Différences n°51 -Décembre 1985

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Sommaire du numéro

n°51 de Décembre 1985

  • Deux marches c'est beaucoup par J.M. Ollé
  • Qui est qui? Article 31 fait le point sur les idées de l'extrême-droite par Durand-Dupont
  • Un chilien au Havre (directeur de la maison de la culture) par J.J. Pikon
  • Racistes les français? par D. Aloia [racisme]
  • Dossier: la France qui se bouge par J. Roccia, M. Rollinde, J. Tavano, R. Mauconduit
  • La pêche au chômeur (thérapie par le théâtre) par J. Tavano
  • Le complexe de Néron: réédition du portrait du colonisé de A. Memmi par J. Boaz
  • Réflexion: la République nous rappelle par J.L. Sagot-Duvauroux
  • Le rouge et le nègre par Philippe Dewitte

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Le magazine de l'amitié entre les peuples EN AVANT. Magazine crêépar le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), édité par la Société des éditions Différences 89, rue Oberkampf 75011 PARIS Tél. : (1) 48.06.88.33 DlRECTEUIl DE lA l'IIBLICATIOIlI6EIlAIIT Albert Lévy RÉDACTIOII Rédacteur en chef Jean-Michel Ollé Secrétariat de rédaction/maquettes: Véronique Mortaigne Service photos : AbdelhakSenna Culture: Daniel Chaput Relations extérieures : Danièle Simon ADMIIIISTIIATIOIII6ESTIOII Khaled Debbah ABOIIIIEMEIITS 1 an: 170 F. lan id)élranger: 200 F. 6 m'Ois: 100 F. Etudiant~, et chômeurs, 1 an : 140 F. 6 m'Ois ;' 80. Ji' (joindre une photoc'Opie des cartes d'étudiant ou 4e pointage). S'Outien : ZOO F. Abonnement d'honneur: 1 000 F. Algéne:14 dinars. Belgique : 140FB. Canad4 ; 3dollors. Moroc : 10 dirhams. PfJBI.Ictl1 AU .If1IiRtw. Photocomposition - photogravure impression .: PCP, 17, place de Villiers, 93100,Montreuîl. Tél. : 42.87.31.00 Commission paritaire n° 63634 ISSN 0247-9095. Dépôtlégal: 1985-12 La rédaction ne peut être tenue pour responsable des textes, documents et photos confiéS. ONT COLLABORE A CE NUMERO: YORO N·DIAVE. DURAND·DUPONT. DOLORES ALOIA, MAHAMOUD AHMED, ROBERT ' PAC, YVES THORAVAL, ALAIN RAUCHVARGER, PIERRE VALLEE,JULIEN BOAl, . STEPHANE JAKIN, JOELLE. TA· VANO, ' MARGUERITE ROLLINDE, JEAN ROCCIA, REGINE MAUCONDUIT, JEAN· LOUIS. SAGOT-DUVAUROUX, CHRISTIANE DANCIE, PHILIPPE DEWITIE, JEAN-JACaUESPIKON: PLANTU, JEROME DUCHEMIN, SOUAD BELHADDAD, PHOTO COUVEIlTURE : MARIANNE. PATRICK MORIN, SlPA PRESS Différences - n" 51 - Décembre 1985 OMMAIRE Décembre ACTUEL 6 Deux marches, c'est beaucoup. JEAN·MICHEL OLLE Est-ce que c'est trop? Peut-être. Et si on inventait autre chose? RENCONTRE __ _ Un Chilien au Havre. JEAN-JACQUES PIKON Raoul Ruiz, cinéaste réputé hermétique, s'installe à la tête de la maison de la culture du Havre. DOSSIER 16 La France qui se bouge. JEAN ROCCIA, MARGUERITE 26 28 32 ROLL/NDE, JOELLE TAVANO, REGINE MAUCONDUIT On dit les Français racistes et amorphes devant la crise et la montée des incompréhensions: faux! Partout dans le pays, des initiatives sont prises pour sortir des difficultés et vivre ensemble. Un panorama des nouveautés ... CULTURES TENDANCES La pêChe au chômeur. JOELLE TAVANO Du théâtre comme thérapeutique au mal du siècle. le chômage. L'ÉVÉNEMENT Le complexe de Néron. JULIEN BOAl Trente ans après: on réédite le Portrait du colonisé d'Albert MEMMI. Le livre n'a pas pris une ride. DÉCOUVERTES RÉFLEXION __ _ La République nous rappelle. JEAN-LOUIS SAGOT-DUVAUROUX En ces temps d'élections, réapparaissent les sanglots longs du patriotisme étroit, celui qui veut protéger la France contre le fléau interculturel. Raison de plus pour rappeler. dans une série d'articles qui commence ici, comment l'idée de République et de nation se fonde en France, depuis la révolution, sur le principe de la tolérance et de l'accueil. 36 HISTOIRE le rouge et le nègre. PHILIPPE DEWITTE Depuis la guerre de 14, nombreux sont les intellectuels noirs qui sont venus en France préparer leur idée de l'indépendance et de la liberté. VOUS 38 Votre courrier, des jeux, des petites annonces, l'agenda. . , • ,fI' '(JUS l'EZ: ,/ tlMI, ~ / faites-lui connaître Diffé- / . rences po.ur 160 F /~~1~1 ' ~11' V lIMIS. partagez avec eux le plaisir de recevoir chaque mois Différences, au tarif préférentiel de / lM/S. ne les laissez pas plus longtemps dans l'ignorance de Différences, pour le prix excep~ tionnel de 140F l'abonnement. Nom •••••••••••••••••••••• Prénom •••• . - ••••••••••• ., ••••••••••• Adresse •••••••••••••••••••••••••••••••••••••• ~ ••••••••••••• J-'IJ(JNNE IUSSI Nom •••••••••••••••••••••• Prénom •••••••••••••••••••••••••••• Adresse •• ; ••••••••••••••••••••••••• ••••••••••••••••••• ••••• 1 J IIJ(JNNE IUSSI Nom ••••••••••••••••••••.•• Prénont ••••••••••••••••••••• • •••••• Adresse •••••••••••••••••••• • •• •••••••••••••••••••••••• ••••• ISDf pour l abonnement Je vous joins un chèque de3DD' pour 2 abonnements 4201 pour 3 abonnements De la part de •••••••••••••••••••••••••••••••••• •••••• •••••• ~ __________________________ ~Si vous voulez que vos amis sachent de qui vient le cadeau, indiquez votre nom ou joignez votre carte. VIEILLE FRANCE liNon, vraime~t, passez moi l'expression, mais tout fiche le camp. Je me souvzens, de mon temps, les choses allaient beaucoup mieux. On ne s'agitait pas dans tous les sens, à brailler ainsi des insanités. Voyez la vie publique. De mon temps, les hommes politiques s'opposaient, certes, mais sur de vrais projets de société, sur des perspectives politiques, et non sur une chaîne de télévision ou bien à propos des étrangers. De mon temps, on savait appeler un chat un chat, et l'immigration un faux problème. De mon temps, on ne se serait jamais permis de dire à des gens qu'on avait fait venir que désormais, üs gênaient. On leur aurait dit : « Vous êtes chez vous. » Voilà la politesse française. Et diable, il me faut bien reconnaître que ce Mitterrand, parfois, sait dire ce qu'ü faut. De mon temps, on savait ce qu'était la dignité. On n'aurait jamais laissé parler plus de trois minutes un olibrius qui · manque constamment de respect à une partie de la population et raconte des mensonges à son sujet. On aurait su lui dire, poliment, « Monsieur, vous vous trompez », puis on ne l'aurait plus invité. Non, c'est à n'y plus reconnaître son pays. Il n'y a plus guère que ces jeunes gens que je vois défiler dans les rues de Paris chaque mois de décembre ,qui ont su reprendre le flambeau de nos vieilles valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Cette jeunesse digne et joyeuse, voilà qui me donne confiance en l'avenir. Vraiment, cette nouvelle tradition de marches en décembre, ça jette un max, passez moi l'expression. o o~~i ffi~é~renc~e~s-~nu~5~1~_rDu~em~bre~lw98O'5~--------------~--____________________- ---____________________1 Il j BREF _________________ --~ Cortèges DEUX MARCHES, C'EST BEAUCOUP Est-ce que c'est trop? Novembre 1984 : la dialectique des différences/ ressemblances Décembre 1983 : ,une marche affective et Tout le monde se le demande

pourquoi deux

marches? On peut se différence . La premlere Marche, celle de la fin 83, était affective, nouvelle et peu organisée. Trois bonnes raisons pour les médias, Libération en tête, d'en faire un « sujet ». La nouveauté de la marche-démarche avait plu, et la manifestation d'arrivée à Paris, cent mille personnes rassemblées de façon plus ou moins spontanée, avait été un grand succès. A l'origine, un groupe de jeunes des Minguettes soutenus par le père Christian Delorme et la Cimade. Christian Delorme raconte bien dans son livre l'état d'esprit qui prévalait alors. s'empêtrait un peu dans ses conflits internes et ne « passait » pas aussi bien à la télé, perdit le capital qu'elle s'était créé. Et puis le badge était bien fait, bien diffusé et, surtout, il était nouveau ! A côté de lui, la Marche, tout aussi symbolique, semblait dépassée, vieillotte, voire fatigante! débarrasser de la question en disant que deux marches c'est toujours mieux qu'aucune. Après tout, il n'y a pas de « modèle» d'antiracisme, et chacun est libre de marcher où et avec qui il veut, du moment qu' il piétine les plates-bandes du racisme. Le MRAP, Convergence, le Collectif jeunes, SOS Racisme, la Ligue des droits de l'homme, la Licra: autant d'organisations dont les buts 1 « La France, c'est comme une mobylette: pour avancer, il lui faut du mélange » On connaît la suite, le succès de SOS Racisme, le concert de la Concorde. Là encore, du nouveau, du moins pour le public français, un peu dépité peut-être de ne pas avoir à l'époque ses concerts contre la famine en Ethiopie. Du nouveau, du facile, de l'agréable, donc du succès. Pendant ce temps, Convergence quittait la scène. ne se contredisent pas. La deuxième Marche, celle de novembre 84, a été bapMais, à cette analyse, répon- tisée Convergence 84. Elle dent les faits. A l'heure où nous écrivons ces lignes , aussi était symbolique. Sa c'est-à-dire mi-novembre, les forme a été décidée à partir marches ne marchent pas. dte'nuunee paarf fuinc hmea nmifeasntaunstc rqiutee D'après les informations par- nous avons tous vu lors de la venues au MRAP, et malgré les efforts de ses comités manifestation de 83 ; sur un bout de panneau, il brandislocaux pour accueillir les sait ce slogan: «La France, deux cortèges dans les villes c'est comme une mobylette, traversées, l'heure n'est pas à - la mobilisation. Au mieux, pour avancer, il lui faut du mélange. » C'était joli, mais deux cents personnes se sont retrouvées à l'accueil dans on remarquera que c'était des villes comme Nantes ou déjà plus compliqué. Convergence a repris l'idée, Montpellier. qu'elle a développée en trois En novembre, SOS Racisme cortèges de mobs à travers le a fait des efforts pour une pays. Sous l'impulsion de marche unitaire à Paris pour personnes comme Farida le 7 décembre, et le Collectif Belghoul, l'analyse dépassait de la marche pour les droits le simple racisme-ras-le-bol civiques a été secoué par des de la première Marche pour oppositions internes. Farida déboucher sur une analyse Belghoul, une des « an- plus fine, mais aussi moins ciennes », a quitté la Marche, directe de la dialectique des et les organisateurs de ressemblances et des diffé « France+ », une association rences, de l'égalité des droits, qui veut développer une cam- de la nécessaire ouverture ou ment que le départ vers autre chose. C'est à cette même manifestation, très exactement au métro Montparnasse d'où partait le cortège, qu'apparurent les premiers badges vendus par SOS Racisme. Le succès fut foudroyant. Non sans raisons. D'abord, l'idée était bonne. C'était simple, joli, affectif et facile à comprendre. Puis SOS Racisme fut grandement aidé par la classe politique, le gouvernement et des personnalités bénéficiant d'une aura incontestable. Enfin, le mouvement arrivait à point pour capitaliser et relancer les élans créés par les deux Marches. Dans le même temps, Convergence, qui ne bénéficiait pas des mêmes soutiens, Une main de fatma, Depuis, la tentation hégémonique de SOS Racisme, certaines de ses prises de position politiques (manifestation contre Gorbatchev, souvent ressentie comme « récupératoire ») ou l'absence de prise de position sur des sujets plus sensibles comme le problème' palestinien, ou encore ses flirts avec le PS, face à l'amertume et aux tentations de sectarisme du Collectif pour la marche des droits civiques, ont empêché tout accord pour une démarche unitaire. 1 un concert place de la Concorde, et ... une marche. pagne d'inscription sur les de la tentation du ghetto ou De nombreuses organisations deuxième avait tenté, avec listes électorales des jeunes du lobby, etc. ont lancé un appel à l'unité, peine, de rééditer ce succès. de la seconde génération, La deuxième Marche gagnait en présentant souvent SOS Mais« ce n'était déjà plus l'ont quittée aussi. en analyse ce qu'elle perdait Racisme comme demandeur, ça », surtout sur les trajets. Comment en est-çm arrivé à en spontanéité, ou l'inverse, ce qui est moins évident pour Pourtant, en voici une troiune situation aussi grave? Si et les médias boudèrent. A tous ceux qui ont assisté aux sième. Quant à SOS Raon veut éviter la distribution placer l'initiative sur un ter- réunions préparatoires. A cisme, qui s'était justement de mauvais et de bons points rain plus directement poli- ceux-là, il apparaît plutôt distingué par la nouveauté de d'unité, il faut remonter l'his- tique, les organisateurs pri- qu'il arrive à SOS Racisme sa démarche, que fait-il? Il toire de ces mouvements an- rent le risque d'un débat à de confondre encore unité et organise .. . une marche. Esttiracistes qui , pour être l'intérieur du « mouvement alignement sur ses positions. ce que le manque d'imaginajeunes, n'en ont pas moins beur », des organisations qui Le MRAP, quant à lui, sou- tion, tant reproché aux une. s'en réclament et de l'opinion tient la Marche pour les «vieilles barbes» des organi- « Jamais deux sans trois» dit antiraciste en général. La ma- droits civiques et s'associe à sations traditionnelles, ne sela Marche pour les droits nifestation d'arrivée de la celle de SOS Racisme. Il sera rait pas en train de gagner les civiques partie de Bordeaux deuxième Marche fut tout de présent dans les villes et aux jeunes? Et, de marche en et prévue à Paris pour le même un succès, mais on le deux manifestations finales. marche, ne serait-on pas en 30 novembre. C'est une sentait plus structuré et, d'un Désaccord donc. Mais, au- train de passer de l'élan sufaçon de s'inscrire dans la certain point de vue, plus delà de ces clivages, se posent perbe et généreux à.. . la continuité des marches de laborieux. En tout cas, on d'autres questions. La pre- cérémonie commémorative? 1983 et 1984. sentait que c'était plus l'a- mière Marche avait été un 0 Il Mais il y a tout de même une boutissement d'un mouve- grand succès populaire. La JEAN-MICHEL OLLÉ 1 .~'


