Ligue qui les réunit. Moktar Ould Daddah, l'un des leaders du parti de l'Union progressiste mauritanienne, créé en 1947 avec les faveurs de l'administration coloniale, devient président. Il fait donner un autre nom à sa formation (qui se transforme en Parti du Peuple mauritanien) et l'impose très vite comme parti unique. Depuis, plusieurs coups d'Etat ont secoué la vie politique et sociale mauritanienne qui semble depuis deux ou trois ans connaître une relative stabilité. Une contestation négro-africaine prête à ressurgir à chaque instant Pourtant, le clivage culturel entre Arabo-berbères et Noirs, d'une part, entre population de tradition pastorale et sédentaire, d'autre part, n'est pas dépassé. L'exode vers le sud provoqué par la sécheresse et le ralentissement de l'exploitation minière - qui a fait les beaux jours de la première décennie post coloniale - n'arrangent pas les choses. Des crises profondes ont dans le passé, de 1968 à 1971 notamment, provoqué la grève générale des ouvriers et la révolte des paysans et des lycéens. En juin 1973, pour exiger la libération de 100 détenus politiques, de grandes mobilisations populaires ont eu lieu qui ont obligé le pouvoir à les relâcher. En septembre dernier, on signalait l'appréhension par la police de plusieurs personnes, dont de nombreux noirs. On peut s'attendre à tout moment à ce que la contestation « négro-africaine» ressurgisse à la faveur des tensions entre communautés et des effets de la stagnation économique. Pourtant le régime de Sid Ahmed Ould Taya, arrivé au pouvoir en décembre 1984 a réussi à mettre en place des rapports de bon voisinage. Désengagé du conflit de Sahara occidental, la Mauritanie a adhéré à un traité qui la lie à la Tunisie et à l'Algérie, elle a également rétabli récemment des relations diplomatiques et commerciales avec le royaume alouite du Maroc. Une politique sage et réaliste pour un pays très fortement tributaire de ses VOlsms. CHER/FA DES VILLES PERDUES DANS LES C/I)

1 •

eX) 1 1 1 1 C/I) Avant de reprendre la route, il a fallu boire les trois thés préparés à la manière mauritanienne dans une minuscule théière: le premier fort comme la naissance, le second suave comme l'amour, le troisième fade comme la mort. Dehors, depuis des jours, le vent lance sans relâche sès colonnes d'attaque : minces et obstinées, les rigoles de sable dégringolent vers le sud, fondant de nouvelles dunes, prenant les palmiers à la tête, noyant toute vie sur leur trajectoire. Dans une des contrées les plus austères du grand Sahara, cette offensive de la mort lente est en train de mettre à genoux des villes plusieurs fois centenaires, et l'homme, tant de fois impassible devant la destruction perpétrée de ses propres mains, s'insurge contre la perdition inexorable de vieilles cités caravanières : Chinguetti, Walata, Tichit, et l'aînée de toutes, Ouadane, sont en train de se perdre dans le désert. La Mauritanie, cet Etat neuf où même les bureaux des ministères à Nouakchott croûlent sous le sable, a mis du temps à comprendre qu'il fallait à tout prix protéger son passé, qu'il se trouvait ici, à des centaines de kilomètres, en brousse. Jadis, ce pays aux contours fantomatiques dans le sirocco s'appelait Trab Chingitti, la contrée de Chinguetti. Il 1~(1~)~E:n:.:.vi:.:..ro:::n:.2:..::m:::i1:Ii:::on:s~d:...:'h::a::b::it:an::t:s ~p:ou:r....:u:n:.:.e..::s.:up:..:e::.rli:.::lc:.::iè::...d:::.:e::...::...l, .16:..:.9_0:...:0,.O..:,:k.:.:,m:.,."' ___A_ u..:io_ur_d_'h_u_i..:.., ce_t_t_e _v_ il_le_d_on_t_l_a_fo_n_d_a_t_io_n_r_e_m_o_nt_e_a_u...,J XIIIe siècle de l'ère chrétienne (an 660 de l'hégire musulmane) résiste avec peine aux conséquences de quinze années de sécheresse, de la guerre avec le Polisario qui lui valut d'être attaquée à plusieurs reprises dans les années soixante-dix, et de la décadence durable de la vie sahçuienne. Le monde s'était souvenu de ses ocres profonds, de son architecture délicate, de sa belle austérité lorsqu'une équipe de cinéma vint y tourner Fort Saganne. Deux ans après, le majestueux Poste Claudel, fortin militaire qui abrita cette superproduction après avoir été transformé en hôtel de luxe, est désespérément vide et le plafond de la chambre 31 est crevé. Périodiquement, ces villes légendaires, confinées dans un splendide isolement entre les oasis du Sud marocain et Tombouctou très loin à l'est, réveillent l'imagination occidentale (1). Une mosquée rénovée, des armoires métalliques pour la bibliothèque : du vent, les campagnes internationales ? maghrébin, et tenter de comprendre, malgré la faiblesse des traces écrites, comment les fondateurs de la dynastie almoravide y laissèrent leur empreinte et comment, durant des siècles, tout un continent gagné à la foi de Mahomet y convergea pour gagner le chemin de La Mecque. En 1981, le directeur général de l'Unesco, Amadou Mahtar M'Bow, lançait depuis la petite cour de la vénérable mosquée de Chinguetti une « campagne internationale pour la sauvegarde des vllles anciennes de Mauritanie ». L'omnipotent et très contesté haut fonctionnaire connaissait bien la région, puisqu'il enseigna jadis à Atar, l'ancien chef-lieu de l'Adrar dont l'actuel président de la république islamique de Mauritanie, Mawwiya Ould Taya, est d'ailleurs originaire. Et pourtant le constat qui revient lancinant dans ces villes du bout du monde est sévère: « Nous ne sommes pas aidés. » Certes, les chefs de famille de Ouadane ou Chinguetti reçoivent tous les deux mois environ la centaine de kilos de farine, de lait en poudre et de produits de base que l'aide alimentaire internationale prodigue en Mauritanie depuis les années sombres de la sécheresse; à Ouadane où la palmeraie se meurt et où le cheptel présente des silhouettes difformes dignes de l'imagination d'un Lovecraft, la boisson traditionnelle de bienvenue, le zrigh au lait de chamelle, est confectionnée avec de la poudre lactée en provenance des Pays-Bas. La dernière édition du controversé Paris-Dakar devait passer par Ouadane et Chinguetti, avant que la mort de Thierry Sabine ne vienne bouleverser ces plans. Trois mille ethnologues et historiens du monde entier transitent chaque année par les pistes revêches qui mènent aux quatre villes pour étudier ce haut lieu de l'islam africain et • •• Il 1 D~ijf.~e~r-en-c-e-s---n~Q~6~1~-~N~o-v-em~b-~~19~8~6~--------------------------------Charles:::...J ID ••• Mais si cette assistance permet de survivre, elle ne répond en rien au défi que doivent relever les cités historiques du désert pour ne pas succomber au désert: l'image de Ouadane, où femmes et enfants au corps marqué par la faim - les hommes sont pour la plupart partis sur la côte ou dans les mines - glissent silencieusement dans un cauchemar de maisons effondrées et de rues désertées le dit assez. «Ce que nous attendions de la campagne de l'Unesco, explique un notable de Chinguetti, sans aucune animosité, c'était de mobiliser certains moyens pour permetttre aux cités de garder leurs jeunes, de vivre par elles-mêmes. Or rien n'a été fait. » A Paris, au siège de l'organisation internationale tout vibrant des échos de la crise directionnelle et du boycott américano-britannique qui a porté un rude coup à la caisse, on affiche au contraire un optimisme de bon aloi: le rôle de l'Unesco, dit-on, vise seulement à sensibiliser la communauté internationale, les cités mauritaniennes continueront à faire l'objet de l'aide, et demeureront une de ses vingt-neuf campagnes pour «le patrimoine culturel de l'humanité ». Un vénérable coran « aux yeux jaunes », réputé infaillible dans la détection des faux témoignages Un expert, Jacques Hardouin, a récemment remis un long rapport sur les quatre villes, qui s'emploie surtout à recenser les problèmes et à évaluer le budget nécessaire à leur sauvetage : plus de vingt-huit millions de dollars américains. Au chapitre des réalisations, le texte constate surtout «la rénovation de la mosquée de Tichit, rendue possible grâce à un mécène »... Le préfet de Chinguetti, qui affirme ne pas être au courant de ce rapport, ne ménage donc pas ses critiques : «La campagne de l'Unesco, c'est du vent. Il y a eu des dons dans certains Etats qui sont venus permettre à certaines initiatives privées de se réaliser, comme la construction d'un collège ou l'équipement de la bibliothèque historique en armoires métalliques. Pour le reste, rien. » Cet universitaire de trente ans, d'origine popu1ar (on disait avant toucou1eur) comme beaucoup de fonctionnaires mauritaniens - les populations noires du Sud ont en effet été mieux scolarisées par le colonisateur que les tribus maures du Nord - s'est pris de passion pour l'Adrar. Tandis qu'il fignolait à ses heures perdues une maquette en pierre du minaret de la vieille mosquée, il a voulu porter sur la complexité de la société tribale du désert un regard attentif et non dénué d'humour : féru de politique française - il fut étudiant à Vincennes - , il ne craint pas ainsi de saluer en riant la cohabitation locale lorsque des représentants de deux grandes tribus rivales, les Ould Laghlal et les Id Ou Ali, s'assoient à la même table. Mais il retrouve son sérieux lorsqu'on lui demande s'il n'est pas illusoire de penser que la progression du désert pourra être freinée un jour: «Ce que je sais, c'est que Chinguetti aura disparu dans dix ans si nous ne déployons pas tous les efforts qui sont à notre portée. » Les susceptibilités tribales, les préventions de caste, voire les préjugés raciaux éprouvés par les Beidhane (littéralement, les Blancs, qui revendiquent fort leur ascendance arabe) à l'encontre des populations noires, ont récemment été dénoncés par le chef de l'Etat mauritanien comme les plus graves entraves à une vie sociale harmonieuse. Mais si dans les nouveaux quartiers de Nouakchott ces comportements idéologiques expriment surtout le désarroi de nomades poussés à une sédentarisation précaire et sans gloire, ils prennent dans les anciennes cités du désert toute leur résonance historique : «Toutes nos traditions ne parlent que d'affrontements entre tribus, de dettes de sang et de guerres de ville à ville, mais désormais, il faut faire face à la pauvreté et au sable. », remarque un enseignant de Chinguetti. La complexité du tissu social est en effet spectaculaire: à la quinzaine de tribus maures nomades ou sédentarisées s'ajoutent les immigrés (Bambaras venus du Mali ou Sarakilés arrivés du Sud), les Haratines (affranchis), les captifs noirs (l'esclavage a été officiellement aboli il y a quatre ans, mais il n'en demeure pas moins une réalité) et, grande rareté découverte sur la route d'Akjoujt à Atar, chez les Birakallas, des captifs blancs. Mais les querelles domestiques sont un luxe quand on a le ventre creux. Et la nature, qui fut autrefois plus clémente dans la région, s'est montrée implacable au cours des dernières décennies. Avec une constance qu'atteste une lointaine tradition, rapportée en 1955 par Raymond Mauny dans le Bulletin de l'Institut français de l'Afrique noire; celle-ci raconte que trois voyageurs arrivés de La Mecque voulurent un jour s'installer dans l'Adrar. Ils enterrèrent chacun une lettre sur le site de la future Atar, de la future Chinguetti et de la future Ouadane, et voulurent la reprendre un an après. A Atar, elle avait été emportée par la pluie; à Chinguetti, noyée par le sable, et à Ouadane elle était toujours là, un peu rongée seulement par les termites. Plusieurs siècles après on en est toujours là: Atar a été ravagée par les inondations en septembre 1984, Chinguetti s'enfonce sous les dunes et Ouadane elle-même, accrochée à son piton rocheux comme une vigie moribonde, se dépeuple. Pour lutter contre la marée de sable, on a conseillé aux habitants de l'oasis d'édifier des coupe-vent avec des branches de palmier ; mais il fallait pour cela dépouiller les arbres encore valides: autant essayer de remplir une outre percée ... n faut chercher de nouveaux puits ; des financements saoudiens sont venus permettre les forages. Mais le projet de fixation des dunes et désensablement patronné par la F AO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et la culture) paraît tellement perdu dans l'océan de sable que son avenir inspire les plus grandes réserves autochtones. Les techniques employées disent bien la disproportion entre l'immensité du danger et la petitesse des moyens humains : à la sortie de Chinguetti, des plaques d'argile sont posées en carrelage sur les flancs des dunes, sous la protection précaire des fameux talus renforcés par les