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La guerre d'Algérie et ses conséquences à travers la presse du MRAP

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Après la seconde guerre mondiale

Dès 1942, avec le débarquement angloaméricain en Afrique du Nord, l'Algérie prend conscience du tournant qui est en train de s'opérer dans la situation internationale. La Charte de l'Atlantique diffusée dans les pays d'Afrique du Nord proclame en effet, dans l'un de ses points, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Si le but évident est de s'attirer le soutien des populations indigènes, cette charte est interprétée par les Algériens comme un élément favorable à la revendication de leur indépendance. C'est également à partir de 1942 que Ferhat Abbas proposera le droit à l'indépendance de l'Algérie dans le cadre d'une république fédérée à la République française.
A la fin de la guerre, malgré le lourd tribut payé par les Algériens à la victoire, aucune réponse sérieuse n'est apportée à leurs revendications. Dans un contexte de rivalités -la France se méfiant des Etats-Unis, soupçonnés de vouloir prendre sa place en Afrique du Nord - le rejet par le gouvernement Bidault de la proposition de Roosevelt, reprise par Truman après 1946, de trusteeship, sorte de tutelle internationale sur les colonies devant assurer la transition vers l'indépendance, ruinera les espoirs que les dirigeants algériens avaient pu placer dans un règlement international.
Et le 8 mai 1945, s'il représente pour les Français la libération et le retour à la paix, pour les Algériens, il prend une signification tout autre. A Sétif, où une centaine d'Européens avaient été tués les jours précédents et à Guelma où aucun heurt ne s'était produit, la répression qui va s'abattre ce 8 mai sur les manifestants qui revendiquaient l'indépendance fera plusieurs milliers de morts, dont beaucoup victimes des milices des colons (le consul américain parlant de 40 000 morts). Les partis à tendance nationaliste, quant à eux, seront dissous.

La perte du contrôle sur le MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques) par Messali Hadj, au profit d'un groupe qui refusait les limites de la lutte légale et qui allait former l'embryon du FLN, montre que commence à être envisagée l'idée que seule une intervention armée pourra permettre d'accéder à l'indépendance... Répondant aux intérêts et aux pressions des colons, en métropole les gouvernements successifs n'apporteront aucune réponse sérieuse et les réformes, comme le nouveau statut de l'Algérie de 1947, ne pourront freiner l'inéluctable cheminement des Algériens vers l'indépendance.
L'action insurrectionnelle déclenchée par le FLN le 1er novembre 1954 allait marquer le point de départ d'une guerre qui allait se dérouler jusqu'en 1962 et provoquer l'engagement du contingent....
Si les effets de cette guerre conditionnent encore la situation de l'Algérie, en France, l'impact très négatif sur les mentalités, avec une recrudescence du racisme antiarabe alimenté par nombre de rapatriés d'Algérie, se fait encore sentir cinquante ans plus tard et affecte encore les relations franco-algériennes....l'indépendance de l'Algérie est bien le résultat d'une déroute de la puissance coloniale sur les terrains de la légitimité, du droit, des valeurs et de la morale.
Extrait de Différences n°270 de 2009 dans lequel le MRAP à l'occasion de ses 60 ans se penche sur son histoire et les grandes luttes qui l'ont marquée.

Racisme, misère et discrimination

Les "rafles au faciès"

La une de Droit et Liberté n°42 de septembre 1950

Que ce soit en Algérie de la part des "Européens d'Algérie" ou en métropole ceux qui sont désignés par le terme "les Indigènes d'Algérie" sont victimes du racisme.
Dès 1950 le MRAP dénonce les rafles racistes dont sont victimes les Nord-africains.
Après la rafle du 17 septembre 1950, le MRAP publie une résolution déclarant:
"Le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix, sûr d'exprimer l'indignation de tous les antiracistes, de tous les républicains,élève une protestation énergique contre les rafles d'Algériens qui ont été opérées le 17 septembre à Paris sur les grands Boulevards et dans le quartier du Sentier.
Le MRAP souligne le danger que représente pour la démocratie la pratique de ces rafles racistes..."
Le MRAP édite également une affiche:
Rafles racistes en plein Paris: ... Crions notre indignation, protestons contre des mesures de répression policières indignes de la France !
Imposons le respect de l'égalité des droits reconnue par la Constitution à tous les habitants de note pays quelle que soit leur origine!...
Droit et Liberté n°42 (voir le document)

Toujours en 1950, Droit et liberté publie sur 4 numéros, une enquête sur les conditions de vie des travailleurs Nord-Africains en France en suivant l'odyssée de Sliman, agriculteur algérien qui en France a retrouvé le racisme et la misère.
DL n°49 (voir le document) DL n°50,(voir le document) DL n°51,(voir le document) DL n°54 (voir le document)

Une nouvelle enquête dénonce le traitement de bouc-émissaires réservè aux Nord-Africains:
La grande presse a attiré l'attention sur les Nord-Africains il y a quelque temps. Mais ce n'est pas sur la situation pénible dans laquelle il se débattent qu'elle a mis l'accent.
Une campagne soigneusement orchestrée les rend, comme le baudet de la fable, responsables de tous les maux, agressions, vols et autres actes de gangstérisme...
DL n°55 p2 (voir le document) et DL n°56 p2 (voir le document)

Une exploitation féroce

Droit et Liberté dénonce également l'exploitation coloniale féroce en Algérie:
"Dès l'arrivée dans Alger la Blanche, l'émerveillement du site, du paysage fait immédiatement place à l'indignation, à la révolte devant tant de misère accumulée...
L'Algérie le pays des contrastes, contraste entre l'exploiteur et l'exploité, entre la pauvreté de l'un et la richesse provocante de l'autre..." DL n°65 p1 et 3, (voir le document)
puis évoque les dessous de la crise marocaine: DL n°59 (voir le document)
Le MRAP continue de dénoncer les rafles racistes qui se poursuivent: "...Le Secrétariat du MRAP élève une protestation indignée contre ces méthodes racistes...Il appelle instamment tous les habitants de notre pays à exprimer leur réprobation contre cette violation de la constitution et de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen."
DL n°70 (voir le document)
Droit et Liberté s'indigne de la discrimination que subissent les travailleurs Nord-Africains chez Renault ou à Marseille : "les lois sociales ne traversent pas la Méditerranée"
DL n°74 (voir le document) , DL n°79 (voir le document) Sans oublier la répression en Algérie: un total de 363 années de prison sont infligées à des militants du M.T.L.D.(Mouvement pour le triomphe des Libertés Démocratiques)
DL n° 83 (voir le document) Dans le numéro 85 Droit et Liberté publie une déclaration de Messali Hadj :"les Algériens de toutes races et de toutes religions luttent en commun" Dans ce même numéro, DL évoque le sort des travailleurs Nord-Africains en Lorraine. DL n°85 (voir le document)

Les 14 de Lyon

Droit et Liberté lance une campagne pour la défense des "14 de Lyon", 14 travailleurs algériens victimes d'un procès injuste. Scandale raciste à Lyon titre Droit et Liberté.
Un meeting de solidarité est organisé en septembre 1951. DL n°88 DL n°89 Dans le n°90 Droit et Liberté peut annoncer: "La libération des 14 est l’œuvre de tous les antiracistes":
DL51_87 (p1)(voir le document) , DL51_88(voir le document) DL51_89 (voir le document), DL51_90 (voir le document) Droit et Liberté continue de dénoncer les rafles au faciès DL n°91 p1 et les conditions de vie des algériens tant en métropole: "mon ami Ali, marchand de tapis": DL n°88; du Sud algérien à Paris en cherchant du travail : DL n°92 p1 et 4 .
qu'en Algérie DL51_94 (p4) (voir le document) (voir le document) (voir le document) La situation des travailleurs nord-africains est évoquée à l'assemblée nationale. DL51_096 (voir le document)
En décembre, Albert Levy dénonce une "gigantesque rafle au faciès", 15000 algériens sont arrêtés. Le MRAP publie un communiqué et déclare:
" il est inadmissible que le teint de la peau, la forme du visage, la couleur des cheveux puissent servir de critère à des arrestations."
DL51_89 (voir le document)
Cependant un travailleur algérien maintient une lueur d'espoir et témoigne: "J'ai rencontré en France le racisme, mais surtout la solidarité humaine."
DL n°103 (voir le document)
En 1952, Droit et Liberté rend compte des évènements en Tunisie (DL n°106 DL n°108) et revient sur les injustices subies par les algériens
Dl n°106(voir le document) ; DL n°108 p5(voir le document)

Le 14 juillet 1953

Le 14 juillet 1953, la traditionnelle manifestation tourne au drame, la police charge le cortège des algériens faisant 7 victimes dont 6 Algériens et de nombreux blessés. Le MRAP s'indigne: " Les Droits de l'Homme bafoués le jour même de leur célébration " et lance une protestation:
Le Mouvement contre 1e Racisme, l'Antisémitisme et pour 1a Paix, s'incline douloureusement devant les victimes de la sanglante provocation qui a endeuillé la. manifestation imposante d'unité et de grandeur, du 14 Juillet 1953.
Le M. R. A. P. élève une protestation indignée contre le racisme de la police, qui se manifesta avec une brutalité sans retenue à l’égard des Nord-Africains vivant en France et qu1 en ce jour du 14 Juillet, a trouvé son expression la plus odieuse dans l'assassinat de sept travailleurs dont six algériens.
Le M.R.A.P. n'a cessé d'alerter le pays contre les discriminations de toutes sortes qui frappent les travailleurs nord-africains en France et contre la répression qui, en toute occasion, s'abat sur eux. Brimades, vexations, matraquages, rafles au faciès, campagnes haineuses d'une certaine presse, tout cela visiblement encouragé en haut lieu....
Le M.R.A.P appelle la population à l'union vigilante pour exiger la recherche et le châtiment des vrais coupables, ceux qui ont tirè et ceux qui ont permis le crime.
DL n°126 (voir le document)
Un extrait de presse sur les évènements: (voir le document)

