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Sommaire du numéro
n°55 de avril 1986
- Pensione Italia (contrôle des frontières en Italie) par F. Giudice
- Famille, je vous déplace (lutte contre le racisme) par J.M. Ollé
- Pas de racisme, de l'indépendance (Kanaky) propos de J.M. Tjibaou
- Dossier; Le Caire par V. Mortaigne
- Attention; chant unique (chanteuse turque, Esin Afsar) par J. Montarlot
- Les tubes à vot' bon cœur (chanson humaniste) par J.J. Pikon
- Sexiste Mahomet? Par M. Hubert
- Un Mozart des îles (chevalier de Saint-Georges) par C. Jallet
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Le magazine de l'amitié entre les peuples r DOSSIER: LE CAIRE 1 1 ·!I a de • vie DIFFERENCES, ÇA SE LIT, ÇA SE RELIE! !lus n'en pouvez plus : depuis près de cinq ans que vous collectionnez Différences, il yen a partout, sur toutes les étagères, dans des tiroirs, aux quatre coins de votre appartement. Et puis, bien sûr, quand vous avez besoin d'un article, d'un renseignement, d'une référence, ils se trouvent toujours dans le numéro que vous n'arrivez pas à retrouver. Elle n'est pas facile, la vie du collectionneur! Rassurez-vous, ces temps-là sont terminés. Désormais, vous pourrez archiver vos Différences dans de somptueuses reliures, et les classer par année. N'HESITEZ PAS, offrez-vous un demi-mètre de Différences, classés dans leurs reliures, à l'abri des gribouillages du petit dernier. JE COMMANDE ... RELIURES DE DIFFERENCES, au prix de : 79 F l'une, port inclus 138 F les deux 177 F les trois SOIT UN CHEQUE DE F. A renvoyer à Différences, service abonnements, 89, rue Oberkampf, 75011 Paris, tél.: (1) 48.06.88.33. S'il vous manque des anciens numéros, téléphoneznous, vous saurez ceux qui sont encore disponibles. ~eliure en balacron gris, Différences, imprimé Jaune sur la couverture et au dos, emplacement au dos pour numérotation des reliures, format total 220 mm x 290 mm x 40 mm. 12 numéros par reliure. DITOR/AL CINQ ANS Cinq ans, ce n'est pas rien, nom d'un petit bonhomme. C'est même l'âge où on commence à être un grand. Finis les vagissements, on entre dans le sérieux de lajeunesse. C'est que nous somm.es nés le 10 avril 1981 , et personne ne savait alors, pas même les renseIgnements généraux, qu'il y aurait aussi un 10 mai cette anne,e -là ... ' En flus, on a de la chance, le cinq est à la mode: les cinq doigts de la Amam de Fatma, ou de celle de SOS, la cinquième chaîne. Il paraît meme, selon Tahar ben Jelloun, que c'est un chiffre de chance, chez les Arabes. Cinq ans, cinquante-cinq numéros, c'est un événement dont on va P?rler. Ne serait-ce que pour s'étonner, et se réjouir, d'être encore en VIe, quand tant de titres de la presse d'idées ont du mal à passer la cinquième parution. On-a-gagné, comme on chantait naguère ou même jadis, à la Bastille ? On est les plus forts ? Pas tout à fait ': on vit, mais on pourrait vivre mieux, avec un peu plus d'abonnements. Sans cynisme aucun, en ces tristes temps, vous avez sans doute des amis qui voudront faire quelque chose : ils sont bienvenus ! Ce numéro à cinq bougies est plus que jamais le vôtre, ce qui n'est que justice, c'est vous qui nous faites vivre et nous battre. Vous trouverez à la fin de ces pages une grande plongée introspective dans le lec- 'D1'fle' ~eumn.,~" .. ".c'l''''e'''S'' torat du magazine, page 38, on vous dit qui vous êtes, rien de moins. Tiens, cinq ans, qui l'aurait cru, c'est aussi la durée d'une législature. Pour l'instant, on n'a rien à déclarer, mais on n'en pense pas moins, surtout des trente-cinq petits nouveaux qui traînent dans les couloirs de l'Assemblée. A espérer qu'ils seront vite mis au piquet. Quant à nous, on espère simplement en reprendre pour cinq ans et, en attendant, on vous en serre cinq. 0 ~D12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)'re:n:ce:s~-~n~o~5~5---A~v~r~il~1~98~6~----------------------------------------------------------------~ Il Entre voisins on se comprend! r"1 ~ : @) 5OEIETE GENERALE Le bien -être à sa banque. Valoriser l'image de marque de la SNCF. Mieux accueillir sa clientèle. 47071760 IDEAL CUIR 41, Avenue Mathurin Moreau 75019 Paris 205.90.80 290163 - Porte 122 Papeteries S. PICARD 39, faubourg Poissonnière 75009 Paris Tél. : 47.70.26.17 GALERIE BROMHEAD 46, rue de Seine 75006 Paris Tél. : 43.25.54.70 AiJ,onlllementd'honneur: 1 000 F.
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rfIIJlUfiIU AU JOlIRIIAI. place de ViOler s, 31fJfJMrorn'.l'euU. Tél •. :4:t;87.31.00 UnUJrll~ssù,n Mhmltli/ljlon· .• l',l. : 33.83.80 .22. IC(J'lnm!is$!J')hmlTitlJrirê.n~ 63634 ,-l'Éidacüon ne .peut être ttuilê;@ul'responsable Id".'t ... rt .... documents et. photo~oonfiés. . Différences - n° 55 - Avril 1986 OMMAmE _______________ ~ Avril ACTUEL 8 POINT CHAUD --- Pensione Italia. FAUSTO GIUDICE L'Italie vient de mettre sérieusement à mal ses traditions d'accueil en instituant un strict contrôle des frontières, terrorisme oblige. 10 RENCONTRES --- Familles, je vous déplace. JEAN-MICHEL OLLE Une association rennaise a trouvé la solution pour lutter contre le racisme : elle envoie les Français au Maroc. 14 coUP DE GUEULE-dance. JEAN-MARIE TJIBAOU Pas de racisme, de l'indépen- 16 Le chef du gouvernement provisoire de Kanaky en a assez de voir présenter la lutte des Kanaks pour l'indépendance comme un affrontement Noirs/Blancs. Propos recueillis DOSSIER LECAIRE __ _ VERONIQUE MOR TA IGNE Un lourd passé de prestige pour une ville qui s'enfouit dans la poussière, des traditions d'accueil, des femmes qui élèvent la voix: Le Caire fascine. Par ailleurs, le philosophe Michel Serres a retrouvé trace des pharaons dans la Cité des morts, envahie par la population. CULTURES 26 L'EVENEMENT --- Attention , chant unique. JEAN MONTARLOT La grande chanteuse turque Esin Afsar est de passage à Paris. Un spectacle unique, mais des disques qui ressortent. 28 TENDANCES __ _ Les tubes à vot' bon coeur. 36 38 38 JEAN-JACQUES PIKON C'est le printemps, à Bourges et ailleurs. Le moment de faire le point sur les nouvelles chansons humanistes. DÉCOUVERTE REFLEXION __ _ Sexiste, Mahomet? MARIETTE HUBERT La cause des femmes n'est pas toujours entendue en pays musulman. Mais est-ce vraiment à cause de l'islam? HISTOIRE __ _ Un Mozart des Iles. CLAUDE JALLET. Nous devons au chevalier de Saint-Georges l'un des plus belles musiques de la fin du XVIIIe siècle. Est-ce parce qu'il était Noir que tout le monde l'a oublié? Un destin, pourtant, fascinant. VOUS Vous êtes formidables. Pour ce cinquième anniversaire, nous avons dépouillé les résultats d'un sondage mené auprès de vous fin 1985. Des résultats étonnants. Et toujours: pour mémoire, l'agenda, les petites annonces, le courrier, etc. Il I II BREF _____________________ ~ Gaffes Michel Seurat: maladresses, obscurités, chasse au scoop, une affaire délicate Fausse blonde Paris sera toujours Paris plus quelques autres villes, et c'est bien . Le luxueux magazine mensuel consacré à la célébration de la capitale, et judicieusement baptisé ParisMagazine, consacre un long dossier de son dernier numéro aux nouveaux Parisiens, entendez les Beurs chics de la capitale. La fin de la campagne électorale aura été marquée par l'assassinat probable de Michel Seurat, pris en otage au Liban. A l'heure de ces quelques lignes, une manifestation a eu lieu devant l'Assemblée nationale. SOS-Racisme a voulu se l'approprier. Démarche, qui, justement, ne l'est guère. Car « antiracismer » cette riposte, c'est s'engager sur le terrain miné de la guerre sainte, alors que le terrorisme n'a pas de race. C'est aussi faire écho au nouveau thème à la mode: le danger de libanisation de notre société. Lancé par le Front national, il est désormais repris par quelques ténors de l'opposition, comme Jean-Claude Gaudin, qui n'en manque pas une. Le MRAP l'a dénoncé à cette occasion. A noter aussi que bien peu de gens ont protesté contre la malencontreuse précipitation d'Amnesty International à annoncer l'exécution d'un des réfugiés irakiens, expulsés plus que bêtement vers leur pays. A courir après le scoop... D branché, et hebdomadaire. Pendant ce temps, se tient à l'Olympicentrepôt, création de Frédéric M. (pas Moreau, Mitterrand) le quatrième Festival du film arabe du 2 au 15 avril. Et toujours à Paris, du 5 au 7 avril, quai d'Austerlitz, le premier Salon international Beauté et mode d'ai/leurs, organisé par le magazine Flash Black, dont le but n'est pas moins de « sensibiliser le public à la beauté, l'art et la mode noirs » . Paris n'est plus L-_____________________________________________________________s_e_ule_m_e_nt u_n_e_ b_lo_n_de._ __~ D Et c'est vrai qu'il y a une extraordinaire percée de la deuxième génération là où nos schémas simplistes ne l'attendaient guère : beaucoup des nouveaux grands noms du chic parisien, du bon goût à la française ont de drôles de consonance : ParisMagazine cite les désormais célèbres Azzedine Alaia, couturier, et l'extraordinaire mannequin Farida Khelfa, et des dizaines d'autres. A saluer aussi, l'arrivée de Baraka, héritier de Sans-frontière, mais en plus gai, plus Amen et Fideliter 0 bonne mère Toutes les réformes accomplies depuis vingt ans dans l'Eglise pour complaire aux hérétiques, aux schismatiques, aux fausses religions et aux ennemis déclarés de l'Eglise tels que les juifs, les communistes et les francsmaçons découlent comme d'une source empoisonnée de la déclaration sur la liberté religieuse adoptée par le concile Vatican Il. Vous avez deviné? Oui, c'est une mise en garde solennelle de Mgr Lefebvre et Mgr Castro Meyer au pape Jean-Paul II. Ça existe encore, ce genre de prose. C'est même publié en première page dans Fideliter, bulletin semestriel intégriste de janvier-février 86. Publication intéressante, avec des diatribes contre l'oecuménisme, les protestants, et un long chapitre consacré aux martyrs contemporains (devinez où ils vivent). Pour ne pas vous laisser sur une mauvaise impression, nous vous signalons le numéro de marsavril de Communio, revue catholique internationale , consacré aux immigrés, et notamment l'intervention du Jean-Robert Armogathe , « Les immigrés, une chance pour les croyants (1). Une chance, parce qu'ils leur rappellent leur situation spirituelle de pèlerins sur cette terre... D (1) Communio, 28, rue d'Auteuil, 75016 Paris. Dernier métinge de la campagne à Marseille pour le RPR. Chirac, vibrant d'émotion, dit que: « Le racisme, c'est mal, mais c'est à cause des socialistes. » Avant lui , Joseph Comiti, plus terre-àterre, déclare que: «Si ça continue, à Marseille, on mettra un tchador à la Bonne Mère. » Décidément, la Marianne voilée du Figaro ma- Si seulement tu m'avais dit la vérité 8 mars, Journée internationale des femmes. Manifestation traditionnelle dans les rues de Paris. Avec cette année, une nouveauté. Dans le tract des slogans distribué aux manifestants (désolé, c'est la grammaire , il suffit d'un homme dans le cortège), les paroles d'une chanson, à chanter sur l'air de « Si seulement tu m'avais dit la vérité », du pauvre Richard Anthony, qui, décidément, a bien des malheurs. Les voici, la rime est hasardeuse, mais l'intention bonne: « Et puis voilà la prime à la natalité Faudrait qu'les ptites françaises se mettent à procréer La race blanche est en danger On renverra tranquillement les femmes au foyer Et le tour est joué Différences - n° 55 - Avril 1986 Les immigrés dehors, les femmes à la maison: le 8 mars, elles ont dit non L'marché du travail est dégraissé La crise c'est pour les femmes les charmes du logis Et pour les immigrées le retour au pays Racisme et sexisme, c'est bien trouvé Mais nous dans la rue on crie solidarité A vec les femmes immigrées Ensemble on crie égalité Pour les Françaises, faire des petits Chirac, la peur du tchador, mais pas celle du ridicule gazine, d'ailleurs attaqué en justice par le MRAP. a fait fortune. A ces politiciens en mal de symboles, pour faire peur, nous proposons: des minarets sur Notre-Dame, du cumin sur la baguette de pain, de l'harissa dans le bifteck-fiites, et un béret sur le zouave du Pont de l'Alma. D Pour les immigrées le retour au pays Même si aujourd'hui ils disent tous cela Nous les femmes encore une fois non, non, non, non, on en veut pas! » D • mNTcHAuD ___________________________ ~ Terrorisme et immigration PENSIONE ITALIA Il est des clichés qui ont la vie dure: outre qu'il est mangeur de pâtes, l'Italien ne serait pas raciste. Il n'empêche, traumatisée par les récents attentats sur son sol, l'administration met en place des mesures plus que draconiennes. L'autre réaction italienne au massacre de Fiumicino a été, en janvier et février, l'expulsion de 2 000 étrangers en situation irrégulière, dont 700 originaires de pays arabes, raflés au hasard à travers la Péninsule. L'opinion publique et ses corps constitués ont laissé faire, à l'exception de quelques interventions syndicales, qui ont pu empêcher cinq ou six expulsions. du début à la fin du film vous aura frappé . Elle frappe aussi Mastroianni dans le film , qui s'exclame ironiquement dans le couloir du studio berlusconien: «Mais ils sont tous Américains ici!» Et c'est avec un rasta sautillant qu'il finit sa dérive au bar de la stazione Termini. Cette présence des Noirs n'est pas symbolique ni prophétique, comme pouvait l'être celle de la Noire du dernier film de Pasolini, Salà, elle est tout Un Etat mafioso, plus simplement réaliste. Il y a quelques don Quichottes aujourd'hui un million et demi d'étrangers en Italie, Le pays s'est tu. Il n'est dont peut-être un million en plus que le réceptacle mou situation d'irrégularité. Ces des bruits mécaniques du «clandestins» le sont par le monde, des agressions plané- simple fait de l'absence d'une taires. Il ne dit plus rien , dans législation accordant un ses corridors déserts peuplés statut aux étrangers. La de monitors. Les miradors de police applique encore des la pacification sont des an- règlements de l'époque fastennes de télévision. Dans le ciste. métro milanais, le graffiti le L'attentat de Fiumicino avait plus répété est « Berlusconi 0 provoqué une campagne de Morte », signé «Commandos presse, qui fit long feu en Tigre ». Le nouveau héros de quinze jours, annonçant l'ala jeunesse romaine s'appelle doption d'une loi sur les Rambo. La « deuxième Re- étrangers. Il n'en fut rien et, naissance » rêvée autour de début mars, il n'y avait tou- 1975 n'est plus que le nom jours pas eu de débat parled'une entreprise frauduleuse mentaire sur les deux propodont le créateur, un fumeur sitions de loi en présence : de cigare gominé, passe en l'une, gouvernementale, réjugement. Face à un état pressive et irréaliste, l'autre, mafioso, il n'y a plus que unitaire, plus réaliste et huquelques don Quichottes maine. comme Fellini pour montrer «Les Italiens ne sont pas les choses comme elles sont, racistes » . Vrai ou faux? derrière les mises en scène Vrai, dans la mesure où on ne baroques: «malandamte », tue (presque) pas d'Arabes mal foutues. ou de Noirs en Italie, sauf Si vous avez vu Ginger et bien sûr s'ils sont terroristes. xénophobes, pas de partis qui font des immigrés leur bouc émissaire. La raison en est simple et tragique. Depuis quinze ans, ce sont d'autres monstres que l'Etat a désigné aux foules : le terroriste politique, le bandit sarde, le mafioso sicilien, le camorriste napolitain, l'autonome vénitien. Dernier monstre en scène: le mafioso, dans une superproduction palermitaine, un maxiprocès qui se tient dans un b u n k e r b a p t i s é l '« A stronef » ... Mais l'Arabe ou le Noir attendent en coulisses qu'on ait besoin d'eux. Si les petits copains d'Abou Nidal, de Kadhafi ou de Khomeiny y mettent encore un peu du leur, ils réussiront peut -être à provoquer un bon mouvement raciste et xénophobe en Italie aussi. Les nouveaux Juifs errants Autre autosatisfecit italien: « Nous ne sommes pas antisémites ». Certes. Et pourtant... Il Y avait une drôle de banderole au stade de San Siro (Milan), le 1 e décembre dernier. Tenue par 150 tifosi de l'Inter, elle proclamait en lettres énormes: «Milanisti - juifs même race - même fin ». Le dirigeant d'un club sportif avait, peu de temps auparavant, promis à un concurrent « une semaine blanche à Buchenwald ». Bien sûr il s'est ensuite excusé : «Je ~laisanl, Il Fred, la présence des Noirs Il n'y a pas de campagnes tais. » L-__________________ ~ _ ~ _______________ ~ ___ ~~--------------____ ~ La revue juive Shalom a sondé des Italiens moyens sur leur image des juifs. Dans le lot de réponses, majoritairement «rassurantes », émergeait tout de même pas mal de propos du genre «nez crochu, oreilles pointues » . Un journaliste juif d'un grand quotidien a cru nécessaire de tirer la sonnette d'alarme. Il affirme qu'à la question: «Combien d'Italiens sont juifs », la réponse fréquente est « un million, un million et demi ». Les Italiens juifs sont 35 000. Les nouveaux Juifs errants dans les rues des grandes villes italiennes sont Irakiens, Iraniens, Palestiniens, Erythréens, Somaliens, Africains de l'Ouest, Tamouls. Stazione Termini Dans une rue du vieux quartier romain de Parione, pas loin de piazza Navona, je tombe en arrêt devant un portail en fer recouvert d'affiches érythréennes en amharique. Un groupe m'interpelle. Deux hommes, une femme en fichu blanc « islamique », trois petits enfants qui crient et pleurent de froid, de sommeil et de faim. Ils répètent ~ en arabe: «Manger, ~ Des Erythréens et des Somaliens, venus des anciennes colonies italiennes, des Turcs, travailleurs au noir dans la confection, des Palestiniens réfugiés, des Tamouls en fuite: l'Italie les accueille tous, mais en « transit ». Vers où ? manger ». Les parents sont:;;"; ~ak~ns ; un jeune Tun~~n 12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)Charles les accompagne dans leurs qui ne dit pas son nom. Le sont considérés en transit. qui a lieu : venue de tous les démarches désespérées. Lui Haut Commissariat des Na- Vers où ? Dans les camps de quartiers où elles travaillent, est là depuis quatre mois, tions Unies pour les réfugiés «transit» certains attendent les Philippines" les Somasans travail, mais il a un lit leur a donné un récépissé de depuis vingt-cinq ans... liennes, les Erythréennes, dans une pension. demande d'asile, décoré de Les étrangers en Italie ne profitent de leurs quelques Le couple: elle a 28 ans, lui leur cinq photos d'identité. sont heureusement pas tous heures de liberté pour res- 25. Il est ingénieur. Il étudiait Un papier inutile. L'Italie dans une situation déses- pirer, pour se rencontrer, et en Yougoslavie. Une fois ses n'est pas un pays d'asile: elle pérée, même si la majorité pour rêver à une autre vie. études terminées, il n'a pas n'a jamais signé le protocole se trouve dans une précarité Elles ont aussi commencé à voulu retourner en Irak, faire additionnel de 1967 à la qui l'expose à tous les dangers. s'organiser, sous la houlette la guerre. Les Yougoslaves Convention de Genève de des curés. l'ont expulsé en Syrie. Trente- 1951. En clair, cela veut dire Mais l'Italie a de la rescinq jours plus tard, le voilà, que seuls sont considérés Nourries, logées source: l'ingéniosité va se avec femme et enfants, à comme demandeurs d'asile, nicher dans des formes d'ex- Stockholm. Après trois jours les réfugiés provenant des Les bonnes, elles, ont la ploitation «innovantes». et trois nuits à l'aéroport pays socialistes d'Europe «chance» d'être logées- Ainsi, à Turin, des propriéd'Arlanda, ils sont refoulés orientale pour qui la Conven- nourries. Mais la législation taires de voiture ont inventé vers l'Italie. tion de 1951 avait été établie, du travail domestique a des la« pension-parking» : il reLa famille n'a plus un alors que le protocole de 1967 particularités : impossibilité crutent des Arabes sans docentime. Ils ont dépensé, étend la notion de réfugié au de changer de travail et obli- micile fixe, auquels ils perprécise le mari, 440000 lires monde entier. Par consé- gation d'assurer soixante mettent de dormir dans leur (2 000 F) dans une pension quent, à l'exception de quel- heures de travail hebdoma- voiture, en gardant leur pasoù ils ont passé dix nuits. ques Afghans, de quelques daire. seport pour la nuit. Ils sont Depuis trois jours, ils dor- «boat-people» et de quel- Le jeudi après-midi, devant ainsi à l'abri des vols. D ment à la stazione Termini, ques Chiliens, tous les autres la gare centrale de Rome, Il ' véritable camp de réfugiés réfugiés arrivant en Italie c'est une invasion féminine FAUSTO GIUO/CE ~DCharlesre~'r~en~c~e~s---n-,o~5~5~-~A~v-r~il~1~9~867-12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)----~--~--------------~~--~~ __ 12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)~::J ENCONTRE ____________________________ ~ Zup-Sud, secteur Strat-Grisons : au milieu des HLM, la maison des squares Rennes FAMILLES, JE VOUS DEPLACE E Ile est pafois dure, la vie du journaliste. Quitter son bureau douillet de Paris, sauter dans le train, débarquer par - 5 oC à Rennes, baptisée pendant l'affaire Dreyfus la ville la plus endormie de France, galérer pour trouver la ZUP-Sud, se casser la figure sur le verglas, et tout ça pour entendre quoi? Une animatrice vous parler soleil et vacances, voyage au Maroc, alors qu'en ce glacial début mars, on se demande si on passera l'hiver. ZUP-Sud, secteur le Strat-Grisons : une série de tours HLM qui hérissent le quartier et regardent de haut le Triangle, dernière réalisation socioculturelle de la ville, luxueuse, mais un peu délaissée ... A deux pas, au rez-de-chaussée d'une des tours, la Maison des squares, beaucoup moins chic, mais plus active. Ça a commencé en 1970, par une association Alphonse Allais voulait bâtir les villes à la campagne. Une association fait mieux: pour lutter contre le racisme, .elle envoie des Français au Maroc. chômage a lourdement frappé la cité, les familles étrangères se sont plus implantées. La Maison des sq uares, qui accueillait 56,5 % d'enfants étrangers, en compte maintenant 64,5 %. L'Association s'est adaptée. On a commencé par prêter les locaux à une association d'alphabétisation, qui s'est occupée des femmes étrangères, surtout des Marocaines. Puis, à fonctionner côte à côte, on s'est dit qu'on pouvait faire des choses ensemble. Parce qu'un danger se précisait : les femmes françaises commençaient à quitter le centre, à « subir» l'immigration, alors que les Marocaines le fréquentaient de plus en plus, décorant d'ailleurs une des pièces en salon marocain. exemple. Puis, Vil le nombre des nationalités représentées, on est passé au tutti-frutti : entrées vietnamiennes, plat marocain, dessert turc. OEcuménisme louable, mais diversement apprécié: on murmure au centre que les Marocaines ne goûtent que du bout des dents la cuisine algérienne. Quant aux Françaises, comme souvent, on leur demandait d'apprendre à connaître et s'extasier. Nouveau pas dans la démarche : à Noël dernier, c'est de la dinde aux marrons qu'on a mangé, et les étrangères ont eu droit à la leçon du repas de Noël à la française. Alors, tout va pour le mieux, on s'aime tous? Pas tout à fait encore, il reste des incompréhensions. D'où cette idée de voyage au Maroc, une sorte de version I Les menus de fête donnent la mesure de la dialectique de la cohabitation liée à l'Union des patronages Les formations destinées aux soft du déplacement de popurennais qui a fait de l'aide à femmes sont devenues lation.Onad'abordl'impresl'enfance auprès des familles mixtes, on a tenté de rap- sion d'avoir déjà entendu ça défavorisées du quartier. procher activités sociales et quelque part. Un peu partout Puis on s'est intéressé aux alphabétisation, fait des fêtes en France, ces deux dernières familles, plus particulière- et des repas au centre pour années, on a imaginé d'enment aux mères, chômeuses mieux se connaître. Les voyer les enfants des cités au ou au foyer. On a créé des menus de ces fêtes donnent la pays d'une des immigrations cours, des formations, utilisé mesure de la difficile dialec- présentes dans la commune. des conseillères familiales. tique de la cohabitation. On Mais c'est la première fois, à Puis, ici comme ailleurs, le a d'abord fait des repas par notre connaissance, qu'on 1IIL-________________________ ~q~u::a~rt~i~e~r_ _a ~~c~h~a:n:g~é~.