Différences n°4 - Octobre 1981

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Sommaire du numéro

  • n°4 de octobre 1981
    • Edito: ouvre-moi la porte par Albert Levy
    • Copernic: sur les pistes noires par claude Picand
    • S.A.C., Ordre et Justice nouvelle, groupe Peiper: les liaisons dangereuses
    • Immigrés: quel avenir?
    • René Mazenod: notre critique se veut constructive
    • L'année ne commence pas en Septembre (vendanges et immigrés)
    • Mauvaises nouvelles pour M. Faurisson
    • Les nationalisations et l'apartheid
    • L'an 5742 de l'univers créé
    • Le tiers-monde à l'office (employées de maison étrangères) par Véronique Mortaigne
    • Marseille: un vent nouveau au pays du mistral par Pierre Inghilleri
    • Les cent lumières de Sandar 'Inde) par Renée David
    • L'Inde: une mosaïque de minorités par Renée David
    • Réflexion: Doué? pas doué? (échecs scolaires) par Albert Jacquard
    • Histoire: Ce jour-là, Octobre à Paris (octobre 1961)
    • Débat: faut-il brûler Shakespeare (antisémitisme): interventions de Beate Klarsfeld, Léon Poliakov, Guy Le Neouannic, Roger Coggio, Henry Bulawko, Abbé Jea Pihan, Jacques Madaule, Jean-François Kahn, Alain Bosquet
    • DEs juifs et de l'antisémitisme par Pierre-André Taguieff
    • La longue marche du cinéma antillais par J.P. Garcia
    • Les nonoches comédiens par Jean Bartoli
    • Dialogue avec Georges Hourdin

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N° 4 - OCTOBRE 81 - PRIX 12 F - MENSUEL DES MAGASINS DES TEMPS NOUYEAU BESANÇON: 1, rue Gambetta LA ROCHE-SUR-YON: 11, rue Stéphane-Guillemé LE HAVRE: 222/228, rue Aristide-Briand BESANÇON: 1, rue Gambetta LA ROCHE-SUR-YON: 11, rue Stéphane-Guillemé LE HAVRE: 222/228, rue Aristide-Briand GRENOBLE ST-MARTIN D'HERES: 72, avenue Gabriel-Péri GRENOBLE ECHIROLLES: Grand Place ORGEVAL: Lieudit "Les seize arpent" GRENOBLE ST-MARTIN D'HERES: 72, av. G.-Péri GRENOBLE ECHIROLLES: Grand Place o V - LA o TE 01 L es vacances maintenant finies, chacun va-t-il rentrer dans sa coquille? Ailleurs - en Inde ou au Pérou, au Portugal ou en Bulgarie, voire en Bretagne ou sur la Côte - on n'hésite pas à manger, s'habiller, (se déshabiller), vivre autrement. Au retour, plutôt que l'originalité qui libère, va-t-il falloir retrouver, avec le confort, le conformisme? Et tel qui, l'autre semaine, fraternisait avec un guide basané, se régalait de plats odorants, s'abandonnait aux rythmes du folklore, jouissait de la promiscuité rustique dans des autobus brinquebalants, n 'aura-t-il pas tendance à traiter par le mépris l'immigré, son voisin de palier ou de métro? Il est vrai qu'on ne va pas avec le même état d'esprit à son travail et à la plage. Il conviendrait pourtant de s'interroger sur certaines façons de voir "l'Autre", ici et là-bas. Là-bas, c'est-à-dire en vacances, la "différence" tient à l'histoire, à la culture propre des peuples qui nous accueillent, mais aussi à leurs conditions économiques et sociales. Il est aisé de confondre les deux plans, et de considérér la misère ou l'obscurantisme comme des données immuables, pittoresques, un charme de plus à sauvegarder pour conserver à ces peuples leur identité. Ici, au contraire, dans les contraintes de la vie quotidienne, les difficultés matérielles des travailleurs étrangers sont fréquemment ressenties comme un poids ou une menace, et suscitent moins de sympathie, tandis que leur civilisation différente apparaît comme un obstacle à la communication. Autres lieux, autres comportements. Dans les deux cas, la compréhension véritable suppose de reconnaître qu'ils sont pétris de la même pâte que nous, qu'ils ont par conséquent les mêmes besoins, et que leurs valeurs spirituelles méritent le même intérêt que les nôtres. Alors que les tensions de la région lyonnaise révèlent trop souvent des attitudes de peur réciproque et d'incompréhension butée, que demandent les jeunes de Villeurbanne ou de Venissieux? Simplement qu'on se mette à leur place. Et qu'on les prenne pour ce qu'ils sont. Les relations devraient être facilités par les nouvelles dispositions gouvernementales destinées à mettre fin à la précarité administrative, aux discriminations dans le travail, aux persécutions et à l'arbitraire qui faisaient de quatre millions d'êtres humains des sortes de parias dans notre société. Car, sans liberté d'expression et sans égalité des droits, il n'est guère de dialogue possible. Et sans dialogue, on ne peut s'entendre. Au lieu de voir dans ces mesures d'élémentaire justice je ne sais quel danger pour les Français et pour la France, si on profitait tous de cette rencontre permanente, à notre portée, avec ceux qu'on aime tant aller voir en vacances, est-ce-que ce ne serait pas mieux? En ces temps de rentrée, les radios diffusent une chanson d'Enrico Macias : "Ouvre-moi la porte de la grande école du monde ... " Le monde n'est pas si loin, et pour la porte, Différences est une bonne clé. Albert LEVY 3


~---------------------------------- Oui, j e désire m'abonner à Différences

Je vous joins un chèque de o 140 F (1 an) 0 75 F (6 mois) 0 200 F (soutien) Je recevrai Différences à partir du numéro , En outre, si je m'abonne au moins pour un an, je recevrai 13 numéros au lieu de 12 (valable jusqu'au 30 novembre 1981), NOM _ P rén()m Adresse Code postal ____ . _ _ Commune __________ ---________ _ Profession _____________________ - ___________ -~ -- Bulletin dûment rempli accompagné d'un chèque à retourner à : Différe nces (Service Abonnements), 89 rue Oberkampf, 75011 PARIS.

  • Abonnement 1 an ~ étranger: 170 t·, chôme.ur et étudiant : 110 Jo'

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ACTUALITÉ 7 COPERNIC: SUR LES PISTES NOIRES "Après 3 Mois, c'est difficile, après 6 mois, c'est foutu" Claude PfCANT 9 LES LIAISONS DANGEREUSES S.A.C., Ordre et Justice Nouvelle, Groupe Peiper IMMIGRÉS: QUEL AVENIR? Trois projets de lois au Parlement. NOTRE TEMPS Interview de René MAZENOD LE TIERS-MONDE A L'OFFICE Les employées de maison se recrutent de plus en plus sous les Tropiques Véronique MORTA/GNE RÉGIONALE 25 MARSEILLE Un vent nouveau au pays du mistral Pierre INGHILLER/ 28 LES CENT LUMIERES DE SANDAR Le Ladakh, un morceau de lune tombé sur la terre. Renée DAVID CONNAITRE 33 L'INDE, MOSAIQUE DE MINORITES REFLEXION 40 DOUÉ ? PAS DOUÉ? Les échecs scolaires ne sont pas inscrits dans les chromosomes. Albert JACQUARD HISTOIRE 43 OCTOBRE A PARIS Une des pages les plus sanglantes de l'histoire de France. Madeleine REBERIOUX DIFFERENCES ml~aline mc:nsuel êdili' par la SEU (Sodelé des [dillons Di.ffcrences) - 89, Rue Oberkampf - 75011 Paris - Tél. : 806.88.33 EN DEBAT 46 FAUT-IL BRULER SHAKESPEARE ? SEL CTION 48 DES JUIFS ET DE L'ANTISEMITISME Pierre-A ndré TA GUIEFF 49 LALONGUE MARCHE DU CINÉMA ANTILLAIS Jean-Pierre GARCIA 51 LES NONOCHES, COMEDIENS Jean BARTOLI 52 ARTS ANTIQUES DU MAGHREB MaUen BOUISSET AbonncmcllIs: 1 un 140.' : 1 a.n etranger 170 f' : 2 ans 270'"' : 6 mois 75 F ; Etudiants ('1 c.hômeun; ; 1 an 120 Jo' : 6 mois 65 .... Joind re unI.: photocopie de la cart\! d ' ~tud ia ll \ (lU de la C3rll' dl' pointage ' Sou lien : 200 f - Abonnement d'honneur: 1 000 . ". Oircch:ur Je la publÎ!.::..l.tion : Albert L.EVY ; Conception ct rcali s31Îon : Philippe TROJA' :. Iconographie: .-\ Iain t'O NTl::RA \,; Ont collaboré .: Cc numèro : J\!'an BARTOt t. MIU ltn 1l0LISSET. KtOlée DA\' U) , Jean·Pi,rre GAKClA, Georges HOURDI:O . Pier« INGHILLERJ, Albm JACQLAK[), Ann. I.A li KFST, Ma" MAl\GIN, Ken. MAn::OOIl , \'ernniqu. MORT 1(;-"[ , Ro b«. PAt: . n.ud, PICA NT. Madeleine R.~ 8ERJO lJX, Jean-I.ouis S.-\GOT-Ol!\'AUROl:X. Pi,,'rre-ARdrt: T r\Gl:If:FF. Débal aVt:e la participation de: Alain 80SQL'ET. "t'Rf) 8 l:LAWKO. Ho~cr COCGIO. Jean-Fran\,ois KAII~ . Beate KLARSFELll. Cu~: LE 'E(} U .-\ ~ J"II I C, J3cques MAIJ."'UU:, Jno PUI"" , Leon PO LIA KOV . PhOTO dc-cOllcrlure : Reine WEKSTi:IS - Admini:'ilralioll : Kbaltd OE8BAfI -Secretariat: Danièle SIMON - Pho tocom posit ion CT p holOgravurc ART compo -Impl sio n : ImpriMle' rit I)[' l .AC tl jAltr)l~ Diffu ~ i o n : " .M .P .P, Numêro de la commis.sion parita ire: 63634 - ISSN : 0247-9095 s LE TGV: UNE REA' ITE ••• Actualité "Après trois mois, c'est difficile, après six mois, c'est foutu" CO SUR LES E ISTES c o •• CLAUDE CANDILLE U n an déjà, depuis l'attentat de la rue Copernic. Et, un an après la bombe quatre fois meurtrière, les assassins courent toujours. Manque cie chance? Manque cie volonté politique? Complexité cI'une affaire qui s'étencl sur toute l'Europe? Il Y a un peu cie tout cela. Or, un clicton policier dit à peu près: "Après trois mois, c'est difficile, après six mois, c'est foutu ! ... " Faut-il clone désespérer cie voir un jour passer la Justice? Pourtant, les pistes n'ont pas manqué. La piste "paiestinienne" tout d'aborcl. Elle reposait sur cieux points: le fait que l'homme qui a acheté la moto Suzuki, utilisée pour l'attentat, avait un passeport chypriote. Et le fait qu'il aurait été "voir" une prostituée italienne qui témoignera qu'il était. .. "circoncis". Outre le fait que l'homme qui portait le passeport chypriote aurait été arrêté le même jour par les services cie sécurité de Inno-Montparnasse pour vol, puis relâché, c'est tout pour la piste "palestinienne". C'est maigre. Autre pi ste, la piste espagnole qui fut révélée par "L'Humanité" clès le mois de novembre 1980, c'est-à-dire un mois après l'attenlat. Ce sont des policiers espagnols qui firent le rapprochement entre le portrait-robot diffusé par Interpol et un certain Ernesto Mila Rodriguez, correspondant espagnol du mensuel de la F.A.N.E., le journal cie Fredriksen. Simultanément, ces policiers • espagnols prévenaient la presse française et un dirigeant cles syndicats cie policiers français qui se trouvait alors en Espagne. Dès son retour, ce dernier, Bernard Deleplace, avertit sa hiérarchie et le préfet cie police de Paris cie l'époque, qui eut entre les mains la photographie cie Mila Rodriguez, dès le mois de novembre 1980 donc. A ce moment-là, la police française ne trouve rien sur la piste espagnole. Et c'est en juillet qu'un autre journal "Le Quotidien de Paris", la relance, en donnant à nouveau le nom de n y a un an : de la Nation à la République. Ernesto Mila, y ajoutant ceux cie 7 Sanchez Bernat et cie Toma Ancosta. Et l'on ira cie surprise en surprise. Sanchez Bernat est en prison en France, à Strasbourg, où il a été condamné à 30 mois cI'emprisonnement pour recel de bijoux volés. Des bijoux volés, dira-t-il , pour renflouer la caisse d'un mouvement d'extrême-droite espagnol. Autre surprise, de taille celle-là: Ernesto Mila est arrêté ... à Paris, où il vit tranquillement avec des faux papiers . Il est intercepté parce que le journal espagnol "Interviu" l'a longuement interrogé et photographié sur les quais dc la Seine, y compris quai des Orfèvres, devant le siège de la police jucliciaire. A PARIS, LE CORRESPONDANT ESPAGNOL DE LA F .A.N .E. VIVAIT AVEC DE FA UX PAPIERS Ernesto Mila était bien à Paris le jour de l'attentat cie la rue Copernic

dix mois après, il se souvient

bien, il prenait un verre dans un café clu Quartier Latin avec un ami. A qui suit régulièrement les tribunaux correctionnels, il peut sembler que Mila a décidément beaucoup de chance de se souvenir 10 mois après avec qui il prenait un verre, un soir d'octobre 1980. Pour la P.J ., l'alibi est bon: Mila est actuellement en prison .. . pour usage cie faux papiers. Pourtant, bien des faits curieux clemeurent. Ainsi, quand Mila fut arrêté dans un petit hôtel clélabré proche de la porte d'Orléans, il vivait avec la femme d'un clirigeant d'un mouvement d'extrême-droite italien. On connaît bien les liens entre les activistes d'extrême-clroite italiens et espagnols. Bien entendu, Mila niera tout ce dont il a élé accusé. Mais lui qui montre tant de talent pour la mise en scène (ainsi son interview à des journalistes espagnols qui aboutit à son arrestation) ne portera plainte Actualité DIFFÉRENCES OCTOBRE 81 f con tre aucun des journaux qui l'o nt (gravement) mis en cause. De.) déclarations curieuses vont s'ensuivre: on saura que la police de /l.hdrid dément avoir passé des tuyaux aux Français. Ce qui est parfaitement vrai, tous les l'Cnseignemen t s, venant, et cela LI été écri t, de la police de ... Barcelone. Mystère sur la transmissi on des t'enseignements. Bernard Del eplace. secrét a ire général de la Fédéra tion Autonome des Syndicats cie Police (F.A.S.P.) avait communiqué à ses supérieurs les renseignements obtenus cl Barcelone (notamment par une IlO te de synthèse du 17 avril 1981 tapée par ses soins), mais avait clemandé il ne plus etre entenclu par la Brigade. criminelle pour des raisons de sécurité' Il trouve que son nom a été trop facilement divulgué. Ce qu'il estime dangereux. On le comprend dans cette sorte d'histoire. La piste espagnole, qui semble la plus vraisemblable, va aussi s 'e nliser dans des gags pas drôles du tout, et pour le moins étranges. Alors qu'on a la preuve que Mila était en contact avec l'extrême-droit e , celle qui a pratiq ué la "stratégie de la tension", c'est-à-dire qui a posé des bombes un peu partout, aucune investigation ne va être poussée dans ce sens. Et pourtant ... Et pourtant une semaine auparavant, Agsa, l'auteur de l'attentat contre le Pape Jean-Paul II, homme de main de l'extrêmedroite turque, a été jugé par une cour de Justice romaine dans des conditions surprenantes: sans l'accusé (c'est assez courant en Italie), mais surtout sans entendre des témoins essentiels, sans rechercher qui était derrière Ali Agsa, l'homme en fuite, aux plKhes bourrées de dollars. Un perso nnage qui avait fait plusieurs séjours en Ltalie et en Bavière. - KARL HEINZ HOFFMANN, LIÉ A L'ATTENTAT DE MUNICH, EST EN PRISON POUR A VOIR TUE UN EDITEUR JUIF DE NUREMBERG La Bavière où, à la mi-août, on arrêtait Karl Heinz Hoffmann, 43 ans, le "führer" néo-nazi du "Groupe para-militaire sportif Hoffmann ' . Le ' !führer" vient d'etre in culpé, avec sa compagne, Franziska Birkmann, 31 ans, pour le meurtre de Shlomo L.evin, secrétaire général de "l'Association judéochrétienne" de Nuremberg, président de la petite communauté juive de la ville et propriétaire de la maison d'édition juive "Ne Tamid" (Lumière Eternelle). C'est un "homme" d' Hoffmann qui avait posé une bombe (12 morts) à la Fête de la Bière de Munich. Mais, fait plus intéres- Ce soir-là, rue Copernic. 8 sant. en consultant les papiers saisIs chez Hoffmann, les policiers allemands ont découvert, qu'outre une fortune personnelle assez importante, celui-ci tirait le plus clair de ses revenus d'un trafic de voitures (civiles et militaires) avec le Liban et la Turquie. En France, pendant ce temps, les investigations se poursuivent sur d'autres affaires criminelles, et l'on se rend compte que nombre cie celles-ci (affaire Curiel, affaire Goldman et même, en partie, FAYARD/SEPIA AFP. K. H. Hoffmann. po urraient passer par... l' E~ pagne. L'Espagne où certains services cie police "entretiennent" des truands français. Pour le minisire de l'Intérieur espagnol, il s'agit d'un modeste réseau cI'ind icateurs. Pour certains policiers espagnols et de plus en plus d'enquêteurs français, cc sont des groupes de tueurs qui vien nent en France pour le com pte des services secrets espagnols. LE MINISTRE DE L'INTERIEUR REÇOIT DEUX LETT S DE MENACES SUR PAPIER A EN-TETE DE LA PREFECTURE DE POLICE On se rend compte de plus en plus que tout cela "co'ince" à cie très hauts niveaux, ou du moins a coïneé. Ce ne sont pas les aptitu des des policiers de la P . .I. qu i sont en cause, mais il semble bien qu'à un certain moment, il valait mieux pour un policier pratiquer ce que l'on a appelé ch el les spécialistes "la non-enquête " . E l, comme nous le disions plus haut, quand une enquete (ou une nonenquête) a plus de six mois ... Un ensemble de mystère, qui intéressent le devenir de la démocratie dans notre pays, restent à éclaircir. Certains sont prets il tout: à deux reprises, l'actuel ministre de l'Intérieur, Gaston Defferre, a reçu des menaces de morts. Sur papier à en-tete". de la Préfecture de police je Paris. Claude PICANT S.A. C., Ordre et Justice nouvelle, Groupe Peiper ... E A L 1 L a tuerie d'Auriol (6 morts) a défrayé la chronique politieo-polieière de l'été. Au moment où ces lignes sont écrites, les véritables mobiles et les commanditaires clu massacre ne sont pas vraiment connus. L'hypothèse la plus plausible reste celle d'un règlement de comptes interne ayant dégénéré en massacre. Seule certitude: les 14 personnes arret ées appart iennent toutes au SAC (Service d'Action Civique). Au delà du fait-divers, tragique en soi; au delà de la sauvagerie avec laquel le ont été extermines l'inspecteur-stagiaire Jacques Massié et sa famille, ce sont les buts et les méthodes d'une organisation née en 1958 lors du retour du général de Gaulle au pouvoir, qui sont en cause. On connaît les parrains de l'organisation