Différences - n° 51- Décembre 1985 OINT CHAUD Un danger s'installe, un mensuel s'oppose QUI EST QUI Dans l'extrême droite et les couloirs de la droite circulent des idées et des hommes qui sont à l'origine des thèses racistes actuelles. Un nouveau mensuel, Article 31, tente de faire le point. Ce que l'on a qualifié d'être en sommeil également. Les activités du Front nad' « effet Le Pen» On pourrait multiplier les tional sont couvertes systé( 1 ) con tin u e à exemples d'organisations d'ex- matiquement, ainsi que celles préoccuper nombre trême droite dont il est impor- des autres groupes. Des de Français démocrates, qui tant de savoir ce qu'elles font. fiches techniques recensent se souviennent que le fas- Constatant qu'aucun organe des organismes plus ou moins mais, par le biais de tribunes libres, elle donne aussi la parole aux organisations et personnalités qui désirent s'exprimer. cisme a existé il n'y a pas d'information ne suivait ré- connus mais qu'il est bon de Mais, pourquoi ce titre, Artiencore très longtemps, en gulièrement et systématique- connaître: les syndicats caté- cle 31 ? La plupart desrédacAllemagne et en Italie en ment ces problèmes, des mili- go riels de la police, le teurs de la revue sont liés, à particulier. Le succès rem- tants de gauche et des jour- SNPMI (Syndicat national du des degrés divers, aux difféporté par le Front national, nalistes indépendants se sont patronat moderne et · indé- rentes associations qui luttent aussi bien lors des élections groupés et ont créé, en oc- pendant), le POE (Parti ou- en France pour la défense des les plus récentes (euro- tobre 1984, une nouvelle re- v rie r eu r 0 pé en), 1 e libertés et des droits de péennes et cantonales notam- vue: Article 31. Sur vingt CEDADE (Cercle espagnol l'homme. Ils se réfèrent donc ment) que dans l'opinion pu- pages chaque mois, les au- des amis de l'Europe), la tous constamment à la Déclablique (voir le pourcentage teurs s'efforcent d'informer Ligue des contribuables, ration universelle des droits d'écoute de l'émission les lecteurs de tout ce qui Radio Solidarité, l'ACUF de l'homme proclamée par L'heure de vérité - 33 % - à peut concerner l'extrême (Association des combattants l'Assemblée générale des Nalaquelle J .-M. Le Pen était droite, au plan national et de l'union française), le tions unies le 10 déce}llbre convié le 16 octobre 1985), international. cercle Renaissance, etc. 1948. Cette déclaration comne peut laisser indifférent. porte 30 articles. Ces articles D'autant que, dans d'autres énumèrent les droits et lipays européens, un phé- bertés dont tout individu peut no mène identique peut être 1 Des liches techniques recensent se prévaloir et que tous les observé: le parti Vigilance Etats membres de l'ONU se en Suisse, par exemple, a les organismes, sont engagés à respecter. remporté une victoire impor- ligues, associations, mouvements tante aux dernières élections liés à l'extrême droite Aucun d'eux cependant ne à Genève. Et il n'y a pas que concerne le droit et le devoir le Front national. En France, de chaque personne de s'élede nombreux groupuscules ver, par des moyens sont actifs: les FNE (Fais- Chaque numéro contient un tional Hebdo », «le Centre conformes à l'esprit de la ceaux nationalistes euro- dossier sur un sujet particu- . national des indépendants et déclaration, contre ceux qui péens), qui ont remplacé la lier. Citons quelques paysans »,« le Front national n'en respectent pas les FANE, le MNR (Mouve- exemples:« Front national: et les cantonales de 1985 », termes. Ce pourrait être l'obment nationaliste révolution- deux thèmes, anticommu- «le RPR, un bien étrange jet d'un article 31, et c'est en naire), pour ne citer qu'eux. nisme et immigration », libéralisme », « le GAL et les tout cas l'objet d'Article 31. La Nouvelle Droite, repré- «Nouvelle Droite, droite po- attentats anti-Basques » ... La De tels journaux ne sont pas • sentée par le GRECE et litique et extrême droite : des revue est surtout conçue pour «concurrentiels» de DifféAlain de Benoist, est loin points communs », «Na- diffuser des informations rences qui tient à leur apI12 janvier 2012 à 18:17 (UTC)~~--~----------~--------------------------~----------~ I porter ici son soutien. Pour nous, la création de revues « pointues» comme celle-ci vient au secours du travail plus général que nous faisons. D'autant plus qu'il faut s'attendre, dans les mois qui viennent, à un déluge médiatique sur l'immigration. Le Figaro-Magazine qui, habituellement, développe les thèses de l'exrême droite en y mettant, non pas la pédale douce, mais une coloration bon chic bon genre qui lui manque habituellement, vient d'« ouvrir la chasse à l'immigré» en publiant un dossier signé Jean Raspail selon lequel, dans quelques années, la France sera ... musulmane. • Pour/commencer ... Le directeur politique du Figaro, Alain Peyrefitte, a lui aussi donné le ton dans un débat avec Harlem Désir. Il a notamment affirmé que, «pour commencer », on renverrait au pays (quel pays?) les immigrés délinquants ou chômeurs. Histoire de faire comprendre aux autres ce qui les attend. Enfin, les récentes déclarations de Jacques Chirac et son adjoint Toubon à la télévision sur l'immigration entérinent ce fait : non seulement la droite reprend tout ou partie des thèses de l'extrême droite raciste sur l'immigration, mais encore elle a décidé d'en faire le centre de sa campagne. Raison de plus pour faire connaître les initiatives comme Article 31. .. Avant qu'il soit interdit. D DURAND/DUPONT Article 31, B.P. 423, 75527 Paris Cedex Il. Abonnement: 150 F, chèque à l'ordre de J. Grobety. A noter également la parution de suppléments locaux à Toulouse, Marseille, Strasbourg. (1) Titre d'un dossier d'Edwy Plenel et Alain RoUat, édité par la DécouvertelLe Monde en 1984. Différences - n° 51 - Décembre 1985 Deux couvertures d'Article 31, l'une sur la Nouvelle Droite, l'autre à propos des préférences nazies de certains supporters du PSG • ENcONmE __________________________ ~ Exils l'espace Niemeyer: une perspective futuristo-bunker, surnommée le pot de yaourt par des riverains allergiques, a hérité d'un nouveau directeur, Raoul Ruiz. Un vent de cinéma souffle depuis sur la ville. UN CHILIEN AU HAVRE ~ __ La ville du D'aucuns dénoncent dans ce d'ici ou d'à côté. Des critères bouge. Du moins en son choix la «pression» et la qui devraient - entre autres - centre culturel, ce fameux stratégie autoritaire du mi- permettre d'établir le dialogue Espace Oscar Niemeyer (du nistère de la Culture qui avec la population ; en tranom de son concepteur, l'ar- participe - en quote-part avec vaillant au maximum avec les chitecte de Brasilia) que cer- la ville du Havre - aux sub- richesses et les mO\'ens du tains riverains allergiques ventions et au budget de bord. Je tiens d'ailleurs beaus'entêtent à nommer « le pOl fonctionnement. D'autre coup à déléguer des responsade yaourt »... Deux masses part, le comité d'entreprise a bilités et laisser le champ libre énormes de béton, une pers- critiqué l'arrivée « de projets aux initiatives. Je commence à pective futuristo-bunker, qui ne sont pas le reflet des préparer un tournage de ficavec quand même une besoins culturels delapopula- tion (la Chouette aveugle). je « échappée» : une main de tion havraise ». A savoir: souhaite pouvoir éclairer l'enbronze monumentale d'où transformer ce centre en véri- semble de ce film - décors et l'eau ruisselle vers un bassin. table « outil de production objets - par-derrière. Il. faut Pourtant, intra-muros, le des arts contemporains », donc trouver des matériaux cadre est accueillant. Pas de avec le cinéma au premier nouveaux et travailler la fibre Havre séisme en vue, mais de ré- rang. optique. Et là, techniciens, cents remous suivis d'une machinistes et électriciens vague de cinq démissions au 1 A R 1 R . cherchent sur place et appor- 1960. A 19 ans, R. Ruiztourne conseil d'administration, vec aou UIZ, tent leurs propres solutions. » son premier film. En 1963, il est d'ailleurs précédées par celle tout semble Ainsi, à la maison de la présentateur (infos et sports) à du directeur Georges Rose- toujours plus Culture du Havre, pour la TV chilienne et adaptateur de vègue, en décembre dernier. simple l'année 1985-1986, on ploie scénarios. En 1970, il devient Tout cela pour cause de réo- sous les projets tous azimuts. conseiller cinéma du rientation d'ensemble de «la Quand on objecte à Raoul « Il nous faudra très vite trouParti socialiste chilien. Maison ». Aujourd'hui, Ruiz que ses orientations dé- ver nos solutions. Nous allons Février 74. Ruiz arrive à Paris opère une direction bi- passent peut-être les besoins bientôt lancer une série de comme exilé politique et tourne céphale: le cinéaste d'origine locaux, il répond: « C'est un fictions télévision/cinéma sur Dialogue d'exilés. chilienne Raoul Ruiz et Jean- risque, sans doute, mais nous la diffusion desquelles on 1985, Raoul Ruiz passe le cap Luc Larguier (tous deux privilégierons, chaque fois espère même gagner, être bédes cinquante films transfuges de la maison de la que cela sera possible, les gens néficiaires ... » Avec Raoul (courts, moyens et longs). Culture de Grenoble) élus, du pays. Par exemple, en Ruiz, les choses semblent Dernier en date: finalement, par 10 voix sur embauchant un preneur de toujours plus simples qu'il l'Eveillé du pont de l'Alma. 18. son de la région, un décor n'y paraît et les problèmes