~L_e_ _~ p~a~y~s~, __t_ o_u_t_ _m_ _ a_ r_o_c_al_·n_ _~ p_a_r __e _n_v_o_i_e_d_e_s_f_a_m_i_ll_e_s_e_n_ti_è_re_s_.~ L'idée est simple : les Marocains de la ZUP ont gardé de la famille au pays, qui les héberge quand ils viennent en vacances. Cette fois-ci, ces familles hébergeront, en plus, une famille française. Triple, quadruple but: envoyer au Maroc des familles françaises, qui n'auraient jamais eu les moyens de le faire, les mettre là-bas en posture d'étrangers accueillis, leur permettre de découvrir les mentalités et pratiques locales, et enfin, et surtout, de regarder leurs voisins de palier marocains sous un autre angle. On ne se rend guère compte de la différence qu'il y a entre une famille exilée, repliée sur elle-même dans un pays qui lui est étranger, voire hostile, et cette même famille replacée dans sa parentèle et sa société. Il y a gros à parier que les Français ne verront plus les Marocains du même les enfants qui partiront. A vec quelques originaux: deux Portugais égarés dans l'opération qui rêvent de connaître le Maroc et apprennent l'arabe depuis qu'ils ont été choisis, un pompier rennais qui veut rencontrer les pompiers de Casablanca et les inviter chez lui. L'opération est subventionnée, en liaison avec le C.L.P .S., et ceux qui partent ont parfaitement conscience d'être privilégiés par rapport au reste des familles de la éité. Il s'agit donc d'en faire profiter tout le monde. Une formation photo a été organisée pour faire un reportage- expo du voyage, qu'on fera circuler au retour. Kodak a prêté dix appareils. Ouest-France a dépêché un journaliste pour former tout le monde. Les Marocaines ont réalisé un glossaire phonétique français-arabe pour les mots d'usage courant. On a discuté des lieux à visiter, des thèmes du voyage. rocaines qui veulent monter un service de traiteur et de repas à domicile, un réseau de formation réciproque. Même si, comme toujours dans ces cas-là, les racistes du coin ne se sont pas portés volontaires pour le voyage. ~ Mais à renforcer les liens de tous, il se crée une atmosphère moins tendue. Christiane Bizon et Danièle Jacquemont ont même le projet de faire repeindre les tours HLM, pas bien belles, par la population. Et là, il faudra bien que tout le monde s'y mette ... Le projet est soutenu par la municipalité de Rennes, attentive à ces problèmes. A noter au passage qu'il n'y a guère de problèmes de racisme, à l'échelle de la ville. La construction d'un Centre culturel islamique, qui avait naguère soulevé quelques vagues, est maintenant teroeil après ce voyage. Ils vont minée, et inaugurée par la tâter de la différence, au profit de ces familles maro- 1 caines, valorisées par leur pays, leur famille, et leur position, pour une fois, d'accueil. On se garde les gosses, on se fait les courses, on va aux mariages et aux enterrements A l'heure où paraît cet article, le voyage est en cours. Mais sa préparation a déjà bien arrangé les choses. Au départ, le simple bouche à oreille n'a pas suffi à décider suffisamment de familles françaises à faire le voyage. Puis, on en a parlé dans Ouest-France, et ce passage par la presse a multiplié les candidatures. Il a fallu trier. Du côté marocain, il y a eu quelques tiraillements: les hommes travaillent, allaientils laisser les femmes partir seules au pays, qui plus est, avec des Français ? Coup de chance, dans ces familles pas très riches, le père et la mère partent une année sur deux, emmenant à chaque fois une partie des gosses, et l'été dernier, c'étaient surtout les hommes qui étaient partis. Ils laisseront donc les femmes partir cette fois. Mais seules: ceux qui auraient pu partir s'en sont abstenus, c'est un voyage de femmes ! Côté français, peu d'hommes aussi, ce sont les femmes et Différences - nU 55 - Avril 1986 Les familles se sont montrées intéressées par la découverte de la vie quotidienne, le marché, la vie familiale. Mais aussi le ramadan, les coutumes religieuses. On a réentendu l'histoire du mouton égorgé dans la baignoire qui, à Rennes comme ailleurs, est en fait tué à la campagne. Phase délicate, on s'est réuni pour choisir qui hébergerait qui, les familles marocaines tenant à mieux connaître les Français qu'elles emmèneraient chez elles. Depuis un an que l'opération est dans l'air, il fait mieux vivre à la ZUP-Sud. Surtout qu'elle vient couronner le développement, lent mais sûr, de relations de bon voisinage entre familles d'origines différentes. De plus en plus, on se garde les gosses, on se fait les courses, et on manifeste sa sympathie, à l'occasion des mariages, ou des décès. La Maison des squares fourmille de projets, une entreprise intermédiaire à l'initiative €les femmes mamaire. Les communautés immigrées de la ville sont très organisées, elles ont même été les premières en France à se réunir dans une structure commune, l'Union des associations d'immigrés de Rennes, qui rassemble les Portugais, les Marocains, les Algériens, les Espagnols, les Turcs et les Yougoslaves. François Levent, le responsable du MRAP local, est même étonné de ma visite : ça va plutôt bien dans sa ville. Le président de la communauté juive est progressiste, un professeur de médecine qui avait été appelé par la famille de Nelson Mandela pour superviser son opération. Il n'a pas eu droit d'assister à l'opération, mais a pu rencontrer le militant sud-africain un quart d'heure. Bon, c'est vrai que c'est difficile de quitter son bureau bien chauffé, mais si c'est pour visiter une ville où tout se passe bien, ça vaut le coup. 0 JEAN-MICHEL OLLE Echang.es interculturels garantis, une fois chez l'un une fois chez l'autre. Avec à la clé, la découverte du Maroc m OuRMÉMmRE ________________________ ~ __ LALALA __ La chanteuse Valérie Lagrange annonce que les artistes de «Chanteurs sans frontières» ont récolté, en France, 20 millions de francs, grâce aux ventes du disque «SOS pour l'Ethiopie ». Mais elle ajoute: « Il y a toutefois encore beaucoup à faire» (13 février). _ ENFANT ASSASSINE_ La police sud-africaine fait irruption dans un centre oecuménique de l'ouest de Johannesburg où des enfants noirs s'étaient réfugiés. Trois des enfants ont été blessés par balles au cours de l'opération. Par ailleurs, une femme noire est tuée à Alexandra. Et les médecins du dispensaire local annoncent la mort de deux autres Noirs, dont un enfant de treize ans, abattus, eux-aussi, par balles (13 février). __ MANSUETUDE __ Le président israélien, Naim Herzog, gracie deux membres d'un réseau terroriste juif impliqués dans un attentat à l'explosif contre des lieux saints musulmans (14 février). ___ DISSIDENTS __ _ Deux dissidents juifs soviétiques, Grigori Golstein et son frère Isaï vont être autorisés à quitter l'URSS, annonce l'un des frères à Moscou (14 février). __ MIAM-MIAM __ _ Le « Sunday Times» de Johannesburg révèle que des tonnes de poudre alimentaire riche en protéines, d'origine américaine et destinées à combattre la faim dans le tiers monde, ont été détournées et sont vendues à bas prix par des négociants sudafricains (16 février). __ BOAT PEOPLE __ Un navire garde-côte américain ramène à Port-au-Prince 148 émigrés haïtiens clandestins , interceptés à bord de deux voiliers (16 février). _ __ ELECTIONS __ _ Une liste entièrement composée de personnes originaires des départements d'outre-mer (Antilles, Guyane, Réunion) est constituée dans le Val-d'Oise pour les élections législatives et déposée en préfecture (19 février). ___ VISA __ _ Le visa de séjour à l'étranger de Mme Bonner, épouse du physicien soviétique Andrei Sakharov, est prolongé de trois mois suivant le correspondant à Moscou du journal ouest-allemand « Bild » (19 février). ___ DEMANDE __ _ Au cours d'une conférence de presse, le MRAP demande aux candidats têtes de liste aux élections législatives du 16 mars, de prendre position sur les problèmes liés à l'immigration (19 février). _ PRATIQUES ELECTORALES_ Le MRAP 93 et SOS-Racisme 93 condamnent avec une extrême fermeté les numéros du journal «le Républicain» du candidat RPR de Seine-SaintDenis Robert Pandraud pour leur utilisation de l'immigration à des fins bassement électoralistes. Ils invitent les candidats à - se tenir à un code de morale et de bonne conduite dans l'intérêt de la démocratie et du libre choix de chaque électeur (20 février). ___ DETTE __ _ A Londres, l'Afrique du Sud arrive à un accord avec ses créanciers bancaires qui acceptent un rééchelonnement de sa dette (20 février). ___ TRAITRE __ _ Le procès d ' Eric Williams Pelser, maquisard blanc de l'ANC, s'ouvre devant la Cour suprême de Johannesburg. Accusé de « trahison », il est passible de la peine de mort (20 février). ___ TURQUIE __ _ emprisonnements politiques . la torture et la censure dans ce pays dans la dernière période (20 février). ___ AUSCHWITZ _ _ _ Le cardinal Macharski, archevêque de Cracovie. se prononce en faveur de l'installation d'un couvent de carmélites dans l'ancien camp de concentration nazi d'Auschwitz. Ce projet fortement critiqué dans les milieux juifs et chez les catholiques en dehors de la Pologne. bénéficie de la caution du Pape (21 février). ___ PACIFISTE __ _ Mort du général Jacques Paris de Bollardière . membre du Comité d'honneur du MRAP. qui prit position en 1957 contre la torture en Algérie et fut ensuite un militant de la non-violence (22 février). ___ ANGOLA __ _ La première livraison d'armes de l'aide accordée par Washington aux terroristes de l'UNITA. soutenus par l'Afrique du Sud, est en cours. Un accord aurait été conclu avec le Zaïre pour son acheminement en Angola (23 février). _ L'AFFICHE ROUGE_ Une cérémonie consacrée au 42' anniversaire de l'affiche rouge du groupe «Manouchian Boczov » se déroule au cimetière parisien d'Ivry, organisée par l'UGEVRE et l'ANACR (23 février). _ EVEQUE INDIEN_ Le pape intronise le premier évêque indien des Etats-Unis, Donald Pelotte, dans le diocèse de Gallup, dans l'Etat du Nouveau- Mexique (24 février). ___ 12000 __ _ En Afrique du Sud, plus de 12 000 mineurs se mettent en grève dans la mine d'or de Vall Reefs, la seconde du pays, à la suite de l'arrestation de huit membres du personnel (25 février). Trabelsi, dirigeant du syndicat de l'enseignement primaire (25 février). _ FAUX TEMOIGNAGE_ Le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl doit démissionner s'il s'avère qu'il a menti dans ses dépositions sur le scandale Flick, estiment 61 % des Allemands de l'Ouest, selon un sondage publié par le quotidien «Express ». Une enquête judiciaire a été ouverte contre Kohl pour faux témoignage (25 février). ___ KURDES __ _ D'une part, 23 militants indépendantistes kurdes sont condamnés à mort par la cour de la loi martiale de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie. D'autre part, 77 syndicalistes sont inculpés pour avoir scandé des slogans non approuvés par les autorités lors du grand rassemblement organisé à Izmir le 22 février: réclamer la démission du Premier ministre et la légalisation de la centrale syndicale Disk (26 février). _ ANTISEMITISME_ Un débat sur la résurgence de l'antisémitisme se déroule au Bundestag, en RFA, à la demande de députés sociaux-démocrates, verts et libéraux, à la suite d'une série de déclarations antisémites de responsables du principal parti au pouvoir, la CDU (27 février). ___ TERRIBLE __ _ Le criminel de guerre nazi John Demjanjuk, connu sous le nom d'« Ivan le Terrible» pour les atrocités qu'il a commises au camp de Treblinka durant la Seconde Guerre mondiale, est extradé des Etats-Unis ver~ Israël où il va être jugé (27 février). _IMMIGRES A L'HONNEUR _ Dans le cadre des festivités pour le centenaire de la statue de la Liberté, 12 citoyens américains par naturalisation reçoivent la médaille de la Liberté en reconnaissance des services qu'ils ont rendus au pays. Ils seront décorés le 3 juillet par le président Reagan. Parmi eux, Bob Hope, le comédien, qui vint de Grande-Bretagne en 1907 ; l'ancien secrétaire d'Etat, Henry A. Kissinger, né en Allemagne; Irving Berlin, le compositeur, né en Russie ; Franklin R. ChangDiaz astronaute originaire du Costa Rica; LM. Pei l'architecte de la pyramide du Louvre Olof Palme, Premier ministre, antiraciste, pacifiste, assassiné (28 février). qui vint de Chine; Itzhak PerIman, le violoniste, d'Israël; le docteur Albert B. Sabin, inventeur du vaccin oral contre la polio, de Russie, et Elie Wiesel, l'écrivain, de Roumanie (1" mars). ___ BIZARRE ... __ _ Le « New York Times », relayé par le Congrès juif mondial et la presse yougoslave, révèle que Kurt Waldheim, ancien secrétaire général de l'ONU et actuel candidat à l'élection présidentielle en Autriche, avait été membre du parti nazi et membre de l'état-major du général allemand Alexander Lohr, exécuté comme criminel de guerre, dont les unités ont participé à des déportations massives de juifs grecs. Le magazine autrichien « Profil» publie une photo , sortie des archives militaires autrichiennes, montrant M. Waldheim, en uniforme des fameuses «sections d'assaut» (SA) hitlériennes aux côtés du général Artur Phleps au Montenegro. Devant les caméras de la télévision autrichienne, il ne parvient pas à s'expliquer sur son attitude pendant le III' Reich et il reconnaît seulement avoir été affecté comme interprète dans l'unité du général Lohr à Salo- Différences - n° 55 - Avril 1986 nique dont il prétend avoir ignoré les crimes de guerre. Contre toute logique, ces révélations lui valent un triomphe en Autriche. Il reçoit des montagnes de messages et de télégrammes de félicitations. Bizarre. vous avez dit bizarre ? .. . (4 mars). ___ ISRAEL __ _ Au cours des obsèques de Zafer el Masri, le maire de Naplouse assassiné, des milliers de Palestiniens proclament leur confiance en l'OLP et leur hostilité à Israël et à la Jordanie (3 mars). ___ BARBIE __ _ La chambre d'accusation de Paris ordonne un supplément d'information dans le dossier de l'ancien chef de la Gestapo de Lyon. Klaus Barbie, comme l'avait demandé l'avocat général lors de l'audience à huis clos du 19 février (5 mars). ___ SUISSE __ _ 51 000 Suisses signent une pétition adressée au gouvernement fédéral, réclamant un traitement plus humain des réfugiés et l'arrêt des rapatriements systématiques de ceux dont la vie est en danger (5 mars). ___ SHERIFS __ _ A Villeurbanne, deux gendarmes abattent un jeune voleur maghrébin. Ils sont inculpés. Contrairement à leur version des faits, le jeune délinquant était sans armes (6 mars). ___ LEVÉE __ _ En Afrique du Sud. 300 détenus sont libérés après la levée de l'état d'urgence. Mais les organisations an ti-apartheid continuent de réclamer la libération de tous les prisonniers politiques (7 mars). _ PARTIE DE GOLF_ Mustapha Parchi, un Marocain père de 6 enfants, qui roulait à cyclomoteur sur la RN7, près de Plan d'Orgon (Vaucluse) est grièvement blessé d'une balle de fusil de chasse par quatre individus, depuis une Golf GTI (9 mars). ___ NON STOP __ _ L'armée israélienne interdit à ses femmes-soldats de faire du stop la nuit, à la suite des agressions et viols dont plusieurs recrues ont été victimes (9 mars). WCHONIGAMMA _ COUPS DE BALLETS _ La compagnie de ballets israélienne « Bat-Dor» part pour une tournée en Pologne. Le ballet national polonais viendra en Israël au mois de mai prochain (9 mars). ___ ECOLIERS __ _ Trois écoliers sont tués et de nombreux autres blessés par la police sud-africaine qui ouvre le feu sur plusieurs milliers d'élèves rassemblés devant un tribunal de White River (Transvaal). Les jeunes manifestants étaient venus soutenir 26 des leurs appelés à comparaître sous l'accusation de violence publique après des affrontements avec les forces de répression le mois dernier (11 mars). __ DEMOCRATIE __ 35 membres du Front national, entrent à l'Assemblée nationale (16 mars). _ __ 21 MARS __ _ Grand succès, à Paris, du bus de l'amitié, frêté par le MRAP pour commémorer la Journée internationale contre le racisme. Réalisé par ROBERT PAC lEI I II OUPDEGUEmE ________________________ ~ Nouvelle-Calédonie l'AS DE RACISME, DE L'INDEPENDANCE , • Jean-Marie Tjibaou, président du gouvernement provisoire de Kanaky en a assez. Il refuse qu'on présente la situation de son pays comme une lutte Le racisme est un danger permanent en ~ouvelle- Calédonie. Il se trouve que la revendication d'indépendance est surtout portée par les indigènes, le peuple kanak, donc les Noirs, et que ceux qui se sentent menacés par cette revendication sont blancs. Mais il faut être précis : cette revendication est politique, même s'il se trouve que l'Histoire l'a liée à une couleur. Quand les tensions sont grandes, dans la précipitation, l'effervescence, le danger est très grand qu'au milieu des coups, des exactions, les gens se mettent à défendre une couleur de peau et non plus des intérêts. Il y a sans doute du racisme chez certains extrémistes de part et d'autre, mais la majorité de la population n'en est pas encore à ce stade. Pourtant, la marginalisation économique, scolaire, sociale, culturelle des Kanaks est quelque chose d'institutionnel, ce qui les amène à se sentir déconsidérés, et leur réaction pourrait être de penser que ceux qui ont institué, et profitent de cette marginalisation sont des racistes. Il est certain que les des Noirs contre les Blancs. récents événements, comme par exemple fin 1985, où on a vu des Blancs se livrer à de vraies « ratonnades », partir en expédition pour «casser du Kanak » n'arrangent pas les choses. Il y a du racisme chez ces gens-là, qui considèrent notre couleur comme une menace, nous méprisent et souhaitent notre disparition. Pour nous, nous avons toujours dit que notre revendicad'autres couleurs, quelle que soit leur origine ethnique. Nos adversaires essaient de nous accuser de racisme pour détourner le problème. Notre revendication se base sur le fait intion était d'ordre nation a- digène, sur l'existence d'un liste. De la même façon que peuple indigène qui veut posles Français ne parlent pas de séder sa terre et être multi-ethnicité en France, maître de son destin. Si les mais de la nation française, Français avaient de la méalors que tous les Français ne moire, ils ne pourraient sont pas de la même couleur, qu'être d'accord avec cela. nous pensons que le terme En 1940, quand de Gaulle a Kanak est un terme nationa- lancé son appel pour rallier liste, qui symbolise la reven- les Français, c'était pour saudication du peuple indigène ver un patrimoine, une pasur sa terre, et doit pouvoir trie, des valeurs qui apparteintégrer des Kanaks in- naient à la France. Nous digènes comme des Kanaks voulons la même chose, mais nos adversaires ne veulent pas le reconnaître, ils ont trop l'habitude de nous considérer comme des boys. C'est parce que les mentalités des anciens colons n'ont pas assez évolué qu'ils n'acceptent pas nos revendications. Ceux qui parmi eux acceptent le dialogue sont les plus avancés, mais ils sont marginalisés. La loi de 1972 De plus, la situation évolue. Il est clair maintenant (voir encadré) qu'il y a des bandes de racistes organisées. Or la loi de 1972 contre le racisme n'a pas été promulguée en Nouvelle-Calédonie. Peutêtre que les autorités ont craint, en la promulguant, de créer un clivage entre les communautés. Nous demandons, nous, qu'elle soit promulguée et utilisée. On oppose souvent à nos propos les termes de « multiculture », de «pluriethniquel ». A noter que ceux qui utilisent ces termes ici ne le font pas en métropole. Le FN n'utilise pas ces mots à Paris. Il nous semble que c'est une façon, ici, de tromper l'adversaire. Le problème de l'indépendance ne peut pas être discuté en termes ethniques. Les Kanaks revendiquent le droit sur leurs terres comme légitimité de l'indépendance. Notre revendication est nationaliste, elle est donc ouverte à tous ceux qui reconnaissent que les Kanaks sont maîtres de leur pays et de leur destin. Il ne s'agit pas d'être pour ou contre les Kanaks, il s'agit de se positionner face au droit légitime des Kanaks à posséder leur pays, légitimité qu'on leur Différences - n° 55 - Avril 1986 UNE NOUVELLE OAS ? Dans ses deux numéros de début mars, le journal Bwenando, premier journal de Kanaky créé pour s'opposer au monopole de l'information en Nouvelle-Calédonie, publie des informations très troublantes sur les projets terroristes de certains antiindépendantistes. Entré en possession de notes manuscrites qu'il attribue à Florian Petite, membre de la DEC (direction de l'enseignement catholique), Bwenando détaille des scénarios d'interventions de type OAS, où tout est prévu, depuis la demande d'appui à l'Afrique du Sud, les Etats-Unis et Israël, jusqu'au nombre de souliers sport et d'armes à stocker en brousse. Bwenando, à travers les codes et initiales utilisés, a identifié de nombreux notables du RCPR et de l'extrême droite locale. Bwenando, BP 167, Nouméa, Nouvelle-Calédonie. reconnaît implicitement, mais qu'on ne veut, pour des raisons politiques, leur reconnaître ouvertement. Quant aux non-autochtones, notre projet de constitution prévoit une situation semblable à celle de la France avec les non-Français: ceux qui souhaiteront prendre la nationalité kanak le feront, les autres seront des travailleurs étrangers installés en Kanaky. Cela n'a rien de nouveau et se pa~se partout comme cela. En tout état de cause, ce sera à eux de choisir. 