Différences n°62 -Décembre 1986

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Sommaire du numéro

n°62 de décembre 1986

  • Factieux et armés par B. Klimpt
  • Médecine de guerre (Namibie)
  • Aubervilliers: les jeunes traînent dans un café (CAFMJA) par Cherifa [immigration]
  • Autopsie d'un suicide (Hussein Hadi, irakien) par B. Kemal
  • Dossier: l'antiracisme aujourd'hui par J.M. Ollé, J.L. Gaillard, J. Tavano, J.J. Pikon
  • Identités françaises; L'exemple arménien par F. Guidice [identité]
  • La négritude au Panthéon (Nobel à W. Soyinka) par M. Hubert
  • Le mauvais sang des français (métissage) par L. Péan
  • Les premières ministres (front populaire; femmes dans la lutte) par M. Bensaïd

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BON A OFFRIR BON POUR UN ABONNEMENT DE 1 an ou 6 mois à DIFFERENCES le mensuel contre tous les racismes. Le premier numéro vous arrivera mi-janvier. IJ CADEAUX DE NOEL : NE CHERCHEZ PLUS Nous avons ce qu'il vous faut: offrez un abonnement à Différences. VOS AMIS recevront leur premier numéro en janvier. VOUS recevrez un cadeau de votre choix, parmi ceux de la photo cicontre. Découpez les deux bons ci-dessous, l'un pour offrir à vos amis, l'autre pour vous, à envoyer à Différences. Liste des cadeaux disponibles : 1 Disques de musique « Du monde entier» 2 Pense-bête artisanal en bois 3 Orgue à oiseaux (pour deux abonnements) 4 Bonhomme à traîner en bois (pour deux abonnements) 5 Hérisson porte-crayons en bois 6 La faim dans le monde pour débutant 7 Einstein pour débutant 8 L'énergie nucléaire pour débutant 9 Carnets de voyage (c. Collomb, J. Cook, Darwin, etc.) 10 La Suisse en contrepoint (Art et Photos) Il Le même livre (Khatibi-Hassoun) 12 Les néo-nazis (Théolleyre) Pour six mois : un cadeau surprise BON A ENVOYER A DIFFERENCES J'abonneM .. Adresse Prénom . je souhaite recevoir le cadeau n° ........................ . Nom .. ... .... ........................... Prénom . Adresse ............................ .. Abonnement un an: 200 F; 6 mois: 120 F. Etudiant et chômeur: 150 F l'an et 80 Fies 6 mois; joindre photocopie de la carte d'étudiant ou de pointage. Règlement à envoyer à Différences, 89, rue Oberkampf, 75011 Paris, tél. : (1) 48.06.88.33. OFFRE EXCEPTIONNELLE VALABLE JUSQU'AU 31 DECEMBRE 1986. PASSE-TEMPS Ils se sont retrouvés dans un centre de transit, un chouette préfabriqué dans l'arrière-cour de la préfecture. Au début, inutile de vous dire que l'ambiance était un peu frisquette. Chacun sa valise à la main et sa décision d'expulsion dans l'autre, c'était loin d'être la joie. C'est Aznavour qui a déridé tout le monde en entonnant La Mamma : « Ils sont venus, ils sont tous là, y a même Giorgio, le fils maudit ... » Giorgio, c'est Wolinski, qui fait des croquis de voyage, dans un coin. Napoléon est furieux : «Ma zé vous dis que mes parents, ils sont français. - T'as qu'à le prouver, voyou », rétorque Ponia qui se fait immédiatement traîter de fayot par les autres. On a mis l'équipe de France de foot dans la cour, ils ne partiront pas tout de suite, au moins pas avant le prochain match. En attendant, Platini s'entraîne avec Tigana, F ernandez, Touré, Genghini. Rocheteau boude: c'est vrai, quoi, il n'a rien à faire ici. « C'est Coluche qui a eu de la chance », ricane Cavanna à l'intérieur, pendant que la comtesse de Ségur se tricote des mitaines : c'est qu'il ne fait pas chaud, ces temps-ci, en Russie. Zola tape le carton avec Prost, sous l'oeil impartial de Saint-Louis. Il n'y a guère que Montand qui trouve ça bien, ces nouvelles lois sur la nationalité. «Bien fait pour vous. Moi, je m'en fous, je vais chez Ronnie. » Bon, nous aussi on vous laisse, parce que les trois quarts de la rédaction de Différences a reçu sa feuille de route: parents pas français, qu'ils disent. D DECEMBRE id 6 Médecine de guerre ~ Dans le camp de réfugiés de U Kawza Zul, on panse tant bien ca: que mal les blessures de l'occupation de la Namibie par l'Afrique du Sud. 10 Aubervilliers: les jeunes traînent dans un café CAFOMJA, c'est un troquet, et aussi une nouvelle façon de concevoir l'action culturelle en direction de la jeunesse. CHERIF A 15 16 L'antiracisme aujourd'hui f- i Le décret Marchandeau, la loi de 1972, la Marche des Beurs, f:II Touche pas à mon pote : que reste-t-il de cinquante ans d'antiracisme? Jean Pierre-Bloch, George Pau-Langevin, Nacer Kettane, Harlem Désir répondent. JEAN-MICHEL OLLE, JEAN-LOUIS GAILLARD, JOELLE TA V ANO, JEAN-JACQUES PIKON ABONNEMENTS 1an,'200F. 1 an à l'étranger ,' 220 F. 6 mois,' 120 F. Etudiants et chômeurs, 1 an " 150 F. 6 mois,' 80 F (joindre une photocopie des cartes d'étudiant ou de pointage). Soutien " 240 F Abonnement d'honneur ,' 1 000 F. Algérie,' 15 dinars. Belgique ,' 140 FB. Canada,' 3 dollars. Maroc,' 10 dirhams. Publicité au journal Photocomposition PCP, 17, place de Villiers, 93100 Montreuil. Tél. " 42.87.31.00 Impression Montligeon. Tél. " 33.83.80.22. Commission paritaire n° 63634 1SSN 0247-9095. Dépôt légal,' 1986-12 La rédaction ne peut être tenue pour responsable des photos, textes et documents confiés. Magazine créé par le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entres les peuples), édité par la Société des éditions Différences 89, rue OberlaJ.mpj, 75011 Paris. Tél. : (1) 48.06.88.33. ~ 28 L'exemple arménien III: Du génocide à l'ASALA, les Ar- ~ méniens portent les espoirs et les ..-. contradictions de l'entrée dans la U société française. FAUSTO GIUDICE 30 La négritude au Panthéon Après Desmond Tutu, c'est Wole Soyinka qui reçoit Le prix Nobel. MARIETTE HUBERT en 36 Le mauvais sang des Français lU t- Une étude biologique montre Le III: lU métissage de nos populations.

LAURENCE PEAN - ct u lU 38 Les premières ministres

f:II Le Front popuLaire, c'est aussi l'entrée des femmes dans les luttes. MARYSE BENSAID Des actualités (p. 4 à 13) le courrier, les jeux, les petites annonces (p. 40) DIRECTEUR DE LA PUBLICATioN Albert Lévy REDACTION Rédacteur en chef Jean-Michel Ollé Secrétariat de rédactionmaquettes ,' Véronique Mortaigne Service photos " Abdelhak Senna ADMINISTRA TlON/GESTION Khaled Debbah PHOTO COUVERTURE Abdelhak Senna ONT PARTICIPE A CE NUMERO: M. Lavignon, Cherifa, Benjamin Kemal, Robert Pac, Jean Roccia, Jean-Louis Gaillard, Jean-Jacques Pikon, Joëlle Tavano, Eddy Charbit, Fausto Giudice, Mariette Hubert, Yves Thoraval, Laurence Péan, Maryse Bensaïd, Pierre Vallée, Pierre Klimpt, Bernadette Hétier. Numéro réalisé avec l'aide du FAS, fonds d'action sociale Il FACTIEUX ET ARMÉS Chemises brunes, saluts nazis, bottes et manches de pioche, mais surtout imbécilité et racisme sont les éléments de base d'un groupuscule, comparable à l'explosif «SOS France» de Toulon, cette fois créé dans le Nord près de Lille. C'est vraisemblablement en fin 1983, début 1984 que Jean-Claude Beaussart, déjà militant actif au Front national, contacte la direction parisienne du Parti national de France pour former un jeune de son quartier, celui de la «Petite Belgique» à Haubourdin. Très vite le MRAP apprend que Karim a été menacé et que trois heures avant le meurtre, Jean-Claude Beaussart, accompagné par le futur meurtrier et une demi-douzaine de « gros bras », a déposé, devant la porte de la famille de Karim Benhamida, une croix portant l'inscription «mort aux bougnouls », vive Le Pen» et une «Svastika» nazi. groupe dans le Nord. Les Ce n'est qu'un an différences entre le FN et le après la mort de Karim, PNF résident plus dans les parce que Patrick Tillie, formes d'actions choisies que avocat du MRAP, s'est fait dans les lignes politiques. particulièrement insistant, Dès lors, ce petit groupe que le juge d'instruction ennéonazi va semer la terreur et tend les différents téla violence dans la banlieue moignages et décide de ouest de Lille, un périmètre placer sur écoutes le téoù sont agglomérées des léphone de Beaussart. petites villes mi-industrielles Ces «écoutes », dont cermi- campagnardes très pai- taines furent mentionnées au sibles. A l'occasion, ces ner- procès, confirment largement vis frapperont à Roubaix, le racisme de Beaussart, tout manifesteront en mai 1985 aussi inquiétantes, elles nous devant la mairie de Mons-en- apprennent que des expédiBaroeul où se déroule la pre- tions ont été menées faisant mière élection de conseillers d'autres victimes demeurées municipaux immigrés «asso- inconnues (les villes de ciés ». Entre deux opérations Lommes et Roubaix sont cicommandos, Beaussart et ses tées) , elles indiquent égalecomparses effectuent un col- ment avec quelle facilité un lage ou participent à un ser- tel individu est capable de vice d'ordre musclé pour le trouver des armes à feu qui « front ». semblent circuler intensiveLe 20 août 1984, Karim Ben- ment dans son groupe. Le 27 hamida, 22 ans, est mortelle- octobre dernier, pas plus les sart déposer la croix, ne sont venus au procès, tous sont terrorisés, l'un d'entre eux a été passé à tabac ... Le tribunal de Lille a établi la culpabilité de Jean-Claude Beaussart le condamnant à un an de prison, soit l'une des plus longues peines prononcées en France pour « incitation à la haine raciale ». Cependant, de dissolution du PNF, il n'en a, depuis, pas été question alors que cette enquête a prouvé que ce groupuscule correspondait à tous les critères de la « ligue armée ». Les personnes présentes ce jour-là au procès purent égaIement constater l'intense activité déployée auprès des journalistes par les policiers des renseignements généraux. Avec un luxe de détails, inhabituel, ces policiers s'employèrent en mêlant démentis et révélations, à dédouaner le Front national en prétendant, par exemple, que Beaussart n'y aurait jamais eu sa carte.D BENOIT KLiMPT MALAISE La France est désormais le deuxième pays d'origine, derrière les Etats-Unis, pour l'émigration juive en Israël. Pour une population cinq fois plus petite, les juifs français désireux de s'installer en Israël sont seulement deux fois moins nombreux que les juifs américains. L'augmentation de l'émigration depuis la France est régulière depuis 1982. A mettre en relation avec la crise, sans doute, mais aussi avec la nette résurgence de l'antisémitisme en France, en même temps que le racisme. 0 Urgent. Association Ecole et tiers monde cherche local 20-25 m2 plus possibilité partage salle de réunions. Prix modéré. Paris ou banlieue ligne RER. Tél. : 42.08.99.77. • ment blessé par une balle de parents de Karim que les • 1 ________________________ -1~22~L:R~~t~ir~é:e~p~a~r~u~n~~a~u~t~re~~t~r~o~is~t~é:m~o~in~s~a~y~a~n~t~\~,u~B~e~a~u~s:-__ ::::::::::::::::::::::~ DEMOCRATIE DIRECTE Les 10, 11 et 12 décembre, Me George Pau-Langevin, présidente du MRAP, sera l'invitée de . Démocratie directe, un service sur minitel grand public, né le 18 mai 1985. A sa création, ce service n'était qu'une simple boîte aux lettres où les citoyens pouvaient déposer des questions à leurs élus, toutes tendances confondues et trouver deux semaines plus tard les premières réponses. Mais depuis, Démocratie directe a inventé le direct télématique et créé un rendezvous hebdomadaire, le Point avec. Huguette Bouchardeau, Yves Jouffa, président de la Ligue des droits de l'homme, Jack Lang, Pierre Mehaignerie furent, parmi tant d'autres, les invités du Point avec. Une expérience novatrice, à laquelle nous vous appelons à participer les 10, 11 et 12 décembre, de 15 à 19 heures, en direct avec Me George Pau-Langevin, sur votre minitel. Posez vos questions, à partir du vendredi 5 décembre, en composant le 36 15 par téléphone, code AGIR. 0 ESSAI COMPARATIF «Respectez les vivants aujourd' hui comme vous honorez les morts d' hier, et tout ira bien. » C'est ce qu'a dit M. Jérôme Perrin à Botha, pendant la cérémonie d'inauguration du mémorial sud-africain de Longueval. Pour ces quelques paroles de bon sens, M. Perrin sera proprement tabassé par le service d'ordre sud-africain, les gros bras du Front national venus en amis dire bonjour et « maîtrisé» par la police française. Nous n'avons pas pu le joindre pour lui demander qui il avait préféré. 0 ET C'EST BON POUR EUX, ÇA? Nette victoire démocrate aux élections américaines, qui met en difficulté Ronald Reagan. Ted Kennedy, une des vedettes démocrates, s'est assez nettement impliqué dans la dénonciation de l'apartheid en Afrique du Sud. \.::' .' Charles: ~U~~\~~;u:;;~a~n[I~~Scl~ Charles 12 janvier 2012 à 18:48 (UTC) ~:?[~ ~i;i.'~y~t~~.~j~ ! Téle~ 214 .280 F On en voudra pour preuve un billet repris par Afrique- Asie, où il raconte que les Sud-Africains blancs hésitent à classer les Japonais parmi les « gens de couleur » (avec le cortège de discriminations que cela implique) à cause des importantes relations commerciales avec ce pays. Kennedy et son groupe garderont-ils au Sénat la même fougue pour condamner Pretoria ? 0 On vous a parlé récemment des tracts racistes. On vient de recevoir celui-ci. Pas mal, non? LE 6' JOUR. C'est le répit accordé par le choléra au malade pour guérir ou trépasser. C'est également le titre d'un attachant roman d'Andrée Chédid, française née au Caire (éditions Flammarion), dont Youssef Chahine, vient de tirer son dernier film, une coproduction franco-égyptienne, actuellement sur les écrans français ... Il a choisi Dalida, née en Egypte et parlant bien l'arabe, pour incarner une grand-mère « courage » qui veut sauver son petit-fils de la terrible maladie qui s'est abattue sur Le Caire, en 1947 : une composition saisissante de notre chanteuse internationale dans un film marqué de temps forts ... et de bavardages aussi. MEDECINE DE GUERRE La SWAPO, mouvement de libération de la Namibie occupée par l'Afrique du Sud, a réussi à organiser un camp de réfugiés en Angola, avec un service sanitaire exemplaire. L'organisation de la 3 Namibiens, 1 Allemand de « médecine ,de so.ins RDA, 2 Finlandais. Le et de preventLOn Dr Iyambo lui-même a été dans notre camp, est un creu- formé en Finlande. Kawza Zul : 150 000 personnes sur 150 km2 , une majorité de femmes et d'enfants. Médecine, éducation et autosuffisance alimentaire. set pour notre future politi- Les médecins sont aidés dans que de santé, lorsque nous leurs tâches par un corps aurons libéré notre pays. » paramédical d'environ C'est la conclusion du 200 personnes infirmières, Dr Nickey Iyambo, médecin- sages-femmes, manipulateurs chef du camp de Kawza Zul, radio, laborantins, puériculun camp de réfugiés nami- trices qui donnent leurs soins biens installé en Angola, aux à l'ensemble de la population représentants de MRAP-Soli- . namibienne et angolaise de la darité, à l'issue d'une ren- région. Il y a actuellement sur contre lors de sa récente place une école d'infirmières visite d'information en qui forme 15 élèves par an. France. Les meilleures d'entre elles Le camp regroupe 43 000 Na- sont envoyées à l'extérieur mibiens et 110 000 Angolais pour se perfectionner avec sur une superficie d'environ l'aide de ANC et des pays 150 km2• En réalité, cette po- amis. Le MRAP depuis des années Aidez-les en souscrivant à pulation déborde largement Le camp s'est formé en mai a fait sienne la lutte contre MRAP-Solidarité CCP les limites du camp car il 1978 après le bombardement l'Apartheid, MRAP-Solidarité 1286986 D Paris ou en ens'agit d'une région de culture par l'Afrique du Sud d'un concrétise cette lutte en en- voyant vos dons en nature, . d'f ., voyant à la SWAPO et à dans l'immédiat jouets et vêdu café à l'habitat dispersé. premier camp e re ugles l'ANC ce que ces organisa- tements d'enfants, au local Pour l'ensemble de cette ag- situé à Kassinga. Comme tions estiment utile pour d u M R A P 89, rue Il g 1 0 m é rat ion, il y a dans ce premier camp, la elles. Oberkampf, 75011 Paris. , 1~6~m~e:'~d~e~c~i~n~s~~d~0~n_t~lP~0~p~u~l~at~i~0~n~d~e::K~a~w~z~a~Z:u~l~e:s:t~::::::::::::::::::::::~ constituée à 75 % de femmes et d'enfants. Les problèmes de santé y sont donc en partie des problèmes propres à ce type de population. Très vite on s'est rendu compte que la santé n'était pas isolée des problèmes d'environnement et que, si l'on souhaitait voir améliorer l'état médical de la population, il fallait également aborder les problèmes concernant la distribution d'eau, l'hygiène, l'alimentation, l'habitat, l'éducation et les transports. Il fallait donc sensibiliser la population à de mortalité infantile était de 179 %0 pour les Noirs, 1979 %0 pour les métis, 22 %0 pour les Blancs. Actuellement, en raison de la guerre et de la fermeture des camps créés par les missionnaires, on pense que dans les campagnes namibiennes, le taux de mortalité atteint 250 %0. Pour la prévention, la vaccination est obligatoire contre le tétanos, la tuberculose, la diphtérie, la coqueluche, la polio, la rougeole pour tous les enfants jusqu'à 6 ans. Dans les mois à venir l'obli- Pas de malnutrition ici, mais la menace du paludisme. OCIiJI J.IIIlIIE,I{ La Namibie: un pays occupé, sous régime d'apartheid. ces différentes questions gation sera portée à 16 ans. pour la motiver à participer Les vaccins sont donnés en elle-même à l'amélioration quantité suffisante par de la santé pour tous. l'UNICEF et les Angolais de Cela a été obtenu et a permis, la région bénéficient de ces en suivant au plus près les vaccinations. directives de l'OMS pour les Les nouveaux arrivants sont années 1984-1988, de réduire isolés durant 6 mois dans un le taux de mortalité infantile autre camp de réfugiés au sud dans le camp (en 1979 il était de Kawza Zul où ils subissent pour les enfants de 0 à 5 ans des examens, des traitements de 64 %0, en 1981 de 46 %0, et toutes les vaccinations en 1986 de 25 %0) et de faire avant de pouvoir intégrer le reculer certaines maladies camp. Grâce à ces mesures, comme la tuberculose et la tuberculose, si fréquente d'autres maladies infec- dans cette population origitieuses. Comparativement, naire de région minière et en Namibie en 1981, le taux vivant à l'étroit, a considéra- Différences - n° 62 - Décembre 1986 blement régressé ; quant aux malades, ils sont traités par des antituberculeux classiques et ils sont isolés, chaque fois que cela est possible, du reste de la population dans un petit sanatorium durant quelques semaines. Quand ils sont cliniquement guéris, ils reprennent au bout d'un an à 18 mois leur travail. L'autosuffisance alimentaire, condition essentielle de bonne santé, est en voie de réalisation. Les réfugiés nami biens sont en effet en mesure de produire euxmêmes une partie de leur approvisionnement par l'agriculture, comme ils effectuent eux-mêmes la plupart des travaux de construction et d'entretien du camp. Le Dr Iyambo rend au passage hommage aux femmes de la SWAPO sur qui repose en grande partie la vie du camp. La très grande majorité des enfants ont une courbe de croissance normale et la malnutrition n'existe pas. Malgré tout, de nombreux problèmes médicaux persistent. Quinine En effet, Kawza Zul est en zone tropicale et la maladie la plus rencontrée est le paludisme qui constitue toujours un problème très préoccupant dans cette région. Cela d'autant plus que les réfugiés arrivant de Namibie, où la maladie est moins fréquente qu'en Angola, sont peu immunisés. Le paludisme est une maladie redoutable qui tue deux millions d'enfants dans l'ensemble de l'Afrique. La prévention et le traitement en sont difficiles. Il existe de plus en plus de formes de paludisme résistantes au traitement, ce qui nécessite à la fois le recours à l'ancienne quinine et l'utilisation de nouveaux médicaments. Un schéma thérapeutique bien étudié tenant compte d'une éventuelle résistance est mis en oeuvre chaque fois que l'affection est diagnostiquée. Pour mener à bien ce traitement, le personnel médical du camp a besoin de grosses quantités de médicaments antipaludéens. En revanche, il n'est pas pratiqué de traitement préventif car une immunisation active de l'ensemble de la population est souhaitable. Les autres pathologies sont surtout le fait de la surpopulation et de la guerre. Kawza Zul est un camp arrière pour les blessés de guerre. Les soldats sont non seulement touchés dans leur corps mais aussi dans leur psychisme. Comme dans toutes les formations militaires du monde, les conditions très dures de la guerre moderne et en particulier le stress du combat affectent la santé psychique d'un certain nombre de soldats de la SWAPO. De même il existe plus de 3 700 enfants de moins de 7 ans qui vivent en communauté sans parents, partis au combat ou morts. Ces enfants posent des problèmes psychologiques bien qu'ils soient pris en charge par une mère nourricière (1 femme pour 10 enfants). La pathologie dans le camp est donc encore préoccupante même si on doit se réjouir de la disparition des diarrhées (chose remarquable en Afrique), grâce au fait que chaque famille possède des solutés salés de réhydratation buccale de type OMS. Il est à noter aussi que l'alcoolisme n'existe pas, qu'il n'y a pas de diabète dans cette région d'Afrique et qu'il existe peu de maladies cardio-vasculaires. La contraception est prévue dans la constitution de la SWAPO et une éducation sexuelle est fournie aux mères et aux filles de plus de 16 ans. Pilules et stérilets sont utilisés mais, compte tenu du risque des maladies sexuellement transmissibles et du SIDA qui sévit dans d'autres régions d'Afrique, on encourage les hommes à utiliser des préservatifs. Ce camp est organisé par la SWAPO seule, qui le considère non comme un simple camp de réfugiés, mais comme la mise en place et la mise en pratique à une échelle réduite de l'organisation politique économique et sociale de ce que sera la • Namibie libre.D 5&'d:~.I(..,,, Y'.,",.b~. J ,rk.üA-jp f' C ll) Pour Jacques Pélissier, conseiller spécial auprès du Premier ministre, le racisme en France, c'est la faute aux Arabes. On est bien gouvemés. LES HANDICAPES ONT DE L'HUMOUR Editions Manabelle, 81, boulevard de Clichy, 75009 Paris. 90 F. L'ADAPT est une association qui s'occupe de réinsertion sociale des handicapés, et comme tout organisme de ce genre, elle a besoin d'argent. Pour trouver des sous, elle a eu l'idée de produire un disque de ... Beethoven, le plus célèbre des handicapés, qui continua des années à écrire sa musique malgré une surdité totale. La sonate dite la Tempête, est interprétée par Georges Pludermacher et la Sérénade pour flûte, violon et alto, par le jeune ensemble Arpeggione. 0 DIFFERENCES A DU FLAIR L'EFFET GROS BRAS Un qui doit être vert en ce moment, c'est Le Pen : la nouvelle mouture du projet gouvernemental de réforme du Code de la nationalité ne concernera pas les enfants nés en France d'un parent né dans un ancien territoire français : en clair, les Beurs, fils d'Algériens autrefois département français, ne sont pas concernés. Ce n'est pas comme ça qu'on combattra ce qu'il juge être le danger d'islamisation de la société française. On vit dans un drôle de régime qui, pour exister, a besoin de jouer les costauds, mais recule souvent sous la pression des protestations qu'il suscite. Comme si, au fond, on faisait semblant de parler fort, peut-être, sans doute même, pour tenter de piquer les voix du voisin de droite, et on baissait le ton aussi sec. C'était le cas pour les Maliens: on en vire 101, puis, ensuite, on fait regretter cette mesure « 'J malhureuse », sans coquille. C'est le cas pour le Code de nationalité

