Dossiers thématiques - Lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud

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LE MRAP est l'héritier direct du M.N.C.R. (mouvement national contre le racisme), organisation de résistance qui mena sous l'occupation une lutte active.

La journée nationale contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix, organisée au Cirque d'hiver le 22 mai 1949 constitue l'acte de naissance du MRAP : Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix.

Lors du congrès de 1977 est décidé le changement de titre du MRAP qui devient le Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples. Le changement est effectif en 1978.

Le projet de numérisation des archives, démarré en 2007, a abouti à la réalisation d'un DVD Droit et Liberté et d'un CD Différences. Des dossiers thématiques, dont le présent dossier, sont progressivement établis regroupant les articles de Droit et Liberté et de Différences et les pièces marquantes sur des sujets particuliers.

Qu'est-ce que l'Apartheid ? : le dossier du MRAP

En 1989 le MRAP publie un dossier sur l'Apartheid, réedition actualisée d'un premier dossier publié en 1986
Ce dossier présente de manière très complète les aspects historiques, sociologiques et économiques de l'apartheid


La lutte contre l'apartheid dans la presse du MRAP

Le début de l'apartheid

Dès 1948 et la victoire électorale du "Parti National réunifié" de Malan, Droit et Liberté qui va devenir l'organe du MRAP en 1949, dénonce l'instauration de l'apartheid
"Ici, plus que jamais., la Colour Bar - barrière des couleurs- semble être la loi. La ségrégation n'est pas moins violente que dans le Sud des Etats-Unis, Dans les trolleybus, ultra-modernes, jamais un noir n'oserait s'asseoir ailleurs qu:à !a place (la seule place) qui lui est réservée au fond de la voiture. Sur une population de 9 millions 600.000 habitants, il y a 2.200.000 Blancs à qui l'on a réservé l'usage exclusif des libertés démocratiques de vote d'expression, de réunion, etc.): contre - c'est bien le mot -7.400.000 indigènes."

Le MRAP poursuit la dénonciation en 1950

En 1953, Droit et Liberté relaie la parole d'un ancien député Sud-Africain

La charte de la Liberté

En 1955 la résistance s'intensifie en Afrique du Sud.
Le 26 juin 1955 le congrès du peuple adopte la charte de la Liberté.

"Un Comité de Lutte contre la déportation comprenant de nombreuses organisations et syndicats s'est constitué et a adressé aux ministres de la Justice et des Affaires Indigènes un télégramme, les mettant en garde contre la poursuite des opérations de déportation."

Le massacre de Sharpeville

Le 21 mars 1960, la police ouvre le feu sur des manifestants qui se présentaient sans laissez-passer. La fusillade fait 69 morts et plus de deux cents blessés.

Le MRAP édite une carte que les militants sont invités à envoyer à l'ambassade d'Afrique du Sud:
"M. l'Ambassadeur, Je tiens à vous exprimer, avec tous les gens de cœur, mon indignation devant les violences commises en Union Sud-Africaine pour maintenir la population de couleur dans de dramatiques conditions d'infériorité. Je demande qu'il soit mis fin aux arrestations massives, aux poursuites contre les antiracistes, à l'odieux système des laissez-passer, à toutes les mesures de ségrégation et de discrimination, incompatibles avec l'esprit de notre temps. Seul le respect de la dignité humaine permettra l'entente et l'harmonie entre des communautés qui, dans leur diversité, font la richesse et assurent l'existence même de l'Union Sud-Africaine."
Edouard Glissant intervient lors de la journée nationale contre le racisme l'antisémitisme et pour la paix

En 1961, le prix Nobel de la paix est attribué à Albert Lutili, Droit et Liberté relaie son appel contre l'apartheid.
"Aux gens de couleurs, Africains, Indiens et métis, je dis: organisez vous dans l'ensemble des villes et des campagnes comme jamais vous ne l'avez fait auparavant autour du mot d'ordre : « Une Assemblée Nationale Constitutante », et dressez-vous avec fermeté contre les lois de discrimination raciale qui nous humilient, défendez votre dignité !"