0 JEAN-MARIE TJIBAOU Propos recueillis CINEMA Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers : le Tout-Paris était dans la rue, au lendemain du 29 mars 1985, pour protester gravement contre l'attentat antisémite qui avait détruit le cinéma Rivoli Beaubourg, où se déroulait le festival du cinémajuif. Ils sont repartis: un an après, Sylvia Volevna et lean-Pierre Briffaut vivent toujours dans les gravats et n'arrivent pas à rassembler la somme nécessaire pour faire les travaux et réouvrir leur salle d'art et d'essai. Pas un des manifestants célèbres ne leur a ouvert sa porte, tant une bonne photo vaut mieux qu'un petit chèque. Vo~s n'êtes ni Montand, ni Bernard-Henri Lévy, malS vous pouvez les aider. Laisser pourrir cette salle, c'est, un peu, laisser le dernier mot au terrorisme. Chèques à l'ordre de « Rivoli Beaubourg: un autre cinéma », association loi 1901, 80, rue de Rivoli, 75004 Paris. Emeutes, coupe d'Afrique de football, on a reparlé du Caire ces temps-ci. Des pyramides à la capitale du monde arabe, les quarante et un siècles d'histoire s'enfouissent peu à peu sous la poussière de la ville. Mais il y a ~ de beaux restes,
\:) ~ et des forces ~ ê; "" vives. Au commencement, était la poussière. Celles de la vallée du Nil et du désert mélangées. Puis vint la pollution, l'oxyde de carbone craché par les milliers de voitures agglutinées sur les bretelles d'autoroute qui s'insinuent entre mosquées, bazars et buildings. Et voici que les Français construisent un métro et remuent la terre du Caire, ouvrant le coeur de la ville à tout vent. Ces multiples particules dans l'air mêlées font de, la capitale égyptienne - faudrait-il dire arabe? - une Ville sans odeurs Ajoutez à cela le peu d'intérêt que portent les Cairotes à la cuisine cuisinée, et ce ne sont pas les arhateur de fouls, les fèves, qui me contrediront. A consommer en quantité matin, midi et soir, pures, en ragoût, mélangées à de la viande ou d,es oeufs, ces légumineuses, heureusement nches en protemes, sont lom d'évoquer les épices et les senteurs onentales. A ce silence du goût ne s'associe malheureusement pas le goût du silence. Le bruit du Caire. Si paradoxal qu'il y a du manichéisme dans l'air 1 D'abord, Il y a les mauvms, ceux qui vous mettent les nerfs à fleur de peau et vo,us donn~nt envie de disparaître subitement dans un desert qu on imagine proche, j'ai cité les moteurs et les klaxo~s, et pms les invectives des policiers. Prudemment gares sur les trottoirs, pauvres soldats d'une guerre perdue d'avanc~, 11s exhortent à l'aide de mégaphones, piétons et vOltures a ne pas transgresser la règle des feux rouges-verts. La confrontation serait mortelle. Aucune vOlture ne freme jamais pour les beaux yeux d'un passant, de peur d'être engloutie dans la masse. . Chaque jour, le Caire livre donc batmlle contre les traffic-jams, les embouteillages, seule lutte, avec la conquête de l'espace vital, à rythmer la surVie quotidienne de cette mégalopole qui prend des allures provmcmles dès que le flot des automobilistes s'est retiré : atteinte par la droiture du Sphinx, la sérénité du désert ou la pmssance langoureuse du Nil, la capitale aime la gentillesse, l'humour et le fatalisme. La carence généralisée de tous les réseaux met tout le monde dans la même panade Huilés, policés, les rapports sociaux, fondés, comme en Afrique noire, sur les réseaux famllmux, malS ausSl sur la solidarité islamique, excluent les pomts de rupture ,au quotidien. 260 000 habitants au début du siècle, un mllhon en 1930, quatorze en 1986: les explosions démographiques de cette envergure riment ailleurs avec Violence, attaques à main armée, boucles d'breilles arrachées et appartements visités. Pas ici. Et pourtant, le salaire moyen attemt péniblement vingt livres (l00 F), tandis que le kilo de viande dépasse trois livres et que le pnx des loyers oscille entre dix livres (pour une pièce délabrée) et deux cents (pour un appartement décent). . Treize millions Les vieilles maison s'écroulent et les immeubles neufs d'habitants, des menacent de le faire. Dans les quartiers de misère, parce immeubles et des que l'argent manque, dans les quartiers bourgeois parce maisons écroulés, des qu'on a voulu en gagner trop. 9uand, en,1982, un i~meuble embouteillages à n'en (Iameurs et poussière Toujours est-il que les bourgeois de Zamalek ou de Giza manquent d'eau, voient leurs poubelles s'amonceler, les papiers s'accumuler dans les cages d'escaliers (l'ascenseur est souvent hors d'état de marche). La poussière mi-ocre, mi -grise qui recouvre la ville, la carence généralisée de tous les réseaux, téléphone, transports, assainissement, mettent les plus nantis et les plus démunis dans la même panade. « Maalesh ", on n'y peut rien, mot fétiche de l'Egypte. Patience, patience, on traficote de-ci, de-là, on échange, on revend, on arrondit ses fins de mois à coup de bakchich, de petits boulots. Les profs font chauffeurs de taxi l'après-midi, les soldats jouent les garçons de café, les artisans se regroupent par communauté d'origine. Patience et débrouillardise évitent à la cité de tomber dans le gouffre au-dessus duquel elle se balance quotidiennement. Dans une ville où la densité de population atteint des chiffres records (80 000 habitants au km2 dans le quartier de Sayyeda Zeinab et 127200 à Bal al Sharia), où faute de place, des musulmans, si soucieux de leurs morts, ont dû investir l'ancien cimetière et élire domicile dans les mausolées et dans les tombes, dans une ville où chaque centimètre carré de terrasses ou de toits est partagé entre plusieurs « locataires », personne n'a jamais pensé, à squatter le Gezira Club, club chic à l'anglaise, qui occupe avec ses terrains de golf et ses cours de tennis plusieurs dizaines d'hectares à deux pas du centre ville. Pourtant, parfois, tout bascule. En 1977, ce sont les émeutes de la faim, qui firent plusieurs morts et transformèrent la ville en brasier. En 1982, les égoûts du centre ville éclatent, quelques temps après ce sera le tour des canalisations d'eau potable. En haut lieu, on accuse un coup de pelle malencontreux des ouvriers du métro. La foule sait, elle, que la ville craque de part en part. Et c'est à nouveau l'émeute. « Maalesh, maalesh », jusqu'au jour où trop, c'est trop. Février 1986, les conscrits de la police saccagent les grands hôtels et les casinos de la route des Pyramides. Avant d'y voir la main d'hypothétiques intégristes, ne faudrait-il pas se mettre dans la peau d'un jeune appelé touchant une solde de 6 livres (30 F) mis en face de touristes étrangers qui dépensent en une nuit ce qu'ils gagnent en deux ans, et de riches Saoudiens venus flamber leurs pétro-dollars au Ramsès ou au Parisiana Andalous? « Maalesh, maalesh ", jusqu'au jour où trop, c'est trop. Ainsi. va l'Egypte. Parallèlement à cette débauche de klaxons, de cris et de colère retenue, Le Caire sait tout de même cultiver le silence. Ainsi au petit matin, les Egyptiens, ceux des rivages du Nil, du Sinaï, de Haute-Egypte, de Damiette ou de Port-Saïd, qui sont venus nourrir la gourmande Al Qahira, se retrouvent alors entre eux. Les khawagas, les étrangers, n'ont rien à y faire. de standing, au coeur de la tres ChiC Hellopohs, s effondre plus finir. sur la maison d'un secrétaire d'Etat, faut-Il y VOlr la mam du Le Caire sait pourtant ~ hasard ou les effets de la corruption qui pousse les plus C'est l'heure où les écoliers (ceux du premier tour, il y a en trois par jour, faute de place) mangent des sandwiches au fouI, où les sans-demeure émergent lentement de leurs cartons, où les femmes accroupies au pied des minarets proposent le pain quotidien. Les mendiants, les éclopés, les laissés-pour-compte, qui craignent tant le jour pour ce qu'il apporte d'agitation fébrile, de touristes et d'objectifs trop braqués sur les misères du berceau du nationalisme arabe, profitent du moment béni pour revenir à la rue. Du foul malins à subtiliser sacs de ciment et charpentes ou à préserver son calme, Suite p. 42 Il, lEI ~m~o~n~n~ay~e:r~d~e~fu~ux~p~e:r~m~l~s~d~e~co~n~s~tr~u~ir~e~?~. __________________ ~a~u~c~a~fé~p~a~r~e~x:e~m~p~le~.12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)Charles1I12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)Charles 12 janvier 2012 à 18:36 (UTC)19&5----------------------------------------------------------------------~ Vestiges du passé, vertiges de l'amour. Charme et nostalgie bercent la vie du khawaga, l'étranger. Passionné d'antiquité ou épris de littérature, sur la trace des pharaons, ou sur celles de Chateaubriand, de Nerval ou de Flaubert, l'étranger est au Caire ce que le casque colonial est au désert: rétro et anachronique. On ne peut pas être et avoir été. Cosmopolite en diable au début du siècle, le Caire s'est refermé sur sa coquille au fil des révolutions. Les cafés chics ou intellos du centre, chez Riche ou Groppi, avec leurs garçons en costumes trois pièces, flanqués d'aides en turban et galabeyah, témoignent de la splendeur et de la décadence de celle qui fut - et qui reste malgré tout - la capitale du monde arabe. Aujourd'hui, Saoudiens, Koweitiens viennent y prendre un bain de foule, faire du shopping dans les galeries marchandes de Qasr el Nil. Les cheiks des Emirats louent des appartements à l'année à Gezira pour prendre de temps en temps une semaine de frais au bord du Nil ou s'installent dans les suites à colonade de l'hôtel Mariott, avec femmes et enfants. A l'université d'El Azahr, fondée en 1935, la fine fleur des islamisants décortique le Coran. Des Arabes, mais aussi beaucoup de Pakistanais, d'Africains et d'Occidentaux. L'université américaine du Caire, le nec plus ultra avec celle de Beyrouth accueille 50 % de Japonais venus s'imprégner de culture arabe dans la perspective du marché moyen-oriental. Outre les techniciens du métro, français en majorité, Le Caire regorge de chercheurs. L'alliance du passé légendaire et de l'urbain, qui fascine les années 80, offre un tremplin idéal à ces nouveaux explorateurs. Far West du monde méditerranéen à la fin du XIXe siècle, l'Egypte s'est refermée sur ses frontières. L'érudition est ici de bon ton, son commerce aussi.:... Orient oblige. Tel ce coopérant français qui édite les Orientales de Victor Hugo en cartes postales, et une revue, les Cahiers de Chabramant, où sont rappelés les grands noms de la gauche marxiste et francophone des années 50, Herny Curiel, Georges Henein. Le tout sur un fond de désinvolture désuète. La patronne de la librairie les Livres de France, cigarette au bec, encaisse des chèques en francs convertibles en roulant les r et compte ses Livres comme un felah ses palmiers datiers. Les filles de la bourgeoisie cairote fréquentent, quant à elles, les écoles religieuses françaises. La longue histoire d'amour qui a uni l'Egypte à l'Europe a laissé de profondes séquelles. «Je ferai de l'Egypte un morceau de l'Europe» affirmait Mohamed Ali, pacha d'Egypte. De fait, à partir de 1820, les étrangers affluent, en particulier de tout l'Empire ottoman. Des Arméniens, qui se lanceront dans les manufactures de peaux et de tabac, des Grecs, petits artisans et garagistes, des Syro-Libanais habitués de la presse et de l'édition, des Maltais, et bientôt des Italiens, des juifs aussi, colporteurs ou capitaines d'industrie. Terre étrangère DANS LA CITÉ DES MORTS Il y a une quinzaine d'années, les plus pauvres habitants du Caire ont envahi la Cité des morts, l'ancienne nécropole, et se sont installés. Dans tous les cimetières du monde, on voit la différence entre les tombes des riches et celles des pauvres. Mais ici, les riches sont des maisons, avec des murs, une porte, un toit pour l'ombre, les pauvres ne sont que des sièges où l'on s'installe pour manger en famille. Il Y a là une ville, organisée comme une ville, tolérée par les pouvoirs publics. Elle s'y développe tant qu'on n'y voit que des enfants, comme dans toutes les villes d'Orient. La Cité des morts ressemble à une cité des vivants, on n'y craint rien, elle est pacifique, à peine un peu plus de poussière, à peine un peu moins de bruit que dans la ville. Dans la Cité des morts, j'ai compris, bien mieux que lorsque j'étais jeune, le sens de l'expression les damnés de la terre, son sens infernal. Au Caire, c'est comme si les pauvres avaient pris le rôle que les riches leur assignaient dans leurs cauchemars, la place des revenants. J 'ai toujours eu l'impression qu'un peuple gardait toujours, plus ou moins enfouis, la culture et les réactions profondes de ses ancêtres, de sa généalogie la plus lointaine. Les Egyptiens de la Haute Antiquité ont assuré un des travaux les plus essentiels à l'avancée de notre culture occidentale ; ils nous ont fait faire un progrès décisif dans le rapport à la mort. La mort, c'est l'objet même de l'Egypte antique: le cadavre, la momie, le tombeau, l'artfunéraire. Et si nous sommes, Occidentaux, un peu délivrés des territoires de la mort, c'est grâce à ce travail millénaire qu'ils ont fait pour nous. Dépourvus de tout, les Cairotes d'aujourd'hui, sont revenus sur les lieux où l'Egypte a toujours été, un peu comme sur la rive occidentale du Nil, quand les artisans travaillaient aux tombeaux. La culture, c'est ce qui reste quand on n'a plus rien. Au plus fort de leur misère, les gens du Caire sont revenus aux tombeaux, ils sont revenus garder la Vallée des Rois. Dans la Cité des morts, je n'ai pas vu les pauvres, j'ai vu les pharaons. On ouvre les portes des tombeaux, on y voit des hommes vivre, manger, etfaire ce qui est peint sur les tombes anciennes. Je n'ai pas ressenti d'étrangeté, mais cette extraordinaire fraternité qu'on éprouve au voisinage de la mort. Ces gens m'apprenaient ce que je savais déjà, tout ce travail qu'ils font à nouveau, comme des siècles avant eux leurs ancêtres, et que nous ne savons plus faire. 0 MICHEL SERRES Propos recueillis Michel Serres est l'auteur de nombreux ouvrages philosophiques dont le dernier, les Cinq Sens, a reçu le prix Médicis-Essai en 1985. la tendance ne s'infirme pas. Après la semi-indépendance de 1922, où le roi Fouad reprend les rênes de l'Etat l'ouverture économique et culturelle est à l'ordre du jour: Les oeuvres complètes de Molière sont traduites en arabe l'élite intellectuelle du pays ne parle plus l'arabe, mais l~ français et l'anglais. En 1929, la nationalité égyptienne est créée. A peine un tiers des étrangers résidant en Egypte profite de cette occasion qui n'en était pas une alors. En effet, les étrangers jouissaient au début du siècle de privilèges exorbitants comme celui de la justice. Les Grecs catholiques, pa; exemple, les Français ou les juifs disposaient de leurs propres états civils et ne pouvaient être jugés que par les tribunaux relevant de leur pays ou de leur appartenance L'Egypte devient bientôt le Far West du monde méditerranéen
- le boom cotonier, à l'époque où les Etats-Ums ne
pouvaient plus fournir pour cause de guerre de Sécessi~n, Il L~dl~a' a~cttor~na~sct:rtiuo~cn~tli:on'~ nc~ odm~upa rcaa:n:ba::ll ed~.e, :P .:S:enu::de::az::,.n :.:e..t. n:la:. ...1d:.8:..o6:..9:m,:: ien.n.at iof:.o.,nn:.t.. .a_un..n.::: g:.p...lao_isl_ee.: ..,_ C..:..ul_tu_r_e_fr_a_nç;,..a_is_e...:..., c_ol_o_n_is_at_io_n_a_n....:9:....la_is_e...:.., a_rr_iv_é_e e_n _m_a_s_se_de_s_i_m_m_i,_anït~s7fd~u:;,m:o:;.n;-:d::-e::m:ïe~d'- it~el,rr-:an;ïeT.e' ~n~o_n_t. ;".p_ro_fo_n_d_é_m_e_n_t m_a_r...:...qu_é_l'E ~9::..:y..:....p_te_. ________________S_ u_l_.te~p_._4_2~ Différences - n° 55 - Avril 1986 Femmes d'Egypte, femmes meurtries, femmes souveraines. De l'art pharaonique, la consommation touristique n'a guère retenu que les pyramides. Petites ou grandes, en bronze ou en albâtre, en presse-papiers ou porte-clés, elles ont évincé les statuettes du temps des rois. Même les pharaons - Toutankhamon - et les pharaones - Nefertiti - les plus en vue n'ont pas la cote au pied des pyramides de Guizeh. L'histoire de la femme égyptienne commence pourtant au musée des Antiquités du Caire. Il y a là les tombeaux des grandes reines, les bijoux, scarabées sacrés, cobras mythiques, que portaient les femmes du monde. Il y a là aussi dans un indescriptible fouillis les milliers de sculptures, stèles, statuettes,qui sont, à elles seules, un mémorandum de la condition de la femme de l'an 3000 à l'an 500 avant notre ère. Représentées à l'égal de l'homme, même taille, même posture altière, dans l'Ancien Empire, où elles allaient à la chasse avec leurs compagnons, donnaient leur nom aux enfants, pouvaient devenir gouverneurs, reines ou déesses, les femmes sont ravalées au rang de lilliputiennes au Moyen-Empire, lorsqu'apparaît la propriété privée de la terre. Elles reprennent de l'importance au Nouvel Empire (1580 avant ].