il s'agit de Roger Frey,

ancien ministre de l'Intérieur, et Jacques Foecart, deux dirigeants du service d'ordre du R.P.F., l'ancetre du R.P.R. On sait que le SAC a d'abord assuré la sécurité des réunions publiques du général de Gaulle, qu'il a ensuite participé à la lutte contre le F.L.N. puis, à la fin de la gucrre d'Algérie, contre l'O.A.S. On a pu mesurer à plusieurs reprises l'importance des liens unissant l'organisation à certains services officiels (à Marseille, sur 180 militants que comptait le SAC 43 appartenaient à la police) et à des truands qu'on engageait pour des "coups" ponctuels. On connaît moins, en revanche, la part prise par le SAC dans plusieurs attentats commis ces dernières années, à Marseille ct ailleurs en France. C'est Ange Poletti, un des participants à la tuerie d'Auriol, qui a donné quelque crédit à cette piste, en révélant que le SAC était l'auteur de l'attentat - faussement revendiqué par le F.L.N.C. perpétré contre l' Hôtel des Impôts du boulevard Michelet à Marseille, en mars 1981. Inspecteur Jacques Massié. Or, la technique employée ce jour-là pour détruire l'édific.e a été utilisée lors des quatre actions terroristes suivantes: - Avril 1980: attentat contre le "Centre International de la Sainte-Baume" (Var) où se donnaient rendez-vous des objecteurs cie conscience: - II août 1980 : attentat contre l'imprimerie "Encre Noire" à Marseille. Bilan: un mort et 12 blessés: - 13 juin 1981 : attentat contre la cité d'urgence de la Cayolle, où vivent cles familles d'immigrés. 6 appartements sont détruits. On relève de nombreux blessés. La même nuit, une seconde bombe est désamorcée, avant explosion, dans la cage d'escalier cl 'un immeuble d'immigrés de la cité de Bassens. Les deux premiers attentats ont été revendiqués par une organisation s'intitulant "Ordre et Justice nouvelle". Tout porte à croire que derrière ce sigle se cachent en réalité des membres du SAC. Didier Campana, l'un des auteurs de la tuerie d'Auriol, fréquentait le "Cenlre de la SainteBaume", était l'ami de nomu Jean-Joseph Maria. -_ ....... breux objecteurs de conscience et avait noué des contacts avec quelques personnes travaillant à "Encre Noire", deux des objectifs visés par "Ordre et Justice nouvelle". Cela fait beaucoup de coïncidences. L'affaire se corse quand on sait que ce groupuscule a revendiqué l'an dernier à Paris, en août, une tentative d'attentat contre l'abbé .Jean Pihan, un vice-président du MRAP. Les terroristes avaient alors raté leur coup. Jean Pihan n 'habitait plus au domicile visé par les néo-nazi5. Il avait changé d'adresse un an auparavant. Comment les agresseurs dOrdre et Justice nouvelle" connaissaient-ils l'ancienne adresse du militant du MRAP alors que, pour d'évidentes raisons de sécurité, elle n'était connue que d'un groupe restreint de personnes? Seule explication: ils se la sont procurée auprès des gros bras du "Groupe Peiper" qui, en 1977, avaient organisé une expédition au siège parisien du MRAP et dérobé la liste des adresses des dirigeants du mouvement antiraciste. Voilà comment, il partir du SAC 9 on peut aboutir au "Groupe Peiper" par le biais dOrdre ct .Justice nouvelle". On notera par ailleurs que .Jean-Bruno Finochetti, l 'instit uteur de 31 ans qui a avoué avoir tué le petit Alexandre. le fils de Jacques Massié, était connu pour ses idées néonazies. Bien entendu, ces faits ne suffisent pas à constituer la preuve de liens organisationnels entre le "(iroupe Peiper" et le SAC, via "Ordre et Justice nouvelle". On peut néanmoins imaginer que des membres de ces mouvements ont ent retenu des relat ions" privées" ct cooperé dans certaines occasions. On ne peut rejeter non plus l'hypothèse de la manipulation d'une organisation par une autre. Dans ce cas qui tirait (tire) les ficelles? Seule l'enquete nous le dira. Le dossier du juge d'instruction contient, paraît-il, 10000 pages ... et (peut-être) la clef du mystère. P.1. Etudes coordonnées par Madeleine Rebérioux JAURES ET LA CLASSE OUVRIERE Retour à Jaurès ou les valeurs, les théories les combats essentiels d'un révolutionnaire.' COllection «Mouvement social» 2 t 949 • 240 pages 25 AOUT Attaque sud-afric ine contre 1 Angola Deux colonnes hlindées sudafricaines penélrenl de 150 km dans le sud dt: l'Ângola. bics" declare M. Emmanue:li, secrélaire d'Elal aux D.O.M.·T.O.M., au relour dc son voyage dans les lerriloires du Pacifique. 27 AOUT Près de 10000 manil'cSlanls défilenl clans les rucs de P~lris, de la place du Chfttclet au hwbourg O. N. l l. Sainl-Honoré, à l'appel de la 1 I.es Elat , -Unis bloquent ·.(j.T., aux cri ., de "Mille Thatl'adoption par le Conseil de cher a ss a ss in, liherté pnur Sécurité des ations Unies d'un l'Irlande, assel. cie mcurtres à appel en faveur de Iroi, militanl ~ Long Kes h," nationali stes noirs sud-africains condamn é~ il m Orl ~l Pretoria le Il) aoG!. I.t: texte rejt:lé par le représentant aml' ricain avait été accepté' par les qU:1IClI"/C autre, membres du Conseil. 26 AOUT Le chef d ' la t angolais demande il 1'0. dt: "mellre fin aux actes d' ag ression de Preloria" LOi 'DRES Mme Thatcher refu,e de recevoir le nouveau député d'Irlande du Nord M. Owen Carroll qui, 29 AOUT Attentat contre une synagogue à Vienne Un atlental perpétré par deux Arahes COIlI re une synagogue dam le cenlre de Vienne , lors d'ullt: cérémonie rcligieu se juive, rait deux mOrl s et 17 blessés. 30 AOUT dès SOIl élection , le 20 aoüt, avait BEYROUTH demandé de s'entrelenir avec elle l' Le mini stre fran~'ais de;, Reladu prohlème des grèves de la faim tions Extérieures, Claude Cheysmenées pal' les détenus républi- son, s'entretient près d'une cains de la pri son de Long Kesh. hcure, il Beyrouth, avec Yasser Arafat , présidenl de l'Organi sa- D.O.M. · .O.M , tion dt Libération de la Palesline " J'ai u des cho s e ~ inaecepta- (OLP). 27 août: pour les grévistes de la faim irlandais. 31 AOUT Contre le néo-nazisme 1" Dans une circulaire, M. Ga,ton Defferre, ministre d'Etat. minist rt: de l'Intérieur, demande aux prél'cls de faire preuve de vigilancc il l'égard des publica t iom anl isémite.' ct néo-nazie.' Iract\, ariiclc, de presse, livre" ct d'appliqu er ks "disflositiom légi slali ve, en vigueur concerna ni les menée, il carauère raci ste ou apologél ique, du raci sme par \ oie dt: pres,e". Dl'hui des formalités de régularisat ion de la ,il uat ion des 1 ra\' aillenr , immigré, "san s papiers". clics doivenl se pomsuivre ju,qu'au 31 décemhre. O.N.U. Ll:s ' t'lI s·Uni, opposent leur VCIO Ù la résolution du Conseil de Sécurl!é "condamnanl énergiquement " les incursions sudafricaines dans le sud angolais cl exigeanl le retrait immédial de, force, dc Pretoria. 1er SEPTEMBRE Conférence pour les pays les mOinS avancés u\'erture à Pari s, cie la Con- 11 férencc des Nalions Unie, ,ur les pays les moin.s avancés. hanl;ois Millerrand déclare, dan s son discour,

"Aider le Tier\-Monde,

c'esl ~ 'aider ~ oi-même à ,onir dc la cri se." Le ivl RAP se l'élicite de la cil" culaire adressée aux pré/'ct\ par le Illinislre de l'Inlérieur cl dam laqu elle M. DcI'lerrc b il1\'ilc Ù être vigilants ù l'égard de la prnpagande antisémite cl néo-n.vic. Un millier de per,Ollnc, mani· fesl ent de vant la wnagngue de la rue Copernic, il la suile dc l'attelll ai du 21) aoül conlre une synagogne de Vienne. 3 SEPTEMBRE l'ARIS r Le gouvernemenl l'ran~'ai, adopte un projel de loi entérinanl la libené d'association pour Ie\ ét rangers résidant en I·rancc. 4 SEPTEMBRE L'ambassadeur de France au Liban assassiné ri L'ambassadeur de France au Liban, M. I.olli ~ Dclamarc, eSI assassi né il I3cyrou t Il. Le, troupes sud-africaines lancent une nou velle ollen , ivc dans le ,uel de l'Angola. Le Mois 5 septembre: rencontre Begin-Reagan. 29 août: attentat antijuif à Vienne. 5 SEPTEMBRE lJ,S,A. Il Le match que les Springboks sud-africains devaient jouer il Rochester (Etat de New York) est annulé, la police locale ne pouvant s'engager à assureT la protection des joueurs face aux manifestants anti-apartheid. Le premier ministre israélien, M. Menahem Begin, arrive à Ne\\' York en route pour Washington, où il va rencontrer le Président Reagan. I.e secrétaire d'Etat américain, Alexander Haig, annonce la mise au poil1l d'une nouvelle coopération militaire avec Israël. 7 SEPTEMBRE Un nazi assassin f i Le Parquet de Nuremberg annonce que l'éditeur juif Shlomo Lewin a été assassiné par Karl-Heinz Hoffmann ct d'autres membres du groupe néo-nazi qu'il dirige, impliqué dans l'allentat de l'an dernier à 1\lllinich. AFUIQlJE Dl) SlJn En République sud-africaine, 205 syndicalistes noirs sont arrêtés pal' la police clu Bantoustan clu Ciskei parce qu'ils ont "chanté des chailis de liberté dénonçant l'actuel système de gouvernement et fait le salut clu pouvoir noir", alors qu'ils revenaient d'une réunion. 8 SEPTEMBRE Mort de Roy Wilkins Ancien directeur exécutif de l' Associat ion Nationale pour la Promot ion des ge-ns de couleur (N.A.A.C.P.), la puissante associat ion dont il était membre depuis 50 ans, Tv!. Roy Wilkins meurt à New York. Le chef du bureau de l'agence américaine "Uniled press international" (U . P.J.) en Afrique du Sud comparaît devant un tribunal sud-africain sous l'inculpat ion de "diffusion de nouvelles vi sant délibércment à semer l'inquiétude ou à plonger l'opinion publique clans le pessimisme". Il risque 6 mois de prison. 9 SEPTEMBRE C.I.A. d'avoir introduit la fièvre tropicale "dengue" à Cuba. Celle épidémie a, selon un dernier bilan officiel, provoqué la mort de 113 personnes depuis juin. r Le Conseil des minist res français adopte deux projets de lois relatifs ù la situation ct aux droits des étrangers en France. Il s'agit de l'abrogation de la "loi Bonnet" ct de la régularisation de la situation des travailleurs embauchés par des employeurs clandestins. A Chicago, le Parti National Socialiste Américain annonce son intention de garder les abords du stade où doit jouer l'équipe de rugby sud-africaine des Springboks, le 19 Septembre, contre une équipe locale. Le lieu de celle rencontre ne sera révélé qu'au dernier moment, pour essayer d'empêcher les manifestations des opposants américains à l' apart heid. 10 SEPTEMBRE ClJBA Le MRAP satisfait, l Le gouvernement cubain , "1 accuse à nouveau les Etat s-Unis maIs vlgl ant de mener une guerre baetériologi- 'J Au cours d'une conférence de que à la suite d'une nouvelle épi- presse tenue à Paris, le MR!\P délllie de "conjonctivite hémor- exprime sa satisfaction globale ragique" qui s'est déclarée dans sur les premières mesures du noul'île. Le 27 Juillet dernier déj:'!, veau gouvernement en matière Fidel _ Castro avait accusé la cI'immigration, tout en rappelant ses préoccupations sur cenains aspects particuliers. Le Mouvement espère promouvoir prochainement un inter-groupe antiraciste ù l'Assemblée Nationale. Il s'inquiète des difficultés d'application des diverses circulaires ministérielles sur les autorisations provisoires de séjour et la régularisation des immigrés "sans papiers" . Il SEPTEMBRE PARIS r - Le gouvernement français donne son accord pour l'ouverture à Paris de bureaux d'information de la SWAPO (Organisation du Peuple du Sud-Ouest africain) de Namibie, et de l'ANC (Afriean National Congress) d'Afrique du Sud, les deux mouvements de libération noirs dans ces pays. 12 SEPTEMBRE WASHINGTON L Suite aux entretiens ReaganBegin à Washington, les EtatsUnis vont créer en Israël des arsenaux d'armes ct de munitions, dont des chars "qui nous serviron t en cas de swerre", précise le ministre des Affaires étrangères israëlien, M. Shamir. En outre, l'armée américaine pourra se servi r des bases aérienne:; et des ports israéliens où elle aura des services d'entretien. W $eptembre : Pierre Dcclercq, assassiné à Nouméa. 13 SEPTEMBRE

\ l ICKLANl

Le dernicr match des Springboks ,ud-africains à Auckland, en Nouvelle-Zélande, il donné lieu à de violent s incidents ent re la police et les manifestants antiapartheid au nombre de 6000, faisant plusieurs dizaines de blessés parmi ces clerniers et 17 parmi les forces de l'ordre. I.AGOS 1 Les chers d 'E tal ct de gOlll'ernement s dc.' si x pays "de première ligne" (Tan/.anie, ZimbablVé. Zambie. Mozambique, !\ngola et Uotswana) a insi que du Nigeria , réunis à Lagos , lancent un appel il l'Organsiation de l'Unité !\fricaine pou r exiger le retra it des troupes sud-nfricaines d ~A ngo la el pour condamner la comp l i cit ~ de l' administration Reagan dans les incursions de l' I~ ique du Sud en Angola. 15 SEPTEMBRE Les peuples autochtones et la terre L O uverture lU P alais des Nations de l'O .•. U. à Genève de la Conférence Internationale cles O r g n i sation s Non-gouvernementale .. (0 IG) sur les Peuples Autochtones ct la Terre, ci laquelle pari icipe une délégat ion du MRAP. O.N.l!. l . L'Assemblée extraordinaire de l'O.N.U. sur I.a Namibie réunie à Ne\\' York vote à l'unanimité moins 5 abstent ions' une motion contre l'Afrique du Sud, exigeant la mise en oeuvre du plan des Nations Unies pour l'indépendance de la Namibie (résolu- 1 ion 435 adoptée cn 1978) "sans aucune tcrgiversation, réserve ou modification ( ... ) avant la fin clu Illois de décembre 191\ 1". Le Conseil Oecuménique de, Eglises (COC) rompt ses relat ions avcc lrois banques qui entretiennent des liens financiers avec l'A frique du Sud. 17 SEPTEMBRE I)A I~IS [1 La 14" chambre correctionnelle de Paris condamne à un an de pri ,on avec sursis pour "transport d'armes" et à 4 000 francs d'amende pour "outrage ;1 magistrat" Jean-Yves Pella y ancien garde du corps de Marc Fredrik sen, leader de l'ex-FANE (dissoute) ct des Faisceaux Nationalistes Européens. _ J 400 civils ont été tués par les troupes sud-africaines lors de leur agression contre le sudangolais, indiquent aux Nations U nies les représentants de 50 Etats africains. !\.F.P . DIFFÉRENCES OcrOBRE 8] 1" octobre: Claude Cheysson à la manifestation du MRAP. 19 SEPTEMBRE Il Le premier match des Springboks aux Etats-Unis a 0((:' perturbé par des manifestants antiapartheid. bien que le licu de la rencontre ait été tenu serrel jusqu'au dernier moment· il n'v a au que 200 spectactcu'r,. [ 't encore arrivèrent-ils alors que le match était en cours depuis plu, d'une heure 1 20 SEPTEMBRE Crime politique à Nouméa 1 Pierre Declercq, conseiller Icrritorial, secrc'I.aire général de l' Union Caléd o nienne, composanie majori taire du Front indépendanti s te de 1 ouvelle Calédonie, est a ~s a ss iné il Robinson, banlieue de Nouméa. Les r-espon sables de la Ligue israélienne des droits de l'homme affirment qu'arrestations arhitraires, sévices corporels et humi liations sont le lot quotidien dl' , Palestiniens de Cisjordanie el cilCaza, occupés par les troupc, israéliennes. r A la grande synagogue de Paris, sous la présidence de M. René Sirat, grand rabbin de France, la communauté juive de France rend hOlllmag~ à la 13 mémoire des RO 000 juif- frarH;ais déportés dans les Glmps pendanl la deuxième guerre mondiale, :1 l'occasion dl' la journée des déportés juifs. 22 SEPTEMBRE Nouvelles loi sur l' immigration I.e.s sénateurs fran\'ai s entament le débal sur les trois p!'ojel, de lois qui leur sont présentés par le ministre de la Solidarilé «Iill nale concernanl les travailleurs immigrés. Le premier abroge la loi Bonnet; le second vise ir réprimer le travail clandestin; le 1 roisième facilile la (onSI itui ion d'associalions par les élrangers. Des tractatio n, ont licu :1 Zurich entre Âméricaim CI Sud A l'ricains ù pro pm de la lamibic, prouvant une foi s encore le soutien inconditionnel appo('(c par l'administration Reagan lU régime raciste dl' Prcloria qUI souhaite conserver il la millurill' blanche sa posilinn, d(llll i" an lé'. 1er OCTOBRE A l'appel du !\iRAI', Ull mil· lier de personne\ pariicipcilt ci une marche silencieuse pour le l '" anniversaire de l'allental de la rue ~ opernic. En tête du cortège , Claude "heysson, mini stre d c~ Relat ions ExtéTieurcs. z z "" 62 BOULOGNE 14 CAEN 62 CALAIS 51 CHALONS 08 CHARLEVILLE 36 CHATEAUROUX 77 CHELLES 76 DIEPPE 59 DUNKEROUE 94 FONTENAY 62 LENS cllaUSSllres SUCCES SUCCES ALBAN . 49. rue Tll lers 62 LIEVIN SUCCES. 109 bi s. rue J ·B.·Delernez SUCCES. 26. rue Sainl ·Jean 57 METZ SUCCES MARCEL. 39·43. place Satnl ·Loui s SUCCES ALBAN. 6. boulovard Jacouard 93 MONTREUIL SUCCES CLAIRE, 24. avenue P.·V.·Coulurier SUCCES. 15· 17. rue de la M ~ r n e 58 NEVERS SUCCES, 71. ru e du Commerce SUCCES. 23·25. rll cie la Rép ub liq ue 75 PARIS SUCCES. 8. rue J.·Pierre Timi)auci s uce ES. 33. rue Viclor·Hugo 76 ROUEN AU PETIT PARIS. 69·79. rue Sainl·Sever SUCCES ARYS. 58 bi s. v. de la Rési stance 02 SOISSONS SUCCES. 52. rue Sa int·Mart in SUCCES. 170. Grancle-Rue 10 TROYES SUCCES. 69. rue Emile·Zola SUCCES SOULIER D·OR. 18. rll e POi nca ré 58 VERDUN SUCCES. 21. ru e Mazel SUCCES CLAIRE. 2. avenue cl la Républiq ue 51 REIMS SUCCES tA St·Jacques). 63. rue de Ves le 76 LE HAVRE 14 .. Actualité Des circulaires, trois projets de loi au Parlement. La nouvelle politique en matière d 'immigration prend forme. Un déba,t global aura-t-il lieu ? ArCUEIL Of ; ETRANGERS "14 sur 20", Albert I. ev :, le secrétaire général du ;VIRAP, n'est pas trop mécont en t dc C aston Deffc rre , licole Q uestiaux ct Pierre Mauroy. Les trois mini'itres du nouveau gouve rnelllcni aur a ien t pu mi e u x f a ir c . reconn aît -il. Mais, les ini tiat ives fixant la nouvellc rolitiq ue du gou ve rn ement à l' égard de l'immigra tio n rompen t avec le pa'isé. Finie la loi Bonnet et son cortège d'expuls ions. A u x oubliettes les circul ai res Stoléru et l'arbitraire qu'elles provoquaient d a ns leur sillage, La no u ve lle construction que le gouvernem ent me t en place repose sur des l'ondat iom nouve lles comportant, pour l'in sta nt, trois pilie rs, trois loi s no uvel les : la première autorise les immigrés il c réer des a ss oeiati o n s,~ la seconde prévoit de nouvel les conditions d'entrée et de sé jo ur des étrange rs en France , la t'ro isi emc concerne les tr a vaillcurs étran gers employés l'ian des t inclllcnt. Le premier rrojet de loi (N 365) ne compo rt e que deux art il'ies, mais a susc ité de nCllllb reu scs I·éaclio ns. Pourqu oi'! T out sim plement parcc qu.: l' o bst acle juri dique i Jlt erd i ~\I1t au,\ immigrés dc s'orga ni ser cn : L~ s oc iati o n a ":' Ié lev":'. Une pet ite révo lution. Cependant, l' artic le premier du projel pré'cise que ' les ~rollpe mt'nts pré 'enlanl les caraCléri 'Ii qUeJ d ' une a~ocialion diri~ ('e en droil ou en l'ail par d es él rangers ~()nl nul: t'I de nul effet lorsque leur. lldÎ\'Îlés sonl de nature à pMler aUeinle à la .~il uat i on diplomatique de la h ance". Seion le MRAP. l'introduct ion de cetle notioll vide en grande pan ie la lo i de son contenu ct de ~ a portée . ... 'ous ~omm(', bien cllnscienls que le gou,'ernemen t dl, il M' protéger conlre le:" militanls d 'e. ·trème-droite d'origine l- Iran ~ère. fi n'esl pas lo léranle lIue, par exemple. les " l.oups G ris" turcs termrisenl d a ns notr P U)'S leurs cumpatriules par d c~ actions de commando, des menll~ c ~, des crimes. Mais la lé~ isla lion française ('umporle Mjli un a r: enal pour luller ( Cln l re de tel' J::TlJupe ', .. ette rése rve est largeme nt p:trtagéc par les immigrés qui ne veulent pas voir su spendue, au d essus de leur tê te , une épée de [)a rn oclcs c1 0 nt les oscillations seraient sou mises aux fluct ua ti o ns de la politique étrangère de la France, "I maginons, no us dit-on, q u(' des Marocains décident d l' créer une associalion el que ses acli ,'ilés dé plaisenl au roi Hassan 11. Cc dernier peut demander au ~() u \' ernemenl fran\'ais son Înte rdiction. La "' rance .' era bien ohli~ ée de s' incliner sous peine d'assisler à la dé~r a dll ii on de sc, IS • A.F .P. , : • posilifln,' t1iplf,maliq tJes ." Le second proj et de lo i ( 0 3(6), le plu s importa nt puisqu'il impose de nouve lles conditions d' c ntrl'e e t de séjour en (-'rance cles ét ran ge l's, a suscit é des ré acli o ns toul a uss i mitigées. Certes, cles améliorat io ns OIlt été arpo rtées il la lo i HOIlIlc t. laque lle, pourtant, a (,té moins a brogée que rl'visée . Mais des points noirs demeure nt, lknoncés entre autres par des o rganisat ions de dél'etlSe des immigrés reg ro upé, dans S,O .S. Refouleme nt .

