Droit et Liberté n°316 - décembre 1972

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    • Editorial: voir ef combattre par Albert Levy
    • Remous à l’ANPE: L'agence nationale pour l'emploi doit renoncer aux discriminations par Louis Mouscron
    • Extrême droite: "Avant qu'il ne soit trop tard" par Dominique Delhoume
    • Vietnam: sur le front médical, interview du Pr P. Huuenard par Frédéric Bianchi
    • Le racisme dans les élections américaines
    • Dossier: Saint-Denis, solidarité internationale: quinzaine de l'immigration
    • Livres: "la Résistance, 1930-1950" de Alain Guérin présenté par André Tollet
    • Théâtre: une étonnante parodie à idées roses (Santé publique de Peter Nichols) par François chalais
    • Cinéma: l'Allemagne "avant" et "après" par Dominique Defoix
    • Education à la fraternité: une enseignante s'interroge.


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-- " , DROIT ET UBE~ - N' 318 - o;:c.;",,, Deux rebuffades Hier, 3 novembre, un Algérien m'a demandé de téléphoner pour une offre d'emploi parue dans « le Parisien Libéré», ainsi rédigée

« A.S .T., 8 , rue

Duban, MO Muette, 525- 25-20 5 CARISTES, prise travail immédiate ; se prés. à 7 h du matin . » J'ai téléphoné . Voici comment s'est déroulée la conversation : - Avez-vous toujours besoin de caristes? - Oui , monsieur ... mais êtes-vous Français? Oui, madame. Vous êtes blanc? Vous avez la peau blanche? - Oui, madame. - Vous comprenez, nous sommes une société intérimaire et l'entreprise qui embauche refuse les gens de couleur. - Quelle est l'entreprise qui embauche, s'il vous plaît? - Monsieur, je ne peux pas vous la donner ... Je certifie que ces faits sont exacts, et qu'ils ont pour témoins trois travailleurs algériens présents dans mon bureau, au foyer où je travaille, à Sucy-enBrie. Autre fait concernant cette fois le logement. Par téléphone, j'ai demandé à un agence immobilière de Melun (Maurice Duez, U.M.P.B.) , si elle disposait d'un F 4 . Il Y avait effectivement un logement disponible. Nous prenons rendezvous pour le visiter. J'emmène avec moi un travailleur algérien , présent en France depuis sept ans, et père de trois enfants. Il désire faire venir sa fa mille, actuellement en Algérie. Je le connais bien , puisqu'il est au foyer de Sucy depuis 1969. Nous arrivons à l'agence, 15 bis , rue Gambetta , à Melun. Nous disons à la secrétaire que nous avons téléphoné pour visiter un F 4 . Elle me demande si c'est pour moi. Je lui ré- 2 ponds que c'est pour cet ami qui m'accompagne : - Je reg rette , dit-elle , mais je n'ai actuellement personne pour vous faire vi siter l'appartement. Je lui fait remarquer que nous avons perdu notre demi-journée pour -venir à l'agence, et que, par téléphone, on m'avait dit que je pouva is me présenter à cette heure- ci . - Dans ce cas, me diton , revenez dans une heure . Nous revenons comme convenu. Une jeune fille est là , avec les clés en mains. Une secrétaire nous fait remarquer qu'il est inutile de revenir après la visite , car l'agence sera fermée. Nous revenons tout de même, le camarade étant d'accord pour louer le logement visité . L'agence est encore ouverte . La secrétaire appelle le patron. Celui-ci nous reçoit poliment. Il prend note de L'identité de mon camarade , examine sa fiche de paie. Je demande si la démarche a des chances de réussir. On me répond que ça dépend du propriétaire . En juillet, j'avais fait une demande à la même agence pour le même travailleur, et c'est la même réponse qui m'avait été faite. Dans les deux cas, l'agence m'a confirmé par téléphone qu'il ne fallait pas compter sur les logements, car, dans les deux cas, la propriétaire ne voulait plus louer. Nous sommes retournés aujourd'hui, samedi 4 novembre 1971, rue Thiers à Melun. L'appartement est toujours à louer, ainsi d'ailleurs qu'un autre , au premier étage du même immeuble. Pierre GUILLORE Prêtre au travail 94 - Sucy-en-Brie Dans un café de Poissy Je vous signale les faits suivants , dont j'ai été le témoin, le jeudi 26 octobre CIURER dans un café de Poissy (Yvelines), situé en face de la sortie principale de la gare, le « Paris- Bar». Un client, de toute évidence étranger, Algérien ou Marocain probablement, s'est vu refuser d'être servi au comptoir, où il a attendu 10 à 12 minutes, avant de manifester son étonnement. Dans le même temps, trois clients français, arrivés dans l'intervalle et accoudés à ce même comptoir, ont été immédiatement servis. Curieusement, la serveuse semblait littéralement ne pas voir ce client étranger, dont 50 cm de comptoir la séparait. Quand ce client eut manifesté clairement et avec la plus grande correction son étonnement, et devant le refus, cette fois manifesté à haute voix de le servir à la fois par la serveuse et la patronne venue à sa rescousse, je suis intervenue, déclarant que j'étais prête à témoigner devant qui de droit de ce refus de servir un consommateur; je fus alors à mon tour prise à partie par la patronne qui me déclara que je n'avais pas à me mêler de ses affaires et qu'elle était libre de servir


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qui lui plaisait. Me trouvant seule , je n'ai peut- être pas eu les réflexes qu ' il aurait convenu d'avoir en pareil cas : demander son nom et donner le mien à cet étranger, et l'informer de la possibilité donnée par la loi de porter plainte ... M.A. CHARRAS 92 - Colombes N.D.L.R. - La commission juridique du M.R.A.P. est saisie de cette affaire, et il est souhaitable que le Parquet concerné s'en saisisse égal~ment. Il va de soi que l'action serait plus aisée si une ou plusieurs victimes de la discrimination se faisaient connaître. En 'pareil cas, il est recommandé de recueillir plusieurs témoignages et si possible de faire faire un constat par un huissier ou par la police (procédure employée par le M.R.A.P. au début de cette année au « Latin Musique Il), Ailleurs! Dans mon quartier, se construit un foyer de 200 chambres pour « travailleurs migrants». Jusqu'à présent , je n'ai enregistré que du mécontentement à ce propos : pas de motifs précis, mais une crainte confuse de désordre, d'agi- , tation - ou plutôt, une vague peur du voisinage de travailleurs étrangers, basée sur des relents de préjugés racistes. Quand je fais remarquer que ce foyer va offrir, enfin , des conditions d'hébergement décentes aux travailleurs, et que 200 chambres, c'est même peu, les réponses se résument à ça : « C'est juste ... mais on aurait dû construire le foyer ailleurs.» Souhaitons que ce foyer soit rapidement terminé , et que les habitants du quartier soient, en définitive, accueillants (population en majorité composée de retraités et d'ouvriers installé's depuis longtemps ici). Mme GUILLAUMIN 90-Belfort VENTE DE L'AMITIÉ du !) au 30 décembre au siège du M.R.A.P. 120, rue Saint-Denis, Paris-2e (Métro : Réaumur, Etienne-Marcel) Pour vos cadeaux de lin d'année • Objets, bijoux et jouets du Kenya, du Viet-Nâm, d'U.R.S.S., Bulgarie, Afrique noire • Uvres, disques • Foulards • Maroquinerie • Vanneriè • Porcelaine • Cartes de voeux. Ouverture de 10 heures à 19 heures, sauf dimanches PLAISIR D'OFFmR ... EN AIDANT LE M.R.A.P. ((L'arIDe du rire)) dans la lutte contre le racislDe_. SANTÉ' PUBLIQUE de Peter Nichols au THÉÂTRE DE LA VILLE (Place du Châtelet) Soirée exceptionnelle mercredi 13 décembre à 20 h 30 sous le patronage du M.RA.P. Adaptation française de Claude Roy. Mise en scène de Jean Mercure. Avec Jean Mercure, Roger Pierre, Michel de Ré, Olivier Hussenot, Maurice Chevit, André Weber, Yvan Labéjof, J.-M. Bon, B. Bruce, B. Véron, L. Baylac, M.-O. Cayre. D. Jayr, Jandeline, J.-C. Islet, R. Thiam. Places à 15 F, 18 F et 30 F LOCATION au M.RAP., 120, rue Saint-Denis, Paris-2e (Tél. 231-09-57) C.C.P. 14.825-85 Paris Voir p. 23, l'article de François Chalais DROIT ET LlBERTË - N°, 316 - DËCEMBRE 1972 3 Diffusion de couture eaL ! Créations Arlette Nastat vaoe~nastat 43, rue d'Aboukir, Paris-2e . Tél .. 508-88-60 4 dans ce nUDlèro L'A.N.P.E. DOIT RENONCER AUX DISCRIMINATIONS Après les révélations du M.R .A.P. sur les discriminations pratiquées par l'Agencé nationale pour l'emploi, célles-ci ont céssé. Mais la direction de ladite Agencé tente de rejeter sur le personnel la responsabilité de cés violations de la loi, qui n'incombe qu'à elle ... (pages 6 et 7). AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD A l'occasion des élections plusieurs groupes de l'extrême - droite radste s'unissent et font patte de velours (page 8) . LE RACISME DANS LES ÉLECTIONS AMÉRICAINES De graves incidents radaux ont eu lieu à la veille de la réélection du président Nixon. Ce problème a pesé d'un ÇJrand ,:"; i:1s d", - '3 campagne électorale (pages 1 0 et 11). I*~~I~---- SAINT-DENIS SOLIDARITÉ 1 NTERNATIONALE Le compte rendu et le bilan de la Quinzaine de l'immigration organisée à SaintDenis par le M.R.A.P. et la munici'palité. Un exemple à suivre! (Pages 13 à 20). En couverture : U.S.A. : le radsme a tué (U .P.I.) . droit & liberté M'ENSUEL 120, rue Saint-Denis • Paris (2") Tél. 231-09-57 - C.C.P. Paris 6070-98 ABONNEMENTS • Un an : 25 F • Abonnement de soutien : 50 F Al/lilIe.s, Réul1ioll, Maghreb, Aji?"quefra/1" COphOIlC, Laos, Cambodge, NOlll'elle-Calé· d(Juie : 25 F. Aulres pays: 35 F. Che/IJgelllelU d'adresse : 1 F. Dire.cteur de publication : Albert Lévy Imprimerie la Haye éditorial Voir et contbattre