La parole aux armes

Non à la Haine

La une de Droit et Liberté n°148 de septembre 1955

Le 1er novembre 1954 est reconnu comme date de début de l'insurrection armée en Algérie.
Au moment où la situation se dégrade, Droit et Liberté revient sur le racisme, "maladie endémique en Algérie" DL n°141 (voir le document)
puis lance un appel: "Halte au racisme en Afrique du Nord" : "la loi doit punir les discriminations et non les favoriser"  ;
et publie un article de Françoise d'Eaubonne: "j'ai vu, j'ai pleuré, j'ai serré les poings." (voir le document)
En 1955, devant l'aggravation de la situation, Droit et Liberté publie un article: "Algérien, mon frère" :
"L'exercice individuel et collectif des droits et des libertés proclamés par la Constitution, voilà oe que demandent, en fait, les musulmans d'Algérie."
"Brimés sur le plan économique, politique et humain, c'est depuis des années, qu'ils réclament en vain une vie décente pour eux et leurs enfants, le règne de la démocratie et non de l'arbitraire, des maison au lieu de bidonvilles, des écoles au lieu de prisons. Ils veulent que cessent les discriminations dont ils sont victimes dans tous les domaines."
DL N°146 p6 (voir le document)
Puis titre dans le N°148 : NON A LA HAINE : "Les antiracistes exigent que soit respecté le droit à la vie et à la dignité des populations d'Afrique du Nord; que cessent les mesures discriminatoires frappant les Algériens en France; que soient recherchées sincèrement les solutions conformes à la paix en Algérie et au Maroc. (p1)
Et poursuit: "Ou régne le racisme, l'Homme perd ses droits" (p4)
DL n°148 (voir le document)
Paix en Afrique du Nord proclame le n°149 , une déclaration du Bureau National du MRAP déclare: "Le Bureau national du Mouvement contre le Racisme et pour la Paix souligne, une nouvelle fols, que la politique de force et de répression aveugle ne sauraient résoudre les graves problèmes posés en Algérie et au Maroc."
"Fidèle aux traditions et à l'intérêt de la France, il dénonce les méthodes racistes pratiquées notamment dans le Constantinois, qui ne peuvent que créer des haines et creuser un fossé entre la France et les populations d'Afrique du Nord."
"Le Bureau national proteste énergiquement contre les mesures discriminatoires qui frappent les Nord-Africains résidant en France, telles que les rafles « au faciès » et autres procédés révoltants..."
"Certain d'exprimer la volonté de tous les antiracistes, le Bureau national du M.R.A.P. demande qu'en Algérie et au Maroc soient réalisées, sans tarder, les réformes souhaitées par tous, dans le domaine économique et social, et que soient recherchées sincèrement des solutions de paix dans l'esprit de la Constitution qui garantit à tous, sans distinction de race ni de religion, l'exercice individuel et collectif des libertés et des droits fondamentaux..."
DL55_149 p3 (voir le document)
Droit et Liberté salue l'ère nouvelle qui s'ouvre au Maroc mais s'interroge: "Et l'Algérie?" : "En Algérie cependant, et malgré le plus large mouvement d'opinion qui se soit manifesté pour empêcher que la France ne se laisse entraîner dans une guerre absurde et sans issue, les opérations de police et de ratissage continuent. Le sang coule tous les jours et tous les jours la liste des victimes algériennes et française s'allonge impitoyablement."
DL n°150 (voir le document)
Le n°151 publie les notes de voyage de Me Mainville à son retour d'Algérie: "Alger n'a ps beaucoup changé depuis les jours d'août 1943, où j'arrivais pour la première fois dans cette ville, qui fut naguère la capitale de la France libérée. L'Algérien a toujours autant le sentiment d'être étranger sur sa propre terre, tout se passe en dehors de lui et souvent contre lui..."
Le Bureau National déclare: Il y a lieu également de souligner l'aggravation sur notre sol des mesures racistes à l'égard des travailleurs nord-africains et la poursuite, en Algérie, d'une politique qui aboutit à exciter les haines et à mettre la paix en danger
DL n°151 (voir le document)

Paix en Algérie!

En janvier 1956, Droit et Liberté titre: "Paix en Algérie";une conférence est organisée, pendant laquelle Me Mainville rend compte de son voyage en Algérie tandis que Me Bittoun expose la place des juifs en Afrique du Nord. A la fin de ces exposés, une résolution est adoptée:
"...les antiracistes réunis ont souligné que la politique de force et la répression aveugle ne sauraient résoudre les graves problèmes posés en Algérie."
Ils protestent notamment contre les mesures discriminatoires qui frappent les Nord-Africains tant en France que sur leur propre sol et contre les tentatives visant à opposer Musulmans et Juifs."
"Ils expriment le vœu que le prochain Gouvernement, répondant à la volonté clairement exprimée par la majorité de la nation, prenne immédiatement les mesures qui permettront d'arrêter les combats en Algérie, de promouvoir la négociation et la paix, afin que soit sauvegardé dans l'esprit de la Constitution l'exercice Individuel et collectif des libertés fondamentales " ...
Une journée nationale pour la Paix en Algérie est programmée le 5 février 1956.
DL n°152 p7 (voir le document)
Halte à l'antisémitisme et au racisme, Paix en Algérie proclame Droit et Liberté en février 1956, tandis que à Paris comme à Alger sévissent des menées factieuses :
Cependant, du plus profond de notre peuple, monte l'exigence d'un cessez-le-feu, d'une véritable négociation, qui mettrait fin à la guerre et ferait échec aux propagandes racistes...
Le M.R.A.P. s'associe pleinement à ces efforts." DL n°153 p5 (voir le document)
Puis en mars 1956: "En Algérie pour faire échec aux racistes déchaînés, une solution pacifique s'impose: C'est un fait que, ces derniers jours, les diverses mesures prises ne laissent pas d'être inquiétantes. Il n'est question que de mobilisation et de renforts, de couvre-feu et de ratissages ..."
"Est-ce là la voie de la paix? Il est à craindre que l'on ne parvienne ainsi qu'à faire couler plus de sang et à creuser davantage le fossé entre la France et les populations d'Algérie."
"Les antiracistes ne sauraient rester Indifférents à ces graves problèmes. Ils demandent que soient recherchés rapidement un cessez-le-feu et la paix, dans le respect des droits de l'homme et de la dignité de tous. Plus tôt cette solution aboutira et plus tôt la France retrouvera son vrai visage aux yeux des peuples."
"Disons non à la haine. Proclamons notre ardente volonté de faire triompher la fraternité. Réclamons de toutes nos forces la paix! "
DL n°154 p6 (voir le document)
Puis en avril 1956:"Fidèles aux principes des Droits de l'Homme. nous affirmons que les aspirations des populations algériennes. qu'elles soient individuelles ou collectives, doivent être respectées'.
Nous disons que les Algériens sont des hommes, nos frères, et que s'ils avaient été considérés comme tels, nous ne serions pas dans la cruelle situation où nous nous trouvons, Nous avons conscience, en demandant un cessez-le-feu et la paix plutôt que les ratissages, les représailles et contre-représailles, de faire obstacle au déchainement ·de la haine qui, sans cesse, se nourrit d'elle-même."
DL n°155 p6 (voir le document)

Pour la fraternité, la justice et la dignité

Des Israélites de Constantine déclarent: "Juifs et musulmans d'Algérie peuvent et doivent s'entendre: tragédies. Musulmans et juifs, fils d'une même terre, n'ont pas à tomber dans le piège de la provocation. En revanche ils se doivent de faire front contre elle. Ne pas se laisser duper par ceux qui, il n'y a pas si longtemps, envisageaient avec désinvolture l'anéantissement total des Juifs comme une étape salutaire de l'évolution de l'humanité "
Dl n°158 p6 (voir le document)
Droit et Liberté veut toujours croire à la fraternité: "Algérie des voix s'élèvent pour la fraternité", et dénonce:
"Il est évident que cet état de Siège permanent, ce recours systématique à la force, ne sauraient résoudre les problèmes posés, bien au contraire. Les événements le prouvent chaque jour mieux.
Entre Européens et musulmans se dressent des barrières de barbelés toujours plus infranchissables. Toute la vie, en Algérie, est placée sous le signe du « quadrillage » et du « compartimentage" comment les incompréhensions, les hostilités pourraient elles ne pas s'accroître? "
"Alors qu'une négociation, dans le respect de la justice et de la dignité, pourrait assurer les droits de tous les Algériens, chaque jour de guerre, engendre le sang et les larmes, l'injustice et la haine. Est-ce cela la pacification? Est-ce là l'intérêt de la France?"
DL n°161 p6 (voir le document)
La vérité sur les "abus commis en Algérie au nom de notre pays" se révèle de plus en plus à l'opinion française: "Fruits amers du drame algérien, la dignité humaine bafouée, le racisme et l'antisémitisme déchaînés"
"Un terrible dossier" relate Droit et Liberté, tandis que le général Trubert ancien maire d'Alger dénonce:
"de toutes les plaies dont souffre I'Algérie misère, analphabétisme, sous-alimentation etc... la plus douloureuse est sans conteste le racisme."
"Véritable fléau d'un pays éprouvè par tant d'invasions au cours des siècles, le racisme est à la base des maux d'hier et des malheurs d'aujourd'hui."
DL n°163 p4 (voir le document)

DL n°166 publie les notes de voyage de Me Dymenstein à son retour d'Algérie:
"...Tout musulman est un suspect. Les patrouilles interpellent « au faciès », homme ou femme. De la fenêtre de ma chambre, je vois justement un « homme peint» (c'est ainsi que le journal algérois "Dernière Heure" désigne les parachutistes) contrôler l'identité d'un jeune Algérien. Il est adossé au mur pendant que le soldat examine ses papiers. En les lui rendant le soldat lui fait signe de partir. L'adolescent veut prendre le temps de les ranger dans son portefeuille, alors le parachutiste lève le genou. J'ai ressenti ce coup comme s'il m'était personnellement destiné. Ces choses là ont un nom: c'est du racisme."
DL n°166 (voir le document)
Titrant: Pour un dénouement pacifique et fraternel du drame algérien: DL publie des témoignages, dont celui du Général Trubert:
"...Cette plaie, c'est le racisme, dont la bêtise et la méchanceté s'étalent impunément dans ce pays où vivent pourtant des hommes de races différentes qu'une coexistence obligée devrait inciter à la fraternité ou, pour le moins, au respect mutuel. Par un paradoxe inouï, ceux-là mêmes qui proclament à cor et à cri « l'Algérie française » se sont toujours refusés à y appliquer les principes sur lesquels est fondée la République française.
Par une absence d'autorité inexcusable, les gouvernements successifs qui ont présidé aux destinées de la France et les proconsuls qui représentaient le pouvoir central à Alger n'ont jamais imposé effectivement sur la terre algérienne la loi métropolitaine."
DL n°168 (voir le document)
Relatant l'existence des "camps" et des "disparitions" de suspects DL écrit :"De telles méthodes, répétons le, ne peuvent qu'approfondir encore le fossé entre les populations française et algérienne, aggraver les incompréhensions et les haines. Elles sont contraires aux traditions comme aux intérêts de notre pays."
DL n°169 (voir le document)

Droit et Liberté appelle toujours à la Fraternité: "Sans prendre position sur l'aspect politique des problèmes posés, notre journal se doit d'exprimer l'émotion des antiracistes qui, profondément attachés aux valeurs nationales, tiennent à réaffirmer la nécessité d'une solution négociée, pour que la France retrouve son vrai visage, pacifique et humain, pour que triomphe enfin, en Afrique du Nord, une vraie fraternité "
Dl n°170 p1 et 5 (voir le document)

