Différences n°52 - janvier 1986

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Sommaire du numéro

n°52 de janvier 1986

  • Juifs d'URSS une rencontre sans précédent [Pays de l'Est]
  • Le pays ou l'herbe pousse (Ethiopie) parAmbry
  • Morte par hasard en Lorraine ( Joeuf, une ville, une bavure) par J. Roccia
  • Dakar, pas d 'accord: l'enlèvement de Sabine par J. Roccia
  • Dossier: les grands apôtres de la grande trouille (extrême-droite) par Dupond-Durand et C. Rodier
  • La casse de l'oncle Tom par D. Chaput
  • On s'écrit, on se fait une paix (J. Hassoun et A. Khatibi) par Cherifa [moyen-orient]
  • L'arrivée du jour de gloire par J.L. Sagot-Duvauroux
  • Martin Luther King canonisé par Robert Pac [U.S.A.]

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Le m, agazine de r.mitie peuples lE PEN! DIFFERENCES, ÇA SE LIT, ÇA SE RELIE! Vaus n'en pouvez plus : depuis près de cinq ans que vous collectionnez Différences, il yen a partout, sur toutes les étagères, dans des tiroirs, aux quatre coins de votre appartement. Et puis, bien sûr, quand vous avez besoin d'un article, d'un renseignement, d'une référence, ils se trouvent toujours dans le numéro que vous n'arrivez pas à retrouver. Elle n'est pas facile, la vie du collectionneur! Rassurez-vous, ces temps-là sont terminés. Désormais, vous pourrez archiver vos Différences dans de somptueuses reliures, et les classer par année. N'HESITEZ PAS, offrez-vous un demi-mètre de Différences, classés dans leurs reliures, à l'abri des gribouillages du petit dernier. JE COMMANDE ... RELIURES DE DIFFERENCES, au prix de : 79 F l'une, port inclus 138 F les deux 177 F les trois SOIT UN CHEQUE DE F. A renvoyer à Différences, service abonnements, 89, rue Oberkampf, 75011 Paris, tél.: (1) 48.06.88.33. S'il vous manque des anciens numéros, téléphoneznous, vous saurez ceux qui sont encore disponibles. Reliure en bàlacron gris, Différences, imprimé jaune sur la couverture et au dos, emplacement au dos pour numérotation des reliures, format total 220 mm x 290 mm x 40 mm. 12 numéros par reliure. PARFUMS Des gens simples et dévoués sauront vous aider et vous ~ guider vers vos aspirations. L'Agence de voyages « Détente et Culture»- 60, rue Oberkampf - 75011 Paris - Tél. : 357.00.55 - est prête à vous accueillir de 9 h 30 à 19 h 30 (sans interruption) (C. lic. nU AI839). .......,. ia.:170F. lM. àl'ltranger : 200 F. . 61tW1$: 100 F. EttldÙllil$et cildmeurs, 1 an : 140 17. 611Wis: 80 F 'i.fo;ndre UIU photocopie des eartes d'étudi41it ou depoÙllGge). .. Soutie,. ·· 20017. A./J(Jntléme1t# d'1u!1Utétlt' ~ 1 . 00fJ F. Algérie: 14 diMrs.Belj:ique: 140 FB. Canada : 3 dolhus. Maroc: 10 dirhmns. l'I/(IIJt;ITÉ AU JtIUIIIIAI. . Pb,rtfOj~omIJJo~#Ü)'n - pho~vtl,.ê .....• impression: Pep, 17, plact 'dé. villiers, 93100 Montreuil. Tél. : 42.87.31.00 C"mnaission paritaire n' 63634 lSSN 0247-9095. DépM légal : 1986-1 Urédaction ne peut être tenue pour r~ble .. des textes, documents et pbotosconfiés. . ONT PARTICIPE A CE NIIMERO : YORO N'O/AYE, DOLORES ALOIA, ROBERT PAC . YVES THORAVAl, AlAIN RAUCHVARGER, JULIEN ' BOAl, STEPHANE JAKIN, MAHAMOUO AHMED, PIERRE VALLEE, JEAN ROceIA, JOEllE TAVANO, MARGUERITE ROLlINUE, JEAN-lOUIS SAGOT- OUVAUROUX; CHRISTIANE nANCIE, ODILE AMBRY,CHERIFA, CHANTAL LANGEARO. PllfJTO COIJVERTURE: Différences - n° 52 - Janvier 1986 OMMAIRE 8 20 26 36 38 42 44 51 Janvier, Bonne Année! ACTUEL POINT CHAUD Juifs d'URSS: une rencontre sans précédent. Pour la première fois dans l'histoire, et à l'initiative de Différences, des personnalités soviétiques et françaises se sont rencontrées pour parler des problèmes auxquels sont confrontés les juifs en URSS. Ni monologue ni langue de bois, du dialogue. RENCONTRE __ _ Morte par hasard en Lorraine. JEAN ROCC/A », Joeuf : petite ville de Moselle où il arrive qu'on tue les femmes dans les commissariats, puis qu'on dise que c'est un accident. DOSSIER Les bons apôtres de la grande trouille. DUPONDDURAND, CLA/RE RODIER Tout, vous saurez tout sur la nouvelle et l'extrême droite leurs relais, leurs journaux, leurs hommes. Avec, en prime, u~ petit manuel du gagneur de procès contre Le Pen. CULTURES TENDANCES La casse de l'oncle Tom. DANIEL CHAPUT Du bon nègre des premiers temps de Hollywood aux pubs black et branchées d'aujourd'hui, en passant par le cinéma noir américain actuel, il y a du rififi dans les poncifs. Heureusement qu'il nous reste l'oncle Ben's. L'ÉVÉNEMENT On s'écrit, on se fait une paix? CHER/FA L'un est juif, l'autre arabe. L'un est psychanalyste, l'autre écrivain. Depuis des années, J. Hassoun et A. Khatibi s'écrivent. Pour faire quoi ? Le même livre ... DÉCOUVERTES RÉFLEXION __ _ L'arrivée du jour de gloire. JEAN-LOU/S SAGOT-DUVAUROUX ~uit~ d~ notre ré?exi~n s~r les apports de la République à 1 antIraCISme. Le repubhcamsme nouveau est arrivé. HISTOIRE M. L. K. canonisé. ROBERT PAC II y a deux façons d'honorer Martin Luther King: lui offrir un fête nationale, ou continuer la lutte. Les deux existent aux Etats-Unis. VOUS GRAND JEU CONCOURS __ _ Différences a cinq ans. Pour fêter ça, on vous offre un voyage à deu~ à New York, un micro-ordinateur, des disques, des livres, des Jouets. Poussez pas, il y en aura pour tout le monde ... • TRI-CO-JO SARL au capital de 70.000 F PrAt-è-Porter - Tricots - Hommes Femmes - Enfants Gros - Demi-Gros LES PIEDS SENSIBLES c'est l'affaire de SULLY Confort, élégance, qualité, des chaussures faites pour marcher 85 rue de Sèvres 5 rue du Louvre 53 bd de Strasbourg 81 rue St-Lazare Du 34 au 43 féminin, 15 et 17 rue des CaDuclns ,. 69001 Lyon Tél. 828.83.58 du 38 au 48 masculin, six largeurs CATALOGUE GRATUIT: SULLY. 85 rue de Sèvres, Paris 6" 5 % sur p~senrlltion de cette Itnnonce Nous voulons faciliter votre vie en facilitant vos déplacements. Toujours tous les jours. ~ Pour mieux vivre Paris et l'Ile·de·France. Centre d'Information Téléphonique (CIT): 346014.14. équipements 8as·c® espaces gares 1 gamme Valoriser l'image de marque de la SNCF. 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C'est bien utile de savoir qui est qui au moment où beaucoup s'apprêtent à faire de l'immigration le menu des prochaines législatives. Vous aurez au moins la liste des ingrédients. Huit pages de plus, sans supplément de prix et services compris, au milieu de toutes les rubriques habituelles. Nous avons pensé qu'au dessert, un petit voyage à New York faciliterait la digestion. C'est notre grand jeu-concours d'abonnement. Faites connaître Différences, et Différences vous fera connaître la grosse pomme. Bon gueuleton donc, et pour le bicarbonate de soude, téléphoneznous. D ~~----12 janvier 2012 à 18:30 (UTC)~--------------------~----------~----------------------------' Différences - n° 52 - Janvier 1986 Il NBREF Il a plu sur l'Ethiopie LE PAYS OU L 'HERBE POUSSE Les petites tentes rondes sont toujours là, la chaleur toujours aussi suffocante, mais les enfants jouent dans la rivière. Sur les rives de l'Awash, où s'est installé SOS-Enfants sans frontières, «Mais, l'Ethiopie est verte!» Telle est la première réflexion qui vient à l'esprit lorsqu'on survole le pays pour la troisième fois en un an. En effet, la couleur dominante au début de cette année était incontestablement le marron rougeâtre, à perte de vue. Couleur du sol, mais aussi couleur des vêtements des paysans: une simple étoffe enroulée autour du corps, blanche à l'origine, mais qui prenait très vite la couleur de la terre tant la la vie a repris ses droits. question à l'ordre du jour à Addis-Abeba, c'est les projets de développement. La meilleure illustration de tout cela reste, sans nul doute le formidable travail accompli par les équipes de SOS Enfants sans frontières depuis leur installation en février de cette année. Comme le constate Jacqueline Bonheur, la preSidente de l'association, de retour d'une mission sur le terrain, «c'est quasiment le jour et la nuit ». On savait que les populations nomades, les Afars, étaient un peu les laissés-pourcompte de la famine. Comme ils refusent à toute force de se sédentariser, il était très dif- Sur de grands plateaux de bois, des bols de riz, du lait enrichi, des biscuits vitaminés poussière uniformisait toutes ficile de leur faire parvenir triste revers de la médaille - choses. En six mois, les vête- une aide. Poussés par la faim, plus de vingt personnes sont ments n'ont pas changé, mais plusieurs milliers d'entre eux mortes noyées. Les petits la terre, elle, a reçu les pluies avaient établi leur campe- ruisseaux alentour déborbienfaisantes et l'herbe a re- ment sur les rives de la rivière dent, les enfants s'éclabouscouvert le pays en quelques Awash et SOS Enfants sans sent joyeusement dans les jours. frontières avait choisi de tra- mares. Autour du puits, c'est Pourtant, la réalité n'est pas vailler avec eux. l'affluence colorée des partout la même et, d'une Comment décrire en quel- femmes remplissant leurs région à l'autre, d'une asso- ques mots le changement seaux et discutant des affaires ciation humanitaire à l'autre, phénoménal que perçoit le du village. Retour des hale discours et la situation visiteur fraîchement arrivé à bitudes nomades ancestrales. diffèrent. Une affirmation en Gewané? Les petites tentes Au milieu du village s'est commun, toutefois, et de rondes sont toujours là, la construit un dispensaire depremière importance: par- chaleur est toujours aussi suf- va nt lequel la file d'attente tout où les ONG (Organisa- focante et les enfants tou- s'allonge dans les premiers tions non gouvernementales) jours aussi accueillants. C'est rayons du soleil. Jean-Louis, sont installées depuis plu- la vue de la rivière qui sur- Emmanuelle et Isabelle, le sieurs mois, cela va mieux et prend le plus. Au mois de médecin et les deux infirl'on songe à fermer les janvier, il fallait descendre le mières, arrivent pour com « vieux» camps. Et si l'on long de la berge sur deux ou mencer la consultation. découvre une nouvelle trois mètres pour atteindre le Moins de monde qu'auparapoche, c'est-à-dire une région bac et traverser. Aujour- vant, une pathologie dite non assistée où les popula- d'hui, l'eau est montée jus- classique pour le tiers monde tions sont très démunies, les qu'en haut et les crues ont été et des médicaments en .. interventions sont rapides, telles que le bac rudimentaire nombre suffisant pour • L, -_________________r_odé_es e_t ef_fi_ca_ces. E_n_ f_ai_t,_ la_ _s_'e_st_ r_env_ersé _deu_x_ fois _et_ -__s_o igner tout le monde. La ~ _ ------__ ~~ grande inquiétude de l'équipe médicale, c'est un paludisme très sévère qui fait des ravages parmi les enfants. Le chiffre le plus éloquent du bilan provisoire de la mission, c'est l'évolution du taux de mortalité : il est passé de 50 morts par mois pour 1 000 habitants à 3 pour 1 000. Rappelons, à titre de comparaison, que le taux de mortalité en France est de 8 pour 1 000 par an. C'est dire tout ce qui a été fait et tout ce qui reste à faire. S'il y a du monde autour du dispensaire, ce n'est rien à côté de l'effervescence qui règne autour des deux autres bâtiments: les centres de renutrition et la cuisine attenante. Dans le plus grand des deux centres, l'équipe de SOS/ESF nourrit les enfants de moins de 80 % de leur poids normal pour leur taille et, dans l'autre, les enfants les plus dénutris, à moins de 70 % de leur poids normal. Sur de grands plateaux de bois, le personnel éthiopien, embauché sur place par l'association, distribue de grands bols de riz, du lait enrichi, des biscuits vitaminés donnés par l'UNICEF. Les enfants prennent deux à quatre repas par jour selon la gravité de leur état, et sont accompagnés par leur mère qui reçoit également une ration de nourriture. Des bracelets en plastique de couleur indiquent la situation nutrition- Gi nelle de l'enfant et facilitent ~ grandement le travail. Par'" ~.-.-.;,;;;./,...~~ aill~urs,ces enfants sont ré- rivière et s'occuper des popu- s'amoncellent sur les bureaux guhèrement pesés et me- lations qui vivent là. Les des responsables. Il faudra surés ; on les retire du centre échanges pourront se faire sans doute quelques mois de renutrition lorsqu'ils ont beaucoup plus aisément avant qu'une politique ret~ouvé leur poids normal. entre villages. Ensuite, il faut globale ne soit décidée et Mamtenant, c'est l'avenir qui améliorer la situation sani- appliquée. préoccupe Jacqueline Bon- taire. Le but de l'association Pendant ce temps, à Gewané, heur et toute son équipe. Il est de construire un dispen- les enfants jouent au soleil, est évident que la situation saire en dur et d'y laisser les bergers reprennent le d'urgen~e est sur le point de dans un premier temps, u~ chemin des pâturages avec se termmer. Il a fallu inter- médecin et une infirmière leurs troupeaux. Plus de venir vite, nourrir et soigner. pour former des auxiliaires charniers pour brûler les caCel~ a é,té ~ait; et bien fait. de santé qui prennent en davres d'animaux morts de AUJourd hUi, c est en termes charge les populations par la faim, plus de bébés squelettide développement que le suite. Tous ces projets sont ques et de mères au regard problème se pose. rédigés; ils n'attendent que vide et questionnant. Plus de Tout ?'abord, il faut l'accord du gouvernement vieillards assis par terre à constrUire une pass~relle éthiopien pour se mettre en attendre la mort, mais des pour remplacer le bac vétuste place. Lequel gouvernement anciens assis sous l'arbre à Les crues ont renversé le bac et tué vingt personnes et dangereux. Ainsi, les hésite encore sur la marche à palabres pour gérer les aféquipes pourront accéder fa- suivre vis-à-vis de ces cen- faires de la communauté. 0 SOSIESF, 56, rue de Tocqueville cilement à l'a t '1' dIt· d 75017 Paris. Tél. : 43.80.80.80. CCP • ~~::Charlesu~re~c:o:e~~e~a;_-a-i-n-es---e--~p-ro~g~r~ammes~q~ui~ ___________ ~O:O:H~E~A:M:B~R~Y~~n_ol~2~~:5:6~X~. _____________ J Différences - n° 52 - Janvier 1986 OINT CHAUD • r------------Juifs qi'URSS ES JUIFS TABLE RONDE limités de façon variable. C'est vrai que la majorité des nationalités sont liées à un territoire ou une langue, mais on trouvera des juifs à tel ou tel poste de responsabilité dans toutes les régions. S'il y a cinq ou dix fois plus de juifs à Moscou qu'à Birobidjan, c'est qu'ils l'ont choisi ainsi, au nom de la liberté de circulation. encore abouti. Les chiffres que vous donnez quand au succès des juifs dans les divers secteurs de la vie soviétique sont sans doute justes. Mais comment expliquez-vous que 272 000 citoyens juifs aient quitté le pays, et que des dizaines de milliers de demandes de visa soient en instance? Samouil Zivs : Sur les quotas pour les étudiants, je veux vous raconter une anecdote. Le 7 novembre 1983, le Monde a publié un article où il disait que dans telle université, il n'y avait pas de juifs. Il y avait deux moyens de répondre. Ou bien écrire au directeur du Monde et de dire que c'était faux. Ou bien se rendre à l'université, De gaUChe à droite: Samouil Zivs, professeur de droit à Moscou, le grand rabbin Adolphe Chayevitch, Aviva Koutchinsky, présidente du Comité de soutien aux juifS d'URSS et Pierre Krausz, responsable de la Commission antisémitisme du MRAP. EN URSS Différences: Les citoyens juifs d'Union soviétique se sont vu attribuer lors de ln Révolution de 1917, ln nationalité juive. Ce concept de nationalité est doublement inlUlbituel : par rapport à ln conception française de nationalité, et par rapport aussi aux autres nationalités soviétiques, fondées sur l'appartenance à un territoire et une lnngue. Le Birobidjan comptant trop peu de citoyens juifs pour constituer une référence, üfaudra s'interroger sur ln définition de La nationalité juive apparaît sur les papiers d'identité, comme le passeport, qui correspond à votre carte d'identité. Mais elle apparaît comme toutes les autres nationalités, et cela ne créé de problème à personne. Les juifs sont représentés dans tous les secteurs de la vie sociale, économique et politique. Ils sont en tête de toutes les nationalités pour le niveau d'études, et représentés aux postes de haut niveau dans la proportion de 10 à 30 fois plus que leur importance numérique dans la population. Il y a, par exemple, 4200 professeurs agrégés de nationalité juive, pour 3600 en 1970. Le nombre d'étudiants dans les universités augmente. demander à rencontrer les -....,..,..,...-.",..,. ........ .,...........,-..,..,.,...,.. ........ .....,...." ln nationalité juive et ses critères. Qui est juif? Que signifie pratiquement l'appartenance à cette nationalité? Une approche chiffrée nous semble aussi nécessaire: combien y a-t-il de juifs en Union soviétique? Pourquoi leur nombre semble-t-il marquer une continuelle diminution ? Quelle est la répartition géographique de la populntion juive en URSS ? Peut-on parler de communauté, de groupe ou de population ? Quelle approche socio-économique peut-on faire de la populntion juive (secteurs d'activité, composantes sociales, moyennes d'âge, etc.) ? Le fait que la nationalité juive apparaisse sur les papiers d'identité ne peut-il favoriser l'antisémitisme d'ordre privé, par exemple, quand une personne antisémite en prend connaissance? Cette distinction ne peut-elle, d'autre part, favoriser, officiellement ou non, la pratique de quotas ou de discriminations dans des entreprises, des institutions ou des universités, comme certains l'affirment? Samouil Zivs : Ce premier dialogue ne va sans doute pas aboutir à convaincre tout le monde. Mais les faits reflètent la réalité. C'est pourquoi nous tâcherons de vous donner le plus de faits possibles, en mettant de côté les passions. Sur cette première série de questions, commençons par Aviva Koutchinsky : Je me dois, avant tout, de faire une mise au point. Je suis présidente du Comité de solidarité avec les juifs d'Union soviétique. Notre tradition recommande de tout tenter pour survivre, d'aller jusqu'au dialogue avec ceux qui, comme vous, je pense, mettent en danger une communauté. Je suis très proche des refuzniks et je suis venue dans le seul espoir de l'amorce d'un débouché. Pour reprendre ce que disait M. Samouil Zivs, je rappelle quelle expérience tragique a été la tentative d'instauration d'un Etat juif au Birobidjan. Je signale aussi ce fait : il n'y a aucun étudiant juif dans les facultés de médecine à Moscou et à Léningrad. Aviva Koutchinsky : « Lev Ovichtcher vit comme un paria parce qu'il a voulu émigrer. » quelques chiffres: il y a 1 811 000 juifs en Union Pierre Krausz : Je releverai, quant à moi, deux points. soviétique, soit 0,69 % de la population totale. Quant à D'après les statistiques officielles soviétiques, qui sont leur répartition géographique, chacun se souvient du passé. anciennes, et je m'en excuse, entre 1970 et 1974, le nombre Avant la Révolution, les juifs devaient vivre dans des zones d'étudiants en URSS a augmenté de 3 %. Celui des limitées, qu'ils ne pouvaient quitter sans se convertir, ou étudiants juifs à baissé de 18 % dans la même période. On accéder à la guilde des marchands. En 1918, après a remarqué une baisse de 43 % des diplômés juifs. Ma l'abolition de ces restrictions, ils se sont répartis sur tout le question est celle-ci: y a-t-il des quotas d'entrée et des territoire. Il y en a 500 000 à Moscou, 700 000 pour toute la examens sur mesure pour les étudiants juifs? D'autre part, république de Russie, 600 000 en Ukraine, le reste dans les en ce qui concerne les rapports des juifs avec le reste de la autres républiques. Dans les mass media français, on population, outre les écrits des Korneev sur lesquels nous annonce 3000000 de juifs, je n'ai jamais compris reviendrons (en particulier cet article de 1981 où il affirme pourquoi. que la majeure partie des ventes d'armes dans le monde La nationalité juive ? Elle est difficile à comprendre pour sont le fait des banquiers juifs), je cite un manuel d'histoire qui est habitué au concept français de nationalité, qui contemporaine à destination d'adolescents, qui dit: « Les correspond pour vous à la citoyenneté. La nationalité, en Juifs ne sont pas un peuple ancien, ils n'existaient pas URSS, est le reflet du caractère particulier de notre pays, auparavant (. . .). Depuis, ils ne font qu'accaparer le pouvoir elle sert à tenir compte des différences, chaque nationalité ( .. .). Les juifs ne se sont pas battus pendant la guerre. » regroupe les citoyens d'une même ethnie, et elles sont plus Qu'en pensez-vous? de cent. Avant la Révolution, il n'y avait que deux sortes Roland Rappaport: Si je suis ici, c'est parce que j'ai .... de sujets du tsar, les « Russes orthodoxes» et les participé de très près à la tentative de défense de .. -« appartenant à une autre religion ~~, dont les droits étaient Chtcharanski, avec le soutien du MRAP. Nous n'avons pas L-~ __________ ~ _ ~ _ Charles ___________ ~ _________________ ~ _ __ étudiants juifs qui y sont inscrits et leur traduire l'article. Ce que j'ai fait. Une quinzaine d'entre eux ont écrit au Monde, qui a d'ailleurs publié la lettre, mais en omettant de porter les noms, à consonance juive, des signataires. Pas d'étudiants juifs à Moscou et Léningrad . en médecine? Je suis sûr que c'est faux, et qu'il y en a beaucoup. Il n'y a pas de quotas à l'université. Et si les étudiants se rassemblent souvent par nationalité pour préparer les examens, ça ne signifie pas qu'il y ait des examens de niveau différent. Le nombre global des étudiants augmente plus vite que le nombre d'étudiants juifs, c'est pourquoi la proportion de ces derniers a diminué ; c'est une question de nombre. Et s'il n'y avait pas un afflux permanent d'étudiants juifs dans nos universités, comment aurions-nous tant d'éminents savants juifs. Regardez ce journal (M. Zivs tend la Pravda du 7 novembre 1985). A chaque fête nationale, le journal publie la liste des lauréats d'Etat de l'année. Ecoutez tous ces noms (M. Zivs énumère les noms à consonance juive). Aviva Koutchinsky: Lev Ovichtcher a eu quinze médailles soviétiques, et maintenant, il vit comme un paria parce qu'il a voulu émigrer. Samouil Zivs : Une médaille et être lauréat d'Etat, ce n'est Différences - n° 52 - Janvier 1986 pas pareil. Quant à Korneev, il s'agit d'une erreur de traduction. C'est impossible de publier ça en URSS. De plus, Korneev a commis des erreurs terribles, que j'ai dénoncées en 1981. .. ES PRATIQUES RELIGIEUSES Différences : La Constitution soviétique garantit à la fois la 1iberlé de culte et la 1iberlé de propagande antireligieuse. Dans ce cadre, il faut s'inte1TOger sur la pratique religieuse des juifs en URSS. Est-eUe soutenue, suit-eUe une courbe montante ou desce1UÛlnte qui soit comparable à ceUe des autres religions en URSS, ou à ceUes d'autres pays industrialisés où l'on assiste à une désaffection des pratiques religieuses ? Nous nous interrogeons sur les facilités offertes auxjuifs pour vivre leur foi. Nous savons que trois universités enseignent l'hébreu. Mais l'enseignement ordinaire de l'hébreu et de ses rudiments, en particulier aux enfants, est-il autorisé et encouragé dans les villes où vivent les juifs? En quels lieux, dans quelles conditions peut-il se dérouler? La publication des ouvrages religieux en hébreu est-elle assurée ? Les synagogues sont-elles assez nombreuses ? Le fait qu'aucun séminaire ne soit à même de former les rabbins sur le territoire soviétique est-il compatible avec le maintien de l'activité religieuse? Peut-on trouver aisément de la nourriture cachère ? Quelles sont les relations de l'importante communauté juive soviétique avec les communautés des autres pays ? Le grand rabbin de France, M. Sirat, déclare n'avoir jamais eu la possibilité de rencontrer les autorités religieuses soviétiques. Cela est-il souhaitable? Juifs cl'URSS soit pour des raisons religieuses. Je peux dire, en toute responsabilité, que chaque personne qui veut pratiquer la foi juive en a la pleine possibilité. Je comprends votre méfiance, mon devoir n'est pas de vous convaincre immédiatement de mon point de vue. Peut-être qu'en allant à Moscou on voit mieux les choses, on est plus convaincu. Un des buts de mon voyage était de rencontrer M. Sirat, le grand rabbin de France. Il a dû partir à cause de ses obligations. Pour des raisons que vous connaissez, le grand rabbin de Paris n'a pas voulu me recevoir. C'est regrettable. Je les invite à Moscou. Je leur garantis un accueil bien meilleur que celui que j'ai reçu à Paris en tant que rabbin. Ici, vous pensez qu'on me contrôle, mais je fais ce que je veux, je parle à qui je veux, notre synagogue est ouverte à tous. Pierre Krausz : J'ai trois questions à ajouter: quel est le rôle exact de la section « judaïsme» du comité d'Etat des Cultures? Sur les lieux de culte : M. Marc Feldmann avait réuni chez lui en 1983 un groupe pour la prière du Chabbat ; le KGB a débarqué et a signifié aux participants qu'on ne devait pratiquer le culte qu'à la synagogue; les participants se sont vu infliger quinze jours de prison. Troisième question, sur l'hébreu: je cite le livre blanc sur les juifs d'URSS qui nous a été remis lors de notre rencontre récente avec M. Zamiatine: « L'étude de l'hébreu permet une préparation idéologique sur des bases nationalistes, mais aussi une préparation originale à une possible adaptation en Israël» ; quand M. Begun a été arrêté, on a confisqué chez lui des documents sur l'histoire juive; enfin, il n'y a pas de journaux en hébreu en URSS, même le journal du Parti communiste israélien n'est pas en vente. Qu'en pensez-vous? montrant que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. J'aimerais que le rabbin nous dise s'il y a des difficultés, des retards, de son point de vue. Adolphe Chayevitch : Sur le Comité des religions auprès du Conseil des ministres de l'URSS, je soulignerai que cette instance permet, dans un pays où la religion est séparée de l'Etat, d'avoir un interlocuteur pour les problèmes qui se posent à nous sans avoir de contact direct avec l'Etat. C'est avec le Comité que nous réglons tous nos problèmes matériels. Pour Marc Feldman, je ne connais pas ce fait, mais selon la loi en URSS, je peux vous dire qu'on peut prier hors de la synagogue. Des réunions de prières dans des appartements ont lieu là où il y a une petite communauté. Mais ces réunions doivent être déclarées officiellement au Comité des affaires religieuses. Je suppose que la réunion de M. Feldman n'était pas déclarée. Samouil Zivs : C'est la loi. Roland Rappaport: Il faut changer la loi. Samouil Zivs: Peut-être, peut-être. Guerman Golovko: Cette autorisation préalable, c'est pour éviter la prolifération des sectes, qui étaient tradi- Le grand rabbin Adolphe Chayevitch : Comme