\ u moment de son ent rée cn

l' ram'e, un ét ranger doit présenter en plu, de son \isa ct de dOClIments nécessa ires il l' c\ LTcice d'un e acti vité, une pièce justifiant les raiso ns de son séjour. " Cela ristlUt' de I:"nduire à des praliqu e s inqu i s i to r iales". insi stc- t-on au M RAP où l' on sc klicite malgré tout de l'adopti on de mesurcs rositives. On ne floul'ra plus rel'ou lcr un immigré , o us p ré texte qu 'il "menace l'urdre pl/hllc", ' Il cas de rdus d 'l"llt rée, on dcvra remettre à l' inléressé un document écrit. e ' r liquan t la uCClsion rrise à son e ncnntre. ~ C séjour des immigrés en France si snumis à des règles moins con- 1 raign a ntcs que par le passé. On ne pourra plw, expulser, clans tou s les cas, les mineurs de moins UC 1 H ans, les él rangers qui rési dent cn France uepuis l'âge de 10 ans ct c 'ux installés dans notre pa ys d epuis p lus de 20 ans . 20 ans, ce la fait beaucoup. Certains préconisenl q u'on ramène la barre à 10 ans. A u MRA P , on regrette que le I~gislateur n'ait pas élargi la port~e de cet art icle en itl l c rdi ~ ant l'expulsion des in 'a li d es, des malades traités en I;ra ncc, des anciens combattants de la Résb ta n 'C , des titulaires d'une dislinction pour acte de courage ou de dévouement. Dans l' hYPol hè.e où l'expul sion esl p ro no ncée, l'étranger est convoq ué po ur ètre entendu par une commission spéciale siégeanl a u p r t' ~ du P réfet. Si cette commiss ion émcl un avis défavorable à l'expulsion , celle-ci ne peut être prononcée. "II faudrail modiril'r la juridiclion. p ropose-t-on au MRAP, en intrndulsanl, pur souci éducalil'. une modula tiOn des peines: :l\'erlissemcnl , ex pulsinD puur une durée d élerminée, cte," , Ce n'est pas le chemin qu'a pris le go uvernement, puisque larticle 2 prévoit qu ' une personne condamnée à un an de prison au moins peut être expulsée si sa présence constitue une menace grave pour l'ordre pu blic. .. o us sommes oppo sé.. à cel a rticle , dit-on au MRAP, car p ou r nous l'expulsio n ne doil pas être une sanction supplémentaire venant s'ajo uter à la l'ondamnalion, Si un élranger vh'a nl en I; runce commel un délit ou un crime, on ne peul fa ire abstraction dl's conditio n.- socill ies qui l'y clnt conduil. En conséquence, la société ne peut se décharger par l'expulsion de ses re ~p(l nsabilités et de ses devoirs." Au ehapilre des bonnes nouvelles: la gestion des affaires de coeur des immigrés ne relève plus de la compétence des fonctionnaires de la préfecture de police. Eh ! oui, jusqu'à présent, elle était de leur ressort. L'étranger désirant épouser une Française n'est plus tenu de leur demander une autorisation préalable, écrite, signée, tamponnée. Les Immigrés pourronl se marier comme ... les Français . Allez, circulez! y'a rien à voir! Le troisième projel de loi (N° 367) réprime les abus commis par les sociétés employanl des travailleurs immigrés clandes- 1 ins. Si elles persistent dans leurs pratiques illégales, des amendes el des peines de prison lomberont comme feuilles il l'autoillne. • 41 RUE OU SENTIER PARIS 2" TELEPHONE 2338243 / C.C _P. PARIS 7456 42 jeeft pi,lftC 45, RUE DE LA POMPE 75016 PARIS T!IJ:PHONE : 504· 23 - 33 SIRET 305 545444 000 13 ELECTRO - MENAG ER ENSEMBLI ER CUI SINES ALARME ELEC TR ONIQUE CONCE SSIO NNAIRE DISTRIBUTEUJI GRANDES MARQUES SIEMENS - MIELE - NEFF KELVINATOR - ROSIERES DE DIETRICH - LINCOLN SCHOL TES PHILIPS FRIGIDAIRE le ~tai 16 ,. RE ZE o •• OTRE CRITIQUE SE VEUT CONSTRUCTIVE René MAZENOD est re~ponsable du secteur "immigratio n" au "ein du MRAP. II a accept l' de répond re aux q uest ions de DI r- Qneslion : Quaire mois après son e n lrc~e en fonction, le nou\'eau gou\'ernemenl a-t-il rangé au rayon des accessoires périmés l'outil du "racisme d'Elat" ? René MAZENOD: Effectivement, nous avons qualifié par cette expression la politique menée sous le précédent septennat. Elle se traduisait notammenl par des campagnes anti-immigrés encouragées au plus haut niveau el des persécutions quotidiennes. On sc souvient que pendant la campagne présidentielle un prêIre, un pasteur et un immigré algérien onl fait la grève de la faim il Lyon pour obtenir que cessent les expulsions des jeunes issus de l'immigration. Dès son entrée en fonction le nouveau gouvernemenl a manifesté ses intentions: elles sont claires. iVladame Nicole Questiaux, minislre de la Solidarité Nationale, a rappelé justement que "la situation des immigrés sous le précédent gouvernemenl se earaetéri sail par la précarité" . Elle a ajouté que son but était de "prendre le contre-pied des orientations définies alors" et appliquées jusqu'au soir du 10 mai . "Un mOI caracterise cette démarche: celui de SOLIDARITE". Nous avons apprécié ces propos clairs, auxquels nous souscrivons pleinement. Des décisions ont cI'ailleurs suivi ces déclarations cI'intention. Des mesures positive. ont été prises au cours de l'été. Des circulaires signées par Gaston Defferre , Nicole Questiaux et François Autain ont contribué à améliorer le sort des immigrés. .le pense notamment à l'arrêt des expul- FERENCES au moment où le puzz le de la nouvelle polil iq ue gouvernementale en matière d'immigration prend forme. sions des jeunes de la "nouvelle généralion", à la régularisation des clandestins, à la fin des pressions administratives el policiéres. Des motifs d ' inquiétude demeurent néanmoins. Des réticences se sont fail jour dans certains services administratifs. En juillel, nous avons eonstaté un freinage, voire un blocage des décisions prises au plus haui niveau. De nombreux immigrés n'onl pu obtenir leur autorisalion de séjour de trois mois dont la délivrance était pourtanl expressément prévue par une circulaire du 6 juillet. Nous regrettons également que, dans la circulaire du 5 août sur le contrôle aux frontières figurent des crilères qui risque nt de favoriser l'arbil raire ct les di.seriminal ions envers les originaires du TiersMonde. L'attitude de certains policiers c o n s tilue, pour nou s, une seconde source de préoccupalion . Plusieurs cas de "bavures" sont parvenus jusqu'à nous. Un milit a nt sénéga lais, membre du l'dRAP, Demba So\\', a été "passé à tabac" dans un véhicule de police, le soir du 14 juillet. Chaque fois qu ' un lei cas se présente à nous , nous intervenons auprès de M. Gaston Defferre. Nous savons qu'à sa demande la "police des poliees" l'I.G.S ., ouvre alors une enquête. C'est un point positif. Il faut que le gouvernement rappelle à l'ordre les administrations ou leurs employés qui ne jouent pas le jeu. Q uestion: Les lois aetuellemenl en discussion au Parlement fl' ndront-ellcs la le plus facile aux immigrés '! René MAZENOD; Les tro is projet~ de loi en d iscussion conlienncnt des a spects pos itifs CI d'autres qui le sont moins. Dans la première catégorie je range la reconnaissance du droit d'association, la proleclion (onlre les trafiquanls de main d'oeuvre, l'abro ga tion ue la "loi Bonnct", la primaulé de la déci sion de la commission ues expul sions sur celle du mini stre ue lïlll éricur, l'impossibil ilé d 'ex p u lser des mineurs, la p r ise en comple de la ~ituation familiale dans l' é\'e ntualile d'u ne reconduction aux I·ronlièrcs. l e, poi nts négatifs sont héla s ! nom b reux. Nous nous étonno ns, au MRAP. que l' on ait im p o 'i' aux étrange rs désire ux d ' entrer en Fra nce une cond ition ,upp léme n lairc: la ju slificalion du séj (Jur. Si l'on voulait ouvri r la r Ofle il ues pra ti ques inqui sitori aks et discriminatoires, on ne s 'y pre ndrait pa~ aUlreme nt- 'Jous re r ttons que l' on n ' ait ra ~ p récise cc que l'on entendail 1 a r " orùre public" , que l' on n' ait pas prévu des garanties de défcmes suftïsant t!s pour les étrangers en situation irréguli è re. que l'on persiste à considérer l'ex p ulsion comme une sanctio supplémentaire après une condamnation il une peine de prison. Tout cela contri bue il marginaliser certaines catégories d ' immigl·és. D'ailleurs dans les milieux de l'immigration proche, d' e lle on ne s 'y est pas trompé: après l'immcnse espoir du 10 mai c'esl souvent la déccpt ion amère. QUI'~ti()n : t e com bal rlu MRAP conlinue donc? René MAZEN 0: Oui, notre combal con d nue. NOLIS continuerons à sensibiliser l'opinion publiquc , ci montrer combien la présence des immigrés en France est bénéfiq ue pour tous. Nous demanderons 1 'organisat ion d 'un Jébal global et a pprofondi au Parlem e nl sur j' immigration, conformément aux promesses faites au cours de la campagne électorale ct plus rèceillment par le nouvean gouvernement. Question: Vuu ~ mblez hil'n critique à l'égard du nou\'eau gllu vernemenl, René MAZENOD : No tre critique ~e vcut con\tr uclive. ' est parce llUC nous atlendom bcaucoup de ce gouvernement - et nOLIs savons qu'il en est capable - que nous sommes ct ~ eron s plus exigeants et plus vigilants que par le passé. • DERNTERE MINUTE •. , DERNIERE MINUTE". DERNlE A la uite de nombreu es protestations, les textes sur l'émigration ont été mod ifiés par de amendements des députés et par le gouvernement lui-même. fis répondent mieux désormais aux voeux du MRAP et d'autres associations qui les avaien t critiqué~. 17 TOUTE L'IMPORTATION INDIENNE EN PRET A PORTER SIJOL\{ ENCENS. PANNEAUX DECORATIFS GADGETS EXOTIQUES VENTE EN GROS ~~I~ 29, RUE DES CAPUCINS 69001 LYON Tél 78· 28.73.89

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U ..: N , L'ANNEE NE COMME MAUVAISES UVEL On connaît la "bonne nouvelle" annoncée par Robert Faurisson: les chambres à gaz hitlériennes n'ont jamais existé! Les associations antiracistes et les organisations de déportés ne l'ont pas cru. L'affaire a été portée devant les juges et doit y revenir après deux condamnations en première instance. Comment des juges ont-ils pu se LES Pas de nouveaux investissements publics en Afrique du Sud, pas d'encouragements de l'Etat à des investissements privés ; la doctrine exprimée en mai dernier par M. Jospin, premier secrétaire du Parti sociahste guidera-t-elle le gouvernement socialiste-communiste de M . Mauroy? L'importante extension du secteur public prévue dans la loi de nationalisation donne il cette interrogation une dimension nouvelle . Une quarantaine de firmes et d'organismes publics collaborent avec l'Afrique du Sud. Ce sont prononcer sur une affaire dont le prévenu affirmait qu'elle ressortissait exclusivement au légitime débat des historiens sur l'histoire ? Deux jugements. Le premier, rendu le 3 juillet, à Paris, au profit du MRAP, de la LlCRA et de l'Amicale des déportés d'Auschwitz, condamne Faurisson pour diffamation raciale à l'encontre des juifs. Pour le "chercheur ATIO lyonnais", la thèse "officielle" de l'extermination des juifs serait une escroquerie politicofinancière visant à humilier les Allemands et à faire bénéficier Israël et le sionisme de dommages de guerre. Le tribunal a retenu que la formulation employée par Faurisson visait la communauté juive et lui portait gravement préjudice. C'est au terme de la loi de 1972 AL des banques comme la BNP ou le Giscard d'Estain g po ssède Crédit Lyonnais, des industries d'importants intérêts, assuraient comme Renault ou les Charbon- une grande part des crédits nécesnages de France, des organismes saires à l'impétueux développed'aide au commerce extérieur ment des contrats franeo-sudcomme la COFACE, qui garantit africains . Elles doivent être les crédits français au pays de nationalisées, tout comme le l'apartheid. CIC,le CCF ou la banque RothsCe large secteur déjà public child qui n'étaient pas en reste devrait être le premier concerné. dans ce domaine. La nationalisation du crédit et du La nationalisation du crédit peut secteur bancaire peut permettre être un instrument déterminant que le privé ne double pas la pour concrétiser la volonté de volonté de moralisation exprimée "ne pas encourager" les investispar le nouveau pouvoir. La Ban- sements privés qui nécessitent que de Paris et des Pays-Bas, la généralement une forte surface Banque Indosuez, où la famille financière. 18 contre le racisme, élaborée par le MRAP, qu'il a été condamné. Cette loi étend en effet la protection des personnes contre la diffamation publique aux groupes raciaux nationaux, ethniques ou religieux. Un part ieulier peut, depuis longtemps, sc défendre contre les calomnies publiquement proférées à son encontre. Depuis 1972, un groupe racial le peut également, par l'intermé- AT Les groupes industriels nat ionali sables sont tous plus ou moins impliqués dans les rapports avec l'Afrique du Sud. ThomsonBrandt est implanté dans ce pays par l' intermédiaire de ses nombreuses filiales, notamment la puissante Thomson-CSF qui a participé à la constitution de la force militaire sud-africaine en lien avec Matra et Dassault . Ici se pose la question du statut réel des filiales et de la volonté du gouvernement de les inclure ou non dans le champ du nouveau secteur public . En effet, qu'il s'agisse de P .U.K., ie Saint- "

E PAS EN SEPTEMBRE L e 24 octobre 1793 la Convention Nationale décidait que l'année ne commencerait plus le 1 er janvier, mais à l'équinoxe d'automne, le 22 septembre. Le calendrier républicain était né. Le premier mois s'appela Vendémiaire (du latin vindemia) en hommage aux viticulteurs occupés en cette période de l'année à vendanger. Le mois commençait le 22 septembre et finissait le 21 octobre. Aujourd'hui, nous sommes revenus au calendrier grégorien, mais la récolte du raisin aux fins de vinification se déroule toujours de la mi-septembre à la fin octobre, selon les régions . Point culminant de l'année viticole. les vendanges se vivent comme une grande fête où initiés et profanes mêlent leurs efforts et leur sueur pour arracher à la vigne ses fruits ' qui, plus tard, finiront embouteillés sur nos tables. L'importance de l'événement se mesure à l'attitude du ministre des Armées qui accepte, chaque année, d'affaiblir la défense du pays en délivrant aux jeunes viticulteurs sous les drapeaux des congés spéciaux afin de leur permettre de participer aux vendanges. L'enjeu est de taille . Il n'est pas question de perdre la bataille du vin en laissant pourrir la récolte sur pieds faute d,:: vendangeurs. Certes des machines à vendanger existent, mais rien ne peut concurrencer les bras et l'intelligence des hommes. C'est aussi pour cette raison que l'on fait appel aux travailleurs étrangers. Des économistes ont montré que le départ soudain des immigrés plongerait l'économie française dans la récession . Des secteurs entiers de l 'indust rie cesseraient de fonctionner notamment l'automobile, le bâtiment, l'industrie chimique. On oublie trop souvent que l'agriculture et, partant, la vit icult ure française, su birait un sort aussi funeste si on la privait, du jour au lendemain, de l'apport de la main d'oeuvre immigrée. Celle-ci, pour l' essent iel, est com posée de t ravailleurs saisonniers qui s'installent dans not re pays à l'occasion de travaux ponctuels et limités dans le temps (moissons, labours, vendanges). En 1979, l'Office National d'Immigration (O.N.!.) a enregistré l'entrée en France de 124 715 travailleurs saisonniers, soit une augmentation de 1,7 070 par rapport à l'année précédente mais une diminution de 20000 unités par rapport à 1972. 72 009 d'entre eux, soit 57,8 trio , étaient des vendangeurs, 47 211 (37,8070) travaillaient dans les autres secteurs de l'agriculture et 5 494 (4,4 070) dans l'industrie et le commerce. Avec 101 098 entrées (81,1 070 du total), les Espagnols représentaient toujours la grande majorité des travailleurs saisonniers devant les Marocains (12597), les Portugais (8 235) et les Tunisiens (1 504). L'immigration saisonnière est concentrée dans les départements viticoles dont l'Hérault (25220), l'Aude (16 996), le Gard (13594), le Vaucluse (10 250), la Gironde (9 332). Les chiffres que nous venons de donner ne tiennent pas compte de l' immigration clandestine, importante mais difficile à évaluer. L'on sait que certains viticulteurs recrutent directement, dans les pays d'origine, des familles entières (femmes, hommes, enfants). Ces derniers viennent en France comme "touristes", travaillent le temps nécessaire sans être déclarés et, à l'expiration des visas, retournent chez eux. Pour eux le raisin a un goût amer. • S POUR M. FAURISSO diaire des organisations antiracistes. La légitimité d'une telle procédure est difficile à mettre en cause. La polémique s'est surtout portée sur le jugement rendu, toujours à Paris, le 8 juillet 1981. La L1CRA, le MRAP et six associations d'anciens déportés reprochaient à Robert Faurisson d'avoir "manqué à ses obligations rigoureuses de conscience, de prudence et de sérieux" et d'avoir ainsi, délibérément falsifié l'histoire, portant préjudice aux personnes et aux intérêts défendus par ces associations . Une "faute professionnelle", en quelque sorte. Le tribunal a retenu l'importance du préjudice causé par les thèses de Faurisson aux rescapés du génocide et à la mémoire des victimes . Sans vouloir statuer sur le fond, il a admis que Faurisson avait volontairement écarté des preuves du génocide pour ne retenir que les éléments favorables à sa thèse et qu'une telle légèreté était "coupable" s'agissant d'un fait d'une telle importance , et touchant si douloureusement tant de personnes. S'appuyant sur une jurisprudence confirmée, il a donc condamné Faurisson, non pour trancher sur la vérité historique mais pour réprimer l'utilisation frauduleuse de la qualité de scientifique - qui requiert un minimum de rigueur intellectuelle. La liberté d'expression en soit est-elle renforcée ou amoindrie? Renforcée répond le tribunal, qui lie cette conquête démocratique à la responsabilité de celui qui l'utilise sur ce qu'il dit ou écrit. • S ETL~PARTHEID chargés de l'acheminer en France. Le gouvernement utilisera-t-il cette possibilité d'isoler un régime qu'il s'est engagé à combattre? Gobain ou de la C.G.E., dont la filiale Alsthom est largement partie prenante dans le développement de l'industrie nucléaire sudafricaine, les holdings, qui inspirent la politique industrielle et commerciale, apparaissent peu en tant que tels . Le contrôle de Matra et de Dassault, déjà cités, peut permettre de concrétiser la fermeture totale du marché militaire, encore que se pose une question délicate, celle des licences vendues, notamment par Dassault, pour la construction sur place d'avions de guerre . Namibie: le port de Walvis Bay. Usinor et Sacilor, également nationalisa bles, sont de gros importateurs de charbon sudafricain, ce que la CGT a Si les intentions affirmées par les dénoncé à plusieurs reprises lors partis de la majorité devaient se d'opérations contre des navires concrétiser, l'extension du sec: t teur public peut indiscutablement