-G), où des reilles célèbres, Nefertiti, Hatchepsout, montent sur le trône. PUis, viendront le déclin de la civilisation pharaonique, l'EmRire romain, et plus tard, l'Islam. Autant de coups portés au statut de la' femme. . Femmes fortes, amples aux hanches généreuses et aux yeux élargies par le khôl. S'il fallait donner aujourd'hui une juste représentation picturale de la femme égyptienne, nous serions bien embarrassés. Première version - l'officielle -, le réalisme socialiste. Femmes ouvrières du delta du Nil, paysannes des coopératives ouvrières, couleurs vives, drapeau, nationalisme panarabe. « Actuellement, des femmes occupent 33 des 392 sièges de l'Assemblée - une proportion plus élevée que dans la plupart des pays européens ... Presque la moitié des docteurs en médecine sont des femmes ainsi que les techniciens de la télévision », affirme la plaquette d'informatioI]. du service de presse de l'ambassade. Et d'ajouter: « C'est l'arrivée de l'Islam moderne qui a rendu aux femmes leur place entière dans la société, place qu'elles avaient perdu pendant des siècles d'occupation étrangère. " Racourci anticolonialiste judicieux, mais peu convaincant. Car, parallèlement, il existe un monde où la femme n'est rien. Voilée, condamnée à la servilité et à la réclusion, voici la femme musulmane, celle des intégristes d'Al Jihad, la femme sans droit ni loi, sauf celle de son mari. Celle-ci n'a pas d'image. Usines el voiles Il est d'ailleurs impensable qu'une femme vive seule, aille au spectacle ou au café sans y être accompagnée par un homme. Les rues de la capitale offrent après huit heures du soir le spectacle désolant d'un monde exclusivement masculin. Prière à la mosquée, cinéma en ville, narguilé au café: que de devoirs et de plaisirs interdits aux femmes 1 Pendant le jour pourtant, elles sont là, partout, piliers d'une économie de crise. Femmes fortes, amples, aux hanches généreuses et aux yeux élargis par le khôl, femmes des villes et des champs, femmes du peuple durcies par le travail, intellectuelles vêtues à l'occidentale, mais farouchement attachées à l'identité arabe, voile compris, ces femmes colorées en diable font craquer les modèles. « Les Occidentales s'attachent trop à l'aspect extérieur des choses. Ce n'est pas parce qu'une femme est déshabillée qu'elle est libre", explique Atiat el Abnoudi, cinéaste, musulmane « de gauche", qui avoue n'avoir jamais rencontré d'obstacles à son choix professionnel du fait de son sexe. Atiat comprend mal « l'attachement malad1f des féministes occidentales au problème du voile". Symbole d'identité culturelle - on retrouve les traces de la guerre d'Algérie et de la révolution iranienne - le voile est par excellence, une question d'image. Laquelle choisir? En Egypte, le port du voile est chose rare. A la campagne, parce que la coutume était très peu répandue - travail aux champs oblige - et en ville parce que les Cairotes furent des pionnières de l'émancipation de la femme. La Fédération des femmes égyptiennes fut fondée par Hoda Shaarawi en 1923. En 1924, elles obtiennent l'élévation de l'âge du mariage à seize ans. En 1933, les femmes peuvent entrer à l'université du Caire, et en 1962, elle pénètrent dans le bastion de l'Islam, université d'Al Azhar. Elles ont le droit de vote depuis 1956 et bénéficient du congé maternité depuis 1959. Victimes des discriminations qui sont le lot habituel des femmes de par le monde - travail occulte gratuit à la maison, aux champs ou dans la rue, inégalité des salaires, barrages à la promotion - les Egyptiennes sont pourtant socialement en avance dans le monde arabe. Restent des sujets tabous, et c'est là où le bât blesse. L'excision en est un, et mis à part : « Je ne ferai pas exciser ma fille", il est très difficile d'aborder la question avec une femme égyptienne, si féministe soit-elle. « j'avais neuf ans quand on m'a excisée, raconte Om Gad, femme de garagiste. Un jour ma cousine Zahra arrive en courant et me dit,' Viens, viens, nous allons être excisées. Elle était heureuse, c'était un grand événement. Nos parents avaient préparé des gâteaux et du poulet. j'ai vu les rasoirs et j'ai entendu ma cousine crier! Je ne voulais plus y aller. La femme de mon oncle maternel m'a écarté les jambes ... " « Les femmes, ajoute Nayra Atiya (2), peintre et écrivain, participent activement à toute une série d'exercices destinés à contrôler leur nature, leurs "tendances sensuelles". Mythologie et ignorance font le reste, » Dans les régions rurales d'Egypte, rapporte Naoual al Saadoaoui (3), « quand un homme pénètre dans une maison où il n'y a que des femmes, il invoque plusieurs fois entre ses dents le nom d'Allah "ya Hafez, ya Hafez, ya Latee[ ya Sattar, ya Rab, ya SaÜr, ya Karim. "Oh 1 Sauveur tout puissant, dieu clément qui seul nous protège du mal ... " » Tout un programme. 0 VERONIQUE MORTAIGNE Bon an, mal an, les femmes égyptiennes naviguent entre deux réalités, deux modèles. Leur pays n'est pas le Yémen, où jeunes filles et épouses portent triple voile et masque de cuir, ni même l'Algérie où l'islam fait preuve de plus de rigueur, ni le Soudan où l'infibulation reste de mise. (1) L'excision est, en principe, interdite en Egypte. Mais la réalité est loin Pourtant, 90 % des femmes égyptiennes ont été excisées de suivre la loi. Il en va de même pour le droit de vote (0,53 % des votants), le droit au travail. Sans compter avec la coutume: polygamie pendant leur enfance (1). Mariage et divorce suivent les virginité, soumission aveugle au mari. ' préceptes de la loi coranique. Si une femme battue par son (2) Khul-Khaal, five egyptian women tell their stories, de Nayra Atiya, The mari s'enfuit, ce dernier peut faire appel au Beit El Ta 'a, American University Presse-Le Caire. lm c'est-à-dire à la coutume qui lui permet de la ramener au Devant le café Groppi, au centre du Caire, en milieu de journée: des femmes actives. A partir de huit heures du soir, la rue revient (3) Naoual el Saadaoui, médecin, écrivain, auteur de Laface cachée d'Eve aux hommes. (éd. des Femmes), une des premières à s'être penchée sur la condition de la domicile conjugal sous escorte policière. femme dans le monde arabe. L---------~~------------~--------------------------------------------------~------------------------~D~W~Jé~r~e~n~ce~s--~no~5~5~--A~v-r7,il~1~9~8~6----------------------------------------------------------------------------~ IVRES ______________________ ~ Les bonshommes de Rachid Khimoune, celui qui scrute les trottoirs PLAQUES D'EGOUT... Marcel Du- jusqu'à ce que se révèlent des écritures champ peut être content: près de vingt anciennes, des écritures millénaires, des ans après sa mort, on continue à faire paysages enfouis, des paysages qu'il de l'art avec les objets utilitaires. On pressentait sans même les connaître. connaissait les autos compressées, les Et alors sur les pavés, sur le bitume, il fresques murales, etc. Voici qu'un s'est mis à lire d'étranges choses. Il a vu jeune peintre ajoute un objet à l'art des personnages courbés et fugitifs, il a urbain: il peint et décore ... les plaques vu des mariées avec leurs longs voiles d'égout. blancs, il a vu des corps noueux et des «On trouve aussi bien sa vérité en visages et des calligraphies arabes et des regardant 48 heures une quelconque ta- arabesques et des ornements ... Toute pisserie de mur », écrivait un poète une palette magique s'est dépliée defrançais. Et ils furent quelques-uns à vant ses yeux, où les reliefs, les couleurs scruter les murs, les nuages ou les et les formes s'harmonisent et se répontaches d'encre ... Mais les trottoirs, on dent. .. Par son pouvoir de métamorn'y avait pas pensé. Sans doute que phose et son talent de coloriste, Rachid pour nos artistes la rue n'était pas un Khimoune a fait du sol une grande lieu assez noble. Car pour voir surgir mosaïque où l'histoire se modèle et se tout un monde du sol urbain, des recommence en s'enrichissant de fractures de bitume ou des plaques cultures nouvelles. d'égout, il fallait un regard singulier, un Pourtant, celui qui voudrait seuleregard vierge, un regard qui soit d'ici ment voir .ce que ces formes représentout en ne l'étant pas... t~nt, sav?lf ce qu'elles peuvent signiRachid Khimoune, français de nais- fIer, serart dans l'erreur. Les subtiles sance et d'éducation et fils d'immigrés variations de couleurs, les tons chauds, kabyles, a su regarder ce sol que nous les reflets irisés invitent à une lecture ne voyons plus, et s'il y a d'abord trouvé multiple et non définie. Plus que jamais bien sûr la sueur et la souffrance de ses la couleur et le rêve sont ici les seuls pères qui l'ont creusé, il y a trouvé aussi maîtres, le seul dessein celui de faire une étrange poésie, car, à son tour, il sourdre le flot impatient de quelque . Iim s'est mis à le creuser ce sol, à le creuser profonde nappe intérieure. D ~ plus loin avec les doigts du coeur, MONIQUE AYOUN ~ ___________ -L~ _______ ~ _ ~ _________ Charles lL"".-"'1 TES LE REGNE DE LA PHOTO. Le palais de l'Image: ce n'est pas le nom d'un magasin oriental, mais celui d'une très grande réalisation, à long terme, du ministère de la Culture. Il s'agit de la transformation définitive du palais de Tokyo, rescapé de l'Exposition internationale de 1937, en quelque 20 000 m2 consacrés à l'Institut national de formation aux métiers de la création pour l'image et le son (ouf! c'est long), prévu pour deux cents étudiants, français et étrangers, annuellement. Ceux-ci pourront s'y initier au scénario, à la réalisation, au son, aux techniques d'éclairage, au montage, au costume, aux effets spéciaux etc., et on peut dès maintenant s'y inscrire! Cohérence oblige, la Cinémathèque au complet (avec ses salles de projection, son musée du Cinéma, sa bibliothèque de cent mille volumes, cinquante mille affiches et deux millions de photos, entre autres richesses) sera dotée également, dans l'ancien palais de Tokyo, d'un lieu digne d'elle et près des étudiants « ès » septième Art. Quant au Centre national de la photographie, déjà sur les lieux depuis deux ans, avec de somptueuses expositions, il s'y installera définitivement avec tous ses services, complétant un ensemble unique au monde, dit-on (cocorico !), consacré à l'image fixe ou en mouvement, à la fois lieu de formation et de contemplation. Une autre innovation audiovisuelle, plus modeste par les dimensions: l'Espace photographique de Paris, financé par la municipalité, sous l'égide de Paris audiovisuel, qui a su faire du mois de la Photo une manifestation mondiale majeure dans ce domaine. L'Espace, installé aux Halles, préludant, espérons-le à une utilisation plus culturelle du centre de Paris dévasté par le business envahissant, a ouvert ses portes avec une belle restropective de Wolff (Inde-New York) et abrite actuellement un show Alice Spring très branché : pas de crainte à avoir, ses cimaises sont bouclées jusqu'à la fin de l'année. A suivre de près! A rapprocher, dans le domaine pelliculé, d'Images d'ailleurs, sérieusement, bellement et « kitschement » présentée à la BPI du centre Pompidou, un voyage à travers de superbes nostalgies rétro, sur les traces photographiques des explorateurs, voyageurs, missionnaires, colons , archéologues, aux quatre coins du monde entre 1860 et 1945, date du début du tourisme, donc de la photographie de masse. L'entrée Différences - n° 55 - Avril 1986 GIANNI VERSACE PAR ALICE SPRING gratuite de cette exposition permet à tout un chacun de consulter à volonté des séries de photos anciennes sur le sujet de son choix. Un modèle de présentation qui ne donne que du plaisir! Il Y a cinquante ans, le Front populaire, déjà! L'anniversaire sera célébré non pas avec faste, mais avec ferveur dans toute la France, par une multitude de manifestations de toutes tailles, rappelant le souvenir, pêle-mêle, des « congés payés », de Léon Blum, du Frente popular espagnol, de la Cinémathèque, fondée en 1936, de la fédération Léo Lagrange, de Travail et culture, de la chanson et du film d'alors etc. nous en reparlerons. La France de 1986 au rythme du Front populaire, cela va en faire râler plus d'un, tant mieux! Et puis, à la bonne vieille BN, un joyau pour fêter l'année de l'Inde: l'exposition, A la Cour du grand moghol, qui tel un écrin, sort de ses réserves pour la première fois, cent cinquante miniatures indiennes et persanes des XVI', XVIIe et XVIII" siècles. Un régal pour les yeux. D YVES THORAVAL Palais de l'Image au palais de Tokyo: 13, avenue du Président-Wilson, 75016 Paris. Espace photographique de Paris: 4 à 8, Grande Galerie, niveau-2, Forum des Halles. Tél. : 42.86.87.12. BPI au centre Pompidou: Images d'ailleurs, tous les jours, gratuit, de 12 à 22 heures, sauf mardi, jusqu'au 2 juin. Cinquantenaire du Front populaire: informations, ministère de la Culture, 3, rue de Valois, 75001 Paris. Tél.: 42.96.61.04. A La cour du grand moghol à la BN : 58, rue de Richelieu; tous les jours, de 12 à 18 heures, jusqu'au 12 juin. LIEN DE PARENTÉ. Willy Rameau, cinéaste d'origine antillaise, vient de réaliser son premier long métrage: Lien de parenté. L'histoire d'un grandpère campagnard et plutôt asocial, interprété par un Jean Marais détonnant, au langage cru qui, vivant en Provence, va « récupérer » à Londres un petit-fils (qu'il n'a jamais connu avant) menacé de centre de redressement pour cause de délinquance. Surprise! Le petit-fils est un ado ... « black et branché» : sa mère était Jamaïcaine et chanteuse ... Le film retrace l'approche difficile de ces deux hommes qui apprendront à se connaître et s'estimer au soleil du Midi ; malgré un entourage villageois qui renâcle quelque peu de voir ce « petit-fils» venu d'ailleurs. Mais on est loin du film à thèse bien qu'un certain racisme « France profonde» y soit mis en question. Car, dit Willy Rameau, le réalisateur: «Faire un cinéma de dénonciation ne m'intéresse pas. Je préfère de loin la «touch» de la comédie à l'italienne. C'est d'abord un film pulsionnel où la musique, la forme et les couleurs rejoignent mes propres pulsations. » Effectivement Lien de parenté est un film stylistiquement travaillé avec de drôles et attachants personnages. Ni gai ni triste. Pas réaliste, plutôt tonique! Principal personnage de Lien de parenté en grand-père hors les normes avec son petit-fils noir, interprété par Serge Ubrette, Jean Marais ne tarit pas d'éloges à l'égard du réalisateur: «Je suis reconnaissant à Willy Rameau de m'avoir demandé un rôle auquel les autres metteurs en scène n'auraient jamais pensé.. . » Comment ressent-il cette question du racisme qui « court» en filigrane à travers le film ? « Il se trouve que mon petit-fils est noir; l'effet de surprise passé, vis-à-vis du grand-père que j'incarne, ça n'a pas d'importance. Sauf au niveau de quelques personnes du village. Mais lui et moi sommes des marginaux, chacun à notre façon. « Personnellement, je n'arrive, dans la vie, même pas à comprendre comment on peut être raciste. Qu'on puisse établir des « hiérarchies» à cause d'une couleur de peau ou d'une appartenance religieuse... De nos jours que certains en soient encore là est vraiment atterrant! Tous les hommes ont le même sang rouge et les larmes aussi translucides. » JEAN MONTARLOT ÉVÉNEMENT ____________________________ ~ Unique la voix d'Esin Afsar l'immense chanteuse turque: Unique son concert à Paris. Mais rassurez-vous, il y a les disques. Une Turque à Paris ATTENTION, CHANT UNIQUE o ansJes années so;xante, on l'a surnommée la chanteuse diplomate, tant elle a couru le monde. En 1969, elle reçoit à Paris le prix Dario Moreno. Son colauréat : Jacques Brel, rien que ça. Des études d'art lyrique très sages, chez le même professeur que Maria Callas Mme Hidalgo. Puis la chanson. Esi~ Afsar devient très vite populaire en Turquie, et commence sa carrière internationale. Avec un répertoire pourtant pas facile : des chants anonymes anatoliens ou d'A zerba id jan, des troubadours du passé à ceux qui aujourd'hui vont encore de village en village avec leur saz et leurs chansons. Elle revient au Théâtre de la Ville de Paris, et c'est A sa manière, Esin Afsar tient tête et donne de la voix contre les « affadissements culturels» d'un monde troublé jusque dans ses musiques. En choisissant ses sources d'expression au grand répertoire poétique et folklorique d'une Turquie dont elle se veut l'interprète attentive, au-delà des frontières. En alliant la polyphonie et le rythme, présence scénique et performance vocale, elle souhaite - dit-elle - « tenter une synthèse par une approche instrum~ ntale modernisée ». Voilà pourquoi Esm Afsar n'entre jamais en scène en vêtements « typés» et sous l'égide du seul saz en accompagnement. tant mieux. Restaurer la démocratie On n'entend guère sortir des mangedisques de klaxonnants « dolmus », ces taxis collectifs dévalant les pavés d'Istambul ou longeant le Bosphore, la voix d'Esin Afsar. Et pour cause! Cette femme blonde et au regard bleu (qui a fait le conservatoire d'Ankara et tâté de l'art lyrique) refuse avec force de s'adonner au style « arabesque », ce sirop musical qui investit depuis plusieurs années les oreilles de ses compatriotes. « C'est une musique "batarde", matinée d'influences arabisantes qui a perdu toute authenticité; une musique de pure et simple "consommation" et même plutôt dangereuse parce qu'elle perturbe l'âme », commente ardemment la chanteuse. Mais demeurent la sobriété et l'enracinement culturel d'une chaleureuse interprète. Aussi bien de chants anonymes d'Anatolie que d'anciens poètes turcs (comme Yunus Emre XIIIe siècle), du « subversif» contem~ porain Nazim Hikmet ou du chanteur popul.aire Ruhi Su, récemment disparu, et qUI fut son ami. Entourée de trois musiciens: Onder Bali au piano, Uskan aux percussions (et même au tumba africain) et Ali Dede au naï, au saz, au saxophone, elle chante foulard en main ce fragile «étendard» de la Turqui~ traditionnelle et rurale. Son disque précédent s'intitulait le Destin de l'artiste; elle vient juste d'en sortir un nouveau : Poèmes et Chants de Turquie, d'hier et d'aujourd'hui. Et il n'est pas indifférent de savoir qu'Esin Afsar a signé avec d'autres artistes, écrivains et intellectuels de son pays, la «Charte pour la restauration de la démocratie ». Un engagement qui lui interdit de se produire aujourd'hui sur les plateaux de la télévision turque bien que de nombreux concerts publics l'attendent encore, d'Istambul à Ankara. « Ce n'est pas une faute d'approuver un texte lié aux droits fondamentaux de tout être humain. Pour le respect des libertés, la levée des restrictions individuelles contre la censure et la peine de mort ... ; Depuis pas mal d'années cette chanteuse sillonne la planète. Concerts en Bulgarie, Hongrie, Roumanie et URSS, en Corée, aux Pays-Bas, en Italie, en Australie et au Japon. En attendant une tournée future en Inde et au Bengladesh ... Et de ces rencontres avec des publics si différents, Esin Afsar garde des expériences intimes et des images émotionnelles « qui ouvrent le coeur et les yeux sur le monde ». Question impromptue sur les récents affrontements politiques entre membres de la communauté turque immigrée en France (il y eut des morts) ... «J'ai appris la réalité de ce douloureux problème lors d'un concert à Mulhouse. Je souffre que la France connaisse actuellement la Turquie à travers de tels événements. » Finalement, se considère-t-elle comme une chanteuse de variété? « Ce n'est pas à moi de répondre, mais à mon public turc, français et d'ailleurs ... » Aux lecteurs de Différences d'affûter leurs oreilles et de s'ouvrir à l'émotion vocale de cette dame venue de Turquie, mais qui voue aussi un culte personnel à Brel, à Reggiani et à Juliette Gréco. 0 JEAN MONTARLOT Disque,' Poèmes et Chants de Turquie, d'hier et d'aujourd'hui. Ed. Horizon Music. Il en existe trente autres. Concert le I2 avril à 18 h 30. Renseignements et location,' 2, place du Châtelet, 75004 Paris. Tél. " 42.74.22.77. D'OUM KALSOUM A LA VOIX DU RAI «Notre but est de produire et de promouvoir toutes les musiques arabes; notamment en direction des ressortissants de ces pays installés en Europe. Avec beaucoup de jeunes chanteurs modernes tunisiens, syriens, marocains etc, que nous avons en exclusivité. » Pour M. Zaech (d'origine suisse allemande) responsable de la société Horizon Music, tout a commencé en 1965 ; lors de successives rencontres, au Caire, avec «la voix d'or du monde arabe» .' Oum Kalsoum. «Aujourd'hui, nous en avons les "droits" pour l'Europe et les pays du Maghreb. Et en ce qui concerne la discographie d'Oum Kalsoum, il y a encore à faire! De quoi publier deux ou trois nouveaux disques par an car de nombreux inédits (environ une quarantaine) existent encore. Notamment ses chants de jeunesse jusqu'ici "occultés" par les grands titres de son répertoire dont les versions disques et cassettes ont inondé le monde arabe et celui de /'immigration. » Pour situer le marché des musiques arabophones dans les pays concernés, précisons que la vente de disques ne représente environ que 5 % par rapport à 95 % de diffusion pour les cassettes. « Si aujourd'hui on parle aussi de crise dans la profession musicale, c'est que l'erreur a peut-être été de trop laisser proliférer les cassettes (très souvent « pirates» et de moindre qualité). Mais' au temps du disque-compact on ne peut préjuger de ce que la technologie nous prépare pour demain. » Pour l'heure, du Maghreb à l'Europe en passant même par la Turquie, Horizon Music propose un catalogue d'environ 500 « références» ; une des dernières en date étant d'ailleurs le disque de la chanteuse turque Esin Afsar (voir autre article). Dans la foulée, le fougueux raï algérien n'a pas été oublié puisque cete « maison» vient d'éditer deux disques de ce style. L'un de Chab Khaled (le « raïeur » du moment le plus en vue) et l'autre de Chab Mami, lors du récent festival de Bobigny* . «Le raï est une musique chantée d'origine berbère qui vient vraiment du peuple. Et bien que le "cliché" journalistique en fasse le nouveau-rock-algérien (avec d'ailleurs la part assez belle sous cette forme modernisée à la TV algérienne), le raï remonte, en fait, à plus de quarante ans. Mais c'était alors un genre musical méprisé parce que né des "mauvais lieux" ; on le jugeait graveleux, voire subversif. Finalement, en la matière, c'est toujours le public qui décide. Et pour le raï actuel.' un public jeune, mais pas exclusivement. Aujourd'hui, par exemple, dans les magasins et les cafés arabes de Marseille on entend partout du raï. C'est un nouvel essor. » Et M. Zaech de conclure: « Je suis même quasi persuadé que par son rythme et sa musicalité, le raï se prêtera bientôt à l'interprétation de jeunes chanteurs européens. » 0 J. M.