clayonnages de palmes. Vingt-cinq cadres mauritaniens sont partis s'initier en Algérie à la technique de la lutte contre l'avancée du désert, phénomène qui atteint ici la vitesse record de cinq kilomètres par an. Entre Chinguetti et Ouadane, les dunes remuent tellement qu'il faut recommencer régulièrement le balisage de la Différences - n° 61 - Novembre 1986 piste déjà à peine discernable pour un non-initié. Sur cette distance de moins de cent kilomètres, on ne se risque pas sans la compagnie d'un guide surtout lorsque souffle le vent de sable. Le nom de Ouadane signifie les deux oueds: deux fleuves nourriciers, explique la tradition, baignaient cette cité, celui des dattes (tamar) et celui de la loi (din). Le fleuve de la prospérité économique est désormais tari, reste celui de la religion : dans un pays où il est de bon ton d'afficher une religiosité pratiquante, où de jeunes bidasses pris en auto-stop n'économisent pas leurs efforts à vous convertir à l'islam en un éclair, la redécouverte du passé prestigieux des anciennes cités musulmanes vient à point. Le rôle joué par les quatre villes mauritaniennes dans la diffusion de la foi musulmane a certainement été enjolivé a posteriori : on raconte que Chinguetti comptait à une époque jusqu'à onze mosquées, lorsque tous les pèlerins d'Afrique occidentale y convergeaient pour partir vers La Mecque, mais on doit en douter. Reste que la famille Habbott conserve plusieurs dizaines de manuscrits d'époque, dont un vénérable coran «aux yeux jaunes » , réputé infaillible dans le détection de faux témoignages. Et, à Ouadane, l'imam de la mosquée, Mustafa Ould Kitab détient encore trois cent vingt-cinq ouvrages, dont celui du marabout Talb Arnhed, qui décrit ••• ••• en détail le voyage de l'Adrar à La Mecque tel qu'il se déroulait en l'an 1255 de l'hégire. Plusieurs versions ont circulé sur l'histoire de la création des cités caravanières. Dominant la fatigue due à la chaleur l'imam de Ouadane nous a longuement exposé la sienne, en langue Hasaniya. Selon lui, la tribu des Id Ou el Hadj est arrivée ici du Maroc et a fondé la cité en 536 de l'hégire 0142 de l'ère chrétienne). Il y avait auparavant ici cinq petits villages bafour (terme désignant les habitants de la Mauritanie qui n'étaient pas musulmans) et une colonie de Portugais. Pendant 309 ans, les Id Ou el Hadj exercèrent sur la ville un contrôle sans partage. Mais, soixante-dix ans après la fondation de Ouadane, une querelle de famille entre Id Ou el Hadj et Id Ou Ali poussa ces derniers à aller créer une nouvelle cité, Abweir, ancêtre de Chinguetti. Puis les Kountas arrivèrent à Ouadane, et il y eut de nouveaux problèmes ... Traversant ères de prospérité et périodes de décadence, les quatre cités caravaiJ.ières se vouèrent à la perduration de la tradition islamique. Une longue qasida (poème épique en arabe) raconte encore aujourd'hui les premières heures de Chinguetti. C'est un des descendants de son fondateur, Mohammed Ghelli, qui nous l'a retranscrite sur une feuille volante, d'une écriture appliquée. Si le désert avance, il ne faut pas que la mémoire recule: ce dispositif de sauvegarde a été adopté par des communautés privées de leurs forces vives, où ne demeurent plus que des vieillards débonnaires, des enfants fragiles et des femmes qui ajoutent à leurs voiles multicolores le charme suranné d'ombrelles curieusement européennes. L'imam de Ouadane égrène son histoire, consulte de temps en temps de vieux grimoires, et fouille ses souvenirs. Et le temps s'arrête .. .D (1) Ouadane compte 600 habitants (873 au recensement de 1977); Chinguetti, 5 000 habitants (2 937 au recensement de 1977) ; Tichit, 1 500 habitants (1 310 au recensement de 1977) ; Walata, 900 habitants (1 053 au recensement de 1977). VITE, JE M'ABONNE A DIFFERENCES o 200 F (1 an) o 120 F (6 mois) o 240 F (soutien) Nom: Prénom: Adresse: Bulletin dûment rempli à retourner, accompagné d'un chèque, à : Différences, service abonnements 89, rue Oberkampf, 75011 Paris 1

( ( 1 e e 1 FILLE DU DESERT 1 , 1

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1 ) ) 1 Devant l'hésitation des pays arabes à la reconnaître comme Etat souverain et les prétentions du Maroc qui la considère comme partie intégrante de son territoire, la Mauritanie a du mal, dans les années 60, à se situer. Ce n'est qu'en 1969, grâce à la médiation de l'Algérie, que le Maroc y renonce lors du sommet islamique de Rabat. Mais il réussit, au moment où la « question du Sahara espagnol» est posée aux Nations unies, à intéresser la jeune République à partager ce territoire. Pendant que la « Djemaa» - assemblée locale au Sahara occidental - demande «l'appui de l'Espagne jusqu'au moment où les Sahraouis se considéreraient comme suffisamment préparés pour accéder à leur pleine indépendance» et que le Front Polisario 0), fondé en 1973, s'impose comme l'élément majeur de l'échiquier politique, la Mauritanie (alléchée par la stratégie marocaine) exige « la réintégration pacifique de la partie qui lui revient». Après une conférence tripartite par laquelle l'Espagne négocie les modalités de son retrait avec le Maroc et la Mauritanie, ces deux pays envoient leurs troupes occuper le territoire de ce qui est devenue la République arabe sahraouie ". démocratique (RASD) depuis février 1976. Le Front ~ I-: _ ~~P~o~li~sa~r~io~m~è~n~e~u~ne~s~é~rl~'e~d~'o~p~é~ra~t~io~n~s~m~il~it~al~'re~s~sp~ec~t~a~c~u-:J laires, il s'impose sur le terrain comme le représentant légitime du peuple sahraoui et la guerre prend une dimension internationale. Des comités de soutien à la cause sahraouie se créent en Espagne et un peu partout en Europe. Depuis, les troupes marocaines s'enlisent dans le sable du désert accentuant gravement les effets sociaux de l'effort de guerre. La Mauritanie, quant à elle, durement secouée du point de vue social et politique par cet engagement militaire inutile et vain, se retire du conflit après la chute du président Moktar Ould Daddah. Les troupes mauritaniennes quittent le territoire sahraoui de la RASD en juillet 1979 et un accord mauritano-libyen reconnaît « le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ». Depuis, malgré les résolutions des Nations unies et de l'Organisation de l'unité africaine, qui préconisent l'organisation d'un référendum au sein de la population sahraouie et sous les hospices d'observateurs internationaux, Hassan II fait cavalier seul. Cependant les Etats-Unis semblent sortir de la réserve qu'ils ont apparemment observée à l'égard de ce conflit et ils fournissent depuis quelques années armes et matériel antiguérilla. Le cuivre et le pétrole sahraouis mais aussi une «présence» négociée dans ce Maghreb réfractaire à l'installation de toute base militaire ne sont certainement pas absents de ce « revirement» à ciel ouvert. (1) Front populaire de libération de Saghiat El Hamra et du Rio de Oro. Différences - n° 61 - Novembre 1986 MED HONDO, CINEASTE MAURITANIEN Mauritanien d'origine Ahartani (esclaves affranchis), né d'un père noir et d'une mère maure, Med Hondo a émigré en France. Après trente-six métiers (cuisinier, garçon de café, transporteur aux Halles,J, puis comédien), il réalise plusieurs longs métrages. Soleil 0 en 1970, les Bicots-Nègres en 73 et West-Indies en 79. Après sept années de haute lutte sort ces jours-ci Sarraounia. « Avant d'être cinéaste, je suis immigré mauritanien. Parti de chez moi parce que le cinéma là-bas n'est pas du tout organisé. Je retourne au pays chaque fois que je le peux. Depuis 1978, nous sommes quatre à tenter d'y créer un circuit production/distribution.. . Beaucoup de gens font circuler des tracts disant que la Mauritanie ressemble à l'apartheid ... Ils parlent sans savoir. Pays convoité, en proie à des malheurs dus aux hommes et à la nature, la Mauritanie n'a été reconnue internationalement qu'en 1969. Malgré les volontés des différents présidents qui ont eu à diriger ce pays, il reste encore aujourd'hui au bord de l'inorganisation et de la défaillance. Pour moi: un peuple ne peut se sentir fier de sa propre existence que lorsqu'il respire et travaille en sachant un peu de quoi demain sera fait. » 0 Le film sortira le 19 novembre (une coproduction Burkina-Fassau/ France, via le CNC). L v R E s D'ICI ET D AILLEURS CNERE TANTE ZOo D'aucuns prétendront que je n'ai pas le droit de vous écrire (donc de vous utiliser) car nous ne nous connaissons pas. Comme s'il suffisait de connaître les gens pour avoir envie de leur écrire! D'autres diront encore, qu'après tout, vous n'êtes qu'un personnage de roman. Un personnage impalpable, qui plus est. Quelqu'un qui n'intervient jamais directement et ne sert que de faire-valoir. Un prétexte en quelque sorte dans la trame romanesque. Il est difficile de leur donner tout à fait tort. .. Oui, mais voilà, je viens de refermer la dernière page du livre de Charlie - pardon, du livre de Jean Vautrin ... - La Vie Ripolin. Drôle de titre pour un roman! J'ai toujours trouvé que Charlie exagérait. Un bien drôle de roman, aussi. Il couvre une période d'une cinquantaine d'années, comme ça, sans avoir l'air d'y toucher. Bref, une large fresque historique qui n'en serait pas une, et qui débuterait avant la Seconde Guerre mondiale, survolerait la guerre d'Algérie et se terminerait - si jamais elle s'achève - sur l'apothéose de Tchernobyl ou, avec un peu de chance, en 1990, lorsque Benjamin, l'enfant autistique, alors âgé de dix-sept ans, prononcera sa première phrase: « Qu'elle est con, cette chaussette. » Chère tante girafe, je ne sais pas ce que vous en pensez, ni si vous avez lu ce livre. Remarquez, avec le battage publicitaire qu'il y a eu autour de sa sortie, ça m'étonnerait que vous y ayez échappé !... Eh bien, je vais vous étonner mais, croyez-moi, il ne faut pas toujours dire du mal des médias. Non, ne mentent pas systématiquement et, pour vingt Stéphanie de Monaco qui poussent leur chansonnette, au grand désespoir des personnes saines de corps et d'esprit de ce pays, on y découvre, de temps à autres, une petite perle incandescente qui vous réchauffe doucement le bout des doigts - voire du coeur. Je laisse à d'autres le soin de disséquer le style de Jean Vautrin - pardon de Charlie. On y trouve, pêle-mêle, un vrai sens du rythme, des flash-back, de l'argot, des mots savants et d'autres qu'on ne trouve dans aucun dictionnaire et que, même le grand Robert a renoncé à expliquer, des envolées lyriques, des bouffées de violente colère et surtout de l'amour, beaucoup d'amour. En résumé: un grand livre. Charlie est-il le double de l'écrivain ou le contraire se vérifie-t-il également? Peu importe, après tout. Charlie est marié. Sa femme, ex-comédienne, s'appelle Victoire. Bien malgré lui, Charlie la trompe. Sa maîtresse, une certaine Justina Ostropowitch hante, nuit après nuit, ses rêves-cauchemars sucrés. Charlie et Victoire ont trois enfants. L'aîné s'appelle Antoine. Depuis six mois, il a quitté la maison pour s'en aller vivre avec Mimi Chamallow. Quant à Marie-Marie, inutile de vous la présenter, chère vieille tante, elle vous écrit si longuement. .. Marie-Marie (ou Marie-Mad, allez donc prétendre détenir la vérité dans cette histoire ripolinée), est une enfant précoce qui mange du chocolat à longueur de journées. Et enfin, le plus douloureux, le presque impossible à écrire, il y a Benjamin, enfant autistique. Petit garçon transparent, invisible à ses propres yeux qui, inlassablement pousse le cri qui tue, le « hi » redouté qui tue ou tuera sûrement Charlie un jour prochain, un jour ou soufflera « le grand Chinook du désespoir ». Chère tante Zo, je vous en supplie. Du fin fond de votre maison de retraite, il est des choses qu'il ne faut laisser pas échapper. Si vous ne l'avez pas fait, il faut que vous lisiez ce livre, vite. A quatre-vingt-six ans, il vous reste, peutêtre, juste assez de temps. On pourrait dire que c'est une question de vie ou de mort. Arrêtez tout ! Stop urgence ! Votre bien dévouée JOELLE TAVANO La Vie Ripolin, de Jean Vautrin, édition Mazarine. Jean Vautrin : intrépide et impalpable CNINAToWN. Le quartier de la porte de Choisy à Paris, dans le XIIIe, fascine les journalistes. A la recherche de sensationnel et parfois d'un exotisme de pacotille, ils ont, sans toujours imaginer les conséquences de leurs propos (nous ne parlons pas ici des racistes actifs) , présenté ce quartier comme une Chinatown à l'américaine: enclave culturelle, lieu mystérieux à l'abri des lois françaises, où fleuriraient la drogue, la prostitution et des trafics