La répression se durcit en Afrique du Sud.
"Un soulèvement général des populations noires d'Afrique du Sud se produira certainement si les conditions actuelles dans ce pays restent ce qu'elles sont. Des violences inouïes entraîneront un bain de sang, si les blancs n'ont pas la sagesse de réagir à temps contre les dirigeants criminels qui poussent au renforcement des mesures racistes de discrimination et à l'aggravation de la plus folle des répressions."

Le procès de Rivonia (Prétoria)

En octobre 1963 s'ouvre à Pretoria, le procès de 10 dirigeants de l'ANC (African National Congress), qui avaient été arrêtés à Rivonia dans la banlieue de Prétoria, le verdict est rendu en juin 1964.
"Qui sont ces hommes que le gouvernement Verwoerd essaie de présenter comme des criminels. Sept d'entre eux: Nelson Mandela, Walter Sisulu, Lionel Bernstein, Govan Mbeki, Ahmed Kathrada, Dennis Godlerg et Raymond Mhlaba sont accusés selon les lois répressives d'Afrigue du Sud de faire partie de la direction nationale « d'un mouvement révolutionnaire. l'A.N.C. (African National Congress) ayant pour but de renverser le gouvernement ». Ils furent capturés, sauf Mandela qui était alors en prison, lors d'une opération policière sur la ferme Goldreich, à Rivonia, près de Johannesbourg. Tous sont connus en Afrique du Sud et dans le monde entier, comme des adversaires implacables et courageux de l'apartheid, et tous ont déjà subi à plusieurs reprises eux et leur famille, la féroce répression de Verwoerd."

Le verdict du procès suscite l'indignation, le MRAP alerte l'opinion publique par une action durant un match de tennis au stade Roland Garros.
"Le fait que le gouvernement fasciste d'Afrique du Sud ait dû renoncer à faire prononcer la peine de mort est un premier résultat positif découlant de la lutte pour la liberté menée en Afrique du Sud et de la vaste campagne internationale contre l'apartheid: dans le monde entier, en effet, des protestations s'élèvent qui condamnent la politique de ségrégation raciale du gouvernement de l'Afrique su Sud, où treize millions d'Africains sont privés de leurs droits les plus élémentaires."

En 1965 Droit et Liberté présente la situation dans l'ensemble de l'Afrique australe

L'intensification de la lutte anti-apartheid

En 1966, lors d'une réunion du comité de liaison anti-apartheid, Jean-Paul Sartre dénonce l'apartheid.
"Notre Comité donc se propose d'abord l'information. Il se propose ensuite, par différents moyens, d'affirmer notre solidarité avec ces mouvements de résistance, solidarité qui ne doit pas seulement être une solidarité verbale, mais une solidarité pratique et efficace. Il faut que ces hommes, dont l'héroïsme est de lutter dans la solitude, sachent qu' ils ne sont pas seuls."

L'O.N.U. décide en 1967 d'instituer une "journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale". Cette journée est fixée au 21 mars en hommage aus victimes du massacre de Sharpeville le 21 mars 1960.

Les complicités et les compromissions

Le MRAP dénonce les complicités dont bénéficie le régime Sud-Africain.

"L'apartheid, ce n'est pas seulement l'oppression politique de 12 millions de Noirs par une minorité de 3 millions de Blancs; c'est aussi un régime d'exploitation sauvage dans lequel est impliqué le grand capital occidental, qui profite beaucoup plus de la ségrégation que les «petits Blancs»."

En 1968 est réalisée en Afrique du Sud la première transplantation cardiaque, d'un donneur métis vers un receveur blanc.

Un cauchemar quotidien

Droit et Liberté poursuit la dénonciation de l'apartheid

Un article de Jean-Jacques De Felice
"Vouloir l'élimination du racisme sud-africain c'est d'abord le faire connaître. Trop de Français l'ignorent et leurs réactions après une information complète est toujours la même : « Comment peut-on supporter cela?»"