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plutôt faciles à résoudre. Il est vrai que cet exilé politique chilien a de l'imagination à revendre; lui qui a toujours su naviguer, comme bien peu de cinéastes, dans les méandres des préproductions et post-productions, réussissant à tourner vite et pour pas cher des sujets jamais standard. Quarantequatre ans et déjà plus de cinquante films (courts, moyens et longs) derrière lui ; un joli tour de force et un certain génie ludique qui ne sont sans doute pas pour rien dans sa venue au Havre. Un vent de cinéma devrait donc souffler - avec déferlement dé nouvelles images et de nouveaux sons - dans la ville océane. Pour l'heure, progressivement se mettent en place: un atelier-scénario, un autre d'effets spéciaux, un troisième ouvert aux jeunes réalisateurs, et un quatrième orienté vers la production. Et les projets en voie d'élaboration ? ... Le cinéaste d'origine vietnamienne Lam Le se prépare à tourner Messagerie maritime (une fiction où la communauté indochinoise du Havre rêve au pays natal et le reconstitue par un labyrinthe de rêves et de pulsions. L'urbanisme et l'exil dans un décryptage de la ville). Le cinéaste Pierre Maillard adaptera Poisons (d'après une mmvelle du grand écrivain japonais Kawabata). Raoul Ruiz, lui, s'attaquera donc à la Chouette aveugle (d'après le roman de l'auteur iranien S. Hedayat) et mettra aussi en images le spectacle Mammame du chorégraphe Jean-Claude Gallotta. Gilberte Tsaï, femme de théâtre d'origine sino-européenne, réalisera un courtmétrage (un groupe d'adolescents et d'étranges rituels au bord d'une falaise) en attenprojet expérimental proposant des prototypes. Par exemple: la simulation d'une journée de chaîne TV. Sans compter des séries documentaires sur le thème des cultures du monde (cuisines, jeux populaires, reportages, variétés) et la ronde des spectacles vivants (théâtre, danse, musique, expos) d'une programmation de rentrée qui s'avère de grande qualité. Du pain donc sur les planches du bunker Niemeyer. Le pari global se a-t-il tenu? Lors d'une assemblée générale quelque peu houleuse, Raoul Ruiz, avec le drôle d'humour qui le caractérise, lançait entre ses généreuses moustaches: « Je sais que la fiancée peut paraître trop belle. Mais, il est des fois où elle est belle!» (sic). Une question reste néanmoins ouverte: le mariage avec la population havraise aura-t-il vraiment lieu? Quoi qu'il en soit, l'auteur de l'Eveillé du pont de l'Alma ne semble pas, passé celui de Tancarville, prêt de s'assoupir. 0 JEAN-JACQUES PIKON MINI-LEXIQUE OU HAVRE 1517. Fondation de la ville. 1944. Le port le plus détruit de France. 1959. Réalisation du pont de Tancarville. 1982. Le Havre compte 198 760 habitants. Expansion industrielle et portuaire : 8 000 hectares ; des navires de 250000 tonnes. Secteurs « traditionnels » : métallurgie, réparation navale, pétrochimie. 1985. Une ville touchée aussi par la crise. Immigration: près de 18000 immigrés au Havre (environ 8 % de la population actuelle) dont 12 000 musulmans originaires du Maghreb et d'Afrique. dant de mener à terme un Des problèmes de séjour et de logement pour certains; émouvant Echange de lettres- existence de quotas en HLM. Depuis ces dernières vidéo France-Chine (où des années: fermetures de foyers d'accueil au rythme d'un familles séparées par les dis- par an (neuf foyers subsistent aujourd'hui dont trois gérés tances géo-politiques pour- en association) . ront communiquer entre elles Pas de climat raciste exacerbé, mais une percée du Front à travers les frontières et les national aux dernières cantonales et une poignée de générations)... '. skinheads (cet été : saccage d'une salle de boxe gérée par Un port en pleine expansion industrielle jusqu'en 1982. Aujourd'hui, la crise, comme ailleurs. La Maison de la culture, une oeuvre de Niemeyer, l'architecte de Brazilia En résumé: dix longs mé- des immigrés, avec slogans racistes sur les murs et vol du trages d'ici la fin de 1986, fichier des adhérents)... 0 • I~tr~o~is~se~'r~ie~s~t~é~le'~v~i~su~e~ll~e~s~e~t~u~n~~ _______________________ I ' 'Différences - n° 51 - 1985 ~' " .' , " , .." ...~. Le tous ses Etats Une approche à la fois politique, stratégique, géographique, économique et sociale des 171 Etats de la planète en 121 articles, 200 tableaux, 80 bibliographies, 42 cartes, entièrement renouvelés et actualisés. Et, ' dans l'édition 85, le point sur les questions démographiques. Relié, 640 pages, 118 francs. CONCOURS: à l'occasion de la sortie de L'Etat du monde 1985, un concours doté de nombreux prix est organisé. Les bulletins sont disponibles chez votre libraire. Premier prix : un séjour pour deux personnes au Burkina Faso, au Sri Lanka ou à New York. H~t~-TRorrmR __________________________ ~ Racistes, les Français ? Pas plus que les autres, mais quand même ! On ne peut pas dire qu'ils soient les rois de la communication interculturelle ! Ils se jugent, et sont jugés, sévèrement. La France terre d'asile ? C'est foutu si la droite passe en 86 Angelica, 26 ans, journaliste gtecque Les Français sont racistes, non seulement à l'égard des gens de couleur, mais également à l'encontre d'étrangers, comme moi, qui ont des difficultés à s'exprimer. Quand je suis arrivée à l'université, à Assas, il n'y avait aucun lien entre les étudiants, ils n'essayaient même pas de communiquer. Les étrangers constituaient une caste à part. Personnellement, je n'ai jamais eu de problème, mais c'est ce que je constate par rapport aux autres immigrés, surtout visà- vis des , Portugais et des Espagnols. Et puis, j'ai l'impression que depuis un an, ça s'aggrave. L'autre jour, les propos de Chirac m'ont complètement exaspérée. Il disait: «Les étrangers ont les mêmes droits que les Français, mais, s'ils n'ont plus de travail, ils doivent rentrer chez eux. » Je pense qu'il visait tous les étrangers quelle que soit leur nationalité. D'après lui, 40 % des étrangers sont délinquants. Si tu mets un Français dans un ghetto, dans la situation où vivent les étrangers, ils réagiront de la même façon qu'eux, ils se révolteront. Si l'opposition passe en 1986, le prestige de la France terre d'asile, c'est foutu. D _n° 51- 1985 ,Comment devenir raciste Marie, 29 ans, infirmière Je ne sais pas si les Français S sont racistes, mais ils le de- ~ viennent. La crise écono- ~ mique, les conditions de vie de plus en plus difficiles y concourent. De plus, comme la classe politique n'a pas un discours très cohérent pour enrayer le phénomène, eh bien !, les Français se laissent convaincre par des extrêmistes comme Le Pen. Heureusement, certains se révoltent et ne tolèrent pas du tout que l'on fasse des immigrés des boucs émissaires. D Les faits divers le prouvent Lucien, 34 ans, cuisinier Je ne sais pas s'ils sont plus racistes que dans d'autres pays, mais, en tout cas, ils le sont. Cela se voit à leurs attitudes, leurs regards, leurs propos. Et puis il y a les faits divers qui le prouvent. D Raciste par à-coups Anne, 24 ans, étudiante C'est une fausse question. On ne peut pas parler au nom de 54 millions de Français. Je ne peux parler que de mon expérience personnelle . J'habite dans un logement à caractère social. Rien que dans mon bâtiment, il y a un bon tiers d'immigrés d'Afrique du Nord. Leurs mômes font beaucoup de conneries, ils sont sans gêne, nous tutoient automatiquement. Alors, je les envoie balader, mais dès qu'on l'ouvre, on est traité de raciste. Du coup on ne sais plus si on doit les engueuler ou se justifier. Dans ces grands ensembles, ce sont toujours eux qui foutent le bordel, parce qu'ils sont livrés à eux-mêmes toute la journée. Le pire, c'est pendant le carême(?) : c'est carrément l'enfer. Les immigrés vivent en France à la façon de chez eux, et ça, c'est mai accepté. En plus, ils partent en vacances tous les ans et c'est payé par l'Etat. Ils ont droit aux aides aux logements, aux Assedic beaucoup plus facilement que les Français, et ça crée un racisme latent. Ma mère est plutôt raciste, elle est tellement amère d'habiter là-dedans qu'il faut bien qu'elle se défoule sur quelqu'un. Plus les gens vivent mal, plus ils ont besoin de boucs émissaires. Moi, je serais plutôt raciste par à-coup , mais , je pourrais pas le porter le badge « Touche pas à mon pote » . D Division manichéenne Luc, 24 ans, étudiant suisse Les Français ne sont pas plus racistes qu'un autre peuple. Il y a malgré tout un mouvement très raciste que l'on peut sentir dans le succès du Front national. Cela représente 10 % des électeurs, mais ce n'est pas la totalité des racistes, car cela la fout mal de voter pour l'extrême droite. Certains ne se gênent pas dans leurs propos pour afficher leurs tendances. De l'autre côté , il y a un mouvement, qui se dit antiraciste, essentiellement investi par des jeunes. Mais cela ne veut pas dire que la jeunesse est antiraciste et les autres racites, la division n'est pas aussi manichéenne. D Réalisé par DOLORES ALOI A Individualistes Madeleine, 55 ans, décoratrice Bien que je n'aime pas généraliser, disons qu'ils sont plutôt racistes parce qu'individualistes. De plus, ils ont peur de celui qui est différent. 0 Il .. OuRMÉMmRE ____________ ~ ___________ ~ _ EXPULSIONS_ La Suisse expulse cinquante- neuf ressortissants zaïrois ayant déposé des. demandes d'asile politique (3 novembre). _INTERDIT_ Le gouvernement raciste de Pretoria vient de prendre la décision d'interdire aux journalistes de filmer, de photographier ou d'enregistrer les manifestations dans les zones soumises à l'état d'urgence (2 novembre). Pour protester contre ces mesures, le plus important rassemblement jamais organisé - 35 000 personnes manifestent à Londres - s'achève par de violents incidents, lorsque les jeunes tentent de prendre d'assaut l'ambassade sud-africaine protégée par les forces de l'ordre. La police arrête cent quatorze personnes (2 novembre). _ CACHE-CACHE_ Trois cents marcheurs, jouant à cache-cache contre les forces de l'ordre sillonnent pendant une semaine les routes du Pays basque pour protester contre les expulsions et les assassinats des réfugiés venus d'Espagne et arrivent sans encombre à Hendaye, leur terminus (4 novembre). __ ATTENTATS __ Cinq personnes succombent lors de trois attentats commis dans la station balnéaire chilienne de Vinai dei Mar. Personne ne revendique ces attentats et la police ne fournit aucune indication (2 novembre). _ BAIN DE SANG_ Le coup de force du mouvement d'extrême gauche colombien, M. 19, déclenché contre le palais de justice de Bogota, siège de la Cour suprême du pays, s'achève . par un bain de sang qui fait une centaine de victimes de part et d'autre (6-8 novembre). _A PERPETUITE_ 17 personnes, dont 16 militaires et le premier secrétaire du Front démocratique des Comores, Moustoifa 'Said Cheikh, sont condamnées aux travaux forcés à perpétuité. 9 autres militaires et civils sont condamnés par contumace à des peines de 10 et 15 ans. Les autres, en prison depuis le 8 mars 1985, devront y rester encore de 7 à 8 ans (4-7 novembre). _ PRISONNIERS_ Douze prisonniers politiques de Strzelin, dans le sud-ouest de la Pologne, poursuivent depuis cinq jours une grève de la faim dans le cadre de « La semaine du prisonnier politique », organisée pour la première fois en Pologne (3-10 novembre). _ASSASSINAT _ Le directeur à Chypre de la compagnie irakienne Iraki Air Ways est mort dans l'explosion de sa voiture, peu avant l'attentat commis contre les bureaux de ladite compagnie (9-10 novembre). __ UNPAS __ Le leader de l'OLP, Yasser Arafat, franchit un pas en s'engageant, en présence du chef de l'Etat égyptien, à combattre le terrorisme. Dans sa déclaration prononcée au Caire, Arafat réaffirme toutefois le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à résister à l'occupation par les troupes israéliennes de ses territoires, en vue d'obtenir leur retrait (7 novembre). __ FRATERNITE __ inter-épiscopal orthodoxe, le Conseil supérieur rabbinique, la Grande Mosquée de Paris, qui avaient déjà fait en mars 1984 une «déclaration commune contre le racisme et pour le pluralisme de la société », ont jugé bon de s'associer à cet appel. Ils estiment que certaines manifestations d'intolérance dans la société française sont suffisamment graves pour que, par delà leurs différences d'approche, ils unissent pour la première fois leurs voix et leurs efforts (15 novembre). _ REQUISITOIRE_ Le procureur militaire, le général de brigade, Hector Canale, termine son réquisitoire en Argentine contre les seize militaires jugés dans le procès sur les responsabilités dans l'invasion des îles malouines en avril 1982. Le tribunal doit prononcer son verdict fin décembre. A suivre (12 novembre). _ EN CASCADE _ Répondant à l'appel de la majorité de gauche de la Fédération syndicale, des dizaines de milliers de travailleurs grecs font grève pour protester contre les mesures d'austérité instituées en cascade par le gouvernement de M. Andreas Papandreou. On annule tous les vols d'Olympie Airways. Les transports sont sérieusement perturbés et les magasins fermés (14 novembre). __ SERVIR __ Pour la première fois, l'épis- Coluche rencontre le ministre copat et les loges maçonniques des Affaires sociales et de la signent un « appel commun à la Solidarité nationale à qui il préfraternité » qui vise à mettre en sente un projet : servir 200 000 garde contre le racisme. Les cinq repas gratuits par jour pendant principales confessions pratiquées trois mois, du 21 décembre 1985 en France font cause commune au 21 mars 1986 aux chômeurs avec neuf organisations et asso- en fin de droits ou, de manière ciations humanitaires et antira- générale, aux plus démunis. Et cistes: Droits de l'homme et les doris affluent: le Syndicat solidarité, Droit humain, breton des producteurs d'oeufs Grande Loge de France, Grande en offre des milliers, une biscuiLoge traditionnelle et symbo- terie fait don de 20 000 paquets, lique, Grand Orient de France, un établissement va livrer 500 kg Grande Loge féminine de de viande, l'interprofession suFrance, Ligue des droits de crière donne une tonne de sucre. l'homme, Ligue internationale Et puis, d'ores et déjà, le contre le racisme et l'antisémi- nombre des bénévoles approche tisme (LICRA) et Mouvement le millier. Les pouvoirs publics contre le racisme et pour l'amitié accordent une somme imporentre les peuples (MRAP). tante à Coluche, dont le montant t0 11 __ f_ flf_J_ _ 'e __n ces qLu'aep pneolu cso mvomusu nd ào nlna ofnras teirnn ietéx-, cne'etstet oppasé rraétvioénlé «. ORens teasutirmanet sq duue tenso en encadré est diffusé dans coeur» va coûter près de toute la presse. 250 millions de francs, auxquels Le Conseil permanent de l'épis- s'ajoutent tous les frais annexes, A B 0 N NEZ -VOU S! copat, le Conseil de la Fédéra- de transports, de gestion ... III L-__ 12 janvier 2012 à 18:17 (UTC)12 janvier 2012 à 18:17 (UTC)::~~ _ Charles 12 janvier 2012 à 18:17 (UTC)__~ ________t i~on~p~r~o~te~s~tant~e~,~Ie __C _o_m it_ é_ _~ (1_0_n_o_v_e_m_b_r_e_). ____________~ ,------- - -----·- - - -----:--- - - - --- --- ---- - ----- -1 __ PILOTES __ Bouchra Bernoussi et Oumanina Sayeh, marocaines, sont les premières femmes du monde arabe à devenir pilotes de ligne. Les temps changent (13 novembre). __ MASSACRE __ 22500 morts dans l'éruption la plus meurtrière de ce siècle en Colombie. La ville d'Armero est quasiment rayée de la carte par des coulées de boue et de lave (14 novembre). ~_JEUNESSE __ Rencontre internationale pour les droits de l'homme au Japon et dans le monde à Osaka, dans le cadre de l'année internationale de la jeunesse. Etaient présents un représentant de l'ONU, un dirigeant du NAACP, mouvement noir américain, une étudiante du SOMAFCO, le collège de l'ANC installé en Tanzanie, et un représentant du MRAP (13 au 18 novembre). __ CONDAMNES_ Les membres du commando palestinien qui avaient détourné le Différences - n° 51- Décembre 1985 bateau italien, l'Achille Lauro, sont condamnés, dans un premier temps, pour port d'armes (15 novembre). _CHANGEMENTS_ Mort de Roger Laroque, leader des anti-indépendantistes en Nouvelle-Calédonie. Sans aucun rapport, mais au même moment, Edgard Pisani démissionne de son poste de ministre, estimant son mandat achevé (18 novembre). _MARK BANKS_ Le frère de Dennis Banks, militant de l'American Indian Movement, est venu en France pour demander le soutien du MRAP et des autres organisations. Dennis Banks est sur le point de sortir de prison, mais Leonard Peltier, condamné à deux fois la prison à vie pour un crime qu'il nie avoir commis, reste enfermé. Dennis Banks a donné une conférence de presse pour informer les Français de la situation difficile des Indiens d'Amérique (3 au 17 novembre). MAHAMOUD AHMED WADAANE APPEL COMMUN A LA FRATERNITE La société française est confrontée à un problème d'accueil de populations étrangères et de communautés culturelles et religieuses. Des moeurs, des cultures, des croyances de diverses origines souhaitent s'affirmer et coexister dans le concert national, sans perdre de leur spécificité. Une partie du corps social réagit par des réflexes de peur et d'intolérance se traduisant, soit par un rejet, soit par une exigence d'assimilation totale. Ces attitudes sont génératrices d'incompréhension, de haine et trop souvent de violence meurtrière. L'effacement du souvenir des catastrophes suscitées par le nazisme et les difficultés sociales et économiques traversées par notre société ont libéré un discours qui a amplifié et banalisé le racisme. Des idéologies extrémistes discriminatoires trouvent une emprise chaque jour plus grande dans notre pays. Il est urgent de : • affirmer le respect de l'autre; • se solidariser avec les personnes et les minorités victimes de discrimination, leur reconnaître les mêmes droits à la justice, à la liberté et à l'égalité ; • vivre ensemble dans la tolérance des différences et l'enrichissement mutuel pour une société meilleure de laquelle les immigrés ne sauraient être exclus. (voir article ci-contre) • 1 n itiatives DE LA VIE EN VRAC « les Français sont des veaux, . . ils n'ont que le Pen ~u'i1s méritent, tout va mal, ,plus p~rsonne ne fait rle~. ». Combien de fois par Jour entendez-vous cela ? l assertion. est un peu rapide ~ . les Français, et les autres, font beaucoup de Charless.es. pour faire .chang~r la France. . Et il ne s'agit pas ici de politique, simplement.d mltl~tlves pour vivre mieux ensemble. Voici, en vrac, un rapide panorama de ce qUI se fait en France pour que ça bouge .. ....... C'est sa" avec cet article, nous allons faire plus de mal que de bien. Pour les quelques initiatives que nous allons citer, des centaines d'autres seront oubliées qui , parce qu'elles tentent de faire avancer l'idée d'une France multiculturelle et paisible, n'auront pas les honneurs de la presse. Que ceux qui ne seront pas cités se consolent. Leur oubli ~ A Sisteron, création d'un atelier de couture pour des adolescent( e)s au chômage. Les produits de l'atelier sont vendus sur le marché. ~ Le département de la Corrèze a recruté, sur demande des associations, des interprètes dans les crèches et est la preuve même, a contrario, du foisonnement ~ de notre société. - Ces précautions prises, voici les PMI pour faciliter le ce qui agite la France de contact avec les mères 1986, bien plus que la cohabi- étrangères et améliorer la tation ou les débats au prévention. sommet. Beaucoup d'ini- ~ Dans le Doubs, on a outiatives, certaines déjà an- vert un stage de formation ciennes, d'autres nées dans le centré sur la confection de sillage des premières marches plats cuisinés étrangers, desou des assises Vivre ensemble tiné aux filles de 16 à 20 ans. avec nos différences, organi- (Pourquoi pas aux garçons ?) sées par le MRAP et de nom- ~ A Toulouse, une associabreuses associations en 1984. tion b a ptisée Rénover propose « l'insertion par l'économie » : travail à la carte, bricolage, tapisserie, etc. ~ A Salignac, dans les Alpes-de-Ha ute-Provence , s'est ouvert un restaurant pour les adultes et les jeunes en difficulté, lieu de rencontre et d'échange. ~ A Nantes, les associations d'immigrés et la Sonacotra publient un livre blanc de l'immigration nantaise. ~ A Beaubreuil, dans la ZAC de Limoges, des bénévoles ont recueilli les contes de la culture d'origine, française ou étrangère, des habitants, qui ont été publiés en recueil, sous le titre Il .était une fois Beaubreuil. ~ A Belfort, la Maison des femmes a doublé ses activités et ouvert une bourse aux vêtements. ~ A Vesoul, des lycéens ou lycée Belin assurent le soutien scolaire à des enfants d'immigrés en difficulté en leur donnant des cours chez eux. ~ A Montluçon, au collège J. -J. -Soulier, on a récemment organisé une expo-montage sur le rapprochement des cultures, avec la collaboration des élèves, des professeurs et des associations. ~ A Neuilly, le LEP Bineau, que nous avions suivi en 1982, relance un nouveau PAE, Lectures-écritures. Impossible d'en dire plus: même la brochure du MRAP consacrée aux P AE, . projets d'action éducative dans le cadre scolaire, pourtant très complète, n'a pu recenser toutes les activités qui, dans le cadre scolaire, tentent de rendre compte de la diversité ethnique de notre pays. Nos excuses aux milliers d'enseignants qui travaillent sur ces sujets et font, plus que d'autres, leur travail de citoyen. Une exception toutefois pour Jeune arabe, la revue des clubs de culture du lycée Voltaire, et l'étonnante qualité, presque professionnelle, de leur journal, caractère inhabituel (ça coûte très cher) dans ée , genre de production scolaire. Deuxième exception : le fascicule Etranges Etrangers, publié 'par une classe de quatrième du collège Terres rouges à Epernay, qui raconte les huit nationalités représentées dans le collège : je leur avais prôriIis! ~ A Dijon, à l'appel du Mduvetnent lycéen pour les droits de 'l'honime, vingtquatre- . associations viennent de 'së téUIlii pour un forum SUr ce sujet. Un questionnaire distribué dans les écoles' de la ville a ramené deux mille réponses. ~ A Paris, création d'un groupe de recherche pour un autre développement, composé de chercheurs origin'aires d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud. Un de ces groupes de recherche, universitaire ou non, comme il' s'en crée tous les jours, et cons aéré aux enjeux de notre société. ~ A Saint-Ouen, une exposition . de livres pour enfants, et . jeunes consacrée ; à ' la connaissance de l'autre vient d'ouvrir ses portes. ... Le réseau Clip continue son extension. Son but : déve- Différences - n° 51 - Décembre 1985 lopper et faciliter les relations entre mouvements , structures, groupes, qui créent et développent de nouvelles recherches, de nouvelles démarches dans les domaines de l'économie du social et du culturel. Tout cela à l'aide de la télématique. ~ La Fondation de France, basée sur le mécénat, a décidé de populariser son action et de faire connaître les projets qu'elle soutient, spécialement ceux destinés au développement des pays du tiers monde. ~ A Marseille, une association Maghreb-Europe organise une exposition de peinture sur sable autour de l'oeuvre du peintre maghrébin Nabili Ali. ~ Mi-novembre, la Fonda organise un colloque sur « les associations d'immigrés et la vie locale ». Un exemple des multiples colloques, sémilance un comité de soutien pour la publication d'un livre d'hommage à Nelson Mandela .. Dans les rangs du comité, Marguerite Duras, Nadine Gordimer, Michel Leiris, Otavio Paz. ~ La création d'entreprises par des jeunes issus de l'immigration prend une telle ampleur qu'un colloque lui a été consacré en janvier. Un seul exemple, pour faire court: Le Mansouria, restaurant ouvert par une « beurette » dans le 11- arrondissement de Paris. Ça marche bien, paraît-il. ~ L'exposition Beaubourg, consacrée l'an dernier aux missions mises en place, contre la délinquance ou pour l'aménagement des quartiers, le désir d'action et de mouvement de la population. ~ La presse: outre Différences, qui continue depuis bientôt cinq ans, des revues consacrées à la lutte contre le racisme naissent tous les jours. Sans frontière doit incessamment reparaître en hebdo. Citons simplement la dernière née, Plurielle, revue d'information et de réflexion sur la culture maghrébine. ~ En banlieue parisienne, une coopérative créée par des TGV, lisez Tsiganes et Gens du voyage, produit et commercialise des produits naturels, faisant ainsi connaître aux amateurs de nourriture biologique le savoir millénaire de leur communauté sur ce sujet. ~ Enfin, pour terminer sur une note internationale, citons le travail sur la fixation d'une politique communautaire des migrations impulsée, sans la moindre publicité, par la commission des Affaires sociales de la CEE à Bruxelles. naires, tables rondes qui ont "'.'_L Vous le voyez, la France bouge et la France se bouge. Face aux brebis égarées dans le racisme par la propagande d'extrême droite et ses relais. il y a beaucoup. beaucoup de bergers qui travaillent à rassembler une France plurielle et fraternelle . Et nous ne vous donnons que la partie émergée de l'iceberg. celle qui peut tenir dans ces deux pages. lieu partout. A Différences, nous recevons une trentaine d'invitations par semaine pour des manifestations de ce type consacrées aux changements économiques, culturels , sociaux, en France. ~ A Clermont-Ferrand, l'AGEC organisait mi-novembre son deuxième festival des Ceze aux . Au programme

rock, musique africaine,

jazz, musique traditionnelle. Pour les seuls festivals de cet été, nous avons remarqué l'entrée en force des musiques étrangères, jusqu'ici cantonnées dans les «communes tiers-mondistes » . ~ Les élèves instituteurs de l'école normale de Chartres mettent sur pied un voyage en Algérie qu'ils comptent intégrer dans leur cycle de formation. ~ Variante intellectuelle parisienne