de tous ordres. Le livre présenté ici est la première étude scientifique sérieuse sur ce quartier et les communautés qui le composent. Scientifique d'abord par la qualité des auteurs, une sociologue et une géographe qui ont opposé aux impressions et aux stéréotypes des méthodes d'enquête rigoureuses. Ainsi, la progression des commerces chinois fait l'objet d'un comptage précis de M. Guillon et permet l'élaboration de cartes. Approche scientifique également par le souci de ne pas rester à la surface des choses. Par exemple, 1. Taboada a participé le plus possible aux activités collectives de la communauté chinoise et s'est entourée d'informateurs connaissant bien les langues et les ethnies en présence. On y apprend comment s'est faite l'implantation de la communauté chinoise (qui domine numériquement les différentes ethnies en provenance du sud-est asiatique) à la faveur conjointe de l'arrivée massive des réfugiés et du semi-échec de l'opération de rénovation du XIIIe arrondissement. Cependant, comparée aux « Chinatown » américaines, le quartier de la porte de Choisy reste pluri-ethnique. Si cette communauté atteint 20 % de la population, d'autres immigrés y vivent et surtout de nombreux Français, ce qui permet de relativiser l'appellation de « quartier ghetto ». En réalité, pour les auteurs, ce quartier constitue un territoire de ressourcement culturel pour l'ensemble de la communauté chinoise de France et une tête de pont du commerce chinois. Le quartier est à la fois une aire de première résidence, où sont accueillis les nouveaux arrivants et un lieu où l'on vient rechercher ses racines, grâce à la présence des ressources commerciales, mais aussi aux réseaux de sociabilité qui permettent de faire circuler des informations diverses. D'autre part, l'enquête montre que le XIIIe est en passe de devenir le véritable centre d'investissement européen du commerce chinois, reliant Paris à HongKong, Taiwan, Singapour, les EtatsUnis, nous rappelant que les Chinois de Paris font partie d'une diaspora et que les traditions commerciales y sont vivaces. Ce livre, premier d'une série de trois, Différences - n° 61 - Novembre 1986 Le XIIIe parisien disséqué sans mythes ni parti-pris folklorique. Dans le Triangle de Choisy, tout cohabite. ~ ~ sur les modes d'insertion des communautés immigrées dans trois quartiers de Paris, a en outre le mérite de nous montrer concrètement à quel point les problématiques du seuil de tolérance sont inopérantes. Le cas du triangle de Choisy est unique et il ne s'agit pas d'abord d'un phénomène numérique. Les relations avec la société française existent: les jeunes fréquentent les écoles du quartier (et y ont plutôt bonne réputation), parfois les universités et les emplois occupés par les adultes résidents ne se limitent pas au quartier. Bien que l'enquête sur ce point puisse être approfondie, on remarque que les Asiatiques ne font pas, malgré leur nombre, l'objet du même racisme que les Arabes dans d'autres quartiers où ils sont pourtant moins p.ombreux. Par le caractère minutieux et contrôlé des observations qui l'étayent, cette étude constitue un matériau de référence pour tous ceux qui voudront comparer la situation du XIIIe à d'autres espaces urbains en France ou dans le monde, ou procéder à des comparaisons historiques. Pour autant, ce livre n'est pas difficile à lire. Son style aisé lui permet d'être accessible à un grand public qui y apprendra ce qu'il est possible de savoir sur la communauté chinoise de Paris, il est accompagné de photos, de témoignages et Pour Nelson Mandela: un hommage au leader sud-africain emprisonné par le régime de l'apartheid. d'une liste des associations du quartier. Sans préjugé ni complaisance (on pense ici à l'emploi illégal en dehors de toutes normes) cette étude contribue à sa manière au dépassement des stéréotypes racistes . 0 MARYSE TRIPIER Le Triangle de Choisy : un quartier chinois à Paris, de Michelle Guillon et Isabelle Taboada Leonetti. Ed. Ciemi. L'Harmattan, Paris. l'OUR NELSON MANDELA. Un des usages les plus exécrables de l'université française est la publication de Mélanges pour ... Dès qu'une personnalité meurt, tous ceux qui l'ont connue, y compris ceux qui l'ont détestée toute sa vie, se précipitent pour sortir un petit texte en l'honneur du défunt, texte qui contient plus souvent leur propre panégérique que l'éloge du mort. Pour Nelson Mandela, est l'exact contraire de tout cela. Non seulement, faut-il le rappeler, Nelson Mandela n'est pas mort et continue de sa prison à témoigner contre l'apartheid, mais en plus, ce livre, dans la prestigieuse collection NRF de Gallimard, rassemble de vrais hommages, chacun à leur manière, que ce soit la réflexion de Jacques Derrida sur l'admiration portée à Nelson . Mandela ou le récit par Mustapha Tlili, de la vie de Horïa, vieille femme qui veut rester libre. I l Une initiative luxueuse et qui s'adresse à un public lettré habituellement peu enclin à se mobiliser contre la lointaine Afrique du Sud, un livre qui n'est pas sans rappeler la très belle exposition de peintres contre l'apartheid qui avait eu lieu il y a quelques années. Après tout, les intellectuels aussi ont le droit de savoir. 0 Pour Nelson Mandela, collectif de textes, notamment de Jacques Derrida, Nadine Gordimer, Jorge Amado, Hélène Cixous, Edmond Jabès, Mustapha Tlili, Kated Yacine, Maurice Blanchot, éditions Gallimard. LA DIVINE. Non, ce n'est pas Garbo ni Dietrich, la divine , c'est... sainte Thérèse de Lisieux. Et le livre ainsi titré, c'est le dernier ouvrage d'Annie Lauran, l'histoire non de sainte Thérèse, il y en a déjà eu des milliers, mais d'une petite fille , la narratrice, vendue par ses parents à une bonne famille sans progéniture de la ville d'Alençon, deuxième métropole du culte de sainte Thérèse après Lisieux, puisque la sainte y est née. La narratrice, mise à part de son monde d'adoption, séparée de sa vraie famille, va, au fil des ans et des préparatifs de l'annuelle fête votive de la sainte, s'approprier l'enfant Thérèse, imaginer son enfance parallèle à la sienne, la réécrire en lisant entre les lignes de l'hagiographie que la bonne tante lit aux ouvrières qui préparent les roses en papier. Roses qui, au jour de la fête, tomberont du ciel de l'église, puisque la sainte avait promis de faire pleuvoir des roses sur les croyants de ce monde. Fausses roses, fausse piété de la société bien-pensante, faux bonheur d'une enfant qui ne s'intègre pas à sa société d'adoption, la charge pourrait être lourde et pourrait tourner au récit d'une enfance névrosée, où la narratrice n'aurait plus que les cris de la fée pour répondre aux soupirs de la sainte. Mais ce serait un contresens. Ce qui fait l'exemplaire valeur, au sens chrétien, de ce texte, c'est l'amour qui se crée entre l'enfant, qui ne se sent pas assez sainte, et la sainte qu'elle devine enfant et proche d'elle. Et cette possession amoureuse, on le devine, vient pulvériser la fausse piété et l'idolâtrie. De la grande littérature, puisqu'on y parle d'amour, mais aussi une réflexion sur la sainteté à l'ère industrielle, qui peut être lue comme un écho à la récente béatification du père Chevrier par Jean Paul II lors de son passage en France. J.·M.O La Divine, Annie Lauran, éditions le Cercle d'or, 3, quai Rousseau-Méchin, 85100 Les Sables -d'Olonne. Tél. : 51.95.70.41 . LA DECOUVERTE DE L'AMER/QUE l est évident pour le journaliste, le conférencier, le «debater» que je suis, que le racisme aux Etats-Unis ne peut être complètement compris par les Français parce qu'ils ne connaissent pas suffisamment les structures politiques, économiques, financières et sociales de ce pays, ni leur rôle dans son histoire. C'est que le concept du « mythe américain » assaille les Français de partout, entretenu par upe incessante propagande répercutée dans notre pays par l'écrasante majorité des médias. Il est donc ainsi difficile à nos compatriotes de comprendre que le racisme est institutionnalisé aux EtatsUnis, « de jure» ou « de facto », dans tous les rouages de la société américaine, vie politique, économie, justice, prisons, lois sociales et jusque dans l'organisation du travail. Pourtant, cela commence à changer, et voici deux livres qui arrivent à point. On dirait que les Français mûrissent par rapport au grand frère américain: les cris d'amour ou de haine s'estompent alors que fleurissent les analyses plus profondes d'une société radicalement différente de la nôtre. « Ce n'est pas le racisme qui a engendré, puis fixé le cadre des relations interraciales ... En instituant le racisme parmi les masses laborieuses, la bourgeoisie (américaine) fixait au niveau institutionnel les limites de la ségrégation, se donnant ainsi une marge de manoeuvre nécessaire à la perpétuation du système. L'institutionnalisa~ion de la discrimination est la cause dll'infériorité socologique des Noirs ».. . et des membres des autres minorités ethniques. Jean Solbès, l'auteur d'un de ces deux livres, pose ainsi le véritable problème fondamental. Comme Henri Alleg, auteur du second, il a vécu au quotidien la réalité concrète du vécu américain. Tous deux, ils ont partagé la vie des travailleurs américains, chez des Blancs et des Noirs; ils ont connu les ruines du Bronx, les marbres du Capitole, les banlieues ouvrières, les fermetures d'usines, les «JR » du Texas, les Indiens des réserves et les Chicanos des mines de cuivre de l'Arizona. .. Ils ont rencontré également ceux qui constituent «l'autre Amérique », ceux de toutes couleurs qui veulent faire des Etats-Unis un grand pays véritablement démocratique, pacifique et fraternel, ceux qui sont l'espoir de l'Amérique. Ils ont vu l'expression des pires contradictions d'un système implacable : la violence, le sexe, le KKK, la misère, l'éducation, la religion, la ville, le travail, la famille, les syndicats, les partis politiques, les « lobbies» ... Leurs deux livres se complètent. On y trouve une somme d'informations inédites et évidemment déconcertantes pour le lecteur français habituel. Mais ils l'éclairent sur l'histoire du racisme aux Etats-Unis et sur la situation actuelle des Noirs, des Indiens, des Chicanos et des autres laissés-pourcompte du « rêve américain » sur lesquels s'est bâti la prospérité des financiers et des multinationales américaines. « L'une des caractéristiques de l'histoire américaine réside dans la capacité de la culture dominante à récupérer toute aspiration populaire afin de l'insérer dans le cadre du système.» (Jean Solbès.) Il en fut ainsi avec le mouvement noir dont le capitalisme et le nationalisme furent accommodés par le pouvoir, en sorte d'éloigner toute solution marxiste et dans le but de contribuer à la division des masses noires en favorisant le mythe de l'enrichissement d'une « bourgeoisie» noire. Sans oublier une répression implacable et meurtrière. Les auteurs analysent l'avenir du mouvement noir à la lumière des événements politiques des dernières années : la « rainbow coalition » de Jesse Jackson et l'engagement des Noirs aux côtés des peuples en lutte pour leur émancipation et dans la lutte contre l'apartheid. Les Indiens, qui se considèrent justement comme un peuple colonisé, refusent toute assimilation à la société blanche et combattent pour la reconnaissance de leur identité nationale et culturelle. « La révolution noire est beaucoup plus qu'une lutte pour les droits des Nègres. Elle oblige l'Amérique à affronter tous ses maux intimement liés: le racisme, la pauvreté, le militarisme, le matérialisme. Elle révèle des défauts qui ne sont pas superficiels mais organiques, et Différences - n° 61 - Novembre 1986 indique que le véritable problème à affronter est une reconstruction radicale de la société elle-même. » Ainsi s'exprimait déjà Martin Luther King en 1964. Enfin, ce n'est pas le moindre paradoxe de ces deux livres fascinants de montrer à l'évidence l'inspiration des gouvernants français actuels dont les mesures prises ou projetées en matière sociale, droit du travail, immigration, découlent en droit fil de celles déjà mises en vigueur aux Etats-Unis et qui n'ont servi qu'à enrichir davantage les BOURGEOIS BLUES N. icole Bernheim fut correspondante du Monde aux Etats-Unis pendant des années. Elle nous livre ici toute une somme de conversations et d'interviews avec des personnes représentatives de la communauté noire américaine, plus particulièrement de ce qu'on appelle la « bourgeoisie » noire,. au sujet de la situation actuelle et de l'avenir des Noirs. aux Etats-Unis. Cette « bourgeoisie» noire, qui sert à la fois à confronter le mythe de la réussite possible des Noirs et de tampon entre les Blancs et les Noirs. Mais cette classe moyenne noire, médecins, avocats, universitaires, mais surtout chefs d~ petite entreprise. et chefs de bureau, cols blancs, ne représente que 10 % de la communquté noire, «nepossède que 2 % du capnal du pays et ne fait que 3 % de son chiffre d'affaires» (les Noirs sont 12 % de la population). Et surtout, on demeure un Noir, même bourgeois, et les revenus de cette bourgeoisie sont très inférieurs à ceux de son homologue blanche. Les Blancs ne donnent pas leur clientèle à un avocat, un médecin ou un banquier noir. Les bourgeois noirs vivent dans des quartiers noirs bourgeois et «les Blancs ne sont pas prêts à inviter les membres de cette élite à partager leur vie familiale et sociale ». Aujourd'hui, sous le Réaganisme, « les Noirs sont plus NOÎrs que jamais , et ces « bourgeois » sont loin d'être assimiliés, blanchis, même si les Blancs feignent de le croire. Il sera intéressant d'observer leur comportement ·~ l'ayeni( •. face â cette poudrière potentielle que constitue la communauté noire. of:t.P: Voyage en Amérique noire, par Nicole Bernheim, éd . . plus riches et appauvrir davantage les plus pauvres, faire reculer les valeurs humaines, exacerber les conflits raciaux et conforter les thèses de l'extrême droite. On voit aussi que nombre de nos politiciens « branchés » ou de «penseurs» à la mode ont acquis leurs « idées» aux surplus américains. Ces deux livres sont complémentaires disais-je. On ne peut donc faire autrement que les acquérir tous les deux.O ROBERTPAC SOS America! par Henri Alleg Editions Messidor/Temps actuels, collection la Vérité vraie. Le Puzzle américain, par Jean Solbès Editions Messidor/Editions sociales, collection Monde. • Pour la troisième fois, un mois et refont le monde à la une des vous ont trait à l'histoire. Elles • LA MEMOIRE Le passé sauvegardé: Ouro Preto, petite ville du centre du Brésil, photographiée par Guilherme Liebenau en 1875. ~ Images du Brésil et du Mexique au XIX' siècle, du 6 au 25 novembre à la mairie du XVI'arrondissement. Le témoignage politique: les cadets de l'armée chilienne défilent à Santiago, devant l'objectif de M. Abbas, de l'agence Magnum. tout entier consacré à Paris à ces images qui font journaux. Celles que nous avons choisies pour en témoignent, la déforment ou la manipulent. • LA MODIFICATION Comment retoucher l'histoire: 1958, à l'époque du « grand bon en avant », Mao donne l'exemple avec Peng Chen, maire de Pékin. Après sa disgrâce, Peng Chen disparaît. Ces photos appartiennent au livre le Commissariat aux archives, d'Alain Jaubert, où l'on retrouve, disparus, retouchés, tous les grands de l'histoire: Roosevelt, Hitler, Staline. ~ Les photos quifalsijient l'histoire, du 30 octobre au 12 janvier au musée d'Art moderne de la Ville de Paris, Il, avenue du Président-Wilson, 75016 . • L'IMPOSTURE Payup Mr Gandhi Une banale photo d'immigrants indiens à l'aéroport de Londres, deux lettres de lecteurs anodines, sur le chômage en Angleterre et les visas obligatoires en Inde: mélangez bien et voici un beau placard raciste-sans-enavoir- l'air, paru dans The London Standard. •~ ~ Magnum et ses photographes en Amérique latine. ~ Le mois de la photo comportera plus de 90 expositions. Renseignements: Paris-Audiovisuel. (1) 43.59.41.78. mi l I-----------IL--------------------------.:----------------------r-D-iffi-é-re-nc-es---nQ-6-1---N-o-ve-m-b-re-1-98-6------------------___________ ..J 1 1 \ AGENDA 2 au 8, l'association Culture. et · Liberté, pour le développement culturel du monde du travail organise, en coopération avec une association allemande, un stage de réflexion pour des 18-25 ans, Français ou Allemands, surIe thème « Touche pas à mes potes ». Le but: réfléchir au passage d'une classe de travailleurs (étrangers) à un classe de population (étrangère). Le stage a lieu à Paris. Rens. au 42.09.33.39. 5 ' 6 et 7, exposition de matériels pédagogiques disponibles pour la formation des jeunes, Françaiset immigrés: outils, logiciels, etc. Organisé à Paris par l'ORAM, Observatoire régional des actions migrants, et le CLAP. Rens. au 45.75.89.53. 6 à 20 h 30, Simon Jurad, la nouvelle star du zouc, est à l'Olympia. 6 au 7 février, la Fondation Dapper pour les arts africains, organise au musée Dapper, 50. avenue Victor-Hugo à Paris, une exposition d'art« La voie des ancêtres », en hommage à Claude Lévi-Strauss. Exposition consacrée aux oeuvres d'art et objets africains dans l'Europe du XVIIe siècle. Rens. au 45 .00.01.50. 6 jusqu'au 5 jan~ier, « Beau comme un camIon », un parcours à travers l'univers des enfants du Ghana et du Congo, et des jouets qu'ils se fabriquent. Avec un atelier de fabrication de jouets, le mercredi et le samedi après-midi, au musée des Arts océaniens et africains. Rens. au 43.43.14.54. 8 à la Sorbonne, journée d'étude de l'association Histoire au présent, sur le thème : « Spécificité et occultation de l'histoire juive contemporaine ». Rens. au 42.05.86.14. 8 et 9, Cinémathèque française, salle Beaubourg, Jazz et cinéma, dans le cadre du Festival de jazz de Paris. Rens. au 42.78.35.57. s P E C TAC L E DANSE·THEATRE ' s SONGE. Créée à Avignon en 1986, la première mise en scène du cinéaste chilien Raoul Ruiz s'est attaquée à La vie est un songe, de Calderon. Parallèlement, un film tiré du même texte est présenté, mais sous forme de comédie. o La vie est un songe, la pièce : du 26 au 29 novembre à 20 h 45 ,. le fim : du 27 au 29 novembre à 18 h 30, au Théâtre de la Ville (48.87.54.42). MITOYENNETE. Ils s'appellent Laheu et Blason et ils habitent, l'un avec sa fille, l'autre avec son fils, dans deux maisons jumelles avec une terrasse commune. Le microcosme qui se crée entre ces voisins étroitement mitoyens semble tourner parfaitement rond jusqu'à ce que le monde extérieur vienne à leur tomber roidement dessus, provoquant la zizanie. Michel Vinaver a commis le texte de cette histoire qui pourrait paraître banale si elle n'était loufoque. Alain Françon et le Théâtre ouvert l'ont mise sur les planches. C'est jusqu'au 29 novembre à 21 heures, au Jardin d'Hiver (42.62.59.49) et ça s'appelle tout bêtement les Voisins. JEUNE HOMME. Le temps de l'illusoire, qui règne en maître sur la société moderne, met le narrateur dans une position embarrassante, «parce qu'il n'a plus à sa disposition, dit Botho Strauss, la situation élémentaire dans laquelle on raconte quelque chose à quelqu'un ». Pour demeurer cependant « l'historien sensible du quotidien », il lui reste à « utiliser à son profit ce à quoi l'a formé l'époque, l'exercice de saisir les choses au vol... Au lieu de raconter en une succession linéaire, de viser à la BON CRU. Le SIGMA de Bordeaux (du 8 au 22 novembre) peut vous donner, cette année, l'occasion de vous éclater ... entre la danse (avec Saburo Teshigawara, danse Butoh, ou la troupe de Bernardo Montet et Catherine Diverrès, qui présente Du baroque dans le désert), la musique (avec les Maximalist, ce groupe de Belges fous, ou bien l'équipe de Mike West brook) , ou encore le cinéma (avec la projection de Die Nacht de H. J . Syberberg, la Nuit du super-8 fantastique et même le palmarès des dix films les plus érotiques de l'histoire du cinéma .. . ). 0 Botho Strauss, un jeune homme face à l'illusoire totalité d'un déroulement, il ménagera PASSION ESPAGNOLE. Les comédes espaces à la diversité et saisira, au diennes du théâtre du Pavé vont faire lieu de la stratégie d'une histoire, les revivre la passion et les déchirements strates de l'instant ». qui éclatent entre la mère et les filles C'est pourquoi « l'histoire» du jeune dans la Maison de Bernarda Alba, de metteur en scène, dans le dernier F. G. Lorca. C'est par l'enterrement du roman de Botho Strauss, fait s'épa- père que commence cette pièce superbe nouir, comme en réponse aux jeux de qui évoque l'histoire de cinq soeurs miroirs sociaux de son oeuvre théâtrale, soumises à la tyrannie de leur mère qui, d'autres histoires où s'ouvrent encore, à sous prétexte de les préserver d'un la manière du conte romantique, de mariage qui serait indigne d'elles, les nouveaux récits d'initiation. Cette cloître dans cette maison érigée en 9 fin du Festival du cinéma forme de narration kaléidoscopique, véritable couvent. Mais les fantasmes méditerranéen à Montpellier. qui donne à voir à la fois l'incertitude et des filles viennent bousculer jusqu'au Trois axes cette année, une l'ouverture d'une société (alle- drame cette prison morale et physique rétrospective historique sur le mande ? .. . ), réitère cette profession de quand Augustias est demandée en macinéma italien, surtout centré sur les foi de Botho Strauss: «Ce sont la riage par l'un des plus beaux jeunes cinéastes qui ont évoqué la mafia et multiplicité et la différence qui offrent au hommes du village .. . 0 la camorra ; le point sur le cinéma vivant la meilleure protection contre le La Maison de Bernarda Alba, jusqu'au italien, avec un hommage à Scola et flétrissement et la mort. » 0 20 décembre à 20 h 30, au théâtre du l Il Gassman et un panorama du cinéma Le Jeune Homme, de Botho Strauss, Pavé, 12, rue Léonce-Castelbou, Toul méditerranéen (AIgérie,Egypte, éditions Gallimard. louse (61 .21.39.07). ,----------~~----~~--~------------------------------------------------------~ COLERE POLONAISE. A l'occasion du 6Yanniversaire du poète polonais Tadeusz Rozewicz, très peu joué en France, le théâtre du Guichet Montparnasse et la compagnie Poisson d'Avril présentent Un drôle de petit vieillard (adaptation de J .-Y. Erhel). L'oeuvre multiple de T. Rozewicz, qui comporte notamment une douzaine de pièces pleines d'ironie grinçante, se conçoit comme une protestation contre l'indifférence générale. Le « drôle» de petit vieillard de cette pièce, jouée et mise en scène par Michel Estier, témoigne à sa manière du désarroi dans lequel tout un peuple fut plongé à «l'époque révolue » (entendez l'ère stalinienne). L'affaire de moeurs qui conduit le vieil homme au tribunal est, en effet, pour lui l'occasion de régler ses comptes avec la société avant de prendre congé d'une humanité à laquelle il ne se sent plus vraiment appartenir : «J'attends la mort avec calme, parce qu'il y a trop de désordre sur notre terre, trop de voix discordantes et de vacarme dont je ne vois pas l'utilité ... » 0 Un drôle de petit vieillard, jusqu'au 22 novembre à 19 heures au théâtre du Guichet Montparnasse (43.27.88.61). COUPLES. Le fil. rouge qui relie les spectacles présentés cette année au théâtre Marie-Stuart emprunte les redoutables sentiers de l'amour et du dés amour du couple, jalonnés par Shakespeare, Shepard, Agustin Gomez- Arcos, mais aussi le... couple Strindberg-Ibsen, qui ouvre cette programmation. L'idée d'une juxtaposition de deux pièces de ces auteurs, Miss Julie et Maison de poupée, vient d'Ingmar Bergman lui-même, pour qui apparaît, dans le côtoiement de la Nora d'Ibsen, cette anarchiste qui réussit à s'échapper de son milieu social et de la Julie de Strindberg, cette « perdante» écrasée par son éducation, un contraste matérialisant deux facettes des «tensions qui se déclarent quand des hommes et des femmes sont ensemble ». o Nora, du 30 octobre au 20 décembre, à 20 h 15, et Julie à 22 heures, au théâtre Marie-Stuart (45.08.17.80) . BERNARD GOLF/ER Un drôle de petit veillard B LOC - NO T E s YVES THDRAVAL THEATRE A LA RENTREE, des tonnes de pièces, mais un spectacle en particulielô : près de deux mois (novembre-décembre) de Théâtre de foire que s'offre, pour ses 40 ans, la troupe Renaud-Barrault, un feu d'artifices de pièces et de sketches du théâtre italien de Paris de la fin du XVIIe siècle. L 'AMERIQUE LATINE toujours et partout. Les naïfs brésiliens, Brésil, Naifs, au nouvel espace d'expositions Art 4-Patrimoine du monde à la Défense (plus de 120 toiles) jusqu'au 29 décembre et à l'Art curial : Los Americanos, un excellent panorama des plus grands artistes de toute l'Amérique du Sud (Nicaragua compris), de Lam à Matta, de Penalba à Julio Le Parc, bref, 30 ans de production artistique dans le « cône sud» ou en exil (jusqu'au 22 novembre). Au CENTRE DE PARIS, il est une oasis de lecture ouverte à tous (consultation et prêt gratuits) : la bibliothèque Forney, dans le superbe hôtel de Sens (XVc siècle), tout entière consacrée aux techniques (mécanique, textiles, radio, menuiserie, photographie, etc.) et aux arts décoratifs. A côté de ses centaines de milliers d'ouvrages et de périodiques spécialisés, on peut y consulter, entre autres, 250 000 reproductions d'art et autant de cartes postales. Restons à Paris, mais partons avec les gens du voyage. A la BPI du Centre Pompidou, avec Etudes tsiganes, un colloque international public se tiendra (5 et 6 décembre) sur le thème: Tsiganes, identité, culture, évolution, illustré du 3 au 8 décembre de films, concerts et expositions « gypsies ». Bibliothèque Forney, Hôtel de Sens, 1, rue du Figuier, 75004 Paris. Tél. : 42.78.14.60. BPI. Tél. : 42.77.12.33. Etudes tsiganes, 2, rue d'Hautpoul, 75019 Paris. Compagnie Renaud-Barrault, théâtre du Rond-Point. Tél. : 42.56.60. 