Différences n°49 - octobre 1985

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Sommaire du numéro

n°49 de Octobre 1985

  • Identité; comment peut-on être français? Par P. Bussin [identité]
  • Le jeu: enfer ou paradis? Par A. Bussienne
  • Biriani et vidéo (indo-pakistanais en France) par R. Garcia
  • C'est où ça Nouméa. Par D. Aloia
  • Préjugés: Bien fait pour eux (Sida et homosexuels) par M. Anver
  • Dossier: Des huguenots aux protestants; la longue marche par J.L. Sagot-Duvauroux et F. Giudice
  • Cotton Club à Douarnenez (cinéma noir américain en France) par D. Chaput
  • Quand les dealers sont bronzés (racisme au cinéma) par J.J. Pikon
  • Toussaint Louverture au théâtre noir par Cherifa
  • Attention: futur. Paul Virilio parle de la ville d'aujourd'hui et de demain; propos recueillis par J. Montarlot
  • Destins de femmes; deux étrangères ont traversé la Résistance française , Mékinée Manouchian et Dora Schaul
  • Autosondage sur « Différences »

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Le tous ses Etats Une approche à la fois politique, stratégique, géographique, économique et sociale des 171 Etats de la planète en 121 articles, 200 tableaux, 80 bibliographies, 42 cartes, entièrement renouvelés et actualisés. Et, dans l'édition 85, le point sur les questions démographiques. Relié, 640 pages, 118 francs. CONCOURS: à l'occasion de la sortie de L'Etat du monde 1985, un concours doté de nombreux prix est organisé. Les bulletins sont disponibles chez votre libraire. Premier prix : un séjour pour deux personnes au Burkina Faso, au Sri Lanka ou à New York. '~" VI Z ~ Z oS !Ci

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-_.~ Magazine créé par le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), édité par la Société des éditions Différences 89, rue Oberkampf 75011 PARIS Tél. : (1) 806.88.33 DIRECTEUR DE LA l'UBLICATIDN/GERAIIT Albert Lévy RÉDACTION Rédacteur en chef Jean-Michel OUé Secrétariat de rédaction/maquettes : Véronique Mortaigne Service photos : Abdelhak Senna Culture: Daniel Chaput Relations extérieures : Danièle Simon ADMINISTRA TIDN/GESTIDN Khaled Debbah ABONNEMENTS 1 an: 160 F. 1 an à l'étranger: 190 F. 6 mois: 90 F. Etudiants et chômeurs, 1 an : 140 F. 6 mois: 80 F (joindre une photocopie des cartes d'étudiant ou de pointage). Soutien: 200 F. Abonnement d'honneur: 1 000 F. Algérie: 14 dinars. Belgique: 140 FB. Canada: 3 dollars. Maroc: 10 dirhams. l'UBLlCITÉ AU JOURNAL Photocomposition - photogravure impression: PCP, 17, place de Villiers, 93100 Montreuil. Tél. : 287.31.00 Commission paritaire n' 63634 ISSN 0247-9095. Dépôt légal: 1985-10 La rédaction ne peut être tenue pour responsable des textes, documents et photos confiés. PHOTO COUVERTURE: DROITS RESERVES Différences - n° 49 - Octobre 1985 OMMAIRE 8 10 12 13 18 30 32 34 36 38 Octobre ACTUEL POINT CHAUD Le jeu, enfer ou paradis. ANNIE BUSSIENNE Les salles de PMU, un des endroits où Français et immigrés communient dans la même fièvre. RENCONTRES Biriani et vidéo. R/CHARIJ GARCIA Misères et grandeur des Indo-Pakistanais réfugiés en France. RADIO TROTTOIR __ _ C'est où ça, Nouméa? DOLORES ALOIA Nous avons demandé aux passants où ils situaient la NouvelleCalédonie. Edifiant. PREJUGE « Bien fait pour eux» MARIE ANVER Avec le Sida, c'est le déchaînement contre les homosexuels. Mais que veut dire cette peur, et son étrange goût de déjà vu ? DOSSIER Des huguenots aux protestants: la longue marche. Dossier réalisé par JEAN-LOUIS SAGOT-DUVAUROUX et FAUSTO GIUDICE A l'heure du tricentenaire de la révocation de l'édit de Nantes le point sur les protestants français. ' CULTURES TENDANCES __ _ Quand les dealers sont bronzés. JEANJACQUES PIKON De plus en plus d'immigrés dans le cinéma français. Mais souvent dans des rôles peu recommandables. Racisme ou évolution ? VEDETTES __ _ Toussaint Louverture au Théâtre noir. CHERIFA Petit cadeau aux lecteurs de Différences: sur présentation de ce numéro, 20 F de réduction à l'entrée du spectacle. DÉCOUVERTE REFLEXION __ _ Attention futur. Propos recueillis par JEAN MONTARLOT Paul Virilio nous parle de la ville d'aujourd'hui et de demain. HISTOIRE Destins de femmes. MEL/NEE MANOUCHIAN, DORA SCHAUL. Deux étrangères ont traversé la Résistance française. VOUS . Votre courrier, des jeux, des infos services. (Faute de place, l'agenda a dû être supprimé). Il TRAITEMENT & ASSISTANCE TECHNIQUE TRAITEMENT THERMIQUE D'OUTILLAGE EN ACIER RAPIDE 24, CHEMIN LATÉRAL NORD - 93300 AUBERVILLIERS Tél. 833.92.81 T.T. ACIERS A OUTILS - 80800 CORBIE Tél. (22) 48.20.44 COPCI els BANIEl ~!~!!i!!!! 75006 PARIS - Tél. (1) 43.29.12.36 d de brochure Demon e Nom Adresse .I\M AfRIQUE uNICl.T' ·I12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)~~----------~---- .f DITOR/AL Différences - nO 49 - Octobre 1985 NOUS Il Nous, on a quatre ans et demi, bientôt cinquante numéros. Nous, on n'a pas de SOUS: si, chaque mois, on arrive à sortir quelque chose qui ressemble à un mensuel d'informations, c'est parce que nous sommes doués pour l'acrobatie. Les journalistes acceptent d'être payés avec des boutons de culotte, l'iconographe et la maquettiste font des merveilles avec des bouts de ficelle, tout le monde, du coursier au directeur de la publication, se dépatouille pour faire naître le merveil(eux joyau que vous avez entre les mains. Nous, on survit: tous les mois, on croit qu'on va mourir, vivement le chômage qu'on se repose. Et voilà que les abonnements rentrent, la pub arrive, les amis de « Différences» se fendent d'un petit chèque, et c'est reparti pour un numéro. Bien sûr, au début, on avait vu trop grand, du coup, on a des dettes, que les trois sous qu'on gagne chaque année épongent en partie. Mais en 1989, tout ira bien. Pour plus de précisions, vous avez pages 16 et 17 le bilan que la nouvelle loi sur la transparence de la presse nous oblige à publier. Deux pages pleines : bon courage. Nous, on avance à l'aveuglette: pas d'argent pour sonder les lecteurs, contrôler les ventes et la mise en place dans les kiosques. Comment savoir ce qui plaît aux gens? Pour une fois, à eux la parole : nous publions dans les dernières pages un sondage à remplir avec soin. Nous, on rêve. On se dit que si une partie de nos fulèles nous rapportait un abonnement supplémentaire, que s'ils demandaient à leur libraire d'afficher le journal, à leur bibliothécaire de s'abonner, à leur dentiste de mettre « Différences » dans sa salle d'attente, on vivrait dans un luxe inouï: reportages au bout du monde, grandes signatures, couleurs à gogo, et cigare pour tout le monde. Nous, pour une fois, ça nous a fait plaisir de parler de nous. C'est un sujet qui nous intéresse. D'ailleurs, si on comptait sur les autres pour le faire... Dans les milieux médiatiques, il y a une loi qui veut que plus une publication est respectée, moins on la cite. On pourrait se contenter de cette forme inversée d'hommage, et continuer le train-train sans s'occuper de personne. Mais nous, on est curieux : on veut que vous nous parliez de vous. 0 Différences .. .. - Identité- COMMENT PEUT-ON ETRE FRANÇAIS ? V ous ~tes Français? En etes-vous vraiment sûr ? .. Nombre de citoyens aujourd'hui se le demandent. Au départ ils étaient en butte à un problème de papiers courant: carte d'identité, passeport égaré ou arrivé à terme... Sommés alors de régulariser leur situation, de prouver leur appartenance à la communauté française, ils ont dû décliner certificat de naissance ou livret de famille. Jusque-là, rien de plus banal! Pourtant, pour beaucoup, ce fut le début d'une avalanche de tracasseries administratives. Le droit commun, en effet, donne la qualité de Français à « l'enfant légitime ou naturel dont l'un des parents au moins est français » . Oui mais voilà, parfois, le certificat de naissance ne mentionne pas la nationalité de vos géniteurs. Pire, ces derniers peuvent être nés à l'étranger ou dans un lieu qui vous est inconnu. Commence alors pour vous une longue quête sur les origines de votre ascendance qui pourra vous mener à votre grande surprise à enquêter sur vos grands-parents, (voire sur la troisième ou même quatrième génération). C'est précisément cette odieuse suspicion qui a pesé pendant plus de dix-huit mois sur Jacques Laurent, écrivain reconnu (prix Goncourt , grand prix de l'Académie française), ayant une parenté éloquente (députés, sénateurs, magistrats ... ), et qui pourtant s'est vu nier toute citoyenneté, jusqu'à ce que la chancellerie ait acquis la certitude qu'il était bien sous les drapeaux à l~âge de vingt-et- Connaissez-vous la dernière mode de l'administration ? Vous obliger à prouver que toute votre ascendance est française. Excès de zèle ou nouveau patriotisme ? un ans. De même Maria, trente-deux ans, de parents espagnols naturalisés français, a eu la surprise, en renouvelant sa carte d'identité, de se voir réclamer par la mairie de Bordeaux, non seulement le livret de famille de ses parents, mais aussi celui de ses beaux-parents. Pourtant, son mari d'origine basque, est bien français. Dans un autre domaine, mais de la même manière, F. Kaddour s'est vu maintenir en détention alors que les accusations qui pesaient sur lui se sont vite révélées fausses. Motif? Son « origine» qui, selon la cour d'appel de Colmar, portait en germe un « risque très sérieux de fuite à l'étranger» . Or, F. Kaddour est bel et bien lui aussi français de naissance. En fait, dans ces deux cas, il semble bien que la consonance patronymique ait été à l'origine du doute. Des exemples nouveaux nous arrivent tous les jours. Trop tôt pour savoir si les protestations de Jacques Laurent dans le Monde ont mis à jour une vieille pratique, ou s'il s'agit d'un changement d'attitude de l'administration. PIERRE DUSSIN D -Statues- HEROS EN PERIL En IflO6, le capitaine Dreyfus, réhabilité, reçoit la Légion d'honneur. Aujourd'hui ... « Léon Blum, D r e y fus Aragon, interdits de séjour dans la capitale. » En ce début d'automne, les silhouettes «statufiées» de ces illustres personnages semblent être l'objet d'un curieux ostracisme. Au départ, une commande publique que François Mitterrand a passée en 1983 auprès de plusieurs sculpteurs, afin d'honorer certains grands noms parmi lesquels Jean Moulin, Sartre, Blum, Picasso, Camus ... Aujourd'hui, les statues sont prêtes, mais plusieurs d'entre elles attendent toujours que l'on veuille bien leur trouver un bout de terrain adéquat sur le sol parisien. Ainsi Léon Blum devait être érigé sur la place qui porte son nom dans le XIe arrondissement. Impossible, répond la mairie ; des travaux sont prévus sur le site en 1986. Même dialogue de sourds pour l'Aragon de Hucleux Différences - n° 49 - Octobre 1985 qui n'intéresse pas à l'évidence la Ville de Paris. Mais là, le ministère de la Culture aurait trouvé la parade en proposant d'installer le poète sous les arcades de la Bibliothèque nationale, propriété de l'Etat. Concernant enfin la statue imposante (3,50 mètres de haut) du célèbre Dreyfus, c'est cette fois-ci l'arrièregarde militaire qui monte à la charge, en refusant de voir élever le capitaine dans la cour de l'Ecole militaire. Charles Hernu, ne voulant pas froisser la susceptibilité de ses troupes, a finalement proposé Pancienne Ecole polytechnique. Bon, Aragon à la Bibliothèque nationale, très bien. Pour Blum, on n'a pas d'idée. Mais pour Dreyfus, il y a, devant les bureaux de Différences, un petit terre-plein inoccupé. Si Jack Lang ne sait pas quoi en faire, nous sommes preneurs... 0 WEEK-END A LA DÉFENSE Une fin de septembre sous le signe du dialogue Nord-Sud. Ce week-end à la température presque estivale m'a franchement réconciliée avec l'architecture froide et austère de La Défense. Je me suis même surprise à admirer l'une de ces immenses tours gue l'on a tant décriées, y trouvant comme par enchantement une sorte d'abstractio,! géométrique positive, agréable ... L'initiative intitulée Nord-Sud, salut les jeunes, manifestation culturelle organisée par le ministère des Relations extérieures, avec la collaboration d'ONG et d'autres organismes, avait pour le temps d'un week-endfait de l'esplanade une« ville éphémère ». La Défense s'était enfin habillée de couleurs, de musiques, de débats et d'humanité. Si celle-ci ne portait pas le« bleu de travail» cher à Nazim Hikmet-autres temps, autres moeurs - elle était pourtant bien là : cosmopolite, gaie, majoritairement jeune, attentive et riche de visages sereins et amicaux. Ici, on a en effet quitté le triste masque de l'indifférence que nous réserve le métro quotidien; on ne craint pas d'adresser la parole à l'autre, on se déhanche avec Karim Kacel qui crie son amour de la vie, on swingue avec Manu Dibango, on est irradié par la beauté sensuelle des danseuses zaïroises de Mbiliabel, on médite sur les« noubas »de l'orchestre moyen-orientai AI Kindy. En un mot, c'est la fête. Et le programme est tellement riche, 35 spectacles, 250 participants, que chacun y trouve la tonalité de son humeur ou de ses goûts. Artisans et sapeurs Mais on pouvait également s'intéresser aux cultures des peuples représentés par d'autres espaces d'expression : la cuisine, la mode vestimentaire, l'artisanat y étaient représentés. Les artistes « warli », par exemple, appartenant à une tribu de l'Inde, peignaient sous vos yeux des motifs traditionnels qui servent à orner les maisons lors des mariages et parlent de la condition de l'avenir des populations tribales indiennes. Le voyage continue dans la spécificité de chaque peuple et dans la rencontre féconde : là, vous pouvez déguster des griouch, une pâtisserie nord-africaine agrémentée de miel et lire sur la pancarte, à côté des prix affichés :« Les recettes de ce stand iront à une coopérative de femmes boliviennes qui regroupe cent vingt travailleuses ». Plus tôt dans l'après-midi une assistance nombreuse admirait, au stand de Radio 7, l'allure décontractée des « sapeurs» qui proposaient de belles tenues look branché et original. Albert Lévy, secrétaire général du MRAP, qui était l'invité en direct de la radio, ne s'est pas empêché d'exprimer son admiration pour la décontraction des sapeurs en ajoutant que trop souvent encore (( on accepte les plats étrangers, la mode, les coiffures mais on n'accepte pas les hommes qui les produisent ou qui les ont produits. »Dommage ... • mNTCHAUO __________________________ --I LEJEU •• -PMUENFER OU PARADIS ? Huit heures. Ouverture Derby, monde leur place pour la l'enjeu peut changer. Il y est des bureaux de PMU. « gagne ». Ils sont serrés courant de voir des gens qui Petit à petit, ils arri- loto sportif, comme des sardines, il fait n'ont rien de commun s'avent... ouvriers, commer- loteries, chaud, ça se bouscule, mais, dresser la parole, avoir les çants, chômeurs, marginaux, 'h . pourtant, ils tiennent dans mêmes émotions, se comclandestins, retraités. a caque mOIs leurs mains des tickets roses, prendre. On jette un dernier Hommes surtout: quelques son nouveau jeu. bleus, mauves, pastel comme coup d'oeil au Turf ou à la femmes de temps en temps, Pourquoi faut-il le paradis. Le sol est liste officielle des partants plutôt d'âge mûr, et surtout constellé des confettis qu'ils pour ne pas se tromper de les jours de tiercé ou de que les hommes font en poinçonnant leurs numéro. Quand, enfin, on quarté. Là, ça fait moins jouent? tickets... passe au guichet, c'est la « vice ~~, on fait sa B.A. de Jusqu'à treize heures l'été et délivrance d'avoir pu jouer. citoyen, un petit tiercé, ce douze heures trente l'hiver, A midi, à la fin des enjeux du n'est pas méchant, c'est juste souvent, on a affaire à des ça se presse surtout au mo- matin et avant ceux de une ou deux fois par semaine. économiquement faibles èt, ment du déjeuner, de la l'après-midi, les cafés-tabacC'est vrai qu'il est encore mal parmi eux, pas mal d'im- pause. PMU sont pleins de ces vu de jouer aux courses. migrés. Arabes, Noirs, Fran- Dans les dernières minutes, joueurs qui commentent ce C'est bon pour les pauvres et çais ou non, Yougoslaves et, c'est l'angoisse de ne pas y qu'ils« voient» ou ce qu'ils les malades du J'eu, hou '. les d epm.s que1 q ue temps, que1- arriver. Est-ce qu'on va ont raté la veille. On ne vilains! de faire la queue ques Asiatiques qui ont de passer? On engueule les lésine pas sur les consommadans les PMU. De temps en l, argent et qm. fl am b en t sec. lambins qui sont devant, on tions et, avec les immigrés, temps, quelques manteaux emprunte un ticket ou une on remet plus souvent les de cachemire, macs ou indi- Au milieu de la fumée, des pince pour le poinçonner au tournées qu'entre Français. vidus interlopes qui satelli- pastis, du « chaud devant!» voisin devant ou derrière: Drôle d'impression que de sent le monde des courses, du garçon de café, les joueurs l'antre du jeu est un endroit voir ces cafetiers «bon g' q ui sont « tuyautés » ou son.t là, i.mperturbables' , ils ne démocratique où chacun a ds a tel'i ntt» adv oir pour dm' e'1i1l leurs l--c:..:ro::.:i:e.:.:n..:..t...:I~'ê::..:t..:..re::..~Ma:is:.:.,~I:..::e~p~Ius__q_u_l_tt_e_r_a_le_n_t-p~o_u_r _n_ e_n_a_u_ __.:c_h~a__.:n~c_e~, s_e_u_l_l_e_m_o_nt_a_n_t_e _c_ l_e_n_s _ e_s_g-e_n_s _a_ l_e_u_r_s-l' Sûr que, souvent, ils en préféreraient d'autres. Mais quoi, quand on ouvre un guichet de PMU, ou quand on est situé aux alentours des agences course par course, c'est avec les Arabes qu'on fait le meilleur chiffre d'affaires. Treize heures ! Terminé, irrémédiablement, pour la journée ... A moins d'aller l'après-midi au champ de courses ou dans les « caves », « baraques» ou «trous », noms donnés aux agences course par course, rue Vandamme, rue Vivienne .. . Il Y en a huit rien qu'à Paris où on peut jouer l'après-midi sur la réunion choisie par le PMU, et même le soir pour les nocturnes de Vincennes dans certaines agences de province. Les plus friqués, ou ceux qui ont plus de temps, vont au « champ ». Il faut payer l'entrée, entre dix et vingt francs, le prix de deux jumelés