représen- tionnelles en Russie, et qui tant de la partie religieuse de notre délégation, je peux ont parfois des comportevous parler de la pratique religieuse des juifs en URSS. Je ments inhumains. suis né dans le Birobidjan. J'ai été formé à Moscou puis à Roland Rappaport : « Nous ne sommes pas Aviva Koutchinsky : Les pri- Budapest, où j'ai terminé le séminaire en 1980, depuis je prêt à accepter que l'on nous peigne sonniers de Sion n'ont pas travaille à Moscou. tout en couleurs vives» droit, en Union soviétique, à Les livres religieux sont imprimés à Moscou, comme la la nourriture cachère en Thora bilingue, en hébreu avec traduction en russe (il prison ; le livre de prières de montre plusieurs livres religieux). Chaque année, nous Yossif Begun lui a été confiséditons un calendrier hébraïque. Nous fabriquons le pain Alexandre Adler: Pour ma première intervention, je feraI qué dans sa prison. Autoazyme de Pâques dans la communauté. A Moscou, aussi une remarque préalable. Je viens ici avec un esprit risez-vous la communauté comme dans d'autres synagogues, travaillent des sacrifi- constructif. On peut polémiquer, mais si les Soviétiques juive de France à aider ces cateurs rituels pour la viande cachère. Il y a aussi dans ma veulent dialoguer, dialoguons. prisonniers à accomplir ce synagogue le bain rituel. Je ne saurai vous dire exacte- Je prendrai deux points de comparaison qui se situent en commandement? En tant ment combien de gens viennent, nous ne comptons pas, URSS et dans un autre pays de l'Est, pour garder les que rabbin, il me semble que mais par exemple avant les fêtes du Nouvel An, les 1100 proportions. En Hongrie, le grand rabbin est membre du vous devriez tout faire pour places de la synagogue sont toujours prises. Chaque jour, parlement. L'accès à l'enseignement religieux y est beau- qu'on leur rende leurs objets viennent à peu près 70 à 80 personnes à la synagogue, de coup plus large, et l'hébreu largement diffusé. Pourquoi de culte. Un rabbin ne doit-il 200 à 500 le samedi. Pour les grandes fêtes religieuses, pas en URSS? Deuxième exemple: les imams, des pas réagir quand un juif est synagogues et rues avoisinantes sont pleines, les jeunes autorités religieuses musulmanes, en URSS, peuvent faire calomnié? Nathim Virshuvski a emprunté un livre à la gens dansent, c'est très beau. le pèlerinage de La Mecque et des stages de formation. synagogue et a été condamné pour détournement de bien Je discute à la synagogue avec tous ceux qui viennent me Est-ce possible pour les autorités religieuses juives? Ces public et emprisonné. Qu'avez-vous fait? Et, par ailleurs, voir, je connais bien leurs problèmes. J'en connais qui mêmes dirigeants musulmans appartiennent au Soviet des combien célébrez-vous de mariages religieux ou de barvivaient chez nous et sont désormais en Israël et aux nationalités. Pourquoi pas la même chose pour les juifs? mitzva ? Les juifs peuvent-ils vivre leur foi librement? Oui, répond le grand rabbin de Moscou, mais le problème antisémite se pose comme partout ailleurs. «Mais, je ne peux quand même pas sortir dans la rue et crier" liberté à Chtcharanski !" » Un baptême. I!I Etats-Unis. Je ne veux pas parler de façon péremptoire. Roland Rappaport : Aucun de nous n'est prêt à accepter Adolphe Chayevitch : Concernant la question de M. Adler, iii L-P_a_r_m_ i_ t_o_u_s_c_e_u_x_q~u_i_ s_o_ n_t~p_ar_t_is~,_a_u_c_u_n_ _n_ e~p~r_é_te_n__d _q~ u_e_ ce_ _____~ q~u_e_ _l'_ o_n_ _n_ o_u_s~p_e~ig~n_e_ _t_ o_u_t_e_n _c _o_u_l_e_u rs_ _v_ iv_e_s_,_e__n _n _o_u_s ______J ~·e~co~n-n-a-i-s-b-i~e~n~l~a-s~i-tu-a~t-io_n~e~n~H-o-n~g~r-ie-,-I-a--si-tu-a-t-io-n~y--es-t------------________________________________________~ III Différences - n° 52 - Janvier 1986 Il r-------------Juifs Q'URSS,---------------. favorable et c'est bien comme ça. Le grand rabbin est membre du parlement, il y a cela aussi en Israël ou aux Etats-Unis. C'est parce qu'il y a des systèmes économiques politiques différents, des traditions différentes. Je ne veu~ pas parler de ce qui se faisait avant mon arrivée. J'ai re~ueilliyhéritage et je m'attache à ce que chaque croyant pUisse vivre selon la Thora, s'il le désire. Les musulmans qui vont à La Mecque, c'est bien. J'ai eu plusieurs fois la possibilité d'aller en Israël, si quelqu'un m'avait invité là-bas. Mais il n'y a pas de relations diplomatiques entre nos deux pays. C'est bien de dire ce qui va bien, mais il serait faux de dire qu'il n'y a pas de problèmes. Ils existaient et malheureusement ils ne disparaissent pas. Il y a des antisémites en URSS. On ne met pas de bombes dans les synagogues comme chez vous, mais il se passe des choses qui suscitent l'indignation, pas seulement des juifs. Il y a des conflits entre les nationalités, et parmi ceux-là des manifestations d'antisémitisme. La grande majorité de la population juive n'est pas religieuse. Cela m'émeut en tant que rabbin. Je comprends chaque personne qui peut, ou veut, vivre ici ou en URSS. Je suis pour le droit au regroupement familial. Je regrette que des jeunes soient partis, aient quitté ma synagogue. Je pense que beaucoup de ceux qui sont partis auraient pu aider les juifs soviétiques, plus qu'en partant à New York et à l'étranger faire du commerce. Je fais très peu de barmitzva, et sur vingt mariages, il y en a quinze qui se font sur l'insistance des grands-parents. J'en suis préoccupé. Mais je ne peux pas sortir dans la rue et tirer les juifs à la synagogue, ou crier Liberté à Chtcharanski, nous avons des gens qui s'occupent de leurs problèmes. Adolphe Chayevitch : « La grande majorité de la population juive en URSS n'est pas religieuse» Je vous suis très reconnaissant de me conseiller de m'occuper plus d'eux et de faire des actions concrètes. Mais en tant que rabbin, j'ai déjà tant de problèmes que j'en suis parfois désespéré. J'ai commencé mes études tard, l'étude me prend trop de temps et la religion veut que je ne donne que des conseils compétents. Samouil Zivs : Nous ne sommes pas à une instruction, mais à une table ronde. Le judaïsme en URSS n'a pas de statut ni privilégié, ni discriminatoire. Il n'y a pas non plus de prélat catholique dans les députés, mais on a le plus grand respect pour les dignitaires religieux. Oui, il y a en fait une interdiction des objets du culte dans les prisons, mais pas seulement pour les juifs. C'est différent de certaines législations internationales, mais c'est comme ça et je ne peux rien vous en dire de plus. Sur Virshuvski, il a été arrêté pour vol, les cinq livres étaient très précieux. C'est la communauté religieuse qui a porté plainte. Je suis allé sur place à Kiev pour négocier, mais ils ont maintenu leur plainte, déposée par le président de la communauté. TABLE RONDE ES ACTIVITES CULTURELLES Différences : 20 % des juifs soviétiques déclarent le yiddish comme langue maternelle. Ce pourcentage est largement supérieur à celui des autres pays européens. Comment la culture juive se perpétue-t-elle ? Nous savons que beaucoup de publications sont éditées au Birobidjan. Peut-on se les procurer aisément ailleurs? Le Birobidjan est-il le centre unique ou essentiel de la culture yiddish? Qu'en est-ü du théâtre, des films, etc. ? Comment les juifs d'Union soviétique vivent-ils leur judéité? En dehors des communautés confessionnelles, existe-t-il des associations culturelles non religieuses, où les juifs peuvent se rencontrer et perpétuer leur culture ? On parle parfois de renaissance de l'identité juive en Union soviétique. Est-ce le cas, et est-elle encouragée? Samouil ~ivs : Il n'y a pas de kaddish pour le yiddish (1) en URSS, bien que sa pratique décline dans la population juive. Shalom Aleichem est publié en 24 langues en URSS, 542 éditions de ses livres ont vu le jour, l'ensemble atteint neuf millions d'exemplaires. Il y a quelques mois la télévision a présentés Tévié le laitier, avec le plus grand acteur soviétique, M. Oukanov, celui qui joue toujours le rôle de Joukov le Violon sur le toit est joué en yiddish par l'ensemble dramatique de Moscou. Sovietische Heimland, revue yiddish, publiée chaque mois. Il y a une imprimerie yiddish à Moscou. Nous produisons des abécédaires yiddish. Nous avons édité l'an dernier un dictionnaire académique russe/yiddish (il montre l'un et l'autre). Il n'y a pas d'associations culturelles non religieuses, pas plus qu'il n'yen a pour les Ouzbeks ou les autres n~tionalités. Nous croyons qu'il est plus important que n'Importe quel enfant de dix ans connaisse les paroles de chants yiddish. En fa~t, dans les pratiques culturelles, on ne se pose plus la question de savoir si les auteurs sont juifs ou pas, il appartiennent à l'héritage soviétique, on a transgressé les barrières du ghetto psychologique. L'hébreu n'est pas une langue parlée en Europe de l'Est. Le yiddish est une langue nationale, une langue maternelle. Les juifs de l'URSS et du monde parlent beaucoup de langues. D'ailleurs, s'il n'y avait pas l'hébreu, les juifs en Israël ne pourraient pas se comprendre. Aviva Koutchinsky: Nous savons bien que le yiddish, malgré des périodes difficiles - on se souvient de Markich - est honoré en URSS. Mais, pour reprendre vos paroles, c'est miracle qu'il n'y a pas de kaddish pour l'hébreu. Begun et d'autres ont mis l'hébreu au centre de leurs revendications. Bien sûr, aucun texte n'interdit l'hébreu mais on arrête ceux qui l'enseignent. ' (1) Kaddish : prière des morts. R?land Rappa~ort .: A partir du moment où 20 % de juifs declarent le ylddhlsh comme langue maternelle il nous semble impo~si~le de n0ll:s .satisfaire du fait qU'il n'existe aucune aSSOCiatIOn non relIgieuse. C'est un problème qui se pos~ ~ans le cadre de la revendication de leur identité par les. JUifs. Quelle possibilité ont-ils d'apprendre, de prodUIre, de transmettre leur propre culture, dans l'autonomie et avec des moyens suffisants ? Alex~ndre ~~Ier : Un de vos auteurs disait en 1950 qu'il fallait, en IItterature, substituer à la dialectique du bien et du mal celle du bien et du meilleur. Ne peut-on suivre cela, et se poser la question de la revendication identitaire juive dans un pays où l'assimilation a été très forte. Peut-être faudrait-il songer, comme dans beaucoup d'autres pays industrialisés, à une culture juive, laïcisée et russophone, comme forme moderne d'une conscience juive. Samouil Zivs: Mme Koutchinski, vous avez évoqué Markich. Sa mort est une grande tragédie, ainsi que pour tous ceux qui sont morts sous Staline. Une grande tragédie, reconnue depuis longtemps. Pour l'hébreu : les gens que vous appelez les « prisonniers de Sion », c'est une liste que les organisations internationales établissent à vingt et un noms, et parmi elles, des personnes jugées pour les délits les plus divers. Il n'y a aucun professeur d'hébreu condamné parce qu'il enseignait l'hébreu. Virshuvski a été condamné pour vol de livres, pas parce qu'il était croyant. Il y a des tas de savants qui font des travaux avancés sur l'hébreu en URSS. Aviva .Koutchinski : Je ne veux pas être savante, je veux pouvOlr apprendre l'hébreu sans aller en prison. je ne veux p~s êt~e marginalisée parce que j'ai exprimé mon désir d ~~mlgrer. ~e ne p,eux ad~ettre que le théâtre juif de LenI.ngrad SOlt ferme, son directeur matraqué à plusieurs repnses. ~a~ouil .Z!VS : ~i je ve~x apprendre l'hébreu, je le fais à 1 UnIversite ou Je le fats chez moi. Mais, si j'organise à propos .des c~)U.rs d'hébreu des Oulpan, des services clandestms, SI Je me sers de l'hébreu pour d'autres problèmes, alors ça devient autre chose. Différences - n° 52 - Janvier 1986 L'hébreu n'est bien sûr pas interdit, mais peut-on l'enseigner? Un immigré à son arrivée à Tel-Aviv. Le pr~~ent compte ren~u est forcément incomplet. Citons simplement 1 mterventIon de Pierre Paraf, président d'honneur du MRAP qui a fait part des impressions recueillies lors de trois voyages e~ Il URSS, en 1931, 1947 et 1970. r-------------Juifs d'URSS----------- Sur le point des associations culturelles. Chez nous, on ne fait pas d'associations, on fait autrement, il y a des cercles, des troupes d'artistes amateurs yiddish qui sillonnent le pays. C'est notre spécificité, une autre façon de s'organiser. Oui, M. Adler, vous avez raison, il nous faut adopter la dialectique du bien et du meilleur. ES VOYAGES A L'ETRANGER Différences: Le nombre des autorisations de voyage à l'étranger et de visas d'émigration s'est considérablement réduit ces dernières années. De plus de 50 ()()() visas accordés en 1979, nous en sommes à 800 pour les neuf premiers mois de l'année 1985. Plusieurs milliers de demandes restent en suspens, dit-on. Quels sont les critères d' aJtribution de ces visas? La courbe d'attribution des visas semble suivre1le mouvement des relations Est-Ouest, et celui des événements du Proche-Orient. Est-ce un hasard ? Les personnes qui se voient refuser un visa d'émigration sont souvent marginalisées dans la société: elles perdent leur emploi ou y renoncent, n'ont pas d'espoir de promotion; elles sont l'objet de virulentes campagnes hostiles; elles peuvent rencontrer des problèmes de logement, d'études pour leurs enfants. Comment éviter cette marginalisation qui finit par mettre ces personnes en contravention avec les lois ? L'URSS est signataire de la Déclaration universelle des droits de ['homme et a ratifié le Pacte international des droits de l'homme. L'une et l'autre affirment: « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »Nous savons que, partout dans le monde, la libre circulation des personnes se trouve limitée pour des raisons politiques ou économiques. Mais quand un individu s'estime lésé dans l'application d'un des droits définis par les textes de l'ONU, il peut avoir recours à une juridiction internationale créée à cet effet. Les refusniks ont-ils accès à ce recours ? Pierre Krausz : Je voudrais apporter quelques précisions à ces questions. Je cite un texte de M. Zivs : « Actuellement, l'absolue majorité de ceux qui souhaitaient partir l'ont fait. » Alexandre Adler: Le gouvernement soviétique a dit qu'il ne voyait pas d'inconvénient à ce que les juifs partent en Israël. Quels moyens nouveaux, quels nouveaux circuits compte-t-il mettre en place? Samouil Zivs : 272 000 juifs sont partis depuis la fin de la guerre, en grande majorité pour des raisons familiales. Je ne reviendrai pas en détail sur les terribles déplacements de population opérés par la Seconde Guerre mondiale. Je dis que 98 % de ceux qui ont voulu partir l'ont fait. Il y a des personnes qui n'ont pas la permission de partir, en particulier pour des raisons de secret d'Etat. Le professeur TABLE RONDE Lerner, son cas est connu, était chef de département dans la recherche spatiale, une fonction sensible, où il était en possession de beaucoup de secrets. Alexandre Adler: Dix ans après, ça m'étonnerait. .. Samouil Zivs : Vous n'êtes pas spécialiste, moi non plus. Mais Azbel a pu partir parce qu'une commission d'experts, et non pas l'Etat, a décidé que l'évolution technologique était à un tel stade que les informations qu'il possédait devenaient caduques. Essas a pu partir ces jours derniers. M. Gorbatchev déclare que l'URSS va examiner les cas dans un esprit humanitaire. Rien ne permet de douter de ce qu'il a dit. Mais j'ai là un numéro récent d'un journal français, la Vie. On y dit que 400 000 personnes ont posé une demande de visa. Même les services israéliens ne parlent jamais de plus de 50 000 accueils possibles. Il faut simplement comparer le nombre de départs effectués, et le nombre de demandes à l'OVIR en suspens. Alexandre Adler : Quel chiffre de demandes en suspens donnez-vous? Samouil Zivs : Pas plus de 4000, moins de 2 % par rapport aux demandes satisfaites. Dans le questionnaire, je ne peux accepter qu'on dise que les départs suivent la courbe des relations Est-Ouest. C'est prendre le juge soviétique pour une machine, c'est inadmissible. Et qu'est-ce que ça veut dire être marginalisé? Un juif qui a demandé à partir ne perd pas son logement. Quant aux juridictions internationales, l'URSS a signé les deux textes cités, mais l'un des articles prévoit des restrictions en ce qui concerne la sécurité nationale. Elle n'a pas signé le protocole facultatif sur les juridictions internationales, mais présente chaque année un rapport, ce que les Etats-Unis, qui n'ont pas signé non plus, ne font même pas. Samouil Zivs : « VOUS prenez le juge soviétique pour une machine, c'est inadmissible » Roland Rappaport: M. Zivs a donné pour exemple la situation de Marc Azbel. Information exacte, mais incomplète. Je l'ai rencontré. Jusqu'en décembre 1972, il était chef de section à l'Académie des sciences. Le 8 décembre 1972, il a demandé un visa. Dès qu'il a annoncé son désir, il a perdu l'ensemble de ses fonctions. Il est parti le 5 juillet 1977. Pourquoi un professeur de hautes fonctions a-t-il voulu quitter tout cela en sachant les risques qu'il encourait? Parce que, dit-il, même dans l'exercice de ses fonctions, et au contraire de ses collègues, il n'avait jamais eu la possibilité des répondre aux invitations étrangères. A chaque demande de voyage, on lui posait tant de contraintes qu'il lui semblait impossible de les surmonter. Chtcharanski, maintenant. Il est entré à l'université en 1966. En 1972, il a désiré émigrer. Sachant qu'on lui objecterait son travail de mathématicien, il a démissionné lui-même, prenant un autre travail, et menant une activité publique dans un domaine sensible, celui du rassembleme~ t de candidats à l'émigration. Il a été condamné pour espIonnage dans un procès qui devait être public, mais que nous n'avons pu approcher. Quant à l'accusation, je vois mal, avec la vie publique qui était la sienne, comment il aurai~ pu espionner. Chtcharanski est maintenant en prison depUIS de longues années. Quoi qu'il ait fait, est-il normal que son droit de visite, établi à une fois tous les six mois lui soit régulièrement refusé? Craint-on encore l'espion n'age du fond de sa prison ? Le harcèlement infligé à Chtcharanski, qui est très soutenu ici, ne pourrait-il pas évoluer, comme la loi soviétique le permet, et s'acheminer vers une mesure de libération anticipée ? Aviva Koutchinski : M. Zivs, je vous cite : « A présent, la réunification des familles est pour l'essentiel terminée.» Non, M. Zivs, j'ai ici un document (supplément à Actualité Juive, 30 septembre 1985) qui est un document flagrant. Vous y verrez des cas terribles de familles encore séparées. Zlepak, 16 ans d'attente, la famille Kulbak, Yosef Kahman, Leizgold, les filles de Mme Raskin, Ida Nudel, condamnée à quatre ans en Sibérie pour avoir mis à sa fenêtre un écriteau demandant un visa, Mme Osnis, privée de son fils depuis treize ans. Je ne vous dis pas que l'URSS a le monopole de l'antisémitisme, je vous dis seulement, M. Zivs : laissez sortir les juifs qui veulent vraiment partir. Vous nous parlez de secret d'Etat. Mais parmi ces gens, il y a des ouvriers. Un ouvrier chauffagiste détient-il des secrets d'Etat? Guerman Golovko : Je vois que vous êtes intéressé par le destin des juifs en Union soviétique et je peux comprendre votre intérêt. Mais peut-être savez-vous qu'il y a des juifs qui voudraient revenir en URSS et ne le peuvent pas. Avez-vous publié une ligne sur eux ? Aviva Koutchinsky : Il est possible que ça existe, mais ce n'est pas le même problème. Ceux qui veulent revenir ont le choix. Ceux à qui on refuse de partir n'ont aucun choix. Charles Palant : Je rappelle que M. Zamiatine, quand nous Différences - n° 52 - Janvier 1986 Les personnes qui demandent à émigrer en Israël, et dont le visa est refusé, se voient souvent marginalisées socialement. L'arrivée à l'aéroport de Jérusalem. r--------------Juifs (j'URSS----------------. 1 TABLE RONDE l'avons rencontré, s'était engagé sur deux promesses, celle d'une table ronde, qui a été tenue, et celle d'examiner la liste des cas. Nous attendons que cet engagement soit également tenu. Mais nous savons que toutes les questions posées ne trouveront pas de réponse aujourd'hui. Samouil Zivs: Nous n'avons pas examiné la question comme je le souhaitais, en mettant face à face et sans passion le chiffre des départs et le chiffre des attentes. Tant pis. Mais sur Chtcharanski, je pourrais vous parler des heures de détails que vous ignorez; ce n'est pas utile ici. Je retiens vos sentiments, ils trouveront à notre retour, je ne dis pas de résultats concrets immédiats, mais un reflet. Différences : Depuis un certain nombre d'années, l'Union soviétique a renforcé sa lutte contre le sionisme. Il n'est pas question ici de discuter de ln blissement ~~ disparaît peu à peu d'Europe occidentale, et d'URSS, au profit d'un sionisme définissable comme une sympathie naturelle des juifs pour un Etat d'Israël. La confusion en URSS n'est-elle pas là ? D'autant que la communauté juive soviétique a une importance capitale dans le monde juif. Sous couvert d'antisionisme en URSS, on a voulu mettre en doute le patriotisme soviétique des juifs d'URSS, qui est pourtant puissant. En n'imaginant pas qu'on pouvait éprouver à la fois sympathie pour l'Etat d'Israël et patriotisme soviétique, l'URSS s'est privée des nombreuses sympathies qui lui étaient acquises. L'URSS va-t-elle évoluer? Limiter ses critiques du sionisme ? Samouil Zivs: C'est l'essence du problème, peut-on être patriote et soutenir l'existence d'Israël. Certainement oui, et nous l'avons manifesté de 1948 à 1967. L'existence d'Israël et son droit à exister restent le point de vue officiel, et le point de vue de la population. Alexandre Adler: « Sous couvert d'antisionisme en URSS, on a voulu mettre en doute le patriotisme soviétique des juifs d'URSS » A LUTTE CONTRE LE SIONISME validité ou non de l'idéologie sioniste, ni de ln politique de l'Etat d'Israël. Mais, sous couvert d'antisionisme, de nombreux textes nous sont parvenus dans ln fin des années soixantedix qui amalgament sionisme et judaïsme et reprennent des poncifs connus de l'antisémi- Pourquoi, dès lors, le refus du sionisme chez la plupart des tisme : juif (ou sioniste) cos- juifs d'URSS? C'est à cause des thèses israéliennes du mopolite, cupide et avide de pouvoir, dominant la politique, « rapatriement », selon lesquelles le départ en Israël ne l'économie, les médias, etc. Les autorités soviétiques ont-elle serait que le retour vers la vraie patrie. Ce sionisme-là, les réagi à la publication des ces textes? Leurs auteurs ont-ils été juifs d'URSS dans leur immense majorité ne peuvent condamnés? l'accepter, car cela nie leur enracinement dans l'histoire et Plus récemment, nous avons eu connaissance de textes où le la société de l'URSS. Les juifs d'URSS disent: «Nous sionisme est assimilé au nazisme, où « les sionistes» sont n'appartenons pas à un autre peuple qui a une autre patrie, rendus globalement complices des crimes hitlériens et assi- nous sommes soviétiques ». Mais il faut comprendre les milés par nature à l'extrême droite fasciste. N'est-ce pas là juifs d'URSS quand ils s'entendent dire, comme dans la une généralisation inacceptable? Vie: 300 000 juifs sont déjà partis, 400 000 voudraient Existe-t-il en Union soviétique des structures de lutte contre partir, soit plus d'un tiers des juifs en URSS. C'est nier leur les manifestations de l'idéologie antisémite? Et dans ce cas, attachement à leur patrie. quelle est leur action? Pour Korneev, j'ai déjà publiquement condamné ses Alexandre Adler: Quelques rappels. Jusqu'en 1926, le erreurs, en particulier quand il affirme que le génocide n'a mouvement sioniste n'était pas interdit en URSS. Je fait que deux millions de morts. Samouil Zivs : Korneev a été licencié de son poste. Alexandre Adler: C'est la première fois qu'on le dit. Depuis quand ? Samouil Zivs : Deux ans, je crois. Albert Levy: Ce qui me frappe dans ce problème, c'est la dramatisation qui se cristallise autour du sionisme en URSS: vous éditez des brochures, des livres, qui contiennent de violentes dénonciations du sionisme mais nous ne trouvons pas urie mobilisation aussi forte co~tre l'antisémitisme. Y a-t-il en URSS des monuments commémorant !'extermination -des juifs comme le Mémorial du martyr juif Inconnu que vous avez visité hier ? Je prends acte de la condamnation de Korneev. Mais nous avons de nombreux documents émanant entre autres du Comité antisioniste, qui assimilent le sionisme au nazisme ce qui est anti-historique. Certains sionistes ont collaboré avec les nazis dans les camps et les ghettos, mais aussi d'autres juifs qui n'étaient pas sionistes. Cela devient les sionistes, collaborateurs des nazis. Et l'on dérape parfois du sioniste au juif. Dramatisation aussi sur l'émigration. Il y a des juifs qui ve'!lent partir, on présente cela comme un drame, et ceux qUI veulent revenir en URSS ont du mal à le faire. Ne pourrait-on pas laisser ceux qui veulent partir faire leur expérience : voyager sans être condamnés, choisir ? Si l'on discutait du sionisme au plan doctrinal, sans ces dramatisations et ce schématisme, un grand pas serait franchi ... Samouil Zivs : Vous parlez de dramatisation. J'ai lu dans une revue italienne récente : deux millions de juifs de par le monde voudraient rentrer en URSS, mais ne le peuvent pas ... A propos du nazisme, nous avons dénoncé certains sionistes collaborateurs des nazis, mais nous ne faisons pas l'amalgame. Quant au monument, pour moi il n'y a pas de martyr juif inconnu, sa famille sait qui il est et comment il est mort. Plutôt que faire des monuments, peut-être faudrait-il ne plus faire la guerre. Charles Palant conclut, rappelle que ce débat n'est qu'un début. D'autres rencontres seront nécessaires. Pourquoi pas à Moscou ? Les Soviétiques acquiescent. LES PARTICIPANTS constate qu'il y a eu là quelques années où les sionistes, Roland Rappaport : Comme Faurisson. Mais Faurisson a d'ailleurs pour beaucoup engagés dans la Révolution, ont été condamné en France. Or, on a encore édité Korneev en Pierre Krausz, responsable de la commission antisémipu s'exprimer. 