on dit qu'on va faire

prêter serment et virer les sûr, c'est l'inversion du processus d'accès à la nationalité. Non seulement il faudra maintenant demander ce qui auparavant était un droit automatique, ce qui suppose, pour les enfants nés en France de parents étrangers la connaisance de la loi, une confiance totale dans l'administration, l'absence de réticences dans son entourage, et l'attente d'un délai, mais aussi et surtout, cela ouvre le droit de refuser à l'administration, pendant un délai d'un an, la nationalisation selon une gamme de motifs qui vont des crimes aux délits mineurs. Conjugué avec la loi Pasqua sur le séjour des étrangers, cela revient à pouvoir virer toute personne née en France de parents étrangers mais qui aura commis un délit même mineur. Autre point, l'acquisition de la nationalité par le mariage ; l'administration disposait de six mois auparavant pour s'y opposer, elle disposera désormais de trois fois plus. Les attendus déclarant qu'il s'agit de dépister «les fraudes éventuelles », entendez les mariages blancs, tout couple mixte est, désormais, en position de suspicion. Arabes, puis on passe un Ce qui est intéressant dans ce projet édulcoré. Autre hy- projet, c'est qu'il vise parmi pothèse possible, et sans les étrangers ceux qui sont le doute y a-t-il des deux : on plus liés à la France, soient Au printemps dernier, nous mérite de montrer que la présente un projet scanda- qu'ils y soient nés, soient vous donnions de longs ex- Méditerranée a longtemps leux qui fait hurler, et puis, qu'ils en aiment unCe) ressortraits de Léon l'Africain, une été le berceau de l'Europe. preuve de bonne volonté, on tissant(e). Comme ça, tout le biographie romancée signée Le jury de l'Association de enlève la crème et on fait champ est couvert : après la Amine Maalouf, et nous vous solidarité franco-arabe ne s'y passer le reste, tout aussi loi Pasqua et les charters disions tout le bien que nous est pas trompé, qui lui a scandaleux mais moins Paris-Bamako, on tient toute .. . de cet ouvrage décerné son prix de l'amitié voyant, comme du petit lait. la population étrangère sous

l~pé~dl' ~te~é~c~nh~ez~sL:a:tIt~èO:s~,q~u~ni~a:vs~a~i,t~l e~~f:ra:n:c:o~-a:r:a:b~e:.:B~ie:n~v:u:.~D-__~ L a_ m~ e~sur~e l~a p l_u~s g ra_v~ e, b_l'e_n_ __1a _m _e_n_a_c_e_. B_l" en~Jo_u_e_, ._ _D_ _~

PRIX FRATERNITE A BERNARD LANGLOIS Réuni le jeudi 13 novembre, le jury du prix fraternité Gaby-Archenbaud a décerné le prix destiné à récompenser l'ensemble d'une action en faveur de la fraternité et de l'amitié entre les peuples à Bernard Langlois, journaliste, créateur de l'émission Résistances, et mis récemment « au placard» par la direction de la deuxième chaîne pour cause d'impertinence. J'ai rencontré Bernard Langlois après l ' attribution de son prix, qui visiblement, lui a fait plaisir, pl us que, je cite, « les sept d'or décernés pendant les cérémonies votives de la profession ». L'homme est étrange: grand costaud qui fonce plus qu ' il ne marche, tête baissée, beaucoup d 'humour pour évoquer ses différents déboires avec ses « directions» successives, et de longs silences sur tel ou tel de ses collègues, avec des yeux qui se marrent. Langlois est le premier à avoir fait des droits de l'homme un sujet d'émission mensuelle à la télé. Ou plutôt, ce qui est plus détonnant, à avoir fait VRAC D'Aix-en-Provence: les deux professeurs mis en cause pour leur enseignement au lycée militaire d'Aix-enProvence viennent de se pourvoir en justice contre le journal des anciens élèves de l'établissement qui les attaque ignominieusement dans son dernier numéro. Différences - n° 62 - Décembre 1986 rentrer dans le petit écran, à grands coups de gueule, le droit de résistance à l'oppression. Sa génétique personnelle est un étrange mélange: fils de catholiques pratiquants , il s'exile de Nantes pour entrer à l'école de journalisme de Lille, où il . découvre le métier et les joies de la vie de garçon. Gaulliste de tradition, il s'éloigne du Général après mai 68, pensant qu'un régime qui tape sur sa jeunesse est périmé. Dans le métier, il se singularise par sa mauvaise tête. C'est sans doute ce mélange d'honnêteté, de militantisme, d'impertinence et de professionnalisme qui en fait ce qu'il est : un honnête homme, tout bonnement. D'Afrique du Sud: six patriotes sud-africain, M. Sefatsa, R. Mokoena, O. Diniso, T. Ramashamola, D. Khumalo, condamnés à mort pour militantisme, risquent d'être exécutés d'un instant à l'autre. Ecrivez à PW Botha, Union Buildings , Pretoria 0001. Afrique du Sud. Voulez-vous gagner 6 voy.a ges en aVIon + 6 semaines de séjour au Maghreb ou à Paris? Il vous suffit de nous renvoyer le bon ci-dessous avec un chèque de 53 FF. Vous recevrez le numéro double 51-52 de Grand-Maghreb et le règlement du concours. Je soussigné .. ...................... ...... . ...... .. . .. souhaite recevoir le numéro 51-52 de Grand-Maghreb et le règlement de votre concours. Fait à .................. le ..... Grand-Maghreb - CIGMA . I.E.P., BP 45 - 38402 SAINT-MARTIN-D'HÈRES Jean Legrand Cuisinier-Conserveur • TOUTE L'ANNÉE. Foie Gras Frais d'Oie et Canard Ses magrets de canardfrais ou fumés . 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On y sert actuellement en moyenne vingt repas complets par jour, mais les cinq permanents se creusent la cervelle pour pouvoir proposer à leur clientèle des formules adaptées, du style «menu lycéen » ou des cocktails de jus de fruits (1), qui soient en même temps rentables pour l'entreprise, à la portée des petites bourses et suffisamment élaborées pour se passer des aigreurs d'estomac que provoquent trop souvent les habituels hot-dog et autres fast-food. Des groupes de copains, jeunes ou moins jeunes, pourront également les soirs de semaine commander un menu et se C retrouver dans une ambiance chaleureuse d'un endroit ~ AF'OMJA, ça se ne qui devrait faire aboutir fait, en quelque sorte, que accueillant, qui fait trop soutrouve à Aubervilliers, dans dans deux ans à une autono- récupérer une mémoire et vent défaut dans les banune rue simple et sans pré- mie totale. Nous ne sommes une tradition en faisant de lieues. tention, qui coupe à la per- cependant pas ici dans l'uni- l' ex-Europ' Bar un vrai café Mustapha, dont le ton dependiculaire l'inévitable vers tapiesque et manichéen pour jeunes et non pas seule- vient plus passionné à mesu- « avenue de la République» des« gagneurs» contre les ment une buvette ou un lieu re que notre entretien se des banlieues. CAF'OMJA, «perdeurs ». Mustapha est malsain. développe, semble bénéfic'est jeune, dynamique, albertivilliarien, c'est com- cier d'une longue expérienplein de gaieté. CAF'OM- me cela qu'on dit, depuis ce. Adhérent de l'OMJA JA, c'est aussi l'aboutisse- tout petit après un bref sé- depuis longtemps, le contact ment d'une longue expé- jour dans le Doubs où il est C'est l'endroit avec les jeunes n'a de toute rience et le début, peut-être, né. Responsable du secteur où tu dis le plus bonjour évidence aucun secret pour de pratiques nouvelles qui se «Jeunes adultes» et créa- lui. La pratique des colonies veulent à la fois réalistes et teur parmi d'autres du de vacances, des stages, des ouvertes sur un monde CAF', il ne se distingue guè- En fait, l'originalité de week-ends et des encadremoins frileux. Vous n'avez re des jeunes qui prennent CAF'OMJA réside dans le ments divers ont créé chez ce pas deviné? Eh bien, ne un verre au bar ou de ceux fait qu'il se veut une structure jeune homme d'une trentaisoyez pas déçus CAF'OM- qui, dans les deux arrière- suffisamment souple et ou- ne d'années le goût du tra- JA c'est tout modestement salles, sont attablés devant verte pour que tous les vail en équipe et une aptitule nom d'un café ... mais un un écran-vidéo géant ou ma- jeunes, quel que soit leur de organique à la sociabilité. café pas comme les autres. nipulent les baby-foot, dans statut social, s'y reconnais- « Quand tu manges au CAF' Le CAF' d'Aubervilliers n'a, le brouhaha qui règne natu- sent, mais aussi un lieu de raconte-t-il la mine épad'une part, qu'une année rellement partout où l'on a prestations de services à la nouie, c'est pas possible l, montrer que la banlieue, ce n'est pas forcément la zone. Sans prétendre rivaliser avec Paris, nous pensons pouvoir faire des choses à notre portée ici à Aubervilliers. On prend des contacts pour que les jeunes, s'ils en ont envie, puissent organiser un weekend de ski, pour avoir en permanence au bar une billetterie de cinéma, caféthéâtre, qui leur donne droit à des tarifs réduits ou qui, tout simplement, leur évite de se déplacer à la FNAC-Capitale pour se procurer un billet pour Lavilliers. Côté animation, les cadres de l'OMJA ont réalisé une avancée déjà performante. Le CAF' selon eux doit être un lieu de promotion culturelle. Depuis sa création, en octobre 1985, soixante groupes musicaux s'y sont produits. En programmant quasi régulièrement un concert par semaine, l'OMJA est devenue une des antennes du Printemps de Bourges sur la région Ile-de-France et deux groupes présentés par elle en présélection ont été retenus en finale : Leslie (un groupe de rock) et de King Size (rythm and blues) participeront à la prochaine édition du festival de musique devenu fameux. Des studios d'enregistrement et de répétition sont actuellement à la disposition des musiciens d'Aubervilliers et des alentours. Toujours fourrés dans les mariages d'existence et d'autre part, autour de vingt ans. portée de tous ceux qui veu- t'arrêtes pas de dire bonjour, trois maîtres mots ont prési- Dans le petit bureau où il me lent bien le fréquenter. Par le CAF', c'est l'endroit où tu Il y a quelques mois, Mustadé à sa création: jeunesse, reçoit, Mustapha exprime rapport aux structures classi- dis le plus souvent bonjour. pha a accompagné une quinrencontres, projets. Plu- une légère' inquiétude: nous ques, qu'elles soient pédago- En plus, nos prix sont globa- zaine d'adolescents, petits

0: sieurs promoteurs ont sou- ne voulons pas qu'on nous giques ou commerciales, l'in- lement 15 à 20 % moins éle- beurs et petits Français, au