ça compte quand on

est planté. De plus, quand on n'a pas de voiture ou pas d'argent pour y mettre de l'essence, il faut payer le bus ou le métro. Au moins, pour Auteuil. Les autres champs de course sont loin, il faut soit prendre le train, pour Enghien par exemple, ou payer le car de José, routier sympa qui dessert tous les champs de course ; il fait bien crédit de temps en temps, mais on demande surtout au retour, quand on sort « sans un ». son Turf et, coincé devant le télétype France-Presse, on guette les arrivées. A l'inté- ' rieur, une grande salle, généralement en sous-sol, toute grise avec des guichets et des téléviseurs qui donnent au fur et à mesure les cotes de chaque cheval et les rapports des trois premiers et du jumelé. Il y a, en moyenne, entre six et neuf courses, ça dure jusqu'à dix-huit heures environ. Journée ordinairè à Saint-Cloud Dès dix-sept heures, le Turf du lendemain est vendu dans l'agence, ou devant quand il fait beau. A cinq francs trente, c'est le plus cher des quotidiens. Il paraît trois cent soixante-cinq jours sur trois cent soixante-cinq, avec plusieurs éditions par jour, mais il est indispensable pour faire le « papier », c'est vraiment l'officiel des courses. Les plus professionnels les conservent chez eux précieusement classés. On commence à ce gagne cinq fois la mise. C'est pourquoi le faiseur de TchicTchic insiste pour qu'il y ait des enjeux sur chaque numéro, c'est normal, vu le danger de vouloir rentabiliser rapidement, car la police veille. Mais quoi de plus facile que de jeter le carton par terre et de ranger les billets quand on la voit arriver? Le Turf, le plus cher 1 des quotidiens français paraÎt tous les jours de l'année Au même moment, les joueurs sortent du champ de course comme on sort de l'usine, véritable flot humain. Le vendeur de Turf ne cherche pas les clients, ils viennent à lui en se bousculant pour s'arracher le précieux journal qu'ils consultent déjà en marchant pour atteindre la voiture, le train ou le métro. Les chauffeurs de car crient leur. destination en haranguant la foule: « Belleville! Nation! République !» Quand ils sont pleins, on voit partir des drôles de groupes en car, des têtes de toutes les couleurs plongées dans le Turf de la réunion du lendemain : « Demain, il y a un jumelé couru dans la troisième. » L'après-midi, vers quatorze heures, les joueurs qui ont le temps ou qui ont des jeux infaisables au PMU le matin, les jumelés, et qui ne peuvent aller au champ se retrouvent dans ces agences « course par course ». Là encore, beaucoup de Maghrébins. Une partie reste dans le «trou» , mais d'autres font le va-et-vient entre les cafés avoisinants et l'agence. Tout le monde a Différences - n° 49 - Octobre 1985 moment à oublier complètement les chevaux du jour pour préparer les enjeux du lendemain. A la fin des courses, le flot des joueurs sort, certains qui « touchent la dernière » sont un peu plus longs. D'autres essaient de se refaire au Tchic-Tchic, jeu improvisé avec un dé et un morceau de carton et qui consiste à trouver un chiffre sur six où on On ne laisse pas au turfiste le temps de souffler, le journal du lendemain paraît avant même la fin de la réunion ; une réunion tous les jours, parfois deux avec les nocturnes. Ces jours-là, beaucoup n'ont même pas le temps de manger. L'industrie du jeu est une des premières en France sur laquelle l'Etat prélève un tiers des recettes. Ici, comme ailleurs, les immigrés participent à l'économie française... • ANNIE BUSSIENNE Officiellement~ une dizaine de milliers d~Indiens et de Pakistanais en France~ pour la plupart originaire du Pendjab et du Gujerat. Depuis deux ou trois ans les rues, les bouches et les couloirs du métro offrent le spectacle de nouveaux venus : les Indiens et les Pakistanais. Alors que la France vit à l'heure de l'année de l'Inde, beaucoup de ressortissants de ce pays n'ont pas eu le privilège de traverser les océans par le plus court chemin: celui des voies diplomatiques et des échanges culturels. D'après les chiffres de la préfecture de police, la communauté indienne et pakistanaise titulaire d'un titre de séjour s'élevait en décembre 1983 à 3 537 Indiens et 6663 Pakistanais, chiffre relativement modeste comparé à l'ensemble de la population immigrée. Il faut rechercher la cause de l'accroissement récent de cette population dans les mesures draconiennes prises par l'Allemagne et l'Angleterre en matière d'immigration, la France étant devenue pour certains une base arrière. Mais qui sont-ils? En général, et c'est ce qui diffère un peu de l'immigration africaine, ils ont suivi des études primaires ou secondaires et ne sont pas les plus démunis dans leur pays, puisqu'ils ont payé billet d'avion, passeport et pots-de-vin pour l'obtenir (de 9000 à 12000 F environ). C'est souvent toute la famille qui investit pour envoyer un des jeunes fils, encore célibataire, vers l'Oc- ...... cident mythique de la lIiI consommation et de l'argent Une nouvelle touche de couleur dans la palette parisienne : les Indiens. Pas ceux de l'année de l'Inde ... BIRIANI ET VIDEO facilement gagné pour pouvoir payer la dot de la soeur, agrandir la petite entreprise ou moderniser l'exploitation agricole. Confiants dans l'avenir et conscients de l'importance de leur mission, ils quittent leur village, où ils étaient respectés et choyés, pour débarquer sur une autre planète, souvent décevante, voire même angoissante. Pourtant aucun ne le racontera, pour ne pas perdre la face ni faire de la peine à la famille, comme Imad qui me dit : « Si mes parents voyaient où j'habite, ils auraient honte. » Ils sont pour la plupart originaires du Gujerat et du Pendjab indien et pakistanais. Certains parmi les Pakistanais et les Musulmans indiens ont déjà travaillé dans les Depuis deux ans, date à laquelle la France a pris des mesures sévères contre les clandestins, plus d'un millier d'immigrés en situation irrégulière ont été interpellés sur la frontière Est. Près de 10 % de nouveaux venus se présentent à la préfecture pour solliciter l'asile politique. En attendant que leur cas soit statué par l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et des apatrides), puis par la Commission des recours des réfugiés auprès de laquelle ils peuvent faire appel en cas de rejet de leur demande, ils se voient délivrer une autorisation de séjour et de travail provisoire, renouvelable tous les trois ou six mois. Rappelons que la France n'avait accordé, en décembre 1983, 1 Ils sont OS, vendent des marrons, des peignes ou des fleurs dans le métro. A leurs risques et périls ••• pays du golfe Persique dans le cadre d'accords bilatéraux et ont décidé de renouveler l'expérience plus à l'ouest. Ils débarquent soit directement à Paris munis d'un visa de tourisme ou de transit obtenu dans leur pays d'origine, soit en Belgique, en Italie, en Autriche, à Berlin-Ouest, d'où ils empruntent des filières qui leur font traverser la frontière clandestinement en train de nuit ou en voiture. le statut de réfugié politique qu'à 4 Indiens et 211 Pakistanais. Mais qu'ils soient en règle ou non, le sort qui leur est réservé reste peu enviable. En effet, les clandestins ne sont pas les seuls à tomber entre les griffes d'employeurs malhonnêtes. Pour lutter contre cette situation préoccupante, l'ASPEC (Association POu! une solution au problème de l'emploi clandestin) fut créée en 1982, à I ______________________________________________________________________ ~ Paris, dans le Sentier, où plus de 500 Pakistanais travaillent dans la confection (1). Mis à part la confection, domaine favori des Pakistanais, ces immigrés sont OS ; une minorité vend des marrons, des peignes, des jouets à la sortie du métro ou aux Puces, ou des fleurs dans le métro, et il faut à ce propos dénoncer un petit scandale pas chic, mais choc. Il semblerait que la RATP ait délivré des patentes pour la vente dans le métro sans avoir vérifié si les intéressés avaient une carte de commerçant. Du coup, les marchands de fleurs, à la station Etoile par exemple, sont régulièrement contrôlés par la police qui, après leur avoir demandé de présenter leur patente RATP, exige, des Indiens stupéfiés, celle de commerçant. La suite est toujours la La population pakistanaise et indienne se répartit surtout entre Marseille et Paris. Dans la capitale, les points de concentration sont les 14e , Il C , 10 Cet 2 Car r 0 ndissements. Conjointement, de nombreuses boutiques se sont ouvertes. Dans le petit passage B rad y d u 1 0 e arr 0 ndissement, une famille originaire de Pondichéry a ouvert, en 1980, un magasin d'alimentation. On trouve ici tous les ingrédients nécessaires à la préparation d'un bon curry ou d'un riz biriani, de l'huile pour les cheveux, des chiques de bétel, le vermillon que se mettent les femmes dans la raie des cheveux lorsqu'elles sont mariées, ou pour le tika, ce point rouge qu'elles portent sur le front. En 1982, ils ouvrent dans ce même passage un restaurant 1 Passage Brady, une boutique où les· chiques de bétel côtoient l'huile pour les cheveux et le curry. même : destruction des bouquets, insultes et parfois tabassage en prime. Un autre secteur emploie beaucoup d'Indiens et de Pakistanais

la restauration. Ce

sont souvent d'anciens serveurs ou des cuisiniers des premiers restaurants qui se lancent à leur tour. M. Zafar explique qu'il est arrivé en France en 1973. Au Pakistan, son père tient un restaurant, aussi avait-il une idée du métier. Il travaille d'abord dans une boulangerie, vend des journaux, sert dans un restaurant français pendant un an, puis dans divers restaurants indiens et pakistanais. Il fait l'ouverture du Raj Mahal à Convention, haut lieu de la gastronomie indienne, et parfait sa formation dans le 18e arrondissement, où il vient d'ouvrir cette année un restaurant, le Samrana, rue d'Orse!. En l'espace de quatre ans, cinq nouveaux restaurants se sont ajoutés aux deux anciens, au pied de la butte Montmartre. Différences - n° 49 - Octobre 1985 ensuite transformé en magasinde cassettes, cassettes vidéo et saris. Pumoussamy, 24 ans, un des fils de la famille, tient ce magasin avec sa soeur et un employé originaire du nord de l'Inde. Depuis 1973, année de son arrivée, il n'est retourné en Inde qu'une seule fois. Il est célibataire et, à l'encontre de ses frères et soeurs, il voudrait retourner là-bas pour se marier, mais il ne sait pas s'il pourra désormais supporter le poids de la tradition. Les cassettes vidéo marchent bien et le magasin ne désemplit pas: la clientèle est mauricienne, indienne et pakistanaise. Mais la nuit tous les chats ne sont pas gris, ni les Indiens indiens, comme le prouve l'exemple de la boutique Shahinshah, qui se trouve à Saint-Georges. En effet, Amin Shah Sultan, 23 ans, me dit que son père a été le premier à ouvrir une épicerie à Paris en 1974; eux sont français et musulmans. Il tenait un magasin de textile à Saigon, qu'il a quitté en 1974, avant sa famille. Il existe, pour les sorties, un cinéma, le Montréal, juste au métro La Chapelle, qui passe des films commerciaux indiens. Rappelons que l'Inde produit deux films par jour et qu'elle est le deuxième producteur mondial après Hong Kong. Les premiers films commerciaux indiens furent projetés en France en 1972 ; Satyajit Ray avait réalisé Pather Pancali dix-huit ans auparavant, il faudra attendre encore une dizaine d'années avant qu'il soit connu du grand public français. Le propriétaire du Montréal, un Mauricien d'origine indienne, s'occupe également de la distribution légale des films sur Paris, Marseille et un certain nombre de pays d'Afrique. Les films sont sous-titrés en arabe et en français en Egypte. Une Association dramatique pakistanaise vient aussi d'être créée par Salim Inam " Khokhar, immigré en France ~ depuis 1980. Il travaille '-': ' __ --'-"--____ . _ __ -'!!..:..L::.--""'OL' comme livreur-représentant dans le prêt-à-porter. Avant de venir ici, il avait travaillé trois ans en Arabie saoudite où, passionné de théâtre (il avait déjà joué quelques rôles, en particulier à Sheikupura, sa ville natale), il écrit et met en scène une pièce pour ses compatriotes. Aujourd'hui, avec neuf autres Pakistanais, deux Français dont une Beur et une Iranienne, il vient de produire à la MJC d'Issy-les-Moulineaux, pour un soir, une pièce de sa composition : le Cobra déguisé en homme. Un ~ véritable caméléon.O "i:S ----------- RICHARD GARCIA AlIX Puces de Montreuil (1) Cette association, mise sur pied par le secrétariat d'Etat pour la lutte contre le trafic de la main-d'oeuvre, le secrétariat à la Promotion de l'emploi et la CFDT, organise des stages de français. Sur près de 200 personnes ayant suivi les stages, 80 % ont pu intégrer le marché du travail. Outre la construction d'un foyer à Poissy où sont logées 96 personnes, l'association a fondé le 1" mars 1983 une société coopérative d'emploi au 2, rue du Nil, qui répond aux besoins ponctuels de main-d'oeuvre et incite les patrons à déclarer leurs employés. A ce sujet voir Différences n° 38, octobre 1984, «Les Sentiers de la paix ». ou au cinéma : une activité culturelle et commerciale intense. 1 m ~ 1 Il mOTTmR ______________________ ~~ C'EST OÙ ÇA, NOUMÉA? C'est dans l'isoloir que la première partie du feuilleton Canaques/Caldoches a pris fin. Du scrutin du 29 septembre dépend maintenant la mise en place du nouveau système institutionnel de la Nouvelle-Calédonie et de l'avenir des 145 000 habitants de l'Île. Maintenant que le soufflé est retombé, Différences a voulu savoir si les « Métropolitains» pouvaient localiser la Nouvelle-Calédonie, et ce qu'ils pensaient de l'avenir. LES CALDOCHES, C'EST UNE TRIBU Monique, 30 ans, avocate La Nouvelle-Calédonie se trouve vers l'Australie. Les Caldoches sont une tribu. Quant aux Canaques, ce sont les ennemis des Caldoches. Etant donné la distance géographique et culturelle entre ce territoire et la France, je pense qu'il faut donner leur autonomie aux Canaques. Je ne vois vraiment pas l'intérêt de les tenir sous une tutelle quelconque. 0 UNE CARTE DE RESIDENT Charles,35 ans, homme d'affaires. ENTRE LES USA ET TAHITI Jean-Pierre, 37 ans, banquier La Nouvelle-Calédonie se trouve pratiquement de l'autre côté de la planète par rapport à la France, à midistance entre les Etats-Unis ,et Tahiti. Les Caldoches sont des Français établis depuis plusieurs siècles là-bas. Les Canaques ce sont les indigènes, les habitants d'origine de l'île. Je ne sais pas s'il est souhaitable ou non que la Nouvelle-Calédonie soit indépendante. A priori, je pencherais plutôt pour l'autonomie, car peut-on vraiment dire que les habitants de ce territoire appartiennent à la communauté française? Leur culture est tellement différente de la nôtre. 0 LE TEMPS DES COLONIES EST BIEN FINI Elisabeth, 22 ans, étudiante UNE POSITION STRATEGIQUE Brigitte, 25 ans, attachée de presse La Nouvelle-Calédonie, c'est, globalement, à l'ouest de la Nouvelle-Zélande. Il n'y a pas des masses d'habifait, avant qu"il y ait des troubles en Nouvelle-Calédonie, j'ignorais complètement que c'était français. 0 tants, disons quelques di- .$, l zaines de milliers. Un Cal- et !. . ,/ iO ::, doche est un Européen. Les , e~ ,«ki\,';, ~r, Canaques, c'est la population oC indigène. Je ne sais pas si les c::i -___ Canaques sont représentés à Nouméa: l'art du grafitti l'Assemblée territoriale, je fleurit depuis plusieurs ancrois qu'ils ont boycotté les nées ... élections. Pour le moment, la majorité est caldoche. Le ter- ON A RIEN A Y FAIRE ritoire calédonien est essentiel pour la France, d'une Catherine, 27 ans, comptable part parce qu'il constitue une position stratégique (puisque c'est dans le Pacifique) d'autre part, parce qu'il y a - des richesses minières comme le nickel. 0 CE N'EST PAS DANS LE CODE POSTAL Isabelle, 26 ans, secrétaire La Nouvelle-Calédonie, c'est à côté de l'Australie. Les Caldoches sont des immigrés français, quant aux Canaques ce sont les habitants de l'île. Si vous voulez mon avis sur la situation là-bas, eh bien, je trouve qu'on n'a rien à y fàire. o Réalisé par DOLORES ALDIA BIBLIOGRAPHIE La Nouvelle-Calédonie se La Nouvelle-Calédonie? Je sais pas où ça se trouve, je L'Irruption kanak de Marc trouve en face de l'Australie. C'est loin d'ici en tout cas. Ce suis pas très forte en géo-. Coulon (MessidorlE.S.) préElle appartient aux Cana- doit être du côté des petites graphie, peut-être dans le sente ce territoire vu de l'intéques. Si les Français veulent îles de l'Australie. Un Cal- Pacifique. Les Caldoches sont rieur et à travers le portrait de y rester, qu'ils aient une carte doche c'est un habitant de la les Français qui ont émigré trois hommes qui furent esde résident, comme ça, ils Nouvelle-Calédonie. Un Ca- là-bas. Les Canaques, c'est sentiels au mouvement de liiront tous les trois mois à la naque, c'est un mec engagé les habitants de la Nouvelle- bération de ce pays: Eloi pré f e c t ure, ils se r 0 n t politiquement pour la libéra- Calédonie. Machoro, le grand chef Ataï contrôlés par les flics. 0 tion de son territoire. Je suis Est-ce un Dom ou un Tom? et Apolinaire Anova Ataba. pour une Nouvelle-Calédonie Ce doit être un territoire indépendante, évidemment. d'outre-mer car ce n'est pas C'est une honte d'être encore dans le code postal. là-bas. De quoi on a l'air avec Que savez-vous de la situation cette petite île perdue dans en Nouvelle-Calédonie? Je l'océan Pacifique? Je pensais ne connais pas assez le proque la France avait compris blème pour pouvoir réaprès l'Algérie que le temps pondre. Je pense que c'est « béni» des colonies est bien comme pour les Bretons, les fini. 0 Basques et les Corses. En . Les gardiens de prison et Sida-- les infirmiers se baladent en scaphandre, et dans les chaumières, ça délire. Sida, es-tu là ? Oui, répondent en choeur l'Amérique reaganienne et l'Europe puritaine. Voici un petit extrait d'une conversation ordinaire. «BIEN FAIT POUR EUX» D îHnaellr e~d acne ss oliers, malS tu rigoles ! Avec tous ces pédés dans la rue, sans compter tous les drogués, et les autres, qui mènent des vies de bâton de chaise, t'as pas peur. Au restaurant, les verres et la salade, c'est toujours mal lavé. Et un Sida, c'est vite attrapé (1). D'ailleurs les Italiens sont plus malins que nous. Cet été à Scanzano Ionico, dans le golfe de Tarente, une association d'homosexuels voulait tenir une réunion sur le Sida. Ils se sont tous donné la main: le maire, les commerçants, qui ont menacé de baisser leur rideau de fer, les religieuses et les prêtres, qui ont lancé une pétition. Bref, le forum n'a pas eu lieu, et c'est tant mieux. D'accord, c'est pas parce qu'on parle du Sida qu'on l'a forcément, mais quand même, y'a des risques. » 1 1 re idée fausse : Le Sida punit d'abord ceux qui ne sont pas comme nous. «Tiens, en Californie, plus personne ne va dans les restaurants gays, plus personne ne veut embrasser les acteurs après l 'histoire de Rock Hudson. Ça leur apprendra, à force de se pourlécher sur les écrans, de faire la vie, fallait bien qu'il leur arrive quelque chose. C'est dégoûtant. Bien entendu, tout ça, c'est les étrangers qui nous l'ont amené. Le Sida, ça vient du Zaïre, via Haïti (2). Parce que en plus de leur hygiène de vie qui laisse à désirer, Différences - n° 49 - Octobre 1985 moralement parlant, on ne peut pas dire qu'ils aient beaucoup de principes : ils ne pensent qu'à «ça ». D'ailleurs les Russes, pour une fois, ils ne sont pas idiots, je l'ai entendu l'autre jour à la télé, ils orientent leurs recherches sur les couples interraciaux. Marie-toi avec un Zaïrois et tu verras : pneumonie, boutons et fièvre, et pire que la scarlatine. A New York, pour un gosse atteint, les parents ont boycotté la rentrée, c'est pas comme chez nous, en France, où on ' en a 58 contaminés et on ne dit rien. Les Américains, ils ont même créé des classes spéciales pour enfants-Sida, dans des immeubles publics désaffectés. » c'est parti... 1 . Evidemment, après, ça retombe sur le nez des honnêtes gens. Prenez les gardiens de prisons. C'est déjà dur de surveiller une bande de voyous, drogués, homosexuels et dépravés. A Gradignan, sur 14 détenus testés, 6 positifs (3), et allez donc! Forcément, les gardiens, ils ont peur et ils veulent des tenues de protection spéciales. » 2e idée fausse : Le Sida est partout et s'attrape n'importe comment « On ne peut pas aller contre les lois naturelles comme ça. Mais le pire, c'est que le Sida est aveugle et qu'il frappe même les innocents, les hémophiles, les enfants, encore que là, on peut se demander où ils l'ont attrapé, faudrait voir du côté des parents. Reagan, il a fait ni une ni deux, pas question pour ceux-là de continuer à aller à l'école, c'est quand même