1981. Editer un livre, en Union soviétique, c'est étatique. tisme et néonazisme du MRAP ,. Roland Rappaport, En 1948, très nombreux étaient, parmi les sionistes qui se Samouil Zivs : Si un Korneev trouve quelque part en URSS avocat de Chtcharanski, Mme Aviva Koutchinski, battaient en Palestine pour la création d'un Etat, les amis un éditeur aussi ignorant que lui de l'ampleur du génocide, présidente du Comité de soutien aux juifs d'URSS ,. de l'Union soviétique. Le premier ambassadeur d'Israël en ce n'est pas la faute de l'Etat soviétique, ni du comité Charles Lederman, président de l'UJRE ,. Albert Lévy, URSS, Mme Golda Meir, fut chaleureusement accueillie. antisioniste, qui, par ailleurs, s'est engagé dès sa création secrétaire général du MRAP, Alexandre Adler,journa- Jusqu'en 1952, les relations se sont dégradées, au moment dans la lutte contre l'antisémitisme. liste, spécialiste de l'URSS,. Adolphe Chayevitch, le plus trouble de l'histoire de l'URSS. Les accusations Pierre Krausz: Vous condamner Korneev ici. Y a-t-il grand rabbin de Moscou,. Samouil Zivs, professeur de portées dans ces années contre le sionisme ne seront plus moyen de le condamner à Moscou? droit à Moscou,. Guerman Golovko, proFesseur d'écoreprises sous cette forme, mais depuis 1970, le sionisme Samouil Zivs : Sur le plan juridique, c'est difficile. Mais sur 'J ' apparaît, aux yeux des Soviétiques, comme une menace le plan social, il est déconsidéré et privé de ses fonctions. nomie politique à Moscou. considérable contre les institutions soviétiques et la paix Roland Rappaport : Ce n'est pas seulement une contesta- Le débat était présidé par Charles Palant, membre de la On reconnaît, de haut en bas, Alexandre Adler, Guennan Golovko, Roland Rappaport, Charles Palant. Cet article étant rédigé sur la base de notes, il peut comporter quelques imprécisions. Nous publierous incessamment les actes intégraux de cette rencontre. J.-M. O. II!I mondiale. tion des chiffres de l'holocauste, ce sont des écrits présidence du MRAP, les questions préparées par _ Ces accusations sont sans fondement. Le sionisme « d'éta- antisémites qui tombent sous le coup de la loi. Jean-Michel OHé, rédacteur en chef de Différences. II!I ~----------------------------~-----------------12 janvier 2012 à 18:30 (UTC)~~----------------------------~- Différences - n° 52 - Janvier 1986 ENCONTRE ____________________________ ~ Joeuf, en Moselle Une femme meurt à la sortie d'un commissariat. Et aussitôt, toutes les autorités de la ville organisent le silence, clament l'accident et organisent le non-lieu. Roland Passevant a enquêté. MORTE PAR HASARD EN LORRAINE ___________ C 0 ro n, co ron, «simple bavure» et des moeurs, de cultu,", et un mancoron, et encore coron... complicités dans l'appareil que d'efforts pour arriver à Jeeuf-Homécourt-Auboué, judiciaire et policier pour la plus de compréhension. De création pur de Wendel, une couvrir. La mort de Mme part et d'autre. » agglomération de Moselle qui Aoudache y prend force de Dans cette région de maîtres a vécu, et est morte, de la symbole: c'est toute une ré- de forges, qui construisaient sidérurgie. En janvier 1985, gion qu'on asphyxie, une des tout, du logement à l'église, l'INSEE notait que près de plus énormes bavures écono- pour leurs gens, où police et 20 % de la population avait miques de ces vingt dernières justice ont le réflexe de se quitté la ville. Une opération années. Jeeuf, comme toute méfier de l'ouvrier qui manirégion morte. Mais il n'y a la Lorraine, c'est un vieux feste ou se rebiffe, on a sans pas que la sidérurgie qui pays d'immigration. Autre- doute pris l'habitude de meure en Lorraine. En août fois, des Italiens et des Polo- penser plus à l'ordre qu'à la 1984, Ouardia Aoudache nais, puis des Magrhébins. justice. Pour Passevant, il n'y entre vivante au commissa- Non pas qu'une origine a pas de doute: au commisriat de Jeeuf. Elle en sortira étrangère« dédouane» auto- sariat de Neuilly-sur-Seine, pour mourir, quelques heures matiquement de tout ra- Mme Aoudache ne serait pas plus tard. Probablement cisme. Même si l'on est plus morte, un soir de 15 août. gazée, mais à la moderne, au sensible au problème. Que s'est-il passé? Chaque gaz lacrymogène dans un ves- «Les Algériens, dit Lorenzo moment de cette journée est tiaire. interviewé par Passevant, ils bizarre. Au départ, il y a Il faut lire le livre que Roland ne viennent pas chez moi.» une police formée aux Passevant consacre à cette Et s'il le déplore, il ne peut méthodes «Starsky and affaire (1). Journaliste à TF1, que constater: « On ne peut Hutch» de l'interpellation en i..i.i L-______________________ "1 enquêté au delà de la pas nier des oppositions de haute voltige, queues de ~l~aCharles ____- _ _______~ _________~ _____________________________~ une ville, une bavure poisson et pistolets sur la temps des « suspects », c'està- dire, en gros, tous les jeunes de la région, et en particulier les frères Aoudache. Méthodes dont la virtuosité nécessite un entraînement quasi quotidien. Rachid : «A vant la mort de ma mère, j'étais contrôlé trois ou quatre fois par jour à Joeuf » Une famille repérée, parce que les enfants en ont marre, et le disent, parce que leur mère les défend. Puis, un ordre de perquisition, au nom d'un fils aîné, pour enquête sur un vol de bijoux. Le frère aîné a quitté la maison depuis quatorze ans, tout le monde le sait à Jeeuf, y compris la police. riat. Elle est complètement sonnée, pieds nus. On l'a embarquée tout à l'heure, suprême délicatesse, avec une seule chaussure au pied. Il est près de minuit. Elle refuse, on la comprend, de se faire raccompagner par ceux qui l'ont si bien traitée ces dernières heures. Elle part à pied, groggy, dans la direction opposée à celle de sa maison. Quelques centaines de mètres plus loin, elle s'écroule. 1 Ou diabète qui ressemble plus à du gaz ... Pour perquisitionner les trois Une voiture de police, qui pièces du logement des Aou- passait par là dit le rapport, dache, un petit bout de mais probablement la suivait maison collé au mur de l'en- de loin, la ramasse et la ceinte de l'usine désaffectée, conduit chez elle. Là, ça ne il y a ce 14 août 1984 pas va pas bien. Elle finit par moins de onze policiers, ce demander à sa fille d'appeler qui donne une densité de les pompiers, qui viennent. forces de l'ordre au mètre «Faites pas de chiqué» dit carré non négligeable. Bruta- l'un d'eux à Mme Aoudache lités, bousculades de la mère qui crache du sang. Elle et des gosses, premiers j~ts meurt à une heure trente à de gaz lacrymogènes. Ce l'hôpital, au matin du n'est plus une perquisition, 15 août. Restent les petits enfants, le père, invalide du travail après 37 ans d'usine, et les frères aînés, dont Rachid, celui qui va en fac, qui a réussi, qui se bat avec Ahcène pour qu'on n'enterre pas leur mère une seconde fois. Depuis le 15 août 1984 à Jeeuf, le pourcentage de chômeurs, de divorces, a continué d'augmenter. On continue de démolir ce qui reste de l'usine Sacilor qui a fait vivre la ville après le règne de Wendel, dont on a déboulonné la statue sur la place. Retrouvons Lorenzo, l'Italien venu à Jeeuf, il y a longtemps: «Je sais qu'un jour, un chauffeur du ramassage scolaire a fait descendre loin de chez lui un des fils Aoudache qui chahutait dans le car. A vec le fils d'une famille française, il ne l'aurait sûrement pas fait, par crainte de la réaction des parents. » C'est probablement la même chose pour le commissariat de Jeeuf. Ce sont sans doute des policiers comme les ,;SII .......... __ ~L autres, aussi mal formés que les autres. Sans doute avec des Français et ailleurs qu'en Lorraine, ils auraient mis plus de formes. Mais ici, c'est la crise, et les Aoudache sont arabes. D Jean ROCCIA Une journée ordinaire, à Joeuf, une ville malade de la sidérurgie. Ouardia Aoudache rentre vivante au commissariat. Après ... c'estune expédition punitive. Premier rapport du médecin On embarque tout le monde, qui la reçoit, notant une forte sauf les enfants les plus pe- odeur de gaz imprégnée dans tits. Au commissariat, on en- ses vêtements, et c'est le chaîne les aînés au radiateur, début de la valse des officiels, on jette la mère menottée et le verrouillage de l'affaire. dans un vestiaire. Encore des Depuis, un peu partout, c'est gaz, beaucoup de gaz dans le le silence. «Morte de crise vestiaire, malgré les instruc- subite de diabète », veut dire tions du ministère de l'Inté- la justice. Expertises mal ou rieur qui proscrivent absolu- vite faites, contre-expertises ment leur emploi ailleurs non demandées, policiers inqu'à l'air libre. terrogés par leurs propres Quelques instants plus tard, collègues, pas de reconstituc'est l'affolement. Seule dans tion au commissariat, il faut son cagibi, Mme Aoudache a lire le bouquin de Passevant tenté, dérisoirement, de se pour comprendre comment, suicider avec la cordelette de doucement, de pression en sa robe. On téléphone au silence, d'autocensure en juge, qui réclame sa libéra- désir de calme, on s'achetion immédiate. Un médecin mine vers un non-lieu, une passe, qui ne juge pas utile de «mort par hasard », qui de- (1) Morte par Iwsard, de Roland Passevant, éditions Liana Uvi, 31, la faire hospitaliser. Mme vrait être prononcé ces jours- rue de l'Abbé-Grégoire, 75006 Paris. Il Aoudache sort du commissa- ci (2). (2) Et tant mieux si on se trompe ••• ~D~iffi~e~'r-en-c-e-s---n~o~5~2---J~a-n-vl~.e-r~19~8~6~------------------------------------__________________________________ -J OuRMÉMmRE ____________________ ~ _ ~ _PAS D'ECOLE_ M. Mohamed Arbane voit ses trois enfants refusés à l'inscription dans les écoles de Montfermeil, par suite d'une décision municipale. Le maire de la commune estime qu'il y a trop d'immigrés chez lui. Bien que se sachant en contradiction formelle avec la loi, qui oblige que tout enfant de six à seize ans soit scolarisé en France, le maire annonce dans une conférence de presse qu'il n'y a pas lieu de faire toute une histoire du cas Arbane, puisque l'inscription a déjà été refusée à... trente-trois enfants de nationalité étrangère. Plainte est déposée par le MRAP (30 novembre). _ATIENTION - Après avoir longuement exposé le programme du RPR, Charles Pasqua, président de ce groupe au Sénat et invité des jeunes dirigeants d'entreprise membres du Maxim's Business Club conclut : « Les immigrés ne sont pas ici chez eux. Ils sont chez nous. Nous n'avons pas à nous plier à eux, mais eux doivent respecter nos lois. » (2 décembre). _LUNETIES NOIRES_ Le général Jaruzelski en visite à Paris pour un séjour de vingtquatre heures au cours duquel il s'entretien avec le président de la République. Le Premier ministre se dit troublé, le président affirme que cette visite est normale (3 décembre). _ FASSBINDER - La pièce de Werner Fassbinder est autorisée à être jouée. Elle avait été interdite un mois auparavant parce que jugée antisémite (6 décembre). _ NEGLIGENCES - coup d'Etat militaire de 1980 pour avoir torturé des prisonniers. Ces sanctions sont jugées insuffisantes par les cinq pays européens - dont la France - qui avaient déposé une plainte contre la Turquie devant la Cour européenne des droits de l'homme (6 décembre). __ AIDES __ Une délégation du Secours populaire français arrive à Paris après un séjour en Tanzanie. Pour Gisèle Bosquet et Thierry Gombeaud, il s' agissait de déterminer les formes d'aide à apporter aux familles noires ayant fui l'Afrique du Sud, ainsi qu'aux victimes de l'apartheid dans le pays même (7 décembre). _ ASSOCIATION _ L'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Sri-Lanka, le Népal, le Bhoutan et la république des Maldives créent une association d'Asie du Sud pour la coopération régionale. Objectif: améliorer l'entente entre les pays et lutter contre la pauvreté (9 décembre). _COLLOQUE_ Vif succès du colloque du MRAP sur les problèmes actuels soulevés par les campagnes sur ou contre l'immigration. On a parlé égalité des droits, identité nationale, démographie, prestations sociales (9 décembre). ONU __ Journée internationale des droits de l'homme à l'initiative de l'ONU. L'assemblée générale des Nations unies à New York adopte une convention internationale contre l'apartheid et toute discrimination raciale dans les sports. Elle a demandé au conseil de sécurité de l'ONU de prendre des mesures imposant des sanctions économiques à l'égard du régime raciste d'Afrique du Sud et demandé la convocation en juin 1986 d'une conféBOYCOTI __ Plusieurs chaînes de grands magasins britanniques décident un boycottage des marchandises sud-africaines pour protester contre le régime de l'apartheid, à la demande de la Confédération des syndicats britanniques. Danemark: le Parlement danois vote à la majorité la rupture des relations commerciales avec l'Afrique du Sud (13 décembre). _ PAS CONTENTE - L'Assemblée européenne adopte un texte commun du groupe communiste et apparentés et du groupe socialiste sur le respect de la souveraineté de l'Angola, condamnant toute aide qui serait accordée à l'UNITA (mercenaires soutenus par l'Afrique du Sud) par l'administration Reagan dans le but de déstabiliser un gouvernement reconnu internationalement (13 décembre). SIDA __ Lors d'un congrès à Francfort, l'association des médecins allemands « Prévenir le SIDA » réclame le tatouage d'une croix (gammée) sur le bas-ventre des porteurs de SIDA. «La chose assortie d'une interdiction de se déplacer dans la République ». Curieuse réminiscence (13 décembre). _ÇAMARCHE_ Plus de trois cents manifestants d'une Marche pacifique pour la paix (plus de 2 000 kilomètres à travers l'Amérique centrale) quittent Panama à destination de Mexico. Les marcheurs se heurtent aux forces de l'ordre aux abords de la base américaine Howard. A Costa-Rica, le ministre de l'Intérieur Enrique Obregon interdit toute manifestation des marcheurs. Ceux-ci seront rejoints au Nicaragua par le révérend J esse Jackson (13 décembre). AVIE __ Voilà l'engagement pris par M. Nabih Berri, chef du mouvement chiite Amal et ministre libanais de la Justice dans une interview réalisée le 29 novembre dernier et diffusée dans le cadre du magasine Vendredi sur FR3. Il s'abstient cependant, de fixer une date plus précise pour la libération de Kauffman, Seurat et des deux diplomates. Au même moment, un médecin français d'origine libanaise arrive à Beyrouth pour tenter une nouvelle médiation (13 décembre). _ CHEROKEES - Mme Wilma Mankiller succède au chef Ross Swimmer à la tête de la nation cherokee qui compte 67000 membres. C'est la première fois dans l'histoire des Indiens cherokee qu'une femme accède à ce poste de responsabilité (14 décembre). _ TOUT ISLAM _ Les deux millions de musulmans qui vivent en France cherchent à s'organiser. Cinq mille croyants venus de toute la France se rencontrent à Lyon sous la présidence du recteur de la mosquée de Paris, Cheikh Abbas, pour accélérer le processus de création d'un Comité supérieur islamique devant jouer le rôle d'interlocuteur des pouvoirs publics (14 décembre). CADAVRE __ Le cadavre de Mikel Zabalza, soupçonné d'appartenir à l'ETA militaire et arrêté par la garde civile est retrouvé flottant dans la rivière Bidassoa, au Pays basque. La famille et les amis de Mikel refusent de croire la thèse de la police selon laquelle « Zabalza s'était évadé le 26 novembre, faussant compagnie à trois gardes qu'il devait conduire à une cache d'armes de l'ET A militaire dans une zone montagneuse» (15 décembre). rence mondiale sur les sanctions La cour d'assises de Nicosie RSA __ contre Pretoria. La France s'est (Chypre) prononce son verdict Six policiers turcs, accusés d'avoir abstenue lors des trois scrutins, dans le procès des meurtriers de torturé à mort un suspect, sont avec les Etats-Unis et une ving- t roi sis r a é 1 i e n s tué sie Pour la première fois depuis le condamnés à trois mois de taine de pays occidentaux 25 septembre dernier dans leur début?e la ~agu: de contesta- P rison chacun, non pour avoir h d 1 d L tion, cmq nous viennent d'être (10 décembre). yac tans e port e arnaca. d " l'b torturé leur victime, mais pour Les trois meurtriers, deux Pales- con amnes a mort par es tn uavoir fait preuve de «négli- GAFFE ? ____ tm. iens et un Anglais, sont naux sud-africains. Au même gence» en laissant le cadavre con d amne"s 1a a pn.s on a" vie moment, naissance de la predans les locaux du commissariat « L'OLP n'est pas représentative (13 décembre). mière organisation juive sudde police de Mardin, près de la de l'ensemble du peuple palesti- africaine qui s'oppose à l'aparfrontière syrienne. nien », déclare Roland Dumas, OTAGES ____ theid. Les Juifs pour la justice D'autre part, le gouvernement ministre des Relations exté- sociale appellent, par une résoturc annonce que 450 policiers rieures, à l'issue d'une visite « Je peux dire que j'ai une grande lution, au remplacement du _ et soldats ont été condamnés à officielle de deux jours en Israël chance d'obtenir la libération des système actuel par « une société iii des peines de prison depuis le (10 décembre). otages français avant Noël » : non raciale, démocratique et L-~ ____ ~ ___ ~ _ ~ _____ ~ _________ ~~ ___________________________ ~ juste ». Cette nouvelle formation condamne toute ségrégation raciale, le maintien de l'état d'urgence et les détentions politiques (16 décembre). _PROTESTA_ Le mouvement de protestation s'accentue vers ces derniers jours en Haïti, toujours dirigée à vie par le président Jean-Claude Duvalier. Arrestations et manifestations se succèdent. L'état de siège a été décrété, principalement dans le centre du pays. Une manifestation de soutien est organisée à Paris (20 décembre). __ ENVRAC __ Les enfants de couples séparés vivant en Algérie pourront passer Noël avec leurs mères restées en France. C'est le premier résultat des négociations enga- Différences - n° 52 - Janvier 1986 gées depuis des mois, auxquelles le MRAP a pris une part très active (21 décembre). Deux attentats à Vienne et Rome font 18 victimes. L'OLP est mise hors de cause. Israël annonce des représailles. Ça continue (27 décembre). Une famille marocaine pend la crémaillère de son nouveau logement au Puy. Chacun sait qu'il s'agit là d'une coutume spécifiquement musulmane, intolérable en France. Du coup, le voisin sort sa carabine et tire dans le tas: deux morts. Une bonne partie de la presse affirme qu'il ne s'agit pas d'un crime raciste. Chacun sait que tous les Français qui pendent la crémaillère sont impitoyablement fusillés (27 décembre). La fin de l'année 1985 est fixée le 31 décembre à minuit (31 décembre). MAHAMOUO AHMEO WAAOANE et ROBERT PAC · Paris, 7 décembre: le départ à la Bastille, de la marche pour l'égalité des droits. Une semaine avant, on était parti de Barbès. ELLES ETAIENT DEUX ... L ' actualité nous empêche de rendre compte plus avant des deux marches qui ont sillonné Paris le 30 novembre et le 7 décembre. Rappelons simplement que la première était à l'initiative du collectif pour les droits civiques des immigrés. Partie de Barbès, elle a rassemblé quelques milliers de personnes. La deuxième partait de la Bastille, une semaine plus tard, à l'initiative de SOS-Racisme. Là, quelques dizaines de milliers de personnes ont défilé sous la pluie et les écrans vidéo géants. Manifestation d'ailleurs raccourcie par l'explosion de bombes dans les grands magasins, c'est-à-dire à l'arrivée prévue du cortège. Bien avant que la police exclue l'hypothèse d'un lien entre les deux événements, notre presse nationale l'avait écartée, elle d' habitude si friande de ce genre de rapprochement (on en voudra pour preuve l'attribution rapide de l'explosion d'un avion américain à Terre-Neuve au Jihad islamique). Mais là, rien. Pas un journal, pas le moindre petit boùt de radio pour dire que, peut-être, éventuellement, on ne sait jamais, il pourrait y avoir, sous réserve d'enquête, un soupçon de provocation, un début de rapport entre les bombes et la manif· Comme si, depuis que l'extrême droite a pignon sur vote, la possibilité d'attentats fascistes avait disparu du champ Il 1 des hypothèses... 0 Il REVUE EUROPEENNE DES MIGRATIONS INTERNATIONALES Volume 1 . N" 1 Septembre 1985 Université de Poitiers UA CNRS. 1145 Editorial A. Bastenier et F. Da.selto : Organisations musulmanes de Belgique et insertion sociale des populaltons Immigrées M.A. Hily et M. Poinard : Foncllons et enjeux du mouvement associatif portugais en France R. Fibbi : Les associations Ital iennes en SUisse. en phase de transition H. Boubakri : Modes de gestion et relnvesllssements chez les commerçants tunISiens à Par is F. Zamora et A. Lebon: Combien d"étrangers ont quitlé la France entre 1975 el 1982 ? Y. Charbit et C. Bertrand: Les enfants de migrants resiés ou revenus dans les pays d "origlne du bassin médIterranéen S. Ardittis : Pour une régulation concertée des courants de compétences entre pays en développement et pays d'emploi J.M. Dinand : Les travailleurs sans papiers aux Etats-Unis. C. Gorgeon : Immigration clandestine et bidonvilles en Guyane. les Haïtiens à Cayenne Chronique na 1 : Recherches en Europe sur les migrations internationales. (G. Simon). , L'AGNEAU DORE CRÉATIONS PARIS-CUIR TÉL. 206.89.17 Oignes groupées) FABRICANT-GROSSISTE- VENTE DIRECTE SPÉCIALISTE DE LA FOURRURE CATALOGUE GRATUIT SUR DEMANDE Prêt-à-porter hommes-femmes 10 % de remise à la caisse VÊTEMENTS CUIR - MOUTON RETOURNÉ BLOUSONS - VESTES - MANTEAUX Ouvert du lundi au samedi de 10 heures à 19 heures, sans interruption 44, rue des Vinaigriers (dans la cour) 75010 Paris Métro: Gare de l'Est - Jacques Bonsergent Chaussures MINELLI 120 points de vente dans toute la France PARIS et BANLIEUE LYON MARSEILLE GRENOBLE STRASBOURG BORDEAUX ROUEN TOURS LILLE REIMS MULHOUSE BREST RENNES CHAMBÉRY VICHY CLERMONT -FERRAND AVIGNON DIJON VALENCE NIMES MONTPELLIER BEZIERS TOULOUSE LENS TOULON CANNES NICE BAYONNE ROUBAIX ALBI CASTRES NIORT EPERNAY AIX-EN-PROVENCE BOURGES NANCY DAX ANGLET PAU LORIENT ANGOULÊME BASTIA CAEN CHERBOURG BOULOGNE SIMER CHARTRES LA ROCHELLE TOURCOING Siège social MINELLI S.A. 2 bd Dubois, 28109 DREUX, tél. : 37/42.10.23. LE HAVRE CHARLEVILLE MEZ. POITIERS AMIENS RODEZ AJACCIO BESANÇON ST-QUENTIN ANGERS ROANNE LIMOGES VALENCIENNES BELFORT LE MANS TROYES BEAUVAIS CAMBRAI LE PUY MILLAU ST-GENIS MONTBELIARD DIEPPE THIONVILLE VERDUN DE6UE&E _______________________ ~ Dakar, pas d'accord , L'ENLEVEMENT DE SABINE Pavillon Baltard à Nogent, samedi 7 décembre. A l'abri des augustes ferrailles préservées de la forumisation des halles de Paris, Thierry Sabine, grand mufti de l'avenl'lue au xx· siècle, annonce aux journalistes zémus que, cette année, le Paris-Dakar sera philanthrope, ou ne sera pas. Grâce à une organisation satellite, le Pari du coeur, pas moins de cent pompes à eau seront généreusement donationées aux pays africains traversés par le rallye. Quelques jours auparavant, sous l'auguste placoplâtre d'une salle de réunion parisienne, se retrouvaient les membres du collectif Pa'dak (1). Pa'dak, PAs D'ACcord avec le PAris DAKar. C'est tout simple. Tout ce que notre pays compte d'associations « tiersmondistes », ou à peu près, était là pour s'opposer à la tenue du rallye. Enfin, pour mettre en place une dynamique qui, à terme, permette de peser sur les organisateurs et les pouvoirs publics pour transformer, ou interdire, le rallye dans les années à venir ... Pourquoi interdire? D'abord pour les dommages que ça cause aux pays traversés, même si les gouvernements concernés, ravis des bénéfices immédiats de l'opération, laissent, de , plus ou moins bon gré, passer les autos. Paris-Dakar, c'est 500 000 litres d'essence réquisitionnés sur place, qui C'est reparti. On tremble dans les chaumières: Claude Brasseur et Stéphanie vont-ils gagner le Paris-Dakar? Au milieu du concert d'échappements libres, il y a encore des gens pour penser qu'il est absurde de transformer l'Afrique en piste de cirque. gara, défoncé l'an dernier, touj ours pas réparé, 620 000 F de travaux en vue. En attendant, les camions qui ravitaillent la région doivent se payer des détours de plusieurs heures. Un exemple parmi des dizaines d'autres. Ils ne mâchent pas leurs mots, les responsables du collectif: « Chaque premier janvier, les coûteux bolides du rallye mondain Paris-Dakar s'élancent toujours plus nombreux à la conquête de l'Afrique sousdéveloppée. Sur un lac salé ou dans un désert, peu importe que l'on s'amuse à gaspiller de l'énergie, à se perdre et à se retrouver sous l'oeil bienveillant de certains médias. Mais quand le rallye ParisDakar aborde le rivage sahélien, bonjour les dégâts! Spectateurs accidentés, infiniment moins considérés que les vedettes égarées pour qui l'on mobilise, à grands frais, armées, médecins et ambulances,. pistes défoncées, ponts endommagés, alors que la faiblesse du réseau de transport est l'un des problèmes essentiels des pays africains. 1 Des pistes endommagées A ces avatars s'ajoute l'impact éminemment pervers sur les populations locales, attirées par cette vitrine trompeuse d'une société de consommation qui leur est de plus en plus inaccessible. INcol\&. UN F'A i $ Ufif PlU ·Afrf.tlliO)f1 VONT PAS fool6IJSE.M"EQ.t)&.11 AVt;c:. TouTE.$ ... &:$ Q,"1'011'. &if.!.i.N:JM ÎqU&S qu" t;. A E NT l1. A.i toi E. 1.1.. Si l'on n'a pas réussi à aider l'Afrique à se développer, on est, en revanche, toujours capable, vingt-cinq ans après la décolonisation, de la sillonner à loisir pour le grand profit des firmes automobiles et pour le plaisir d'y voir "transpirer du beau monde". Voilà ce qu'un tel spectacle conduit à penser. Ça suffit! » Thierry Sabine répond à cela par la dialectique du plaisir : il suffirait de voir les Parisiens se geler les miches le soir du 31 décembre, au départ du rallye, et les Africains applaudir béatement au passage des voitures, au nom de leur sens de la fête (qui, comme chacun sait, est inscrit dans leurs gènes) pour comprendre que les détracteurs du rallye ne sont que des pisse-vinaigre qui veulent décider à la place des autres. Pourtant, ils n'ont pas l'air coincé, les gens de Pa'dak. Ils ont même organisé un réveillon pour se faire connaître. Quand on verra des bolides africains traverser à deux cents à l'heure nos beaux villages d'Auvergne, on pourra causer. .. (2) 0 JEAN ROCCIA manquent ensuite pendant (1) Voir leur manifeste dans le cour- 1 des semaines, voire des mois. rier de Différences n° 50, décembre Ce sont des routes défoncées, 1985. 1 pas réparées. Un technicien (2) Collectif PA'DAK, cio B. Daubigney, 72, chemin des Bornes, 78260 malien cite le cas du pont au Etang-la-Ville. Rense.·gnements. au Il lRp~ie:d~de~la~f~al~a~is~e~d~e~B~i~a~n~d~a-12 janvier 2012 à 18:30 (UTC)12 janvier 2012 à 18:30 (UTC)12 janvier 2012 à 18:30 (UTC)12 janvier 2012 à 18:30 (UTC)Charles::!_~45~.~23~.23~.7~7~. ____ -________ J ..., · Différences - n° 52 - Janvier 1986 l' EXTRÊME DROITE : Ils sont tous là, tous ceux qui nous prédisent la disparition de la France, la mort de l'Occident, le chaos universel et l'augmentation des impôts. Tous ceux qui ont peur . des Arabes, des Noirs, des juifs et des sociétés nationalisées. La nouvelle droite, ceux qui y restent, ceux qui réjoignent l'extrême droite, leurs journaux, leur procès. Mais, rassurez-vous, on vous donne l'antidote. " . LES APOTRES DE LA GRANDE TROUILLE