Le 13 mai 1958

La une de Droit et Liberté n°173 de mai 1958

Droit et liberté relate les évènements du 13 mai 1958 à Alger et lance un appel aux antiracistes:
"Le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M.RA.P.) communique: La grave menace qui pèse sur les institutions démocratiques à la suite du coup de force d'Alger requiert de toute urgence des mesures énergiques des pouvoirs publics contre les coupables et leurs complices et le regroupement de toutes les forces républicaines que le M_R.A.P. n'a jamais cessé de préconiser pour faire échec aux menées factieuses inséparables de l'agitation raciste et antisémite."
"En ces heures d'une gravité exceptionnelle, le M.R.A.P. appelle tous les antiracistes à se mobiliser pour défendre les idéaux républicains pour lesquels ils ont toujours combattu. Il leur demande de s'associer partout, dans l'union, à la riposte antifasciste indispensable et, au besoin, de la promouvoir".
"L'heure n'est plus aux divisions subalternes. Antiracistes, républicains de toutes tendances, unissons nous et agissons pour barrer la route au fascisme, au racisme et à l'antisémitisme, pour faire triompher la paix et l'amitié entre les peuples."
DL n°173 (voir le document)
En septembre 58, DL tire les leçons de l'évolution de la situation:
"Alors que les évènements de mai-juin et les mots d'ordre d' « intégration » amenaient certains à espérer une solution prochaine du drame algérien, il faut bien reconnaître que, depuis trois mois, il n'a fait que s'aggraver. Le sang continue de couler de part et d'autre en Algérie, où des renforts ont été envoyés.
Et voilà que la guerre prend pied en France même, avec les attentats, la répression accentuée, avec tout ce qui fatalement, s'ensuit : victimes innocentes, haines exacerbées. Et chaque jour il apparaît plus difficile de combler le fossé qui se creuse entre des populations qu'un autre climat pourrait amener à une coexistence harmonieuse..."
Dl n°175 p2 (voir le document)
Cependant l'antisémitisme progresse en Algérie mais DL restant optimiste proclame: Juifs, musulmans et chrétiens peuvent s'entendre: DL n°179 (voir le document)
Les conditions inhumaines des "camps de regroupement" sont dénoncées: "Par suite des nécessités de la pacification, un million d'hommes, de femmes et d'enfants sont pratiquement menacés de famine. »
DL n°181 p3 (voir le document)

La semaine des barricades

Alors que semble se dessiner une solution politique au conflit, le 24 janvier 1960 à Alger, débute la "semaine des barricades", tentative de coup de force des opposants à l'autodétermination.
Droit et Liberté titre: "A Paris comme à Alger, les racistes contre la paix et la démocratie" et publie une déclaration du Bureau National du MRAP:
"Le Bureau National du M.R.A.P., interprète de l'émotion des antiracistes devant les graves événements d'Alger souligne que les hommes et les factions qui, depuis de longues années ont impunément poursuivi leurs activités racistes et antisémites avec des moyens de plus en plus puissants, sont les mêmes qui aujourd’hui, sous les mêmes emblèmes, tentent par la force d'imposer leur volonté au pays."
"En s'opposant au principe de autodétermination, les factieux marquent leur mépris raciste pour les musulmans d'Algérie auxquels ils refusent le droit de se prononcer sur leur propre destin.
"Après les fermes déclarations du Président de la République, le Bureau National du M.R.A.P. attend du gouvernement une action réelle et efficace pour mettre hors d'état ,de nuire les auteurs du coup de force et tous leurs complices. Il appelle les antiracistes à s'unir avec tous les républicains pour la défense des libertés démocratiques et de la paix, hors desquelles aucune véritable fraternité humaine n'est réalisable."
DL n°188 (voir le document)
Le MRAP espère toujours la paix, en juillet 1960, Me Marcel Manville signe un article:
"Le drame algérien trouvera-t-il enfin une solution pacifique? C'est notre espoir et notre volonté...."
"... Notre Mouvement, tout en se gardant de proposer des options politiques à ses adhérents, n'a cessé de dénoncer avec force le cycle infernal de la violence, de la répression, des atteintes à la dignité de l'homme engendré par cette guerre. Nous avons été, depuis les premiers jours, partisans de la paix, car nous savions que la guerre d'Algérie, guerre coloniale, devait nécessairement engendrer la haine raciste, le mépris de l'homme ... C'est ainsi que nous avons dù constater que les moyens de lutte employés au cours de cette guerre portaient la marque de 1 exclusion dans laquelle on tenait l'adversaire du reste de l'humanité....Mais voici venir l'heure de l'apaisement."
"Il nous appartient à nous, antiracistes conséquents, de faire tout ce qui dépend. de nous pour que les derniers obstacles soient surmontés très rapidement".
"Que peuple de France et peuple d'Algérie, enfin réconciliés, mettent un terme au conflit. Que l'Algérien soit désormais regardé à hauteur d'homme, sans mépris et sans condescendance."
La 12ème journée contre le racisme, l'antisémitisme et pour la Paix déclare dans sa résolution finale: "Les participants à la journée nationale... souhaitent que soit activement recherchée à tous les conflits, et particulièrement au drame algérien, une solution pacifique, qui ne peut se fonder que sur le respect de la. dignité de tous les hommes dans leur diversité, et sur la reconnaissance loyale de leur droit à déterminer leur propre destin."
DL n°192 (voir le document)

Il faut négocier la paix

En octobre 1960, le MRAP publie une déclaration sur le drame algérien: "..Le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M,R.A.P.) appelle les démocrates à s'opposer avec vigilance et détermination à toutes les manifestations de racisme nées du drame algérien, qui ne sauraient les laisser insensibles."
Il appelle les gens de cœur à affirmer et à promouvoir à toute occasion, par tous les moyens l'esprit de fraternité et de compréhension humaine en vue de contribuer à la création d'un climat favorable à la paix."
"Certain d'exprimer la volonté unanime de l'opinion antiraciste, il souhaite, pour que cessent, de part et d'autre, les conséquences cruelles de ce conflit, que soit activement recherchée par la négociation une solution pacifique, qui ne peut se fonder que sur le respect de la dignité de tous les hommes dans leur diversité, et sur la reconnaissance loyale de leur droit à déterminer leur propre destin..."
Tandis que Me Dymenstein dénonce la condition des algériens en France: "...Cette ordonnance qui crée officiellement des camps d'internement, en France, livre les Algériens au pouvoir discrétionnaire de la police. Et malheureusement l'expérience nous apprend que lorsque une autorité administrative quelconque bénéficie d'un pouvoir discrétionnaire, immanquablement elle en abuse..."
DL n°194 (voir le document)
Les tensions s'exacerbent en Algérie et en janvier 1961, Droit et Liberté rend compte des journées de décembre 1960: "La guerre exaspère les antagonismes entre les communautés, pour mettre fin aux discriminations et à la haine raciale, il faut négocier la paix"
Puis donne la parole :

  • à Charles Palant: " Démentant les euphémismes de la "pacification" ces faits font apparaître le caractère véritable de la guerre menée en Algérie. Cette guerre ne fait que perpétuer par des moyens renforcés de coercition la « supériorité » des Européens et la sujétion des musulmans."
  • à Claude Estier: "...Il est évident que tout au long de cette semaine algéroise des signes profonds de racisme se sont manifestés sous les formes les plus diverses. Dans les manifestations européennes d'abord et cela de façon indéniable. Il suffisait d'entendre les propos que tenaient les manifestants de la rue Michelet pour être convaincu que le mythe de la « fraternisation » né, pour les besoins de la cause, au lendemain du 13 mai, était définitivement enterré. La façon brutale dont certains Européens cherchaient à entraîner dans la grève du F.A.F. les commerçants musulmans qui refusaient de s'y associer, les injures dont ils accompagnaient leurs propos ne laissaient aucun doute possible sur leurs véritables sentiments.

Dans la répression ensuite. En « nettoyant » à la mitraillette le quartier du Ruisseau, par exemple, les parachutistes ont donné une nouvelle preuve du faible prix qu'ils attachent à la vie d'un « bougnoule».
Quant à la tragique fusillade de Bab el Oued qui a fait tant de morts musulmans, elle a été déclenchée dans le plus pur style des « ratonnades » classiques..."

  • à Paul Tubert :En toute justice on ne saurait imputer au seul régime la responsabilité de ce racisme qu'ont toléré les gouvernements de Paris, tant sous la IVe que sous

la IIIe République, pour ne pas remonter plus loin.
Tous en effet ont laissé à la discrétion d'une véritable féodalité possédant la terre, l'argent, l'influence politique et des privilèges de fait, le sort d'une masse de musulmans considérés surtout comme une main-d'oeuvre à bon marché.
Au lieu de se solidariser aveuglément avec les premiers par peur des seconds dont le nombre croissait considérablement trop de « pieds-noirs » ont méconnu leurs véritables intérêts et aussi le sentiment de la justice."

  • à Me R.W. Thorp: "...Ce sont les principes mêmes sur lesquels repose le régime issu de la Révolution française qui se trouvent atteints par les conditions particulières dans lesquelles la guerre d'Algérie se poursuit tant au point de vue militaire que psychologique.

Tel le principe de la suprématie du pouvoir civil par rapport à l'autorité militaire où une législation d'exception a pratiqué une brèche si large qu'on a pu voir à un moment donné se former un véritable pouvoir militaire nanti des fonctions civiles...Aussi bien, en métropole même, la poursuite d'une guerre sans fin conduit le pouvoir à étouffer l'opinion qui entend en dénoncer les méfaits. Et c'est la liberté de la presse qui est l'objet d'atteintes multiples à la faveur de saisies illégitimes.
Plus graves encore. parce qu'atteignant la démocratie dans ses institutions fondamentales. la suppression de fait du Parlement grâce à l'octroi de pleins pouvoirs soustrait à tout contrôle et la substitution au régime de la loi de celui d'ordonnances et de règlements pris par voie d'autorité. Là encore la relation entre la guerre d'Algérie et le mépris pour la démocratie est évident...."