70. Art, Patrimoine du monde, esplanade de la Défense (4). Tél. : 47.96.25.49. Los Americanos, Artcurial, 9, avenue Matignon, 75008 Paris (ouvert du mardi au samedi de 10 h 30 à 19 heures) . Èspagne, etc.). Rens. au service culturel de la ville. 13 au 14 décembre, le centre · . dramatique de La Courneuve ... "".,,,." ... t ... I'Invasion çomique, un spl~ctacle de Christian Dente, monté ln,.rt'.r de deux nouvelles de Boule de suif et M.a:aelnOi~selle Fifi. Rens.au 13 à 21 heures, la maison de •.• • . •. 1'étranger de. Marseille présente un spectacle de musiques traditionnelles et rituelles du Brésil. 36 musiciens et danseurs en scène. Rens. au 91.95.90.15. 1· 4· dernière Hmite pou.r voir · l'exposition de Mehdi Kotbi, peintre calligraphe marocain, roi de la couleur et de l'arabesque, à la galerie Brigitte Schéhade, 44, rue des TourneHes à Paris. Rens. au 42.77 . .96.74. 14 au 23, la décade africaine, Aube terre d'Afrique. Dans presque toutes les villes du département, des concerts, avec notamment l'ensemble Koteba, Lamine Konte, le ballet Lemba, des expositions, des débats, des présentations d'artisans, des animations. Rens. au 25.80.56.37. 15 au 23, festival Conter à Bourges et à la ronde, grand rassemblement de conteurs de tous les pays, avec une nuit des Contes et des conteurs des pays dé France. Rens. au 48.24.33.25. 19 au Il janvier, exposition des peintures de Kabakov ~ peintre soviétique au Centre national des arts plastiques, sous l'égide du ministère de la Culture. Rens. au 45.63.90.55. 2.2· Colloque à Geunevilliers, à J'initiative de l'ATMF, Association des travailleurs marocains en France, sur le thème ~ La société française et l'irumîgration maghrébine, questions et perspectives culturelles», avec, p.otamment, Jaçques Berque. Rens. au 41 . .99.37.30. 25· . au 2 décembre, • . VIlle Festival des trois continents à Nantes, avec Un regard sur le cinéma nigérian et une rétrospective du cinéma coréen. Rens. au 40.89.74.14. 2 9 Troisièmei9ucnée contre Je · .•• racisme dê Beausoleil (06). Un débat, un buffet, et Un spectacle interculturel. M u s QUE s MAMBO. Dans les rues, ils font balancer les hanches des piétons adeptes du walk-man. A la maison, ils donnent des fourmis dans les jambes des invités. Le soir, au coucher, ils préparent aux rêves les plus tropicaux. Ils s'appellent Mambo, ils jouent des salsas, des merengues et même une biguine. 0 V.M. Mambo. Blue Si/ver M LA SO'F DE TOURE. Novembre, un mois où l'on commence à se blottir au fond des cafés pour commander un petit remontant afin d'affronter les grands froids hivernaux. Le garçon de café vous suggère les alcools habituels ; le beaujolais nouveau voùs glace l' anti~ conformisme, oh ! surprise! Vous commandez un verre d'Afrikoko ... Liqueur exotique, universelle, la première cuvée remonte à 1979, j'ai nommé: Touré Kunda! lis viennent de sortir de leur cave musicale un nouveau 33 T Touab-bi et nous offrent une tournée royale en France. Le point de départ de ces piliers de scène: le Zénith. Je me suis permis de coincer Ousmane afin de savoir si les Etats-Unis, ça valait une tournée. De ce fait, il m'en a remis une bien bonne ... DIFFERENCES: Votre succès lors de la tournée aux Etats-Unis n'a pas été audelà des espérances commerciales? Qu'en penses-tu? TOURE KUNDA: Peut-être que c'est ton avis. Il est vrai que c'est un peu difficile aux USA, dû aux nombreux musiciens qui essaient d'égayer les gens. On a fait trois villes américaines : Washington, New York, Indianapolis. Notre deuxième tournée a eu lieu dans quinze villes. joué 42 minutes, puis nous sommes partis, le public nous a ovationnés afin de continuer le show. Les organisateurs nous ont demandé de faire trois, quatre morceaux. Nous leur avons dit : « OK, à condition que vous nous payiez 1 000 dollars par morceau. » -- Touré Kunda n'est-il pas saturé par le succès? -- Tu sais, on ne se pose pas la question à propos de vedettariat. Nous n'avons pas la grosse tête. Encore que j'aurais voulu avoir une plus grosse tête pour y mettre davantage ... (rires). -- A voir une grosse tête n'a jamais été très esthétique à proprement parler ... - En fin de compte, ce sont les hommes politiques qui se montent la tête. Nous, nous sommes le griot en Afrique. Nous savons rester simples. Les alcools forts, ça me connaît et, mine de rien, on vient de se déboucher un bon cru d'actualité. Comme le veut l'usage, je me suis servi un fond de verre pour que vous en appréciez sa teneur: haut en couleur. Maintenant, je vous remplis le vôtre, goutez-moi ça au plus vite! Le Zénith du 18 au 22 novembre, c'est vraiment se payer un bon coup. En attendant la date de la dégustation, approvisionnez-vous du Toubab-bi et, pour bien tenir la route, ajoutez dans vos bacs Emma, Toro, Amadou Tilo, ParisZiguinchor, Casamance au claire de lune, j'en passe et des meilleures avec Natalia. 0 PHILIPPE MARSOLLIER Dates tournée française : 25 novembre au 18 décembre 1986. Clermont-Ferrand (25 nov.), Bordeaux (26), Toulouse (27), Marseille (28), Montpellier (29), Rouen (2 déc.), Strasbourg (3), Mulhouse (4), Nice (8), Toulon (9), Lyon (l0), Grenoble (11). Fawzi al A iedy Vendredi 21 novembre 20 h 30 7, RUE ORSEL 69600 OULLINS A l'un de nos concerts, les organisateurs nous ont imposé 45 minutes. Si nous dépassions le temps qui nous était imparti, nous devions payer 1 000 dol- 1~la~r~s__p ar _m_ l~·n~u~t~e_s~u7P_p_l_érn~e_n~ta~i;r~e_._O__n _a_ ________________________________________~ ::J III 1 Différences - n° 61 - Novembre 1986' 78.50.62.13 1 Insertion RIEN N'EST SIMPLE Une expérience menée à Grenoble dans un foyer d'accueil de réfugiés du sud-est asiatique montre que les difficultés d'intégration ne sont pas toujours réelles, mais parfois supposées. Il faudrait plutôt penser à l'insertion des travailleurs sociaux. Les rapports des réfugiés avec la société d'accueil ne vont généralement pas de soi. La confrontation au nouvel environnement peut accentuer, voire achever les destructurations tant affectives que socio-économiques que provoque l'exil. Toutefois les problèmes apparaissent d'autant plus inextricables qu'ils sont souvent l'invention ou subissent la déformation de regards trop normatifs. Ainsi, une enquête menée à Grenoble auprès d'un groupe de jeunes réfugiés du Sud-Est asiatique (1) a mis le doigt sur ce que leur quotidien peut comprendre comme signes d'insertion progressive et multiforme, volontaire et consciente ou non. En acceptant de réfléchir sur leur propre action en direction de ce groupe à partir de ces résultats, les organismes sociaux - commanditaires de l'enquête (2) - ont ~dmis la possibilité d'un portrait non déficitaire de ces Jeunes. C'est un gros progrès si l'on considère la force des a priori qui, au départ, permettaient aux travailleurs sociaux de représenter ce groupe comme « sans projet », « hors de tout processus d'insertion» ou encore « dans une perpétuelle fuite en avant ». D'autant que dans le même temps ces travailleurs sociaux estimaient mal connaître ces jeunes par manque d'échanges suffisants avec eux. Plusieurs choses ont manqué à ces professionnels. C'est ce qui les a conduit à produire d'emblée une représentation très stigmatisée de ce groupe. Manifestement leur logique d'action n'a pas suffisamment considéré deux aspects. D'abord que la société d'accueil peut être malléable au point de permettre une diversité de formes d'intégration. Et ensuite que ces jeunes sont porteurs d'innovation et de créativité susceptibles de favoriser leur positionnement social. Mais ces facultés échappent souvent aux valeurs normatives que cherchent à diffuser les institutions sociales en général. Beaucoup de comportement individuels ou collectifs de Tuan, Duc et de leurs amis surprennent et gênent les animateurs du foyer de jeunes travailleurs ou de l'antenne de la mission locale. Et parce qu'ils ne se fondent pas facilement aux rapports sociaux ou aux processus d'insertion proposés par ces institutions, ils apparaissent comme problématiques. Par exemple, pour le foyer, l'absence - apparente - de projet résidentiel chez les réfugiés asiatiques prolonge leur séjour et empêche de prévoir son issue. Or les responsables de cet équipement craignent que cette situation s'apparente à une élection de domicile qui irait à l'encontre d'une logique d'hébergement fondée sur un renouvellement assez rapide des résidents et le caractère temporaire de leur présence (25 ans est l'âge limite) . Des professionnels bousculés De leur côté les animateurs de la mission locale rencontrent des difficultés pour procéder avec ces mêmes jeunes à la définition de « Projets personnalisés d'insertion sociale et professionnelle » . Selon toute vraisemblance il y a un problème de communication liée à la langue, mais aussi - et surtout - à un mode différent de construction des échanges relationnels (3). Corrélativement on peut se rendre compte que la nonexpression de projets, d'attentes ... de la part de ces jeunes rend inféconde une approche de situations personnelles échafaudée à partir de desiderata individuels exprimés librement, tous azimuts. La déroute est parfois grande pour ces professionnels ainsi bousculés dans leur pratique. Dès lors, considérer ipso facto les jeunes de ce groupe comme des « individus à problèmes » évite de poser la question de sa propre réforme. Pourtant, ce n'est pas parce que leurs comportements ne sont pas en congruence avec un modèle d'insertion qu'ils ne contiennent pas par ailleurs des indices d'une« intégration» quelle qu'elle soit (4). Ceci étant, cela a valu le coup de jouer le jeu de cette hypothèse. En devenant ainsi curieux du quotidien de ces jeunes, les travailleurs sociaux se sont rendus compte comment ceux-ci pouvaient être les acteurs de leur propre intégration. Ngoc Hai a plus de chance que ses camarades asiatiques résidant comme lui au foyer. Ses frères aînés vivent dans la région grenobloise. Sur les quatre, deux sont mariés. Tous travaillent et vivent en appartement. Ngoc Hai est entouré et aidé. Ses frères vont lui permettre de quitter bientôt le foyer pour un logement à la ZUP de la Villeneuve. Ce sont eux qui ont favorisé ses embauches successives. A 24 ans, Ngoc Hai a des projets: il s'est inscrit à un stage de perfectionnement en français; il recherche des appuis dans la diaspora asiatique de Paris pour résoudre son problème de déclassement professionnel et reprendre alors son métier d'orfèvre; et il réfléchit à une éventuelle naturalisation, problématique à cause des obligations - notamment militaires - que cela implique. Pour tout cela la situation de Ngoc Hai paraît privilégiée. Néanmoins, aux yeux des travailleurs sociaux il ne se différencie pas des autres membres du groupe. Trop évasif sur son avenir proche il est aussi énigmatique qu'eux. La possibilité d'effectuer un stage professionnel ne l'a pas intéressé. Pire, selon l'animateur de la mission locale « avec lui, comme pour tous les autres, c'est ni oui, ni ~ non... c'est rien, Aucune ré- Bl que son chômage est réfléchi comme condition de son intégration. En effet, en perdant il y a quatre mois son poste d'OS, dans une entreprise de construction mécanique, réputée pour ses rapports sociaux les plus sommaires, Tuan a décidé de mettre un terme à l'intermédiaire. Son inquiétude face au chômage et corrélativement son désir d'un emploi plus stable, c'est-à-dire pour lui définitif et sans arnaques, l'ont incité à ne réembaucher que dans ces conditions. Il justifie cette position en revendiquant son droit au travail. Cette revendication parachève - pour le moment - l'insertion qui est en marche, au moins dans sa tête. C'est. l'expression peut-être naïve mais sincère de son envie de vivre ici et de mieux s'associer à ce qui l'entoure. Le rapport au travail n'est pas le seul domaine où s'exerce sa volonté d'intégration. Le récit de Tuan révèle mille autres