Droit et Liberté n°264 - juillet-août 1967

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Sommaire

    • Le point au Moyen-Orient
      • Et maintenant ? page 3-8
      • Nos lecteurs écrivent page 4-6
      • Comprendre et se comprendre. Les interventions au meeting du MRAP page 9-11
      • Table ronde: la paix comment? page 12-17
    • U.S.A.: l'été s'annonce chaud par Schofield Coryel page 15
    • Le dossier du mois: Vacances sans frontières
    • Une génération clairvoyante: les lycéens parlent des préjugés raciaux page 27-28
    • Max Roach et Abbey Lincoln vous parlent: le jazz dans la lutte antiraciste page 28-29
    • Un toast pour Harlem: une nouvelle de Langston Hughes page 38-40

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Revue mensuelle du Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix N° 264. JUILLET-AOUT 1967. PRIX 1,50 F MOYE ORlE LE GRAND ZOLA DU XXe SIE'CLE* édition nationale et définitive publiée sous l'autorité de la Société des Amis de Zola 15 VOLUMES RELIÉS PLEIN CUIR d'environ 1200 pages chacun sur RaRier bible PRIX SPÉCIAL DE SOUSCRIPTION: 26 F PAR MOIS La seule édition complète de Zola en 15 volumes (reliés plei n cuir, gravé à l'or fin 24 carats), et 18000 pages sur papier bible. 20 % d'inédits. L'aventure d'u ne oeuvre, le film d'une vie. Pour la première fo is, depuis quarante ans, on pourra lire du premier au dernier mot l'oeuvre du plus moderne de nos classiques. La vie de Zola, racontée par Armand Lanoux, ses romans, ses contes, ses lettres, ses articles sont illustrés par 2500 photos et gravures d'époque. Les photos, souvent, ont été prises par Zola lu i-même. LA CRITIQUE ENTHOUSIASMÉE Zola aurait aimé les spécialistes qui, pour Tchou, s'occupent de son oeuvre Figaro Littéraire Une édition impreSSionnante L'Express L'intérêt de l'édition Tchou tient d'abord aux textes quasiment inconnus qui y sont rassemblés ... c'est la seule édition en cours qui puisse se réclamer du titre d'« OEuvres complètes .. Le Monde Cette éditio n nationale et définitive est la seule à bénéficier d' une subvention de la Caisse Nationale des Lettres. Etablie sous la direction d'Henri Mitterand, spécialiste n° 1 de Zola, d'après les textes orig inaux, elle est la plus riche de notes et de préfaces. Celles-ci ont été rédigées par les critiques les plus compétents, de Michel Butor à Henri Guillemin. Les volumes (13 x 21 cm) sont maniables, élégants et sobres. Ils satisferont les bibl iophiles les plus exigeants. "Article de J. Pia,ie,: le Monde 15/1/6J. UN CADEAU: d ' Jleeuse ••• ! LETTRE AU PRESIDENT DE LAREPUBLIQUE «J'accuse .. : ce mot, jailli de la plume courroucée d'Emile Zola, vi nt un matin de janvier 1898 percuter le coeur d'une France déchirée par Faffaire Dreyfus. C'était le titre de l'un des plus grands textes polémiques de tous les temps. Ce document introuvable en librairie vous sera offert gratuitement en fac-similé à la taille réelle (tout un numéro de journal au format: 42 cmx60cm),sivous répondez dans les5jours_ r-------------------------------------------~----------------------------------------------~~ 1 BON POUR UNE DOCUMENTATION GRATUITE « 1 • 1 à découper et à adresser au Cercle du Livre Précieux, NOM ....... . .. . .. . ... . .. . ... . PRENOM .... . .. .. . . ...... ~ 1 6, rue du Mail Paris 2e. 1 Veuillez m'adresser, sans aucun engagement de ma part, ADRESSE ............... .. .. . ... .. ... .. ...... . .... . .... . 1 la luxueuse documentation gratuite concernant le seul Zola 1 complet. .. . ......... . .. . ... .. . . .. . . . . .. ... . TÉL. ... . . . ..... . . .. . . 1L _ ________________________________C_E_R_C_L_E_ _D_U_ _L_IV_R_E_ _P_R_É_C_I_E_U_X_ _{T_C_H_O__U_} _______________________________ ~ dans ce nUllléro LE POINT AU MOYEN-ORIENT Et mainténant? ..... . . . .... 3-8 Nos lecteurs écrivent ..... . 4-6 Comprendre et se comprendre. Les interventions au meeting du M.R.A.P. .... 9-11 Table ronde: La paix, comment? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12-17 U.S.A. : L'ETE S'ANNONCE CHAUD. par Schofield Coryell 18 LE DOSSIER DU MOIS : VACANCES SANS FRONTIERES. UNE GENERATION CLAIRVOYANTE Les lycéens parlent des préjugés raciaux . . . . . . . . . . .. 27-28 MAX ROACH ET ABBEY' LINCOLN VOUS PARLENT Le jazz dans· la lutte antiraciste . ..... . ......... . .. . ... 28-29 UN TOAST POUR HARLEM Une nouvelle de Langston Hughes ......... .. .. . .... .. 38-40 et nos rubriques habituelles. ILLUSTRATION DE COUVERTURE Un char Isra6l1en. Photo United Press sJ.roit& lIberté . MENSUEL 30. rue des Jeaneun ~.'. ParI.il (2") TB. ...... " ~ C.C.P. PatJt d87O-9I ABONNEM .Unan: .t5F • Aboiinem.ebt l:':• ." • Etran&et; 20 MRAX1~ ...... .. .. d.ur:Ie. 1 anUMmltlïble .•. .. ~ phobie). .,._L~_ 43. aYlllue de Bedhemj • ~ Aaathe • Bruxelles. . • T ... %1*" AUobDoDODlde m• Benrut-x: elMlesI l2A· X. c'.b • '~IJ~J5 • tJn an: 158 PB. ' . SoutJeft: 300 PB. DROIT ET LIBERTE • No 264 • JUILLET-AOUT 1&67 La guerre a passé. Mais les problèmes demeurén, MOYEN-ORIENT : ET MAINTENANT? EN pleine crise du Moyen-Orient, un Algérien vivant à Paris rencontre un juif de sa connaissance. Ils hésitent à se tendre la main : - Ne sommes-nous pas ennemis ? s'inquiètent-ils ? Ils s'expliquent, constatent qu'entre eux rien ne doit changer ; et la conversation se termine, amicale, au café voisin. Cette .anecdote (authentique) est révélatrice du climat qui a régné en France, . ces dernières semaines. Si, dans ce (;as précis, les malentendus ont pu être surmontés par un simple contact humain, il n'en a pas toujours été de même. Une vague de préjugés, de peurs irraisonnées, de passions et de haines, a submergé l'opinion publique, et particulièrement, bien sûr, les principaux intéressés, dans la mesure où un conflit entre Etats - Israël et les pays voisins - se- trouvait ainsi transposé' en' un conflit ethnique, opposant juifs et Arabes. Dans une émission télévisée, un travailleur algérien, à qui le reporter demandait s'il voulait aller se battre contre Israël et pourquoi, répondit - Je n'aime pas les juifs! Un de ses camarades, plus jeune, visiblement gêné par de tels propos, lui dit à peu près : - Ce n'est pas la question : quand nous nous battions pour l'indépendance de l'Algérie, il y avait, pour nous soutenir, des démocrates de toutes origines, et parmi eux, il y avait aussi des juifs. Inversement, que d'insultes, de menaces anti-arabes n'ont-elles pas été proférées : - Ces gens-là, ils ne comprennent que la fo rce. Il faut les corriger une bonne fois pour toutes. - Ce sont des assassins, on l'a bien vu pendant la guerre d'Algérie, et on voit comment ils se conduisent chez nous ... Fort heureusement, nombreux sont ceux, là aussi, .qui combattirent ce genre d'appréciations. Le lendemain d'un meeting organisé au Cirque d'Hiver en faveur d'Israël, un jeune juif s'est présenté au siège du M.R.A.P.: - En sortant de la manifestation, a-t-il raconté, j'ai vu un groupe d'excités poursuivre un Algérien qui passait par là... Je suis écoeuré. Je suis prêt à vous aider dans votre lutte contre tous les racismes... ~ 3 -. Le" provocateurs s'en r. :mnaient à coeur joie. Un soir pendant que se tenait une réunion, quelqu'un téléphone au M.R.A.P.: - Des groupes d'Arabes armés de couteaux marchent sur Belleville. Que pouvez-vous faire pour les arrêter ? Moi, je vais organiser la défense des juifs. Pour les spécialistes des excitations à la haine, l'occasion était rêvée. Millute jubilait: même les égarés qui, naguère, condamnaient l'O.A.S., s'opposent aujourd'hui, comme elle, aux Arabes. Rivarol et Aspects de la France s'offraient le luxe de dénoncer la « domination juive ", tout en prC:ch" nt la croisade contre l'Islam. Le sinistre Bardèche, dans Défel1se de l'Occident accusait les juifs de préparer la troisième guerre mondiale, tout comme ils avaient provoqué la seconde. Des tracts anti-juifs et antiarabes circulaient. Les cc bons» et les cc mauvais» Etrange période. Peu à peu, les t:sprits s'apaisent, maintenant. Mais il faudra beaucoup de temps, sans doute, pour analyser le phénomène social auquel nous venons d'assister, pour que chacun analyse ses propres réactions. Comment un problème politique grave et complexe, posé à des milliers ~e kilomètres, a-t-il pu, en quelques Jours, bouleverser et diviser les Français bien plus brutalement que la guerre d'Algérie ou celle du Vietnam ? Comment des citoyens lucide~ ~t calmes ont-ils pu tout à coup modifIer leur comportement, se laisser entraîner à des outrances dont ils n'étaient pas coutumiers ? On a évoqué l'affaire Dreyfus : il est vrai qu'en ce temps-là aussi le pays fut agité d'emportcments ~ontr~ ires" et que le débat qui accapa~ alt. !es c~)f~sciences ~tait ~aussé par longme JUIve de 1 accuse ce qui en~raînait dan~. les deux c~mps des ppses de posItIOn purement subjectIves. Dans l'affaire présente, il s'es,t produit. surtout un grand courant d « umon sacrée " où se mêlaient l'angoisse et la fureur où la bonne conscience agressive des uns pesait sur l'inquiéte réflexion des autres un c?urant i~pétueux balayant les positIC? ns, . les Idées,. les potions qui paralssa~ ent, .la veIlle, etre susceptibles de lUI faIre obstacle. Et un autre r,appr?chemcnt historique s'impose à 1 espnt : 1914, le désarroi, l'excitation soudaine qui suivirent l'assassinat de Jaurès, et qui débouchèrent, aussi, sur la guerre. Empressons-nous cependant de souligner que nombreux sont les Français, qu'ils se prononcent dans un. sens ou da.ns un autre, qu'ils s'expnment publJquement ou non qui ont été guidés dans leur comportement par des . considé~ations politiques et non raCIales, qUI ont soigneu- (Suite en page 7) 4 LA COMPLEXITE DE L'ETAT DE CHOSES ... Je tiens à vous assurer tout de suite de notre sympathie pour la lutte que vous menez actuellement à l'occasion du conflit au Moyen-Orient. d'autant plus que la position que vous avez prise dans le récent numéro de Droit et Liberté est à la fois courageuse et nuancée. Le cercle Tocqueville auquel j'appartiens n'a d'ail· leurs pas attendu votre appel pour sortir un numéro de son journal consacré à la crise du Moyen-Orient et dont la position est tout à fait proche de la vôtre. AU FOND D. SUC Caluire (Rhône) DES PROBLEMES J'ai reçu ce matin l'appel lancé par le M.R.A.P. pour un règlement pacifique de la crise du Moyen·Orient accompagné de l'extrait du numéro de juin de Droit et Liberté intitulé ; • Sauver la paix au Moyen·Orient ". Etudiante à Nanterre, je ferai circuler la pétition lundi à la faculté, mais je pense que cet appel, suc· cinct et assez peu consis· tant, s'il peut rassembler un assez grand nombre de signatures, ne peut absolu· ment pas éclaircir le problème pour la grande masse des étudiants auxquels je le soumettrai. L'extrait de Droit et Liberté est, par contre, excellent et va au fond des problèmes. S. ROBERTIN Paris-17' FIER D'ETRE AU M.R.A.P. Je voulais d'abord vous dire combien j'ai été heu· reux de la position de notre Mouvement à propos du Moyen·Orient. Oui, la Paix seule est possible. Et le seul désir que les fils d'Abraham se retrouvent, en l'Homme, race commune du Très Haut, fils et frère d'une terre qui, par leur communauté, pourra devenir vraiment « promise D. Oui, je me suis senti heureux et fier d'appartenir au M.R.A.P. où juifs aussi bien qu'arabes dominent toute tentation ins· tinctive pour se garder • frères humains - en vérité. J, CUSSAT·BLANC Agen (Lot-et-Garonne) Je suis heureux de vous dire mon entier accord pour la position du M.R.A.P. ; justice pour Israël ; justice aussi pour les peuples ara· bes du Tiers-Monde. Abbé Jean TOULAT Poitiers (Vienne) UNE BONNE CORRECTION Peut-on blâmer Israël en· touré de pays qui procla· ment tous vouloir sa des· truction et l'anéantissement de sa population ; de pays qui, jour après jour, en· voyaient des commandos, qui allaient tuer des jUifs. De ces juifs qui, à l'exemple du ghetto de Varsovie, ne voulaient pas mourir sans tenter une opération de sur· vie. Peut-on éternellement lais· ser vos voisins taper sur vos enfants en tuant par·ci, par-là sans jamais essayer de leur donner aussi une bonne correction ? M. NAJMAN Paris-11 DE TOUT COEUR Je m'associe pleinement à votre appel, paru ce matin, au sujet de la guerre au Moyen-Orient et dont le ton, la mesure et la jus· tesse, contrastent avec ce que nous lisons et entendons trop depuis quelques jours. Docteur J. FRANCK Paris·17' Je tiens à vous dire toute ma sympathie et vous pou· vez user autant que vous le voudrez de ma signature: pour le cessez-Ie·feu ; pour la négociation ; contre le racisme anti-juif et antiarabe. De tout coeur. Arthur ADAMOV Paris-Se DE LA POUDRE AUX YEUX A quand la manifestation devant l'ambassade d'URSS fidèle alliée de l'Egypte nassenenne et pro-nazie ainsi que le prouve la quantité de criminels de guerre nazis, spécialistes en bacté· riologie et stratégies mili· taires réfugiés au Caire et protégés par leur grand ami Nasser? A moins que vous préfériez manifester devant l'ambassade d'Israël pour stigmatiser les .agresseurscomme le disent si bien vos maîtres aveuglément obéis de Moscou et du carrefour Kossuth ! Allons ! Vos lecteurs ne connaîtront jamais rien de cette lettre. De la poudre aux yeux, du clinquant, des • m'as-tu-vu - et de l'esbrouffe. Voici quelle est la • pâture - du M.R.A.P. R. LlPA Rosny - sous - Bois JE CHERCHE A COMPRENDRE La presse, la radio ont dégUisé très souvent les vraies responsabilités et maquillé le problème. Cette crise fut présentée comme une affaire raciste. Les passions racistes se sont déchaînées. Pour certains, ne pas approuver Israël, c'est être nazi. Un de mes collègues, d'origine juive, a accusé ceux qui n'approuvaient pas la politique de M. Levi Eshkol, de vouloir renouveler Auschwitz et l'envoyer, lui et les autres juifs, à la chambre à gaz. C'est en 70 après J.-C. que Titus dispersa les Juifs. Depuis, le problème semble resté intact. Recréer l'Etat d'Israël est évidemment une solution, mais n'est-ce pas aussi abonder dans le sens du racisme. Un juif installé depuis des générations et des générations dans un pays n'est-il pas de ce pays plutôt que de la terre d'Israël ? Le peuple installé aujourd'hui en Israël est une mosaïque de peuples qui ont en commun la vo· lonté de lutter contre leurs opposants, d'en finir avec la haine anti-juive, mais ont-ils vraiment un passé, une culture commune ? Je comprends mal ce désir de reconquête de la terre des Ancêtres. Il y a près de deux mille ans que les juifs n'avaient pas atteint le Mur des Lamentations. Aujourd'hui, lorsque le Général Moshe Dayan affirme qu'ils ne quitteront plus Jérusalem, n'avons-nous pas affaire à une sorte de fanatisme Ils en ont parlé Ce dessin de Caran d'Ache, publié pendant l'affaire Dreyfus, est blUlQuement redevenu d'actualité pendant la crise du Moyen- Orient. . DROIT ET LIBERTE· No 264 • JUILLET·AOUT 1961 religieux plutôt qu'à une réalité patriotique ? Certes, l'Etat d'Israël existe maintenant, il n'est pas question de nier son existence, ce serait aggraver le problème que de prétendre à sa destruction. Mais je me demande si à l'origine la création de cet Etat ne fut pas une erreur. Pour installer Israël, il a fallu déloger des hommes pour qui cette terre était la leur. Mlle C. MANDON Paris-18' LE MEILLEUR? Je vous envoie ci-joint le texte signé. Je profite de l'occasion pour vous dire que Droit et Liberté a publié sur le problème du Moyen-Orient le meilleur (le plus juste de ton et de faits) article de toute la presse française. Claude ROY Paris· L'UNE DES RARES REACTIONS SAINES Devant le déchaînement de passions et le maquis de contradictions que révèlent les évènements du ProcheOrient, le texte du tract que vous venez de publier m'apparaît comme l'une des rares réactions saines et vraiment réfléchies. Il serait donc opportun de le diffuser très largement, Jacques MALSAN Dijon (Côte d'Or) PAS AINSI! Je reçois votre • Appel pour la Paix ". Vous ne pouvez tout de même pas imaginer que je puisse signer une pareille littérature et je pense que beaucoup d'adhérents du M.R.A.P. seront de mon avis. Après les premiers paragraphes • humanitaires -, vous faites appel aux sentiments antiracistes. Il s'agit d'une guerre sans merci, dans laquelle 100 millions d'assassins proclament leur intention de massacrer trois millions de nos frères et vous voulez encore que nous leur manifestions de la sympathie. Cela passe les limit.es de l'absurde. Maxa NORDAU Paris·1Ii FAIRE JUSTICE LUI-MEME Selon moi, ceux qui ont conseillé à Israël de rester l'arme au pied après la provocation nassérienne ont été de mauvais conseillers; c'en était fait d'Israël si leurs conseils avaient été suivis, étant donné le peu d'appui réel que ce pays pouvait escompter de toutes les grandes puissances (France en tête) pour la défense de ses droits élémentaires (à la libre navigation dans le golfe d'Akaba, et par-delà ce problème particulier, à son existence même). Dans ces conditions, il ne lui restait d'autre ressource que de faire justice luimême en intervenant militairement pour la défense de ses intérêts vitaux. C'est à quoi il s'est décidé, aprè~ une longue patience, que l'on oublie un peu trop, et seulement quand il se fut persuadé qu'il ne lui viendrait de l'extérieur aucun secours efficace. Ce n'est, je pense, faire preuve d'aucun racisme proisraélien ou anti-arabe que de porter ce jugement sur les récents événements. C'est seulement se rendre à l'évidence aveuglante des faits. Marc-André BLOCH Paris-S' NON POUR EXCITER ... J'approuve vos appels en faveur de la Paix. Les ennemis de la race sémitique, ceux qui se sont acharnés sur les juifs depuis les temps les plus reculés du Moyen-Age, qui les avaient envoyés aux fours crématoires nazis, qui ont rendu esclaves les Arabes, ce sont eux qui ont dressé les populations du Moyen-Orient les unes contre les autres. Mohamed FERHAT Besançon (Doubs) JE NE PEUX, EN CE MOMENT... Je ne peux pas signer l'appel. Le temps atténuera peut-être mon chagrin. Mais je ne peux voir en ce moment côte à côte • racisme -. 6 -+ anti-juif - et « racisme antiarabe -. Alors que les Israéliens ne cherchaient qu'à défendre leur territoire, les Arabes - Nasser - parIaient de « génocide, d'extermination d'un peuple - mots jamais entendus depuis Hitler. Alors que nous avions toujours été pour l'indépendance de l'Algérie, celle-ci envoie des troupes contre Israël. Depuis ces jours tragiques, mon coeur, mon action n'ont été que « aide totale à Israël - dont je me sens absolument solidaire. M. L. K. Paris-16" JE M'ETONNE ... Ayant participé à votre meeting, j'ai approuvé vos prises de position contre le racisme, et notamment la condamnation de « Minute » par deux orateurs. J'apprécie également votre action en faveur de la paix. Mais je m'étonne qu'aucune condamnation de l'agression impérialo-sioniste n'ait été franchement prononcée au cours de ce meeting. Je fais miens les objectifs du M.R.A.P. mais je suis convaincu que ceu)(-ci ne peuvent être atteints pleinement que si des organisations comme le M.R.A.P. combattent cette forme de racisme qu'est le sionisme. M'ASSOCIER A VOTRE EFFORT M. H. Paris-S J'ai souvent remarqué le sérieux et l'honnêteté des prises de position de votre Mouvement à propos des événements contemporains et en dernier lieu en ce qui concerne le conflit du Moyen-Orient. Pourriez-vous me faire parvenir un exemplaire du texte du dernier appel que vous venez de lancer (Le Monde du 8 juin). J'en approuve entièrement les termes et je désirerais le soumettre à des amis et le leur faire signer ? Par ailleurs, est-il possible d'adhérer individuellement à votre Mouvement ou faut-il s'adresser à une de vos sections locales ? En existe-t-il une à Nîmes? Je vous serais reconnaissant de me donner tous ces renseignements car j'aimerais m'associer à votre effort contre le racisme et pour la paix. E. SALQUe Nîmes (Gard) UNE ANALYSE OBJECTIVE Je félicite le M.R.A.P. pour l'objectivité dont vous avez su faire preuve pendant les récents événements du Moyen-Orient. P. de COMARMOND Paris-13" Lors de la récente crise du Moyen-Orient, le M.R.A.P. a été l'un des très rares mouvements qui aient pris une position impartiale, inspirée non pas des haines ou des sympathies aveugles, mais par une analyse objective, et intelligente de la situation. Paul DEHEM Kremlin - Bicêtre (Val de Marne) LES EXPLICATIONS DES ORATEURS J'ai assisté à la réunion à la Mutualité le lundi 12 juin. J'étais très content d'entendre les explications des différents orateurs sur les problèmes du Moyen-Orient. Je pense que les interventions devraient être imprimées et, à cet effet, nous vous faisons parvenir la somme de 100 F. Espérant que notre lutte commune contre le racisme et l'antisémitisme et pour la paix sera victorieuse, je vous adresse mes meilleures salutations. E. VALLEY Secrétaire Général de l'Amicale Nationale des Déportés et Familles de Disparus de Mauthausen. UN RECONFORT Je ne pourrai être présent ce soir à votre meeting. Je le regrette. Je signe d'autant plus volontiers votre appel que, lancé dès le début de cette tragique affaire, il était le seul pondéré et raisonnable. Il fallait en effet, dès le départ, prendre . ses distances par rapport à l'objectif proclamé par certains leaders qualifiés des pays arabes de destruction de l'Etat d'Israël. Ce mot d'ordre relève d'un fanatisme national et religieux qui n'a rien à voir avec la lutte anti-impérialiste et le socialisme. Ce point précisé - et nettement précisé - on pouvait et devait faire une analyse de la situation, fixant les responsabilités très lourdes de l'Etat d'Israël et les objectifs des puissances impérialistes dans le conflit. Jean-Pierre VERNANT ENTRE LES CROYANTS MONOTHEISTES J'ai le plaisir de vous présenter l'Appel en faveur de la paix dans le ProcheOrient que j'ai adressé aux responsables de la politique en Algérie. J'espère qu'il trouvera un accueil favorable dans les colonnes du journal de votre Mouvement. Pasteur Georges TARTAR Président de l'Union des Croyants. Alger Voici des extraits de l'appel joint à la lettre: «L'Union des Croyants prie Dieu pour que le cessez- le-feu devienne effectif dans le Proche-Orient. e Elle est convaincue que le problème qui sépare les Etats arabes et l'Etat d'Israël · ne peut être résolu par la guerre, mais par une négociation objective, franche et sincère, menée par des hommes de bonne volonté et animés d'un esprit de justice, de paix et d'humanité c. .. ) « Les principes du respect de la personne humaine et des « Droits de l'Homme .. sont à même d'assurer, dans le Proche-Orient, une solution du problème qui dresse les Arabes et les Juifs, les uns contre les autres. e Nous pensons qu'il y a en Palestine de la place pour les des c end a n t s d'Abraham, ainsi que pour ceux qui se réclament de, la foi d'Abraham. " PETIT-FILS D'ESCLAVE Je vous demande de bien vouloir insérer cette lettre dans votre prochain numéro. Les Israéliens ont eu des gestes et attitudes regrettables; qu'ils se souviennent de toutes les humiliations qu'Hitler leur a fait subir ainsi que les crimes qui ont fait tant de victimes; le monde entier était de leur côté hormis quelques spécialistes du racisme. Alors, pourquoi les mêmes méthodes de leur part? S'ils sont justes et humains, qu'ils tendent la main aux Arabes, sans arrière-pensée, sans haine, sans humiliation, et surtout avec un peu d'amour, comme on a demandé et préconisé pour eux lorsqu'ils étaient dans le malheur. Cette flambée de sympathie, en France, ne reflète pas l'opinion exacte du peuple français; elle a été commandée par la haine de l'Arabe et s'est multipliée par la présence, en France, d'un million de rapatriés. Je vous signale que je ne suis ni « pour .. les Arabes, ni « pour .. les Israéliens. Je suis pour la justice, le respect de la personne humaine au nom de l'humanité. Je suis un petit-fils d'esclave, et nègre pour tout le monde. B. DESROC Paris-13' TOUT CELA ME REVOLTE Je viens vous donner mon adhésion au M.R.A.P. qui lutte pour une juste cause. Personnellement dans le conflit qui sévit au MoyenOrieht. je soutiens le jeune Etat d'Israël. Hélas, un bon nombre de gens qui soutiennent les juifs le font plus par haine de l'Arabe que pour des motifs de droit et de justice. Ils n'ont fait que déplacer leur haine. Tout cela me révolte profondément. Claude ZAHM Antony (Hts-de-Seine) A la suite de votre appel paru dans « Le Monde ", le mercredi 7 juin 1967, (appel con c e r n a n t le MoyenOrient), j'adhère à votre Mouvement et approuve totalement votre appel. A VOS COTES J. BERDU .Paris-13' Vous trouverez, ci-joint, le montant des deux carnets pour la lutte antiraciste. J'ai été heureux de pouvoir participer à la vente de ces carnets au profit du M.R.A.P. Bruno BREVAN La Roche-Guyon (Val-d'Oise) Veuillez trouver ci-inclus un chèque de 50 F pour qu'Israël vive et pour la paix dans le monde. L. EDINSON Paris-1B" Abonnée au journal du M.R.A.P. mais ne possédant plus le texte de votre appel (prêté à un amI) je vous envoie 1· ma signature; 2" une contribution matérielle • symbolique .. que je me refuse à verser au • Fonds de solidarité pour Israël ", l'action de cet organisme me semblant différente de votre objectif: paix et coopération entre Israël et ses voisins. Dr M. SPIRE-WEILL Dijon (Côte-d'Or) PAS D'ACCORD! Je ne désire plus faire partie du M.R.A.P. car à ce que j'ai compris vous soutenez les Arabes autant que les juifs. Dr L. R. Paris-1S' Après votre attitude absolument scandaleuse ces jours derniers, je refuse désormais tout contact avec vous. Votre demi-soutien aux peuples arabes est une honte. POUR APPUYER VOS EFFORTS (Anonyme) Une journée de travail pour appuyer vos efforts en faveur de la paix à Israël et de l'apaisement des incompréhensions entre les hommes. Alain GUY Paris-r Nous vous remercions d'avoir évité toute position partisane et de faire appel en même temps aux Israéliens et aux Arabes. P.H. CHOMBART DE LAUWE Ivry (Val-de-Mame) J'espère que votre voix pacifiste sera entendue dans le Moyen-Orient. Continuez à lutter avec ceux qui vous estiment. M. LEROY Mont-St-Aignan (Seine-Maritime) DROIT ET LIBERTE - No 264 • JUILLET-AO UT 1967 MOYEN-ORIENT : ET MAINTENANT? (Suite de la page 4) sement réfléchi avant de prendre position. Ceux-là, sans faire abstraction des aspects humains de l'affaire, ont voulu prendre connaissance ~e~ faits, des thèses en présence, des lItiges immédiats et anciens, en un mot, de toutes les données du problème ; ils se sont interrogés sur les so~utions possibles. On ne peut l~ur faI~e grief d'une attitude quelle qu elle SOIt, fondée sur l'analyse sincère, dans la mesure où une telle attitude permet et suppose la discussion, l'échange, le souci de vérité. Toutefois, ayant à juger d'un co~flit international beaucoup se sont determinés en fonction d'éléments qui n'avaient pas de rapports directs avec la situation, et surtout, se sont contentés de formuler un choix entre deux groupes humains : les juifs étant assimilés à l'Etat d'Israël, et les Arabes - entre autres, les Algériens de France - à Nasser. C'est ainsi que l'on a désigné « les bo~s, » et «. le:; mauvais » selon ses preferences mtImes ses conceptions générales, voire mê~e ses fréquentations, et plus encore par rapport à l'émotion qui se rattache, depuis le génocide hitlérien, à la condition juive (1). Des réactions très vives Il faut bien constater que la situation se prêtait rema~quablemen~ à l'éclosion de telles paSSIOns. Les declarations des dirigeants arabes annonçant, comme le président Na.sser et le roi Hussein, la « destructIOn », la « disparition.» d'Israël,. o~ c?mme le président syrien, la « IIberatIOn » de la Palestine, ont tout naturellement suscité un mouvement d'indignation, un réflexe de défense. Etait-il question d'une destruction physique et de l'extermination des Israéliens ? On pouvait le croire d'après les appels provocateurs d'un Choukeiri, selon lesquels « il n'y aurait pas de survivants ». .Ces propos ont été, il est vrai, démentis ; mais si des voix arabes se sont élevées pour affirmer qu'il ne s'agissait que de « détruire ;, les structures de l'Etat Isréalien, et non de « rejeter les juifs à la mer », ce n'étaient pas des voix officielles. D'ailleurs, même la destruction de l'Etat en tant que tel he pouvait être admise. Israël existe et sa disparition ne peut se concevoir sans un bain de sang (2). Il était donc normal que les réactions soient vives et qué soit affirmé avec force le droit d'Israël à l'existence. De nombreux Français, dans un élan généreux, ont eu à coeur d'empêcher l'écrasement d'un petit pavs de deux millions. et demi d'habitants, entouré de pays ennemis comptant une population cinquante fois plus importante. Ils considéraient de leur devoir de défendre le plus faible contre le plus fort. Comme Israël a été le refuge de nombreux juifs rescapés des camps nazis, on comprend que l'émotion était à son comble. Dès lors, le rapprochement entre les épreuves passées et . pré~e~tes ent~aînait par un analogIe hatIve et SImpliste l'assimilation; fréquemment exprimée, entre Nasser et Hitler (3). Le vrai problème La majorité ~es juifs .ont! ~. cette occasion affirme leur solIdarite mconditionneiIe avec Israël et la politique de son gouvernement. Certains autres pourtant ont réagi de façons diverses et e~ considérant qu'ils n'étaient pas personnellement impliqués dans le conflit. Pour la plupart, il s'a.gis~ait d'une question d'honneur, de digmté. Ils ne peuvent admet~re que 2~ ans ~près les massacres naZIS, on pwsse s · ~n prendre à des juifs, où qu'ils SOIent, ~t surtout pas à ceux qui ont constrwt Israël. Ils n'ont pas vu, ils n'o~~ pas cherché à voir les aspects polItIques du problème ; bouleversés, ils .se s;nt mobilisés ; forts, pour ~e ~o~s, d un courant favorable dans 10pmIOn pu; blique, ils o~t clamé leur ,volonte d'agir pour defendre leurs freres au nom des persécutions subies dans le passé. C'est ici que se noue le dra~~. Pour défendre l'existence d~Israel, fallait-il ignorer et nier les droits et les aspirations des Arabes ? No~breux étaient -ceux, juifs ou non, qw, au début de la crise du moins, ne voulaient pas même en entendre parler. Tout en condamnant les m?ts d'ordre visant à la destruction d'Israël, ne fallait-il pas poser le problème dans son ensemble, dans toutes ses données, qu'elles soient immédiates ou fondamentales? Interpréter la politique des pays arabes comme un simple mouvement antijuif perfide et pervers, c'était ne pas coinprendre la réalité. En face du fait national israélien, il y a un fait national arabe. Les habitants arabes de la Palestine, qui vivaie~t sur le terirtoire où s'était établi Israel, et qui l'ont quitté en 1948-49 e~iste!lt, eux '- aussi. Le sort de ces refugtés qui n'ont pas renoncé à vivre sur le sol de leurs ancêtres, qui sont dispersés et misérables, posent un problème qui n'est pas seulement humanitaire. Quelle que soit la solution envis~gée, on ne peut pas ne p~s en terur compte. Et on ne peut explIquer autre: ment les passions, les outrances aUSSl de peuples qui se sentent J!uS!rés, outragés et dont les revendicatlOns sont systématiquement rejetées comme nulles et non avenues. -+ 7 -. Le vrai problème est celui-ci : n'est-il pas possible de rechercher une solution assurant à la fois l'existence d'Israël et les droits de ses voisins, de sorte que le statut de cette région ne soit pas fondé sur la force et constamment remis en question ? n'était-il pas possible de concevoir, avant la crise, une autre politique, fondée, de part et d'autre, sur le respect des aspirations nationales et mettant fin aux souffrances des réfugiés? Il est certain que l'on ne peut porter un jugement sans tenir compte de tous les aspects de la situation, parfois contradictoires et toujours d'une grande complication. Il convient en particulier de considérer les faits suivants : la main-mise anglo-francoaméricaine sur les ressources pétrolières du Moyen-Orient ; les liens des gouvernants israéliens avec les Etats occidentaux et la complaisance de certains responsables arabes, à l'égard de ces mêmes Etats occidentaux; le mouvement d'émancipation anti-impérialiste qui grandit dans cette région, dont les peuples et certains régimes reçoivent, de ce fait, le soutien du Tiers-Monde et des pays socialistes ; la stratégie générale de la guerre froide, dont de petits peuples sont souvent victimes ;' à tout cela, ce mêlent les oppositions nationales, sociales et ethniques, les idéologies nationalistes et chauvines, 'la tragédie des immigrés juifs venw~ s'installer là, victimes du nazisme, et la misère l'oppression subie par les population~ autochtones, soumises depuis des siècles à l'exploitation coloniale. Surmonter les passions Faute d'envisager la situation sous cet angle, on se condamne aux attitudes unilatérales, dressant les uns contre les autres dans des positions inconciliables et permettant au racisme d'apparaître. Que peut-il en résulter? La guerre' éclair menée par Israël ne saurait en elle-même apporter aucune solution durable aux questions posées. De nouveaux problèmes territoriaux et·nationaux, de nouveaux drames de réfugiés, sans parler ' des pertes humaines et matérielles, des blessures morales, viennent compliquer et aggraver encore l'imbroglio moyen-oriental. De nouveaux conflits menacent, à moins que l'O.N.U., les grandes puissances et les intéressés, ne s'orientent rapidement vers une négociation d'ensemble. . Côté pro-israélien, on a souvent 'confondu (volontairement ou non) les juifs citoyens de différents pays avec les Israéliens citoyens d'un Etat où vivent des juifs, des musulmans et des chrétiens et l'on a assimilé la défense d'Israël en tant qu'Etat avec la politique de ses gouvernants présentée globalement comme la seule possible. Côté pro-arabe, s'est produit 8 exactement le même amalgame puisque la dénonciation de la politique du gouvernement de Tel Aviv servait de justification à la mise en cause de l'Etat israélien lui-même et, par voie de conséquence, de la nation israélienne et a entraîné, dans quelques cas précis, des mouvements d'hostilité contre les juifs. A partir de là, les situations les plus surprenantes se sont créées. On a vu des antisémites avérés se placer aux côtés des défenseurs d'Israël pour donner libre cours à leur haine antiarabe; on a vu des juifs renonçant aux principes traditionnels qui font d'eux des citoyens à part entière, affirmer qu'Israël était leur pays ; on a vu, au Palais, un avocat juif embrasser Tixier-Vignancour et l'excommissaire aux questions juives de Vichy, Xavier Vallat, se proclamer sioniste ; on a vu... mais que n'a-t-on pas vu, en ces semaines troublées et troublantes ? Il ne fait pas de doute que le racisme, qu'il soit anti-arabe ou antijuif, a gagné des points et risque d'en gagner encore. C'est dire que tous ·ceux qui entendent s'y opposer, se doivent, malgré des divergences compréhensibles, de poursuivre, de renforcer la lutte commune. Le M.R.A.P. a, dans cette période, lutté pour une paix juste et durable, pour l'amitié et la compréhension par-delà les passions déchaînées ; il est resté fidèle à sa vocation, il est resté sur le terrain des principes qui est et doit toujours être le sien, et hors duquel on ne peut que se disqualifier pour le combat antiraciste. Avec le M.R.A.P., donc, le combat pour la vérité et la justi~e, pour la fraternité humaiIJe, continue. Louis MOUSCRON. (1) Posant le problème sur cette base subjective, l'I.F.O.P. (Institut Français de l'Opinion Publique) a mené une enquête sur le thème: «Dans le conflit qui oppose Israël à l'Egypte et aux pays arabes, à qui vont vos sympathies ». Les résultats (France-Soir, 1er juillet) méritent attention. Ils font apparaître les pourcentages suivants: à Israël 56 %. aux pays arabes 2 %; ni pour l'un ni' pour l'autre (réponse spontanée): 1.4 %; ne se prononcent pas: 28 %. (2) L'hebdomadaire égyptien Al Moussa~ ar (cite P!ll' le Monde du 24 juin), critIquant apres coup les thèmes de la propagande arabe, écrit: «Tous, amis, neutres ou ennemis, rejettent la thèse de la disparition d'Israël ... Ce mot d'ordre que nous avons avancé d'une manière fébrile, a permIs à Israël de gagner le premier round ayant même que le premier coup de feu o'ai été tiré ». D'autre part le quotidien officieux du Caire Al Abram constate, le 30 juin: "Nos paroles expriment souvent plus que nous ne vouIons dire, et plus que nous ne pouvons faire. AInsi agissaient nos radios et lançant les appels au meurtre et à l'écrasement •. (3) Ulne correspondante nous écrit avoir vu, à l'entrée de l'autoroute du Nord Al, l'inscription: c Dayan Hitler '", inscrite sur un mur, en lettres énormes. Dans l'un ou l'autre sens, de tels amalgames ne servent pas, bien au contraire, la cause qu'ils prétendent défendre. co co CI co :.: .~ w 3.000 parisiens assistèrent le 12 juin au meeting orga· nisé par le M.R.A.P. à la Mutualité. Les personnalités présentes à la tribune représent3ient un très large éventail politique où idéologique (ci-contre), Dans la salle, l'assistance était passionnément attentive (au centre), et les discussions se poursuivirent pendant plus d'une heure dans la rue à la sortie du meeting (en bas) . doit être quelque chose d'actif, de positif... Pour que cette entreprise ré.,lssisse, il faut commencer par préparer les esprits. «La formule : «si tu veux la paix, prépare la guerre ", est condamnée par l'histoire. La préparation de la guerre engendre la guerre. Si nous voulons la paix, il nous faut préparer la paix. » Albert Lévy : « Nous devons développer le courant de paix ». COMPRENDRE ET SE COMPRENDRE «Depuis longtemps, commence Albert Lévy, secrétaire national du MR AP nous sommes préoccupés par un autre conflit, la guerre du Vietnam, cette guerre menée avec des moyens Cette guerre menée avec des moyens atroces, des moyens de génocide - le napalm, les gaz, les bombes à fragmentation - contre un peuple qui ne demande qu'à vivre indépendant et libre. Mais dans le cas du Moyen-Orient, le problème se présentait pour nous d'une toute autre façon. D'un côté, 1 sraël, avec tout ce qu'il symbolise : le refuge de nombreux rescapés de l'extermination hitlérienne, le labeur fructueux d'un peuple qui a conquis de haute lutte le droit à la vie et à l'indépendance; de l'autr.e, les peuples arabes, misérables, opprimés séculairement par le colonialisme, dont certains commencent à secouer le joug, dans le grand mouvement qui anime le Tiers Monde. Si la guerre du Vietnam nous indigne, le drame du MoyenOrient nous déchire et nous écartèle.» L E 12 juin 1967, sept jours ~~r~s le déclenchement des hostIhtes au Proche-Orient, le MRAP tenait la gageure de réunir pour ~a première fois à Pa,ris, plusieu~s . mIlliers de personnes a la Mutuahte .sur la base de mots d'ordres constructifs: négociation d'ensemble des probl~mes israélo-arabes, lutte contre le raCIsme anti-juif et an ti-arabe, recherche d'une paix juste et durable. Pierre Paraf : « La guerre est une solution atroce et démodée ». Avant de donner la présidence de la réunion au professeur André Lwoff, prix Nobel, Pierre Paraf, président du MRAP devait définir ce rasemblement comme «un acte de raison ... un appel à la réflexion et à l'amitié." «Répudions par avance tous les éléments troubles qui, à la faveur des excitations ou des détreses passées, tenteraient de ranimer un racisme anti- arabe ou anti-juif dit-i!. Le MRAP n'a pas pour objet de résoudre des problèmes politiques mais, en maintenant fermement ses positions antiracistes, il peut créer un climat favorable à la solution négociée de ces problèmes. «Jamais la guerre n'est apparue au· tant qu'aujourd'hui comme un mode de règlement atroce et démodé. Il n'est pas de guerre sainte, il n'est pas de croisade sacrée ... «Apaisons les coeurs et maintenons en nous cette volonté de fraternité dont le MRAP est le gardien et le garant, en ce rassemblement qui se place sous l'égide de la science de la vérité et de la paix ". André Lwoff : « La paix doit être quelque chose d'actif ». C'est en effét au nom de la Science que le professeur André Lwoff inter- DROIT ET LIBERTE . N° 264 JUILLET-AOUT 1967 viendra ensuite : «L'on désirait un président scientifique, explique-toi!. Pourquoi? Peutêtre parce que les scientifiques sont aux prises avec des problèmes complexes dont parfois ils trouvent la solution ". L'orateur se place sur le plan moral pour analyser un des problèmes psychologiques qui découlent d'un conflit armé, en même temps que les problèmes politiques, «C'est l'honneur du citoyen qui fait l'honneur d'une nation et non le fait que son armée a été victorieuse ", déclare-t-i!. Et il poursuit: «La paix en effet ne doit pas être seulement l'intervalle de temps qui s'h'()ule entre deux guerres. La paix L'orateur définit ensuite la position du MRAP : « Il ne s'agit nullement pour nous de renvoyer dos à dos les adversaires, de nous attacher à je ne sais quel équilibre de styl~, visant à ne prendre position ni pour les uns ni pour les autres. Au contraire, nous nous prononcons pour les uns et pour les autres, pour le peuple israélien et pour les peuples arabes. ( « Nous pensons que les aspirations nationales des Arabes de Pales/ill l' ln ~ Outre les orateurs, étaient présents à la tribune et dans la salle : MM. Pierre COT et Claude ESTlER, députés ; Roger CARCASSONNE, sénateur ; Mme Mathilde GABRIEL-PERI; l'écrivain Christiane ROCHEFORT; le cinéaste Claude BERRI ; MM. Pierre COUTEAU, Secrétaire Général de la Ligue des Droits de l'Homme ; VANDENBURIE, président de l'Union Nationale des Etudiants de France ; Alfred GRANT, Secrétaire Général de l'Union des Sociétés Juives de France ; J. NORDMANN, Secrétaire Général de la Fédération Internationale des Juristes Démocrates : Charles STEINMAN, Secrétaire de l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide; Isi BLUM, Secrétaire Général de l'Union des Engagés Volontaires et Anciens Combattants Juifs. De nombreuses Personnalités dans l'impossibilité d'être présentes s'étaient associées par des lettres et des messages à la manifestation. Notamment: M. le Professeur François JACOB, Prix Nobel; les pasteurs Charles WESTPHAL, président de la Fédération Protestante de France, et Georges CASALlS, Mme Suzanne CREMIEUX, MM. Camille VALlN, Jacques DUCLOS, Marcel CHAMPEIX, Sénateurs; Mme Marie-Claude VAILLANT·COUTURIER, MM. Henri DESCHAMPS, Georges FILLIOUD, Achille PERETTI, J. ROSSELLI, Alfred WESTPHAL, députés; M. Jean CASSOU, membre de l'Institut; MM. les professeurs Pierre WERTHEIMER, de l'Académie de médecine; Jean·Piel're VERNANT, directeur à l'Ecole pratique des Hautes Etudes ; KLlNG, professeur à la Sorbonne ; M. DREYFUS, professeur à la Faculté de Médecine; Mmes Simone JEANLURÇAT, Julien-BENDA ; Evelyne SULLEROT ; MM. A. GUNNAI, pour le Syndicat national de l'Enseignement Supérieur; Maurice DREYFUS, pour le Secrétariat de l'Union Pacifiste de France ; Raph FEIGELSON pour l'Amicale des Juifs Anciens Résistants. 9 PALESTINE SOUS MANDAT 1947: PARTAGE PAR t.: o.N.U. 1948: GUERRE ARABES contre ISRAEL SITUATION ACTUELLE ZONES VINGT ANS D'HISTOIRE EN CINO CARTES Ces cinq cartes montrent l'évolution de la région palestinienne depuis l'époque du mandat britannique, où Immigrés Juifs et population arabe cohabitaient sur un même territoire, sous une même dénomination coloniale, jusqu'à la situation née du cessez-le-feu. En grisé, dans la dernière carte, figurent les territoirp.s actuellement occupés par les armées israéliennes. droits des réfugiés sont suffisamment valables et peuvent être reconnus et honorés sans s'accompagner pour autant de campagnes haineuses envers Israël. Et nous pensons que l'existence d'Israël en tant que nation indépendante est suffisamment justifiée sans que ses défenseurs aient besoin d'étayer leur argumentation par le mépris et la haine envers les Arabes. « On a vu trop souvent, entre autres raisonnements tendancieux, opposé les réalisations remarquables d'Israël à la prétendue incapacité des Arabes, sans tenir compte que la misère et le sous-développement, dans ces pays du Tiers Monde, sont le résultat du régime colonial et que lorsqu'ils s'en libèrent, une progression économique et sociale rapide remplace la stagnation dans lesquelles ils étaient maintenus auparavant. ». Alfred Kastler : cc Le problème est avant tout social ". Un autre éminent représentant de la Science monte à la' rtribune: M. Alfred Kastler, prix Nobel." « Pour bâtir l'avenir, dit-il, il nous f~t. , essayer de comprendre le passé : comprendre comment cet antagonisme judéo-ara- 10 be a pu naître, se développer et atteindre son paroxysme. " Il trace donc à grands traits l'histoire des juifs, de leurs errances et de leurs souffrances jusqu'en 1947 où se concrétise l'espoir d'un foyer national sur la terre palestinienne. « Mais il nous faut essayer de voir également les faits avec les yeux des Arabes, poursuit M. Kastler. Comme dans l'Antiquité, le retour des juifs en Palestine ne s'est pas fait sans violence et les Arabes palestiniens ont considéré les juifs comme des intrus. Par la force ou par la puissance de l'argent, ceS Arabes ont été dépossédés de leurs terres, sont devenus des déracinés, se sont rassemblés en bordure de l'Etat israélien et ont propagé parmi leur$ frères de race un sentiment de spoliation. « A ce sentimen(, s'est ajouté, chez les peuples arabes voisins de l'Etat d'[s. raël un complexe de frustration. Caf ils ne" pouvaient pas ne pas comparer l'étalage des richesses d'Israël à leu propre pauv·reté. Ainsi, le conflit racia~ comme toujoùrs, devait avoir l'inégalité sociale comme toile de fond. » Le problème du Moyen-Orient est donc «avant tout un problème social, et c'est lui qu'il convient de résoudre» Le R. P. Aubert : cc Dépassionner les esprits et les coeurs ". « Le souci de la paix », à la construction de laquelle doivent contribuer les chrétiens, dominera l'intervention du R.P. Aubert qui parle au nom de Pax Christi. Le Père Aubert distingue « deux faits qui exigent une solution, sous peine de faillir à la fois à la justice et à la paix. Le premier est l'existence intangible de l'Etat d'Israël.» . Le deuxième est le problème des réfugiés. L'orateur voit la solution dans une réinstallation, peut-être « la reconstitution de l'unité palestinienne' dans une structure très large, de type fédéraliste. " L'orateur insiste sur le fait que les chrétiens doivent se sentir concernés par ' cette crise car « l'antisémitisme fut particulièrement le fait de l'Europe et des Européens, c'est-à-dire des pays qui se disent chrétien.» Or, ce n'est pas à leurs dépens, mais caux dépens des pays arabes que cette légitime compensation a été trouvée... à un moment où l'on était encore dans une optique coloniale », qui permettait le déplacement ou le refoulement des. populations réduites au silence. Le Dr Weill: cc Les premiers à répondre ... ". Le Docteur Weill intervient très rapidement au nom du Comité des Scientifiques pour la paix au Moyen-Orient «auquel se sont joints les quatre prix Nobel français: les professeurs Kastler, Lwoff, Monod et Jacob qui ont été les premiers à répondre.» Le Docteur Weill cite les noms d'autres membres de ce Comité et lit le texte de la résolution qu'il a rendue publique. Jean Cotereau : cc Une cohabitation pacifique est possible ». « La Fédération des Libres Penseurs est unanime dans son hostilité à toutes les guerres et violences », déclare ensuite M. Cotereau, président de cette organisation. Il évoque son expérience personnelle qui témoigne de la bonne entente des juifs et des Arabes en Algérie et en Tunisie où il était professeur. Et il demande, en conclusion, que soit établi au plus tôt entre les communautés concernées « un régime de cohabitation pacifique et de coopération, et qu'aux excitations, aux passions soit substi- DROIT ET LIBERTE· No 264 • JUILLET·AOUT 1967 tuée une propagande assidue en vue d'une véritable pacification des esprits et d'une meilleur exploitation des richesses naturelles communes ». Emmanuel d'Astier: cc Mieux vaut la négociation que la guerre ». C'est sur le problème des responsabilités dans le conflit que se penche d'abord M. d'Astier, en faisant un bref historique des diverses étapes. « De 1918 à 1940, le Proche-Orient devient le terrain de manoeuvres de la réaction européenne. Puis ce fut 1939- 1945, l'épouvantable drame hitlérien et six millions de juifs assassinés. Après la guerre, bien des juifs, excédés de leur sort en Europe sont partis en Israël pour y trouver une patrie. » « Et c'est alors que ce sont déroulées des guerres successives où nous avons vu les Israéliens se battre à la fois contre les Arabes et les Anglais", poursuit M. d'Astier qui enchaîne sur le départ d'environ 400.000 Arabes, la création de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948 « reconnu par les quatre grands et d'abord par l'Union Soviétique », l'épreuve de 1956 avec « l'invasion de l'Egypte par Israël et les Anglais », et le surarmement que dispensent les Grands. « Les solutions possibles au conflit passent par le respect du cessez-le-feu, puis le retour provisoire au statu quo ante. Mais ce retour ne se conçoit qu'en échange de la reconnaissance immédiate d'Israël par les . Etats arabes. Pour régler le problème, il faudra de longues années de négociations, mais ' il vaut mieux de longues années de négociations que de longues années de guerre" . Charles Palant : cc Faire entendre le langage de la paix ». Charles Palan t, secrétaire général du MRAP est le dernier orateur de la soirée. Il définit l'action du MRAP: « Sans doute, l'analyse des ' causes profondes du racisme peuvent varier selon l'opinion politique, la conviction reli~ieuse, l'appartenance ethnique, l'ongine sociale des uns et des autres parmi les militants antiracistes. L'union soudée entre tous n'a cependant pas pour fondement le renoncement à quoi que ce soit de nos convictions." «Cette communion dans l'action» pour un monde meilleur doit permettre aux antiracistes de mieux résister au « déchaînement des passions et à la culbute dans le camp du bellicisme, du chauvinisme, voire du racisme ... », comme il s'en est produit lors des derniers événements. Après avoir dénoncé les appels au meurtre de Choukeiri, ainsi que le renfort apporté par des fascistes notoires à la défense d'Israël, l'orateur poursuit : « Quand, la victoire militaire d'Israël acquise, certains s'en vont clamer que « la qualité a triomphé de la quantité », nous sommes atterrés de ce que de tels propos contiennent de racisme). car il y a vingt-sept ans, lorsque lu pays d'Europe occidentale s'effondraient en quelque semaines, ce sont de tels arguments qui ouvraient la voie aux abominations racistes que vous savez. « Quand, ces dernières années, certains qui ont plus le sens de la rime que de la raison, faisaient un slogan facile: « Nasser, c'est Hitler », se doutaient- ils que l'admirateur avoué d'Hitler, le complice des bourreaux de son propre peuple, se proclamerait un jour l'allié inconditionnel d'Israël : à savoir, le général Ky, chef des fantoches de Saïgon ? «Rien n'est plus grave que d'aborder les problèmes compliqués avec des idées. simplistes ". « Il y a un autre chemin à suivre, indique alors Charles Palant. Celui que le MRAP ll· suivi en s'employant de toutes ses forces à faire entendre le langage de la paix, de l'appel à la négociation. " Me Armand Dimet, secrétaire national du MRAP lit ensuite à l'assemblée la résolution finale. Vigoureusement applaudi par l'assistance, ce texte est depuis, diffusé sous forme de pétition. 