~ tenu l'initiative des anima- flanque des étiquettes, me novation est à plusieurs ni- vés qu'ailleurs. Cet aspect cours d'un voyage qui les ~ teurs de l'office municipal dit-il en substance. Il s'expli- veaux. économique est important et amenés à Tlemcen, une ville , "t de la jeunesse: la ville d'Au- que:« Nous ne sommes ni Côté fonctionnement, des nous sommes quotidienne- d'Algérie. Il en a gardé un Pas d alcool... bervilliers, bien sûr, mais des éducateurs en milieu sur- plages horaires sont fixées ment à l'affût de la moindre souvenir vivace ';' la « moraaussi les ministères de la veillé, ni un lieu de racaille. pour la restauration et l'uti- erreur, mais il ne doit pas le» du voyage, il la résume Santé, de la Jeunesse et des La réalité est que, au sein de lisation des jeux. Mais elles nous faire oublier notre tâche ainsi: «Quatorze "ados" Sports, la DDASS, et la di- notre association, l'OMJA, sont adaptées au fur et à première qui est de dévelop- face à la réalité algérienne, rection départementale qui existe depuis 1949, nous mesure que des idées nou- per, tout azimut, une sorte complètement spontanés depour l'emploi et l'initiative avons progressivement senti velles sont élaborées. Ainsi, d'éducation populaire, po- vant les responsables algélocale. Aujourd'hui, le ré- la nécessité d'un lieu plus ou dans les semaines qui vien- pulaire mais pas populiste. riens que nous avons renconsultat, encore très partiel, moins intimiste, qui ait une nent les mercredi et samedi Nous voulons que l'acte d'al- trés, toujours fourrés dans les est là, flagrant: cinq em- personnalité, une identité en après-midi, le CAF' sera mis 1er au concert devienne aussi mariages et chez l'habitant, ments. Une jeune Myriam d'ici, qui s'étonne devant le directeur du tourisme que les petites filles mangent séparés des garçons dans le centre de vacances où nous avons logé trois jours, un "ado" de là-bas qui se met à parler verlan, un petit Français qui commence à utiliser des mots en arabe, sans parler du courrier et des cadeaux qui s'échangent depuis par la poste... On se rend concrètement compte de l'absurdité du racisme, parce que chacun réagit en fonction de sa personnalité, de ses désirs, et de son histoire et non de la "race" à laquelle il est supposé appartenir. » Bien que Le Pen ait fait 12 % lors des élections, Aubervilliers semble conserver, jalousement, sa tradition ouvrière d'ouverture d'intelligence entre les communautés qui l'ont enrichie au cours de l'histoire. « Avoir le cul entre deux chaises» ne fait pas partie des préoccupations philosophiques de Mustapha. Oui, il va régulièrement en vacances en Algérie, vivre au bled comme les gens de làbas, mais en cela il ressemble exactement à son voisin de palier ou de quartier qui séjourne non moins régulièrement en Bretagne, en Auvergne ou en Alsace. Pour Mouloud Aounit, le responsable du MRAP local, CAF'OMJA, c'est incontestablement une bonne idée, comme tout endroit où on peut vivre ensemble. D'ailleurs, le comité local a souvent travaillé avec le café : c'est là que l'an dernier, ils ont organisé une gigantesque couscous-party, histoire de parler des problèmes de racisme autour d'un peu de semoule. C'est là aussi que le MRAP a accueilli les marcheurs des marches pour l'égalité. Si, en plus, les jeunes viennent d'ailleurs, le CAF'OMJA n'a pas fini de faire le plein! CHER/FA .. . mais des rencontres Il plois de jeunes ont été créés harmonie avec les besoins à la disposition des jeunes naturel que celui de se fiaire J'e t'avoue que c'est très enri- (1) Les boissons alcoolisées n'y sont N , . d . pas servies par mesure de prévention ID 1 L-_________________________e t_u_n_e~g_es_t_io__n _f_ in_a_n_c_iè_r_e_s_a_i_-__d _e_s~J·_e_u_n_e_s._ ___o_ u_s_ _n_ _a_ v_o_n_s~q~u_l_ _v _o__u _ro _n_t_ _~y _o_r~g_a_n_ls_e_r _, ___~ u~n~e~t~o:il~e~.:~~o~us~v~o:u~l;o~ns~a~us::s~i~c~h:is:s:a~n~G~e:'d:~~l:'a~nt:~p:a:r~m~o~-__ 2c:on:t~re~I~'a1:c~oo:l:is:m:e:. _____________________________________1 Différences - n° 62 - Décembre 1986 ID Raisons d'Etats AUTOPSIE D'UN SUICIDE Hussein Hadi, irakien, arrive à Tours en août 1985. Le 29 septembre 1986, il saute du dix-septième étage d'une HLM et se tue. La mort fut instantanée du dix-septi~e étage de la tour de HLM, il n'avait aucune chance d'en réchapper. L'inspecteur venu constater l'incident déclara sobrement : « Ah ! je le connais », empocha son passeport et repartit. Pendant quelques jours on parla de cet étrange mort d'un étranger. Un article parut dans la presse locale. Un entrefilet dans un quotidien parisien. Puis le silence retomba. Complot? Indifférence? Gêne? Les compatriotes du disparu hésitaient entre le désespoir et l'amertume. Hussein Hadi avait Entre ces deux dates, le calvaire d'un réfugié. eu le malheur d'être tout à la fois irakien, opposant au gouvernement de son pays et hôte du meilleur allié de ce gouvernement, la France. Il en est mort, au coeur de la France « plus France que moi, tu meurs », en Touraine, le soir du 29 septembre 1986. « En 1974, on a failli rater notre bac : dans les lycées de Bagdad, tout le monde était collé aux transistors pour suivre le résultats des élections présidentielles en France. A un moment, il y a eu un bruit : Mitterrand a gagné! Ça a été l'enthousiasme ! Puis il a été démenti. On a été déçus. » Comme je m'étonne d'entendre cet artiste irakien réfugié en France me raconter cette anecdote, il m'explique: « Quand tu n'as pas de liberté, tu es content pour chaque liberté arrachée quelque part dans le monde. » Mais qu'est-ce qui faisait croire à des jeunes lycéens au fond du Moyen-Orient que Mitterrand symbolisait la liberté? « Ses discours. Bien sûr, on savait quelque part que l'Internationale socialiste, c'était pas génial, mais, à ce moment-là, çà ne comptait pas. » Un autre réfugié irakien, chercheur, me met soudain dans l'embarras: pour exprimer son amertume et celle de ses amis, il me cite Baudelaire en arabe, essaye de le retraduire en français et demande: « Comment dit-il exactement, en français ?» Je l'ignore ... Les émigrés irakiens vivent une tragédie. Elle est plus ancienne que les attentats de 1986 en France. Elle est plus ancienne que la guerre avec l'Iran, déclenchée le 22 septembre 1980. Essayons de l'expliquer avec simplicité. Il y a environ 1 800 Irakiens en France. La majorité sont étudiants, intellectuels, artistes. Une minorité sont des barbouzes professionnels . Une autre minorité sont contraints de collaborer avec les précédents. Les polices française et irakienne collaborent étroitement. Il s'ensuit pour la majorité des Irakiens résidant ici un climat d'inquiétude, de précarité, de peur et de suspicion. Une autre minorité est celle des réfugiés reconnus comme tels par l'OFPRA: dans cette poignée d'« heureux élus », les Kurdes sont majoritaires. Ceux, nombreux, qui auraient toutes les raisons du monde pour demander l'asile et ne le font pas, craignent des représailles contre leurs parents en amis en Irak: c'est que la collaboration francoirakienne est très étroite! Résultat: des candidats au statut de réfugiés qui n'onl pas d'alternative se retrouvent dans la situation de clandestins. Certains craquent comme cet homme qui en a eu marre, a déchiré tous ses papiers et est parti pour un pays limitrophe. Cloîtré dans un hôtel, il y attend une réponse à sa demande d'asile. Il Y a deux catégories d'Irakiens qui se retrouvent dans des situations administrative~, dramatiques. Les premiers ont résidé en France plusieurs années, en suivant des études, par exemple. Arrive le jour où ils doivent renou-' veler leur passeport. A l'ambassade d'Irak à Paris, on les convie alors à une conversation politique. Les uns refusent ouvertement, les autres acceptent en tentant d'éviter les pièges grossiers qui leur sont tendus ou de répondre aux questions provocantes. Résultat dans les deux cas : le passeport n'est plus renouvelé. Ils demandent alors l'asile à la France. Il leur est fréquemment refusé. Les seconds arrivent ici après avoir fui le régime de Sadam Hussein. Souvent ils ont peur de le solliciter et tentent de régulariser leur situation d'une autre manière. Hussein Hadi arrive à Tours. en août en 1985. Il vient de Damas. Depuis 1980, il a Différences - n° 62 - Décembre 1986 vécu successivement au Maroc, en Jordanie et en Syrie, toujours avec un rêve en tête : aller en France pour enfin étudier la langue et la littérature de ce pays, qui a joué un rôle culturel et idéologique si important dans la formation de tant de jeunes moyen-orientaux. Pourquoi Tours? Parce qu'un ami à Damas lui a donné l'adresse d'un compatriote dans cette ville. Hussein fait partie des centaines de milliers d'Irakiens sur les papiers desquels est portée la mention d'« origine iranienne » et qui ont été déportés par l'Irak vers l'Iran et la Syrie à partir de 1980. Aujourd'hui sa famille est éclatée entre l'Irak, l'Iran, la Syrie et l'Europe. Cette origine de son vagabondage à travers plusieurs pays serait une bonne raison pour demander l'asile. Mais il s'inscrit à l'université de Tours, où on constate son sérieux et son bon niveau. Il va à la préfecture. Problème : pour obtenir un titre de séjour d'étudiant, il faut disposer d'un visa de séjour de longue durée pour études. La préfecture suggère au service administratif des étrangers de l'université de demander ce visa au consulat français de Damas, ce qui évitera à Hussein un allerretour pour aller se le procurer. La demande part de Tours pour Damas en octobre 1985. En janvier, toujours pas de réponse. Seule solution: se résoudre à demander l'asile. Il dépose sa demande le 16 janvier. Réponse le 23 janvier: demande rejetée. Pourquoi? Hussein n'a pas signalé à l'OFPRA que la prolongation de validité de son passeport irakien est un faux, réalisé contre paiement par une office spécialisée au Koweit. L'OFPRA le considère donc comme résidant « à l'étranger depuis 1980 avec la protection des autorités irakiennes » . Il n'apporte, dit-elle, « aucun élément probant susceptible de justifier l'existence de craintes de persécutions ». Il a alors un mois pour déposer un recours contre le rejet. Il est dégoûté, il ne veut pas faire d'histoire, il ne fait pas de recours, l'expulsion dramatique de quatre Irakiens en février (deux vers Bagdad, un vers Damas, le quatrième assigné à résidence en France) déclenche alors chez nombre d'Irakiens une panique que l'on comprend aisément. Ni exalté, ni parasite D'autorisation provisoire de séjour de 2 semaines en autorisation provisoire de séjour de 4 mois, Hussein se retrouve en août 1986 face à un refus préfectoral de lui renouveler cette APS. Que faire? Surtout ne pas provoquer d'ennuis à ses parents restés en Irak. Hussein n'est ni un exalté, ni un parasite. Il a quitté Îa famille de compatriotes qui l'ont hébergé au début de son séjour dès qu'il a pu trouver une chambre. Il veut compter sur ses propres forces. Mais surtout, selon ceux qui l'ont connu et rencontré, les pressions policières auxquels il a été soumis, les menaces d'expulsion l'ont amené à faire un choix: tout plutôt que de faire souffrir encore plus sa famille en cas de déportation vers l'Irak. Le 13 septembre 1986, Hussein Hadi tente de se trancher la gorge. Hospitalisé, il reçoit la visite de la police puis de la DST. Menacé d'expulsion, il arrache les perfusions, essaye de se supprimer une seconde fois . 24 septembre: Hussein est dirigé sur le service psychiatrique du CHU, à Saint-Cyr 26 septembre: le directeur du service ordonne la sortie du patient. « Il est en bonne santé et il nous coûte 2 000 francs par jour. » L'ordre est verbal et non écrit. La préfecture n'est pas avertie. L'avis du médecin soignant n'est pas pris en compte. Les protestations d'un responsable associatif français sont ignorées. De plus, Hussein était pris en charge à 100 % par l'aide sociale. Le directeur était à cinq jours de la retraite ... Pris en charge par des ' compatriotes qui recommencent leurs précédentes tentatives d'intéresser des organisations françaises à son cas, Hussein se sent suivi et surveillé. Alors que l'ami qui l'héberge est à une réunion, il saute du balcon de son appartement où il est hébergé. Hussein Hadi est un martyr - c'est-à-dire un témoin - des excellentes relations francoirakiennes. 0 BENJAMIN KEMAL POUR MEMOIRE • EMIGRATION. Une sociologue soviétique, Inessa Florova, accompagnée de son mari et de ses deux enfants, quitte Moscou pour Tel-Aviv, où elle doit se prêter à une greffe de la moelle épinière en faveur de son frère atteint de leucémie (3 novembre). • UNESCO, L'UNESCO fête son 40e anniversaire. Malgré le départ des Etats-Unis, l'UNESCO continue son oeuvre, souligne son directeur général M . M'Bow (4 novembre). • PUNI. Un chef d'entreprise de Mâcon (Saôneet- Loire) qui fournissait Le 14 juillet 1984, à Poix-du-Nord, non loin de Lille, mourai.t Hassan Ahmane. fran· çais d'origine marotaine. ft avait 28 ans. Accompagné de sa femme Béatrice, de la famiDe de celle-ci, de leur ms Rachid et de son frère Atif, il décida d'aller s'amuser à la fête foraineâ au bal de Mariane. Mais ce jour. venue en France de Pieter Botha. Manifestations également dans plusieurs villes de province (6 novembre). • INTERDIT DE MARIAGE. Mark ReIs, un sujet britannique de 44 ans, né de sexe féminin et devenu peu à peu un homme, restera interdit de se marier avec la femme qu'il aime. La Cour européenne des droits de l'homme a débouté ce transsexuel auquel les règlements en vigueur en Grande-Bretagne interdisent de se marier avec une femme (6 novembre). • VISAS EN URSS. Les autorisations de sortie d'URSS pour raisons RACHID, ORPHELIN A DEUX ANS ETDEMI... manent d'URSS ou une visite ou un retour en Union soviétique sont ainsi énumérées: réunion des familles, rencontre avec des parents proches, mariages, visites à des parents gravement malades, à des lieux où ont été enterrés les proches parents, résolution de problèmes de succession et « autres causes importantes ». Ces compléments de loi fixent par ailleurs des délais précis: une réponse aux demandes de départ ou . de retour devra être fournie par les autorités dans le mois suivant la requête, • EXPULSION ANNULEE. Le tribunal administratif personnes s'est formé pour assister aux «jeux du cirque~. Personne ne s'est dressé pour tenter de séparer les deux hommes. Les secours tardent, Trois quarts d'beure a.vant d'arriver. Ds sont chauds lesl4-JuiIlet, police et pompiers ne savent plus oÙ donner de la tête. là, f~te nationale oblige, tout le monde avait un peu trop bu et la tension monta vite entre un inconnu, J .H., et le petit groupe. Bousculade, réflexions déplacées, du type : « Elle est avec J'Arabe! ,. Ce café est vidé une première fois, à coups de bombe lacrymogène. Mais, ça ne sumt pas pour calmer les esprits. J.H. casse un verre en sortant sur le phare d'une voiture et attend les Arabes sur la place avec cet instrument redoutable. D écarte Atif qui voulait s'interposer. On le ceinture pour l'empêcher de défendre son frère. Hassan s'effondre, le sang gicle abondamment. Sur la place, un cercle de plus de 50 Hassan meurt dans l'ambulance. C'est à Douai, les 16 et 17 octobre 1986, qu'a eu lieu, aux assises du Nord, le procès de J .H.,meurtrler de Hassan Abmane. Le MRAP s'était porté partie civile aux côtés de la famille de Hassan, à leur demande expresse. Malgré la demande, présentée par la partie civile, de reqwdification de l'acte en « bomicide volontaire,., la cour s'en tient à l'inculpation de «coups et blessures volontaires, ayant entrainé la mort, sans inten· tion de la donner ~. Au bout d'une heure de délibéré, le verdict tombe, buit ans de réclusion criminelle. BERNADETTE NET/ER colloque n'a pas donné lieu à un communiqué commun. • OFFRE D'AIDE. L'OLP est prête à fournir à la France toute l'aide qui serait demandée pour lutter contre le terro- • EXERCICE PRAnQUE. Un risme, déclare Yasser député israélien se Arafat dans une inter- plaint auprès du chef view publiée par Paris- d'état-major de l'armée Match (6 novembre). des méthodes em• APARTHEID A MONTFER. ployées pour apprendre MEIL. Pierre Bernard, le aux jeunes recrues à maire de droite de tirer et l'armée accepte Montfermeil (Seine- d'ouvrir une enquête. Saint-Denis) prétendait Selon le député de interdire l'accès à l'école gauche, Elazar Granot, maternelle aux enfants les jeunes soldats doid'immigrés. Il a été vent tirer sur des cibles contraint de le faire par portant des keffiehs et le préfet de Seine-Saint- ouvrir le feu lorsque les Denis. Il a dû procéder à officiers crient: «Sur l'inscription de 40 en- Mohammed, feu!» (6 fants immigrés auxquels novembre). il l'avait refusée. C'est • EXCLUSION. Psychiatre un récidiviste car c'est la new-yorkais, le père seconde fois depuis 1985 John McNeill a refusé que M. Bernard se voit de cesser son ministère ainsi désavoué pour un auprès de la commufait analogue par la pré- nauté homose xuelle fecture du département. catholique et il est exclu Non content de cela, M. de l'ordre des Jésuites. Bernard a entrepris de (9 novembre). débarrasser les rayons • REINTEGRATION Hocine Le racisme, c'est ringard deux manifestations pour « saluer» Botha, et beaucoup de jeunesse dans les deux. des bibliothèques pour Bourouba, l'ouvrier alenfants de sa ville de gérien de Belfort, ex- jet, au cours de la nuit, pour accélérer l'élabora- en Ukraine pendant la soigner et désirant y séjour prolongé de l'infime minorité de pulsé puis revenu en d'un attentat à la tion d'un nouveau statut Seconde Guerre mon- rester, était menacée 10 ans (14 novembre). livres « différents» qui France avec un visa de bombe. Cet attentat, qui re c onnaiss'an t aux diale, meurt dans la d'expulsion pour une • DECORE. Le chanteur ont réussi à surmonter tourisme, obtient finale- n'a pas été immédiate- Tziganes de France leur prison de Barczewo, à sombre histoire de res- aveugle noir américain, les énormes obstacles de ment une carte de sé- ment revendiqué, n'a identité culturelle et la l'âge de 90 ans. Il était pect des lois sur le sé- Ray Charles, est fait l'édition et de la distri- jour. L'expulsion de ce pas fait de victimes, suppression des mesures responsable de la mort jour dans notre pays. Le commandeur des Arts et bution, et il traque le serrurier le 23 se p- mais a provoqué d'im- discriminatoires à leur de 4 millions de per- maire du Blanc-Mesnil Lettres par le ministre marxisme et son « esprit tembre dernier avait en- portants dégâts maté- encontre, comme le « li- sonnes (12 novembre). et le député de Seine- français de la Culture. Il pervers » jusque dans traîné l'intervention de riels. Cet attentat sera vret de circulation » (11 • SUCCES DE LA SOLI· Saint-Denis, François sera décoré le 21 no- Ies comptines et les son patron qui avait revendiqué deux jours novembre). DARITE. Anna Levy- Asensi, sont intervenus vembre (14 novembre). contes de fées, ce qui a plaidé sa cause devant le plus tard, depuis Bey- • NOUVEAU CODE. Le Hasse, 73 ans, Israé- auprès du préfet et du • A PERPETE. La cour suscité une levée de maire de Belfort et écrit routh , par un groupe se Conseil des ministres lienne, ancienne dé- ministre de l'Intérieur. d'a s sis e de Par i s boucliers de nombreux au ministre de l'Inté- présentant comme l'Or- adopte le projet de loi portée, venue en France Résultat: Anna Levy- con dam ne Pas cal éditeurs et écrivains (6 rieur pour lui demander ganisation de l'appel du réformant le code de la il y a 3 ans pour se Hasse voit son permis de Dolzan, 23 ans, à la rénovembre). d'annuler cette décision Christ» (11 novembre). na t ionalité (12 no- clusion criminelle à per- • REGULARISATION. Le (9 novembre). • BONNE NOUVELLE. Au vembre). offert un de ses châ- pétuité pour le meurtre p r é s i d e n t R 0 n al d • ETAT DE SIEGE A LONGUE. cours de la conférence • SPORT INTELLIGENT. La teaux au FN. Tout de trois homosexuels en Reagan signe une loi VAL. Dans Longueval qu'il donne à l'hôtel police australienne in- cela commence à février et mars 1983 (14 modifiant les règlements (Somme) en état de Crillon, le président terdit à Sydney et à sentir mauvais. Alors novembre). d ' immigra tion a u x siège, Pïeter Botha d'AfriqueduSud,Pïeter Melbourne une compé- arrive Roger Hol- • PROVOCATION. En Etats-Unis . Les nou- dépose une gerbe de Botha, affirme que Pre- tition de « lancer de leindre, mercenaire de Nouvelle-Calédonie, un veaux textes prévoient fleurs sur le monument toria est capable de pro- nain ». Ce jeu barbare toutes les causes per- jeune Caldoche est tué des amendes pour les aux morts sud-africains duire l'arme nucléaire consiste, comme au dues et député du par balles à Thio au employeurs qui embau- des deux guerres sous (12 novembre). bowling, à lancer sur des Front national, qui, cours d'affrontements chent des immigrés illé- les huées et 'les sifflets. • POURSUITE. Un député quilles des planches à l'âme noble, annonce entre le RPCR et des gaux, mais régularisent Cette fois , le maire, le du Front national du roulettes sur lesquelles la création d'un co- indépendantistes (15 nola situation de millions sous-préfet et le général Haut-Rhin, Gérard sont attachés des Bokassa,ex-empereur mité de soutien à l'ex- vembre). d'étrangers illégaux qui commandant la 11' ré- Freulet, comparaît de- nains ... (13 novembre). de Centrafrique et empereur, afin d'ob- • GREVE DE LA FAIM. Mme résidaient déjà aux gion militaire accueillent vant le tribunal correc- • RACISME PRIMAIRE. Pré- condamné à mort tenir sa libération, ou Khira Ahmed, enceinte Etats-Unis avant le le bourreau des Noirs tionnel de Strasbourg, sent, journal proche du dons ce pays décide un j u g e men t de neuf mois, qui obser- 1" janvier 1982 (6 no- d'Afrique du Sud. Les sur citation du MRAP Front national, compa- d'y rentrer. Drôle «libre », c'est-à-dire vait une grève de la faim une main-d'oeuvre im- personnelles font l'objet annule l'arrêté d'expul- vembre). manifestants (PC, CGT, qui le poursuit pour rait devant la première d'idée. Il est a"êté à en présence d'avocats depuis près d'une semigrée en situation irré- d'une série de décrets ou sion pris contre Paulin • RENCONTRE ISRARo-PA. PSU, MRAP, SOS Ra- « complicité du délit de chambre du tribunal de son amvée. Quelques français. La raison de maine sur le parvis de gulière à des entreprises d'amendements à la loi, Lossou, le secrétaire gé- LESTINIENNE. Une ren- cisme, LCR, etc.) par- provocation à la discri- Paris. Il est poursuivi jours plus tard, un de cette action , pour Notre-Dame à Paris, and bl e travaux pu I' CS, est qUi. entreront en vi. gueur ne, ra1 a dj"o mt d u M ouve- contre entre pacifistes viennent tout de même à mination à la haine ou à par la j'ournaliste Anne ses proc h es déclare Roger Holleindre, nonce qu'elle cesse son d con amne" 2a 0000 F de' s 1e l"j'a nvi.e r 1987. ment d"e mocrahque to- palestiniens et respon- s'approcher du lieu de la la violence envers une Sinclair que Présent, que B 0 kas sa a été ma· c'est« sa simple action « à la sUI'te d e d ,a mednepiarten 'ub na1 C es textes vi. ennent gola'ls . L e tn. b una 1 sables de l'OLPà Costi- cérémonie pour mani- ethnie déterminée ». Le évoquant la prochaine n'. pule ' par des amitié avec un garanties seneuses e t correctionnel de Lyon (5 d'être publiés dans le précise qu'aucune des nesti, en Roumanie, fester leur désaproba- jugement sera rendu le émission de « 7 sur 7 », membre du Front na- nègre ». Quand on formelles émanant des novembre). Bulletin officiel des actes pièces produites par le s'achève sans incident. tion (11 novembre). 3 décembre (12 no· a qualifié de « pulpeuse tional, désireux de vous dit qu'ü avait autorités compétentes • REVOLTES. 15000 per- gouvernementaux. ministre de l'Intérieur Contrairement aux es- • AnENTAT CONTRE UNE vembre). charcutière casher » (12 mettre l'Etat français grand coeur! Et aussi pour l'obtention d'un L sonnes manifestent à es rai·s ons personneI l es ne permetd e conc ure à poirs exprimés avantl la SYNAGOGUE. La· prin- STA TUT. La commu- novembre). en dJÇ.' l,' cuité. Ce le langage un peu titre de séj'our » a' son III Paris de la République à pouvant motiver un dé- une activité subversive rencontre par certains cipale synagogue du nauté française tzigane • LONGUE VIE. Erich même proche affirme fruste des belles époux (18 novembre) . . L.._l_a _B _a_s_t_il_l_e __c_ o_n_tr_e_ _la_ ___p _a_r_t_t_e_m_p_o_r_a_ir_e_ o_ u_p_e_r_-___d_ u _d_ é_m_ o_ c_ra_t_e_ _to g_o_l_a_is_, ___p_ a_ci_fi_·s_te_s_ _i_ sr_a_é_li_e_n_s, _c e_ ___c_ e_n_tr_e_d_'_A_n_v_e_r_s es_ t_l_'O_b_--L ___~ d~Me~mi:tat:enr~rda:en:d:- aud~:'ipn~rt:eérsv~ie~nd~iern :t~~Kn:e:Ou:rc hn-a,z::i ane~nc: iP~oe~lno~gg~noe~u :evt~ e:r-~~::q:u:e::l:'e:x:-e:m:p:e:T:e:u:r::a:::::â:m:e:s:,:D::::::::::::-__________~ :RR:éO:aB:Eh~RS~Té :Pp~AaC~r _1 III Différences - n° 62 - Décembre 1986 La France est en état de racisme: il faudrait une bonne dose d'angélisme pour ne pas s'en rendre compte. Il ya dans notre pays une, voire des traditions racistes, des mouvements qui l'exhument, les renforcent et les suscitent. C'est comme ça et ça se voit, ça se dit partout. Mais ce qu'on dit moins, c'est que la France, la même, est aussi en état d'antiracisme: lui aussi a ses traditions, ancrées au plus profond de la République, et ses mouvements, ses penseurs, ses militarits, sa mouvance. Moins montrée parce qu'on ne s'intéresse qu'aux trains qui déraillent, la force antiraciste en France se compte par millions de personnes. Après la double vague de succès médiatique du Front national et de SOS-racisme, il semble qu'on assiste actuellement à une stabilisation du front. Les députés d'extrême droite déversent leurs immondices à l'Assemblée nationale, dans une indifférence quasi générale, faut-il s'en plaindre ou s'en réjouir. Les badges ont quitté les revers de vestes des jeunes et il faut quelques attentats pour qu'on voit ressurgir les vieux démons. A la télé, s'entend, car le racisme de rue n'a pas disparu: tous les jours en France, on continue à injurier, bastonner ou tuer. Mais on n'en parle plus. Nous avons voulu faire le point sur le courant antiraciste français. Bien sûr, rien d'exhaustif: la nébuleuse est sans doute beaucoup plus dense que ces quelques pages. Mais nous esquissons ici une sorte de typologie qui, des dirigeants d'associations aux antiracistes sans appartenance, doit, grosso modo, rendre compte de la galaxie. A tout seigneur tout honneur, nous avons commencé par les chefs. Quatre personnes pour quatre familles de pensée, nous leur avons posé les trois mêmes questions: quoi de neuf ces dernières années dans la lutte contre le racisme, quelle différence entre leur organisation et les autres, et demandé de choisir une mesure pour lutter contre le racisme. Cette dernière question, nous l'avions posée à la sortie de l'Assemblée générale du MRAP à Limoges en octobre à un certain nombre de militants. Leurs réponses témoignent mieux de la diversité des « troupes » antiracistes que toute . galerie de portraits. Quelques livres enfin, parmi la douzaine sortis cet automne, touchant peu ou prou au racisme et à ce serpent de mer qu'est devenue la dialectique, ou supposée telle, entre différences et ressemblance. Enfin, quelques plongées dans le vaste monde des « sympathisants ». Sortie de café, cité à La Courneuve: une menace permanente 1L S S ONT VENUS, SONT TOUS LA POUR LA PREMIERE FOIS DANS LA NUIT DES TEMPS ANTIRACISTES , TOUS LES RESPONSABLES DES GRANDS MOUVEMENTS SONT RASSEMBLES. PRESQUE TOUS: IL NOUS A FALLU ELIMINER TOUTES LES INSTANCES, PARTIS, ASSOCIATIONS QUI NE S'OCCUPENT PAS EXCLUSIVEMENT D'ANTIRACISME. QUANT A LA« MOUVANCE BEUR », IL A FALLU CHOISIR DANS LA MYRIADE D'ASSOCIATIONS. NOUS AVONS DEMANDE A NACER KETTANE, QUI NOUS A SEMBLE BIEN REPRESENTER CE COURANT. TOUS QUATRE ONT REPONDU AUX TROIS MEMES QUESTIONS QUOI DE NEUF DANS L'ANTIRACISME? QU 'EST CE QUI VOUS DIFFERENCIE DES AUTRES? SI VOUS AVIEZ UNE SEULE MESURE A PRENDRE? L'EVENEMENT LE PLUS IMPORTANT ? LA CONDAMNATION DU RACISME ET DE L'ANTISEMITISME PAR L'EGLISE Différences: Quel est l'événement le plus important pour la lutte antiraciste de ces dernières années? Jean-Pierre Bloch : L'événement le plus important de cette fin du vingtième siècle, c'est la condamnation très nette et très claire du racisme et de l'antisémitisme par l'Eglise catholique. Jean XXIII et Jean-Paul II aujourd'hui ont définitivement condamné l'antisémitisme et le racisme à bases religieuses. C'est, à mon sens, ce qui a le plus marqué la bataille que nous menons. Il ne faut pas oublier que c'est grâce à l'action de Jules Isaac que nous sommes arrivés à ce résultat. Et je suis personnellement très fier d'avoir organisé son voyage au Vatican en 1962. Cette action s'est prolongée par la signature d'une déclaration commune des autorités religieuses, catholiques, juives et arabes, et des associations contre le racisme, déclaration dont nous avons été à l'initiative l'an dernier. Différences: Qu'est-ce qui différencie votre organisation des autres mouvements antiracistes? ].-P. B. : Vous savez que la LICRA a d'abord été la LICA, une organisation de lutte contre l'antisémitisme née avant-guerre et qui a notamment obtenu la promulgation du décret Marchandeau, sorte de préfiguration de la loi de 1972 contre le racisme. Puis la LICA est devenue la LICRA. Nous défendons tous les persécutés. Je vous rappelle que j'ai été au premier rang de toutes les manifestations de soutien aux chrétiens du Liban et, aujourd'hui, l'un de nos grands combats est la défense des juifs d'URSS. Mais la LICRA ne peut combattre seule des phénomènes aussi inquiétants que l'actuel révisionnisme, et je souhaite que toutes les organisations antiracistes, qui peuvent avoir des différends, des points de vue séparés (nous sommes en démocratie !), s'unissent pour lutter contre les tentatives de falsification de l'Histoire. Je suis l'un des fondateurs du Comité d'action de la Résistance, et donc doublement concerné par les efforts de Il ces mouvements qui tentent ?e blanchir le nazisme. I ________ ~--------------------~~----~~--~----------~ Chaque fois que cela est possible, nous ne devons pas hésiter à poursuivre ces individus devant les tribunaux, à montrer que certains d'entre eux ont appartenu à des mouvements néo-nazis et que leur soi-disant travail scientifique n'est pas complètement innocent. Depuis Darquier de Pellepoix, qui affirmait naguère qu'on n'a gazé que les poux à Auschwitz, on a fait beaucoup mieux dans le genre. Différences: Si vous aviez à préconiser une seule mesure pour lutter contre le racisme? ].