  • à Jules Roy, dans un article intitulé: "Ils sont des hommes"

DL n°196 (voir le document)

Le temps des négociations

Après le temps du mépris

La solution de l'autodétermination semble devenir inéluctable et le colloque de Grenoble se penche sur "les problèmes juridiques posés par la guerre d'Algérie et le retonr à la paix par la politique de l'autodétermination."
DL n°198 (voir le document)

Alors que des négociations s'ouvrent à Genève, Me Mainville signe un article: "Après le temps du mépris":
"Nous avons toujours déclaré que le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix n'était pas habilité à proposer, encore moins à imposer à ses adhérents une solution politique, une quelconque option. Mais dès le début de la guerre, nous avons dénoncé avec véhémence toutes les pratiques qui mettaient en cause les valeurs humaines les plus essentielles :respect de l'homme, reconnaissance de la plénitude de son éminente dignité, à quelque race qu'il appartienne."
"C'est donc sans réticence que nous entendons nous adresser à tous pour qu'au nom de nos grands principes, les droits de tous dans l'Algérie de demain soient respectés..."
"Pendant des années les Algériens dans les montagnes et dans les villes ont lutté pour le respect de leur dignité contre ceux qui morcelaient l'humanité pour la hiérarchiser en fonction de leur critère biologique dérisoire. C'est le moment pour nous de leur dire que leur combat ne saurait comporter de nouvelles différenciations dans l'humain."
"Nous sommes sûrs d'être entendus, Mais disons d'autre part, avec force que plus longtemps se poursuit la guerre, plus s'aggravera la tension, et plus ardue sera la réconciliation nécessaire. "
"Seule, une négociation franche et sincère sans arrière-pensées, avec ceux contre qui l'on se bat, sans préalable et sans autre obiectif que de donner enfin au peuple algérien la possibilité de choisir son destin, peut ouvrir la voie à l'apaisement, à l'amitié franco-algérienne,à une véritable fraternité dans ]' Algérie de demain."
"Nous voulons de toutes nos forces que notre amour de l'homme soit contagieux, qu'il balaye toutes les rancunes, toutes les haines, tous les mépris.."
DL n°199 (voir le document)

Le putsch des généraux

En avril 1961 éclate le "putsch des généraux", tentative de coup de force des opposants à l'autodétermination.
Le MRAP lance un appel:
"Le putsch de caractère franquiste qui vient d'éclater en Algérie soulève l'indignation des antiracistes et les appelle à l'action."
"Avec la quasi-unanimité des Français, les antiracistes, profondément attachés à l'idéal républicain et aux libertés fondamentales, sont résolus à combattre pour leur défense.
"Désavoués par la volonté nationale en janvier 1960 et en janvier 1961, les fascistes tentent de la tenir en échec en cherchant par la poursuite de la guerre, à priver les Algériens du droit à l'autodétermination. Ni les slogans chauvins, ni les paroles de fraternisation ne sauraient masquer le caractère raciste d'une entreprise destinée à maintenir les masses musulmanes sous le joug et qui s'est d'abord appuyée sur un régiment de légionnaires étrangers composé en grande partie d'anciens S.S. "
"D'ailleurs, en France même, parmi les complices des factieux d'Alger figurent en bonne place les nervis racistes et antisémites que le M.R.A.P. ne cesse de dénoncer et de combattre depuis des années.
Le M.R.A.P. appelle ses militants et tous les antiracistes à se mobiliser dans l'union la plus large, garantie essentielle de la victoire sur le fascisme, pour la défense des libertés républicaines et de la paix. ! "
Et Albert levy ajoute: "Racisme et fascisme sont les fruits amers du conflit algérien:"
"Cette paix si difficile à atteindre, les récents événements sont venus en confirmer l'urgence. Et confirmer, du même coup, combien nous avons raison, depuis que dure le conflit algérien, de souligner la menace qu'il fait peser sur les libertés, favorisant à la fois le fascisme et le racisme qui, à leur tour, contribuent à prolonger la guerre"
Droit et liberté publie "quelques notes sur un complot"
Ces chefs militaires sont ceux qui ont couvert ou pratiqué les méthodes les plus brutales à l'égard des Algériens. Leur « savoir faire expéditif et limité » s'était « déjà traduit dans les tortures les exécutions sommaires, dans l'organisation des « ratissages » et des camps de « regroupements». M. Pierre Vidal-Naquet, secrétaire du Comité Maurice Audin, a pu écrire à ce sujet dans « Le Monde »:
"De la pratique de la torture à la prise du pouvoir il y a un lien logique que beaucoup n'ont pas encore aperçu. Parce que les victimes étaient essentiellement des Algériens, il a paru possible à la plus grande partie de l'opinion de se désintéresser de la torture ..."
"Nous savons certes ce qu'eût signifié la victoire de « l'odieuse et stupide aventure d'Algérie » : c'était la France soumise au fameux triptyque « protection -engagement- contrôle » du colonel Argoud, c'était l'extension aux Français des méthodes employées par la « force auxiliaire de police » contre les seuls Algériens « suspects » ..."
DL n°200 (voir le document)

L'ouverture des négociations à Evian

Toujours dans le n°200, Albert Levy se réjouit de l'ouverture des négociations à Evian:
"l'usage de la force armée ne peut s'expliquer, au fond, que par le refus de considérer tous les Algériens comme égaux, musulmans compris, et tous les peuples comme également souverains, en dépit du passé colonial...
Les antiracistes doivent être présents partout où s'affirme la volonté de voir finir ce conflit si longtemps prolongé."
"Partout, ils doivent affirmer, fidèles à leur constante vocation, l'éminente dignité de tous les hommes, fussent-ils musulmans, et leur droit, quelle que soit leur race ou leur confession, aux mêmes égards, aux mêmes libertés individuelles au collectives aux mêmes chances devant la vie."
"Soyons convaincus que ce qui est en cause, c'est l'idéal même que nous défendons, c'est l'avenir de la démocratie et de la France."
Dans ce même numéro, André Nouschi retrace l'Histoire et les hommes en Algérie"
DL n°200 (voir le document)
"Pour mettre fin au déchaînement de haine et de violence, une seule issue : la paix."
'"Depuis plusieurs semaines, Oran est le théâtre d'un déchaînement inouï de haine raciste . Des dizaines de musulmans ont été tués à la suite d'expéditions punitives organisées par les ultras, qui se sont livrés à d 'atroces scènes de lynchage...Dans ce climat, les 11 et 12 septembre, un attentat commis dans le quartier juif a été le point de départ de heurts violents entre juifs et musulmans.
Le MRAP publie un communiqué:
Le M.R.A.P. déplore et condamne les violences qui, opposant juifs et musulmans, ont une nouvelle fois ensanglanté Oran les 11 et 12 septembre
Ces douloureux incidents, qui surviennent après les « ratonnades » de ces dernières semaines à Oran, en même temps que se déroulent d'autres scènes de lynchage à Alger, témoignent du degré inquiétant auquel atteignent les passions engendrées par la guerre, sans que les pouvoirs publics leur opposent de mesures efficaces.
Le M.R.A.P_ s'incline devant les victimes et exprime à leurs familles sa totale sympathie. Les heurts de caractère racial, outre qu'ils multiplient les victimes innocentes, rendent de plus en plus difficile une solution juste et humaine des problèmes posés en Algérie. De tels incidents ne peuvent profiter qu'aux ultras, à la fois antijuifs et antimusulmans, ennemis de la démocratie et de la paix, et qui s'emploient, selon une méthode bien connue, à dresser les uns contre les outres, pour retarder les transformations imposées par l'Histoire.
Au nom des principes qu'il a toujours défendus, des efforts constants qu'il poursuit pour la compréhension et l'amitié entre les divers groupes humains et tout particulièrement ceux qui souffrent directement du racisme, le M.R.A.P. lance un appel aux juifs et aux musulmans d'Algérie pour que cessent entre eux les violences.
Les dramatiques incidents d'Oran et d'Alger doivent inciter plus que jamais les antiracistes à s'unir et à agir vigoureusement pour qu'une négociation rapide et sincère soit engagée en vue d'un règlement pacifique du drame algérien. Seule la recherche de la paix, une paix fondée sur la justice, respectant la dignité, la sécurité et les droits de tous les Algériens, sans distinction d'origine ou de confession est capable de briser le cycle infernal de la violence.
Seule la paix: peut faire naître la compréhension et la fraternité." Droit et Liberté relaie les voix qui s'élèvent pour la fraternité et conclut: " C'est la preuve qu'il existe en Algérie des éléments susceptibles, demain, de renouer, sur une base humaine, les liens que d'aucuns s'emploient à briser."
"Mais, pour cela, il ne faut pas que la situation présente s'éternise. D'urgence, il faut négocier, il faut appliquer réellement et sans réticence l'autodétermination."
"Et pour préparer l'Algérie nouvelle. encourager toutes les forces encore dispersées qui œuvrent à la fraternité et à la paix."
DL n°201 (voir le document)

Le 17 octobre 1961

Octobre1961 s'ouvre sur une décision du Préfet de Police, Maurice Papon : le couvre-feu est imposé à Paris aux Algériens, rendus collectivement responsables d'actes réels, mais grossis et multipliés par une presse déchaînée, de L'Aurore à France Soir et au Parisien Libéré, journaux de masse en ces années.
La bataille de Paris a commencé. Et la chasse au faciès, certes ancienne se déploie dans les quartiers du nord et de l'Est de la capitale, de la Goutte d'Or à Belleville. Le F.L.N. appelle alors pour la première fois, les travailleurs algériens et leurs familles à manifester en masse au cœur de Paris.
A 18 heures, le 17 octobre, les Algériens, au lieu de rejoindre leurs petits hôtels miteux ou leurs bidonvilles, se rassemblent, avec femmes et enfants, sur les pavés de la capitale.
Les consignes données par les militants ont été rigoureusement suivies: ni bâton, ni pancarte, ni couteau. La plus pacifique des manifestations. Et la plus silencieuse. (extrait de Différences n°4 de octobre 1981)
Dans un article publié en 1996 dans "le Monde", Mouloud Aounit décrit la soirée:
"Vers 20 heures, plusieurs cortèges de manifestants algériens, venant de la couronne parisienne, défilent pacifiquement dans Paris, bravant le couvre-feu discriminatoire que leur a imposé le préfet de police de l'époque Maurice Papon. A 20h15, la police charge, tire sur la foule, embarque des manifestants. Toute la nuit, la traque se poursuit, terrible, sanglante. Des Algériens seront ligotés, d'autres seront matraqués, humiliés dans les commissariats.
Du pont $aint-Michel, des dizaines d'Algériens seront jetés dans les eaux glacées de la Seine. Dans la cour de la préfecture, on dénombrera plusieurs dizaines de victimes.
Ce 17 octobre 1961, les Parisiens ont pu assister, dans une certaine indifférence, à ce qu'il faut bien appeler une "ratonnade>".
Plus de 200 Algériens seront tués,. des centaines blessés, 11 528 «raflés » et parqués pendant plusieurs jours à la porte de Versailles, ou au stade Pierre-deCoubertin.
"Plus jamais ça" titre Droit et liberté: DL n°203 (voir le document)
Voir le dossier spécifique Dossiers thématiques - Massacre d'algériens le 17 octobre 1961

La lutte contre l'OAS

Créée au début de 1961, l'Organisation de l'armée secrète (O.A.S.) veut s'opposer par la violence (meurtres, attentats..) au processus de paix qui se dessine.