11 Trois soldats jordaniens mette!)t un mortier en batterie. Un soldat israélien veille à la frontière. Les combats se préparent. Après le cessez-le-feu, les réfugiés quittent par dizaines de milliers la Cisjordanie, sous le regard des soldats israéliens qui occupent le pont d'Allemby, sur le Jourdain. Deux agriculteurs, un juif et un arabe, travaillent ensemble. La paix, la coexistence et même le travail commun sont donc possibles dan s cette région. Table roude LA PAIX - COMMENT ? • Le samedi 24 juin, le M.RA.P. poursuivait son action pour la clarification du problème du Moyen-Orient et pour la paix en réunissant une table ronde de personnalités d'opinion diverses, (mais toutes spécialistes de cette difficile question), sur le thème: Les conditions d'un règlement. Nous donnons ci-dessous de brefs extraits' du débat. Etaient réunis, autour de Charles Palant et Albert Lévy, Jacques Berque, profe§,seu, r au Collège de France; le docteur Ginsbourg, président du Cercle Bernard Lazare ; Gérard Israël, directeur des Nouveaux Cahiers ; Jacques Lazarus, dirigeant de l'Association des Juifs originaires d'Algérie ; Albert-Paul Lentin, journaliste, auteur notamment de La lutte tricontlnentale ; Vincent Monteil, ancien chef d'Etat-Major des forces de l'O.N.U. à Jérusalem ; l'écrivain catholique Jacques Nantet ; Alain Savary, ancien ministre; Madame Fanny Schapira, maître de recherches au C.N.R.S.; Bernard Vernier, chargé de recherches au Centre de Politique Etrangère. Albert LEVY Cette « table ronde » s'inscrit dans le prolongement de l'action permanente poursuivie par le M.R.A.P. en vue d'une solution pacifique du problème du Moyen-Orient. Nous serons d'accord, sans doute, pour admettre que toute solution de force, destruction d'Israël par ses voisins ou domination d'Israël sur toute la région, est à écarter. Dès lors, le problème fondamental est celui-ci ; peut-on, au lieu du conflit qui dure depuis vingt ans, envisager une solution fondée sur la coexistence ? Nous ne pouvons pas, bien sûr, nous substituer aux diplomates, et pas davantage aux pays intéressés dont la rencontre en tête à tête paraît impossible dans l'immédiat. Mais nous pouvons procéder à. un premier échange de vues, montrant; pour l'opinion française d'abord, que la question du Moyen-Orient exige, pardelà les a priori, un examen approfondi, qu'aucun des points de vue ne doit être écarté d'emblée, que des hommes aux conceptions opposées peuvent en discuter ensemble. Albert-Paul LENTIN Il s'agit de deux droits à l'existence, d'Israël d'une part, et de la Palestine arabe de l'autre, car ces derniers temps on a beaucoup plus parlé du premier que du second. La Palestine arabe a existé depuis le septième siècle; elle a vécu sous dommation ottomane, puis sous mandat britannique. Cette nation a été détruite en trois temps. D'abord en 1922, quand on a retranché la Trans-Jordanie pour créer le royaume artificiel de Jordanie; ensuite au moment de la guerre de Palestine, et enfin quand, en 1949, le reste de la Palestine a été conquis par Hussein de Jordanie. Je crois que le premier problème, c'est de faire renaître cette Palestine arabe, problème national. Le problème des réfugiés trouverait alors une solution, il faut que les réfugiés palestiniens spoliés reconstituent une nation. Il faut aussi, même si cela paraît utopique en ce moment, qu'Israël se transforme, qu'il soit un Etat parmi les autres au sein du Moyen-Orient, et non la projection dans le MoyenOrient d'un univers différent, qui est celui de la «diaspora» et du monde occidental. Si ces deux conditions - existence d'un Etat palestinien arabe, transformation interne de l'Etat d'Israël - étaient réunies, hi problème le plus difficile, celui de Jérusalem, pourrait trouver une solution. Fanny SCHAPIRA La loi du retour stipule que tout juif, quand il le demande, devient immédiatement citoyen d'Israël, alors qu'un Arabe, qui y est né et qui s'en va n'y revient que très difficilement. Cette loi du retour est donc une loi raciste dans son essence. Tant qu'elle n'est pas abolie, les Arabes peuvent se dire que potentiellement, sinon réellement, les dix ou quinze millions de JUIfs qui vivent dans .le monde pourraient revenir en Israël et y être d'emblée citoyens. Comme, bien entendu, il n'y aurait pas de place dans le petit · Etat tel qu'il est, Israël, par la force des choses, devrait s'agrandir. D'ailleurs, pour la situation des juifs dans les différents pays où ils se trouvent, la loi du retour introduit une ambiguïté et une confusion extrêmement préjudiciables. Jacques NANTET Je crains, aprè~ avoir entendu les interventions qUI précèdent, qu'on prenne les choses d'un peu loin, sans penser qu'elles se passent, là-bas, sur le terrain. Il y a une tension vive, une bousculade, une poussée d'inspiration religieuse et mystique du côté juif comme du côté arabe, une victoire d'un côté, un désastre de l'autre. Ce qu'il faut d'abord désamorcer, c'est cette idée de guerre sainte de part et d'autre. Ce qu'il faudrait, Albert-Paul Lentin a bien raison de le souligner, c'est une solution qui exclue la force; mais encore faut-il se souvenir que c'est là-bas que sera prise la décision principale; nos amis arabes, qui s'inquiètent de l'influence des grandes puissances lorsqu'elles aident ou soutiennent Israël doivent penser aussi que c'est chez eux que les solutions se trouvent, et non pas à Moscou ou ailleurs. DROIT ET LIBERTE - N° 264 - JUILLET-AOUT 1967 Il y a donc, . en premier lieu, le problème des Lieux saints, très important, le règlement sur place, qui me semble être déterminant, le maintien de l'existence et de la sécurité de l'Etat d'Israël, sur lequel je crois qu'il n'y a pas de contestation possible. Dr GINSBOURG On nous propose l'arabisation d'Israël. On dit que l'Etat d'Israël doit changer de structures. A mon avis, c'est le contraire qui devrait se produire : le rayonnement d'Israël qui apporte l'instruction, le modernisme et la technicité, devrait l'étendre à tous les Arabes du Moyen-Orient, si ces Arabes voulaient coexister pacifiquement avec l'Etat d'Israël. L'existence d'un Etat qui s'est manifesté pendant treize siècles en Palestine, la continuité de l'attachement des juifs à cet Etat, la fertilisation de cette terre par des « colons » pogromisés, et d'autre part, la venue des Arabes posent d'indiscutables problèmes. Mais les droits historiques d'un côté et les droits naturels de l'autre doivent-ils l'exclure? Pas du tout! Ce ne serait pas la première fois que juifs et Arabes coexistent brillamment et heureusement. Cette coexistence ne me paraît pas impensable; elle doit se baser sur la reconnaissance d'une nationalité : la nationalité israélienne fortement implantée, pas artificiellement mais naturellement, par les juifs dans le pays de leurs ancêtres; la reconnaissance du droit des Arabes à former un Etat, de leurs droits naturels à la vie en Palestine, à constituer un Etat arabe palestinien. Enfin, la population d'Israël ne peut atteindre des chiffres fantastiques : elle est limitée par l'approvisionnement en eau. . Un dernier mot sur les Lieux saints. Je ne vois pas pourquoi ils seraient moins bien gardés par les juifs que par les Arabes. Jacques LAZARUS Personnellement, je ne suis pas gêné de ma qualité de Français et de juif. Je me sens complètement intégré à ma patrie depuis pas mal de temps. Mais je suis obli!1'é de constater qu'à une certaine période, on m'a demandé de me considérer comme étant à l'écart de cette patrie. Il n'y a aucune incompatibilité dans mon esprit entre le fait d'être Français et d'être juif. Je dirais plus, il n'y a aucune incompatibilité entre le fait d'être Français et de se sentir attaché d'une manière affective à l'Etat d'Israël et au peuple juif. En ce qui concerne les conditions d'un règlement, on pourra peut-être les réaliser si tout le monde veut · y mettre du sien, et si particulièrement les Etats voisins d'Israël veulent faire preuve d'un peu de bonne volonté et eommencer par reconnaître l'existence de l'Etat d'Israël. Un million et demi de Français d'Algérie ont été intégrés. Ils n'ont pas encore été indemnisés, on n'en parle pas; on se braque sur la question des réfugiés palestiniens, alors que tout le monde sait que la Syrie et l'Irak possèdent de vastes territoires où on aurait pu parfaitement les intégrer. En fait, on a voulu établir un abcès de fixation. Jacques BERQUE Nous voyons la seconde vague d'expansion d'un Etat dont l'existence est elle-même le fruit d'une expansion, d'abord pacifique, puis violente; nous voyons un décalage technologique des plus vifs (sur lequel il n'est pas le lieu de discuter ici) opposer cet Etat aux Etats qui l'entourent; nous voyons enfin le soutien dont bénéficie cet Etat d'une certaine fraction de la mondialité contre un adversaire qui bénéficie du soutien d'une autre fraction de la mondialité. De l'autre côté, nous voyons l'acharnement des peuples arabes, à bien des égards, incompréhensible pour un Occidental. Comment résoudre, co m men t faire cesser une telle situation? Il Y a deux méthodes, la consolidation du drame ou son abolition. Consolider le drame, c'est espérer que l'accumulation des situations de fait toujours plus extensibles, toujours plus amplificatrices au profit d'Israël finissent par s'imposer par la force. Nous sommes payés en France, si j'ose dire pour savoir qu'aucune situation de fait n'a été acceptée dans le Tiers Monde, malgré l'antiquité relative de certaines installations européennes_ Comment, alors, faire pour abolir le drame? Est-ce même possible? Essayons d'imaginer le problème résolu. Comment se présenterait un Moyen-Orient où le drame serait aboli? Certainement comme une sorte d'articulation économique, un peu à la façon dont ont été résolus les problèmes de l'intégration européenne

la communaute charbon-acier, où

les anciens ennemis collaborent. Il y aurait, d'autre part, une garantie internationale qui éviterait une remise en cause perpétuelle, par l'un ou par l'autre, du fait établi. Pour en arriver là, il Y a bien des obstacles à franchir, certes. Je citerais, en premier lieu, le problème des réfugiés palestiniens; et pourquoi ne pas y inclure par ailleurs le problème des réfugiés juifs qui ont été amenés à quitter tel ou tel pays arabe? Il faut voir ce problème des réfugiés globalement, sans rien négliger. On nous assure par ailleurs que le problème du grossissement d'Israël est historiquement résolu. Il vaudrait mieux le préciser officiellement. Je suis persuadé qu'Israël, mal~ré sa victoire sur le terrain, sent bIen l'immense précarité de sa situation. Je \ suis persuadé que les Arabes auront 13 ( LES DEMARCHES INTERNATIONALES DU MRAP 30 MAI 1967 Lettre adressée au Ministre français dess Affaires Et~ang~.res , aux amb~ssades de Grande-Bretagne, d'U.R.S.S., des Etat~-Unis, d Israel, d~ Jor9a~le, d'Egypte, du Liban, de Syrie, d'Arabie Séoudite, d Irak et au Secrétaire General de l'O.N.U.: d' 1 c Nous avons l'honneur de vous adresser, ci-joint, le texte un appe que c le Bureau National de notre Mouvement vient d'adopter . . c Nous formulons l'espoir què cet appel sera entendu et que, par la c négociation, une solution pourra être trouvée au grave problème posé au c Moyen-Orient -. S JUIN 1967 , Télégramme envoyé au Ministre français des Aff~ires Etrangeres, au; ambassadeurs des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de 1 U.R.S.S. et au Secretaire Général de l'O.N.U.: . . c Au nom opinion antiraciste française adjurons grandes pUissances c prendre toute urgence mesures pour cessez-le-feu immédiat Moyen-Orient c et négociation pour solution équitable •. 6 JUIN 1967 Télégramme adressé à l'ambassadeur de Tunisie à Paris: . c Au nom antiracistes toutes origines unis au sein M.R.A.P. denonçons c avec indignation incendie criminel synagogue Tunis et manifestations a~tic juives. Réclamons ce~sez-Ie-feu Moyen-Orient et négociations pour solution c équitable -. 14 JUIN 1967 , Lettre adressée à l'ambassadeur du Maroc : c Nous avons été informés par la presse de manifestations antijuives qui c se sont produites récemment au Maroc et qui ont coûté la vie à deux c israélites de Meknès. c Nous tenons à vous exprimer notre profonde émotion devant de tels c actes. Il est nécessaire que dans le climat créé par le conflit israélo-arabe, c les autorités de tous les pays fassent preuve d'une vigilance particulière et c prennent des mesures rigoureuses pour éviter les heurts entre communautés c juive et musulmane. c Nous voulons espérer que des sanctions exemplaires seront prises à c l'égard des coupables et que seront lancés des appels en faveur de l'apaisec ment et pour le respect des droits et de la dignité de tous les citoyens. c Nous nous permettons de vous communiquer ci-joint l'appel lancé récemment par notre Mouvement et qui a déjà recueilli en France de très Une lettre semblable a été adressée à l'ambassadeur de Libye, en raison d'incidents antijuifs qui ont été signalés dans ce pays, et à l'ambassadeur de Grande-Bretagne concernant des Incidents qui ont eu lieu à Aden : lynchage d'un vieil israélite par un groupe d'Arabes dans le quartier de Crater et incendie d'une douzaine de boutiques juives. le nombreuses signatures -.


mesuré le danger du radicalisme verbal, de l'improvisation, de la division. Ainsi, peut-il naître une faible chance de désarmement psychologique. Gérard ISRAEL ce qui me semble parfaitement vrai; je ne rappellerai pas les déclarations de M. Choukeiri. Ce qui est certain, c'est qU'OIi ne peut pas vouloir la dissolution des structures étatiques de l'Etat d'Israël sans l'extermination de ses habitants. Les Israéliens n'ont plus d'endroit où se réfugier; par conséquent, ils défendront chaque coin de rue, chaque maison. Je voudrais aussi répondre à ce qui vient d'être dit : «Il faudrait limiter l'immigration ». Il n'y a pas de raison Je dis qu'on ne peut pas croire sérieusement que tous les juifs viennent en Israël. Pour ce qui concerne la solution proposée par Albert-Paul Lentin, j'ai toutes les raisons d'y souscrire. Cependant, nous ne devons pas oublier que, laissé à lui-même, un Etat palestinien ne pourra pas vivre; il est tout à fait logique qu'Israël apporte à cet Etat tout l'appui dont il est capable. Il ne faut pas avoir peur de considérer cette aide comme de véritables réparations. Vincent MONTEIL Le premier point concerne le problème des Lieux Saints. Ce problème, je l'ai vécu et ressenti au cours de mon bref séjour à Jérusalem en 1948, lorsque j'étais chef d'Etat-Major aux Nations-Unies. Je ne crois pas et je le dis en pesant mes mots, qu'il soit possible de le résoudre sans recourir sous une forme ou sous une autre à l'internationalisation des Lieux Saints : non seulement Jérusalem mais aussi Hébron, la tombe d'Abraham, car jamais, en aucun cas, les musulmans ne pourront accepter admettre que la tombe d'Abraham ne leur soit pas accessible en tous temps. Le deuxième point, c'est le problème des réfugiés qui est lié à mon sens à l'arrêt de l'immigration juive. Par des amis israéliens, j'ai appris que des voix autorisées ont fixé encore tout récemment à 5.000.000 le chiffre souhaitable de la totalité de la population. Passer de 2.000.000 à 5.000.000 ! Tout le monde est conscient ici des risques qu'une telle situation comporterait! Quant au troisième point, M. Gérard Israël en a parlé tout à l'heure avec éloquence et d'une façon qui m'a beaucoup frappé ; il a dit : «On ne peut pas vouloir dissoudre l'Etat d'Israël, l'Etat, sans vouloir détruire le peuple d'Israël ». Il serait de ma part parfaitement hypocrite de laisser croire que je suis partisan du maintien de l'Etat d'Israël sous sa forme actuelle. En fait, géographiquement, politiquement, que nous le voulions ou non, Israël est un Etat situé en Asie mineure et je ne crois pas qu'il puisse survivre à la longue s'il ne cesse d'être un greffon étranger. Alain SAVARY Je voudrais revenir sur un premier point, c'est l'importance de la suppression des· discriminations dans tous les pays du Moyen-Orient et du Maghreb. c. c. P. : PARIS 14-825-85 Chaque nation du monde a un point, dans son code de la nationalité, qui définit l'attribution de la nationalité comme nationalité d'origine. En ce qui concerne l'Etat d'Israël, le fait est évidemment très complexe puisqu'il existe une extra-territorialité juive. On peut considérer qu'elle est accidentelle, que les juifs auraient dû rester normalement en terre de Canaan; mais elle est un fait. Les juifs emportent avec eux un peu de leur patrie, et c'est une patrie spirituelle. On n'est pas ' né en Palestine, on est né dans Israël spirituel, et c'est pourquoi existe la loi du retour. Pour aider le MRAP dans son action pour la paix et la compréhension Le colonel Nasser, quelques jours avant le début des hostilités, a dit à la' B.B.C. : «Quand on fait la guerre à quelqu'un, c'est pour le détruire », 14 SOUSCRIVEZ 1 M.R.A.P. 30, rue des Jeûneurs - Paris-2' Actuellement, personne ne pourrait conseiller, soit à des Arabes résidant en Israël, soit à des juifs résidant dans les pays du Maghreb d'y rester car ce sont eux qui paieraient le prix de ces conseils. Cette question devrait être posée par des hommes aux avis différents, aux deux parties en cause. Cela permettrait d'aborder dans de meilleurs conditions les conséquences de cette situation: problème des réfugiés d'une part, et d'autre part, nombre idéal de la population d'Israël. En fait ce problème du chiffre idéal de la population d'Israël, il est beaucoup plus politique qu'économique. Dans une économie moderne comme celle d'Israël, ce sont des notions d'industrialisation . beaucoup plus que d'agriculture et d'usage de terre qui sont posées; à cet égard, Israël me paraîtrait bien inspiré en annonçant de lui-même qu'il ne poursuit pas une politique de peuplement pour rétablir un équilibre de nombre, impossible à réaliser d'ailleurs. Je voudrais attirer votre attention sur un autre point, encore qu'il soit plus délicat, c'est celui de l'armement du Moyen-Orient et du Maghreb en général. Il n'est pas possible de laisser se poursuivre le système de renforcement régulier des deux camps, dans des proportions telles que l'équilibre demeure le même. Car, finalement au grand détriment des pays et des peuples, ces armes, données en apparence, sont en général payées et très lourdement par des circuits commerciaux ou des échanges à cours abusifs. Pour être entendus, nous devons nous adresser - et c'est en ce sens que le premier appel du MRAP m'avait tout à fait plu - aux uns et aux autres, et faire savoir qu'il n'y a pas ici que des inconditionnels d'un camp ou de l'autre, mais que nous nous plaçons dans le camp des principes. Bernard VERNIER Je me bornerai à deux remarques de détail. A mon avis, il y a lieu de relever des imprudences - je ne prétends pas donner des conseils ou des leçons à un gouvernement - ou des inconséquences qui se sont exprimées dernièrement après le déroulement des opérations militaires à Jérusalem. Par exemple, le dégagement d'une esplanade en avant du Mur des Lamentations a atteint des fondations religieuses musulmanes. D'autre part, écarter d'emblée comme un préalable superfétatoire et prématuré, la notion de modification de la «loi de retour» me semble devoir conditionner l'établissement d'un Etat franchement laïc, ce qu'Israël n'est pas encore : la loi de la citoyenneté d'Israël n'a pas été encore précisée. Je me référerai à un cas qui s'est produit l'année dernière : un juif par son père et non par sa -+ DROIT ET LIBERTE - DES SIGNATURES PAR MILLIERS D ES le 25 mai, le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M.R.A.P.) rendait public un communiqué où il demendait une solution négociée du conflit israélo-arabe, tenant compte «des intérêts légitimes et fondamentaux des peuples en. cause, tels qu'ils résultent des données objectives de la situation : le droit irréversible de l'Etat d'Israël à l'existence aussi bien que les aspirations de la communauté arabe palestinienne ». Ce communiqué (publié dans notre dernier numéro) fut suivi d'un appelpétition, ainsi concu : Le conflit du Proche-Orient menace la paix du monde. Nous sommes tous concernés. Gouvernements de France, de Grande-Bretagne, d'U.R.S.S., des U.S.A., avec tous les gouvernements intéressés, avec l'O.N.U., empêchez la guerre. Que s'ouvre la négociation pour une solution équltable, dans le respect mutuel de l'indépendance et des intérêts vitaux des peuples israélien et arabes. Assez de menaces, de provocations, d'actes belliqueux, d'appels à la haine et au génocide. Pour l'avenir du monde, fi faut la paix. VITE! Il recueillit aussitôt de nombreuses signatures. Quelques jours plus tard, le texte devait en être modifié, les hostilités ayant éclaté. Dans le même esprit, la nouvelle version affirmait : C'est le drame. Le sang coule au Moyen-Orient. La paix du monde est menacée. Il faut un cessez-le-feu immédiat, respectant l'intégrité et l'indépendance de tous les pays en cause. Il faut une négociation d'ensemble des problèmes israélo-arabes, assurant l'existence, la coopération et la prospérité tant d'Israël que de ses voisins. Faute de quoi, ce seralent de nouvelles dévastations, le sacrifice absurde des vies humaines et des richesses accumulées par le travail des hommes, ce serait la menace d'une guerre sans fin et de haines inexpiables entre des peuples que l'histoire et la géographie ont si longtemps rapprochés, ce seralt un nouveau pas vers la guerre mondiale. Nous sommes tous concernés. Les hommes de bonne volonté, partout, doivent faire entendre leur volx, avec une force décuplée. Enfin, après le cessez-le-feu, la résolution adoptée à la manifestation du 12 juin à la Mutualité, devenait, à son tour, pétition. Son texte reprend les principaux paragraphes de la précédente, et contient en outre les passal!'es suivants: Le cessez-le-feu, ordonné par le ConseU de Sécurité, doit déboucher sur une négociation d'ensemble des problèmes israélo-arabes, assurant l'existence, l'intégrité et l'indépendance ainsi que la coopération de tous les pays en cause, tant l'Etat