Jacques Derrida

enfants de l'immigration, publie ses comptes: plus de 400 000 visiteurs, 36 % de Français, 64 % d'étrangers (immigrés et touristes). .~ L'Immigré et sa ville paraît aux éditions des Presses universitaires de Lyon. Là encore, on croule sous le nombre. Au moins deux fois par semaine nous recevons à Différences un livre consacré à l'information sur la France pluriculturelle. Griotteray peut s'y remettre. il a du retard. ~ Un mot pour l'ADRL organisme officiel, en clair l'Agence pour le développement des relations interculturelIes, qui suit ou impulse beaucoup de ces initiatives. On dira ce qu'on voudra de ce gouvernement et de ses ambiguïtés, mais il a su écouter à travers l'ADRL Quant aux sceptiques qui prétendent que rien ne se fait contre la montée du racisme. je leur propose une petite visite de la salle de documentation de Différences. Mais qu'ils apportent leur échelle ! 0 JEAN ROCCIA l'ANTou les différentes com- _""-__ ~ l ~ i "' ! F CE UISE BOUGE Télématique. échanges. mélange ethnique. cooperation ". .' ..: '-~~_---.Iiiii MÉMÉ LANGUILLE, LA RETRAfÉE, vA CHEZ LES NOMADES. ~---'---__ :3 CLAIRE, L'INSTIT, SE RETROlvE A LA TÊTE D'UN RÉSEAU. PIERRE CHERCHE DU BOULOlEN PRESSANT DES ORANGES. TROIS EXEMPLES DE MUATION.A LA FRANÇAISE... ~ -~----------------------.Charles 12 janvier 2012 à 18:17 (UTC)--~---------------, . Différences - n° 51 - Décembre 1985 CHERCHER Un kiosque en forme d'énorme orange surmontée d'une feuille, une affiche: « 2 oranges pressées 8 francs », des tracts qu'on distribue pendant qu'on presse ces mêmes oranges et, pour peu que vous insistiez et que vous posiez quelques questions, un curriculum vitae qu'on vous remet avec le sourire et une vague lueur d'espoir au fond des yeux ... Qu'est-ce que ça veut dire au juste? Le réseau orange fut créé en janvier 1984 par une association régie par la loi de 1901, la Sauvegarde de l'adolescence. Son objectif est d'aider les jeunes de 16 à 25 ans à trouver un premier emploi par le biais d'une expérience professionnelle de vente sur un kiosque. Après une enquête auprès des cafetiers et des limonadiers, il s'est avéré que le jus d'orange pressée était pour eux la boisson la moins concurrentielle et donc la plus facilement acceptable. De fait, après discussion avec ces commerçants, tous ont accepté, sans problème, l'implantation à proximité de leur lieu de travail d'un point Orange. Le réseau orange, c'est une entreprise, plus exactement une micro-entreprise, dont le jeune est entièrement responsable. En effet, celui-ci s'occupe de l'entretien du kiosque, des horaires d'ouverture, de la vente, des contacts avec la clientèle et de la comptabilité. Pour quelqu'un qui n'a jamais travaillé, cette première expérience peut se révéler très enrichissante. Pour l'instant, quelques kiosques existent à titre plus ou moins expérimental à Paris (gare de Lyon, Champ-deMars, la Défense) et dans différentes villes de province. Ils ont permis à une centaine d'adolescents de trouver du travail ou des stages de formation. Des vendeurs de jus d'orange qui distribuent leur cuniculum vitae Pour le réseau orange, un kiosque ({ qui marche bien» ce n'est pas forcément un kiosque qui vend beaucoup de jus. C'est un kiosque placé à un endroit stratégique (salons, lieux de passage comme la gare de Lyon) et qui permet un brassage de population important. Les v~ndeurs ont ainsi)a possibilité de discuter, de distribuer des curriculum vitae, d'expliquer le pourquoi de leur démarche, de demander à leurs clients s'ils ne connaissent pas quelqu'un susceptible de les embaucher ou de les orienter dans la carrière choisie ... L'objectif pour 1986 est de 100 kiosques en région parisienne. Des lieux de rencontre importànts ... Parler est sans doute l'acte le plus important qui soit pour ces gens privés le plus souvent de l'usage de la parole et qui n'osent s'adresser à quiconque de peur de l'agresser ou de se couvrir de ridicule. Une fois la discussion engagée, l'adolescent n'est plus seul au monde. Il découvre que d'autres que lui se débattent dans les mêmes problèmes, les mêmes difficultés et que finalement les gens ne sont pas si indifférents. Etre au chômage ne devient plus . une · monstruosité, une tare, une anomalie mais. un problème qu'il suffit de résoudre. 0 JOELLE TAVANO AGIR Sureffectifs? Qu'à cela ne tienne, on préretraite. Un' des effets les plus immédiats de la crise, c'est que nombre d'hommes et de femmes de cinquante ' et cinquante-cinq ans se retrouvent du jour au lendemain sans activité. Apriori préférable au c licenciBc ment des jeunes, ce système pose un certain nombre de problèmes, non pas matériels, mais professionnels et psychologiques. Face à leur propre expérience. à leur environnement social et familial, ces personnes vivent cette mise en « retrait» comme une situation d'échec quand. au contraire, elle pourrait signifier la possibilité - et le temps ~ .. ' de valoriser auprès des autres leur propre expénence. C'est à cette situation que se sont trouvés confrontes. il y a Les jeunes signent avec l'Orange un contrat de trois mois deux ans, quatre cadres de 54 et 55 ans. . éventuellement renouvelable. Leur salaire est de 1 700 F par Ils ont alors cherché où leur compétence pourrait avoir une mois pour quatre heures de travail journalier. Le but de ce utilité, et en particulier du côté des pay;s yJ;t NPJ~ ,}}.e contrat est de permettre à ces chômeurs en puissance de développement, démarche qui, cette fois, regài:dàit non trouver un premier emploi. L'Orange aide les jeunes de ses plus vers la rentabilité mais vers l'échange: offrir une conseils (éducateurs, psychologues, etc.) mais n'effectue expérience contre une conscience de soi revalorisée: et aucune démarche à leur place et refuse de prendre peut-être en même temps réaliser le plus vieux rêve du quiconque en charge. En effet, les personnes qui arrivent monde, celui du vagabond, du voyageur, de l'homme en au réseau sont souvent des inadaptés, des « laissés-pour- quête d'un ailleurs qui lui permettrait d'être autre. compte », des « paumés ». Certains souffrent de graves C'est ainsi qu'est née AGIR, regroupement de bénévoles difficultés familiales ou psychologiques. La plupart du préretraités « désireux, selon leurs propres termes, d'ap~ actuellement AGIR bénéficie de subventions du secrétariat aux Personnes âgées, et du ministère de la Coopération; l'association cherche également à travailler en collaboration avec les ONG, soucieuse de «rejoindre les initiatives de tous ceux qui coopèrent au développement d'un courant général d'entràide, estimant qu'un mieux-être surgira d'un supplément d'imagination, d'effort et de bonne volonté ». Dans cet esprit, elle a participé à un projet de réinsertion de travailleurs immigrés dans leur pays, en collaboration avec le SID!, organisme financier qui a prêté de l'argent à quatre Marocains désireux de monter une petite entreprise dans leur pays, tandis que AGIR leur apportait une aide technique en leur envoyant un comptable à la retraite. Mais AGIR insiste beaucoup sur le caractère bénévole de , ses interventions, précisant: «Ceux qui les réalisent n'ont aucun droit sur ceux qui en bénéficient, ni aucune vocation à s'approprier une intervention dont ils auraient eu la responsabilité pendant une période déterminée. » L'association a pour interlocuteurs des gouvernements et des administrations, mais aussi des artisans, des PME, des coopératives ou des communautés villageoises. Elle travaille essentiellement au Maghreb et en Afrique noire, mais l'un de ses adhérents est parti trois semaines en Chine faire une étude' de faisabilité et de développement agroalimentaire, tandis qu'un autre participait à la réorganisation d'un atelier de confection au Brésil. Pour \répondre à toutes les demandes, AGIR a besoin d'adhérents dans tous les secteurs d'activité, mais surtout de technicien,s capables de travailler sur le terrain, essentiellement dans le domainede la santé (création du «produit santé»: un médecm et un ingénieur collabOrent pour livrer des hôpitaux clés en main et fomier le personnel capable de les gérér et de les exploiter), mais aussi dans le textile, la conserverie: l'enseignement technique... . M. LanguiUe, retraité des P'IT où il effectuait des tra- . vaux en génie civil, a pu ainsi partir au Sénégal, dans le département de Bakel; réaliser l'aménagement de marigots avec l'aide du GRED.Sa femme, partie avec lui, a participé à la création d'une école et à l'enseignement du français et du calcul. Expé- ~ ~ .. d rience de neuf mois où il leur ~ . temps ils n'ont pas d'idée bien précise sur ce qu'ils porter leur compétence professionnelle pour des actions a fallu prendre contact aussi ~ 1_. _ _ :' bien avec les réalités hu-