~D~@é~~-nce-s -~nOCharles-J~an~vie~r 1Charles--------------------------------~

iii 1 - LES MEANDRES DE LA NOUVELLE DROITE Toute la presse en parlait en 1979, ce fut même la grande révélation de cet été-là: il existait une « nouvelle droite ». Sous cette appellation aussi vague que trompeuse, on englobait principalement le Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne (GRE CE) et le club de l'Horloge. Ce regroupement était bien normal puisque ce dernier était une création du GRECE. S'adressant plus particulièrement à la classe politique, le club de l'Horloge ne pouvait pas avoir la même stratégie culturelle, baptisée « métapolitique », mais les buts étaient encore bien les mêmes. En outre, les deux principaux dirigeants du club, Yvan Blot (président) et Jean-Yves Le Gallou (secrétaire général) y avaient appartenu ou collaboré. La filiation des deux mouvements, bien que constamment niée, a été prouvée. Toutefois cette belle unité semble avoir volé en éclats ; on ne peut plus parler de la «nouvelle droite» comme on le faisait il Y a six ans. D'où un parcours sinueux. Ainsi, la campagne de presse de 1979, en dépit de certains A l'automne 1983, avec l'élection de Dreux, l'émergence du Front national suscite de la part des hommes politiques des prises de positions diverses. Le club de l'Horloge, après un délai d'attente (plus que de réflexion), a organisé le 1er octobre 1984, à Paris, une conférence-débat sur le thème Opposition ,' ne pas se tromper d'adversaire, au cours de laquelle M. Le Gallou devait affirmer: «L'opposition ne saurait ( ... ) sans s'affaiblir, ni se diviser, rejeter aujourd'hui le courant formé sur sa droite par les exaspérés du socialisme et les déçus de l'opposition. » Le fascisme étant considéré comme un avatar, sinon le fils du socialisme (depuis le colloque tenu sur ce thè~e en novembre 1983~, cette prise de position est tout à frut naturelle ; comme il était tout à fait naturel aussi d'inviter J-P. Stirbois à venir s'exprimer lors du cinquième séminaire politique du club (26 mars 1985) consacré à l'immigration (2). « Le vide intellectuel frappe l'ensemble de l'éventail politique ••• » de ses excès et de certaines assimilations hâtives, avait tout Peut-être sommes-nous maintenant mieux à même de de même mis l'accent sur les dangers que représentait ce comprendre le ralliement d'un certain nombre de courant de pensée pour la démocratie. On conçoit membres de l'honorable Club de la rue de Stockholm au aisément qu'il était alors gênant pour des hauts fonction- Front national (de la rue d'à-côté). Il y avait déjà un naires briguant des mandats politiques, comme Y. Blot et précédent en la personne d'Olivier d'Ormesson, mais il J -y. Le Gallou, que l'on rappelle non seulement leurs n'avait jamais été qu'un membre connu du club de origines, mais, concernant Y. Blot, son appartenance au l'Horloge. Quand l'adhésion de Jean-Yves Le Gallou au noyau dur de la nouvelle droite qu'est le GRE CE. Sans Front national fut annoncée à la presse, début septembre, compter que le patronat, qui avait largement subventionné les «fiançailles » étaient déjà connues de tous. En tant le club de l'Horloge, ému par le néonazisme intellectuel du qu'auteur de la Préférence nationale et nègre d'Alain GRECE, risquait de retirer ses billes. Griotteray (3), nous avions pu constater combien ses thèses La création en juillet 1979 de l'association les Nouveaux sur l'immigration étaient proches de celles de Le Pen. D'un Républicains a été la réponse tactique du club de l'Horloge autre côté, ce dernier, se trouvant en mal d'inspiration, afin de se démarquer du GRECE. Avec l'arrivée de la proposa un plan antichômage en dix.-huit propo~itions, dont gauche au pouvoir, on peut dire que son influence a été en au moins la moitié n'était qu'un SImple plagIat du prograndissant

n'est-il pas à l'origine de nombreux slogans et gramme préconisé ... par le club de l'Horloge (4).

propositions repris ensuite aussi bien au RPR qu'à l'UDF A la même période, un remaniement discret à la tête du « La lutte se situe aujourd'hui entre les républicains et les Club avait vu le remplacement d'Yvan Blot (futur élu RPR marxistes », «Socialisme et fascisme, une même famille? », du Pas-de-Calais à l'Assemblée nationale) par Henry de etc Lesquen et de M. Le Gallou par Michel Leroy.. Jeda n-FY ves Parallèlement, le GRECE subit une perte d'influence; le Le Gallou est maintenant bien intégré au sem u ront 10 mai 1981 et les recompositions de la droite qu'il a national ; conseiller du président, il est membre du comité entraînées font qu'il perd progressivement sa principale central et s'est vu confier la rédaction du programme avec tribune de vulgarisation : le Figaro Magazine. Alors qu'il Bruno Gollnisch, premier universitaire à avoir rejoint le espérait que l'opposition, tirant des conclusions de sa Front national. Il ne s'y sentira pas seul non plus, puisque défaite, puiserait dans ses travaux pour renouveler son Bruno Mégret, ancien membre du conseil d'administration arsenal idéologique, le GRECE est contraint de dresser un du club de l'Horloge, ancien président-fondateur de constat d'échec : «Le vide intellectuel frappe l'ensemble l'association les Nouveaux Républicains, président des de l'éventail Politique ,' avoué, à gauche, par le débat lancé comités d'Action républicaine et de la Confédération des cet été dans Le Monde (sur « Le silence des intellectuels de associations républicaines (CODAR) a annoncé son ralliegauche » J, il est mis en évidence, à droite, par l'incapacité ment, ainsi que celui d'un certain nombre de clubs (5). . manifeste des états-majors politiques de s'évader des De son côté le GRECE, fort déçu par l'évolution de la drOite préoccupations immédiatement électorales» (1). Dès lors, qui ne voit pas qu'« opposer le libéralisme au socialism~ il va se consacrer à la définition d'une « troisième voie pour revient à combattre le stade ultime de l'égalitarisme en lUl III ~lECharleso~p~e~»~. ________________________________________~ op~po~san~~t..~ ~ l_e_s_t_ad_e~p_r_é_c_é_d_e_n t»_ ,_a_ _a_ m_ o r_cé _u_ n_e _ _co _n_v_e_r~- A la fête Bleu, blanc, rouge, du Front national, des « bons Français », « bien pensants » . Yvan Blot, ex-président du Club de l'Horloge, et en quête d'une idéologie nouvelle pour la droite. regard de ce qui les rassemble : ils forment un même courant national-libéral. C'est à ce courant que le GRECE s'oppose prioritairement, comme par provocation. Mais ils s'adressent tous à la même sensibilité «nationale»; s'ils sont concurrents ce n'est peut-être que dans la radicalité des moyens. Certains clivages doctrinaux ne jouent peut-être qu'en façade. 0 MARCEL DURAND gence avec le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR) de Jean-Gilles Malliarakis, «ordinairement considéré comme le doctrinaire et animateur du courant néofasciste français» (6). Les premières approches se voulurent discrètes : J. -0. Malliarakis collabora à la revue de la nouvelle droite sous le pseudonyme de Gilles de Kassos, 0. Faye du GRECE a donné une interview à Jeune Nation solidariste, le journal du MNR ; en octobre 1984, puis c'est au tour d'A, de Benoist d'être interviewé dans ce journal, devenu depuis janvier organe de la Troisième voie, (1) Cf. le Mcmcle, 7 déeembn 1983, qui rellCl compte du XVU' colloque en rappel du groupe terroriste italien Terza posizione, et, du GRECE qui .'est tenu à Venailles. bien entendu, au titre du colloque du GRECE de novembre (2) Cf. JIztIcle 31 n° 8, mai 1985, p. 8 qui reIlCl compte de ce IlémiDaire : 1983. Des interventions publiques ont lieu en commun, le «La salle ( ... ) semblait préférer au "Di racisme, Di laxisme", de 3 mars à Genève sous l'ér"o,. de du cercle Proudhon, et le JM.-.P1.I Satmirubnomis., • les thèses plu énergiques, de rejet, pr&aées par 9 mars à Paris. Cela n'est pas sans nous étonner, nous qui (3) Le « nègre . de lIOIl Uvze les lmmJgrétJ: le clJoc (Paris, Plon, 1984) étions habitués à une grande prudence du GRECE. En n'est autre que Je_-Yves Le Gallou, affirme M. TagDieff clau la quelque sorte il s'agit d'un retour aux sources. nrt'1le les Tem..,. modemes, n° 465, avril 1985, p. 1780 à 1842. L'unité de la « nouvelle droite» est donc bien mise à mal. Et (4) Cf. le Mcmcle, 12 jufD 1985, qui fait l'analyse de ces propositiODS. (5) Lon des «1JeCODds états généraux de l'opposition., ollJlUlisés à pourtant, bien qu'étant passé au Front national, M. Le l'iDitiative du CODD, qui se IIOIlt tenu le 23 novembre 1985 à Paria. Gallou est toujours membre du conseil d'administration du Br1IDo Mégret aurait obtenu de figurer en tête de la liste du Front club de l'Horloge, ses idées n'ont pas changé. Ce qui le utiODal clau l'Isère (posItiOD éUgihle). sépare des autres membres du Club, membres du RPR ou (6) P.-A. TagDieff, op. cit., p. 1795 ; mais lI1lI' cet aspect mal COIUlU de l'extrême cIroite on pourra COIIS1Ilter ausi avec: profit JIztIcle 31, n° 7, _, de l'une des composantes de l'UDF, est insignifiant au avrill98S, p. 3 et n° 9, jufD 1985, p. 3. .. ~D~iffiueZ'ren~cCharles-~on~5~2~-~Ja~n~v7k-r~1~98~6~----~------~----------------~~--12 janvier 2012 à 18:30 (UTC)~----------------__~ - , LES PROCES Il On le sait, raisonnements simplistes et méthode Coué font partie de l'arsenal du discours de Jean-Marie Le Pen. Ses relations avec la justice n'échappent pas à la règle : à force de l'entendre clamer partout qu'il gagne tous ses procès contre ceux qui le dénoncent comme ra- I-_________ ....J ciste, on finirait par y croire. Il faut dire que, dans l'opération « nettoyage » du Front national, l'arme des procès tient bonne place ; pour faire oublier un passé de leader d'un groupuscule extrémiste, Le Peri a apparemment décidé de faire un tour de France des juridictions pour s'y voir décerner un label d'honorabilité. Raciste, fasciste? Injures. Tortures en Algérie? Diffamation. Le Pen connaît bien le droit et sait l'utiliser, y compris comme menace. S'il vous paraît évident, à vous, que parler de l'immigration comme d'une «invasion », comparer l'étranger à une « araignée qui pond ses oeufs dans le corps insensibilisé de sa proie » relève tout bonnement du racisme, alors, attention : pensez-le, mais ne le dites pas. Vous risquez la poursuite pour diffamation. Ça marche à tous les coups pour Le Pen? Non, bien sûr, mais il dispose d'une panoplie complète de techniques, en amont et en aval des procès, pour tourner les choses à son avantage. D'abord, on l'a déjà dit, menacer. Menacer très fort. On l'a vu, à l'Heure de vérité d'Antenne 2, le 16 octobre dernier, annoncer que, suite aux « révélations » du Dr Demarquet dans le Monde, il attaquait en justice, non seulement son ex-ami et ce journal, mais tous les médias qui avaient relaté cette interview et, donc, par là, colporté la « diffamation » ; étrange façon de concevoir le journalisme, mais on sait que dans ce domaine, Le Pen n'est pas à cela près. Deuxième méthode, atténuer a posteriori la portée de ses propos en arguant du contexte dans lequel ils ont été tenus; il a dit en public : « Demain, les immigrés s'installeront chez vous, mangeront votre soupe et coucheront avec votre femme, votre fille et votre fils. » ? Ce n'est pas du racisme, ce sont des propos « virils» qui font partie du «rôle d'un homme politique, c'est-à-dire, introduire la gravité des problèmes politiques dans des termes qui soient compréhensibles par tous " (Heure de vérité, Antenne 2, 14 février 1984). C'était juste pour se faire comprendre ... En revanche, ils n'ont rien compris, tous ceux qui ont décelé de l'antisémitisme dans la colère de Le Pen contre quatre journalistes cités nommément à la dernière fête Bleu Blanc Rouge du Front national; le fait qu'ils soient tous les quatre juifs n'a rien à voir, c'est nous qui avons l'esprit mal tourné. Une autre chose dont Le Pen - et ses avocats - savent tirer profit, ce sont les aléas et les lenteurs de la procédure. Cité en justice, en application de la loi qui réprime la provocation à la haine raciste, pour quelques-uns de ses « propos virils» tenus lors de son passage à l'Heure de DE JEAN-MARIE Vérité déjà évoqué, il aurait pu saisir l'occasion de faire reconnaître sa bonne foi par le tribunal. Or, plutôt que d'affronter le fond du sujet, il a essayé de faire annuler la procédure en invoquant son immunité parlementaire en tant que député européen, une première fois, puis en appel. Chaque étape prenant quelques mois, il est possible que, plus de deux ans après les faits, l'affaire soit finalement plaidée courant 1986 ... Il y a aussi la manière d'interpréter les décisions judiciaires