- Du 23 au 26 janllier dernier. Et,
après la Villette (en féllrier} en festi· liai qui doit itinérer en prollince. Voir Différences n° 54, mars 86. ENOANCES ____________________________ ~ Rengaines LES TUBES A VOT'BON COEUR Grand-messe de la chanson, le printemps de Bourges est une bonne occasion pour faire le point sur la mode de la chanson humanitaire. Renaud, accordéon, flonflons, nouvelle vague. {lue reste-t-il aujourd'hui de l'idée «d'engagement» social ou politique du petit-grand monde de la chanson? . .. A l'he re où tous les « plans» publics/privés de nos médias vidéo-électroniques font, et de plus en plus vite, basculer à la trappe de l'oubli, sinon de la « saturation » tout ce qui s'y produit? Merci Mac Luhan de nous avoir jadis appris que « medium is the message» ! Ces dernières années, chaînes TV et radios ont rallumé, par la force des choses, les angoissantes questions du « tiers» et du « quart» monde. Via leurs reportages (du Sahel à l'Ethiopie ... sans oublier l'Europe), le plus souvent d'ailleurs commentés en « voix off» mais à partir d'images du réel le plus «criant»: famine, pauvreté, catastrophes naturelles, guerres et/ou terrorisme. Qu'on pose aujourd'hui la question à de jeunes lycéens ou à des adultes sur les « urgences» actuelles et les réponses sont invariables : la sécheresse, la faim, la violence. En un consensus largement évoqué, sinon ressenti. Dans le même temps, comment ne pas être effleuré (éraflé ?) par l'idée que cette masse d'images/sons est «brassable » à merci (et techniquement, elle l'est) ? Avec ses inévitables « montages» de maux, de souffrances, et de sang qui abreuvent nos yeux à longueur d'antenne. Phénomène médiatique dans les rêts duquel nous sommes pris, qu'on s'en défende ou pas, quitte à en devenir les « marionnettes » semi-conscientes, dans une sorte de fascination morose et globalement indifférenciée. Alors semblent se mettre en place certaines soupapes respiratoires : des élans de générosité ponctuels. Comme si nos sociétés développées, mais en crise, se déchargeaient dans leurs marges d'une culpabilité reconnue mais somme toute assez vague. Le coeur a ses chansons ... D'où, par exemple, cette histoire édifiante des Restaurants du coeur sous la houlette publi-médiatique d'un Coluche national. Avec effets spectaculaires sur le front de la nouvelle pauvreté : rassemblement de quasi tout le Landerneau politique toutes idéologies confondues sur un plateau TV et appel simultanément à la générosité du menu peuple de France. Et le « coeur» a désormais ses chanteurs- vedettes à l'enseigne des dits restaurants. Nombreux ceux du show-biz en la circonstance à retrousser leurs voix! Sommes-nous entrés dans l'ère du sponsoring des pauvres et des catastrophés ? Irrémédiablement enseveli le vieux baba-coolisme pro-Bangla Desh sous la nouvelle modernité et ses BA new-look au temps des medias blécas ? Songeons à l'ex-punk du no future 81, Bob Geldorf. Devenu l'année dernière le chevaleresque promoteur du grand concert Live Aid du stade de Wembley au profit de l'Ethiopie affamée ; avec la bénédiction de poids de la couronne d'Angleterre. Cela parce que B. Geldorf avait été « bouleversé en novembre 84 par un reportage-télé sur la question » ••• Marathon musical Moralité expresse: la TV, déclencheuse de ce généreux marathon musical, retourne d'abord à elle-même, c'est-à-dire à la retransmission « live » du concert. Bel effet de « feed-back » audio et visuel! Les retombées effectives aujourd'hui sur le sort quotidien et la vie des Ethiopiens malgré un louable souci de contrôle des fonds recueillis ? Avec ces opérations Band ou Live Aïd nous avons franchi le stade de la bienfaisance en mondovision. Du « froid » social mais des shows intéressants ! Hier lors du récent et tragique rallye Paris-Dakar, dans l'hélicoptère de l'organisation, en passager volontaire: le chanteur Daniel Balavoine. A quel prix? Au plus fort: celui de sa vie, avec d'autres . Il y avait pourtant une BA à la clef: du matériel d'irrigation livré sous caution d'une vedette humaniste. Mais qui ne sait que ce matériel est appelé à rouiller comme les précédentes livraisons faute de maintenance et d'assistance techniques minimales? La machine médiatique, elle, a très bien fonctionné dans sa retransmission du drame. Nous reste la voix vinylique et humanitaire de Balavoine chantant « Aziza » ... L'époque où chanteurs-composite ursinterprètes pouvaient spontanément « crier » sur un simple bout de podium leurs révoltes, leurs indignations ou leurs espoirs a pris du plomb dans l'air du temps. Où sont les expressions sociales pour la justice et la solidarité à l'horizon 87 ? Morcelées, parcellisées, éparpillées au gré des instances audiovisuelles qui « zooment » ou délaissent à merci, le temps d'un journal TV ou d'un flash radio. Où sont passés les chanteurs «engagés» d'hier, Colette Magny, Francesca Solleville, François Béranger et consorts ? Beaucoup d'entre eux voguent vers des « galères » de fin de parcours; d'aucuns diront : pris dans la ringardise de l'âge, appartenant déjà au «patrimoine » des années 60-70. Différences - n° 55 - Avril 1986 Après l'after-punk, les radios libres, le reggae, le rock revisité, fini le temps du vieux manichéisme, dit-on. Place donc à ceux qui montent au nouveau ciel hertzien! Pourtant elle semble aujourd'hui si unanime et si ponctuelle cette nouvelle « solidarité» tout azimut dans le monde du show-biz qu'elle en devient un peu suspecte; à tout le moins ambiguë ... Désormais on préfère se regrouper , se mettre au chaud et « accoucher » d'un disque collectif pour les causes incontestées, toutes tendances artistiques confondues. Ainsi le disque « Tuons la faim » où l'on trouve, osons le dire, vraiment à boire et à manger: Lama, Chedid, Béart, Lara, on en passe , et Renaud. De même le maxi 45 tours « La chanson de la vie » dans un but d'aide aux femmes du tiers monde où se retrouvent - entre autres - Barbara et Nicoletta, Jane Birkin et Sheila, etc. Il ne s'agit pas là de procès d'intention mais du constat d'un drôle « d'unanimisme ». Soyons résolument actuel. Avec Renaud et ses récents concerts au Zénith: derrière soirée au profit des « restaurants du coeur ». Le créateur de « Laisse béton» est d'ailleurs de toutes ces sollicitations. Participant bénévole à « Chanteurs sans frontières » comme il y a deux ans, pour ... Greenpeace. Tout récemment le chantant roi Renaud revenait donc de guerre avec son tube anti-Miss Maggie,~ écrit à chaud (juste après la terrible et aberrante histoire du stade de Heysel) . Comment ne pas avoir une petite valvule de générosité quand on a commencé sa carrière en néo-Gavroche aux « loubardises » poétiques bien ficelées? Pris désormais dans une avalanche d'interviews , Renaud déclarait, par exemple, au journal Le Matin: « Mes colères, mes révoltes sortent toutes seules. Je ne me force pas. Parfois j'en ai marre de tout, des idéologies, des luttes et des combats, des partis ... Mais après je prends l'actualité en pleine gueule et il faut que ça sorte. C'est vital. » Pourtant dans le sillage du nouvel « engagement » des stars chantantes 86, il en est d'autres tel Higelin , que d'ailleurs Renaud admire, dont l'ouverture sur le monde fait quand même plus le poids , paroles et musiques comprises . Ne serait-ce qu'à travers des voyages-rencontres avec des musiciens et chanteurs du tiers monde; à conjuguer des rythmes et des talents inédits. Oubliée Francesca Solleville ? Une voie pour que chacun fasse entendre ses propres décibels d'au-delà les frontières, et surtout les premiers concernés. Même si nos médias ne les distillent ensuite qu'au gré des modes et des aléas de la FM. L'année dernière à Bourges, le « métissage » était au rendez-vous. Corps d'ici et d'ailleurs , voix croisées; des BA d'abord musicales pour l'âme et les oreilles des citoyens du monde que nous pourrions être. De toute façon, les rondelles de vinyle ne font pas le printemps de Bourges; l'émotion vivante appartient encore au public. JEAN-JACQUES PIKON 1 1 IVRES ________________________________ ~ AVENTURES. Un « vieux professionnel » du journalisme qui écrit un livre, cela donne un récit passionnant qui se lit comme un roman d'aventures. Et si l'on ne partage pas toujours les points de vue de l'auteur, qu'importe après tout! ... Robert Guillain sillonna l'Asie durant une quarantaine d'années, couvrant toutes les guerres, tous les bouleversements et toutes les révolutions de cette partie du monde. Guerres absurdes, s'il en est, bourbiers dans lesquels s'enlisent irrémédiablement les Occidentaux, totalement étrangers à la mentalité asiatique et, d'ailleurs, bien peu désireux de la connaître ... Au fil des pages, des reportages, des anecdotes vit et grouille ce peuple d'Asie que Robert Guillain, et c'est sa principale qualité, aimé et respecté profondément. JOELLE TAVANO Orient-Extrême, une vie en Asie, de Robert Guillain. Paru aux éditions Arlea/Seuil. CULTURES, AU PLURIEL. .. Voici, recueillie par Jacques Georgel, une conversation à bâtons rompus avec des spécialistes de la culture sur divers sujets qui nous tiennent à coeur: Qu'est-ce que la culture ou plutôt les cultures? .. Comment éviter la folklorisation de certaines cultures, c'est-àdire une certaine tendance des cultures à devenir des stéréotypes, des souvenirs que l'on reproduit à l'infini sans qu'aucun renouvellement, aucune idée créatrice n'interviennent plus... Stréréotypes peu dangereux pour l'autorité et que certains gouvernements encouragent savamment ... Explorateurs du vingtième siècle, Françoise Gründ et Chérif Khaznadar, qui dirigent la Maison des cultures du monde, à Paris, ont consacré leur vie à la recherche et à la présentation des formes culturelles que perpétuent des sociétés trop souvent ignorées du grand public. 0 J. T. Sur la piste des cultures du monde, propos recueillis par Jacques Georgel, entretiens avec Cherif Khaznadar et Françoise GrÜnd. Ed. Pierre-Marcel Favre. QUOTIDIEN... L'apartheid est un régime universellement condamné, du moins sommes-nous enclins à le croire ... Mais pour nous, Occidentaux douillettement installés dans des vies somme toute confortables, qu'est-ce que ce mot - appartheid - évoque ou signifie exactement?.. Comment pourrions-nous connaître, comprendre et seulement oser imaginer les sévices, les humiliations constantes que subissent, chaque jour, en Afrique du Sud, une majorité de Noirs et la folie raciste d'une minorité de Blancs. Afrique du Sud, l'apartheid au jour le jour, le livre de Joseph Lelyveld, ancien correspondant du New York Times à Pretoria a l'immense mérite de nous faire vivre au quotidien - et c'est en cela qu'on peut le qualifier d'insoutenable - l'horreur de cette situation et la violence banalisée qui en découle ainsi que les contradictions et l'absurdité tragi-grotesque du régime sud-africain. 0 JOELLE TAVANO Afrique du Sud, l'apartheid au jour le jour. Presses de la Cité. Collection Documents. GITANS D'ESPAGNE. Nous avions un bon livre d'un Espagnol, Francesco Boyer, le Peuple gitan (1) , qui s'attachait essentiellement à la culture de ce peuple, comme l'indiquait le sous-titre: « Une culture folk parmi nous ». Bernard Leblon, professeur de littérature, fait oeuvre, lui, d'historien. La première partie parcourt «du Moyen Age au siècle des Lumières ». Un fil conducteur: en Espagne, comme ailleurs en Europe, la méconnaissance absolue de ce monde dont les usages, vus de l'extérieur, sont tellement différents de ceux qui règnent dans la société des sédentaires: le «gitanisme» devient l'antisociété, nomadisme égale vagabondage, la liberté symbole du désordre. Les pouvoirs espagnols hésitent entre l'expulsion et l'assimilation par sédentarisation forcée. En 1954, certains ont même l'idée d'une solution «définitive », un peu moins barbare que la «solution finale» nazie: séparation des sexes, et enfants confiés aux hospices. Les Cortès n'iront pas jusqu'à voter ce projet. Le « succès » en 1609-1610 de l'expulsion des Morisques incite à procéder de même avec les Gitans. Mais ceux-ci, quoique - ou parce que - beaucoup moins nombreux se révèlent bien plus insaisissables. C'est donc la sédentarisation obligatoire qui prévaudra. Vers le milieu du XVIII' siècle - siècle des Lumières qui comportait des zones d'ombre ... - près des neuf dixièmes des Gitans apparaissent effectivement sédentarisés. C'est pourquoi sans doute l'auteur ne consacre que quelques pages aux XIXc et XX' siècles: officiellement, plus de «question gitane» en Espagne. N'empêche que, en 1943, le règlement de la Garde civile préconise. .. une sollicitude particulière à leur égard! La seconde partie: «La justice en action », abonde en pittoresque: les actes des tribunaux, civils et ecclésiastiques , fourmillent en détails concrets. Il s'agit principalement de ceux de l'Inquisition - l'Inquisition espagnole, organisme d'Etat -, qui sévit de 1478 à 1834. En Espagne, comme ailleurs , les Tsiganes veulent aujourd'hui reconquérir leur droit d'exister en tant que minorité ethnique et culturelle . Juan Ramirez Hérédia, l'un d'eux , élu député d'Alméria en 1979, l'exprimant ainsi: « devenir artisans de notre propre destin ». 0 BERTRAND BARY Les Gitans d'Espagne, de Bernard Leblon, éd. PUF. (1) Traduction en 1970, chez Privat. Sélection livres L'étrangère, de A. -M. Niane. Collection Monde noir, poche. Ed. Hatier. Recueil de nouvelles primées dans le cadre du 9' concours radiophonique de la meilleure nouvelle de langue française. Au bout du silence, de L. Owondo. Collection Monde noir-poche. Ed. Hatier. Le premier roman d'un écrivain de langue française né à Libreville. France Japon, confrontation culturelle dans les entreprises mixtes. Ed Librairie des méridiens. Ouvrage publié avec le concours de la Fondation du Japon. FIN DE GUERRE... Au fond d'une cave d'un village de la France profonde, ou bien dans la salle d'attente d'une gare, quelque part en Allemagne à la frontière des secteurs alliés et russes, c'est, à ce qu'on dit, la fin de la guerre. Mais le temps semble s'être arrêté, et la fin de la guerre ne plus en finir, laissant ses traces indélébiles et ses zones troubles. Près de quarante ans après 1945, on découvre, un jour d'octobre 1983, dans une bicoque d'un village du Cantal, une femme d'une soixantaine d'années, tondue à la Libération, et qui n'est jamais ressortie de la cave où elle fut enfermée. Avec elle, son frère, qui l'a rejoint dans sa réclusion, tandis que dans une autre pièce gît le cadavre de son autre frère, mort depuis trois ans ... De ce fait divers ahurissant, Arlette Namiand, auteur de Surtout quand la nuit tombe, a tiré une fiction théâtrale dans laquelle l'imaginaire, «défiant toutes les lois, les tabous, les interdits », s'inscrit en forme de rupture dans un réel aux rouages cassés. Coupés de la vie sociale, retranchés du monde extérieur, ces trois personnages (Augusta et ses deux frères) nourrissent de leurs fantasmes, avec une espèce d'innocence d'enfants retrouvée, ce temps arrêté pour eux à la fin de la guerre. A. Namiand a ainsi imaginé ce qui avait pu se partager, dans une étroite complicité, entre Augusta, enfermée presque quarante ans avec sa honte, et ses frères : la tendresse , la haine, le désir, mais aussi le rire. Comme pour exorciser, dans une forme de jeu et de rédemption à la foi, cette « faute» et en tirer une «jouissance sans tache ». Comme pour en finir aussi, à l'abri du dehors, du jour et du temps qui continue, avec les cicatrices de la guerre. Cela s'appelle Passions ... Voyage à Weimar est le résultat d'une rencontre de trois comédiens qui se sont déjà croisés: Daniel Emilfork, Frédéric Leidgens, Dominique Guihard. Le désir de tenter un autre spectacle ensemble a confronté une nouvelle fois ces trois acteurs dans un travail de recherche qui s'est fait à partir de références historiques et culturelles propres à chacun. La différence a donc fait naître les dialogues (écrits par D. Guihard) des trois personnages de cette pièce : un vieil acteur juif d'origine chilienne et deux hommes plus jeunes, réunis par une nuit de décembre 45 dans un gare de transit en l'attente d'un train, mais aussi d'une échappée hors de cette guerre. Différences - n° 55 - Avril 1986 Passions: fantasmes et faits divers Si Weimar est le symbole d'une république gommée par Hitler, ce Voyage à Weimar l'est d'un dialogue nécessaire, après le cataclysme humain. Ces trois voix qui se répondent dans la nuit esquissent en effet une reconstruction, aux bases difficiles : extraire des mots « une vérité qu'ils ne veulent pas toujours dire », rompre la méfiance et, surtout, « ne pas renoncer à continuer à comprendre ». Cette conversation de nuit entre trois inconnus se présente comme un luxe : occasion priviligiée de (dé )livrer ses peurs et ses culpabilités (celles, par exemple, de l'ancien communiste qui, par scepticisme, a rangé ses convictions au placard et se sent poursuivi par l'obsession de la trahison). Mais cette conversation, pour mettre un peu de clarté dans cette nuit et dans cette fin de guerre trouble, n'en laisse pas moins aux trois hommes le sentiment d'un exil et d'une innocence définitivement perdue, «même pour ceux qui n'ont rien commis ». Et la question la plus essentielle reste en suspens: comment cette guerre, ce génocide d'Etat a-t-il pu se produire? C'est, bien sûr, ce qui est au fondement d'une authentique réparation. Or, comme l'exprime l'un des hommes« Ici (en Allemagne,) ils ne sauront plus comment ils sont arrivés là où on les a menés. Où ils se sont laissés mener. Et nous, nous ne le saurons pas sans eux. » o BERNARD GOLF/ER Passions, coproduction. Les Fédérés et Jeune Théâtre national. Au théâtre de la Tempête, du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 16 heures. Location,' 43.28.36.36. Jusqu'au 13 avril. Voyage à Weimar. Au théâtre de la Bastille jusqu'au 4 mai, à 21 heures (relâche lundi). Location,' 43.57.42.14. QUELQUES AUTRES. .. Chrysalide d'Edwige Cabello est l'histoire d'une passion, le cheminement d'un désir entre deux femmes, mais aussi l'affrontement au quotidien de leurs deux mondes. La mise en scène est d'Annie Vergne et c'est au théâtre Le Guichet Montparnasse, jusqu'au 19 avril à 21 heures (relâche dimanche et lundi). 15, rue du Maine, 75014 Paris. Location
- 43.27.88.61.