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voudraient faire. Le premier travail est donc un travail d'aide et de solidarité pour les pays en voie de déve10ppec d'introspection. Le but de l'association est de leur faire ment ». découvrir le potentiel de richesse et d'originalité qui existe Aujourd'hui, ils sont près de 1 000 adhérents, répartis dans maines - contact avec les chefs de village et les chefs de groupement, autorités locales - qu'avec les problèmes te~hniques de réalisation. en eux, de leur faire prendre conscience de leur propre onze délégations régionales et ont à leur aètif valeur. Bref, de leur redonner confiance en eux. La plupart 2 300 journées d'intervention en cours. Dans la retenue d'eau de Gouriàng, le souci d'économiser viennent d'un milieu social très défavorisé et ont un niveau Mais le démarrage d'une telleèntreprise ne va pas sans ' les matériaux, joint au manque de formation du personnel Des retraités qui se font une deuxième vie active d'études pratiquement inexistant. Mais tel n'est pas toujours difficultés. Pour obtenir des demandes d'intervention, il faut ' d'encadIement, a nui à la qualité du travail réalisé, et il a le cas. Ceux qui possèdent un baccalauréat et même un prospecter dans les pays concernés, puis étudier ces i fallu avant tout entreprendre des travaux de réfection. ... DEUG ne sont pas mieux lotis et se retrouvent parfois aussi demandes, écrire, télexer... Pour tout cela, il faut des i L'exémpie de la diguette de Tourimé est encore plus ~ désarmés que les autres lorsqu'il s'agit de trouver un moyens, bien entendu. i révélateur: des réparations avaient dû être entreprises Il premier emploi. La mise en place n'a pas toujours été facile, mais 1 alors. que l'ouvrage n'avait pas encore été mis en service! fi ,---------------------------------------------------------------------------------------- 1 . ~D~ijfi~eLnn~c~u~--no~5~1~Dn.7écem~bn~1t.9~8~~------------------------------__________________________________________ 1 Il Divers autres essais ont été effectués: barrage végétal avec l'aide du service des Eaux et Forêts, essais de riz et de légumineuses, cultures de décrue, promotion de la culture attelée, réparation et construction de matériel agricole (faucheuse à fourrage, herse, rouleau), fabrication de colliers, bâts et jougs. Dans chaque cas, à côté des problèmes techniques, M. Languille découvre le problème spécifique de la sécheresse et sa conséquence sur la vie des troupeaux: en effet, les épineux les moins comestibles ne serviront pas de protection au barrage végétal, chèvres et ânes arrivant à les brouter. Il est même fréquent, dans toute la zone sahélienne, de voir des troupeaux de chèvres réduits à manger du papier et même du plastique! Et il est certain que l'étranger le plus expérimenté doit perpétuellement s'adapter à une réalité qui dépassera toujours ses prévisions. Parallèlement, Mme Languille, conseillée par l'IDEP (Inspection départementale de l'enseignement primaire) de Bakel, a mis sur pied une école à Gouniang. Elle s'est trouvé de son côté confrontée à des problèmes matériels et humains - manque de mobilier, obligation des enfants à participer à la vie domestique (traite des vaches, surveillance des champs et des troupeaux) et à la vie religieuse (école coranique). Toutes ces expériences ont été réalisées dans des conditions assez dures d'isolement, dans un logement sommaire, par une chaleur particulièrement éprouvante, conditions qui ont leur importance dans la compréhension des modes de vie et de pensée des populations locales. A la fin de leur séjour, beaucoup restait à faire et c'est un autre couple qui a pris la relève. Mais ce qu'il faut souligner, c'est que, loin de se substituer à des initiatives locales, la démarche de ces personnes vise avant tout à motiver et à former des compétences sur place qui donneront aux populations des méthodes de culture, d'élevage, ou d'éducation, plus efficaces et moins contraignantes dans la mesure où elles résoudront les problèmes de sécheresse et d'isolement sans perturber l'aspect traditionnel, rituel des modes de vie. L'expérience prouve aussi que l'impact de cette démarche auprès des populations tient en grande partie à l'âge de ces personnes. Face au respect traditionnel dû à l'ancêtre, au chef du village, l'étranger doit apporter une connaissance qui lui vient de la vie. A propos, AGIR recherche actuellement une potière pour former à cette technique des femmes d'une tribu nomade de Djibouti contraintes par la sécheresse et la mort de leurs troupeaux à se sédentariser. Dans le contexte de cette nouvelle vie, elles tentent d'assurer leur existence à travers une activité artisanale. Pour mobiliser des capitaux en vue de l'aide aux pays du tiers monde, le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) a lancé il y a deux ans un fonds commun de placement dont les intérêts financent des investissements dans ces pays. L'utilisation de ces fonds est assurée par le SIDI (Société d'investissement et de développement international). Elle agit par une prise de participation dans des entreprises locales et apporte également son assistance dans le domaine de la gestion et dans la recherche éventuelle de partenaires susceptibles d'apporter leur savoir~faire technologique, ce qui est le cas de l'association AGIR a, b, c, d. 0 MARGUERITE ROLL/NOE AGIR a, b, c, d, Association générale des intervenants retraités pour des actions bénévoles de coopération et de développement, 8, rue AmbroiseThomas, 75009 paris. Tél.: 47.70.18.90. Réseau de formation réciproque. Drôle de nom. Si vous habitez le quartier des Epinettes d'Evry, ville nouvelle, vous connaissez sûrement. Ou bien encore si un membre du réseau vous en a parlé. Car toutes les informations y circulent librement de ..; ....... bouche à oreille. Et c'est de::::· personne à personne que l'on recrute de nouveaux membres. Pour en savoir plus, je suis allée voir Claire Hebert-Suffrin qui m'en a parlé avec toute la chaleur de la conviction. Car le Réseau de formation réciproque, ça marche! L'idée de départ est venue à Claire lorsque, enseign2nte dans une école primaire à Orly-ville, elle a vu les enfants porter un regard sur la vie réelle des autres, et s'est rendu compte qu'ils désiraient apprendre également ailleurs qu'à l'école, chez ceux qui savent aussi. (Elle relate son expérience dans l'Ecole éclatée, édité chez Stock 2.) Comme, par exemple, lorsque, un mois après que les enfants eurent visité la chaufferie d'Orly, un ouvrier de l'usine s'est proposé de répondre à toutes leurs questions. La réaction des élèves a été de lui rendre la pareill8, en lui enseignant ce qu'ils savaient sur les volcans, sur lesquels ils avaient préparé un exposé, en collaboration avec une géographe. Cet échange de connaissances spontané est un de ceux qui furent à l'origine du Réseau de formation réciproque d'Orly. L'idée en était : demander aux gens ce qu'ils peuvent donner en fonction de ce qu'ils ont. Des réseaux de fonnation réciproque, où se mêlent retraités, Africains, plombiers, femmes seules ou enseignantes Plus tard, Claire arrivait à Evry, ville nouvelle. Marc, son mari, adjoint aux affaires sociales, voyait certaines personnes s'enfoncer dans l'exclusion. Parallèlement, la mission d'éducation permanente d'Evry désespérait de ne voir que peu de ces familles en difficulté exprimer et réaliser leur désir de formation. Claire a expliqué ce qui avait été vécu à Orly. C'est avec ces gens qu'il fallait discuter de ce qui était bien pour eux et non pas en discuter à leur place. En 1980 naquirent donc ces réseaux de formation réciproque qui, cinq ans après, comptent quatre cents personnes (à leurs débuts, ils en comptaient une vingtaine). Ils proposent un échange de connaissances, d'expériences, de savoir-faire. Cette idée, simple au départ, est celle de faire offre et demande de savoir : « Une jeune femme apprend à coudre à une autre, qui elle-même enseigne le tissage à des élèves, qui eux-mêmes organisent un stand d'information ouvert à la population; une femme enseigne la cuisine à des enfants et reçoit, elle, des éléments de plomberie d'un voisin, qui lui-même est aidé en informatique par un autre participant. » Mais la démarche n'est pas uniquement d'aider ceux qui ont des problèmes, mais de leur faire prendre consciE;)nce de leur propre valeur. Claire a demandé à Suzanne de lui apprendre à coudre ; celle-ci, hésitante, n'était pas sûre de 1 sa compétence. Les progrès de Claire lui ont prouvé la réalité de son savoir. Les buts proposés : essayer une autre expérience de la réussite. «Une femme africaine, qui apprend le français, est très fière de montrer ses progrès à son mari et de lire les cahiers de ses enfants. Cela l'aide à surmonter un sentiment d'infériorité, car, jusque-là, seul son mari souhaitait apprendre le français. Restaurer la notion de dignité en mettant les personnes sur un plan d'égalité. Un retraité français, ancien outilleur, voit d'un mauvais ceil1a présence d'Africains dans l'appartement du dessous. Mais, ayant appris par les réseaux que ce locataire est lui-même outilleur dans son ancien atelier, c'est 1w qui se propose pour le perfectionner en maths en vue d'une formation professionnelle. » C'est ainsi également une occasion de connaître l'autre et, plutôt que des discours, de faire l'expérience de ce qui n'est pas du racisme. « Tout est possible à nos résaux. » Par exemple, une jeune femme habitant à Evry depuis quatre ans a enfin osé dire qu'elle ne savait pas prendre les transports en commun. D'autres jeunes femmes lui ont appris. 25 % des membres du réseau sont des «migrants ». Ils se disent reconnus et valorisés dans les réseaux. C'est un des rares lieux où les Français apprennent à reconnaître et respecter les migrants et réciproquement. L'action du réseau est différente d'une formation dans le cadre des cours d'alphabétisation, où les migrants sont «receveurs » d'une formation en langue française; elle est davantage liée à une utilité sociale, à la vie réelle et quotidienne. Les réseaux sont ouverts à tous et ne constituent donc pas un ghetto réservé aux gens en difficulté. Pendant quatre ans, ces réseaux ont fonctionné sans structures établies, pour éviter la « barrière » de l'institution. Depuis un an, ils se sont constitués en association dont le fonctionnement a gardé toute sa souplesse d'organisation: le développement se fait de bouche à oreille. Les offres et les demandes sont centralisées et diffusées par un coordinateur de réseau qui prend ~ contact avec les futurs inter- ~ locuteurs. ~ Un bulletin de liaison est ~ distribué aux adhérents du ~ réseau, qui comprend diverses annonces d'offre de services. L'intérêt de l'association a été de permettre à des gens qui participaient au réseau de prendre des responsabilités dans l'animation, dans la mise en contact. Le ministère des Affaires sociales, intéressé par ce type d'action, a encouragé le développement des réseaux (dotés par la Fondation de France) en leur accordant des subventions. Claire rencontre actuellement toute personne intéressée par une action similaire dans son propre quartier. Des demandes lui sont déjà venues de différents endroits. Pourquoi ne pas essayer dans le vôtre? 0 REGINE MAUCONOUIT Différences - n° 51 - Décembre 1985 Je t'enseigne la plomberie, tu m'apprends le Portugais Il .. IVRES ____________________ ~ PSYCHANALYSE SAUVAGE. Juif par sa mère, Allemande, et Marocain par son père fou d'alcool, Salim Jay entreprend d'édifier, sur le mode du clin d'oeil à Apostolidès, le Portrait du géniteur en poète officiel. Au coeur d'une société dont le roi est le centre, la rencontre avec le père se fait dans le choc des mots, l'oeil concassé au-devant d'une mémoire ravageuse. «Je me préoccupais plutôt de savoir quel fardeau imposé à l'âme de mon père y brisa le spirituel pour y laisser vieillir les spiritueux. » Une psychanalyse sauvage qui renvoie symboliquement chacun d'entre nous à sa propre histoire «à bricoler dans l'incurable », au plus près de la cassure. Une écriture fouillée, acide, corrosive en prise directe avec l'atroce réalité complexe, « des souscripteurs saugrenus me harcèlent en rêve ... , tandis que Khomeiny laisse agir ses épurateurs d'homosexuels ». Gardien de la mémoire, « tuteur de nos vertiges » , le dialogue avec le père se poursuit « tandis que le nom de Habib Grimzi, (le martyr du Bordeaux-Vintimille) ne modifie en rien le cours de la narration ». Bien au contraire, il la fonde . Une littérature puissamment maîtrisée, dont le rythme vous emporte à chaque fois comme en terre inconnue, « avec des zigues zonant dans les clandées de l'andropause putative ». «Le géniteur mourut d'avoir refusé de vivre, d'avoir bu son refus du monde en le regardant à travers toutes les bouteilles. » Un père pour finir, auquel l'auteur rend un hommage insensé, comme peu d'hommes l'ont fait jusque-là. «Un père qui était allé au-devant d'une juive Salim Jay: un regard mordant de l'humour, un père omniprésent allemande en reniant toutes les médiocrités de la tribu, tous les attributs de la médiocrité tribale. » Outre un regard mordant à l'adresse des panthéons de notre monde et un panorama critique de la littérature du siècle, Salim Jay nous offre pour finir un humour chargé de liqueurs rares en invitant les hommes à vivre leur pré~~ . 0 D. C. Portrait du géniteur en poète officiel. Salim Jay, chez Denoël. LECTURE SANS ISSUE... Cric! C rac.' B oum .' A'"l e. .. . ç a craque, ça mord, ça s'écrase de partout da,tIs le ; recueil de nouvelles de Julien Friedler ' l'Ombre du rabbin ... Que le rabbin devienne ombre jusqu'à en disparaître, qu'une huître se berce d'illusions sur 1 son destin jusqu'à la seconde fatale où une fourchette impitoyable s'abat sur elle ou bien qu'un cri écartèle une bouche au point de contraindre les yeux à voir, il s'agit toujours d'une même histoire au long de ces différentes nouvelles. La fameuse histoire ; celle d'une fin, d'un broiement collectif dans une cruauté extrêmement froide. Celle du génocide dont la mémoire demeure malgré les années, malgré les changements de fascisme , puisque Julien Friedler a trente-cinq ans et que son écriture - à coups d'onomatopées, de répétitions - n'a de cesse d'interroger encore l'Histoire sur cette fameuse histoire. .. 0 SOU AD BELHAooAD L'Ombre du rabbin, de Julien Friedler . Ed. Lieu Commun, 1985. TERRE D'EXIL. Leïla Sebbar est née en Algérie, de père algérien et de mère française. Elle vit actuellement en France, mais se sent en exil. Et pourtant, si sa langue maternelle fut pour elle « un lieu d'exil, une maison sans terrasse », c'est par l'écriture dans cette langue qu'elle a pu retrouver la mémoire et prendre réellement conscience de sa moitié algérienne. Elle refuse de situer son oeuvre dans le courant de la littérature maghrébine d'expression française, auprès d'Assia Djebbar, Tahar Benjelloun, Rachid Boudjedra, pour n'en citer que quelques- uns, et s'il faut vraiment la cataloguer, elle préfère le terme de « littérature de l'exil ». « A la croisée de deux cultures, de deux mondes, l'Occident-l' Orient, le passé-le présent, le mythe-la réalité », c'est ainsi que Leïla Sebbar définit l'héroïne de son dernier roman, dans lequel on retrouve la fugueuse Shérazade d'un précédent roman, Shérazade, 17 ans, brune, frisée, les yeux verts, publié en ~ 1983. ~ Elle s'apprêtait alors à s'embarquer sur un bateau en partance pour l'Algérie, sa terre natale. On la retrouve aujourd'hui endormie dans le camion de Gilles à Marseille. « Il la regarda et la trouva belle, jeune, intrépide. Elle le regarda et le trouva jeune, pas vraiment beau, pas vraiment. .. » Ensemble ils vont traverser la France pendant huit jours. Shérazade n'est pas érudite, mais comme beaucoup de filles de son âge elle se réfugie dans les bibliothèques, court dans les musées, ne sait pas regarder les tableaux, mais « Delacroix lui a appris la lumière dans ,un long couloir sombre. Après, elle a . ch'er.Qhé ) partout, en courant, cette lu' mière .. . » car c'est la lumière de son pays, de sa mémoire, et c'est un i -.I 4Jea nCU isLinieerg-~ronasenrvedur TOUTE L'ANNÉE Foie Gras Frais d'Oie et Canard Ses magrets de canard frais ou fumés Ses plats grande cuisine 58, rue des Mathurins 75008PARIS Tél.:42.65.50.46 18, rue Montmartre ® 75001PARIS Tél.:42.36.03.52 Différences - n° 51- Décembre 1985 Leïla Sebbar : à la conquête de la France Français, Julien, qui, dans le premier roman, la lui avait fait découvrir. A Poitiers à cause de Charles Martel, à Montauban pour Ingres et la Grande Odalisque, à Charleville sur les traces de Rimbaud qui écrivait des vers en latin sur Abd el-Kader, Shérazade s'approprie son propre patrimoine. Mais si l'Algérie lui appartient de droit, la France, sa nouvelle terre, elle doit la conquérir. Elle part à sa rencontre dans le camion « bleu gauloise» de Gilles, et cette fugue à travers la France s'inscrit dans une réalité quotidienne, celle de la Marche des Beurs, des Brigades rouges et d'Action directe, sur fond de routiers et de vie paysanne, avec parfois de brèves incursions de l'irréel, sous les traits par exemple de V. S. Naipaul. Au-delà d'une fugue, Leïla Sebbar a voulu décrire l'itinéraire d'une fille qui veut conquérir sa liberté. Et la place qu'elle donne dans tous ses romans à des héroïnes arabes, pas des mères mais des femmes, des filles qui s'assument en tant que telles, c'est la place qu'elles sont en train de prendre réellement dans la vie. Et parce que Shérazade n'est pas victime mais rebelle, sa fugue n'est pas meurtrière mais féconde. Pour Leïla Sebbar, elle ne rencontre que les gens qu'elle mérite. Ce n'est pas toute la France, mais celle qui souhaite la rencontrer, celle qui, comme elle, souhaite un ailleurs. Tout n'est pas rose pour elle. En fin de compte, malgré toutes ces rencontres, elle est seule sur sa route, souvent isolée comme sur un île, île d'Afrique ou île de Ré. Mais tous ces destins qui se croisent, tous ces moments de solitude, d'amitié, d'amour et même de violence ont un avenir aux yeux de Leïla Sebbar. C'est celui d'une génération nouvelle « à la croisée de deux cultures, de deux mondes» dans cette France terre d'exil, mais aussi terre de mémoire. 