-P. B. : Elle est en bonne voie; j'ai demandé au ministre de l'Education que la déclaration des droits de l'homme soit affichée dans toutes les écoles et au ministre de l'Intérieur qu'on appose la loi de 1972 dans tous les commissariats. DESORMAIS, DE NOUVELLES VOIX FONT LES PAROLES ET LA MUSIQUE, ET DECIDENT DE LEUR PROPRE AVENIR Quoi de neuf? C'est l'émergence d'une voix relativement autonome qui s'est exprimée pour la première fois en dehors des filtres traditionnels que représentaient, d'une part, les organisations traditionnelles de l'immigration fortement encadrées par des associations oecuméniques ou humanistes et, d'autre part, par les organisations liées aux pays d'origine. Celles-ci faisaient et font toujours de l'immigration un enjeu de stabilisation politique de leur régime (l'effet boomerang de l'immigration algérienne, en particulier, étant une constante de l'évolution intérieure de ce pays). De l'agence Im'media à Radio Beur, en passant par les JALB Geunes Arabes de Lyon et banlieue) ou des associations comme l'ANG! (Association de la nouvelle génération immigrée), un certain nombre d'acteurs sociaux ont affirmé et concrétisé leur volonté d'être sujets de leur propre histoire et non plus objets. Ils ont ainsi changé le rapport de force. Confinés jusque-là dans une orchestration dont ils ignoraient la partition, ils font désormais les paroles et la musique et décident de leur propre avenir, en tenant compte de l'environnement et des stratégies d'alliance indispensables à toute lutte antiraciste. Dans ce contexte, on a assisté à un bouleversement des mentalités. De la marche pour l'égalité de décembre 1983 à SOS-racisme, un fait s'est imposé: le caractère structurel de nouvelles communautés a changé la donne. Différences - n° 62 - Décembre 1986 Alors que, dans le passé, elles constituaient un enjeu, elles ont inversé la question en faisant de la France même un autre enjeu à travers les valeurs démocratiques dont elle se réclame. Seule une profonde remise en question de ses soubassements garantira son avenir. Ainsi, une redéfinition de la Citoyenneté, l'innovation de nouveaux schémas de communication, de gestion, d'échanges, entre le Sud et le Nord notamment, permettront de trouver les moyens adaptés pour éviter les affrontements. Vous et les autres? Plutôt que de parler de mouvement, je parlerai de communautés et d'associations avec des actions croisées. C'est la première fois qu'est posée avec autant de clarté, sur la place publique, la réalité pluri-ethnique de la France. Rompant avec le discours niveleur de la société française, un certain nombre d'acteurs sociaux mettent en exergue une réalité presque occultée, sans pour cela préluder à une quelconque « libanisation» dont certains se servent comme d'un épouvantail. La France et l'Europe se trouvent aujourd'hui dans la même situation que les Etats-Unis ou le Canada. Certaines communautés (maghrébines en particulier) définitivement enracinées en France veulent qu'on reconnaisse leur « négritude ». Elles veulent entretenir leur mémoire, leur culture, leur religion, leurs langues et ont ni envie de se justifier ni de renier quoi que ce soit de leur personnalité. Une seule mesure à prendre? Non, la lutte antiraciste ne se conçoit que sur le long terme, c'est un véritable travail de fourmi où chaque procès gagné, chaque personne rétablie dans son droit est important. Seule une société qui garantit la dignité de l'être peut faire le pari de combattre le racisme. Ces garanties sont le respect des libertés, des identités, le combat pour le plein emploi, une justice égalitaire, une refonte de l'enseignement de l'Histoire, la lutte contre les inégalités, contre l'apartheid économique, une éducation et une scolarité égales en chances ... IL EST TEMPS AUJOURD'HUI DE DEPASSER LES CRISPATIONS Quoi de neuf? Ce qu'il y a de nouveau depuis dix ans, c'est d'abord que le racisme est plus débridé et quotidien. L'antiracisme n'est plus une affaire de gardiens du Temple, mais devient un IP.I enjeu de société qui se rencontre partout, au coin de • l'école, de l'usine, du logement, de la télé ou de la politique. Le racisme et l'antiracisme sont devenus plus que jamais un . des centres de gravité de la vie politique française, ce qui a l'avantage de poser clairement le problème des rapports entre les différentes communautés vivant en France et l'inconvénient d'un risque permanent de dérive sans borne. Nouveau aussi, le fait que ce combat prenne la forme d'un conflit de générations, dont la première explosion a été la Marche des Beurs et des associations de la «deuxième génération », et la seconde SOS-racisme, l'une complétant l'autre. Nous et les autres? Ce qui différencie SOS, c'est d'abord son impact. Mais encore faut-il en comprendre les raisons. Essentiellement parce que c'est l'organisation qui a su exprimer cette prise de conscience d'une génération qui a fait de la lutte contre le racisme son combat. D'abord parce qu'il s'agit d'une génération postcoloniale, à tous les sens du terme, qui vit dans un univers métissé et moins ethnocentrique, n'entretient pas le même rapport à la différence et ressent comme une véritable menace toute ségrégation et tout rejet. Cette prise de conscience correspond aussi à un retour au politique, après le creux de la vague de la bof-génération. On assiste à une résurgence des valeurs de solidarité, même si cela ne passe plus par une adhésion à des idéologies vendues clés en main. La pleine dimension de SOS-racisme, c'est celle d'un mouvement intercommunautaire, qui ne s'est pas organisé sur une base communautaire ou politique. Autre différence: nous essayons d'avoir le langage de cette génération et d'utiliser les médias. SOS-racisme prône des formes de militantisme plus souples, plus dynamiques, plus rapides. Avec les inconvénients de cette originalité: la fragilité, le risque de découragement après lIuoi de neuf! L'existence dans cette lutte de la jeunesse, dans de grandes occasions, tout comme au quotidien. Les jeunes d'origine immigrée, surtout les Maghrébins, qui ont organisé en 1983 la Marche pour l'égalité, prennent une place croissante dans ce combat, d'une façon à la fois autonome et solidaire des autres forces antiracistes. Un combat où ils retrouvent les Eglises, les syndicats, les enseignants, les partis et associations les plus divers attachés aux droits de l'homme. Cette mobilisation est d'autant plus nécessaire que le racisme a contaminé de larges secteurs de l'opinion et a l'enthousiasme. C'est pourquoi nous avons toujours eu le souci de ne pas nous couper des autres organisations, de ne pas nous inscrire en opposition à l'histoire et la mémoire des combats passés. Il me semble que les organisations traditionnelles de lutte contre le racisme ou pour les droits de l'homme doivent comprendre que cette génération est ancrée dans la lutte contre le racisme, mais qu'elle doit trouver chez elles des points de repère qui correspondent à son combat, et que toute attitude de méfiance à son égard risque de la désespérer et de susciter chez elle des phénomènes de rejet des formes traditionnelles de lutte. Il est temps aujourd'hui de dépasser les crispations nées de l'apparition de SOS-racisme. Une seule mesure? Je ne crois pas qu'il y ait de recette miracle pour résoudre le problème du racisme. Il nous faut toujours travailler sur deux plans: changer les mentalités et combattre pour l'égalité dans les faits et dans la loi. L'un entraîne l'autre : on n'a pas de respect pour qui est dépourvu de droit mais, à l'inverse, dans un climat de racisme, l'égalité des droits ne peut qu'être formelle. Ainsi, en Grande-Bretagne, la plupart des immigrés, issus du Commonwealth, ont le droit de vote aux élections locales, mais vivent des situations de racisme au moins aussi violentes qu'ici. Pourtant, s'il n'y avait qu'une mesure à prendre aujourd'hui en France, c'est le droit de vote aux élections locales et/ou l'accès quasi automatique à la citoyenneté après cinq ans de résidence, ou trois comme au Canada. S'il y a une réforme à faire du Code de la nationalité, c'est dans ce sens qu'elle doit aller. En même temps, il faut agir sur le quotidien, l'école, la police, le logement, l'emploi ... D Propos recueillis par JEAN-MICHEL OLLE largement pénétré le discours politique et pas seulement celui de l'extrême droite. Le racisme est un tout, il faut l'affronter dans chacune de ses manifestations particulières, mais aussi globalement: il ne concerne pas que les victimes directes de ce fléau, c'est notre société dans son ensemble qui est en cause. S'opposer au racisme est donc en permanence l'affaire de tous, sans distinctions d'origines. Vous et les autres? Plutôt que d'opposer les associations les unes aux autres, je préfère essayer de préciser les caractéristiques du MRAP. Le MRAP est indépendant de tout pouvoir, quel qu'il soit; il n'intervient dans la vie politique et sociale que sur les questions qui ont rapport au racisme; il le fait sans complaisances ni parti-pris. C'est le résultat et la condition de son pluralisme. S'il est vrai qu'aujourd'hui en France, les immigrés et leurs enfants sont spécialement dans le collimateur, nous luttons aussi pour les droits et la dignité des juifs, des tziganes, des originaires des DOM-TOM, des réfugiés de toutes nationalités ... Au plan international également, le MRAP s'efforce de prendre position avec le plus d'objectivité possible, en fonction de la nature et de la gravité des faits, dès lors que des hommes, des communautés ou des peuples sont bafoués, persécutés ou opprimés sur la base de discriminations « raciales », ethniques ou nationales, en quelque lieu et sous quelque régime que ce soit. C'est pourquoi notre mouvement - qui est doté du statut consultatif auprès de l'ONU - est engagé à fond contre le système d'apartheid en Afrique du Sud, forme institutionnalisée du racisme, et la plus meurtrière qui soit. •• • (suite p. 42) QUE SERAIENT LES CHEFS SANS LEURS FORCES? PLUTOT QU'UN PORTRAIT-ROBOT DU MILITANT ANTIRACISTE, SA VIE, SON OEUVRE, NOUS AVONS PREFERE LEUR POSER UNE QUESTION; ET VOUS, QUE FERIEZ-VOUS CONTRE LE RACISME? Nous avions demandé à quelques militants du MRAP, présents à l'assemblée générale ., de leur mouvement, de nous dire quelle était la mesure à prendre actuellement pour faire diminuer le racisme en France. Trois enseignements à tirer de leurs réponses. Le A.SENNA premier, c'est qu'aucun d'entre eux n'a cité de mesure à prendre par le gouvernement. Visiblement, on ne fait guère confiance aux représentants de l'Etat sur ce terrain, ce qui ne se limite pas à une appréciation politique : les mesures préconisées ne sont presque jamais de l'ordre de la décision administrative, mais relèvent de la lutte sur le terrain ou de vastes domaines mal cernés comme les médias. Le deuxième, c'est qu'il y a peu de militants, malgré la question, pour ne donner qu'une seule réponse: visiblement, les gens qui luttent contre le racisme ne croient pas aux recettes miracles, mais à un ensemble d'actions susceptibles ensemble de modifier le paysage social. Le troisième, c'est l'extrême diversité des mesures proposées, diversité encore plus notable puisque les réponses viennent de personnes appartenant toutes à un même mouvement. « Il faut parler de la peur ", dit quelqu'un. « Et de la cause de cette peur. Les gens ont peur! De quoi? Et pourquoi? Il est urgent de mener une enquête profonde dans ce secteur. " Un autre dira aussi: « Ne plus dire aux gens de ne pas avoir peur, mais leur demander ce qui les effraie. " ('est simple: de l'action, de l'unité, de la télévision et du terrain On insiste énormément sur l'information : « Il faut informer, produire des dossiers, des analyses, des articles dans la grande presse. Ne jamais hésiter à répéter des vérités élémentaires qui n'en sont pas pour autant admises de tous. " Réclamé souvent, l'accès aux médias, mais plus particulièrement à la télévision. Là, les suggestions sont multiples: donner plus la parole aux associations antiracistes, plus d'information sur les différentes communautés vivant en France, un quart d'heure journalier d'éducation à la fraternité, des déclarations de personnalités, des débats contradictoires sur tel ou tel aspect de la société française. Les propositions ne manquent pas et leur affluence traduit, en creux, l'expression d'un manque et d'une frustration. « Depuis Le Pen, la télé française s'est déconsidérée, a perdu toute cette aura éducative qui faisait son originalité, comme en Angleterre ", constate un militant. Autre type de réponse très souvent donnée: l'action locale. Les militants disent qu'il faut être au plus près de gens, là où ils sont, avec les problèmes qu'ils vivent: « Multiplier notre présence dans les quartiers, dans les diverses manifestations des villes, dans les départements. " « Etre présent dans les détails concrets, dit un autre, dans les centres de vie des jeunes, les centres sociaux, les Différences - n° 62 - Décembre 1986 municipalités." « Etre de plus en plus aux côtés des immigrés en difficulté et mener des luttes de solidarité entre Français et immigrés » " la liste est longue de tous les lieux où sont, ou devraient être les militants antiracistes et recoupe à peu près tous les lieux de rencontre de notre société. Version juridique de ce désir de présence, beaucoup de militants estiment que l'actuelle loi de 1972 contre le racisme n'est pas assez appliquée et appellent à la vigilance quant à sa mise en oeuvre, chaque fois que cela est nécessaire. Mais, là encore, on insiste souvent sur l'aspect concret: « Il faut faire sortir la loi de 1972 des tribunaux et la faire descendre dans la rue, qu'elle soit aussi connue et appliquée par tous journellement que les notions le plus élémentaires du Code de la route. » Même chose pour le droit de vote: « Travailler à ce que le droit de vote des immigrés apparaisse comme une nécessité réclamée par tous et non une utopie humanitaire et caritative. » De l'action, donc, de l'action! Et de l'unité: « Il nous faut obtenir l'unité de tous les antiracistes de toutes origines. » Dont acte! 0 m HEUREUSEMENT, L'ANTIRACISME EN FRANCE NE S'ARRETE PAS AU NOMBRE RESPECTABLE, MAIS FORCEMENT LIMITE, DE MILITANTS ENGAGES DANS LES ASSOCIATIONS. NOUS AVONS DEMANDE AUX ANTIRACISTES « DE COEUR SEULEMENT» CE QU'ILS PENSAIENT, ET CE QU'ILS ATIENDAIENT DES ASSOCIATIONS. Les conflits d'origine raciale sont malheureusement à l'honneur dans les pages de l'actualité. Qu'est-ce qu'on peut faire? Qu'est-ce qu'on va faire? Face à ce désarroi, les personnes qui se reconnaissent de l'antiracisme ont bien du mal à trouver une voie qui puisse satisfaire leur désir de ne pas rester impassibles. Les grands organismes, que ce soient le MRAP, SOS racisme, la Ligue des droits de l'homme, la LICRA, etc. rassemblent il est vrai, une estimable population de sympathisants, mais reste une plus importante partie qui, antiraciste au fond d'elle-même, subit les conflits de société et n'y trouve pas réponse. De fait, elle hésite donc à s'engager dans un combat collectif el lui préfère l'action individuelle spontanée, et en tout cas préconise la mobilisation des victimes elles-mêmes. Toutes ces réactions sont motivées par des constats où le militantisme apparaît comme un certificat de bonne conduite, mais aussi comme désadapté aux violences quotidiennes et récupéré politiquement. De plus l'égoïsme de chacun ainsi qu'une certaine lassitude pour d'anciens militants constituent un obstacle à la mobilisation. cc Tadiquement, il est meilleur d'avoir l'initiative, or c'est le racisme qui l'a en ce moment» Selon Brigitte, l'action des organismes militants est certes bénéfique, mais ne lui convient pas : «Elle masque les attitudes ou les comportements détestables de tout un chacun envers son prochain. Il ne faut pas faire de différence entre racisme à l'égard des Noirs, des femmes ou des pauvres. Le racisme peut se dépasser par une certaine forme de fraternité. » Cependant, Brigitte va plus loin et regrette qu'une action de solidarité ne se développe pas plus au niveau de la cité, du quartier ou de l'immeuble. Par ce biais, toujours selon Brigitte, on pourrait mieux se connaître et ne pas rester impassible face aux malheurs de son voisin immédiat. Elle souligne la nécessité d'élargir le problème à une coexistence pacifique et humaine. Cela mérite un intérêt tout particulier, cependant cela signifie que l'on accepte préalablement le postulat que l'homme est naturellement bon 1 Cette opinion trouve un écho auprès de certaines personnes animées de sentiments humanistes dans le bon sens du terme, mais aussi dans sa plus mauvaise acception : celle qui tolère tous les comportements au nom des principes sacrés de tolérance. Dans une direction opposée, Pierre, quarante-cinq ans, constate que «les violences racistes sont confortées par la mansuétude de la justice et une attitude raciste généralisée dans la police », et estime que «les mouvements antiracistes parisiens ont été récupérés politiquement », ce qui semble évident «au vu de leurs prises de position molles sous la gouverne socialiste ». Cependant, loin de baisser les bras, Pierre recommande « une réponse au coup à coup adaptée à cette violence », sentant résolument «qu'il est inutile de vouloir discuter raisonnablement avec les racistes ». Par ailleurs, ce type de réactions, fait suite, toujours selon la même personne, à un constat personnel : « Le militantisme est un engagement qui ne débouche pas sur des résultats tangibles et ne prend pas en compte ni l'origine de la violence ni le caractère immédiat et spontané de la réponse aux attitudes racistes.» A ce propos, Josiane, trente ans, souligne que « tactiquement, il est meilleur d'avoir l'initiative, or c'est le racisme qui l'a en ce moment ». Les déçus du militantisme, qui bien que fondamentalèment antiracistes reconnaissent ne pas lutter à l'intérieur des mouvements organisés, ont à leur actif le bénéfice de l'expérience, mais déclarent qu'aujourd'hui: ça suffit! « Rameuter les foules et coller des affiches, c'est pas mon truc!» admet Gilles, vingt-huit ans, et pour qui le mot militantisme représente actuellement une démarche un peu vieillotte qu'il a connue lorsqu'il était lycéen. Françoise, trente ans, se souvient: «Je me rappelle les interminables palabres qui ne débouchaient pas toujours sur ce que j'attendais, et où j'estimais faire trop de concessions par rapport à mes idées personnelles. Mais c'est surtout les discussions qui s'éternisaient qui m'énervaient le plus. » Une grande partie des personnes interviewées n'oublient jamais de mentionner ce point qui leur semble constituer un obstacle à leur nouvel engagement. Mais à travers les propos recueillis, on relève chez les militants d'hier, un refus d'appartenir à un mouvement quel qu'il soit: \ J « Lorsque j'étais adolescente, le militantisme m'a beaucoup plu et sa structure m'a permis d'une certaine façon de me construire. Or maintenant, cette même structure me paraît reproduire des règles de comportement, des codes, des idéologies et des formes de pouvoir, qu'au fond de moi je déteste », fait remarquer Josiane. Noémie déclare à son tour, qu'après avoir milité pour les femmes, elle n'éprouve pas aujourd'hui le besoin de rejoindre les rangs des organisations antiracistes considérant que la lutte des femmes est toujours prioritaire : «Le racisme antifemmes est valorisé partout: du haut en bas de l'échelle sociale. Le racisme an ti-Noirs ou Arabes est surtout valorisé en bas de l'échelle, mais absolument sous-jacent en haut de celle-ci. » Hélène vient conclure en ajoutant: «Après les luttes collectives, et suite à une certaine lassitude, on a assisté à un repli sur soi de la part des militants. » cc Je me sens lâche, parlais », dit SUZY. (eHe réadion n'est pas vraiment unique Pour Florence, quarante ans, fonctionnaire à l'UNESCO, le militantisme, connais pas! «Je n'y ai jamais vraiment réfléchi» affirme-t-elle, et avoue d'ailleurs qu'elle ne se sent de toute façon pas concernée par ces problèmes qu'elle laisse aux spécialistes. «Ça me fait ch ... !» dit Noémie qui, paradoxe, reconnaît que l'action de fourmi des militants est absolument nécessaire. Gilles admet que la structure du militantisme ne convient pas du tout à son Différences - n° 62 - Décembre 1986 projet d'épanouissement personnel tourné vers soi: « Je suis quelqu'un qui s'intéresse d'abord à soi », avoue-toi!. D'autre part, une grande partie des personnes interrogées souligne, que pour des raisons d'organisation du temps et des activités, il ne leur est pas possible actuellement de participer à des actions ou des réunions gourmandes en heures et en énergie. De plus, certains estiment, comme Suzy, trente-cinq ans, ne pas bien connaître les organisations antiracistes : ni qui elles sont ni quels sont leurs objectifs. Doit-on voir surgir à travers ces réponses, les vieux démons de l'individualisme forcené des sociétés occidentales qui font éclater l'impuissance de l'individu face aux comportements de ses semblables? Certainement, mais une vision trop manichéenne, où individu s'oppose à collectif, n'apporte pas de réponse tangible à cette question. Cependant signe des temps, on assiste actuellement à une tendance qui conforte les Français et les immigrés dans un type de comportement passif face aux dangers de tous les racismes. « Je me sens lâche parfois », concède Suzy, concernant le décalage qui existe entre ses aspirations profondes et sa passivité. Cette réaction n'est pas vraiment unique, mais reflète plus ou moins une attitude générale. Cependant, des vues trop définitives sur la question ne sauraient la résoudre, et on note au travers des réponses des pistes de réflexion qui méritent toute notre attention: « Il faut que les victimes se mobilisent avec les personnes concernées » déclare Pierre, qui constate aussi que les organisations antiracistes sont essentiellement constituées d'enfants de l'immigration: beurs, fils ou filles d'immigrés d'Europe, Antillais présents en Métropole ... et non pas de l'immigration elle-même. Leur intégration à la lutte semble possible à condition qu'il y ait « une sorte de marchandage des règles de société ». Tu t'adaptes à moi et je m'adapte à toi, ce qui selon Gilles, requiert l'intervention d'une culture à l'intérieur d'une autre, démarche qu'il est prêt à assurer. « Ne plus vivre dans l'indifférence », préconise Brigitte qui fait remarquer que la société française passe pour très inamicale à l'étranger, et souligne l'importance de « la confrontation des cultures. Il y a là, à mon sens, un problème d'information et d'éducation ». Vaste programme en vérité! 0 JEAN·LOUIS GAILLARD ON A REÇU ÇA ... J'ai bien reçu votre numéro de Différences. Lutter contre le racisme, c'est bien. Mais parfois, ça coince. Défendre les Arabes? Mais eux-mêmes oppriment leurs femmes. Se battre pour les Tziganes? Mais ils cassent du pédé dès qu'ils en trouvent. Se solidariser avec les Africains? Et l'excision ? Entendons-nous, je suis antiraciste et pas lepéniste, je sais qu' « ils » ne sont pas tous comme ça. C'était juste pour dire que rien n'est simple. CAROLE GAMBIER Paris BI ID ÇA CAUSE, ÇA CAUSE ... AU MOINS UNE VINGTAINE DE LlVR SONT SORTIS CET AUTOMNE, TOUS CONSACRES AU RACISME OU A L'ANTIRACISME. NOUS EN AVONS CHOISI OU LOUES-UNS, ET NOS EXCUSES AUX AUTRES ... Les immigrés commenceraient- ils à faire recette? Ils font en tout cas beaucoup parler d'eux en cette fin d'année 1986 et nombreuses sont les maisons d'édition ainsi que les penseurs, toutes opinions politiques confondues, qui se penchent vers leur « sort ». «L'émigration est une blessure. C'est un drame et une atteinte à la dignité de l'être déraciné qui, contraint et forcé par des raisons économiques ou politiques, quitte sa terre et les siens pour survivre ailleurs. L'ailleurs l'accueille souvent mal et n'est pas toujours prêt à accepter l'intrus ... » Peut-être, faudrait-il, à l'infini répéter cette affirmation première et les choses s'en trouveraient-elles simplifiées. Répéter inlassablement qu'on ne quitte jamais volontairement son pays - hormis quelques quêteurs d'aventures et d'émotions fortes qui ont la mouvance dans le sang et dont le nombre, d'ailleurs infime, ne risque guère d'augmenter les « troupes» d'immigrés. Ezzedine Mestiri, dans son livre A propos de l'Autre - l'Immigré comme métaphore, a le mérite non seulement d'énoncer cette vérité - cette lapalissade que l'on a trop souvent tendance à oublier - mais encore, de poser en termes très simples, les vrais problèmes et les vraies questions. L'antiracisme serait-il subitement devenu désuet et, qui plus est, dangereux! L'antiracisme - même si le mot n'est pas très heureuxserait- il subitement devenu désuet et, qui plus est, dangereux pour l'espèce humaine tout entière? Consisterait- il en une perversion de l'instinct de survie et de procréation propre à chaque espèce, qu'elle soit animale ou humaine 7 Serait-il, en somme, contre-nature ? ... Une sorte d'instinct de mort, soigneusement maquillé en manifestations altruistes et visant, de façon plus ou moins consciente, à la destruction totale de la culture et de la civilisation occidentale 7 C'est, en tout cas, ce que semble démontrer Alain Daniélou dans son essai « Le système des castes et le racisme» paru dans Racismes Antiracismes, ouvrage collectif de onze auteurs de sensibilité philosophico- politiques fort divergentes où sont rassemblés, pour la première fois, des gens comme P.A. Taguieff et A. de Benoist. La notion que l'on croyait bien acquise de «Droit à la différence» en prend, elle aussi, un sacré coup dans l'aile. Racistes et antiracistes l'évoquent et la revendiquent, chacun à tour de rôle. C'est ainsi que dans Droit de réponse à la démocratie française, Nacer Kettane est en mesure d'affirmer que le «discours à la mode sur le droit à la différence est à double tranchant ». Pour les antiracistes, la différence est perçue « comme apport, comme source de progrès et de communication ». Le risque serait alors d'enfermer chacun dans « ses» différences. Pour le raciste, la notion que « Droit à la différence» servirait à enfermer « une identité française fictive dans un moule unique ( ... ) et de défendre cette "différence" contre le risque d'un éventuel métissage ». En fait, pour les racistes, tout se passe comme si les antiracistes niaient la « différence» de la culture française. De là à accuser les antiracistes d'un racisme antifrançais, voire antiblancs, il n'y a qu'un pas que franchit allègrement l'extrême-droite! « Je suis homme par nature et Français par hasard» écrivait Montesquieu, citation d'ailleurs reprise par Ezzedine Mestiri. Peut-être, effectivement, avons-nous trop tendance à oublier que les immigrés, qu'ils soient d'origine européenne, maghrébine, africaine ou asiatique sont, tout bêtement, des hommes. Ni meilleurs ni pires que les autres. Nul ne peut nier que la culture africaine, par exemple, soit très différente de la culture occidentale. Mais, si l'on y réfléchit bien, force nous est d'admettre que ces différences ne sont, finalement, que très superficielles et ne tiennent qu'à fort peu de choses. André Bejin dans « Réflexions sur l'antiracisme» paru dans Racismes antiracismes, déjà cité précédemment, conclut son essai par ces phrases: « Nous enrichir de nos différences? Certes, mais entre Européens d'abord. Car c'est en restant ethniquement et géopolitiquement européenne ( ... ) que l'Europe sera le mieux en mesure d'enrichir de ses traits distinctifs les autres continents ( ... ). La construction de l'Europe des peuples est une tâche exaltante mais ardue. L'obsession antiraciste ne peut que la compliquer inutilement et dangereusement. » Les racistes auraient-ils « récupéré» ce terme de différence afin de se donner bonne conscience ou bien pour donner « un vernis » de légitimité a:u vieux discours raciste ainsi que l'écrit Nacer Kettane 7 Le temps du « Droit à la différence » serait-il caduque 7 ... A voir l'acharnement de la nouvelle droite à le récupérer, rien n'est moins SÛI.D JOELLE TAVANO Droit de réponse à la démocratie française de Nacer Kettane éd. La Découverte. ' Vies mêlées de Léo Lorenzi. Messidor éd. Sociales. A propos de l'autre - L'Immigré comme métaphore de Ezzedine Mestiri éd. Bayardère. Racismes antiracismes sous la direction d'André Béjin et Julien Freund éd. Mercuriens Klincksieck. La Parole perdue, André Nataf, les Lettres libres. Le Cauchemar immigré, Mézioud Ouldamer, éd. Gérard Lebovici. Différences - n° 62 - Décembre 1986 LES PIEDS DANS LE PLAT Fruit de l'enquête d'un duo savamment « bâtard » (1) de journalistes à Libération, Chroniques métissées est un livre-document qui remet les pendules à l'heure d'aujourd'hui sur la question de la beur-génération. Sous-titré « l'Histoire de France des Jeunes Arabes », ce bouquin loin d'être physiquement un « pavé » en a néanmoins la densité et la force d'impact par ce qu'il fait jaillir. Fourmillant de rencontres, de paroles, d'informations et de vadrouilles sur le terrain (de Saint-Chamond à Nanterre, de La Courneuve à Dreux) il retrace la saga des beurs dans le contexte social et politique de ces dernières années. Les co-auteurs relatent, exposent des faits et ouvrent un éventail de questions en écrémant les mythologies et les fantasmes d'où qu'ils viennent quand il s'agit de basanage. Des réalités vécues à ras de HLM ou de talus pelés au « déclic» des nouvelles militances, des diverses et concurrentes marches pour l'égalité, etc,. Beau et Boubeker témoignent de ce qu'ils ont vu et entendu même si souvent ça « grince ». En montrant les jeux de miroirs et certains effets pervers face aux réalités vécues par ceux et celles qui appartiennent à la génération beur et aux illusions et reculs d'une bonne conscience de gauche après un bref oeucuménisme militant. Ces chroniques ne passent aucune pommade sur les plaies et les bosses des récents avatars du racisme et de l'antiracisme. Se refusant à jouer à la sociologie comme à assener des chiffres, ce livre panoramique sur ce sujet à chaud procède par coups de sonde pour pointer des contradictions, des luttes de tendances et de pouvoirs, beur ou non (cf., entre autres, le chapitre SOS-Kitsch). Il y est même question de... beurgeoisie à travers une galerie de portraits (d'artistes, de journalistes, de chanteurs) dont certains joliment « épinglés » ... Individualités nées d'une recherche d'identité, de révoltes et d'espoirs qui souvent se contentent aujourd'hui de rouler pour elle-mêmes dans un statut « d'étoiles » précaires alors que l'intérêt des médias pour le monde beur décroît sensiblement sous le régime actuel. Pour Beau et Boubeker, l'avènement de l'interculturalité amorcé par le précédent gouvernement en est resté aux voeux pieux face à la réalité et aux situations concrètement vécues par la majorité de la deuxième et troisième génération. Tous les problèmes dans lesquels se débattent encore ces flls et filles nés en France de parents immigrés (survie en ville, droits civiques, pseudo-choix de retour au pays d'origine, racines religieuses) sont largement évoqués et commentés dans ce livre: à l'heure d'un vieux retour de refoulé raciste dans l'Hexagone 86 ... Malgré quelques tendances au jeu facile sur les mots et des formules parfois trop lapidaires, ces Chroniques métissées font date pour comprendre les tours et les détours de l'histoire d'une jeunesse déjà chargée de mémoire collective. N'en déplaise aux « révisors» du code de nationalité. D JEAN-JACQUES PIKON (1) Nicolas Beau: Français et Ahmed Bubeker: beur _ 1 stéphanois Chroniques métissées (éd. Alain Moreau). lM M u s QUE s COSMOPOLITES BOUCLES. New York, années trente. L'Amérique digère (mal) le New Deal, les tenants de l'Americain Way of Life ont peur et le mouvement fasciste prend son essor, teinté d'antisémitisme. Le père du New Deal, le président Franklin Roosevelt, est publiquement accusé d'être d'origine juive allemande et le New Deal devient le Jew Deal. Pour la première fois, la communauté juive américaine est saisie d'inquiétude. C'est dans cette ambiance que naît, en 1936, Steve Reich. Fils d'immigrés juifs de deuxième génération en voie d'assimilation, devenu chef de file de la musique contemporaine américaine, il n'a jamais cessé d'accompagner l'histoire de son pays depuis cinquante ans, dans un curieux mélange d'avant-gardisme et de respect des traditions. Initié à la musique par sa mère, chanteuse à Broadway, profondément marqué par Webern, Stravinski, Bach, et fanatique de John Coltrane, il devient, à 21 ans, batteur de jazz à New York. En 1963, juste après l'assassinat de Kennedy et un peu avant les premières émeutes étudiantes à Berkeley, il débarque sur la côte Ouest, au Mills College et commence à composer, encouragé par d'illustres professeurs, Darius Milhaud et Luciano Berio. La culture beatnik s'efface devant la culture hippie et l'underground s'affirme. La première composition enregistrée de Steve Reich a été conçue pour Report, un film de Bruce Conner, un montage en boucle d'une même séquence, l'assassinat de Kennedy, répété jusqu'à l'angoisse. Avec le Mime Group, une troupe de théâtre expérimental, il ressort de la tradition américaine le Minstrel Show, une improvisation collective venue du XIX· siècle, où des comédiens blancs se grimaient le visage pour raconter la vie des Noirs du Sud. C'est alors l'époque du combat pour les Civils Rights et le succès fut énorme. En 1966, il fonde son propre ensemble et présente sa première grande oeuvre, Come out, à Town Hall, lors d'une soirée destinée à ramasser des fonds nécessaires à la révision du procès de six jeunes Noirs arrétés pour meurtre lors des émeutes de Harlem en 1964. Au côté de Phil Glass et de Terry Riley, Steve Reich développe dès lors le courant minimaliste, ou répétitif, de la musique américaine, fondé sur les effets physiologiques que peut provoquer Steve Reich à NANTERRE, AUX AMANDIERS. son originalité : malgré une complexité structurelle croissante, son souci primordial reste la clarté auditive et le beat, hérité du jazz, la pulsation, comme mode vital , absente , par exemple, de la musique sérielle. C'est dans la tradition que Steve Reich ira se ressourcer : converti au judaïsme en 1974, il part à Jérusalem enregistrer les cinq premiers versets de la Genèse chantés par des vieillards venus d'Irak, d'Inde et du Kurdistan, puis, au Ghana, à Bali, il poursuit ses recherches sur l'organisation formelle de ces musiques. Steve Reich reste peu connu en France. Les trois oeuvres qu'il a présentées récemment au théâtre des Amandiers de Nanterre avec l'Ensemble InterContempo ra in et les BBC Singers sous la direction de Peter Eôtvôs, New York Counterpoint (1985), Music for Mallet Instruments, Voices and Organ (1974) et The Desert Music (1982) ont permis de redécouvrir un compositeur hanté par la modernité, les cycles de l'histoire, et des déserts qui n'appartiennent à personne: le Sinaï, où il y a 3 000 ans, l'intervention divine maintint les juifs en vie, celui du Nouveau Mexique, « où, à l'abri du reste du monde, on teste les armes les plus sophistiquées, on développe des machines infernales qui peuvent conduire à la destruction de la planète ».0 VERONIQUE MORTAIGNE Desert Music (WEA 979101-l). Music for 18 Musicians (ECM 1129). Sextet Six Marimbas (Nonesuch 791 38-1). chez l'auditeur la prolongation ou la (1) Steve Reich, écrits et entretiens sur la musique. répétition de certains tons. Dans les Editions Christian Bourgois. Collection Musique, III L-_________________________________a _n_n_e'e_s_ _so ix_a_n_te,~S_teve_ _R _ e_ ic_h_ _a_ ff_i_rm_ e_ __p_ ~_ _é,_ p_r~_ent_. ____________________~ TAMBOURS. Il est né à Dakar, ses premiers tambours étaient faits de bouteilles de champagne garnies d'une épaisse peau de vache, de pots de lait et de sauce tomate. Puis, avec ses maîtres, il apprit les milliers de rythmes q~i ponctuent la vie quotidienne et spintuelle du Sénégal. Virtuose aujourd'hui, Doudou N'Diaye Rose a fait un tabac à Nancy Jazz pulsations, avec sa famille: plus de cinquantes percussionnistes. Il en est sorti un album. Sabar, à découvrir dans toute sa richesse. 0 Doudou N'Diaye Rose, Sabar, percussions du Sénégal. Dist. Encore ENC 135. SOLOS. Le Dunois aime le jazz et les solistes fous. Chaque mois, il en présente quelques échantillons, en première partie des concerts, axés en décembre sur le Big Band. Omar Yogoubi sera en solo avant Docteur Big Band le 13, Antoine Hervé les 18 et 19 et le Bal de la contemporaine les 26 et 27. A noter une collaboration du Dunois avec l'IRCAM, de la recherche avec une note japonaise: Akio Suzuki qui fabrique lui-mê~e ses .ins~rum~nts , accompagné par UshlO TonkaI au piano et violon, le 14. 0 Dunois, 28, rue Dunois, 75013 Paris. Tél. : 45.84.72.00. VIEILLES. Cupidon et la Mort, de Matthew Locke et C. Gibbons date de 1653, Vénus et Adonis, de John Blow de 1682. L'Atelier de recherches et de création pour l'art lyrique (ARCAL), un groupe de jeunes danseurs, musiciens et chanteurs, ont rendu leur saveur à ces vieilles musiques. C'est frais . 0 Cupidon et la Mort, Vénus et Adonis par l'Arcal au Théâtre 71 de Malakoff. ET ENCORE A l'Olympia: Atahualpa Yupanqui, toujours présent, du 9 au 11 janvier. Tél. : 42.61.82.25 . A la télé: Pierre et le Loup, de Prokoviev, avec Jacques Higelin et Jean-Luc Lasadsus, chef de l'Orchestre national de Lille. TF1. 1°c janvier 1987 à 16 h 20. Différences - n° 62 - Décembre 1986 Voici notre nouvelle rubrique littéraire qui va vous faire faire des économies