La Nuit de madame Lucienne sur la scène d'une théâtralité survoltée, des acteurs répétant une pièce inachevée libèrent leurs démons! C'est du Copi et c'est joué entre autres par Maria Casarès. Jusqu'au 13 avril au théâtre de la Commune d'Aubervilliers, du mardi au samedi à 20 h 30 et dimanche à 16 h 30. Location: 48.34.67.67. Folies burlesques internationales III. Troisième édition du Festival du théâtre gestuel et comique aux Amandiers de Paris. Jusqu'au 30 avril, avec les Piétons, le théâtre de l'Acte, Bex et Jouvelet, les Scalzacani et Jérome Mesnager . Pour tous renseignements: 43.66.42.17. Roméo et Juliette. Dans une mise en scène de Daniel Mesguich, au théâtre de Saint-Denis, du 7 au 27 avril (relâche le jeudi). Location: 42.43.17.17. 0 B. G. Revues De nombreuses revues ont, ces tempsci, présenté des numéros consacrés à la lutte contre le racisme. Nous vous les signalons ici, dans un joyeux éclectisme .' - Migrations et pastorales, décembre- janvier 1986 .' Islam en immigration (tél . .' 43.72.47.21) . - Cultures et foi, janvier-février 1986 .' Halte aux mensonges racistes (tél . .' 78.42.72.46, Lyon). - Sport et plein air, revue de la FSGT, n° 297 .' Contre le racisme dans le sport (tél . .' 48.43.61.31). - La Lettre du GDM, Groupement pour les droits des minorités (tél . .' 46.33.25.45). - Actualités migrations, revue de l'ONI, n° 109 .' Les jeunes issus de l'immigration (tél . .' 47.83.80.20). - Alpha promotion, revue du CLAP nouvelle formule, nOS 1 et 2 .' Avant, Après le 16 mars (tél . .' 45.85.31.81). - Sepsi, revue poétique et antiraciste, n° 1 (tél . .' 45.26.26.00). - Adri-Info, sélection mensuelle d'informations de l'agence pour le développement des relations interculturelies, 42, rue de Cambronne, 75015 Paris. Voiles SEXISTE, MAHOMET? La condition féminine dans les sociétés islamiques est un des arguments de choc du « racisme de gauche ». C'est vrai que les femmes ont des problèmes dans ces pays. Mais l'Islam n'est pas seul en cause ... De part et d'autre de la Médi terranée, s' élèvent les voix des femmes arabes et des femmes musulmanes. Elles ont décidé d'exister, de parler et d'écrire. Elles ont à se relever de l'infamie dans laquelle elles se sont trouvées plongées depuis la décadence de la civilisation arabomusulmane qui s'est amorcée vers les XIIe et XIII e siècle. Elles émergent d'une profonde léthargie. L'islam serait-il la cause de leur malheur ? Cette religion mise sans cesse au pilori avait accordé, au départ, c'est-à-dire au VIle siècle de l'ère chrétienne, un statut féminin révolutionnaire pour l'époque. Ghita el Khayat-Bennai, marocaine, médecin et première femme psychiatre en son pays, la définit comme « une religion qui se revendiquait dans le progrès ». Effectivement, avec l'islam, des pratiques particulièrement cruelles, comme le fait d'enterrer vivantes les petites filles qui venaient de naître, disparaissent. Elle limita aussi la polygamie dont les origines remontent à la nuit des temps. Et pour cause, le prophète Mahomet, qui se maria en tout et pour tout avec quinze femmes, savait à quoi s'en tenir. Il décida que tout bon musulman pouvait prendre jusqu'à quatre épouses, à condition qu'il puisse subvenir à leurs besoins. Le Coran n'est pas toujours très tendre avec les femmes, la Bible non plus, d'ailleurs, et cela n'empêche pas les femmes chrétiennes de revendiquer leur identité religieuse, si elles en ressentent le besoin. Les modèles de femmes retenus par ces deux religions sont rigoureusement identiques, la Vierge et la mère. La femme, en tant que telle, n'existe pas et se trouve tout simplement considérée comme une incapable majeure. On pourrait alors s'attendre à ce que les femmes arabo-musulmanes qui s'émancipent rejettent leur religion. Il n'en est rien. Elles revendiquent avec passion leur identité de femme, d'Arabe et de musulmane. Et, au lieu de jeter le discrédit sur l'islam, elles incriminent les hommes qui se sont servis de l'islam et qui ont su trouver les faiblesses de cette religion afin de mieux opprimer les femmes. Cette détermination féminine s'explique en partie par le fait que l'islam ne distingue pas la religion de la législation, la morale de la pratique sociale. La chari'a (loi islamique) et l'enseignement islamique régissent toute la vie d'un individu de la naissance à la mort. Le temporel se mêle étroitement au spirituel et réciproquement. S'appuyant sur un islam mal assimilé, servant à légitimer leur puissance, leur virilité, les hommes s'arrogèrent des droits immenses que les femmes essaient maintenant de remettre en cause. Fatima Mernissi, sociologue marocaine, a relevé, dans l'un de ses livres, que la Muduwana, qui constitue la législation de la famille marocaine, fortement inspirée des principes coraniques, a été élaborée en 1957, donc au lendemain de l'indépendance du Maroc, par des hommes et, notamment, par le leader nationaliste Allal ap Fassi. Elle donne en exemple l'article 115 de ce code: « Toute personne subvient à ses besoins par ses propres ressources, à l'exception de l'épouse, dont l'entretien incombe à l'époux » , argument à double tranchant qui démontre à la fois que l'épouse est un être faible qui demande à être protégé et pris en charge. Fatima Mernissi regrette qu'aucune femme n'ait pu participé à l'élaboration de ce texte. Mais des hommes sortent du rang pour s'élever contre ce sort réservé aux femmes. Parmi eux, Averroes (médecin et philosope arabo-musulman, né à Cordoue en 1126 et mort à Marrakech en 1198), dont une phrase constitue le prologue du livre Le monde arabe au féminin de Gita el Khayat-Bennai: « Notre état social ne laisse pas aux femmes la possibilité de donner leur mesure. Elles paraissent destinées uniquement à donner naissance à des enfants et à les nourrir. Cet état de serviture a détruit chez elles la faculté pour les grandes choses. Voilà pourquoi on ne voit pas chez nous de femmes douées pour des vertus morales. Leur vie se déroule comme celle des plantes. » Course d'obstacles Certaines femmes ont entamé une véritable course d'obstacles, car elles ont compris que l'évolution d'un pays ne pouvait se faire sans elles, n'en déplaise aux hommes. Beaucoup de citadines surtout ont jeté leur dévolu sur les études. A la campagne, l'évolution reste plus lente, la femme participant au même titre que les hommes aux travaux agricoles. Notamment au Maghreb, les jeunes filles se battent pour entrer dans les universités et s'intéressent plus particulièrement aux carrières scientifiques. Outre la médecine et la pharmacie, il y a quelques ouvertures vers d'autres carrières scientifiques: en novembre 1985, Bouchra Bernoussi et Gumanina Sayeh devenaient les premières femmes pilotes de ligne du monde arabe. Ces étudiantes sont dotées de deux cultures avec lesquelles elles jonglent très adroitement: la culture occidentale est assimilée simultanément à la culture arabo-musulmane. Au Maghreb, par exemple, il n'est pas rare de recontrer de jeunes écolières d'une dizaine d'années s'exprimer avec aisance aussi bien en français qu'en arabe. Nul besoin chez ces intellectuelles, de féministes occidentales pour s'émanciper: la référence occidentale est si écrasante. Comme me l'a indiqué Ghita el KhayatBennai
- « Les femmes ne veulent pas se départir de leur être
culturel arabe et musulman. Il existe des mouvements féminins arabo-musulmans complètement intriqués dans le milieu social. » L'émancipation féminine se perçoit individuellement, il n'y a pas vraiment de mouvements de masse. Ghita el Khayat Bennai m'a elle-même affirmé qu'elle n'était pas féministe, bien que les mouvements de femmes l'aient particulièrement intéressée à un moment donné de sa vie. « C'est à chaque femme d'arriver à la maximisation de son bonheur et de son bien-être. » Sarnia Halaby, peintre, palestinienne, démontre que l'oppression dont souffre la femme arabe trouve en fait ses racines dans un système économique. « Les femmes des nations opprimées le sont donc doublement. Je ne puis supporter les féministes aux intentions douteuses qui ne cessent de dénigrer les excès du sexisme arabe. Après tout, la différence dans les degrès d'oppression de la femme dans l'histoire des peuples et des nations sont mineures. La cause déterminante de l'oppression est économique. » Tahar Ben Jelloun, écrivain marocain, adhère à la même thèse que Sarnia Halaby, en y ajoutant une connotation sociale et politique. « La répression de la parole des femmes arrange non seulement la phallocratie universelle de l'homme - paysan ou citadin - mais, dans le cas du Maghreb, elle participe au jeu social et politique qui fait que le paysan sans terre, exploité par un propriétaire terrien, au lieu de faire jaillir sa révolte et sa colère en direction de celui qui l'exploite, les laisse rentrées en lui et opprime à son tour un être faible et démuni qui est la femme. D'où le problème politique immédiat: la libération de la femme est intimement liée à celle de l'homme.» A ce sujet, une nouvelle revue vient de naître au Maroc: Kalima. Elle ouvre largement ses colonnes aux femmes et des hommes tels que le poète Abdellatif Laabi participent à son élaboration. Dans son roman Nedjma, paru en 1956, alors que l'Algérie est encore sous le joug colonial, Kateb Yacine laisse prévoir l'entrée de la femme algérienne dans la lutte de libération au côté de l'homme, tout comme aujourd'hui la Palestinienne n'hésite pas à entrer dans le combat au même titre que l'homme. Lors du premier Congrès féminin palestinien qui se tint en 1929 à Jérusalem, il fut décidé que les femmes, dorénavant, devaient se faire entendre sur la scène politique. Geste, ô combien symbolique! que celui des femmes palestiniennes musulmanes qui, d'habitude voilées, se présentèrent, la même année, devant le haut commissaire britannique le visage découvert pour plaider la cause palestinienne, créant ainsi un précédent qui fit basculer bien des traditions. Un écrivain algérien, Aïcha Lemsine, a rapporté dans son livre, l'Ordalie des voix, des témoignages de la lutte que mènent les femmes palestiniennes, qu'elles soient chré- Différences - nQ 55 - Avril 1986 tiennes ou musulmanes. Pour la Palestinienne, la religion ne fait pas écran , l'important est le droit à la terre et à l'identité palestinienne . Aïcha Lemsine a fait le tour des femmes du monde arabo-musulman de l'Arabie Saoudite, en passant par Bahrein, le Koweit, les Emirats arabes unis , puis en Irak. Elle constate: « Il faùt reconnaître que l'Irak compte à son actif des lois réellement favorables aux femmes; cela est allé de pair avec ses réalisations sur le plan économique et son indéniable progrès social. Partant du principe qu'on est avant tout arabe et irakien, l'émancipation féminine a pu se concrétiser en l'absence de toute contrainte religieuse. » Son périple continue vers le Liban, la Palestine, la Syrie , la Jordanie, le Soudan, où elle aborde l'excision, mutilation qui affecte 75 millions de femmes dans le monde (1). On peut regretter qu'elle n'ait pas poursuivi son étude sur les femmes du Maghreb. Ahlem Mosteghanemi, Algérienne, attachée de recherche au Centre arabe de documentation et d'information à Paris, vient d'écrire une rétrospective de la littérature algérienne des années 1952 à 1980, au travers de laquelle apparaît la femme en tant que mère, étrangère , militante, femme-objet, femmesymbole. « La femme est apparue aux yeux de l'homme aliéné et dépersonnalisé (Algérien colonisé) comme le dernier exercice de sa liberté. » Elle analyse, sans complaisance, le comportement masculin arabo-musul man envers la femme , et le livre, à lui seul, résume tous les problèmes auxquels se heurtent, entre autres, les femmes algériennes (2). Cet ouvrage laisse cependant planer un espoir. L'homme cherche, notamment au travers de la littérature, à mieux connaître la femme de laquelle on lui a appris à se méfier et à vivre séparé dès son plus jeune âge. Les seules femmes proches de lui sont ses soeurs et sa mère . Ce dernier personnage reste l'être le plus aimé et le plus respecté des hommes arabo-musulmans. La mère restera la femme la plus proche de lui, même lorsqu'il se mariera. De par cette supériorité accordée par le fils, la mère joue un rôle énorme dans l'oppression féminine. Voir à ce sujet le livre d'Ali Ghalem, Une femme pour mon fils. De par leurs écrits récents et de par leur talent, Ghita el Khayat Bennai, Ahlem Mosteghanemi et Aïcha Lemsine prouvent qu'une nouvelle femme arabe est née, au moins chez les intellectuelles, et qu'elle est capable de porter des jugements critiques sur leur société. Mais leur désir à toutes c'est d'être entendues et comprises, notamment des Occidentales. Laissons le mot de la fin à Ghita. « Il serait temps que les Occidentales nous regardent au-delà du voile.» D MARIETTE HUBERT (1) Voir le rapport à la commission des droits de l'homme de l'ONU, Genève, 3 février 1986. (2) Bibliographie .. Le Monde arabe au féminin. Ghita el Khayat-Bennai. Ed. l'Harmattan. Le Maroc raconté par ses femmes. Fatima Mernissi. Ed. Smer-Rabat. Femmes et écritures. Ahlem Mosteghanemi. Ed. I'Harmattan. Ordalie des voix, par Aïcha Lemsine. Ed. Encre. Nedjma. Ka/eh Yacine. Ed. Folio poche. mTmRE ____________________________ ~ Révolution UN MOZART DES ILES Libertin, fin bretteur, révolutionnaire, musicien, le chevalier de SaintGeorges est tout cela. Est-ce parce qu'il est noir qu'on a oublé sa musique? Pourtant, ses quatuors, sonates concerti et symphonies existent. Chevalier! Le siècle des Lumières aima et privilégia ce titre: de La Barre, libertin condamné pour impiété et réhabilité grâce à Voltaire; D'Eon, homme-femme de la diplomatie et bretteur ambigu de la société interlope fin de siècle. Mais SaintGeorges, qui s'en souvient? (1). Libertin comme le premier, il situa sa vie hors des normes morales de son temps; marginal comme le second, qu'il rencontra à Londres en 1787, il ne dédaigna pas les intrigues d'amour, d'épée et de politique. Sa marginalité? Ce fut ce teint surprenant de mulâtre qu'il arborait sous sa perruque blanche, en ce Paris pré-révolutionnaire, et cet archet qu'il maniait avec autant de virtuosité que le fer. Caractéristiques anodines ou justifiant de le tirer d'un oubli de près de deux siècles? En ces temps de débats sur l'avenir d'une société pluri-ethnique, la résurrection de Saint-Georges s'impose à trois titres: fêté et rejeté à la fois par le Paris de l'époque, en tant que métis , il pose le problème de la fascination et de la ségrégation; révolutionnaire en France et à Saint-Domingue, il représente une sorte de héros idéaliste préromantique; violoniste virtuose et compositeur talentueux, il est une importante pierre apportée des Antilles à l'édifice culturel de notre passé et de notre patrimoine. 1739-1799: le contrôleur général de la Guadeloupe, M. de Boulogne, s'éprit d'une certaine Nanon, beauté exotique locale, qui mit au monde vers 1739 un beau garçon à qui l'on attribua le nom d'une superbe goélette ancrée dans le port: la Saint-Georges. Le père ne renia pas l'enfant qui, plus tard, héritera de lui, ce qui lui permettra de mener joyeuse existence avant de mourir en 1799 dans un certain dénuement et un quasi-anonymat. Le chevalier de Saint-Georges (Joseph Boulogne) , qui arriva dans la capitale vers 1754 était un bel adolescent, robuste et habile à de nombreux exercices corporels: équitation, tir, natation et danse. La couleur de sa peau en fit vite un objet de curiosité pour les dames de la «haute », qui lui permirent de s'affirmer à travers d'autres épreuves physiques, et l'héritage paternel lui permit, vers 1761, de mener une existence fastueuse et libertine: aventures galantes mouvementées, soupers fins, nuits chaudes et intrigues fort romanesques. Il y a là probablement substance à écrire quelque roman libertin, à la manière de Rétif mais avec, en plus, c'est le cas de le dire , le piquant de l'exotisme, les prouesses érotiques du beau chevalier pouvant donner lieu à moultes variations licencieuses ... Une suite de l'Ingénu de Voltaire, à la manière picaresque. Or, Joseph Boulogne, s'il fut ce beau mulâtre à bonnes fortunes, conquit sa popularité d'abord, puis une réelle célébrité, à la force du poignet, si je puis dire, d'une façon tout à fait honorable (si tant est que les exploits amoureux ne le fussent point) : par les armes et la musique. Fer, archet et préromantisme L'esprit, l'intelligence et la virtuosité furent les trois bons génies penchés sur le berceau du petit Antillais. Car, bien que sa formation et son éducation restent, .de nos jours, un domaine sujet à caution (ne lui prête-t-on pas un maître de musique nommé Platon, un violon ayant appartenu à Exaudet - violoniste, 1710-1763 - et, plus tard, à Paris, la , bienveillance du célèbre Jean-Marie Leclair - 1697- 1764 ?) , on ne prête qu'aux riches, dit-on, ce qui signifie, en l'occurrence, que le jeune «Américain », en partie autodidacte, montra pour l'escrime et pour la musique des dispositions qui surent tirer profit des rencontres et des situations qui se présentèrent à lui. Sa vie durant, il fut un escrimeur réputé, reconnu par les plus grands, redouté par beaucoup. Officiellement gendarme de la Garde du Roi, tel fut « le brillant mulâtre », comme l'appelèrent ses contemporains. En 1777, au service du duc d'Orléans, il se tira vivant d'un mystérieux attentat, et, après la mort de son maître et protecteur, en 1785, le voici à Londres, conquérant sa célébrité au bout de son épée et affrontant même le chevalier d'Eon. Il mit son fer, ensuite, à la disposition de Philippe-Egalité et de la Révolution. Il devint capitaine de la Garde nationale en 1791-1792. Il constitua un corps de troupes d'hommes de couleur, nommé Légion Saint-Georges, où il côtoya Alexandre Dumas, autre métis, futur général d'empire et père de l'auteur des Trois Mousquetaires. Accusé à tort de détournement de fonds, emprisonné en 1793, réintégré, puis destitué définitivement, il fut humilié et meurtri par cette injustice et partit pour Saint-Domingue (l'actuelle Haïti !) pour lutter dans les rangs des esclaves noirs de l'île qui essayaient de conquérir dignité, liberté et indépendance sous la houlette de Toussaint-Louverture. Profil du héros préromantique, révolté en passe de devenir révolutionnaire, marqué par la marginalité à ses origines, seul au milieu des foules qui le happent et le rejettent, incompris dans son désir et dans son art : dans son premier roman, dit « de jeunesse » (2) , Victor Hugo en tracera le portrait démultiplié à travers plusieurs personnages (d' Auverney, Bug-Jargal, Biassou). En lui se dessinent les grandes caractéristiques qui font sa force et sa vulnérabilité: précocité des dons, virtuosité, générosité approchant de la libéralité, mais surtout une sensibilité qui , alliée à un grand mépris de la fortune et des biens matériels, en fera un passionné et un artiste, en l'occurrence un musicien. Le violon roi Il est difficile de croire que le jeune métis arrivant à Paris dans les années 50 n'avait