0 MARGUERITE ROLLINDE Les carnets de Shérazade de Leïla Sebbar, éditions Stock. .JJ'~HU COMME LA MER. En répétition, lorsque Mehmet Ulusoy intervient auprès de ses comédiens, c'est pour impérativement leur rappeler de «prendre son souffle, se laisser al- 1er ... ». C'est en effet ce qui a lieu ensuite durant le spectacle du Vieil Homme et la Mer, qu'il a superbement mis en scène, selon l'adaptation de Djamila Salah. Le souffle est pris. communiqué, les lumières se tamisent et le songe se fait immense comme 1;: mer, inquiétant comme une nuit sam étoiles et réversible comme une coqUé de bateau ... Le vieil homme porte l'enfant dans ses bras, l'enfant porte le vieil homme dans ses attentes, et tous deux nous portentnous, spectateurs - bien au-delà de l'océan, à cette ligne où les éléments se confondent, où la nuit et la mer ne forment plus qu'un seul féminin. où l'adulte échange son passé avec l'enfance et où, soudain, on ne sait plus si pêcher un poisson ce n'est pas pêcher tout court, puisqu'il faut y laisser sa vie. Dans des ombres bleues. une impressionnante machine (les décors sont de Michel Launay qui a travaillé avec Mehmet sur différents spectacles) représente le bateau du vieil homme en même temps qu'elle est son histoire. Les comédiennes conteuses jouent avec elle, la contournent, l'escaladent. la découvrent, la révèlent ... Ce décor, cependant. ne reconstitue pas la mer ; il en crée une autre - dont l'évocation nous demeure familière pourtant. .. La mer. vous pensez bien. on la connaît. . . C'est la mer de Mehmet. Le théâtre de Mehmet. On v vogue entre des larmes de rire et de's larmes de rage. C'est comme ça la mer. .. « C'est beau, mais c'est brutal. » o SoUAD BELHADDAD Le Vieil Homme et la Mer, mise en scène de Mehmet Ulusoy, Théâtre du Lierre, 22, rue du Chevaleret, 75013 Paris. Vive la vie! LA PÊCHE AU CHÔMEUR Pas de boulot? Des journées désespérément vides, passées à la recherche d'un vague emploi? Allons donc! Ça, c'est le chômage de papa! La compagnie la Pêche au chômeur brise le tabou. Tous au théâtre Durant l'été 1985, une compagnie théâtrale amateur monte un spectacle à Paris, au théâtre du Lucernaire. Chôme qui peut remporte un vif succès, tant auprès de la presse que du public. Guy Bertil, acteur et metteur en scène, est à l'origine de ce projet. Il part d'une idée très simple,' mettre en scène de jeunes chômeurs, tous corps de métiers confondus, et leur permettre par le biais du théâtre et de l'expression théâtrale, non seulement de s'extérioriser, de parler de leurs problèmes, mais aussi de retrouver ou de découvrir une certaine discipline, de se plier à des règles rigoureuses et à des horaires stricts. C'est aussi, pour le chômeur, un moyen de sortir de sa solitude et de l'isolement dans lequel le confine sa position sociale, ainsi que du cercle vicieux de l'ANPE et des petites annonces. « Notre compagnie, La Pêche au chômeur, existe depuis mars dernier. Certains jeunes sont venus à nous avec le désir secret de faire du théâtre, d'autres simplement poussés par une sorte de désespoir. Parce qu'il valait mieux monter un spectacle que traîner dans la rue toute la journée, à la recherche d'un vague emploi dont il n'ont pas, le plus souvent, la moindre idée. Une chaise pour seul décor Le spectacle s'est construit peu à peu, collectivement. Le Théâtre de Paris nous a prêté un bureau et un local de répétitions. Les répétitions ont duré plusieurs mois et ont d'abord commencé par une sorte de travail de thérapie. Ensuite, chacun a apporté des idées, des bribes de textes que nous avons soigneusement examinés, jaugés, expérimentés. Entre temps, certains se sont découragés, et nous avons dû les remplacer. Nous avons commencé par une tournée en Bretagne, puis nous nous sommes installés au Lucernaire l'été dernier. Le succès a été total. Je me suis souvent demandé pourquoi. Nous n'avions aucun décor. Des chaises suffisaient pour suggérer les lieux et symbolisaient tout ce à quoi s'accroche le chômeur. La chaise pouvait ainsi devenir un banc de l'ANPE, un lieu de travail imaginaire ou se métamorphosait soudainement en zoo. Les acteurs n'étaient pas très «bons ». Je pense même qu'ils étaient carrément mauvais. En fait, ils n'étaient en rien des acteurs. C'est peut-être paradoxal, mais c'est ce qui les a rendus crédibles aux yeux du public, ce qui a fait que le spectacle n'en a paru que plus touchant. Qu'aurait donné Chôme qui peut joué par des comédiens professionnels? Le spectacle aurait certainement gagné en qualité de jeu et en mise en place mais aurait peut-être perdu sa sincérité et sa naïveté. Que sont devenus ces jeunes gens une fois le rideau tombé ? Certains se sont inscrits à des cours de théâtre avec la ferme intention de devenir comédiens. D'autres sont retournés pointer à l'ANPE. J'ose espérer cependant que tous se sentent plus riches de cette expérience collective et plus enclins à s'impliquer dans une première expérience professionnelle. On est comédien, ou pas ••• J'ai été accusé par le Syndicat des acteurs de «susciter des vocations» mais c'est une idée fausse. On est comédien ou pas, et si certains de ces jeunes gens ont cru sentir vibrer en eux la corde dramatique, c'est, sans aucun doute, qu'ils auraient eu ce déclic à un moment ou à un autre de leur vie. Disons simplement que j'ai pu servir de détonateur. Maintenant, je suis sur un autre projet: le Théâtre des sans-emploi. Le chômage est l'état permanent des comédiens. Le comédien chôme par iIltermittence, et souvent pendant de longues périodes, toute sa vie. Un acteur qui ne saurait pas utiliser son temps de chômage pour évoluer n'a qu'à changer de métier !" J'étais, depuis quelque temps, à la recherche d'un théâtre, d'un vrai, et non d'une quelconque maison de la culture qui serait tout sauf un lieu de rencontres. Je crois au côté « glamour » du théâtre, au sortilège et à la magie des lieux. C'est important. Or, cet endroit, je l'ai trouvé. C'est le Théâtre en rond qui est actuellement fermé. Ce serait une façon formidable de faire revivre cet endroit. Je voudrais en faire un lieu de rencontres pour des comédiens de toutes origines et de toutes nationalités, momentanément au chômage. Imaginez un peu !... Un lieu où l'on pourrait parler, échanger des idées, des conseils, monter des spectacles, s'entraîner et bien d'autres choses encore! Un lieu qui serait une véritable pépinière de talents et où les professionnels du spectacle pourraient éventuellement venir puiser des acteurs au fur et à mesure de leurs besoins. En fait, l'endroit privilégié par excellence qui ferait que l'acteur au chômage ne serait plus isolé mais pourrait utiliser ce temps de répit qui lui est donné, bien malgré lui, pour se perfectionner, découvrir de nouvelles techniques et peut-être monter de nouveaux spectacles ... 0 Propos recueillis par JOELLE TAVANO La Pêche au chômeur, de Guy Bertil, au Théâtre de Paris, 15, rue Blanche, 75009 Paris. Différences - n° 51 - Décembre 1985 RÂ, LUIGI ET LES AUTRES A vec nombre de festivals dont le plus vieux, Annecy, fêtait cette année son 25' anniversaire, ou le festival de Marly qui présentait en 1985 un panorama du cinéma français d'animation, mais aussi des utilisations fréquentes dans la publicité, des émissions à la télévision, le cinéma d'animation ou cinéma image par image est en plein essor. De jeunes créateurs, venus d' horizons divers, se regroupent pour faire du cinéma image par image, pour pouvoir produire leurs films, ou simplement rassembler leurs forces, car le cinéma d'animation est une longue patience. « Super Trollop » est une simple association, loi 1901, qui regroupe depuis deux ans sept anciens élèves de la chambre de commerce des Gobelins. Associés au départ pour financer leur film Cruelle destinée en 1984, et Publilicité récemment, ils sont parvenus à équiper un local qui suffit pour dessiner et filmer en 16 mm. Leur ambition de tourner un dessin animé adapté d'une fable d'Esope reprise par Rabelais, dans un format supérieur, les a fait se tourner vers la sacro-sainte «avance sur recettes », mais même ainsi ils ne peuvent s'adjoindre une huitième personne. Celia Canning et ses amis continuent à faire bouger «Super Trollop» seuls. Thierry Barthes et Pierre Jamin habitaient le même quartier de la banlieue est. Ils ont fondé un GIE, «les Productions nocturnes » et Râ, leur premier film, a vu le jour en 1983 après des mois de travailfébrile dans le garage de leurs parents et l'attente de l'avance pour pouvoir joindre les deux bouts ... de la pellicule! Des marionnettes animées, un décor de fin du monde baroque, on sent à chaque image de ce film, qui a eu les honneurs de la sélection officielle au festival de Berlin, l'envie du cinéma en prise de vues réelles. Jean-François Laguionie, auteur de Gwen, diffusé par la Gaumont, mais produit à la Fabrique près de Montpellier dans des conditions très proches des créations dont nous venons de parler explique la supériorité du cinéma d'animation sur la prise de vues réelles, il est plus lent, mais allez donc demander à Belmondo la souplesse d'un dessin! Il n'y arriverait pas, ou ne manquerait pas d'exiger un cachet astronomique ! Fourmis chéries, leur dernier-né, de Barthes et Jamin, a déjà exigé trois mois d'animation de marionnettes. y a du taf sur le tif, réalisé par un autre tandem, Anita Assai et John Hudson, en 1984, est encore un film de marionnettes. Pendant un an, amis, cousins ont consacré leurs week-ends àfaire« vivre» le coiffeur Luigi et ses clientes. Un producteur leur avait donné la pellicule, prêté une caméra,. pas de studio mais une cave, puis un local loué par la mairie de Paris : Y a du taf sur le tif projeté sur FR3 poursuit sa carrière de festival en festival depuis, Anita et John, ont réalisé un « clip », Break attack, et attendent l'aide du Centre national de la cinématographie pour leur nouveau film, avec peu d'animation, mais des effets spéciaux et de vrais acteurs, complètement transformés. Tous ces courts métrages, produit dans des conditions économiques limites, à la suite d'un travail colossal, un jour deviendront grands, mais alors, leurs fabricants devront se payer avec leur travail: sauront-ils trouver aides et ressources qui leur permettront de créer encore, sans que pour autant l'imagination quitte le pouvoir! 0 JEROME DUCHEMIN Il Il ÉVÉMEMEMT ____________________________ , LE COMPLEXE DE NÉRON OU LE PORTRAIT DU COLONISÉ } !i·_· Le livre d'Albert Memmi vient d'être réédité. La complexité des rapports entre colonisés et colonisateurs les préjugés racistes: trente ans plus tard, l'acuité du port~ait reste entière. ...-_-- Parler de soi en éclairant les autres sur eux-mêmes est, sans aucun doute, une façon très originale de se poser dans l'histoire. Publié il y aura bientôt trente ans en pleine déconfiture coloniale, ce livre est aujourd'hui encore le miroir implacable d'une société où le racisme symbolise au plus près la relation fondamentale qui « unit» colonialiste et colonisé. Fainéant, impulsif, imprévisible, on ne peut jamais compter sur lui, en plus il est débile, il faut le protéger, d'où les protectorats. C'est en enfonçant le clou de cette façon-là que le colonisateur a pu asseoir son effroyable machination. Mais planter un clou dans le sable, c'est aussi efficace que de faire ce que vous n'avez jamais osé faire dans un violon. Ce qui est très vite apparu suspect, c'est l:u,nanimité d~ l'accusation et la globahte de son objet. Auquel le colonisateur répondait par «un goût vertueux de l'action », c'est-à-dire par un préjugé fondamental: «Les Européens ont conquis le monde parce que leur nature les y prédisposait, les non-Européens furent colonisés parce que leur nature les y condamnait.» Boutant, refoulant ainsi le colonisé hors de son temps, hors de son histoire. Allant même jusqu'à succomber au « complexe de Néron» qui, non content d'avoir usurpé le trône de Britannicus, cherche à l'atteindre, à le détruire dans son intégrité physique et morale à travers l'amour que ce dernier porte à Junie. Entreprise toujours délicate que de vouloir dresser le portrait de quelqu'un, surtout quand ce quelqu'un est le colonisé ou le colonisateur. Comment rassembler derrière les mêmes traits des millions d'hommes et de femmes divisés par l'histoire, la géographie, la langue, la culture? Albert Memmi y parvient dans la mesure où les quelques portraits extrêmes qu'il dresse lui permettent de préciser les contours d'une multitude de portraits intermédiaires. Saisissant cette double solidarité et ce double refus qui unissent et opposent les colons aux colonisés. Un colonisateur parfois zélé, fidèle gardien des intérêts de la communauté nationale pour qui la tentation fasciste est permanente face à un colonisé qui porte en lui la révolte et la xénophobie, refusant en bloc tous les colonisateurs. Un colonisateur complexe, habité par une mauvaise conscience, comme le colonisateur dé gauche face à un colonisé qui s'accepte objectivement en tant qu'esclave, qui va jusqu'à nier l'existence de sa langue maternelle, proclamant l'amour du colonisateur et la haine de soi, comme la négrophobie du nègre ou l'antisémitisme du juif. Enfant de Karl et de Sigmund Entreprendre la lecture du livre d'Albert Memmi, c'est accepter de jeter sur soi un regard sans complaisance, c'est le prix à payer et il y a de l'inflation par les temps qui courent pour se reconnaître soi-même et se nommer parmi les autres hommes . «La colonisation fabrique des colonisés, comme elle fabrique des colonisateurs. » Un portrait fouillé de l'intérieur où apparait la dualité dont chacun d'entre nous est porteur, enfant de Karl et de Sigmund, de l'être et du néant, dialectique dans laquelle n'hésite pas à s'inscrire l'auteur, qui se reconnaît et dans le colonisé et dans le colonisateur. Jean-Paul Sartre, dans la préface, affirme que l'essentiel y est dit. La colonisation restera la grande douleur de notre histoire, mais nous n'en avons pas tout à fait terminé, « car on est toujours le Nordiste de quelqu'un ». 0 JULIEN BOAZ Portrait du colonisé, par Albert Memmi, éd. Gallimard. Différences - n° 51- Décembre 1985 LA MÉMOIRE D'UN PEUPLE Alors que la photo coloniale est restée un regard étranger, voyeur, falsificateur, celui de Mohand Abouda, jeune photographe algérien d'origine berbère, remonte le cours de l'histoire vers la gestuelle millénaire de la femme gardienne de la parole tracée. Des murs chargés d'histoires, de voeux, de signes magico-religieux où le moderne et le traditionnel se côtoyent sans heurts, attestant d'une grande maîtrise de l'art. Maisons kabyles où les extérieurs mordus par la chaux blanche contrastent avec les intérieurs noyés de pénombre à l'introuvable symétrie. Intérieurs qui explosent de couleurs dès qu'un rai de lumière s'y réfugie, libérant les rouges, les ocres, les bruns, les bleus qui implorent le ciel de donner de l'eau, le soleil de briller, la terre d'être féconde. Tandis que des petites boîtes s'entassent sur l'étagère qui court à flanc de mur, comme autant de secrets repliés sur eux-mêmes entre les photos de famille, Les maisons kabyles: des murs chargés d'histoire, des formes rondes et enveloppantes, des couleurs qui implorent le ciel. le moulin à café et les plats de terre cuite. La photo est pour lui l'alphabet du . siècle. Les peuples qui écrivent leur histoire sont des peuples vivants. Mohand Abouda photographie les siens, l'intérieur des siens en même temps qu'il se regarde lui-même, enflXant la mémoire d'un peuple qui risque de la perdre. Au-delà du processus passionnel, ce photographe tendre et sensible se sent bien dans sa peau de Kabyle. Sur les routes de l'exil, comme la majorité des siens, il affirme sa berbérité avec un talent monstre en une ultime pulsion de vie. 0 oc AXXAM. Maisons kabyles, espaces et fresques murales. Mohand Abouda. Photographe éditeur, 39, rue Lucien-Mèche, 95190 Goussainville. 1 Buenos Aires, capitale du tango, l'expression d'une colère et d'un espoir. LA DANSE DE L'EXIL. Tangos, ou malgré elle, Diane, Nastassia Kinski, DU RIO GRANDE À LA MIGRA. Un l'Exil de Gardel, dernier en date de la une jeune Américaine enlevée de New film mexicain, le Pouvoir des mouillés production de Fernando Solanas, ci- York sur les ordres d'un prince, Ben (Mojado Power), sera présenté le néaste argentin à qui l'on doit l'Heure Kingsley, préposé au rôle de «mé- 12 décembre, toujours dans le cadre de des brasiers, ainsi qu'un superbe film tèque» du cinéma anglo-saxon. Cela l'émission Cinéma sans visa. Un jeune sur les handicapés, le Regard des autres, dit sans aucun mépris pour le talent Mexicain essaie de passer la frontière lie les thèmes de l'exil et de la musique de l'acteur, excellent interprète. vers les Etats-Unis pour y travailler. argentine, le tango. On voit bien ce qui a pu flatter les Après quelques beaux quiproquos et On y trouve deux générations en exil; producteurs: ils ont joué sur la péripéties, il réussit. Il y fait la connaisMaria a quitté très jeune l'Argentine, confrontation de deux stars du box sance d'une jeune fille et, avec elle, où son père avait été enlevé. Ses office, la femme blanche et le bel découvre le travail au noir, la vie parents, Mariana, comédienne, et Juan étranger. Arthur Joffé voulait, semble- difficile des immigrés clandestins touDos, musicien, rêvent de retour et se t-il, nous donner des images d'a- jours aux prises avec la police de battent, ici, à Paris, pour monter un ventures et montrer que, aujourd'hui" l'émigration, la migra. Ces travailleurs spectacle à l'image de leur vie, de celle l'Orient est à quelques heures de Wall clandestins, dont certains ont traversé de leur pays, une « tangué die » : tango, Street, que les pétroliers et la télévision le Rio Grande à la nage se voient tragédie, comédie. par satellite vous transportent plus vite surnommés« mojados »( mouillés »). « Durant ces années, explique Solanas, que le tapis volant ou la malle des En s'attaquant, sur un mode parodique, j'ai perdu une partie de ma vie, une Indes. au problème de l'immigration chicano, partie des êtres les plus chers, mes amis Le réalisateur suggère que l'image éro- Alfonso Arrau dégonfle pas mal de se sont dispersés à travers le monde je tique que fait surgir le simple mot de mythes, de là vision de l'intégration suis mort plusieurs fois, et ce n'est pas harem est un réflexe conditionné d'occi- made in USA aux; fanfaronnades une métaphore ... J'ai voulu raconter une dental perclus d'ennui, que, autre cliché machistes des Mexicains. série de contes de l'exil comme une suite fatigué, un prince oriental peut être Tout se passe en chansons, danses et de tangos et de mi/ongas. » aussi las de vivre qu'un Européen du aventures rocambolesques. Le héros Marie Laforêt, Claude Melki, Philippe même âge. Le prince du film se détend décide de former une association de Léotard, Miguel Angel Sola, Victoria en jouant Schubert sur un Gaveau (sic). solidarité regroupant tous ces Mojados Solanas. Le film est mieux qu'une On comprend dès la première image et de l'appeler Mojado Power, identicoproduction: l'expression, comme le que le film est tourné au Maroc (que je fiable par un insigne. Ce mouvement tango, d'une colère et d'un espoir. 0 ne connais pas), tant les paysages sont prend si fort dans la population imdes stéréotypes de catalogues de migrée que les services américains s'en RÉFLEXE CONDITIONNÉ. Dans 1'0- voyage. inquiètent et tentent d'impliquer le jeune rient désert, quel devint mon ennui », Le mélange détonnant Kinski/Kingsley Mexicain dans un trafic de drogue. pourrait servir de sous-titre au film n'opère que sur l'affiche, et ni le Arrestation, procès et prison, rien ne d'Arthur Joffé, Harem, qui sort avec spectateur ni le producteur n'en aura viendra à bout désormais du Mojado moult publicité fin novembre. pour son argent. 0 Power. 0 L'Orient désert est celui que découvre, CHRISTIANE DANCIE C. D. MUSIQUE TROPIC N'FUN. Soraya Mahdaoui est de nationalité algérienne mais, pour elle, le mot déracinée n'a pas de sens: « Mes racines, c'est la musique.» Elle fait partie d'un groupe, La Jungle en folies, qui a remporté un vif succès lors de la fête de l'Humanité. « Je chante depuis toujours, expliquet- elle. Petite, je souffrais d'insomnies terribles, alors j'écoutais la radio. Mes premières amours furent, en vrac, Ella Fitzgerald, Erik Satie, Roxy Music, David Bowie, etc. Pendant des années, au Havre, j'ai chanté pour des amis. Puis, plus tard, à Montpellier, avec un guitariste, j'ai monté un répertoire de jazz brésilien. Ensuite, je suis venue à Paris parce que j'avais entendu dire qu'il se créait une comédie musicale, « The Rocky Horror Show». J'ai auditionné et obtenu une place de choriste ... Après deux mois de spectacle, se retrouver au chômage, l'horreur ! ... Un jour, j'ai lu une petite annonce dans Libération, La Jungle en folies avait besoin d'une choriste. Le nom du groupe m'a plu et, avec Géraud Benech (le chanteur et le compositeur), ça a ~ ~ DE L'IIIDE A L'AFRIQUE. La Route de la soie, les routes de la. soie devrait-on dire, un des itinéraires les plus anciens du monde, qui a mis des dizaines de peuples en présence, pour une confrontation, en général pacifique, basée sur l'échange des marchandises, des oeuvres d'art, mais également des langues, des cultures, des religions. De la Méditerranée à la Chine, en passant par la Syrie, l'Iran, l'Afghanistan, l'Asie centrale, l'Inde, malgré des difficultés considérables, depuis Hérodote jusqu'à l'arrivée des Portugais à Macao en 1557, c'est là l'itinéraire d'une des plus grandes symbioses humaines. Un beau livre, véritable caverne d'Ali Baba photographique, vient de sortir pour nous le rappeler : Sur les Routes de la soie, par Cécile Beurdeley (éd. du Seuil). Un tel sujet nous ramène obligatoirement vers l'Inde aux multiples visages dont les plus agréables, les plus pittoresques aussi nous sont présentés, toujours dans le cadre de l'Année de l'Inde, à Paris: au musée des Arts décoratifs, un merveilleux bazar de soieries de cotonnades, de textiles Différences - n° 51- Décembre 1985 0: brodés qui donnent envie de se rouler dedans s'offre aux yeux et au toucher: «Textiles de l'Inde» (jusqu'au 29 décembre). Par ailleurs,à la fondation de la Photographie (palais de Tokyo), jusqu'au 13 janvier, «Images indiennes, l'Inde vue par les photographes indiens du XIXe siècle », nous donne une vision à la fois très belle, digne, touchante et parfois « kitsch » de la société indienne coloniale coincée entre ses maharadjas chasseurs de tigres et ses officiers britanniques pleins de morgue. Cette exposition accompagne celle de « Cartier- Bresson en Inde» qui démontre, s'il en était besoin, que ce photographe est l'un des plus puissants de notre époque, qui sait saisir l'histoire, avec pudeur et sans « scoops », derrière les attitudes les plus humbles ou les plus intimes: ainsi des réfugiés de l'horrible Partition de 1947 ou des humbles assistants à la crémation de Gandhi. Sur la scène, retour de Jean-Claude Grumberg, dont on se souvient, entre autres, de En r'venant de l'expo, de l'Atelier, de Dreyfus. Dans l'Indien sous Babylone (au théâtre La Bruyère jusqu'à la fin décembre), il nous revient plus acide, comme un petit Kafka comique. Bysminski, poète d'origine tout de suite fait tilt. Au total, nous sommes douze (dix garçons et deux filles). Je suis la seule étrangère et ça fonctionne, sans problèmes... Notre musique, nous disons que c'est du Tropic n'fun. Quelque chose de positif, de terriblement optimiste. Ce que nous voulons, c'est divertir les gens, les amuser, les faire rire et danser. Parce que, au fond, le rire, il n'y a pas mieux. C'est le « fun », le rire, qui m'a toujours aidé dans la vie. Quand on y pense, ce n'est pas toujours très drôle de débarquer en France à l'âge de quatre ans, flanquée d'une famille qui ne parle pas un mot de français, de se retrouver à l'école sans pouvoir communiquer et de devoir travailler comme une folle pour simplement se maintenir au niveau. «Maintenant, je suis heureuse: je chante. C'est aussi bête que ça. Suis-je plus algérienne que française ou le contraire? Peu m'importe, je participe d'un langage universel: la musique! » o Propos {ecueillis par JOELLE TAVANO La Jungle en folies - Contacts : Géraud Benech, 45.35.78.73; J.-P. Le Gui/Lanton