indices : sa recherche· d'indépendance vis-à-vis du groupe d'appartenance, qui vire à la défiance lors de sa relation avec une résidente italienne du foyer ; ses efforts d'adoption de certains comportements et valeurs de la société d'accueil, de compré. hension de ce qui est différent, ou de valorisation de ce qui est commun ... y contribuent. Une pareille volonté se retrouve chez les frères Souriyavongsa, chez Duc Hoc et les autres. Toutefois elle parait trop dispersée pour apparaître clairement en termes de demande ou de projet comme l'aimeraient les institutions. ponse... Quelle accroche ..: peut-on avoir dans ces conditians? Avec leur côté exUn ni oui, ni non difficile à saisir Cette apparente superficialité a cependant ses raisons. Et là on ne peut être que frappé par l'extraordinaire sous-information de ces jeunes. Or, pansif les jeunes Maghrébins sont eux beaucoup plus faciles à saisir ». Mais s'est-on demandé si cette possibilité de stage était acceptable - sous cette forme - par Ngoc Hai ? Lui qui a une formation et un métier à faire valoir ne ressent-il pas à travers cette proposition tout le poids du déclassement professionnel qu'a entraîné son exil? Y aurait-il eu un tel mutisme si cette idée de stage avait clairement su valoriser ses capacités ? Tuan est plus isolé. Hors du Viêt-nam, il a juste un jeune frère qui vit dans une famille d'accueil dans la banlieue grenobloise. A l'écart de la vie communautaire du foyer - comme tous ses compatriotes - , au regret des animateurs, au chômage depuis plusieurs mois, maîtrisant malle français, Tuan est l'archétype de l'individu à problèmes pour les travailleurs sociaux. Et pourtant. Les moments passés avec lui ont révélé de nombreux signes d'une insertion en cours. Parfois infimes dans leur contenu, souvent fragiles et désordonnées, ces multiples manifestations témoignent d'une véritable volonté d'intégration à l'environnement social. Le choix de Tuan de rester au chômage, au lieu de retrouver un emploi temporaire comme ce fut son cas jusqu'alors a surpris. Une telle persistance a été interprétée comme le comportement d'une personne hors-circuit Or, quand Tuan commence à se livrer , on comprend alors Différences - n° 61 - Novembre 1986 comment leur permettre de mieux se positionner socialement s'ils restent dans l'ignorance des particularités de notre société, de ses normes, contraintes et surtout de ses possibilités ? Aussi dissemblables soient les volontés d'intégration de ces jeunes, elles n'ont pas besoin d'être vitalisées. En revanche, il leur manque l'information nécessaire pour une bonne concrétisation. Une information qui devrait leur permettre d'évaluer leur situation actuelle par rapport à leur nouvel environnement, et non plus, comme c'est fréquemment le cas, en fonction des systèmes de références de leur pays d'origine. Pour tous une certitude commune existe : le retour au pays est hors de question pour l'instant et pour longtemps, à moins d'un bouleversement politique aussi profond qu'inattendu. Chi Duc qui s'enferme désespérément dans l'hypothèse inverse est en train de sombrer moralement. Par conséquent, pour éviter de tel drame et de nourrir des illusions, il s'agit de leur proposer une information qui leur permette de se repérer et de s'autodéterminer dans la société d'accueil. . De l'information quotidienne ou terre à terre est certainement nécessaire. Une information concrète livrée à partir d'initiatives pragmatiques, d'observation et d'explication sur le terrain, avec chacun d'eux, à la demande. Cela •• • (suite p. 42) Il Jus primae noctis , LA VIRGINITE DANS TOUS SES ETATS Encore un de nos symboles qui se casse la figure: dans l'histoire ou dans le monde, on ne respecte pas tant les pures jeunes filles. En tout cas, vice ou vertu, la virginité a une histoire. Léger flottement, regards obliques, ricanements. Un Occidental est confronté aux bas-reliefs érotiques de l'hindouisme : un florilège d'orgies complexes, homosexuelles, bestiales. Au musée Guimet, les dieux du bouddhisme tantrique font l'amour en douce avec leur parèdre. A croire qu'ailleurs, dans l'espace et dans le temps, la sexualité est une fenêtre ouverte sur le sacré. Hors du monde judéochrétien, nombreuses sont les cultures ayant sacralisé l'acte sexuel. Le tantrisme, culte lié à l'hindouisme shivaïte, lui accorde une dimension cosmique. La complémentarité du Yin (principe féminin) et du Yang (principe masculin) du taoïsme, l'hermaphrodisme grec, sont autant d'expressions du caractère divin de l'union des sexes. Dans les cultures influencées par ces systèmes philosophiques, la virginité fait figure de handicap. La défloration devient alors sacrement, «première communion » où la chair et le sang, loin d'être sublimés dans le rite du pain et du vin, constituent l'initiation religieuse appelées à briser l'hymen: rois, seigneurs, mat~iarche~ ou tout individu étranger qui jamais n'épouserait la Jeune fIlle. Aux Philippines et en Nouvelle-Calédonie existaient des « perceurs », professionnels de la défloration, rémunérés pour leurs activités. Afin qu'aucune conception ne s'ensuive, ce rite était accompli avant la puberté, le « perceur » ne devant avoir aucune relation sexuelle avec la jeune fille ultérieurement. En contact constant avec le sang, marque de l'impureté et siège de puissances maléfiques, les même. perceurs étaient craints de la population. Ni vice ni vertu, la virginité tend aujourd'hui à se réduire à C'était au début de ce siècle sousd les tropiques mais cette d peur du sexe des femmes a existé e tout temps, partout, et un simple obstacle technique au premier acte sexuel es subsiste encore. Leiris, auteur, entre autres, de romans Occidentaux. Seules subsistent quelques places fortes de la , . d érotiques n'écrit-il pas: «J ai couramment tenmorale chrétienne assiégées par les moeurs postm us- dance à regarder l'organe féminin comme une chose sale ou trielles. L'oncle de Lady Di ne déclarait-il pas naguère à la une blessure, pas moins attirante en cela, mais dangereuse Presse que sa nièce était « garantie irréprochable » ? 1. , comme tout ce qui est sang ant, muqueux, contamine. » Au siècle dernier, la jeune fille hindoue «garantie Souillure sociale réelle chez les Hindous, le contact avec le irréprochable » avait perdu sa virginité sous les coups de sang virginal l'est ici au niveau du phantasme. Des boutoir d'un phallus de pierre, symbole du dieu Shiva. Sa phantasmes qui ne devaient guère gêner les marins famille aurait perdu l'honneur si elle était arrivée vierge au hollandais si souvent priés de déflorer les jeunes filles dans mariage. l'Inde méridionale du XVIIIe siècle. Ceux-ci feignaient Dans ce monde à l'envers, l'union sexuelle est la liturgie même de se laisser convaincre contre argent et tout le fondamentale. Une liturgie qui n'est pas sans comporter de monde était satisfait: les marins qui s'enrichissaient à danger lorsque la jeune fille est vierge. Car déflorer signifie transgresser leurs propres tabous (le rêve !), les maris répandre le sang, facteur d'impureté rituelle. C'est la épargnés du contact avec le sang. Opportune imbrication raison pour laquelle les prêtres sont appelés à déflorer les d'un tabou transgressé et d'un autre respecté. jeunes filles, prenant sur eux l'impureté du sang virginal. Certaines pratiques sexuelles sont associées à ces dépu- El Suivant les cultures, d'autres figures d'autorité sont celages initiatiques dissociés de la consommation du I12 janvier 2012 à 18:46 (UTC)12 janvier 2012 à 18:46 (UTC)~~----~----~----------------~i mariage; acte profane. Il n'était pas rare que les rajas hindous confient leur épouse aux prêtres - brahmanes, avant de partir en voyage. Il est de ces civilités qui nous échappent. Celle dite arkisme, qui consistait pour les garçons d'honneur du marié éthiopien à honorer à tour de rôle l'heureuse épouse peut sembler de l'orgie pure et simple. De fait, initiés dans leur jeune âge en même temps que le nouveau marié, les arkis détenaient un droit de participation sexuelle inaliénable à la noce. Tant il est vrai que ce lien entre amour et sensualité, cette religion du couple ne sont en fait que purs produits culturels de l'Occident contemporain. Dans d'autres civilisations la relation sexuelle est au coeur du sacré, même si le coeur n'y est pas. Des perceurs professionnels aux Philippines, les épouses des rajas confiées aux brahmanes en Inde ... « Il la donnait pour la reprendre aussitôt, et il la reprenait enrichie à ses yeux, comme un objet ordinaire qui aurait servi à un usage divin et se trouverait par là consacré. »Quoi de plus émoustillant pour le lecteur occidental d' Histoire d'O que ce lien exotique entre prostitution et sacré? Prostituées d'un jour ou permanentes du temple, les prostituées sacrées étaient entourées de ce même respect dû chez nous aux religieuses. A Bq.bylone, chaque femme devait une fois dans sa vie se prostituer dans le temple de la déesse Ishtar. Elle attendait sur les marches du teJl1ple celui qui lui jetterait la première pièce. Certaines, les moins jolies, patientaient des mois durant. Babylone la grande prostituée est connue entre toutes, mais la coutume valait aussi à Thèbes dans le temple d'Amon et à Corinthe dans celui de Vénus. En Inde, la retraite sexuelle des fillettes dans les temples où elles étaient initiées/déflorées par les prêtres a évolué vers une institution proche de celle des Geishas. Recrutées vers dix ans, elles se prostituaient aux prêtres en même temps qu'elles s'initiaient à la musique et à la danse, pour finir prostituées publiques à la fin de leur noviciat. Nul doute que le devoir d'initier les jeunes filles comportant d'incontestables plaisirs, celui-ci s'est transformé en droit de disposer d'elles en permanence. Il en va ainsi du droit de cuissage, survivance possible d'un devoir de défloration devenu prérogative, indicateur du prestige économique et social dans les sociétés patriarcales. « Tel est en effet le vouloir de Dieu: que vous vous absteniez de l'impudicité, que chacun de vous garde son corps dans la sainteté et non dans la passion du désir sensuel. » (Saint Paul dans son chapitre aux Thessaloniciens). En élevant la virginité au rang de valeur, les pères de l'Eglise ont contribué à en faire un bien négociable. Au même titre qu'aujourd'hui les vices réglementés du tabac et de l'alcool, l'Eglise et la royauté ont longtemps prélevé une taxe sur la virginité des femmes. Les évêques d'Amiens ont exigé jusqu'à la Révolution des sommes considérables des jeunes mariés désirant passer ensemble les trois nuits consécutives à leur mariage; une forme édulcorée d'un droit de cuissage d'abord exigé en nature. Ce droit de prélèvement sur le patrimoine-femme a la vie dure. Il se porte même remarquablement bien dans des milieux réputés à l'avant-garde du progrès social. En effet, quelle différence fondamentale existe-t-il entre Saint Louis se faisant livrer les vierges des villes de son royaume et ce jeune leader d'un parti d'extrême gauche qui, partant en tournée, reçoit d'un camarade bien intentionné une liste des militantes les plus sexy de France et de Navarre? (1). Aucune différence fondamentale à ceci près que le droit de préemption sur la virginité des femmes a été remplacé par un droit de prélèvement sur leur sexe. Un progrès pour le moins léger en sept siècles ! De fait si la pudibonderie d'un saint Paul ou d'un saint Jean Chrysostome est moribonde, ce qu'il est convenu d'appeler l'évolution des moeurs est loin d'avoir consacré l'égalité des sexes, sans parler de l'antique dimension sacrée de l'acte sexuel seulement ressuscitée par la pornographie. Les Bacchanales des temps modernes sont résuloment profanes et un tantinet phallos ! D PAULINE JACOB (1) Incident mentionné et critiqué dans Types, revue masculine éditée par l'ADAM (Association pour la disparition des archétypes masculins). Il 110T.S CRoi5ÉJ 2 3 4 5 6 7 2 3 4 5 6 7 8 8 .'..\ .~. .\ :. ~ .......... .. , .. . ~; ....... ......... , ....... . '::::::::::::::::::::::::::::::::·:·:~:f •.•...•...•. .•.•.•..•.. .•..•..•...•..•.. •..• ., . .~ 9 10 HORIZONTALEMENT: 1. Douleur aux membres. - 2. Se porte au doigt. Note de musique. - 3. Ont chaud. Oiseau rapace. - 4. Lieux de manifestations sportives. - 5. Préposition. Parfois mordante. - 6. Fleuve transalpin. Peuplait une partie de la Gaule. - 7. Pour un tiers. Le devant d'une feuille. - 8. Fournit de l'électricité. Refuse d'admettre. - 9. Dieu guerrier gaulois. Précèdent souvent les autres. - 10. A besoin d'eau. Petit lopin de terre. Lisière. 