g jouer un rôle important. Les

~ questions du crédit, de l'autono~ mie des filiales et du "respect des ~ contrats signés" restent encore iil en suspens. Les organisations , anti-apartheid, et particulièrement le MRAP, demandent que soit au moins révisé le contrat nucléaire qui lie un consortium de sociétés françaises et l'Etat sud-africain. Il n'y a pas , jusqu'à présent, de signe qu'elles aient été entendues sur ce point. • 19 .. ~------------------------------------------------------------------- z z w '" L'A 5742 , , DE L'V IVERS CREE L e soir du 29 septembre, au coucher du soleil, l'univers a fêté l'avènement de l'an 5742 de sa création . C'est du moins la signification donnée par les juifs à leur nouvel an, la fête de Roch Hachana qui inaugure le mois lunaire de Tichri. Cette fête ouvre également, pour les fidèles de la foi mosaïque, les dix "jours redoutables" qui se terminent par Yom Kippour, le jour de l'expiation, où les Juifs pieux jeûneront intégralement, n'absorbant ni boisson, ni nourriture. Du 7 octobre au soir jusqu'à la nuit suivante, ils observeront la parole de Dieu à Moïse: "Quiconque ne jeûnera pas ce jour-là sera retranché des siens". (Lévitique, ch.23, verset 29). Jour de deuil où Dieu scelle le destin des hommes, Yom Kippour est la plus solennelle des fêtes juives. Mais le Dieu de la Bible est miséricordieux. Et la fête de Souccoth 20 est proche. Sept jours de joie qui de saule et de myrthe que l'on célèbrent les dernières récoltes et porte lors de la prière, lorsque qu'on inaugurera les 12 et c'est possible, bien entendu. 13 octobre. Une coutume veut Cette période liturgique si riche que durant cette période de la pour le judaïsme se termine par la "fête des tentes", on construise fête de Simhat Torah. Littéraledes petites cabanes à ciel ouvert ment: la joie de la Torah (loi dans lesquelles, on mange et on mosaïque). Fin de la semaine de prie. EUes sont le symbole de la Souccoth, cette fête qui tombe traversée du désert par le peuple cette année le 21 octobre, correshébreu après sa sortie d'Egypte. pond à J'aboutissement d'un Les récoltes et la providence de cycle liturgique d'un an durant Dieu sont symbolisées par les lequel on lit, chaque samedi, à la branches de palmier, de cédrat, synagogue, une partie des 5 premiers livres de la Bible qui constituent la Torah. Fête de la joie, de l'enfance, Simhat Torah voit les tout-petits danser et chanter dans la synagogue. C'est J'occasion de multiples coutumes et amusements qui varient suivant les pays. Mais les juifs ne seront pas les seuls à la fête. L'Aïd el Kebir (Tabaski, en Afrique noire), principale fête musulmane, aura lieu cette année le 8 octobre. La "fête du mouton" évoque, elle aussi, un épisode biblique. Pour éprouver sa foi, Dieu demande à Abraham (Ibrahim pour les Musulmans) de lui sacrifier son fils unique, Isaac (Issa ka). Abraham, qui ne comprend pas l'ordre du ToutPuissant, décide néanmoins de se soumettre. Il monte sur le mont Moriah, la future colline du Temple de Jérusalem, et s'apprête à égorger Isaac. L'ange Gabriel (Djibril) intervient alors, retient son bras et lui montre un mouton retenu dans un buisson par les cornes. C'est ce mouton que 'sacrifiera Abraham, geste repris par tout bon musulman le jour de l'Aïd el Kebir, en signe de soumission à Dieu. Soumission, c'est d'ailleurs le sens du mot Islam. Cet épisode fait d'Abraham, considéré par les Juifs et les Chrétiens comme le père des croyants, le premier "musulman" . Il explique aussi l'importance que les Musulmans accordent aux mosquées saintes de Jérusalem. 1 C'est sur l'emplacement de l'ancien temple de Salomon que se trouvent le Dôme du Rocher et la mosquée El Aqsa, construites là pour honorer la foi d' Abraham et pour rappeler une conversation mystique que le prophète Mohammed y aurait eu avec le patriarche, le prophète Elie et Jésus (Issa). _ --r--------------------------------------------------------------------------------Charles .... ----~ .... ~ • "Les belles étrangères" ... chante Jean Ferrat. Les bonnes étrangères, elles - ou plutôt les employées de maison - se recrutent de plus en plus sous les Tropiques. Les Françaises logées-nourries, ça n'existe plus. LE T ERS-MONDE A L'OFFICE Mercredi, 18 h 30, rue de Dunkerque. Michèle est débordée. Dans le hall, les couloirs de la C.F.D.T. - section employés de maison - des dizaines de femmes attendent patiemment leur tour. Parmi elles, une m~jorité d'étrangères, à la peau souvent foncée ... Passeports et bulletins de salaire circulent. "C'est incroyable! Depuis le 11 mai ça n'arrête pas !" Les responsables de la permanence, qui recevaient chaque semaine quelques-unes des 200000 employées de maison de la région parisienne, n'en croient pas leurs yeux. "n va falloir changer de salle", ajoute Michèle qui ne sait plus où donner de la tête devant cette mosaïque de nationalités . "Avant, c'étaient surtout des camarades françaises, portugaises et espagnoles. Je crois que les autres n'osaient pas, surtout les sans-papiers." Cette affluence dans les locaux syndicaux laisse supposer que la partie cachée de ficeberg doit être de taille. En essayant de la découvrir, j'ai l'impression de courir derrière un vieux cliché issu des temps coloniaux: le domestique de couleur. Ce fantasme vert-de-grisé aurait-il réssuscité sous nos latitudes parisiennes? 21 S( HA 1,lJJIK(; JlM' Je me mets donc en quête d'un ou d'une domestique, en o ffran t des onditions aptes à faire reculer out emplo é a 'isé : nourri-logé, mais dans mon appartement, sachant cuisiner et s'o cu per de deux enfants en bas âge, à des horaires indéterminés et parfois fa ntai istes, le tou t avec un salaire de débutant. Je feuillette les petites annonces du "Figaro", rubrique "gens de maison " . Quelques agences proposent leurs services. La première a du standing . "Nous devons d'abord aller vous voir, afin de défin ir vos besoins exacts", me répond une voix chic, fermement décidée à ne céder aucune de ses employé avant d'avoir vu mon appartement. "Le salaire est d'environ 3 000 F net", plus 2 700 F de commission et les taxes à l'agence, qui garantit l'employé pendant trois mois. "Des étrangères? Mais bien sûr, elles le sont toutes, des Françaises nourries-logées, ça n'existe plus." Je suis loin d'avoir découvert la filière d'une nouvelle traite. Deuxième agence. Le ton est plus commercial, la commission un peu moins élevée, mais les salaires annoncés, identiques. Une débutante? "Alors, là, je ne peux pas la garantir. Et si elle n'est pas très honnête? On ne peut pas juger comme ça une personne de visu, sans références. Remarquez, sa moralité est toujours vérifiable au presbytère ou à la mairie de sa commune d'origine. Une personne de couleur, ça ne vous dérange pas ?" La troisième personne au bout du fil dresse un véritable réquisitoire contre mes exigences. "Vous offrez une chambre à l'intérieur de votre appartement, ce qui veut dire que votre employée ne sera ni indépendante, ni tout à fait libre de ses mouvements. Elle aura l'impression que le travail ne finit jamais." Et à propos des étrangères: "Elles ont parfois des difficultés d'adaptation, donc elles ne sont pas toujours gaies ni équilibrées psychologiquement, même si elles présentent un caractère plus maléable ... " J'insiste, et ma correspondante devient carrément méfiante: "Toutes nos employées sont en règle aux yeux de la loi et disposent des mêmes droits et avantages que les autres." Elle me propose des Mauriciennes, quelques Africaines, ainsi que des Antillaises et des Réunionnaises, classées du même coup parmi les étrangères. P uisq ue les salaires sont décents, les agences en règle, j'abandonne le "Figaro." Je me tourne vers un réservoir naturel de main-d'oeuvre bon marché

les Départements d'Outre-Mer, où

la profession de "servante" est encore couramment pratiquée. Le BUMIDOM a la triste mission d'organiser l'émigration des Français originaires d'OutreMer. Cet organisme d'Etat, qui paye le voyage aller au candidat à la Métropole, est censé le former et aider à son placement. Le retour n'est pas inscrit au programme. "Débarrasser le plancher, telle est la devise de Michel Debré à la Réunion", m'explique le Père Rivière, aumônier réunionnais de la paroisse de SaintAmbroise, "mais avec les dernières élections, une page est tournée, ce qui se faisait ne se fera plus. C'est mon souhait le plus formel." En 1971, le MRAP dénonçait l'existence d'un centre pour jeunes filles à Crouysur- Ourcq, où, sous prétexte de formation professionnelle, Réunionnaises et Guadeloupéennes apprenaient, grâce à une discipline musclée, "les us et coutumes" métropolitaines: passer l'aspirateur, prendre le métro, coudre, répondre au téléphone. "J'ai moi-même recueilli ici plusieurs jeunes filles placées dans des familles françaises comme domestiques, dans des conditions souvent douteuses", poursuit le Père Rivière. "Une jeune fille part à cause du chômage bien sûr, mais aussi pour l'aventure et la promotion sociale que représente un voyage, un emploi en Métropole. Et puis les métropolitains ont de belles situations là-bas, pourquoi pas elles ici ?" Commencent alors le drame et la déconvenue. "Partie seule en avion après avoir quitté un environnement familier, elle arrive à Orly où lui sont attribués des pulls, des chaussures... Elle est ensuite transférée à Crouy-sur-Ourcq, où elle effectue un stage de trois semaines. On l'informe alors des conditions de travail, du salaire et de l'adresse de son nouvel employeur, préalablement inscrit sur une liste d'attente au bureau de placement du BUMIDOM. Très souvent, les conditions acceptées au départ varient, et bientôt, c'est la patronne qui fixe les règles du jeu unilatéralement." Certes, les contrats de travail ne sont pas chose courante chez les employés de maison. Mais, dans le cas d'une émigration organisée par une société d'Etat, les garanties prises ne devraient-elles pas différer ? Le BUMIDOM et le centre de Crouysur- Ourcq, s'ils existent encore, se sont entourés d'un voile de secret et de méfiance. Réputation oblige. Le BUMIDOM, supplanté par les ANPE, n'est, en théorie, plus habilité à assurer le placement des Domiens. Je procède pourtant à une vérification de routine. Au bout du fil, le "responsable du bureau de placement" me confirme la possibilité d'embaucher une jeune Réunionnaise pour 1 800 F par mois, nourrie-logée. C'est nettement moins cher que dans les agences, et puis ici, pas de garantie, pas de question sur la taille de mon appartement. Je reçois, quelques jours plus tard, un questionnaire. La lettre jointe précise que mon offre d'emploi sera retransmise à l'ANPE. Légalité oblige. A la rubrique salaire, le questionnaire stipule que la mensualité offerte doit être conforme aux taux des conventions. Mais que disent les conventions ? Les syndicats accordent la priorité à l'établissement d'une convention collective nationale et à la suppression des conventions départementales existantes. En effet, les dernières défavorisent par- 22 ticulièrement la profession par rapport à d'autres corps de métiers: pas de treizième mois, 54 heures de travail hebdomadaires pour les nourris-logés, cotisations de l'employeur à l 'U RSSAF, calculées non sur le salaire réel mais sur une base forfaitaire (le SMIC), pas de contrôle obligatoire de l'Inspection du Travail, puisqu'il s'agit de domiciles privés, etc ... Une débutante touche le SMIC, auquel il convient de retrancher 630 F pour le logement et la nourriture . L e cas des Domiennes reste plus connu. Françaises, elles possèdent un atout non négligeable par rapport aux Africaines, Arabes, Asiatiques qui sont domestiques en France. Mais comment saisir, chiffrer et même retrouver des Egyptiennes, Soudanaises, Ivoiriennes, Haïtiennes, pour ne citer qu'elles, venues en France clandestinement, recrutées de bouche à oreille, ramenées par d'anciens colons, "invitées" par des cousins? Certaines filières transparaissent pourtant. En provenance de l'océan Indien, les Mauriciennes affluent depuis quelques semaines à la C.F.D.T., qui avait soutenu la grève de la faim de leurs compatriotes, sans papiers en 1979. L'émigration a été à l'île Maurice en partie organisée par le Parti Mauricien Social Démocrate, qui possédait sa propre agence de recrutement. Rien d'étonnant Seychelloises émigrent dans les pays arabes du Golfe, en Italie et au Liban. Les riches familles libanaises, chassées de Beyrouth par la guerre, se réfugient à Paris en emmenant dans leurs bagages leurs domestiques seychelloises. Elles ne retrouveront leur pays que sur les affiches du Club Méditerranée. Que de détours! L a route de Suzan passe aussi par le Moyen-Orient. Philippine, avec un salaire de deux cents francs par mois, Suzan avait du mal à nourrir ses quatre enfants. Le président Marcos ne fait pas de cadeau à son peuple. Lorsqu'elle entend à la radio l'annonce de l'Overseas Employment Development Board, elle n 'hésite plus. Cet organisme d'Etat, une sorte de BUMIDOM à l'envers, propose des emplois aux quatre coins du globe. Des chantiers de construction au Canada, en Arabie Saoudite, au Nigéria, pour les hommes. Pour les femmes, des places de domestiques, bien à cela, pour un parti soutenu par les planteurs de thé et de canne, les gérants blancs des compagnies d'assurance et des banques. A la même époque, la presse dévoilait le trafic des mariages pré-arrangés entre des jeunes Mauriciennes et des paysans du Tarn qui ne trouvaient plus chaussure à leur pied dans le département. Entremetteurs, petites annonces, la panoplie était complète. Comment ne pas assimiler, dans bien des cas, les fonctions de ces femmes à celles d'employées à domicile, aux fonctions un peu élargies? Sur les dix mille Mauriciens établis en France, il paraît difficile d'avancer un chiffre pour les employées de maison, d'autant plus qu'elles sont presque toutes illégales. ... entendu, et qui plus est, en Iran. Les touristes, eux aussi, en passant sous les Tropiques, ont procédé à des recrute- r ments sauvages, offrant la vision d'un mode de vie plus confortable, la promesse d'un travail plus rénumérateur, l'espoir de suivre des cours de formation professionnelle ... Ce qui est vrai pour les DOM-TOM, l'est aussi pour les Seychelles. Iles, oiseaux, sable blanc, eau limpide, plantations de vanille, de copra et de cannelle

en 1970, les Sud-Africains découvrent

ce coin de paradis terrestre et investissent dans le tourisme de luxe. Les SUZAN, ESTHETICIENNE PHILIPPINE, VIENT FAIRE DES MENAGES A PARIS, VIA TEHERAN Esthéticienne de métier, Suzan travaille quelques années comme servante dans une famille fortunée de Téhéran. En juillet 79, en pleine révolution khomeiniste, ses patrons s'enfuient. Elle décide de venir en Europe, prend le train et débarque à Paris une semaine plus tard. Pendant deux mois, elle scrute les annonces dans les super-marchés. "Maintenant, j'ai plusieurs patrons, des Libanais, un Américain marié avec une Indienne, un Israélien et même un Français. " May, Suzan, Lary, Angela, Marcy, toutes Philippines, racontent avec le même sourire comment elles ont suivi, dans d'hallucinants voyages, les fluctuations politiques d'une partie du monde. Un mot d'espagnol, un mot d'anglais, un mot de dialecte, le philipin est une langue bizarre, et je ne m'étonne plus de la diversité de leurs employeurs. Réunies par le hasard d'un escalier, d'un square, ou par une connaissance commune, les Philippines venues d'Iran se regroupent peu à peu. Aujourd'hui, fort de deux cents membres, le groupe a rejoint le syndicat. Premier objectif, régulariser leur situation, comme celle de leurs 2000 compatriotes vivant en France. Ensuite rompre l'isolement, discuter des problèmes de chacun en se retrouvant chaque jour, par petits groupes de quatre ou cinq. "Certains de nos patrons ont essayé de faire pression, mais d'autres nous ont encouragées", précise Angela, qui avant d'être employée de maison fut pendant 10 ans institutrice aux Philippines. "Le mien ne peut rien dire" ajoute May "il est lui-même illégal en France." Ironie du sort, hasard de la politique. Le cas des employées philippines est exemplaire, mais ailleurs, on se heurte à un brouillard de témoignages épars, de cas isolés. Je retourne à ma lecture des petites annonces du "Figaro" : jeunes filles au pair (qu'est-ce que ça cache ?), aides familiales, valets de chambre. Curieusement, les demandeuses d'emplois restent floues quant à leur nationalité ("papiers 23 DIFFÉRENCES OCTOBRE 81 Gagner le pain de l'exil. en règle, langue française parlée" ... ). Les hommes, quant à eux, n 'hésitent pas à fournir des précisions: H. espagnol, sachant repasser, J.H. ceylanais rech. emploi de maison, H. marocain, Egyptien domicilié à Neuilly ... la liste est longue. Tous demandent des appointements élevés. Ici encore plus qu'ailleurs, les discriminations creusent l'écart entre les femmes et les hommes. Ces derniers possèdent en général une qualification de maître d 'hôtel, de cuisinier ou de chauffeur. Statut social et salaire évoluent en conséquence. MON PATRON NE PEUT RIEN DIRE, IL EST LUI-MEME ILLEGAL EN FRANCE Dans la publicité et le show-biz, en mal d'exotisme, avoir un domestique de couleur à son service est au goût du jour. Le mérite en reviendrait-il à Jean-Claude Brialy et à son valet de chambre soudanais? A Neuilly en tout cas, on reste classique. Suspendues au kiosque de la place du Général Gouraud, les offres d'emplois se bousculent et on croise encore les domestiques portant cornettes et costumes rayés: "Les patrons aiment bien qu'on montre leur standing" me dit Michèle. Q uels patrons ? Les "200 familles"? Ceux de la "République des cousins et des châteaux" ? Beaucoup d'industriels fortunés, des diplomates, des dirigeants d'entreprises et des cadres supérieurs. Et puis des médecins, des avocats, des commerçants. Pas de surprise. Sur les cinq continents, les bourgeoisies ont leur domesticité étrangère: Soudanais au Liban, Ethiopiens en Italie, Haïtiens en Guyane, Dominicains en Guadeloupe ... Bien sûr, tous les patrons ne sont pas des tyrans et les domestiques des esclaves. Mais le statut particulier des employés de maison fait naître des rapports étroits avec leur employeur, qui ne sont pas exempts de drames et de déchirements. "Nous, les employés de maison, nous sommes souvent à la merci de nos patrons car nous travaillons seules," m'explique Michèle, "et quand on reste longtemps au même endroit, il se développe un type de relation très paternalistes. Qu'on soit étrangère ou provinciale, on devient très sensibles à un mot, un geste gentil, à cause de l'isolement." Et, comme me le dit une Africaine, employée pendant quelques mois chez un industriel français, "ça oscille souvent entre le protectionnisme étouffant qui finit par tout contrôler et les idées préconçues, du genre: "les négresses, ça "DROITS DE L'HOMME" un grand quotidien se bat lACROIX l événement Ire joignez-le ! A-partir d'octobre, La Croix l'événement engage une des plus grandes campagnes d'information et de communication jamais conduites en faveur des droits de l'homme. Pendant plus de 3 mois, La Croix l'événement va enquêter, faire d'Importantes révélations, éclairer, proposer, Avec l'intervention des grandes organisations mondiales (M.RAP" A.CAT., Amnesty International .. ), de tous ceux que concerne une des plus graves questions de notre époque. Une grande manifestation clôturera la campagne, avec la création et la remise par La Croix l'événement d'un prix international. articipez à ent majeur abonnez-vous aux conditions spéciales "DROITS DE L'HOMME" 3 mois 130F (au lieu de 185 F). Pour vous abonner, écrivez à ' La Croix Promotion "Spécial Droits de l'homme" 3, rue Bayard 75393 Paris Cedex 08, en y joignant votre règlement (chèque bancaire ou postal 3 volets) libellé à l'ordre de Bayard Presse. dort n'importe où, ça a le sang chaud" ... Il s'agit de se forger une bonne conscience permettant de mettre quelqu'un entièrement à son service sans trop de scrupules"(l). May s'est rapidement rendu compte des classifications opérées par bon nombre de maîtres de maison: les Philippines sont toujours embauchées avant les Arabes et les Noires. Les employeurs se défendent ici de faire appel à des critères purement racistes. Certaines nationalités ont la réputation de mieux travailler et arrivent ainsi en tête du hit-parade. Pour le Père Rivière, "le racisme dépasse le cadre de la couleur: c'est surtout ne pas accepter une personne dans son identité". Même son de cloche du côté des organisations antillaises en France. Les exemples abondent. C. habitait entre mer et montagne, le village de Deshaies, en Guadeloupe. Mère de trois enfants, elle est séduite par la proposition d'une métropolitaine qui emploie elltt-même une Guadeloupéenne