d'Israël que les pays voisins. Le racisme, qul sert d'exutoire aux campagnes bellicistes, creuse un fossé de plus en plus profond entre les peuples et, dans le monde, dans notre pays, comme au Moyen-Orient, des communautés risquent d'être jetées les unes contre les autres. Hommes et femmes de bonne volonté, partout, faites entendre votre voix avec une force décuplée. Tous ensemble, exigeons : un cessez-le-feu effectif; l'ouverture des négocia. tions 120ur une paix juste et durable au Moyen-Orient et partout dans le monde; la condamnation du racisme anti-juif, anti-arabe, la condamnation de tous les racismes. De nombreuses personnalités ont signé les appels du M,R.A.P. Au hasard des feuilles parcourues, citons notamment: ' Les professeurs Alfred Kastler, Prix Nobel; Etienne Wolff, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine; Paul Lévy, de l'Académie des Sciences; Pierre Wertheimer, de l'Académie de Médecine; Jean Cassou, membre de l'Institut; MM. Félix Gouin, ancien président du Conseil; Achille Peretti, député, vice·président de l'Assemblée Nationale; MM. Henri Buot, Georges Delpech, Fernand Dupuy, Fernand Grenier, Louis Perllller, Gilbert Senès, Mme Marle-Claude Vaillant·Couturler, MM. Lucien Villa, Pierre Villon, députés; Mme Suzanne Crémieux, MM. Jacques Duclos et CamIlle Vallin, sénateurs; Mme Mathilde Gabriel-Péri, MM. René Cerf-Ferrière, Elle Bioncourt, anciens députés; CamIlle Denis, conseiller municipal de Paris, Gaston Habib, maire-adjoint du 9- arrondissement; le conseil municipal de Dugny; MM. Robert Delavlgnette, ancien gouverneur de la France d'outre-mer; Jean Schaefer, secrétaire confédéral de la C.G.T . . ; Mme Léon-Jouhaux; Les professeurs E. Aubel, Hubert Deschamps, Jean Dresch, Jean Frappler, R. Juillan, René Pintard (Sorbonne); Maurice Byé, A. Dalsace, André Haurlou, Bernard Lavergne, A. Tune (Faculté de Droit); Claude Dreyfus, Françoise May·Levin (Faculté de Médecine); Jean H1ernaux, B. Malgrange, Marcel Prenant (Faculté des Sciences), Marc-André Bloch (Faculté des Lettres de Caen), C. Durup (Collège de France) ; Paul Chauchard, S. Gutwirth, Jean·Plerre Vernant (Ecole Pratique des Hautes Etudes); Mmes Marie-Elisa Cohen, Viviane Isambert-Jamatl, Mme Marle-José et M. Paul-Henri Chombart de Lauwe (C.N.R.S.) ; Adolpbe Esplard, M. et Mme d'Estourmel; un groupe de 23 professeurs·assistants de la Faculté des Lettres de Rennes; . Les pasteurs t;narles Westphal, président de la Fédération Protestante de France, Georges CasaIIs, N. Christol, Pierre Ducros, Etienne Mathlot, Louis Vienney, Maurice Voge; le R.P. Liégé, les abbés Angelloz et Duray (Alger); M. Jean Boulier, ancien professeur à la Faculté Catholique. Les écrivains Pierre Boulle, Jean-Louis Curtis, AIIoune ~Iop, Jean-Pierre Faye, Pol Gaillard, Jacques Howlett, Albert Laborde, Jacques Nantet, Anne Philipe, Vladimir' Pozner, Claude Roy, Georges Sadoul,; Mme Jean·Richard-Bloch. Les cinéastes Claude Berri, Louis Daquin, Jean-Paul Le Chanois, Léonlde Moguy, Jean Prat, le producteur Alexandre Kamenka; les artistes Jean-Pierre Cassel, Jean Mercure; le compositeur Francis Lemarque; M. Guy Rétoré, directeur du Théâtre de l'Est Parisien'; Les peintres Gromaire, Jean Plcart le Doux, Suzanne Roger, Marc Saint-Saens; l'architecte Bernard Zehrfuss; Georges Besson, Juliette Darle, critiques d'art; Jacqueline Bret-André, conservateur de musée. De nombreux avocats, parmi lesquels M" Aubln-Dormlon, F. Benhaiem, Suzanne Dreyfus, Hazan, Kaldor, Kenlg, B. Perlmutter, C. Tchang-Benoit, Léopold Weill. . '5 LES PECHEURS EN EAU TROUBLE , par Mireille C'EST pourquoi nous souhaitons aux Juifs d'Israël, « engagés dans le dernier épisode d'un long combat où nous avons fait notre part, ce que Spellman au Vietnam souhaitait aux soldats américains: la victoire et la paix ,. (Minute du 8 juin 1967). Telle est la conclusion d'un article de François Brlgneau dont le titre révélateur est TI Ti TI Ta Ta ( • Algérie française », • Israël vaincra »). La politique Israélienne a donc trouvé de fervents apôtres en la personne du fretin faciste. Peut-être n'est-ce là que la conséquence ultime d'une certaine politique? La réponse devra être apportée quand les passions seront apaisées. . Ceci dit, dès maintenant, il est Important pour tous les antiracistes de dénoncer ce soutien. Nous voudrions à cet effet mettre en évidence les raisons de cet appui. 1. De Minute à Rivarol, de Défense de l'Occident à Carrefour, le but proclamé est l'établissement de la supériorité de l'Occident blanc. " Depuis 1917, la révolution mondiale tentée par le communisme menace le visage et l'ime de la terre des hommes. Depuis 1917 nous sommes donc engagés contre elle dans une guerre unique, permanente et totale qui se déroule au travers des conflits contradictoires, limités et Intermittents. L'un de ceux-cI eut pour théitre l'Algérie, province française, tête de pont de l'Europe sur le continent africain. Nous l'avons perdu. Un autre se déroule actuellement dans le Moyen-Orient. Il suffit de regarder les camps en présence pour savoir que le nôtre perdrait encore si, après Alger, le drapeau arabe flottait sur Tel-Aviv • (Minute du 8 juin). Qu'on ne s'abuse pas: si le péril est Ici arabo-bolchévique, n'oublions pas qu'il redeviendra dès la prochaine occasion judéo-bolchévique. D'ailleurs Défense de l'Occident de juin 1967 se charge de nous le rappeler: " Un de leurs (aux juifs) Intérêts essentiels est certainement qu'on ne s'avise pas trop de leur formidable puissance dans le monde actuel. Il n'est pas de pire défaite pour eux en réalité, que les peuples découvrent qu'II n'est pas raisonnable que nos nations soient dirigées en fait par des princes occultes qui ne parviennent pas à oublier leur patrie d'élection -. 2. La nostalgie de la perte de • notre province algérienne ». " Car en Algérie, comme en Israël, le même principe était en question. Oserai-je dire qu'en Algérie il était encore plus généreux qu'en Israël puisqu'il ne s'agissait pas seulement de défendre l'oeuvre accomplie et le droit à la vie mals encore une certaine idée de communauté multiraciale Fanny SCHAPIRA Glaymann fraternelle. Il s'agissait justement d'éteindre les fanatismes arabes dans la sagesse et l'humanisme français • (Aspects de la France du 22 juin 1967). 3. Anti-arabes aujourd'hui, ces messieurs n'oublient pas qu'ils ont été anti-julfs, il y a peu, et qu'ils sont prêts à le redevenir: " Je me suis furieusement opposé aux juifs quand leur solidarité mondiale jouait contre les Intérêts de mon pays. Je ne vois pas ce qui m'Interdirait de les applaudir quand Ils flanquent une rossée, avec un magnifique brio, à un Individu qui, depuis douze ans, se conduit en ennemi de l'Europe et de la France • (Rivarol). D'ailleurs Carrefour prépare déjà l'avenir. Sous le titre " Quand les Israélites ·font le malheur d'Israël • du 30 juin 1967 (de Marx à Mendès-France), on peut lire: " Sur les deux rives de l'Atlantique, des juifs Jouent les premiers rôles dans les Innombrables manifestations qui prolongent la guerre · sous prétexte d'obtenir la paix. La guerre au Vietnam a son Dreyfus, le capitaine américain Lévy, qui dénonce " les crimes de guerre américains au Vietnam • pour éviter d'instruire les recrues _. . Mais nous voudrions terminer par les " Raisons d'être Sioniste - d'un certain Xavier Vallat, que les juifs français connaissent bien, dans la mesure où son article peut engendrer un nouvel antisémitisme « sioniste _. M. Vallat proclame, après avoir affirmé qu'il est contre les • antis »: " Mals politiquement, je suis xénophobe (du grec xenos étranger, et phobos, crainte, effroi), ce qui veut dire très exactement, non pas que j'ai la haine de l'étranger, mals que je redoute sa main-mise sur les affaires de mon pays lO. Or les juifs sont très Inassimilables: " Par contre, Il se trouve qu'une espèce d'étrangers, très caractérisés, répugne, elle, à l'assimilation; ce sont les descendants des tribus de Juda, de Lévy et de Benjamin que la Diaspora a disséminés à travers le monde. Je ne le leur reproche pas, je le constate. _ Ainsi, M. Xavier Vallat peut écrire: " Jè n'en tiens pas moins qu'en dehors du sionisme Intégral, il n'est pas de solution raisonnable et efficace du problème juif • Mais: " Cela suppose évidemment que les autres nations comprennent qu'il est de leur intérêt de munir tous les fils d'Israël qu'elles hébergent d'un passeport Israélien et d'une carte d'identité d'étranger, sauf s'Ils ont porté les armes pour la défense de leur pays d'adoption. • Cela ne vous rappelie-t-il pas le port de l'étoile jaune? mère s'est vu refuser la nationalité Gérard ISRAEL israélienne bien qu'ayant été victime des camps de concentration nazis en Allemagne. Ce ne sont que des points particuliers, mais je tenais à faire ces observations qui peuvent éclairer l'ensemble des problèmes posés. Jacques BERQUE Je crois avoir été mal comprise. Qu'il n'y ait aucune incompatibilité entre le fait d'être juif et Fr~çais me paraît une évidence. Par contre, je vois une certaine incompatibilité, si on a un souci de cohérence, entre le fait d'être Français et d'être vraiment sioniste. Je souscris, miIle fois, à tout ce qu'a dit M. Savary. Cependant, dans une phrase, il y avait l'idée que 5.000.000 de juifs en Israël pourraient constituer un danger pour les 44.000.000 d'Arabes environnants. Alain SAVARY L'intervention de Savary me paraît fournir une plate-forme commune à partir de laquelle les uns et les autres nous pourrions préciser nos positions. A titre de motion d'ordre, je voudrais proposer qu'elle con~titue, si l'assemblée est d'accord, la conclusion provisoire de notre débat. 16 Jacques NANTET Je rejoindrai très volontiers la proposition de Jacques Berque, concernant l'intervention d'Alain Savary. Cela suppose que nous nous revoiyons pour de nouveaux débats, de nouvelles confrontations. Je suis d'accord pour une nouvelle rencontre. J'ai dit simplement que le problème des rapports d'Israël et du monde arabe ne pouvait être considéré en termes de rapports de nombres car le rapport de 2,5 à 90 n'est pas tellement différent que celui de 3 ou 5 à 90. C'est un problème politique et humain beaucoup plus qu'économique. Vincent . MONTEIL Ce que je crains, c'est que 5.000.000 de personnes, sur ce petit territoire, même doté d'une industrialisation poussée, risquent de produire une concentration humaine telle que tout espoir soit écarté de faire revenir l'ensemble ou une grande partie des réfugiés arabes. Quant ' au Docteur Ginsbourg qui nous a présenté une vision assez idyllique de la situation de la minorité arabe en Israël, je le renvoie à une revue israélienne qu'il connaît bien, « New Outlook» et ql,Û a donné bien souvent un son de cloche extrêmement différent. Docteur GINSBOURG 250.000 Arabes vivent en Israël. Des ' mesures ont été prises contre eux, qui ont un caractère militaire, car Israël est encerclé par des pays' hostiles; mais elles ont été abolies en partie. Il y a sûrement des discriminations, mais elles s'effacent . peu à peu, et le niveau économique et intellectuel des Arabes s'élève progressivement. P.A. LENTIIII Je pense qu'il faudra reprendre notre débat. Je dirai simplement, en quelques mots, que les réfugiés palestiniens ne peuvent pas être assimilés aux autres réfugiés qui ont été cités, de même qu'on ne peut pas comparer toutes les «·diasporas». Daris le cas des Arabes, il y a eu une injustice au départ · : une nation, la Palestine arabe, a été dépecée, comme le fut autrefois la Pologne, et elle est maintenant une nation virtuelle, comme le fut l'Algérie. Charles PALANT Cette rencontre est en elle-mêm\.: extrêmement positive. .Comment ne pas se féliciter que le voeu ait ' été" émis, de part et d'autre, de nous retrouver, de poursuivre ce dialogue. La vocation du M.R.A.P., qui est de lutter contre tous les racismes, de rassembler dans un même combat les victimes, les adversaires de chaque racisme différent, lui a permis de garder son sang-froid tout au long de cette crise; elle lui donne la possibilité d'oeuvrer . à 'une meiIleure compr~ hension du problème et à la paix, qUI est la seule solution d'avenir. Je retiens particulièrement l'observation faite par M. Savary : il y a un troisième camp, qui devrait être le camp commun à toutes les parties en cause ' : c'est le camp des principes, auquel nous entendons rester fidèles. Nous nous reverrons donc, nous espérons même élargir ce débat, et nous ferons en sorte d'être entendus, au nom de la bonne foi et du désintéressement qui nous animent tous. DROIT ET LIBERTE - No 264 - JUILLET-AOUT 19t17 QUE SE PASSE-T-Il ? ~7 • v.·r,. Une pouvelie 101, ,, 8ntiterrQfis~e . .. ado~!';e ~o Affl IfCharles 5 février 2010 à 10:01 (UTC)é~:.+J:r5 février 2010 à 10:01 (UTC)eà 9,~ d~:~i~~;;;o~é~:Charles 1:\f,::t~~.~~P9~11;,~~ . qîbi . tiPtE . • Violents mcidents 'à Polnte-a-Pltre ' (Guadeloupe} }a lasu.te" d'une grêv ~~rventi()n,,~est?rce~ de p.olice fal! .\ pl.usleu;s mor,ts et rie ryombreux ples~.~~. ..... 30 - V;t~ Le Nigeria ortental fait seeessiog sous le .rlomde~.~pub!J9ue ',au 31- V. - Coup de tnéâtre au Caire: tandis que leconflît se fait 'plus % :~ ~06hCharles 5 février 2010 à 10:01 (UTC)7,t, J~ !~~:3S~:i~é1:ri~~r1:~~n~~é;~tCharles!!;~est Charles 5 février 2010 à 10:01 (UTC)çll. prafi9 N,~~I~ t .. Bo.Qlbardemeots afRérh:~ins intensits sur la banlj!!ue d~ hQ99' 1': VI5tL Remaniemeni .ministértel il Jé'rusalem: le g'ênértlt\i d~~letiii mlril:$tr de la;,défense. MenachemBegin entre également au gOllvarri'ément. ' ", '.~ r 2 VI. - Le Cons'eil de Sécurité est.l saisi parLe C!llre i;Il1;'unproje~.WiP 4emaryda.!,t le retour à J'accord d'armistice Isrsélo-égyptien sÎ!}né en 1949 par I,~aele!l 1~5a. ~av Ah 4. VI~ .. - Le NPD obtient 10 sièges - soit 7 % des voix - aux élecUa ' tle lâiij;Diète régionale de Basse-Saxe ;c·est la cjnqujèm~"djè~e r~9l04~.! qui compte des députés néo-nazis, . "" . ' L'lrâk adhère .au pacte' de défenSé égypto-jotdanien. fi,r Vljtt- Ouv~rture des hostilités israélo-ar~bes ; • Violentes manifestations antijuives à Tunis. Le président BourgUiba Jes agressE!.urs racistes. . . .............. .""01 El - VI. - K Ratonnades .. à Nice: run de leurs camarades ayant ét'~tvlctbbe agression cent militaires se lancent à lachasse des Nord-Africains. . .o'. 2, • L'offensive israéHénne se pourSUit dans le 01Sinal et en . Jorda'iliè .,}ltpris~!ft Gaza (RAU.) . l~ Co~s~iI de Sécurité a~qPte à l'unanimité une résolution qui dema un cessez·J~-feulmm,dlat. et sans conditions. . . .. ' di '.' "ft, • Après les Incidents de la Guadeloupe;' huit Antillais sont arrêtés â7 'Pads à Bordeaux. ., ... ....... .............' Y' 7. VI. - Tandis que les combâts continuent 'sur les fronts ié'gyp~ien "ë't syrien. la Jordanie accepte le cessez·le·feu Inconditionnel décidé par le Conseil de Les troupes israéliennes prennent Charm-el-Chelk" . place forte contrôl~ntü le d'Akaba et atteignent le canal de Suez. ' .... 10. VI."':"" N.omlJreuses v.ètimesêivllês ·après Hçlnoï par, l'ayiatiqn américaine. f7 18 USA: L'ETE S'ANNONCE CHAUD par Shofield Coryell L ES grosses manchettes en première page d'un récent numéro du journal américain Herald Tribune nous informaient récemment qu'au cours de la même journée, un Noir était nommé pour la première fois membre de la Cour Suprême des Etats-Unis, tandis qu'à Tampa (Floride), la police réprimait à coups de fusil le cri de protestation des travailleurs noirs de cette ville et, à des milliers de kilomètres de là, les avions américains bombardaient les voies ferrées qui relient Hanoï à la Chine. La juxtaposition de ces trois informations - semblables à celles qu'on peut lire tous les jours dans la presse américaine - met en relief la réalité profonde de la situation actuelle aux Etats-Unis. Les « honneurs " accordés par les autorités fédérales à quelques représentants de la bourgeoisie noire ne servent pas - ou ne servent plus - à apaiser la colère grandissante des masses noires opprimées et surexploitées par une élite puissante - le « pouvoir blanc " - qui mène au Vietnam une guerre atroce contre un autre peuple de couleur luttant pour son indé- . pendance et sa dignité. Cassius Clay et Howard Lévy Plus la guerre se prolonge, plus les belles paroles officielles sur' les bienfaits de la « Grande société " et de la « Guerre contre la pauvreté " se trouvent contredites par les faits, les fonds qui auraient dû leur être destinés étant engloutis par la machine militaire, et les conditions de vie dans les ghettos noirs - manque d'école, logements insuffisants, chômage - ne font qu'empirer. Rien de surprenant, par conséquent, si la révolte gronde dans les « ghettos " contre la misère, la discrimination et la violence endémiques. Les autorités locales et nationales, au lieu de rechercher des solutions humaines pour les problèmes réels, ne font qu'intensifier la répression. Déjà, au cours du mois de juin, les protestations contre l'injustice raciale - non seulement dans le Sud, en Floride, en Alabama, mais également dans les grandes villes du Nord, à Ci·ncinnati, Dayton et ailleurs - se sont heurtées à des milliers de soldats et de policiers armés jusqu'aux dents. Parallèlement à cette vague de répression policière, les autorités viennent de procéder à une série d'actions judiciaires contre les dirigeants les plus en vue du Mouvement noir. C'est ainsi que - en plus de la condamnation de Martin Luther King par la Cour Suprême, pour sa participation à une manifestation antiraciste en Alabama en 1963 - le dynamique champion du « Pouvoir noir ", Stokeley Carmichael, a été récemment arrêté et incarcéré pour « incitation au désordre " et seize militants de l'organisation révolutionnaire R. A. M. (Revolutionary Action Movement) viennent d'être arrêtés par la police, sous divers prétextes ridicules, dans une véritable rafle à travers le pays. Dans ce contexte, l'attitude exemp,laire du grand boxeur noir, Cassius Clay, champion du monde poids-lourds, qui vient d'être condamné à cinq ans de prison pour son refus d'aller se battre contre les Vietnamiens, prend une signification particulière, illustrée par le commentaire de Rapp Brown, nouveau président du S.N.C.C. (Student Non-Violent Coordinating Committee) qui assistait au procès : .. C'est toute l'Amérique corrompue qui se trouve ici au banc des accusés_ » L'attitude de' Cassius Clay est assez répandue dans la population américaine, appelée à payer de sa sueur et de son sang une guerre aussi atroce qu'injuste. Les bureaux de conscription constatent avec amertume que, contrairement à ce qui s'était passé, par exemple, lors de l'entrée des Etats-Unis dans la deuxième guerre mondiale contre l'Allemagne nazie, la guerre du Vietnam ne suscite ni enthousiasme, ni patriotisme. Des cas particulièrement significatifs sont ceux des soldats déjà mobilisés qui font une propagande systématique contre la guerre du Vietnam dans les casernes, et trouvent partout auprès de leurs camarades une assez large compréhension. C'est ainsi que le courageux et sympathique capitaine Howard Levy, jeune médecin en uniforme, . vient d'être condamné par un tribunal militaire à trois ans de détention pour son refus de donner une formation médicale aux « bérets verts ", corps d'élite dont la tâche primordiale est non de guérir mais de tuer. Marche sur Washington S) de tels cas ne sont pas extrêmement nombreux, l'inqUiétude qu'ils causent aux autorités. militaires en dit long sur l'état du moral au sein des forces armées américaines. Le mouvement contre la guerre du Vietnam continue à gagner du terrain. Le Révérend James Bevel, assistant de Martin Luther King et directeur de la « Mobilisation de printemps ", vient d'annoncer qu'une imposante « Marche sur Washington " aura lieu le 21 octobre prochain. Cet événement sera le point culminant d'une série d'actions à travers le pays dans le courant de l'été, actions dqnt le principe vient d'être décidé au cours d'une réunion de 700 délégués américains et canadiens, le 21 mai, à Washington. En réponse aux « Faucons " qui accusent tous les opposants à la guerre de « trahir ", les soldats américains combattant au Vietnam, le mot d'ordre de ces manifestations sera : « Support our Boys - Bring them Home_ JO (Soutenez nos garçons - Ramenez-les chez eux!) Le Révérend Bevel vient de lancer un appel demandant à toutes les organisations luttant contre la guerre du Vietnam, dans le monde entier, de préparer pour le mois d'octobre des manifestations de solidarité qui coïncideront avec la Marche sur Washington. DROIT ET LlBBR'Ô: • No 184 • JUILLBT.AOUT-t98'7 VACANCES SANS FRONTIÈRES VIVONS, .VOYONS, VOYACEONS par J aeques Billiet Président de la Fédération Internationale des Journalistes et Ecrivains de Tourisme I « L n'y a d'homme complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie. Les habitudes étroites et uniformes que l'homme prend dans sa vie régulière et dans la monotonie de sa patrie sont des moules qui rapetissent tout ... Tout est plus grand, tout est plus juste, tout est pius vrai chez celui qui a vu la nature et la société de plusieurs points de vue ... Pour moi je suis constamment frappé de la façon étroite et mesquine dont nous envisageons les choses, les institutions et les peuples; et si mon esprit s'est agrandi, si mon coup d'oeU s'est étendu, si J'al appris à tout tolérer en comprenant, Je le dols uniquement à ce que J'al souvent changé de scène et de point de vue ... Nous étudions tout dans nos miséra· bles livres et nous comparons tout à nos petites habitudes locales. Et qu'est-ce qui falt nos habitudes et nos Uvres? Des hommes aussi petits que nous. Ouvrons le Ovre des Ovres, vivons, voyons, voyageons: le monde est un Ovre dont chaque pas tourne une page; celui qui n'en a lu qu'une, que salt·U? • 'Par ces lignes écrites il y a plus d'un siècle, Lamartine annonçait le rôle éminent que joue le tourisme dans le développement de la coma DROIT ET LIBERTE - No 284 • JUILLET·AOUT 11167 préhension des peuples par la connaissance réciproque. Ce qu'exprime aujourd'hui une formule que j'ai faite mienne depuis dix ans: .. Pour bien s'aimer U faut bien se comprendre, et pour bien se comprendre 11 faut bien se connaltre •• L'Assemblée des Nations Unies, en proclamant l'année 1967 Année Inter. nationale du Tourisme, avec pour slogan .. Tourisme, passeport pour la paix., vient de consacrer tl'éclatante façon l'importance acquise sur ce plan pax: ~e tourisme; et cela de par ~ prodIgIeux développement, qui en faIt le phénomène caractéristique de notre époque, et qui s'est effectué sous les trois formes déterminantes que sont sa généralisation, sa démocratisation et son internationalisation. Ces trois aspects ne sauraient être ?issociés ~~ns le . domaine qui nous mtéresse ICI, car Il est bien évident que si le tourisme « international » est un facteur de connaissance et de compréhensi~n, l'importance même de ce facteur tient à ce qu'il concerne désormais les plus larges masses d'hommes et de femmes dans un nombre sans cesse croissant de pays. Ce rôle capital qui peut et doit être l~ sien, le tourisme le joue-t-il effec. tIvement et complètement? On ne saurait répondre par une affirmation formelle, mais avant d'en chercher le -. t9 -+ pourquoi il est nécessaire de situer brièvement le comment de cette situation. La «relation de voyage » a été un genre littéraire très couru dès le XVII' siècle, mais jusqu'au moment où le tourisme a cessé d'être le privilège d'un petit nombre, la grande masse de ceux qui, pour être moins favorisés n'en étaient pas moins curieux, n'avait d'autre possibilité d'aborder l'histoire et la culture des peuples que par le truchement des auteurs de ces «relations ». Avec l'homme, l'art et la nature Alors qu'aujourd'hui le lecteur est en même temps un pratiquant, alors qu'aujourd'hui chaque touriste peut être lui-même un obServateur sinon un découvreur. Et ce qu'il attend de la presse et de la littérature spécifiquement «touristiques », c'est surtout le Sésame qui lui permettra d'accéder lui-même aux éléments de cette connaissance dont nous, journalistes et écrivains de tourisme, avons à tâche de lui faciliter l'accès sinon de lui en révéler l'existence. Ce besoin de documentation, la recherche de ces multiples fils d'Ariane, font que les millions de touristes d'aujourd'hui ~ont autant de lecteurs capables de contrôler non seulement la véracité des informations, mais aussi la justesse de~ impressions. Enfin et surtout, un élément nouveau, inconnu jusqu'à notre époque, contribue à faire plus que jamais du tourisme le moyen