9 VERTICALEMENT: 1. Front populaire. - 2. Assem- 10 blée d'Etats. Loue un bateau. - 3. Précèdent souvent les autres. - Prénom masculin. - 4. Perçoivent un revenu. - 5. Sorte d'écriture. - 6. Article contracté. Friandise. - 7. Sot. Venu au monde. - 8. Travaillons. - 9. Gonflent après l'orage. D'un auxiliaire. - 10. Commune bretonne. Coup donné avec la main. 't .:..;....... ... -.- .r ' '..:...:...:..:...:...:.. .....••.. ;. .........•........ •••••••••••••••• ! .. ~! •• ~ e._ ',a A partir de la grille ci-dessous, il s'agit de reconstituer le nom de 28 préfectures. Chaque grbupe de lettres occupant une case, ne peut être utilisé qu'une seule fois. AC AN AN AR AR AS AU AU AUB BE JON LA LA LE LI LI LM LL LLE BL IV ON ON ON ONT ORT OY PR MEN CA MO OIS TR TR UL UL ULM RB MEL CA GR OB TO VE VAL VA UN RE MO CAR ES NT TA SSO SO SA RS RI MOU CE ES NS NNE NN NN NI NI NE NC CH ES ES ES EN DI DE CY CO CHA CH SOLUTIONS DES JEUX DU NUMERO PRECEDENT Mots croisés: Horizontalement: 1. Atlantique. - 2. Courues. Il. - 3. Amiral. -.4. Ré. Eglefin. - 5. Bée. Parc. - 6. Api . Uni. Ré. - 7. Tôlés. Siam. - 8. Ruade. Ode. - 9. Erne. VenIn. - 10. Nuas. Et. Verticalement: 1. Acariâtres. - 2. Tome. Pour. - 3. Lui. Bilan. - 4. Arrée. Eden. - 5. Nuageuse. - 6. Tell. Va ! - 7. Is. Epis. Es. - 8. Fa. Ion. - 9. Ui. Irradié. - 10. Elancement. Mots cassés: Les 20 fleuves côtiers à trouver sont: Adour, Aude, Aulne, Authie, Blavet, Bresle, Canche, Charente, Dives, Golo, Hérault, Loup, Odet, Orne, Rance, Somme, Taravo, Tech, Touques, Vilaine. ml _________ L-____________________________ ~ A Kauffmann et aux outragés du Liban Kauffmann, je t'écris trop librement d'un pays lointain qui est pourtant le tien ; d'un pays maintenant à plus de 500 jours de toi et de tes compagnons de détresse. De jours ici chargés de poussière de promesses et làbas - où vous êtes - de toujours plus lourdes « chicanes» d'exigences empilées ... Bon Dieu, on se croirait au temps des caravanes ensablées et des messageries sans boussoles. Encore personne pour arriver efficacement jusqu'à vous! Reste la jungle des télex et tes collègues grands-reporters qui poursuivent leur boulot. .. Et vos rarissimes voix que nous distillent au goutte-à-goutte vos sadiques bourreaux. Avec ce dernier « message» étouffant où vous nous dites que vous êtes à bout de force; que tout vacille en vous. Souvent je pense à toi Kauffmann parce que de la liste de vos noms «d'otages» courant sur les machines et de vos photos qui reviennent sous nos yeux, tu es le seul dont je connaisse le « poids» humain, la présence physique. Ça remonte à ... 15 ans. Tu revenais du Canada et nous parlions bouquins et voyages. Tu n'étais pas encore chargé de famille ; pas plus de cette «signature» qu'on voudrait tellement retrouver, Et, l'autre nuit, ça m'est revenu brusquement : si je suis devenu « journaleux », pigiste, c'est à cause - ou grâce - à toi. Griffonner me démangeait mais j'étais si timide ... Alors tu m'as branché sur un de tes amis (lequel, je sais, pense aujourd'hui à toi). Puis Joëlle est entrée dans ta vie. On se voyait alors de-ci de-là, au temps des ferveurs militantes. On ne se tapait pas sur le ventre, je n'étais pas de tes intimes. Un jour, je me souviens, tu m'as questionné - longuement sur mon pourquoi de fils d'ouvrier polonais catholique ayant fait l'expérience d'un kibboutz. Je me souviens dans le désordre. Ainsi du livre que tu as coécrit en 75 avec un de tes confrères: Juifs et Arabes en Palestine, avec un vrai souci d'honnêteté. Et cette sinistre dérision d'aujourd'hui où quelques fous se disant proches de ceux qui vous détiennent osent - au mépris de toute vérité - te traiter «d'espion sioniste » !. .. Je reviens d'une péniche qui tient bon sur la Seine*. Où des gens se relaient aux nouvelles ; où tes amis et ta Joëlle tiennent sans relâche le fil ombilical des téléphones parlant de toi et de tes compagnons de détention. Entre deux appels, Joëlle (là on voudrait pouvoir sourire) me rappelle qu'en reportage, en 1983, à Beyrouth, tu étais presque « tombé amoureux » d'Arafat

au point de revenir avec ses

godasses ... Mais c'était en 1983 et l'affolante planète-Liban s'est reconvulsée toujours plus. Je me souviens de tes anciens « papiers» au Matin et d'un couscous partagé près de ce journal ; de ta dégaine un peu dandy et de tes reparties ironiques (as-tu parfois quelques secondes de paix là où tu es ?). La dernière fois où j'ai cherché à te joindre, tu étais parti en reportage... En Nouvelle-Calédonie, pour l'Evénement du jeudi. Kauffmann, je n'ai que ces petites anecdotes personnelles à t'offrir contre ton angoisse de l'oubli . Mais le grand 0 du même atroce mot, je te jure qu'il ne vous encerclera pas. Au premier plan se battent tes proches, tes amis, et tes collègues d'aujourd'hui (hier, plus trop de nuits). Tous les jours le coeur d'une péniche fonctionne comme un QG d 'atte nte, d'infos, de questions sans cesse remises à jour. Je t'en prie ne laisse pas, en toi et en tes compagnons, s'installer de doute là-dessus et s'estomper l'espoir. Joëlle n'en finit pas de relever la tête; de chercher à percer le silence «des coulisses ». Avec Marie Seurat, Cantal-Dupart et les autres. Tes fils Grégoire et Alexandre ont de la vie plein les yeux ... A ton retour, je laisserai filer un peu de temps pour te revoir et te rendre un livre qui te revient de droit. Ce Louons maintenant les grands hommes du journaliste James Agee (tu t'en souviens, j'en suis certain) que tu m'avais donné un jour en me disant: «C'est un bouquin inoubliable. » Tu avais misé juste. Ce magnifique reportage parlant si fort des grands exploités, des pauvres d'Alabama dans les années 1936, je viens de le relire pour toi. Et je sais que le 22 mai 1985 en débarquant à Beyrouth tu n'avais d'autre but que d'approcher les réalités d'un Liban ravagé de conflits ; de témoigner avec un regard aussi humain et fraternellement percutant. Ce regard, peut-être même l'astu gardé face à ceux qui vous tiennent ; au détour d'un mot, d'un geste quotidien, d'une fatigue commune ou d'un verre d'eau tendu par une main décrispée .. . Ce détour qui s'appelle la vie - la vôtre, la leur - pardelà l'ignominie criminelle de vouloir encore vous réduire à n'être que des «pions» alors que l'échiquier se brouille. Kauffmann, je veux te rendre Louons maintenant les grands hommes en main propre ! D JEAN-JACQUES PIKON Paris (1) Péniche -Les amis de Jean-Paul Kauffmann (niveau Pont-Neuf). Tél. : 46.34.55.01. 1-----~I .LeS Petites Annonces de Différences Bégaiement: vous vous intéressez au problème du bégaiement. Découvrez ce qu'est réellement ce phénomène et le meilleur moyen possible de l'éliminer grâce à une approche toute nouvelle. Doc. contre 6 timbres à B. Wemague, BP 417, 14002 Caen cedex (n' 185). Vacances de Noël dans un gîte des monts de la Drôme. Tél. : 75.53.30.75 (n' 186). Aveyron, vacances à cheval avec Régine et Gilbert. 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Rens. gratuits contre enveloppe affranchie à : OCI, 123, rue de Royan, 16170 Saint-Yrieix (n' 191). Des ami(e)s par correspondance de France et du monde entier souhaitent faire votre connaissance. Doc. à Genet International. BP 222 09, 75423 Paris cedex 09 (n' 192). La Meuse à cheval. Tte l'année, séjours adultes, ados, enfants, stages form. prof. cont. : bourellerie, brevets FEF et ANTE, randos 1 à 7 j., équitations thérapeutique, tipis. «Mont-Cheval », 55160 Montvillers . Tél. : 29.87.37.63 (n' 193). ~~L~I 12 janvier 2012 à 18:46 (UTC)I12 janvier 2012 à 18:46 (UTC)12 janvier 2012 à 18:46 (UTC)~m Différences - n° 61 - Novembre 1986 • • • Suite de la p. 37 permettrait d'éviter déjà les écueils de la langue qui rendent peu efficaces les exposés oraux ou les systèmes de brochure. Cependant c'est une pratique qui requiert en plus d'une grande disponibilité, une capacité d'anticipation sur les besoins d'information des jeunes et de l'imagination. Mais au-delà il faut surtout une information non directive, c'est-à-dire qui n'implique pas un sens de lecture de l'environnement social et donc ses normes. En revanche, son ambition est d'amener le jeune à des positions de choix et de réinterprétation de ce qu'il connaît. Cette information qui n'aurait pas le coût d'un assistanat ronronnant doit être aussi la plus ouverte possible. Il s'agit de considérer toutes les demandes plus ou moins explicites et de pressentir les besoins, sans y porter de jugement. Ainsi, tous ceux qui cherchent à ce que les réfugiés aient vraiment demain la possibilité d'agir par eux-mêmes sur leur avenir doivent sans plus tarder favoriser un travail d'information de cette forme. C'est d'autant plus urgent que s'il existe une demande un peu formalisée chez ces jeunes, c'est bien à ce niveau qu'elle tend à poindre le plus nettement. Quand Tuan nous a déclaré qu'il aimerait avoir un correspondant français « pour mieux se connaître (lui) », il y a là une ellipse tout à fait éclairante du rôle à jouer par la société d'accueil. Le travail social censé assurer la survie de ces réfugiés doit prendre en compte cet appel de la manière la plus sérieuse, même au prix d'une recomposition de ses modes de faire. o PHILIPPE WARIN (1) Un groupe de treize garçons âgés de 18 à 25 ans, Originaires du Laos Cambodge ou du Viêt-nam, ils sont en France depuis au moins deux ans. Après leur accueil dans un centre du Comité dauphinois de secours aux réfugiés (durée de 3 à 6 moiS), ils ont été placés dans des familles d'accueil pour les plus jeunes ou dans des foyers de jeunes travailleurs. Le foyer visité constitue le lieu de rencontre privilégié de tous ces jeunes passés par le même centre d'accueil. Certains ont de la famille à Grenoble ou dans le reste de la France, d'autres des amis du pays d'origine, mais dans l'ensemble c'est l'exode qui a structuré les liens qui ossaturent aujourd'hui le groupe. (2) U s'agit de la mission locale pour l'insertion sociale et professionnelle des jeunes de Grenoble, d'un foyer de jeunes travailleurs de Grenoble. Ont été aussi associé au groupe de travail des représentants de la DDASS et du CDSR (Comité dauphinois de secours aux réfugiés). (3) Voir notamment l'article de Tanh intitulé Contribution à une recherche sur l'immigraJion asiatique en France paru dans le n' 61 de Migrants· FormaJion en juin 1985. Les recherches de E. T. Hall sur la proxémie comparée de différentes cultures peut aussi intéresser cet asJlect. (Edwart T . Hall. La dimension cachée. Points-Seuil). (4) Cette notion d'intégration est, comme on le sait, une expression générique à tiroirs, couramment utilisée pour désigner des réalités aussi éloignées que l'assimilation ou l'ethnocentrisme ouvert. LES PIEDS SENSIBLES c 'est l'affaire de SULLY Conf ort, élégance, qualité, des chaussures f,tites pour marcher 85 rue de Sèvres 5 rue du Louvre 53 bd de Strasbourg 81 rue St·Lazare Du 34 au 43 féminin, du 38 au 48 masculin, six largeurs CATALOGUE GRATUIT : SULL Y, 85 rue de Sèvres, Paris 6e 5 % sur présentation de cette annonce LOIFRAK Toute la bijouterie fantaisie 10, rue de Lancry - 75010 Paris FOND DE ROBE CHEMISE DE NUIT JUPONS, SLIPS, LINGERIE FEMME ET ENFANT ENSEMBLES ROBES DE CHAMBRE SOUTIENS GORGES ... 