Les livres à ne

pas acheter. Vous pouvez toujours les voler, mais ne donnez pas votre argent à ceux qui les écrivent ou éditent. LES l'EAUX-ROUGES D'AUJOURD'HUI. Périodiquement, tous les sept ou huit ans, à l'époque des achats de i cadeaux de Noël pour les enfants, Flammarion réédite le livre de Jean Raspail, les Peaux-Rouges d'aujo.urd'hui, dans la luxueuse collectIOn Odyssée. On ne peut que le déplorer. Car, au moment où les Indiens des EtatsUnis mènent un combat crucial, peut-être le dernier, pour conserver leur identité culturelle et leur autonomie économique, au moment où ils doivent faire face à une des plus terribles attaques qu'ils aient eu à subir de la part des Blancs, puisque c'est leur existence en tant que groupe ethnique qui est en jeu, alors qu'ils ont le plus besoin de l'appui de l'opinion internationale, il se trouve quelqu'un pour écrire ce livre travestissant la vérité. Jean Raspail met en doute l'authenticité et l'unité des Indiens d'aujourd'hui, nie leur misère, les spoliations et l'ethnocide dont ils sont aujourd'hui les victimes. A l'en croire, les Américains, bourrés de remords après le génocide, n'ont qu'une pensée : faire le bonheur des .Indiens et le Bureau des affaires indie~nes (BIA) s'acquitterait au mieux de sa tâche, dans l'intérêt des Indiens. Croire aux persécutions et à la misère physique et matérielle des Indiens c'est, dit-il, ignorer la réalité et la liberté aux Etats-Unis! Dire que les réserves sont des ghettos, comme si c'était possible en 1978 ! Jean Raspail n'a sans doute jamais entendu parler de Harlem ou de Watts! . Son admiration va aux Indiens qui, , dit-il, « savent de quel côté est la i confiture sur la tartine » et qui, au prix de l'abandon des ressources naturelles de leurs territoires et de leur identité culturelle, s'attirent les subsides de l'Etat américain, quitte à faire les «guignols» le dimanche pour les touristes. Les autres, ceux qui luttent, ceux qui veulent que les nations indiennes demeurent souveraines, comme les militants de l'American Indian Movement (AIM) ne sont que des « apparatchicks» professionnels d'extrême-gauche à la solde de qui b..~ vous savez. Jean Raspail se demande même s'ils sont des Indiens! (Vous entendez, Leonard Peltier, Dennis Banks, Russell Means, Clyde Bellecourt, John Trudell? ... ) Quant à leurs alliés non-Indiens, ils ne se servent des Indiens « que comme des pions pour pousser leur propre oeuvre de destruction de la société occidentale », m'a-t-il déclaré un jour. On reconnaît là une certaine phra- . séologie à laquelle les antiracistes sont habitués. Certains passages de ce livre sont inadmissibles, comme ceux sur l'alcoolisme et le «parasitisme» des Indiens! Naïvement en apparence, Jean Raspail se plaint d'avoir été repoussé par les Indiens les plus combattifs : Sioux, Hopis, Pueblos et de n'avoir pu leur parler. Pareille mésaventure n'arrive pas à tout le monde, je peux en témoigner. C'est sans doute que les Indiens savent reconnaître leurs véritables amis. Donc ... 0 ROBERT PAC Les Peaux-Rouges d'aujourd'hui, par Jean Raspail, éditions Flammarion, collection Odyssée. OBJECTIF MOSCOU. Militànts anti-apartheid , le saviez-vous ? Communistes ou pas, l'objectif que vous recherchez n'est pas la fin de l'apartheid, mais plutôt la destruction du dernier régime d'Afrique australe non encore aligné sur Moscou. Irving Shelton vous éclaire dans son livre En finir avec l'apartheid. Il était temps que vous sachiez, comme l'écrit Marcel Clément dans sa préface, que « les organisations qui sont les plus bruyantes dans leur lutte contre l'apartheid semblent mépriser systématiquement les étapes en cours, étapes qui font pourtant tomber, pan par pan, toute la législation de l'apartheid ». Irving Shelton part aussi en guerre contre le conseil des Eglises d'Afri que du Sud et la théologie de la libération dans les officines desquelles se recrutent les plus zélés des alliés « objectifs » des Soviétiques et de leurs « supplétifs de l'ANC » Sur le même thème, un livre de Roger Faligot et Rémi Kauffer, KGB, objectif Pretoria, dont le titre est tout un programme. On passe rapidement, c'est du réchauffé. On vous en parle simplement pour que vous évitiez de l'acheter. 0 R. P. En finir avec l'apartheid, par Irving Shelton, éditions l'Escalade. KGB, objectif Pretoria, par Roger Faligot et Rémi Kauffer, Pierre-Marcel Faure éditeur. Il L v R E D'ICI ET D'AILLEURS s JAPONAISE. Publié en 1972 au Japon, Kokotsu no hito (titre original) a été un best-seller vendu à plus d'un million d'exemplaires. Au pays du Soleil-Levant, on a souvent comparé Sawako Ariyoshi à Simone de Beauvoir. Et pour cause, la majeure partie de son oeuvre traite en effet de la condition féminine. Dans ce roman, la condition féminine constitue la toile de fond du thème central: les personnes âgées. A l'aube du quatrième âge, celui de la sénilité, Shighezo est recueilli par son fils et sa belle-fille. Akiko travaille, élève son fils et s'occupe de son foyer. Quand le vieillard s'installe, c'est elle qui en assume la lourde charge. Rapidement, Shigezo atteint ces fameuses années du crépuscule, son soleil s'est couché, mais une lumière incertaine demeure. Il devient gâteux, glisse vers la seconde enfance. Aux yeux d'Akiko, il s'apparenterait plutôt à un demi-dieu libéré des contingences matérielles. Emue par cet état mental, elle s'efforce alors, avec amour et compassion, de le maintenir en vie jusqu'à ce que la nuit dépose sur Shigezo son voile macabre. Un livre émouvant, toujours d'actualité, où humour incisif et ironie corrosive composent le style sobre et expressif de Sawako Ariyoshi. EDDY CHARBIT Les Années du crépuscule, de Sawako Anyoshi, 265 p, 89 F. Editions Stock. LA NEGRITUDE AU PANTHEON Wole Soyinka, écrivain nigérien, prix Nob l, c'est un événement pour la littérature et pour l'amitié entre les peuples. Pour fêter ça d nement et faire entrer Soyinka dans les écoles, Le oo ntine:CharlesesCharles 12 janvier 2012 à 18:48 (UTC)::~P~u~ C:'~~:u12 janvier 2012 à 18:48 (UTC)eepr~e:::~ ~d:~:~ rs· ens e ig na nts. à l'honneur, en la personne de Wole africaine et ses racines culturelles. Soyinka, écrivain nigérian qui vient de Abreuvé de culture occidentale (ses se voir attribuer le prix Nobel de oeuvres sont le plus souvent écrites en littérature 1986. Par ce geste du jury anglais) il est resté Yoruba et situe suédois, la culture et les traditions du toutes les actions de ses pièces de peuple africain noir sont enfin reconnus théâtre en pays Yoruba. et valorisés. La politique n'est pas «L'Inventeur », sa première pièce, fut absente de cette remise de prix. Le jouée à Londres et, les suivantes ont été régime de l'apartheid vient de se montées en Grande-Bretagne et aux prendre une sérieuse gifle. Il en avait Etats-Unis. Pour les fêtes de l'indépendéjà essuyée une en 1985, avec la dance de son pays en 1960, il écrivit« la nomination de Desmond Tutu, prix Danse dans la forêt» qui raconte l'hisNobel de la paix. Les écrivains blancs toire de villageois demandant aux d'Afrique du Sud, en lutte contre Dieux le retour de leurs ancêtres. Une l'apartheid, comme Gordimer et autre pièce « la Métamorphose de frère Coetzee étaient eux aussi «nobeli- féro », dont la version française a été sables » , mais le choix judicieux de créée à la Martinique par le théâtre de l'écrivain nigérian permet de prouver La Soif nouvelle et présentée au festival au monde entier que les Africains noirs de la Francophonie à Limoges en sont tout à fait capables de se prendre octobre 1986, critique le pouvoir milien main pour plaider leur cause. taire au Nigeria. Au Nigeria, depuis une dizaine d'années, on assiste à une éclosion intellec- Enfant terrible tuelle et artistique, que ce soit dans le domaine de la danse , de la musique, des lettres, de la sculpture; Soyinka est d'ailleurs le cousin du célèbre artiste nigérian Fela. Cet écrivain s'est fait connaître par son théâtre où il met en exergue la mythologie africaine qui lui permet de tirer des leçons du passé sans toutefois vouloir les projeter dans le présent et l'avenir. Soyinka est un homme résolument moderne tourné vers l'avenir, Ecrivain engagé, il n'a de cesse de lutter contre la corruption qui ronge son pays et qu'il dénonce dans un disque qu'il a enregistré (1). Il s'élève contre l'autoritarisme et demande la liberté d'expression. «Chez tous les peuples qui se soumettent volontairement à cette humiliation quotidienne de la peur, l'homme meurt. » Lors de la sécession du Biafra en 1966, il tente de servir de médiateur entre le gouvernement et les insurgés. Il LA DICTEE est alors accusé de trahison et emprisonné. Son roman «Cet homme est mort» révèle ses conditions de détention et la parution de cet ouvrage en 1972 lui vaudra l'exil. En 1981 il publie «Aké, les années d'enfance », un roman autobiographique où l'on retrouve deux Afrique, celle profonde et mystérieuse, la terre des Anciens, et l'autre que l'on perçoit déjà, secouée par de profondes mutations. Soyinka a toujours été considéré comme l'enfant terrible de la littérature africaine. Il s'en prit à Senghor à qui il reprocha d'être trop tourné vers le passé. Face à la négritude, il proclama sa «tigritude ». Plutôt, «le tigre ne proclame pas sa tigritude, mais il bondit sur sa proie et la dévore. » La querelle prit fin entre les deux hommes puisqu'en 1967, Senghor lui préfaça son long poème Idanre. 0 SOYINKA, NE EN PAYS YORUBA Wole Soyinka est né en 1934 à Abeokuta en pays Yoruba - littoral ouest du Nigeria. Il est scolarisé en langue anglaise à la mission protestante d'Aké. Il commence des études universitaires à Ibadan qu'il poursuivra en Angleterre à Leeds. Il séjourne au Royal Court Theater à Londres pour se consacrer à l'expression théâtrale. Il revient au Nigeria, devenu indépendant, en 1960. A la fois acteur, metteur en scène et surtout dramaturge, i! crée deux compagnies dramatiques « Masques» et« Qrisun théâtre ». En 1964, à Dakar, lors du Premier Festival mondial des Arts Nègres. il obtient le prix de la meilleure pièce en langue anglaise avec « la Moisson de Kongi ». Le thème en est l'asservissement du peuple à un nouveau pouvoir noir aussi implacable que celui du colonisateur auquel il a succédé. En 1965, il connaît des ennuis dus à son engagement politique contre la dictature. En 1966, il est emprisonné pour avoir pris parti lors des événements du Biafra. Il est libéré en 1969 et doit s'exiler quelques années après. Il revient au Nigeria en 1984, et enseigne le théâtre à l'université d' Ifé où il vit. Depuis 1985, il est président de l' Institut international du théâtre de l'Unesco. Bibliographie: Aké, les années d'enfance - Belfond Cet homme est mort - Belfond La Danse dans la forêt - L'harmattan (théâtre) La Métamorphose du frère Jéro -Présence africaine Idanre - Methuen 1967 A paraître en 1987: Une saison d'anomie - Belfond MARIETTE HUBERT Par les jours de brume, la côte abrupte qui montait vers Itoko rejoignait le ciel. Si Dieu n'habitait pas là réellement, il ne faisait guère de doute qu'il descendait d'abord sur le faîte de la coiline, avant d'enjamber d'un pas de géant ces marchés babillards - qui osaient vendre le dimanche - et d'entrer dans l'église Saint-Pierre, puis de passer à la mission pour prendre le thé avec le chanoine. Il y avait une maigre cr,nsolation : malgré la tentation d'arriver à cheval, sa première visite n'était jamais pour le Chef, dont on savait bien qu'il était païen; en tout cas, on ne voyait jamais le Chef aux offices, sauf aux anniversaires du couronnement de l'Alake. Dieu donc se rendait directement à Saint-Pierre pour l'office du matin, faisait une brève apparition à l'office de l'après-midi, mais réservait sa présence la plus protocolaire et la plus exotique pour l'office du soir qui, en son honneur, se faisait toujours en langue anglaise. Soyinka, édité chez Belfond : gageons Discographie: Première page de Aké, ou les années d'enfance.. (1) «P.-DG pendant que tu serres la main des 1 1 d d L'album Unlimited Liability Com- L_ _____ ~~::::::::~ ___ ~--~rod:ui~ sT~erté:sdo:r~.~ p»~r ~~_j_de_n_~_,_re~s_as_s_oC~k_s_v~w~en~t~/_~_c_alp_sosu_ec_se~ q:àu: ela:: ~de~iNf:fou~bs:ieo~~n:a.~ ~oT_na~nn:te ~mr~ui~en~ucx~o.~ u_p_ __e ~~ __pr _ua_pntyi_o(_ne_.w _a_ro_ p_ ro_d_u_c_t_io_n_) SU _r _la_ _c_ o_r-~i", Différences - n° 62 - Décembre 1986 IDENTITES FRANÇAISES • • L'EXPERIENCE ARMENIENNE Qu'ils soient chanteurs, écrivains, pilotes automobiles ... ou terroristes, les Arméniens ont la vedette. Ils la méritent : leur intégration, dans sa complexité même, est exemplaire. J e vous écris en voyage. Un voyage en chambre; à mon chevet, un pile de livres me promènent à travers un siècle, de Constantinople à Issy-les-Moulineaux, en passant par Erivan , Salonique, Bakou , Boston , Berlin , la Montagne de Moïse, le quartier Latin et le lac de Van. Mon voyage a commencé au moment où la France et ses institutions se penchaient sur le problème épineux du Code de la nationalité et des polémiques que soulève la volonté de le restreindre affichée par le gouvernement et, en première ligne, par le RPR. Comment devient-on Français? Comment le devenait-on il y a 40 ans? L ' expérience historique des 300 000 Français d'origine arménienne - ou, si vous préférez, des Arméniens de nationalité française - est, pour répondre à ces questions, instructive. La diaspora arménienne est, comme la juive ou la palestinienne, présente sur les cinq continents. Le gouverneur de Californie est arménien. Certains appellent en souriant Los Angeles Los Armenos. 250 000 Arméniens y vivent. C'est l'un d'eux, Kourken Yanikian, qui, en 1973, à l'âge de 78 ans rompt une trêve de 51 ans entre les rescapés du génocide de 1915 et l'Etat turc. Il tue au Baltimore Hotelle consul général de Turquie et son secrétaire . Tachnag - la Fédération révolutionnaire arménienne - eut averti les ambassades européennes que la « patience des nations écrasées» avait « des limites» et que «la colère arménienne» allait « éclater ». La Banque Ottomane symbolisait les intérêts financiers européens, bien plus importants que l'indignation modérée qui avait suivi la première phase du génocide : 400 000 morts ou déportés en deux ans (2 500 villages arméniens rayés de la carte !) ... En 1975, une époque nouvelle s'ouvre pour les Arméniens : celle de la lutte armée pour la reconnaissance du génocide. Ce « terrorisme national et publicitaire ciblé » visait avant tout à faire rét ablir une vérité historique niée par la Turquie et par l'internationale des Etats historiquement coresponsables du génocide. Ses protagonistes sont issus de la « troisième génération », c'est-à-dire qu'en général ce sont les petits-enfants des contemporains et des rescapés du génocide de 1915-1923 (1 million et demi de victimes). Lorsqu'en 1982 Max Kilindjian est élargi par le tribunal d'Aix-en-Provence dont il a fait une tribune de la cause arménienne, le public entonne... la Marseillaise (1). régler sa dette à l'égard des parents, ces dont la famille Aznavourian - se tourne sinage rapproché de l'Eglise aposto- L'intégration en chantant rescapés qui se sont sacrifiés pour que vers le public de collabos « français de lique et du Temple évangélique , le leurs enfants « réussissent ». souche» qui crient leur haine aux 23 dépouillement calviniste du second Juin 1939 : à la Mutualité, à Paris, on Septembre 1939 : déclaration de guerre. « étrangers et nos frères pourtant» de contrastant avec les débordements célèbre les 150 ans de la Révolution Dans les mairies françaises, on distribue l'Affiche rouge et leur lance: «Vous orientaux de la première. française. Sur la tribune, un chanteur à des masques à gaz à la population. avez hérité la nationalité française, nous René Léonian, le pasteur en charge de la voix agréable et des musiciens. .. Aida:« Seul de la famille, Charles eut nous l'avons méritée ». Patriote français cette communauté évangélique depuis arméniens. Le chanteur, «Misha », droit au sien car seul il possédait la tout en défendant son peuple arménien trois ans, est certainement aussi reprén'est autre que Missak Aznavourian, nationalité française (il était né rue contre les menaces d'un Julius Ritter, sentatif de la « troisième génération » ancien guérillero d'autodéfense, saltim- Monsieur-le-Prince à Paris). Curieuse- Manouchian signe sa célèbre dernière française-arménienne qu'Alain Prost, banque, restaurateur nomade au quar- ment, il était prévu par l'administration lettre à Mélinée, sa femme: Manou- Patrick Devedjian ou Ara Toranian. Né tier Latin. Pour riposter à la pub de la que, en cas de bombardements aux gaz, chian Michel. à Marseille, il a étudié à Lyon et Paris. concurrence, «chez Dupont, tout est les étrangers étaient destinés à être Visiteur de prison auprès de détenus bon », il invente le slogan: «Chez asphyxiés » ... « Ulcéré de cette ségréga- Double identité arméniens, théologien et sociologue, il Aznavour, on y court ». C'est ce nom tion », Misha s'engage en avril 1940. donne l'impression d'avoir réussi à se que son fils Charles, quelques années «Il voulait, nous dit-il, défendre le pays Les naturalisations d'Arméniens forger une double identité positive. Il plus tard, rendra mondialement cé- qui lui avait donné l'hospitalité, ne pas d'après 1945 seront vécues par nombre vient de publier une étude qu'il a Prises d'otages lèbre. rester à l'arrière quand les autres étaient d'entre eux comme une reconnaissance réalisée sur la communauté évangélique La grande soeur de Charles, Aida, au front, se battre contre les nazis, de leur attitude courageuse et souvent arménienne de Lyon à partir d'une Ce vieillard isolé renouait ainsi avec la moins célèbre malgré ses talents in con- participer à la chute d'Hitler ... Il donnait héroïque pendant l'occupation. question: « Cette minorité est-elle en tradition des vengeurs arméniens qui, testables, est, dit le chanteur, «sa à son geste quantité de raisons, au Minorité dans la minorité, les Armé- voie de s'intégrer, de s'assimiler ou, au sous la direction du légendaire Armen mémoire ». Elle vient d'en rendre pu- demeurant tout à fait légitimes, mais, niens de rite évangélique constituent la contraire, de former un ghetto? » conclut de manière très ouverte, en appelant à un élargissement des pistes tracées par sa recherche. Lui-même vient d'en engager une autre, «sur le rôle de l'école et de l'éducation dans la sauvegarde de l'identité arménienne », à travers le monde. Une liste impressionnante de 128 institutions et associations arméniennes en France complète l'ouvrage (3). Des archives Si ce voyage dans l'arménité vous attire, je vous signale trois autres ouvrages indispensables: Archives du génocide des Arméniens, recueillies et présentées par Johannes Lepsius (Fayard, 85 F), fondateur arménophile de la Deutsche Orient-Mission. Enfin traduites en français, ces archives d'état allemandes sont des documents accablants, irréfutables et nécessaires: la Turquie d'aujourd'hui continue à intoxiquer tant l'ONU - où elle a bataillé douze ans pour faire disparaître toute allusion au génocide - que le Conseil de l'Europe. Les Quarante Jours du Moussa Dagh (la Montagne de MoiSe) sont une épopée monumentale sur la résistance au génocide des habitants d'un village arménien syrien de la côte. Son auteur, Franz Wer fel , était né juif à Prague. Il mourut catholique à Beverly Hills. La première traduction française de ce livre - né de la rencontre de l'auteur avec des enfants réfugiés arméniens dans une manufacture de tapis de Damas en 1929 et publié en allemand à Vienne au printemps 1933 - vient d'être rééditée, avec une préface d'Elie Wiesel. Je préfère la version originale (Die vierzig Tage des Musa Dagh, Fischer poche n° 2062) . Enfin, l'historien canadien Michael R. Marrus dresse le tableau des indésirables que sont les réfugiés européens au vingtième siècle dans un livre foisonnant: les Exclus (Calmann-Lévy, 189 F). A lire pour comprendre où en est arrivé le droit d'asile aujourd'hui, et pourguoi.D FAUSTO GIUOICE Garo, menèrent l'opération Némésis blique une partie (2). Après celui entre nous, je crois bien qu'il avait aussi plus petite des trois églises armé- Son enquête révèle très concrètement (Mémoire) contre certains des respon- d'Henri Verneuil, né Ashod Malakian, une idée derrière la tête: il allait pou- niennes : 3 % contre 90 % d'apostoli- comment les personnes interviewées de (1) Jacques Derogy, Opération Némésis, sables directs du génocide. Armen son témoignage apporte une nouvelle voir, sans plus de problème, acquérir, gues et 7 % de catholiques. Ils revien- quatre générations vivent cette problé- les Vengeurs arméniens, Fayard, 85 F. Garo avait, en 1896, inauguré une contribution à l'histoire de la commu- pour lui et les siens, la nationalité nent de loin: après le génocide, ils matique. Des lecteurs d'autres origines (2) Aida Aznavour-Garvarentz, Petit nouvelle forme de lutte politique: la nauté arménienne, du point de vue de française... Comme ça, nous aurions n'étaient plus que 15 000. A Issy-les- se reconnaîtront en partie, mais feront Frère, Robert LafTont, 79 F. prise d'otages massive. la« deuxième génération », celle qui eut tous un masque à gaz! » Moulineaux, berceau de l'aviation fran- aussi des découvertes qui leur permet- (3) René Léonian, Les Arméniens de Avec 25 militants arméniens, il avait à affronter l'intégration, la guerre et 19 février 1944, hôtel Continental, rue çaise (devise: «semper volat ... »), la tront peut-être d'élargir leur propre France sont-ils assimilés?, 60 F, chez lm occupé le siège de la Banque Ottomane l'Occupation, les déceptions du «re- de Rivoli: face à ses bourreaux, Ma- coexistence religieuse arménienne horizon communautaire (je pense en l'auteur, 28, avenue Bourgain, 92310 ID 1 Là_C_o_n_s_t_a_nt_i_n_o.:.,p_le_ap:...r_è_s_q..:,u_e_so_n--.:.p_a_r_ti..:.., le_ _t_ o_u_r__ ....:(:...e_nA_r_m_e_'n _i_e_s_o_vl_é' tI....q:~· u_e..:...)..:.., _e:..:t--.:à_....:n:..:o:..:u:..:c..:..h:.::e_---c:.::o..:.:m:.::m:.:::.::e....:l:..:'a ~p:::2p:::..:e:.:l:a:.:.ie:.:.n:.:.t...:s:..:e:s...:a::mis~, __r -~p~r7,en:-;d--ca-r-r-é-m-:-e';n:;-t"""""";la;::-;-f:-:-o-r-;-m-e--;d'u::-n-v-o_i_-_p!....-ar_t_ic...:u..:.h:..e:·. .:.r--..a.::.ux:..:.....M:..:.::a:::g;:h::r.:.é.:.b::in::s..:...)