MAIS LE RACISME EST INSEPARABLE DU FASCISME ET DE LA GUERRE: cela n'est jamais apparu plus clairement qu'aujourd'hui.
L'O.A.S., héritière méthodes nazies, se charge d’ailleurs d'en faire quotidiennement la démonstration, organisant à la fois en Algérie, « ratonnades » contre les musulmans assassinats de personnalités juives, multipliant. à Paris les lettres de menaces antisémites suivies de plastiquages. La lutte antifasciste devient, elle aussi, l'affaire de tous l'une et l'autre trouvent leur aboutissement dans l'exigence de la paix en Algérie par une négociation immédiate dans le respect des aspirations légitimes et de la dignité de tous les hommes.
DL n°204 (voir le document)
Dans ce même numéro, le MRAP réagit vigoureusement à l'action de l'OAS:
"Halte au fascisme et au racisme"
Droit et liberté n°204 rapporte trois déclarations du MRAP.
Déclaration du 29 novembre
« Devant les menaces, les attentats et les crimes dont l'O.A.S. se rend chaque jour coupable, et qui, pour une grande part, sont d'inspiration raciste et antisémite, le Bureau National du M.R.A.P. dénonce le grave péril de caractère fasciste qui pèse aujourd’hui, non seulement sur l'Algérie, mais sur la France. Contre ce péril, il appelle tous les antiracistes, tous les démocrates à s'unir sans exclusive.
Il se déclare disposé à s'associer dans cet esprit à toutes initiatives tendant à regrouper les républicains. Il a déjà, avec la Fédération des Officiers de Réserve Républicains et l'Union Progressiste, signé un communiqué soulignant la nécessité d'une action d'ampleur nationale, communiqué intervenu alors que le Parti Communiste, le Mouvement de la Jeuesse Communiste et la Confédération Générale du Travail appelaient à une Journée d'action antifasciste.
11 répond de même à l'invitation lancée pour le 30 novembre par la Ligue des Droits de l'Homme à un nombre important d'organisations et de syndicats.
Il espère que de telles initiatives sont le prélude à l'indispensable union active de toutes les forces saines décidées à défendre la démocratie contre le fascisme et le racisme. "

Communiqué du 4 décembre
Le 4 décembre. après avoir rappelé les raisons qui doivent amener les antiracistes à participer à l'action contre l'O.A.S. et le fascisme, le M.R.A.P. déclarait, dans un nouveau communiqué:
" ... Seule, une action unanime et résolue mettra hors d'état de nuire les tueurs de l'O.A.S., obligera les pouvoirs publics à prendre les mesures indispensables contre les factieux et leurs complices, assurera le respect des libertés démocratiques. Le M.R.A.P., disposé à s'associer dans cet esprit à toutes initiatives tendant à regrouper les républicains, appelle tous ses militants et amis, tous ceux qui entendent combattre le racisme et l'antisémitisme, à participer activement, LE 6 DECEMBRE à la Journée Nationale d'action contre le terrorisme de l'O.A.S. et le fascisme, dans les formes propres aux conditions locales et compte tenu des décisions prises en commun par les organisations intéressées. Il se félicite que cette initiative recueille, chaque jour davantage, à travers le pays, le soutien de républicains de tendances diverses. Il souhaite que cette journée soit le prélude à une action renforcée. poursuivie dans l'union la plus large. "

Appel du 13 décembre
" Le Mouvement coutre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M.R.A.P.) se félicite de l'appel lancé simultanément et dans les mêmes termes par la C.G.T., la C.F.T.C., la F.E.N. et l'U.N.E.F. en vue d'une journée de manifestation nationale, le MARDI 19 décembre, contre l'O.A.S. et pour la paix en Algérie par la négociation.
Le M.R.A.P., qui compte en son sein des républicains de toutes tendances, estime que l'union de toutes les forces opposées au fascisme est indispensable dans ce combat vital qu'il faut aujourd'hui mener résolument. Soulignant une nouvelle fois l'esprit raciste et antisémite qui inspire les hommes de l'O.A.S. et tous les adversaires de la paix en Algérie, le M.R.A.P . invite ses militants, ses comités, tous ceux qui entendent faire échec aux haines et aux violences, et défendre la dignité humaine bafouée, à participer activement à l'arrêt national de travail de 15 minutes, le 19 décembre, à 11 heures, ainsi qu'à toutes les manifestations qui seront organisées d'un commun accord au cours de cette journée.
DL n°204 (voir le document)
Toujours dans le numéro 204 Droit et Liberté rend compte de l'activité du MRAP dans toute la France dans la "bataille contre l'OAS et le fascisme" (p7)
"32 organisations appellent à l'union sans exclusive contre la menace fasciste"

Sur l'initiative de la Ligue des Droits de l'Homme, un certain nombre d'organisations, dont notre Mouvement, ont décide de signer le texte suivant:
Les organisations soussignées, " Dénoncent l'action criminelle de L'O.A.S. , de ses agents, de ses complices, de ses inspirateurs, qui menace la vie de tous les citoyens et les libertés même les plus élémentaires. Elles estiment que, devant la multiplication des attentats et la montée de la menace fasciste que les pouvoirs constitués n'ont pas enrayées, tous les Français doivent se considérer comme mobilisés pour la défense de la justice, des droits de l'Homme et de la Démocratie.
Elles souhaitent que l'action indispensable ait lieu avec la participation et dans l'union sans exclusive de toutes les forces morales, politiques et syndicales attachées à la démocratie. "
DL n°205 (voir le document)
Dans ce même numéro, Droit et liberté souligne la nécessité de l'union dans la lutte contre l'OAS:
Aussi, plus que jamais, la Lutte antiraciste est-elle aujourd'hui partie intégrante du grand combat contre le fascisme, pour 1a démocratie, pour la paix. Et tous les républicains sont intéressés à ce que le front antiraciste ~ où nous avons des responsabilités particulières ~ soit tenu avec une inflexible résolution.
Plus que jamais, nous avons donc le devoir de nous dresser contre toute manifestation de racisme et d'antisémitisme, de dénoncer et d'isoler ceux qui s'en rendent coupables, d'agir avec vigueur pour qu'ils soient mis hors d'état da nuire.
Et, plus que jamais, cette lutte contre le racisme et le fascisme requiert l'union.

Le 9 février 1962

Le 9 février 1962, une manifestation contre les actions de l'OAS et en faveur de la paix en Algérie est organisée.
La répression policière est brutale et meurtrière. Le MRAP appelle à l'action dans l'unité pour combattre le fascisme menaçant.

Aux antiracistes parisiens qui manifestaient contre les crimes de l'O.A.S., les pouvoirs publics ont opposé une répression d'une v1olence extrême, rappelant celle dont furent victimes les travailleurs algériens en octobre dernier. Il y a huit morts, dont trois femmes et un enfant de seize ans, ainsi qu'un nombre indéterminé, mais considérable de blessés. Ces tragiques événements confirment que lorsque des méthodes 1nhumaines sont employées contre une minorité ethnique, c'est l'ensemble des démocrates, puis la masse immense de la population qui, de proche en proche, se trouvent en danger.
Le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M.R.A.P.) s'incline avec douleur devant les victimes tombées pour avoir voulu défendre l'ordre républicain menacé, pour avoir affirmé, en vertu d'un droit inaliénable, leur amour de la liberté et de la paix.
En regard de ces matraquages meurtriers réservés aux républicains, le M.R.A.P. dénonce avec indignation la mansuétude dont bénéficient les criminels fascistes et racistes de l'O.A.S., qui poursuivent leurs menées dans une impunité quasi totale, et dont les inspirateurs peuvent faire librement, dans leurs discours et leurs écrits, l'éloge de la subversion. Alors même que les policiers abattaient les antifascistes, les plastiqueurs exécutaient leur série quotidienne d'attentats.
Convaincu que le combat antiraciste est inséparable, aujourd'hui plus que jamais du combat contre le fascisme et pour la paix en Algérie, le M.R.A.P. appelle à l'union et à une action résolue, les républicains.
C'est à ce prix que sera sauvegardé l'avenir et que triompheront enfin les nobles idéaux de démocratie, de fraternité humaine, auxquels tous les antiracistes sont attachés inébranlablement.
Le M.R.A.P. appelle ceux-ci à participer massivement, dans l'ordre et la dignité à l'hommage qui sera rendu aux martyrs du 8 février, par les républicains de toutes tendances, unis face aux graves périls courus par la Nation.
DL n°206 (voir le document)

Enfin la paix ?

Encart de Droit et Liberté n°208
Encart de Droit et Liberté n°208

Droit et Liberté de mars 1962 titre: Est-ce enfin la paix? et s'interroge sur l'avenir des juifs en Algérie, voulant espérer qu'ils trouvent leur place dans l'Algérie indépendante et apporte à celle-ci une contribution fructueuse.
DL n°207 (voir le document)

Après la signature des accords d'Evian, Me Marcel Mainville déclare: "C'est sur l'amitié et non sur la haine que l'on bâtit l'avenir" et conclut:
"Puissent les Algériens de toutes origines se consacrer à cette tâche difficile, exaltante, et refuser de s'associer à ceux qui seront comptables devant l'histoire, des désertions de l'espérance humaine."
Le M.R.A.P. qui a toujours lutté pour une solution négociée du drame algérien, dans le respect des droits légitimes et de la dignité humaine, salue avec émotion et espoir l'heureuse conclusion des pourparlers d'Evian quï ont abouti au cessez-le-feu.
Ainsi, après plus de 7 ans d'une guerre cruelle, marquée par un déchaînement inouï de violences, de haines racistes, et par la montée inquiétante du péril fasciste dans notre pays, la voie est enfin ouverte à la paix, à l'entente et à l’amitié entre les peuples de France et d'Algérie, à la coopération entre Algériens de toutes origines sur la base du respect mutuel.
Toutefois, l'avenir, tant en France qu'en Algérie, reste gravement hypothéqué par les menées criminelles de 1 O.A.S. qui se développent dans une scandaleuse impunité. Il faut d'urgence, avant qu'il ne soit trop tard, arrêter ce processus odieux, visiblement inspiré des méthodes nazies. Le M.R.A.P. avec tous les républicains, exige que des mesures radicales soient prises pour mettre hors d'état de nuire les tueurs fascistes et racistes, ainsi que leurs complices, leurs inspirateurs, et quiconque aura fait preuve 'indulgence à leur égard."
Le général Tubert ancien député maire d'Alger déclare lors de la Journée Nationale:
« Certes, il appartiendra à l'histoire impartiale d'établir toutes les responsabilités qui sont à l'origine de la tragédie franco-algérienne.
Ces responsabilités sont nombreuses, et partagées par trop de promesses solennelles non tenues, trop d'appels angoissés des colonisés qui n'ont pas été entendus, trop d'arbitraire exercé et d'abus tolérés, en particulier la torture, qui est très antérieure au terrorisme ...Le fait est que la vanité des uns et la cupidité des autres nous ont valu une longue guerre fratricide de décolonisation que prolonge une rébellion tout aussi fratricide et encore plus absurde, car sans sanction, sans soutien durable et sans espoir valable.
Il faut en finir au plus tôt avec cette folie sanguinaire qui endeuille Français et Algériens et compromet gravement leur avenir.
Le MRAP publie deux déclarations:
APRES LA CONCLUSION DES ACCORDS D'EVIAN :
"LE MRAP qui a toujours lutté pour une solution négociée du drame algérien, dans le respect des droits légitimes et de la dignité humaine, salue avec émotion et espoir 'heureuse conclusion des pourparlers d'Evian qui ont abouti au cessez-le-feu. Ainsi, après plus de 7 ans d'une guerre cruelle, marquée par un déchaînement inouï de violences, de ha1nes racistes, et par la montée inquiétante du péril fasciste dans notre pays, la voie est enfin ouverte à la paix, à l'entente et à l'amitié entre les peuples de France et d'Algérie, à la coopération entre Algériens de toutes origines sur la base du respect mutuel.
Toutefois, l'avenir, tant en ,France qu'en Algérie, reste gravement hypothéqué par les menées criminelles de 1 O.A.S. qui se développent dans une scandaleuse impunité.
Il faut d'urgence, avant qu'il ne soit trop tard, arrêter ce processus odieux, visiblement inspiré des méthodes nazies.
Le M.R.A.P. avec tous les républicains, exige que des mesures radicales soient prises pour mettre hors. d'état de nuire les tueurs fascistes et racistes, ainsi que leurs complices, leurs inspirateurs, et quiconque aura fait preuve d'indulgence à leur égard..."
19 mars 1962.
POUR UNE ALGERIE FRATERNELLE
Alors que les accords d'Evian ouvrent la perspective de paix et de rapport humains nouveaux entre les Algériens d'origines et de confessions diverses, dans le respect des droits et de la dignité de tous, l'O.A.S. s'est donné pour but d'exc1ter toujours davantage les pass1ons et les haines racistes, de provoquer des heurts sanglants, au moyen d'actes criminels qui soulèvent l'horreur et la colère de tout homme civilisé.
Le Conseil National du M.R.A.P. saluant avec émotion les victimes innocentes, exprime son inquiétude devant la persistance et l'aggravation quotidienne de ces menées intolérables, trop souvent impunies. Pour mettre fin au déchaînement des violences qui risquent d'hypothéquer lourdement l'avenir, il importe que soient prises d'urgence des mesures énergiques contre les tueurs, leurs complices et leurs inspirateurs, qui doivent être arrêtés sans défaillances et châtiés aussitôt de façon exemplaire.
Le Conseil National du M.R.A.P appelle tous les antiracistes, tous les gens de cœur, à exprimer avec force cette exigence.
C'est à cette condition que naitra enfin, après tant de deuils, de ruines et de déchirements, une Algérie démocratique et fraternelle, entretenant avec la France des relations d'égalité, de compréhension et d'amitié.
6 ovril 1962.
DL n°208 (voir le document)