11 RUEBARODET-69004LYON Téléphone 16 (78) 29.83.60 2222733 Le reFUGe sporTS LEREPUGE 46, rue Saint-Placide 75006 Paris NON AU RACISME, NON AU TERRORISME! (Appel) Nous exprimons notre horreur et notre indignation devant les attentats meurtriers qui se multiplient en France. Aucune cause avouable ne peut justifier ces actes de terrorisme aveugle qui tuent et mutilent des innocents. Ils créent un climat lourd d'inquiétudes et de tensions, dont se nourrissent la xénophobie ,et le racisme. C'est ainsi que se manifestent dans une partie non négligeable de l'opinion de déplorables amalgames qui tendent à mettre en cause non pas les exécutants et les responsables du terrorisme, mais, dans leur entier , des entités « raciales » ou ethniques, nationales ou religieuses: Arabes, Libanais, Palestiniens, Arméniens, musulmans, etc. Nous voulons, dans la diversité de nos convictions et de nos appartenances, appeler chacun, en ces circonstances graves, à une réflexion sans a priori, à la défense des valeurs humaines et républicaines, au courage de maîtriser les passions nées de la peur. « Il convient d'extirper l'idée fausse qui consiste ( ... ) à associer le terrorisme et le monde ar abe », les attentats étant le fait de « groupuscules dont nul ne peut définir très exactement l'origine, ni les intérêts, ni ceux qui les manipulent ». Nous souhaitons que ce constat fait récemment à Alger par le Premier ministre inspire à Paris l 'action gouvernementale et le discours des responsables politiques, alors qu'il est si important d'éviter les dérives chauvines, racistes et fascisantes. Le terrorisme en France a des sources diverses. Il est notamment pratiqué par l'extrême-droite raciste. Au Proche-Orient, les injustices et les frustrations ressenties par des peuples dont les aspirations sont bafouées, alimentent les réactions haineuses et désespérées, que des forces mal connues détournent vers des opérations criminelles, préjudiciables aux intérêts de ces peuples eux-mêmes. Ce n'est pas en frappant d'arbitraire la population d'origine étrangère, en maltraitant des personnes pendant leur garde à vue, en expulsant des immigrés ou des réfugiés sur qui ne pèse aucune charge, que l'on mettra fin à l'intolérable menace des tueurs. Pas davantage en flattant des préjugés xénophobes, ni en incitant à la délation, ni en favorisant le repli sur soi, ce qui ne peut conduire qu'à l'abandon par les citoyens de leurs responsabilités dans la vie civique. De même, les représailles militaires, qui font elles aussi des victimes innocentes, loin de suspendre l'escalade des violences, ·lui donnent de nouveaux prétextes et risquent de dégénérer en de dangereux conflits internationaux ; les Etats qui encouragent le terrorisme clandestin et ceux qui le pratiquent eux-mêmes ouvertement sont également condamnables. Nous demandons que l'ensemble de ces données soient prises en compte par les pouvoirs publics pour mettre en oeuvre avec résolution, lucidité et réalisme tous les moyens propres à arrêter la montée des périls et obtenir en particulier la libération des otages détenus au Liban. Nous demandons que la France, en toute indépendance, agisse hardiment pour une paix juste au Proche-Orient assurant la pleine sécurité de tous, et soutienne les peuples opprimés en lutte pour la reconnaissance de leur identité et de leurs droits. ONT NOTAMMENT SIGNE CET APPEL: Universitaires et chercheurs: A. Barbara, T. Bekri, J. Berque; J.-P. Chagnollaud, J. Chaillou, M. Cornevin, P.A. Février, J.-P. Gachet, B. Genetet, A.-M. Goguel, J. Hiernaux, A. Jacquard, J. Jacquart, A. Jazouli, J.-P. Kahane, R. Kling, P. Krausz, E. Labrousse, O.-G. de Léon, J.-P. Liégeois, G. Lyon-Caen, P. Milliez, T. Monod, D. Monteux, A. Prenant, M. Robinson, J. Suret-Canale, J. et M. Tailleur, J. Thobie, S. Tomkiewicz, P. VidalNaquet, D. Widlocher, D. Zimmermann. Personnalités religieuses: B. Bary, R. Berland, A. Crespy, C. Delorme, G. Herbulot, P. Lacroix, M. Lelong, R. Mazenod, A. Micaleff, J. Pihan, J. Walter, A. Zebentoute. Elus nationaux: M. Adevah-Poeuf, F. Asensi, G. Bordu, A. Borel, R. Chambeiron, B. Deschamps, G. Ducolone, C. Goldet, M. Gremetz, F. Grenier, A. Lajoinie, J. Lavedrine, J. Le Garrec, R. Montdargent, J. Roux, R. Schwint, O. Stim. Elus locaux: J. Amen, R. Anderson, N. Aubert, R. Barbet, M.-C. Boucard, M. Bousquet, G. Carrez, M. Castel, M. Chapelain, A. Chrétienne, A. Croste, Y. Debord, P. Deyveaux, J. Durand, Mme Fouillade, J.-L. Fousseret, G. Frachebois, M. Frachon, M. Gabarrou, J. Garcin, M. Garrido-Horef, P. Goldberg, S. Kriwkoski, P. Kunstler, R. Lagorsse, J. Le Gars, R. Maffre, A. Magana, J.-P. Maillard-Salin, J.-C. Mairal, F. Marin, J.-P. Marquiset, G. Massacrier, J. Michel, G. Moureau, S. Paganelli, M. Pisani, G. Ravier, B. Raynaud, J. Reigney, A. Renard, F. Roulin, L. Tignères, A. Vagneron. Associations: F. Grémy, Ch. Palant, G. Pau-Langevin, A. Lévy (MRAP), Aka Mangopi (Crigta), A. Assouline (ACF-M), Z. Bentabed (Connaître l'Islam), P. Bercis (Droits socialistes de l'homme), M. Fenigstein, A.-A. Fliti (Association France-Algérie), D. Galvao (Association des originaires du Portugal), P. Grandprand (Unisat), J. Grunfeld (MRAP-Solidarité), L. Landini (FTP-MOI, Carmagnole-Liberté), P. Leclerc (UNEF), J.-P. Lucas (CEMEA), C. Lucibello (ARAC), J.-Y. Marchal (Association Foot-Volta), P. Mesnil (FSGT), R. Moustard (FSGT), R. Pastuglia (AEFTI), Y. Pras (Amicale des locataires de la cité Franc-Moisin, St-Denis), D. Rivière (Fédération des associations réunionnaises en métropole), Y. See (section française de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté), M. Sirat-Rachid (Centre cultuel et culturel islamique), G. Soulier (France terre d'asile), Ch. Steinman (UJRE), G. et S. de Wangen (France terre d'asile). Association islamique de Chelles, Comité départemental de défense contre l'alcoolisme du Val-d'Oise, Comité de liaison pour la promotion des migrants, Confédération syndicale des familles, Fédération nationale des infirmes et paralysés, Jeunesse arménienne de France, Jeunesse ouvrière chrétienne, Jeunesse ouvrière chrétienne féminine, La vie nouvelle, Peuples solidaires, Regroupement des travailleurs sénégalais en France, Solidarité franco-arménienne, 25 militants de Verts-Alternatifs de Seine-Saint-Denis. Syndicalistes: J.-M. Angelini (SNPES-FEN), J.-L. Auduc (SNES), Ph. Buresi (SNES), E. CamyPeyret, P. Cohen (Syndicat national des psychologues), A. Daum (SNES), A. Drubay (SNES), CI. Haméon (SNES), J. Mouraret (SNES), J.-C. Souchaud (FEN), Section Paris-lle-de-France du Syndicat national de l'enseignement technique agricole public (SNEPAP-FEN), A. Veronèse (CGT), M. Vuaillat (SNES), F. Walger (FEN-13), 19 militants syndicaux de l'Aérospatiale (La Courneuve). Ecrivains et éditeurs: R. Deforges, G. et J.-P. Enthoven, P. Giouse, A. Lauran, M. Lefranc, M. Leiris, C. Lepidis, C. et S. Mahlas, D. Noguez. Journalistes : G. et H. Alleg, H. Ben Yaiche, C. Bourdet, A. Hafidi, B. Langlois, S. Messaoudi, J.-M. Olle, P. Perez, P. Toulat, P. Winzelle. Différences - n° 61 - Novembre 1986 Spectacle: G. Abidine-Dino, G. Atlan, N. Basile-Martinelli, A. Benedetto, J. Bertin, J. Charpentier, L. Clerc, J. Daste, J. Ferrat, L. Ferré, S. Fion, E. Fraj, G. Gelas, E. Hirt, C. Le Terrier, M. Lévy, M. Lonsdale, S. Lorenzi, C. Magny, C. Nell, M. Piccoli, P. Pu aux, C. Sauvage, Y. Simon, F. Solleville, M. Sologne. Artistes-peintres : Abidine-Dino, B. Dufour, J. Dumesnil, Ch. et A. Marfing, E. Pignon-Ernest, G. Titus-' Carmel, M.-H. Vieira da Silva. Architectes et décorateurs: P. Chemetov, M. Dufour, Mme Favey, P.-H. Friquet, M. Potestad, J. Suret-Nora, B. Zehrfuss. Avocats et juristes: Ch. Bruschi, M. Jouet, G. Lyon-Caen, P. Martaguet, A. Miranda, J. Nordmann, M. Portehaut, R. Rappaport. Sportifs: J.-P. Chambellan, A. Quilis. Médecins: J. Blum, F. Guérin, J. Guidée, CI. et B. Senet. Animateurs, formateurs et travailleurs sociaux: A.-G. Beau, G. Daga, G. Garby, T. Jeancourt-Galignani, J.-P. Lamy, F. Levent, M. Mettendortt, S. Nebout. Etudiants: Ch. Kenzo, R. Nahon, 12 étudiants de Pau. Commerçants: M. Avanian, S. Bukivel, H. Coer, E. Fitoussi, M. Levy, Y. Loriette, C. MieheHeyman. Ingénieurs, cadres, techniciens: G. Alvergnat, G. Avanian, P. Bauby, T. Baalache, G. Chaise, A.-M. Dumas, M. Hoguin, A. Javalle, Y. Le Stir, M.-C. Lucas, Y. Lunot, CI. Perrin, M. Rosen, G. Sanchez. Enseignants: J. Albanel, M. Audin, G. Blachère, H. Boutros, Y. Cantaloube, M. Castet, Th. Celada- Pérandones, G. Chassin, J. Chesne, Ph. Cnudde, H. Daga, P.-M. Danquigny, D. Declercq, S. Defranoux, M. Depauly, S. Disle, M. Dubosc, D. Dujardin, H. Faure, G. Guillou, L. Hasson, P. Horovitz, D. Jouanel, D. Lavaud, R. Llopis, M. Magagnosc, J. Malleron, M. Masceocco, A. Membrado, M. Menard, J. Mouraret, J. Nicolas, J.-L. Paruszenski, A. Perrin, Ch. Petit, F. Poggi, G. Prade, M. Prevosto, C. Prud'homme, M. Robert, M. Schapira, X. Schapira, J. Segura, P. Vie, E. Walszak, 6 enseignants du CES Pasteur de Saint-Lô, 32 enseignants d'Issoire, et A. Courrier, inspecteur primaire d'Académie, 12 enseignants de Pau, 20 enseignants du CES de Chantilly. Autres: S. de Bollardière, S. Malleret-Jouinville, médaillée de la Résistance, E. Manac'h, ambassadeur de France, P. Teitgen, conseiller d'Etat honoraire, P. Tort, philosophe, J. Valery, officier, J.-Y. Veillard, conservateur de musée, D. Abrouche, B. Auclair, R. Baboulène, J.-M. Barbier, J. Beaucourt, Th. Beuve, A. et F. Bosch, M. Bréant, M. Caristan, A. Carré, C. Charleux, J. Clary, R. et C. Congard, A. Cosse, J. Creitz, M. Delafosse, F. Dreyfus, N. Ducrot-Granderye, F. Dumas, A. Durel, Eluard, L. et S. Glasmans, Ch. Grange, F. Grillo, B. Henry, Mme Hodiquet, J. Jousselin, D. Lacan, J.-J. Leclerc, P. Lecomte, CI. Leroquais, H. Lesueur, J. Magne, J. Messenie, E. Mogneclacy, G. Nativelle, B. Navail, 1. Nicolas, G. Pellet, Y. Picard, L. Perrodin, R. Perrot, Prochasson, F. Prunet, P. Ristori, CI. Ros~ignol, Ch. de Rougemont, O. Sackur, M. Souveton, J. Tabi, G. Tourat, Touzan, P. Trouche, Y. Varga, J. Zurfluh. Il ELLE FAMILIALE Ue-de-Franee qu'est-ce que la mutuelle familiale? Comme son nom l'indique, elle nt familiale. .."., conjoint. ses en/anIS, ses ascendants reconnus .10 charge au lil.e do. la Sécurité Socillle, recevront les prestations maladie, chirurgio!, hospitalisation, etc ... ainsi que les prises lm charge pour les soins dans les élllbliMemenl5 coownlionnés. C'esT une rnulU!ne interprole$Sionnelle qui li son !IÎ~ 10. rue Dieu. Paris 10". Avec la seule cotisation du chef de famille, TRA.V...A..I.L..LE..U _RS .S.. A..L...A...R. IES PRESTATIONS FAMILIALES Po."r une seule COfiIarior'l ......... d. 221 f nous CO&UOrII ..... ,..... a..,. UOIlF ,.,.. r ___ ....... .,,.,,,,... _ dwiwJIo ...... , Re~In" .. " du Itcket .... ,.. •• au tari l corlVInliOllll81 de la Sècumt Soc .... ou prise 11'1 CMrge vMMlle." """ dl _ .... de.olftll MelMNI de repoe pendant 30 Jou~ par an 20~ du Ulril de 1. SéCUrité Sociale Pour l'edh6rent et 1. tamil&. • chllrge hospltanMUon ,",dicale et chirurgicale Remboursement du Ticket Moc:hirateur el Gnllulté dana les HOpiUlU" de P.ri. (Aaslstal'lCe Publique, et cllnlq.ues convlnlionnées Pm/Ibe dtont~ 100" du ~ ...... 1 .111 • 1.1 SUu.ili .oeiale en plus des r~. Skurili toc_ "1 mucud" dans la nI! des Ir. engagts sur prtMroUIhoI'I dud6compte portanl la menlion prOlhàe et de la IaocIU~ du c~-dmhN. (If l'lOf! du dlMsl FO/WI ~UI"'" pnm. da _ . , Optique: seoF .,.".".., a.c., cOTNOi Ioul environ: 5740F Départ S.me. ,,/Nt.,. . , C~matJon: 5aoF F~" CUN . ,_, Forl~' dkIb: SIl ' Pro' .udltiVe: .. , Enf.m mon..,.: 410' Franc:hiH _ ............................ cot._ Conaultati()l'l$ Viaites Pharmacie Lunetterie Services . wu"ai ... --......- -.-.. Si la conjointe seule ... ~t muu,'IIlist .... elle Q\l'Jfe les droits au~ prestations pour elle· même et ~ "n!ilnt •. Ainsi donc, ulM! seule COIl5a tiQl'1, pOUr la couverlure d" TI5QI.le1I : remboursement selon l'option poor!es $Qi .. domtaires, $Oill$ mt\dicaux, SOÎIIS de spok ialistes. radio, la pro thèse dentaire, c hiturgi.e, hospitali""t ion, mo\decine, mate. nil~, maison de repos, les f,ais d'ar"lllly5eS, l'o.thopo!die. les luneUes et les frais pharmaceutiques. Déc": frais lur.éraires TRAVAILLEURS NON SALARIES PRESTATIONS FAMILIALES Pour une seule cotisetion mensuelle de 371 F nous COUlITOrlS toute 10 famille à charge (J43 F pour rll5SU.4 $Cial homme ou femme salIS :horgl' dl' /omi/k} Cft ranis Comper\tIl'nr robonrll'nwnf odrl'SSll â oomick POU' 11 l1Wrlbos de ~LQ Vie murualasl,,", .evue InI!t1SUelldOe b mufua/i/4, de geslion, d'ocna.t er de r4o/!solion, lldirn por la Coopoofrotiue d'Mlion de la V.M. R.mbourMfMnlln ...... du Ucket mocl6r11"" '1.1 Ulril corlVentlonnll dl la SécuriM Sociale ou pftM en dia,.,. ..... .,. plu. de 200 ...... ..... llllteon de repoe pendant 30 Joura PlI' an 20 ~ du ten! de la &Ku"" Soc .... Pral,... dM/on 100 " " ______ Ill' .. Skwid.oc:Wt ft! pIu5 Ides rembourMmml' S6curd iOI:_ at mut .... d.JW 110 lonwIe des Irail ar99h "" préHrullllOO du d6c:ompte poo1anr 110 mention prothèI el do! 110 Iaocrure du Ct.n.gicn-dmll". 'at non du devilJ Fort." fIOIpt,..., P~de~ .. , OP'tque .. , M'fI4If1I . • , Dk:IùCC)mOlfoQ/~ron_ S7", c»,.n S.rva IoIr/r l' ." ; 400' C,.",.,,,,,, SaD' Fot/al' cure: 1"" Forl. rt dklb .. , Pro'ht,. .uditive; SOO, EnI.", mott-nf . , F,.nchiM ............ pO .... In ..a..In ..... ft ..... _. Conaulta.llons Villt .. ,..,.,... .....". 5arIlces _1,Ilt1ll.ir • . ._._--------------------------------------------------------------- PllUI10UI __ lm ItflVO...,- c. bu/,.In • la MUTUELLE FAMILIALE, 10, rue etau 75010 PARIS PllUI TOIIIIEI_EIlEllTI .... voyer c. bulletin' la MUTUELLE FAMILIALE, 10, rue Dieu 75010 PARIS NOM -""" ....

Notes

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