Le 21 mars 1971 est l'occasion de raviver le souvenir de Sharpeville

Une tournée de l'équipe de France de rugby en Afrique du Sud soulève des interrogations.
"Le Conseil national du M.R.A.P. réuni le 25 avril à Paris, s'est livré à un examen approfondi de la criminelle politique d'apartheid poursuivie en Afrique du Sud, et des soutiens qu'elle reçoit, notamment en France. Il s'est préoccupé en particulier du prochain départ de l'équipe française de rugby, qui va à l'encontre des condamnations prononcées par de nombreux organismes sportifs internationaux, notamment le Comité olympique, envers les pratiques racistes en vigueur dans le sport sud-africain"

En 1973 s'ouvre un nouveau procès à Pretoria
"...ces hommes sont tous accusés d'avoir pris part à des activités « terroristes »; au sens, bien sûr où l'entend la législation-répression en Afrique du Sud, c' est-à-dire définie de manière si large que le Président de l'Etat peut assurément considérer comme « terroriste» quiconque se prononce contre le racisme ou contrevient à l' un des innombrables règlements qui assurent la ségrégation raciale."

L'Afrique accuse

"Par ses souffrances et par ses luttes, l'Afrique accuse ceux qui la dominent et la pillent, qui l'empêchent, depuis des siècles, de maîtriser son destin. Et si l'on précise les responsabilités, il faut bien admettre que la France en porte une lourde part, dans le présent comme dans le passé....
...Pour qui se fait. une certaine idée" de la France républicaine" de son rayonnement dans le monde, plus inadmissible encore apparaît la politique menée vis-à-vis de l'Afrique du Sud. Violant constamment les décisions de l'O.N.U ., la France, considérée comme la meilleure amie» du pouvoir raciste de Prétoria, déploie une intense activité pour le renforcer sur les plans militaire, économique, politique et moral."

Le MRAP se mobilise contre les relations sportives avec l'Afrique du Sud
"Un sportif conscient de sa mission humaniste ne peut cautionner un système inhumain entre tous. La condamnation du racisme fait l'objet d'un consensus universel.
Les rugbymen français doivent prendre conscience du rôle qu'on leur fait jouer, les dirigeants de même. L'appel du M.R.A.P. a été largement entendu. Il a secoué l'immobilisme des non-informés. Il a alarmé les trop habiles. Il démasque les complices. Au bout du tunnel, la lumière apparaît. Et le rugby français doit être fidèle à ses traditions populaires."

Les émeutes de Soweto

Le 16 juin 1976 des étudiants et écoliers noirs manifestent contre l'obligation de suivre leur enseignement en langue afrikaans, la police tire faisant de nombreuses victimes
"Pendant ce temps, l'Afrique du Sud a changé de visage. Une à une, les « townships », ces ghettos noirs à la périphérie des villes se lèvent, sur un fond effroyable et sanglant de massacres devenus aussi quotidiens que la misère et la colère de l'immense majorité du peuple. Ce ne sont plus seulement Soweto ou Alexandra, ces grandes plaies qui flanquent la ville minière de Johannesburg, c'est maintenant aussi Le Cap, avec ses cinquante morts, des enfants pour la plupart, ce sont les étudiants « métis » de la même ville, les étudiants « indiens » de Durban, et même les étudiants blancs, qui découvrent peu à peu la stupeur de vivre dans un pays où l'on tue, et manifestent dans les rues la solidarité de tout un peuple."

Le MRAP dénonce à nouveau les contrats franco-sud-africain et appelle à la solidarité
"Profondément indignés par l'aggravation de la répression raciste, soucieux du renom et de l'intérêt véritable de la France et en particulier de ses relations avec l'ensemble des peuples africains, nous pensons que devrait cesser tout soutien militaire ou économique au régime inhumain de l'apartheid, condamné par la communauté internationale."

Le 21 mars 1978 est l'occasion d'intensifier la dénonciation.

Il n'est pas de débat sur l'apartheid sans que vienne la question : Pourquoi l'Afrique du Sud? Pourquoi ne parlez vous pas du racisme dans tel ou tel pays?
Dans l'éditorial de Droit et Liberté de avril 1978, Jean-Louis Sagot-Duvauroux répond à cette question.
"...Parce que l'Afrique du Sud, c'est le pays du racisme obligatoire. Partout ailleurs, le racisme est toléré, suscité, il résulte de causes multiples, survivances du passé, tentatives de diversion face aux problèmes réels. Nulle part il n'est inscrit dans les lois mêmes du pays ; nulle part, il n'est la structure même de l'ordre social. Parce que la lutte contre l'apartheid est devenue, de ce fait, le symbole même de la lutte contre le racisme...."