1 U NE loi contre le racisme a été votée en juin . La place nous manque dans ces

1 pages pour citer les infractions qu'on nous signale jour après jour. Les fiches de l'Agence nationale pour l'emploi portant la mention « Pas de gens de couleur» révèlent non setJlement l'injustifiable attitude d'un grand service public, mais encore l'étendue des discriminations à l'embauche, que confirment maintes annonces publiées dans la presse. Les refus de chambres et de logements sont innombrables. On n'en finirait pas d'inventorier les excitations à la haine, les injures et les diffamations, individuelles ou collectives, visant à humilier, à rejeter ou à détruire des hommes, à raison de leur origine raciale, éthnique, nationale ou religieuse . A quoi s'ajoutent, pour certains, des restrictions légales à leurs droits civils, sociaux ou professionnels, voire une ségrégation de fait dans l'habitat - et pour tous , les préjugés qui surgissent si souvent dans la vie courante : Oui , le racisme est, dans notre pays, une réalité quotidienne. Si les travailleurs immigrés sont les plus atteints, aucun aspect du mal ne saurait être ignoré. Les Gitans demeurent des parias, en dépit de certaines améliorations de leur statut . Quant à l'antisémitisme, vingt-sept ans après la défaite d' Hitler, sa permanence trouve de multiples illustrations : cimetières juifs et synagogues profanés, articles, tracts, affiches, graffiti insultants et menaçants, agitation des groupes d'extrême droite, à l'heure où, Touvier gracié et Barbie protégé, le plus haut personnage de l'Etat invite à « jeter le voile de l'oubli» sur les crimes nazis. Le souvenir est proche des « rumeurs» d'Orléans, Amiens et autres lieux, des violences commises dans un lycée parisien, de la mort d'un collégien de Toulouse dans des circonstances encore mal éclaircies .. . N O~S .n'entendons pas noircir le tableau . Mais une telle énumération donne à réfléchir. Le moindre de ces faits, s'il se produisait dans un autre pays, serait considéré ici comme le symptôme d'une situation inquiétante, Les Français qui condamnent sincèrement le racisme prennent de plus en plus conscience qu'ils sont directement concernés, qu'i ls ont fort à faire pour « balayer devant leur porte» . Nous ne doutons pas que, dans leur majorité, ils y soient disposés : encore faut-il qu'ils sachent ce qui se passe . Mais voilà! L'antiracisme est devenu , lui aussi, un courant puissant, pour des raisons historiques (et peut-être, y sommes-nous également pour quelque chose) ; il est normal que l'on tente de le dévoyer, de le « récupérer». Il ne s'agit pas uniquement de telle ou telle organisation presbyte, qui voit d'autant mieux le racisme qu'il se situe plus loin - et à condition , encore, que ce soit dans une direction déterminée; il s'agit, en fait, du problème général de l'inform"ation. Deux étudiants noirs tués par la police aux Etats- Unis, des millions de femmes et d'enfants massacrés lâchement au Viêt-nam , les méfaits de l'apartheid en Afrique du Sud, les luttes du « tiers monde» opprimé n'ont droit qu'à la portion congrue dans les mass media (( grande presse», radio , télévision) pourtant si promptes à s'enflammer à toute défaillance - parfois réelle, il est vrai - qui apparaît dans le monde socialiste . Dans un drame aussi complexe que celui du Proche-Orient. nous voyons, sous prétexte de défendre l'un ou l'autre camp, s'opposer de part et d'autre, les mêmes schématismes, les mêmes outrances, les mêmes excitations. Et là où le racisme est absent, on en rajoute, à tout hasard: ça mobilise , aujourd'hui. .. Mais pour ce qui est du racisme en France, silence! La question ne sera pas posée ... COMBATTRE efficacement le racisme en 1972 suppose une analyse approfondie de ses voies et moyens, la volonté de le dénoncer partout sans complaisance; mais il faut aussi savoir dévoiler les pièges, les distorsions, volontaires ou non, qui tendent à en masquer certaines manifestations, à diviser ses victimes et les forces antiracistes, à minimiser ou grossir les événements selon les besoins d'une cause inavouable. C'est l'honneur de cette revue d'oeuvrer à la clarification indispensable, sans céder à aucune pression. Albert LEVY DROIT ET LIBERTÉ - N° 316 - DÉCEMBRE 1972 5 «Pas de gens de couleur)) L'Agence Nationale pour l'Emploi T A divulg~tion par le ~.R.A.P. des ?iscrim!nations pratiquées .L par 1 Agence NatIOnale pour 1 EmplOi a provoqué des remous profonds. C'est le 14 octobre que, pour prouver la réalité des faits qu'il dénonçait, notre Mouvement, après avoir effectué sa propre enquête adressait à la presse parisienne dix photographies de formulaires d'offre d'emploi portant la mention : « Pas de gens de couleur». Plusieurs quotidiens et hebdomadaires ...... 42."r: dë·'I'Èëol~ .. " -: mole. IJordeoux - Coudércl. . Ore, à Il. i3x . MAÇONS OOFFREURS ENDUISEURS 1 ETANCHEISTES . ;,22 février 2011 à 15:47 (UTC)Vo~~ ré!~~!~:: ~ E. 1.. 21 . rue HUQuerie, Bx. "'ECH., URG., DEPANNEU", . t:'t""TDlr,r ... - .A""" ,. 'Jo, 'u~ ri5·4' lS Quotidiennement la loi est violée par des offres d'emploi discriminatoires publiées par certains journaux. Ci-dessus, une annonce prise dans «France-Soir» parmi des dizaines, et une autre extraite de 6 « Sud-Ouest» IS octobre). Avenue Simon-Bolivar, à Paris I1S8 ). un magasin a été cambriolé. Un témoin a déclaré, avoir vu, la nuit. les voleurs, et que ceux-ci étaient des Algériens. Mais il n'existe aucune preuve. Et c'est «aux Algériens» en général. que s'en prend le commerçant. qui placarde sur sa vitrine cette affichette. Alerté. le M.R.A.P. est intervenu. le commerçant a été sommé de retirer cette insulte raciste. véritable provocation contre les travailleurs algériens, nombreux dans le quartier. Ce qu'il a fàit, mais après une longue et difficile discussion. en reproduisaient bientôt la teneur, accompagnant parfois leurs commentaires du cliché de l'un des formulaires (l). Il apparaissait ainsi sans conteste que, cédant aux exigences de certains employeurs, un organisme officiel, service public à la disposition de tous les travailleurs, agissait en violation flagrante de la loi relative à la lutte contre le racisme, du le, juillet 1972. Irritation et embarras Premières réactions: celles de chefs d'entreprises dont les formulaires indiquaient 'les noms et adresses, et dont Le Monde avait publié la liste. Sept d'entre eux, sauf erreur, ont écrit à divers journaux. Leurs lettres, qui traduisent à la fois de l'irritation et de l'embarras sont conçues de manière à peu près identique. Toutes contiennent des professions de foi antiracistes, assorties souvent de l'affirmation que l'entreprise citée emploie du personnel étranger ou « de couleur ». Tous ces employeurs nient, en conséquence, avoir indiqué des restrictions dans leurs offres d'emploi, certains allant jusqu'à accuser les journaux, voire même l'Agence pour l'Emploi, d'avoir voulu les calomnier délibérément. L'un d'eux constate même que, sur le formulaire le concernant, la mention : « Pas de gens de couleur » a été inscrite par une main différente de celle qui a libellé l'information essentielle - ce qui, selon lui, jetterait le doute sur l'authenticité des documents rendus publics. Par une mise au point détaillée, le M.R.A.P. a répondu à ces dénégations. En premier lieu, il convient de rappeler l'existence même, irréfutable, des formulaires dont les photos ont été reproduites. Ils démontrent que, même si elles emploient des noirs ou des étrangers à des postes déterminés (généralement subalternes) des entreprises entendent écarter ces travailleurs de certaines fonctions sans prendre la peine d'examiner leur qualification. Si les déclara~ tions adressées à la presse correspondent à une conviction sincère, on peut espérer que, désormais, pareilles discriminations ne se produiront plus dans les firmes évoquées. Mais il est intolérable que l'on tente de rejeter sur le personnel de l'Agence Nationale pour l'Emploi, la responsabilité des mentions restrictives. C'est sur l'ordre de leurs supérieurs, que les employés de cet organisme d'Etat enregistraient les indications données à ce sujet par les entreprises, au lieu d'attirer l'attention de celles-ci sur le caractère illégal de telles discriminations. S'il est vrai que deux écritures différentes apparaissent sur l'un des formulaires, c'est tout simplement, sans doute, parce que le refus d'engager des « gens de couleur» a été signalé par l'employeur, non pas au moment où il a fait connaitre son offre, mais ultérieurement, au service qui lui présentait des candidats. Il reste que les formulaires photographiés ne représentaient que quelques exemples d'une pratique généralisée : ils figuraient parmi des milliers d'autres dans les fichiers de l'Agence Nationale pour l'Emploi. Le but du M.R.A.P. n'était pas de viser, en tant que telles, les entreprises citées, mais de révéler à l'opinion publique l'ensemble du problème, dans toute sa gravité. Ce but a été atteint, et, pardelà les remous qui tendent li masquer l'esse.ntiel, il est clair aujourd'hui que l'initiative a été salutaire. Boucs émissaires? Confirmant les faits, les syndicats ont. approuvé la prise de position du M.R.A.P., en même temps qu'ils dénonçaient les tentatives de mettre en accusation le personnel de l'Agence. doit renoncer aux discriminations (( De tels faits (les discriminations pratiquées par l'Agence) sont malheureusement courants », écrit « Syndicalisme», organe de la C.F.D.T. qui rappelle que la C.F.D.T. et la C.G.T. les avaient soulignés, il y a plus d'un an, en lançant leur campagne pour les droits des immigrés. Ce journal p\,ursuit : (( Le syndicat C.F.D.T. des services extérieurs du Travail et de l'Emploi suit l'affaire, prêt à intervenir si cela s'avère nécessaire, et les suites juridiques à envisager sont examinées par la C.F.D.T. Il est demandé aux militants de toutes les organisations de signaler tout fait similaire au service juridique de la Confédération ou au secrétariat national des travailleurs immigrés ». De son côté, le Syndicat général. C.G.T. des personnels des Affaires sociales précise que (( seuls, l'absence de contrôle réel des offres, les méthodes de travail, la recherche des offres à tout prix, aboutissent à ce que, journellement, de nombreux collègues de l'AN.P.E. soient amenés à enregistrer des offres d'emploi racistes ou xénophobes et à camoufler les mentions racistes ou xénophobes dans les publications intérieures à l'A.N.P.E. ». (( Il est évident, ajoute-t-il, qu'il n'y aura pas de solution au problème des discriminations à l'embauche, tant que les comités d'entreprise, les comités d'établissement, les délégués du personnel, les organisations syndicales ne seront pas dotées de nouveaux pouvoirs et, notamment, consultés obligatoirement avant toute mesure concernant l'embauche ou le licenciement ». D'autre part, l'ensemble du personnel de trois centres de l' A.N .P.E. (Belleville, Simonet et Picpus) a fait parvenir à la presse une motion dans laquelle il (( s'élève énergiquement » contre les accusations les mettant en cause: (( Si nous sommes contraints, indiquent-ils, de respecter les critères de recrutement définis par les entreprises, même lorsque celles-ci mentionnent des restrictions d'ordre racial, nous ne saurions en aucune façon accepter d'en être tenus pour responsables ». Signalons enfin, parmi les prises de position qui ont eu lieu ces dernières semaines, la question écrite adressée au préfet de Paris par six membres communistes du Conseil de Paris, demandant que des sanctions soient décidées à l'encontre des employeurs coupables de discriminations et que des mesures urgentes mettent fin à de telles pratiques (B.M.O., 21 octobre 1972). Et la direction de l'Agence nationale pour l'emploi? On attend toujours qu'elle fasse connaître clairement son point de vue. Dans un communiqué (( La Croix », 24 octobre), elle affirme qu'aucune mention relative à l'origine, l'appartenance ou la non-appartenance li une ethnie, une notion, une race ou une religion; « NE DOIT FIGURER» sur les offres d'emploi 1( publiées ou diffusées par l'Agence, ainsi que sur tout document propre à l'établissement ". Mais elle ne se prononce pas publiquement sur la réalité des faits, pourtant notoires, que le M.R.A.P. a dénoncés. Son attitude revient en somme à accuser le personnel de l'Agence, tout comme le font les employeurs. Ce sont eux, les boucs émissaires, eux qui auraient décidé sans aucune directive, d'inscrire sur les formulaires les restrictions dictées par les employeurs; c'est d'eux que viendrait tout le mal! Une enquête a été ouverte à la: demande du Parquet en vue d'évaluer la responsabilité des employeurs. Mais il semble bien, jusqu'à présent, que les recherches ont pour objectif essentiel, sinon unique, de découvrir, comment les discriminations pratiquées par l'Agence ont pu être dévoilées à l'extérieur. Selon une circulaire du Chef de Centre régional de Paris-Normandie, ce qui « porte un discrédit" à l'A.N.P.E., ce ne sont pas les méthodes discriminatoires (contre lesquels on ne trouve pas un mot de condamnation) mais leur révélation publique! Dissuasion Quant au ministère des Affaires sociales, dont dépend l'Agence nationale pour l'emploi, il « entend, selon Le Monde (24-10-1972) ne plus voir figurer sur les fichiers de l'Agence» « de telles mentions » discriminatoires : ce qui est reconnaître qu'il y en avait et confirme que le M.R.A.P. a eu raison d'en demander la suppressIOn. Nous savons bien que cela ne suffira pas à mettre fin aux discriminations racistes et xénophobes dans le domaine de l'embauche. Dans la presse, des offres d'emploi contrevenant à la loi continuent de paraître chaque jour. Mais cette première campagne du M.R.A.P. aura sans aucun doute un effet de dissuasion auprès d'un certain nombre d'employeurs; et l'on peut espérer que la complicité des organismes officiels cessera définitivement, sous le contrôle vigilant des usagers et de tous les antiracistes. Louis MOUSCRON (1) Le Monde (18 -10), L'Humanité (19 -10), La Croix (24 -10), Le Nouvel Observaleur (24 10), Le Canard Enchaîné (26 10), Témoignage Chrétien (26 - 10), COIl/act (C.E. Renault), novembre 1972. AU FIL DES JOURS ... AU FIL DES JOURS ... AU F • Un lycéen de 19 ans, originaire du territoire français des Afars et [ssas (Somalie) a été allaqué en plein jour, route de Versailles, à Chatenay-M alabry, par trois hommes descendus de voiture près de lui. Violemment frappé, un médecin a constaté ses blessures. Il a pu, heureusement, noter le numéro de la voiture de ses agresseurs, lorsqu'ils se sont enfuis. Plainte a été déposée. • Le 17 novembre dernier, le Parti Communiste Français a donné une conférence de presse sur les problèmes de l'immigration. M. André Vieuguet a fait connaître l'intention des élus communistes de demander de plus amples pré- DROIT ET LIBERTÉ - N° 316 - DÉCEMBRE 1972 CISiOns au gouvernement sur ses véritables projets, après la diITusion de la circulaire dite Fontanet, qui provoque. parmi les immigrfs, bien des illquiétudes. • A l'occasion de la Journée nationale de l'Immigration. les représentants de l'Amicale des Algériens en Europe, se sont élevés contre les allcntats Hies provocations racistes dont sont particu lièrement victimes, ces derniers temps. les Algé riens. C'est ainsi que, dans la nuit du 16 au 17 octobre, des agressions ont eu 1 ieu contre six cafés tenus par des ressortissants algériens : quatre à Aubervillicrs, un à Pantin, l'autre à Drancy. Le lendemain, un Algérien était grièvement blessé de deux balles de pistolet, à Aubervilliers. • Le propriétaire d'un café de SaintEtienne a été jugé le 13 novembre, devant la 3" chambre cOrJ'ectionnelle de cette ville , en application de la nouvelle législation contre le racisme. 11 avait. à deux rpprises. refusé de servir des travailltul's originaires d'Af"iquc du Nord. parcc que l'ull d'eux, a-t-il dit , « avait un physique antipathique et il faisait peur Il. • Dans le Il arrondissement, une agence d'oITres d'emploi, 102. rue du Chtmin-Vert. affiche dans sa vitrine des annonces demandant des maltons de « nationalité européennt Il . Le Comité local du M.R.A.P. est intervenu. 7 Jean-Marie le Pen et François Brigneau au meeting du 7 novembre T ES revoilil : agressions contre des ly. L céens, molestages d'enseignants, accompagnés de chants nazis et de saluts de la même veine, propagande imprégnée de racisme viscéral et d'anti communisme intestinal... l'extrême-droite redouble de virulence, à quelques mois des élections législatives. Le 7 novembre dernier, ils s'étaient tous donné rendez-vous à la Mutualité. rassemblés sous le sigle: « Front National ». Mais là, ni uniformes, ni casques ou croix celtiques, ni matraques tenues par de boutonneux et rougueux adolescents paramilitairement alignés; rompant avec certaines traditions, les organisateurs avaient misé sur le calme et l'honorabilité. « Ordre Nouveau» avait été prié de se refaire une raçade, pour une « opération sourire» inhabituelle. Quelques casques circulaient bien, mais soigneusement planqués sous la veste. Côté « décorum }), les responsables avaient rorcé sur la mise en scéne : immenses banderoles bleu -blanc-rouge, luxueuses brochures et journaux sur le financement desquels tous les orateurs inscrits restérent muets. On ne parla guére du passé, si ce n'est pour sai uer la mémoire de Pétain; mais les orateurs affirmérent leur sympathie totale pour les colonel grecs. Caetano, Franco et le général Thieu. Et aussi pour le N.P.D. ouest-allemand et le M.S.1. italien, la guerre du Vietnam, les opérations coloniales du Portugal en Arrique, demeurant pour eux les sommets exaltants de la défense de la civilisation. Le racisme, la xénophobie étaient à l'ordre du jour, bien -sûr, qui imprégnent aussi, le riche hebdomadaire du « Front National» : « Pour un ordre nouveau }). « L'Etat national (tel que le conçoivent ces gentlemen)... veille aussi aux conditions dans lesquelles s'effectue l'immigration et l'assimilation des étrangers. Rien ne sert, en erfet de veiller aux rrontiéres d'une nation, si une invasion pacifique ou légale change la nature, le particularisme et le génie de son peuple ... » Et « Minute }) de préciser : « Le nouveau mouvement entend être l'expression de la 8 extrêHle-droite «Avant qu'il ne soit trop tard)) vraie droi te, nationale et populaire, celle qui ne met ni son chapeau dans s? poche ni ses idées au vestiaire ». On s'en doutaIt... Il serait périlleux de ne pü ~ pre:-:dre au sérieux ces agités. L'Histoire nous apprend la vigilance indispensable en période de crise politiq ue ou économique. La brusque recrudescence des menées fascistes n'est pas rortuite. Elle survient à un moment important de la vie nationale, quand certains souhaiteraient se "voir dédo uaner de leurs positions ou de leurs alliances de droite ... Serait-ce l'explication de cette débauche de moyens en tous genres, sans Rue Compans, dans le 19" leur idéologie rapport aucun avec la représentativité réelle de ce « Front National » ? Quoi qu'il en soit, il y a menace. On ne compose pas avec le fascisme. Avant qu'il ne soit trop tard, il est indispensable d'arrêter la « résistible ascension » des forces de haine et de tyrannie. D'autant plus que les responsables du prétendu « Front National » ne sont pas des inconnus. Jean-Marie le Pen, le président du « Front National JJ, fit ses premières armes à la Corporation des Etudiants en Droit, mère nourricière de nombreux mouvements d'extrême-droite, puis fut secrétaire gènéraI de l'U.DJ.F. de Pierre Poujade. Elu dé· putè de Paris en 1956, il siège parmi les poujadistes. Il participe à la guerre d'Algérie et aux opérations de Suez. En 1957, il fonde le Front National des Combattants, apôtres musclès de l'Algérie Fran· çaise... Il deviendra par la suite respon· sable du "Front National pour l'Algérie Française JJ, puis du comité pour l'élection de Tix ier-Vignancour. François Brigneau, vice-président du "Front National JJ débuta sous le nom de Julien Guernec dans « Paroles Française JJ, organe du "Parti Républicain de la Liberté)J, en 1946, après être sorti de Fresnes où il sèjournait depuis la Libération. En 1951, il déverse sa bile à "La Fronde JJ, reuille confidentielle d'extrêmedroite. "Paris-Presse JJ l'utilisera, puis "L'Aurore JJ. "Rivarol JJ et entin "Minute JJ , dont il est rèdacteur en chef. Il fut lui aussi de ceux qui dispensèrent leurs conseils éclairés au comité directeur pour l'élection de Tixier-Vignancour. Il est enfin un des fondateurs d'" Ordre Nouveau JJ. Alain Robert, secrétaire général du " Front National JJ et d'" Ordre Nouveau JJ s'est déjà manifesté à la "Fédération des Etudiants Nationalistes J), à "Occident JJ aux « Groupes Union et Défense JJ, spécialisés dans les attaques à main armée à l'Université. Roger Holleindre) secretaIre général adjoint est un dur, un pur, un ex -para : c'est avec des cris véritablement hysté~ Iques qu'il essaie d'électriser la salle. Hier, Il ronda les "Jeunesses Patriotes et Sociales JJ, qui regroupérent un temps les brebis égarées d'" Europe-Action JJ et du " R.E.L. JJ Lui aussI assista TixierVignancour, dans les réunions de sa campagne présidentielle, dont il dirigeait le service d'ordre. Citons encore: Pierre Bousquet, trésorier, moins célèbre que les précédents, et qui n'en rut pas moins secrétaire général du "Mouvement National Populaire JJ, animateur du groupe "Militant JJ, et secrétaire-général -adjoint du " Mouvement Jeunesse et L iberté JJ. Ainsi que Pierre Durand, trésorier adjoint, également ex -responsable du comité Tixier-Vignancour. On le voit : le « Front National» est une tentative de regroupement de tous les éléments de l'extrême-droite raciste antisémite, xénophobe qui se sont mani: festés ces derniéres années, en particulier au temps de la guerre d'Algérie. A eux se joignent un certain nombre d'anciens collaborateurs en quête de revanche. Une question se pose : jusqu'à quand et jusqu'où laissera-t-on en haut lieu, cette opération se développer? Dominique DELHOUME vietoant Sur le front médical a: o Deux vict imes de la « pacification » à l'américaine, dans la province Nghe An. Hanoï, Nord-Vietnam, 20 octobre 1972 : de l'avion, descend un passager atte nd u : le professeu r P. Hugue nard , médecin-chef du dépa rteme nt d'anesth és ie-réanimation du C.H.U . HenriMondor à Créteil. Il J'ai été envoyé là-bas par l'Association d'amitié franco- vietnamienne pour plusieurs raisons. En premier lieu, il s'agissait de vérifier le bon acheminement d'une grande quantité de matériel médical destiné au Nord-Vietnam, résultat de collectes et de campagnes effectuées en France. Il s'agissait de vérifier si tout était bien arrivé - il 'Y en avait pour plus de 40 millions d'A.F. - l'acheminement par avion étant assez compliqué. " fallait également, vérifier l'utilisation des appareils, voir s' ils étaient adapté aux besoins locaux réels. Et aussi, examiner ces besoins, difficiles à imaginer de France, malgré tous les renseignements dont nous disposons. Il Je devais, enfin, participer à de nombreuses réunions d'étude concernant la réanimation chirurgicale. Il l'accueil a été excellent, d'une extrême gentillesse et tout à fait efficace

en une petite semaine, j'ai réussi

à faire une quantité de choses, plus de 15 heures de cours, au moins deux tables rondes, trois à quatre séances d'opération, des séances de films le soir: et même une visite à Nam Dinh et ses environs, donc une très bonne organisation. Il Ce compte rendu m'est fait dans son bureau de l'Rô pital. Le professeur P. Huguenard en vient rapidement aux problèmes médicaux que doit affronter le Nord-Vietnam, en butte à l'agression nord-américaine , aux bombardements incessants . Il Je ne me suis guère intéressé au problème santé, dans son ensemble. " y a des difficultés qui m'échappent, en matière de médecine préventive, par exemple. Je me suis surtout penché sur le côté réanimation. Toutefois, je peux avancer quelques éléments d' information. Il ne faut surtout pas oublier que le Vietnam est, bien sûr, une nation en guerre, mais aussi une nation très fortement peuplée, où on travaille beaucoup, d'où des accidents du travail; où on circule beaucoup, d'où des acci- DROIT ET L1 8ERTÉ - N° 316 - DÉCEMBRE 1972 dents de la route. Sur le plan de la chirurgie courante, les Nord-Vietnamiens sont très avancés. Ainsi, j'ai pu assister à une opération à coeur ouvert sur une jeune femme de 17 ans : une opération difficile, de la chirurgie d'avantgarde, qu'ils étaient tout à fait capables de réussir. parfois dans d'incroyables conditions, usant de leur ingéniosité pour pallier les déficiences en instruments de contrôle, notamment. Il S'ils manquent de matériel Il logistique Il, les Vietnamiens sont cependant très bien fournis en littérature médicale

leurs bibliothèques sont remplies.