..:. ... .:L:.e:..o' :..n:.::i:.:a::.:n~_I..:..ss.:.:y:....-.::..le:.::s_ -M :...:::.:o:.::u:.::h:.::·n:.:.e:.::a:.::u::.:x::... _______1 Différences - n° 62 - Décembre 1986 AGENDA 2 au 6, exposition collective, pouvoirs publics et associations, de matériels pédagogiques pour l'éducation au développement au Salon Educatec, à la porte de Versailles à Paris. Rens. au 47.83.50.46. 3 et suivants, exposition de 72 panneaux sur l'URSS réalisée par le Club« Peuples d'ici et d'ailleurs» au collège Claude-Monet, 18, rue de Noyon à Argenteuil. Rens. au 39.82.23.90. 5 ' à 21 heures, concert: Shéhérazade 2000, par le groupe Fawzy el Aiedy à la Maison de l'étranger à Marseille. Le même jour, Fawzy el Aiedy donnera un concert pour enfants en matinée. Rens. au 91.95.90.15. 5 et 6, petite salle à Beaubourg, colloque international organisé par l'Association Etudes Tziganes: Tziganes, identité, culture, évolution. Du 3 au 8, présentation de films , documents, photos, musiques à la salle d'actualité. Rens. au 46.07.99.12. 6 ' forum Cultures et expressions minoritaires organisé par l'ACEM et le CIEMI au Planning familial, 4, square Sainte-Irénée, 75011 Paris. On parlera littérature et édition. Rens. au CIE MI. 5 ' 6 et 7 décembre, grand Salon du livre de jeunesse, organisé par le conseil général de Saine-Saint-Denis au centre des expositions de Montreuil. Des livres par milliers, des auteurs, des animations et un grand concours. Rens. auprès du conseil général. 8 ' 9 et 10, tenue des journées d'études: Jeunesse, vie associative et sports dans les relations Nord-Sud, organisées par l'Institut national d'éducation populaire à Val-Flory. Rens. à l'INEP, 39.58.49.11. 8 à 20 h 30 à la maison de la poésie à Paris, Rencontre avec la poésie japonaise, avec la participation de Makoto Ooka. Rens. au 42 .36.27.53. 1 0 série de concerts au Centre culturel André-Malraux de Vandoeuvre, sur le thème de J'amitié francoallemande. Ce jour là, Oto et The Blech. Rens. au 83.56.15.00. 11 début de l'exposition à la grande galerie du centre Beaubourg consacrée au Japon des avant-gardes. Toute la création artistique japonaise depuis le début du siècle. Déesse aux poissons (Amman) LA VOIE ROYALE. Cette exposItIOn est capitale à double titre. D'abord, parce qu'elle nous offre des pièces jamais sorties des musées jordaniens et qui ne sont pas prêtes d'en ressortir, car rien n'est plus coûteux qu'une exposition archéologique, ni plus « lourd» techniquement, comme l'avait montré, avant elle, « Au pays de Baal et d'Astarté» (Petit Palais, 1983), comme celle-ci organisée par l'Association française d'action artistique. Ensuite, parce que «La voie royale» nous plonge aux sources de ce qui, dans notre civilisation occidentale et méditerranéenne, est redevable aux peuples sémitiques: le judaïsme et le christianisme, tout comme la civilisation islamique, notre proche voisine, née et maturée à partir du substrat culturel du Croissant fertile. Cette «voie royale» n'a rien à voir avec celle de Malraux, elle rend compte du lieu de passage privilégié que constituèrent la vallée du Jourdain, la dépression de la mer Morte et l'échancrure d'Eilat-Aqaba, d'Est en Ouest, du golfe Persique (et d'Inde) à la Méditerranée et, du Nord au Sud, d'Anatolie et de Syrie vers l'Egypte et la mer Rouge. Il n'est pas question ici de résumer plusieurs millinéraires d'une histoire qui voit l'apparition de sociétés organisées, avec ses cultivateurs, ses marchands, ses artisans, ses bâtisseurs de villes élaborées et fortifiées (Ille millénaire), puis « civilisées» à part entière avec l'adoption, au Ile millénaire d'écritures cunéiformes. L'hellénisme, assez superficiel et surtout côtier et citadin, survit large- 11 et 12, et de nombreux autres soirs ment au passage d'Alexandre le Grand, à TLP Déjazet à Paris, Koko bien que les campagnes, «aramaïbonbon, comédie de Hamma Meliani , sées », conservent leur fond sémitique 1 ID par la compagnie Aspic Théâtre. Rens. culturel vivace. Ammon devient Phila- Ce qui me semble le plus important, dans cette exposition, est que les Jordaniens nous offrent ici une possibilité de réviser certains préjugés historiques dont le plus enraciné a trait aux Arabes, lesquels ne sont concernés que par une partie de l'exposition. En effet, combien de fois n'entend-on pas dire que les Arabes, étroitement confondus avec l'Islam naissant et conquérant, ont « envahi» le Proche-Orient? Comme si des Arabes, nomades, sédentaires, citadins, n'étaient pas présents dans le Croissant fertile depuis des siècles, cousins de ceux qui jaillirent, au YlIe siècle, du centre de l'Arabie. L'Arabia Felix et sa civilisation raffinée (en gros, ye siècle avant J.-c.-ye siècle après) n'était-elle pas la réalisation d'Arabes, tout comme Palmyre, Petra, Bosra? Et beaucoup de ces Arabes, s'ils n'avaient pas gardé leurs cultes tribaux « païens », avaient adopté le christianisme, nomades et sédentaires de la vallée du Jourdain, de Syrie et de Mésopotamie même, préférant souvent le monophysisme et le nestorianisme, et la langue liturgique syriaque, à leurs yeux plus proches du génie de leur culture sémitique que l'hellénisme intellectualisé et souvent «impérialiste» imposé par Byzance. Cette superbe exposition aidera peut-être à comprendre 1'« Orient compliqué » en remontant bien au-delà des 14 siècles de l'Hégire ou même des 20 siècles du christianisme. D YVES THORAVAL La Voie royale, 9000 ans d'art au royaume de Jordanie, réalisée par l'AFAA. Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Paris. Tél. : 42.34.25.95. Du 27 novembre au 25 janvier 1987, tous les jours, sauf lundi, de La-u_ 47.63_.34.26_. _____ delphia et le restera avec les Romains. 11 à 18 heures; le jeudi jusqu 'à 22 heures. ~ _________ ~ _________________________________________ ~ YVES THORAVAL B LOC-NOTE s L'EPREUVE, LA PREUVE. Devenu une compétition, le Mois de la photo, en fait trois mois, puisqu'il s'étale de novembre à fin janvier, sous l'égide de Paris Audiovisuel, transforme Paris avec 90 manifestations, en capitale mondiale de la pellicule inspirée. Avec une dominante sur Un monde nouveau: l'Amérique latine, dont les multiples manifestations ont été citées ici. Signalons (in-extremis puisque la rédaction a sucré mon article dans le numéro de novembre !), qu'en plus de l'expo d'August Sander (jusqu'au 27 janvier au Pavillon des arts), il faut aller voir les très« glamorous » shows de Willy Maywald, premier photographe de Christian Dior, élégant et classique « oeil » de la mode parisienne de 1849 à 1985 : La mode, palais Galliera, jusqu'à la mi-janvier, avec Gianni Yersace, Dialogue de modes,. Hollywood, photos de plateau, chromos publicitaires du cinéma yankee, un langage « fou », parallèle à celui de la caméra (FNAC Les Halles, jusqu'à mi-janvier). Enfin, Giacometti vu par les photographes, l'un des artistes les plus pelliculés, avec Picasso, est une occasion de découvrir le presque nouveau Centre culturel suisse (38, rue des Francs-Bourgeois, 75004 Paris, jusqu'à mi-janvier également). Et puis, l'expo la plus forte, celle peut-être qui fera le plus réfléchir, déjà La mode selon Willy Magwald évoquée ici : Les photos qui falsifient l'histoire (musée d'Art moderne de la Yille, jusqu'au 15 janvier). Cette fête du 8e art est d'apprendre tout ce qui se fait dans l'impression de la mémoire en noir et blanc et en couleurs. D Différences - n° 62 - Décembre 1986 A BECEDE. Si vous avez des gosses, ou si vous l'êtes un peu resté, vous pouvez faire un tour à la BPI, à Beaubourg, jeter un coup d'oeil à l'exposition (gratuite) groupée avec le musée de la SEITA sur Abécédaires-alphabets naïfs, artistiques, cosmopolites, charmants, exposés dans ces deux structures, jusqu'au 19 janvier. D MEIJI PUBLICITE. La grande ère de modernisation du Japon au milieu du XIXe siècle a vu presque simultanément naître un art publicitaire du crû, témoignage supplémentaire de l'éclatante capacité de ce pays à adopter des techniques venues d'ailleurs sans (trop) perdre ses traditions culturelles nationales. « Shisheido : beautés et publicités: 1872-1986 », au sympa et kitsch musée de la Publicité, jusqu'au 12 janvier. Musée d'Art moderne de la Ville. Tél. : 47.23.61.27. Tous les jours sauf lundi, de 10 heures à 17 h 30. Musée de la Publicité, 18 rue du Paradis, 75010 Paris. Tous les jours sauf mardi, de 10 à 18 heures. Pavillon des arts. Tél.: 42.33.82.50. Tous · les jours sauf lundi, de 10 à 17 heures. Renseignements: Paris Audiovisuel. Tél. : 43.59.41.78. Mois de la photo BPI. Tous les jours sauf mardi, de 11 à 22 heures. Musée de la SEITA, 12, rue Surcouf, 75007 Paris. Jusqu'au 22 février. Tous les jours sauf dimanche. 12 Festival pluriel de la guitare, avec l'Orchestre national de jazz et quelques solistes à Villejuif. Tél.: 43.05.42.82. 12 ' conférence-débat sur l'Islam en France, sur le thème islam et laïcité, organisée par l'ADRI. Rens. au 43.06.21.73. 12 ' 13 et 14 décembre, Hommage à Pierre Chenal à Bondy, avec notamment les films inédits qu'il tourna en Argentine. Rens. au 48.47.18.27. 13 Fanny Jacquim et Philippe Tasquin au centre culturel belge. Rens. centre Wallonie, Bruxelle, 46, rue Amincampoix, 75004 Paris. Tél. 42.71.26.16. 15 ' à partir de 17 h 45, Conférence d'information sur le SIDA, avec les professeurs M. Gentilini et M. Rosenheim, à l'Institut santé et développement, 15, rue de l'Ecole-demédecine à Paris. Rens. au 43.26.72.28. ., 15 ' à la comédie des ChampsElysées, Mazel Tov, un concert juif avec des oeuvres de Mendelssohn, Valls, Kreisler, etc. Rens. au 45.04.12.15. 17 au 21, Stage d'étude des traditions provençales de Noël, organisé par l'Office du tourisme de Nîmes. Rens. au 66.67.29.11 . 19 ' fin de l'exposition Berlin, paysages urbains au Goethe Institut, centre culturel allemand de Paris. 23 artistes berlinois à l'occasion du 75Ü" anniversaire de la ville. Rens. au Goethe Institut. 17, avenue d'Iéna à Paris. 22 ,comédie des Champs-Elysées à Paris, Valeria Munariez. grande prêtresse du Tango, donne un concert exceptionnel. Rens. au 45.04.12.15. 23 L'Orchestre national de Lille, sous la direction de Théodore Guschlbauer, chef de l'Orchestre philarmonique de Strasbourg, jouera Ainsi parlait Zara Houstra à 18 h 30, à l'Audi- Il torium de Lille. Rens. au 20.31.03.22. El 1 le cherche-midi éditeur 68, rue du Cherche-Midi - 75006 Paris ligue ·des droits de l'homme cent poèt11es contre 1~J?l:9~§m~l , .. ", ... .. , --' . , t c.. '", _ ~, '-;.1 Gm~~'~~l~:~~'Üf{)n. BeJnard \"la\~on Clwre Ud\d~,éfa,ce de Elie WitlStll le cherche midI éditeur Ligue des droits de l' homr:ze Cent Poèmes contre le r~clsme choisis par Claire Etcherelh, Gilles Manceron, Bernard Wallon. Préface de ELIE WIESEL. 192 pages. 69 F. f"~CH)e$ ~hmtm; pi)f MUlIs.s;:a H illj~t PrCf;tce de lbopoh.t S~(fllt' Sfll1.!1!lor le cherche midi édîteur Diffusion Diff-Edit Amnesty International Cent Poèmes pour la liberté choisis par AHMED BEN OTHMAN et Jean-Pierre Darmon. 192 pages. 69 F. 8\ilnfYn;~;"othrnan jÜ;)n Die·n"'e ciarrnon Le monde est notre maison poèmes d'enfants du monde entier, choisis par Moussia Haulot. Préface GHOR de LEOPOLD SEDAR SEN . 192 pages. 68 F. En vente ou à commander chez votre libraire habituel ,------------------------------____________________________________________________ 1 CARTHAGE 1986 Coupes budgétaires, austérité mais efficacité et bonne humeur hédoniste bien tunisienne! : les Xles Journées cinématographiques de Carthage (mais leur 20' anniversaire car, entre temps, elles sont devenues bi-annuelles, en alternance avec le Fespaco de Ouagadougou) ont présenté quelque 28 longs et 34 courts métrages en provenance de toute l'Afrique, «blanche» et « noire» et du Proche-Orient arabe (1), dans des salles envahies par des foules de jeunes Tunisiens passionnés. Le Tanit d'Or, tout à fait mérité, a satisfait tout le monde : il est allé à « L'Homme de Cendre », premier film du Tunisien Nouri Bouzid, qui fait remonter la barre de la qualité esthétique dans le L'homme de cendres, Tanit d'or de Carthage 1986 une petite fille puis meurt. L'enfant est élevée par sa grand-mère, « courage» bien campée. Son oncle revient au village, des idées de changement en tête ; mais sa jeune nièce tombe illégitimement enceinte et les vieilles coutumes barbares s'imposent... Un autre Egyptien, Ali Badrakhan, présentait « La Faim », qui a pour cadre un quartier populaire du Caire, à la fin du siècle dernier où s'affrontent les marchands qui monopolisent les denrées pour en faire monter les prix et les pauvres, affamés. Batailles de rues se succèdent. L'espoir vient d'un jeune marchand musulman pieux et juste ... D'Irak, «L'Amoureux », de Mounir Fanari, raconte la résistance d'un hérosfellah solitaire dressé contre le féoda- MAURITANIE, TUNISIE LJ_ NOUVEAU CINEMA cinéma arabo-africain. Avec pudeur et courage, il traite d'un thème fort et délicat, celui des rapports amicaux entre jeunes gens, celui du viol et du mariage forcé, dont les traumatismes provoquent l'éclatement de la sacrosainte cellule familiale. Le Tanit d'Argent a couronné un film algérien, du grand Ahmed Rachedi (interprété, entre autres, par J. Dufilho), «Le Moulin de M. Fabre », tendre et ironique histoire d'un meunier pied-noir. lors de l'Indépendance. Le Tanit de Bronze est allé à un film malien très grave, touchant, plein d'humour: « La Leçon des ordures» d'Omar Sissoko. Disons que la qualité générale des films présentés reflétait la crise qualitative et quantitative du 7e Art du continent (mais c'est pareil presque partout ailleurs). Cependant, quelques films, par leur beauté et/ou par leur sujet devraient largement être diffusés. Ainsi « Chaînes» de K. Bishara (Egypte, 1986), un très beau film en couleurs sur un petit village de Haute-Egyptc près de Louxor dans les années 30-50: malgré la stérilité de son jeune mari, une jeune femme donne naissance à Différences - n" 62 - Décembre 1986 lisme et le colonialisme britannique, et dont le retour un peu « zorroesque », à la fin du film, vient galvaniser son village contre l'ennemi iranien. Enfin, « Raï », de l'Algérien Saïd Ali Fettar est l'histoire d'un mauvais garçon algérois qui évolue dans un milieu assez nouveau dans le cinéma algérien, celui des trafiquants en Mercedes et de leurs amies en manteaux de fourrure. Le héros finira par se racheter en travaillant et en aimant une fille « bien ». Un film intéressant. Enfin, signalons que le Tunisien Ferid Boughédir, l'un des meilleurs spécialistes mondiaux du cinéma africain est en train de terminer son documentaire « Caméras arabes » (qui fait pendant à son céièbre « Caméras d'Afrique »), une passionnante anthologie filmée des cinémas arabes émaillée d'entretiens avec des réalisateurs de tout le monde arabe. A suivre. 0 YVES THORAVAL (1) La SATPEC (Soc. anon. tunisienne de prod. et d'exploit. cinématographique) possède, à Gammarth des studios modernes, peu communs en Afrique où elle traite des films du Continent ou d'ailleurs. SARRAOUNIA. Sept années d'entêtement pour réussir à monter ce film au tournage préalablement prévu au Niger puis, finalement, réalisé au Burkina Faso (ex-Haute-Volta). D'après l'adaptation du livre de l'auteur nigérien Abdoulaye Mamani: Sarraounia. Reine des Aznas de religion animiste et égérie africaine - elle ne fut pas la seule en diverses régions - qui résista aux équipées franco-coloniales au tout début du siècle ... Douze semaines de tournage, des difficultés économiques et des « aléas» sans nombre sous des températures avoisinant les 50 degrés, n'auront pas entamé la détermination du cinéaste Med Hondo (d'origine mauritanienne). Huit cents figurants et quelques acteurs africains plus une petite cohorte de comédiens français pour endosser les faits et gestes, les mots et les vêtements d'une colonne militaire ayant historiquement traversé, en 1899, une partie d'Afrique à partir du Soudan pour stopper l'influence d'un sultan noir. Voilà pour le décor et la volonté de filmer une péripétie réelle de l'histoire coloniale jusqu'ici occultée. «Sarraounia » existe donc aujourd'hui en scope et en couleurs. Un cinéma pensé, qui sait cadrer des corps d'hommes noirs et blancs dans un espace à « pacifier » comme on disait alors, toutes exactions au programme. On peut face à ce film prévoir certaines critiques : trop didactique, manichéisme; des militaires français trop caricaturaux, etc. « Sarraounia » est un film qui n'a pas voulu jouer le jeu de « l'identification» parce qu'il ménage aux spectateurs français ou africains le temps de la réflexion. Pour ma part, j'étais revenu au Journal des Voyages que je tenais d'une grand-mère et à ses Unes dessinées qui, enfant, me ravissaient/terrifiaient. En cinéaste, Med Hondo a joué de ces « clichés »-là parce qu'ils étaient le journalisme de l'époque en question dans son film. Côté images, s'il y a parfois dans ce film du western africain, c'est peut-être du côté de Ford ou de Huston qu'il faudrait se pencher. Et même de ... Brecht (tant pis pour toutes ces références !). La mort de Voulet, liquidé par ses tirailleurs noirs, corvéables et excédés, en dit très long sur le « mirage» franco-colonial. D'improbables spectateurs lepénistes dans les salles devraient comme il se doit hurler contre ce film en brandissant de vieux manuels d'Histoire franco-française dorés sur tranche ... JEAN-JACQUES PIKON El LE MAUVAIS SANG DES FRANÇAIS Adieu veau, races, puretés et frontières: une étude génétique suit à la trace tous nos petits mélanges, du Maghreb au Québec. Résultat: on est tous métissés. En 1987, paraîtront les résultats officiels d'une enquête sans précédent sur l'hétérogénité biologique de la population française. Pour la première fois entre 1981 et 1986, a été réalisée, sous la direction du Pr Ohayon et du Dr Cambon-Thomsen de l'INSERM de Toulouse, une grande enquête portant sur la répartition des marqueurs génétiques dans 1 376 familles situées dans 15 régions françaises plus le Québec. Aux modes classiques d'investigation scientifique des populations (géographie humaine, histoire, démographie, sociologie) , s'ajoute aujourd'hui la biologie (génétique des populations) grâce au système des marqueurs HLA (Hum an Leucocytes Antigenes). Qui pouvait prévoir, il y a 25 ans, alors que les bases biologiques de l'immunité et de rejet de greffe étaient posés, d'abord aux Etats-Unis chez la souris, puis dans les années 1960 par le Pr Jean Dausset, pour l'homme, que la découverte du système HLA permettrait de comprendre le polymorphysme des populations. Singulier outil d'analyse, qui supplante les critères morphologiques classiques (couleur de la peau, taille, texture des cheveux, etc.), au profit d'une parenté biologique totalement invisible avec les yeux mais susceptible de révéler une parenté datant de plusieurs siècles. Aux esprits obtus persuadés d'être les descendants d'une lignée ininterrompue d'individus implantés dans un même lieu géographique, le système HLA vient jeter un pavé dans la mare en révélant une grande diversité tout à fait inattendue, au premier abord, témoin du brassage de l'histoire humaine. Le complexe d'histocompatibilité (1) se situe chez l'homme sur la slXleme paire de chromosomes et on y distingue classiquement 4 gènes HLAa, HLAb, HLAc, HLAd. Ces gènes induisent à la surface des cellules de l'organisme des récepteurs (antigènes). C'est grâce à ces récepteurs que va s'organiser et s'élaborer la réponse immunitaire du rejet de greffe. Le rejet de greffe (tissu d'un organisme étranger) est la règle; mais grâce au typage HLA, on peut reconnaître les individus entre lesquels une greffe est possible parce qu'ils Comment faire des bébés français? Difficile, comme vient de le montrer une enquête en forme de pavé dans la mare, menée par l'Inserm de Toulouse. sont histocompatibles, c'est-à-dire identiques dans le système HLA. Le système HLA ouvre de nouveaux horizons en médecine parce que certaines maladies sont plus fréquentes chez les porteurs de certains antigènes HLA, ce qui élargit le champ de la médecine préventive. L'exemple le plus frappant est celui de la pelvispondylite rhumatismale où 90 % des malades sont porteurs de l'antigène HLA B27, contre 8 % dans la population générale. Il est encore trop tôt pour conclure formellement sur nombre de points de l'enquête, ce qui fait tout l'intérêt du résultat officiel qui paraîtra début 1987. Une analyse rigoureuse des données rend indispensable la collaboration étroite entre science de la vie et science de l'homme, pour comprendre l'histoire de notre patrimoine génétique. En effet, les résultats sont difficiles à interpréter pour de multiples raisons: par exemple, 1/4 des femmes d'une génération peut donner naissance à 3/4 des enfants de la génération suivante. D'autres marqueurs que le système HLA ont été utilisés dans cette enquête, notamment les marqueurs de groupes sanguins et des immunoglobulines (2). Pour le système de groupe sanguin ABO, il existe peu de différences interrégionales pour les groupes A et O. En revanche, le gène B, rare, est plus fréquent dans le Béarn et souvent retrouvé dans l'est de l'Europe et en Afrique du Nord. Pour les immunoglobulines, on a révélé la présence d'un marqueur arabe dans une famille poitevine. Cette enquête établit bien l'existence de particularismes génétiques régionaux. En voici quelques exemples: c'est en Alsace qu'existe le plus souvent le gène HLA-A W33, fréquent également dans la Péninsule ibérique. Mais en Lorraine, pourtant si proche, il est très rare ... L'enquête souligne d'importantes différences entre ces deux provinces voisines. La répartition des gènes au Québec ressemble beaucoup à celle de Basse-Normandie et du Poitou, confirmant ainsi ce que l'on sait sur l'émigration vers le Canada. Les Poitevins s'apparentent fort aux Limousins, mais ces derniers n'ont pas grand-chose en commun avec les habitants de l'autre région adjacente, l'Auvergne. Les Cévennes constituent une zone génétiquement plus homogène que le reste de la France: on y rencontre beaucoup moins de combinaisons HLA qu'ailleurs ... S'il est encore trop tôt pour tirer d'autres conclusions et faire des corrélations historiques plus précises, cette enquête unique au monde a le mérite de souligner avec éclat la grande hétérogénéité de la population française. La première leçon de la génétique, selon