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«Moi, je dis qu'il faut prendre des précautions. Fermer les frontières , enfermer les drogués à part et à la dure, interdire tous les restos, les boîtes ou les commerces tenus par des homosexuels. Recenser sur un fichier tous ceux qui risquent de nous contaminer, homosexuels et Zaïrois d'abord. Il faut quand même remettre un peu d'ordre dans tout ça. Des repentis, crois-moi, on va en voir. Tiens, prends Mourousi lui, au moins, il se marie, et avec une jeune fille de bonne famille. Tu devrais en faire autant. .. ». MARIE ANVER Précisions (1) Le Sida est une maladie en expansion (le nombre des cas - 12 000 aux USA depuis 1981, 1 200 en Europe, dont 400 en France - double chaque année) mais qui reste très peu conta. gieuse. Ainsi, au moins 30 % des partenaires sexuels de malades atteints du Sida ne portent aucune trace du virus. Aucun cas de contamination de l'entourage proche du malade n'a jamais été constaté. A titre de comparaison, l'épidémie de méningite qui a sévi au Brésil en 1975 afait trois mille morts en quatre mois. S'il est prouvé que le virus du Sida se transmet par voie sanguine et sexuelle, III salive a une infime chance de le véhiculer. Pour tous renseignements concernant le Sida: AIDES. B.P. 759, 75123 Paris cedex 03. Tél.: (1) 804.00.99 et (1) 250.00.49. (2) Le journal homosexuel The New York Native, tente de prouver depuis plusieurs mois que le virus du Sida serait en fait celui de III peste porcine africaine, connue depuis longtemps. Pour des motifs commerciaux (vaccins et brevets) et idéologiques (retour à l'ordre moral) l'administration Reagan aurait Illissé se développer le syndrome Sida et « inventé » la nouvelle maladie du siècle. (3) Ce qui veut dire qu'ils ont été en contact avec le virus, et non qu'ils l'ont. '-----------_._, OuRMÉMmRE ________________________ ~ DÉSIR DE VIVRE - Quatre cent cinquante jeunes filles et garçons de 14 à 25 ans, venus de tous les coins de France, traversent la Belgique, la RFA, la RDA, la Pologne à bord du Train de la jeunesse et débarquent en Chine le Il juillet du Train transsibérien, après avoir parcouru 12 000 km depuis leur départ de Paris. Une aventure passionnante organisée par le ministère de là Jeunesse et des Sports et la MJC de Conflans-Sainte-Honorine pour dynamiser l'amitié franco-chinoise (16 juillet). _ MAUVAISE NOTE _ « E» pour Européen, «M» pour Mélanésien, «W» pour Wallisien, « T» pour Tahitien, « V» pour Vietnamien, «1» pour Indonésien et « A » pour Antillais, voilà le code qu'utilisent les professeurs de NouvelleCalédonie priés par les autorités françaises de faire l'appel dans leur classe en cochant, en face du nom de chaque élève, une case dans la rubrique « ethnies ». Une nouvelle atteinte aux droits de l'homme (15 août). AMEN Jean-Paul II au Maroc islamique, couronnement d'un périple de douze jours dans sept pays africains, c'est la première visite officielle d'un souverain pontife dans un pays arabe. Devant des dizaines de milliers de jeunes Marocains rassemblés au stade Mohammed-V, le pape insiste sur le fait que « les grandes religions doivent répondre ensemble aux grands défis du présent et de l'avenir, lutter en commun contre les dangers menaçants des doctrines nihilistes de salut, de la cupidité et de la démence de l'armement» (21 août). _ COUP MORTEL - Le second attentat perpétré au Caire contre un diplomate israélien depuis l'établissement des relations diplomatiques entre Israël et l'Egypte en 1979 illustre la situation tendue qui règne au Proche-Orient. Les assassins ont pu s'enfuir sans être reconnus (21 août). _ INNOCENTS - Trois jeunes Kanaks, originaires de la région de Hienghene, Boi Apollinaire, 20 ans et demi, interné le 15 décembre 1984, Houala Georges, 22 ans et VITE, JE M'ABONNE A DIFFERENCES o 160 F (1 an) 0 90 F (6 mois) 0 200 F (soutien) Nom: , Prénom: , Adresse: , Bulletin dûment rempli à retourner, accompagné d'un chèque, à : DifférenC(fs, service abonnements 89, rue Oberkampf, 75011 Paris 1 an étranger: 190 F ; chômeur et étudiant: 140 F. ocr, 85 Mayat Fernand, 28 ans, incarcérés le 10 janvier, ne s'alimentent plus depuis le lundi 12 août afin de proclamer leur innocence, protester contre ,leur détention arbitraire au Camp-Est et exiger leur libération immédiate. Un quatrième gréviste de la faim, Teavo Cyriaque, arrêté le 13 décembre 1984 pour les mêmes raisons est libéré le 21 août, mais maintenu sous contrôle judiciaire (29 août). _ ASSASSINAT _ Les policiers marseillais abattent un jeune de 19 ans dans des circonstances jusqu'ici controversées - « légitime défense» disent les uns, « bavure» disent les autres. Cette mort crée en tout cas un climat de tension entre les forces de l'ordre et les jeunes Maghrébins (2 septembre). _ SANS APPEL _ Quatorze militants intégristes condamnés à mort par la cour d'appel pour vingt-six inculpés marocains jugés à Casablanca. C'est la centième condamnation à la peine capitale pour délit politique prononcée au Maroc depuis 1958. Extrême sévérité (3 septembre). FLEUVE Philippe de Dieuleveult et les six autres membres de son expédition sur le fleuve Zaïre disparaissent (cela fait déjà plus d'un mois). Les recherches menées successivement par les parachutistes zaïrois et français et les unités françaises venues de Centrafrique prennent fin, mais la France prévoit de les reprendre après avoir reçu de l'Angola l'autorisation de survoler la rive angolaise du fleuve entre Matadi et l'océan Atlantique. Le corps, sans tête ni mains, en état de décomposition, retrouvé par un pêcheur dans le fleuve Zaïre, est de race blanche (4 septembre). _ APARTHEID ........ En plus de sa campagne de boycott actif des produits sudafricains vendus en France, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) demande maintenant d'autres sanctions contre les racistes de Pretoria : que les banques françaises ne leur accordent aucune facilité nouvelle pour le remboursement des milliards qui sont dus et refusent tout nouveau prêt; qu'on cesse les relations économiques avec l'Afrique du Sud, et en premier lieu qu'on ne renouvelle pas le contrat charbonnier qui arrive à échéance dans quelques mois (5 septembre). _ SERIES NOIRES - A la SNCF, les séries noires continuent. Après l'accident atroce du train Corail à Flaujac (trente-cinq victimes) et le déraillement du rapide Paris Port-Bou, un autre train happe une voiture à un passage à niveau près de Saint-Pierre-deQuiberon. Bilan: deux morts, la conductrice et son passager (7 septembre). TUERIE Un mineur de dix-sept ans avoue avoir poignardé son père et sa mère âgés tous deux de cinquante- cinq ans aux Houches, petite commune de la vallée de Chamonix, dans la Haute-Savoie (8 septembre). TETES La tête d'un Tunisien, Kami! Labidi, vingt et un ans, est découverte dans l'escalier d'un parking de voiture situé sur la place de la Liberté à Toulon (7-8 septembre). _ BOAT PEOPLE - Le commandant du navire grec qui avait balancé par dessus bord des passagers clandestins nigériens, dans une mer infestée de requins, est jugé à Athènes (8 septembre). _ 10 000 DOLLARS _ Jesse Jackson, ancien candidat à l'investiture pour l'élection présidentielle américaine de 1984, a remis un chèque de 10 000 dollars à la fille de Nelson Mandela, opposant au régime raciste de Pretoria, emprisonné depuis vingt-deux ans, pour aider à la reconstitution d'une clinique détruite dans un attentat à Brandfort en Afrique du Sud (9 septembre). BADGE Traditionnelle fête de l'Humanité au parc paysager de la Courneuve. Le badge qu'édite le MRAP, signe de solidarité avec ceux qui luttent contre l'apartheid en Afrique du Sud s'arrache comme des petits pains (15 septembre). _ COINCIDENCE_ Pour la première fois depuis longtemps, les années nouvelles juives et musulmanes commencent le même jour (16 septembre). 10 septembre 85 : Birmingham s'enflamme. _ P'TITS GARS _ Des jeunes gens bien tranquilles, portant croix gammées et brassards de la L VF, taquinent un peu virilement de jeunes juifs qui avaient le çulot de porter la kipa en public. La foule, et parmi eux des Antillais, a l'audace de vouloir leur faire regretter ça. Heureusement, la police intervient pour protéger les néonazis, qui n'ont pas été interpellés (15 septembre). NORD-SUD Grande manifestation culturelle à la Défense pour sensibiliser la jeunesse au dialogue avec les pays du tiers monde. De la musique dans tous les coins (21 septembre). DREUX M. Hieaux, maire de Dreux, vient une nouvelle fois d'interdire au MRAP de tenir un stand à la fête de la ville. Prétexte : le MRAP serait une organisation parapolitique. Lui ne fait pas de politique, il dit seulement, dans un éditorial de la revue municipale, titré « Une Différences - n° 49 - Octobre 1985 ville fraternelle », qu'il est « inévitable que la présence de plus de 20 % d'étrangers dans une ville pose des problèmes, surtout lorsqu'il n'y a pas de travail pour tout le monde. » (13 septembre). COLLEURS Dans le 20' arrondissement de Paris, rue des Pyrénées, plusieurs passants sont agressés par des colleurs d'affiches du Front national. Quelques-uns ont été agressés à la bombe lacrymogène, une jeune femme enceinte s'en tire avec trois dents cassées. Précision: le teint ambré des victimes ne devait rien au bronzage estival (19 septembre). AVIGNON Un jeune Algérien de quinze ans, qui circulait en mobylette, est abattu à Avignon. D'après les témoins, une voiture s'est portée à sa hauteur, un coup de feu a claqué, Abdellatif est mort sur le coup. Le MRAP a organisé une manifestation (19 septembre). _ DERNIERE MINUTE _ On se souvient de la tuerie de Chateaubriand, en décembre 1984. Un homme, Frédéric Boulay, avait posément vidé le chargeur de son fusil sur les occupants d'un salon de thé turc. Il y avait eu deux morts, trois blessés graves et quinze blessés légers. On avait, à l'époque, présenté l'assassin comme un « demeuré »irresponsable. L'affaire vient devant les assises. Pour la première fois depuis l'extension de la loi contre le racisme aux crimes de sang, le MRAP a pu se constituer partie civile et avoir accès au dossier. Les militants de Nantes se sont alors aperçus que le jeune homme en question n'avait pas agi sous le coup de la démence. Au contraire, son acte était le résultat d'un long processus. Fervent admirateur d'Hitler et de la solution finale, Frédéric Boulay se plaît à collectionner les insignes nazis. Partisan de Le Pen, il le trouve trop mou, mais il est content de voir que beaucoup de gens partagent ses idées. Dans sa propre famille, on n'est pas particulièrement choqué de ses thèses. On n'est pas particulièrement raciste non plus, mais on ne «fraye» pas avec les étrangers. Deux jours avant la tuerie, des militants d'extrême droite organisent une manifestation contre les marcheurs de Convergence. 'Boulay trouve ça bien de ne plus être seul. Puis il discute avec un ami du drame d'Epone, où ' un vigile vient d'abattre un Turc. Il en est très heureux. Il s'achète un fusil et des balles pour gros gibier, car «elles ne blessent pas, elles tuent » , et tire dans le tas. Boulay n'est pas seul. Le MRAP a découvert avec stupéfaction dans le dossier des dizaines de lettres de sympathie, des gens qui approuvaient son geste et manifestaient leur accord avec ses méthodes. Un commerçant avisé lui a même ènvoyé son catalogue d'insignes nazis, bifm que la vente en soit strictement interdite en France. Boulay n'est pas un demeuré. Le jury ne s'y est pas trompé, qui l'a condamné à perpétuité. (26 septembre). Chronique de MAHAMOUD AHMED WADAANE Il III DIFFERENCES •• LE BILAN La nouvelle loi sur la transparence de la presse fait obligation aux publications de donner le bilan et les comptes d'exploitation de l'année précédente. Les voici donc: 1 BILAN ACTIF 1984 / Il BILAN PASSIF 1984 Capital SOUSCrit non appel' (0) AA BNt - t - ExerCice N. clos r. : Amorti ... menta. provllions -2- Nat -3- ExerCice prec6dent (N- l) CIOl re : -N.e-t F'al, d·é~b", .. mlnt· ABI------------{AC~------------I------------I------------; j I-,F-"I~I-d,...I-'-ac,h-l-"".',.I-I-,t--d,é,--v--,II'"'-p-am-.-nt.,-·- --1 AD AE ~ Charlesn~..~ lo~nl~.~b'I~~t~l~at~d~ro~ItI::.:',~m~II~II"I-{AF AGttCharles:t12 janvier 2012 à 18:12 (UTC) 8 Fondl~mml.elll(') AH 6 000 AI~------j----6~0.0::.0::. --+---6--'-0.c.0.c.0-i ~ Autr •• lmmobillaatlonalncorporell.. AJ AKI-_ ___ _ ~ Avance. et acompta. lur Immoblllutlonl AL AM 1 Incorporell .. 1ll T"""'n" AN AOf-------j------- j---- ---i ~ 3 f-------__I ~ ~ ~n .. NC1lonl AP AOf---- ----t_- -----t_-- ----_t tIC ft Inltallatlonl lechnh;ju" , m,t'rt.1 .t ~ 1 outillage Indu.trI., AR AS ~ ~ Aut,," Immooilloatloni CCHlO",II.. AAVT 1~\WUf--------t-------t--------t .... i Immoblll .. tiona ln COUrl r" ~.A~vl~n~~"~ot~l~oo::m.:Pt~II~----------4AX AYf--------------t_------------t_------------_t Plrtlclpatlonl Al BA ~_ CharlesU-~--I -"'~~-.,-~~•. , -~~I-pa~rt~c'I~pa~tio~n-I---IBB BCf--------------t-------------t-------------i j Au"""t~_lmmoblll .. 1 BD BEf-------- t_------t_------_t ! P~~ BF BGf--------------t---Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)--t-----Charles--i I ~A.,-u~t"---"m-m-oo~III.- t.7' on-l~fl-n-'n-cl~é"-'I~·------IBH 24 000 BI~------------t_--~2~4~0~0*0--_+----~2~4~0*0*0---; TOTAL (1) BJ 30 000 BK/-__________t -___)_ U_ _ UU_U_ _- +_ ___~_ _ ~ l_JU ___1- Matl'r •• premièr8l. approvfalonnlmenta ell------____tBMf_------t----- --t-------i ~ Charlesoo-u-r-a ~'----p--rod~uC1~'on_~,-~--n,"__-------IBN B0f--------------t_------------t_------------_t ! ~ En cours de production de service. BP BQj_------t-------t-------i .; 1"~ ~ Produite Intenn6diairea et fini. BR es î ~ Ma""'ondl .. , BT BU,j_------t-------t-------i ~ ct Avaras et ~ ..... u c:onYI'III'deII SV BWf_------t_----,cn-,,-,.,,-- t_---,;-:;,.-,;C7n--; .. ' - ~ Cllent •• t compta,,01taché' (3). BX 19 960 BY 19 960 41 269 f ~ ~ Aut,a. Ctéan~, (3) BZ 29 383 CA f--------t----2"' 9,..,3"'8"'3--+------;4:78,---,,7"'3"8--t ~ t) ~ ~-C:a:p-""lta~-llOua-ccrit-a,t- -appe--;-;.'. -n-on "-",. -.: ----1 CS CC ~ " u Volau~ mOOlllé~. de pl",*"ant I_-----------+------------+-------- ---t s (dont actions proprn : ) CD CE e CharlesD~"-p-on~lb~il~~éa----------------~~ 3 172 CGf--------------t------r)'1~II~L --t------"4 Lb'~U~~ ~~i f-~L:g:'-Ch-h:ca':':ge'~ 'tat. .' d"·'o:-:-VlI-:cn:-:-ce~(;:;3;-:)·---1 CH CI f-------- t_------t_------_t ~ • j TOTAL (II) CJ /---;:-5:2::--;:'5715"--""CK 1-----------+----;5'C2;---c5;;15o--t------;;-94;:-;6"3P7i---l