Au point de vue compétence des médecins, il y a sans doute encore à faire, mais les études médicales se poursuivent et il y a des enseignants de très grande valeur, on peut les aider à renforcer leur enseignement, comme je l'ai fait. Mais sans plus. Il Il Mais surtout, il y a la guerre, ses blessures, l'horreur courante, ainsi que la pénurie qu'elle entraîne et qui entrave fortement l'action des services de santé nord-vietnamien. la plupart des hôpitaux d'Hanoï '!Ianquent d'appareils, de matériel divers. les praticiens opèrent Les pertes humaines Les bombardements , amerlCalnS Ecologie • Américaines : 45 884 morts (303 457 blessés). • Sud-vietnamiennes (Saïgon) morts. 181906 • F.N.L. et nord-vietnamiennes 909909 morts (estimations américaines). • Civils : 4,3 millions de blessés ou tués (sur une population indochinoise totale de 50 millions). PRISONNIERS DE GUERRE • Américains: 544 (1 151 disparus). • F.N.L. et Vietnamiens du Nord : 36364. le tonnage de bombes, d'obus et de munit ions déversés sur toute l'Indochine, de 1965 à septembre 1972, est évalué à près de 15 millions. (Au cours de la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont largué 2 millions de tonnes de bombes, et au cours de la guerre de Corée, environ 1 million .) • Bombardements aériens : Sous l'administration Johnson (2-65 - 20-1- 69) : 3 250 000 tonnes de bombes. Sous l'administration Nixon (21-1-69 - 6-72) : 3 550 000 tonnes de bombes. • Défoliants : 75,5 millions de litres déversés. • Armée de terre : 5759933 tonnes. • Marine : 128 500 tonnes. Au cours des sept dernières années, les Etats-Unis ont utilisé 53,5 kg de bombes et d'obus, chaque seconde, soit 265 kg par habitant. • Au Sud-Vietnam, 3 millions d'acres (sur un total de 25 millions) de forêts ont été ravagés depuis le début de la guerre. les responsables