de connaissance de l'histoire et de la culture des peuples. Je veux dire cet inestimable ensemble de richesses artistiques, monumentales, ou historiques qui constitue LES IDEES RECUES Après deux années de fonctionnement, l'Office franco-allemand de la jeunesse s 'est préoccupé, l'an dernier, de connaître les résultats de ses activités. Il a fait appel à l'I.F.O.P. (Institut français d'opinion publique, bien connu pour ses sondages électoraux) et à son toomologue ouest-allemand l'E.M.M.I.D. Les conclusions des deux organismes ont été nettes, et parfaitement concordantes : les échanges internationaux, lorsqu'Ils ne sont par organisés dans une optique fortement éducative, renforcent les préjugés et les stéréotypes déjà ancrés. L'individu qui part avec des idées toutes faites revient en générai encore plus ancré dans ces idées. C'est pourquoi le rôle des organisations d'échanges internationaux à but non commercial est si primordial. l'acquit des civilisations depuis les débuts de l'humanité et que nous nommons à juste titre le patrimoine touristique international. La valeur didactique intrinsèque de la moindre des oeuvres qui le composent n'a pas changé depuis qu'elle a été créée. Mais elle demeure faible tant que le touriste n'a de contact avec elle qu'à traverS ses lectures. Tandis que, confronté avec elle et recevant à son sujet toutes les explications et commentaires souhaitables, il a alors plus de chances de tirer des «trois rencontres» (avec l'homme, avec l'art, avec la nature) le maximum d'enseignements et d'enrichissements. pour l'Est et po~r l'Ouest vous aurez toujours un 20 GUIDE NAGEL CHEZ VOTRE LIBRAIRE la plus forte production mondiale de guides LES EDITIONS NAGEL Tout semble donc réuni pour que le tourisme remplisse effectivement son rôle culturel et humain. Or il se trouve encore de nombreux cas où le voyage à l'étranger n'a pas le résultat positif que l'on peut en espérer, bien que le touriste, en général, commence à connaître son «métier » de touriste. Une lourde somme de préjugés Soit que ledit touriste, n'ayant pas su trouver, ou n'ayant pas cherché, le contact avec l'homme et sa culture propre, en revient sans autre profit que d'avoir «changé de scène et de point de vue»; soit, et c'est plus grave, qu'il ne tire de son voyage que des conclusions conformes aux idées préconçues qu'il pouvait avoir avant son départ. Celui-là n'est pas venu pour apprendre « à tout tolérer en comprenant ", mais pour considérer hommes et choses avec le seul souci a priori de vérifier les thèses qu'il s'est au préalable forgées à travers de « misérables livres », allant jusqu'à interpréter, voire à déformer dans ce but des vérités d'évidence, avec une mauvaise foi que je crois inconsciente. Il faut voir là, en effet, le résultat d'un long passé de mise en condition, de l'accumulation d'une lourde somme de préjugés de toutes sortes et de sectarismes, devenus une seconde nature pour le malheureux enfermé dans leur gangue, au point qu'il ne conçoit pas que l'on puisse les considérer avec une autre «objectivité" que celle dont il se targue volontiers. Quel remède à cet état de choses? Il ne peut y en avoir de meilleur que de développer encore et d'élargir le courant touristique, en donnant plus d'ampleur à une information qui se doit objective et documentée. A ce sujet, il est souhaitable que la grande presse s'ouvre plus largement aux rubriques spécialisées, et que presse et littérature touristiques s'attachent toujours davantage aux valeurs culturelles et humaines, le tourisme ne pouvant être uniquement un marché où l'on vend de la mer, du soleil, et du sommeil. C'est là la tâche la plus noble, la véritable «mission» du journaliste et de l'écrivain de tourisme: aider le touriste à satisfaire sa curiosité sous toutes ses formes en faisant abstraction de ' ses partis-pris, sinon de ses conceptions politiques, philosophiques ou religieuses; l'inciter à acquérir le plus de connaissance de l'histoire et de la culture des Autres comme si elles étaient siennes. Car le moin's porté à la réflexion, s'il olilserve d'abord to!.!t ce qui l'en sépare, comprendra bientôt qu'ils sont comme lui, rien d'autre que des hommes, ses semblables, ses frères. LES GRANDES avaient précédé l'écrasement de l'hitlérisme en EurQpe. Les officiers allemands qui avaient, le 20 juillet 1944, tenté d'assassiner Hitler pensaient pquvoir, le complot réussi, renverser les alliances, conctlure une paix séparée avec les occidqntaux pour écraser l'U.R.S.S. Ils savaient pouvoir compter au moins sur Churchill. Mais à l'époque, le public ignorait ces premières dissensions entre alliés ; l'atmosphère était à la mobilisation de tous J?Our empêcher que se reproduise jamaIS la tragédie que le monde venait de vivre. Dans la ~eunesse, ce fut une lame de fond: les associations d'échanges internationaux se multiplièrent, de même que les unions internationales pour le rapprochement entre les peuples. EVASIONS , L ES vacances sont une invention récente. Elles n'ont guère plus de trente ans. Avec elles sont nées une autre nouveauté: les échanges internationaux. Certes il Y a des siècles, des millénarres, même, que les hommes voyagent. Hérodote, le « père de l'histoire » dans l'Antiquité, les grands voyageurs du Moyen-Age, Ibn Battou ta, Ibn Khaldoun, Marco Polo et quelques autres furent de grands liécouvreurs de civilisations étrangères, qu'ils abordèrent souvent avec un esprit étonnamment libre de préjugés. Marco Polo' d'ailleurs, en éprouva quelques ennuis: il osa prétendre que les civilisations asiatiques valaient bien la nôtre; on l'enferma aussitôt: il ne pouvait qu'être fou. Mais le voyage ne fut, jusqu'au début de notre siècle, que le privilège d'une infime minorité, qui n'en tirait d'ailleurs la plupart du temps que matière à alimenter ses préjugés de caste. Quant au bon J?euple, la seule occasion qu'il pouvaIt avoir de voyager, c'était la guerre. Aujourd'hui encore lorsqu'un homme de plus de cinquant~ ans raconte ses séjours à l'étranger c'est qu'il a été prisonnier en Alle: magne, qu'il a été soldat" à l'époque de la gUerre du Rif ou de Syrie; qu'il fut du corps expéditionnaire aux Dardanelles, ou qu'il fut avec Weygand en Pologne en 1920. Et combien de jeunes hommes ne connaissent de l'étranger que le secteur françaIS de l'Allemagne, où ils firent leur « service », ou l'Algérie qu'ils « pacifiènmt .»' Le m0!lde commence Juste à lI'habituer à VOIr les hommes se visiter de pays à pays pour d'autres raisons Gue l'invasion, la rapine, la répression l'occupation. ' Le premier élan ne date que de 1936 et des fameux grands départs du Front Pupulaire. L'imagerie est désormais classique du · couple à tandem, transportant bébé dans une petite carrio1e aCI;rochée à l'arrière, et dévalant les rol~tes en ,sifflant « Le temps· des censes ». L essor spontané d'expériences de tourisme populaire - la plus célèbre et la plus durable fut celle des Auberges de la Jeunesse - s'acc0Il?- pagna de premiers échanges internatIonaux, encore timides, et peu DROIT ET LIBERTE • No 264 • JUILLET·AOUT 1961 organisés. Mais la montée du nazisme et du fascisme, et la tension déjà lourde en Europe empêchèrent cet élan de prendre une réelle ampleur. C'est en 1945 que les échanges internationaux prirent leur véritable essor_ Le monde se réveilla abasourdi du cauchemar qu'il venait de vivre; le chauvinisme. le nationalisme étroit qui, jusqu'alors, avait été paré du titre de vertu, devinrent insupportables. Une multitude de mouvements d'échanges internationaux se créa, très spontanément, dans cette époque à la fois tragique et riche d'espoirs. .. Si ton âme est inculte... » Cette période n'allait pas durer bien IOI?gtemps. Très vite, la guerre froide prit forme. On commence à savoir aujourd'hui, grâce au dépouillement d'~rchives al?rs inédites, que les premIers symptomes de la guerre froide La guerre froide allait renverser la vapeur_ La coupure du monde en deux blocs antagonistes réfréna singulièrement les possibilités mêmes de voyages e~ d'~change~, et pl~sieurs organisatIOns mternatIOnales VIrent leur audience affaiblie par des scissions. Mais enfin, la graine était jetée: lorsque à la tension succéda la détente, le mouvement reprit de plus belle. Aujourd'hui, les échanges internationaux sont enfin entrés dans les moeurs; chaque année, des millions d'hommes franchissent les frontières de leur nation soit à titre individuel, « en touristes ,.soit en groupes de toutes natures. ' La France n'est pas en retard dans ce grand mouvement. Chaque année plus de 3 millions et demi de Françai~ partent à l'étranger: Italie, Espagne, OUI PART? Nous sommes, disent certains sociologues, entrés dans la .. civilisation des lo~sirs -. Les chiffres, quant à eux, sont moinS optimistes : 43,6 % des Français seulement partent en vacances, moins de la moitié. Encore leS prOportions varient-elles considérablement d'uhe profession à l'autre. En effet, partent en vacances : Professions libérales et cadres supérieurs .... Cadres moyens ... .. . .. .. .. .. . . j •• • • • ••• • • 1 • • Autres actifs (commerçants, non-salariés) . . . . Employés . ...... . . . . . ... ....... .. .. . . . . ... . . Personnel de service ...... ...... . . ......... . Ouvriers . . .. ... . .... ... .. . . . .. 1 • • • •• • • • • •• • • Non-actifs (retraités, ménagères, etc.) . ... .. . . Agriculteurs et salariés agricoles . .... ...... . Les pourcentages varient aussi beaucoup selon les lieux Agglomération parisienne . . . . .. . . ..... .. .. . . . Agglomérations de plus de 200.000 habitants .. de 100 à 200.000 habitants . . de 20 à 100.000 habitants .... de moins de 20.000 habitants. Communes rurales . . . .. 1 • ••• ••• •••• • •• • • , • • • é4 73 65,9 61,9 46 43 31 9,6 15,7 55,5 54,3 48,7 39,2 16,3 -+ 21 Il NOUS VOULONS TOUT VOIR Il Nadine, 22 ans, secrétaire: • L'an dernier, j'ai visité la République Démocratique Allemande, avec le train de "amitié de • Loisirs et vacances de la Jeunesse •. On a appris beaucoup de choses; par exemple que beaucoup d'Allemands avalènt résisté à Hitler et qu'ils étaient morts pour ça; et aussi que les bombardements américains au phosphore sur Dresde avaient fait plus de morts que la bombe d'Hiroshima, et qu'ils ne servaient à rien militairement. J'entendais dire, même dans ma famille : « Les Allemands, ce sont tous des brutes; Ils étalent tous nazis; ns ne changeront Jamais, etc •• J'al compris que non. D'ailleurs, en Allemagne de l'Est, Ils ont émis un timbre pour commémorer le massacre d'Oradour; ils m'ont aussi appris qu'il y avait des Français dans les SS à Oradour. Quand on sait tout ça, les yeux s'ouvrent sur bien des choses. • des banquettes sur les .collines pour empêcher que les pluies entraînent la terre dans le lac du barrage d'Oued Fadda. Nous étions quelques Français et beaucoup de jeun~ s Algériens. Pendant un mols, on a travaillé dur; on Il a pas bougé de la région, mals en repartant j'en connaissais plus sur l'Algérie, les Algériens et leurs problèmes que des types que j'al rencontrés sur le bateau, au retour. qui avalent parcouru le pays dans tous les sens, et qui pariaient comme des colons. • Mireille, 18 ans, étudiante: • Je suis partie en vacances avec mes parents en Espagne, sur la Costa Brava. C'était atroce : en se retrouvait entre ,Parisiens, presque entre gens du même s.ervlce ou du même immeuble. De l'Espagne, on ne voyait que la plage et quelques villages transformés à usage du touriste. Le ghetto, quoi 1 J'al fait la connaissance de deux jeunes; on a décidé de quitter la côte et de voyager un peu à l'intérieur. On a pu voir l'Espagne que les touristes ne volent jamais, et qu'ils ne veulent pas voir. Mals rien n'était préparé; ce qu'il nous aurait fallu, ce sont des contacts avec les gens de là-bas. Ca, ce fut impossible. • Jean-Claude, 26 ans, dessinateur Industriel: • J'ai passé le mois d'aoOt en AI~érle. j'étais sur un chantier dans la montagne au-dessus d ~I Asnam (El Asnam c'est le nouveau nom d'Orléansville) . " s'agissalt de trace; .... Portugal, Suisse, Allemagne; et 10 millions d'étrangers viennent en France: les Allemands, d'abord (l ,56 million), les Anglais (l,55 million), les Belges, Hollandais, Luxembourgeois (l,48 million), les Italiens 0,06 million), puis les Espagnols, les Suisses, les Américains, les Scandinaves ... vaillé. Certains lieux de rencontre priv~ lég~ent ~e :,ctivité: ainsi ~es orgamsatIOns ou s apprend la naVIgation à voile ou l'alpinisme. L'an dernier un festival théâtral a réuni, dans le 'centre de la France, des jeunes français, allemands, algériens pour la mise au point d'un spectacle unique. Une autre expérience vaut d'être contée; celle des caravanes des «t Equipes de relations avec l'outre-mer » formées par diverses associations sous l'impulsion des Eclaireurs de France. Chaque année, ces caravanes partent en Afrique ou au Liban; ce n'est pas pour lézarder au soleil: elles vont devoir alphabé. tiser, et participer à des tâches quotidiennes

aménagement de pomts

d'eau, construction le foyers de jeunes, d'infirmeries, travaux agricoles. De plain-pied dans la réalité C'est évidemment la jeunesse que mobilisent de telles activités; passée la trentaine, venues les responsabilités familiales et professionnelles, la proportion des hommes ~ui prennent des vacances « actives ,. dIminue très vite. Au sein même de la jeunesse, de tels échanges demeurent d'ailleurs encore trop rares et surtout très tardifs; les chiffres encore une fois le prouvent, qui montrenl la façon dont les jeunes de 14 à 23 ans passent leurs vacances: Le vieux sage grec Héraclite disait déjà, voici 2.500 ans : « Si ton dme est inculte, tes yeux et tes oreilles sont de mauvais témoins Il. Rien ni personne ne l'ont démenti depuis ; combien de touristes traversent des pays entiers sans en rien \l'oir que les faits, les plus insignifiants, voire les plus invtmtés, qui viennent renforcer leurs idées reçues. Il existe assez d'histoires drôles, ou prétendues telles sur l'Américain en France, le Français en Italie, le Suisse en Espagne, le paysan à Paris et le parisien aux champs pour qu'il soit utile d'insister. Partent De 14 à 17 ans De 18 à 20 ans De 20 à 23 ans Les vacances laborieuses Au vrai, les vacances à l'étranger sont rarement facteurs de rapprochement, de confrontation, de fraternisation lorsqu'elles sont prises individuellement, en famille, ou (ce qui revient au même) en voyages organisés de type commercial. Les échanges internationaux les plus féconds, ce sont les voyages et les rencontres où les participants venus de partout, viennent collabore~ à un travail commun; ce sont, en somme, les ,vacances laborieuses. Depuis la LibératIOn, les chantiers internationaux se sont ainsi multipliés ; il en existe en France, au Maghreb, en Afrique noire d~ns plusieurs pays d'Europe. Le~ kIbboutzim israëliens peuvent être dans une certaine mesure comparés à ces chantiers; des milliers de jeunes de partout y sont passés, y ont tra 22 avec les 8:arents . . . .... ... 56 % avec faml le ou amis . . .. .. 23 % en colonie de vacances ou voyages organisés ....... . 12 0/0 autres ..... ............... 9 % Cette dernière catégorie, « autres ,. est on ne peut plus vague ; elle compte aussi bien 1;S jeunes qui, par exemple, suivent une cure thermale, ou partent . seuls que ceux qui participent à des échanges internationaux actifs. Inversement, dans la catégorie précédente, tous les voyages organisés ne se reSsembll! nt pas; il Y a ceux qui vous montrent en huit jours Capri, l'Acropole et le Parthénon, vous font traversel des pays entiers à l'abri des vitres d'un car climatisé, et ceux qui vous font entrer de plain-pied dans la réalit~ d'\1ne nation, vous permettent de d{,couvrir véritablement sa vie ses problèmes, les aspirations de ses habitants. Il est impossible, donc, de chiffrer précisément le nombre de jeunes qui 51 % 37 % 23 % 33 % 20 % 15 % 6% 15 % font ainsi de leurs vacances une db couverte, une expérience. La" proportion de 15 % semble une approximation satisfaisante. C'est encore bien peu! Mais cela représente quand même quelques dizaines de milliers de jeunes Français à apprendre chaque année, que tous les Allemands ne sont pas balourds, tous les Suisses avares, tous les Italiens retors, tous les Espagnols vaniteux, que la France n'est pas le pays que le monde entier nous envie. Et ce mouvement, on l'a vu, ne fait que s'amplifier. Les générations de l'après-guerre sont les premières pour qw les frontières ne sont plus les limites intangibles de la civilisation et de régoïsme sacré, mais une gêne à la connaissance du monde et d'au-' tIU!. Il n'y a certes pas de quoi s'en plamdre .. TROIS ORGANISATIONS TROIS EXPERIENCES ... Voici trois expériences d'échanges Internationaux qui couvrent, avec une particulière compétence, l'ensemble des possibilités; trois expériences aussi diverses que Poss.ible sur le plan de l'activité comme de l'idéologie qui sous-tend cette activité. PréCisons que la petite enquête qui suit est, selon la formule consacrée, libre de toute publicité. Le Comitê de coordination des Échaoges Intemationaux MILLE ET UNE SOLUTIONS DANS la société où nous vivons, tout peut être matière à spéculation et à profits. En même temps que les loisirs naquit donc, après le Front Populaire et surtout après la Libération une industrie des loisirs; industrie florissante où les capitaux viennent facilement s'investir. Mais, parallèlement, des hommes responsables prirent l'affaire en mains; le droit aux loisirs avait été gagné à grand peine; il fallait maintenant agir pour que ce temps gagné devienne un facteur de connaissance, d'épanouissement, de libération; ainsi naquit un nouveau s~cteur d'activité, que l'on nomme, faute d'un terme plus précis, « Education populaire ", et où les échanges internationaux jouent . un rôle prépondérant. Les associations d'éducation popu· laire, à partir de 1945, foisonnèrent; elles se multiplièrent' selon les sec· teurs d'activité différents - échanltes, voyage, hébergement, activités artIsti· ques et culturelles etc. -, mais aussi selon des conceptions philosophiques et religieuses différentes, voire selon des désaccords purement pédagogi· ques. Aujourd'hui, il faudrait un véri. table annuaire pour dresser la liste des associations d'éducation populaire. Cette profession rendit bientôt nécessaire un mouvement inverse, de regroupement. Aujourd'hui, les mouvements de jeunesse sont regroupés ep quatre grands organismes: - Le Conseil Français des Mouvements de Jeunesse. - Le C.R.I.J.E.F. (Comité pour les Relations Internationales des Mouve· ments de jeunesse et d'éducation français). - Le Comité de Coordination des Associations d'Echanges Internationaux. - Le C.L.O.D.J. (Comité de Liaison des organisations démocratiques de la jeunesse): . Si l'on excepte le dernier, qui regroupe des oJ;'ganisations politiques et syndicales de la jeunesse (à l'exception des communistes), les trois autres se sont créés d'abord pour répondre à une nécessité technique. Le C.R.I.J.E.F. par. exemple regroupe une quarantaine d'associations d'orga· nisation et d'animation (éclaireurs auberges de jeunesse, U.N.E.F" Jeu: nesse Chrétienne), alors que le Comité de Coordination des Associations d'Echanges Internationaùx), comme son nom l'indique, est plus préoccupé par les contacts internationaux et les échanlJes de toutes natures. Comme par ailleurs, le Comité de Coordina· tion est l,'ainé ' de ces orgbtlÎsmes fédérateurs, (il fête cette année son vingtième anniversaire), c'est de sa longue expérience que peuvent découler les enseignements les plus riches. (1) Voic;:f vingt ans, il s'agissait de susci~ er les premiers , contacts entre les peuples. Le~ .qu~lques associations qui avalent ChOISI d oeuvrer dans cette voie LES VACANCES A L'ETRANGER .Les Français vont de plus en plus à l'étranger. En 1961, 2,07 millions p~rtlrent; en 1964. 3,13 millions; en 1966, S,53 millions; soit une progression d environ 10 % . chaque année. L ordre de préférence, pour les touristes français, est le suivant % Italie .. , ... . ........ .. . . ..... ..... .. ..... ... 26,8 Espagne - Portugal .... .. . . .... . . . ... ....... . 26,2 Suisse .... . . .. .. , ... , . ... . .. .. ...... ..... . .. 11,5 Allemagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8,6 Bé.nélux . . . ......... . .. ...... .. . . .. ... . . . .' .. . 7,4 Grande·Bretagne - Irlande . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,8 Autres pays ... .. . ... . .. ... • . ... .. . ... ...... 15,7 DROIT ET LIBERTE • No 264 . JUILLET·AOUT 1967 éprouvèrent très VIte le besoin d'une sorte de bureau technique com mun. Ainsi naquit, en 1947, le Comité de coordination ; en adhérant, chaque association (elles sont une quarantaine, au total) gardait son indépendance absolue, sur les plans philosophique, idéologique et financier; le Comité n'avait d'autre rôle que d'être le porte-parole des associations auprès des Pouvoirs publics, de confronter et de susciter des expériences, d'élaborer une politique générale en matière d'échanges, de représenter ses adhérents au sein des organismes internationaux: le Comité est membre du Bureau Européen de l'Education Populaire et du Bureau International du Tourisme Social ; il participe aux travaux de l'UNESCO, de la direction sociale et culturelle de la Communauté Européenne Economique, du Conseil de la Coopération Culturelle du Conseil de l'Europe. A l'origine, le Comité de Coordination impulsait l'ensemble des échanges internationaux. Aujourd'hui, ces échanges ont pris une telle extension qu'il n'est plus question pour un organe de coordihation, aussi expérimenté soit-il, de tout tenir en main; c'est pourquoi le Comité, depuis quelque temps, vise à réorienter son action vers ce qu'on pourrait appeler la «recherche JO. D'organisme technique, il tend à devenir organisme de définition et d'orientation. . C'est par exemple à la suite d'une étude des besoins nouveaux que le Comité a suscité la création d'une Association des foyers internationaux, à l'intention des étudiants et stagiaires étrangers, surtout du tiers·monde, qui vivaient très souvent en France dans un isolement total. Une telle action ne va pas sans problèmes. Les échanges sont atomisés à unloint rarement atteint ; cha· cun pren des initiatives (et c'est fort bien): un syndicaliste, un élu muni· cipal, un groupe folklorique, un prêtre de campagne, voire un simple parti· culier. C'est pourquoi il faudrait des ' cOl,llité~ de coor?ination ~égionaux, qUI pUIssent conseIller, orgamser, faire bénéficier d'une expérience à présent longue et variée toutes ces initiatives. Mais il y faudrait d'autres moyens ... E.R.O.M. TRAVAILLER ENSEMBLE LES Eclaireurs de France organisent chaque année des voyages en Afrique. Des responsables du mouvement , groupés en une Equ.i.p.e. (I) Le Comité de coordination (lO, avenue Bosquet, Paris-7) groupe quelque 40 associa· tions d'échanges internationaux, parmi lesquel~ es la Fédération Française des Maisons de Jeunes et de la culture, le Service civil international, l'Organisation centrale des camus et activités de jeunesse, les Chalets internationaux de haute montagne, l'Accueil familial des jeunes étrangers, Jeunesse et Reconstruction. 