une de ses amies cherche une

bonne à tout faire. C. envoie sa photo, et reçoit un billet d'avion par retour du courrier. En arrivant à Paris, c'est le choc. L'hiver, les arbres "morts", le froid, et la nourriture si différente. Par réaction nerveuse, elle tombe malade, des nausées incessantes. Sa nouvelle patronne l'abandonne tout simplement à la porte de l'hôpital avec armes et bagages. Naturellement, il lui est impossible de prouver quoi que ce soit, pas de talon de billet, pas de traces de salaires. Prévenu par une infirmière, le Père Lacroix, la recueille à l'aumônerie antillaise. Antillaise recrutée à St-Barthélémie de manière identique, Claudette Amblasse, elle, a gagné son procès. Tôt levée et tard couchée, isolée dans une résidence de banlieue, elle doit non seulement s'occuper des enfants, passer l'aspirateur trois fois au même endroit, faire la cuisine, pour trois cents francs par mois, mais encore subir les caprices de la maîtresse de maison. La dame a mis par écrit tout une batterie de punitions: privations de sortie, amendes ("connerie: 5 F". "A oublié la poubelle: 2 F"). Et des ordres: "Va faire le lit en vitesse!" ... "Elle me traite de salope. Elle me dit qu'elle n'aime pas les gens de ma race. Les enfants me traitent de sale noire ... " Le jour où son taux d"'amen-, des" atteint 50 F, Claudette en a vraiment marre. Elle porte plainte, et sort du cauchemar. "Ce n'est pas un cas isolé" souligne Me Pau-Langevin qui l'a • défendue. "Mais, il est difficile de faire avouer ce qui est ressenti comme un échec par rapport à ce qu'on avait imaginé de la Métropole. D'autres envisagent de faire ce métier uniquement à titre transitoire, et se disent que tout cela passera." Et le retour? Africaines et Domiennes envisagent mal de rentrer au pays avec pour seul bagage le sentiment d'avoir trahi la confiance que mettaient en elles parents et amis à la veille de leur départ pour la Métropole. Pour d'autres, il n'est plus question de retomber à leur ancien niveau de vie ou de retrouver de~ régimes dictatoriaux. Dès lors, c'est ici même qu 'il leur faut rechercher des solutions, la plus urgente étant de régulariser leur situation pour ne plus donner prise à n'importe quel abus. A plus long terme, ne faudra-t-il pas admettre que le travail domestique est une tâche comme une autre, et non plus le lot des femmes, qui plus est celles du Tiers-Monde, que l'on prend chez soi par protection ou par facilité? Véronique MORTAIGNE (1) On peut lire notamment, sur ces problèmes: "Servir en France", d'Annie Lauran, éditions Droit et Liberté. Gaston Defferre a frappé du poing sur la table. La porte d'Aix et la Z~ U.P. Nord s'interrogent. ..,. ___ EN VOULEZ-VOUS? EN VOILA ... ____ .... Des ombres blanches se glissenl enlre les lerrasses fleuries du quarlier Parioli, un des plus chics de Rome. Des femmes au lei nI ambré. à la démarche fière. Nalionalilé: élhiopienne. Profession: domeslique. La dernière mode dans la "ille élernelle. Chassés par la misère el la guerre civile. 50 000 Elhiopiens "i"enl acluellemenl en lIalie, renouanl a,'ec 52 ans de colonisalion. Parmi eux, quelques \0 000 Erylhréens, réfugiés pour des molifs poliliques, sans posséder pour au la nI de slalul parliculier. Beaucouil Ira\'aillenl comme "a lets de chambre dans les familles aisées de Rome el de Milan, ou comme plon~eurs dans les pizzerias. Pour recru 1er leurs domesliques, les 24 riches Ilaliens disposenl d'un ,'èrilablc arsenal d'agences. Ces dernières possèdenl des correspondanls dans les pa~'s les plus dinrs : Philippines, CapVerl, Amérique Laline ... Cerlaines sonl connues par le rackel qu'elles praliquenl ranI sur les employeurs que sur les employés (chanlage au passeporI, au billel d'a"ion. recrulemenl mensonger, el même proxénélisme ... ). Mais l'Italie, qui a "U partir plusieurs millions de ses propres Ira"ailleurs, ne ,'eul pas a\'lHler ces maux el fail la sourde oreille. Comme le dil le direcleur d'une des plus imporlanles agences de Naples: .. NoIre aClivilé l'sI parfailemenl légale. D'ailleurs, les missionnaires en fonl aulanl". (jOBET/RUSH -UN VENT -NOUVEAU AU PAYS D MIST Mardi 1er septembre: la jeune fille qui s'affiche en tenue d'été près de la gare Saint-Charles à Marseille nous donne rendez-vous pour le lendemain. Elle nous promet d'enlever le "haut" de son mail\lot de bain. La publicité raccoleuse est descendue sur les bords de la grande bleue. Il paraît que ce streap-tease en direct et gratuit sur les murs de nos villes constitue l'événement de la rentrée avant ... les nationalisations et la lutte contre le chômage et l'inflation. C'est un journal qui l'affirme. Les militants du comité local du MRAP semblent douter de la justesse de cette analyse. Réunis en assemblée, ils attendent avec impatience la mise en place de la nouvelle politique d'immigration du gouvernement. Les premières décisions prises par les autorités ont été accueillies favorablement. Gaston Defferre, le maire de la ville et le nouveau ministre de l'Intérieur, a résumé le 17 juillet, devant les membres du Conseil municipal, sa politique en cette manière par une formule lapidaire: "Les ratonnades, le racisme et l'antisémitisme, c'est fini". Tout au moins fera-t-on en sorte pour qu'il en soit ainsi. Des mesures concrètes ont suivi cette déclaration de principe. Premièrement, la vente, l'exposition et le port d'objets et insignes nazis ont été interdits. Deuxièmement, les policiers marseillais ont été sévèrement sermonnés. "Tout délinquant, a dit Gaston Defferre aux responsables de la police, de la préfecture et à des animateurs sociaux, quelle que soit son origine doit être arrêté et déféré à la Justice, mais je n'accepterai pas qu'un quartier entier, un groupe d'immeubles, voire un simple immeuble soit encerclé et ses habitants malmenés. Une action de ce genre est une ratonnade et je n'en veux plus." Claire allusion à l'expédition punitive contre le quartier immigré de la Cayolle dont s'étaient rendus coupables de nombreux policiers, quelques jours plus tôt. Et le maire de Marseille de frapper du poing sur la table: "Je châtierai ceux qui désobéiront à mes ordres". Une série de mesures ont été adoptées pour assainir la situation. On a réorganisé les services de police de la région de Marseille. On a sanctionné les policiers les plus "mouillés". On a "viré-promu" à Dijon le commissaire divisionnaire Pierre Chatelain, rendu responsable des "bavures" . On a divisé Marseille en trois secteurs (Nord, Centre et Sud). Chacun d'entre eux est dirigé par un commissaire. But de cette réorganisation: améliorer les relations entre la police et la population, Pour ce qui est des moyens, on développera les contacts entre la police et les associations de quartiers, d'immigrés, .. '---------------------------------------------- l Régionale de jeunes, les travailleurs sociaux. Des réunions se sont déjà tenues. D'autres sont en préparation. On discute tous azimuts. L'administration policière avec les représentants d'associations. Les syndicats de police avec l'administration et les associations. Le MRAP a rencontré, pour la première fois à Marseille, la C.G.T.-Police et participé, aux côtés de la CIMADE et des "juristes démocrates", à une table ronde avec la F.A.S.P., le plus important syndicat de policiers. Certes tout ne sera pas réglé en un jour. Des contradictions demeurent, des points de résistances persistent. Un responsable local de la F ASP a déclaré à "Libération" : "On utilise contre nous l'artifice du racisme pour nous empêcher d'agir". Son de cloche identique du côté du "Méridional" qui ne peut s'empêcher de manifester son aigreur: "La police marseillaise, lit-on dans l'édition du 27 juin 1981, prise au piège, baisse les bras après les déclarations de M. Defferre proscrivant toute discrimination raciale de la part des services de police sous peine de sanctions sévères." Le maire de Marseille reste de marbre. Il a donné des ordres. Il veillera à leur application. Gare aux fortes têtes! Un mâle langage. Les ratonneurs savent à quoi s'en tenir. M ercredi 2 septembre

la jeune fille

de l'affiche a bien enlevé le "haut" comme elle nous l'avait promis. Elle nous donne rendez-vous pour le 4. Ce jour-là, elle se débarrassera, dit-elle, du "bas". Le pari sera-t-il tenu? Le père Jean Audusso, délégué diocésain pour les travailleurs immigrés dans les Bouches-du-Rhône n'a pas d'avis sur la question. Ici en plein milieu du quartier _Ig.1~-1 B.lJauL J"àu fémïnï'l, FABRICANT, VENTE AUX GROSSISTES 226, rue St-DeniS, 75002 PARIS. Tél 508.5305 ·236.9039. de la Porte d'Aix, où sont concentrés de nombreux travailleurs immigrés et leurs familles, l'effeuillage de Myriam (c'est le nom de la jeune fille de la photo) laisse froid. Sur les 14 000 habitants que compte le quartier 5000, soit 40 0/0, sont étrangers. "Les Marseillais appellent ce lieu la Casbah", explique le père Audusso. La connotation péjorative est évidente mais pas systématique. A Marseille on aime bien les surnoms. Ainsi l'église Saint-Théodore où officie notre interlocuteur a été rebaptisée par la vox populi "l'église des Dominicaines" parce qu'elle est située dans une rue qui porte ce nom. Le père Audusso a-t-il noté un changement depuis la victoire de la Gauche aux élections? "Oui, dit-il, avant, les interventions policières étaient brutales, humiliantes. Les agents détruisaient les étalages des commerçants ambulants de la rue d'Aix, frappaient les récalcitrants, les embarquaient pour un rien. Aujourd'hui, on constate, sur ce point, une évolution certaine, au niveau de la forme tout au moins. Les policiers sont moins brutaux. On les a engueulé en haut lieu. Ce n'est pas grand chose mais ça nous change du passé." Le père Audusso est satisfait qu'on se soit enfin décidé à régulariser les "sans papiers". Toutes ces mesures, il ne le nie pas, sont positives. Il ne fait pas la fine bouche, mais il prévient: "Attention, il faut s'attaquer au plus vite au chômage des jeunes immigrés. Beaucoup d'entre eux occupent des emplois intérimaires. Ils sont soumis à une exploitation continuelle. Ils ne peuvent pas se syndicaliser. Pour eux, il n'y a pas d'espoir en vue. Cela entretient un climat d'insécurité. Ils ont l'impression d'être en sursis. On n'est pas vraiment un homme si l'on se sent constamment en sursis". Le deuxième point noir du quartier: le logement. "On a volontairement concentré les immigrés dans certains quartiers et notamment ici, à la Porte d'Aix. On laisse le quartier aller à l'abandon, puis quand les choses se sont assez dégradées, quand les propriétaires d'appartements décident de s'installer ailleurs, la commune rachète les immeubles à bas prix et lance une opération de réhabilitation. Ici, environ 2500 immigrés célibataires vont sans doute devoir s'installer de l'autre côté de la Canebière. On supprime un ghetto ici et on en rebâtit un autre, un peu plus loin." La presse locale, "Le Provençal" (socialiste), "La Marseillaise" (communiste) et "Le Méridional" (mais oui !), publie ce matin un communiqué de la Préfecture des Bouches-du-Rhône expliquant aux immigrés sans papiers et employés clandestinement quelles démarches ils doivent entreprendre pour régulariser leur situation. De nombreuses associations de solidarité telles que le MRAP, 26 l'ASTI, France-Algérie, et la CIMADE ont été conviées à participer à l'opération, en fournissant aux personnes concernées les informations et les imprimés nécessaires à la constitution et à la présentation des dossiers. Le MRAP tiendra une permanence. Cette nouvelle tâche suscite quelques réserves. Monique Lemée, une des responsables, insiste: "Oui nous aiderons les immigrés à constituer les dossiers de régularisation, mais pas question de nous transformer en auxiliaires de l'administration" .

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o les immiszrés de 41 ,.: J eudi 3 septembre : Marseille auront bientôt leur radio libre. menacé d'expulsion alors que Gaston "Elle s'appellera Radio Gazelle", expli- Defferre avait interdit, pendant trois que Kira, une jeune fille de la "nouvelle mois, l'exécution de telles mesures. génération" qui a participé avec plu- Finalement l'affaire s'est bien terminée, sieurs amis immigrés à l'élaboration de mais cet exemple montre qu'il existe ce projet. "Ce sera, ajoute Kira, une encore au sein de la police des opposiradio multi-culturelle. Il y aura des émis- tions, toujours prêtes à se manifester. sions en langue française, mais aussi en "Nous tentons, continue M.F., de langue d'origine. Ce ne sera pas une repartir sur de nouvelles bases, de créer radio ghetto. Elle sera ouverte à tous, un meilleur climat. Au début, les immiaux immigrés, toutes nationalités con- grés se méfiaient puis, peu à peu, on fondues, aux Français, aux Arméniens, s'est orienté vers une certaine détente." aux Corses, aux Occitans. Nous parle- M.F. affirme que la partie n'est pas rons des immigrés, de leur vie ici mais encore gagnée. "Je crains, dit-il, que les aussi des pays dont ils sont originaires." organisations d'extrême-droite se ren- Sont-ils aidés? "Nous faisons tout par forcent." Il espère que les "associations nos propres moyens, répond Kira. Nous d'immigrés seront prochainement auton'avons pas d'argent, pas de local. Mais risées et qu'elles pourront s'organiser". nous allons lancer une campagne de bons de soutien et des amis vont nous prêter un émetteur." Des contacts ont été pris à Paris avec des radios libres. Pour voir comment ça fonctionne. Tout cela est jeune, frais et sérieux. Bonne chance Radio Gazelle. Pour M.F., chargé de mission à la Ville de Marseille, la nouvelle politique à l'égard des immigrés et les mesures adoptées au plan local par le maire de la ville, n'ont pas plues à tout le monde. "Au début, il y a eu une atmosphère hostile du haut en bas de la hiérarchie policière, confie-toi!. Un commissaire est même allé jusqu'à dire qu'ils avaient été précédemment embauchés pour en découdre avec ces gens-là". Et de citer le cas d'un jeune Maghrébin EMPLACEMENT RÉSERVÉ AUX JUPES POUR DAMES GOR-RAY Lo.ck ... Charles, Vendredi 4 septembre

on reparle de

l'agression policière contre la cité de la Cayolle où vivent essentiellement des famHles immigrées. Un retour en arrière est nécessaire. Le 8 juin, la police interpelle brutalement un jeune immigré qui aurait volé un vélomoteur. Les familles, des balcons, assistent à l'arrestation. Protestation, intervention. Les policiers doivent battre en retraite. Quelques jours plus tard des dizaines de policiers armés de fusils-mitrailleurs investissent la cité, défoncent portes et fenêtres, insultent les habitants, les menacent de leurs armes. La ratonnade. Des victimes portent plainte. Le MRAP s'associe à leur action. Le 14 juin, une bombe explose: six appartements sont détruits entièrement. Fort heureusement, on ne compte que des blessés légers. La même nuit une autre bombe est découverte avant explosion dans une seconde cité d'immigrés, à Bassens, dans les quartiers nord. Les auteurs de ces crimes? Sans doute le S.A.C., qui aurait soustraité l'affaire pour le compte des policiers malmenés le 8 juin. L'affaire est grave. Pourtant le 4 septembre, Me Jacqueline Moutte, avocate du MRAP, apprend que l'affaire est classée. Le Parquet ne poursuit pas. Selon "Le Monde" du 24 juin 1981 "certains Marseillais n'osent plus flâner" sur la Canebière et les "travailleurs étrangers ont colonisé les quartiers de Belsunce et du Panier". Ces deux affirmations font sourire un jeune Françaisimmigré de la "nouvelle génération". "La Canebière", dit-il, est fréquentée comme avant, et si quelques Marseillais ne supportent pas la présence des immigrés tant pis pour eux. Va-t-on interdire la Canebière aux immigrés sous prétexte que leur présence gêne quelques racistes 1". Le mot "colonisé" le met hors de lui. "Il exagère, continue-toi!. Les immigrés n'ont rien colonisé. Us se sont installés là où on les a mis, là où les loyers n'étaient pas trop chers. On ne leur a pas laissé le choix ; de même, on les a obligés à s'installer dans les quartiers nord de la ville, loin de tout." Depuis la victoire de la Gauche, reconnaît-il, la présence policière est plus discrète. Mesure provisoire ou définitive ? Il préfère attendre avant de se prononcer. "Le dix mai, je suis allé à la manif organisée sur la Canebière pour fêter la victoire de Mitterrand, dit-il, maintenant on va voir quelle politique il va appliquer et s'il va tenir ses promesses." L'assassinat, l'an dernier et au début de celle-ci, de deux jeunes immigrés, le premier par un C.R.S. et le second par un Français; la "descente" policière, à grand renfort d'agents (une centaine) l'avant-veille de la proclamation officielle de l'élection de Mitterrand; l'attentat à la bombe contre les cités de Bassens et de la Cayolle; les discriminations et humiliations subies quotidiennement sont encore dans sa mémoire. Il se méfie des belles paroles. Une politique se juge non pas aux intentions affichées, mais à ses résultats. "II faut, dit-il, que les immigrés s'organisent, créent des associations qui les représen ten t." Me Jacqueline Moutte évalue à 15 000 le nombre d'immigrés en situation irrégulière à Marseille. A ce nombre, il convient d'ajouter plusieurs milliers d'étrangers entrés clandestinement au 27 DIFFÉRENCES OCTOBRE 81 Ciré de Bassens. ZUP. lendemain de la victoire de la Gauche aux élections. On ne s'est pas pressé pourtant dans les organismes chargés de la régularisation. "A ce jour (le 4/ 9/ 81) une centaine de personnes se sont présentées pour se faire régulariser", estime-t-elle. La régularisation des "sans papiers" est soumise à deux conditions