herbicides divers, défoliants, cratères

dus aux bombes, nivellements systématiques dus aux bulldozers . 9 -+ La guerre, les bombardements sont aussi terriblement meurtriers. Les plaies infligées au Nord-Vietnam auront de sérieuses conséquences pour l'avenir. C'est ainsi que le professeur P. Huguenard , sur un point précis, a pu glaner quelques données l'utilisation des défoliants par les Américains et leur effet sur la santé de la population . Il L'un des plus éminents chirurgiens de Hanoï, le professeur Tung a constaté une très forte augmentation du nombre de cancers primitifs du foie, dans la population. Ce serait de l'ordre de 500 %. Tung est en train d'étudier le rapport qu'il pourrait y avoir entre cette augmentation et les produits chimiques utilisés comme défoliants, telle la dioxyne. Ce qui est intéressant, c'est que ce sont les chercheurs de l'Université de Harvard, aux U.S.A., qui étudient la question sur des prélèvements de foie envoyés par le professeur Tung, Il Terrible témoignage . Car, si l'on n'est pas encore certain, à l'heure actuelle , de la responsabilité de ce produit chimique, de lourdes présomptions existent. Et la paix? La paix, éternellement reportée par les dirigeants américains et le gouvernement de Saïgon , qui lui est entièrement dévoué. La paix, un temps proche, puis encore retardée ... Il Naturellement, les Nord-Vietnamiens l'espèrent, l'attendent avec impatience. J'ai eu l'occasion de fêter avec eux sa proximité... J'ose à peine imaginer leur déception. Mais les Nord-Vietnamiens ont surmonté d'autres épreuves, et sauront surmonter celle-ci. « Il faudrait néanmoins que la paix arrive rapidement. Dès son avènement les problèmes vont affluer. Il faudra réorganiser la santé, panser les plaies, prévoir : or, ils aimeraient s'y mettre tout de suite, construire des hôpitaux, rattraper tout le retard pris. Notre entretien se termine. Mais le professeur Huguenard tient à préciser encore un point. Il Ce qui manque le plus, c'est l'argent, pour acheter tout le matériel médical indispensable. Le Vietnam, héroïque et fraternel semble plus proche. Des hommes s'y battent. Des médecins luttent contre la mort avec ingéniosité et courage dans les pires conditions . Un témoignage qui vient nous rappeler la nécessité de notre soutien à ceux qui luttent, là-bas, pour leur liberté et celle de tous les hommes. (Propos recueillis par Frédéric BIANCHI) Les dons peuvent être adressé au M.R.A.P. , C.C.P. Paris 14825-85 qui fera suivre. 10 u.s.a. Le raci• sme dans A la veille des élections présidentielles qui viennent de se dérouler aux Etats-Unis, un affrontement racial, d'une extrême acuité. a éclaté dans un Quartier blanc ouvrier et petit-bourgeois de Brooklvn à New York : un affrontement révélateur des obstacles très sérieux qui restent à surmonter dans la lutte pour l'égalité entre les races et contre les préjugés systématiquement entretenus par l'administration Nixon depuis son accession au pouvoir. Le conflit est né d'une situation apparemment banale : les autorités du district scolaire avaient décidé de faire transporter chaque jour en autobus une vingtaine d'élèves noirs d'un quartier surpeuplé et misérable (Brownsville) dans une école un peu mieux équipée d'un autre quartier, Canarsie, à prédominance blanche. Cette décision très modérée a provoqué l'opposition acharnée des habitants blancs de Canarsie, qui se sont groupés dans une « association des parents» afin d'empêcher l'arrivée des enfants noirs dans « leur» école. Les parents excités par la crainte et la peur, ont proclamé le boycottage des sept écoles du district, et appelé les blancs du quartier à manifester contre cette « invasion» pacifique de « leur» territoire. Un camp retranché Pendant une semaine le même scénario s'est déroulé quotidiennement, avec des variations mineures. Des centaines de manifestants blancs accueillaient par des insultes et menaces les quelques enfants noirs qui descendaient du bus et se dirigeaient, sous escorte policière , vers l'école. A quelques dizaines de mètres de là , des centaines de noirs, ceux du quartier (où ils sont minoritaires!. et ceux venus d'ailleurs se groupaient pour manifester leur soutien moral aux élèves noirs, dont la rentrée scolaire s'effectuait dans ces circonstances difficiles. Le quartier avait pris l'aspect d'un camp retranché avec des cars de police partout, et des hélicoptères patrouillant au-dessus. Des groupes d'élèves - des blancs ici , des noirs là - erraient dans les rues avoisinantes, et parfois se heurtaient violemment. Pendant cette semaine-là, les parents blancs sont parvenus à imposer à près de 90 % le boycottage des classes. Les professeurs, pour la plupart des blancs, ont continué cependant à faire acte de présence, mais ils n'avaient devant eux que quelques élèves noirs; presque tous les élèves blancs étaient absents, Puis, la totalité des élèves, blancs et noirs, ont cessé de venir. La tensions persiste, et la question est loin d'être réglée. Les autorités locales parlent même de la possibilité de « reconsidérer» la décision qui a provoqué une telle tempête . Cette situation, si épineuse et si explosive a:: o n'était pas sans rapport avec la campagne électorale pleine de confusion et aussi de mystifications racistes qui vient de s'achever. Car, tout autant que la guerre d'extermination menée au Vietnam dont Nixon avait mensongèrement promis la fin toute proche, face à la candidature anti-guerre de McGovern, les problèmes intérieurs, tels que « la loi et l'ordre», « le crime dans les rues », et surtout le « busing» (le transport en autobus des élèves noirs vers des écoles de quartiers blancs (ou vice versa) afin d'atténuer la ségrégation raciale dans le domaine scolaire, étaient au centre de l'attention et présentés par le président d'une façon particulièrement inquiétante. Comme l'a remarqué un observateur judi- Mac·Govern, lors de la campagne électorale. cieux, Tom Wicker, du « New-York Times », (( le problème de la loi et l'ordre, avec ses résonances raciales, est un facteur puissant dans cette campagne. Et la combinaison de la ligne dure (adoptée par le président sortant) contre le (( busing)l avec l'absence de George Wallace (éliminé comme candidat par les balles d'un assaillant) a certainement contribué à canaliser vers Nixon toutes les voix de la peur, de la suspicion, et de l'animosité. Il Un mot de passe Car M. Nixon , avec ce qu'on a appelé sa « stratégie sudiste» a joué à plein sur les sentiments racistes , à la fois ouverts et latents, si répandus dans la population blanche. L'absence du démagogue raciste Wallace était déterminante, car les voix que Wallace aurait recueillies s'il s'était présenté auraient certainement été enlevées à M. Nixon, et non à son rival démocrate. les élections américaines De notre envoyé spécial Schofield Coryell Nixon a sciemment cherché à faire le plein des voix parmi les éléments les plus racistes, - souvent les blancs les plus misérables qui craignent la concurrence des noirs sur le marché du travail , mais aussi les classes moyennes, qui jouissent d'une nouvelle et précaire prospérité et habitent les somptueuses banlieues des grandes villes. Le « busing» par exemple a été présenté par le parti républicain pendant la campagne comme un moyen d'imposer l'intégration raciale dans les écoles « contre la volonté» des blancs. L'« anti-busing» est devenu en réalité une sorte de mot de passe faisant appel aux pires sentiments racistes. De même le slogan « la loi et l'ordre» - car la question du « crime» se traduit dans l'esprit de beaucoup de blancs par la crainte des noirs qui se révoltent de façon sporadique et individualiste contre les injustices qu'ils subissent. L'accent mis par les partisans Deux étudiants noirs assassinés A Baton-Rouge, en Louisiane, la police a ouvert le feu, le 16 novembre sur des étudiants noirs qui occupaient le bâtiment administratif de leur université. Deux d'entre eux sont tombés. En guise de commentaire, le maire de Baton Rouge a déclaré : Il S'il le faut, il y en aura d'autres. Nous avons lâché les chiens pour les déloger ... Il Lui est en liberté, car raciste. Les autres sont morts, car noirs. du président Nixon sur la nécessité de renforcer la police était une manière de rassurer une opinion blanche effrayée par la rebellion des noirs contre l'ordre établit et la suprématie blanche. Luttes et répression Sur cette toile de fond , ce qui est à prévoir pour la période à venir, c'est une répression raciste intensifiée, des affrontements inévitables et répétés. Car le bilan de l'administration Nixon - approuvé d'une façon confuse et aveugle, par une opinion publique blanche manipulée et terrorisée - ne laisse pas espérer autre chose . Depuis le début - et même avant de devenir président des Etats-Unis - M . Nixon s'est montré le champion de la lutte contre les militants noirs et antiracistes . C'est ainsi que son règne a commencé par l'attaque généralisée - trop généralisée pour être autre chose que le résultat d'une DROIT ET LIBERTÉ - N° 316 - DÉCEMBRE 1972 campagne orchestrée en haut lieu - contre les « Panthères noires» dans toutes les grandes villes du pays. Quelques mois seulement après son élection, des raids policiers contre les bureaux des « Panthères noires» avaient lieu d'un bout à l'autre des Etats-Unis. Il s'agissait de raids armés, au cours desquels les morts furent nombreux. Le plus meurtrier de ces raids se produisit pendant l'hiver 1969, à Chicago, où des policiers firent irruption dans l'appartement de Fred Hampton qui fut assassiné dans son lit, d'autres militants noirs furent gravement blessés. Les victimes furent accusées par la suite d'avoir attaqué la police! Un autre aspect significatif du comportement de M. Nixon est sa politique envers la Cour Suprême, qu'il cherche manifestement à convertir en instrument docile de la répression raciste en y nommant systématiquement les éléments les plus rétrogrades, comme Burger et Blackman, le ségrégationniste Powel et l'ultra-conservateur Rehnquist. Dans la répression sanglante contre les prisonniers insurgés d'Attica , l'Administration Nixon s'est également montrée sans masque : c'est son lieutenant du parti républicain, le gouverneur milliardaire de New York, Rockefeller, qui a assumé la responsabilité du massacre et M. Nixon lui-même s'est empressé de le «féliciter» tapageusement. La victoire électorale de M . Nixon risque cependant de n'être qu'une victoire à la Phyrrus. Les problèmes qui provoquent les soucis et les inquiétudes de l'opinion américaine et qu'il a si bien su utiliser à ses propres fins devraient jouer à brève échéance contre lui et contre le système économique et politique qu'il protège. La guerre impérialiste et le racisme . ces deux piliers du (( mode de vie américain» tel qu'il apparaît aujourd'hui , se révéleront une affliction pas seulement pour les victimes de l'agression à l'extérieur, mais pour les Etats-Unis mêmes ; car c'est le peuple américain qui paiera le prix , qui s'appelle impôts et déshonneur, inflation et dégradation morale . Le racisme - si soigneusement entretenu qu'il soit - finit par susciter son contraire : l'antiracisme, la lutte pour la vie, l'autodéfense collective des opprimés . Comme réponse à l'hystérie de Canarsie, un événement important (mais passé sous silence ou presque) s'est déroulé juste avant les élections du 7 novembre : une dynamique manifestation unitaire contre l'impérialisme américain - à travers les quartiers noirs et portoricains de Manhattan - a dénoncé avec vigueur la guerre injuste au Vietnam, l'exploitation des travailleurs aux Etats-Unis, le racisme endémique qui divise la classe ouvrière dans son combat quotidien contre les trusts. Ce défilé - plus significatif encore par sa qualité que par son ampleur - a été organisé à la veille des élections par une coalition des groupes du « tiers monde» vivant au coeur de la citadelle américaine : la Coalition asiatique, le Mouvement populaire dominicain, le Congrès des travailleurs noirs, l'Organisation des travailleurs révolutionnaires portoricains , le Congrès du peuple. L" évocation même de leurs noms suffit à définir l'importance de cette nouvelle et prometteuse alliance, qui pendant des heures s'est manifestée aux cris de « Vive le socialisme !» « Solidarité avec le Vietnam!» « A bas le génocide» « Vive les révoltés d'Attica ! » .. . Tous les balcons. et toutes les fenêtres des quartiers misérables et surpeuplés de Harlem vibraient de sympathie. Un tract distribué à cette occasion pa; le « Comité du 4 novembre» résume le sens de leur action: « Quels que soient les résultats des élections du 7 novembre, nous devons regarder la réalité en face : la guerre continue, la discrimination raciale et nationale continue , les attaques continuent contre la classe ouvrière de ce pays, et continueront jusqu'à ce que ce que l'action unie des travailleurs parvienne à imposer les changements politiques nécessaires.» Le 28" bal annuel de l'Union des Engagés Volontaires et Anciens Combattants Juifs aura lieu le dimanche 24 décembre de 10 h à l'aube, dans les salons de l'hôtel Hilton 18, avenue de Suffren, Paris L'orchestre de la Tour Eiffel dirigé par Paul Fabre animera la soirée Entrée 30 F Réservation : U.E.vAC.J. 58, rue du Dlâteau-d'Eau Paris-Hl" Tél. : 607-49-26 Chez votre pharmacien 11 Sang et pétrole Au mois d'août dernier, le roi Fayçal, souverain d'Arabie saoudite, se livrait à d'étranges confidences dans la revue égyptienne « AI-Moussawar» : Il Lors d'un séjour que j'effectuais, il y a deux ans à Paris, affirmait-il, la police avait découvert les cadavres de cinq enfants vidés de leur sang, lequel avait servi à cuire ce jour-là, le pain des juifs. )1 En octobre, M, Marcellin, ministre français de l'Intérieur, a fait savoir que ces propos ne correspondaient pas à la réalité. Il est vrai, comme il l'a souligné, que l'opinion française - dans la mesure où elle en était informée - était à même d'en déceler le caractère aberrant. Mais qu'en est-il dans le pays où règne le tout-puissant Fayçal, dont les déclarations extravagantes dénoncent avec une même haine, le sionisme, les juifs, le communisme, la franc-maçonnerie? On parle de sénilité. En fait, il est aisé de comprendre le sens de ces excitations, de ces diversions tout à fait classiques, destinées à masquer l'origine réelle des maux dont souffre le royaume d'Arabie : l'oppression féodale d'un potentat richissime sur une population misérable, grâce au soutien des maîtres américains du pétrole. Récemment encore, le ministre saoudien du pétrole n'hésitait pas à déclarer publiquement que la nationalisation serait « une mesure nuisible» - au moment même où les peuples arabes cherchent les voies de leur libérat~on . Ceci explique cela. Départs ... 3600 juifs ont quitté l'U.R.S.S. pour Israël en octobre: c'est le chiffre le plus élevé jamais enregistré en un mois. Parmi eux, se trouvaient des militants sionistes jugés et condamnés, il y a deux ans. On signale égalemént que 175 familles comptant des universitaires ont été, ces dernières semaines, dispensées du remboursement de leurs frais d'études avant leur départ (( Le Monde», 25-10). Sur leur demande, cent juifs soviétique, signataires d'une lettre ouverte, ont été reçus récemment par le vice-ministre de l'Intérieur de l'U.R.S.S. M. Boris Choumiline. Selon le compte rendu que le journal israélien « Maariv» donne de l'entrevue, le porte-parole du gouvernement a précisé que celui-ci entend traiter les demandes d'émigration à titre individuel , et que les départs ne peuvent être acceptés quand ils « affectent la défense ou les intérêts de l'U .R.S.S.», par exemple, lorsque les postulants appartiennent aux forces armées, ont acquis récemment une profession ou ont travaillé longtemps dans une entreprise d'intérêt national ; ces derniers doivent démissionner de leur poste et exercer un autre métier avant d'être autorisés à quitter le pays. ... et retours A Vienne (Autriche) ont passé récemment 92 juifs qui , après avoir émigré en Israël, revenaient en Union Soviétique. Dix d'entre eux ont donné une conférence de presse , au cours de laquelle ils ont expliqué leur double migration. 