si le tribunal de Saint-Quentin condamne pour

diffamation un élu municipal qui avait demandé qu'on refuse une salle pour un meeting du Front national afin que la cité n'offre pas «une tribune raciste et antisémite à M Le Pen ", il s'agit d'une grande victoire. Mais si, dans un contexte comparable, le tribunal d'Amiens puis la cour d'appel déboutent Le Pen de sa plainte en diffamation contre le responsable local du MRAP qui avait déclaré, dans une interview au Courrier Picard. « Les propos de Le Pen sont, en permanence, une incitation au racisme », c'est qu'il est composé de juges rouges. Il est vrai que les attaques personnelles contre les magistrats qui ne lui donnent pas toujours raison, comme le président Cabié de la 17" Chambre correctionnelle de Paris, font aussi partie des habitudes du leader du Front national. Le Front national, c'est Le Pen, mais Le Pen, ce n'est pas le Front national ? La dernière tactique très en vogue au Front national, c'est la dichotomie entre le parti et son chef. Le Pen se veut le rassembleur de tous ceux qui pensent tout bas ce qu'il dit bien haut. National Bebdo porte comme sous-titre «le journal de Jean-Marie Le Pen », et on imagine mal ce que deviendrait ce parti sans le moteur que constitue son président. Pourtant, ce dernier refuse toujours d'endosser la moindre responsabilité concernant ce qu'ont pu faire, ou dire, des membres de son parti. Au nom de la démocratie .. . Ainsi, il ne manque pas, lorsqu'il est accusé de racisme en tant que représentant d'un parti, de rappeler son passé de résistant, d'ancien combattant et son respect de la loi et des traditions démocratiques. A un tel argument, le tribunal d'Amiens, dans un jugement du 31 octobre 1984, a répondu qu'un chef de parti «ne peut s'offusquer de faire l'objet d'appréciations critiques et d'attaques, même vives, de la part de ceux qui récusent ses opinions politiques. » Le Pen s'est bien servi de l'arme juridique, mais elle commence à se retourner contre lui et il ne peut plus dire, sans mentir, qu'il gagne tous ses procès en diffamation. Au Le grand meeting du F.N. Avec, en prime, la parole du père pour le magnétoscope. cours de ces derniers mois, une sene de décisions judiciaires ont prouvé le contraire. Ainsi, ]. -F. Kahn, T. Le Luron, le MRAP, Libération, le canam enchaîné sont sortis « blanchis» des chambres correctionnelles où Le Pen les avait traînés. De même, il est faux de prétendre que le Front national n'a jamais été condamné pour racisme : tout récemment deux candidats de ce parti aux élections ont été condamnés l'un à Strasbourg et l'autre à Dijon, pour provocation 'à la discrimination et diffamation raciste, pour avoir publié tracts et articles dans lesquels les immigrés étaient présentés comme un danger et une menace pour la France. On a beau faire, le naturel réapparaît toujours derrière le vernIS de la respectabilité ! CLAIRE RODIER Différences - n° 52 - Janvier 1986 CARICATURES intérêts à l'insulté. j Deux plaintes de Le Pen, deux interprétations différentes

tout est relatif, la

preuve. En jUillet 1984, une publicité pour un mensuel parue dans Libération représente Le Pen en uniforme para-militaire, décoré d'une croix de fer. La cour d'appel y voit une diffamation et condamne le directeur de publication à verser des dommages et En novembre de la même année, Antenne 2 diffuse un pastiche de Le Pen par Thierry Le Luron, utilisant force allusions précises: « légion de crânes rasés » , « chemises noires » etc. La première chambre du tribunal civil de Paris n'y voit pas de quoi fouetter un chat et déboute le plaignant Le


Pen-. _---.JD 11/I:

- LES RELAIS DU FRONT NATIONAL .------------, Le Front national (FN) dispose d'un hebdomadaire qui depuis septembre 1985 est de nouveau disponible en kiosque. Il s'agit bien entendu de National Hebdo (NH). Mais le FN dispose actuellement de nombreux relais médiatiques qui assu- L..-________ ---' rent une large diffusion de son programme et de ses idées. L'on peut en effet noter que certaines campagnes de presse du FN sont relayées, ou menées simultanément, par certains journaux qualifiés d'opposition. National Hebdo du 19 septembre 1985 titrait « Ces manuels qui pourrissent la jeunesse française ». Dans le Figaro Magazine du 21 septembre 1985 on retrouvait en gros titre ... « Des flagrants délits de désinformation à l'école ». Et assez curieusement aussi dans Valeurs actuelles des 23-29 septembre 1985, dans la rubrique politique intérieure, on trouvait un article assez cynique de Michel de Jaeghere sur les manuels scolaires d'instruction civique. démontrer que le CCFD ne distribue les produits des quêtes de carême qu'il collecte que «dans les pays très influencés par le communisme ». Ces deux campagnes font suite à divers articles parus dans NH au printemps 1985. Citons, par exemple, en avril 1985 (n° 43) un article de Pierre Debray, organisateur des Silencieux de l'Eglise et directeur d'une lettre, le Courrier hebdomadaire de Pierre Debray. Selon ce dernier, «le CCFD utilise une partie de l'argent versé par les fidèles pour former des cadres révolutionnaires dans le tiers monde... En France, même cet argent sert à payer une école de subversion comme le journal Sans Frontières ». Le CCFD, qualifié de «pompe à fric ", servirait également selon Pierre Debray à «imposer un pouvoir socialiste en France». Les citations ne manquent pas. L'intérêt de telles références est surtout de montrer le jeu de miroir qui s'est opéré entre les diverses publications citées. A partir d'une campagne de NH d'autres journaux se sont alignés, et ont amplifié ainsi l'écho du FN. Autre type de campagne, la question de l'immigration. Le 26 octobre 1985 le Figaro Magazine publiait une « enquête démographique encore jamais réalisée» (sic), dépourvue de tout fondement scientifique. «Serons-nous encore Français dans trente ans?» Tel était le titre du dossier réalisé par Jean Raspail (1), journaliste à Présent (cf. encadré). A chacun son registre., à chacun son public Voyons de plus près ce que contiennent ces articles. Le Figaro Magazine déplore que les nouveaux manuels d'instruction civique tiennent moins compte de « la spécificité française, latine et chrétienne» que « d'une société cosmopolite dominée par l'immigration maghrébine» (sic). NH ne supporte pas quant à lui « la conception toute particulière de l'éducation civique selon Chevènement ». Tout l'article se condense autour de la question du racisme. Rien n'est dit explicitement. Tout l'art consiste à user de doux euphémismes. Mais ce qui semble gêner l'auteur de l'article, c'est « le métissage des cultures ». Bref le racisme S'il est clair que le Figaro Magazine est l'un des relais du antifrançais? FN, cela est moins évident pour Valeurs actuelles. Les Valeurs actuelles tient un double discours. En apparence, il articles s'y teintent d'un semblant d'objectivité. y a l'objectivité que confèrent les citations; mais le choix de Tout se passe comme si dans cette revue, on donnait la ces citations n'est pas indifférent, ni neutre. Prenons-en parole à Le Pen, sans le remettre en cause le moins du quelques-unes au hasard: «L'illustration privilégie le monde. Or, un nom ne peut manquer de nous retenir, c'est chromo révolutionnaire », «On ne trouve aucune référence celui de Yann Clerc: tête de liste du FN en Ille-et-Vilaine aux pays de l'Est », « Un encadré engage les écoliers à agir, pour les législatives de mars 1986. Ancien secrétaire en leur indiquant notamment l'adresse d'Amnesty Interna- général du Figaro; rédacteur en chef politique de Valeurs tionai », etc. Voilà quelques citations «anodines» de cet actuelles. Il a assumé par le passé des fonctions imporarticle. tantes dans plusieurs syndicats de journalistes. Si l'on jette un coup d'oeil du côté de la province, certaines Une campagne contre le CCFD (Comité chrétien contre la coïncidences méritent d'être soulignées. Ainsi, Gabriel faim et pour le développement) a également été orches- Domenech, rédacteur en chef du Méridional, n'a-t-il pas trée dans de nombreuses publications, à la suite des été pressenti pour figurer aux élections législatives sur la nombreuses campagnes du FN. Ainsi dans le Figaro liste du FN dans les Bouches-du-Rhône? Pour ce qui est Magazine du 26 octobre 1985, un dossier sur le CCFD des radios locales, autres formes de relais médiatique, il est titrait: «Charité chrétienne ou subversion marxiste? » Un à noter que Serge de Beketch, rédacteur en chef de dossier qui se voulait épineux et qui reprochait essentielle- Minute, n'est plus autorisé d'antenne à radio Solidarité, et ment à cette organisation de mener des entreprises non ce depuis plusieurs mois. Il y a un an ou deux le FN était exemptes d'« a priori idéologiques ». encore reçu cordialement par cette radio locale pari- Quant à Lectures françaises de septembre 1985 (cf. sienne, dirigée par Bernadette d'Angevilliers, « radio encadré), il dénonçait également « La mafia des chrétiens d'opposition» s'il en est! Maintenant le torchon brûle entre _ de gauche », et dressait un tableau des attributions le FN et radio Solidarité, ce qui vaut à cette dernière d'être iii L.:effe.:c:.:tuée.:s:....::p:.:a-r ..:.le::........::C~C:..:F~D:......:e:.:..n:....:..19.:..-8:..-5_e.:...n..:-F_ra_n_c_e_. C_e_l..,:a,:..-a_f_in_d_e _- -.:..p_lu_tô_t_m_al_tr_a_it_é_e_d_a__nls_es_li_g_n_es_d_e_~_é_se_n_t_. ____- -' La question est en fait fait bien plus complexe. Ainsi, en octobre 1985, le Centre d"études et de diffusion de l'UNI publiait un dossier sur le CCFD. Dès 1982, les CAR (comités d'action républicaine) dénonçaient le caractère marxiste des manuels scolaires. Tout semble se passer comme si ces groupes de réflexion apportaient l'outil théorique à la presse d'opposition, tout en restant dans l'ombre. Ainsi s'élargit notre base de départ, ce qui permet par ailleurs de mieux saisir les raisons d'un tel synchronisme dans les campagnes menées par ces divers Journaux. D GERMAINE DUPONT (1) leu Rupail, membre du CoDSeÜ national du PFN en 1975 (cf. le Monde 16 novembre 1976), fut présent au fonun de la Nouvelle droite en man 1975 (Quotidien de Paris 3 man 1975), et a écrit dans Eléments la revue du GREeE (Droits et Liberté décembre 1977- janvier 1978). Pour plus de reDSeignementa lire aussi dans la revue Esprit" Sur un manifeste raciste et réactionnaire» par Jean Belorgey (juin 1985). Cet article permet de mieux saisir ce personnage, à travers l'ouvrage qu'il a publié aux éditions Robert Laffont, le Camp des saints, un ouvrage à la hauteur du personnage, et qui le consacre dans les milieux d'extrême droite. Différences - n° 52 - Janvier 1986 PRESSE D'EXTREME DROITE • La presse des nationalistes conservateurs National Hebdo est le journal de Jean-Marie Le Pen. DepuiS le numéro 22, le directeur de la publication en est Roland Gaucher. Quant à la diffusion réelle de cet hebdomadaire, vendu en kiosque, les chiffres qu'annonce le FN sont à considérer avec de grandes précautions. Le tirage serait de 100 000 exemplaires - ce qui n'est pas la vente ... Mais le FN dispose d'autres soutiens dans la presse. Ainsi Minute, dont l'éditorialiste est François Brigneau, ex-leader d'Ordre nouveau, et Présent, codirigé par ce même François Brigneau et Jean Madiran, soutiennent égaiement le FN. Derrière Présent se retrouve par ailleurs la quasi-totalité des catholiques intégristes: Mgr Lefebvre, qui y publie régulièrement ses encycliques, Romain Marie, responsable de l'AGRIF (cf. à se sujet Différences n° 45). Monde et Vie défend égaiement les thèses catholiques tradition na listes de Mgr Lefebvre. Ce journal paraît toutes les trois semaines. 12 000 exemplaires sont tirés. La publicité ne fournit que 10 % des dépenses. Pour palier les difficultés financières, il existe une souscription de soutien. • La presse des nationalistes révolutionnaires Le MNR (Mouvement nationaliste révolutionnaire) dispose d'une publication, Troisième Voie, dont le n° 1 date de janvier-février 1985. (cf. article) Le MNR et le PFN (Parti des forces nouvelles) ont une publication commune, Vaincre. A noter que ces deux mouvements sont réunis au sein du mouvement de jeunesse Jeune Garde. Le PNF (Parti nationaliste français) regroupe la tendance néonazie du FN, exclue en 1981. Les dirigeants sont d'anciens SS, comme, par exemple, Pierre Bousquet. Leur revue est Militant. • La presse des néo-nazis Les FNE (Faisceaux nationalistes européens), plus connus sous leur ancien sigle: FANE (Fédération d'action nationaliste européenne), dirigés par Marc Fredriksen, publient Notre Europe Combanante, sous la direction de Claude Domino. • Les royalistes La Restauration nationale de Pierre Pujo et Guy Steinbach publie Aspect de la France qui flirte avec le FN. Cet hebdomadaire se place dans la continuation de l'Action française de Charles Maurras. Pierre Pujo est le fils de Maurice Pujo, l'un des principaux collaborateurs de Maurras. Pour l'année 85, ce journal a connu un déficit de 700 000 F. 30 000 exemplaires sont tirés. La moitié est vendue sur abonnement. La vente militante à la criée est une autre des formes de vente. Utilise aussi les services des NMPP. • Autres parutions Rivarol a été créé au lendemain de la libération, par quelques unes de ses cc victimes »: Lucien Rebatet, Pierre Dominique, René Malliavin... A été repris en main depuis par Camille Galic. De 18 à 20 000 exemplaires sont tirés, dont 7 000 sont vendus sur abonnement (surtout dans les zones rurales). Lectures françaises: dirigé depuis 1977 par Jean Auguy, successeur d'Henri Coston. 5 000 exemplaires par mois. Il y aurait 4 000 abonnés. Deux librairies à Paris diffusent ce mensuel : la librairie Grégori et la librairie française. La Vie française: dirigé par Bruno Bertez depuis 1982. Journal résolument d'opposition (alors qu'il était auparavant un journal économique). Ainsi, à la rubrique culturelle, on notera la présence de Catherine Fouillet, auteur de Moi, j'aime l'extrime droite (1982, éd. librairie française) ! GERMAINE DUPONT BIBLE. La Saga des Juifs d'Afrique du Nord. Ce titre, emprunté à un livre précédent d'André Chouraqui peut donner une idée de l'ampleur et du rythme de son dernier et monumental ouvrage Histoire des Juifs d'Afrique du Nord, une somme de plus de six cents pages qui retrace amoureusement l'itinéraire exceptionnellement long et riche, sur plus de deux mille ans, de la présence juive en Afrique du Nord. Qu'ils soient volontairement venus d'Orient dans l'Antiquité, ou, dans une très large proportion, des Berbères autochtones convertis, auxquels sont venus s'ajouter, après 1492, les Sépharades chassés d'Espagne par le pouvoir chrétien, les Juifs nord-africains, où ils viendront féconder, numériquement, culturellement et religieusement, une communauté juive qui deviendra la quatrième du monde en importance. Gageons que cet ouvrage du très talentueux traducteur de la Bible en vingt-six volumes, entre autres, par ailleurs maire adjoint de Jérusalem, lui-même natif d'une Algérie qui l'a accueilli avec chaleur en 1983, deviendra un classique, une « bible », oserons-nous dire, sur le sujet. 0 YVES THORAVAL Histoire des Juifs d'Afrique du Nord, par André Chouraqui, éd. Hachette. de Carthage aux indépendances, en passant par Rome, Byzance et l'Islam, FEMMES. Pays mêlés de Maryse Condé ont réussi, contre vents et marées, à (auteur d'origine guadeloupéenne qui a préserver leur identité religieuse et donné de très bons textes sur l'Afrique) culturelle, même s'ils ont su atteindre, à est un recueil de deux récits, qui nous: certaines périodes, une symbiose judéo- mettent au sein même de la vie en arabe dans la langue, les coutumes, les Guadeloupe, depuis le début du siècle modes de vie. jusqu'à nos jours: brassage des Si l'Islam n'a pas toujours été clément peuples, rejet de la colonisation et, ces pour le judaïsme nord-africain, loin de dernières années, début de luttes dans là, il n'a cependant jamais persécuté les l'espoir d'acquérir l'indépendance. Juifs d'une manière aussi terrible et La première histoire qui nous est préabjecte que l'Europe chrétienne. Lors- sentée, Pays mêlés, exprime la difficulté que la France coloniale s'emparera de la de vie pour les femmes à travers le région, elle offrira, cette fois, une temps, que ce soient Belle, Pourméra la occasion aux Juifs de rencontrer les folle ou Berthe. C'est une très belle valeurs modernes et de s'éduquer, mais histoire dominée par l'amour maégalement de prendre des distances ternel: « Le couple mère-fils fournit le vis-à-vis des nationalismes nord-afri- modèle idéal dont parle le tantrisme. La cains, source de déchirements à l'heure mère est déesse, principe cosmique fédes indépendances des trois pays de la minin. Il n'y a pas d'acte sexuel. Chacun région, venant s'ajouter à l'attirance du atteint le bonheur par l'anéantissement tout nouvel Etat d'Israël. du moi. » Le second thème du livre Pour le demi-million de Juifs nord- (Nanna-Ya) est empreint du souvenir africains, parfois dans un climat des révoltes d'esclaves« marrons ». 0 d'exode, l'heure sera au départ, pour Pays mêlés. Coll. Monde noir Poche, éd. III L-______________________ ~ ___ ~ _l' _E_ta_t_h_e_'b_r_e_u_e_t_s_u_rt_o_u_t~p_o_u_r_l_a_F_r_an_c_e_, ___]{ _a_t_ie_r_. ________________________ J Quel est l'endroit d'Europe où l'on peut voir, simultanément, des films de Thaïlande, d'Iran, du Viêt-nam, de Turquie, de Kirghizie, de Corée, avec, en prime, une rétrospective historique du cinéma argentin, présenté, entre autres personnes, par Isabel Sarli, la «bombe sexuelle ~~ du Septième Art des années 60-70 !, plus une « carte blanche » à Youssef Chahine (1) ? : c'est à Nantes, au cru 85 du festival des Trois Continents, (26 novembre - 3 décembre). Que mon enthousiasme pour la capitale du Pays de la Loire ne me fasse pas oublier que Différences (nostra culpa !), n'a pas parlé comme il aurait fallu des merveilleux spectacles présentés, ces dernières semaines à la Maison des cultures du monde : un mois culturel tunisien, et, surtout, une série de spectacles de marionnettes et d'ombres de l'Inde et de Malaisie, ce dernier pays donnant, pour l'une des premières fois en Europe des scènes de Wayang Gedek, malicieuses scènes mythologico-quotidiennes en théâtre d'ombres. On peut se rattraper et prolonger la magie de ces spectacles en allant voir l'exposition, magnifiquement mise en scène, de cinq cents marionnettes, figures et ombres de toute l'Asie, Marionnettes et ombres d'Asie, au Louvre des antiquaires (jusqu'au 2 mars 1986). L'Egypte pharaonique est à Paris (jusqu'à la fin janvier). Dans la Grande Halle de la Villette, Kodak a reconstitué, comme il l'a fait pour l'une des grottes de Lascaux installée à demeure au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain, à l'identique et grandeur nature, le tombeau de Sennefer dit «Tombe aux vignes» (XVie siècle avant J.-C.). Cela grâce à un procédé original et révolutionnaire inventé par la firme. C'est moins cher que d'aller jusqu'à Louxor. .. C'est avec plaisir que nous avons appris qu'Elisabeth Labrousse, spécialiste du protestantisme, qui avait accepté de répondre aux questions de Différences (n° 49) vient d'obtenir le grand prix Moët-Hennessy (100000 F), pour son superbe ouvrage, La Révocation de l'édit de Nantes (éd. Payot). On dit souvent que les expositions de photographies documentaires font « pauvre », sinon «boy-scout»: une démonstration contraire à ce préjugé est apportée par Architectures indiennes (Ecole des beaux-arts, jusqu'au 19 janvier), tant l'agencement d'excellents documents accompagnés de textes clairs et intelligents qu'elle nous offre constitue une introduction impeccable au formidable patrimoine architectural indien, de 2000 ans avant J.-C. aux réalisations les plus avant-gardistes d'aujourd'hui. Nous parlerons au printemps de Vienne, capitale du cosmopolitisme de la fin du XIXe et du début du XX' siècle : en attendant, on peut se donner une idée d'une certaine cohabitation des peuples et des religions de l'Empire austro-hongrois finissant, en explorant ce qu'était Trieste, ex-grand port de l'Empire, actuellement dynamique cité italienne à la frontière yougoslave, dont une charmante exposition, à la Conciergerie (jusqu'au 3 février 1986), présentée par la Caisse des monuments historiques nous restitue l'atmosphère pluri-ethnique chantée par Joyce, Svevo, Saba... 0 YVES THORAVAL (1) Un très intéressant numéro de Cinémaction (n° 33) (éd. du Cerf), vient de lui être consacré. Festival des Trois Continents, BP 3306 Nantes, 44033 cedex. Louvre des antiquaires, place du Palais- Royal, 75002 Paris. Halle de la ViUette, 21I, av. Jean-Jaurès, SY~2~rl" 75001 PARIS Tél: (1) 42 974321 Paul Oriol Les immigrés : métèques ou citoyens ? 69 F Paul Oriol Les immigrés métèques ou citoyens ? Un état de la question, et des réformes engagées, les rappels historiques indispensables, quelques chiffres, un peu d'humour, des critiques et des propositions, voilà le livre de Paul Oriol. • • 75019 Paris. en librairie ou ~ Ecole des beaux-arts, 17, quai Mala- aux Editions Syros, 6 rue ~ quais, 75006 Paris. Montmartre 75001 Paris 1 !il: Conciergerie, 1, quai de l'Horloge, Il ~~M~a~n~·O~nn~d~n~d~'~~ie~. _ ~~ _______ 7.CharlesOO~I~P~a~rOE~·.~ ________________ ~~ Différences - n° 52 - Janvier 1986 Correspondance juive-arabe ON S'ECRIT, ON SE FAIT UNE PAIX ? vision claire de la politique, n'ont rien à craindre de Kahana. Je leur dirai qu'ils travaillent, comme certains le font, avec la gauche israélienne, avec les antisionistes israéliens pour les faire sortir eux aussi de la guerre tribale. Il faut que les Juifs sortent de l'idéologie romantique misérable, qu'ils sortent de cette dialectique du tribal pour accéder à ce qu'on a appelé le cosmopolitisme ou ce qu'on a appelé il y a trente ans l'internationalisme. Vidons le tribal de sa densité dramatique. D'autre part, je crois à la nécessité d'un Etat palestinien à côté de l'Etat d'Israël, car dans la situation actuelle, l'idéal d'un Etat unifié et démocratique me semble repoussé à une période éloignée. Dans ces temps de guerre et d'invective, une oasis de paix et de dialogue : un psychanalyste juif et un écrivain arabe s'écrivent pendant cinq ans. Aujourd'hui, ils publient cc Le Même Livre ». Dehors, les archaïsmes théocratiques. Né au Maroc, Abdelkebir Khatibi, universitaire et écrivain, vit à Rabat. Jacques Hassoun, né en Egypte, psychanalyste, auteur de plusieurs ouvrages, vit en France depuis 1954. L'un, arabe, et l'autre, juif, sont sortis de la vision théocratique, le premier à la mort de son père, le second lorsqu'il a commencé à observer l'aveuglement dans lequel se trouvait son propre père. Ils nous offrent aujourd'hui une correspondance qui s'étale sur cinq ans et qu'ils destinaient dès le départ à la publication. Ces lettres qui s'interpellent, se croisent, se chevauchent et dialoguent, portent un intitulé significatif: Le Même Livre (1). Ces lettres St rencontrent sur plusieurs territoires, schématiquement: la langue française, dans laquelle elles sont écrites, le « bilinguisme culturel» arabo-français des deux auteurs, leur appartenance aux peuples juif et arabe, enfin, l'histoire - les histoires - complexe, à la fois réelle et symbolique, qu'ils tentent d'analyser. Ce même livre se veut «réconcilier la Bible et le Coran », mais en sortant des archaïsmes théocratiques et des mythes destructeurs de fraternité pour entrer de plain-pied dans la tolérance et le regard de l'Autre. Voici quelques extraits de l'interview que nous avons réalisée avec eux. Différences: J'ai lu votre livre comme un livre iconoclaste qui met en cause un certain nombre de représentations du juif et de l'Arabe, l'un par rapport à l'autre, et dans la confrontation de leurs histoires, respectives et communes. Qu'est-ce qui vous paraît le plus urgent à détruire ou à transformer parmi ces représentations mythiques, théocratiques, politiques? Jacques Hassoun : Ce qui est à remettre en cause, pas seulement pour les juifs et les Arabes d'ailleurs, c'est le glissement qui s'opère lorsqu'un mythe cesse d'être prétexte à écriture, à poésie, ou à rêver, et que, au nom de ce mythe,un peuple, un groupe humain, se transforme en guerriers, en impérialistes. Deuxième danger, c'est quand un certain nombre de mythes fondateurs, ceux de l'Islam ou d'une autre civilisation, se mettent à ne pas reconnaître l'Autre, à abolir complètement la notion d'altérité. Abdelkebir Khatibi : Pour prolonger ce qu'explique Jacques, je dirai que la tâche urgente c'est le travail sur soi. Cela veut dire que le concept de société, au Maghreb et au Machreq par exemple, a besoin d'être interrogé. A partir de ses mythes fondateurs une société accepte plus ou moins les groupes, les minorités, les communautés et donc la question de la tolérance me paraît essentielle. La tolérance se débloque aussi par un travail sur soi, en se dégageant d'un certain archaïsme. Jacques Hassoun : Au contraire, il arrive souvent qu'un groupe humain use de ses mythes pour imaginer qu'il est auto-engendré et que sa pensée s'autoengendre. Par exemple, une idée court beaucoup dans le monde juif selon laquelle la philosophie juive s'est nourrie d'elle-même et uniquement d'ellemême. Ce n'est pas vrai, depuis la nuit des temps il y a eu les Araméens, les Grecs, qui ont donné de la sève et de la consistance au judaïsme, il y a eu les Babyloniens, la pensée arabe. Sans la pensée arabe, le judaïsme aurait sombré dans un synchrétisme complètement fou. Il y a eu la modernité avec Mendelsohn, Spinoza et d'autres. Abdelkebir Khatibi: Dans le cas du monde arabe, c'est la notion théocratique de la « oumma » (2), unique et unifiée autour du territoire, de la religion et du pouvoir. Or, cette unité, il faut la reposer comme question, par un travail sur soi, et, quand je parle de travail sur soi, ce n'est pas un travail purement sur l'affect, ce qui est d'ailleurs très important, mais c'est un travail sur les sociétés elles-mêmes et leur devenir. Cette tâche, c'est un changement de regard sur la vie, c'est regarder en face à face sa propre société et les compositions qui la structurent et se donner les moyens de l'analyser. La tâche essentielle pour moi, parce que nous ne sommes pas des hommes politiques, Jacques ~ Hassoun :l 1IL-________ ~ _ ~p~SY~C_ha_n_al~ys_te. ______________________________________________ ~ c'est une tâche d'analyse au sens large, du psychologique à l'historique, en passant par l'économique, le social, le stratégique... Formuler, préciser certaines questions, les regarder en face ; dans ce regard, l'Autre peut prendre sa place. Abdelkebir Khatibi, écrivain Différences : Quelle place tient le rapport judéo-arabe dans cette volonté et cette nécessité que vous exprimez de redéfinir les choses? Jacques Hassoun: Ce qui est certain, c'est que dans notre histoire, notre parcours, notre stratégie propre, existentielle, la judaïté ou l'arabité ou l'islamité sont des choses très importantes ( ... ). Sans idéaliser, et en ce qui me concerne, sans faire du romantisme, il y a eu un temps où les communautés juives ont vécu dans le monde arabe, dans le Machreq que je connais, et il n'y avait pas de problèmes. Et puis, tout à coup, il y a la cassure. Et comme par hasard, cette cassure a été contemporaine de la création de l'Etat d'Israël. Pour les amis juifs du Maghreb, c'est le colonialisme, l'anticolonialisme et la fin de la colonisation qui ont marqué la cassure. Il faut essayer" d'aller au-delà de la nostalgie. Nous sommes Jacques et moi différents et semblables à la fois. Il nous faut reconnaître quelqu'un, y compris dans sa détermination d'altérité, avec son passé, son présent, son devenir, le reconnaître comme tel. Ce petit changement, ce frémissement, entraîne, des effets, beaucoup d'effets, la preuve: on est en train de faire une interview ensemble. A propos de notre correspondance, il faut dire qu'on ne peut pas lui demander l'impossible. Cette correspondance dit ceci: le dialogue est possible. Il faut aller doucement, vu l'histoire affective ; ces lettres se veulent quelque chose qui réconcilie le Coran et la Bible. On propose du travail, c'est tout. Différences : Bien que votre propos ne soit pas directement politique, on est tenté de vous demander ce que vous proposez concernant le conflit israélo-arabe? A vez-vous quelque chose à dire à ceux qui vivent au sein de ce territoire conflictuel, les Arabes et les juifs d'Israël? Jacques Hassoun : Ce que je pourrais dire à un Arabe d'Israël, bien que je sois le dernier à donner une quelconque leçon, c'est qu'il n'y a rien à craindre, car d'expérience, à chaque fois qu'un peuple a voulu expulser un autre peuple, le tuer, le faire disparaître, ce peuple s'est couvert de ridicule. Ces Palestiniens, qui sont devenus l'intelligentsia du Moyen-Orient, qui ont une L E- i!\V 4\E - )(.'A\\ E,' liVRE Différences: Abdelkebir Khatibi, vous avez écrit une phrase qui m'a beaucoup frappée : « La différence la plus petite et la plus proche est en même temps la plus cruelle et la plus aveuglante.» Cette proposition vous paraît-elle valable pour la communauté maghrébine en France, et, notamment, les jeunes Maghrébins qui sont violemment pris à partie justement au moment où toute une génération opère un travail d'expression et d'intégration dans la société française ? Abdelkebir Khatibi: C'est un autre volet que vous soulevez, il faut beaucoup de travail pour y répondre, à mon avis ce travail n'a pas encore été fait . La question est ouverte, elle est impensée, autant par les Français que par les étrangers ; les Maghrébins y compris n'arrivent pas à se situer par rapport à ce territoire, à ce lieu, et à cet imaginaire qui s'appelle la France. Le problème des travailleurs étrangers, des étrangers tout court, c'est d'abord la question de la France avec elle-même, de la place de l'étranger dans ce monde qui s'appelle la France. Jacques Hassoun : J'ajouterai uniquement deux mots ; la France est en train de se séparer d'une partie d'elle-même. Aujourd'hui on attaque les Maghrébins, les Turcs et les Noirs, mais le discours sous-jacent, qui est clairement dit, c'est que messieurs Fabius et Badinter ont des ancêtres qui, à deux, trois et quatre générations ne sont pas des catholiques romains. En France, c'est une chose aberrante, on en revient à Hugues Capet. D INTERVIEW REALISEE PAR CHERIF A (1) Editions de l'Eclat, Paris, 4, passage de la Main-d'Or, 75011 Paris. (2) « Nation,. pour désigner « La nation arabe ,.. Abdelkebir Khatibi : Deux choses apparaissent lorsqu'on commence à analyser les relations entre les Arabes et les juifs, les sépharades, en particulier. Ce rapport s'exprime dans la dénégation, le refus de l'autre, qui a des fondements théocratiques. Cette dénégation se transforme, après le départ des juifs, en nostalgie chez les juifs eux-mêmes et chez les Arabes qui sont restés. Or, la nostalgie tourne à vide, le monde a h ' '·1 1 "1·1 1 . N.B. Nous ne pouvons donner que des extraits de cange,l ya srae, 1 ya a questIOn de la longue interview que les auteurs nous ont El la Palestine. donnée. Qu'ils nous en excusent. ~Di~ffé-re-nc-es- - ~n°~ 52~ -~J~an-vie-r -19-86- -----------------------------~----------------~ ENDANCES ________ --------------------~ L'image du Noir au cinéma et dans la pub LA CASSE DE L'ONCLE TOM A Amiens, Gordon Parks, auteur de Leadbelly Obscur objet de désir, Sile cinéma hollywoodien est né sous le double signe du noir et OÙ l'attirance se mêle blanc, l'image du Noir n'y a pas de répulsion fonctionné de la même façon que celle dans l'inconscient du Blanc. En effet, le cinéma noir ne commence pas seulement avec Richard collectif blanc, Pryor: la première apparition d'un l'image du Noir symbolisait Noir à l'écran remonte à 1903. Il s'agissait alors d'un bon négro tout le diable il n'y a pas « frais et moulu» du roman de Beesi longtemps encore" cher-Stowe qui, fouetté, humilié, battu Il f d tt d à mort, proclamait encore son amour du au ra a en re maître. L'Oncle Tom (1), stéréotype Jérôme Bosch pour que, number one de la supersérie hollywoode péché, cette imagedienne, n'était encore, à l'instar de devl "enne délectable, Bogart, sur l'affiche du festival, qu'un Blanc barbouillé de noir avant les et les Journées débuts de Sam Lucas, premier acteur de cinématographiques sa génération à interpréter le rôle (2) dans sa couleur originale. d'Amiens Quand l'image du Noir ne renvoyait pas pour qu'elle fasse l'objet au « buck », figure agressive du mâle noir dans le film de Griffith (3), elle d'un panorama critique, renvoyait au bouffon. Au clown, afpar le biais fublé d'énormes chaussettes blanches, d'une rétrospective de pantalons larges et à rayures, de revolver à eau, comme dans le film The Jazz Singer. Willie Best et Eddie Rothchester Anderson en savent quelque chose. Tropiea/isme à gogo Pour les actrices noires, pas de profil lippu ni de cheveux crépus, jusqu'à ce que Lena Horn, bien après Bessie Smith (4), touche le jack-pot dans l'ordre et rafle tous les lauriers, avec des films comme Bronze Vénus (5), Cabin in the sky (6) et Stormy Weather (7), le film fétiche des générations de jazzmen, avec Fats Waller, Ada Brown et Cab Calloway. Ouvrant ainsi la voie à l'immense Billie Holiday, dans New Orleans (8) et à Diana Ross dans Lady sing the blues, un film sur la vie de Billie Holiday. La femme noire, jusque-là, mulâtresse de préférence quand elle ne faisait pas dans le tropicalisme à gogo, faisait la pute ou la grosse mama asexuée qui portait toute la patience du monde sur ses épaules ... « Yes ... Mamz'elle Scarlett ... so quick ... Mamz'elle I.l Ld-u_ _cl_"_né_m_a_ h_o llywoodl"en" vPeasst ems oày ceanr rdeea ulxe erat tdeer, cmrae;matee sa và epco uisn. Scarlett ... ». ~~ _____________ ~ _______________________________________ ~ C'est avec le scénario ' du film Negro Soldier (9) que Carlton Moss franchira un pas déterminant vers la conquête positive de l'image du Noir par luimême. Dans les années cinquante de l'après-fascisme, l'image du héros positif noir se superposa avec celle de Sidney Poitier, remember... Dans la chaleur de la nuit, Devine qui vient dîner. Tout comme Carlton Moss, Gordon Parks (10) s'est déplacé à Amiens le temps de quelques interviews. Qui n'a pas aimé son Leadbelly, tourné en 1976 ? Adaptation fidèle de la vie de Huddie Ledbetter, ce musicien de blues et de country music qui jouait de la guitare à douze cordes et qui, sa vie durant, lutta contre la ségrégation imposée par les Blancs, y compris de derrière les barreaux d'une prison fédérale. C'est ce nouveau type de héros, capable de démerde et de révolte que recherche désormais le public noir américain, un peu comme le Richard Wright de Native Son (11) ou mieux, le Eddy Murphy du Flic de Beverly Hills. Smurfer-ara/eur-de-,aourt A l'heure où Melvin Van Peebles, Larry Clark, Charles Lane, les nouveaux réalisateurs noirs américains en Différences - n° 52 - Janvier 1986 marge du cinéma hollywoodien, se mobilisent contre l'apartheid, l'image du Noir fait vendre en Europe. En pub, c'est la ressemblance qui fait recette et pas la différence. «La peau de votre peau », chez Lee Cooper, exhale une langueur sensuelle, ou « La femme n'est plus une esclave », chez Charles Mossant, distjlle un parfum de liberté. Je ne parlerai pas des Frères Lissac (12), de Moulinex ou du journal Actuel, mais. tous les indices concordent, l'image du black fait une entrée fracassante sur le marché de la publicité, alors à quand le ciné, la télé ... Poil au nez, car l'Oncle Ben's continue de ressembler étrangement à l'Oncle Tom et le smurferavaleur- de-yaourt, version moderne du jazzman, semble perpétuer l'image du Noir bouffon ... « Vahiné, c'est gonflé ». Rendons grâce aux animateurs du festival d'Amiens de créer l'événement une fois encore. Mais tout reste à faire, comme le font certains publicitaires en choisissant la voie de l'ouverture, de la couleur, du tpétissage, lorsqu'ils rendent compte de la dimension plurielle de la société française. 0 DANIEL CHAPUT (1) L'Oncle Tom de Edwin S. Porter. (2) L'Oncle Tom de William Robert, 1914. (3) Naissance d'une nation, 1915. (4) Saint Louis Blues, 1929. (5) 1937. (6) Vincente Minelli, 1943. (7) Andrew Stone, 1943. (8) Arthur Lubin, 1947, avec Louis Amrstrong and his ail stars. (9) Stuart Heisler, Franck Capra, Carlton Moss, 1941. (10) Learning Tree, 1970, Shaft, 1971. (11) Pierre Chenal, 1951, d'après le roman de R. Wright lui-même, Native Son. (12) Qui, pourtant, pendant la guerre, proclamaient « n'être pas Isaac ». L'HOMME DESCEND DU SWING Le festival d'Amiens entendait rendre un hommage particulier à Gordon Parks. Un nom qui outreAtlantique fait figure de symbole, dans la mesure où il a été le premier réalisateur noir à pénétrer dans le sanctuaire hollywoodien avec son fIlm The Learning Tree. Très entouré durant sa brève apparition, nous avons joué des coudes pour parvenir jusqu'à lui, en anglais dans le texte. Votre premier fdm a été une drôle d'aventure je crois... Comment en êtes-vous arrivé au cinéma ? Par l'écriture d'abord. Originaire d'un müieu très pauvre, je voulais témoigner sur la condition des miens. J'ai écrit un roman à partir des images que je gardais en tête sur la bande de gosses dont j'étais, qui, livrés à la rue ont été très vite confrontés au racisme ordinaire. Les plans étaient tellement forts que certains amis y voyaient déjà un film. L'idée a cheminé. J'ai commencé à frapper à quelques portes et les rares qui s'ouvraient y mettaient la condition que les Noirs soient des Blancs. On n'a jamais lâché le morceau. Et puis, un jour, c'est arrivé. Que pensez-vous de l'image du Noir dans le cinéma américain d'aujourd'hui? On revient de loin, les mentalités ont bien bougé depuis le début du siècle, surtout après Martin Luther King, les Black Panthers ... L'image du Noir se rapproche de plus en plus du Noir lui-même. Après The Learning Tree tourné en 1970, vous avez réalisé Shaft (1) et Leadbelly (2), avez-vous un mm fétiche? Leadbelly peut-être, parce que je suis aussi musicien et que je crois que l'homme descend du swing. Vous croulez sous les honneurs, êtesvous un homme comblé ? A part l'extrême-droite qui intente procès sur procès pour que mon livre (3) soit retiré des programmes scolaires, je crois que l'Amérique apprécie mon travaü. 