42.50.38.73.

judéo-polonaise, se retrouve dans le sous-sol sinistre du ministère de la Culture où un chef de bureau en costume trois pièces veut l'obliger à écrire une oeuvre « exaltante ». Notre poète (un superbe J.-P. Roussillon) est complètement perdu jusqu'à ce que, à l'aube, la femme de ménag~ antillaise le prenne sur ses genoux pour lui raconter les légendes de son pays ... Enfin, jusqu'au 13 janvier, une expérience, une «première », semble-t-il, aura le musée des Arts africains et océaniens pour cadre: «Arts africains

sculpture d'hier, peintures d'aujourd'hui

». C'est une confrontationdialogue entre les fleurons de la sculpture africaine du musée et les créations de vingt-cinq jeunes peintres africains. o YVES THORAVAL Musée des Arts décoratifs : 107, rue de Rivoli, 75001 Paris. Fondation de la Photographie, palais de Tokyo: 13, avenue du PrésidentWilson, 75116 Paris. Théâtre La Bruyère: 5, rue La Bruyère, 75009 Paris. Musée des ADEIAO: 293, avenue. Daumesnil, 75012 Paris. III La République et l'antiracisme (1) LA DJ EPUBLIQUE NOUS /....-..".."".~ APPELLE Le problème de la nationalité, de l'adhésion à la nation française est au coeur de la propagande d'extrême droite. Le premier article de cette série nous rappelle à quel point l'idée de république s'est fondée depuis le XIX' siècle sur la tolérance et l'ouverture aux autres. Le 15 pluviose an II (3 février 1794) est un grand jour pour la déesse Raison. Trois hommes, un Noir, un Métis, un Blanc se présentent devant la Convention révolutionnaire, à Paris. Tous trois ont été élus par la colonie de SaintDomingue pour participer à l'assemblée qui préside aux destinées de la toute jeune République française. Un rapide examen confirme les lettres de créance de ces députés du bout du monde. Le président du comité des décrets « propose qu'ils soient admis à siéger à la Convention ». Dès le lendemain, les représentants mettent la « question coloniale» à l'ordre du jour. Levasseur, député de la Sarthe, fait immédiatement la proposition suivante: « Lorsque nous avons tracé le projet de constitution du peuple français, nous n'avons pas fait attention aux malheureux Nègres. La postérité nous en fera grief. Réparons cette erreur, proclamons la liberté des Nègres. Monsieur le Président, ne souffrez pas que la Convention se déshonore par une discussion. » La Convention, en effet, ne le souffre pas, et c'est « sans débat» qu'est adopté le décret historique : « La Convention nationale déclare l'esclavage aboli dans toutes les colonies. Elle déclare en conséquence que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés aux colonies, sont citoyens français et jouissent de tous les droits garantis par la Constitution. » Danton, entendant proclamer la fin de l'esclavage, rugit: « C'est aujourd'hui que l'Anglais est mort. » Il comprend bien, le rusé, tout l'avantage que la France peut tirer de l'émancipation. L'Europe monarchique est en guerre contre la République régicide. Les Anglais, qui ne perdent pas le nord, profitent de leur supériorité maritime pour s'emparer des colonies françaises. Maîtres pour maîtres, les esclaves étaient jusque-là restés dans un attentisme prudent. Libérés, ils choisiront de défendre la liberté, c'est-à-dire la France. Leur renfort est d'autant plus urgent que les colons, inquiets de la radicalisation révolutionnaire, complotent avec l'ennemi et s'apprêtent à se ranger sous ses ordres. Le jour même où la Convention abolit l'esclavage, la flotte britannique paraît sur les côtes martiniquaises. Livrée par les propriétaires, l'île tombe sans combat. La Guadeloupe est envahie dans le même mouvement. C'est à Saint-Domingue (l'actuelle Haïti), « la plus belle colonie du monde », que se situe l'enjeu principal. L'île, mi-française mi-espagnole, s'est soulevée dès que Paris a proclamé la liberté et l'égalité en prenant la Bastille. Les Espagnols, alliés des Anglais, promettent l'affranchissement aux esclaves qui passent dans leur camp. Pour stopper l'hémorragie, le gouverneur Sonthonax doit proclamer l'abolition dès le 29 août 1793. Mais les Noirs insurgés ont pour chef un homme habile et perspicace, Toussaint Louverture, esclave transporté d'Afrique à l'âge de douze ans. Ce fin renard sent la mesure de circonstance et attend, pour se ranger sous la bannière tricolore, une loi générale de la République proclamant la libération définitive et inconditionnelle sur tous les territoires français. Une dimension internationale Durant le mois de mai 1794, il apprend que c'est chose faite. Il lui reste à choisir: ou bien il reste un chef de bande, libre, insurgé, héroïque certes, mais sans perspectives, ligoté par l'étroitesse de ses montagnes et les épaulettes de l'armée des rois qui l'utilisent contre la République ; ou bien il embrasse la citoyenneté républicaine qu'on lui offre, et change le cours de l'histoire, donne à son combat une dimension internationale, affermit la liberté déjà conquise en la liant au sort du monde. C'est avec panache qu'il prend sa décision historique. En même temps qu'il annonce son ralliement au général Laveaux, qui le nomme immédiatement brigadier général des armées de la République, il envoie aux soldats affamés de l'Une et Indivisible un chargement de vivres prélevé sur les stocks du roi d'Espagne ! Trois héros formidables viennent de faire leur jonction : le peuple révolutionnaire de Paris qui pousse à son extrémité l'inspiration révolutionnaire ; l'insurrection esclave prête à tout pour maintenir sa liberté; la Liberté et l'Egalité qui ne connaissent pas de frontières et fondent une nouvelle citoyenneté où Noirs et Blancs peuvent enfin se dire frères. Frères, en effet, mais nus. Qu'ils soient noirs et arpentent les côtes caraïbes, ou blancs sur la frontière allemande, les «soldats de l'an II n'ont pas bonne mine. Ils manquent de tout, d'expérience et de chaussures. Des deux côtés de l'océan, ils vont pourtant culbuter les armées les plus sophistiquées de la terre. L'exploit de Bonaparte mettant l'Angleterre en déroute à Toulon, Toussaint le répète à Saint-Domingue. L'île est reconquise pied à pied, unifiée, l'économie repart. Au début de 1797, Toussaint Louverture est nommé commandant en chef des armées de la République française sur le territoire libéré de Saint-Domingue, et gouverneur de la colonie. décapite le modèle, propose de conclure un contrat, le « contrat social », où chaque individu, restant soi-même, accepte de se soumettre à la loi parce qu'elle est l'expression de l'intérêt général et qu'elle est fondée sur la « nature » qui fait naître les hommes « libres et égaux en droit ». Avec la République, on« adhère» à la nation, que l'on soit catholique, ou protestant, ou juif, blanc ou noir, riche ou pauvre, pour peu qu'on fasse sien le projet de la Liberté et de l'Egalité. En fondant « l'antiracisme à la française », la République révulse les nostalgiques qui refusent le formidable ébranlement par lequel Toussaint Louverture entre dans l'histoire de France. L'exaltation politique de la terre française, de la . religion française, de la race française, de tout ce qui est le passé, l'autorité, le modèle, le bon sens, le déjà-là, le rassurant, le rêve d'une France chimiquement pure animen~ les vaincus de la Révolution. De Maurras à Pétain, de Pétam à Le Pen, on en appelle à l'évidence, à la terre nourricière, à ces chromosomes français qui vous font naître la baguette de pain entre les dents. La nation est close dans son passé qu'on invite à mimer, dans sa consanguinité, dans son territoire marqué de fleurs de lys, de francisques ou de croix celtiques. Elle ne se cherche pas d'objectif puisqu'elle est à elle-même son propre but. Il lui suffit d'un chef. La réaction française est marquée par cet atavisme qui la pousse à rétrécir sans cesse Toussaint Louverture est-il une nation dont elle a pourfrançais? La question peut tant la bouche pleine. Maurparaître saugrenue. Elle est ras ne supporte pas que centrale. Il ne fait de doute ni l'israélite Dreyfus ait pu être pour Sonthonax qui remet à admis dans le haut état-ma- Toussaint les pouvoirs de la jor, Pétain dénaturalise les République, ni pour Tous- juifs et les envoie à la mort, saint lui-même, que les es- Le Pen et d'autres tremblent claves libérés sont d'honnêtes de frayeur à l'idée que des républicains et de parfaits enfants d'Africains puissent citoyens français. D'autres un jour devenir leurs concipourraient s'interroger. Le toyens. La Révolution et la proconsul de Saint-Do- première République font au mingue est né en Afrique et contraire preuve d'une même n'a jamais mis les pieds en assurance. Elles prennent France. Son teint ne l'appa- acte que la France possède rente pas précisément à une identité puissante, forgée Jeanne d'Arc ou à Molière. en grande partie par les rois Questions racines et tradi- qui ont réuni sous leur tions, Toussaint Louverture Le général Toussaint... sceptre l'ensemble de l'ethnie ne répond pas au modèle française . français. Lorsque le carcan féodal vole Et pourtant, dans les fureurs de la Révolution, c'est lui qui en éclats, une nation de citoyens s'ouvre et se renforce garde Saint-Domingue à la France, et ce sont les colons brusquement. L'oeuvre «antiraciste» de la Révolution blancs de blancs, issus d'Aunis, de Provence ou d'Angou- correspond à une naturalisation massive. Juifs, protestants, mois qui livrent l'île aux Anglais. Qui sont les bons esclaves noirs des colonies entrent dans la communauté des patriotes? La question elle-même contient sa réponse. citoyens au nom des principes universels de la Raison et du Parce q~e « patriote ~~ est un mot révolutionnaire, un signe Droit. Mêmes droits, mêmes devoirs. L'exigence est très de ralltement du peuple révolutionnaire. Il inclut la profondément vécue par tous les acteurs de cette histoire. définition républicaine de la citoyenneté. Le « bon Fran- Les juifs de Paris, qui désirent accéder à la citoyenneté, çais », c'est celui qui travaille au bonheur de la patrie. Etre pétitionnent durant le mois d'août 1789 et font porter ce Français est un objectif, avant d'être un résultat. texte à la Constituante : «... Nous sommes tellement La chute de la monarchie absolue provoque un renverse- convaincus de la nécessité où sont tous les habitants d'un ment de la notion du Soi et de l'Autre. Un monde de glèbe grand empire de se soumettre à un plan uniforme de police et et d'évidences s'effondre. Le roi était le père et le modèle. de jurisprudence que nous demandons à être comme tous les Un juif, un protestant qui mettent en cause la religion du Français à la même jurisprudence, à la même police, aux ~ prince ne peuvent qu'être suspects. On est français par mêmes tribunaux et que nous renonçons en conséquence, racines (parce qu'on est né en terre de France et qu'on est pour la chose publique et pour notre propre avantage, i~serré ?an.s!e réseau des liens ~~érarchiques ~t féodaux qui toujours subordonné à l'intérêt général, au privilège qui • tIssent 1 umte du royaume). Al mverse, la Revolution, qui nous avait été accordé d'avoir des chefs particuliers tirés de 'Dr~iffille~'r~en~c~e~s--~n~o5~lr--D~écem~br~e~19~8~5------------------~~--------------------------------12 janvier 2012 à 18:17 (UTC)Charles-I , 1 li! ... i f:i 8 oc La capture de Toussaint Louverture par le général Leclerc, en 1802. notre sein et nommés par le gouvernement. » ~ Sa~ntDomingue, c'est le Noir Toussaint Louverture q~I p,roteg~ les Blancs contre les bouffées de vengeance qUI ça et la agitent les paysans affranchis.; et c'est,le Bla?~ Sonthonax qui fait publier une proclamatIOn en creole, ou Il pr?met d~ châtier comme traître à la patrie toute personne qUI oseraIt prétendre que les Noirs n'ont pas con9ui~ la liberté pour toujours et qu'un homme peut en redUIre un autre en esclavage. . Le . décret libérateur du 16 pluvIOse an II est un de ces textes qui vont faire pendant longt~mps d~ la Répu.bli~ue un mot magique pour tous. ceux qUI connaI~sent 1 InjUStice et la discrimination. A Pans, pourtant lasse de la Terreur, l'émancipation des esclaves p~ovoque. un véri~able enthousiasme populaire. Le 30 du meme mOlS, une fete solennelle est célébrée par la Commune de Paris dans le Temple de la Raison (Notre-Dame de Paris) pour glorifier le V?t~ des Conventionnels. Les députés de couleur sont accueIllIS par des ovations au Club des Jacobins, parti dominant de. la Convention. Les rapports de police évoquent l'approbatI~n quasi unanime de la population parisi~nne. Du JardIn Egalité (jardin ~u Palais-R~y~l) au ~afe A Procope, on ne parle que de l'évenement qUI sIgne « 1 arret de mort.de tous les tyrans ». Un bon républicain ne vit pas que de paIn.. . 0 JEAN-LOUIS SAGOT-OUVAUROUX .. Prochain article: La seconde République. éditions de l'éclat Au temps où "les gendarmes battaient le pauvre monde, un temps qui rappelait presque celui de l'esclavage" ... , la r~volte d'Albon, ancien "nègre à blanc" qui finit par prendre le maquIs. Une superbe légende antillaise, pleine de soleil et de sang. Le sang du Flamboyant, par Auclair et Migeat. casterman ' SOWETO -Un poème mémorial En 1976, dans un pays où l'apartheid sévit, un drame éclate: SOWETO. Des hommes et des femmes proiestent-. !lIs opposent à une implacable logique', :tirre 'arme inégale mais redoutable: leur amour 'âèlà liberté. Alors la mort s'abat et, du Pàys austral, s'élève une rumeur: SOWETO. Dans le recuei lIement, Edouard MAU N IC K dont l'oeuvre a acquis une réputation internationale grave un poème. Plus qu'une somptueuse pièce, cette élégie est d'abord élan de passion et d'am~r : son rythme infernal déclenche, chez le lecteur, une émotion intense. Du souvenjr du drame - aperçu à la télévision ou lu dans les comptes rendus de la presse - et de la lecture du texte naît, chez MEC HTIL T, le besoin de pénétrer à I~ntérieur des espaces _ qui sépar:ent les mots, d'accentuer, en quelque sorte, les silences blancs et de faire ressortir, par ce qu'elle intitule "des noirs" la ', violence de la vie et, en son extrême, sa' destruction. Il en ressort une "écriture" admirable qui, d'un bout à l'autre de l'OEuvre, fixé à l'encre de Chine, devient, à son tour, poème. De cette rencontre, nous avons conçù un mervei lIeux Iivre--objet, où éthique et art font, nous semblet- il, un mariage réussi. Le poème d'Edouard Maunick est un portique qui mène à l'oeuvre de l'artiste. INTERTEXTES FICHE TECHNIQUE: Format: 25 x 17 Terte et Graphisme : sur Arches 270 grammes. Présentation : "Le Cap de Désespérance" sur cahier séparé, "Soweto" sur pavillon plié en 30 volet~ de 16 cm de largeur, soit, au total, un ensemble long de 4,80 m. La couverture : Brillanta (texture mate) Suedel (texture marbrée, de ton très chaUd). Couleur sable. S'y détache, gravé au fer, en noir soutenu, le superbe graphIsme "SOWETO". Le tout sous emboîtage. Impression par AR TE Reliure par le POINCON D'OR. Différences vous propose cet ouvrage exceptionnel au prix réduit de 500 F. Renvoyez ce bon, accompagné du règlement. Je commande ................ Ilvre(s)-poème(s) « Soweto ». Coupon et chèque à adresser à Différences, livre « Soweto », 89, rue Oberkampf, 75011 PARIS. Lamine Senghor, secrétaire Il du Comité de défense de la race noire. LE ROUGE ET , LE NEGRE Lamine Senghor inaugure l'ère des « révolutionnaires nègres ». A sa mort, en 1927, un Malien, Tiemoko Kouyaté, prend la relève. Deux personnages de l'entre-deux guerres, des pionniers de la négritude. Qui se souvient encore que, dur a n t l' e ntre- deux-guerres, des Africains, des Malgaches, des Antillais, ont constitué, en France, l'embryon d'une «diaspora noire », encore peu importante en 1919, rayonnante en 1939 ? Dockers à Marseille ou Bordeaux, marins de fortune, passagers clandestins en provenance de Dakar ou Tananarive, domestiques embarqués dans les bagages d'un vieux « broussard », étudiants envoyés à Aix-en-Provence ou Paris, « tirailleurs» démobilisés sur le sol français, délégués à l'Exposition coloniale de 1931, ces pionniers de l'immigration noire sont arrachés à leur sol natal par la déstructuration des économies traditionnelles, enrôlés dans l'armée ou tout simplement fascinés par les feux de la métropole. Au tournant des années trente, la police évalue leur nombre, dans la région parisienne, à une quinzaine de mille, un chiffre somme toute assez faible, hors de proportion avec le dynamisme de la petite communauté, avec son influence sur le reste de la société française. Car, au même moment, la vogue noire bat son plein en Europe. L'art nègre est triomphant, le jazz traverse l'Atlantique, le Tout-Paris court les bals nègres du quartier de Vaugirard pour y respirer le parfum des « isles », on se presse pour voir Joséphine Baker, les petits enfants rigolent du chasseur nègre en livrée devant le Grand Hôtel, les « réclames)) enfoncent dans les crânes l'image d'un « nèg' banania )) rigolard et un tantinet ridicule ... C'est dans cette atmosphère, raciste au pire, paternaliste au mieux, condescendante presque toujours, que les pionniers de la diaspora noire en France vivent, s'expriment, s'organisent. C'est Lamine Senghor qui inaugure l'ère des « révolutionnaires nègres )). Cet ancien tirailleur est né en 1889 à Joal, au Sénégal, d'une famille de paysans sérères. Mobilisé en 1915, blessé, gazé et rapatrié au Sénégal en 1919 il est d~mob~li~é, ~vec le grad~ de sergent, et ~ne pension d I~vabdite a 30 %. Ce n est pas un revolutIonnaire qui revient en France en 1921, mais les espoirs déçus de l'ap~ès.-guerre (la France avait promis la citoyenneté aux Afnc~ms en échange de leur participation à la guerre), les premIers contacts avec la métropole et les conditions d'e~istenc~ réservées aux Africains sont à l'origine de son rapIde rallIement au mouvement communiste. En 1926, Lamine Senghor fonde le Comité de défense de la race nègre, l'ancien tirailleur sillonne les ports pour rallier les dockers et marins à sa cause et au début de 1927 le C;:0mit~ c~mpte un. millier ,d'adhérents. Le journal' de 1 orgamsatIon, la VOLX des negres, lance dans son premier numér? ~n cri prophétique, presque une profession de foi panafncame : la « solidarité raciale )) doit unir le paysan des brousses sénégalaises à l'intellectuel noir américain l' o~vri~r africain exilé en Europe au coupeur de canne~ antIllaIs. Tous sont des nègres, tous doivent avoir à coeur de « ramasser ce nom dans la boue ( ... ) pour en faire un symbole ». Mais la santé de Lamine Senghor est chancelante l'ancien tirailleur doit se retirer dans le Var en août 1927,'crachant le sang, les poumons rongés par les gaz et la tuberculose. Il décède à l'hôpital de Fréjus le 25 novembre 1927. La (( conscience de race )) au second plan Un M~lien - on disait alors un Soudanais - de vingt-cinq ans, Tlemoko Garan Kouyaté, prend alors les rênes de l'organisation rebaptisée Ligue de défense de la race nègre à la suite d'une scission des Antillais assimilationnistes' fondateurs du journal la Dépêche africaine. Le nouvea~ dirigeant fait plutôt figure d'intellectuel: instituteur en C,?te-d'Ivoire de 1921 à ~923, il est arrivé en 1924 à Aix-en-Provence pour y smvre des cours de perfectionnement. On le retrouve à Paris en 1926, comptable chez Hachette, il est inscrit en Sorbonne et milite au PCF. A la tête de la Ligue de défense de la race nègre, Kouyaté tente d'opérer la synthèse entre lutte indépendantiste révoluti~n sociale et quête d'identité nègre, mais l'insertio~ progressive de la LDRN dans le mouvement communiste relègu~ au second plan les interrogations sur la « conscIence de race )) ou sur la culture africaine. Car, dès 1930, Kouyaté connaît l'existence hors du commun des « Kominterniens )) : durant plus de trois ans, il devient un révolutionnaire au service de l'Internationale communiste voyageant clandestinement en Europe, passant sa vie entr~ . Berlin, siège de 1'« Internationale nègre )) dont il est le respo~sable pour l'Afrique, Moscou et les grands ports françaIS. Mais la tutelle de l'IC finit par peser trop lourd. Les communistes européens occultent ce qui est la base de l'eng~gement des révolutionnaires nègres, à savoir « l'oppreSSIOn de race )). Ces derniers affirment quant à eux qu~ la lutte contre l'exploitation économiq~e et politiqu~ d~)lt ~e. d(;mbler d'un com.bat pour la dignité, pour la rehabIbtatIon du monde nOIr. Le mouvement communiste refuse .cet aspect de la cause nègre et voit dans la « conSCIence de race )) les germes du chauvinisme, de la guerre des races. Aussi Kouyaté ne peut-il longtemps taire son « âme nègre» ; en 1933, il rompt avec le mouvement communiste .. Priv~ d';1 co~c0';1rs financier d'un parti politique français, 1 anCIen mstItuteur est contraint au silence 1910 : les tirailleurs sénégalais et les autres. Ce n'est qu'~ la fin de 1935 que le militant nègre parvient à ~ettre ~ur I?le~ un nouveau Journal, Africa. Mais, en 1936, 1 agressIOn ItalIenne contre l'Ethiopie bouleverse les cartes du mou,vt:ment. ~ègre, la montée du péril fasciste oblige Kouyate a chOISir son camp : plutôt une «colonisation douce )~, telle que s.el!lble la promettre le Front populaire, que le Joug mussohmen ou la botte nazie. La priorité est alors au combat antifasciste. On ~.ait malh~ureusement très peu de choses sur les dermeres annees de Kouyaté. De son activité résistante durant la guerre, ~n .ne conn~ît que l'issue tragique: en 1942, le leader afncam est fusIllé par les nazis au fort de ~ontluçon. Injustement oublié, Kouyaté reste l'une des figures les plus marquantes du mouvement nègre de France pendant l'entre-deux-guerres. Racisme à rebours Qu'on ne s'y trompe pas, le combat de Tiemoko Garan Kouyaté ou de Lamine Senghor n'est pas un racisme à rebours. Les militants noirs luttent pour un monde où l'a~port nègre se~ait reconnu à sa juste valeur, ni plus, ni ~oms . ~ls. revendiquent le mot « nègre )) au moment précis ou celm-ci entame sa descente aux enfers ils brandissent le mot souillé par les bouches racistes com~e un défi mais ils n'en font pas un porte-drapeau de la haine racial~. Lamine Senghor ou Kouyaté ne sont pas de «curieux personnages)) isolés dans la tourmente politique de l'entre-deux-guerres; avec eux ou à côté d'eux des du:aines de j(;m~na~x o~ organisations nègres, révol~tionnal~ es .ou asslmIlatl~n.ms.tes, nationalistes ou panafricains, antIllaiS ou afro-amencams forment un étonnant bouillonnement intellectuel qui va susciter l'éclosion du mouvement de la négritude (1). Aimé Césaire ou Léopold Sedar Sengho,r ont ~ait de l'?mb.re à le~rs aînés, mais il est temps ~e redecouvnr ces pIOnmers qm ont permis la réhabilitation du monde noir, le déclin du complexe de supériorité des Européens et l'avènement d'une « révolution culturelle nègre )) encore à l'ordre du jour en cette fin de xx· siècle. o pendant plusieurs années. En 1934, il en est réduit à vendre PHILIPPE DEWITTE des bijoux et des parfu~s d'Afrique du Nord, il est à la rue, dort dans les cafes, toujours accompagné de ses valises de (1) Cf· Michel Fabre, la Rive noire. De Harlem à la Seine Lieu Commun pacotille . ~~:::!'::t. Dewitte, les Mouvements nègres en Fra;ce, 1919-1939, Il tTtCharles-~n~o551t-~D~éc~e~m~b~re;1].9~8K5------------------------12 janvier 2012 à 18:17 (UTC)------------------------~--------~ Il J Il 2 3 4 5 6 7 8 9 10 EUX ____________________ ~ PIERRE VALLÉE ...·:.: ::. i.~. ... :::::::..:::~:. - ... .•• ••••• •••• e •••• ::::::::.::::.::::.:~.