12 Ils ont déclaré avoir quitté l'U .R.S.S. soit pour des raisons familiales, soit par conviction personnelle , et y avoir été encouragés par la propagande sioniste. Leur retour a pour cause les difficultés économiques et sociales qu' ils ont rencontrées, ainsi que le contraste entre la réalité israélienne et l'idée qu'ils s'en faisaient. « Ce qui nous a le plus frappés dans ce pays, a dit l'un d'eux, c'est l'attitude des employeurs, qui pratiquent les pires méthodes d'exploitation des ouvriers. » Selon eux, de nombreux juifs originaires d'U.R.S.S. souhaitent quitter Israël. Ils ont précisé qu'eux-mêmes, pour partir, avaient dû tout abandonner et verser des sommes importantes. La situation dans les D.a.M. et T.a.M. « Depuis six ans Djibouti est isolée du reste du pays par un barrage de fils de fer barbelés électrifiés, renforcé par un champ de mines» ... « Faute des classes nécessaires, aucun enfant autochtone ayant atteint l'âge de six ans n'a été admis, à la rentrée de cette année, dans les écoles primaires. Cette politique malthusienne et régressive est aggravée par l'instauration récente de la ségrégation raciale dans les écoles - les enfants blancs et noirs étant regroupés séparément dans les classes des instituteurs de même couleur» ... Ce sont là quelques aspects de la situation dans le territoire français des Afars et Issas, telle que l'a décrite M. Ahmed Dini , représentant de la Ligue populaire africaine à la conférence que les partis de gauche français et ceux des D.O.M. et T.O.M. ont tenue à Paris le 15 novembre. A cela s'ajoutent bien d'autres traits , communs à tous les « territoires » et « départements » concernés : répression policière , favoritisme , fraude électorale, scandales financiers ... Confirmant leur prise de position du 30 mai 1972 contre le régime colonial et pour le droit à l'autodétermination , les participants (Antilles, Guyane, Réunion , Djibouti , Nouvelle Calédonie) ont décidé de créer un comité permanent de coordination. Abstention L'assemblée générale de l'O.N.U . condamne le racisme et l'apartheid; la conférence générale de l'U .N.E.S.C.O. adopte une -résolution portant sur la lutte pour la paix, contre le colonialisme et le racisme. Dans les deux cas , le représentant français s'abstient, comme par le passé. Il refuse de condamner le fasciste Caetano, le raciste Vorster et d'exprimer la moindre solidarité aux noirs d'Afrique du Sud, privés de tous droits, et aux mouvements de libération des colonies portugaises. Il est vrai que vendre des armes au Portugal et à l'Afrique du Sud reste une source plus sûre de profit que la lutte contre le racisme . Une victoire de la paix Willy Brandt et Walter Schell , les deux leaders de la coalition socialistes-libéraux, l'ont emporté largement aux dernières élections allemandes. Par leur participation record, les Allemands de l'Ouest, et notamment les jeunes, ont voulu montrer leur adhésion à la politique de détente à l'Est - l'Ost-politik - suivie par l'équipe réélue . Cette victoire a d'autant plus d'i mportance qu'elle inflige à la droite, qui avait opéré un regroupement éloquent - la chute du parti néo-nazi N.P.D. en apportant la preuve - un échec cuisant et semble définitivement marquer un tournant dans l'histoire de la R.F.A. Saint-Denis solidarité internationale Quinzaine de l'immigration du 22 octobre au 5 novembre 1972 13 le prélent dOlsier, paru dan. le numéro de décembre 1972 de Il Droit et liberté Il, elt tiré à part à l'intention de la population de Saint-Denil. li Droit et liberté Il, organe du Mouvement contre le Racilme, l'Antisémitilme et poùr la' Paix (M.R.A.P.) apporte chaque moil Il sel lacteurs, 1.. informationl, lei articlel, 'el prilel de pOlition indilpensab'el lur 'el donné.. actuellel du racilme et de 'a lutte antiracilte. «Droit et liberté Il, 120, rue Saint-Denil, Paril-2e• C.C.P. 6010-9f;J Paris. Abonnement annue' : 25 ,f (étranger : 35 f). Abonnement de soutien : 50f. Adhélion au M.R.A.P. : 1'0 f par an. (Même adrease. C.C.P. 14825-85 Paril.) 14 L'Appel La Municipalité de Saint- Denis et le M.R.A,P. (Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix), avec le concours de nombreuses organisations démocratiques, ont décidé d'une Quinzaine d'amitié et de solidarité internationale du 22 octobre au 5 novembre. 1 a France compte à l'heure actuelle près de 4 millions d'immigrés de différentes nationalités. L A Saint-Denis, on en dénombre près de 25 000. Contraints de quitter leur pays pour tUir la mlsere, ils viennent chez nous chercher le travail qui leur permettrait peut-être de vivre et faire vivre leur famille, Le pouvoir favorise cette immigration massive et incontrôlée pour mettre à la disposition du patronat une main-d'oeuvre à bon marché. Il oriente dans le même temps sa concentration vers certaines localités comme c'est le cas pour notre ville, ajoutant ainsi aux difficultés de gestion.de la commune, notamment dans le domaine scolaire et pour le logement. En effet, vi ctimes de discriminations multiples, les immigrés vivent pour la plupart dans des bidonvilles, taudis ou foyers surpeuplés, à la merci de marchands de s0mmeil , Le feu , la maladie les guettent à chaque instant. Manoeuvres OJJ ouvriers spécialisés, ils sont le plus souvent comme chez Pennaroya, Citroën ... employés aux travaux les plus pénibles et rebutant~ Leurs bas salaires permettent d'importants profits au patronat qui s'efforce de les mettre en concurrence avec les travailleurs français. Ils produisent une partie des richesses de notre pays; actuellement, dans certains secteurs de l'économie, leur place est telle que leur départ compromettrait la production de biens de première nécessité (bâtiment, produits chimiques, etc.). Ils ont à faire face aux mêmes problèmes que les travailleurs français dont ils partagent les espoirs et les luttes. Pourtant, malgré cette communauté d'intérêts, la situation parfois dramatique dans laquelle ils se trouvent est utilisée par ceux qui ont intérêt à dresser entre les immigrés et la population de Saint-Denis les barrières du racisme, Défendre la dignité et les droits de ces travailleurs, rejeter le racisme, c'est sauvegarder l'intérêt de chacun et l'intérêt du pays, C'est pour favoriser la compréhension entre tous les hommes sans distinction de race, de nationalité, pour exiger qu'une solution humaine soit donnée à ces problèmes, que des groupements soussignés ont décidé . l'organisation d'une Quinzaine de l'Immigration du 22 octobre au 5 novembre 1972. Signataires la municipalité, le M.R.A.P., Alphabétisation C.G.T., Alphabétisation 7, rue des Ursulines, Amicale des Algériens en Europe, Association des originaires du Portugal. Association Franco-Italienne, Association locale Tourisme et Travail. Association nationale des Anciens Combattants de la Résistance, Association Populaire Familiale, Association de Soutien aux Travailleurs Immigrés, Jeunesse Ouvière Chrétienne, J,O.C.F., Mouvement de la Paix, Office départemental H,L.M., Parti Communiste Français, Parti Socialiste, Immigrations algérienne, tunisienne, marocaine, espagnole, S.D.R. CI 93 actualités Il, Syndicat d'initiative, Syndicat des marchands du marché, Syndicat national des instituteurs, Théâtre Gérard Philipe, Union des commercants, Union des Femmes Francaises, Union des Jeunesses Communistes de France, Union G'énérale des Travailleurs Réunionnais en France, Unions locales C.G.T., C.F.D.T., C.G.T.-F.O .. Union Nationale des Etudiants de France (Villetaneuse), Union Nationale des Comités d'Action Lycéens, Ciné-club Gérard Philipe, Centre culturel communal, Délégués des foyers d'immigrés, Groupe de langue italienne, I.R.A.P., R.E.G . (Regroupement de l'émigration guadeloupéenne), R.E.M. (Regroupement de l'émigration martiniquaise), Club Michel Hernandez, député-maire de Saint-Denis 1 lJIlIigration est arrivé . de la QuinZaine de l : se sont déroulées Le m.~ent de d.ress~r le bCharlesaMPleur des manifestat~ons !~'organisation$ et je ne ~ux ~u~i~~;~nd:.ms préCéd~~e!'UIl;J':.:~yndioales. confessionainsi que e d saint-DeniS (professionne t d 'oette QuinZaine. . démocratiques e . sation et au déroulemen e sait à naUes). à l'orgenl. manifestation qui vi . tifs principaUX de cette ée ainsi qu'à faire progres- Je pense que l~S O~;~ations fra.nça.~se et iImIi~lè~s posés. auront été faire se oonna1tre , ~s tisssment de solubona aux pr ser et permettre l a ou atteints. , pas tout résolU. Il faut que cette Quinzaine nad s solutions justes Mais il est évide~s:~e et se dév~lO~pe PO: q: 1: gouve~ent ' et le l'action engagée se po .tuation des immigres, po q soient apportées à la s~ nsabilités à leur égard. patronat prennent leurs respo t-DeniS où l'iIIlportance de us préconisons à sain. • seuleS des diaPOAu- delà des mesures que ~l critique, il est évide~q~es difficult~s des l'i;al!Bigration a atte:l?tlun :tional pe~ttront de réso e . s à l'éche on ..... U sitions ~ss ~'ation de notre v. e. iJmd.grés et de la PO.l'- t i dispensable, afin de . l'immigration devien n mê_ telllp8.des garanties Un contrale plus Iltn~:sd:4triers modernes. DanS ~l et des libertés, doivent mettre un terme au ~afiC le .... lf:lll du logelJl8nt, du tra "",,..ticul~er sur r \ réelles,en .- _.lation m,gra.nte. être données à la pO.I'- . des iml!dgX"és que le groupe . t de statut démocrat~que lé récemlllent au C'est l'objectif d~ prOJ~lée Nationale et dont j~a~ ra~~ soit adopté. . ste a déposé à l A.ssam, é) l'urgente nécesSl. t qu oomm~ estion depos e ministre (dans une qu gne ne sera pas sans 'échO rancontré par notr~ cam: sa :part, au succès de Je suis per~uad:e!U;i~nYSiens contribUBra ain~~io:O fra.nça.ise et migra.nte. lendemain. L' a~t ~a.ns l'intérêt commun de la POPu d l'amitié la lutte ~ e. . ~e de la justice et Il us assurerons le triom C'est à ce priX que ~~ de profit et le racisme. internationale sur l'espr~ Marcellin. BERTBE10T s Député-Maire de saint-Deni DROIT ET LIBERTÉ - N° 316 - DÉCEMBRE 1972 15 16 -.9092-L, Sur un chantier. SAINT-DENIS, dans la brume et la grisaille, le froid de l'hiver naissant. Au détour d'une rue, ils sont là, pataugeant dans la boue d'un chantier. Au fond d'une cour, surpeuplé et insalubre, un foyer. Semés dans le cloaque et l'humidité, les bidonvilles. C'est là qu'ils vivent. Les immigrés. A Saint-Denis, d'après le recensement de 1968, ils sont 19092. Soit, environ un habitant sur quatre. Toujours selon ce recensement, 6 387 d'entre eux occupaient 262 « dortoirs» ou bidonvilles (0,80 % de l'ensemble des logements). Les célibataires, sont prioritairement dirigés sur l'un de ces foyers bien connus des Dyonisiens : on y obtient un lit pour 70 F par mois, à 5, 10 ou 20 dans la même pièce, alors qu'il n'y a qu'un seul sanitaire pour 50 personnes, une douche pour 60, pas de salle de réunion, de détente. Après une journée de travail pénible, harassant, à la chaîne - chez Citroën, par exemple où ils représentent plus de 80 % des travailleurs - ou sur un chantier, il leur faut supporter la promiscuité , le bruit, le manque d'hygiène. A ces « parias», la France, réputée « terre d'hospitalité », réserve ses emplois les plus pénibles , ses logements les plus inconfortables. Le patronat exploite poùr de dérisoires salaires (les immigrés sont nombreux parmi les « moins de 1 000 F», au même titre que les femmes et les jeunes sous-payés) cette main-d' oeuvre rentable, mais refuse de consacrer une partie des surprofits réalisés à leur assurer des conditions de vie décentes. Quant au gouvernement, ;'1 promet : M. Chaban-Delmas annonce la résorption complète des bidonvilles pour 1972. A l'échéance, le problème demeure. Et quand des bidonvilles sont détruits, les taudis prolifèrent ailleurs. Et, sans cesse, le nombre des immigrés s'accroît, sans que soient dégagés les crédits nécessaires aux mesures d'envergure pour faire face à la crise du logement, dont les immigrés sont les victimes les plus nombreuses, mais qui frappe aussi bien des Français. Qui dit conditions de vie insalubres, conditions de travail épouvantables, dit aussi santé précaire. Certain thème cher aux racistes de tous bords voudrait faire croire - et parfois y réussit - que les travailleurs migrants sont porteurs de maladies à leur arrivée en France. « Ils sont cause de la tuberculose», lisait-on dans le Parisien Libéré dernièrement. Or, de multiples études prouvent aujourd'hui scientifiquement ce que nous affirmions: les maladies dont souffrent les immigrés sont des maladies d'acquisition. Ce ne sont pas les migrants qui nous contaminent, mais la maladie qui s'attaque à eux en raison des conditions de vie qui leur sont imposées. Autre élément de discrimination : ces travailleurs sont privés systématiquement des droits essentiels théoriquement assurés à n'importe quel citoyen : droit à la culture, droit à la libre circulation, droit à la vie politique, droit à la vie de famille ... Et si, aujourd'hui , ils ont acquis, grâce à la lutte syndicale , le droit de vote et d'éligibilité à l'usine, il leur est demandé pour être éligibles de savoir lire et écrire en Français .. . « Compte tenu du nombre important de travail- Au bidonville « Cornillon », aujourd'hui détruit. leurs immigrés analphabètes et du peu d'efforts effectués par le patronat et le pouvoir en matière d'alphabétisation, nombreux seront les travailleurs écartés de l'exercice de ce droit» (2) . Peu soucieux de satisfaire les besoins de ces travailleurs, le gouvernement et le patronat se déchargent la plupart du temps de leurs responsabilités sur les municipalités, et notamment celles de la banlieue parisienne, qui, à l'instar de Saint-Denis, accueillent un fort pourcentage de travailleurs migrants. Celles-ci, naturellement, et celle de Saint-Denis en particulier, s'efforcent de lutter pour pallier à ces situations inadmissibles. Car une telle proportion de travailleurs immigrés pose d'énormes problèmes, tant sur le plan social, que scolaire ou culturel. Sans oublier le risque d'incidents racistes. Une politique de l'immigration , au plus haut niveau, nationale, qui prendrait en compte l'intérêt des immigrés et les possibilités des communes, les seuils à ne pas franchir, s'avère jour après jour plus nécessaire. Une répartition équitable des immigrés dans l'ensemble des villes de la région parisienne entraînerait aussi une répartition des charges, et permettrait des réalisations plus nombreuses dans le domaine du logement. Résorption de bidonvilles, de foyers d'immigrés sont au programme de l'action des élus municipaux de Saint-Denis: à la Courtille, un foyer de célibàtaires, confortable, spacieux, a été érigé. Après polémique avec les autorités préfectorales le bidonville des Francs-Moisins est en cours de démolition. Une cité de transit accueille les familles de migrants portugais, qui sont ensuite relogées en H.l.M. au fur et à mesure de leur édification. Dès le 29 novembre 1967, le Conseil municipal se prononçait po.ur un statut démocratique et social des travailleurs immigrés. Mais aussi et surtout se préoccupait de lancer de multiples actions pour l'aboutissement des revendications des travailleurs immigrés et de la population dyonisienne. La Quinzaine de l'immigration fut, naturellement, de celles-là. Elle permit un élan de solidarité sans précédent. Elle donna l'occasion aux militants du M.R.A.P. d'expliquer publiquement la nocivité du racisme comme facteur de division toléré et utilisé par les responsables des carences dénoncées plus haut. Cette Quinzaine fut l'aboutissement d'une longue et active préparation, dans l'union. Mais c'est aussi un commencement. La lutte se poursuit, dans l'union encore, de la population dyonisienne et des immigrés. Dominique DEFOIX. (1 ( Voir « La santé des migrants», livre édité par « Droit et Liberté», 196 pages, 7 francs. (2) Intervention du député-maire de Saint-Denis, Marcellin Berthelot le 5 juin 1972 à l'Assemblée nationale. Du marché Roland Leclerc et Alain Gaussel tenant le stand au M.R.A.P. sur le marché. au théâtre Gérard -Philipe L'exposition, sous le péristyle de la mairie. A la Bourse du Travail. DROIT ET LlBERTË - N° 316 - DËCEMBRE 1972 S AINT-DENIS , dimanche 22 octobre. Sur le marché, une présence insolite: un stand tenu par des militants antiracistes, qui proposent livres et brochures, distribuent des tracts, collectent pour des travailleurs immigrés en procès contre leur propriétaire ... De nombreux groupes se forment . On discute. « Les immigrés? Oui, c'est vrai ils n'ont pas des conditions de vie facile 1. .. » Dans la matinée, sur ce seul endroit, plus de 20000 tracts seront distribués. La Quinzaine de l'immigration est bien partie. Les représentants de la plupart des organisations signataires se félicitent: si ce n'est une malheureuse intervention isolée, il n'y eut pas de manifestation ouverte de racisme. En règle générale, ménagères et passants réagissent bien et applaudissent l'initiative. Peu après, à 11 heures, de nombreux Dyonisiens se pressent sous le pé,ristyle de la mairie où M. Manoel, maireadjoint, inaugure l'exposition sur l'immigration , qui y restera durant toute la Quinzaine. Réunions-débats Si les activités culturelles constituèrent l'élément essentiel de cette Quinzaine de l'immigration, et par conséquent drainèrent le plus de public, débats et réunions sur divers thèmes ne manquèrent pas, qui servirent à illustrer la situation des immigrés à Saint- Denis et en France, ainsi que la situation économique et politique des pays d'origine de ces travailleurs. Ainsi , le lundi 23 octobre, plus de 1 50 personnes devaient-elles se présenter à la Bourse du Travail pour une projection de films militants sur le Maroc, la Tunisie, et la Palestine. Constitué pour une bonne part d'immigrés, le public devait. lors du débat, largement s'exprimer. Débat fructueux, où toutes les opinions ne concordaient pas, mais prodigieusement intéressant pour les Dyonisiens peu documentés sur les problèmes de ces pays, et parfois amenés à des jugements sommaires. Evoquant la question du Moyen Orient, le représentant du M.R.A.P. devait, entre autres, dénoncer les dangers du racisme anti-arabe, comme de toute forme de racisme. Quant au d~légué de la C.G .T., il souligna ici encore la nécessité de l'unité de la classe ouvrière, face à l'exploitation, quelle que soit l'origine nationale ou ethnique de ses membres. Le lendemain, mercredi 25 octobre, c'est l'Algérie qui était à l'honneur, lors d'un débat convoqué par l'Amicale des Algériens en Europe. Une innovation : la discussion était bilingue, en arabe et en français (un exemple à suivre !). Une remarque du responsable de l'Amicale