! CIwQes; .;pri .......... ox"-· (III) CL f-------~ ~ 1 _de_des_1ions (I~ CM

Cl Ëcarta de conversion actn- M eN ~------{ ~ ~/-_L _ -,~T~OT~AL~GCharles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)ILCharles.CharlesC~O~_~8~25~1~5-~1~A~ _________ ~---~~j.L--Y-ll~---L----l-IL--46--)'I---; (2) part l moi:n5 d·un an ~ Renvoie : (1) Oont drolt au bail : 6 000 Charles (3) Part' pIus d'un an Charles---de-*-w---f--------------------------f-Charles-----------------t---------------------------; Immobiliution. : Stocks: Créances : Exercice N clos le : !Ne ~s reporte. le momlllt des ~""mest· 31.1 2.84 - t - ExerCice N· 1 clos le 31.12 . 83 -2- I-:oC.:a~PI.t::..:',: :O:C.:la:.:,.::ou::..:l",nd::..:IV.:l.d;:.::ue::,.. :(:..':.:.,.)"'(D:.:°::n.:t:,:v.::em_____ ________- -')'______---l DA 20 000 20 000 I-:P,:.:'I::::m.::es:..:d:.'.é:::m.::l:s::::sio:::n':: .:d:::e,:.:fu:::'l:o::::.:n,..::d'-SP:!:OO:::rt..'::.:::"._ _____________- --lDB I_-----__t--- ---____t ~E~rt.:::S~d~SCharlesév.~'u.t~lon~(~2)~·--------------------+oCj_------t------_i I-:R~é:::.a::..N:::a::.:'~.g.:.:'.::..:(:::3)::..--~-~---------------~oDI_------r-------, I-:R..ON~a~'.::.t.::.tut.::.,':::a:::'o:.:u:::c:::o:n:t:':..::.c:.:tu:::a:::".:::s _- -------_____- 4 DE I_------r-------, ~R::.é:~.a~N~.~. Charlesgl.m~.::.:nté..~(3~)(~4~)------------------1DF j_------t-------i Autres réserves DG I-:~Re::.:oo.:r::t.:àn::o.:::..vu:e::a::u.:------------------------lDHI-71~2~4~1~6~874~--t-71~3~8~7~0~6~1~----t f7R:::ES:.:U:.::l.T:.A::::T.c:"0",E...l::.,:E· ::X:E:::R.:"C,:.I.C::.:E:...:(c::b:é::n.:é::,f:ic:::.:o:...:o:..:u-'po".e:.!)_ _________- --l 01 199 429 145 377 ~S:.:u::b.:ve::n:t::l::o:n:::':..:d:.:j·n::.:v:::.s:t:.l::•.•: em::::.::n.::t:.. -------------____- 4 DJ I_- -----r-- -----, ~P:.:':.:VO:::I'l:o::::::n':.:'.::é'ge~ ::::m.::.n:::té~e.·-----------------------~ _~ DKr_12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)_t12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)~_i ~.__+~~--~~--~--Charles---------------------T::O:.:T.:::A:::L~(n~DL - 1 022 255 1 221 684 ~~ ~P~'OO~ui~td:.e.:~s ém-I.:...:Ojn~.~d~otit:.~..:~S~P.~rt:...:IC~PI~at~Ib_ ______________ _+DMI_-------r- -----____t .. g. Avances conditionnées ON j~ 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)~~------------------------------~TOTAL~(~II~) DOr------------t---------i ~P~ro:.V.:SIio~n~.~pou::..'::..n.::Que.-------------------__+DPI_------r------____t Provisions pour charges Da 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)~~----------------------------~T~OTA~L~(~II~I) DRr-----------;--------------l ~E::..m~p'~u:n:.t:.o:.b:~li~g.t.::..ire:..:.~n:~:..::.r.tlb'e.----------------__+ D81------__t------____t I-:~AU:t:~.::::s:::e::.:mp'un.:::t:..:O~OlIgc::ot~oi'a~'~~--~-~~---------~DTj_-Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)-t--Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)_i ~E::..m~p'u:n:.t.. etd.tt~a.~.u~:P:.~::':..~O~.t~.b~II~.H~m~e-n~t'Charlesc~~'~It~(6~) __________________- -iDUr-___~ 21~0~0~4 __+ -____ ~9~9~6~5~7 __, ~E~mp~ru"n't.~~.t~dett~e~. ~fin.n~cléCharles.di~ve~~(~7)------______________________- -iDVr-___~ ~û~~1~1~1 __+ -____ ~7~7~0~6~1 __, I-:A v.n::oe::.:.et.oom~p~~.::~.:~u'::'u':::oom::.:m:::a::.:ndo..nCharles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)-----------------------lDWr---Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)_t----Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)_; ~D~e~tt:a.:.~r~ou~mI.Hu~"at~oom~pt~.~.~"~tt~ac::.h. é.~------____________________- -iDXr-___3 ~54)~~88~6_T----~4~31~2Charles4--, ~D:.e:::.:":e::.:..f:;.~le.~e:::t~eoc'.'e'~------------------------------------4DYr-___1 LU79~~80~7_t----~20~0 ~5~50--~ ~D:::att:e::.:::.u';m::.:mo::.:biliS.ito::.:n.e:.:t~~:.:~mpta."".Ch.' ________________________- --lDZj_--------~_t----Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)_; Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)Aut"~~.de~"eo~------------------------------------------,~r---_~2~~9~66~0_t------~;Charles291~,4_; c.. m~:. P,OOult. constatés d'avance (5) EB I--::-~IJ.~I'.;?3~n~l ~2-t---:;-~IJ.~{,;!+_1_'n;1 3~I:f-~-i 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)Charles----------------------~T~OTA~L~(~I~~ECr-~1~1~04~7~7~0 _ +_~1~3~4~6~3~21--_; '-------- --- t carts de conversion passIf- M EO ----------____ --l TOTAL GENERAL (lé ~ EE 82 515 124 637 (Ne PIS rl'PO"er le montl nt des cen tlmes)- France -,- Exercice N. clos le : 31.12.84 Exportation Totai -2~ -3- ~v~e-nte~l-de-m-a-r~ch-o-nd-la~e~.·------4FAt-------------~FBf----__ ~8~9~2~6--1FC 8 926 ! bien, Fo FE FF I-----~---+ Production vendu. 1-::::-:::-__ -::-::-:-__ ...;.,;:';;.;erv.;.;IC8'·-4FG FH 1 488 406 FI r1;--;4:.;:8;,;8,....,;.40;;,6;;---t Chwtr.d'atfal_net" FJ FK FL/-1.:...-4:..:9...:.7-..3::..;32--__t r.12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)Ion~'Charles·~~----------------------__________________ ~FMf--____________ 4 r.~~:::uCharlesn.;.;lm~moe~7111~7..~·------------------------------------------4FNr-------------_+ r.s~u-~~n~fl~~'~d.-.~~lo-~-H~oo~~--~~_:_:_Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)--~------------------4F0r---__________ _+ f-R:-:-e~~_H~a~'u~r~a-mo~rt~I~~-e~n~t'~e:.:t~PCharles'I~on~..~~::..::..n~'~rt::..::..de~CCharlesrge~.~· __________________ _IFPI_--Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)--_+ f-ACharlesI::.:p~rod::..::..u~~I...:.(1~) _________________ -~~ __ Charles--12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)Far_~~19~7T-0~4~7~--t Achat, de marchandlH' (y com~. droite de douane~otal daa produits d'axploltatlon (2) (1) ~: f--..:.l-6..:.9~4-3..:.7..:.9_ _- + ~variatlon~dea~~(_Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)dI.~u)·Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)------------------~~r-----------t t-Acha~t~'-::-de:-:-mat;-:I6~"'..:"~pre~m~I"6-'.:a..~e.,:.ta '-_:-:-approvI~:-:alon~_--nta-:--c(~y-co-m-~-:a~dro-:l::-ta-de:--:doua,---no-:)·- ---j FU 1---:5-8:-5::-:9:':0:':7:------t f-v~.~ri~a~.:::::..de'~~..:'(::..m.:.Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)'~pre~m~I~~aCharlesapprovI~::..::..Ion::.:::.:Mm::.:::.:Charles)---------------------jFV,t----Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)--_j I-:A::.:~~"::..:.ch::.:at:•:. .::~:,:chc.:~~'~e~e::.:m•e~ . ;.;(3~)·,--------------------------________- jPWt--__~ 2~9~5~0~0~3~--t r.1~m7~~t._:._:tax~ea~e::-t_:v~-:me:--nt-a-.-a.-lm-I-lé-.·--------------____________________ -j~r_--~-:4~5~5~9:__--+ Salal""Charlesementl· FY 452 758 t-Oh-arge--'-Charles-:le-'--~-----------------------------------------jFZI---..:'1~772-872~8---; ~ ! -..... Sur ImmoblllHflona , -dotation.- au-x -am-or-ttu-em,e-nta-- ------------+GAI ---------t ~ ~ - dota~. aux proytalona GB ~ ~ Sur .etH circulant : dotatlona aux proytalona· GC 1-------, 8 ~ Pour riaque. et ch~a , dota~. aux provision, GD t---------_+ Autrea chargea Total daa chargea d'axploltatlon (4) (II) Charles:;:1 5~1~1~0~5~5~ 1 - RElIULTAT D·EXPLOITAnON (1 - 11) GG 183 324 f--.-.~---rCharles-:~~-a~ttrl7.~-.~~-~-rte-:~..:'n12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)·--------------------------------(l~I~Q...,GHt----Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)---j 1ft """"" Perte aupportée ou b6n6fiee ~n~rfl· (IV) GIj_------------4 ~Prod~u7.~_:a_::_fln_:~i. ~.-oe -~~-~_:Charlesa~(5..:.)~--_:_:_Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC):--:~-------------1GJr-------------_+ I-Prod~u-~~a-:cde_a:;_:.-~~a-ve~l6~u~~mob~II~ICharlesM12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)::.::.:•. .:'de~I·.:::..:~.:..rn::.:::.:mob::.:::..iIIM.:..;.;(5~) ____________ _tGKr_------------_+ f-:'A~::.:::.:"'.~in::..~~rfl~ta~MCharles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)u~a~auNm::.:II.~a~(5~) _______________ --------------__t GL,t--------------4 r.:ReP7nH~a~aur~proyt~.~Ion~aCharlestre:.::n~::.:::..rta~de~cha~rgea~---------------------______ 4 GM DlfI.",nee. pooItlvel de ch~ge GNI-------, f-:'prod~u7.it-a-ne~t.'--~-r-oe-.-:.-: -Io-n.-d~e~~-I6~U-~--~~I~~--~deCharles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)---rn~--------------------tGol--------------+ Total - produits f1nanc:Jera (V) GP/-________ 4 ~ r.-Do~tCharlesi~-a~fl-n:-:-a-~~i~a~-a~ux~am-ort~I~~me~rn-.-12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)~OO::...:::.·_ _______________________~ Gar-------------~ ~.~ f-:'lnté~rfl:.:;tl:..":.:tChc.:.:.:.:rg::.:e.:.a..::a. i.m :::.lI::.é:e.:a:...:(:::e)'--______________________ _1 GRj_---"5'- ...8. ",,.6. .1 ,--_{ ~U~ ~DlfI::.:é"'neean~é'-"gat::.:ivea:.:de::::::chan.:!geé:.---------,--------_____ __1 GSI_--------1 Q ~ rC;.::h.:::;'g::e.::.ne:.:t1:::e•::. . .::.u:;r.:ce::;.:.:::::iO::;:n.:::dev;:a;::I.::;u"'mobi;;:liè::;"':::.;.::de:.:..::p;:la;:;cema:.::::-::nt:-.:-__- :-__- ::,--"""':':---::-:::-I GTI_-------------1 r.2;---;R~.::su;';;IL;::;T;':;A:;T-;;F1;;;N;;:A;;:;NCI;7.;ER:+..CV:;-:;V;?I);;-;;-;:--:-;;:--:::-:-~T-ota-;;l;;_-des_ ch_ al Ve 8_fi_'na__n_clèn_ts CV _I)..., Charles::::::;:"f:55;-':8~8616~1 ~--~ 3-RtsULTATCOURANTAVANTlMPOTS(I-II+III-IV+V-Vl) Gv, 177 463 Exercice N clos le ; INe ~I reponer le mon~ nl dei tentIlTlfI'S )- 31.12.84 -1- Produite exceptlonnela lur opération. de ge.tion HA 1_--2--8-:;.5.0.8---1 Produit. exceptionnels .ur o~ratlons en capital· HB I_---------i Reprlaea aur proviaion. et tranaferto da chargea HC /-__ -:-----__ ; Total daa produits exceptionnel. (7) CVII) HO /-__ -'2"'8~5~0~8"""""__t Charge •• xceptlonnelle. aur opération. d. g •• tlon HE 1_---"6'-"5"'4"'2~____t Charges exceptionnelles sur opérations en capital· HF 1-_______ -1 Dotations exceptlonnellas aux amortissements et proviSions HG 1-------~~--4 Total daa chargea axceptlonnel ... (7) (VIII) HH /-__. .!(ol..,. 5~41 2"-__t 3-RtsULTAT EXCEPTJONNEL (VI1-VlIQ HI n~ ~p~a~~I~clpa~tl~On~de~l~ul~ariéa~~a~uxfiu~lt.~de~I·~.~x~pa~n~.I~on-------------------------------(lCharlesHJt----Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)---j ImpOta aur lea b6néfleea· (X) HK f----------4 TOTAL DES PRODUITS (1 + III + V + VIQ HL t--l~7.,-,12.. 2.....w.. .w.88l,,--·7--1 TOTAL DES CHARGES (II + IV + VI + VIII + IX + ~ HM 1 523 458 4 - B':N':FlCE OU PERTE (total da. produits-total daa chergea) !lN /-......1 ~'19 ~94~2' :'-9-1 LES PIEDS SENSIBLES c'est l'affaire de III COMPTES DE RESULTAT DE L'EXERCICE 1984 Notre société dégage un résultat bénéficiaire , au 31 décembre 1984 de F 199 429. Toutefois, la situation nette reste négative de FI 022255, compte tenu des abonnements restant à servir passés en produits constatés d'avance pour F 467 302. Cette situation trouve son explication dans la structure initiale de l'exploitation. Créée avec un capital social de F 20 000 en 1981, notre société a dégagé pour les deux premiers exercices un déficit d'exploitation de : 1981 .......................... F 956 734,- 1982 ........................... F 424 400,- Ces résultats déficitaires résultent de l'engagement de frais très importants pour le lancement et l'édition de notre revue, frais qui ont grevé fortement le prix de revient. De plus, « Différences » ayant un caractère social, le prix de vente ne pouvait dépasser un certain plafond. A la suite de cette situation, des décisions énergiques sont intervenues au niveau de' la gestion et les résultats bénéficiaires dégagés pour les deux exercices suivants amorcent un redressement effectif : 1983 ................ ......... F 94 637,- 1984 ................ '.......... F 199 429,- Compte tenu des résultats obtenus, nous estimons que la situation nette redeviendra positive en 1989. Notre société ayant perdu plus de la moitié de son capital social, la poursuite de l'activité a été décidée par une assemblée générale extraordinaire. Le financement actuel de l'activité est asuré par le crédit fournisseurs et les abonnements restant à servir. Le tirage moyen de l'année 1984 a été de 14 637 exemplaires par numéro. La direction de « Différences» est assurée par Albert Lévy, gérant, JeanMichel Ollé, rédacteur en chef et Khaled Debbah, responsable de l'administration et de la gestion. 0 SULLY ~.~. J.B. FEIGENBAUM Confort, élégance, qualité, ' ';ft .- ldes chaussures faites pour marcher '--1 :-~ 85 rue de Sèvres J.i. oZ 5 rue du Louvre \.. ~ 53 bd de Strasbourg ,. 81 rue St· Lazare Du 34 au 43 féminin, du 38 au 48 masculin, six largeurs CATALOGUE GRATUIT: FOURREURMODELISTE Il, rue Saint .. Sébastien 75011 PARIS Tél. : 357.74.58 SULL Y. 85 rue de Sèvres, Paris 6" 1~::::::::5::%surp'és.n~ffond.c.ff.annonc.::::::::::::::::::::~ __ ::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::JIII Différences - n° 49 - Octobre 1985 Ceux d'hier: une cérémonie cc dans le désert )J au XVIIe siècle. -- ------- - - ,---.,----------- - - - - --- Des huguenots aux , protestants LA LONGUE CHE Ceux d'aujourd'hui: un office en 1985 Du bannissement au gouvernement, il a été long le chemin des protestants. Certains sont même allés plus loin, en Allemagne, en Afrique du Sud. Mais au . fait, y-a-t-il Wle cc différence protestante}) ? L'après Nantes ---.--... onversl•o n obligée PORTANT DEFENSES auxCatholiqlltsdewntlléler Mariage avec caudeL1 Religionprctenduë reformée. c v;::~ /, ( ".'1 # 1685. Jamais la gloire du RoiSoleil n'a tant rayonné. Partout victorieux, il a fait du royaume de France la première puissance européenne. Tout lui cède et chacun lui obéit. Tout, sauf quelques âmes rebelles, ces huguenots à qui son grandpère Henri IV a donné le droit de professer une religion différente de celle du monarque. Cette anomalie doit cesser. D'année en année, les garanties octroyées aux membres de la RPR (religion prétendue réformée, selon la dénonciation officielle de l'époque) ont été rognées par le pouvoir royal. Cette année-là, il y a exactement trois cents ans, Louis XIV décide de procéder au coup de balai définitif. Le 17 octobre, en son château de Fontainebleau, Louis le Grand supprime et révoque « l'Edit du Roi, notre dit aïeul, donné à Nantes au mois d'avril 1598». L'Edit de tolérance avait été déclaré « perpétuel et irrévocable». Celui de Fontainebleau l'est également. Il n'y a plus qu'une seule religion sur les terres des rois de France. Les protestants s'attendaient à voir diminuer encore les rares privilèges qui leur restaient. Mais cette décision brutale les prend de court. Ils partageaient avec les autres . sujets du royaume la foi monarchique et considéraient, d'une certaine manière, le pouvoir royal comme un défenseur face aux manigances et à l'agitation du clergé. Surtout, Ils n'imaginaient pas que Versailles préparât la plus intense persécution religieuse de l'histoire de France. Pour convaincre les huguenots de se convertir « à la Papauté », Louis XIV utilise de singuliers missionnaires, les dragons, grossiers soudards à qui toute licence est laissée pour trouver le moyen de faire rentrer les brebis égarées au bercail de leur Sainte Mère l'Eglise. Chaque famille de « religionnaires » est envahie de cette soldatesque qui pille, blasphème, brutalise, viole pour la plus grande gloire de Dieu. Ils occupent les villages, jusqu'à ce que la population réformée ait compris la nécessité d'obéir. Leurs méthodes sont si brutales que de nombreuses communes protestantes abjurent à la seule annonce qu'un détachement de dragons doit venir s'y établir. Deux à trois cent mille protestants s'enfuient, malgré la défense expresse qui leur en est faite, et l'on voit, sur les côtes atlantiques, ces boat-people de l'Ancien Régime quitter, la nuit, dans des embarcations de fortune et au péril de leur vie cette patrie qui les renie. Un exode d'ailleurs catastrophique pour l'économie du royaume et qui va considérablement favoriser les royaumes protestants rivaux de la France. Les conversions « dragonnes » sont-elles sincères? On se bien que non. armées du vont donc surer un pesant « service vente Les enfants des « nouveaux convertis» sont arrachés à leurs parents pour être élevés dans les collèges des jésuites ou chez les nonnes. Les mourants sont particulièrement surveillés. C'est là, en èffet, qu'on peut juger de la sincérité de leur foi catholique. Nombreux sont les huguenots qui « oublient» de demander les secours de la religion au moment de passer dans l'autre monde. Une instruction fait obligation aux médecins de prévenir le prêtre de toute maladie affectant un nouveau converti. Et si cette pieuse sollicitude ne suffit pas, que le huguenot J..l11IiJV14!l",nt refuse malgré tout le saint viatique, son cadavre nu dans la ville et jeté à la décharge est négligé pour s'assurer la soumission intérieure des nouveaux convertis. La soldatesque emmène son monde à la messe et vérifie que chacun a bien communié . Si quelqu'un recrache l'hostie qu'on lui a infligée de est scandale de ces communions sacrilèges révolte jusqu'à certains évêques qui tentent de les empêcher. Le pape Innocent XI lui-même, pourtant fort satisfait de l'Edit de Révocation, élève mollement la voix contre les dragonnades. Les hommes de troupe n'en ont cure. Le roi l'ordonne et les nouveaux convertis avaleront le saint sacrement de gré ou de force. La révocation est une réussite. Les protestants formaient environ 10 % de la population française au début du XVIIe siècle. Ils ne dépasseront jamais plus les 2 %. Mais ce qu'ils perdent en nombre, peut-être le gagnent-ils en influence. L'inspiration des Camisards et des huguenots qui se réunissent secrètement au «désert» se retrouvera constamment dans une communauté échaudée par les persécutions et passionnément attachée à la tolérance. Un an à peine après la révocation, Pierre Bayle, un protestant français exilé à Rotterdam inaugure le siècle des Lumières en publiant son Traité de tolérance universelle. Il y réclame la liberté de penser pour le « juif, païen, mahométan, romain, luthérien, calviniste, arménien, socinien ... » Le mot « tolérance » lui-même change de sens. Il ne s'agit plus d'une concession accordée par le prince à ceux qui ne partagent pas sa foi, mais d'une vertu « universelle » à laquelle chacun est invité à se soumettre. Le droit divin, celui qu'a Dieu et ses mandants d'imposer la vérité, cède le pas devant un arrangement raisonnable entre hommes qui prient différemment mais refusent de s'étriper pour quelques paragraphes dans les livres de théologie. La question protestante est également au coeur du Traité sur la tolérance écrit par Voltaire en 1763 dans la foulée de l'affaire Calas. Jean Calas, négociant toulousain, professe la foi calviniste. Son fils, Marc-Antoine, de tempérament neurasthénique, se suicide à l'âge de vingt-neuf ans. La rumeur accuse le père d'avoir étranglé le fils pour l'empêcher de se convertir à la papauté. Tout n'est qu'invention, mais la passion s'empare du public. Jean Calas est jugé, condamné, roué vif. Le tout dans une étranger atmosphère de passion médiévale. Un moine arrache quelques dents au cadavre du suicidé, présumé martyr de la vraie foi, pour en faire des reliques. Des miracles se produisent. La tombe du malheureux devient un moment lieu de pèlerinage. Voltaire mobilise l'opinion philosophique contre ce crime de ' l'obscurantisme et Calas est réhabilité. Lors de la Révolution française, c'est un protestant, Rabaut de SaintEtienne, qui se fait l'avocat de la tolérance à l'Assemblée constituante de 1789 : « Je demande donc, Messieurs, pour les protestants français, pour tous les non-catholiques du royaume, ce que vous demanderez pour vous, la liberté et l'égalité des droits.» Les protestants sont affranchis de toute discrimination le 23 décembre 1789. Du reste, Rabaut plaide également pour les juifs, « Ce peuple arraché de l'Asie, toujours errant, toujours proscrit, toujours persécurté depuis plus de dix-huit siècles, qui prendrait nos moeurs et nos usages si, par nos lois, il était incorporé avec nous ». L'émancipation des juifs sera votée le 27 septembre 1791. On retrouvera longtemps les protestants français dans les combats pour la république et la tolérance. Lorsqu'en 1851 Louis-Napoléon Bonaparte fait plébisciter son coup d'Etat contre la République, les cantons protestants sont les plus réticents. Mulhouse vote non à 60 %, comme certaines localités de l'Ardèche et de la Drôme où est encore vif le souvenir des persécutions. Dans les premiers gouvernements républicains de «la Troisième », on compte de nombreux ministres protestants et, dans l'ensemble, les églises réformées sont favorables aux lois laïques et à la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Le premier homme politique d'envergure à prendre parti pour le capitaine Alfred Dreyfus, injustement condamné à la déportation, est le vice-président du Sénat, Scheurer-Kestner, un luthérien d'Alsace. Un curé du diocèse de Bayeux, dans une souscription recueillie lors de l'affaire par le journal antisémite la Libre Parole, écrit significativement : « A bas les républicains de tout acabit.' youpins, huguenots, francs-maçons et tous les enjuivés comme eux.» Bel hommage du vice à la vertu, de l'intolérance à cet esprit de justice et de résistance qui a souvent fleuri, depuis les persécutions de Louis XIV, dans la communauté protestante de France. 0 JiJ\N-LOUIS St\GOT -OlJ'V,\UROUX Différences - n° 49 - Octobre 1985 France-Allemagne a vague huguenote r2~~!ICharlesoe~~ Les milieux réformés français ",/~--',;y,.- se sont étonnés du regain d'intérêt suscité par l'imminence de la date anniversaire de la révocation par Louis , XIV de l'édit de Tolérance, • que ce soit à l'Elysée - il y a beaucoup de protestants •• ""tc'~~:~""'1..::;!~..;Charles parmi les « hommes du Président » - à Apostrophe, dans la presse ou l'épiscopat catholique. Une exposition itinérante franco-allemande, organisée par le Quai d'Orsay et le Goethe-Institut, des services religieux franco-allemands, plus un livre publié simultanément dans les deux langues où l'on trouve, parmi les signataires, un des fleurons de la pensée conservatrice allemande, Rudolf von Thadden. A Paris, un meeting et un colloque protestants « unitaires » : on n'arrête plus. Le tourisme huguenotisant bat son plein: des Allemands furètent dans les campagnes auvergnates, dauphinoises, gasconnes ou languedociennes, à la recherche de leurs racines, des Français cherchent trace de leurs « cousins» émigrés en Hesse ou Brandebourg. Ce regain d'intérêt relèt'e-t-il seulement du folklore ou bien d'une culpabilité posthume? Cette vague, cette vogue n'épargne même pas la très laïque RDA, où l'on a cependant célébré avec faste le cinq centième anniversaire de Martin Luther en 1983, ce qui était déjà assez étonnant en soi : la tradition marxiste avait longtemps sympathisé plutôt avec le « frère ennemi », le révolutionnaire Thomas Münzer, grand agitateur devant l'Eternel. L'église huguenote de Berlin-Est reçoit de plus en plus de courrier d'Est-Allemands en quête d'ascendants poitevins, saintongeais ou normands. Le pasteur de la paroisse réformée de Berlin, une des dix que compte la RDA, assimile cette mode au virus de la particule, du «von », qui a atteint nombre d'Allemands démocratiques. Mais avoir un nom à consonance française n'est pas automatiquement synonyme d'ascendance huguenote: quarante mille Français se réfugièrent à leur tour outreRhin après 1789. En tout cas, le prestige mythique des huguenots français a survécu à trois siècles d'une histoire dont Dieu sait qu'elle fut tourmentée. « Toutes nations, louez l'éternel, tout peuple célébrez-le, car sa gratuité est grande sur nous et la vérité de l'Eternel ,-----_._._._-- DRA G ON '0} 1'\1 S f 0 N N E H.E ".- . --- - ~ ____________ -~ __ ~--~--------~ Le Roi : c D chassa les bro u illards , de , Calvin " par cc fine 1 politique " r;:---------------.-- IAPP EL ;~r~~t9 e {;'9 u.e~ r-.. - -·------------.. · l ~I e,r e li ~ lC.e .f ,. J\ CLIù/: J a 1 C CHUU.· -r .J i () 1\ Une lithographie de G. Engeimann, du XVIIe siècle: Les dragonnades qui semèrent la terreur à partir de 1685 et obligèrent près de trois cent mille protestants à fuir. La riposte huguenotte:

les caricatures

de leurs persécuteurs Le général : cc J'ai violé, tué, pillé" demeure toujours. Louez l'Eternel» : ce psaume, le 117, est inscrit sur une gravure de 1740 conservée au musée des Huguenots de Berlin-Est, place de l'Académie. Il est .gravé entre les cordes d'une harpe de David qui se transforment en fleuves irriguant des contrées symbolisées par des îles prospères. Au centre de la gravure, l'arbre le plus florissant - les Etats du Roy de Prusse et la Hollande - est flanqué de deux harpes bien droites. Sous lui, les autres contrées bénies sont «la Suède, le Danemark, les Pays-Bas espagnols et l'Angleterre ». La France, elle, est représentée par un désert aride sur lequel finit de mourir un arbre désséché, auquel pendouille une harpe dépouillée de ses cordes. « La Hongrie », quant à elle, a encore quelques feuilles et une harpe gît à ses pieds, encore munie de cordes, mais on voit bien qu'elle n'en a plus pour très longtemps. Cette gravure illustre un de ces nombreux livres de psaumes de David, «mis en rime Françoise par Clément Marot et Théodore de Bèze » et imprimés à Genève, sauvés des rafles des dragons et des mission- La révocation de l'Edit de Nantes: une déchirore naires bottés du très catholique Roy de France. Ils ont souvent la taille d'un tract chilien: ils peuvent se cacher dans la paume d'une main. On en retrouve partout où des huguenots prirent pied et firent souche, mais particulièrement à Hofgeismar, en RFA, où ils sont actuellement exposés, et à Berlin-Est, où la petite paroisse réformée - ils ne sont plus que deux cent soixante-dix, âgés de plus de 50 ans, ils étaient cinq cents il y a dix ans - n'en revient pas encore des honneurs qui lui sont rendus. L'église des Français de la Friedrichstadt, à la construction de laquelle le Grand Electeur de Prusse, Frédéric dit le Grand, avait donné le feu vert en 1700, avait, ainsi que la coupole panthéonisante construite plus tard et abritant un musée huguenot depuis 1935, été détruite le 7 mai 1944. Après des décennies de vie de bunker, les Réformés ont été {( mis en vitrine» par l'État : à l'église, à la bibliothèque et au musée va bientôt s'ajouter une «Weinstube ", un bistrot où l'on boira du vin rouge bien de chez nous, une première audacieuse qui fait l'unanimité . Ce regain d'intérêt relève-t-il seulement du folklore ou d'une culpabilité posthume? Ou bien faut-il y voir un autre effet indirect de la « bombe Khomeiny », entendez par là le regain de ferveur religieuse des peuples d'Orient? Ces questions posées, il faut reconnaître le caractère impressionnant de l'exode huguenot, qui n'eut pas de pareil dans l'histoire de France. Le pays perdit quatre cent mille habitants en un siècle, avant et après la Révocation de 1685. Ce fut une émigration massive de familles, de commu- L'a che- nautés, d'entreprises entières. Des régions se vidèrent de vêque : leurs plus dynamiques artisans, négociants, ouvriers et cc L, manufacturiers, vignerons et intellectuels. grtind Les conséquences à court et à long termes furent Louis Considérables. Commémorant en 1885 la révocation, et Albert Sorel écrivait dans Le Temps que la révocation moi « marque une déviation dans l'histoire de France et l'on voit selOns se former dans le sol de la patrie une déchirure quL Wl s'élargissant inces:;amment finira par découvrir un abîme ». jour j En termes moins grandiloquents, Louis XIV, Louvois,. et la au ~ : Maintenon semèrent les graines d'une haine qui devait ~ I ~ raDg ~ ! exploser un siècle plus tard et, de plus, provoquèrent par ...... deS :s leurs persécutions un retard de l'industrie et du capitalisme I12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)Charles 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC) ___ 12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)~sCharlest~s~"~;~~·l.12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)~----~fr~a~n~ç~aoe~·~e~n~c:o~re~s~e~ns~ib~le~au~j~oUI~d~'h~lli~·~. __________________ 1111 Différences - n° 49 - Octobre 1985 La force de l'exode huguenot a une double cause : la poussée et l'attirance. La poussée, c'est la persécution en France. L'attirance, ce sont les besoins économiques, militaires et culturels des « importateurs» particulièrement, dans une Allemagne saignée par la guerre de Trente Ans, le Landgrave de Hesse et le Grand Electeur de Prusse et Brandebourg. Ce dernier émet un édit à Postdam exactement un an avant la révocation de l'édit de Nantes, ainsi que le Landgrave de Hesse, en avril 1685. Les deux édits proclament l'ouverture aux huguenots, assortie de conditions mirobolantes préfigurant les ponts d'or faits aux sociétés multinationales par certains pays du tiers monde pour drainer des industries dans les «zones de libre échange » de Singapour ou du Sri-Lanka. Prêts d'établissement, construction de villes et bien sûr de temples, exemption d'impôts. Mêmes mesures alléchantes pour les huguenots recrutés par la Compagnie des Indes à Amsterdam, dont les directeurs décident de peupler la colonie du Cap, qui n'était alors qu'un comptoir sur la route des Indes et de l'Insulinde. Ces vignerons et tonneliers, chirurgiens et pasteurs, charpentiers et éleveurs jetèrent les bases de la transformation du comptoir en colonie au sens plein. Il y eut bien des conflits dans les premières années avec l'autorité hollandaise : les enfants de Dieu étaient même de sacrés emmerdeurs! Deux générations plus tard, ils étaient de bons esclavagistes et leurs descendants, les Duplessis et autres Dujardin, donnent d'amples preuves de cette vérité : pas plus qu'on n'emporte la patrie à la semelle de ses souliers, on ne transmet une doctrine par ses gènes.. . • FAUsrO GlUBle.: Aujourd'hui e repos des guerriers ~'I.i:.o Etre protestant aujourd'hui, qu'est-ce que ça veut dire? Elisabeth Labrousse, qui vient de faire de cette question un livre répond. « C'est, par exemple, être extrêmement conscient du fait qu'en Mrique du Sud nos frères sont en majorité de peau noire, et non ces crétins blancs qui descendent des huguenots, dont l'Eglise est d'ailleurs exclue de l'Alliance réformée mondiale. Il y a, bien sÛT, des exceptions dont il faut parler, mais le point de Des exceptions? «Oui, le pasteur Naudé, certainement d'ascendance huguenote. Il a soixante-seize ans. Il a été libéré il y a quelques mois de dix ans de bannissement. Il était assigné à résidence, réduit au silence pour son combat contre l'apartheid. Il était tout ce qu'il y a de plus chic chez les Mrikanders, mais il choisit. Les huguenots, poursuit -elle, étaient à la fois des réfugiés politiques, des exilés et des travailleurs migrants. Comme réformés, nous avons le devoir d'être attentifs à ce genre de gens aujourd'hui. Même son de cloche outre-Rhin, chez l'enseignant Klaus Wicke, qui préside le Comité de commémoration de la Révocation de Carlsdorf, un bastion huguenot du pays de Hesse,' «Nous devons aujourd'hui penser au sort des huguenots dans notre attitude face aux Turcs et autres minorités. » « Je suis solidaire de tous les réfugiés politiques, de tous les migrants» Elisabeth Labrousse reprend ,' «Dans mon programme personnel, il y a en premier l'ouverture de mosquées partout en France. C'est quand même la deuxième confession de France! Deuxièmement, ce qui m'mtéresse, c'est l'ouverture, à côté de la mosquée, d'un centre culturel pour que les jeunes Maghrébins ne se retrouvent pas dans un no man's land, dans le même no man's land que ces malheureux huguenots qui tentaient de faire pousser de la vigne en Irlande! Je suis donc solidaire de tous les réfugiés politiques, de tous les migrants. Entre parenthèses, ils étaient bien mieux accueillis au XVIIe siècle que nous ne le faisons aujourd'hui. » Sont-ils nombreux à penser comme Elisabeth Labrousse, les protestants français ? «Ils ne sont pas majoritaires. La gauche l'était chez les protestants jusqu'en 1939-1940. Avant 1914, ils étaient dreyfusards à 90 %. Finies les belles histoires comme celle de ce patron d'usine protestant d'avant-guerre qui votait communiste, tandis que ses ouvriers catholiques votaient à droite. Mais ils se sont embourgeoisés. » Pourquoi donc? « C'est un des malheurs du minoritaire, protestant ou juif. Il s'embourgeoise facilement. C'est une tradition. Dans mon village de Gascogne, il y a une vieille dame de mon âge. Elle a toujours vendu des légumes. Ses quatre fils sont l'un médecin, les trois autres enseignants. Depuis le XVIIe siècle, même chez les paysans pauvres réformés, il y avait à la fois ce fameux goût du travail et cette manie de lire qui faisait qu'il y avait moins d'analphabètes chez eux que chez les catholiques. En régime capitaliste, le goût du travail, c'est formidable ! Vertueux, sobres, travailleurs, énergiques : ajoutez-y les bourses d'Etat et ça donne un très fort décollage social! » Pour notre « camisarde » des droits de l'homme, l'actualité de la persécution et de l'exode huguenots est sans ambiguïté ,' «La Saint-Barthélémy, au fond, c'était OK : on tuait, on tuait beaucoup même. Mais la Révocation, c'est le chantage, c'est la définition même de la torture: il suffisait de dire un seul mot pour qu'on vous fiche la paix. Avant, on avait tué le corps, mais là on tuait l'âme en vous forçant à abjurer, c'est-à-dire à vous démentir vous-même. Mais, ~ notre époque, je me demande s'il y a beaucoup de gens qul comprennent ça ... » 0 F. G. . .. vue réformé refuse la succession des personnes et insiste III avant tout sur la fidélité individuelle à la doctrine. » I12 janvier 2012 à 18:12 (UTC)Charles------------------------------------------. QUELQUES REPERES SUR LES PROTESTANTS FRANÇAIS 1509 Naissance de Jean Cau vin, dit Calvin, à Noyon, en Picardie. 1534 Affaire dite des placards: de nombreuses affiches, dont une apposée sur la porte même de la chambre de François 1", reproduisent un pamphlet évangéliste qui condamne la pratique de la messe. C'est le début des heurts avec le pouvoir. 1536 Calvin publie, en latin la première version de son Institution de la religion chrétienne qu'il remaniera constamment. Il en donne une versionfrançaise en 1541, qu'on peut considérer comme un des premiers« monuments» de la languefrançaise. Calvin estime en effet que le message évangélique n'est pas seulement pour les clercs, mais aussi « pour servir à nos Français » . C'est à ce moment qu'il s'installe à Genève, d'où rayonnera son enseignement et sa doctrine jusqu'à lafin de sa vie. Il meurt en 1564. Le calvinisme se répand rapidement en France. En 1561, on comptait plus de deux mille églises réformées, essentiellement dans le Nord et l'Est, dans le sud-est, en Provence, et surtout au sud-est du Massif central, dans la vallée de la Loire et dans le sud-ouest. Les guerres de religion, qui commencent en 1559, mettent fin à l'extension du calvinisme, et durent jusqu'en 1598, date de la promulgation par Henri IV de l'Edit de Nantes, qui reconnaît aux protestants des pouvoirs politiques et Différences - n° 49 - Octobre 1985 militaires sur leurs zones d'influence. La révocation de l'Edit, près de cent ans plus tard, par Louis XIV, met fin à ces prérogatives et rend plus tragiques des oppositions qui, defait, n 'avaient guère cessé pendant la validité de l'Edit. C'est le temps des dragonnades, des con versions forcées, et des départs massifs en exil. Les persécutions continueront jusqu'à la Révolution. Pour la période actuelle, on se contentera de rappeler qu'il y a à peu près 750 000 protestants en France, toutes Eglises confondues. On cite traditionnellement, et non sans malice, les membres du gouvernement qui sont protestants, pour mesurer l'emprise d'un prétendu« pouvoir». Romain Marie, un des leaders de l'extrème droite intégriste, s'était signalé naguère à la Mutualité pour sa dénonciation, en bloc, des protestants, des francs-maçons et des juifs qui gouvernent la France. Citons pour mémoire l'action des protestants dans la Résistance pendant la guerre. Une plaque au Chambon-sur-Lignon rappelle l'action des Eglises qui ont permis le sauvetage de centaines d'enfants juifs pendant la guerre. Et, dans cette même tradition, il serait injuste d'oublier l'énorme travail en direction des défavorisés accompli depuis la fin de la guerre par la CIMADE, mouvement oecuménique fondé par des protestants. ClMADE, 176, rue de GreneUe, 75007 Paris. r---------------------______ ~ Il , IVRES __ ----------------~ De la banlieue parisienne à la Guyane française, y'a de l'ethnocide dans l'air ... La cause des peuples DE NULLE PART. On a déjà beaucoup écrit (1) sur la deuxième génération des travailleurs immigrés, mais ce livre, qui s'intitule « roman », est en réalité un document de valeur, qui apporte un éclairage plus vivant qu'aucun autre sur ces enfants de nulle part pris entre deux cultures, étrangers ici, français dans le pays d'origine de leurs parents. Brahim vit avec sa famille dans une cité de banlieue, « rendez-vous cosmopolite où quelques familles françaises côtoyaient des familles maliennes, italiennes, espagnoles, gitanes, maghrébines ; la cité vivait au rythme de la Méditerranée ». Cette "cité est le personnage principal du livre, décrite non par un écrivain qui invente, mais par un de ses habitants depuis l'enfance

nous vivons la préparation des

manifs, les jeux des gosses dans les terrains vagues, le violences de la police, la mort du petit Kader tué par les CRS, nous voyons les graffiti sur les murs, « les graffiti étaient leurs griffes pour se défendre ... » Le petit Kader assassiné effaça le sourire de Brahim. Brahim grandit, part le matin de la cité pour aller au collège, y revient le soir. «Parfois, je me demande, lui dit sa camarade Sophie, si on saura un jour complètement ce qu'on est » ... Bientôt, de la cité, c'est à la faculté de médecine que se rend Brahim. Mais il veut connaître le pays de ses parents, l'Algérie, et c'est en « volontaire du travail» qu'il ira: «Algérie humaine, Algérie vertige, Algérie passion, Algérie avenir ». .. Fascinante et Nacer Kettane La cité l'accueille à nouveau, « vaisseau fantôme perdu en pleine mer, seul le vent lui rend visite ; ancre jetée, désespoir en guise de voile, les lumières de la ville sont loin. Elles lui sont étrangères. Veilleuses d'autres mondes, elles sont le signal d'alarme pour les beaufs bedonnants. » Brahim termine ses études, tandis que gronde la cité menacée de démolition : « Il lui fallait exister par lui-même ... On ne trouve sa place que si l'on a su se rendre indispensable... Résister sans prier, vaincre sans obliger, s'imposer sans s'humilier. Ne mériter que de soi-même. » Merveilleuse et poétique évocation « du béton ruisselant» qui n'ent finit plus de gémir, de la vie de ceux que l'on côtoie sans les comprendre, sans les voir. • Le Sourire de Brahim, de Nacer Kettane, éd. Denoël. ANNIE LAURAN (1) Les Enfants de nulle part, d'Annie Lauran ; éd. Terre entière. Mon avenir, quel avenir? de Martine Charlot, Annie Lauran et Ahmed Ben Dhiab, éd. Casterman. INDIENS ET FRANÇAIS. En dehors d'une poignée de spécialistes, fort compétents d'ailleurs, peu de gens ont une idée, même vague, de la situation de quelque 4 (XX) Amérindiens qui vivent aujourd'hui sous tutelle de l'administration de la Guyane française, département d'Amérique du Sud. IIP;I décevante Algérie. -I--------------~~--~----------------------~ Cette ignorance est due essentiellement à une politique officielle de non-information. Eric Navet comble cette « lacune» dans ce livre. Après un rappel historique et un bilan de la situation présente des Indiens en Guyane française, il dénonce la politique de «francisation» actuellement mise en oeuvre, tentative d'ethnocide s'il en fut, une manière de rayer les Indiens de la carte, avec des conséquences culturelles catastrophiques. Pourtant, les Indiens ne sont pas morts, ni physiquement ni culturellement. Ils luttent pour rester des Indiens, pour un type de société parfaitement adapté à leur environnement, alors que la « francisation » les mène à la dépersonnalisation, à la clochardisation,au bidonville, à l'alcoolisme, à la prostitution. Et voilà que se profilent à l'horizon les vaisseaux du Club Méditerranée qui leur ont été miraculeusement épargnés jusqu'à présent. Un livre indispensable, alors que les événements de Nouvelle-Calédonie mettent en relief les luttes pour l'autonomie dans les DOM-TOM. • ROBERT PAC Camo pi, commune indienne ? La politique « indienne » de la France en Guyane en 1984, par Eric Navet, introduction de Jean Hurault, diffusion Inti et Géria éditeur, B.P. 29, 75462 Paris cedex 10, 30 F. Lire aussi Français et Indiens en Guyane, par Jean Hurault, collection 10/18 (n° 690). KIOSQUE! SELECTION LIVRES Les Lions de la nuit, de Azzedine Bounemeur, chez Gallimard. La révolte des gueux, version FLN. Meurtres à Atlanta, de James Baldwin. chez Stock. A partir de l'affaire d'Atlanta (23 enfants noirs assassinés en 1981), le célèbre écrivain noir américain s'interroge sur l'avenir de sa race dans un Occident qui leur refuse la dignité. Le Beau Monsieur de Cracovie et Contes pour enfants, de Isaac Bashevis Singer, chez Stock. Un recueil de nouvelles et un recueil de contes du grand écrivain yiddish né à Varsovie en 1904 et nobélisé en 1978. Moi je s'rai quelqu'un, de Hadley Irwin, chez Stock. Au début du siècle, tous les habitants noirs persécutés d'une petite ville américaine décidèrent d'émigrer vers un Canada plus accueillant. Cette histoire vraie est ici racontée à travers les sentiments d'un garçon de dix ans, qui est du voyage. 0 Différences - n° 49 - Octobre 1985 A MOT EGYPTE. Zayni Barakat a été écrit en 1971 par Gamal Ghitany, l'un des plus grands romanciers égyptiens contemporains, dont toute l'oeuvre est marquée, comme celle de la plupart des écrivains de sa génération, par le traumatisme provoqué par la défaite de 1967 contre Israël. Si le roman se situe au XVIe siècle, au moment de l'invasion du Caire par les armées ottomanes, en 1517, le parallèle avec l'époque actuelle est évident, et l'Egypte qu'il décrit ressemble fort à celle de Nasser, semblable à «un malade sans espoir, au bord des larmes, ou à une femme aux abois, terrifiée par la menace d'un rapt nocturne. Jusqu'au ciel qui est d'un bleu livide, d'une pureté incertaine, voilé par un brouillard venu d'ailleurs ». Gamal Ghitany A travers une écriture riche et complexe, dans un récit qui mêle la chronique historique et l'épopée mystique ou poétique, le ton froid et tranchant du rapport de police et les accents tendres et passionnés de l'amoureux déçu, Gamal Ghitany dénonce un système étatique policier mis en place par deux hommes, à la fois rivaux et complices, Zayna Barakat, Grand Censeur de la ville, et Zakariya Ibn Radi, grand maître de la police secrète. Ils rêvent tous deux du temps où leurs espions «seront capables de dire à l'instant même combien d'hommes sont en train de coucher avec leur femme, combien d'enfants habitent le ventre de leur mère ... et lequel de ces nouveau-nés sera amené à semer le désordre et le trouble. Tout savoir. Décider... oui, décider à qui revient le droit de naître et couper le mal à sa racine » . Dans ce système, tout homme peut être arrêté sur de simples rumeurs, et les poètes eux-mêmes sont au service de Zakariya. Par leurs chansons et leurs textes, ils peuvent faire ou défaire une réputation; allusion claire aux pressions exercées sur les intellectuels et au rôle que veulent leur faire jouer les dictatures, hier ou aujourd'hui, en Egypte et ailleurs. Le peuple n'est plus alors qu'« un troupeau qui va là où on le dirige, une vaste mer que le vent pousse là où il veut... » Et, au fond des cachots, les prisonniers perdent leur identité et deviennent de simples numéros. Ce thème sera d'ailleurs repris par Gamal Ghitany dans une nouvelle du recueil, Souvenirs de ce qui s'est passé (1978), dans laquelle les personnages sont désignés par des lettres (S, Y, madame K). Cependant, ce roman laisse encoce la place parfois à l'amour, à la poésie et à la sensualité; même un être aussi abject que Zakariya ' est capable de tendresse face à une femme, face à un enfant : « Contempler un enfant, pour Zakariya, c'est se retrouver seul avec soi-même. Délicatesse et fragilité de la vie encore neuve, douceur d'un duvet, tiédeur de la peau encore si tendre et si fine. Ah 1 si l'on pouvait toujours rester petit enfant 1 ... Il a parfois la conviction qu'il ne lui a jamais été donné de connaître un tel paradis. Pas le moindre souvenir d'une main caressante. » Mais l'amour est toujours source de haine ou de souffrance. Zakariya tue la seule femme qu'il ait jamais aimée, parce qu'elle l'a trahi, et l'amour impossible du jeune Saïd pour la fille de son maître le conduit à la folie. Alors certains tentent d'appeler Dieu à leur secours. « Lorsque le monde, aime à dire le Vénérable, vous apparaît sans horizon, infini, imperceptible immatériel - un monde immortel, à l'abri de la corruption -, lorsque l'océan vous fait face avec ses vagues qui s'enflent jusqu'à atteindre la taille d'une montagne et que la terre n'est plus qu'un rêve inaccessible, une illusion misérable, alors surgissent des forces étranges. Alors, à la face de l'infini, à la face d'un monde sans limites, on hurle. Un hurlement qui ira jusqu'à la montagne de Qaf, aux frontières de ce monde, un hurlement qui fera trembler la terre, qui figera les océans. Vie 1 Dieu est vie! Dieu existe! » Mais ce cri d'espoir est dérisoire, cet appel est inutile. A la fin du livre, Dieu est du côté des puissants. Les envahisseurs ottomans s'installent au Caire, mais Zayna Barakat reste et pour le peuple tout est toujours pareil, une oppression chasse l'autre et « nul n'échappe à l'étreinte de la mort ... ». 0 MARGUERITE ROLL/NOE Zayni Barakat., roman de Gamal Ghitany, traduit de l'arabe par Jean-François Foucade, éd. du Seuil, 1985 (85 F). ÉVÉNEMENT ____________________________ ~ Festival de Douarnenez, association Racine, festival d'Amiens: l'heure du cinéma noir américain sonne en France. __ Grand écran-- COTTON CLUB A DOUARNENEZ Douarnenez, septembre 1985 : à marée basse, la jetée découvre ses flancs chargés de mousse et laisse apparaître des colonies entières de coquillages, regroupées par paquets en affinités électives bien ordonnées. A l'image des hommes, aucune moule n'irait se commettre sur un banc d'huîtres, aucune palourde n'oserait se déclarer à un bernard-l'ermite. Pourtant, dans la France de la Seconde Guerre mondiale, un GI noir américain invite une Française à danser dans la Permission (1968), le premier film de Melvin Van Peebles, qui signera quelques années plus tard Watermelon Man , l'histoire d'un raciste blanc qui un beau jour se réveille tout noir. Bien fait pour sa gueule! Le Festival du cinéma des minorités nationales entendait faire fort en présentànt des productions spécifiquement noires américaines. Car, au fond, que sait-on de ce cinéma? Alors qu'il existe depuis près de soixante ans, ignoré, méprisé, étouffé par la majorité blanche ... C'est en réponse au film diaboliquement raciste de monsieur Griffith, Naissance d'une nation, tourné en 1915, que naîtra le cinéma noir avec Birth of a Race (1918) de Emmet J. Scott. Ouvrant ainsi à la communauté noire la voie de la contestation contemporaine. « Mutation socio-politique dans laquelle un ensemble de minorités, écrasées par l'idéologie blanche mâle et raciste, se sont reconnues à leur tour vers les années soixante, les femmes comme les homosexuels», nous dira William Greaves, le vétéran du cinéma direct, qui compte à son actif quelque deux cents longs et moyens métrages. Présent au festival avec des films comme From These Roots (1974), document sur la renaissance artistique sociale et politique de l'afro-Amérique, et Still a Brother (1967), un film qui décrit la « révolution mentale de la bourgeoisie noire confrontée à sa propre image dans ses rapports avec la classe noire dominée et la majorité blanche ». La voie de l'indépendance Entre 1920 et 1960, très peu de films blacks verront le jour et seront pour l'essentiel des comédies musicales de l'âge d'or du blues. Nous devons à Salah Webb (1) et à Thurman White (1) la plus ancienne collection de films noirs américains, dont Black and Tan (2) avec Duke Ellington et Jericho (3) avec le chanteur Paul Robeson. Bien d'autres films aussi. Comme Bronze Venus (1937), un grand classique interprété par Ralph Cooper et Lena Horne dans sa première apparition à l'écran. Rythm and blues Revue (1955), tourné au fameux Apollo Theatre à New York, dans lequel on retrouve le grand Duke, Lionel Hampton et Dinah Wishington. Saint Louis Blues (1929) avec la légendaire Bessie Smith. Broken Strings (1940) avec Clarence Muse. Et, enfin, Jivin in Bebep (1947) et Cab Calloway's Hi de Ho (1934). A part ces quelques trop rares monuments réalisés en marge de la manufacture hollywoodienne, et donc de la grandeur de l'Amérique, le black cinéma ne prendra son envol qu'avec la radicalisation des luttes de la sixième décennie de ce vingtième siècle. Il faudra attendre l'émergence des mouvements de revendication noirs, Black Muslims, Black Panthers et la campagne pour les droits civils pour que des séénaristes noirs soient invités à Hollywood et autant dire un peu récupérés. ~' ~ --------------------------------------------------------------------------------------------~ La Permission, de Melvin Van Peebles : le tabou des amours en noir et blanc. C'est ce qui arrive à Ossie Davis et Lorraine Hansberry. Le premier réalise Gone Are the Days (1963) et la seconde écrit A raisin , in the Sun. En 1964, Gordon Parks tourne The Learning Tree, et Ossie Davis Cotton Comes to Harlem. La sortie de Sweet Sweetback's Baadass song en 1971, le troisième film de l'indépendant Van Peebles, et son immense succès populaire marquent un renouveau du cinéma noir. Malgré quelques accents machistes, ce film est une claque magistrale à la domination blanche, et dès lors beaucoup de réalisateurs choisissent la voie de l'indépendance. Charles Burnett réalise Killer of Sheep en 1977 sur le thème de l'homme qui devient peu à peu étranger à la société dans laquelle il vit. Amours en noir et blanc A travers Thou Shall not Misecegenate, Charles Lane s'attaque avec un humour corrosif au tabou le plus tenace, lié aux amours en noir et blanc. Larry Clark (beau-frère d'Angela Davis) s'engage Différences - n° 49 - Octobre 1985 sur le chemin de la rupture et fait exploser la syntaxe traditionnelle. Qui, à Douardenez, n'a pas remarqué son Passing Through, un film étonnant sur le feeling de la musique noire, où les ambiances rouges dominent, dignes de celles d'un Hart Leroy Bibbs ? Il faudrait citer Woodie King, Alile Sharon Larkin, Haile Gerima, Lizzie Borden, etc., comme autant de réalisateurs en marche dans une Amérique de Blancs, celle de Reagan qui serre les boulons et met les deux pieds sur le frein, menaçant même l'existence de la Commission des droits civiques. C'est dire l'urgence et la précarité de la situation de l'immense majorité des Noirs. A l'heure où ces derniers se mobilisent massivement contre l'apartheid, le cinéma noir américain s'affirme comme un instrument de lutte très efficace, malgré la tyrannie qu'exerce, et pour cause, le «White power» sur l'ensemble des systèmes de production et de distribution. De la même façon, la musique noire demeure la principale source du rock anglo-américain, mais la grande majorité des vedettes du « rock» sont des Blancs. James Baldwin (4) a quelques, raisons d'être inquiet quant au progrès social et donc racial des Etats-Unis. Si j'ai aimé Bustin Loose de Oz Scott, c'est à cause de Richard Pryor bien sûr, mais c'est surtout parce que le rire y est érigé en arme absolue. Qui sait? peutêtre qu'un jour les moules auront des dents et mangeront des galettes bretonnes (5)? D DANIEL CHAPUT (1) North American film rentaIes, PO Box 8999, Stanford CA 94305, Ph : (415) 324/8277. (2) Dudley Murphy, 1929. (3) Thornton Freeland. (4) Meurtres à Atlanta, chez Stock. (5) Le Festival d'Amiens sera consacré au même thème, du 17 au 24 novembre 1985. Pour tous renseignements: Festival d'Amiens, 14, rue de Noyon, 80 000 Amiens. Il 1 El ENOANCES _____________________________ , - Cinéma action - QUAND LES DEAL,. ERS SONT BRONZES D ans tous ces films (voir encadré) et d'autres - de face ou de profil - des « rôles» d'hommes et de femmes d'origine immigrée, étrangère. Certains sur fond gluant d'angoisse sociale, d'autres sur fond mode et « stéréo-clipé ». D'autres enfin dans des fictions qui tendent à dédramatiser ou à « poétiser » ... Et pourtant, quoi qu'il en soit des différences de « style », aucun de ces films n'échappe aux ambiguïtés scénariques ; encore moins aux effets de « feed-back » sur les options politico-sociales (conscientes ou non) des spectateurs que nous sommes. C'est sans doute pour cela que Police de Maurice Pialat a eu droit - dès sa sortie - à de violents échos d'admiration ou de refus. Police est cependant - hormis son starsystème - un film âpre et sans concessions internes aux idéologies quelles qu'elles soient. S'il nous introduit ex abrupto d'une brigade territoriale au « microcosme » de trafiquants tunisiens d'héroïne dans le quartier Belleville, ce n'est pas sans réelle documentation de terrain. Les scènes de bistrots (reconstituées en studio), les tournures de langage, le « poids» des gestes et des corps sont d'une rare justesse de regard. Pialat lui-même s'est questionné sur certains « accents» néo-poujadistes - voire plus - de son film. Mais il a décidé de· passer outre et de ne rien « gommer ». Son cinéma n'est pas de type humaniste, ne ménage pas le spectateur; il le renvoie plutôt à l'opacité du monde, le temps d'une fictioncinéma qui n'exorcise rien, mais débusque des tensions dérangeantes . pour tous. Nulle transparence psychologique et pas de « bonne conscience ». Mais laissons là Police à son succès public (250 000 entrées en une semaine, il y a Depardieu!) pour rencontrer, de l'autre côté des caméras et de l'oeil des réalisateurs, un ou deux de ces comédiens issus de l'immigration face à ces offres de rôles par les temps qui courent. Acteur principal du Thé au harem d'Archimède (1er film de Mehdi Charef), Kader Boukhanef (20 ans) est né en France et comme il dit, « dans une cité de prolos » ... «C'est vrai qu'actuellement pour nous, fils ou filles d'immigrés, il y a surtout des propositions de rôles de loubards et de marginaux. Mais je crois qu'il s'agit d'une étape et qu'elle est déjà positive. Dans le Thé par exemple je jouais un petit délinquant, mais avec ses côtés tendres et sympathiques. Je pense que l'image de la délinquance traitée dans de bons films aide à ce que les spectateurs la perçoivent au-delà des « clichés ». « Il y a d'ailleurs des changements de mentalité dans la société française, une prise de conscience. Moi, je suis optimiste. Le temps viendra, je crois, où des comédiens d'origine asiatique, africaine, maghrébine ou beur (mais je n'aime pas le mot) pourront s'exprimer pleinement dans leur métier de comédien. » Les « marges », toujours les « marges » Autre comédien concerné par la question