0 Propos recueillis par OC (1) 1971 (2) 1976 (3) « The Learning Tree JO. Cab Calloway Il 1 EOETns ____________________________ ~ STRASS. Cette nouvelle revue noire, Black and Blue, annoncée à grand renfort de publicité, m'a fait rêver, je l'avoue, moi qui aurait tant aimé voir la grande Joséphine en son temps ... Hélas, le spectacle de Claudio Segovia et Hector Oressoli (que rien n'arrête depuis les succès commerciaux de Tango Argentino et Flamenco Puro) est loin d'atteindre son but: la résurgence d'un genre qui est l'osmose du blues et de la danse jazz. En dépit du talent de certains artistes exceptionnels, il ne s'agit que d'une succession de tableaux où l'abondance de strass étouffe toute velléité de sensualité. Seules rescapées de cette aseptisation générale, les trois chanteuses Ruth Brown, Linda Hopkins et Sandra Reaves-Phillips. Pulpeuses et drôles, leur imposant tour de taille n'amoindrit en rien leur sens fou de l'érotisme, à faire pâlir d'envie les belles du Crazy Horse ... A elles, sans aucun doute, nous devons les moments les plus intenses de la soirée, ainsi qu'à certains numéros de claquettes : les prestations du fameux Jimmy Slide au sein du groupe des Hoofers (deux du film Cotton Club), ainsi que les duos réunissant le danseur Georges Hillman, âgé de soixante-dixhuit ans, avec le benjamin de la troupe, le jeune Savion Glover (plus doué que lui, tu meurs !). Dents blanches et sourire béat de rigueur, ce spectacle est dans le plus pur style des revues américaines, dans ce qu'elles ont de meilleur - chorégraphie bien réglée, pas une jambe qui dépasse - et de pire, c'est-à-dire l'absence de surprise ou d'ambiguïté qui engendrerait une émotion durable. 0 CHANTAL LANGEARD Black and Blue, TMP-Châtelet jusqu'au 25 janvier. Tél. : 42.61.19.83. UN SAMPEAH POUR UN BRAVO. A peine est-on allé au Soleil, écouter, voir L'histoire terrible, mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge, que déjà on voudrait y retourner. Comme on va à l'école ouvrir le grand livre d'une histoire si proche de nous. Terrible histoire qui nous laisse assis tout comme les comédiens qui terminent la deuxième époque du spectacle en demeurant face à nous, l'air d'écouter l'écho des derniers mots d'un des leurs: « Tu sais, nous qui sommes morts, nous avons les désirs, mais pas la force. » Spectateurs, avons-nous et le désir et la force de bouger de nos sièges et crier pour le retour d'un pays à son peuple, d'un roi à son pays et à ses deuils? Cette magnifique pièce écrite par Hélène Cixous nous en dit long du deuil, de la séparation, de la force vivante des morts sur nos actions, de l'exil. Comble de justesse pour un spectacle qui tient et du cirque avec ses garçons de piste, ses coups de gong de l'orchestre, et de l'opéra avec les mélodies de chacun des personnages, Ariane Mnouchkine a su mettre son art à donner, elle aussi, dans une grandeur sobre, la force de l'essentiel. Si l'on sent ce spectacle de la lignée des Shakespeare, les rideaux de riches étoffes, les costumes de samouraï ont pourtant laissé place à des « vêtements de tous les jours ». L'important ici va devenir le sol même, un bois sublime sur lequel les acteurs nous offrent des miracles. Allez assister à celui du onzième orteil par exemple, au terrible moment ou Sihanouk crache à l'ambassadeur des Etats-Unis qui le prend de haut: « Tenez, voyez les journaux. D'abord le Cambodge est petit, ensuite, il est très petit, le lendemain, je lis qu'il est extrêmement petit, le voilà minuscule, c'est le royaume de poche, c'est un reste inutile, c'est un onzième orteil, c'est une poussière dans votre oeil, c'est une croûte, c'est un rien! Où est-il? il va disparaître. Il a disparu! » Et sur ces mots Georges Bigot qui incarne Sihanouk de sembler faire crever une bulle de savon. 0 SERGE HUREAU Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, en janvier. IMAGE TARGET. Walter Lloyd, héros du dernier film d'Arthur Penn, Target, est le contraire d'un Rambo. Llqyd, ancien agent de la CIA, est un homme las de vivre et cousu de remords. Qu'il ait été blanchi et nanti d'une nouvelle identité par son employeur qui lui conseille de se faire oublier ne suffit pas à lui faire retrouver la sérénité. TI ne nourrit pas d'esprit de revanche, ses actions passées au service du pays sont pour lui source de doutes et de dégoûtS. Rambo ignore le remords, seul le fait agir le sentiment d'avoir été floué au Viet-Nam et sa conviction, body-building oblige, d'être une bête de guerre. Walter Lloyd, interprété par un Gene Hackmann ridé, fatigué, souffre d'avoir mis sa propre intelligence au service de coups fourrés. Après tant de mensonges la vie avec une femme et un fils qui n'ont jamais rien su de ses activités est également un tourment. Dans Bonnie and Clyde, Arthur Penn s'en était pris au mythe du grand bandit conquérant des coeurs et des coffre-forts. Avec Target (la cible, titre qui suggère la détermination de l'agent secret) il tord le cou à toutes les raisons d'Etat et autres manoeuvres de déstabilisation. Quand son épouse disparaît, Walter pense qu'on règle son compte à l'ancien agent. Le réalisateur semble vouloir dire que dans un pays vraiment démocrate, et Arthur Penn n'a jamais cessé de croire à une Amérique à la recherche du bonheur et de la justice, les pères ne devraient pas avoir à rougir devant leurs fils de leurs engagements pour la raison d'Etat. Ce fils qui interroge son père est un peu l'image d'une Amérique qui se voudrait toujours jeune et innocente, image perdue maintes fois, les films de Penn en font, l'un après l'autre, Il le constat, mais que pour lui, il ne faut " Charles::~::::::~::::~~::Charles 12 janvier 2012 à 18:30 (UTC)::~j~am::ru:·s~cesse::::r:d:e!po::urs~m~·vr~e:. ______ ~C~.~D~. Black and Blue. BRAVO. Pour une fois, un film sélectionné dans plusieurs festivals, le festival de Montpellier (qui ne décerne pas de prix) puis le festival d'Amiens qui lui a attribué son Grand Prix, sort dans les salles. Ce film, Bâton Rouge est l'oeuvre d'un jeune réalisateur, Rachid Bouchareb. Croire à ses rêves, c'est déjà les réaliser. Les trois copains, Mozart, Abdenour et Karim qui se rendent aux Etats-Unis croient à la possibilité de créer tout, tout de suite. L'amitié indéfectible qui unit les trois garçons exclut d'emblée tout racisme pour faire place à une solidarité militante et joyeuse. Ça nous fait bien plaisir de voir la sortie d'un film distingué par un festival créé à l'initiative du MRAP. C. D. BAYAN KO du cinéaste philippin, Lino Brocka, a été tourné clandestinement en 1984, peu après l'assassinat du leader de l'opposition Aquino. Lors de sa présentation au festival de Cannes, Lino Brocka avait étonné le public par sa détermination : continuer à faire des films, continuer à lutter contre la dictature du président Marcos. Il a choisi de faire une oeuvre qualifiée de « film noir » par la critique française qui lui a trouvé des ressemblances avec certains films américains de John Berry. Ce n'est pas là coquetterie d'auteur. «Mais, a-t-il expliqué, cette forme convient le mieux à la modestie du budget et au type d'histoire que je raconte. J'ai tourné au milieu du petit peuple de Manille qui sait quel genre de 7, rue Decrés - 75014 Paris Tél. : (1) 45.40.40.75 Production - Edition - Distribution films je fais. Je me sentais chez moi. Tous les policiers du film sont de vrais policiers. Certains ont fermé les yeux sur notre tournage, d'autres ont col/aboré activement avec nous. » Les rapports sociaux dans la société philippine sont fondés sur de violents affrontements. Le couple d'ouvriers du film, Luz et Turing, est soumis au bon vouloir de leur patron qui accorde, paternaliste, un congé à Luz enceinte, Congé sans solde, à condition que Turing n'adhère pas au syndicat. Brocka réussit à filmer l'urgence, l'impasse dans laquelle se trouvent ses héros et son pays sans qu'un instant le plaisir du spectateur en soit affecté. 0 CHRlsnANE DANCIE Cinéma sans visa, slIr FR3, le 15 janpier. DISQUES - K7 - VIDEOCASSETTES ARABES (Oum Kalsoum -Idir - Warda - Farid El Atrache - Cheb Khaled ... ) EGALEMENT DISQUES AFRICAINS, CORSES ... Fournisseur des C.E., associations, disquaires, discothèques municipales (Catalogue et tarif sur demande) 12 janvier 2012 à 18:30 (UTC)----------------------------~m Différences - n° 52 - Janvier 1986 La République et l'antiracisme (II) L'arrivée du jour de Au milieu de la grisaille générale qui règne avant la révolution de 1848, Victor Schoelcher reprend le flambeau de l'égalité. En février 1848, la monarchie de Juillet tombe sous la pression des barricades. Quelques mois plus tard, la seconde République abolit l'esclavage dans toutes les colonies françaises. Cette fois sera la bonne. Ah, quelle est douce, cette fin de l'an X, dans la colonie de Guadeloupe! Huit ans après l'abolition de l'esclavage par la Convention, le tout-Pointe-à-Pitre n'en revient pas de tant s'amuser, de ces festivités incessantes qui donnent le vertige aux belles créoles, alors que les vents de la nuit apaisent un peu les touffeurs tropicales. Mais tout le monde n'est pas à la fête. Il y a dans la ville un échafaud sur lequel on a dressé une cage de fer. Un condamné y est placé « à cheval sur une lame tranchante, les pieds portant dans des étriers. Des liens disposés d'une certaine façon empêchent qu'il ne puisse tomber autrement que perpendiculairement, à cheval sur la lame. Pour éviter les atteintes de la lame, le malheureux ( ... ) est obligé de tenir les jarrets continuellement tendus ». Il va rester ainsi près de 48 heures. Lorsque la fatigue est trop forte, il s'effondre. La douleur le relève. La mort est sa délivrance. Ce que fêtent les familles fortunées de Guadeloupe n'a rien à voir avec l'égalité révolutionnaire, et la République ne mérite plus son nom. Bonaparte l'a confisquée en France. Il l'abolit outre-mer. Un arrêté consulaire du 16 juillet 1802 stipule laconiquement : « La colonie de la Guadeloupe et dépendances sera régie à l'instar de la Martinique, de Sainte-Lucie, de Tabago et des colonies orientales, par les mêmes lois qui y étaient en vigueur en 1789. » L'homme qui va périr sur la lame de la cage de fer est l'un de ces citoyens français, jadis esclaves, qui ont osé faire valoir ce « droit de résistance à l'oppression » proclamé par l'Assemblée nationale après la prise de la Bastille. e Olre Et pourtant, ce sont bien ces citoyens français qui ont chassé l'Anglais de Guadeloupe et l'on rendue à la République. Lorsqu'ils ont compris que le Premier consul voulait leur arracher une citoyenneté si chèrement payée et rétablir l'esclavage, ils se sont battus avec l'énergie du désespoir. Leur foi républicaine éclate dans la proclamation pathétique du colonel Delgrès, chef de la résistance: « Et vous, Premier consul de la République, vous, guerrier philosophique de qui nous attendions la justice qui nous était due, pourquoi faut-il que nous ayons à déplorer notre éloignement du foyer d'où partent les conceptions sublimes que vous nous avez si souvent fait admirer? » Les Républicains de Guadeloupe sont écrasés, mais ceux de Saint-Domingue, plus nombreux, plus aguerris, mènent la vie dure aux armées consulaires. Il est significatif que Napoléon connaisse sa première défaite militaire face aux citoyens insurgés de Saint-Domingue qui chargent derrière le drapeau tricolore, en chantant la Marseillaise, les soldats venus de France pour les asservir. La forfaiture de Bonaparte coûte cher à la France et à l'humanité. Saint-Domingue proclame l'indépendance sous le nom de Haïti, le 1er janvier 1804. Trahie, privée de son rêve antiraciste, l'ancienne colonie massacrera tous les Blancs l'année suivante. Napoléon lui-même, vaincu par les peuples d'Europe dont il avait failli être le libérateur, se souviendra, à Sainte-Hélène, de cette cuisante et symbolique défaite : « C'était une grande erreur d'avoir voulu soumettre Saint-Domingue par la force. Je devais me contenter de la gouverner par Toussaint. » Pendant près d'un demi-siècle (du 18 brumaire à la Révolution de 1848), il n'y a plus de République. Au milieu des minables règlements de compte de la Restauration, la liberté de culte parvient vaille que vaille à se maintenir, mais l'esclavage et la traite prospèrent dans les colonies. Même les mouvements philanthropiques qui larmoient en faveur des pauvres nègres sont anémiés par la médiocrité ambiante. Lamartine, membre influent de la Société pour l'abolition de l'esclavage, est un bon exemple de cet abolitionnisme honteux empêtré dans le « réalisme » qu'impose la domination du tiroir-caisse. Dans un discours de 1835 devant la Chambre louis-philipparde, il explique aux députés convaincus d'avance: « Nous ne devons pas oublier (. . .) que ce que nous traitons froidement et sans danger à cette tribune touche à la propriété, à la fortune, à la vie de nos compatriotes des colonies (NDLR : les Blancs propriétaires d'esclaves), que nous devons veiller à leur sûreté, que nous ne devons éveiller dans les esclaves d'autres espérances que celles que nous pourrons satisfaire sans commotion pour les colonies, sans ruine pour les propriétés, sans trouble et sans agitation pour les esclaves. » sort des ouvriers français est plus déplorable que celui des esclaves (c'était un des arguments des propriétaires coloniaux contre l'abolition) » et dans le plus pur style de la tradition républicaine, ces ouvriers proclament: «C'est pour obéir au grand principe de la fraternité humaine que nous venons de faire entendre notre voix en faveur de nos malheureux frères les esclaves. » Dans les colonies, les esprits s'échauffent. Les propriétaires se cramponnent au système et renforcent encore l'étanchéité des barrières raciales. Les fuites d'esclaves vers les îles anglaises se . multiplient. Les ateliers sont en effervescence. A côté de notre scrupuleux poète, les industriels de la En février 1848, la monarchie de Juillet tombe sous la betterave apparaissent comme des extrémistes. Ils lancent pression des barricades parisiennes. C'est la République! à la même époque cette réclame humanitaire: « Le sucre Le savant François Arago, vieux républicain et ami de de canne est le vil produit de l'esclavage, tandis que le sucre Schoelcher, est nommé par acclamation ministre de la indigène (français) est le noble produit du travail libre. » Marine et des colonies dans le gouvernement provisoire. Au milieu de cette grisaille, c'est un républicain farouche, Face aux cris des planteurs qui l'assaillent, il hésite à Victor Schoelcher, qui reprend le flambleau de l'égalité. prendre des décisions révolutionnaires sur la question de En 1838, il participe à un l'esclavage. Schoelcher, qui concours organisé par la So- arrive à Paris, le 3 mars, ciété pour l'abolition sur le court chez Arago: «Il ne thème: «Quels seraient les faut pas attendre, supplie-t-il, moyens d'extirper le préjugé sans quoi, au contraire de ce barbare et injuste des Blancs - - que vous ont raconté les cocontre la couleur des Afri- -----____ Lons, c'est la Révolution, le cains ? » Le jury, présidé par --- sang et la ruine aux colonies. le duc de Broglie, lui accorde _____ - _ Sur mon honneur, je vous une «mention honorable» ______ assure que les colons n'auront qui cache mal son embarras. ~ pas à pâtir si l'abolition est Schoelcher a commis deux ___ immédiate. Dans le cas ind l iscr~!io~s. Il a ralPpelé lque ~..;.0 ~ c~mtraire, je ne garantis « e prejuge contre a cou eur nen. » des Noirs se lie intimement au Arago, gêné, tend une feuille fait de la domination que de papier à son interlocul'homme blanc exerce sur teur: «Tenez, Schoelcher, l'homme noir ». C'est faire installez-vous là; Ecrivez de l'abolition une condition vous-même ... » Sur papier à nécessaire à l'anéantissement en-tête de la République du préjugé, et mettre le pou- française, au-dessous de la voir en accusation. Ensuite, devise Liberté, Egalité, Frases longs développements sur Quand l'insurrection devient un devoir... ternité. Victor Schoelcher l'histoire africaine ont déplu. inscrit: «Le gouvernement Il y évoque la grandeur des provisoire de la République, empires soudanais, la valeur d'un Toussaint Louverture, considérant que nulle terre française ne peut plus porter rappelle, citant un article, que «sur la rive gauche du d'esclaves, décrète: une commission est instituée auprès du Sénégal, on trouve plJs de Nègres sachant lire et écrire ministre provisoire de la Marine et des Colonies pour l'arabe ( .. .) que l'on ne trouverait dans nos campagnes de préparer dans le plus bref délai « l'acte d'émancipation ». paysans sachant lire et écrire ». En invitant la civilisation Le 26 mars, la Martinique apprend que la République est européenne à plus de modestie, il désamorce le coeur même proclamée. L'information soulève les esclaves. Pour eux, le du préjugé et se démarque de l'abolitionnisme paternaliste nouveau régime signifie la liberté. Face aux atermoiements des notables auxquels il a confié sa copie. de l'administration qui déclare: « Rien n'est changé jusqu'à L'esprit de la République est revenu. Schoelcher côtoie présent. Vous demeurez esclaves jusqu'à la promulgation de des cercles socialistes et l'on retrouve dans son argumenta- la loi », les Martiniquais se révoltent. Le 23 mai, le conseil tion les préoccupations des ouvriers révolutionnaires de municipal de Fort de-France est contraint de proclamer 1848. Aux esclavagistes qui évoquent leur ruine inévitable l'abolition immédiate de l'esclavage. en cas d'émancipation, il répond: «Je ne pense pas un Lorsque l'envoyé du gouvernement de la République instant à lier la notion de votre profit à celle du salaire mérité accoste à Fort-de-France, le 3 juin 1848, muni de l'acte par le travail. » Et il retrouve l'inspiration de la première officiel d'émancipation, il n'y a déjà plus un seul esclave en République lorsqu'il écrit, dès 1833: «Pour l'esclave Martinique. L'esprit de la République a réédité l'épopée comme pour le peuple opprimé, l'insurrection est le plus de 1794. Les ouvriers de Paris que le suffrage censitaire saint des devoirs. » excluaient de la vie publique ont renversé le trône. Les A mesure qu'on approche de 1848, l'opposition républi- esclaves des colonies n'ont pas voulu être en reste et brisent caine se renforce. Son programme colonial a été briève- leurs chaînes. Les uns et les autres redeviennent citoyens. ment résumé par Schoelcher: abolition immédiate! En Et c'est « au nom du peuple français» que la deuxième 1844, des milliers d'ouvriers parisiens et lyonnais pétition- République décrète, cette fois pour toujours: « L'esclanent en faveur de cette revendication : « Nous éprouvons vage sera entièrement aboli dans toutes les colonies ( .. .) le besoin de protester hautement, au nom de la classe françaises ... » 0 ouvrière, contre .les .souteneurs de l'esclavage qui osent JEAN-LOUIS SAGOT-OUVAUROUX ~p;:;:re::'t::en::d:::r-::e..:..,- :e;;;-ux~q~ullr;;a~g:lS:;,se;:-n1ctiieit;n_c_o_n_n_a_is_s_an_c_e_d_e~ca:.:.:us.:::..e:....,2 q..u:.:.-e..:.:le:....--_--.:p..:'.:o::ch:::a::i::.:n...:a::rti.::·:.cl::e:...:.:...· L~a...:t::.ro:::i:sl:·è:::m:e~R~é~p~u~bl~iq~u~e:.:._ _____J Il Différences - n° 52 - Janvier 1986 mTmRE ______________________________ ~ Fête nationale Jesse Jackson, Randall Robinson, les héritiers de devant l'ambassade d'Afrique du Sud aux Etats-Unis. des années 50 et 60 et du début des années 70 ? Le « rêve » de Martin Luther King a-t-il été tué en même temps que lui ? Il faut se souvenir que le Mouvement noir a dû subir une implacable attaque concertée de la part du gouvernement américain, qui allait du programme anti-pauvreté (dont l'objectif était en fait de se débarrasser d'une certaine catégorie de leaders noirs) à l'assassinat politique (4), au plan Cointelpro du FBI (5) et à l'inondation des communautés noires par la drogue. Que reste-t-il aujourd'hui de la pensée de Martin Luther King? Il est sûr que son action s'inscrivait parfaitement dans le contexte d'alors de l'histoire des Noirs américains. Il est sûr également qu'elle ne correspondrait plus aux données actuelles. Mais, les idées fondamentales de Martin Luther King sustentent toujours l'essentiel des luttes des Noirs aujourd'hui. Déjà, dans son « rêve », à Washington en 1963, il avait affirmé qu'il n'était pas seulement un leader noir luttant pour les droits civiques de son peuple, mais qu'il s'adressait à tous les Américains. Son mouvement voulait libérer la nation américaine et aider le peuple tout entier à se libérer LUTHER KING CANONISÉ A partir de dorénavant, le 15 janvier, jour anniversaire de la naissance de M .l. K. est fête nationale aux USA. Une façon pieuse de l'enterrer. Mais les héritiers veillent. .. et ceux qui luttent en son nom sont légion, à commencer par Jesse Jackson. Le 15 janvier, jour de la naissance de Martin Luther King Jr, est désormais jour de fête nationale aux EtatsUnis. Est-ce à dire que la nation américaine reconnaît les objectifs de son combat, que les Noirs sont enfin devenus des Américains à part entière? Pour couronner le tout, toujours sous prétexte d'économies, l'administration Reagan s'est attaquée méthodiquement aux acquis des Droits civiques de 1964. Déjà, c'en est fini de 1'« affirmative action» (1), du «busing» (2) et même de l'intégration scolaire puisque Reagan a décidé d'accorder des subventions à des établissements pratiquant la ségrégation. Aujourd'hui, il modifie la Loi sur le droit de vote de 1965, en sorte de priver de leurs droits des millions d'électeurs appartenant aux minorités ethniques. Les mouvements néo-nazis, le Ku-Klux-Klan ont pris un nouvel essor et les Noirs sont toujours leur cible privilé- Il n'en est rien tout le monde le sait. Les Noirs des giée. Le racisme est toujours inscrit implicitement dans la Etats-Unis, après les progrès des années 60, connais.sent législation américaine et le fossé entre les Noirs et les aujourd'hui la pire situation qu'ils aient vécu.e depUiS la Blancs n'a fait que s'élargir depuis dix ans. grande dépression de 1930. Dès son premIer budget, Contre toutes ces attaques, la communauté noire réagit, Reagan a pratiqué des coupes sombres dans les bud.ge~s évidemment. On assiste aujourd'hui à une multitude sociaux, dont les Noirs sont malheureusement les pnncI- d'actions au plan local contre les compressions budgétaires, paux bénéficiaires, et sans lesquels la majorité d'entre eux les fermetures d'écoles ou d'hôpitaux, pour la défense de ne peut survivre. l'habitat et la rénovation des quartiers déshérités. Les Ainsi, le budget fédéral d'aide sociale a été réduit de vingt pasteurs et les prêtres prennent une place importante dans milliards de dollars depuis trois ans. Les coupes portent ces actions. Les organisations de quartier sont animées par principalement sur les tickets alimentaires (food stam~s), des jeunes Noirs progressistes, d'ancien militants du sur les déjeuners servis aux enfants des écoles, s';lr l'aIde SNCC (3), ou des Panthères noires et, très souvent, par des aux familles nombreuses (welfare), sur les subventIOns a~x femmes, dont il faut souligner le rôle grandissant de HLM, sur les budgets d'éducations et de sa~té. Les Nous leadership dans les quartiers pauvres. sont les plus frappés par le chômage, deux fOlS plus que les Mais il n'y a pas un grand mouvement national, pas de Il t..:B~la~n~c:s:,: ~s~u~r ~la~m::o~y~e::n~n:e~n:a:::t:::io::..:n:::a:le:.~ __________l_ e_a_d_er_ch_a_r_is_m_a_t_iq..:,u_e_._Q_u_'e_s_t-_il_a_r_n_·v_é_à_Ia_re_'v_o_lu_t_io_n_n_o_ir_e--J lui-même. Martin Luther King désignait le système lui-même comme la racine du mal. Il prêchait «une révolution de notre système de valeurs » (6). Par là, il devenait très dangereux. Au point qu'on n'hésita pas à l'assassiner. Mais son message a été reçu. Et aujourd'hui, les Noirs luttent pour l'union de tous les Américains, quelle que soit leur couleur, leur religion, leur philosophie. C'est la Rainbow coalition qui fut le moteur de la campagne électorale de Jesse Jackson en 1984. C'est l'immense succès de la marche sur Washington du 27 août 1983 qui réunit trois cent mille personnes de toutes les couleurs, encore plus qu'en 1963. Pour Martin Luther King, la situation des Noirs aux Etats-Unis n'était qu'un aspect d'une oppression mondiale, et il prônait l'unité du peuple noir américain avec les peuples du tiers monde en lutte pour leur indépendance. Il voulait que le monde devienne une « communauté bienaimée ». Là encore, sa pensée est toujours bien vivante de nos jours. Le soutien des Noirs va aux Palestiniens. Ils sont actuellement aux avant-postes dans la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud. Depuis plus d'un an, ils manifestent devant la Maison Blanche pour exiger la fin de la collaboration économique et militaire des Etats-Unis avec Pretoria. Tous, députés, élus municipaux, leaders politiques et spirituels, artistes, sportifs, simples citoyens ... Martin Luther King s'était aperçu aussi que la persuasion morale ne suffit pas et que le combat doit s'appuyer sur un pouvoir politique réel. Depuis le milieu des années 70, tous les mouvements noirs ont adopté la stratégie électorale et il y a aujourd'hui vingt-et-un députés noirs à la Chambre des Représentants (mais pas un seul sénateur noir), de nombreux maires noirs, y compris dans les grandes villes comme Cleveland, Chicago, Philadelphie, Atlanta ou Detroit, des juges, des hauts fonctionnaires, etc. Bien qu'ils ne représentent encore que 1 .% des élus américains et que, le plus souvent, ces élus nous sont condamnés à pratiquer l'art du Différences - n° 52 - Janvier 1986 (Suite page Martin Luther King. n()T; CR()I'5ÉJ HORIZONTALEMENT: 1. Vivent dans l'eau. - 2. Hors de danger. Conjonction. - 3. Pronom relatif. On y battait le blé. - 4. Habitudes. Contraindre. - 5. Argile. Espace de temps. - 6. Pour la rose. Ruminera bientôt. -7. Préposition. Aptitude à une chose. - 8. Volumes. Fatigue. - 9. Se dit à un ami. Forte tête. Obstacle. - 10. Ville de Belgique. Boîte à cendres ou à boules. 2 3 4 5 6 7 VERTICALEMENT: 8 1. Orne les prairies. - 2. Projectile. Enlève les impu- 9 2 3 4 ..." .. " :. ~~ : ............ ,... .. ......., '::. , .... . ~ .. : .......... ::: •..... ..........................: .:... .............:. . .... .: ...... ~. ......... •.•. ". .....: .~ . .........: 5 6 7 8 9 10 retés. - 3. Emporte nos an- ~---4-- cêtres. Note. - 4. Indique la 10 condition. Enduite d'un corps L....---JL-----J'----I_--'-__ gras. - 5. Assis. Dans le nom de villes brésiliennes. - 6. Sert à voir. - 7. Saint qui fonda l'Oratoire. Désiré. - 8. D'une mer. - 9. Risques. Enfant de Tonnerre. -10. Vu écrit. En Espagne. Pronom réfléchi. , 11()T$ fASIEJ IP SE ANG AN AT BE SE CTI HA ElL EUR CU CE PR ET CE LA CO CA CE CT DI GO GLE HE IS lA INT LU LE LE NE NG ME ME LO PR RE MM RRE NE ME RFA 01 RC NG PO SO SU TR TE RI ON UR UE VO UR UT RGE XA A partir de la grille ci-dessus, il s'agit de retrouver 20 termes géométriques. Chaque groupe de lettres ne peut être utilisé qu'une seule fois. Solutions des jeux du numéro précédent La chaîne des mots Coq, col, cil ail, aïe, âne - Veau, velu, vèle, pèle pâle, pare, parc, porc - Seau, veau, velu,. vèle, vile, vi~e.Ver, fer, feu, fou, mou - Mou, cou, col, dol, dos, dus, dur. - Ver, mer, mur, dur. - Tante, tmte, pmte, pIete, pièce nièce. - Noir, noie, voie, rôle, pôle, pâle. - Bleu, blés, bues, mues, murs, mers, vers, vert. la valeur des lettres N 4, E 8, U 0, F 7, C 1, A 9, R 2. Mots croisés Horizontalement: 1. Adélaïde. - 2. Pucelle. Aa. - 3. Perse. Sots. - 4. Osiers. Ute. - 5. Net. Es. - 6. Ta. Son.- 7. Erigera. As. - 8. Rude. Iman. - 9. Amènes. Ute. - 10. Santé. - Es. Verticalement: 1. Apporterai. - 2. Dues. Arum. - 3. Ecrin. Ides. - 4. Lésée. Gêna. - 5. Alertée. En. - 6. Il. ~ L-_________________ -L_ _____R_ is_t._-_7_._D_e_s_._sa_m_._-_8_._0_U_._A_u_._-_9_._A_t_te_n_an_t_e._- 10_ ._C_a_se_s_,E _s_, _________________________~ OURROER ____________________________ ~~ . Précisions L'in téressan t article consacré par Philippe Dewitte à Lamine Senghor et Tiemoko Garan Kouyaté ne donne pas toute la dimension de ces personnalités hors série. Lamine Senghor n'est pas né à Joal mais à Kaolack. De retour en France en 1922, il milite d'abord au sein de l'Union intercoloniale qui rassemble à Paris les élites colonisées groupées autour du Paria. Il adhère très vite au parti communiste et en 1924 est candidat du PC dans le XIII' arrondissement (il obtient 965 voix au premier tour). En 1926, Lamine Senghor ne fonde pas le Comité de défense de la race nègre, mais est élu président de ce comité qui remplace la Ligue universelle de défense de la race nègre, lequel avait été fondé par Marc Tavalou Houénou -- l'organe s'appelait alors les Continents et c'est à la suite du procès Diagne contre les Continents que, sur les conseils de Jacques Doriot, responsable colonial du parti communiste et de Me Henri Torrès, défenseur de Tovalou Houénou que la transformation (de ligue en comité) eut lieu. En février 1927, Lamine Senghor participe au congrès organisé à Bruxelles par la ligue contre l'oppression coloniale dont le siège était à Berlin (10 Montbijouplatz). Ce congrès débouche sur la création de la Ligue anti-impérialiste. Lamine fait partie du bureau. Le comité d'honneur est composé de Mme Sun Yat Sen, Albert Einstein, Henri Barbusse, Maxime Gorki, l'Indonésien Mohamed Hatta, Jahawarbal Nehru, Messali Hadj, les Belges Paul Henri Spaak et Charles Plisnier et l'Allemand Willy Munzenberg. Le discours de Lamine Senghor à Bruxelles eut un extraordinaire impact. Ce n'est pas Tiemoko Garan Kouyaté mais Lamine Senghor, à la suite de discussions avec les élements antillais, qui fonde le 22 mai 1927 la Ligue de défense de la race nègre avec un organe mensuel la Race nègre. Lamine Senghor avait publié la Violation d'un pays, brochure citée par Gustave Gautherot annoncée dans le numéro 1 de juin 1927 de la Race nègre. Par ailleurs, Bango, le roman de Claude McKay (New York 1927) est largement inspiré de la biographie de Lamine Senghor. Certes, comme le dit Philippe Dewitte, « il est temps de redécouvrir ces pionniers» à condition de les replacer dans l'ambiance de l'époque, celle de la résistance haïtienne à l'occupation américaine (1915-1934) avec les personnalités comme Jean Price Mars, Léon Laleau et le Dr Léo Sajous qui fit la liaison avec les milieux parisiens et avec ce remarquable pionnier que fut Marc Tovalou Houénou et aussi avec Emile Faure. ROBERT CORNEVIN Secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences d'Outre-mer Rappelons à ce propos que l'article de Philippe Dewitte, forcément raccourci pour des besoins de mise en page, renvoie à sa thèse sur les Mouvements nègres en France, à paraître aux éclitions L'Harmattan. S]lLATITUOE 4S] AGENCE DE VOYAGES DES PRIX ET DES IDEES 21, rue de la Roquette - 75011 Tél. : 48.06.39.59 - Télex 213 384 13, bd Arago - 75013 Tél. : 43.37.46.49. Licence A 1767 Les Petites M!nonces de Différences JH cherche emploi dans les relations publiques ou l'hôtellerie de préférence. 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Tarif: 25 .. ' T.T .C. la ligne (26 signes ou espaces) Texte et règlement à Différences: 89, rue Oberkampf 75011 Paris Tél. 806.88.33 Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient d'une insertion gratuite par an (maximum 5 lignes) 1 1 1 1 1 1 1 LJ_ L.L _ L_LL~.----,------,--I --..JI 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 I--..J 1 1 1 1 1 1 1 1--.1 Tuberculeux, très affaibli, installé avec sa famille à Roquebrune- sur-Argens (Var), il fait en juillet un dernier voyage à Paris. La mort de son fils Sène L 1 1 (août 1927) ass;mbrit ses der- 1 1 1 niers mois. Attemt de paralysie L 1 1 générale en octobre, il meurt le X - - - - - - - - - - - - Il 1 ~25~n~o~ve~m~~br~e~1~9f:2f7à~F;ré~j~Us~.ï9iCharles , T -- n° Il GENOA ________________________________ ~ 7 Jusqu'au 12, spectacle de chants populaires de l'Himalaya à la Maison des cultures du monde à Paris. Le chant des fous, les Bauls du Bengale, le Chakri et le Bhakha du Cachemire à l'honneur. 0 8 Lettre de Juliette à Térésa, une chorégraphie de Bernadette Doneux, au 18 Théâtre, jusqu'au 19. 16, rue Georgette- Agutte, 75018 Paris. Tél. : 42.26.47.47. 0 9 Jusqu'au 15, représentations du Mystère de la joie de l'abbé Pierre, au théâtre des Mazades à Toulouse. Cette pièce de théâtre mise en scène par Francis Morane, sera reprise au théâtre municipal de Grenoble les 17 et 18 janvier, puis le 18 février par le théâtre André- Malraux à Rueil-Malmaison; enfin, les 21 et 22 février par le Théâtre Jean-Vilar à Suresnes. 0 9 Festival culturel japonais: spectacles, réprésentations, expositions, art et artisanat japonais, salle Athéna à Nice, jusqu'au 20. 0 1 0 et 11, séminaire sur le thème Voyages, accueils dans le tiers monde, plan d'aménagement et développement, organisé par Dev-Tour, à l'IFOCAP, 6 bis, avenue Henri- Barbusse, 91210 Draveil. Tél. : 48.24.18.18. 0 10 Jusqu'au 19, représentations théâtrales de la pièce d'Halo Svevo, les Deux Cousines. Mise en scène par Laurence Février, cette création, dont les principaux rôles sont tenus par Martine Bertrand, André Chaumeau, Laurence Février, Anita Plessner, Catherine Raffaeli, Rodolfo de Souza et Patrice Thoméré, s'inscrit dans le cadre de l'exposition Le bateau blanc, orgnisé par le centre Georges-Pompidou. Après son passage à Beaubourg, ce spectacle sera présenté au CECAS de Pavillons-sous-Bois, du 23 au 26 et le 28 au théâtre minicipal de Chartres. En février, les Deux Cousines seront au CAC de Saint-Cyr-l'Ecole le 1", à l'Agora d'Evry les 18 et 19, le 22 au centre culturel Robert- Desnos à Ris-Orangis, le 28 février et le 1" mars au CEC de Val-d'Yerres, le 14 mars au théâtre Claude-Debussy à Maisons- Alfort, le 25 au théâtre municipal de Metz, le 27 à l'Espace planoise à Besançon et enfin, les 22 et 23 avril à la maison de la Culture de Bourges et le 25 au Théâtre municipal d'Epinal. 0 Il Dernier soir pour découvrir Boulevard du mélodrame, une pièce de Juan Pineiro, mise en scène par Alfredo Arias, avec Jean Rochefort. Renseignements et réservations