23 Une car a van e EROM en Afrique. Après le travail et les difficultés de tous ordres, la confrontation, la dIscussion, la connaissance mutuelle ... ~ . des relattons avec l'outre-mer (EROM) metten1 sur pied, à destination de l'Algérie, du Liban, et surtout de l'Mrique noire francophone, des « caravanes » de 10 à 12 jeunes (jusqu'à 30 ans). Ces caravanes ne sont pas faites pour ceux dont la seule ambition estivale est de se dorer au soleil; on y voyage, on y loge dans des conditions souvent précaires, on y travaille. Mais ceux qui ont choisi ces vacances ne regrettent pas de les avoir préférées à la Costa-Brava ou aux Baléares. Les caravanes EROM recrutent sur des bases régionales. En été 66, ce sont des Limousins et des Auvergnats qui sont allés en Côte-d'Ivoire, des Parisiens et des Bretons en Algérie, les banlieusards au Mali. Un tel recrutement a ses raisons: il faut que les candidats au départ se connaiss~t qu'ils préparent ensemble leur départ et leurs activités futures, que l'on soit certain au départ qu'aucune dissonance ne fera échouer l'expédition. Les travaux que vont accomplir les caravaniers ne devront rien au folklore. Les activités sont choisies en accord avec les correspondants africains de l'EROM; elles seront réelles, en vraie grandeur, et chaque caravanier exercera sur place, outre les travaux manuels qui permettent des rencontres de plain-pied avec les travailleurs du pays-hôte, une tâche correspondant à ses compétences. Les caravanes EROM se heurtent encore à deux difficultés majeures; elles coûtent relativement cher (de 600 à 1200 francs selon la destination) et elles doivent durer, pour être efficaces, cinq semaines au moins. Ces deux obstacles font qu'elles n'intéressent en fin de compte que quelques catégories professionnelles: enseignants, professeurs, étudiants. En 1966, il y eu certes, parmi les caravaniers, quelques employés, un chauffeur de taxi, un agent technique. Mais cela reste des exceptions. L'EROM effec- D~COUVREZ LA POLOGNE 1 24 avec les Voyages Organisés par L'OFFICE DE VOYAGES LA F AYETTE 18, rue Bleue - PARIS (9°) CIRCUIT TOURISTIQUE de 8 d' ours à travers la POLOGNE VARS VIE NIEBOROW LODZ CZESTOCHOWA ilAKOPANE CRACOVIE LUBLIN VARSOVIE Aller-Retour par avion Prix par personne : 1 200 F. Par groupe de 15 : 1 050 F. Tél: PRO. 91·09 14 JOURS dont CIRCUIT DE 7 JOURS et SEJOUR DE 7 JOURS à ZAKOPANE VARSOVIE CRACOVIE WIELICKA Séjour à ZAKOPANE Aller-Retour par avion Prix : à partir de 990 F POSSIBILITE DE VISITER : AUSCHWITZ - TREBLINKA - MAIDANEK - Pour tous autres Voyages nous consulter. - Demander notre luxueuse brochure qui sera adressée ,gracieusement sur simple demande. tue, chaque fois que le cas se présente, toutes les démarches nécessaires pour élargir son recrutement; mais il y faudrait des solutions d'ensemble. A son retour, chaque caravane remet à l'EROM un rapport d'activité, qui est une sorte de journal de bord. Voici quelques extraits de rapports, qui saisissent, mieux que de longs paragraphes, le climat dans lequel se font ces voyages: HAUTE-VOLTA « Nous avons été hébergés à Kamboince, centre de formation d'instituteurs ruraux. La formule · est la suivante: des jeunes gens sont recrutés dans leurs villages. Ils doivent être titulaires du certificat d'études primaires et avoir entre 18 et 23 ans. Ils vivent alors en internat pendant environ un an, durant lequel on recherche pour eux l'équilibre entre stage pratique et formation théorique. » beaucoup de gentillesse. » « Les activités que nous avons réalisées dans le secteur social ont été organisées, d'une part selon les propositions de M. Idrissa Thiombiano, directeur des Mfaires sociales et de Mme Diallo, assistante sociale, et d'autre part selon les voeux des caravaniers. Le programme, que nous avons ét~blis ensemble, visait plus à nous faite prendre conscience des problèmes d'ordre social qui se posent à la Haute-Volta qu'à nous faire participer effectivement à une aètion sociale » / MALI « Nous avons eu l'occasion de travailler côte à côte avec les villageois de Banankoro; cette occasion, c'était le sarclage du champ de mi~ collectif du village. Quand nous arnv,?ns sur les lieux à 9 heures du matm, une cinquantaine d'hommes sont déjà à l'oeuvre avec lès dabas (houes). Le champ s'étend sur 3 hectares et le mil a dix centimètres de haut. On nous distribue les dabas et au boulot 1 Le soleil tape et les paysans ne travaillent pas au rythme syndical, aussi au bout d'une demi-heure nous sommes étendus au pied d'un baobab, les mains truffées d'ampoules. ... « C'est là que nous avons eu Je meilleur contact avec les hommes du village. Le cham~ a été égalemt:nt ~e leçon de modestIe pour nous Citadins, incapables de reconnaître un pied de mil d'une touffe d'herbe et, bien qu'en bonne condition physique, incapables de suivre plus d'un quart d'heure le rythme habituel du travail ,.. EROM, 66, rue de la Chaussée·d'Antln, Paris·lIt. LV .. ). : TOUS LES HORIZONS HUIT cents jeunes Français, lycéens, étudiants et travailleurs, vont partir cet été, en groupe, à Cuba. C'est l'une des premières fois dans l'histoire des échanges ~ternationaux que tant de jeunes estivants franchissent ensemble l'Atlantique, que l'ancien et le nouveau mondes se trouvent mis à la portée l'un de l'autre pour des vo:yageurs qui ne sont pas des profeSSIOnnels ou des hommes d'affaires. Le responsable de ce départ massif, c'est Loisirs et Vacances de la jeunesse, qui lance aussi d'autres voyages, dans des directions multiples

de la Tchécoslovaquie à la

Tunisie, ce sont 4 500 jeunes qui vont quitter la France à la découverte d'autres pays; la moyenne d'âge des voyageurs de « L.V.J. ,., comme on dit plus brièvement,est inférieure à 20 ans. ' L.V J. est une de ces très rares associations qui tentent de concurrtjncer, sur le terrain de l'organisation des vacances, les industriels du tourisme (industrie si florissante' que la plupart des banques d'affaires y investissent de substantiels capitaux). Elle fut, à l'origine, une émanation des jeunesses communistes. Depuis, elle a élargi sa formule pour trouver une audience maximum dans la jeunesse. Elle y réussit puisque elle emmène chaque été près d'un millier de jeunes à Vechniaki, dans la banlieue de Moscou, visiter l'école centrale des Komsomols (jeunesses communistes soviétiques); de ces visiteurs, 30 % seulement sont communistes; les autres 70 % sont des militants chrétiens ou socialistes. Des discussions passion- DROIT ET LiBERTE • No 264 • JUILL~·AOUT 1967 nées, des controverses acharnées permettent des échanges de vue et une connaissance mutuelle dont chacun se souviendra ensuite. En fait, L.V.J. propose toutes les gammes d'activités, des vacances ensoleillées, consacrées au repos, au ski nautique et à la pêche sous-marine, jusqu'aux séjours d'échan~es approfondis comme à Vechniakl. Dans te domaine des échanges internationaux, disent les responsables de L.V J., la seule méthode efficace est de créer les conditions de la rencontre, de la connaissance réciproque et de la fraternisation; et puis, ces conditions créées, il faut laisser les choses se faire, en se donnant comme perspectives générales les trois mots Paix, Amitié, Solidarité. Parmi les meilleures réussites de L.V J. dans ce sens ... il faut citer le Train de l'Amitié qui, chaque été, emmène plusieurs centaines de jeunes en République Démocratique Allemande: ils y sont reçus par des jeunes Allemands du même âge, visitent des villages, des usines, discutent, agitent les grands problèmes du temps. Ils s'y passionnent. D'autres stages ont un caractère plus directement pédagogique, comme les Séjours linguistiques qui emmènent chaque été ISO jeunes apprendre le russe (ou se perfectioJlIler lorsqu'ils parlent déjà la langue), et, « dans le texte ,., la littérature et la culture du pays. Cette formule d'échanges actifs plaît aux jeunes à ce point que L.V.J. a été bientôt amenée à organiser dans le courant de l'année (outre les vacances d'hiver dont l'importance ne cesse de croître) des week-ends de 2 à 3 jours dans les pays limitrophes, Belgique, Allemagne fédérale, Angleterre, Italie, et même pays scandinaves. A l'inverse, L.V.J. reçoit des jeunes étrangers en France; elle organise des accueils de quinze jours - 8 jours à 'Paris, 8 jturs en province, dans les centres qui, en Corse, dans le Languedoc, dans l'Ardèche etc. appartiennent à l'association -, montre non seulement la Tour Eiffel, les grands Boulevards et le Quartier Latin, mais aussi un bidonville, des banlieues et des régions industrielles, des réalisations locales ou municipales, bref, une image vivante et réelle de la France, bien différente, sans doute, de celle qu'en emportent les touristes étrangers pris en main par les agences commerciales. La compréhension mutuelle ne peut qu'y gagner. Les problèmes de L.V.J. sont nombreux; ils tiennent aux faibles moyens financiers d'une organisation qui, pour satisfaire la clientèle très populaire qui est la sienne, doit calculer ses prix au plus juste, et qui n'a pas de couverture financière comparable à celle des entrepreneurs en tourisme commercial. Pour l'été 1966, elle a dû refuser du monde. Elle espère, l'an prochain, un essor nouveau. Loisirs et Vacances de la Jeunesse · . 6, rue du Château-Landon, Paris-lOe. pour l'Est et pour l'Ouest vous aurez toujours un GUIDE NAGEL CHEZ VOTRE LIBRAIRE la plus forte production mondiale de guides VOYAGES BARBES 78, bd Barbès - Paris (18°) Tél.: 076 09-00. a le plaisir d'informer ses nombreux CLIENTS et AMIS de L'OUVERTURE DE SA SUCCUSALE DU MARAIS 2, rue Caron 2 - PARIS (4e ) (angle 86, rue Saint-Antoine) Tél.: 272 30·83 Les Lecteurs ft DROIT ET et Amis de LIBERTE » y trouveront toujours le même accueil et le même service pour l'organisation de tous leurs voyages. ISRAEL - CANADA NEW YORK - POLOGNE Notre expérience dans ce domaine est une référence pour vous. 25 26 Enfin en France! LA FAMEUSE BI!RE DE ZYWIEC IMPORTATION DIR'ECTE DE POLOGNE ) di.tribu,[,e par ROBERT DALAKUPEIAN Importateur exolu.if pour la Franoe de la WODKA WYBOROWA (Var8ovie 11 l U. aveaue du Petit ChAteau PAlUS ._Rey . 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UNE GENERATION CLAIRVOYANTE Les lauréats Gérard Rolln, Jean-Michel Boudeau, Marie-Annick Claudon, Marc Ways (caché) entourés de leurs directeurs et proviseurs et des responsables nancéiens du M.R.A.P. DROIT ET LIBERTE • No 264 • JUILLET·AOUT 1967 QUAND on parle de racisme, on « pense généralement au nazisme, à la ségrégation raciale a~ Etats-Unis et en Afrique du Sud. N'y a-t-il pas d'autres formes de racisme moins violentes, mais aussi graves, et ne sommes-nous pas tous un peu racistes dans notre manière de juger ou d'agir? » C'est ce sujet que devaient traiter . les candidats du concours scolaire de dissertation organisé par le comité du M.R.A.P. de Nanc)', à l'occasion de la Première Journee Internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, le 21 mars dernier. Trente-trois élèves des classes de seconde des lycées et collèges participèrent à ce concours; les « copies » de quatre d'entre eux furent sélection· nées. Leurs prix viennent de leur être remis. .. Le nécessaire massacre D Il nous a paru intéressant d'en publier ici quelques extraits, qui démontrent que « la jeune génération dont on dit tant de mal », comme l'écrit un des lauréats, est non seulement consciente du fléau, mais sait aussi l'analyser et le débusquer au plus profond d'elle-même. Gérard Rolin par exemple du lycée de Toul, distingue deux formes de racisme, « On songe trop souvent, écrit-il, au racisme collectif pour oublier le racisme individuel, qui s'il est moins brutal et plus hypocrite n'en demeure pas moins honteux. Si le racisme collectif est un moyen pour la classe dominante de provoquer dans la classe exploitée une lutte intérieure qui la déchire et l'empêche d'agir, le racisme individuel, quand il ne découle pas du rtu:isme collectif, provient .de l'égoïsme ou du complexe de supériorité de certaines person· nes JO. Le jeune Gérard fait ensuite le procès d'une certaine forme de cinéma qui exploite les vieux poncifs du ra· cisme à l'écran: le « nécessaire mas· sacre » des Indiens, obstacle à la civi· lisation, le patriotisme exacerbé, le chauvinisme etc. Il démontre aussi la nocivité de l'interprétation tendan· cieuse des informations telle qu'elle est pratiquée dans certains journaux. Avant de conclure sur une note d'es· poir, il met en garde contre « le racisme jaune, plus connu sous le nom de péril jaune... que tout homme sensé doit repousser ». Cette crainte que se manifeste une nouvelle forme de racisme à l'égard des peuples asiatiques, est partagée par deux autres lauréats. Ainsi Marie· Annick Claudon, du lycée de jeunes filles de Toul, l'explique par le mépris et surtout la peur, peur irraisonnée d' « un envahissement » des peuples de couleur. « Notre peur, écrit-elle, est guidée par un besoin de sauvegarder notre économie et notre société ... Nous avons peur qu'un jour les rôles soient renversés et nous imaginons difficilement la vie sans le bien-être et le superflu qui l'entoure. Cette idée nous est insupportable, aussi inven· tons·nous des prétextes plus ou moins justifiés pour cacher la cause prof. onde de notre lutte contre tout ce qui ne nous ressemble pas. » Marie· Annick distingue deux catégories: « Ceux qui se disent racistes... ceux· là ont gardé intactes les idées de suzerain par rapport à vassaux et de colons par rapport à boys... ils ne peuvent imaginer la domination et la supériorité d'une race autre que la leur... »; et les " non·racistes " qui achoppent sur la que.:;tion difficile des mariages mixtes. Marie-Annick • est tout à fait consciente des diffi· cultés ?U dit-elle, " il 'me semble que .~ 27 -+ d rucun d'entre nous garde au fond de lui un germe de racisme qui ne demande qu'à se dresser lorsque nous nous sentons menacés dans notre société, notre vie, nos privilèges ». C'est la peur qui nous conduit Marc Ways, du lycée Poincaré de Nancy écrit d'entrée: « Personnellement, je suis directement touché par cette question: je suis juif et une grande partie de ma famille fut exterminée à Auschwitz ». Il illustre « le racisme qui ,sommeille dans chaque être qui se dit humain par trois exempies: la discrimination à l'hôtel, le recul de l'individu face à un groupe étranger, algérien en particulier, et les mariages mixtes ». « N'est-ce pas une forme de racisme, ajoute Marc Ways, de dire que l'italien parle avec les mains, que l'anglais est très flegmatique, que le méditerranéen aime le « Ricard » ? Nous laisserons à Jean-Michel Boudeau du lycée technique d'Etat de Nancy le soin de conclure: « Cet orgueil de l'homme, cet égoïsme ne feront qu'élargir le fossé qui existe entre lui et l'Autre. Chacun de nous est un peu raciste ... Il rejette parfois son prochain d'autant plus quand celui-ci n'a pas tout à fait les mêmes idées, la même langue ou la même couleur. Nous ne pensons généralement pas et nous ne jugeons pas la portée de nos paroles et de nos actes. Ce qui se passe à l'échelle de la nation se passe ,à la nôtre: c'est souvent la peur qui nous conduit à haïr l'autre, l'étranger mais ce n'est pas la peur de l'homme, c'est la peur de se sentir peu à peu dominé par cet homme. En nous la peur de l'inconnu consti; tue un « réflexe » qui peut nous conduire à des écarts de pensée. » c: "CI '"" .!! W (( FREEDOM N'OW! )) Le 19 mai dernier, le jazzman Max Roach et la chanteuse Abbey Lincoln, sa femme, se produisaient à la Maison de l'O.R.T.F. Le succès de ce concert fut grand. Ce fut aussi un moment unique : celui où l'artiste et l'homme font qu'un, l'admiration enfin totale. UN IMPOSTEUR te Histoire de l'antisémitisme » de Hellmut ANDICS (traduit de l'allemand, éditions Albin Michel) VOILA un ouvrage qui fera plaisir à Xavier Vallat, ainsi qu'à tous les antisémites militants qui griffonnent, en cachette, des croix gammées dans les couloirs des métros ou à l'intérieur des vespasiennes. Dison~·le tout net : ce livre est une imposture, . bourré de contre-vérités historiques, d'anachronismes effa· rants, d'affirmations aussi odieuses que mensongères. Dans son te avertissement » l'auteur (qui, nous dit-on, est rédacteur en chef de grands ). ournaux autrichiens et est te né en 192 d'un père autrichien et. d'une mère israélite... » ce qui est ~e curieuse présentation) nous pré· cIse que pour écrire son livre il a te employé nécessairement la méthode 28 dialectique ... » car « si l'on veut établir les rapports qui existent entre le judaïsme et le contre-judaïsme, le matérialisme dialectique est incontestablement la méthode qui fournit les conclusions les plus fructueuses. » Que n'a-t-il réellement utilisé cette méthode de travail ! Car c'est une imposture que de se prévaloir d'une méthode scientifique alors qu'au contraire la méthode utilisée se trouve à l'antipode du matérialisme . dialectique. Il suffit d'énoncer les titres même des onze chapitres du livre pour qu'éclate la supercherie : « la marque, l'élection, la répudiation, le bannissement, l'impuissance, la libération, la phobie, la division, l'assassinat, la malédiction, la vengeance ». En réalité, la méthode employée par Hellmut Andics est celle qui a si bien profité. à Peyreffitte et ses pareils : un réCIt troussé comme un reportage, sans aucune chronologie pour mieux montrer la hauteur de vue de l'auteur, une foule de noms pour montrer l'énorme bagage de l'écrivain encore plus d'anecdotes incontr61abies présentées comme des év6nements historiques, une bibliographie abondante mais pratiquement introuvable, le tout saupoudré de temps à autre par des références bibliques. Enfin un titre qui inspire confiance. Le titre original de l'ouvrage est « Der Ewige Jude » ce qui signifie « Le juif éternel ». Le titre original est révélateur du contenu de l'ouvrage . . En ce qui concerne le fond, l'auteur reprend à son compte, en les posant comme des vérités d'évidence, toutes les stupidités avancées par les plus grossiers antisémites. « Le judaïsme est bien une communauté supranationale, et l'affaire Eichm~ nn a permis de constater que les Jurfs constltuent un groupement dis· tinct avec sa loi propre et sa morale particulière. » (page 27) Ce qui permet à l'auteur de parler Max Roach : LA MUSIQUE DOIT ETRE UN ACTE MILITANT Pour jazz-fans, Max Roach se situe au sommet de la hiérarchie des • drummers • (batteurs). Venu très jeune au jazz, Il participe dans les années 40 à la plus grande révolution qu'ait connue cette musique. Il a à peine 20 ans. Dans le même temps où Charlie .Parker, rompt avec le jazz traditionnel pour créer un courant nouveau: le be-bop, trois jeunes Noirs, Kenny Clarke, Art Blakey et Max Roach donnent à la batterie de jazz ses lettres de noblesse. Pour ces • jeunes gens en colère • la percussion est primordiale dans une musique qui doit rester fidèle à ses lointaines origines négro-africaines. - Mals Max Roach n'est pas un adepte de l'art pour l'art. Ses préoccupations demeurent celles d'un citoyen responsable. Pour lui, l'artiste noir c'est aussi et surtout le Nègre américain, sa misère et ses chaînes, sa. rage et ses luttes. Le jazzman noir se saisira pour combattre de l'arme qu'il manie le mieux, sa musique. Apartheid, ségrégation, génocide lui inspireront la poignante • Freedom now suite • un des chefs-d'oeuvre de la musique afro-américaine, dédiée ~ux morts de Johannesburg et de Sharpeville. Max Roach nous dit : • Je ne crois pas nécessaire de parler de notre lutte aux Etats-Unis, vous la connaissez aussi bien que mol. Il y a des points qu'on pense mineurs et qui méritent d'être précisés. Pour nous, les U.S.A. forment un ensemble de civlll· satlons et de groupes ethniques dont chaque apport a contribué à créer l'unité et la personnalité. La seule exceptIon nous concerne, nous les Noirs, ceux qu'II est plus exact d'appeler des Afrlcalns-Américalns, les Afro-américains. Je ne vols pas pour quelle raison l'apport africain est Ignoré si ce n'est pas pour nous refuser notre dignité. Ainsi beaucoup de ceux qui ne connaissent Max Roach que de nom, lort 'ils me rencontrent enfin ne peuvent pas s'empêcher de · e dire: • mon vieux, le vous croyais blanc -. Non seu ement le m'appelle Roach, mals le suis prénommé Max. Allez donc reconnaître ma tête là-dessous. • La musique doit traduire en actes nos engagements dans la vie. • Freedom now suite • signifie que Je suis contre tout ce quI est Inhumain. Je combets l'iniustice et l'oppression qu'elles résultent de la ségrégation, de la guerre du Vietnam, du drame algérien ou du colonialisme. Il n'y a pas d'exception. Je suis donc pour la paix au Vietnam. La guerre du Vietnam est même pour moi une autre guerre Impérialiste. (II n'y a qu'à voir ceux à qui elle profite). Et d'une certaine manière le combat des Vietnamiens rejoint notre lutte à nous, les Noirs, les Afro-américains. - Abbey Lincoln : LA COLÈRE, LA DOULEUR ET L'ESPOIR Ce qui frappe chez Abbey Lincoln c'est sa beauté et son élégance bien sûr, mais aussi sa simplicité. Que de chemin parcouru par Anna Maria Wooldridge. la jeune Noire qui fait des débuts obscurs à Chicago en 1951 et chante ensuite sous divers pseudonymes dans les • boîtes • d'Hawaï avant d'éclater, de s'imposer définitive· ment sous le nom d'Abbey Lincoln 1 Emule en jazz de Sarah Vaughan et de Nina Simone, Abbey s'auréole de la glOire particulière des stars. C'est à l'heure actuelle l'une des plus grandes actrices noires des U.S.A. que son dernier film • Nothlng but a man • (Un homme comme les autres) a définitivement consacrée. Un long cri vibrant de colère, de douleur et d'espoir dans les éclats acérés d'une batterie rageuse! • La musique que je fais et que j'aime faire a ses racines en Afrique. Nous autres Afro-américains nous devons d'aller pulser à la source naturelle qu'est la musique africaine. Notre seul héritage est là ,., dit-elle. • Je me rattache à la nouvelle génération des chanteurs de lazz et Nina Simone que J'aime beaucoup est plus qu'une amie pour moi. Nous sentons et exprimons les mêmes choses. C'est ainsi qu'ensemble nous avons composé .. Blues for mama D, Nina la musique et mol les paroles. .. J'écris également les paroles des compositions de Max que nous Interprétons ensuite tous les deux. « Abbey Lincoln, c'est un nom plus qu'un pseudonyme. Je l'al choisi Intentionnellement (Je ne suis pas la petite fille de Lincoln comme aime à le dire Max en plaisantant) mais je tenais à marquer le coup! D Propos recueillis par Pierre HOUNGUE·COULA et Gilles DREYFUS du te judaïsme international » et du te judaïsme mondial» (p. 15-16). zy et du commandant Henry qui auraient agi en service commandé! (p. 180). MORT Qu'il le veuille ou non D'UN AMI « Ainsi, le « Juif » que désigne la langue courante, existe. Qu'il soit Israélien ou autre, qu'il prenne au sérieux ou non sa confession mosaï· que, qu'il lui soit fidèle ou l'ait depuis longtemps récusée, son origine et la nature de son milieu commandent son destin, qu'il le veuille ou non » (page 27). Nous pourrions citer 300 pages (le livre en a 315)! Citons tout de même ces phrases (p. 219)' qu'on croirait extraites du Pilori: « Le Juif de l'Est, rompu depuis des milliers d'années (sic) au marchandage et aux affaires de crédit, était un liquidateur idéal. Pendant que l'élément bourgeois de· meurait comme assommé sous le coup qui avait abattu la monarchie et que la passion révolutionnaire entraînait les politiques à créer un nouvel Etat, le Juif nouvellement arrivé se lança dans les affaires. » ... C'est ainsi que l'auteur décrit la situation de l'Alle· magne après sa défaite de 1918. RENE-LOUIS LAFFORGUE est mort, tué dans un accident de voiture. C'est plus qu'un ami qui disparaît, c'est un militant. Pour Andics, ce destin conduit tout naturellement les juifs à trahir, exem· pIe: l'affaire Rosenberg, qu'il présente comme '« la plus grande affaire de trahison du 20' siècle » (p. 21), tout en insultant ce couple héroïque: te Les époux Rosenberg mentirent jusqu'au dernier moment ... » (p. 22). S'il est obligé de reconnaître l'in· nocence du capitaine Dreyfus, il sou· tient également l'innocence d'Esterha· DROIT ET LIBERTE - No 264 • JUILLET·AOUT 1967 Il est un fait que, depuis quelque temps, le Juif « se vend bien » en librairie, et qu'il a suscité quelques best-sellers fort rémunérateurs. Mais il y a des limites au scandale. Armand DIMET. René-Louis Lafforgue ne connut la gloire, de façon assez brève, d'ailleurs, que pour une seule chanson, Julie la Rousse. Mais, s'il ne fut jamais ce qu'on appelle à présent une « idole », il se gagna un public d'amis fervents, au premier rang desquels, Georges Brassens. Il pratiquait son métier de chan· teur en artisan, avec le souci de faire toujours mieux; il avait ouvert un cabaret, L'Ecole buissonnière, dans le quartier Mouffetard à Paris, où il tentait de découvrir et de donner l.e.u.r. 29 Nikon 'x6cutlon de luxe en noir Prix normal 1970 F Prix fnae 1477 F Iklrex avec T .... r et priam. 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C'est un de nos clients qui nous l'a dit: «Je suis venu d'abord pour la remise, maintenant je viens pour l'ambiance ... L'ambiance? Quelle ambiance? Venez voir. fhac 6, bd de Sébaatopol - Métro ChAtelet du mardi au samedi de 10 h à 19 h (mercredi Jusqu'à 21 h) La fnac ne vend pas par correspondance. René·Louis Lafforgue chance à des jeunes talents qui, se cherchant à contre-courant de la mode, ne bénéficiaient pas de ce « lancement » qui fait aujourd'hui le succès d'un chanteur aussi bien que d'une marque de savon. René-Louis Lafforgue fut résistant; il milita ensuite en faveur des époux Rosenberg ; il ne séparait pas son art de sa vie. Il participa à plusieurs galas et manifestations du M.R.A.P. Il avait récemment dédié à ce Mouvement qu'il aimait, deux belles chansons: Les enfants d'Auschwitz et Made in U.S.A. qui lui valurent parfois les insultes des racistes, mais surtout la chaleureuse sympathie des gens de coeur. HISTOIRE D'UN BLANC INDIEN TTDMBRE, c'est le nom du héros .fi. ~u dernier film de l'Américain Martin Ritt, c'est aussi le titre du film: hombre, en espagnol, cela signifie homme. C'est là tout le sujet du film, l'homme, ce mot « qui sonne fier " disait Gorki... Martin Ritt vient de nous offrir à la fois un grand western et un grand film humaniste et antiraciste. Hombre, merveilleusement incarné par Paul Newman, est un Blanc mais il ~ été é!evé par les Indiens Apaches et Il a pns faIt et cause pour eux : il chasse avec ~ux, yit avec eux, pense comme eux, s habIlle comme eux cheveux longs et foulard autour de la tête. Il ?ense comme eux et méprise profondement les Blancs, non parce qu'ils s;nt. Blancs, .