le requérant doit prouver qu'il

était en France avant le 1 er janvier 1981 et qu'il possède un contrat de travail d'un an. Cette dernière disposition laisse l'avocate du MRAP sceptique. "Les employeurs qui font travailler de façon irrégulière des immigrés arrivés en France avant le 1 er janvier 1981 ne seront pas inquiétés et poursuivis s'ils acceptent de signer un tel contrat de travail d'un an. Accepteront-ils ces conditions ? J'en doute. La plupart des entreprises concernées n'emploient souvent qu'un ou deux immigrés. Comment ces derniers parviendront-ils à prouver qu'on les obligeait à travailler clandestinement ?". Jacqueline Moutte regrette qu'on persiste à lier la présence des immigrés à la situation de l'emploi. Les promesses gouvernementales (respect des droits et de la dignité de tous les immigrés) seront-elles tenues? L'avenir nous le dira. La jeune fille de l'affiche, en revanche, a tenu la sienne. Le 4 elle a enlevé "le bas" et montré aux passants surpris la partie la plus charnue de son anatomie. Ici, quand on perd à la pétanque et qu'on est incapable de marquer un seul point sur l'adversaire, on doit, suprême humiliation, déposer un baiser sur les fesses d'une dame choisie à cet effet. C'est la coutume. Pour qui la demoiselle de l'affiche a-telle ôté le "bas" ? Pierre INGHILLERI chemisier habilleur 13, AVENUE D'ITALIE 75013 PARIS r 707.37.12 • • 1 • Au .flanc de l'Himalaya, Tashi Dolma, "héroïne de la monogamie" exhorte les Ladakhis à faire plus d'enfants pour sauver leur âme . ... .... .* .. ", ~ .... ' . . ' l ~ .t ,'1 ..• '. ',' ' ... ~ . " . . ;::- ,' . ,.' L SCEN ESA I maginez qu'un morceau de lune soit tombé sur la terre, qu'un peintre colossal et facétieux l'ait badigeonné d'ocres et de verts ... Vous avez .ous les yeux le Ladakh, haute vallée himalayenne, joyau tibétain serti entre la Chine, le Pakistan et le Cachemire indien. La p iste d'atterrissage baigne dans une lumière intense et pure . Je me sens la lêle légère .. . le manque d'oxygène. Nous sommes à Leh, la ville la plus haute de l'Inde : 3 500 mètres d'altitude! Si tué aux confins des voies d ' invasion, le royaume du Ladakh a été maintes fois conquis, d'abord par les hordes mongoles puis par les armées du Baltistan voisin, Il fut aussi vassal du Tibet avant de tomber sous la coupe du maharaja du Cachemire . Après l'indépendance (1947) , le Ladakh sera intégré à l'Etat in dien du Jammou et Cachemire, mais amputé de deux de ses provinces à la suite des guerres avec la Chine et le Pa ki tan voisins. Résultat, 100000 soldats de l'armée indienne campent dans cette vallée peuplée de . .. 100 000 habit nls : 50 1170 de musulmans, la plupart venus du Cachemire, et 50 1170 de bouddhistes, de philosophie et de rite tibétains ... Située à deux kilomètres de Leh, au village de Sankar, la maison de Spambo ressemble en tous points à celles qui l'entourent. Une architecture sobre, presque austère, des murs de pisé blanchis à la chaux, les animaux au rez-dechaussée, les gens au premier. Ce soir est un soir de fête. Spambo et sa famille préparent Gya-Ji, "les cent lumières", une puja (prière collective) destinée à éloigner les voleurs grâce à l'intervention d'un Gyapo, esprit chargé de la chasse aux larrons. Femmes et jeunes filles me font une petite place sur leur territoire, près du foyer. Ama Tsering Kunze mon hôtesse, s'affaire, accompagnant chacun de ses gestes d'un mantra: incantation à mi-chemin entre la prière et la formule magique. Elle dispose les bols de nanpé (farine d'orge grillée) sur de petites tables basses, derrière lesquelles les convives sont invités à s'asseoir. Du monastère voisin sont venus deux moines et tandis que ceux-ci racontent 28 S A l'histoire de Padmasambhava - le sage indien qui introduisit le bouddhisme au Tibet - on échange les potins du clan bien plus qu'on ne les écoute ... En fait si la foi est profonde, la solennité n'est pas de mise. Il suffit qu'un lama fasse une seule faus se note avec son hautbois pour que tout le monde s'esclaffe! Entre deux chapitres, on offre aux récitants de grandes rasades de thé au beurre salé .. . une boisson très reconstituante qu'il est préférable d'avaler comme un bouillon si l'on veut éviter les hauts le coeur. Mais si l'humeur est au rire ce soir, c'est à cause du tchang, cette bière aigrelette fabriquée avec l'orge local. Mon voisin de table en est au moins à son troisième litre de tchang ! Quant aux moines, ils ne se refusent pas une petite tasse entre deux épisodes de la vie du grand saint. Le plus âgé, Tashi Norbu, n' est autre que le frère cadet de mon hôte. Dès qu'il eut 7 ans, on l'envoya au monastère de Tak Tak, à 50 km de là. Il n'y avait plus de place pour lui au foyer, ses deux frères aînés ayant déjà épousé la même femme ... Et la coutume est inflexible, pas plus d'un "couple" dl~ même âge sous le même toit! Le marché de Leh, capitale du Ladakh. Bien que la loi indienne l'interdise formellement, il n'est pas rare de rencontrer des femmes ayant plusieurs maris. Puntzok Dolma, la voisine d'Ama, en a trois. C'est le moyen qu'ont découvert les Ladakhis pour éviter le morcellement des terres entre fils et limiter le nombre des naissances. Il faut dire que le Ladakh, à 72 % inculte, arrive tout juste à nourrir sa population. Il n'y pleut jamais et les récoltes d'orge, de blé et de légumes dépendent uniquement d'un système d'irrigation alimenté par la fonte des neiges... Mais le mariage polyandrique n'est pas tout à fait rose. Avec ce système, de nombreuses femmes ne trouvent pas à prendre même un seul mari! Elles sont alors contraintes de se faire nonnes, servantes chez les riches, voire prostituées pour l'armée indienne. Celles qui ont eu la chance de trouver maris épousent donc de deux à trois frères. C'est au fils aîné que revient la tâche délicate de répartir les faveurs de son épouse. Ce qui ne va pas toujours sans mal. Ama, malicieuse, me glissera un jour à l'oreille: "Il y a souvent des querelles chez Puntzok, car elle donne toujours la préférence au plus jeune ... " De toute façon, en cas d'envie surprise, il est convenu de laisser ses chaussures bien en évidence sur le pas de la porte. Sonam Atchouk a 82 ans et des souvenirs pleins la tête. Le soir au moment de la traite des chèvres, il me raconte sa vie de caravanier, les grands espaces, du temps où les frontières n'existaient pas, ou si peu ... Jusqu'à la fermeture de la frontière chi- 30 noise consécutive au conflit sino-indien de 1962, le Ladakh était la plaque tournante du commerce des caravanes. Sur le marché chinois de Yarkand, Sonam Atchouk achetait soies, épices, thé, sucre et tapis du Turkestan. Du Tibet, il ramenait la laine la plus chaude du monde prélevée sur une chèvre sauvage des hauts plateaux. Celle qu'on appelle bien improprement ici: "cachemire". Aujourd'hui, ce négoce a complètement disparu. Leh n'est plus reliée au monde extérieur que par la route stratégique qui part de Srinagar au Cachemire. C'est par cette route qu'arrivent les soldats et fonctionnaires indiens et, depuis 1974, les touristes. Ces éléments ont signifié dans l'immédiat, un accroissement notable mais désordonné du niveau de vie matériel des Ladakhis. 1 Les Cachemiris musulmans (80 % de la population de l'Etal du Jammou et Cachemire) ont été prompts à s'emparer des bénéfices du développement. Ce peuple de vieille tradition commerçante et lettrée oppose une concurrence déloyale aux Ladakhis, agriculteurs dont le trésor culturel est un savoir de l'âme ignoré des programmes gouvernementaux. Des programmes qui encouragent les Ladakhis à faire de la luzerne pour soutenir un élevage devenu hautement rentable avec l'accroissement de la demande en viande. Petit à petit, l'économie de marché supplante l'ancienne autarcie. A quoi bon cultiver l'orge qui n'a aucune valeur marchande? Chez les riches familles de Leh on s'indianise. Le thé sucré et le riz des plaines y ont rem- Chlmre, l'un des nombreux monastères boudhlstes. placé le nanpé, produit sur place à peu de frais. Et comme le développement a besoin d'enfants, on prêche la monogamie, facteur d'accroissement de la population. Aujourd'hui, le village de Sankar est en pleine agitation. Une troupe théâtrale présente : "Les tribulations de Tashi Dolma, ou les multiples avantages de la monogamie". Spambo enfile sa belle robe de velours gansée d'argent, serrée d'une ceinture rose, Ama Tsering Kunze met sa belle coiffe cousue de turquoise. Je suis tellement admirative qu'elle me la fait essayer. Cinq kilos de turquoises sur l'occiput; je faiblis ce qui déclenche un fou rire général. Voilà ce qui arrive quand on n'est pas habituée à porter sa fortune sur la tête! Dehors, les tribulations de Tashi Dolma ont déjà com- 31 mencé. Il s'agit d'une farce édifiante imaginée par les dramaturges de l'association de défense des intérêts bouddhistes de Leh. Inquiète de la progression démographique de la communauté musulmane, l'association tente d'éveiller les bouddhistes aux joies de la monogamie. Chez Spambo, la cause est déjà entendue. Las des railleries de ses collègues musulmans, Tashi qui partageait sa femme avec ses deux frères a décidé d'en marier au moins un. Malheureusement, cette prise de conscience n'emprunte pas que des voies pacifiques. L'hiver dernier des émeutes ont eu lieu à Leh. La jeunesse bouddhiste exige une part plus équitable des bénéfices du développement ladakhi. S'estimant colonisé par l'administration et le négoce cachemiris, A l'école boudhisle, l'enseignemenl en langue ourdou écrile en caraclères arabes. 32 le Ladakh aspire désormais au statut de territoire fédéral autonome, moyen efficace d'échapper à ['emprise culturelle, économique et politique de la majorité. Sur le terre-plein qui fait office de scène, Tashi Dolma "héroïne de la monogamie", exhorte les Ladakhis à faire plus d'enfants: "Au Ladakh, il Y a beaucoup de nouveaux emplois pour vous. Parents, songez à toutes ces filles qui ne trouvaient pas de mari autrefois. Aujourd'hui, vous pouvez les marier sans crainte, leurs enfants auront à manger!" Au Ladakh, plus rien ne sera comme avant. Avec le fil vient le tissu. La polyandrie en recul, c'est tout un mode de vie qui disparaît. Déjà, les monastères, lieux de culture et de tradition, ont tendance à désemplir. Plutôt que de prendre la robe lie de vin, les fils cadets préfèrent aujourd'hui prendre femme et s'engager dans l'armée indienne. Pour le meilleur et pour le pire. Renée DAVID Odeurs de cuisine La Thukpa Un plat d'hiver pour tenir jusqu'à - 30° • 3 litres d'eau, • 100 g d'oignons, • 300 g de choux, de carottes, et pommes de terre, • 500 g de chevreau ou à défaut d'agneau, • 700 g de pâtes fraîches (nouilles). Dans une cocotte, faire sauter le chevreau coupé en dés avec les oignons. Y ajouter les carOlles coupées en rondelles, puis les pommes de terre et le choux préalablement blanchi. Saler et ajouter piment rouge, turmeric et cumin vert. Quand le mélange est au 3/4 cuit, ajouter l'eau tiède. Quand l'eaufrémit, ajouter les pâtes et en fin de cuisson, quelques branches de coriandre frais ou à défaut de persil. Retirer du feu quand les pâtes sont cuites. Servir très chaud. La Thukpa est le "plat du dimanche" des Ladakhis, qui, en général consomment peu de légumes et encore moins de viande. Leur ordinaire: le nanpé est de la farine d'orge grillée, malaxée avec du thé au beurre salé. Horriblement indigeste pour les estomacs non-initiés. DANY GANDER-GQSSE •• u EMOSAIQY E L 'Inde, 684 millions de silhouettes faméliques au bord du Gange. Eléphants au travail et RoJls en argent massif des maharajas. Méditation transcendantale et fatalisme de la religion hindoue. Démocratie de l'apathie sociale et de la misère. Les stéréotypes concernant l'Inde ne manquent pas ... En fait, si 82 0J0 des Indiens sont hindouïstes, l'Inde avec ses 70 millions de musulmans, est le second pays d'Islam après l'Indonésie. Placée sur la route des épices et des grandes invasions, l'Inde a accueilli l'Islam des marchands arabes, des sultans afghans, puis des empereurs moghols. Autre minorité nationale et de taille, les 120 millions d'intouchables et de tribaux; hors castes vivant en marge de la société hindoue. Descendants des peuples indigènes rencontrés par les Indo-européens entre le XVe et IX· siècle avant RITES J .-c., ce sont eux les fameux parias dont Gandhi prit ardemment la défense au cours de la lutte pour l'indépendance. Outre qu'en Inde, tout le monde ne soit pas hindou, le pays compte une quinzaine de grandes cultures régionales ayant développé histoire, langues et arts originaux. A parcourir l'Inde, on est frappé par cette mosaïque de cultures dont le seul véritable ciment semble être le système des castes. Un système qui, à l'inverse des idées reçues, a largement contribué au développement économique et politique du pays. Comme dans nombre de sociétés traditionnelles, la vie des hindous est fortement imprégnée de religion, rites quotidiens, fêtes, pélerinages et stricte observance des règles de caste. Imposé progressivemnt à l'ensemble de la société indigène, le système des castes inscrit dans les textes sacrés, divise la société en quatre "varnas" (en sanskrit: couleurs). Au 33 sommet de la hiérarchie: les Brahmanes, prêtres; puis les Kshatriyas, rois et guerriers: les Vaishyas, commerçants et artisans; enfin les Shoudras, paysans. Mais ce système doctrinal et abstrait, constitué dans les premiers siècles de l'ère chrétienne, recouvre une réalité multiple et mouvante: celle des "jâtis", sous-castes prétendant se rattacher à l'un ou l'autre des quatre grands varnas. C'est à l'intérieur de ces compartiments étanches et strictement hiérarchisés que s'organise toute la vie sociale et professionnelle. On naît dans une caste, on y travaille, on s'y marie, on y meurt. Passer de l'une à l'autre est impossible à moins d'entraîner l'ensemble de cette caste vers une meilleure position dans la hiérarchie. Les relations entre castes, codifiées à l'extrême, obéissent à des critères de pureté rituelle, les prêtres brahmanes étant les plus "purs". Toute dérogation aux lois qui lui sont propres, entraîne l'exclu sion de la jâti. Les exclus vont grossir les rangs des hors-castes: intouchables et tribus aborigènes. Souvent convertis au christianisme ou au bouddhisme, ces parias n'en sont pas moins demeurés des exclus aux yeux des hindous. Du fait, l'esprit de caste est si fort en Inde que les doctrines mêmes qui l'on rejeté, on dû pour survivre, se constituer en sociétés de "castes de ceux qui rejettent les castes". Ce fut le cas de l'islam, du christianisme et d'hérésies de l'hindouïsme tel\es le jaïnisme, sikhisme et bouddhisme. Ils ne sont plus , 'intouchables" mais restent des parias Rayés du paysage social par l'article 17 de la Constitution, 80 millions d'intouchables n'en continuent pas moins d'exister sous le nom pudique et administratif de "castes répertoriées" . Les intouchables sont considérés comme impurs dans la tradition hindoue. Ils sont tenus, de ce fait, à distance des villages et ne sont pas autorisés à l'eau du puits des hindous de caste, qu'ils risqueraient de "polluer". 65 rJ?o d'entre eux, ouvriers agricoles, sont endettés auprès des propriétaires terriens qui trouvent en eux une main-d'oeuvre corvéable à merci. N'étant pas autorisés à posséder de terre, les intouchables ne sont susceptibles d'en recevoir que dans le cadre de programmes gouvernementaux . Il leur arrive d'en recevoir effectivement, mais les droits de citoyens égaux que leur garantit la Constitution, ne préservent pas les intouchables des nombreuses exactions dont ils sont victimes de la part des hindous de caste. LI n'est pas rare qu'obtenant la complicité de la police locale, ceux-ci leur retirent de force les terres distribuées. Périodiquement, la presse indienne, rapporte des cas de massacres d'intouchables ayant voulu faire respecter leurs droits. La Constitution prévoyant des mesures de relèvement économique et social pour les intouchables, des quotas de postes leur sont réservés dans l'enseigJ1ement et l'administration. Mais l'intendance ne suit guère, et lorsqu'on sait que seulement 15 rJ?o des intouchables sont alphabétisés (32 % pour l'ensemble de l'Inde), il ne faut pas s'étonner de voir les postes réservés, pourvus par des hindous de caste s'étant procuré de faux certificats d'intouchabilité. Le système des quotas ne fait pas le poids devant le système des castes ... Le Mahatma Gandhi, père de la nation indienne, mena de grandes campagnes en faveur du relèvement de la condition des intouchables qu'il rebaptisa "harijans" (littéralement: enfants de Dieu) signifiant en cela qu' ils devaient être intégrés sans réserve à la société hindoue ... Son erreur aura été de préconiser l'abolition de l'intouchabilité tout en se prononçant pour le système des castes. Les propriétaires terriens, hindous de caste, font évidemment obstacle à l'amélioration des con- 34 DANY GANDER-GOSSE Moine-mendiant hindou. ditions de vie de ceux qu'ils exploitent. .. Il n'est pas étonnant, de ce fait, que les rares mouvements de rebellion d'intouchables aient adopté des doctrines rejetant le système des castes, en particulier bouddhisme et christianisme. Un parcours que les populations tribales de l'Inde ont aussi largement emprunté ... Entre l'exploitation, la conversion et la rebellion L'origine mythique des aborigènes de l'Inde, illustre à elle seule la condition qui leur a été faite par la société hindoue. Les Pouranas, recueils de textes an tiques, rapporten t qu'un sage hindou jeta une malédiction sur le roi Bena, coupable d'inconduite morale. Alors, l'infortuné roi vit sortir de ses bras, les ancêtres des différentes tribus d' Adivasis (nom sanskrit désignant les aborigènes) ... Les Adivasis, bien que présents sur l'ensemble du territoire, vivent surtout dans l'est et le nord-est du pays. Repoussés vers des régions inhospitalières par les populations indo-européennes, ils ont continué de pratiquer chasse et cueillette partout où ils le purent. Ailleurs, ils furent contraints de se sédentariser. Aujourd'hui, 90 rJ?o d'entre eux pratiquent l'agriculture et sont encouragés par les pouvoirs publics à abandonner la culture sur brûlis qui endommage la couverture forestière. Cette sédentarisation n'a pas été sans altérer leur mode de vie, habitués qu'ils étaient à se déplacer dès que la terre s'épuisait. Sédentarisés, ils ont été aussi expropriés. Sous l'administration coloniale, des tribus vivant dans des régions au sous-sol riche en minéraux ont été transplantées. L'Inde indépendante ne leur a pas réservé un meilleur sort puisqu'entre 1947 et 1961, 15000 familles ont vu leur territoire passer de 240000 km' à 32000 km'. Le développement industriel dans les régions tribales notamment au Chot Nagpur (Bihar), celui des communications et du contrôle administratif ont ouvert la voie de l'hindouïsation des Adivasis . Utilisée comme moyen de contrôle social, la conversion à l'hindouïsme est cependant très concurrencée par la présence de nombreuse missions chrétiennes en territoires tribaux. En dépit de ses indéniables aspects déculturants, le christianisme offre un moyen de promotion sociale plus efficace que Superficie,' 3 287 782 km'. Population,' 684 millions (1981). Capitale,' New-Delhi. Villes principales,' Bombay, Calcutta, Madras, Lucknow, Patna, Hyderabad, Ahmedabad, Cochin, Bhopal, Bangalore, Bhubanesh war. Langues,' Les deux langues officielles de l'Union Indienne sont le hindi, compris par près de 40 % de la population, et l'anglais par 4 %. Les langues officielles des Etats sont au nombre de 15. L'Etat indien,' L'Union Indienne est une fédération, membre du Commonwealth. Indépendante depuis 1947, elle compte 22 Etats et 9 territoires de l'Union. Vie politique,' L'Inde est une démocratie parlementaire. Le parlement central comprend une chambre basse, le Lokh Sabha (520 membres élus au suffrage universel) et le Rajya Sabha (240 membres désignés par les assemblées des Etats, dont 12 nommés par le Président). La vie politique est dominée par le Parti du Congrès, dont fait partie l'actuel premier Ministre, Mme Gandhi. Le Congrès est aussi au pouvoir dans tous les Etats de DIFFÉRENCES OCTOBRE 81 la difficile intégration au système des castes hindou. Les écoles des missions chrétiennes attirent les Adivasis qui trouvent là, une possibilité d'échapper à terme à l'exploitation dont ils sont victimes de la part des hindous de caste. Conscients du danger, les mouvements prosélytes hindous ne se privent pas de faire remarquer que le christianisme est un relent de la présence coloniale. Trois Etats comptant de fortes minorités tribales tels l'Orissa, J'Arunachal Pradesh et le Madhya Pradesh, ont déjà adopté des lois limitant le champ d'action des missions chrétiennes. La situation politique dans le nord-est du pays, illustre bien la méfiance dans laquelle les pouvoirs publics tiennent les tribaux convertis au christian-isme. Sorte de "far-west" indien riche en ressources naturelles, la région est traitée depuis l'administration anglaise comme une réserve de matières premières (pétrole, bois, minerais) . Elle est ainsi devenue une véritable colonie de l'intérieur sans infrastructure industrielle. De plus, les guerres successives avec le Pakistan ont provoqué l'afflux de millions de réfugiés du Bengale Oriental (ex-Pakistan oriental devenu aujourd'hui Bangladesh) qui ont fini en certains endroits par noyer les populations indigènes. Certaines tribus converties pour une bonne part au christianisme, se sont révoltées. Dans le petit Etat du Tripura, elles ne comptaient plus que pour 30 % de la population après l'arrivée des réfugiés. Plu tôt que de reconnaître ses responsabilités, le gouvernement fédéral à choisi de désigner les missions chrétiennes à la vindicte du pays, faisant d'elles le nerf de la guerilla sécessionniste. Il est vrai que toute agitation dans ce nord-est frontalier de la Chine, de la Birmanie et du Bangladesh, pourrait prendre un tour dramatique en cas de sécession. C'est cette même "paranoïa des frontières" qui encore aujourd'hui pèse sur les relations entre hindous et musulmans que séparent le souvenir des atrocités qui ont suivi en 1947, la partition des Indes anglaises. Des splendeurs mogholes au traumatisme de la partition L'Islam de l'Inde du Nord et du Deccan remon te aux invasions turques et afghanes du XIe siècle. Guerres de conquête et guerre sainte confondues eurent pour résultat la création d'une civilisation indo-musulmane dont l'âge d'or commence au XVIe siècle avec l'empire moghol. Poésie, art de la miniature, architecture s'épanouissent, patronnés par les grands "Union, hormis le Tamil Nadu, le Kerala, le Tripura et le Bengale Occidental, dominés par des coalitions de gauche ayant à leur tête le Parti communiste marxiste. Chaque Etat possède un gouverneur, nommé par le Président de l'Union, un gouvernement et un parlement. Revenu annuel moyen par habitant: 450 F (1978-79). Espérance moyenne de vie en /98/ : 54 ans. Economie: Produit national brut: 856 000 000 roupies. (1978-79,1 Rs60 cts). 75 % des Indiens vivent de la terre. 50 % du P.N.B. provient des activités agricoles contre 16 % pour l'industrie. Production de céréales: 131 millions de tonnes (1978-79) soit 192 kg/hab. contre 305 pour la Chine. L'Inde: ge puissance industrielle du monde. 10 % de la population active engagée dans l'industrie. Taux d'alphabétisation: 34,45 % (1977-78). Religions: Hindouisme: 82,72 % de la population. Islam: 11,2 %. Chrétiens: 2,6 %. Sikhs: 1,89 %. Bouddhistes: 0,71 %. Jaïns: 0,48 %. Autres: 0,40 %. Consommation de pétrole: 22 millions de tonnes annuelles soit 30 fois moins que le Japon et autant que le Danemark. 