Dans ce numéro, Un encart retrace les étapes de la lutte du MRAP pour la paix en Algérie

Dans DL de mai 1962, Jacques Fontlupt-Esperaber écrit:
"Bien avant qu'éclatât la rébellion de 1954, les Européens d'Algérie avaient, par de longues et redoutables erreurs, créé dans ce que, bien à tort, ils voulaient considérer comme « une province française », semblable aux autres, une situation qui n'était ni matériellement, ni politiquement, ni moralement tolérable pour la population usulmane.
Paris qui, en vertu d'une tradition fermement établie, subissait l'influence toute-puissante de quelques élus européens d'Algérie et des représentants des grands intérêts algériens, n'exerçait pas en fait l'autorité que le gouvernement détenait en droit..."
"Bien des erreurs, certes, bien des fautes, bien des habiletés misérables, bien des atermoiements dans l'adoption des mesures qui eussent pu empêcher le pire. bien des faiblesses anciennes et récentes, dans la répression d'abus criminels. engagent dans ces tristes événements la responsabilité du pouvoir celui d'hier comme celui d'aujourd'hui."

Le MRAP s'élève contre la persistance des menées de l'OAS.
"Le Bureau National du Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M.R.A.P.), réuni le 9 mai 1962, entend exprimer son inquiétude et son indignation devant la poursuite des crimes racistes qui ensanglantent tragiquement l'Algérie."
"Cinquante jours après le cessez-le-feu, le sang coule à flots. A Oran, à Alger, les tueurs de l'O.A.S. se livrent quasi impunément à de quotidiennes Saint-Barthélémy. En pleine rue des hommes, des femmes, des enfants sont assassinés par groupes entiers. Pour de vastes quartiers musulmans, la famine s'ajoute à la terreur meurtrière."

Puis le pasteur Louis Vianney déclare: "Ils veulent tuer l'homme"
La signature des accords d 'Evian n'a pas ramené le calme en Algérie. Il fallait s'y attendre. Un peu d'encre manuscrite au bas d'un document, aussi définitif soit-il, et quelle que soit la main qui a tenu la plume, ne peut apaiser des passions profondément enracinées, méthodiquement exacerbées et déchaînées. Même une volonté résolue, mettant en œuvre tous les moyens disponibles, se serait heurtée à des difficultés redoutables ; à plus forte raison une volonté débile parce que unilatéralement complaisante allait-elle au devant de déchaînements plus violents encore.

En France DL souligne que 'brimades et discriminations n'ont pas cessé (DL 209) puis que les matraquages au faciès se poursuivent
DL n°209 (voir le document) ; DL n°210 (voir le document)

L'indépendance

Salut à l'Algérie nouvelle

En juillet 1962, au lendemain du référendum sur l'autodétermination, l'Algérie accède à l'indépendance et se dote de tous les attributs d'une nation souveraine.

Le MRAP dans une déclaration, salue l'Algérie nouvelle:
"Le M.R.A.P. qui a lutté sans cesse, au cours des années de guerre pour une solution négociée en Algérie, dans le respect de la dignité, des droits et des aspirations de tous les habitants, salue avec une joie sincère la naissance de la République algérienne, voulue par la masse immense du peuple.
Le M.R.A.P. exprime à l'ensemble des Algériens, sans distinction d'origines et de confessions, qu'ils se trouvent en Algérie même ou en France, la fraternelle solidarité des Français antiracistes qui restent attachés aux traditions républicaines de liberté, d'égalité et de fraternité humaine. Le M.R.A.P. espère qu'après les dures épreuves qui ont déchiré la terre algérienne, le nouvel Etat vivra prospère et heureux, sous le signe de l'amitié entre tous ses enfants, de la démocratie et d'une fructueuse coopération franco-algérienne"
DL publie un reportage: "j'ai vu naître l'Algérie nouvelle". DL n°211 (voir le document)
Dans le n°212, DL analyse le problème des repliés d'Algérie: "Les repliés quittent donc leur pays pour rejoindre la France, envers laquelle grand est leur ressentiment. Ils doivent savoir que les démocrates écoutés, ils auraient peut-être maintenant vécu dans une ambiance fraternelle en Algérie. Ils doivent savoir que les démocrates écoutés, ils pourront, les petites gens, les petits artisans, mieux défendre leurs intérêts profonds."
Dl n°212 (voir le document)
En 1963, Albert Levy rend compte d' un voyage en Algérie:
Qu'y a-t-il de changé aujourd'hui? Un an après l'indépendance, c'est à peine si le racisme a modifié son masque. On brandit la débâcle économique, la misère accrue comme une preuve nouvelle de la supériorité des Européens. Hypocritement, on reconnaîtra que tout n'était pas pour le mieux auparavant, pour ajouter : « Vous voyez, maintenant, c'est encore pire... »
En réalité, ce qu'un visiteur impartial peut constater d'emblée, à savoir que les difficultés actuelles découlent directement de ce triste passé, un examen plus approfondi, la juxtaposition de quelques chiffres permettent de le confirmer sans discussion possible. La conférence de Ben Aknoun a dressé, à ce sujet, un bilan accusateur. Si l'économie s'est trouvée brusquement paralysée et restera longtemps déséquilibrée, c'est parce que des liens étroits l'attachaient à la métropole, vers laquelle s'écoulaient les produits de la terre et des mines, et d'où venaient les produits de consommation.
Tout, en la matière, reposait sur les Européens qui, non seulement assuraient la direction, mais constituaient la quasi-totalité des cadres techniques et administratifs. Leur départ a laissé un vide, que les Algériens ne peuvent combler dans l'immédiat, non par incapacité congénitale, mais parce qu'ils furent toujours tenus à l'écart de ces fonctions et n'ont pas reçu la formation nécessaire. Sait-on, par exemple, qu'en raison de la faible scolarisation, 80 % de la population sont analphabètes?
A cela s'ajoutent les destructions de sept années de guerre, les massacres et les sabotages de l'O.A.S. : l'Algérie indépendante est née dans un bain de sang, sur un champ de ruines.
Dl n°223 (voir le document)

Persistance du racisme en France

Le racisme anti algérien ne faiblit pas en France: l'affaire de la piscine de Saint-Claude en est l'illustration: l'accès de la piscine étant de fait interdite aux algériens. Le MRAP organise sur place un meeting:
« On ne doit pas minimiser la gravité de ces discriminations, conclut l'orateur. Le racisme, s'il finit par les chambres à gaz, commence parfois par des actes en apparence anodins. Nous devons y prendre garde dès le début, avant qu'il ne soit trop tard. La véritable contamination dont nous devons protéger notre pays, c'est celle du racisme. Soyons toujours vigilants : pas de ça chez nous ! »
DL n°233 p14 (voir le document) ;DL n°234 (voir le document) ; DL n°237 (voir le document)
"Coupables d'être algériens" dénonce Dl en 1965:
"Plus de trois ans après les accords d'Evian, les germes du racisme, sources de tant de « ratonnades » et de huit années de sang, de larmes et de deuils, sont encore vivaces en France, soigneusement entretenus par les milieux politiques nostalgiques de l'Algérie Française, soigneusement propagés par une certaine presse dite d'information."
A travers plusieurs affaires, l'article démontre le caractère raciste de nombre d'opérations policières et de décisions de justice.
Dl n°246 (voir le document)

En 1968, Droit et Liberté présente un dossier sur les "pieds noirs" et regrette:
"Mais ce qui était encore possible en 1961, pour les uns et pour les autres, ne l'était plus en 1962 : l'O.A.S. était venue qui avait instauré un climat de terreur tel que beaucoup, qui voulaient rester en Algérie, furent emportés par le mouvement d'exode."
Le dossier souligne les difficultés des sinistrés de la décolonisation;
"Le sort des "sinistrés de la décolonisation" a vivement préoccupé les élus de tous les partis. Et le mécontentement de l'Assemblée nationale devant la politique gouvernementale s'est traduit par un rejet du budget des rapatriés par 246 voix contre 232. De la droite à l'extrême-gauche, il s'est donc trouvé une majorité pour signifier clairement que les revendications des rapatriés ex-possesseurs de biens sont juridiquement et politiquement fondées." Dl n°273 (voir le document)
Peu à peu des parutions commencent à rendre compte de ce que fut la guerre d'Algérie, Droit et Liberté commente le film "le vent des Aurès", premier film algérien, dont le sujet est lié à la guerre d'Algérie: Dl n°279 (voir le document)
 ; puis présente le livre d'Yves Courrière: "La guerre d'Algérie" Dl n°286 (voir le document)
Le MRAP et 21 autres organisations dénoncent une campagne raciste de "Minute" qui "s'illustre par ses calomnies et ses injures contre les travailleurs algériens" et souligne:
Les travailleurs algériens, comme l'ensemble des travailleurs immigrés, contribuent au développement de 1'économie française; non seulement ils ne bénéficient pas de faveurs particulières, comme l'affirme « Minute», mais ils subissent au contraire de multiples discriminations et sont victimes d'une exploitation renforcée.
Dl n°299 (voir le document)

Dans un article "Vin et pétrole", Jacques Tenessi analyse les relations franco-algériennes dans l'histoire et écrit au sujet de l'émigration algérienne vers la France: "On trouve comme cause principale de l'émigration des Algériens le sous-développement dans lequel a été laissée l'Algérie. Le "tournant" dans la politique française ne date que de 1960. Alors seulement, on s'intéressa beaucoup plus à l'exploitation du pétrole qu'à celle de la vigne. La politique d'immigration pratiquée par le gouvernement français permet à l'économie nationale de disposer d'une masse de main-d’œuvre non qualifiée. Les Algériens occupent des emplois insuffisamment pourvus par les Français : 47 % sont des manœuvres, 35 % des ouvriers spécialisés. 4 % seulement des immigrés algériens habitent un appartement. La situation des Algériens, souvent présentée comme privilégiée, est à peu près la même que celle des autres immigrés.
Dl n°302 (voir le document)