Les militants anti-apartheid se mobilisent pour sauver Solomon Mahlangu.

En juin 178, Droit et Liberté publie un numéro spécial sur les partenaires de l'apartheid.
"Les entreprises qui profitent de leur liens honteux avec l'apartheid ignorent superbement la volonté de libération et de justice des peuples d'Afrique. Ceux-ci, pourtant s'éveillent et la collaboration avec les racistes fait peser de graves dangers sur l'avenir des relations entre la France et les peuples épris de liberté."

Afrique australe: trois siècles de résistance

Indignation après l'éxécution de Solomon Mahlangu.

James Mangé est à son tour menacé.

Des sanctions contre l'Afrique du Sud

De nouveaux crimes en préparation.

L'exigence de sanctions

Faut-il boycotter l'Afrique du Sud ?

"L'APARTHEID est un crime contre l'humanité. Cependant on ne peut espérer réaliser les objectifs humanitaires qui découlent de cette conviction sans une action coordonnée au niveau international....Bien sûr les sanctions ne changeront pas à elles seules la politique d'apartheid, mais je suis convaincu que les sanctions économiques, l'embargo sur les exportations de pétrole, d'armes et de matériel de haute technologie peuvent, à condition qu'ils soient pleinement respectés, apporter une contribution importante à l'évolution de la situation ségrégationiste en Afrique du Sud de façon que tous les hommes y jouissent bientôt des mêmes droits."

  • Différences n°19 de janvier 1983 : (voir le document)
  • Différences n°20 de février 1983 : (voir le document)
  • Des artistes du monde entier préparent un musée qu'ils offriront à l'Afrique du Sud libérée.
  • Différences n°21 de mars 1983 : (voir le document)

Le gouvernement français interdit à ses fédérations sportives les relations avec l'Afrique du Sud.

Les artistes du monde entier se lèvent contre l'apartheid, le brésilien Jorge Amado déclare:
"Aussi longtemps que l'apartheid existera comme forme de gouvernement, comme philosophie de la vie, comme idéologie d'une caste minoritaire et agressive, les valeurs humaines les plus nécessaires et les plus pures seront menacées. La bataille contre l'apartheid est le plus beau des combats auquel se rallier : il n'existe pas pour les intellectuels de devoir qui prime la lutte contre le racisme et la forme politique qui lui a été donnée par les gens qui « dégouvernent » l'Afrique du Sud et menacent la paix mondiale"

L'action contre la venue du premier ministre Sud-Africain en France.

Dulcie September, représentante de l'ANC en France, remercie le MRAP de son action.

L'apartheid craque de partout

Desmond Tutu reçoit le prix Nobel de la paix

Le mouvement anti-apartheid dénonce les relations commerciales avec l'Afrique du Sud.

Le MRAP lance une campagne de boycott.

Un tract de l'ANC en 1985

L'assassinat de Dulcie September

Différences présente l'ANC (African National Congress)

Un témmoignage dans Différences de octobre 1987

Un entretien avec Dulcie September est publié en mars 1987

Le 29 mars 1988 Dulcie September est assassinée.

Maintenir la pression

Différences publie un numéro "spécial apartheid"

Le dernier kilomètre

Nelson Mandela est libéré en février 1990.

En 1993, Nelson Mandela reçoit le prix Nobel de la paix.

La fin de l'apartheid

Enfin le 26 avril 1994 l'apartheid est officiellement aboli en République Sud-Africaine.

L'après apartheid

En avril 1999, Nelson Mandela conformément à ses engagements, quitte le pouvoir.

Différences présente un dossier sur la reconstruction de l'Afrique du Sud.

A l'occasion du 55ème anniversaire du MRAP, la lutte anti-apartheid est retracée.

Exposition d'affiches anti apartheid au musée de l'affiche

L'apartheid dos au mur : (voir le document)

Les affiches du MRAP