autres propos et une génération

de plus. Claude Melki (acteur de talent qui devrait bien sortir d'un trop long purgatoire)(l) est loin de partager l'optimisme à tout crin d'un Kader Boukhanef. « Les rôles d'aujourd'hui, ciblés, attribués aux immigrés ou aux Beurs dans le ciné français resteront longtemps et malheureusement ceux des « marges »... On m'a plus d'une fois proposé ces types de rôles - télé ou cinéma - et j'en ai refusé. D'origine Ces derniers temps sur les écrans de l'Hexagone, les films jouent très fort la carte du thriller urbain made in France, sur fond de « faits-divers » et social « d'atmosphère » . . De Parole de Flic à Police de Pia lat (pour les plus récents) ... Au détour des plans et des séquences, le plus souvent dans les zones sombres du scénario : des seconds rôles et des « silhouettes» pour comédiens maghrébins, africains, et. .. beurs. Thé au Harem juive et algérienne, je ne veux pas servir le climat raciste qui existe actuellement en France. « Un film comme Train d'Enfer? .. J'aurais également refusé d'y jouer, car il ne contre en rien le racisme (je ne parle pas des intentions du réalisateur, mais des effets simplificateurs « pervers » du film tel qu'il est) . » Casting multiracial De formation universitaire et avec un solide sens de la gestion, Djemel, lui, n'est pas comédien, mais connaît bien le « terrain ». Il a créé voilà six mois une « agence de casting» (2) pour acteurs et figurants (cinérrV/pub). L'agence Maneci (pour dire Cinéma) joue donc sa carte de visite en «verlan» et se qualifie elle-même de « multiraciale ». Djemel explique : « Cette entreprise est née d'un vide à combler auprès des réalisateurs et des producteurs et d'une demande de comédiens des deux sexes : acteurs confirmés ou débutants qui viennent nous voir spontanément. Nous avons nos fichiers, des photos, des CV d'Africains, d'Antillais, de Beurs, et d'autres ,. c'est notre aspect multiracial. , A vec la volonté et le désir d'en finir un peu avec ces images et ces rôles misérabilistes dans lesquels le ciné et la télé confinent aujourd'hui jusqu'aux Français de banlieue... Quand on nous demande des comédiens ou des « silhouettes » pour des rôles de voyous, de dealers, de camés, etc. ou - pour les filles - de putes, nous luttons contre ces « clichés-ghettos ». Notre agence a de quoi fournir aux réalisateurs et aux productions des rôles d'intellectuels, de médecins, d'architectes et de femmes du monde.. . Reste qu'actuellement l'éventail proposé aux comédiens d'origine étrangère se situe encore en deçà d'une vraie intégration. Sur la bonne voie Mais on est sur la bonne voie,. même si cela prend du temps. Les Noirs américains ont bien mis un demi-siècle pour se libérer des entraves. En attendant que Maneci Agence hisse à la Une des affiches et des magazines un Delon noir (Niala Noled ? .. ), il serait temps que scénaristes et cinéastes se donnent un peu plus d'air et d'imagination pour passer la frontière des faits-divers bétonnés ou des polars urbains montés en boucle. Ce jour-là, rue-du-Cinéma, la société française aura mué. » 0 JEAN-JACQUES PIKON (1) On a pu le revoir sur A2 récemment dans l'Acrobate (film de Jean-Daniel Pollet) de 1975. (2) Maneci Agence: 9, rue de la Maladrerie - 93300 Aubervilliers. RÔLES (STÉRÉO) TYPÉS Quelques films où chronologiquement, depuis 1982, des « personnages» de l'immigration apparaissent. Des rôles types et des stéréotypes La Balance (de Bob Swaim): des comédiens arabes dans des rôles de truands, de macs et de dealers, quartier Barbès. Le Grand Frère (de Francis Girod) : tendance réalisto-intimiste avec jeune prostituée arabe. P'tit Con (de Gérard Lauzier) : l'actrice du film précédent se retrouve ici jeune loubarde égarée des bidonvilles. Tchao Pantin (de Claude Berry): vengeance crispée d'un garagiste hexagonal ami d'un jeune dealer arabe assassiné par ses compatriotes. Train d'Enfer (de Roger Hanin) : tentative de porter à l'écran et de dénoncer «à chaud» un crime raciste. Le Thé au Harem d'Archimède (de Mehdi Charef): délinquance «douce» et en duo dans kl banlieue des Beurs; dosage de réalisme et de poésie; une tentative de sortir du « ghetto ». Police (de Maurice Piaklt) : une histoire d'amour hasardeuse entre unflic français et une Beur menteuse liée à des Tunisiens de Belleville trafiquants d' héroïne. D IMAGE-------------------------------------- DENSITt. Trois cent cin- à elle-même à l'heure toute préférant lutiner Kleine quante heures de prises de proche où Shoah est en passe Anna, la très belle servante vues collectées en dix ans de d'être diffusé en Pologne. noire. Magda, au bord de la travail, et ramassées en neuf Adapté du premier roman de folie, desséchée par la monoheures d'un film sans lon- John M. Coetzee, Au coeur tonie des tâches quotigueurs, construit comme une de ce pays, Dust, Lion d'ar- diennes, tuera son père et se enquête policière: Shoah, de gent au Festival de Venise fera violer par Hendrick, le Claude Lanzmann, est déjà 1985, est le second long mé- mari de Kleine Anna, redéun événement cinématogra- trage de Marion Hansel, couvrant ainsi l'existence phique et historique. Pour la jeune réalisatrice belge. Un même de son corps. Un film première fois, l'extermina- film d'une rare densité qui aux images superbes, qui s'attion de juifs européens est conte l'his- taque avec la minutieusement reconsti- toire d'une conviction tuée, analysée, ressuscitée passion, d'un d' u n Va n même, tout au long de ce lien d'amour Peebles au film-monument. Pas un do- et de haine tabou lié à la cumentaire d'archives, pas entre un père se x u a 1 i t é une ligne de commentaire: (Trevor Ho- entre Noirs cinéaste engagé, Claude ward) et sa et Blancs, Lanzmann fait revivre le mas- fille (la gé- instaurant de sacre par la seule force des niale Jane no u v eau x témoignages et des images Birkin) dans r a p p 0 r t s d'aujourd'hui. Outre que ce la province en t rel e s film est une contribution ma- du Cap, en commujeure à l'histoire et au ci- Afrique du nautés, en néma, il braque aussi le pro- Sud. Un huis balayant la l'Atlantique, Louis Malle ne cesse de multiplier les genres. Il nous revient, via le Festival de Deauville, avec Alamo Bay. Un film qui nous immerge dans une Amérique inédite où se joue la confrontation sur le mode de la violence, d'une petite communauté blanche de pêcheurs de crevettes, dont l'existence est menacée par l'arrivée massive de réfugiés vietnamiens. S'inspirant .d'un fait rÙI à travers la destinée du personnage principal, Louis Malle prend le pouls d'une Amérique profonde et xénophobe, loin de la grouillance des grandes villes melting- pot. Un western politique, une affaire de famille, signé d'un cinéaste français plus américain que les Améjecteur sur les responsabi- clos presque Jane Birkin différence ricains, à en croire la rumeur. lités, et des Alliés et de la austère, au cours duquel le des races. Un film d'une 0 population polonaise. Popu- père n'adresse jamais la brûlante actualité. III Ll-a_ti_o n qui s_e_ v_e_rr_a _co_n_f_ro_n_té_e_ _p_a_ro_l_e _à_ _M_a_gd_a_, __sa_ _f_ill_e_, __E_n_ e_x_il_ _d_e _l_'a_u_tr_e_ c_ô_t_é _d_e_ ______________JU_LI_EN_ B_O Al Différences - n° 49 - Octobre 1985 Lesley Chatterie y et Pierre Poirot dans Savage Love De Sam Shepard à Edouard Glissant, à Robert Cordier, à Benjamin Jules Rosette : un théâtre aux accents pathétiques L'OUEST SAUVAGE. Rivière qui déborde ?e partout et qui coule où ça lui chante, Jazz, rock et country music... Polyphonie répétitive, poème performance en traduction simultanée où deux destins se mêlent. Shepard et Cordier célèbrent les retrouvailles dans un motel du Broadway off, où chacun est soi, où chacun est l'autre, brûlant de ses haines, esclave de ses passions. On se rencontre à la poste, on se regarde avec le sentiment profond que « quelque chose pouvait arriver l'instant suivant » ... Six corps, six voix, quatre femmes, deux hommes jouent tous les amants de la terre. De face, nus, assis ou habillés dans une Amérique désabusée qui s'écroule sur son moi profond, son Ouest sauvage, narcissique et gagneur. Défilé de mode, on se heurte se frotte se pique à travers un théâtre qui ose e~ une succession d'échos intimes. « Une fois, j'ai entendu un autre appeler quelqu'un mon ange. Je peux essayer, mon ange. Je peux essayer, mon ange, dis. » Des mains, des lèvres violent des ventres. Cérémonie funèbre, sublime et brutale. La mise en scène explose, brise ses chaînes, on enterre les tabous. C'est un peu le Living qu'on retrouve. Savage Love détone dans ce Paris d'automne en une course folle vers les hauteurs de la beauté, de la violence, du ressenti. Car le miroir est là, fidèle, qui donne coup pour coup. D D. C. Savage Love, de Sam Shepard, compagnie Robert Cordier, Théâtre MarieStuart, octobre/décembre. LOUVERTURE. L'île d'Haïti, aujourd'hui sous le joug d'une dictature des plus implacables, fut pourtant l'un des premiers pays au monde à arracher son indépendance nationale. François-Dominique Toussaint, dit Toussaint Louverture, a été l'artisan et il est devenu la figure légendaire de ce moment historique. On le surnomma Louverture pour, dit-on, « la bravoure avec laquelle il ouvrait les brèches dans les rangs de l'ennemi ». S'étant rallié à la France révolutionnaire qui abolissait l'esclavage en 1794, il fut nommé général de brigade et commandant en cbef des troupes et il proclama l'Indépendance complète de l'île au début du siècle dernier. L'histoire de cet homme exceptionnel a inspiré de nombreux auteurs. C'est un texte d'Edouard Glissant, Monsieur Toussaint, que Benjamin-Jules Rosette, directeur de la compagnie du Théâtre noir, a choisi d'adapter. Rosette avait déjà monté avec talent notamment le très beau roman de Jacques Roumain, Gouverneurs de la rosée. Pour Jules Rosette, l'ouvrage de Glissant s'inscrit dans une sorte de « vision prophétique du passé ». En effet, Glissant a axé son approche de la philo- ~ sophie de Louverture sur la conception i5 tragique que celui-ci avait de son destin. ;j Le héros d'Haïti a, semble-t-il, ::;: constamment vécu comme par prémo- 2§ nition la simultanéité de deux temps : celui de l'espace insulaire et celui de l'espace carcéral où les troupes de Bonaparte le menèrent en déportation. Aussi, pour cet homme conscient de l'impasse et de l'inachèvement de sa destinée, «l'équivalence est essentielle de ce qu'il a ou n'a pas accompli et de ce qu'il attend ou n'attend plus. La prison, qui marque la fin de son histoire, et la mort, qui met un terme à la prison, résument ainsi le seul acte, vers quoi l'achemine la logique de sa vie. » D CHERIFA Toussaint Louverture, d'Edouard Glissant, inise en scène de Benjamin-Jules Rosette, Théâtre noir, 16, rue LouisBraille, 75012 Paris; tél. : 346.91.93. A partir du 15 octobre. MUSIQUE LA FETE. « Y' a des cadavres dans nos radios, des crimes dans nos journaux » et Ganja donne le la. Ce groupe reggae métissé des faubourgs de la banlieue nord, fait un ravage sans précédent du côté de l'Afrique de l'Est et dans l'océan Indien avec Bouge son dernier tube. Ça sonne bien, c'est du jazz-rock version funk et Frères de la Côte. Un cocktail on the rock, à servir très frais, défonce assurée. Boulou Ferré qui pètent la santé. Un bon cru de la chanson kabyle en France, une vraie musique de fête. Tout dans le luth, tout dans la voix, un petit Cheikh Iman c'est pas mal non plus, sur des textes de Fouad Negm évoquant comme toujours, la splendeur et la misère de l'Egypte. Une nostalgie extrême qui vous tire la larme à l'oeil comme on tire le poids de l'histoire d'un peuple en marche vers l'espoir. A quelques brasses de là par la pensée, Kassav le groupe antillais sort un vinyl du même nom. Un bon plan garanti Pendant que l'été finissait, un peu tristounet, des projets ont mûri dont voici quelques exemples, plus discrets peut-être que d'autres. L'Institut du Monde arabe, malgré les bruits pessimistes, a fait sortir de terre ses premières superstructures, à l'ombre de Jussieu et face au chevet de NotreDame. De son côté, le musée des Arts africains et océaniens, décidément en pleine renaissance, a foncé une association d'amis (ADEIAO), ouverte à tous, qui permet, surtout aux groupes et aux enfants, de participer à des ateliers de création de masques, de calligraphie, d'initiation aux arts populaires du Maghreb, etc. Histoire de vous dégourdir un peu les guiboles, comme dirait le Ed Cercueil de Chester Himes, vous pouvez faire un petit tour dans la galaxie Hip Hop, immersion plein-Bronx, avec Oh my People de Last Poët. Un groupe très coloré de laissés pour compte, fêlé de poésie sonore qui a forgé son langage, sa rime, dans la mouvance de Malcom X au coeur de la révolte des ghettos urbains des années soixante-dix. C'est littéralement explosif. . Une initiative remarquée, à une époque de « boom» photographique, peut-être l'art le plus démocratique: le prix Kodak de la critique, ouvert à tous les jeunes, français et étrangers résidant en France, et doté de 70 000 francs. Comme Idir et Djurdjura, Djamel Allam n'a rien oublié des espoirs et des colères de son peuple, de sa vie d'immigré. Il nous revient avec une rythmique musclée, des cuivres et des cordes Différences - n° 49 - Octobre 1985 A la rentrée, un livre apporte enfin un témoignage sur l'un des épisodes les plus . honteux de l'histoire politique française : les ignobles « ratonnades » d'octobre 1961, qui ont coûté la vie à des centaines d'Algériens: les Ratonnades d'octobre de Michel Levine (éd. Ramsay). Un autre livre, festif et joyeux celui-ci, est également sorti: les Beurs, de Mechkour et Boudjellal, garanti « BD pleces et main-d'oeuvre. Ils sont aussi bons que sur scène, ça fait du bien partout. Boulou et Elios Ferré se produiront bientôt à Paris pendant les Journées jeunes créateurs. Deux jeunes guitaristes manouches, qui mixant des harmoniques de Messiaen et des accents bop dépassent la stricte orthodoxie du grand Django. Ils tiennent sans conteste le haut du pavé. Un petit coup de Lady Day pour finir, en feuilletant les pages de Lady sings the Blues de l'immense Billie Holliday par elle-même, la Oum Kalthoum du Blues, doublée d'une Fatima Ibrahim. J'entends encore sa voix me fouailler les entrailles. D STEPHANE JAKIN Ganja : Perdu dans' Babylone (45 t autoproduit, Pic 8) Bouge, RCA Last Poët: Oh my People, Celluloïd Djamel Allam : Salimo, Celluloïd Cheikh Iman: La Nuit des Amandiers, Chant du Courlis Kassay Sonodisc Journées des jeunes créateurs Le 4 octobre à 20 h 30, Arc, petit auditorium, 11, avenue du PrésidentWilson 75016 Paris. 100 % pur beur» (éd. Albin Michel). Le Louvre des antiquaires : on parle peu dans nos colonnes de ce somtueux écrin d'oeuvres d'art, librement et gratuitement ouvert à tous. C'est dommage, car les expositions qui y sont organisées sont en général de grande qualité : en tout cas, il ne faut manquer Marionnettes et ombres d'Asie (15 novembre 1985-2 mars 1986), laquelle, en collaboration avec la Maison des cultures du monde, décidément débordante d'activités tous azimuts, fera connaître à un vaste public les formes les plus exquises des théâtres fabuleux de l'Asie tout entière, de Chypre au Japon, de Java à la Syrie. Enfin, last but not least, le clou des grandes célébrations de Victor Hugo, promu héros national: le Génie de Victor Hugo au Grand Palais, et, au Petit Palais, une délicieuse exposition de manuscrits, de dessins et d'aquarelles du grand poète, préparée par la Bibliothèque nationale à partir de ses richesses propres (3 octobre 1985- 6 janvier 1986). 0 YVES THORAVAL Institut du Monde arabe: 40, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris. Musée des AAO : 293, av. Daumesnil, 75012 Paris, tél . .~ 343.14.54. Prix Kodak: Kodak-Pathé, 8, rue Villiot, 75594 Paris cedex 12. Louvre des antiquaires: 2, place du III Palais-Royal, 75001 Paris. iii - Urbanisme - ATTENTION, FUTUR « Le vrai génie, c'est la vitesse », disait Rimbaud. Pour Paul Virilio (1), architecte, analyste ... et visionnaire, c'est aussi ce qui caractérise notre monde et rend si difficile la conception de la ville de l'avenir. Une réflexion à cent à l'heure sur des problèmes qui nous dépassent. .. Différences : Les statues ont la cote, semblerait-il, en ce moment, même si on ne sait où les mettre. Vous enseignez à l'Ecole spéciale d'architecture (2), avec un thème pour 1985- 1986 sur la monumentalité et son futur. Paul Virilio: Oui. Et quand je demande à mes étudiants: «Qu'est-ce qu'un monument post-moderne? », ils citent alors aussi bien le TGV, la navette spatiale, la bombe atomique et Beaubourg. Ces incertitudes de définition sont tout à fait révélatrices. Hier, le monument, c'était encore les pyramides mayas, le temple d'Angkor, etc. Mais aujourd'hui, la fonction monumentale est en train de se transférer des objets « architectoniques» aux objets purement techniques. Depuis pas mal d'années d'ailleurs, on assiste à ce type de « reconversions» d'édifices colossaux (industriels ou autres), comme la Villette. Ainsi, on « célèbre» aussi maintenant les gares, les salles de cinéma (comme la Datar l'a fait récemment), ou les ruines industrielles ... Remontons loin. A l'origine, les monuments - religieux, militaires, etc. - étaient des « objets-messages» destinés à la postérité. Les pyramides d'Egypte, les temples, les palais des princes étaient tels des « livres d'images » : les premiers moyens de communication de masse. Aujourd'hui, cette fonction de transmission s'est, totalement « déplacée» ; elle s'est investie dans des instruments autonomes: la radio, la télévision, le cinéma, la presse, etc. De là, le problème de la monumentalité post-moderne. Qu'est-ce qu'un monument aujourd'hui? Différences : Plongeons au coeur de la ville. Le forum des Halles, c'est une« réponse» au Paris d'aujourd'hui ou un « problème » ? P. V. : Le centre de Paris n'est pas un centre-ville comme un autre, mais celui d'un pays hypercentralisé. De plus, Paris est, avec Londres, la «toile d'araignée» la plus sophistiquée du monde. Pour moi, la destruction des Halles a été une erreur et une abberration. Nous sommes aujourd'hui dans une société où l'idée« d'hypercentre »ne