~ais parce qu'ils ont redult à la mlsere ses frères indiens en les parquant dans des réserves où ils meurent de faim. . Bref, Hombre prend une diligence pour faire un long trajet dans les montagnes déser tiques du NouveauMexique. Qui dit diligence dit attaque Paul Newman, le • hombre •. de bandits: ceux-ci veulent rafler l'argent d'un couple de voyageurs, des gens qui se sont enrichis ... aux dépens des Indiens qu'ils étaient chargés de nourrir dans leur réserve. Le ciel et le désert Je vous passe le détail des péripéties: elles sont oelles d'un western bien fait, avec les fusillades, les embuscades, les galopades. Mais il faut dire que rarement, dans un film de ce genre, le ciel a été aussi vaste, le désert aussi aride. Le décor, bien posé, est immense, et offre aux passions humain(~s toute latitude pour se donner libre cours. Passons mdntenant atr ressort elY sentiel de l'aetion, l'antiracisme. Martin Ritt a le gran4 mérite de nous montrer la p~ 'ramide des ségregations successives d.es racismes qui régissent, comme règle d'or, les rapports sociaux dans cette Amérique en formation: au bas de l'échelle, on trouve les Indiens, qui sont les survivants des grands massacres et qui sont DROIT ET LIBERTE · No 264 • JUILLET·AOUT 1967 considérés par la population blanche comme des soulYhommes. Puis viennent les Mexicains, méprisés par les Blancs avec, officiellement, les mêmes droits qu'eux. Puis les Blancs, les maîtres véritables. Toute cette situation complexe est exposée dans une merveilleuse séquence très courte qui se déroule dans un petit cabaret tenu, en plein désert par un Mexicain: réunis dans la même pièce, des Indiens, des cow-boys blancs, des Mexicains. Les Blancs veulent corriger les Indiens qui se sont permis de boire de l'alcool au même comptoir qu'eux. Ils seront corrigés à leur tour par Hombre, le « blanc-indien ", et toutes ces bagarres se dérouleront sous le rega.rd en apparence indifférent des Mexicains qui ne se mêleront pas, prudemment, à l'affaire, mais seront ravis de la défaite des cow-boys brutaux et racistes. Présence de la pe~r Ritt pousse du reste très loin le souci de la démystification: enfin un western où les fusils tirent maI et ·ratent leurs cibles, enfin un western où le courage physique n'est pas exalté comme une vertu cardinale ... Une autre seène est fort significative à cet égard: dans un relais de poste où attendent les quelques voyageurs d'une diligence, une . énorme brute entre et prétend se faire délivrer un billet alors qu'il n'y a plus de place. L'intrus se dirige alors vers un soldat et lui propose le marché: le billet ou le combat à mort, pistolet à la main. L'issue de l'affaire ne fait aucun doute. Et le soldat cède devant la provocation brutale, car il est normal qu'il cède. La peur a comme une présence physique qui emplit l'écran: avez-vous souvent rencontré la peur, sous cet aspect élémentaire et pourtant essentiel, dans beaucoup de westerns? Voici enfin le personnage de " Hombre ": il est passionnant, ce personnage de Blanc qui a franchi la barrière des races, pour lequel la couleur de la peau ne compte pas, ni la force physique, ni la menace de revolver. Pour lui, il y a d'un côté les salauds (salauds, jls le sont la plupart du temps comme racistes, et à cause de l'appât du fric) et les autres. Un sens à 1. mort « Hombre ,. refuse, tout au long du film, les provocations et· les bagarres, sauf quand elles concernent la question essentielle pour lui, sa dignité d'homme. Ce n'est donc pas lâcheté de sa part. Simplement, il ne place pas son orgueil viril au niveau de ce qui compte dans la vie. Pourtant, il mourra, à la fin de cette aventure de sueur et de peine, mais il mourra vainqueur, il aura donné un sens à sa AUX EDITIONS JUlliARD deux ouvrages de Madeleine Riffaud ÉCRIT SOUS LES BOMBES (Reportage au Nord·Vletnam) DANS LES MAQUIS "VIETCONG" (Reportage au S~d·Vletnam) mort: l'argent volé à ses frèfes Jn: diens leur reviendra. La tâche d'Hom- . bre est donc terminée ... Martin Ritt à tourné sans douté là son meilleur film, mais il a été aidé en cela par quelques excellents cornediens: d'abord, Paul Newntan, déjà cité, impressionnant de pré~ce et de force, et aussi Fredric Marcb, dans le rôle du trafiquant enrichi sur , le dos des Indiens, Richard Boone dans celui du gigantesque bandit et Jessie Benbow en femme de l'Ouest, courageuse et tendre à la fois... . Raymond VIDAL. 31 vingt mois à Auschwitz par Pélagia Lewinska Editions Nagel.- En août 1945 paraissait, d'une inconnue nommée Pélagia Lewinska, un témoignage bouleversant, le premier en date qui parut sur les camps de la mort nazis. Le monde venait de découvrir, après une victoire durement payée, l'ampleur d'un crime qu~ les antifascistes les plus convamcus n'avaient pas osé imaginer. En France le procès Pétain venait de se lermin~r ; les complicités actives avaient été prouvées des maîtres de la Révolution nationale dans le génocide industriel. Dans l'atmosphère de l'époque, le livre V~ moi~ à Auschwitz trouva une audience Immense : il fut presque aussitôt épuisé. Aucune réédition n'en fut faite par la suite. Cette lacune vient d'être comblée : les éditions Nagel ont réédité, le mois dernier, l'ouvrage de Pélagia Lewinska. Plus de' vingt ans après, le livre appa· raît le même qu'il apparut à l'époque; un ouvrage important - on serait tenté d'écrie : un ouvrage de base - sur l'histoire du nazisme et de la seconde guerre mondiale. Ce terrible document humain est d'ailleurs d'une remarquable qualité humaine et litté· raire. Un sang mêlé par Granby Blackwood Coll. Lettres Nouvelles Denoël. Un métis supporte si mal son métissage qu'il en devi~nt amnésique. Il part donc à la découverte de lui-même. Cette quête est gênée par la présence haineuse d'un frère au teint pâle, qu'il qu'il empêche par sa seule présence de se faire passer pour blanc. HistOire de la captivité par Pierre Gascar Editions Gallimard. De 1939 à 1945, un million et demi de Français furent prisonniers en Allemagne. C'est là un phénomène historique d'une indéniable importance. Pierre Gascar, prix €Joncourt, a abordé avec une minutie scientifique ce phénomène que l'ampleur du génocide hitlérien a comparativement laissé dans l'ombre. Rapports, chiffres et statistiques à l'appui, il dresse un bilan rigoureux et qui, en même temps, se lit avec passion. 32 La chasse au lion à l'arc de Jean Rouch. Pape du « cinéma-vérité " qui connut hélas tant d'utilisations abusives, Jean Rouch, ethnologue et cinéaste, nous offre ce film qu'il a mis sept ans à tourner en Afrique noire, « La chasse au lion à l'arc ». Film-document et non « documentaire " au sens traditionnel du terme, ce film l'est essentiellement dans la mesure où les images que Rouch a filmées, on ne pourra bientôt plus les tourner parce que ce genre de chasse aura définitivement disparu d'Afrique. Film-document à un autre titre : Rouch a suivi patiemment, plusieurs années de suite, ces chasseurs nomades. Entre le cinéaste et eux, une complicité chaude de toutes sortes de liens humains s'est établie. Cruelles, pour nos yeux d'Occidentaux, certaines images le sont dans leur réalisme direct. Mais Jean Rouch refuse la sensiblerie : sa tendresse énorme, immense, lucide, il la réserve pour les hommes, ces acteurs qui ne jouent pas, mais qui vivent, sous nos yeux. Cassius le Grand de William Klein. Champion du monde de boxe, Cassius Clay est non seulement un grand boxeur, mais aussi un Noir américain. Il est à ce titre engagé dans le combat politique, puisqu'il soutient le mouvement des « musulmans noirs JO. On sait aussi que, tout récemment, il vient d'être condamné par un jury (blanc) à 5 ans de prison pour son refus d'aller faire la guerre au Vietnam. Le film de William Klein est intéressant à tous ces titres divers : peut-être pourrait-on regretter que l'accent ne soit pas mis plus énergiquement sur la « maffia " que constituent, aux U.S.A., les milieux de la boxe professionnelle. Il n'en reste pas moins qu'on se trouve en présence d'un document passionnant sur l'homme Cassius Clay, celui qui nie la ségrégation, celui qui refuse de dire merci aux Blancs. Sur le plan de la réalisation, le seul reproche est sans doute la technique maniériste de la caméra de Klein (technique moins justifiée .ici que dans son « Polly Magoo "). En sens i n ver s e, l'utilisation d'images au « grain " très fort convient parfaitement car elle accroît l'impression d'" actualités» voulue par Klein. R. P. C la télévision Difficulté ou dialogue Le spectre d'une guerre mondiale apparalt. Aussitôt, la fièvre s'empare de l'opinion publique; les divisions entre les hommes et les nations rendent à leur tour la menace plus précise et les passions eX!lcerbées l'emportent alors sur la raison. Les grands drames de ce siècle ont toujours été précédés par ce processus fatal. Mais aujourd'hui, le dé".eloppeI?~nt extraordinaire de la radlo-télévlslon peut avoir une influence décisive sur cette opinion et sur les événements - en bien comme en mal. Les ondes peuvf'nt souffler le chaud ou le froid. e Donnez-moi la télévision pendant un mois et Je rends la France antisémite" dit un jour un réalisateur (qui d'ailleurs ne l'était pas, lui, antisémite) pour souligner l'immense pouvoir des ondes. « Panorama" nous a présenté des images atroces sur le Sinaï : soldats mourant de soif dans un désert semé de morts et de ferrailles brûlées. La séquence - côté arabe - fut cependant sacrifiée quelque peu. Ce n'est qu'avec «Zoom,. que l'on put apprécier un réel effort d'offrir une information «équilibrée ". Réalisée à Paris, la confrontation entre le rabbin EiBenberg et M. LoftaUah Sollman, journaliste égyptien fut poignante. La séquence sur le Vietnam également. Et ce rapprochement des deux conflits était très intéressant. La confrontation des témoignages rapportés par Jean Bartollno et Madeleine Riffaud, respectivement correspondants de «La Croix» et «L'Humanité" avait une intensité dramatique exceptiopnelle : face à la chaleur humaine des combattants vietcongs, l'armée américaine n'était jamais si bien apparue comme une machine à semer la mort, immense, froide et aveugle. Les e Dossiers de l'écran. ont abordé le drame et ses racines historiques, à travers le film de Preminger e Exodus •. Les auteurs de l'émission ont eu l'heureuse idée de donner en contrepoint de ce récit d'inspiration sioniste, une vue sur le sort misérable des réfugiés arabes. La confrontation des points de vue israéliens et arabes fut souvent tragique. Elle aura montré encore une fois les difficultés d'un dialogue entre les protagonistes du conflit. Elle aura confirmé qu'au Moyen-Orient les problèmes réels ne se posent pas sur le plan du racisme - (de part et d'autre les invités ont rejeté toute idée de racisme) - et qu'un réglement résultant d'une situation acquise par la for· ce ne pouvait être que précaire. Jean CONTE i le tbèêtre A la découverte Voici belle lurette que Paris a perdu sa suprématie théâtrale. V comme Vietman, d'Armand Gatti, a été monté à Toulouse, Monsieur Fugue, de Liliane Atlan à Saint-Etienne. Et c'est la province qui a fait entrer Bertolt Brecht en France voici quelques années, à une époque où Paris faisait ses régals exclusifs d'un théâ· tre de boulevard de plus' en plus vulgaire. Les vacances sont là. Par dizaines, par centaines même, des villes de province vont présenter des spectacles et festivals de toutes sortes. Pensez- y lorsque vous partirez : ces manifestations sont parfois des réussites étonnantes; c'est du théâtre vivant, qui plonge souvent dans la pleine réalité, dont les trouvailles de mise en scène pourraient servir d'exemple à bien des réalisateurs parisiens sclérosés par la routine et le souci de «faire de l'argent ». V comme Vietnam C'est à Toulouse, donc, que fut montée la pièce de Gatti, V comme Vietnam, écrite sur la demande du collectif intersyndical de la ville. Elle vint ensuite à Paris, avant de « tourner » en province. La guerre est vue du côté du Pentagone. Un cerveau électronique, la chataigne, dirige les opérations, non sans résistance de la part des généraux traditionnels qui ne croient qu'aux vieilles méthodes. Et puis, peu à peu, les paysans vietnamiens apparaissent, envahissent la scène, sortent de la machine même; une machine à eux; c'est la planche à clous qui interdit la marche dans la jungle aux envahisseurs. - Il faut bien dire que l'angle d'attaque choisi par l'auteur n'est pas très convaincant; les conflits qui peuvent opposer Mac Namara l'intellectuel à Westmoreland la ganache, les hésitations de Johnson et les mésaventures de l'ambassadeur Cabot Lodge, formant l'essentiel du drame, sont filandreux; et puis le problème, à vrai dire, n'est pas là. Armand Gatti est un fidèle adepte, on pourrait même dire un adepte extrémiste de la théorie de Brecht s!Jr la «distanciation»: il faut empêcher le spectateur de s'enliser dans l'émotion passive ; il faut agacer son sens critique, lui faire comprendre le problème, et donc chercher les solutions. Mais encore faut-il, pour qu'une telle méthode soit efficace, poser clairement les données du problème. Georges CHATAIN DROIT ET LIBERTE - N° 264 - JUILLET-AOUT 1967 la poésie Ne pas se taire Dans les numéros spéciaux d'Alliance Cahiers bilingues de la Nouvelle Europe, de février et mars : Manifeste contre la guerre au Vietnam et Renaissance d'un radicalisme allemand, deux poètes témoignent. Maurice Moureau . lance un « Appel à une Jeune génération» Car les guerres : allemande en Pologne, américaine au Vietnam, française en Algérie, Sont pour chaque race et pour chaque homme primaire l'occasion de pétrir L'instinct barbare installé en soi et l'appétit des gloires Illusoires venant en série Mals obligeant le rescapé, solitaire, à toujours se taire et à, lentement, mourir. et il les invite à la lutte contre la guerre au Vietnam pour ... Une raison humaine, mondiale et européenne, un combat contre la guerre et le liang. Ecrivain hollandais de langue française, Félix Léon, après avoir rappelé que : Hitler est venu... telle la peste, dénonce le néo-nazisme : ... Des «Miasmes fétides, restes d'un passé Epongé, Profitant d'un désarroi fugace, Tentent de ramener l'Enfer. Félix Léon, dans son «La Hollande sous les Phares,. avait rendu hommage, en même temps qu'à Hammarskjoeld

La Paix prenalt souvent les traits de ton visage. à Jean Moulin : Ame des âmes souterraines Guettant d'horribles meurtriers. (1) (2) Jean CUSSAT-BLANC Alliance, Cahiers de la Nouvelle Europe, 2000 Hamburg 43 Schwansenstrasse 1. Chez l'auteur: 1 Constantijn Huygensstradt, 3 Amsterdam. les disques paul Robeson Il y a quarante ans, en 1927, Paul Robeson donnait son premier concert au Greenwich Village Theatre. Et, si le lendemain, la critique musicale des plus grands journaux dont le New York Times, notait que les spirituals que Robeson interprétait étaient connus de tous, il avait le don d'en faire jaillir la puissance intérieure : « ... Chantés par un homme, ils expriment les souffrances et les espoirs d'un peuple ... » ' 'Q")

.ë "'i Depuis, même durant les sombres années du mac-carthysme qui devaienl l'obliger à interrompre ses récitals (on lui refusait alors son passeport, donc les voyages), tous les ans , Paul Robeson se rendit à la frontière canadienne et, devant des milliers d'Américains et de Canadiens venus l'entendre, il entonnait ses airs favoris, avec leur apport inévitable de chants populaires de tous les pays : France, Chine, Espagne ou URSS. C'est à l'un de ces concerts que nous convient aujourd'hui les trente-trois tours d'un grand microsillon. Ce disque est un véritable document. Le programme de ce récital est des plus éclectique: OId man River (que Jérôme Kern composa spécialement pour lui) Le Canadien errant, No more, La petite fille morte, Joe Hill, Didn't My Lord Deliver Daniel, les Quatre F!!uv.::!'. My Curly Headed Baby, Les Bateliers de la Volga, John Brown's Body, La Varsovlenne, l'Amour de moy (ce merveilleux vieux chant français). No, John, No, Les quatre généraux, Liberté (de Smetana), Hymne aux Nations (sur le thème de l'hymne à la joie de Beethoven), Teh lai, Kevin Barry et There's a Man golng round, taking names_ Dix neuf chants qui font le tour du monde, une voix qui vous prend à l'âme. Bernard SANNIER-SALABERT Pour la paix au Moyen-Orient INTENSE ACTIVITÉ DES COMITÉS LOCAUX la vi•e du mrap L A crise du Moyen-Orient, avec ses' rebondissements dramatiques, a mobilisé le M.R.A.P. tout entier. Tandis que le Bureau National se réunissait quatre fois en dix jours, et que le secrétariat siégeait pratiquement en permanence, les comités locaux et l'ensemble des militants ont fait preuve d'une intense activité. L'article paru dans Droit et Liberté de juin : " Sauvez la paix au MoyenOrient ", édité en tracts avant même la sortie de notre revue, était diffusé en quelques jours à 30.000 exemplaires. Pour le meeting du 12 juin à la Mutualité, les comités de la région parisienne ont participé au collage des 2.000 affiches et distribué les 60.000 tracts édités. Ils ont assuré le bon déroulement de la manifestation, où des centaines d'exemplaires de Droit et Liberté ont été vendus, une collecte effectuée (qui a rapporté 2.300,00 F) et plusieurs diz~ ines d'adhésions recueillies. Plusieurs initiatives particulières méritent d'être signalées. A AGEN, le comité du M.RAP. animé par Jean Cussat-Blanc, a organisé à la salle Chandordy, une table ronde, à la- Le 8 juin a eu lieu une réunion des militants du M.R.A.P. de la région parisienne; Me Armand Dimet secrétaire national a fait un exposé sur l'action du Mouvement face à la crise du ' Moyen!Qrient ; le débat qui a ;suivi (photo. 4u h~ut) était présidé par notre secrétaire général Charles Palant. Le dimanche 25 Jum, s est déroulée une session du Conseil National portant sur le même problème (photo d!! bas) .. Le rapport présenté par Alain Gaussel, secrétaire nati0J?al et une lettre ?1;l préSident Pierre Paraf, absent de Paris , ont ouvert les travaux QUI se sont poursuIvIs par un large échange de vues, auquel ont participé : Jean Schapira, Marc-André Bloch, Georges Sarotte, Michel Kerhervé (Lille), Jacqueline Marchand, Albert Lévy, Moktar Alla?, Charles Sally N'Dongo Jean-Louis Andrieu (Dijon) , Paul Guyard, le Dr Rennert, Demse Decourdemanche. C'~st Charles Palant qui a tiré, les conclusions des débats, approuvées par le Conseil National unanime. 34 quelle ont participé surtout des jeunes. • Les orateurs, écrit un journal local, n'ont jamais eu la prétention de redessiner les frontières du Moyen-Orient. Ils ont simplement posé le problème palestinien à la lumière d'une histoire millénaire et des derniers événements, défini les droits des diverses parties, souligné les prolongements internationaux du conflit et recherché quelles 'pourraient être les bases d'une paix acceptable pour tous. ,. " L'impartialité et le sérieux, conclut l'article, ont dominé les débats qui n'étaient cependant pas exempts de passion ... » A NANCY, le comité du M.R.A.P., sollicité par les organisateurs d'une manifestation pour le droit d'Israël à l'existence, a demandé et obtenu que des mots d'ordre en faveur d'une solution pacifique figurent également dans le défilé. Tout au long du cortège, les militants du M.R.A.P. qui distribuaient notre pétition ont été accueillis avec sympathie. 1.500 signatures ont ainsi été collectées. En outre, notre comité nancéien a participé à un débat organisé par différentes associations d'étudiants, A LURE (Haute-Saône) une amie de notre Mouvement, Mlle Christiane Lasserre, a pris l'initiative d'une réunion d'information, à laquelle ont participé des membres de la communauté juive de Belfort, un pasteur et différentes autres personnalités. A l'issue de la soirée, il a été décidé de créer un comité du M.R.A.P. A PARIS, le comité du 20" arrondissement a organisé une assemblée générale des adhérents; après un fructueux échange de vues, les prises de position du M.R.A.P. ont été unanimement approuvées. Enfin, le M.R.A.P. était représenté par plusieurs de ses dirigeants aux divers débats qui ont eu lieu à Paris et dans la ' région parisienne. Le 20 juin, à l'Ecole Normale supérieure de Fontenay-aux-Roses, Albert Lévy, secrétaire national, a fait un exposé sur les problèmes du Moyen-Orient, Le 21 juin, notre secrétaire général, Charles Palant, a pris la parole à une soirée organisée par • les Cadets -, association groupant des jeunes sous le patronage du Grand Orient de France et de la Grande Loge de France. Roger Maria, membre du Bureau National, a animé un débat au lycée de Montgeron (Essonne) qui a eu lieu le 20 juin à l'initiative des Jeunesses communistes. M Armand Oimet, secrétaire national, à la suite de différents contacts pris par des commerçants avec le M.R.A.P., 8 exposé les positions de notre Mouvement à une réunion rue de Turenne. Plusieurs comités locaux, dans la région paris!enne et en province, nous annoncent qU'ils prép&rent encore des tables rondes et des débats. '1'1" 2:11 ASSEMilu:E NATIONALt ~k __ .... .......-... ....-~-,. ~..~- ~.:n_"": ~J..~i\!Charles NOS PROPOSITIONS DÉPOSÉES A L'ASSEMBLÉE NATIONALE LES propositions de ' lois soumises par le M.RAP. aux députés, ont été à nouveau déposées à l'Assemblée nationale. Le 25 mal, MM. Achille Fould, Roch Pldlot et les membres du groupe Progrès et Démocratie moderne dépesaient celui de nos textes qui concerne • l'interdiction et la dissolution des associations ou groupements de fait provoquant à la haine raciste -. Ce texte est enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale sous le n" 252. Ouelques jours plus tard, le 30 mai, cette même proposition était déposée j:;~ 165 membres du Groupe communl. te et apparenté. (sous le n° 258) en tnême temps que les deux al,ltres, qui tendent, l'une à • réprimer pénalement la ségrégation et les dise rlminations raciales - (n° 256), l'autre à • réprimer la provocation à la haine raciste et à rendre plus efficace la législation sur la répression des menées r a c i ste s et antisémites - (n° 257). Cette dernière proposition de 101 était enregistrée à nouveau le 2 juin, sous le n° 298, à la demande de MM. Defferre, Boulay, Marceau laurent et les membres du groupe de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste. . A la suite des lettres adressées par le M.R.A.P. à l'ensemble des groupes parlementaires et des contacts pris récemment, il se pourrait qo'une ou plUSieurs autres initiatives dans le même sens soient portées à notre connaissance d'ici pe~. Ouol qu'il en soit, les accords qui nous sont parvenus de tous les groupes (1) confirment que, si nos propositions étaient discutées, leur adoption ne ferait pas de doute. Après leur dépôt, par trois groupes différents, elles viennent d'être envoyées à la Commission de la législation, et un rapporteur doit être d~· signé, comme ce fut le cas lors des deux précédentes législatures. Mals il faut ensuite qu'un débat soit Inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée na· tionale; la dt\Clsion dépend du gou· vernement. Pourtant, l'intervention des députés peut y contribuer efficacement, dans la mesure où elle reflète le voeu pressant de l'opinion antiraciste. (1) Voir. Droit et liberté» d'avril 1967. .... 'D'"' D'HONN'" , ",00 ~.