Albert Jacquard, est que les individus, tous différents, ne peuvent être classés, évalués, ordonnés: la définition de « race» ne peut être qu'arbitraire et imprécise. Trop nombreux sont ceux, qui Depuis des millénaires, l'observation de la consanguinité, notamment dans les familles royales, montrait empiriquement la dégénérescence inhérente à l'appauvrissement du patrimoine génétique. Le poète Saint-Exupéry l'avait bien senti, qui disait: « Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente. » D LAURENCE PÉAN 1) Compatibilité de deux tissus au cours d'une greffe. (2) Molécules secrétant des anticorps. Déviations interrégionales des fréquences de certains marqueurs HLA A30\ 861\ .' aUE8Ec':~ , -01)1/ $~I{' BRETAGNE A231 8451 dans le passé, ont tenté de privilégier une « race ». Qu'on Sur la carte, les particularismes mis en évidence par se souvienne des généticiens du Ille Reich, occupés à l'étude. Aïe! Le Pen, natif de la Trinité-sur-Mer, ne justifier scientifiquement l'hégémonie de la «race aryenne ». Sur ce point, le parti pris est souvent plus facile serait pas pur-sang ! ml ~q~u~'u~n~e~x~a~m~e~n~p~lu~s~a~p~p~r~o~f~on~d~i~e~tlP~lu~s~o~b~je:c:ti~f~d~e:s~f~a~it~s~. __ -~1iI Différences - nU 62 - Décembre 1986 El Il était temps : pour ce cinquantième anniversaire du Front populaire, on avait oublié les femmes. Alors que pour elles, 36, c'est presque le grand soir ... On entend beaucoup parler du Front populaire cette année. La France fête son cinquantième anniversaire. On entend moins parler des femmes de cette époque. Dommage, elles s'étaient manifestées avec ardeur, allégresse et passion. On n'entend pas du tout parler des trois femmes sous-secrétaires d'Etat ... Ça, c'est encore plus dommage. L'Histoire, décidément, a vraiment tendance à occulter toute une « moitié du ciel » ... Mais, au fait, qu'est-ce que le Front populaire ? ' Coalition électorale formée par les communistes, les socialistes et les radicaux, le Front populaire arriva au pouvoir en juin 1936. La crise économique mondiale de 1930-1931 et l'évolution politique européenne, telles que la montée du fascisme en Italie, du nazisme en Allemagne et des ligues d'extrême droite en France, furent les causes essentielles de cette coalition . Le chef de la SFIO (section française de l'internationale ouvrière, parti socialiste de l'époque), Léon Blum, devint président du conseil de juin 1936 à juin 1937. Cette période fut marquée par une vague incroyable de grèves accompagnées d'occupations d'usines. On comptait près de trois millions de grévistes en juin 1936. Les industries, les commerces et les services furent en grève. Bref, l'économie était paralysée. Le Front populaire représentait un grand espoir pour le monde ouvrier. Il allait notamment lui faire retrouver sa dignité. Les conquêtes sociales furent considérables et rapides. C'est ainsi que les accords de Matignon du 7 juin 1936 contenaient, entre autres, une augmentation des salaires de 7 % à 15 %, la reconnaissance du droit syndical et les conventions collectives. Les 11 et 12 juin, les deux semaines de congés payés obligatoires par an et la semaine de travail à quarante heures étaient votées . Les femmes, considérées alors comme «sous-travailleuses », beaucoup plus encore qu'avant 1914, la crise de 1929 était passée par là, allaient prendre amplement part à ce grand mouvement. Le droit au travailleur était contesté. Depuis 1919, les ministres les plus rétrogrades ne cessaient de mettre en valeur «le retour au foyer ». Entre 1931 et 1936, près de six cent mille femmes furent mises au chômage, soit 7,5 % des femmes actives. Pour la première fois depuis 1860, on interrompait leur progression dans le monde du travail, qui avait si largement aidé à la croissance. Les salaires féminins, parmi les plus bas du monde ouvrier, connaissaient un recul non négligeable. Entre 1930 et 1935, les ouvrières de la couture et de la bonnetterie perdaient 24 % du montant de leur salaire. D'ailleurs, en général, celui-ci variait du simple au double entre les femmes et les hommes. Les travailleuses, dans le secteur de l'alimentation par exemple, rencontraient des conditions de travail scandaleuses. En juin 1936, pendant les grèves, on découvrait qu'au troisième sous-sol d'un grand magasin parisien des jeunes filles de 18 ans travaillaient de 7 heures du matin à 10 heures du soir pour 77 F par mois. Quotidiennement, elles connaissaient les affronts, les insultes et la peur à la fois du contremaître et du chronométreur, sans oublier le droit de cuissage. Bref, en quelques semaines, les travailleuses allaient se défaire et se débarrasser de cet étau qui les enfermait depuis si longtemps. Enthousiastes, elles se mobilisèrent très rapidement. Elles collèrent des affiches et prirent la parole dans la rue. Elles osaient répliquer aux patrons, demandaient, exigeaient et arrachaient des victoires. Elles expliquaient le pourquoi et le comment de leurs grèves aux clients. C'étaient de véritables révolutions les unes après les autres. Chez Thomson-Houston, les trois quarts des grévistes sont des femmes. Et les hommes, où étaient-ils, que faisaient-ils? En règle générale, ils donnaient un coup de main à ceux ou celles qui luttaient pour la première fois et on peut parler de sentiment de solidarité. Mais les femmes, il faut le dire, étaient cependant soumises au rôle et à l'emprise traditionnels. Alors que c'étaient des lutteuses à part entière, on avait tendance à les renvoyer à la maison à 10 heures du soir pour prendre soin du foyer et s'occuper des enfants! Toutefois, elles entreprenaient et déclaraient leur indépendance, elles secouaient les schémas classiques. Gaies et inexpérimentées, elles occupaient les usines et forçaient à se faire entendre. Elles faisaient apparaître la réalité, leur réalité dans le monde du travail ainsi que leurs espérances. Elles mettaient en évidence leur situation sur le marché du travail et soulignaient que tout le monde pourrait en être bénéficiaire. Les femmes se syndiquaient en masse. Par exemple, chez Thomson-Houston, parmi les trois mille grévistes qui réunissaient trois quarts de femmes, on comptait cinquante syndiqués. En juin 1936, soudain, on manqua de bulletins. La Fédération du textile dénombrait huit fois plus d'adhésions, celle des employées vingt fois plus, etc. C'est par centaines que les femmes se syndiquaient. Se battre sur son lieu de travail était un phénomène nouveau: on revendiquait pour le salaire, les vacances, les conditions de travail et essentiellement pour la dignité. C'est cet été, différent des autres, que Léon Blum, chef du Front populaire, appela trois femmes dans son gouvernement. .. bien que le droit de vote ne leur eût pas encore été accordé. On était hostile à la moindre avancée féminine ... Si Léon Blum avait proposé un projet de loi accordant le droit de vote aux femmes, le Sénat l'aurait refusé et, par conséquent, l'idée même aurait reculé. Aussi, comme la constitution ne mentionnait nulle part que seuls les hommes ont le droit de devenir ministres, Léon Blum nomma, pour la première fois dans l'histoire de France, trois femmes sous-secrétaires d'Etat. Pour l'époque, on peut qualifier cet acte de révolutionnaire. Bien sûr, aujourd'hui, on pourrait dire qu'elles ne furent que sous-secrétaires d'Etat. Et puis, on pourrait ajouter que deux d'entre elles furent nommées dans des domaines plutôt féminins ... Mais, pour l'époque, quel progrès! ... Quelle grande victoire remportée par le féminisme français ! C'est tout de même parmi un certain nombre de sourires qu'on entendit pour la première fois le président de la Chambre des députés annoncer «Mesdames, Messieurs ... ». Des femmes encore privées du droit de vote, mais déjà présentes dans les syndicats, les rues et les ministères. Elles étaient là ces trois femmes, courageuses, émues et l'air un peu égaré; on le serait à moins! Il y avait Mme Cécile Brunschvicg, sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Education nationale, Mme Suzanne Lacore à la Protection de l'enfance et Mme Irène loliot-Curie à la Recherche scientifique. Mais qui étaient ces femmes? Lors de sa nomination, Cécile Brunschvicg assistait à Glasgow à un congrès d'oeuvres sociales. C'est une femme concrète qui aime agir. Parce que pionnière du féminisme français, elle est déjà connue pour ses activités et plus particulièrement pour la réglementation du travail féminin . Par exemple, elle acquiert, pour les vendeuses des grands magasins, le droit de s'asseoir en l'absence de clients! Autre exemple: la femme mariée n'est pas apte à jouir de sa personne et de ses biens, patrimoine du premier code civil. Napoléon avait bien dit: « la nature a fait de nos femmes nos esclaves. » Le mari a tous les droits, y compris celui de ruiner son épouse, sauf si celle-ci a un bon contrat de mariage, ce qui se voyait très rarement. Elle va créer l'Union française pour le suffrage des femmes. Elle ne se lasse pas d'expliquer les raisons pour lesquelles les femmes doivent absolument acquérir ce droit et l'intérêt qu'elles y retireraient dans les domains économique, conjugal et familial. Avant 1914, elle obtient de faire nommer des conseillères municipales autorisées à travailler dans l'entourage du maire et de ses adjoints. Par ailleurs, elle lutte pour la réglementation de la prostitution et contre la tuberculose et l'alcoolisme. En 1917, elle fonde l'école des surintendantes d'usines (assistances sociales d'aujourd'hui) . On la retrouve présidente de l'Union féminine pour la Société des nations. Pendant la Première Guerre mondiale, elle s'occupe de donner des secours aux réfugiés français et m NOT; cRoiSÉJ 2 3 4 5 6 7 2 3 4 5 6 7 8 9 10 8 ••'•..\. .. '- . ~ ......... ....... .. .. . ~' .............................. ... . ' .......................................................... .... ... ~ .. ........ .......................... - ' .. .... .. ..... 9 10 HORIZONTALEMENT: 1. Ont un bout rouge. - 2. Manquera. Négation. - 3. Hommes du voyage. - 4. Araignée. 5. Enlèveras. - 6. Belle qui devint bête. Comme novembre. - 7. Serre fort. Ancêtre d'une race. - 8. Exprime une jeune volonté. A nous. Réfléchi. - 9. Abris des oiseaux. Supplice. - 10. Brille la nuit. Possèdent. VERTICALEMENT: 1. Habitante d'un pays d'Afrique. - 2. Coule en France. Enlevait. - 3. Personnage de conte. Note. - 4. Poison végétal. Adverbe de lieu. Note. - 5. Peut être double. - 6. Produit de remplacement. Ouverture. - A toi. Monnaies. Possessif. - 8. Créateurs. Saint normand. - 9. Préposition. Habitants. - 10. Relève le goût. Répandent ça à là. .t:...;....... .. ...•. .. '.:.:.:.:.:.: ... ...............~..;. ~ ..!..._... ......•...•.••..•.......•.•.• . ~ e.. ~~. - , ~SJEJ A partir de cette grille, il s'agit de reconstituer le nom de 30 lauréats de prix Nobel. Chaque groupe de lettres, occupant une case, ne peut être utilisé qu'une seule fois. AL AN AN AN AN BE BR BRA CA CA EL El DU DT DEB DA CU CO CE CAM EL EN ER ER ER FA FI FO FRE FR JOU IN IN IN lAC HER HA GG FE DM KA KIN KN LER LI LI LOR MA MA MIS ON NS NT NI NG NG NE NA lE MO OV PA PA PAU PE RCO RD RG RIE RMI TZ TR TH TE ST SS SC SAG RU RR UER UL ULI UR US UX VL YE RU RR SOLUT/ON DES JEUX DU NUMERO PRECEDENT Mots croisés: Horizontalement: 1. Courbature. - 2. Anneau. Ut. - 3. Suent. Buse. - 4. Stades. - 5. En. Ironie. - 6. PÔ. Eduens. - 7. Il. Recto. - 8. Pile. Nia. - 9. Esus. Uns. - 10. Sec. Are. Le. Verticalement: 1. Casse-pipes. - 2. ONU. Nolise. - 3. Unes. Luc. - 4. Rentières. - 5. Bâtarde. - 6. Au. Douceur. - 7. Benêt. Né. - 8. Usinons. - 9. Rus. Es. - 10. Etel. Tape. Mots cassés : Les 28 préfectures à trouver étaient : Annecy, Auch, Aurillac, Besançon, Blois, Cahors, Carcassonne, Chartres, Chaumont, Colmar, Dijon, Grenoble, Laon, Laval, Lille, Melun, Mende, Montauban, Moulins, Nice, Niort, Privas, Rennes, Tarbes, Toulon, Troyes, Vannes, Vesoul. RSA - Réunion Le gouvernement français, en accord avec la majorité des autres membres de la CEE a accepté l'idée de sanctions contre l'Afrique du Sud, mais, paradoxalement, entretient toujours des relations diplomatiques et commerciales avec ce pays. La preuve? L'île de la Réunion, département français d'outremer de l'océan Indien, île pluriethnique par excellence puisqu'on y trouve des Indiens tamouls, musulmans, des Chinois, des Blancs des « Métros », des Noirs, etc. ; cette île donc, qui a connu l'esclavage et qui en garde encore les traces, abrite un consulat d'Afrique du Sud, qui, lorsqu'il donne une réception, reçoit certains éminents politiciens ou patrons de la Réunion. Ce consulat, malgré moult demandes de la part d'associations comme Union des femmes réunionnaises (UFR), des mouvements antiapartheid, antiracistes, du PCR, coule toujours des jours heureux. Il existe toujours une liaison aérienne régulière J ohannesburg Saint-Denis. Des fruits et d'autres denrées, ainsi que certains produits nécessaires à l'industrie (moribonde) locale sont importés de ce pays mis au ban de l'ONU. La liste est trop longue, citons simplement les fameuses oranges Outspan . L'ARTL, agence régionale pour le tourisme et les loisirs, créée par le Conseil régional, envisageait même d'envoyer une mission en Afrique du Sud dans le but d'étudier les moyens de développer le tourisme entre les deux pays. Où sont alors ces fameuses sanctions? Assez d'hypocrisie! Il faut quand même savoir que même les gouvernements socialistes précédents n'ont jamais donné suite aux demandes de fermeture de ce consulat raciste. Le fric, c'est chic !O J. B. Le Port (Réunion) Front popu Abonnée à Différences depuis le début, je continue à le lire avec satisfaction, cela d'autant plus que dans la situation actuelle tant nationale que mondiale, l'équilibre et l'objectivité sont très délicats à maintenir et pourtant vous le faites. Ce n'est pas la raison pour laquelle je vous écris aujourd'hui (qui est quand même sincère et valable depuis le début). C'est pour ajouter une information concernant l'article sur Les immigrés et Front popu (n" juin-juillet 1986). J'étais employée à l'époque à la mairie de Bagnolet (Seine-SaintDenis actuellement) et au guichet du chômage entre 1934 et 1939. Pendant cette période de grand chômage, il existait une différence de taille entre les allocations versées aux chômeurs. Les Français touchaient 9 F par jour et les immigrés 7 F. C'était la loi! Le salaire moyen à cette date (le mien par exemple) était environ 1 200 F par mois, donc 40 F par jour. On peut s'imaginer la misère des chômeurs d'alors, et les contrôles astreignants (trois par semaine, deux pour le pointage et un pour la paye) et la queue humiliante qu'il fallait faire pour pointer et venir toucher ses quelques sous! Les étrangers étaient naturellement très surveillés quant aux papiers d'identité. Impossibilité pour les réfugiés politiques (et ils étaient très nombreux) de recevoir la moindre allocation, quand ils se trouvaient privés d'emploi non déclaré (ce qui était pour eux, la seule possibilité d'existence). Cette période est beaucoup occultée, on ne retient souvent que les avantages de 36, mais il y en avait beaucoup qui n'en profitaient pas.O MADELEINE lANIER Bagnolel Encore du charabia SVP Je vous remercie très vivement pour l'épreuve - je devrais même dire les différentes épreuves, car je m'y suis pris à plusieurs reprises - qu'il m'a fallu subir pour lire, relire et comprendre l'article intitulé L'identité dans tous ses états. (Différences n° 60, octobre 1986, pages 36,37 et 42.) Loin de moi l'idée de critiquer ou de mettre en cause les qualités indubitables de l'auteur de cet article, notamment dans l'art d'appliquer ses théories et ses réflexions aux immigrés. Bien au contraire. Je dois quand même reconnaître que je me suis posé bien des questions sur mon entendement à la fin de chaque relecture de cet article. Le dictionnaire luimême ne m'a pas toujours été d'un grand secours ... Les temps changent et les jargons hermétiques prennent du galon. Il vaut mieux en rire. Mais la prochaine fois, de grâce, faites une mise en garde et avertissez vos lecteurs, notamment les simples et modestes immigrés, dont je suis. Merci quand même pour cette bonne tranche de divertissement franchement délirant et récidivez chaque fois que vous en aurez l'occasion. 0 JEAN DUMAURIER Saint-Aygulf Les Petites IDlnOnCeS de Différences ~l --------~ Réveillons fin d'année en Aveyron à la ferme équestre avec formule séjour-stage. M. Puech, Le Moulinou 12160 Baraqueville. Tél.: 65.70.13.55 (n° 194). Cherche pour ami tunisien étudiant en philo chambre au pair contre services. Mme Poucan 14, rue Flatters, 75005 Paris. Tél. 43.37.72.54 (n° 195). Vacances Noël à Saint-Mandé pr petit nombre d'enfants. 3 animateurs, peinture, marionnettes, jardin. 200 F journée/100 F nuit. Tél.: 48.08.63.67 (n° 196). Bégaiement : vs vs intéressez au problème du bégaiement. Découvrez ce qu'est réellement ce phénomène et le meilleur moyen possible de l'éliminer grâce à une approche toute nouvelle. Doc. c/6 timbres à B. Wemague, BP 417, 14012 Caen cedex (n° 197). Au Centre Thomas More, 1987 17/18 jan. Le travail social ds le champ de l'immigration, 14/15 fév. Le travail social en contexte d'autorité. BP 105, 69210 L'Arbresle (n° 198). Voulez·vous correspondre avec des étrangers dont vous Tarif: 25 T. T .C. la ligne (26 signes ou espaces). Texte et règlement à Différences: 89, rue Oberkampf, 75011 Paris. Tél. : 48.06.88.33 Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient d'une insertion gratuite par an (maximum 5 lignes) L 1 1 1 1 1 1 1 LJ. 1 1 1 1 1 1 1 1 LJ_ . L.....L~_L.l..-J 1 - L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 I --L 1 1 1 1 L_Ll 1 1 1 1 1 I--.LJ ne connaissez pas la langue ? C'est facile! Rens. gratuits contre enveloppe affranchie à OCI, 123, rue de Royan, 16710 Saint-Yrieix (n° 199). 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Au Congrès des institutions d'assistance et d'hygiène sociales en juillet 1921, elle préconise, d'une part, la protection maternelle et infantile et, d'autre part, l'école, l'éducation et le développement de l'enfant. C'est comme directrice de l'hebdomadaire La Française que nous la retrouvons enfin. C'est là que les femmes expliquent leurs idées, leurs luttes et aboutissements. Arrivée au ministère de l'Education nationale, elle souhaite une étroite collaboration entre son ministère et la Santé publique. De plus, elle ne néglige pas son action menée en faveur des femmes. Elle a deux objectifs: mener à bien ses fonctions et convaincre le gouvernement d'accorder des droits aux femmes et, tout d'abord, celui de voter. Trois femmes ministres, trois autres sous-secrétaires d'Etat, une révolution ! Cinquante ans plus tard, y a-t-il du mieux? Créatrice et réaliste, elle demande des détails relatifs aux cantines et coopératives scolaires ainsi qu'aux caisses des écoles. Elle va augmenter le nombre de cantines, ouvrir des internats destinés aux enfants de marins. Elle met sur pied des centres de jeunes délinquants. Du côté des femmes, elle parvient à faire supprimer les incapacités juridiques, telle la permission maritale pour l'obtention du passeport. Grâce à elle, certaines voies seront accessibles au sexe féminin : concours administratifs des ministères du Travail et des Affaires étrangères. C'est ainsi qu'est mise en place toute une série de réformes qu'elle conquiert, jour après jour, pendant les quelques mois que dura le Front populaire. Suzanne Lacore, sous-secrétaire à la Protection de l'enfance, est, contrairement à sa collègue, à peu près inconnue du public. Institutrice dans le Périgord, elle avait déjà consacré trente-cinq ans de sa vie à la cause de l'enfance. Elle appartenait à la SFIO et militait activement dans le groupe des femmes socialistes. Installée au ministère de la Santé publique, elle va s'occuper sans relâche de l'enfance malheureuse et des enfants déficients. Elle traite d'abord le problème des enfants de l'Assistance : nouvelles mesures afin de minimiser le nombre d'abandons, allègement des formalités relatives à l'adoption et encouragement du marrainage des enfants assistés. Ensuite, elle réclame que le travail des enfants soit régularisé en fonction de leurs forces. Enfin, elle instaure la section des loisirs: à l'école, on doit travailler et jouer. Promenades et voyages sont également prévus au programme. Elle crée la Commission de l'enfance malheureuse pour les enfants sous-alimentés et battus. Des comités de protection de l'enfance doivent exister dans tous les départements. En ce qui concerne les enfants déficients, elle nomme une commission composée d'éducateurs et de médecins. Leur . travail : recenser les enfants « anormaux » et établir des statistiques. Puis, du personnel compétent doit être formé. Enfin, un enseignement professionnel adapté à ces enfants arriérés tente d'être mis en place. Les réalisations de Suzanne Lacore furent nombreuses et effectuées en un temps court. Elle avait confié au début de son mandat : « Il faut rendre à la société actuelle la notion que l'enfant existe. » Irène Joliot-Curie, fille de Pierre et Marie Curie, est nommée à la Recherche scientifique. En 1935, elle obtient le prix Nobel de chimie qu'elle partage avec son mari, Frédéric. D'allure décidée et le front large, elle est la plus jeune des trois femmes ministres. Elle entreprend de réunir les différents organismes destinés à aider les travaux scientifiques afin de créer une caisse nationale de la recherche scientifique. A partir de là, seront mis sur pied des centres spécialisés dans lesquels des expériences pourront être tentées. Elle réclame des crédits pour payer les aides techniques, collaborateurs essentiels des scientifiques. Mais des raisons, politiques pour certains, de santé pour d'autres, ne lui laisseront pas le temps de concrétiser ses projets puisque quatre mois plus tard, en octobre 1936, elle se retire. Trois femmes sous-secrétaires d'Etat dans le gouvernement socialiste de Léon Blum en 1936. Quelle évolution ! Bien que comparer 1936 à nos jours soit délicat -l'histoire ne se représente jamais de la même manière -, en 1985, le gouvernement de Laurent Fabius comptait six femmes sur les bancs du gouvernement à l'Assemblée nationale: quatre ministres et deux secrétaires d'Etat. Leurs domaines