« Je souhaite que nous puissions

revenir en France, un jour, en simples touristes ». 17 18 Sur le vif Celui-là, irascible sans doute, rejette violemment le tract que venait de lui donner un militant, puis s'éloigne en haussant les épaules ••• ! Celui-ci, par contre, pressé de comprendre, interroge vivement sur l'objet de la Quinzaine, sur la situation des immigrés, sur l'attitude de la grande presse ... Cet autre, visiblement bouleversé, viendra confier, après la projection de « 0 Salto» : « Je ne pensais quand même pas que c'était si terrible ••• ». Dans la rue, on a aussi entendu - rarement - des réflexions de ce genre : « Pourquoi cette quinzaine ? .. » « Vous feriez pas mieux de faire une Quinzaine pour les Français! » Mais, plus souvent, ce sont des mots de solidarité. Un travailleur français : « J'ai un appartement de cinq pièces et je suis prêt à le partager pour dépanner quelqu'un ou une famille ••• ! Il A chaque remarque. il fallait expliquer, développer; a chaque manifestation d'incompréhension, de racisme ouvert ou larvé, dire la réalité : « Ce qui fait que les Français sont mal logés, vivent ma!. •• c'est aussi ce qui fait la dure et intenable situation des immigrés. Travailleurs français et immigrés ont même patron, mêmes difficultés, mêmes espoirs. La cause de l'exploitation est la même. Et il est trop facile à certains de semer la division en utilisant, entre autres, le racisme comme argument, etc. » « Il faut toujours répliquer, et, en ce sens, la Quinzaine cst une des multiples manières de rèpondre et d'organiser la solidarité •.. », dit un militant. Dans leur diversité, les réactions, glanées au hasard, démontrent l'écho rencontré par la Quin/aine, dans tous les milieux. Si pour les Immigrés, eUe a permis de mieux faire connaître leurs problèmes, de s'exprimer, à la population dyonisienne elle a donné l'occasion de découvrir un univers proche mais par trop ignoré. De découvrir aussi ces pays d'où viennent les tra vailleurs immigrés. Et l'importance des organisations de ces derniers, telles l'Amicale des Algériens, les organisations de l'émigration portugaise, espagnole et autres ••• Encore une impression : aucun des protagonistes de la Quinzaine n'oubliera ces distributions de tracts au petit matin, quand. parmi la foule d'indifférents mal réveillés, certains s'arrêtaient, ou revenaient prendre quelques tracts pour leurs copains d'atelier ••• Parfois un sourire, un mot d'encouragement .•• ~ Un débat sur la santé des migrants ne réunit qu'une soixantaine de participants. Mais leur expérience, leurs connaissances en la matière compensa - s'il est possible - ce peu d'affluence: il y avait des assistantes sociales, des infirmières, des médecins, des syndicalistes. En bref, une réunion d'un haut niveau, qui confirma les conclusions du livre publié par « Droit et Liberté» dont deux des auteurs, les docteurs Coudreau et Rousset étaient présents et apportèrent de nombreuses réponses ainsi que de nombreux conseils. Il fut naturellement et surtout question de l'influence des conditions de vie et de travail des immigrés sur leur santé: un syndicaliste souligna la fréquente inféodation de la médecine du travail au patronat qui interdit toute pratique sociale d'une médecine préventive et curative valable. Enfin, dernière manifestation d'importance, associant film et débats : une soirée autour du moyen-métrage « Etranges Etrangers», du C.R.E.P.A.C., organisée le vendredi 3 novembre, en présence du metteur en scène. Marcel Trillat et de Léon Gani, auteur de « Syndicats et Travailleurs immigrés» (paru aux Editions Sociales). Un appel commun avait été diffusé par la C.G.T., le S.N.E.T.P., la C.F.D.T., le S.G.E.N., F.O ., le S.N.I. pour appeler les travailleurs à assister à la projection et à participer au débat. Cinéma, théâtre Cinéma, théâtre, rien ne fut négligé pour « donner à voir» la condition des travailleurs immigrés, informer sur leur pays d'origine, sa vie culturelle, les problèmes dus à l'héritage colonialiste ·où à la persistance de l'exploitation néocolonialiste. Pour débuter cette « série», il fut décidé de programmer « Elise ou la vraie vie», de Michel Drach (400 spectateurs). Film antiraciste, film fraternel (est-il besoin de rappeler aux lecteurs de « Droit et Liberté» qu'il reçut en 1 9 71 le Prix de la Fraternité?) film d'amour, il était bien celui qui devait inaugurer la Quinzaine. A souligner que le public était composé pour ' moitié d'immigrés. Par la projection de « 0 Salto», 200 spectateurs vécurent - ou revécurent pour certains - la dure condition du travailleur portugais, obligé à l'émigration par la situation économique régnant dans son pays. Mais surtout deux séries retinrent plus particulièrement l'attention des Dyonisiens. D'une part, un véritable Pourquoi l'exil? Le texte publié ci-dessous est celui d'un tract rédigé par des travailleurs immigrés originaires du Portugal. Cette contribution originale à la quinzaine méritait d'être signalée : « Premièrement: Nous sommes venus à cause du sous-développement économique de notre pays, aggravé par 46 ans de dictature fasciste et à cause d'une guerre coloniale dont les frais s'élèvent à près de 50 % du budget de l'Etat et dont les conséquences se traduisent par des sacrifices innombrables : le sacrifice de la jeunesse, l'aggravation du retard économique du pays, la montée sans précédent des impôts et des prix et la dégradation du niveau de vie de la population, un des plus bas, sinon même le plus bas de l'Europe. Pour étouffer tout le mouvement de protestation, le gouvernement de Caetano, comme auparavant celui de Salazar, répond avec la répression policière, les prisons, les tortures et l'assassinat des militants anti-fascistes ( ... ) Nous regrettons que parmi ceux qui fournissent aux fascistes et colonialistes portugais les armes pour combattre les peuples d'Angola, Guinée Bissau et Mozambique, se trouve aussi le gouvernement français L .. ) Deuxièmement: Nous sommes venus aussi à cause de la politique d'immigration du gouvernement français. En 1958, les Portugais en France étaient autour de 15000. Aujourd'hui nous sommes environ 750000. L'accord d'immigration francoportugais signé en 1971 prévoit en plus l'arrivée annuelle en France de 65000 travailleurs portugais ( ... ) Nous sommes venus dans l'espoir d'améliorer notre situation. Mais on le constate bientôt, à quel prix! Nous travaillons dans les conditions les plus pénibles et notre logement, on le connait bien, à Franc-Moisins et ailleurs L .. ) L'expérience a montré que seules l'union et la solidarité de classe des travailleurs français et immigrés peuvent apporter une solution valable aux difficu Ités actu elles des uns et des autres. On l'a constaté aux grandes luttes de mai-juin 1968. On le constate actuellement dans beaucoup d'autres luttes pour les revendications et pour vivre mieux» ... Art et artisanat au syndicat d'initiative. Avec l'Amicale des Algériens en Europe. « Légendes à venir » Un spectacle également visuel... DROIT ET LlBE.'RTÉ - N° 316 - DÉCEMBRE 1972 festival du film d'Afrique du Nord, le samedi 28 octobre, avec «" La guerre d'Algérie» d'Yves Courrières, « Remparts d'argile» et « Le vent des Aurès », qui attira de nombreux immigrés. D'autre part, la projection du « Festival PanAfricain » apporta la preuve - s'il en était besoin - de la bonne santé dE la culture africaine, en plein épanouisse· ment, enrichie par les luttes de libération qui soulèvent, en Angola, au Mozambique et ailleurs, les peuples opprimés. A un cinéma de qualité, devait inévitablement correspondre un théâtre de qualité. Ce fut le cas, avec trois pièces unanimement saluées par la critique, présentées au Théâtre Gérard-Philipe : - « Mon Village », spectacle qui attira nombre de travailleurs immigrés parceque joué en arabe. - « Les immigrés », réalisé par le Théâtre Populaire de Lorraine, où sont dénoncés le racisme, les préjugés, l'imbécilité de certains milieux mal remis de la décolonisation. - « Légendes à venir », présentée par une troupe franco-turque, qui évoque la misère actuelle de la Tu rquie, mais aussi les luttes de son peuple pour se libérer du joug étranger. On devrait encore citer tout un foisonnement extraordinaire d'initiatives originales, insolites, difficiles à classer. Notons, pour mémoire, la décision du Syndicat d'Initiative de Saint-Denis de réaliser une exposition sur l'art et l'artisanat africain, maghrébin, espagnol. et portugais; les expositions itinérantes sur l'immigration, transportées d'usine en usine, de- foyer en foyer, de quartier en quartier; les journées « portes ouvertes» décidé'es par les locatai~es de certains foyers d'immigrés, pour que soient connues leurs conditions de vie; les réunions à la Maison des Jeunes et de la Culture; les débats, dans les lycées, les écoles, etc. Couronnement de la Quinzaine, il y eut aussi Paco Ibanez et Luis~ Cilla, qui furent les vedettes de la dernière soirée, au Théâtre Gérard-Philipe plein à craquer ... Et enfin le meeting du dimanche après-midi 5 novembre, qui clôtura ces deux semaines d'intense activité. Mais une énumération, si complète soitelle, ne peut pas exprimer pleinement cette ambiance inoubliable qui régna à Saint-Denis en ces journées d'active solidarité internationale. Tous ceux qui l'ont vécue sont persuadés que la Quinzaine aura des lendemains ... Quinze jours ... et après Après une initiative de cette ampleur, il est difficile d'établir un bilan, de conclure ... Tout au plus pouvons-nous avancer quelques indications pour l'avenir, pour d'autres 'quinzaines, d'autres manifestations, à SaintDenis et ailleurs. Des milliers de personnes ont participé à l'ensemble des divers spectacles ... D'autres ont été touché par la presse locale qui s'est fait l'écho de l'initiative du M.R.A.P. et de la municipalité de Saint-Denis. Les témoignages de solidarité, d'amitié, de soutien, sont arrivés nombreux, qui ajoutent sensiblement à l'audience directe perçue sur place. Bilan positif? Oui, quel que soit l'angle sous lequel on envisage la question, et malgré quelques lacunes, d'ailleurs analysées par les organisateurs eux-mêmes : une publicité parfois hâtive, dispersée, peut-être trop de manifestations culturelles en regard de la nécessité d'un approfondissement des différents problèmes... Mais aussi, une proportion intéressante de jeunes, une adhésion enthousiaste de tous. D'autres initiatives sont déjà proposées. «... Il s'agit maintenant de nous servir de ce bilan positif pour accroître notre action auprès du gouvemement et du patronat, afin que soient mises en application les solutions que nous préconisons pour résoudre les problèmes posés Il, affirment les organisations qui ont réalisé la quinzaine. Une demande d'audience a été adressée à M. Edgar Faure, ministre des Affaires sociales. La délégation qui doit se rendre près de lui sera porteuse d'un mémoire qui demandera que soient prises d'urgence les mesures dont les débats de la quinzaine ont fait apparaître la nécessité. Comme suite à la quinzaine, signalons aussi que le Syndicat national des instituteurs envisage à Saint-Denis, une assemblée-débat à l'intention du corps enseignant. Une exposition sur les immigrés sera présentée au lycée. Une collecte se poursuit pour soutenir les travailleurs d'un foyer en luttre contre le propriétaire. Et puis, il y a les « impondérable.s Il, certains indices montrant que les contacts seront désormais plus nombreux, plus faciles entre Français et immigrés ... Et, à l'exemple de Saint-Denis, d'autres « Quinzaines Il se préparent... 19 . 1 le Dleetlng lInal 20 Charles Palant , t 1 \ maire-adjomt de Saint-Denis \\Poursuivre ensemble 1/ « Le combat que nous avons a mener pour assurer aux travailleurs immigrés des droits élargis et des conditions décentes n'est pas fondé seulement sur les motifs de justice et de solidarité. « La longue histoire du mouvement ouvrier et démocratique est riche également d'un autre enseignement : racisme, antisémitisme, xénophobie sont des armes cruelles pour ceux qu'elles frappent directement; mais le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie sont aussi dangereux pour tous les travailleurs, pour tous les démocrates qu'ils tendent à diviser, à dresser les uns contre les autres, à détourner de la défense de leurs propres intérêts. « Observateur attentif à tous les aspects du racisme, le M.R.A.P. informe et mobilise l'opinion - auquel il propose l'action et les moyens de l'action. « Soutenue par la municipalité, par les organisations locales la belle initiative de Saint-Denis est un exemple pour la Fral)ce entière.» « Malgré la différence de langage, de race, nous avons, toi et moi, camarade le même rêve, le même objectif, nous voulons, toi et moi, vivre, dans l'égalité et la fraternité. « Nous avons, toi et moi, et toute la classe laborieuse, une même lutte, pour vivre mieux, pour exiger nos droits, contre les logements indécents et la vie chére. « Côte à côte, nous luttons contre l'esclavage, contre le racisme, l'exploitation, le chômage et les bidonvilles. « Pour de meilleures conditions de vie, de travail, pour un avenir plus sûr nous invitons toutes les mains laborieuses, tous les esprits vivants à l'unité pour mener une action commune dans l'intérêt de tous les hommes sans distinction, ni discrimination. » « La Quinzaine de l'immigration s'achève, mais le combat syndical continue comme le prouvent ces 60 camarades maghrébins qui viennent de prendre leur carte syndicale et, ensemble, posent leurs revendications. « Les organisations syndicales ouvrières qui soutenaient la Quinzaine ont été agréablement surprises de voir la vitalité des organisations des immigrés ... Ces organisations ne vivent pas repliées sur elles -mêmes, et nous remercions plus particulièrement les camarades portugais, espagnols, algériens et marocains, et, sur un autre plan, les camarades antillais, qui nous ont expliqué les problèmes particuliers de leur pays, les uns et les autres terminant leurs interventions par ces mots révélateurs : « Vive la solidarité de combat des travailleurs français et immigrés! » « Nous exigeons une action plus efficace contre les taudis hôtels et les marchands de sommeil. « Nous exigeons l'égalité des droits, des salaires, et des prestations sociales dans les entreprises, l'amélioration des conditions de travail, le respect des régies de l'hygiéne et de la sécurité, en particulier un contrôle plus strict de la Medecine du Travail. « Il faut obtenir dans le domaine des contrats de travail une réglementation sérieuse mettant fin à une discrimination inad missible. « Nous exigeons que les sommes recueillies par le Fonds d'Action Sociale, versées par les travailleurs immigrés eux-mêmes, leur reviennent pour les réalisations nécessaires à la satisfaction de leurs besoins parti culiers. « Nous exigeons que l'état et le patronat, dans le domaine de l'éducation, prennent leurs responsabilités ... » livres «La Résistance, 1930 -1950)) Ceux qui auront été tentés par la belle présentation du livre d'Alain Guérin, par les documents annexes en fac-similé, ne seront pas déçus à la lecture du texte. Cependant, il n'est pas indifférent, pour comprendre cette période, ou pour la revivre, d'y être plongé par des imitations parfaites. Il n'est pas indifférent de voir une carte d'alimentation avec ses tickets à découper pour avoir 100 g de viande ou 125 g de beurre. II n'est pas inutile de pouvoir lire des journaux clandestins et mieux encore pour sentir l'atmosphère, de les trouver en parfaite imitation des originaux . Nous pouvons en juger, un bon nombre émanant des réserves du Musée de la Résistance . L'idée de joindre ces reproductions est excellente, elle fait ressentir la vie un peu comme le cinéma nous y plonge. C'est de notre temps. A lire le premier tome déjà paru on est satisfait de la forme qu'a choisie son auteur. Nous en avions parlé avant qu'il n'en commence la rédaction . Alain Guérin cherchait un titre, il s'est arrêté au plus simple qui est aussi le plus évocateur, mais son souci était de ne pas y inclure le mot « histoire ». J'ai beaucoup apprécié ce souci qui est de sérieux, de modestie et d'honnêteté. Trente ans après on n'est pas encore en mesure d'écrire l'histoire de la Résistance. Elle était si multiple, si variée et si secrète que contrairement aux autres périodes historiques, elle n'a laissé que peu de traces et ces traces restent d' ailleurs à regrouper, c'est à quoi s'emploie le Musée de la Résistance . Nombre DROIT ET LlBERTË - N° 316 - DËCEMBRE 1972 d'historiens travaillent sur les diverses facettes. Les ouvrages édités en témoignent. « La Résistance» d'Alain Guérin c'est déjà autre chose. II a résolu le problème en présentant sa considérable documentation sous forme de chroniques dans lesquelles le Manifestation nazie au lustgarten de Berlin, le 14 janvier 1934. Au-dessus, meeting à Berlin, en avril 1932 avec Hitler. lecteur se retrouve et peut se faire une idée sur chacun des problèmes. L'auteur ne s'aventure pas à raconter les faits qu'il n'a 'pas vécus, il fait parler les témoins eux-mêmes, ce qui est d'un grand intérêt et donne une grande variété à l'ouvrage. Le lecteur suit l'auteur dans ses recherches. Grâce à cette méthode tout le monde y trouve son compte, les plus jeunes qui ont tout à apprendre, ceux qui ont vécu et même agi mais qui ne connaissaient qu'un aspect de l'action en raison du cloisonnement dû à la clandestinité. En tout cas ils retrouveront le climat qu'ils ont connu. Même les spécialistes y apprennent tant il reste à apprendre de cette époque. Peut-être manque-t- il un peu de la vie et des luttes syndicales des ouvriers dans ce premier tome entre 1930 et 1939. J 'ai eu la certitude que cette lacune sera comblée . Ainsi , on ne peut que recommander la lecture de cet ouvrage et conseiller de s'y rapporter de temps à autre. L'histoire aide à comprendre son temps. On comprend mieux la psychologie de ses contemporains, leurs aspirations quand on en a saisi le cheminement à travers même des générations. Comment penser que l'esprit des parents n'aurait pas influé sur les enfants qu'ils ont élevés. L'histoire est une suite sans coupure. Personne ne nie que la Révolution française a marqué notre nation jusqu'à nos jours; alors que qire de la Résistance qui a bouleversé bien des données et des canons , il n'y a que 30 ans. André TOllET Président du Comité parisien de la Libération Vice-président du Musée de la Résistance « la Résistance , 1930-1950», par Alain GLiérin . Par souscription . Au Livre Club Diderot, 146, rue du Fa ubourg- Poissonnière, Paris-9°. Av.rz.