~ ~ P BULLETIN D'ADHÉSION mler Président Honoraire ·de la Cour de Cassa- Approuvant fe combat de cc Droit et Liberté " et désireux de soutenir l'action tlon); PRESIDENT: Pierre PARAF; SECRETAIRE l' . . .' l' GENERAL: Charles PALANT. contre le racisme, antlsemltlsme et pour a paiX, COMITE D'HONNEUR BAtonnler Paul ARRIGHI, Georges AURIC, Claude AVELINE, Robert BALLANGER, Roger BASTIDE. Jean CASSOU. Almé CESAIRE. Diomède CATROUX Charles de CHAMBRUN. André CHAMSON. Pierre COT. Docteur Jean DALSACE, Louis DAQUIN, Hu· bert DESCHAMPS, Henri DESOILLE, Michel DROIT. Pasteur André DUMAS. Adolphe ESPIARD. Henri FAURE. Max·Pol FOUCHET. Marcel GROMAIRE. André HAURIOU, Charles·André JULIEN. Alfred KASTLER , Joseph KESSEL. Alain Le LEAP. Michel LEIRIS, Jeanne LEVY, André MAUROIS. Darius MILHAUD. Théodore MONOD, Etienne NOUVEAU. Jean PAINLEVE, Jean PIERRE-BLOCH. Marcel PRE .. NANT. Alain RESNAIS. Emmanuel ROBLES, Fran· "çolse ROSAY, Armanp SALACROU. Jean·Paul SARTRE, Laurent SCHWARTZ. Jean SURET-CANALE, Jacqueline THOME·PATENOTRE, Général Paul TUBERT. VERCORS, Dr WERTHEIMER. Robert ATIULY, Vincent AURIOL, Georges DUHA· MEL, Yves FARGES. Francisque GAY. Jacques HADAMARD. Georges HUISMAN, Jules ISAAC. Frédéric JOLIOT-CURIE. Jean LURÇAT. Amiral MUSELlER, Marc SANGNIER. André SPIRE. Cha· nolne Jean VIOLLET. j'ADHERE AU M.R.A.P. Nom Prénom . ........... . . . ..... . .... .. . . . . Profession .. . . . .. .. .. .. ..... . Adresse . .. .. . ......... .. ... . Je vous envoie, à cet effet, la somme de . . . . . . . . . . . . . . .. (1). Je souhaite (2) : • recevoir une documentation complète sur le M.R.A.P. • être invité à ses réunions et manifestations, • participer à l'un de ses Comités locaux ou professionnels. (1) De 1 Il 10 F: Ami du M.R.A.P.; de 11 Il 50 F: Souscripteur; de 51 Il 200 F: Donlt1lUr ; au-dessus de 200 F: Bienfaiteur. (2) Rayer les mentions Inutllea. MOUVEMENT CONTRE LE RACISME, L'ANTISEMITISME ET POUR LA PAIX (M.RA.P.) ... ------- 30, rue des Jeuneur. • Pari. (2") • Téléphone: 488oe-57 - C.C.P.: 14-825-85 Parlli -------.. OROn I;T LIBERTE - No 264 . JUILLET-AOUT 1967 35 36 AVEC LES TRAVAILLEURS AFRICAINS M SALLY N'DONGO, président de l'Union générale des travailleurs sénégalais en France (U.G.T.S.F.), a saisi le M.R.A.P. d'un différend opposant les travailleurs africains du foyer situé 91, rue Y.-Kermen, à BoulogneBillancourt et l'Association pour l'accueil et la formation des travailleurs africains et malgaches (A.F.T.A.M.) qui gère ce foyer. et avec M. Jan, conseiller municipal. D'autre part, l'affaire était portée par l'U.G.T.S.F. à la connaissance d'un avocat. Dans le même temps, le M.R.A.P. est intervenu auprès de la direction de l'A.F.T.A.M. L'A.F.T.A.M. ayant décidé le déménagement provisoire des travailleurs dans de nouveaux locaux afin de permettre la remise en état et l'aménagement du foyer de Boulogne, 100 F de caution et 70 F de loyer d'avance étaient exigés de chaque travailleur lors de son entrée dans le foyer d'hébergement provisoire. Ces diverses démarches ont été utiles, Dans la réponse qu'II adresse au M.R.A.P., M. Postel-Vinay, président de l'A.F.T.A.M., après avoir exposé les raisons du déménagement provisoire (amélioration des locaux) et les mesures prises pour qu'il occasionne le moins d'ennuis possibles aux travailleurs, nous fait part de la décision qui a été prise de supprimer la caution de 100 F. Par ailleurs, l'A.F. T.A.M. accepte le relogement des chômeurs ainsi que leurs camarades le demandaient. Les travailleurs qui ont un emploi à Boulogne seront relogés dans cette ville (dans des locaux appartenant à la Régie Renault). Les travailleurs ont accepté ce déménagement en demandant toutefois : - la suppression de la caution de 100 F, compte tenu de la modicité de leurs salaires et de l'aide qu'ils tiennent à apporter à leurs camarades chômeurs pour leurs frais de logement et de nourriture; - l'acceptation des chômeurs dans les nouveaux locaux; - la fixation du loyer à 60 F maximum, étant entendu que le loyer payé à Boulogne était passé de 30 à 40 F lors de la prise en main du foyer par l'A.F.T.A.M., avec promesse d'amélioration; promesse qui n'a pas été tenue, estiment les travailleurs. Le loyer est maintenu à 70 F, ce qui constitue une lourde tâche pour les travailleurs, compte tenu de la modicité de leurs salaires et des charges familiales incom· bant à beaucoup d'entre eux. Il reste en outre à savoir si, à leur retour à Boulogne, une nouvelle augmentation ne leur sera pas demandée comme ce fut le cas lors de la prise en main du foyer par l'A.F.T.A.M. Le Comité du M.R.A.P. de Boulogne a immédiatement pris contact avec M. Diavara, responsable africain du foyer, Si nous notons avec intérêt les affirmations et les décisions prises par le président de l'A.F.T.A.M., nous ne pouvons que regretter les propos tenus par certains responsables de cette association, propos injustes, voire acerbes, niant tout dialogue possible avec les travailleurs africains et jetant la suspicion sur leurs dirigeants. LA VIE TOURANGELLE CREE il Y a moins d'un an, le comité du M.R.A.P. de Tours est maintenant bien connu, grâce, notamment, à la Semaine antiraciste qu'il a organisée du 14 au 21 mars, et dont le programme comportait: une exposition, une conférence-débat, une soirée cinématographique. Ces diverses initiatives qui ont remporté, surtout la dernière, un très grand succès, ont valu au comité nombre d'adhésions et d 'abonnements à «Droit et Liberté ». Nos amis de Tours ont, depuis, participé activement aux « étatsgénéraux » pour la paix au Vietnam et aux manifestations organisées à cette occasion dans la ville. Le 13 mai, avait lieu un grand défilé, qui donna l'occasion de constater combien est nécessaire l'activité de notre Mouvement. Alors qu'un groupe de manifestants se rassemblait rue de Bordeaux, des commandos d'extrêmedroite ( Occident» et « Fédération des Etudiants Nationalistes ») se livrèrent contre eux à une violente attaque. Un des manifestants, jeté à terre et frappé à coups de pieds, a dû être hospitalisé. La police tardant à intervenir, la bagarre dura un quart d'heure. Sur les tracts lancés par les groupes fascistes après avoir commis leur forfait, on peut lire par exemple: « Johnson capitulera-t-il devant la coalition des intellectuels beatnicks, des capitalistes milliardaires du style Kennedy, des adeptes du L.S.D. et des agitateurs racistes noirs? Les soldats de l'Occident seront-ils vaincus une fois de plus par l'oecuménisme de la crasse, de la drogue et de l'inversion ? .. Le Nord-Vietnam comme Carthage doit être détruit ». Cette prose aux accents bien connus ainsi que l'agression des groupes fascistes a suscité dans la ville une grande émotion. Le M.R. A.P. et les autres associations qui ont participé aux Etats-généraux pour la paix ont publié un communiqué demandant que « les pouvoirs publics qui n'ignorent ni l'existence, ni les moyens d'action de ces groupuscules néo-nazis, prennent rapidement des mesures d'interdiction et de répression ». Rappelons enfin que, pendant trois semaines, tandis que le film « Le Vieil Homme et l'Enfant » était programmé au « Caméo », le comité du M.R.A.P. a assuré une permanence, . distribuant abondamment « Droit et Liberté », et une documentation sur le racisme. Le Carnet de D. L. NOS DEUILS Mme Eugénie COTTON, présidente de l'Union des femmes françaises est morte à l'âge de 86 ans. Née en 1881 à Soubise, en Charente, d 'une famille de commerçants profondément républicains, elle est reçue première à l'agrégation de sciences physiques et naturelles en 1904. Docteur ès sciences physiques en 1925, elle est nommée directrice de l'Ecole normale supérieure de Sèvres en 1936. Militants de gauche, Eugénie et son mari, Aimé Cotton, physicien connu pour ses travaux, participèrent au combat de la Résistance. Après la Libération, Eugénie Cotton devient présidente de la Fédération démocratique des femmes et participe à la fondation du Mouvement mondial de la paix en 1949. Elle fut, avec Frédéric Joliot-Curie, lauréate du Prix Lénine de la paix en 1951. Elle avait, à diverses reprises, manifesté son soutien à l'action du M.R.A.P. MARIAGE Nous avons appris le mariage de Pierre LYON-CAEN, auditeur de justice, petit-fils de notre regretté président d'honneur Léon LyonCaen, avec Mlle Nadine Seligmann. Convaincus d'être les interprètes de tous les amis du M.R.A.P., nous exprimons nos meilleurs voeux aux jeunes époux et nos sentiments affectueux à Mme Léon Lyon-Caen et sa famille. GLASMAN Cie MATCH 28, boul. de Strasbollrg, Paris 10- 208-16-18 MACHINES A COUDRE TOUTES MARQUES MATERIEL DE CONFECTION MATERIEL DE REPASSAGE MAItIlV~ I1ÉPI1$É~ NEUF liT OCCAJION REPARATION, LOCATION, ACHAT, VENTE ROBES PIEDS SENSIBLES "JERSEY Le. chausseurs du super-confort et de l'élégance Choix UNIQUE en CHEVREAU, en SPORTS et en TRESSE MAIN Femmes du 35 au 43 - Hommes du 38 au 48 JUNIOR 6 largeurs différentes (9") GARE SAINT-LAZARE, 81, rue St-Lazare (Mo Saint-Lazare _ Trinité) (6') RIVE GAUCHE, 85, rue de Sèvres (MO Sèvres - Babylone) (100) GARE DE L'EST, 53, boulevard de Strasbourg (Mo Château-d'Eau).


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Simple est noir ; sa philosophie est amère, et, qu'il parle des impôts, des femmes, de Dieu, de sa logeuse ou de cuisine, il revient toujours à son problème : la ségrégation raciale. Les bavardages de Simple paraissent chaque jour dans I L arrive parfois que la tranquillité semble intolérablement lourde à supporter. Personne depuis un moment n'avait ouverAt la, bouch:e au bar du Wishing Weil. Même la bOIte a musIque, ordinairement tonitruante de tout l'éclat des trompettes des blues s'était tue. Je me tournai vers Simple. - Tu m'as dit hier que tu étais un Indien, mon gros! Explique-moi ma~nten~!lt pourquoi tu, vis à Harlem en meublé, au heu d etre dans une reserve. - Je suis un Indien de couleur, dit Simple. -- En d'autres termes, tu es un nègre, dis-je, - Un Indien Pied-Noir, dit Simple. Pas un rouge. De toute façon, Harlem, c'est l'endroit où j'avais toujours eu envie d'habiter. Et s'il y avait pas ces sacrées logeuses, je serais parfaitement heureux. Pour tout vous dire, j'aime Harlem. - Qu'est-ce que tu aimes précisément dans Harlem? - C'est tellement plein de négros que je me sens protégé, dit Simple. . - De quoi? . - Des Blancs, dit Simple. En plus, j'aime Harlem parce qu'il m'appartient. un quotidien noir-américain; Us viennent d'être réunis, traduits et pubUés aux Editions Robert Laffont sous le titre c l'Ingénu de Harlem» un Uvre à la fois savoureux et profond. Langston Hughes, le père de Jess B. Simple, parle ainsi de son personnage: «S'il n'y avait pas eu à Harlem dès mllUers de gens comme Simple, bavards, chaleureux, joyeux et lucides qui, dans l'enfer même pas climatisé de la ségrégation, vivent le courage du sourire aux lèvres, ce Uvre pareil à eux n'aurait pas vu le jour.» Langston Hughes, mort voici deux mois des suites d'une opération, à l'âge de 65 ans, est l'auteur d'une oeuvre importante, poèmes, romans, théâtre. Cette oeuvre, toute tournée vers la lutte, est une oeuvre marquante dans la Uttérature américaine contemporaine. TOAST POUR HARLEM - Harlem ne t'appartient aucunement, dis-je. Tu ne possèdes aucun immeuble dans Harlem. Les maisons d'ailleurs appartiennent à des Blancs. - J'ai pas besoin d'être propriétaire, dit Simple. Il suffit que je vis dedans. Il faudrait une bombe atomique pour me faire sortir d'ici! - Ou tIne crise économique, dis-je. - Je bougerais pas pour aucune crise, dit Simple. Jamais pas! C'est pas moi qui redescendrais là-bas dans le Sud. Pas même à Baltimore j'irai. Je suis à Harlem pour y demeurer. Vous dites que les maisons, elles sont pas à moi. Je veux bien. Mais le trottoir, il y est. Et que personne s'avise de me faire descendre! Même les flics, ils ne disent plus « circulez! » avec la même intonation qu'avant. Ils ont appris quelque chose depuis les émeutes d'Harlem. Avant, ils avaient l'habitude de vous casser la tête en public. Maintenant, ils attendent d'être arrivés au commissariat. Et ils vous assomment même plus s'ils pensent que vous avez un homme de couleur membre du Congrès dans vos relation~. - Harlem a peu de dirigeants noirs, dis-je. - O~i, mais ils sont élus par mes propres votes, dit Simple. Ici, je ne suis pas men~cé de mort si DROIT ET LIBERTE· No 264 • JUILLET·AOUT 1967 je vote. Ça aussi, c'est une des choses qui me fait aimer Harlem. Et puis aussi, j'aime Harlem parce qu'il yale métro, et que vous n'êtes pas obligé de marcher toute la journée pour descendre à Downtown. Pas plus que vous êtes ségrégué sur le chemin du boulot. Pourquoi? Parce qu'il y a quelques négros comme vous qui conduisent des rames. Par exemple, j'ai pris le 4 ce matin jusqu'à la 34·. Eh bien, c'était un négro qui conduisait la rame! Et il faisait du 150, mon pote! Chaque fois qu'il traversait une des stations locales, c'est comme s'il disait: « Regardez-moi! Ce train, il est à moi! » Le gars, il s'en donnait, mon vieux! Ça aussi, c'est une des raisons pourquoi j'aime Harlem. Des fois je vais jusque chez Duke Ellington dans la 125·. « Comment ça va, Duke?» je dis. « Solide, mon vieux, solide!» il me répond. Il me connaît . ni d'Adam ni d'Eve, mais il me parle. Une fois, j'ai aperçu Lena Horne qui sortait de l'hôtel Theresa. J'ai crié: «Hubba! Hubba!» Lena, elle a souri. Lès gens sont gentils à Harlem. Je me sens comn;:te si je tenais le monde entier dans un cruchon et c'est moi qui aurais l'anse dans la main. Alors buvons un coup à Harlem! Simple leva son verre de bière, Harlem, c'est à toi que je bois. On dit qu' le Ciel c'est le Paradis, Si tu n'es pas le Paradis, Alors un chat, c'est une souris. Le Ciel, c'est une vue de l'esprit, dis-je. - Dans mon esprit à moi, c'est comme ça, dit Simple, en vidant son verre. De Central Park à la 179·; d'un fleuve à l'autre, Harlem est à moi. Il y a des tas de Blancs qui ont peur de venir par ici, une fois la nuit tombée. - Il n'y a pas de quoj en être fier, dis-je. - Je regrette qu'il y ait des Blancs qui ont peur de venir à Harlem. Mais moi aussi, j'ai peur d'approcher certains d'entre eux. Pourquoi? Une fois, dans ma ville natale, avant que je vienne vivre dans le Nord, je descendais tranquillement la rue quand une femme blanche fait un bond sur le seuil de sa maison, et me dit : » - Fichez-moi le camp d'ici, mon garçon. J'ai peur de vous ! » - Pourqpoi ? je lui dis. » - Parce que tu es noir, elle me répond. » - Madame, je lui dis, j'ai peur de vous parce que vous êtes blanche. J'ai continué ma route en souhaitant que j'aurais été encore plus noir. Comme ça, j'aurais pu lui faire peur jusqu'à ce qu'elle en meure. Dites-moi est-ce que 'vous imaginez ça, tout de même! Une personne qui vous regarde dans les yeux, et qui ,Vous dit comme ça qu'elle a peur de vous paJ;'ce que 'vous êtes noir! J'avais beaucoup plus de raisons d'avoir peur des Blancs qu'ils en ont d'avoir de moi. .... 39 40 C' .. .".'e Lé"" et 1·, ... , 7'illu.·.' Ce jour là : 16 juille't 1942 La grande rafle du Veld'Hiv ROBERT LAF F ON T Pourquoi, comment 12.884 juifs ont été arrêtés • ce jour-là ft à Paris Ce livre acclamé par toute la presse, couronné par le Prix Aujourd'hui (décerné par 15 grands journalistes) répond à ces quest ions qui nous concernent tous. Chez Robert LAFFONT. POUR RECEVOIR CET OUVRAGE, préfacé par Joseph KESSEL, remplissez le formulaIre ci-dessous et adressez-le avec votre règlement, à « DROIT et LIBERTE », 30, rue des Jeûneurs, Pans-2" C.C.P. 60-7()'98 Paris Le livre vous sera immédiatement expédié. M . . . ........ .. .... ....... ... . . . . Adresse ... . ... . . .. . . .. . .. ... . .... . . . . ... . souhaite recevoir ...... exemplaire (s) du fivre de Cl. LEVY et Paul TILLARD «LA GRANDE RAFLE DU VEL D'HI V». et vous envoie à cet effet la somme de (1) . . . .. . . .. .. . par chèque bancaire, chèque postal (au C.C.P. de " Droit et Liberté" : 607()'98 Pans, ou mandat-poste (2). (1) L'exemplaire : 18,55 F. Ajouter 1,45 F pour les frais d'expédition. (2) Rayer les mentions inutiles. Un toast pour Harlem D'accord, dis-je. La race blanche, elle m'a arraché d'Afrique pour m'amener ici. Ils in'ont mis en esclavage, ils m'ont libéré, lynché, laissé crever de faim, pendant la crise, ségrégué pendant la guerre! Et les voilà qui viennent me dire maintenant que le leur fais peur! Et c'est pourquoi je suis heureux que j'ai enfin trouvé un coin que je peux dire qu'il est à moi, où c'est que je peux exercer mon pouvoir : Harlem ! Harlem où je peux faire mon pied de nez au monde entier ! - Tu parles comme un nationaliste nègre, dis-je. - Quèque c'est que ça? dit Simple. - Des gens qui veulent que les nègres prennent le dessus ... - Quand tout le monde se maintient dans le fond, je vois pas pourquoi j'aurais pas envie de me trouver en haut. Moi aussi, mon jour viendra! - C'est le genre de raisonnement qui amène les guerres, dis-je. - Je m'en ferais pas pour une guerre si je pouvais la gagner, dit Simple, Les Blancs, ils se battent ils nous lynchent et ils se payent du bon temps! - T'y voilà, dis-je. Et revoici le vieux jargon « race contre race », Il n'y aura jamais de paix si on prend ce chemin. Le monde de demain devrait être un monde où chacun accepterait de coexister avec autrui. Le moins que nous puissions faire est de tendre une main amicale. - Chaque fois que je tends la main, on me remet à ma place, dit Simple. Vous connaissez cette poésie où c'est qu'on voit un chat noir qui essaie de devenir l'ami d'un Ghat blanc? Le chat noir dit au chat blanc : Si on faisait un tour de ville, Et le chat blanc lui répondit: Fais ton propre tour, noir imbécit~. Pareille inimitié ne devrait pas exister, dis-je. Les gens devraient vivre en bon voisinage. - Vous êtes toujours en train de parler de ce qui devrait exister, dit Simple, Mais aussi longtemps que ce qui est est - et la Géorgie, c'est la Géor~e ! - je continuerai à tenir Harlem pour mon domame. Même je peux vous dire, s'il y a du grabuge, eh bien, j'aurai ma propre fenêtre où je m'installerai pour faire le coup de feu. - Je refuse de discuter avec toi plus longtemps, dis-je. Ce que Harlem devrait apporter au monde à par tir de ses fenêtres grandes ouvertes, c'est .une main amicale et non pas une attitude de guerrIers. - C'est pas une attitude qui partira de ma fenêtre, dit Simple. CONNAISSE~~; ., INDIENS e S'il est un peuple à propos duquel les préjugés raciaux sont les plus répandus et les plus tenaces, c'est bien celui des Indiens d'Amérique. Le cinéma, le roman, la bande dessinée n'ont pas peu contribué à entretenir ces mythes. La lutte contre ce préjugé est d'autant plus timide que l'Europe s'est rendue, là, coupable d'un génocide à peu près radical. Voici dix questions. Elles ne concer. nent que les Indiens de l'Amérique du Nord, qui vivaient dans une autre aire culturell~ que les Indiens d'Amérique latine, sur lesquels nous reviendrons bient~t, Si vous avez plus de 15 points, bravo; au-dessus de 10, vous avez une connaissanc;e satisfaisante de ce problème historique. A moins de 10, vous devriez préciser vos connaissances. DROIT ET LIBERTE • No 264 . JUILLET-AOUT 1967 APRES LE POGROM DE KICHINEV Drumont Bravo. Ah, si nous étions aussi courageux à Paris ! ... [Au début du siècle, la presse antisémite française applaudit aux pogroms déclenchés à Kichinev, en Bessarabie. Edouard Drumont ne fut pas le dernier à s'en réjouir. Le dessinateur Gramjouan, l'un des plus talentueux - et les plus méconnus - dessinateurs de L'assiette au beurre, le montre ici serrant la main à Cruchevan, rédacteur en chef du Bessarabetz, l 'un des journaux qui avaient le plus poussé au crime.] DELICES DU MONDE ENTIER DES SANDWICHES POUR L'ÉTÉ Voici .quelques idées de sandwiches venus de tous les horizons, et qui vous permettront de réaliser un buffet international : MAHARADJAH : Mélangez à la fourchette du beurre, du curry, du citron, salez légèrement. Tartinez-en des tranches de pain de mie. Décorez avec des champignons coupés en fines lamelles, des tomates coupées en rondelles du saumon roulé et du cresson. ' HORSE GUARD : Mélangez à la fourchette du beurre frais un peu ramolli et du ketchup de manière à obtenir un beurre rose et homogène. Salez et poivrez. Tartinez les tranches de pain de mie. Décorez le dessus avec des pointes d 'asperges, des fines tranches de concombres et du persil. SANDWICH DU COSAQUE : Mélangez du beurre, de l'ail pilé, de la sauce Worcester, des herbes hachées, du sel. du poivre. Etendez sur des tranches de pain de mie. Décorez le dessus avec des morceaux de betteraves coupées en dés des oeufs en rondelles, du citron et des crevettes. ' TARTELETTES JAPONAISES : Emiettez un peu de crabe, garnissez les fonds de tartelettes en r épartissant le . crabe. Mélangez de ~a sauce tomate et le jus d'un demi-citron, salez, POlVr:ez. Versez ce melange dans chaque tartelette et ajoutez quelques olIves noires. Mettez au réfrigérateur avant de servir. 1. L'épiderme des Indiens est rouge .. . .. . .... ... . . . .. .. OUI NON 2. Les Indiens ont inventés la torture du scalp .. .. .. . ... OUI NON 3 3. La femme indienne était considérée comme une esclave. OUI NON 2 4. Les Indiens avaient un alphabet et des ouvrages écrits. OUI NON 3 5. Les plus cruels des Indiens furent les Apaches OUI NON 2 6. Le chef apache Geronimo dévasta à plusieurs reprises le Sud des Etats-Unis ... .. . . . . . ..... . .. . .. . . ... .. .. OUI NON 2 7. Les Indiens ne pratiquaient pas l'agriculture . ... .. .. . . OUI NON 2 8. Le bison constituait la ressource essentielle des Indiens. OUI NON 2 9. Les Indiens furent victimes de déportations massives .. OUI NON 10. Les sorciers indiens guérissaient (ou prétendaient guérir) par sorcellerie et incantations magiques ...... . . OUI NON 2 (Réponses en page 42.) 41 [OFFICIEL DU 'PRETAPORTER est la REVUE PRESTIGE de la Profession 4? Sa un présentation, sa qualité, l'importance de sa support publicitaire INDISPENSABLE diffusion en font pour 'votre maison CHARLES MAN DEL, 17, Faubo~rg Montmartre, PARIS qe CONNAISSEZ-VOUS LES INDIENS? GANTS' - TETINES (Réponses de la page 41) 1. NON. Les Indiens sont de race blanche; leur origine est asiatique . Leur couleur varie du blanc au brun des Malais, selon les tribus. L'erreur vient des premiers navigateurs européens, qui furent reçus par des Indiens peints de couleur rouge d'apparat, et qui en déduisirent l'existence d'une • race rouge -. 2. NON. Ce sont les Européens qui Introduisirent en Amérique cette coutume barbare quand Ils remarquèrent que les guerriers Indiens attachaient à l 'opulence de leur chevelure une Importance symbolique. La torture du scalp était en usage en Europe orientale dès l'antiqulté; Hérodote rapporte que les Scythes la pratiquaient couramment. Aux Etats-Unis, les Indiens furent les premières victimes du scalp avant de le pratiquer à leur tour. 3. NON. Les femmes confinées en effet dans les travaux domestiques, n'en participaient pas moins au Conseil de la tribu . Certaines devinrent chefs de tribus, par exemple Awashonks. Sachem des Seconslt en 1671, et Wetamoo, chef des Wampanoag en 1662. 4. OUI. ·Cinq nations indiennes, les Choctaws, les Chero-Kees, les Creeks , les Séminoles, les Checkasaws, adoptèrent un système d'écriture Inventé par un Cherokee, Sequovak. Ils publièrent un Journal, une édition Indienne de la Bible , et même une constitution . 5. NON. Les Apaches furent les principaux résistants à la pénétration coloniale européenne. La guerre fut en effet acharnée et très cruelle, mals la cruauté ne fut pas le seul fait des Indiens apaches, qui furent d'ailleurs exterminés. 6. NON. Geronimo résista aux Européens avant de tenter de conclure avec eux une paix qui préserve les Intérêts de son peuple. Il fut un très grand chef politique et militaire. Son histoire est racontée dans le très beau film La flèche brisée. 7-. OUI, Ils ne pratiquaient, outre la chasse, que la cueillette et la pêche . S. OUI. La viande de bison était la nourriture essentielle; la peau servait à fabriquer vêtements, tentes et pirogues; les os donnaient les outils, les Intestins les cordes des arcs et les lac"ets. .' 9. OUI. A mesure de la pénétration européenne, Ils furent repoussés, de proche en proche, Jusqu'aux réglons les plus désertiques, notamment J'Oklahoma. 10. NON. Médecins et prêtres tout à la fols; les sorciers Indiens menaient une double action; leurs Incantations avalent un caractère religieux; en ce qui concerne la médecine , Ils avalent une connaissance très approfondie des plantes médicinales . ( Chez votre pharrntJcien P.C.!. - 11, rue Ferdinand-Gambon . Paris La Directrice: Sonia Blanchi 1 bonnes vacances avec dans votre quartier, chez les meilleurs spécialistes de maillots de bain catalogue el liste des dé~ositaires sur demande à Bilytis - B. P. 233·03· Paris RP. SAMANTHA , gros-grail1 gami de Sail1l-Gall. Accessoires Prollllplia. 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Notes

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