35 empereurs tels Akbar, Shah Jahan et Aureng Zeb. Minée par des luttes intestines, cette civilisation entre en décadence dès le XVIIIe siècle, puis connaîtra le coup de grâce avec la colonisation anglaise. Désireuse de s'appuyer sur les élites existantes, l'administration coloniale, conserve les structures administratives locales léguées par les vaincus. L'ourdou, forme persanisée et arabisée de l'hindoustani, autrefois langue de cour, continue d'être utilisé par les fonctionnaires musulmans. De son côté, l'élite hindoue, en particulier les brahmanes, cherche à profiter des retombées économiques et culturelles de la présence coloniale. Elle envoie volontiers ses enfants dans les "boarding schools" où ceux-ci font l'apprentissage de techniques et d'idées venues d'Occident. Dans l'ensemble l'élite musulmane répugne à faire de même. Ces lettrés et féo- 36 daux, traumatisés par la défaite moghole, se replient sur euxmêmes, envoient leurs fils dans les Madrassas. Le développement du nationalisme indien, fortement imprégné de libéralisme anglais et de glorification du passé hindou, finira par avoir raison de la coexistence pacifique entre hindous et musulmans. Inquiet des progrès du mouvement nationaliste, le pouvoir colonial joue abondamment de la rivalité entre hindous et musulmans, et même une personnalité telle que Gandhi ne parviendra pas à obtenir l'union des deux communautés dans la lutte de libération nationale. Le leader musulman, Mohammed Ali Jinnah, réclame la création d'un Etat musulman séparé, le Pakistan, ou les siens n'auront pas à craindre la loi de la majorité hindoue. C'est la Partition de 1947, au cours de laquelle hindous et musulmans s'entre-massacrèrent sur les frontières indo-pakistanaises du Penjab et du Bengale. A présent, l'Inde compte plus de 70 millions de musulmans, parents pauvres d'un pays resté profondément marqué par ce drame. Privée d'une bonne part de son élite partie s'établir au Pakistan, soupçonnée de loyauté envers l'Etat ennemi, cette communauté vit une véritable crise d'identité. Impuissante à participer pleinement à la vie économique et politique de son pays, elle se réfugie volontiers dans une sorte de narcissisme où se mêlent apitoiement sur soi-même et franche mégalomanie. Ses leaders politiques sont pour la plupart des oulémas, chefs religieux traditionnalistes dont l'action revient à entraver le développement économique et social de leurs ouailles. Plus défavorisée que la majorité hindoue, la population musulmane a enregistré un taux de croissance de 30,7 % J.-P LAFFONT ISYGMA Agrar: l'école coranique Iraditionnelle. 15000 FRANÇAIS DANS LES ANCIENS COMPTOIRS DE L'INDE ... Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal et Mahé, résonnent encore dans les mémoires de la vieille génération. Lambeaux de l'empire français des Indes cédé aux Anglais en 1783, les anciens comptoirs (hormis Chandernagor qui a été intégré au Bengale en 1952) forment aujourd'hui un territoire de l'Inde sous administration fédérale. 600 000 habitants y vivent dont 15000 Français concentrés dans la capitale, Pondichéry. IIsfurent 8 000 en 1963 à exercer leur droit d'option pour la nationalité française garanti par le traité de cession. Inquiets pour leur sort en cette période faste du nationalisme indien, ces Français et leur descendance ont à présent tout lieu de se féliciter. Les hommes s'engagent pour 15 ans dans l'armée française, puis rentrent au pays dotés d'une pension qui, convertie en roupies, leur procure un pouvoir d'achat considérable. Les Français de Pondy (pour les intimes), jouissent en outre de nos prestations sociales et du système fiscal favorisant la natalité. Or, les familles françaises comptent en moyenne cinq enfants. Autre séquelle de la présence coloniale, le lycée français qui accueille la fine fleur de la société pondichérienne : fils et filles de militaires et fonctionnaires français. Quelques écoles indiennes et instituts catholiques contint{ent de prodiguer un enseignement primaire français. De son côté, l'Ecole Française d'Extrême-Orient abrite deux-trois chercheurs venus fouiller le passé poétique et archéologique de l'Inde dravidienne. Mais la curiosité la plus curieuse de Pondy est sans nul doute l'Ashram d'Aurbindo, institution religieuse d'inspiration hindoue, à l'origine d'Auroville, ville utopique à jamais inachevée. Grand propriétaire foncier, entreprise industrielle florissante, grâce aux nombreux dons internationaux, l'Ashram est très critiqué par la population indienne qui voit d'un mauvais oeil ce Gotha de l'Occident hindouïsant qui prétend apporter la bonne parole en cette terre hindoue depuis plus de 3000 ans. Ici, personne ne souhaite que le territoire de Pondichéry soit absorbé par les Etats où il forme enclave. Ni les Indiens qui jouissent d'un régime fiscal et de salaires plus avantageux, ni les Français qui craignent l'administration régionale plus chauvine que les agents fédéraux, ni les ashramites qui n'aiment pas qu'on mette le nez dans leurs affaires. C'est dire que lorsque le gouvernement fédéral fit mine, en 1978, de supprimer le territoire de Pondy, on assista à un phénomène sans précédent. Toutes les petites chapelles de Pondy se mirent à prier de concert pour qu'il n'en fût pas ainsi. Au bout de quelques émeutes, elles furent exaucées. contre 23,7 !J'jo pour les hindous entre 1961 et 1971. D'où l'agitation de la "menace démographique musulmane" de la part des groupements extrémistes hindous. Provoqués par des incidents mineurs tels la présence d'un porc à proximité d'une mosquée, les affrontements entre hindous et musulmans font chaque année des centaines de morts. Ils sont avant tout l'expression d'une rupture de communication entre l'Etat et cette minorité. A la misère économique et politique de l'Islam indien, s'ajoute aussi une misère culturelle. La relève littéraire, contrariée par la fuite des intellectuels, s'est aussi trouvée entravée par le sort fait à l'ourdou dans l'Inde indépendante. Cette langue qui connut son heure de gloire sous l'empire moghol, devint signe de ralliement pour la création du Pakistan dont elle est aujourd'hui la langue officielle. On imagine 37 Connaître Dans un village tribal du nord-est. combien cette accumulation de symboles a pu desservir l'ourdou en terre indienne. Aucune des écoles publiques du Bihar et de l'Uttar Pradesh, où l'ourdou a vu le jour, ne dispense son enseignement dans cette langue maternelle de dizaines de millions d'enfants. Les Etats de l'Union étant souverains en matière de législation sur l'enseignement, le pouvoir fédéral ne peut avoir qu'une voix consultative. De fait, le dialogue est difficile entre le Centre et les Etats, et Dans le cadre du Festival d'Automne, octobre 81 est consacré aux arts de l'Inde du sud: musique, danse, théâtre et tradition iconographique (statuaire, peinture, sculpture sur bois ... ) • Après avoir vu les formes anciennes du théâtre sanscrit, le Kathakali du Kerala Kalamandalam, à l'Opéra Comique, on pourra assister, à la Chapelle de la Sorbonne, à des concerts de musique carnatique, musique classique de l'lnde du sud, pratiquée depuis 600 ans, et dont les instruments sont notamment la flûte sacrée carnatique (traversière en bambou), la vinasarasvati (luth à sept cordes), le jalatanrangam (deux rangées de bols plus ou moins remplis d'eau), le mridangam (tambour), le violon, le ghatam, (gros pot de terre cuite), et la voix humaine. • Pour la danse, sont annoncées des représentations du Bharata-Natyam (danses sacrées transmises par les prêtesses courtisanes du pays tamoul), du Mohini-Attam (danses populaires des femmes du Kerala), et de l'Odissi (danse ancienne de la côte est) . • Une exposition des pièces des collections du Musée Guimet: Dieux de l'Inde du sud dans l'imagerie populaire, commencera fin octobre et durera trois mois. • Un cours et un stage d'Abhinaya (élément de la danse Bharata-Natyam) aura lieu du 20 au 30 octobre, sous la direction de Kalanidhi Narayanan (deux niveaux d'étude). Séancedémonstration publique 31 octobre à 16 h. Inscriptions et renseignements au Festival d'Automne 296.12.27. 38 GUEN ETf RUSH ce n'est pas un hasard si la "règle présidentielle" qui donne les pleins pouvoirs au gouvernement central a été imposée une cinquantaine de fois dans les Etats depuis l'indépendance .. . Nordistes contre sudistes: la poigne du fédéralisme indien Etat avant d'être nation, l'Inde a vu se développer de nombreux mouvements régionalistes. Comme ailleurs, ils ont eu leurs cortèges de boucs-émissaires, d'opportunistes prompts à bâtir fortunes politiques et fortunes tout court . Ils sont aussi et surtout d'authentiques nationalismes régionaux agissant comme contrepoids d'une politique fédérale à poigne. Leur histoire remonte aux temps coloniaux, alors que les frontières des Etats coupaient à travers castes et groupes linguistiques. En même temps qu'elle patronne les vieilles élites féodales, l'administration anglaise contribue à en créer de nouvelles. Les propriétaires terriens, enrichis par les cultures commerciales commencent à contester le pouvoir de ces vieilles élites : brahmanes lettrés et notables musulmans héritiers de la tradition moghole. Cette contestation prend la forme de puissantes mobilisations linguistiques qui serviront de point d'appui au mouvement nationaliste. Celui-ci puise dans les abondantes littératures régionales, la vigueur des thèmes historiq ues qui procurent le respect de soi aux peuples opprimés. Toutes les dynasties hindoues ayant repoussé l'envahisseur musulman, sont mises à contribution. Shivaji au Maharashtra, Lachit en Assam, Rana Pratap au Rajasthan. C'est en langues régionales que sont écrits les pamphlets anti-britanniques qui circulent sous le manteau. En langues régionales que sont jouées les pièces interdites . A cet égard, la contribution de la culture bengalie à l'éclosion du mouvement nationaliste, fait encore aujourd'hui l'orgueil du Bengale. Cette lune de miel entre le mouvement nationaliste et les mouvements régionalistes s'achèvera avec l'indépendance lorsque l'Etat indien, traumatisé par la Partition, se constitue en fédération fortement centralisée. Il faut attendre 1956 pour que, sous la pression des mouvements linguistiques, le pouvoir central consente à la réorganisation linguistique des Etats. Plus tard, la résistance ou centralisme de l'Etat indien, prendra la forme d'une croisade contre le hindi proposé par la Constitution au statut de seule langue officielle . Parlée par 240 millions d'habitants (40 070 de la population totale) concentrée dans les Etats populeux de la plaine gangétique, cette langue symbolise à elle seule "l'impérialisme politique et culturel" de cette région, qui fournit à l'Inde l'essentiel de sa classe politique. C'est de l'Etat du Tamil Nadou, avant-poste de la culture dravidienne(l) qu'est venue l'opposition la plus farouche au hindi. Au Tamil Nadou, l'ennemi principal est le brahmane, héritier de la tradition sanskrite qui subjuga la culture du sud de l'Inde et principal bénéficiaire de la manne coloniale. Il a donc fourni une cible de choix au mouvement régionaliste tamoul animé par les hautes castes non-brahmanes . Thème de mobilisation: le hindi, langue du nord, "fille aînée du sanskrit" a partie liée avec les brahmanes. Pour éliminer l'un, éliminer l'autre. Sous le couvert honorable d'un mouvement strictement linguistique, le régionalisme tamoul obtint, après les graves émeutes de Madras en 1966, que l'anglais soit maintenu au statut de langue officielle associée. Car si l'anglais est indubitablement un legs colonial, il est aussi un moyen de chantage à l'intégrité de l'Union Indienne pour les Etats linguistiques. Plutôt l'anglais qui met tout le monde sur un pied d'égalité que le hindi, langue de la plus grosse minorité linguistique de l'Inde mais d'une minorité quand même ... Malgré les efforts de promotion du hindi dans l'appareil administratif fédéral, la connaissance de l'anglais demeure indispensable au passage des concours. De même, cette langue continue d'être la langue du commerce national, des professions libérales et des 3" cycles de l'enseignement supérieur. Ce pouvoir de marchandage des mouvements régionalistes a permis jusqu'à présent, à l'Inde de conserver son intégrité territoriale. Une performance au regard de sa diversité culturelle et un signe de bonne santé démocratique. En outre, les mouvements régionalistes ont permis d'incorporer de nouvelles sections de la population à la vie politique. Ainsi, c'est toute une paysannerie qui a pu faire l'apprentissage d'une solidarité linguistique qui tout en exploitant les solidarités traditionnelles de caste, contribue à terme à les dépasser. En ce sens, on peut dire que le développement politique du pays doit beaucoup aux mouvements régionalistes. Même si, pour ne citer que lui, le mouvement tamoul a depuis longtemps cessé de professer le progressisme des luttes de libération. Installé au pouvoir, au Tamil Nadou, ce mouvement devenu parti, a chaussé des pantoufles et fait dans le chauvinisme bon teint. Une anecdote pour finir. Un professeur de l'Université de Madras qui m'instruisait de la lutte anti-brahmane au Ive siècle, m'emmena un jour en visite chez M. Karunanidi, le leader du DMK, parti régionaliste tamoul. Karunanidi, prétendait qu'il ne connaissait pas l'anglais, compliquant ainsi un entretien qui se limita bientôt à la communication de brochures de propagande dont certaines contenaient d'horribles poèmes signés de sa plume et traduits en ... anglais. Puis, il me fit poser avec lui pour le photographe. Sa marotte. Le régionalisme au pouvoir, ressemblait étrangement au pouvoir. Renée DAVID (1) L'aire culturelle dravidienne s'étend sur les quatre grands Etats de l'Inde méridionale : le Tamil Nadou , le Kerala, l'Andhra Pradesh et le Karnataka. Le fait que sa tradition remonte à une période antérieure à la sanskritisation, a été volontairement mis en avant par le régionalisme tamoul. DIFFÉRENCES OCTOBRE 81 DANY GANDER·GOSSE BIBLIOGRAPHIE : INDE L'HINDOUISME : ANTHOLOGIE D'UNE CIVILISATION, par Madeleine BIARDEAU . Champs · Flammarion - 1981. Une excellente introduction à la vision de l'homme spécifiquement hindoue. Une vi sion qui conditionne encore de nos jours, la vie économique et politique de l'Inde. L'INDE AU XX, SIECLE, par Jacques POUCHEPADAS - Presses UniversUaires de France - 1975. Exposition claire et nuancée de la colonisation britannique de l'Inde, de la lutte pour l'indépendance et de l'Inde d'après 1947. LES ABORIGENES DE L'INDE, par Gérard BUSQUET et Christian DELACAMPAGNE - Arthaud - 1980. Comment vivent les 40 millions de tribaux , habitants originels de l'Inde. Un réquisitoire contre l'exploitation et la déculturation dont ils sont victimes. L'INDE: AU-DELA DU MYTHE ET DU MENSONGE, par Raj et Renée ISARD - Seuil - 1979. Une approche néo-gandhienne de la vie économique et politique de l'Inde con temporaine. HOMO HIERARCHICUS - LE SYSTEME DES CASTES ET SES IMPLICATIONS, par Louis DUMONT - Gallimard, collection TEL - 1979. L'apport théorique le plus riche à l'étude des castes de l'Inde. Une méditation sur les structures sociales inégalitaires qui éclaire d'un jour nouveau, nos propres sociétés égalitaires et en particulier le phénomène raciste. GANDHI, par Robert PAYNE - Collection Histoire Immédiate au Seuil. Une biographie palpitante du père de la Nation Indienne . DISCOGRAPHIE : INDE THE GENIUS OF VILA Y AT KHAN - La Voix de son ,I"taÎlre -Importation indienne. Le joueur de sitar le plus en vue de la tradition musicale musulmane de l'Inde. LOWER CASTE RELIGIOUS MUSIC FROM INDIA - Lyrichord - Imporlation U.S.A. La musique religieuse des marginaux de l' hindouisme. AN ANTHOLOGY OF NORTH INDIAN CLASSICAL MUSIC - Vol. 1 - Le Chanl du Monde. Une excellente anthologie de plusieurs st yles de chant classique du nord de l'Inde : le Thumri, le Khyal et le Drupad . VEENA, par BALACHANDAR - La Voix de son MaÎtre - Importation Inde. Le meilleur joueur de veena, in strument le plus populaire de la musique du sud de l'Inde, dite carnatique. 39 En cette période de rentrée scolaire que d'enfants, que de fami1\es, sont confrontés à une situation d'échec! Redoublement, affectation à une filière contraire au choix exprimé, envoi dans une classe plus ou moins "para1\èle" qui ne débouche sur rien, tel est le lot commun dans un système scolaire dont le seul véritable objectif devrait être l'épanouissement de tous, mais qui a, peu à peu, été transformé en une gigantesque machine à sélectionner les "élites". Le maître mot est devenu celui de "sélection" ; pour l'immense majorité, le mot doit se prononcer "élimination" , c'est-à-dire mise au rebut. Au lieu d ' aider tous les jeunes à découvrir des horizons toujours plus larges, l'enseignement contribue à une fermeture, à une orientation vers des impasses (parfois confortables) et à l'acceptation d'un destin bloqué. Mis hors du circuit par le mécanisme de sélectionélimination, au nom de leurs insuffisantes "capacités", que de jeunes admettent ce rejet et deviennent les proies consentantes des faiseurs de troupeau! Car simultanément, par mi1\e canaux, l'idée est peu à peu diffusée, imposée, que ces échecs sont une fatalité, que chacun a été doté par la nature de certaines Les plus récentes recherches scientifiques le confirment : les échecs scolaires ne sont pas inscrits dans les chromosomes mais dans la société. dence trompeuse, on a admis que la transmission biologique concernait les "caractères" manifestés par les individus: l'enfant semble ainsi doté, dans tous les domaines, de caractéristiques voisines de la moyenne arithmétique des caractères de ses parents. Cependant ce processus entraîne inévitablement un resserrement de la répartition des individus; peu à peu, si les choses se passaient ainsi, toute population deviendrait homogène, ce que l'observation dément. Ce "paradoxe du maintien de la diversité" semblait sans issue, lorsque la redécouverte, au début du XX· siècle, de la théorie de Mendel a permis de poser le problèmes en des termes nou- , veaux. , OUE?PASDOUE? aptitudes intellectuelles, et que personne n'y peut rien: la hiérarchie sociale ne serait que le reflet de l'inégalité des dons. Il s'est trouvé des scientifiques pour développer ces idées et même pour désigner le mécanisme social de différenciation par un mot savant: méritocratie. En France un pédo-psychiatre, bien connu des auditeurs de la radio, a eu, du moins, le mérite de présenter une te1\e théorie sans trop l'envelopper. A la question: "Pourquoi y a-t-il si peu d'enfants d'ouvriers à l'Université ?", il répond: "Il est naturel que dans une classe sociale où la moyenne des quotients intel\ectuels est inférieur à 100, le nombre d'enfants répondant aux exigences de l'Université soit relativement peu élevé... Le caractère héréditaire des facultés intellectuelles joue son rôle(l) . .. ". Selon cet auteur, non seulement la nature serait la cause de l'inégalité des chances face à l'école, mais aussi elle justifierait la transmission du statut social de génération en génération. Puisque l'hérédité est invoquée, il est nécessaire que les scientifiques concernés, les généticiens, interviennent dans le débat pour exprimer la véritable leçon de leur discipline. Ils sont malheureuse- 40 ment peu nombreux à le faire, car le débat public n'attire guère les chercheurs, plus à l'aise dans leurs laboratoires ou leurs bibliothèques; mais, lorsqu'ils le font, ils sont unanimes à s'élever contre une interprétation aussi déformée du résultat de leurs réflexions et de leurs observations. LA FORTUNE ET LA COULEUR DE LA PEAU SONT EGALEMENT "HERIT ABLES" P eu de mots sont employés avec autant de risques de contre-sens, ou, pire encore, de non-sens, que ceux qui concernent le concept d'hérédité. Est "héritable" ce qui est transmissible des parents aux enfants, mais cette transmission peut s'opérer dans de nombreux domaines: la fortune, la langue, la religion, sont transmissibles tout comme la couleur de la peau ou la texture des cheveux. 11 est donc important de préciser à quel\e sorte de transmission l'on se réfère. Pendant longtemps, se fiant à une évi- Mendel nous a appris que les parents ne transmettent pas à leurs enfants les diverses caractéristiques, ils transmettent, par moitié, les facteurs (nous disons maintenant les gènes) qui gouvernent ces caractéristiques . Cela change tout, car l'enfant n'est plus la "moyenne de ses parents", ce qui n'a pas de sens, mais un être nouveau et, dans une grande mesure, imprévisible. Prenons l'exemple du système sanguin bien connu A B 0 et imaginons un couple où lui a le "groupe A", car il possède un gène A et un gène 0, et elle le "groupe B", avec un gène B et un gène 0 ; leur enfant peut être: soit AO, comme son père, - soit BO, comme sa mère, - soit AB, il cumule les caractéristiques de ses parents, - soit 00, il ne ressemble à aucun de ses parents. Le caractère en question est rigoureusement génétique, la correspondance entre gènes possédés et caractère manifesté est particulièrement simple; et pourtant le lien entre l'enfant et ses parents est bien difficile à préciser. Pour ces caractères complexes qui mettent en jeu non plus une paire de gènes mais plusieurs dizaines de paires et qui, surtout, résultent de l'interaction de l'effet de ces gènes et de l'apport du milieu, l'analyse du lien entre enfant et parents pose vite des problèmes inextricables. Pour avancer, les généticiens ont imaginé divers concepts auxquels, malgré la diversité de leurs définitions, ils ont donné une même désignation: 1" 'hérit abili té" . Le plus souvent, ce terme désigne un paramètre qui mesure, dans une population donnée, la ressemblance observée entre les parents et les enfants . On admet souvent, par exemple, que l 'héritabilité du quotient inte1\ectuel est de 80 0,10 ; cela signifie qu'en moyenne les enfants dont le père et la mère ont tous deux un QI de 110 (soit 10 points de plus que la moyenne) ont un QI de 108 (soit 8 points de plus que la moyenne) ; si les parents ont tous deux un QI de 90, les enfants ont en moyenne un QI de 92, etc. Naturellement cette mesure ne donne aucune indication sur les causes de cette ressemblance (est-el\e due aux gènes que parents et enfants ont en commun ou aux conditions de vie qu'ils partagent ?). On peut imaginer les caractères strictement gouvernés par les gènes et dont pourtant l'héritabilité (au sens ressemblance) est presque nu1\e - ainsi les maladies dues à des gènes recessifs rares -, et réciproquement des caractères sans lien avec le patrimoine génétique et dont l'héritabilité est élevée - ainsi le niveau de vie . 11 faut toute l'ignorance en génétique de certains psychologues (heureusement fort rares, mais dont certains ont su, hélas! se faire entendre) pour interpréter cette mesure de ressemblance comme une estimation de la "part due aux facteurs génétiques". Dans l'ouvrage que nous avons déjà cité "la part de l'hérédité dans l'intelligence est d'environ 80 070 ; par soustraction la part de l'environnement est ce qui reste, c'est-à-dire 200,10(2). Des phrases semblables ont été si souvent répétées et imprimées qu'elles passent pour des vérités premières, alors qu'elles ne sont que des non-sens . Aucun généticien n'accepterait de cautionner une telle affirmation; non parce qu'elle concerne l'intel\igence humaine, mais parce qu'elle révèle une incompréhension totale des termes utilisés. La recherche de "parts", la part de gènes d'un côté, la part du milieu, de l'autre, ne peut avoir de sens que si gènes et milieu ajoutent leurs effets, ce qui n'est bien évidemment pas le cas pour une caracterIstique aussi complexe que l'activité intellectuelle, résultat de multiples interactions. Au delà de ces affirmations qui cherchent à se parer des couleurs de la science, il est nécessaire de discerner le véritable objectif: en fait, il s'agit de diffuser l'idée que l'intelligence "est une 41 DIFFÉRENCES OCTOBRE 81 donnée de la nature", que ses diverses formes s'imposent à chacun comme une fatalité et que la société doit tenir compte de la hiérarchie naturelle des aptitudes innées; c'est toute l'idéologie des "dons" qui est ici en cause . Le vrai problème est donc de préciser dans quelle mesure l'intelligence est déterminée définitivement par le patrimoine génétique reçu lors de la conception, dans quel\e mesure elle se modèle au contraire progressivement en fonction de l'aventure vécue par chacun. CHAQUE ENFANT EST UN ETRE NOUVEAU ET,DANSUNEGRANDE MESURE, IMPREVISIBLE Pour répondre à cette question la meilleure information est fournie par l'observation d'enfants nés dans un milieu et élevés dans un autre . Etrangement cette recherche, dont le principe a été énoncé dès le début de ce siècle, n'avait jamais encore été réalisée; elle vient de l'être par une équipe de l'Institut National de la Recherche Médicale, animée par Michel Schiff. Les résultats détaillés, ainsi que la discussion de la méthodologie employée, sont présentés dans un récent "Cahier" de l'INED(3) où tous les enseignants trouveront une riche matière à réflexions. La revue Psychologie a publié en décembre 1980 un article de M. Schiff qui tire les conséquences de cette longue étude. Son titre répond à notre interrogation: "L'échec scolaire n'est pas inscrit dans les chromosomes !"(4) P oursuivie pendant neuf ans, cette enquête s 'est efforcée de décrire le parcours scolaire d'enfants nés dans un milieu social très défavorisé et adoptés, vers l'âge de quatre mois, par des familles appartenant à une catégorie sociale favorisée. Les exigences méthodologiques posées a priori étaient rigoureuses, ce qui a réduit à 35 le nombre d'enfants adoptés observés; leurs résultats scolaires ont été comparés à ceux de leurs 39 frères ou soeurs élevés dans leur famille naturelle, ainsi qu'aux résultats moyens constatés, dans les diverses catégories socio-professionnelles. Les conclusions de cette observation sont remarquablement nettes: les 35 en fants adoptés ont, dans leur ensemble, des résultats pratiquement identiques à la moyenne de la catégorie sociale supérieure, celle où ils ont été élevés