reçu que des leçons d'un obscur maître de musique dénommé Platon. S'il est peu probable qu'il connût l'enseignement de Jean-Marie Leclair, violoniste et compositeur de qualité et méconnu de nos jours, il est certain qu'il a été le disciple de François-Joseph Gossec (1734-1829), compositeur fondateur d'une école de chant, auteur, entre autres, d'une grande et magnifique Messe des morts, et maître non moins estimable pour le jeune Antillais. S'il dut savoir l'archet d'une façon satisfaisante, débarquant dans la capitale, le contexte musical fit le reste. Ce siècle voit le violon conquérir définitivement ses lettres de noblesse et son école française l'impose comme instrument soliste privilégié (le clavecin décline ; le piano pointe à peine son museau) . De plus, en 1725, se créent le concert spirituel, expérience vite imitée dans les autres grands pôles de la vie musicale européenne, première grande forme de concert public qui va faire priser par les mélomanes (les « mélophilètes », comme on disait alors), la symphonie et le concerto, particulièrement pour violon. Ces formes vont ainsi évoluer rapidement et de nombreux virtuoses vont apparaître. Notre chevalier ne se fit un nom que tardivement dans la société musicale : 1765, ses six premiers quatuors à cordes, mais surtout 1772-1773, direc- oi tion du « Concert des amateurs », où c:i il succède, excusez du peu, à Gossec lui-même. Jusqu'à la fin de sa vie, en dehors des parenthèses révolutionnaires, il conservera une place de premier plan dans la vie musicale parisienne. Le théâtre l'attirera, mais il y échouera de deux manières. D'une part, même son opéra-comique la Fille-Garçon, inspiré probablement par sa rencontre du chevalier d'Eon, ne sera pas un triomphe, mais surtout, s'il ne fut pas directeur de l'Opéra, alors qu'il briguait le poste, sa couleur de peau en fut la cause, tout comme la malveillance raciste du Paris des Lumières. L'oubli dans lequel deux siècles l'ont ensuite fait tomber laisse rêveur. Car, enfin, ses quatuors, ses sonates (violon et clavecin), ses concerti et ses symphonies existent bel et bien et les contemporains ne ménagèrent pas leurs éloges aux talents de l'interprète et à la grandeur du créateur. Sa musique est postbaroque ou préromantique; c'est une musique de transition, difficile à définir, comme celle de ses contemporains Haydn, Gluck ou Mozart. Les formes y apparaissent Différences - n° 55 - Avril 1986 un peu rigides, trop soumises aux contraintes, par exemple dans ses concerti et symphonies l'alternance des mouvements rapides et lents (le schéma français de la forme sonate: vif-lent-vif). Mais Saint-Georges sait, dans le concerto comme dans le symphonie, innover dans la rythmique propre de la phrase musicale, dans la mélodie qui tend dans les mouvements lents vers des effusions nostalgiques et pâmées. (Ah ! le largo du 11' concerto, opus VII, n° 2 ! si proche de la mélancolie et de la joliesse de la «romance », alors à la mode). Il sait aussi, en virtuose qu'il est, laisser libre cours à l'envolée, brillante, parfois vertigineuse et techniquement audacieuse, de l'instrument solo . Son maître Gossec, en 1768, lui dédie ses Six trios, opus IX. Le baron Grimm salue en lui « ce jeune Américain plein de talents ». Il faut écouter la musique du « brillant mulâtre », s'y laisser porter par le trait virtuose comme une saillie de son existence mouvementée , s'y laisser émouvoir par le chant du violon, langoureux, parfois mélancolique (l'indolence des Iles), et hésitant dans la tonalité et dans la structure (audaces qui le rapprochent de Mozart), s'y laisser exalter par l'élan enthousiaste de ses allegros (des hymnes à la joie) qui préfigurent la fougue romantique. Il faut fermer les yeux et laisser se confondre dans son esprit Salzbourg, Vienne et Paris pour mieux fixer le souvenir de ce Mozart des Iles. En ces temps d'intolérance, où des tribuns démagogues veulent défendre une prétendue culture nationale en danger, contre l'idée d'une société pluri-culturelle, il faut écouter la musique de Saint-Georges et, après deux siècles d'injustice, redonner une place de premier plan à ce Le chevalier Saint-Georges personnage aux multiples facettes: brillant, genereux et idéaliste, désiré et rejeté avec excès du fait de sa couleur de peau, échouant dans deux domaines qui lui tenaient à coeur: les armes et le théâtre, et mourant dans un abandon que la postérité a transformé en oubli. Il ne figure , à l'heure actuelle, dans aucun dictionnaire de la musique et est à peine mentionné dans les ouvrages spécialisés. Puisque nous réécoutons avec joie et profit les fils de Bach, les Marcello et autres Tartini, les Schein et les Scheidt, pourquoi ne pas nous laisser aller à découvrir la voix du premier métis de notre histoire musicale? 0 CLAUDE JALLET (1) Saluons une bonne fois pour toutes le flair, le bon goût musical et le courage des disques Arion et de leur directrice Ariane Ségal, qui ont publié ces dernières années plusieurs albums consacrés aux quatuors, aux sonates, aux concerti et aux symphonies du chevalier, dans des interprétations estimables et contenant de passionnantes plaquettes de présentation signées Joël-Marie Fauquet. (2) Burg-Jargal, 1826, collection Folio. EUX ________________________ ~ 2 3 4 5 6 7 8 9 10 nOT; CRoi5ÉJ 2 ...-.. -..: .- .:.. .. 3 4 5 6 7 8 9 10 ." . , . :.\ .. :.: ......... '. ..••. / ....................................................... . '. ....:. ..:...:....:..:.....:.. ................................. .....~.... . ••• ' a.a· •••• ,. HORIZONTALEMENT 1. Partie de la vie. - 2. D'un auxiliaire. Partie du jour. - 3. Indiens. En principe, est odorant. - 4. Rodait. Note. - 5. Couleur du visage . Prénom. - 6. Devise orientale. Amie. - 7. Certains passages le sont. - 8. Poussé dans la douleur. Pronom. 9. Département. - 10 . Salubre. Crochets. VERTICALEMENT 1. Pour les enfants. - 2. Composent un menu. Fleuve côtier. - 3. Peut se dire d'un frère. Emis dans la douleur. - 4. Saint étranger. Poil dur de certains animaux. - 5. Préposition . Pays étranger. - 6. D'un auxiliaire . Saint. Divinité. - 7. Titre étranger. On les utilisait pour écrire. - 8. Usait. - 9. Débarrassées de leurs impuretés. - 10. Travaille grâce à sa baguette. A qui on a fait tort. LA VALEUI( J)EJ LErTRES :::.::: ....' ,. :.:.: :, ::~...' ,O •..... .".. . ':: .. '::"':,', .:: ... . ,,: .. :.' :,:::::.,,:.: :'::: .:.' :,: ..... ~A. ,- . ,:::.:::" chaque chiffre corres- .' .:: .... : pond une lettre. On vous Solutions des jeux du n° précédent donne les deux premières 1 Cet 2 0 Mots croisés: Horizontalement: 1. Billets. If. - 2. Ariègoise. - 3. Lattes. Nés. - 4. Lia. Etages. - 5. Osions. - 6. Eon. Mers. - 7. Son. Emèse. - 8. Etés. Go. - 9. Mi . Létal. - 10. Il. Spirale. Verticalement : 1. Ballons. Mi . - 2. Irais. OEil. - 3. Litaient. - 4. Let. Oô. Eus. - 5. Egéennes. - 6. Tests. Li . - 7. S.O. Mener. - 8. Ingres. Ta. - 9. Isée. Régal. - 10. Fesses. Olé. Chaînes de mots : Bic, pic, pis, pus, jus. Pion , lion , lien, liée, lime, lame , dame. OURROER ______________________________ ~ Tapage Tout à fait d'accord avec vous pour déplorer le tapage organisé autour de la disparition de Thierry Sabine et de Daniel Balavoine (et remarquez comment on a pratiquement oublié le technicien de RTL, mort lui aussi !) dont on a procédé à la « béatification » ! Certes toute mort est triste mais les médias seraient parfois davantage inspirés, comme vous le dites, en parlant un peu plus du petit gars tué au pied de son HLM, ce qui fait qu'effectivement on aurait peut-être moins à en déplorer dans la vie! Il faut dire que la République est très peu soucieuse de faire respecter ses lois, à commencer par la loi antiraciste. Si les procureurs engageaient des poursuites chaque fois que les racistes de tous poils se manifestent publiquement - soit par écrit , soit dans des interviews , soit dans les meetings, il y a fort à parier que leur ardeur se calmerait. Un exemple me paraît éloquent : Le Pen engage procès sur procès et se targue de les gagner tous, ou presque . Ce qui laisse entendre, dans les chaumières campagnardes, qu'il n'est pas si raciste qu'on le dit! Je reste donc persuadé que si les procureurs engageaient des poursuites chaque fois qu'il s'en va inciter au racisme dans les départements dépendant de leur juridiction, Le Pen afficherait probablement une mine différente (pour moi , inciter au racisme, c'est amalgamer immigration et insécurité). Je suis quand même stupéfait que dans un pays comme le nôtre, on ne reconnaisse si peu le droit à la différence et que le courant sécuritaire trouve tant et tant de tribunes. Je constate d'ailleurs qu'à ce courant correspond une recrudescence de l'intolérance, cette maladie grave, qui cherche à se propager et voudrait interdire à l'autre de penser différemment du voisin . Racisme, intolérance , deux mots liés. C'est pourquoi , partout où cela se peut, il faut contrer de telles idées, de telles manies, tout à fait dangereuses pour l'homme. Moi, en fin de compte, habitant à Bobigny, je m'entends aussi bien avec les juifs qu'avec les maghrébins; j'admets le droit à chacun de défendre ses opinions, étant entendu que les miennes Différences - nU 55 - Avril 1986 ne sauraient être sectaires ; je reste ouvert aux autres; respectueux de la différence qui m'enrichit l'esprit et, finalement , fort de tout cela , je ne me connais que des amis. La fraternité reste un mot à faire passer dans la vie. 0 CHRISTIAN GENDRE Bobigny , Attention! J'ai lu votre article sur Kahana dans le derni er numéro. La cause d'Israël est sacrée , et il ne faut pas la diviser par des critiques systématiques. Que ceux qui ne respectent pas Israël aillent d'abord voir sur place comment les choses se passent. Et si les juifs sont sortis du ghetto , ils ont bien maintenant le droit de vivre . En respectant les différentes communautés bien sûr. Quant à moi, je ne crois pas qu'il y ait un juif raciste. Il sait trop bien ce qu'est le mal pour le pratiquer lui-même. Je vous mets donc en garde contre certaines informations et interprétations tendancières, contre la recherche de l'article à sensation . Traiter dans le même numéro (janvier) des juifs d'URSS et de Le Pen and Co me choque aussi . 0 J.-C. ANTOK Asnières Laxisme Voilà , c'est fait . Je me réabonne à votre journal pour l'année 86. En retard ? Un peu à cause du fric. Je reconn ais tout de même que l'abonnement n'est pas cher, surtout le tarif étudiant. Après avoir pleuré sur mon so rt, un petit comme ntaire sur Différences. Bravo pour votre courage . Aujourd'hui rares sont les canards qui traitent du racisme et des cultures « diffé rentes » de la « nôtre » comme vous le faites . C'est important , d'autant plus que « le phénomène Le Pen » remplit malh eureusement l' actualité. Mais il resterait marginal si les grands partis ne reprenaient pas ses th èmes, plus ou moins nuancés . Aussi le combat s'étend sur un large front : le « fer de lance », les fachos: « le reste de la lance ». les autres acteurs politiques ou socIaux. Il faut dénoncer quasi quotidiennement le mythe des quotas : au-dessus de tel pourcentage . une population « étrangère » induit forcément le racisme chez les « autochomes » . En dehors des arguments. rationnels, chiffrés, q~i permettent de faire taire les racistes moyens , à nous de prouver dans la vie de tous les jo urs , l'intérêt de la rencontre avec « l'autre » • Réaction bien naturelle de partager fêtes, musiques, danses. bouffe .. . On s'enrichit. Et puis n ' hésitons plus à confronter nos coutumes , philosophies.. . Bien sûr on trouve parfois des désaccords profonds. De deux situ ations plus ou moins antagonistes, on peut trouver une solution par consensus. Je pense tout particulièrement au probl ème des femm es par exemple . Mais ne voit-on pas déjà des femmes immigrées s'organiser et prendre leurs problèmes en main ') Et puis , ne nous leurrons pas. peut-on parler vraiment d'égalité des sexes dans.notre pays? Il Y a beaucoup à faire encore. Au total, le non-raci ste, voire l'antiraciste évolue entre la documentation, les chiffres économiques , sociaux, l' histoire et autres sciences humaines, afin de faire front aux discours quotidiens racistes de son entourage professionnel , familial... et sa vie partagée avec les « autres » : rencontres , cultures, amours ... Le point noir du tableau ce sont ies crimes racistes qui vont en augmentant. Insistons bien sur le fait « que le racisme n'est pas une opinion, mais un crime! » . YVON VENTAOOUX Lyon Les Petites ID1nOnCeS de Différences Cet été, des vacances diffé- Voulez-vous correspondre rentes: chantiers de 3 sem. avec des étrangers dont vous en Europe, Turquie, Afrique ne connaissez pas la langue? du Nord, au Québec, pour C'est facile! Rens. gratuits une solidarité internationale. contre enveloppe affranchie Compagnons bâtisseurs, 5, à OCI, 123, rue de Royan, rue des Immeubles-Indus- 16710 Saint-Yriex (n° 136). triels, 75011 Paris. TéL: 43.73.70.63 (n° 131). A pied dans la Drôme: 1 e, mai, Ascension, Pentecôte, rando pédestres en étoile, au départ d 'une auberge rurale tt confort. La Sauvagine, 26410 Glandage. TéL: 75.21.10.06 (n° 135). Vous voulez apprendre à naviguer en famille ? Croisière sur mesure en Aquila (9 m) , départ Bretagne-Sud, weekend, semaine... Itinéraires selon désirs et compétences, skipper confirmé, enfants acceptés. Tél.: 47.00.24.51 (n° 132). Equitation près de Paris, à Saint-Martin-du-Tertre (95). Tous niveaux, du débutant à équipe de concours, dressage et obstacles. TéL à Brigitte Grenadou, monitrice , DE, au 30.35.92.83 (n° 133). NORIM vend à Deauville et Trouville , à 150 m des planches, entièrement rénovés, studios, 2 pièces, 3 pièces, duplex . Prix échelonnés entre 170000 et 450000 F. Renseignement au 48.24.72.39 (n° 134). Tarif: 2S .' T. T .C. la ligne (26 signes ou espaces) Texte et règlement à Différences: 89, rue Oberkampf 7S011 Paris Tél. 806.88.33 Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient d'une insertion gratuite par an (maximum S lignes) L 1 1 LJ. _1 1 1 1 1 1 1 1 LJ_ Ll-.l_LL.l--'----I'---' L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 I-.J L. LI-L~~ICharlesICharlesI~I~I~I_L~~I~I~ICharlesI~~I~I_I~~LJ · L.---L.....L.--'-.....L-~.......-....I....---'--.I...--.!-I ---L L ..! ---..I...........L--..J----L----'----'----' _..1..-.-1--1----'1 L 1 1 III 1 l Des chiffres et des lettres VOUS ETES FORMIDABLES , Fidèles, vous êtes restés fidèles : le questionnaire que nous vous avions demandé de remplir nous est revenu bourré de compliments et de suggestions. Un cinquième anniversaire qui s'annonce bien. VOTRE JUGEMENT SUR DIFFERENCES Il s'agissait de cocher trois adjectifs dans cette liste. Informatif: 60 % Neutre: 1,5 % Engagé: 42 % Déprimant: 1 % Combatif: 18,5 % Sérieux: 31 % Léger: 3 % Gai: 2 % Incomplet: 11 % Mécaniste: 2,5 % Ouvert: 44 % Triste: 4 % Militant: 23 % Farfelu: 0 % Ulile:46% Sectaire: 1,5 % Tous les journaux s'offrent de coûteux sondages pour tester leur lectorat, comme on dit, pour savoir ce qu'il aime et ce qu'il veut. Sans pour autant en tenir compte obligatoirement, d'ailleurs. Il y a une tendance dans la presse à ne se réfugier derrière le public que lorsqu'on s'écarte un peu de la déontologie. Du cul ou du sang à la une, disent-ils en choeur, oui, nous savons, c'est mal, mais que voulez-vous le public aime ça. Nous, nous n'avons pas les moyens de vous faire parler. Ce qui nous oblige à piloter à vue: quel sujet choisir, quel angle prendre, comment le traiter, telle photo est-elle plus parlante que telle autre? A la rédaction, chaque mois, c'est le plus grand subjectivisme
- le seul critère de choix, c'est nous,
on se dit que si ça nous plaît ça doit bien vous plaire aussi. Le moyen de faire autrement? Pour sortir un peu de cette solitude, nous avons publié en novembre dernier un autosondage, où nous vous demandions votre avis. Pour être francs, nous n'en attendions pas grand-chose, on se disait: qu~lques fidèles vont nous répondre et nous dIre de continuer, ça nous fera plaisir, mais on ne sera pas plus avancés. Mais, surprise, vous avez été extrêmement nombreux à répondre. A tel point qu'il a fallu se limiter à un panel, comme on dit aussi, de 4 % des abonnés, faute d'être submergés par la compilation des résultats. Q ui êtes-vous, lecteurs ?e Différences? Difficile de faire un portraIt robot. Autant d'hommes que de femmes. Pas beaucoup de jeunes: 9 % de lecteurs de moins de 24 ans. 42 % entre 25 et 34 ans, 35 % entre 35 et 49 ans. Et 13 % au-dessus de 50 ans. Vous êtes surtout citadins: 37 % dans Parisrégion parisienne, 20,5 % dans .une ville ?e province de plus de 100 000 habItants. MaIs, tout de même, 8,5 % vivent dans une commune rurale de moins de 2 000 habitants. Vous avez, généralement, fait plus d'études que la moyenne nationale : 60 % d'études supérieures, c'est énorme, 24. % d'études secondaires. A mettre en relatIOn avec votre travail : vous êtes, pour 32 %, enseignants (ce qui explique peut-être que près d'un quart d'entre vous, ~2,5 %, ut!lisent Différences comme un outIl de travail), cadres ou professions libérales, 23 %. ployés. Aucune lecteur ne s'e~t déclaré agriculteur et seulement 2 % ouvners. Nous constatons toutefois une belle percée en milieu étudiant (8 %), à mettre sans doute sur le compte de notre diffusion par l'OFUP. Un quart de célibataires, un quart de couples nullopares, bref, sans enfants, tout cela est normal. En revanche, il semble que vous aimez faire des enfants : 20 % vivent à quatre à la maison et 8 % à 5 et plus. La lecture assidue de Différences favoriserait-elle le rapprochement entre les couples? Nous n'avons pas de chiffres sûrs pour les revenus des Français. Sachez que 5,5 % des « foyers» lecteurs de Différences gagnent moins de 4 500 F par mois, 31 % entre 4 500 et 10 000 F, 48 % plus de 10 000 F. Beaucoup (15 %) n'ont pas voulu le dire. Rappelons, au passage, qu'il ne s'agit pas LA SOCIETE DES AMIS En avril 1983 a été créée la Société des amis de Différences, association loi 1901 qui a pour but de contribuer au développement et à la diffusion de notre mensuel. Depuis cette date, plusieurs centaines de lecteurs ont marqué leur attachement à notre magazine en prenant une participation. L'ensemble des sommes ainsi recueillies a été réinjecté dans la trésorerie de Différences, ce qui a permis de dégager un bénéfice comptable pour les années 1983 et 1984 (voir la publication des comptes dans Différences n° 49, octobre 1985). Une relance annuelle a été faite le 11 février 1986. A ce jour, quelques centaines de lecteurs nous ont déjà fait parvenir leur contribution. 