orrespond plus du tout à la logique des nouvelles

~tructures de communications, qui est une logique de « réseau ». Bien que ce nouveau quartier de: Halles soit maintenant l'avenir urbanistique de Paris, J iai le sentiment qu'on assiste là à une défaite de l'idé F: même de cité. Sans remonter très loin dans le temps 'la ville était un creuset « d'identification» et ce, d'où qO' / l'on vienne: du fin fond du Piémont, de la Bretagne ou l'ailleurs ... Aujourd'hui, dans ces nom ~aux espaces urbains, des populations s'acculturent totall tnent, d'où des tensions et des violences latentes. Bien SÛl les architectes ne peuvent pas penser à tout et ne sont pas 1 t ophètes. Mais ces espaces actuels ont été plus ou moins COI ~us en regard du passé, de l'agora et du forum antiques, dl \nc aussi en regard d'une vision de citadins-usagers, déten ~urs d'un vrai « droit de cité ». Au centre actuel de Pari , on est très loin de la réalité de ce droit. Aujourd'hui, nous sommes loin 'Euclide; nous vivons dans l'espace einsteinien de la r !ativité. Les notions de dehors/dedans ont cessé d'être cla tes. Nous sommes entrés dans un continuum 1 où tout est conditionné par la position et la vitesse ( l'observateur » ... Il Y a donc une infinité d'espaces et temps. Et c'est avec cela qu'on fon~tionne désormais. Lier, c'était l~ monde de l'escalier; aujourd'hui, de l' mseur. Pour clculer da~s la ville, on abandonne de plus plus la marche au profit de la voiture du trottoir roulant, de l'escalator, etc. Hier, pour rega~der le monde, on ouvrait sa fenêtre. Aujourd'hui on « ouvre» aussi la télévision ... Il y a donc une multitude d'objets dé structurants de l'architecture au sens traditionnel. Une anecdote: j'ai vu, à la campagne, un poste de télévision agrémenté de petits rideaux pll:r la maîtresse de maison. Sous la drôlerie de la chose, Il se disait quelque chose de fondamental : q~e l~ télévi~ion n'est pas seulement un moyen de commumcatlOn, mats la « troisième fenêtre» de l'espace privé. Après la porte et la vraie fenêtre : l'écran de la communication « en direct» avec le monde. De même que l'espace de la ville contemporaine n'est plus seulement lié au cadastre mais largement conditionné par «l'emploi du temps»: la pointeuse, l'agenda-planning, etc. Aujourd'hui, à l'ère des satellites balistiques et des missiles, la «géométrie» de la ville inclut le réseau électronique et la ville perd son caractère d'unicité. Elle cesse d'être un «pôle»; elle devient multipôles et ... mégalopole . Ce phénomène est intimement lié à la Seconde Guerre mondiale où l'on a vécu un événement inouï: la destruction d'une grande partie des villes européennes (Allemagne, Angleterre, France et pays scandinaves) ; et ces destructions ont transformé l'idée même de cité. voit dépossédé de ses propres qualités défensive's (remplacées par la bombe), voire même de sa fonction de géniteur (récupérée par les banques de sperme) ? .. Les premiers hommes de notre histoire vivaient la mort des animaux et celle de leurs ancêtres et c'est pour cela qu'il y a eu les gravures rupestres et l'architecture des dolmens. Ils vivaient la mort « positivement », alors que nos sociétés en sont à l'escamotage du réel, Différences : En ce moment, vous vous préoccupez beaucoup des rapports entre politique et diplomatie, stratégies actuelles; à leur remise en cause par les nouvelles technologies. P. V.: Churchill a dit un jour: «Dans les guerres anciennes, les épisodes avaient plus d'importance que les tendances. » Or, aujourd'hui, dans les stratégies guerrières modernes, c'est l'effet« tendanciel» qui est en marche. Au développement des armements de plus en plus sophistiqués correspond une très dangereuse « dissémination » de la violence. En clair, une armée ne se constitue que par rapport à une autre armée. , Depuis les années 1950-196), des armées institutionnelles se sont retrouvées face à des « guerres de libération» et à des guérillas. Actuellement, des armées officielles tendent à se transformer en supercommandos antiguérilla; en forces dites« d'intervention rapide ». Le prochain stade, le prochain risque, c'est que des Etats armés glissent vers la La notion de vitesse est mon principal outil d'analyse; je la travaille comme un jardinier avec sa pelle et je dis qu'il faut être vigilant. A la suite du développement ferroviaire et du télégraphe, c'est à partir de la Seconde Guerre mondiale - à travers ses engins spécifiques et ses nécessités d'urgence des communications - que s'est développée une violence de la vitesse devenue le «vecteur clef» d'aujourd 'hui. Et quand je critique cette vitesse technologique (des télécommunications, etc.) , c'est pour pointer le fait que nous la manipulons sans reconnaître ses effets sur l'organisation rythmique de la société et des Une défaite de l'idée de cité violence terroriste précisément pour y faire face. Il faut savoir que, en ce moment, des soldats américains se baladent et font des manoeuvres en Allemagne de l'Ouest avec de véritables «sacs à dos nucléaires » ... Au moment même du déploiement des fusées MX et des Super-Poséidon ! Voilà bien la tendance actuelle. D'un côté, la menace d'extinction de l'espèce avec les armes nucléaires et spatiales, et de l'autre des armées opérationnelles sur le même terrain que le terrorismè ... Et cela, au moment où les diplomaties risquent d'être de moins en moins crédibles en raison des transmissions instantanées d'images témoins «en direct», par satellites. individus, de la vie quotidienne. Pour moi, la vitesse est« l'ombre portée» de la richesse, la «face cachée » du monde contemporain. Tant qu'on n'aura pas compris cela, je crois qu'on n'aura rien compris à la violence d'aujourd'hui. On croira que ses causes sont ailleurs; on parlera de la délinquance, etc. Mais il ne s'agit pas pour autant de se priver des notions d'espace/vitesse et de les refuser. La vitesse de la lumière est notre nouvel horizon « indépassable » ; toute la science contemporaine est indexée là-dessus. Différences: Face à toutes ces questions, Paul Virilio, quelles réponses? P. V.: A cinquante-quatre ans, j'appartiens à une Différences: Que pensez-vous de l'actuel projet de reconstruction du centre-ville de Beyrouth, encore en pleine guerre et attentats sanglants? Un rêve fou d'architectes, une aberration ... ? P. V. : Je sais que des collègues se sont engagés dans ce travail de réurbanisation de la cité libanaise. A mon avis, c'est une vision pleine d'espérance et utile - politiquement - aux forces du Liban, quelles qu'elles soient, car on ne peut pas« gérer» une guerre civile. Il faut donc se doter d'un projet d'utilité publique, d'un projet d'anticipation d'après-guerre. Pour ne pas désespérer. D Propos recueillis par JEAN MONTARLOT génération qui a cru à toutes les « solutions» : à la solution (1) Paul Virilio est l'auteur d'une dizaine de livres, entre autres: marxiste , à l'humaniste, à la scientiste, etc. Or, je ne crois Logistique de la perceptÛln, Guerre et Cinéma 1 (éditions de l'Etoile-Cahiers Plus aux solutions mais au bienfait des questions bien du cinéma), l'Espace critique (éditions Christian Bourgois), l'Horizon 1 négatif (éditions Galilée). posées. Il est urgent de retourner aux questions et de es A paraître : Guerre et Cinéma 2 (un essai axé sur les nouvelles technologies « travailler ». Qu'est-ce qu'une société où l'homme cesse vidéo). Il I~p_e_u_à_p~e__u _d_ 'ê_t_re~p_r_od~_uc~t~e~u~r_(_re__m_ p_ la_c_é_p_a_r_l_a_r_o_b_o_tl_q·_u_e_)_,s_e_ _____( _2_)_2_54_,_bo u1_ ev_a_r_d _R_ ~_pa_i1_,7_5_0_1_4 p_ an_·s_. ___________________~ 1 Différences - n° 49 - Octobre 1985 Il TmRE ____________________________ __ - Résistance~ DESTINS DE FEMMES L'une est connue, l'autre non. Mélinée Manouchian, Dora Schaul, l'une arménienne, l'autre allemande. Toutes deux se sont battues pour l'honneur d'un pays qui n'était pas vraiment le leur: pour qu'il ne soit pas non plus celui des nazis. Voici deux femmes, deux histoires. les sorties, elle connaissait durant leur déroulement. Mélinée Manouchian Ce que je voudrais évoquer en ces quelques lignes, c'est ce qu'a été pendant l'Occupation et ce que fut depuis la vie de la femme de Manouchian, ma très chère amie, Mélinée. Dans le film de Mosco, on peut entendre Roger (Boris Holban) s'écrier: «Cette femme n'a pas connu la Résistance. Elle ne savait rien.» C'est faux: la jeune femme qu'était Mélinée vivait soudée à son mari, allant -avec lui à ces rendez-vous douteux donnés dans des cafés, épiant les entrées et les opérations et tremblait Vous tous, téléspectateurs, qui avez vu la femme de Manouche, qui l'avez entendue hésitant devant quelques mots en raison de son émotion, ne pouvez douter de sa sincérité, de sa profonde et totale honnêteté: Manouchian l'a dit dans cette lettre célèbre qu'elle garde près d'elle, il a été vendu, cela est certain, et Mélinée est convaincue qu'elle connaît les noms des responsables. Une autre chose est certaine aussi : elle ne veut et ne peut incriminer le parti communiste. Le PC c'était Manouchian, il lui est resté fidèle jusqu'au bout, c'est pourquoi il est allé sans hésitation au rendez-vous avec la mort ; dans son instinct, -Mélinée avait senti le danger, senti que l'homme de sa vie, le seul, elle ne le reverrait jamais. La pauvre, qui n'a plus que sa soeur pour la soutenir et quelques amis (Charles Aznavour, par exemple, qu'elle a élevé), va, après l'arrestation de son mari, de l'un chez l'autre. Elle est, bien sûr, recherchée par la Gestapo, mais tandis qu'elle se cache elle n'a d'oreille que pour ce qui se dit sur Manouchian. Qui a aimé quelqu'un plus que soi-même comprendra Mélinée : elle n'a plus rien, elle a refusé le gosse attendu qui aurait pu gêner l'action du résistant, elle est doublement seule et, quand je l'ai connue en 1974, elle fut à mes yeux l'éternelle aimante, l'éternelle abandonnée. Mais, malgré tout, elle s'acharnera à rester forte, publie un livre magnifique sur Manouche et vit dans le souvenir des quelques années passées près de lui, Manouchian le poète, rencontré à Paris à l'HOC (Comité de secours pour l'Arménie) où tous deux militaient, qui lui a dit un jour: « Veux-tu voir l'image de celle que j'aime? » et lui a tendu un miroir. Mélinée, l'éternelle aimante, l'éternelle abandonnée. La petite Arménienne aux beaux yeux - restés les mêmes - séparée de ses parents, élevée dans des orphelinats, sevrée de tendresse, n'a trouvé la joie de vivre que près de son mari: lui disparu, c'est à son amour qu'elle se réfère. A l'admiration que suscitent ses actions de résistance. La voilà, telle que je l'ai vue, n'ayant que peine et fierté pour la soutenir; elle mérite qu'on la connaisse en dehors des débats artificiels qui l'ont négligée, qu'on sache le courage quotidien - le plus difficile - de Mélinée l'indomptable. Grâce à elle, le nom de Manouchian est devenu réel pour ces jeunes qui n'ont pas connu l'abnégation des résistants et, en particulier, du groupe des 24 : on ne pourra plus l'oublier, il est revenu à la surface des consciences. J'ai parlé avec elle, il fallait que je lui dise l'admiration que j'avais eue pour la défense courageuse et pas toujours comprise de son amour. 0 ANNIE LAURAN Dora Schaul Les événements qui ont accompagné la prise du pouvoir par le fascisme en Allemagne m'ont a~ené à m'?,c~up~r de politique. Malgré moi, car, dans ma Jeunesse, J aimais beaucoup la peinture et je voulais devenir artiste. Je détestais la terreur hitlérienne. Dans l'impossibilité de trouver du travail, je ne voyais plus aucune perspective pour moi en Allemagne. J'ai donc émigré. Mes parents, ma soeur et mon beau-frère restés à Essen furent déportés en 1942 à Maidaneck d'où ils ne sont pas revenus. Arrivée en France fin 1934, j'ai partagé la vie difficile des immigrés, sans permis de travail et souvent sans permis de séjour. Au début, mes idées politiques étaient basées plutôt sur des émotions. Mais par des discussions avec des antifascistes plus expérimentés - surtout avec mon futur mari Alfred Benjamin - et par des cours marxistes, j'appris de plus en plus qu'il ne fallait pas regarder passivement le développement de l'histoire. Dès 1939, tous les hommes ressortissants allemands, ainsi que les femmes dites «suspectes» ou «indésirables », devaient être internés. C'est comme cela qu'après un court passage à la Petite Roquette à Paris, je suis venue au camp de Rieucros. Après m'être évadée, en 1942, je suis venue à Lyon. Après quelques semaines catastrophiques sans argent, sans aucune pièce d'identé, surtout sans carte d'alimentation, j'ai quand même fini par trouver des camarades français, autriciens et allemands. Bientôt, ce fut l'occupation de la zone Sud. Et voilà, c'étaient nos compatriotes qui arrivaient avec force et bruit. Mais ce n'étaient pas les nôtres. C'était notre langue maternelle que nous entendions dans les rues lyonnaises, familière et dégoutante à la fois. Le Comité central du Parti communiste français avait formé dans la Résistance un secteur particulier pour le «Travail allemand », le TA. L'objectif du TA était de pénétrer dans la machine de guerre allemande, de lutter verbalement ou par écrit contre l'idéologie fasciste et d'entraver par tous les moyens les plans de guerre de Hitler. Le TA recevait une aide inestimable par la MOI, la « Main-d'oeuvre immigrée ». Dora: Allemande et anti-fasciste Entre-temps, je possédais déjà une fausse carte d'identité française comme Alsacienne, au nom de Renée Gilbert. Au début, cela nous faisait une drôle d'impression lorsque nous écrivions des slogans sur de petites étiquettes de cahiers d'écoliers que nous allions coller sur les énormes camions militaires allemands ou sur les vitres des voitures élégantes des officiers occupants. C'était un combat inégal. Une autre tâche importante des antifascistes allemands consistait à fabriquer des journaux, des tracts et des papillons en langue allemande, destinés aux troupes d'occupation. C'étaient surtout les jeunes femmes qui se chargeaient de la distribution parmi les soldats nazis. Elles essayaient aussi d'entrer en conversation avec eux. Bientôt on m'envoya aussi travailler dans les services de l'occupant, après un passage au Foyer du soldat allemand qui se trouvait à la Brasserie Georges, réquisitionnée. Je fus ensuite embauchée à la poste militaire allemande qui se trouvait dans l'aile d'une grande école au numéro 14 de l'avenue Berthelot. Mon nouveau travail était complètement stupide. Il fallait classer des mandats-poste venant d'Allemagne. A ce poste, j'ai eu des problèmes avec mon allemand. J'avais de nouveaux papiers, au nom de Renée Fabre. Je Différences - n° 49 - Octobre 1985 prétendais avoir une mère suisse pour expliquer ma connaissance de la langue. Mais le chef du bureau m'avait fait remarquer qu'il avait été en vacances en Suisse, que les gens y parlaient un allemand épouvantable, alors que moi je n'avais aucun accent. Je pense qu'il a toujours su que je cachais quelque chose, mais il n'a jamais rien dit. Peut-être pensait-il que je mentais simplement pour avoir du travail et de la nourriture. Un beau jour on chuchotait que la Gestapo allait emménager dans la partie principale de l'école. Des camions pleins de meubles et de caisses arrivent. J'ai donc travaillé sous le même toit que le boucher de Lyon. Je l'ai vu dans ces grandes voitures qui arrivaient ou repartaient, et chaque fois il fallait faire comme les autres, se précipiter aux fenêtres pour faire des signes enthousiastes de la main. Les gens de la Gestapo se baladaient dans notre co~r et flânaient devant nos fenêtres, la poste se trouvait au rez-de-chaussée. Un jour, en voilà un qui entre dans notre 1 Valable ju.qu·au __ ' _2Q~e.l1j;.llbre J2.!.L . ____ . ___ --'----'. Gültig bis zum _, LAISSEZ-PASSER AUSWElS ,/ Nom el prénom ___ _ F _ II: _ ~ _r. e, Ren~ ___ . ______ _t. Name. vorname t --.J"""." Lyon, 63 rue 'e(}t!!rlan.i. ___ . - -7 .1 5.1 ) .• 191 6 ~ll'lQYee. re professionnel. est autorisé l circuler dana les rues de für die Zivnbevotkerung 'anseordneten Sperntunde aus i:;;s8:ï;;;;;;;;.~ti~;J.;;;?:;. après l'heure du couvre· feu. Gründcn die Strassen von Gross~ Tout abus sera sévèrèment r~primé:. ",0 Jeder Missbrauch diesel' KaTte wird tlreog beS:t Lyon, 1 .. 41; 'il ~ êt1 1(ci~~ pièce des mandats et nous dit: « J'attends depuis 15 jours que ma femme m'envoie de l'argent. Regardez s'il n'y a rien d'arrivé. » Et il donne son numéro de secteur postal. Comme cela, je connaissais maintenant le numéro de la Gestapo et je m'arrangeais chaque jour pour établir le bordereau de ce casier. Impossible de faire une copie en présence des autres employés. Mais quand il le faut, on trouve des combines. Je raconte que j'ai des ennuis de vessie, ce qui me force à aller souvent aux toilettes. Là-bas je cachais un bout de crayon et je notais sur un morceau de papier les noms, les grades militaires et les expéditeurs. De cette façon naquit une « liste noire » des membres de la Gestapo et de la Sécurité dans le Sud de la France. Par l'intermédiaire de la MOI et des résistants gaullistes, cette liste est passée en Angleterre et a été 9iffusée par la radio de Londres. J'ai continué à compléter la « liste noire» soigneusement. Mais à la longue, les noms se répétaient tous les mois. C'était en mars 1944. J'ai gardé mon laissez-passer qui a même reçu un tampon de prolongation - mais, cette fois-ci par la Résistance. Après la victoire sur l'Allemagne fasciste, les immigrés antifascistes rentrèrent en Allemagne. Bien que très attachés à la France, nous avons vu la nécessité de rentrer dans notre pays pour construire une Allemagne nouvelle, pacifique et démocratique. Je ne suis pas repartie tout de suite. Pendant la Résistance, interdiction de faire des enfants. Mais à la Libération, je me suis dit que c'était le moment ou jamais. Mon fils est né ici un an après ... Je suis repartie ensuite. 0 DORA SCHAUL Il 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Il EUX _______________________ ~ PIERRE VALLÉE .... : -::: .:.~. ....: :::::. .:.: : ~ .... .:. . :. ..... : '. :.. ...... :.' . :....,.. . -: ' . ..... .L A • • : •• '::.,::: •• ,:: ••• # ' ..•. ::::::::.:::~. .' ,::::,::,' 00 .,. ':.:.... .. VRLEU~ J)EJ I.ErTRS Q uelle valeur numérique ont ces lettres sachant que 1 + R E. A et T sont consécutifs, le plus grand est T. Pas de 1 ni de 4. HUIT + HUIT + HUIT + HUIT