les droits de la femme, l'industrie et le commerce, les

affaires sociales et la solidarité, l'environnement, les, relations extérieures (affaires européennes) et la défense. En 1986, que sont devenues les femmes? On dénombre une ministre déléguée et trois secrétaires d'Etat, quatre en tout. La première est chargée de la santé et de la famille. Les secrétaires d'Etat, elles, sont responsables de la francophonie, de l'enseignement et de la formation permanente. Quant au ministère des Droits de la femme, il n'existe plus. Les femmes n'en ont plus besoin. Seules suffisent une délégation à la condition féminine et sa déléguée, selon Jacques Chirac. Cinquante ans plus tard, déception ? 0 MARYSE BENSAïo • • • suite de La page 20 Dans son action, le MRAP utilise tous les moyens qui peuvent être efficaces: des grandes manifestations à la défense individuelle des victimes du racisme; des poursuites judiciaires (grâce à la législation mise en place dès 1972, dont il a été l'initiateur) aux animations ou débats dans les quartiers et les établissements scolaires, etc, Nous nous gardons de nous cantonner dans la lutte « contre» ; conjointement, nous agissons « pour» que notre société plurielle vive solitaire, amicale. C'est ainsi que nous avons organisé une très belle sorrée pluriculturelle à Paris pour la Fête de la Musique, et que nos comités locaux multiplient les « fêtes de l'Amitié », Notre but: ne pas uniquement prêcher les convaincus, mais libérer de l'idéologie raciste ceux qui sont trompés par elle, et en sont, de ce fait, également victimes, Le MRAP ne bénéficie pas autant qu'il lui semblerait équitable des faveurs gouvernementales et de l'accueil des médias mais, sur le terrain, notre présence est partout sollicitée, reconnue, appréciée, Une seule mesure? Nous souhaitons vivement que les grands médias populaires, notamment la télévision, ne se contentent pas - quand ils le font - d'informer sur le racisme ou de le condamner, mais que la propagande raciste, si abondamment répandue, soit systématiquement réfutée, Il faut que les gens soient mieux armés pour rejeter sciemment les mensonges qui placent « les immigrés », de façon obsessionnelle sur le devant de la scène, et les rendent responsables de tous les maux que produit notre société, Et si le MRAP - pourquoi pas? - était enfin admis à intervenir à grande échelle dans cette oeuvre nécessaire de démystification, ce n'en serait que mieux. Vient de araitre JACQUES DE BOLLARDIERE Compagnon de toutes les libérations Jacques de ;. BOLLAROIERE Compagnon i~. Libérations En 156 pf1ges, de l'armée à la son innermre non. violence. 110 documents, la 100 photoS et plupart inéd!t~. umentaire visuel Un véritabl~ o~ J acq ues de sur la vif '\ait membre du Bollardière (qUI e du MRAP). comité d'Honneur Adressez dès maintenant vos commandes à : Non-Violence Actualité 20, rue du Dévidet, 45200 Montargis Prix: 60 F + 10 F pour port et emballage. Nom: .. Adresse. Code postal, ville .. Mobilier urbain mico 13, rue Vauquelin 75005 PARIS 4707.17.60 PR ÊT A PORTER FÉMININ ~~ .~~ .. . . . ' .. ~Y:.·:· .,'. '98, RUE D'ABOUKIR ~ \Y 75002 PARIS ~ .... 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Notes

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