Toujours en 1971, DL devant le développement d'une campagne anti-algérienne, s'inquiète: "Verrons nous de nouvelles ratonnades"
Et Albert Levy souligne:
Les excitations au racisme, par presse, tracts ou graffiti, les menaces répétées d'Ordre nouveau se traduisent de plus en plus en actes criminels. On déplore dans plusieurs régions des agressions et des \( ratonnades », évoquant les sombres jours de la guerre d'Algérie. Il ne s'agit pas seulement d'initiatives " privées " puisque l'on constate l'impunité quasi générale des coupables, alors que des représentants de l'autorité publique couvrent ou exécutent les actes d'intimidation qui frappent l'immigration algérienne : licenciements abusifs, refus d'embauche, tracasseries administratives, expulsions.
Qu'on ne s'y trompe pas : l'économie française a besoin actuellement et du pétrole algérien et de la main-d’œuvre algérienne; de même que le gouvernement d'Alger a intérêt aux échanges économiques mutuellement avantageux et au maintien des immigrés en France pour une durée indéterminée. Ni la coopération, ni l'immigration ne portent donc la marque d'un total désintéressement qui ne serait payé en retour que par une ingratitude sans bornes. Ainsi, le chantage exercé contre les travailleurs algériens ne correspond pas à une réalité, et leur éventuel départ ne saurait remédier aux difficultés résultant de la nationalisation du pétrole."
Dl n°303 (voir le document)

Le racisme tue en France

Le MRAP réagit à la montée des actes anti-immigrés et en particulier anti-algériens et déclare:
"Le racisme tue en France.....Devant la montée des périls, sans démagogie et avec le souci permanent de ne pas aggraver les tensions, le M.R.A.P. demande que soient prises sans délai les mesures suivantes :

  • Mise hors d'état de nuire et châtiment impitoyable des auteurs d'exactions racistes;
  • Poursuites contre les publications qui provoquent systématiquement la haine;
  • Adoption des propositions de lois du M.R .A.P ., déposées au Parlement depuis 1959, contre les discriminations, la diffamation et toutes les menées racistes;
  • Vote et application de lois assurant l'égalité sociale des immigrés, l'alphabétisation et la promotion, un accueil humain et organisé de ces travailleurs;
  • Financement par l'Etat et le patronat d'un plan d'urgence pour la suppression des bidonvilles et des taudis, afin d'assurer un logement décent à tous les mal-logés français et immigrés;
  • Mise en œuvre des grands moyens d'information et développement des activités culturelles pour éclairer l'opinion publique sur les problèmes de l'immigration, combattre les préjugés racistes et xénophobes.

Nous appelons tous ceux - sans distinction d'origine ou d'opinion - qui condamnent le racisme, à se mobiliser pour lui faire échec, pour exiger des pouvoirs publics les mesures urgentes qui s'imposent.
Dl n°308 (voir le document)


L'aggravation de la situation des travailleurs algériens en France amène le gouvernement algérien à suspendre l'immigration de ses ressortissants.
Le M.R.A.P. publie le 21 septembre le communiqué suivant:
Alors que les crimes racistes se font de plus en plus fréquents, et que 11 Algériens ont été tués en France en quelques semaines, les agresseurs - individus ou commandos - bénéficient d'une inconcevable impunité. Alors que des groupes et des organes de presse provoquent quotidiennement à la haine contre les immigrés, surtout contre les Algériens, des déclarations officielles contribuent à accréditer des idées erronées et calomnieuses sur l'immigration, dans le même temps où le gouvernement favorise l'entrée accrue de cette main-d’œuvre, réclamée par le patronat.
Alors que le problème essentiel est de réaliser l'accueil décent de ces travailleurs, on semble surtout préoccupé, en haut lieu, de multiplier les mesures répressives, visant ceux qui luttent pour l'amélioration de leur sort. La loi contre le racisme n'est pas appliquée, et loin de faire appel à l'opinion antiraciste, les pouvoirs publics s'efforcent de minimiser la gravité des récents événements.
Conséquence logique de cette situation, la décision du gouvernement algérien de suspendre l'immigration traduit sa volonté de défendre la sécurité, les droits et la dignité de ses ressortissants.
Cette décision, devrait susciter une réflexion salutaire sur le rôle et la condition des travailleurs immigrés, ainsi que sur le développement inquiétant des menées racistes en France. Le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix (M.R.A.P.), qui n'a cessé, depuis des années, de dénoncer la montée des périls, souligne avec force la nécessité d'une orientation nouvelle," dans l'intérêt et pour l'honneur de notre pays.
Dl n°323 (voir le document)

50 morts en quelques mois!!
En janvier 1975, Droit et Liberté dénonce: Attentats, ratonnades , et violences de toutes sortes se multiplient contre les travailleurs immigrés, et plus particulièrement contre les travailleurs algériens. La situation est sérieuse, très sérieuse ,car le climat de haine raciste entretenu depuis des mois par la presse d'extrêmedroite et l'agitation des groupuscules fascistes héritiers d'« Ordre Nouveau», est arrivé à un seuil , au-delà duquel se taire ou fermer les yeux serait se rendre complice. Il faut en effet remonter aux heures noires des années 60-61, pendant la guerre d'Algérie, pour retrouver une telle violence...
Le MRAP appelle à une manifestation:
Le racisme tue en France : 50 Algériens assassinés en quelques mois. Des agressions quotidiennes!
IL FAUT METTRE FIN A CES CRIMES ODIEUX QUI DÉSHONORENT NOTRE PAYS!
Le racisme engendre la haine aveugle et la division. IL MENACE LES LIBERTÉS, LA SÉCURITÉ, LA DIGNITÉ DE TOUS, FRANÇAIS ET IMMIGRÉS.
Halte au racisme . Pour protester, pour affirmer votre solidarité, pour l'application stricte de la loi et le châtiment des criminels, le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme el pour la Paix (M.RA.P.) vous appelle à vous rassembler devant la plaque commémorant le sacrifice commun des Français et des Nord-Africains dans les combats de la Libération de Paris.
Dl n°326 (voir le document)

Le poids du passé

En mai 1976, Droit et Liberté publie un dossier: "Etre Algérien" compte-rendu d'un voyage d'étude du MRAP en Algérie.
Albert Lévy souligne le poids du passé:
La colonisation laissait certes des équipements non négligeables, mais conçus pour la population européenne, dans le contexte d'une totale dépendance vis-à-vis de la " Métropole ". Selon un schéma bien connu, l'Algérie devait fournir les produits de son sol et de son sous-sol et recevoir les produits de consommation fabriqués en France. Tandis que les meilleures terres, occupées ou achetées à bas prix, enrichissaient les plus gros colons, des millions de fellahs survivaient à peine sur leurs minuscules parcelles. Il est vrai qu'un nombre restreint de propriétaires " indigènes" possédaient aussi de grandes étendues de terre. Mais l'immense majorité se trouvait vouée à la pauvreté, à l'analphabétisme, connaissait le niveau sanitaire et culturel le plus bas.
Mais Albert Lévy a aussi constaté: "...beaucoup d'enthousiasme et d'espoir. Et l'attachement aux traditions, y compris religieuses, comme signe d'une dignité redécouverte. Et nous avons pressenti, sans qu'aucune pression s'exerce en ce domaine, une évolution naturelle des mœurs, de la condition féminine notamment, au rythme des transformations économiques et sociales.
Plusieurs participants à ce voyage évoquent ce qui les a le plus frappé: Enthousiasme et questionnements, ombre et lumière...
Dl n°348 (voir le document)

En 1980, "Aprés plus de neuf mois de négociations, les gouvernements français et algérien ont signé à Alger, le 18 septembre dernier, un important accord sur l'immigration algérienne en France. Environ 815 000 personnes sont concernées par les décisions qui vont prochainement entrer en vigueur." Droit et Liberté évoque les deux interprétations de l'accord qui prévoient entre autres mesures que "la France et l'Algérie ont décidé de mettre en oeuvre des mesures visant à inciter et à faciliter le retour et la réinsertion des travailleurs immigrés dans leur pays".
Dl n°395 (voir le document)
En 1987, Droit et Liberté se penche sur l'histoire du MRAP dans la décolonisation et retrace en particulier les grandes étapes de la guerre d'algérie, concluant:
"19 mars 62, le cessez - le-feu est signé. C'est la fin de la guerre, mais le racisme anti-maghrébin ne sortira que renforcé de cette défaite du colonialisme français"