-vOlIS rellOllVelé votre altOn elDent à droit & liberté 21 et l'antisémitisme S I l'antiséll)itisme est toujours odieux et stupide, il est particulièrement horrible quand il prend pour cible de ses attaques un enfant. C'est ce que nous montrent deux livres remarquables : « Jeanned'Arc et l'enfant juif», d'Alain Spiraux (1), et « 0 vous , frères humains», d'Albert Cohen (2). Moïché Szilovitz, héros d'Alain Spiraux a huit ans et est fils de juifs polonais. Certains de ses camarades l'injurient sous l'oeil indifférent d'une maÎtresse d'école qui le traite tour à tour de « sale petit youpin » ou de « sale petit polonais», joignant ainsi xénophobie et antisémitisme. Il se réfugie dans la rêverie et, lecteur passionné de, l'Histoire de Fra nce, il rêve qu'il est un compagnon de Jeanne d'Arc . Moïché est aussi malheureux parce qu;iI a honte de ses parents : ils ne sont pas comme les autres parents; ils ne parlent pas français; il souffre quand sa mère dit : « vouille, vouille , missiou », au lieu de « oui , oui , Monsieu r ». Toutes les semaines, un voisin ivrogne vient donner des coups de pied dans la por't-e et lancer de grossières injures antisémites. Moïché se borne à lancer contre lui , en rêve , une escadrille d'avions. Mais un jour il ouvre la porte et administre une raclée à l'ivrogne chancelant. Il découvre alors qu'il y a une autre parade que la fuite dans le rêve; il se bat contre ceux de ses camarades qui l'injurient. Le rêve même de Jeanne d'Arc va s'amenuiser ... « 0 vous, frères humains» nous ra conte comment l'auteur, le jour où il devait fêter ses dix ans a été brutalement confronté à l'antisémitisme ; il écoutait un camelot dont la faconde le charmait. Il était heureux, quand , soudain, le camelot s'est attaqué à lui : « Youpin, je vois à ta gueule que tu es un sale juif : mais on n'aime pas les juifs par ici .. . » l'enfant s'enfuit, sans qu'un spectateur de la scène ait eu un mot de blâme pour le camelot ou de sympathie pour l'enfant. Le monde amica l et ,fraternel de celui-ci s'effondre .. Une page est tournée , Albert Cohen ne pourra plus réagir comme avant. Et il clôt son livre par une longue et admirable exhortation à l'amour entre les hommes. Il les supplie surtout de « ne pas haïr». Marguerite BONNE. (1) « Jeanne d'Arc et l'enfant juif», Alain Spiraux. Editions René Julliard, 251 p. (2) « 0 vous, frères humains », Albert Cohen. N.R .F. Gallimard, 213 p. « le cheval dans la ville» 1 E dernier roman de Jean Pélegri (1) L est remarquable à bien des égards. Le personnage central est un immigré: L'Immigré, celui qui vient d'ailleurs, peu importe' d'où, peut-être tout simplement de la campagne, d'un de ces endroits sans voitures, sans usines, sans vie trépidante, où l'homme est encore tout proche de la nature: c'est le cheval dans la ville . L'homme a tué un chauffeur de taxi d'un coup de couteau; jeté à terre, il demande qu'on le tue à son tour. Pourquoi? Il va tenter d'expliquer au juge d'instruction les raisons de son départ de la montagne, pourquoi il a laissé sa femme et son enfant pour la ville, et comment il en est arrivé à tuer. Le récit brosse le heurt initial de cet , homme avec notre société, puis sa presque intégration grâce à l'amour d'une femme et quand elle se fait écraser par 22 un taxi, son rejet brutal vers la solitude, alors qu'il perd sa seule raison de vivre dans ce monde hostile qu'il ne comprend pas. L'auteur se retranche derrière la pensée de l'immigré, qui contraste avec celle du juge, auquel il le confronte. Pour celui qui vient d'un monde simple, pensée et langage ne font qu'un, et il s'en dégage une poésie naturelle naïve et lyrique dans une forme de langagepensée se déployant en spirale, à l'orientale, quand le Français s'en tient à la ligne droite. Si le texte de Jean Pélegri surprend au premier abord, bientôt il vous imprègne et vous retient et c'est à regret qu'on le quitte à la dernière ligne. C'est la mise en cause d'un monde inhumain. K. F. (1) cc Le Cheval dans la ville Il, de Jean Pélegri (Editions Gallimard). Livres rec. us • « S'ils frappent à l'aube" : Angela Davis. Editions Gallimard. Collection « Témoins n. 322 pages. A lire ainsi que l'entendait Brecht: « Comme une arme ». Ce n 'est pas seuiement Angela qui parle. Ce sont aussi tous ses frères noirs. Nos frères. La rigueur de l'analyse éclaire leur combat. • « Un Français libre à Londres en guerre ". Pierre Dac. Editions France ~ Empire. 3 16 pages. Dans le style de " L'Os à moelle », les sou ~ venirs de Pierre Dac, « speaker» à la radio de Londres durant la dernière guerre. Eminemment sympathique. • « Hô-chi-minh écrits; 1920- 1969" Editions en langues étrangéres - Hanoï - 1971. Un recueil complet des textes et décla· rations, ainsi que le testament du grand révo· lutionnaire et dirigeant vietnamien. • Il Parler, lire, écrire, lutter, vivre Il. CollectIf d'alphabétisation. Editions Maspéro. Collection Il Textes à l'appui, pédagogie n. Contestable tant dans ses conclusions que dans les conceptions pédagogiques qu'il exprime, cet ouvrage a le mérite d'ouvrir la voie à une critique des méthodes tradition· nelles d'alphabétisation et de situer le problème dans son contexte économique et politique. ivlais avec des outrances et des erreurs psychologiques qui loin d'apporter des solutions, ri squent de créer de nouvelles embuches. • Il Voici l'aube. L'Immortelle commune de Paris ". Editions sociales. A l'occasion du centenaire de la Commune de Paris, voici édités les documents d'un colloque de l'Institut Maurice-Thorez (6 -9 mai 1971) sur le sujet. • Il La révolution des femmes au coeur de l'asie soviétique" : Serge Zeyons. Editions sociales. Collection socialisme. Brillant reportage sur la lutte menée dans cette région pour l'émancipation des femmes, mais aussi recherches sur les causes historiques, économiques et religieuses de leur asservissement en Asie Centrale. • Il Revue des droits de l'homme ". Droit International et Droit Comparé. Vol. V -1. Editions A. Pëdone. 13, rue Soufflot - Paris -5e • Textes du li' colloque de Besançon (9 - 10- Il décembre 197 1) : « Les droits de l'homme en France, en 1970 - 1971. La France devant la discrimination raciale ». Avec une communication de Pierre Paraf, président du M.A.R.P. • « Partout où ils seront ". Beate Klarsfeld. Edition Spéciale. 437 pages. Par le menu, le combat mene par Beate Klarsreld contre les anciens nazis encore impunis vivant en Allemagne tëdérale et de par le monde. théâtre , Une étonnante parodie à idées roses ... ". Au début, vous aurez peut-être du mal à vous y retrouver. L'action se passe dans un hôpital. Quelques malades grabataires, crachent , hoquètent, urinent et le reste. Passent des infirmières de couleur sombre et des aperçus politiques et moraux de même nuance. Une dame patronesse annonce que Jésus a donné sa vie pour que ceux qui meurent sachent bien que la mort n'existe pas. Ajoutez-y une allusion à notre Albert Simon, une imitation de Jean Nohain , deux mots grondeurs sur la qualité des informations de l'O.R.T.F., et un rappel du bon temps où, dans nos colonies le litre de rhum coûtait un franc et où les indigènes nous adoraient si on savait leur botter le derrière avec justice ... Un cul-de-jatte optimiste traverse la scène en fauteuil à roulettes. Sa joie sera complète quand on lui aura aussi coupé les deux bras. Alors , bien sûr, on a envie de se lever et de s'en aller. Comment être séduit par un écrivain qui croit pouvoir nous faire rire avec l'infirmité des vieillards? C'est le moment qu'a choisi l'auteur de Joe Egg, décidément bien malin , pour demander à l'un de ses personnages de s'adresser au public et de lui dire : « Ça vous plaît ce qu'on vous a montré jusque-là? Vous ne seriez vraiment pas dégoûtés... Alors qu'on Pl\ut voir la même chose, si délicatement parée, dans les feuilletons de la télévision .. . » Une trappe s'ouvre aussitôt, qui livre passage au décor d'une salle d'opération de rêve ... Suit la plus étonnante parodie du style Il Les Hommes en blanc Il à idées roses, avec grand médecin qui refuse à son fils le droit d'épouser celle qu' il aime sous prétexte qu'elle est noire, jusqu'au jour où la « gazelle jamaïcaine » donnera l'un de ses reins pour sauver le rejeton du professeur, à qui , du même coup, elle apportera ainsi la révélation qu'il a un coeur ... La pièce va faire alterner désormais le pastiche télévisé et le réalisme le plus cru. La douche écossaise n'est pas toujours facile à supporter. Il Knock Il, à côté, c'est la comtesse de Ségur allant faire soigner des bobos chez Il Le médecin de campagne Il. Et qui ne serait gêné au spectacle d'un vaudeville où les cocus seraient remplacés par des cancéreux? Mais aussitôt après, devant la détresse si âprement décrite , et si véridiquement DROIT ET LlBOETÉ - N° 316 - DÉCEMBRE 1972 Roger Pierre et Michel de Ré hélas, de ces agonisants cacochymes, on se met à comprendre le suicide de Montherlant... Il reste que, embarqués à la suite de ce thermomètre contestataire et délirant, on se demande ce qu'a voulu faire exactement Peter Nichols. Le programme exprime assez bien le point de vue qui semble être celui de toutes ses oeuvres. Cet auteur, nous dit-on, « écrit des pièces drôles avec ce qui fait mal» ... Satire du milieu médical, dénonciation du monde dans lequel nous faisons encore, mais pour combien de temps, semblant de vivre? A vous, selon votre humeur, de choisir entre l'adhésion et le refus. Mais il vous sera impossible de ne pas reconnaître le remarquable travail de Jean Mercure, au demeurant exceptionnel interprète de Il Santé publiquell. Se frayant un chemin à travers les plàisanterie scatologiques et les boutades trop faciles qui, sous prétexte de railler Guy Lux tombent justement dans les excès du style qu'on voulait dénoncer, les comédiens font jaillir de cette mare pestilentielle les vagues d'un océan dévastateur. Merveilleux Olivier Hussenot, excel- Nadia Barentin et Olivier Hussenot Roger Pierre, Jean Mercure et Isa Mercure lente Jandeline, parfait André Weber et délicieux Maurice Chevitt, comme un dessin de Jacques Faizant animé par les caprices de la lune ... Merci du plaisir, avec tant de fraîcheur et de talent, que vous nous avez offert. François CHALAIS. 23 Trois .~ pleces •• r ItInerantes Les théâtres de la périphérie de Paris et de province présentent trois pièces itinérantes qui nous ont paru importaRtes : toutes trois concernent les travailleurs immigrés, toutes trois méritent d'être vues et applaudies par un nombreux public. Voici leurs dates de passage pour la prochaine période . • Il LES IMMIGRES Il, de Y. Kraemer, par le Théâtre populaire de Lorraine, sera le 27 janvier à Sartrouville, le 28 au Théâtre de l'Ouest parisien, le 29 à l'ile-Saint-Denis. . • Il LEGENDES A VENIR Il, de Memet, joué par sa troupe franco-turque, sera les 2 et 3 décembre à 17 heures au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, les 7, 14 et 19 décembre à 21 heures au Théâtre de la Cité universitaire. à Paris. • Il MON VILLAGE Il, de A. El Hamrouni, par la compagnie de Sfax, est, malheureusement repartie en Tunisie. Mais nous nous sommes laissé dire qu'elle reviendra bientôt en France ... « Les immigrés )) AVEC « Les immigrés », de Jacques Kraemer, par le Théâtre populaire de Lorraine, nous avons un excellent exemple de ce que peut la farce politique maniée avec doigté. Evidemment, Il faut écarter les obscurités et comprendre que ces « anthropomorphes », dont nous parlent constamment les personnages sont en réalité les étrangers, les travailleurs immigrés. Le spectacle est composé d'une suite de 1 7 saynétes, au travers desquelles se montrent les préjugés et les frayeurs entretenus au sujet des immigrés. Par chauvinisme, méfiance et peur de l'inconnu, les « braves gens Il accusent facilement les étrangers d'être la cause des misères locales. « Les Immigrés» coloniale. la source, la domination Légendes , . a venir CHACUN des tableaux présentés par la petite troupe franco-turque (12 acteurs). est intégré à la vie quotidienne, comme c'est la coutume et la particularité en Turquie où le théâtre est dans la rue. « Légendes à venir» dépeint tous les problèmes actuels de la Turquie d'aujourd'hui. On ne se sent pas dépaysé, les luttes politiques, les dénonciations de la mainmise des U.S .A. sur l'économie du pays, la misère, les revendications pour le gagne-pain, les grèves dans les usines, les espoirs et les douleurs sont bien semblables à ce que nous connaissons, Cela pourrait être ennuyeux mais il n'en est rien, au contraire . Les moyens traditionnels du théâtre de rue : marionnettes , ombres, chansons, poèmes, contes et musiques populaires, masques (tout est original) font ici merveille. La situation ou le drame humain, la poésie , l'émotion, l'humour et la cocasserie , n'altèrent en rien la féerie visuelle qui se déploie parmi les spectateurs, dont les oreilles sont également à la fête. Allez voir absolument cette pièce qui vous subjuguera pendant deux heures et vous laissera au coeur le sentiment qu'ici ou ailleurs les hommes sont faits pour se comprendre et pour lutter ensemble. Lucky THIPHAINE. Nous retournons aux sources du colonialisme, à l'exploitation de ceux qu'on appelle les « indigénes Il. Tour à tour sont évoquées toutes les injustices et vexations dont sont victimes les étrangers dans les pays dits civilisés. La traite des noirs, les cales des navires remplies d'esclaves et les camions frigorifiques remplis de Portugais, les cadences infernales dans l'industrie, les accidents du travail, les bidonvilles, le cy nisme des « marchands de sommeil Il - exploitation, surexploitation, difficultés de communication, excitations à la haine sont les actes multiples où se joue la misère des immigrés dans nos pays. « Mon village )) Le racisme est insidieux et pernicieux. Il consiste à critiquer systématiquement toute entrave que constitue l'existence des travailleurs immigrés dans la vie habi tuelle. Victimes, ils sont dits responsables et constamment accusés, méprisés, vili pendés, que ce soit dans leur habitat, les lieux publics ou de travail, tous les endroits où on les rencontre. Les trois acteurs du Théâtre populaire de Lorraine sont excellents et aptes à donner les différents tons nécessaires aux multiples incarnations qui se succédent dans cette farce moderne aux résonances tragiques. Jean-Claude ANTOK 24 L.:s deux premières parties de cette pièce (en langue arabe) forment l'encyclopédie du passé de « Mon Village», en même temps qu'elles révèlent les préoccupations , les aspirations et les angoisses de la nouvelle génération, Tous les personnages défilent avec leur personnalité, leurs traits de caractère et nous font pénétrer dans la vie et les événements du village, tandis que le porte-parole de la première partie (sorte de crieur public) se heurte à celui de la deuxième partie (speaker). Ils symbolisent les conflits de sociétés et de générations, lesquels culminent dans la révolte des acteurs refusant au metteur en scène de présenter leur village autrement qu'à leur façon . Dans la troisième partie, la prise de conscience révolutionnaire se manifeste et révèle certains aspects essentiels du village dans lequel le socialisme se développe, Les commentaires prennent alors une autre valeur, parce que les hommes ont acquis un point de vue politique sur leur vie, et contrastent avec les futilités qu'occupaient les anciens, La révolution de l'indépendance et celle de la construction et du renforcement de la nation sont les acquis que le spectateur projette sur la réalité jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il vient d'assister à une farce haute en couleur. Le Village n'était que le jouet des acteurs, comme la Tunisie, qui a vécu ces trois étapes, est restée le jouet du néo-colonialisme. Laura M'ZA. cinélDa L'Allemagne (( avant)) et « après )) I L y a des sujets où hésitent à s'aventurer la majorité des cinéastes: l'Allemagne contemporaine, avec ses problémes et ses contradictions, est de ceux-là. Pourtant, la présente rentrée cinématographique fait exception avec deux films particuliérement intéressants : « Cabaret Il, de Bob Fosse et les « Cloches de Silésie Il de Peter Fleischmann. Il Cabaret )) Berlin, 1930, certaine bourgeoisie en mal de défoulement, c'est - à peu prés - le sujet du premier. . Au lever de rideau, Bob Fosse nous offre l'un de ces cabarets rendus immortels dans ' « l'Ange Bleu Il, enfumé, grouillant d'une faune particulière, où invertis en tout genre dominent : c'est l'Allemagne de l'après-guerre, versant moyenne et grande bourgeoisie, celle des « années folles Il de ces classes sociales. Les cigares malodorants des magnats enveloppent quelques énerguménes voués à la bascule et aux nuits sans fin, telle la danseuseétoile du coin, Liza Minelli, fille délaissée de diplomate américain grand commisvoyageur. .. « Cabaret» serait pure comédie musicale si le réalisateur n'avait cru devoir révéler, en filigrane, la réalité politique et sociale du moment : les râles de la République de Weimar assassinée, la lente mais sûre montée au pouvoir d'Hitler, porté à bout de bras par mdustriels et banquiers, l'arrogance des S.A. tenant pignon sur rue, l'antisémitisme ahurissant .de bassesse, celui qu'on assène par conviction fasciste, par trouille ou par intérêt... Pas de tour de chant de Liza Minelli sans que l'uniforme maudit n'apparaisse ... Pas de course folle, de tendre flirt, de conversation anodine sans échos fascistes hurlements caractéristiques ou chant~ nazis ... Le premier amant de Liza Minelli-danseuse s'inquiétera, tout au long du film, de ces troupes et de ces troubles fomentés par les S.A. : il y gagnera un oeil poché et la fin de ses illusions, Quant à son rival, jeune et richissime gigolo charmé par la dan seuse, il aura ce mot sur les nazis : « Quand ils auront éliminé les communistes, nous les éliminerons à leur tour. .. ! Il On sait ce qu'il en est advenu. « Les cloches de Silésie» L'Allemagne « après Il, l'Allemagne fédérale d'aujourd'hui, c'est ce que traite Peter Fleischmann dans « Les cloches de Silésie Il. Dans cette ville du Nord, une ville invivable, où les vieux meurent de la pollution industrielle, les maîtres de l'économie, hier soutiens du nazisme, continuent de tenir le haut du pavé, les réfugiés de l'Est vitupèrent la politique de Brandt, en vrais revanchards, fiers de l'être et décidés à le rester. C'est au nom de l'ordre et de la tradition, qu'autour de la famille Wawra s'organise le culte des cloches que le père, pasteur, s'était empressé de livrer à Hitler quand ce dernier les réclamait pour fondre des canons. Sauvées par hasard, elles symbolisent aujourd'hui la nostalgie du passé, l'aspiration à reconquerir la province natale. PIEDS SENSIBLES Les chausseurs du super-confort et de l'élégance Ctilix UNIQUE en CHEVREAU, en SPORTS et en TRESSE MAIN Femmes du 35 au 43 - Hommes du 38 au 48 6 largeurs différentes (9) GARE SAINT-LAZARE, 81, rue St-Lazare (MO Saint-Lazare _ Trinité) (6) RIVE GAUCHE, 85, rue de Sèvres (MO Sèvres - Babylone) (Hf') GARE DE L'EST, 53, boulevard de StrasboUl:g (MU Château-d'Eau),