théâtre de la Commune à

Aubervilliers, 2, rue Edouard-Poisson, 93300 Aubervilliers. Tél. : 48.34.67.67. 0 13 Jusqu'au 29, Christian Peythieu présente les Corps électriques, inspiré de Manhattan Transfert, de John dos Passos, salle Marcelin-Berthelot à Montreuil. Une coproduction CAC Montreuil, CDC Calais et centre culturel de la Courneuve. 0 15 Jusqu'au 25, Opérette de luxe, un spectacle musical, chorégraphique et scénographique présenté au Théâtre de la Bastille, 76, rue de la Roquette, 75011 Paris. Tél. : 43.57.42.14. o 4Jea nCU isLineiegr-r~oansne~edur TOUTE L'ANNEE Foie Gras Frais d'Oie et Canard Ses magrets de canard frais ou fumés Ses plats grande cuisine -58, rue des Mathurins 75008PARIS Tél.:42.65.50.46 18, rue Montmartre ® 75001PARIS Tél. :42.36.03.52 15 Projection du film de N. Lilenstein, les Révolutionnaires du Yiddishland, au centre Georges-Pompidou, pendant douze jours. 0 15 One-woman-show de Yolande Moreau, dans Sale Affaire du sexe et du crime. Cette histoire belge est présentée au Théâtre du Tourtour, 20, rue Quincampoix, 75004 Paris. Tél. : 48.87.82.48. 0 18 Dernier soir pour voir Lucrèce Borgia, de Victor Hugo, d'après une mise en scène d'Antoine Vitez au Théâtre national de Chaillot. 0 18 Musiques actuelles NiceCôte d'Azur. Ce carrefour musical propose 29 concerts et 36 créations à Nice, jusqu'au 1" mars. 0 21 Pendant trois jours, présentation, par le théâtre des Jeunes Années de Lyon, de la pièce de Akira Sanéto, les Yeux bleus du dragon, au théâtre des Louvrais, à Cergy-Pontoise. Mise en scène par Maurice Yendt et Michel Dieuaide, ce spectacle sera repris au centre d'action culturelle Pablo-Neruda à Corbeil-Essonnes, du 27 au 30 janvier. 0 21 Jusqu'au 8 mars, Danielle Vezolles et Alfredo Arias présentent la Vie de Clara Gazul, une pièce construite autour du Théâtre de Clara Gazul, de Prosper Mérimée. Renseignements et réservations: Théâtre de la Commune à Aubervilliers. Tél. : 48.34.67.67. 0 22 L'avenir de la protection sociale: la réponse des jeunes, colloque organisé par la Mutuelle nationale des étudiants de France, à la Maison de la chimie, 28, rue Saint-Dominique, 75007 Paris. 0 24 La première de Cosi fan tutte, l'opéra de Mozart, dirigé par sir John Pritchard, au Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pablo-Picasso, 92000 Nanterre. Tél. : 47.21.22.25. 0 25 Week-end de formation intitulé Mexique 86, organisé par le Centre rennais d'information pour le développement et la libération des peuples. Seront abordés: les mouvements urbains populaires, les droits de l'homme, les Indiens, le problème de la terre, l'agriculture. Renseignements: CRIDEV, 41, avenue Janvier, 35000 Rennes. Tél.: 99.30.27.20. 0 28 Slask, le Ballet national de Pologne se produit au Rutebeuf, 16-18, allée Gambetta, 92110 Clichy. Tél.: 47.39.28.58. 0 30 Conversation-rencontre sur le thème L'Inde: actualité politique et sociale, au centre Georges-Pompidou. 0 3 Premier Festival de la Commedia dell'arte, dans le cadre du 102' anniversaire du carnaval de Nice, pendant une semaine dans la vieille ville sur le cours Saleya à Nice. 0 4 Spectacle de danse sur les épisodes de la Vie de Krishna. Cette danse sacrée du Raslila se tient à la Maison des cultures du monde à Paris. 0 4 L'emploi des immigrés dans un contexte de crise économique et de transformation du travail, tel est le thème de la série d'interventions-débats, organisée par le centre Sèvres, jusqu'au 18 mars. Inscriptions et renseignements : centre Sèvres, 35, rue de Sèvres, 75006 Paris. Tél. : 45.44.58.91. 0 5 Dernière chance d'assister à la revue naïve les Tourlourous. Mis en scène et réalisé par Jean-Marie Sénia, ce spectacle traite, entre autres, des rapports du colon avec son pioupiou, au TEP, 159, avenue Gambetta, 75020 Paris. Tél.: 43.64.80.80. 0 9 Clôture de l'exposition des oeuvres inédites de Richard Baquié au Centre d'art dramatique contemporain, 61, cours Julien, 13006 Marseille. Tél. : 91.42.18.01. 0 12 Jusqu'au 23, Voyage au bout d'un rêve, création chorégraphique qui relate l'histoire d'une jeune danseuse aborigène, par la compagnie Brolga et Rosyln Watson, au 18 Théâtre, 16, rue Georgette- Agutte, 75018 Paris. Tél.: 42.26.47.47. 0 13 Vienne 1880-1938: la joyeuse apocalypse, tel est le thème de la grande exposition pluridisciplinaire que propose le centre Georges-Pompidou jusqu'au 5 mai. 0 Agenda réalisé par Dolores ALOIA ~~--------------------------------------------------------~ Suite de la page 45 MLK, « le levier qui a soulevé la conscience de la communauté noire» . compromis, cette stratégie électorale continue d'animer le combat des Noirs, dans la lignée de la pensée de Martin Luther King. Elle a trouvé son apogée dans la candidature de Jesse Jackson pour la présidence des Etats-Unis. Cette candidature n'a pas été seulement symbolique. Elle a remobilisé électoralement les Noirs qui avaient été découragés après la première élection de Reagan ; elle a proposé aux Américains une autre société fraternelle et juste, tournée vers tous les peuples qui luttent pour leur émancipation, elle a suscité une mobilisation sans précédent des hommes de progrès et elle a provoqué de profonds remous au sein du parti démocrate. On conn ait la lutte pour la paix menée par Martin Luther King, sans laquelle il est illusoire de vouloir la justice et la liberté. Aujourd'hui, les mouvements noirs l'ont inscrite en préalable à leurs luttes. Le 27 août 1983, la Paix figurait en tête sur les pancartes et banderoles. Quelle que soit la forme que prendra dorénavant la lutte des Noirs aux Etats-Unis, même si elle est éloignée de celle que lui avait donnée Martin Luther King, il reste que celui-ci a été bien davantage qu'un symbole. «Il a été le ils tissent .... k· . ~:'i?#jh::u-~'h! Î~ .ftt~l1i3:ti ': Ouvrage collectif ILS TISSENT LES COULEURS DE LA FRANCE La vie et la parole de migrants bâtissent l'épopée France. Collection "Le Feu de la vie" 154 pages· 44 F levier qui a soulevé cette communauté et l'a mise dans la rue pour le juste combat. » (7) Et maintenant, les Noirs veulent une autonomie et une identité politique et culturelle qui entraînera une prise de distance par rapport au système américain, mais qui restera néanmoins dans le cadre de la nation américaine. Cette spécificité rendra à l'Amérique sa véritable identité humaine. D ROBERTPAC (1) A.f.firmaJive action: Quotas à l'embauche des Noirs, des minoritaires et des femmes dans les entreprises travaillant pour le compte du gouvernement. (2) Busing : Transport obligatoire des élèves blancs vers des écoles noirs et réciproquement mm de réaliser l'intégration scolaire. (3) SNCC: Comité de Coordination des Etudiants Non-violents (on prononçait Snick) qui devint un élément moteur du « Black Power,. sous la direction de Stockely Cannichael. (4) Outre les assassinats de Malcolm X et de Martin Luther King, on doit attribuer au FBI le meurtre de 40 militants noirs entre 1968 et 1971. Plus de 300 autres furent arrêtés et emprisonnés sans jugement. (5) Cointelpro: Programme de contre-espionnage intérieur destiné à détruire les mouvements noirs, indiens, etc. et à «éliminer,. leurs dirigeants. (6) In La seule révolution, Paris, Casterman, 1968. (7) In Dieu est noir, de Bruno Chenu, Paris, éd. Le Centurion, 1977. Michel QUOIST PARLE-MOI D'AMOUR Avec Michel Quoist l'AMOUR redevient mystère, exigence, poésie. 264 pages· 68 F Il 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES D 1 an, 170 F D 6 mois, 100 F 1 1 D 1 an, 170 F D 6 mois, 100 F Nom ............................................... Prénom .............. ............................ .... 1 Nom ............................................... Prénom .................. .......... .. Adresse .......................................................................................... . 1 Adresse .......................................................................................................................... . ........................................................................................ .................... ................................ 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 ................... 1 - ':::::"::::::" ::::::"'"" ':::::"':::::"" """ " " ".:::::" ~ - - -:- '"::::::'"':::::"""""':::::"':::::"':::::"::::::""':::::".:::::"::::::'::::::"- JE M'ABONNE A DIFFERENCES 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES Dl an, 170 F D 6 mois, 100 F 1 Dl an, 170 F D 6 mois, 100 F Nom ................................................ Prénom.. ............................................ : Nom ................................................ Prénom ................................................ . Adresse ......................................................................................................................... . 1 Adresse ................................................................................................... . 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 Recueilli par (nom, adresse) : .................................................................................................................. ............................ 1 1 ....................................................................................................................... -- --.:"::::::"::::::"'""::::::"::::::"::::::"::::::"'"::::::"::::::"::::::" .. .. :::::: ..:: ::::. . ..~ +- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - JE M'ABONNE A DIFFERENCES : JE M'ABONNE A DIFFERENCES D 1 an, 170 F D 6 mois, 100 F 1 Dl an, 170 F 0 6 mois, 100 F Nom ................................................ Prénom ................ ........... ............. 1 Nom ............................................... Prénom ................................. ........... . Adresse .................................................................................. . 1 Adresse ..................................................................................... . .................... 1 Recueilli par (nom, adresse) : : Recueilli par (nom, adresse) : 1 ...................................... .................. .............. ... ........................................... ..... ................... 1


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JE M; ABO'NNE A DIFFERENCES Dl an, 170FD6mois, 100F Nom ............................................... . Prénom .................. .......... .. Adresse ....................................................................................................... . Recueilli par (nom, adresse) : 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES 1 1 D1an, 170 FD 6 mois, 100F 1 Nom ................................................ Prénom ...... ...... ................................ .. 1 Adresse ........................................................................ . 1 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 1 1 --------------------T-------------------- JE M'ABONNE A DIFFERENCES 1 JE M'ABONNE A DIFFERENCES

D 1 an, 170 F D 6 mois, 100 F

1 Nom .... ........................ Prénom D 1 an, 170 F D 6 mois, 100 F Nom ............................................. . Prénom Adresse ........................................................ .................... .................................... 1 Adresse .................................................................... . 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 Recueilli par (nom, adresse) : 1 Il ...................................... ......................... .... ..................... ... .............. l1 .......................... ............................. L-__________________________________ ~ _______________________________ ~ Différences • Grand concours d'abonnements a cinq ans .Ji -. , . 2e prix : un micro-ord inateur. - 1 er prix: un billet aller-retour pour New York pour deux personnes .- 3e au 1 Qe prix: une collection complète de livres. A parti r du 11 e prix : tout le monde gagne des milliers de livres, jouets, disques. Comment participer? C'est tout simple : faites le plus d'abonnements possible, en vous servant des bons imprimés ci-contre ou en les recopiant sur papier libre ou en photocopiant la page. D'autres bons sont disponibles aujournal. Attention : envoyez vos bons accompagnés du chèque le plus rapidement possible, par paquets de deux ou trois ou même un par un. Dès réception d'un premier abonnement, BEGtEMENT Le jeu est ouvert à tous, sans obligation d'achat, sauf aux collaborateurs du journal. Les abonnements sur papier libre seront acceptés et comptabilisés, à condition qu'ils portent le nom de l'abonneur, la mention «Concours Différences a cinq ans », et soient, bien entendu, accompagnés du chèque au montant nous vous ouvrirons « un compte » où seront comptabilisés les abonnements que vous avezfaits. En cas d'ex aequo, le prix ira au lecteur qui a envoyé le plus vite ses dix premiers abonnements. Pour vous faciliter la tâche, le jeu est aussi ouvert aux abonnements de six mois. Mais attention, ils seront comptabilisés pour un demi-point. correspondant. La liste des gagnants sera proclamée et les prix remis le vendredi 7 mars 1986 dans les locaux du journal. DATE LIMITE Le jeu est ouvert jusqu'au 28 février à minuit, le cachet de la poste faisant f oi. 11 F pau plus 2,20 F. a. J'Ca" • MRAP. Se renseigne, fil. . (1) 48.06.88.33. •, • • • • • • • • • • • • • •• • •

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