CARRE

NDTJ CRoisÉJ 2 3 4 5 6 7 8 9 10 '.\ .. " . , ..... ~ .............................' . ..••. , ... . : ....................................... . •.•..•..•...•..•.•.••..•..•..•..•..•..•..•..•..• .•.•.•.• ~. .... .. "' .....•... ' ... ... . .. . .. HORIZONTALEMENT: 1. Légumes. - 2. Pas paire. Ile. - 3. Noitres à trois couronnes. Département. - 4. En République fédérale allemande. Petite quantité. - 5. Note. Ancien empereur. - 6. Négation. Aimable. -7. Nommé . Superficies. - 8. Le fit après un effort . Affluent de la Garonne. - 9. Gouffre. Mesure. - 10. Il avait une voix puissante. Pronom. VERTICALEMENT: 1. Contiennent des liquides. - 2. Oubliée. Brille. - 3. Poison végétal. Dans le ciel. - 4. Donne de la valeur. Nombre. - 5. Presqu'île. En Eure-et-Loir. - 6. Légumineuse. En Suisse. - 7. Pronom. Arbres. - 8. Durée. Intenta . - 9. Prénom masculin. Période. - 10. Graine de moutarde. Préposition. , /1DT$ f4SSFJ Il s'agit de retrouver 37 noms de départements français. LT AL NNE AU RDO RAU IR HE UC CAN DES NE RE VAD SA MA SO USE NC NIE SAV ZE TE LIN LU ORE DE ET VVE SNE RNE ES BI DEC DR EN CRE CAL JU IN LO AI RO DO HE IRE NE ERE lE TAL ER RH SG RT GI VA AU HAN VI HE RA IS MA ONE ERE AR VEN RE NOE VO MOR ME FIN OS OIE AVE LO ES AR VRE SE OME VR HE MA IS ES BE LI SOM LOZ GE GNE ON LAN COR Solution des jeux du numéro précédent : La valeur des lettres: S 7, E 8, P 6, T 2, C 3, A 1, R 4. Mots croisés: Horizontalement : 1. Cordées; An. 2. Atout; Ne. 3. Lasses; Gap. 4. Nie; Nagera. 5. Etendues. 6. Suerais. 7. Il ; Nets. 8. Pénétrai. 9. Noir; Messe. 10. Suçons. Verticalement: 1. Calmerions. 2. Otait ; Ou. 3. Rosées; Pics. 4. Dus; Numéros. 5. Etende. 6. Saur; Ems. 7. Si ; Géante. 8. Gésiers. 9. Anar; Stase. 10. Népal; Sien. Mots cassés: Adamo, Amont, Aubret, Aufray, Aznavour, Bachelet, Balavoine, Béart, Berger, Boccara, Bonnet, Brassens, Cabrel, Carlos, Charden, Châtel, Clapton, Clerc, Dalida, Debout, Delpech, Dutronc, Escudéro, Ferrat, Ferré, Fugain, Halliday, Iglesias, Juvet, Lenorman, Montagné, Mouskouri, Moustaki, Nicoletta, Perret, Polnareff, Ribeiro, Salvador, Sardou, Sheila, Souchon, Topaloff, Torr, Vartan. OURROER ____ ----~---------------------i Espions C'était pendant les dures années d'après-guerre. J'étais arrivé seu\. Ils m'avaient trouvé un passage par la mer, à fond de cale d'un cargo qui faisait la navette. Nous étions vingt et cent, nous étions des milliers, mais nous avions ordre de nous ignorer les uns les autres. Seuls. Notre mission? Infiltrer la société française, saper l'Occident chrétien, alors tant affaibli qu'il avait besoin d'aide extérieure. Rude tâche, malgré tout. Mais des années de misère nous avaient formés, mes camarades et moi. Et puis, nous connaissions l'ennemi, nous avions vécu à son contact. Au début, ça a été dur, je le reconnais. Il a fallu s'installer, investir peu à peu les postes-clés de la production, dans l'automobile et le bâtiment. Pendant dix ans, j'ai serré des boulons chez Citroën en attendant les ordres. Mais à ce moment-là, l'idéal me portait. Il y a maintenant vingt ans, j'ai reçu l'ordre, comme beaucoup d'autres agents, de m'installer plus avant dans la société. Je me suis marié avec une fille qui m'a avoué appartenir aussi au service. Mes enfants, tous les soirs, me rapportent fidèlement les . propos de l'instituteur. J'ai' même été en mesure de transmettre à mes supérieurs les paroles complètes de la Marseillaise, un chant secret qu'on a fait apprendre aux gosses. A observer les Français, à prendre leurs habitudes, j'ai fini par me faire ma place. D'ailleurs, les ordres de mon correspondant là-bas se font de plus en plus rares. Mes enfants se sentent plutôt d'ici. Seulement, la situation change. Une organisation nous a repérés et dénoncés comme un danger pour la France. Que faire ? Rentrer au pays? Trop tard, maintenant. Allez, tant pis pour le Service, je passe au Nord. 0 Français 1 X Paris C'est toujours avec un grand intérêt que je parcours la revue Différences, parce qu'elle m'apporte un certain nombre de satisfactions psychologiques et morales. Mais cette fois, c'est la révolte. Je me sens personnellement offensé, injurié et agressé par l'article publié dans le n° 45 de mai 1985, intitulé: « Immigrés: parlons clair. », et particulière- Différences - n° 49 - Octobre 1985 ment en page 21, où il est question, à plusieurs reprises, des ... «immigrés de nationalité française » .. . En effet, je suis immigré, c'est vrai ; mais depuis que la nationalité française m'a été reconnue, je ne permets à personne, je dis bien à personne, fût-ce à quelqu'un du MRAP, de me coller une telle discrimination, qui est du racisme le plus radical. Quand on est devenu Français, vos origines ne doivent plus vous être jetées à la figure. Quand on veut lutter contre le racisme affiché par ceux qui en font un cheval de bataille politique, ou répandu de façon insidieuse et hypocrite par ceux que l'on prétend combattre, il convient aussi d'être vigilant auprès de ceux qui se prétendent vos amis. Sachez que mon indignation (contenue) n'est pas inspirée par le complexe d'un passé ancestral que je renierais, mais par une dignité que je veux défendre farouchement envers et contre tout, y compris contre tous, même contre ceux qui se disent de mes amis. Immigré, je l'étais; cela ne m'a pas empêché de parvenir au gràde de colonel (actuellement, je suis en retraite). Immigré, je l'étais; cela ne m'a pas empêché de parvenir en plus au grade de sous-préfet, horsclasse, honoraire. Immigré, je l'étais; cela ne m'a pas empêché de parvenir aussi au titre d'Expert français en coopération internationale. Et, je vous fais grâce de mes autres titres ou décorations, françaises et étrangères ... Vous comprendrez sans doute pourquoi cette expression d'" immigré de nationalité française » me soulève le coeur et pourquoi je vous en demande raison. Je suis persuadé que je m'exprime ainsi au nom de ceux de ma catégorie qui pensent comme moi et qui s'abstiennent de formuler une même révolte tranquille, de crainte de ne pas modérer l'expression de leur blessure. 0 JEAN DUMAURIER Saint-Aygulf SHOAH Je viens d'assister à la projection du film Shoah. Ce bouleversant document d'information concernant l'holocauste montre l'aboutissement du racisme. Tout est dit, quarante ans après, tant par des Polonais, témoins souriants et détendus qui relatent bien souvent comme un fait divers la monstruosité de l'assassinat des juifs, que par des nazis, souvent d'anciens SS, qui n'éprouvent aucun remords apparents malgré la certitude des faits. Mais que dire des survivants juifs dont les interviews s'achèvent en sanglots? La caméra balaie les forêts splendides, du faîte des arbres au sol, là où se sont déroulés les crimes monstrueux. Pour ma génération, témoin de ce récit, et qui porte en tant que chrétienne une part terrible de responsabilité dans le crime et l'indifférence, j'ai ressenti douloureusement ces témoignages, mais avec l'espoir que ce film soit programmé dans des lieux de culture et touche un vaste public, particulièrement les jeunes. Il est important que Shoah ne se perde pas dans l'oubli. Différences peut-il après consultation d'organismes officiels, renseigner ses lecteurs sur l'avenir de ce document ? Merci d'avance ... HUGUmE LESOEUR Paris j_ _- ---Le--:.s~P_e_t_i_t_e_S_Al_m_o_n__ces_d_e_D_i_f_f_é_r_e_n_c_e_s _ Prof. Arts plastiques cherche s'équiper. 39, rue du A vendre, belle édition du petit local indépendant pou- Chemin-Vert, 75011 Paris. Littré en quatre volumes, vant servir d'atelier. Tél. : Tél.: 807.17.46. n° 94 édité par l'Encyclopaedia 241.05.54. n° 92 universalis, jaquette crème. 1 Vous voulez apprendre à na- 1 500 F. S'adresser au A ski de fond, au départ viguer? Croisière sur mesure journal qui transmettra. n° 90 d'une auberge rurale. Venez en Aquila (9 mètres) départ Ch h découvrir l'hiver en mon- erc e appartement tagne au sein d'un petit Bretagne-Sud, w. -e., se- 3 pièces, Paris XVIIIe, XIxe, maine, enfants acceptés. XX:e, XIe. Ecrire au journal groupe sympa. La Sauvaigne, TéL: 700.24.51. n° 95 . ° 91 26410 Glandage. Tél. : (75) qUI transmettra. n ?1.10.06. n° 93. Equitation près de Paris, à Une petite annonce dans Diffé- 1 Saint-Martin-du-Tertre. rences, c'est facile, c'est pas Passe montagne partir: Do- Tous niveaux, du débutant à cher et ça peut rapporter gros. cumentation, réservation Va- l'équipe de concours dressage Du haut de ces pages, 20000 canees sportives. Et aussi tout et CSO. 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z' a:: wcc :z:: c ëcci (.) u- S (1) ·aw:: Il Q.. cc è:a Le petit frère de Toyote l'a dénoncée à ses parents: son amitié avec le Bleu, le beau poisson, est bien compromise. \0 b/ev re.jOÎ"t SOr\ '3C'Q. ... d o. ....... , • et ils ,,0At à ~r~~ ....t heû"r4",UC. 1 \a _ bos , fou..'" \&u..r ~t'oS "u,,~ .. BI ..... _ _ ViN._ AUTOSONDAGE Avril 1981 : gigantesque émoi dans le monde, la dépêche tombe sur tous les téléscripteurs: Différences est né. Septembre 1985 : l'opinion internationale reste ébahie: Différences vit encore. Les plus fidèles d'entre vous reconnaîtront peut-être ce sondage, qui s'inspire de celui que nous avions publié en 1982. Répondez soigneusement aux questions: c'est votre seule chance de lire ce que vous avez envie de lire dans les mois qui viennent. .. 1 - VOUS ET LES MEDIAS 1 Comment avez vous connu Différences ? o Amis o Prospection o Librairie/kiosque o MRAP o Manifestations diverses o Autres moyens 2 Depuis combien de temps le lisez-vous? 3 Lisez-vous: o La totalité o Une partie o Je le feuillette 4 Combien de temps y consacrez-vous ? o Plus de deux heures o Plus d'une heure o Moins d'une heure o Sans réponse 5 Dans votre entourage, en plus de vous-même, combien de personnes le lisent ? ..... ............................. ........ ......................... . 6 Les journaux que vous lisez régulièrement Quotidiens: ....... . Hebdomadaires: .............. . Mensuels et presse spécialisée: 7 Combien de livres lisez-vous par mois ? 8 Combien de fois allez-vous au cinéma par mois ? o Jamais o De une à cinq fois o Plus de cinq fois 10 Ecoutez-vous les radios nationales? o Jamais o Quelquefois o Tous les jours 11 Ecoutez-vous les radios locales privées? D Jamais D Quelquefois D Tous les jours 12 Si oui, laquelle écoutez-vous le plus ? 13 Allez-vous au théâtre? D Jamais D Quelquefois D Plusieurs fois par mois 14 Pour vos lectures et spectacles, suivez-vous les conseils de Différences ? 15 Etes-vous membre d'une association de lutte contre le racisme? o Oui 16 Si oui, laquelle? o Non 17 Par rapport au MRAP, qui est à l'origine du lancement de Différences, vous êtes: o Sympathisant o Simple adhérent o Militant actif o Indifférent o Sans réponse II - VOUS ET DIFFERENCES 18 Etes-vous abonné ? o Oui 0 Non 19 Classez, par ordre d'intérêt pour vous, les grands ensembles de rubriques de Différences : Actuel: .................................................................................... . 9 Regardez-vous la télévision ? Dossier : ...... . ........... ..... . o Jamais Cultures : .. ............ . o Quelquefois Découverte : ..... .. .... ... . 1_ __D_ __T_ o_u_s_le_s_J_·o_u_rsCharles ___________________________V _o_u_s : _ _____..._ . .. . ... ... ._ ... . ... _ ... . .. ._ .._... ... ... ._. .. .. .. . __________________~ 111 1 Différences - n° 49 - Octobre 1985 20 Quelle est, pour vous, la sous-rubrique que vous suivez avec le plus d'intérêt (une seule réponse) ? 21 Quel article ou enquête souhaiteriez-vous lire dans les prochains numéros ? 22 Souhaiteriez-vous voir apparaître une rubrique nouvelle, et laquelle? 23 Que pensez-vous de l'illustration (dessins et photos) ? 24 Que pensez-vous de la publicité dans le journal ? 25 Différences est-il pour vous un instrument je travail? o Oui 0 Non 26 Si oui, de quelle manière l'utilisP"J-vous ? 27 Voici une liste d'ad; ;ctifs. Choisissez en 3 qui vous semblent les plus appror dés à Différences o Informatif 0 Incomplet o Neutre 0 Mécaniste o Engagé 0 Ouvert o Déprimant 0 Triste o Comb 0 Militant o Sér" .. x 0 Farfelu o ~ger 0 Utile J Gai 0 Sectaire 28 Où vous situez-vous politiquement? o Extrême gauche 0 Gauche 0 Centre o Droite 0 Extrême droite 29 Où situez-vous Différences? o Extrême gauche 0 Gauche o Centre o Droite 0 Extrême droite 30 Complétez Différences est troP.....H.....H.H Différences n'est pas assez ................. H.. ..................... H.. ........ . 31 Lisez-vous Différences o Par besoin o Par devoir o Par plaisir III - REVENONS A VOUS 32 Etes-vous de sexe o Masculin o Féminin 33 Votre nationalité 34 Habitez-vous o Une commune rurale (moins de 2 000 habitants) o Une agglomération (de 2 000 à 20 000 habitants) o Une agglomération (de 20 000 à 100000 habitants) o Une agglomération (de plus de 100000 habitants) en province L'agglomération parisienne o Ville de Paris o Ou banlieue 35 Quel est votre âge ? 15 à 17 ans 0 18 à 20 ans 0 21 à 24 ans 0 25 à 34 ans 0 35 à 49 ans 0 50 à 64 ans 0 65 ans e t plus 0 36 Le nombre de personnes de votre foyer (vous compris) 37 Votre profession o Ouvrier 0 Employé o Agriculteur 0 Etudiant o Cadre, prof. libérale 0 Au foyer o Enseignant 0 Artisan-commerçant Etes-vous actuellement au chômage? o Oui o Non 38 Le niveau de la dernière école que vous avez fréquentée? o Primaire o Primaire supérieur o Supérieur o Technique ou commercial o Secondaire 39 Dans quelle tranche se situe le revenu mensuel de votre foyer en comptant toutes les rentrées d'argent? o Moins de 4 500 0 Entre 6 500 et 8 500 o Entre 4 500 et 6 500 0 entre 8 500 et 10 000 o 10 000 et plus 40 Possédez-vous? o Une voiture o Deux voitures o Une résidence secondaire 41 Habitez-vous? o La télévision o Un magnétoscope o Une chaîne hi-fi o Une maison individuelle 0 ou un appartement 42 Etes-vous? o Propriétaire 0 Locataire de votre résidence principale ? 43 Au cours de l'été 1985, êtes-vous parti en vacances? o Oui 0 Non Si oui, en France 0 à l'étranger 0 44 Pendant l'hiver 1984/1985, êtes-vous allé aux sports d'hiver? o Oui 0 Non 45 Pratiquez-vous régulièrement un sport? o Oui 0 Non Si oui, lequel ? 46 Vos impressions sur Différences .................................................................. , .............................................. , ....................•...... INTERETS PROGRESSIFS 10 50 0L (TAUXACTIJARIELBRUT DE 3 MOIS A 5 ANS JUSQU'A . , 70 POUR UN PlACEMENT A 5 ANS) "coUN PLACEMENT ET SIMPLE. FABRIQUE DE MAROQUINERIE CREATIONS D. P. 97, rue Oberkampf 75011 PARIS 357.35.24 DE LA FORMATION aUI métiers et techniaues de demain L'ÉVÉNEMENT: parce que ce salon se consacre exclusivement à la formation. Mais à toute la formation. initia le et contiii'û'e.' La formation qui se développe, se structu re, cherche la complémentarité ou occupe les secteurs de pointe; la formation qui est une nécessité absolue pour l'individu et l'économie et une préoccupation de chaque instant pour l'ent reprise, les organisations professionnelles, les pouvoirs publics. FORMATION 85 est la plateforme idéale où se rencontreront les acteurs de la fo rmation qu i représentent un potentiel humain et économique considérable. 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Notes

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