11 nous faut nous faire entendre, plus fort et plus loin, car voici qu'un groupe spécialisé dans toutes les formes d'excitation à la haine prend pied à l'Assemblée nationale et dans de nombreuses assemblées régionales. Différences est plus que jamais utile. A l'occasion de ce cinquième anniversaire, nous vous demandons d'adhérer à la Société des amis. KHALEO OEBBAH El A tempérer toutefois par les 21 % d'em- Administrateur L-____________________ ~~ _____ ~ _________ ~ Voir coupon page 42. pour nous d'indiscrétion ou de curiosité malsaine: ces chiffres-là, c'est pour décrocher de la publicité qui nous est nécessaire. C'est pour cela que nous savons que, en gros, vous possédez une voiture, la télévision et une chaîne hi-fi, que vous êtes locataire de votre appartement, que vous êtes parti en vacances en France l'été dernier, mais pas aux sports d'hiver. La moitié d'entre vous fait du sport, surtout de la marche et de la natation. Un sociologue dirait que le choix de ces sports n'est pas étranger à votre niveau d'études ... En revanche, votre nationalité nous a étonné : vous êtes français à 94 %. Et, dans les 6 % restants, il y a autant de Suisses que d'Algériens ! Même unanimité dans les choix politiques : sauf 3,5 % de centristes, vous vous dites de gauche (76 %), d'extrême gauche (12,5 % ) ... ou vous ne dites rien (8 %). D'ailleurs, vous lisez le Monde (42%), l'Humanité (22 %), Libération (20 %), le Matin (11 %) et la presse régionale (14,5 %). Peu d'hebdos: Révolution (18 %), le Nouvel Observateur (15,5 %), Télérama (13 %), Témoignage chrétien, le Canard enchaîné, l' Humanité dimanche (9 % chacun) et l'Evénement du jeudi (5,5 %). Quant à Différences, pour vous, c'est un mensuel de gauche (87,5 %), un peu centriste (7,5 %) ou un peu gauchiste (3 %). Pauvre de nous qui pensions tromper notre monde! A utre surprise: l'exacte moitié d'entre vous n'appartient pas au MRAP. Cinq ans après sa création par le MRAP, Différences est autant lu par les adhérents de ce mouvement que par des gens concernés par le racisme, mais n'appartenant pas à cette association. C'est un beau succès: 50 % au MRAP, 10 % dans d'autres associations antiracistes ou humanitaires, 40 % nulle part. Voilà qui vous êtes. Que pensez-vous du journal? C'est clair, vous êtes accros. Vous êtes abonnés (92,5 %), ce qui prouve que vous aimez ce journaL.. ou que vous avez renoncé à courir tous les kiosques de votre ville pour réussir à en dénicher un exemplaire. 58,5 % d'entre vous passe plus d'une heure à le lire, 53 % lit la totalité. Pour un magazine qui offre (hors pub, évidemment) à peu près le même volume de lecture qu'un hebdo (150 000 signes par numéro), c'est un très joli score. Citons les lents qui mettent plus de deux heures à le lire (12 %) et, pour leur faire honte, ceux qui ne font que le feuilleter (3 %). Non seulement vous le lisez, mais vous le faites lire: autour de vous, une personne le lit (33 %), deux ou trois (29 %) et 6 % d'entre vous le mettent en lecture semipublique (centre de documentation, salles d'attente, etc.). Mais il y a 14 % d'entre vous qui le gardent jalousement pour eux seuls. Différences - n° 55 - Avril 1986 Nous avons, très scolairement, converti vos choix de rubriques en note sur vingt. Vous aimez surtout les « dossiers» (16,9/20) et les pages d'actuatlité (16,7/20). Un peu moins les pages « cultures» (13,7120) et les pages plus scientifiques (histoire, réflexion: 12/20). Vous n'appréciez guère les dernières pages baptisées «Vous»: 9,1/20. Vous aimez l'illustration, beaucoup les photos, pas trop les dessins. Pour les sous-rubriques, vous préférez, et de loin, « le Point chaud» et « Pour mémoire » ... Vous souhaitez que Différences s'intéresse plus au racisme dans les autres pays, aux données économiques de l'immigration, aux autres différences (handicapés, homosexuels, femmes, personnes âgées, l'énumération ne vaut pas pour rapprochement). Vous voulez qu'on parle de l'URSS, des Etats-Unis, d'Israël et de l'Afrique du Sud (même remarque que précemment). Vous souhaiteriez que nous ouvrions une rubrique juridique, une rubrique de critique de bandes dessinées et que nous donnions plus souvent la parole, voire sytématiquement, à des personnalités françaises de l'immigration. On y veillera. v os impressions? Beaucoup de compliments et d'encouragements, merci beaucoup. Et beaucoup de critiques, la plupart du temps gentilles, parfois acerbes. Vous pensez que Différences, dans l'ensemble, est trop superficiel, triste, intellectuel et parisien. Du coup, il n'est pas assez étoffé, gai, combatif. Vous demandez plus d'humour, plus d'approfondissement des sujets et plus d'agressivité journalistique. Tout cela est possible, on va essayer dans le cadre, infranchissable, de notre faible pagination. Vous pouvez nous aider à tout cela, n'hésitez pas à nous écrire ou à nous téléphoner pour nous signaler des événements, des sujets à traiter. Et envoyez-nous des adresses de connaissance, d'amis (d'ennemis ?) qui vous semblent susceptibles d'apprécier Différences, nous nous ferons un plaisir de leur envoyer par retour de courrier un numéro gratuit. Un abonnement de plus, c'est plus de moyens, donc un meilleur journal, donc plus de plaisir à lire. Pensez à vous, aidez-nous! o DES LECTEURS CULTIVES Population Lecteurs française adulte Lisent 1 à 2 livres par mois 41 % Quelques 3à4 34 % livres 5 et plus 19 % par an: 54 % Regardent la télévision tous les jours 39 % 65 % Vont au cinéma jamais 32 % une à cinq fois 65 % 52 % Ecoutent les radios nationàles Tous les jours 71 % 88 % les radios locales privées jamais 42 % Quelquefois 42,5 % tous les jours (1) 15,5 % Vont au théâtre jamais 32 % Quelquefois 60 % 12 % plusieurs fois par mois 4% (1) Les plus citées: NRJ, TSF93, RFM, 95, 2, Radio-Nova ... ID Il 2 au 13, Festival international de percussions de la Guadeloupe, Batouka 86 à Pointe-àPitre. Rens. au 82.79.80. 0 2 au 15, IV' Festival du film arabe à l'Olympie entrepôt à Paris, un programme dense , comprenant une rétrospective du cinéma arabe. Rens. au 47.66.32.83. 0 2 création de Hurlement entre deux rêves, de Youssef Hamid, au Carrefour de la Différence. Rens. au 43.72.00.15. 0 5 Grande halle de la Villette , à partir de 18 heures, grand hommage à Bob Marley, avec des artistes reggae de Jamaïque, d'Angleterre, de France, organisé par Marcus Garvey Feeling. Rens. au 45.45.34.58 0 5 ' 6 et 7 avril, au 24-30, quai d'Austerlitz à Paris, premier Salon international beauté et mode d'ailleurs, sous l'égide du Magazine Flash-Black. Rens. au 42.05.51.50. 0 6 au 20, dans toute la France, Quinzaine nationale de lutte contre la faim, à l'initiative du CFCF, avec un hommage particulier aux femmes du tiers monde. Comité français contre la faim , 42, rue Cambronne, 75015 Paris, CCP 2327 K Paris. o 6 Afrika-Afrika, ballet présenté par le Tanztheater Wien à Beaubourg dans le cadre de l'exposition Vienne. 0 7 au 30, exposition de reliures de missel des XIX' et XX' siècles à la mairie du VII' arrondissement de Paris, 78, rue Bonaparte. 0 8 au 13, chants et musiques de funérailles des Noirs à la Maison des cultures du monde. Rens. au 45.44.72.30. 0 Expo Jean-Lou Sieff, aux journées internationales de la photographie (6 mai). 8 au 25, le Théâtre Ouvert à Paris présente au jardin d'hiver une partie de son travail consacré à l'écriture dramatique contemporaine. Rens . au 42.55 .74.40. 0 8 et 9, création à l'opéra de Montpellier du Crawl de Lucien, ballet de Dominique Bagouet. Rens. au 67.66.31.11 ; 0 8 au 14 39 Vente de solidaritékermesse de la commission centrale de l'enfance. Vêtements de toutes sortes, maroquinerie, meubles, livres, etc., au 14, rue de Paradis à Paris. Rens. au 47.70.90.47. 0 9 sortie des Enfants du vent, film de Brahim Tsaki. Rens. à la Médiathèque des trois mondes, 43.54.33.38. 0 9 au 13 Ah, Dieu que la guerre est jolie, de Charles Chilton et Joan Littlewood à la maison de la culture de Rennes. Rens. au 99.31.55.33. 0 10 au 30, IVb rencontres de spectacles vivants en Auvergne, à Riom: théâtre, musique, danse, cirque, improvisation. Rens. au 73.68.33.68. 0 Il au 31, Amphitryon de Kleist, à la maison de la culture de Créteil, dans une mise en scène de Michel Dubois. Avec, en alternance, Neige et Sables, de Dominique Besnehard. Rens. au 48.98.40.76. 0 12 Concert de l'ensemble AIbalonga au Théâtre 18 à Paris, musique baroque latinoaméricaine. Rens. au 42.26.47.47. 0 14 au 29, à Sceaux, un hommage aux Journées internationales du cinéma d'animation d'Annecy, films, expos, débats. Rens. au 46.60.05.64. 0 16 au 20 , Journées départementales tiers monde, humanitaires et droits de l'homme, organisées par Frères des hommes, Peuples solidaires de Terre des Hommes à Bezons. Quatre jours d'expos et de débats avec un point fort, le spectacle avec Cuarteto Cedron le vendredi 18. Rens. au 39.81.17.72. 0 17 à 20 h 30 , Ozan Frat donne un concert de chants et musique turcs du XV' siècle à nos jours. Maison pour tous de Woippy. Rens. au 87 .31.32.10. 0 17 journée d'information sur les Tsiganes et gens du voyage, à Berre-l'Etang, organisé par le MRAP, B.P. 86, 13132 Berre cedex. 19 Fête de l'amitié à Lons-LeSaulnier, à l'initiative du comité local du MRAP à partir de 18 heures à la maison commune de la Manjaie. Groupes français , turcs, marocains, portugais et banquet de spécialités internationales. 0 19 dernière de Chrysalide, d ' Edwige Cabelo, au théâtre du Guichet à Paris. Rens. au 43.27.88.61. 0 21 dernière de Cassandre, ballet mis en scène par P. Lacoue-Labarthe et Dido Lykoudis, au Café de la danse à Paris. Rens. au 43.57.05.35. 0 22 au 26, au théâtre du Café de la gare , Urgence, le nouveau spectacle de Bernadette Rollin . Rens. au 48 .05 .57.22. 0 22 au 24 mai, reprise de Gaston H au guichetMontparnasse, 15 , rue du Maine. Rens. au 43.27.88.61. 0 23 fin de l'expo consacrée aux Femmes artistes de RDA, au centre culturel de RDA. Rens. au 46.34.24.97. 0 3 à Lillebonne (Seine-Maritime) journée à vocation régionale consacrée aux droits de l'homme et au combat contre le racisme, organisée par le MRAP, SOS-Racisme, « Mutinerie » , Amnesty et la LDH : projections au centre Juliobona et animation dans toute la ville. Rens . au 35 .25.05.02. 0 6 au 31, IVb Journées interna·· tionales de la photographie à Montpellier. Rens. aUi 67.60.43.11. 0 13 création de En cette année 1985, spectacle francoturc du Théâtre des liquides à Vernon. Rens. au 32.40.17.59.0 24 au 30, reprise à Lille de la création du théâtre La Fontaine, centre dramatique national pour la jeunesse, Agathe. A la maison de quartier Concorde, 65, rue Saint-Bernard. 0 24 l'association Voie musicale, association culturelle de l'Institut national des jeunes aveugles organise un concert du Quatuor Parisii à Paris. Rens. au 47.34.11.91. 0 26 et 27, week-end de réflexion organisé à Lyon par Pax Christi sur le thème : Violences: société et éducation. Rens. au 78.39.96.56. 0 29 récital de piano de David Abramovitz dans la grande salle du théâtre des Champs-Elysées à Paris. Au programme, Haydn, Schubert, Debussy et. .. Hersant (Philippe )). Rens . au 47.20.42.12. 0 30 au 4 mai, Musique action internationale, au centre culturel André-Malraux, à Vaudoeuvre- lès-Nancy: musique contemporaine, expériences de l'avant-garde new-yorkaise. Rens. 83.56.15.00. T ENCORE LE CEDID, centre de documentation et d'information scientifique pour le développement, à Paris, met à votre disposition 40 ans de recherche scientifique sur le tiers monde. Système documentaire informatisé, consultation libre de la bibliothèque. Rens. au 48.03.77.77. 0 Canal Océan Indien, une nouvelle agence d'informations sonores de l'île de La Réunion organise un service gratuit de messages personnels pour la communauté réunionaise en France. Si vous voulez envoyer un message à La Réunion, composez le (16-1) 46.68.62.62 et enregistrez votre message sur le répondeur automatique. Il sera diffusé dans quelques jours sur une dizaine de radios FM de La Réunion. 0 La maison d'éditions ouest allemande Migro-Verlag veut éditer un livre réunissant les oeuvres littéraires, graphiques, etc. de jeunes issus de l'immigration. Date limite: 31 mai. Rens. à /TTP,·pm·,".,· . (1) 48.06.88.33. 0 UMEUR __ ------______________________ ~
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- - // ::'. ,-' . ' lu '..::,. Gon'} m fZ; 1uoi \(2.~ ra.ci5~~5 C'OE:J bia.n « Les Arabes c'est comme le racisme, ça ne devrait pas exister. » Concile de Mâcon. Différences - n° 55 - Avril 1986 Rappelons ce qu'est Regards et Graphisme: une association qui produit des dessins (tiers monde et droits de l'homme). Elle prête des expositions à toute association soucieuse d'animer un stand, une rencontre, une manifestation. Elle confie des albums, cartes postales, dessins à ces associations qui les vendent et gardent les bénéfices. On peut acheter ces albums par correspondance ou se renseigner à: Regards et Graphisme, BP 35, 33290 Blanquefort. Tél.: (16) 56.95.08.77. III Clameurs et Doussières Suite de la p. 19 bouillant aux ordures que l'on brûle, la poussière sacrifie alors à la fumée. Et à sept heures, la trêve est terminée. Pourtant, par une singulière homéopathie, les « bons» bruits, discrets, sereins, viennent à leur tour couvrir les excès de la civilisation au plus fort des heures de pointe. Souverain, le Coran psalmodié, dignes les appels à la prière diffusée par haut-parleurs ; calmée, cette ville qui ne s'arrête jamais, quand le vendredi, la fo ule des fidèles déplie ses tapis sur les trottoirs devant les mosquées trop étroites. Sur la place Talaat Harb, des milliers d'oiseaux occupent, au mépris des traffic-jams, le seule arbre alentour. De la boutique d'un marchand de cassettes pirates, sortent les voix de l'Egypte : Farid el Atrach, le prince du cinéma, Oum Koulthoum ; la reine de la nuit. Ailleurs, dans un des innombrables cafés de la ville, des hommes sirotent un qawha, mazbut ou sâda (avec ou sans sucre), en fumant le narguilé ou en jouant aux cartes ou aux dames. On y parle haut et fort, du prix des lentilles, du commerce qui va qui vient, de la faiblesse du régime Moubarak, de guerre et de paix. Ainsi va la vie au Caire : dure, même quand le coeur reste tendre. 0 Terre étrangère Suite de la p. 20 VERONIQUE MORTAIGNE religieuse. Ils avaient leurs prisons, en général confortables, leurs réseaux économiques. « L'Egypte était alors une mosaïque de minorités, explique Jacques Hassoun, juif égyptien, français depuis cinq générations. En 1930, 50 % de la population d'Alexandrie n'était pas autochtone. L'Egypte avait réussi un tour de force de cohabitation. » Cette protection exceptionnelle des minorités n'exclue pas les heurts, car elle va malheureusement de pair avec un rejet de la culture et du mode de vie arabe. Cédant à la pression populaire, le roi Farouk organise au lendemain de la guerre, les premiers départs. Il demande aux juifs de prouver leur nationalité, impose des quotas d'étrangers dans l'administration, et autres mesures incitatives au départ. A partir de 1948, la loi martiale est décrétée devant le vent d'émeutes qui souffle alors sur l'Egypte, des Frères musulmans aux mouvements anticolonialistes. Une bonne moitié de la communauté juive, forte d'environ 80 000 membres, est alors déjà partie, tout comme les Arméniens, les Grecs ou les Italiens. A partir de 1956, le régime nassérien, crise économique et nationalisme aidant, mène la vie dure aux minorités, y compris aux huit millions de Coptes, catholiques parfaitement autochtones. Quant aux juifs, après la guerre des Six Jours, en 1967, il ne leur est plus possible de rester dans une Egypte qui ne digère pas l'-échec militaire infligé par Israël. Aujourd'hui, il en reste cent cinquante dans tout le pays. Le quartier juif du Caire, Haret al Yaoud, ne compte plus guère de traces de judaïté. - Quant aux Egyptiens, ils émigrent essentiellement vers l'Arabie Saoudite et les Emirats. Ils sont trois millions hors frontières à envoyer chaque année au pays dix millions de livres en devises étrangères, cinq fois plus que les recettes du canal de Suez, autant que le montant des revenus pétroliers. Le régime Moubarak a tout à craindre d'une récession économique des pays du Golfe. Comment l'Egypte pour- Bon de participation Je. sOllssigné(l') , Nom : Prénom : Profession : Adresse déclare verser à la Soci ~t t des Amis de DlFf'ÉRENCES une participation de : o 100 F o 200 F o SOOF o 1.000 F o Autre montant : Ci-joint un chèque à " ordre de la Société dts Amis de DIFFtRENCES. 89, rue Oberkampr - 75011 PARIS. lES PIEDS SENSIBLES c 'est l'affaire de SULLY Confort, élégance, Qualité, Signature des chaussures faites pour marcher 85 rue de Sèvres 5 rue du Louvre 53 bd de Strasbourg 81 rue St-Lazare Du 34 au 43 féminin , du 38 au 48 masculin, six largeurs CATALOGUE GRA TUIT SULLY, 85 rue de Sèvres, Paris 6' 5 % sur présentation de cette annonce o 5.000 F Des gens simples et dévoués sauront vous aider et vous guider vers vos aspirations . L'Agence de voyages« Détente et Culture»- 60, rue Oberkampf - 75011 Paris - Tél. : 357.00.55 - est prête à vous accueillir de 9 h 30 à 19 h 30 (sans interruption) (c. lie. n° A1839). rait-elle digérer cette main-d'oeuvre en péril? 0 m~ ___________________ CharlesM~. ~~ JE M'ABONNE A DIFFERENCES o 1 an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom ................ .......................... . Prénom .. _._... . Adresse Recueilli par (nom, adresse) : 1 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES 1 1 01 an, 170 F 0 6 mois, 100 F 1 Nom Prénom .................... . 1 1 Adresse ......... 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 1 1
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1 Nom .................... Prénom . 1 Adresse ......................................................................... .. 1 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 1 1 Différences • Grand concours d'abonnements a cinq ans 2" prix ' un micro-ordinateur 1" priX un billet aller-retour pour New York pour deux personnes 3' au 10' prix : une collection complète de livres. A partir du 11 ' prix : tout le monde gagne des milliers de livres, jouets, disques. Comment participer? C'est tout simple : faites le plus d'abonnements possible, en vous servant des bons imprimés au verso ou en [es recopiant sur papier libre ou en photocopiant la page. D'autres bons sont disponibles au journal. Attention: envoyez vos bons accompagnés du chèque le plus rapidement possible, par paquets de deux ou trois ou même un par un. Dès réception d'un premier abonnement, ATTENTION nous vous ouvrirons« un compte» où seront comptabilisés [es abonnements que vous avez/aits. En cas d'ex aequo, le prix ira au lecteur qui a envoyé le plus vite ses dix premiers abonnements. Pour vous faciliter la tâche, le jeu est aussi ouvert aux abonnements de six mois. Mais attention, ils seront comptabilisés pour un demi-point. Les rerords pris à la diffusion des numéros précédents nous obligent à repousser la date limite du concours, désormais fuée au 15 avril. Il vous reste donc un mois pour espérer gagner. Rappelons que les abonnements sur papier libre sont comptabilisés, à condition qu'ils portent le nom de l'abonneur, la mention Concours Différences et soient, bien entendu, accompagnés du chèque au montant correspondant. En tête pour l'instant, MM Jean et Perdrir.et.
Notes
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