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~::::.::.~, ........ . ~~ .....:.. .:.. : LA VALEU~ J)EJ LETTRES NEUF + NEUF + NEUF + NEUF Quelle est la valeur numérique des lettres, sachant que F et E sont consécutifs, le plus grand est E R + F A. Pas de 3, ni de 5, ni de 6. CARRE HORIZONTALEMENT: NOTJ CRoi5ÉJ 1. Prénom féminin . - 2. Jeunes fille. Fleuve côtier. - 3. Ancien nom de l'Iran. Stupides. - 4. Servent à la vannerie. Indien. - 5. Précis. Préposition. - 6. Possessif. Ne se propage pas dans le vide. - 7. Elèvera. Le plus fort. - 8. Pas agréable. Gouverne en Iran. - 9. Aimables. Indien. - 10. Bien précieux. D'un auxiliaire. 2 3 4 5 6 LA 7 8 9 10 VERTICALEMENT: 1. Amènerai avec soi. - 2. Non payées. Pied-de-veau. - 3. Contient un objet précieux. Anciens jours. - 4. A qui on a fait tort. Embarrassa. - 5. Mise en éveil. Pronom. - 6. Pronom. Economiste. - 7. Article. Oncle d'Amérique. - 8. Conjonction. Article. - 9. Qui touche à. - 10. Vous devez les remplir ici. Préposition. Il s'agit de passer du premier au dernier mot en ne changeant qu'une lettre à chaque fois, l'ordre des lettres restant inchangé. Il n'est pas tenu compte des accents. COQ VEAU SEAU VER MOU VER DUR MOU ANE VIDE DUR PORC Solutions du numéro précédent Mots cassés: 24 instruments de musique. Alto - Basse - Basson· Cithare - Clairon· Clavecin - Contrebasse - Cynbales - Guitare· Harpe - Hélicon - Mandoline - Orgue - Piano - Saxophone - Tambour - Timbale - Trombone· Trompette - Tuba - Vielle - Violon· Violoncelle - Xylophone. Mots croisés. Horizontalement: L Alcôve. Ino. - 2. Naines. Ut. - 3. Odeur. Amie. - 4. Ta. Ut. - 5. Il. OEufs. - 6. Ness. Biens. - 7. Etoc. Elles. - 8. Dais. Ere. - 9. Marc. Sein. - 10. Dessine. Verticalement: L Anodines. - 2. Lad. Let. Me. - 3. CieL Sodas. - 4. ONU. Oscars. - 5. Verte. Ici - 6. Es. Aubes. - 7. Fil. Se. - 8. Muselée. - 9. Nuit. Néri. - 10. Ote. Assène. OURROER __ --------------------------~ Nationalité française Nous avons lu avec intérêt, après l'article de Jacques Laurent paru dans le Monde, le papier que Pierre Dussin consacre au même sujet dans le numéro d'octobre de Différences. Peu importe de savoir s'il s'agit d'une « vieille pratique » ou d'un « changement d'attitude de l'administration » ; il nous semble indispensable et urgent de réagir et de demander au gouvernement de gauche de prendre les décisions qui s'imposent pour que « l'enfant légitime ou naturel, dont l'un des parents au moins est français », se voie reconnaître la nationalité française. Nous ne savons pas, hélas! si, après les élections de mars 86, les ministres de l'Intérieur et de la Justice seront de gauche, mais nous pouvons craindre que, s'il n'en était pas ainsi, le nouveau gouvernement, au mieux, ne fasse rien, ou au contraire accentue les difficultés que vous stigmatisez. Il reste à MM. Badinter et Joxe cinq mois pour agir. Que vousmême, le Mrap, la Ligue des droits de l'homme et d'autres fassent diligence pour les y contraindre. D O. et S. SACKUR Fontenay-aux-Roses Le silence de l'amer Quelque part en France, deux basanés s'écroulent. Ailleurs, c'est un cinéma culturel qui fait le « grand saut » des kermesses héroïques. Quarante ans qu'on n'avait vu cela! Et le silence, terrible, à peine comblé par les slogans des traditionnelles manifestations antiracistes. Et le silence, inquiétant, de la justice essayant de camoufler ces crimes en les taxant de règlements de comptes. Et les criailleries d'une certaine presse qui voudrait nous faire croire que, après tout, il n'y a rien de plus banal qu'un meurtre de nos jours... laxisme oblige, dit-on ... Et les discours lénifiants, tranquillisants, qui voudraient nous faire oublier, ranger les cadavres dans les tiroirs de la morgue et leur sale odeur sous les effluves des regrets ! Maman, j'ai peur! Quand tout cela va-t-il cesser définitivement? Maman, j'ai peur! A quand le silence des tueurs, à quand le mutisme des slogans flatteurs et démagos ? Différences - n° 51 - Décembre 1985 Maman, j'ai peur! Et pourquoi eux, eux dont c'est la vocation de témoigner, de parler, d'écrire, de peindre, pourquoi eux, ils se taisent? Ont-ils peur aussi ? Alors à quoi ça sert, un stylo, une palette ou une photo? Uniquement à décrire après coup, lorsqu'il est trop tard? Ou alors se taire, se taire et faire un muet défilé, plein de détermination et de courage, le courage du silence face au fracas des bombes, le courage de la parole, de l'écriture et de l'image face au discours totalitaire et ses complices

indifférence et collaboration.

D Arnaud BADIN Paris-Dakar : pas d'accord Des Africains témoignent. « Je travaille depuis quinze ans avec les coopératives d'éleveurs de la région de Tombouctou. La dernière fois que le rallye ParisDakar est passé, toute l'essence de la région a été réquisitionnée. Pendant trois semaines, nous ne pouvions plus nous déplacer. » (A. c., responsable du secteur coopératif de Tombouctou.) « Lorsque le rallye est venu, il a gravement endommagé le pont, au pied de la falaise de Bandiagara. Depuis, les camions qui ravitaillent la région ne peuvent plus l'utiliser. Ils sont obligés de faire un détour de plusieurs heures. Les travaux de réparation du pont vont coûter 620000 FF. » (H. D., technicien de Bandiagara, région de Mopti, Mali.) Ici aussi. Les associations qui soutiennent les efforts de développement des populations africaines et les associations d'immigrés déplorent l'utilisation des pays africains comme terrain de jeux. Elles précisent que l'aide distribuée par les organisateurs en marge de la course ne compensera jamais les dégâts provoqués par le rallye. Seul un travail à long terme avec les populations peut permettre un réel développement pris en charge par les Africains euxmêmes, sortant ainsi d'une situation d'assistanat. Nous estimons qu'il s'agit d'une manifestation provocatrice pour des populations démunies, spectatrices de ce gaspillage de richesses, vitrine trompeuse du monde industrialisé. Les 500 000 litres d'essence réquisitionnés sur place sont autant de carburant en moins pour que les villages commercialisent leurs céréales et approvisionnent les villes. Qu'il s'agit d'une entreprise qui défonce des milliers de. kilomètres de pistes, sans les réparer, alors que la faiblesse du réseau routier est déjà un des problèmes essentiels des pays africains. Qu'il s'agit d'un spectacle sur fond tropical, qui ignore les problèmes et les aspirations des populations des pays traversés, infiniment moins considérées que les vedettes égarées pour qui l'on mobilise, à grands frais , armées, médecins et ambulances. Les associations africaines et européennes signataires de cette déclaration demandent donc : - l'arrêt des subventions accordées par les pouvoirs publics français à cette compétition ; - une prise de position, par rapport au rallye, par les gouvernements des pays traversés. Déjà en juin dernier, le gouvernement du Niger a manifesté sa désapprobation ; - la remise en question du ParisDakar qui utilise les pays africains au mépris du respect élémentaire de leurs populations ... D PA'DAK CIo B. DAUBIGNEY 72, chemin des Bornes 78260 Etang-la-Ville Les Petites ID1nOnCeS de Différences Duplication de cassettes audio toutes quantités. Studio de la Croix des Lances, 72730 La Bazoge. Tél. : 16.43.25.43.76. n0104 Serge Wajeman, opticien, 134, boulevard St-Germain, 75006 Paris, métro Odéon. n° 105 Vends chalet Tout conf. 1 500 m, 30 km Grenoble. Gr. balcon, vue calme, 128 m'. 47 ()()() F. Privat, 501, avenue du 8-Mai 1945, 69300 Caluire. Tél. : 78.08.65.66. n° 106 Voulez-vous corr espondre avec des étrangers dont vous ne connaissez pas la langue ? C'est facile! Rens. grat. cl envel. affranchie à O.c.1. 123, rue de Royan, 16710 St-Yrieix. n° 107 En ski de fond, au départ d'une auberge de vacances dans un village montagnard. Venez découvrir les Pyrénées dans une ambiance sympa. La Font, 66210 La Llagone. Tél. : 68.04.24.10. n° 110 Vends Archives Hergé 1 (Tintin chez les Soviets, etc.) neuf, 100 + port (valeur 160 F). Tél. : 30.64.87.09 à Trappes. n° 108 VVF Anglet. La fête permanente, 117 F par jour pension complète. Adresse: VVF « Chambres d'amour », B.P. n° 34, 64600 Anglet, tél.: 59.03 .92.17. n° 109 Tarif: 25 .' T.T.C. la ligne (26 signes ou espaces) Texte et règlement à Différences: 89, rue Oberkampf 75011 Paris Tél. 806.88.33 Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient d'une insertion gratuite par an (maximum 5 lignes) 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 LCharles 12 janvier 2012 à 18:17 (UTC)ICharlesI~~I~~I.~I~I~I_I~I~I~I~I~I .~I12 janvier 2012 à 18:17 (UTC)~I~ L. 1 1 1 1 1 1 1 1 l--.l 1 1 L 1 x-- Il 6 et 13, approche juridique et politique des droits de l'homme, séminaire du département « droits de l'homme » de l'université catholique de Lyon, 35, rue du Plat, 69288 Lyon cedex 02. D 7 Nuit du jazz à Metz dans le cadre du festival Jazz en Lorraine 1985. Avec Thomas Patris, Carel Heinsius Quartet, French Aspic, Claude Baro, New Orleans Preachers, Che la Weiss, etc. Au théâtre des Trinitaires. Tél. : 87.75.04.96. D 7 Arrivée de la caravane de SOS-racisme à Paris. Au programme, manifestation et muà sique. D D 9 Soirée débat organisée par le MRAP sur les problèmes 1 Jusqu'au 11 janvier, Boulevard du mélodrame, une pièce de Juan Pineiro, mise en scène par Alfredo Arias, avec Jean Rochefort dans le rôle de Robert Macaire, le célèbre bandit qui avait rendu célèbre Frédéric Lemaître au XIX' siècle, et inspiré bien plus tard les Enfants du paradis. Au théâtre d'Aubervilliers. Tél.: 48.34.67.67 D 3 au 14, onze jours pour la poésie au Carrefour de la différence, avec des poètes venus du monde entier. Rens. au 45.72.00.15. D 4 au 31, exposition des tableaux, dessins, assiettes décoratives de Henri Guédon à la bibliothèque Schoelcher à Fortde- France (Martinique). D actuels soulevés par les différentes campagnes sur ou contre l'immigration. Différents spécialistes prendront la parole sur l'égalité des droits, l'identité nationale, la démographie, les prestations sociales, la délinquance. Sont prévus M. Dupeyroux, Albano Cordeiro, Anina Lahalle, E. Balibar, Michèle Guillon, Véronique de Rudder. Le débat aura lieu à la salle des agriculteurs, 80, rue d'Athènes, 75009 Paris. Rens. au 48.06.88.00. D 10 au 19, une série d'animations dans le treizième arrondissement de Paris organisés par le CNAASPE et la compagnie Bole Bantou autour des danses et de la musique d'Afrique noire. Rens. à la fondation Artaud, 45.82.66.77. D 10 Jusqu'au 20 janvier, le monopole d' Adramelech, de Valère Novarina. Un spectacle de danse donné par le café de la danse, 5, passage LouisPhilippe, 75011 Paris. Location au 43.57.42.14. D Il Jusqu'au 13, à l'initiative du théâtre Barkane l'Ange, trois soirées spectacles suivies de forum-débat sur l'Afrique du Sud sont organisées salle Martin-Luther-King, 28, rue Olivier-Noyer, 75014 Paris, avec le concours de la CIMADE, le MRAP et le MAA. Au programme: 19 heures musique, chant et danse Stamba1j en première partie, 20 heures l'Arme à l'oeil une pièce de théâtre sur l'apartheid, 21 h 30 forum-débat avec des intervenants. Participation: 50 F. D 14 et 15 séminaire de formation organisé par le CIEMI, centre d'information et d'études sur les migrations internationales, sur le thème: les communautés immigrées dans le cadre européen. Rens. au 43.72.49.34. D 15 Spectacle de Break, smurf, jazz et J'en ai tout à foutre, par la troupe Black Blanc Beur au gymnase Maurice-Baquet, angle rue Descartes et Julian-Grimau à Bagnolet. A 16 h 30. Rens. et réservation au 43.63.51. 71. D 17 Conférence débat à l'Institut de recherches marxistes sur le thème : le mouvement pacifiste, diversité et constantes. A 20 h 30. Rens. à l'IRM, 64, bd Auguste-Blanqui, 75013 Paris. D 17 Jusqu'au 25 janvier, le Roi de Patagonie, une pièce de Michèle Vénard, au théâtre du Quai de la gare, à Paris. Rens. au 45.85.88.88. D 17 au 28, danse Chauu et arts martiaux au théâtre de la Ville, en coopération avec la Maison des cultures du monde. Les seules danses masquées du Bihar, d'Orissa et du Bengale issues des arts martiaux. D 21 Dernière des Piétons, septet vocal, au théâtre des Amandiers de Paris, 110, rue des Amandiers, 75020 Paris. Rens. au 43.66.42.17. D 21 au 4, présentation de l'exposition Les enfants de l'immigration à l'espace Méridien, centre commercial le Méridien, Malo-les-Bains, 59240 Dunkerque. Rens. au 28.66.94.11. Autre présentation à Cognac, par l'association socio-éducative de la région de Cognac, cité des Grouins, 16100 Cognac. Rens. au 45.82.38.15. D 21 Dernière limite pour voir . Cuculcan, une pièce de Miguel Angel Asturias, au théâtre de l'Eclipse, à Juvisysur- Orge. Rens. et réservation au 69.21.60.34. D T ENCORE L'agenda Palestine 1986 est paru. Un acte de soutien et une documentation sur les problèmes des Palestiniens. Des repères historiques, géographiques, politiques sur la situation au Proche-Orient. Un long article sur le sport palestinien. Rens. à l'AMFP. Tél.: 4 45.30.12.08. D et 7, rencontres et concerts dans le cadre du jumelage Montreuil-Yelimane (Mali). Le débat réunira des spécialistes français et africains , sur les thèmes: santé-nutrition, eauagriculture, scolarité-formation. Au concert sont attendus Salif Keita, Ghetto Blaster, Idrissa Diop et Sarah, un groupe de rock franco-beur. Rens. au 48.58.07.20. D ...... Les aventures de 4 Début d'une nouvelle action culturelle à Paris en direction des enfants. Au Denfert (75014 Paris) et au Studio 43 (75011 Paris) est mise en place une programmation ayant l'ambition de s'adresser aux enfants de 6 à 12 ans. Rens. à l'AFCAE, Gérard Lefèvre, 45.63.45.64. D 5 Débat bibliothèque publique d'information-Matin de Paris sur la présence de communautés d'étrangers en France. Avec Harlem Désir, Jean-Pierre Moulin, Paul Oriol, Jean-Pierre Roux, Leïla Sebbar, Bernard Stasi. Débat animé par Antoine Spire. Salle d'actualité à Beaubourg. D q: habité par le racisme. ~ Par Denis Pessin ~ et Pierre Dumayet. ..J En vente en librairie 126 pages, 67 francs. EDITIONS LlANA LEVI \ '--_....L.. 31. RUE DE L'ABBE GREGOIRE 75006 PARIS TE\.: (1)42.22.75.10 UMEUR __ ---------------------------~ Différences - n° 51 - Décembre 1985 fLAll U. ~A~SUREZ.- VOUS ILS SONT MiNORiiAÎ RES' ________________________________ .fL~NT~- COMME JE LE. DIS

DE. TEMf'~ [Iv TE.Mf'S, 1 L

FAUDR.AIT ffI\\SE.~ À VOUS FAIRE VOTER ' Plantu, collaborateur du journal le Monde, vient de publier son sixième recueil de dessins. Personne n'y est épargné, et toute la classe politique est écorchée, de Raymond Barre à Georges Marchais, et, bien sûr, Le Pen. Voici trois dessins extraits de Bonne année pour tous, paru aux éditions la Découverte -le Monde. III Chaussures MINELLI 120 points de vente dans toute la France PARIS el BANLIEUE LYON MARSEILLE GRENOBLE STRASBOURG BORDEAUX ROUEN TOURS LILLE REIMS MULHOUSE BREST RENNES CHAMBÉRY VICHY CLERMONT -FERRAN D AVIGNON DIJON VALENCE NIMES MONTPELLIER BEZIERS TOULOUSE LENS TOULON CANNES NICE BAYONNE ROUBAIX ALBI CASTRES NIORT EPERNAY AIX-EN-PROVENCE BOURGES NANCY DAX ANGLET PAU LORIENT ANGOULÊME BASTIA CAEN CHERBOURG BOULOGNE SIMER CHARTRES LA ROCHELLE TOURCOING LE HAVRE CHARLEVILLE MEZ. POITIERS AMIENS RODEZ AJACCIO - BESANÇON ST-QUENTIN ANGERS ROANNE LIMOGES VALENCIENNES BELFORT LE MANS TROYES BEAUVAIS CAMBRAI LE PUY MILLAU ST-GENIS MONTBELIARD DIEPPE THIONVILLE VERDUN Siège social MINELLI S.A. 2 bd Dubois, 28109 DREUX, lél. : 37/42.10.23. , bille~esee .. DIFFUSION SC8pl()l-'. VENTE EXCLUSIVE AUX PROFESSIONNELS p r êta port e r 35, rue des petits carreaux 75002 paris • ® 233.48.36 Des gens simples et dévoués sauront vous aider et vous guider vers vos aspirations. L'Agence de voyages« Détente et Culture»- 60, rue Oberkampf - 75011 Paris - Tél. : 357.00.55 - est prête à vous accueillir de 9 h 30 à 19 h 30 (sans interruption) (c. lie. n° A1839). ~~ ~\\~ .~~ PRÊT A PORTER FÉMININ ~~:;:i~~y·:.·:· .:' '98, RUE D'ABOUKIR \9

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Notes

<references />

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