Chronique des années de paix

En 1982, 20 ans après l'indépendance, Différences consacre un dossier à l'Algérie: "Chronique des années de paix" et souligne le chemin parcouru par l'Algérie:
Relever le pays de ses ruines, reconstruire les écoles brûlées, les bibliothèques saccagées, les bâtiments publics plastiqués, redonner vie aux campagnes vidées de leurs hommes et mutilées par près de huit années d'une guerre sans merci, ce sont les premières missions des dirigeants sortis des maquis, et du peup le algérien tout entier. Tout a été fait pour vider l'appareil économique et administratif de sa composante humaine d'origine européenne. En prédisant l'apocalypse pour demain, l'OAS a provoqué l'exode massif des cadres pieds noirs occupant les emplois jusque-là interdits aux Algériens...
En vingt ans, quelles qu'aient pu être les difficultés, les insuffisances et les épreuves, elle a su devenir un Etat réellement indépendant ayant une place originale dans le concert des nations : membre important du mouvement des non-alignés, elle est forte de sa double appartenance au monde arabe et à l'Afrique."<br /< Différences n°17 (voir le document)
Différences se penche sur le traitement de la guerre d'Algérie par le cinéma français et constate : Vingt-neuf ans après le déclenchement de la lutte d'indépendance, les films qui lui sont consacrés restent peu nombreux
Différences n°28 (voir le document)
En 1984 sont évoqués les "apatriés" français restés en Algérie après l'indépendance. "C'est ainsi que dix mille pieds-noirs sont restés. Regroupées dans les grands centres urbains comme Alger, Oran ou Annaba ils vivent difficilement à l'exception des quelques propriétaires restant. Par amour pour ce pays, son soleil, ces Français d'Algérie, comme ils aiment à la rappeler, ne se sentent pas du tout concernés par la métropole, mais plutôt abandonnés."
Différences n°30 (voir le document)
Puis le retour en Algérie de jeunes issus de l'immigration: "en fait, il ne s'agit pas, pour ces enfants d'émigrés, nés en France, de retour dans un pays d'où ils ne sont jamais partis, mais d'arrivée, d'insertion dans une autre société que celle qu'ils ont toujours connue, une société qui était celle de leurs parents «avant», d'un pays qui, officiellement, est... le leur. Situation paradoxale, mais réelle: ces jeunes dont il est convenu de dire qu'ils sont la deuxième génération, sont citoyens d'un Etat qu'ils n'ont jamais connu."
Différences n°34 (voir le document)
Différences n°39 rappelle la participation des algériens à la première guerre mondiale: "170 000 Algériens furent mobilisés sous l'uniforme de 1914 à 1918. 35900 furent tués, soit plus du quart des 120 000 hommes environ qui furent jetés sur les fronts. Ajoutés à ces immigrés en uniforme, 80 000 travailleurs réquisitionnés er environ 40 000 travailleurs migrants "libres" ; on n'est pas loin d'un chiffre impressionnant d'environ 300000 participants algériens à l'effort de guerre français..."
A l'occasion des 25 ans de l'Algérie nouvelle, Différences consacre un dossier à "la jeunesse brouillonne de l'Algérie", prise entre tradition et modernité.:
"...les hommes souvent, préfèrent se réfugier à la mosquée, qui reste un des rares lieux de rencontre et d'expression. Même si elle est aussi l'endroit privilégié pour le prêche des Frères musulmans (FM), qui prônent un Islam rigide et intolérant face aux mutations et aux injustices multiples. Mais cet extrémisme reste quand même le reflet d'une société qui manque singulièrement de soupapes d'expressions, dans un pays où, jusqu'en juillet 1987, la liberté d'association était encore soumise à autorisation préalable"
Différences n°72 (voir le document)
En octobre 1991, Différences commémore le 30ème anniversaire du 17 octobre 1961: "Trente ans après, commémorer le 17 octobre 1961 dans une France que l'échéance européenne de 1993, les incertitudes géopolitiques, la persistance du chômage ou la mal-vie des banlieues interrogent et inquiètent, c'est tenter d'avancer. Avancer pour comprendre et dépasser - enfin - les pesanteurs d'une histoire trop «lourde ». C'est pour nous tout le sens du terme « citoyenneté partagée » : c'est-à-dire l'acceptation de l'Autre perçu non comme «envahisseur » mais comme issu d'une histoire commune."
Différences n°121 (voir le document)
Analysant le traitement de la guerre d'Algérie dans les manuels scolaires de 1992, Différences conclut: "Cette guerre doit aussi être présentée comme une guerre coloniale,c'est à dire comme la guerre de libération d'un peuple, parce que c'est la réalité historique.. Une guerre déclenchée dans un pays où de fait deux sociétés inégalitaires avaient été mises en place, où se développaient deux projets séparés, et non comme un avatar de la vie politique française. Cette "guerre sans nom", longtemps niée, a bien une réalité et un nom, son lourd bilan est là pour nous les rappeler.
Trente ans après, il est temps de reconnaître son existence et que les jeunes puissent prendre en compte le point de vue des deux parties."
Différences n°127 (voir le document)

Plongée dans la violence

Violence et confusion

Violence et confusion: Différences s'émeut en 1993 de la plongée de l'Algérie dans la violence, tandisque "Depuis près de deux ans, s'est installé le cyele quasi-quotidien des actes terroristes attribués aux islamistes. parfois revendiqués par les publications clandestines de l'ex " Front Islamique du Salut" , auxquels répondent la traque et la répression exercées par les forces de sécurité, banalisant sur leur passage "torture", "pacification" et "ratissage", des mots et des choses que les Algériens en âge de se remémorer la guerre de libération croyaient définitivement relégués au passé"
Différences n°144 (voir le document)
Le sang a trop coulé en Algérie déclare Mouloud Aounit dans l'éditorial de septembre 1994: "L'Algérie sombre dans une guerre civile de plus en plus ouverte. Le sang a trop coulé et les liens entre la France et l'Algérie sont trop étroits pour qu'en France nous ne soyons directement interpellés. Ceux qui tuent parce que l'autre est différent par sa nationalité, sa religion ou sa manière de penser ne respectent pas l'islam : ils pratiquent un racisme criminel, et sont inspirés par une xénophobie virulente.
Quand ils visent à instaurer un ordre social dans lequel la femme serait exclue du Droit, c'est un régime d'apartheid qui se profile. Il appartiendra au seul peuple algérien de trouver une issue politique à la tragédie actuelle où la folie meurtrière des intégristes et la répression féroce du pouvoir bloquent toutes les issues.
La crise algérienne a aussi des causes économiques et sociales qui favorisent les aveuglements, les rancœurs, et propulse le fanatisme. Aussi parait·il nécessaire d'appeler à l'aide internationale. Par l'annulation de la dette, notamment. Dans ce contexte, la France peut donner l'exemple. Le devoir d'asile est indivisible. Ce qui est valable pour les Bosniaques doit l'être pour les Algériens victimes du terrorisme islamique; ils doivent pouvoir temporairement bénéficier d'un statut particulier de demandeurs d'asile. Là aussi la France s'honorera" à donner l'exemple.
Les menaces terroristes en France risquent de renforcer l'amalgame entre musulman et intégristes. Le MRAP restera vigilant pour que les mesures anti-terroristes ne servent pas de prétexte à des actions dirigées contre les ressortissants algériens qui sont en droit d'attendre la protection que les forces de l'ordre sont censées assurer à tout individu."
Différences n°155 (voir le document)

Soutien aux démocrates algériens

Le MRAP multiplie les initiatives de soutien aux Algériens attachés à la démocratie: "Les militants du MRAP sont particulièrement attentifs à cette situation générée par les crimes et les attentats commis au nom de l'Islam. Ce contexte constitue un encouragement au racisme anti-algérien et par extension anti-maghrébin par l'équation qu'elle sous-tend trop souvent: arabe = maghrébin = islamiste = intégriste = terroriste. Les initiatives locales du Mouvement concernant le drame algérien sont nombreuses..." Différences n°156 (voir le document)
En mai 1996, 7 moines français sont assassinés en Algérie: "Le MRAP exprime sa peine et présente ses condoléances aux proches des victimes.
« Devant cette épreuve, les antiracistes, quelles que soient leur origines et leurs croyances, qu'ils soient musulmans, chrétiens, juifs, athées, doivent redoubler d'efforts pour construire dans le quotidien la paix et le respect mutuel. Leur action solidaire doit être la réponse à ceux qui cultivent la division et la haine, seul moyen de lever les obstacles pour bâtir un monde plus fraternel» (communiqué de presse du 24.05.96).
Différences n°175 (voir le document)
Différences recueille les témoignages d'Algériens en exil, Ghazi Hidouci, ancien ministre de l'économie, livre son analyse de la génèse du drame algérien:
"La crise économique s'est installée en Algérie depuis près de dix ans, suivie très rapidement d'une crise politique. L'évolution des événements aurait pu être banale. Nous aurions pu assister à un passage graduel d'un capitalisme bureaucratique d'Etat à l'insertion d'un secteur performant de l'économie nationale dans l'économie marchande et financière mondiale. Des changements menés à doses limitées et de façon contrôlée auraient permis d'éviter la régression dans la violence. Mais la militarisation excessive du pouvoir, l'artificialité du consensus entre les différents courants proches du pouvoir et l' exiguïté de la base sociale du régime, ont entraîné l'ajournement des réformes les plus minimales. L'indécision du régime, supportée par les bas revenus, a eu pour conséquence l'accroissement des tensions sociales." Différences n°185 (voir le document)
J.J. Kirkyacharian lance un appel au gouvernement français en faveur de l'accueil des réfugiés algériens: "Il serait impensable, inadmissible que ces gens menacés du pire soient renvoyés en Algérie sous prétexte d'irrégularité du séjour Nous disons donc solennellement au gouvernement et au Premier ministre: mettez vos actes en conformité avec vos convictions, accueillez, n'expulsez pas, rendez à la France le rôle que lui assignent son histoire et sa vocation. Quant à nous, poursuivons et accentuons notre action pour que ce droit fondamental, le droit à la vie, soit reconnu dans les faits à nos amis d'Algérie. Notre responsabilité est ici engagée."
Différences n°190 (voir le document)
Et Mouloud Aounit écrit: Nous voulons savoir ce qui se passe. Soyons clairs, la plupart des massacres perpétrés en Algérie ont une signature; ils sont revendiqués par l' intégrisme. Cependant trop de questions demeurent sans réponse, notamment sur ['absence de proteclion de la population par l'Etal el sa passivité devant certaines exaclions. Dans cet esprit, nous militons pour que toute la lumière soit faite sur ces actes monstrueux. que les auteurs et les complices soient arrêtés et jugés au litre de crimes contre l'humanité. Avec les Algériens, en se gardant bien de leur donner des leçons, nous demandons la transparence. C'est à ce prix que l'on pourra arrêter le bras des tueurs de la conscience humaine."
Différences n°191 (voir le document)

Différences donne la parole à des "Algériennes debout" et souligne: ici comme ailleurs, la presse écrite offre un reflet de la réalité: l'Algérie qui tremble à chaque massacre de civils, à chaque attentat, à chaque disparition d'un syndicaliste, d'un journaliste, d'un artiste, côtoie à la « une» comme dans les pages intérieures, celle qui manifeste, qui crée et anime des associations, investit dans la scolarité de ses enfants en leur assurant des cours particuliers pour pallier les lacunes du système scolaire, signe des pétitions, conteste des décisions, organise des grèves de la faim pour défendre les intérêts d'une profession, avance des propositions pour le bien commun..." Différences n°199 (voir le document)
En 1999 Différences consacre un dossier à la presse algérienne: "La profession ne baissera pas la garde" et relaie les propos d'un journaliste: "Nous avons en fait besoin d'un équilibre, de rebâtir un Etat mais un Etat qui soit fort démocratiquement, qui ne soit pas répressif, qui soit au service de la collectivité. Il faut donc favoriser les contre-pouvoirs, la société civile, le multipartisme." Différences n°213 (voir le document)

Mettre fin à l'amnésie

En 2000 le MRAP s'associe à un appel demandant la condamnation de la torture durant la guerre d'Algérie.: Le Mrap se solidarise avec cette initiative qui rejoint son propre combat pour mettre fin il l'amnésie qui touche toutes les exactions commises pendant la colonisation, toutes les tortures et tous les massacres commis pendant la guerre d'Algérie, sans oublier le massacre du 17 octobre 1961 à Paris, où tout semble fait pour éviter l'ouverture des archives, pour cacher le visage du mépris - quel mépris de la personne que la torture! - de la haine ct de J'horreur.....La reconnaissance de la torture pratiquée comme acte politique au service d'une politique de domination est aussi un défi d'avenir pour les jeunes issus de l'immigration algerienne, pour leur intégration dans un pays qui aura assumé son passé colonial, et toutes les horreurs qui l'ont marqué. »
Différences n°223 (voir le document)
diff2000_223 Les autorités françaises et algériennes décident d'organiser en 2003 une année de l'Algérie en France: "« C'est une excellente idée qui va permettre de donner à ce pays la possibilité de montrer qu'il a autre chose chez lui que des terroristes» déclare un intervenant. Un propos que ne démentiront pas les Algériens qui se battent sur le double front de la lutte contre l'islamisme et pour la démocratie .
Différences n°244 (voir le document)
Diff2002_244