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DROIT ET L1BERTË - N° 316 - OËCEMBRE 1972 Dans cette Allemagne-la, l'oxygéne commence à manquer. Triste, sombre, enfumée, polluée, moralement et industriellement, la jeunesse n'y trouve que des motifs d'écoeurement et de révolte p1ais son comportement parfois abérrant, ne parvient qu'à renforcer la bonne conscience des défenseurs du « système ». L'Allemagne est en crise et Hille Wawra, fils du pasteur déjà nommé, s'empêtre dans ses désarrois, ses problèmes, ses actes inconsidérés ... De sa révolte bâtarde, il ne sait encore que faire ... Sur ce plan-là, la démonstration de Fleischmann est probant~ : l'opposition en Allemagne fédérale, ressemble trop à Hille ... Dans ce pays, les germes du changement existent mais ses chemins sont encore obscurs pour le plus grand nombre ... Alors, ce monde se désagrège lentement... là est le danger. .. Dominique DEFOIX Lu ... vu ... • Jusqu'au 4 décembre 1972 (ouverture 10 heures à 13 heures et 14 h 30 à 19 heures). la Galerie Verrière, les Editions Cercle d'Art, organisent une exposition

« Murs de soleil», de Jean Picart

le Doux, sur des textes de Maurice Bruzeau (15, avenue Matignon , Paris (8°), Tél. : 225-29-53, • Le Centre Dramatique National de Lyon, la Compagnie du Cothurne, le Théâtre de la Commune (2 , rue Edouard-Poisson, 93300 Aubervilliers), présenteront « Fracasse » , de Serge Ganzi, du 8 décembre au 7 janvier 1973, Renseignements 352-,64-83 ou 352-63-95 de 10 heures à 19 heures, • Quatre « Méditations symphonioues Il de notre ami ' Bernard Weinberg viennent d'être enregistrées sous le titre « 6 jours», L'exécution est du Grand Orchestre symphonique de Jérusalem , placé sous la baguette de Mendi Rodan, entendu 25 télé-vlsion Enquête imaginaire pour un portrait véritable S I cette émission devait être une gageure, ses auteurs, Gérard Chouchan et Bernard Rothstein l'ont gagnée! Avoir le respect du spectateur - chose rare - lui présenter un des plus grands savants de not re époque et son oeuvre sans que celle-ci reste inaccessible à la plupart, comme r a dit , et très bien, le professeur Lichnerowitz dans sa présentation , fut le souci des réalisateurs . Grace à un habile montage de témoignages de sa famille et de ses proches, les aut~urs nous racontent ,la vie d'Albert Einstein bien plus réellement que s'ils nous la montraient ; à partir de textes du savant et d'autres chercheurs ils nous expliquent simplement son oeuvre : reconstitution de la conférence de presse d'un savant anglais qui vient de comprendre la véracité de ce qu'on appelle la théorie de la relativité (E mc2) ; démonstration par de joyeux étudiants de la théorie : à la vitesse de la lumière, toute longueur se réduit à zéro et le temps s'arrête .. . Pas une parole qui ne soit d' Einstein lui-même ne lui est prêtée; pas de fiction , mais les témoignages d'une télévision qui remonterait le temps .. . entretien avec deux savants américains Szillard et Wigner, pères de la première bombe' atomique : une grande enquête! Dieu merci, ils n'ont pas grimé un acteur en un Einstein d'opérette, et s'il n'était jamais là comme l'Arlésienne, il n'en ' était à chaque instant que plus présent. Nous l'avons suivi depuis sa naissance , en 1879, dans la ville d'Ulm, en Wittemberg , dans une famille juive émigrant constamment pour vivre . C'est un élève peu brillant qui se heurte à la discipline prussienne, un adolescent séchant les cours du professeur dont pourtant il allait poursuivre l'oeuvre. Il se détache de l'Allemagne de plus en plus revancharde et demande la nationalité suisse ; et savant pélerin pacifiste, il refuse honneurs, médailles et jusqu'à une tombe, puisqu'il légua son corps à la science ... 26 Une fois rémission terminée, Einstein se dressait de toute sa haute taille d'homme de science présent au monde, de cet actif homme de paix qui a dit entre autre à ses pairs: « Nous, hommes de science, dont la destinée tragique a été d'aider à créer des procédés d'anéantissement plus affreux - et plus efficaces, nous devons considérer comme notre devoir solennel et suprême de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher · Çlue ces armes soient employées à atteindre le but inhumain pour lequel elles ont été inventées. Quelle tache pourrait être plus importante pour nous? Quel but social pourrait être plus près de nos coeurs? C'est pour cela que nous devons construire des ponts spirituels et scientifiques reliant entre elles les nations du monde ... » Katia FAVARD. Le peintre F. Harburger nous envoie la photo de son tableau dénonçant le racisme, qui date de 1952, et dont l'inspiration est comparable au dessin de Paul Kurt que nous avons édité en posters et arts Yaa~oT AGAM Né à Rishon·le·Zion, en Israël, en 1928, Agam effectue de nombreux séjours à Paris depuis 1951 ; il Y expose pour la première fois en 1953. L'exposition rétrospective qui vient de se tenir au Musée national d'art moderne à Paris, du 6 octobre au 4 décembre, va être présentée au Stedelijk Museum d'Amsterdam, puis à la Kuns· thalle de Düsseldorf. Ci·dessus : « Anneaux 9/9 », oeuvre impor· tante, dont un tirage fut offert par l'artiste au M.R.A.P., dans le cadre de sa dernière expositio n· vente. en vignettes auto-collantes. cc Droit et Liberté» avait été, à l'époque, le premier à présenter cette oeuvre à ses lecteurs. C'est très volontiers que nous la reproduisons aujourd'hui. -vie du ...... .a..,. Participez aux débats du Congrès du M.RA.P. ... en répondant à une, plusieurs ou la totalité de ces questions 1. - Par rapport aux grands problèmes de notre temps, quelle est la place du racisme? Dans quelle mesure se rattachet -il à d'autres problèmes et peut-il en être isolé? 2. - Sous quelles formes principales le racisme s'exprime-t-il aujourd'hui en France? La nature et l'acuité de ce racisme a-t-elle évolué ces dernières années? 3. - Comment caractériser aujourd'hui la situation des travailleurs immigrés en France? Le racisme et la xénophobie dont ils sont l'objet ont- ils un rapport avec leurs conditions de vie et de travail, avec la politique générale de l'immigration? 4 . - A travers le monde, le racisme est lié à des phénomènes multiples, de l'apartheid aux discriminations feutrées, des inégalités sociales et culturelles à la dépendance économique, des heurts entre groupes ethniques ou religieux aux guerres coloniales .. . Le M.R .A.P. peut-il et doit-il réagir dans tous les cas? Sur quels critères doit-il se fonder pour déterminer la forme et l'intensité de ses ripostes? 5 . - Dans quelle mesure le M.R.A.P. est-il concerné par: la guerre au Viêt-nam? Les problèmes de la faim et du sousdéveloppement? La situation en Amérique latine? Les problèmes des D.O,M. et T.O ,M, ? Les luttes èle libération dans les colonies portugaises ? 6 . - Le M.R.A.P. doit-il donner priorité à la lutte contre le racisme qui sévit en France, par rapport à celui qui se manifeste au dehors? 7 . - Que peut faire aujourd'hui le M. R .A. P. pour contribuer à une paix durable au Proche-Orient? 8 . - La loi contre le racisme votée en juin 1972 par le Parlement français peut-elle faire reculer le racisme? Comment s'en servir? 9. Comment appréciez-vous le rôle joué en ce moment dans la lutte contre le racisme par: le gouvernement? les partis? les syndicats? les communautés religieuses? les associations culturelles? Comment leur action respective peut-elle être rénforcée? 10. - Quelles sont les méthodes d'action contre le racisme qui méritent le plus grand effort de la part du M. R .A. P. ? 1 1. - Connaissez-vous « Droit & Liberté»? Vous satisfait-il? Que proposez-vous pour en améliorer le contenu? La présentation? La diffusion ? 12. - Souhaitez-vous recevoir une invitation pour le Congrès du M.R .A.P, (20 et 21 janvier 1973 à Pa ris) ? ' NOM . .... ..... . . ... . . .... .. , .. . .. .. .. , . . . . ... Prénom Age . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession Adresse Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M.RA.P.), 120, rue Saint-Denis, Paris-2'. 27 Une délé.g.. ation ' en R.D.A. Sur invitation de l'Association d'amitié R.D.A.-France, une délégation du M.R.A.P. a séjourné en République démocratique allemande, du 18 au 25 novembre. Six personnes la composaient Lucky Thiphaine, Marguerite Kagan et Sally N'Dongo, secrétaires nationaux du Mouvement; Me George Pau, wésidente du Comité parisien; le Dr et Mme Berno, d'Auxerre. Un compte rendu de ce voyage sera donné dans notre prochain numéro. • Une nombreuse assistance a participé, le 20 octobre, à la présentation du spectacle de Patrick MoreUi, ( Hommes des pays loin Il, qui va désormais circuler à travers la France, à la demande des M.J.C., comités d'entreprise, comités du M.R.A.P. et associations culturelles. • Débat sur le racisme en France, au Centre de loisirs et d'échanges cu~urels du Havre, le 26 octobre, avec Roger Maria, membre du Bureau national du M.R.A.P. Projection de cc Derrière la fenêtre Il. • A la soirée de solidarité avec les peuples d'Indochine, organisée le 30 octobre à la Mutualité par 48 organisations, le M.R.A.P. était représenté à la tribune par Lucky Triphaine, secrétaire nationale. • Projection du film cc Etranges Etrangers Il et débat sur les immigrés, le 2 novembre, au lycée de Boulogne (92). 4 comités départementaux dans la région parisienne Pour coordonner l'action des comités locaux existants et en implanter de nouveaux, pour favoriser l'activité militante des adhérents anciens et nouveaux, pour riposter immédiatement à toutes les manifestations de racisme, il a été décidé de créer quatre comités départementaux du M.R.A.P. dans la Région parisienne. Les trois premiers sont d'ores et déjà constitués. Celui de Paris est animé notamment par Me George Pau, présidente, Jacques Breton, secrétaire, Sachez aussi que ... • Dans le cadre d'un stage sur l'Afrique noire, organisé à Paris par les C.E.M.E.A. (Centre d'entraînement aux méthodes d'éducation active) Sally N'Dongo, secrétaire national du M.R.A.P. et Albert Lévy, secrétaire général, ont animé deux débats les 13 et 14 novembre. Les films cc La noire de ... Il, de Sambené Ousmane, et cc Derrière la fenêtre Il ont été projetés. • Le 22 novembre, Albert Lévy, secrétaire général du M.R.A.P., a animé un débat du Cercle d'études politiques et sociales de Chauvigny, près de Poitiers (86), sur les immigrés en France, dans le cadre d'un cycle sur le thème cc Racisme et liberté Il. Il a donné une autre conférence, le 15 novembre, sur le cc racisme aujourd'hui Il, pour l'Association des originaires de Bessarabie en France. • Un nouveau comité du M.R.A.P. est en voie de création à Chambéry (73). Annie Aubry, trésorière, et Emma Nicolas . La Direction du comité des Hautsde- Seine est assurée par Serge Seror, président, Danielle Lonak, secrétaire, Michelle Roudès-Diallo, trésorière, Michel Garcia et Armand Rafalovitch. Et le Comité du Val-de-Marne a pour présidente Marie-France Antok, pour secrétaire Robert Lehmann, pour trésorière Jeanne DUDont Le Comité de la Seine-Saint-Denis sera mis sur pied prochainement. NOTRE CARNET J Nos deuils Journaliste, professeur de sociologie, prêtre, M. Joseph FOLLIET, ancien directeur de la « Chronique sociale de France », vient de mourir à Lyon. Cet éminent militant. « homme de foi et d'action », s'était à maintes reprises associé à des initiatives et à des campagnes du M.R.A.P. Nous exprimons à tous ses proches, ·nos sincéres condoléances. Nous avons appris le décès de Mme veuve COMENESTER, mère de notre amie Mme Claire Chneiweis. Que celle-ci et toute sa famille trouvent ici l'expression de notre sympathie en ces circonstances douloureuses. Notre ami Robert PAC, membre du Conseil national, a eu la douleur de perdre sa mère. Nous tenons à lui dire très amicalement combien nous partageons sa peine. Mieux à faire ... Les · cc 4 à 7)) ... Décidément fort préoccupé de l'action du M.R.A.P., « Le Droit de Vivre », organe de la L.I.C.A., se livre à de nouvelles attaques dans son numéro de novembre, ou il continue, selon une méthode éprouvée, de déformer délibérément les positions de notre Mouvement ... pour mieux les combattre. Cette conception de la lutte contre le racisme nous échappe. Et nous concevons de toute autre façon une discussion sérieuse et loyale. n y aurait beaucoup à dire, certes, sur les méthodes et les orientations du « Droit de Vivre ». Nous avons mieux à faire, et restons convaincus que le bon-sens finira par l'emporter. 28 Le cycle des « 4 à 7» du samedi a repris, au siège du M.R.A.P. Ils auront lieu , dorénavant, au rythme d'un par mois. Le 18 novembre dernier, le sujet traité : cc Les immigrés sont-ils cause du chômage? Il réunit une importante assemblée, vivement intéressée par le débat animé par Henri Bartoli, professeur à la fac!Jlté de droit de Paris, Léon Gani, sociologue , auteur de « Syndicats et travailleurs immigrés», Dominique Lahalle , chargé de recherche au C.N.R.S. et Maryse Tripier, sociologue, ainsi que des représentants de la C.G.T. et de la C.F .D.T. Le débat suivant est programmé pour le 2 décembre: « Pays sous-développés : assistance ou pillage?» éducation à la fraternité Triple présidence au C.l.E.P.R. Un remaniement du bureau du C.L.E.P.R. (Centre de liaison des éducateurs contre les préjugéS raciaux) a été effectué lors de la réunion de cet organisme, tenue le 23 octobre 1972, à Paris. M. Marc-André Bloch, professeur honoraire à la faculté des lettres de Caen, président du C.L.E.P.R. depuis de longues années, a proposé la désignation d'une présidence collective. Il estime, en effet, que son âge, son éloignement relatif du centre de Paris, et les travaux qu'il poursuit ne lui permettent pas de consacrer suffisamment de temps à l'exercice de sa fonction, qu'il assume - le bureau a tenu à le souligner - avec une constante efficacité et un dévouement sans faille. Marc-André Bloch, président d'honneur Le bureau a donc décidé de créer, à l'intention de M. Marc-André Bloch, la fonction de président d'honneur, étant entendu que celui-ci continuera de participer pleinement à la direction du C.L.E.P.R., et de le faire bénéficier de sa riche expérience. La présidence sera désormais assurée, conjointement, par: • Mme Olga Wormser-Migot, chef du département des Etudes documentaires à l'I.N.R.D.P. (Institut National de Recherche et de Documentation Pédagogique), dont on connaît les travaux historiques sur la déportation et le système concentrationnaire; • L'Abbé Jean Pihan, ancien directeur de la revue cc Educateurs Il, qui était jusqu'alors vice-président du C.L.E.P.R., en même temps que vice-président du M.R.A.P.; • M. Yves-P. Boulongne, ancien déporté-résistant, directeur de l'Institut National d'Education Populaire de Marly-le-Roi, qui a, ces derniers mois, apporté un précieux concours à l'action du C.L.E.P.R. Ces dispositions ont été adoptées à l'unanimité. Une enselgl.ante s'Interroge Nous avons toujours pensé que l'existence du C.L.E.P.R. se justifiait avant tout par la possibilité qu'il offrait aux enseignants d'exposer et de confronter leurs expériences d'éducateurs antiracistes. C'est dans cet esprit que nous publions ci-après la lettre que nous adresse Mme Rosy D., professeur dans un C.E.G. rural du Midi de la France. Cette lettre nous paraît intéressante à plus d'un titre, et notamment par la netteté et la loyauté avec lesquelles son auteur nous fait part, en même temps que des quelques points qu'elle estime avoir marqués, de ses difficultés, voire de ses échecs : car ceux-ci ne sont pas, en la matière, moins significatifs et moins éclairants que ceux-là. Par là, cette lettre est susceptible d'introduire le plus utile dialogue entre nos amis, que nous invitons vivement à nous communiquer les observations et suggestions que ne manquera pas de leur inspirer sa lecture. Je suis intéressée par l'appel du C.L.E.P.R. auquel j'ai adhéré il y a deux ans, en même temps qu'au M.R.A.P. J'enseigne le Français à des éléves de 6e II qui ont entre dix et quatorze ans. Et chaque année nous restons durant plusieurs cours sur le racisme mais je reste chaque fois sur une impression d'insatisfaction, et même souvent de ratage. Je n'ai pas trouvé de livre qui me satisfasse pour lire avec mes éléves. J'avoue ne pas aimer « La Case de l'oncle Tom », et les autres me semblent trop difficiles pour eux; peut-être un collègue a-t-il une expérience à communiquer de ce côté. Chaque année, je distribue des textes polycopiés sur le racisme : une fois par exemple des articles de journaux de l'occupation sur les juifs donnant les caractéristiques physiques, morales... en opposition avec des photos du peuple israélien, démentant ces descriptions. (Je me suis heurtée cette année-là à une réaction très désagréable d'un élève garçon essayant de trouver des «juifs» parmi ses camarades.) DROIT ET LIBERTÉ - N° 3.16 - DÉCEMBRE 1972 D'autres années, j'ai polycopié des textes littéraires que nous avons expliqués normalement, mais qui nous ont permis de parler du racisme en général, et là ça marche bien, mais les difficultés commencent lorsque nous parlons de la France. . Autant ils s'indignent lorsque je leur parle de l'apartheid, autant ils s'étonnent lorsque j'en viens au racisme anti-arabe, très prononcé dans notre région. Je me heurte à un mur d'hostilité lorsque j'attaque leur propre racisme; ils pensent toujours que les Nord-Africains prennent le travail des Français, sont sales, voleurs ... Je noircis un peu le tableau, car, en fait, certains éléves, semblent prendre conscience d'une injustice; mais beaucoup refusent la discussion et sont soutenus par leurs parents, car ces idées viennent de la famille. J'ai remarqué le cas d'une éléve trés sympathique, active, venant d'un milieu ouvrier pauvre; elle était très amie avec une fillette arabe, et elles s'entendaient bien. L'année suivante elles ont été séparées et j'ai entendu la jeune Européenne parler des femmes arabes : « Elles sont comme les chiennes, elles ont des périodes de « chaleur », c'est pour cela qu'elles sont enceintes toutes ensembles»! Imaginez ma « bonne conscience », moi qui l'avait eue comme élève l'année ' précédente; et qui espérait avoir abattu les préjugés les plus grossiers au moins! Une confrontation d'expériences me paraît intéressante. Je voudrais signaler un texte qui me paraît excellent pour l'étude du racisme car il met en valeur les racines sociales du racisme (qui sont, je crois, les plus importantes à notre époque.) Il s'agit d'un texte de Roger Vailland tiré de «Un jeune homme seul»; je l'ai trouvé sous le titre «La bicyclette », dans un manuel de lecture de 6e «, A livres ouverts », de Hachette). L'idée des posters est excellente, j'en commande plusieurs et je les afficherai en classe lors de notre étude sur le racisme. Rosy D. 29 Sur les immigrés Nous avons signalé dans un précédent numéro (avril-mai 1972) un passage inacceptable d'un livre de géographie locale « Les Bouches-du-Rhône», présentant les travailleurs immigrés en des termes susceptibles d'alimenter contre eux les préjugés, la méfiance et l'hostilité. La maison d'édition, la Librairie Delalain, dont la bonne foi avait été surprise, nous a fait savoir aussitôt qu'elle partageait notre point de vue. L'auteur, M. J. Loraud, a revu son texte, dont la rédaction modifiée a été présentée au C.L.E.P.R. La nouvelle version, qui nous donne toute satisfaction, a été réimpri,mée, pour être collée sur les exemplaires du manuel restant à diffuser; elle sera définitive lors de la prochaine réimpression. Le C.L.E.P.R. se réjouit de cet heureux dénouement et de la compréhension qu'il a rencontrée. Pour assimiler ... l'antisémitisme Un a.,u nous fait parvenir un extrait de l'Assimil « 0 francês sem custo ,., destiné aux Portugais désireux d'apprendre le français. La 109" leçon, est « Une histoire de Russie,., où « Un certain juif appelé Moïse, qui achetait et vendait les choses les plus diverses,., vend au prix fort un caniche qu'il n'a pas, et sans d'ailleurs savoir ce que signifie ce mot ... n existe également une "histoire li de ce genre dans l'Assimil russe à l'intention des Français. Etrange pédagogie qui consiste à diffuser l'antisémitisme sous le couvert de l'enseignement des langues! li ,Èf)UCATION A LA FRATEJtNlTlh estla llu 'Ceobe Ile Liaison de$ Edllca(euts contfê lu (C.L.E." .lq. Le Ç.L.E,P.R. d~veloppe ses acflt'ltès" r mensuelle é!JRa~ "'*, É,I\ organisal)t dés fetlC\?ntres. et dC;S clêl:!at§ entr~ éduêareur"s tèIsJe$! coUo~ues, de Nanterre èt d'Argenteuil sur la'scolaî:~atfo~ dès,;; 4hr4nt$ des. îràvailleu('sîmmigtè.~., --4 ~n favp!;lsllnt les éèbanges d'experîene et, ellleut envoyant la ddc'umerttatloÏ!qu'i1$ uales.oin, P9ur~ela,. dù ~outien 4eTtou~ceUl' qui $~intêressentâ. sot) action l'It la Jugênt nécessaire. " MONTANT QE LA COTiSA Tlol'Î ~ Me~ actif; lQ R (dPnnant droit a,UX, le)1" numéros anj'l,uels de Orôit &: Liberté où pa!;aît \ln dossier de S. pages realise', palle Ç,J'i,.6.P.\i:), çette :9tl~ation ihînimaIeetant portee li 5 f pb'll" Ces. abon~s à. lroit &: Liberté. Membre 4(1flateûr : 20 fI", .. Membre 'bienfaiteur :A partir de 30 F. Adresser les adhellio!1.li li ~Ife Rene~ Saboulê , sonnl~t$f Raris (lBç), avep un ch~qûe postal (3 " ,âltin'dre R. 'Saboulene. institutrice " C,L,IU?R. (C.ç,P. 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Légende: A travers ces jours le destin malicieux te tend la main. diamètre 95 mm Sronze 62 F - Argent 468 F PENSEZ sm PRODUITS DE HAUTE QUALITE POUR L'INDUSTRIE : -ABRASIFS - RUBANS ADHESIFS -ISOLANTS ELECTRIQUES - COLLES - MASTICS -SECURITE -MICROFILM - REPROGRAPHIE DROIT ET LIBERTÉ - N° 316 - DÉCEMBRE 1972 Les Jetons de Voeux expriment par leurs devises et leurs fines gravures des souhaits joyeux, des pensées affectueuses, une multitude de promesses, toutes les nuances de l'émotion ou de l'humour. La collection comprend plus de 300 modèles aux thèmes variés, Au revers l'inscription : "Voeux les plus vifs ", Bronze 12 F Bronze doré 16 F Argent 31 F avec anneau supplément 2 F .. Le bonheur est dans le pré " par Raymond Corbin Le fer à cheval et le houx par Germaine Resseguier- Lagriffou 1. " Pris qui croyait prendre" par Pauline de la Jarrige Le Sagittaire par Raymond Corbin , Jeunesse ... 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Notes

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