leurs performances sont très audessus

de ce1\es de leurs frères el soeurs élevés dans la catégorie inférieure. Retenons quelques chiffres: à l'âge de 10 ans, 5 de ces 35 enfants adoptés avaient connu divers échecs scolaires (redoublements), mais seule une paire de jumeaux, qui avaient souffert d'une naissance difficile, avait subi un échec grave (affectation à une "classe parallèle")

parmi leurs 39 frères et soeurs

élevés par leurs familles biologiques , on a trouvé 24 enfants en situation d'échec, dont 12 d'échec grave. Comment ne pas prendre au sérieux de tels résultats? Ils signifient en clair que l'accès à notre société est en pratique refusé à près du tiers des enfants des classes défavorisées, non pas en raison d'une infériorité biologique devant laquelle nous devrions nous incliner, mais en raison de l'environnement dans lequel ils sont plongés. Et l'école est l'instrument de ce barrage. Il ne s'agit pas là d'une déclaration démagogique, mais la constatation d'un fait. Il donne une mesure de l'effort à réaliser pour aboutir à une réelle égalisation des chances. Les résultats aux classiques "tests d'intelligence" confirment les indications fournies par les taux d'échec scolaire. Reproduisons les moyennes observées tout en restant conscient de l'imprécision de leur signification. La moyenne des QI des 35 enfants adoptés est de 108,7, celle de leurs frères et soeurs élevés par leurs familles, de 94,6. On peut rappeler que l'enquête menée par l'Institut National d'Etudes Démographique sur plus de 100 000 enfants d'âge scolaire a trouvé des moyennes de QI égales à 108,9 chez les enfants de "cadres" et de 94,8 chez les enfants d"'ouvriers peu qualifiés". La coïncidence quasiparfaite ne doit pas faire illusion; elle permet cependant de conclure que les enfants observés par l'INSERM ont un QI pratiquement égal à celui des enfants de la catégorie soeiale dans laquelle ils ont été élevés, et très supérieur à celui des enfants de la catégorie soè.i 1 à laquelle ils appartenaient à leur naissance. 35 ENFANTS ADOPTES ET LEURS 39 FRERES ET SOEURS Certes les effectifs observés sont faibles, mais compte tenu des précautions méthodologiques, la leçon à tirer est claire: l'hérédité sociale, c'est-à-dire la transmission du statut social de parents à enfants, de la réussite ou de l'échec, a pour support essentielle milieu; celui-ci a un effet assez puissant pour occulter les éventuelles conséquences de différences génétiques. Mais l'on peut, avec Michel Schiff, poursuivre la réflexion et prendre conscience, à partir de ces données, de l'effroyable gaspillage d'intelligence qu'entraînent les échecs auxquels conduit notre actuel système scolaire . Se basant sur les statistiques de l'INSEE et du m1l11stère de l'Education Nationale, on peut constater que la sélection par l'échec frappe très di fféremment selon les classes sociales : - 2 070 des enfants de cadres supérieurs ne peuvent entrer dans une classe de 6e normale, mais pour les enfants d'ouvriers non qualifiés cette proportion atteint 34 070, - 50 070 des premiers n'entrent pas en classe de seconde C. 96 070 des seconds, - 54 070 des premiers n'entrent pas à l'Université, 96 070 des seconds. "Bien sûr, répondrait le pédo-psychiatre déjà cité, cela prouve que les seconds ont des capacités intellectuelles innées moins favorables que les premiers." Les observations de l' INED sur les enfants des différentes classes sociales montraient déjà combien les écarts de "potentiels intellectuels" tels que tente de les révéler le QI, ne peuvent expliquer les écarts de réussite. Environ 10 070 des enfants d'O.S. ont un QI inférieur au seuil correspondant à l'échec des enfants des cadres pour l'entrée en classe de 6e , mais, nous l'avons vu, 34 070 d'entre eux sont éliminés à ce stade. Pour l'entrée à l'Université 12,5 (J/o dépassent le seuil, mais moins de 4 070 réussissent. Les causes de l'élimination sont donc, pour l'essentiel, indépendantes des performances intellectuelles. Cette conclusion est encore amplifiée si l'on tient compte de la modification de ces performances en fonction du milieu. Le "rattrapage" qu'a mis en évidence l'enquête de l'INSERM est nettement supérieur à 50 070. Dans ces conditions on peut estimer à 95 070 au moins le gaskopelle 21 faubourg poissonnière paris 42 pillage du poten tiel in tellect ue!. Nous sommes donc très loin d'utiliser les capacItes disponibles: dans leur immense majorité les échecs que nous constatons n'avaient rien de fatal. Constatant le rôle néfaste que peut avoir le système éducatif, Ivan Illich a donné à l'un de ses livres ce titre provoquant : "Une société sans école". Certes, l'école peut contribuer à une inégalisation des chances, mais elle n'est qu'un élément d'une structure plus vaste. Ce qui est en cause est le droit pour chacun d'accéder à la connaissance; pour que ce droit soit satisfait, à l'égal du droit pour les malades d'accéder aux soins, un effort de tout le corps social est nécessaire. Plutôt qu'une société sans école, c'est une société où tout soit école qu'il faut souhaiter. Apprendre, interroger, comparer les réponses, peu à peu nous construire nous-même en faisant suivre notre connaissance hasardeuse et subie, d'une conaissance organisée et voulue, sont des besoins que la société doit s'organiser pour commencer à satisfaire. Nous ne leur donnons actuellement que ces caricatures de réponse. Ne cherchons pas la cause des échecs individuels dans les chromosomes, alors qu'à J'évidence elle se situe dans une organisation sociale qui néglige les véritables besoins. Albert JACQUARD (1) P. Debray·Ritzen. Lettre ouverte aux parents des petits écoliers. Albin 1\1ichel - 1978. (2) P. Debray·Ritzen - op. cil. p. 60. (3) Enfants de travailleurs manuels adoptés par des cadres - INED 27, rue du Commandeur, Paris. (4) M. Sehiff - Psychologie - Décembre 1980. pp. 51-56. , l TRAITEMENT & ASSISTANCE TECHNIQUE x, «~ 0'?- (}X°; ~'?- x,X; ,?-0- .,.:::-" . 0° 0'·:' ~o x,0 ,,-- X~; " 0é 24. CHEMIN LATÉRAL NORD .,0'?- 93300 AUBERVILLIERS li:' 833.92.81 TT ACIERS A OUTILS 80800 CORBIE li:' (22) 48.20.44 Les forces de l'ordre chargent une manifestation pacifique d'Algériens. Les morts se comptent par dizaines. On retrouve des cadavres dans la Seine. La police vient d'écrire une des pages les plus sanglantes de l'histoire de France. CE JOUR-LA 17 octobre 1961. Au lendemain de l'échec du putsch d'Algcr (22/25 avri!), le putsch des généraux, les négociations entre le gouvernement français ct le gouverncment IJrovisoire de la épu hlique Algérienne se sont ouvertes en mai 1901. En Algérie, l'OAS se déchaîne, enlraÎnant une notable partie cles Fr-ançais qui ne peuvent accepter de regarder un Arabe corn ille Ull égal. qui ne peuvent accepter la marche de l'Algérie vers l 'i ndépendallce. Et maints signes avant-coureurs apparaissent de la contamination de la métropole. Les complicités sont nombeuses entre l'Etat gaulliste, engagé pourtant dans le processus de négociation, l'Etat qui vient de mater le putsch, et les forces externes ou internes au gouvernement, qui déchaînent les violenccs racistes. Où va-t-on ? Qui peut jurer, en cet automne 1961, que les accords d'Evian seront signés quelques mois plus tard, ct que la plus honteuse de nos gucrres coloniales va bientôt se tcrminer par la reconnai, sance officielle de ce pourquoi seront Illorts un million d 'Algériens? Vo ici donc O~Ic)l)re à Paris. dont, avec le soutien du Comité Ma urice Audin ct la participation de ses cinéastes, Jacques Pél nigel a immortalisé le souvenir dans un film que la télévision nouvelle s'honorerait de montrer: un film tourné clandestinem ellt bicn slÎr, et sans autres moyens quc ceux dc la l11 ilit nce. LA BAT AILLE DE PARtS A COMMENCE Octobre s'ouvre sur une décision du Préfet de Police, Maurice Papon (on a lout récemment évoqué son comportement sous l'occupat i Il ) : le couvre-feu est imposé ù Paris aux Algériens, rendus collectivement respomables d'actes réels, mais grossis et multipliés par une presse déchaînée, cie L'Aurore à France Soir et au Parisien Lihéré, journaux de massc en ces années. La bataille de Paris a commencé. Et la cha , au faciès, certes ancienne, se déploie dans les qua rt iers du Nord et de l' Fsl de la capitale, de la liourte d'Or il Belleville. Le F.l. . appelle alors, pour la première fois , le'o tra- ELIE KAGAN vailleurs algériens et leurs familles à manifester en masse au coeur de Paris. A 18 heures, le 17 octobre, les Algériens, au lieu de rejoindre leurs petits hôtels miteux ou leurs bidonvilles, se rassemblent, avec fcmmes et enfants, sur les pavés de la capitale. Les consignes données par les militants ont été rigoureusement suivies: ni bâton, ni pancarte, ni COUleau. La plus paci fique des man i festat ions. Et la plus silencieuse . Combien étaient-ils? Un chiffre est généralement admis: trente mille, soit 15 Il/O de l'ensemble de la communauté algérienne de la région parisienne . J'avais quitté ce soir lù lc lycée où j'enseignais et je militais alors, pour assister, dam l'angoisse, à ce déploiement de courage. La police matraquait depuis longtemps les manifestations françaises contre la guerre: nous étions nombreux il avoir ell, un jOllr ou l'au!re , le crâne ensanglanté. Qu'allait-il clonc se passer en ce jour où, pour la première fois, les Algériens occupaient la rue? J .curs groupes étaient partout, en colonnes , dc Neuilly au p(illt du 43 Château, au pont Saint-Michel, sur les boulevards même. Pas un cri, des jeunes et des vieux, et des femmes tenant leurs enfants ù la main. Protection? 0 dérision ... .Je suis arrivée all moment où Kagan, le photographe du MRAP, enregistrait à toute vitesse, sur sa boîte à images, le matraquage, à terre, d'une femme. Les cris de douleurs cette fois percent le silence. Nos cris de colère aussi, à nous témoins horrifiés et inli1uissants. Coupée en tronçons, la manifestation se reforme, avec ceux qui ont échappé au nerf de boeuf et aux voitures cellulaires où les blessés sont jetés les uns sur les autres . Je n'ai pas vu [)our ma part ce que des journalistes de divers bords ont rapporté les jours suivants: la fusillade au pont de Neuilly, contre une colonne qui venait de Nanterre et de Puteaux ; la trentaine d'Algériens jetés dans la Seine, vers 23 heures, près du Pont du Château . .Je n'étais pas au Parc des Expositions, porte de Versailles, où on déversa les milliers d'Algériens (plus de 100(0) raflés au hasard, y compris bien sllr ceux qui n'avaient participé à aucune manifestation, mais dont le teint basané induisait le crime. Un "comité d'honneur" (20 cl 30 [)oliciers selon un soldat du contingent spectateur) les y attendait. Et les violences redoublaient contre les blessC:'s. "HEUREUX LES KABYLES BLONDS" On apprit petit à petit des bribes de vérité: nul démenti ne vint les détruire. Au conseil municipal de Paris, le 27 octobre, Claude Bourdet mit en accusation le Préfet de police: une cinquantaine de morts dans la cour d'isolement de la Cité, des di zai nes en présence de M. Papon. Des policiers, indignés, lui en avaient fait le récit. Combien de morts au total? Deux, déclara le go uvernement dans un bilan manifestement truqué . Deux cents à deux cent cinquante selon d'autres sources, par '~c AUD" E "A F 0 D" Les journalistes inventeront deux expressions pour qualifier ces journées d'horreur qui ensanglantèrent le pavé du Paris populaire, le 17 octobre 1961 : les "violences à chaud" ct les "violences à froid". Les' 'violences à chaud" ont duré la nuit du 17 au 18 octobre. M. Pierre Berger a décrit dans le journal, aujourd'hui disparu, "Démocratie 61", le spectacle qui s'est offert à ses veu .'\ cc soir-là, en ces term es : "Nos fenêtres donnent sur la rue de Lille ct le boulevard Saint-Germain. C'est devant nos fenêtres qu'un peloton cie C.R.S. et un groupe d'agents, matraques à la main, ont barré la rue de Lille. Venant clans l'autre sens, unt: cinquantaine de musulmans sc so nt avancés ver.' le boulevard Saint-Germain. Ces hommes marchaient tranquillement . Ces hommes scandaient à voix presque basse les 1110ts d'ordre qui signifiaient leur raison d'être dans la rue. Tout à coup, les C.R.S. et les agents ont foncé . La charge a été brève. Les forces de l'ordre ont plaqué, au mur de la rue, les manifestants. Puis ensuite, ils ont frappé à coups de poing, ù coup de crosse, à coups de pied. Les agents avaient mis revolver au poing. L'un d'eux a tiré. Pour moi, ce fut rh ure de la honte ." 44 noyade le plus souvent. On ne sait toujours pas. t lorsque, le 30 octobre, à l'Assemblée Nationale, un député modéré, Claudius-Petit, compara ce que vivaient les Français sa ns le comprendre, avec ce que les Allemands avaient vécu après l'avènement de Hitler, le ministre de J'Int ér ieur, soucieux de couvrir entièrement "sa" police, lui répondit qu'il ne disposait pas du "début d'un commencement d'une ombre de preuve". Il s'appelait Roger Frey ct préside depuis quelques années le Conseil Constitutionnel. "Heureux les Kabyles blonds" , avait dit Claudius-Petit. En effet. Les policiers continuèrent à chasser le faciès. Les comi tés d'intellectuels organisèrent le Icr novembre de brèves mani festat ions de [Jrot est at ion. Les syndicats condam nèrent le crime ct le Syndicat général de la Préfecture de Police, M. Pa[Jon. Mais nu Ile grève, aucun rassemblel11ent de masse. La gauche sera [Jourtant capable d'organiser quelques mois plus tard , le 13 février 1962, après Charonne - Charonne, un nom passé dans l'histoire - une immense manifestation lors des obsèques des huit morts. En octobre, rien . C'éta it la même [Jolice pourtant, et le même pouvoir. Alors, [Jourquoi? Ainsi réagissions-nous alors, consciellts de cc que 1'c racisme, ou tout au moins la pass ivité devant le racisme, commençait à ga ngrener la société francaise. On peut aujourd'hui, sans doute, porter un jugement plus "historique"

le silence total si vite jeté sur le 17 octobre 1961 Ile

traduit-il pas un sentiment poignant de culpabilité collective? Il a [JLI contribuer, avec la force du refoul é, à favoriser, en février 1962, les retrouvailles des organisations de masse et la volonté de faire face à la fascination d'une partie notoire de l'appareil cI'Etat. Sans doute. II reste qu'aucune étude sérieuse n'a été consacrée au massacre des Algériens ct que le film "Octobre à Paris" n'a toujours pas été présenté en circuit commercial. Cette journée ap[Jartient pourtant ù notrc mémoire. Madeleine IOEUERIOUX Des faits de ce genre, on en a recensé plusieurs di/.aines, cette nuit-là. Ici, des civils désignent aux policiers les endroits où des Algériens sc sont cachés. Là, la police interdit aux infirmiers de porter secours à des hommes blessés par balles et agonisant. Plus loin, elle mitraille la foule pacifique. UN "REMAKE" DE LA RAFLE DU VEL'D'HIV Les "violences à f'roid" ont caractérisé la période qui a suivi la répression de la mani l'est at ion. 14 000 Algériens (la moit ié des manifestants donc) ont été arrêtés le 17 octobre ct conduits, à bord de bus de la R.A .T. P. réquisitionnés il cet erfet, vers des édifices assez vastes pour les contenir tous, Ù savoir le Palais des Sports , la caserne de la Ci té, les halls du Parc des Expositions ct le centre de tri de Vincennes. Un "remake" de la rafle du Vel'd ' Hiv ct une préfiguration de l'internement, dans le stade de Santiago du Chili, des partisans d'Allende . Un jeune so ldat a raconté ce qu'il a vu et entendu dans un de ces centres. "C'est maintenant, dit-il, le tour des hommes. Ça commence. Mains sur la tête, un par un , ils s'apprêtent il descendre. A la porte, un policier les attend: cOU[JS cie matraque, crocs-en-jambe . Les moins chanceux tombent brutalement sur le ciment. Ils sont relevés ù coups de crosse, de pied ... Nous ent l'ons dans le hall d 'exposit ion. Là, nous sommes aux premières loges. Le matraquage continue. Un Algérien descend, il tombe. On le redresse à coups de poing, de crosse, de pied. Il avance malgré tout . On le fouille. A l' infirmerie, on devra lui faire des attelles. Il a le tibia et le péroné bri sés, le bras cassé. Un autre tombe devant le car. Tous les autres passent sur lui. L'un a une fracture du rocher. /1 mourra seul dans un coin. L'autre a la joue ouverte, on voit ses dent s. Certains sont méconnaissables par les coups reçus avant cI'arriver. On n'épargne personne: jeunes ou vieux. Tous débarquent comme le bétail à la Villette. ("Témoignage Chrétien" du 27 octobre 1961). "Les individus appréhendés, ajoute un autre témoin, sont restés deux jours ou plus, debout ou accroupis sur leus talons. Plus de la moitié étaient gravement blessés." Faute de so in s, sous-alimentés, de nombreux Algériens mourl'ont. D'autres disparaîtront purement et simplement ct ne sortiront pas vivants de ces centres. A Gennevilliers, le Secours Populaire, après recensement, déclare que, sur R 000 Algériens résidant dans la local,ité, .3 000 ne sont pas rentrés chez eux. A Stains, au foyer d'immigrés, il ne reste au début de novembre que 15 adultes sur . .. 550. A Saint-Denis, on compte 170 disparitions. Dans Lin bidonville de Nanterre les manquants sont au nombre de 9. Où étaient passés les disparus? Selon M. Terrenoire, député alors, sur les 14094 Algériens internés le 17 octobre, Il 094 avaient été relâché-. le 26 octobre, 2 000 étaient retenus pour vérification. Le millier restant aurait été renvoyé en Algérie. LA RIPOSTE REPRIMEE Ce décompte laisse rêveur . Les jours suivants, en aval de Paris, on découvre flottant sur la Seine ou immergés au fond, des dizaines cie caclavres d'Algériens. Les hommes ont le visage t lIméfié ; d 'aut res ont ét é tués d'une balle dans la nuque. Quelques-uns sont ficelés. 35 cor[JS sont repêchés à Nanterre, au même endroit. Un Algérien a expliqué à un journaliste de "France Soir" comment les choses sc passaient : "II était Il heures du soir, près du pont du Château. Une trentaine d'Algériens sont ramassés. Roués de coups, ils sont jetés dans la Seine, du haut du pont, par les policiers. Une quinzaine d 'en tre eux ont coulé. D'autres essayaient de regagner le bord. Mais les agents tiraient dessu s. Combien ont pu s'en sortir? Impossible à dire. Nous sommes restés trois heures dans l'cau. Finalement une péniche nOLIs a repêchés" . D'autres cadavres sont retrouvés dans les bois de Vincennes ct de Meudon. Combien d'Algériens ont été tués le 17 octobre et les jours suivants? Officiellement, l'action des forces de l'ordre aurait causé la mort de quatre personnes, toutes algériennes, aucun tué n'étant relevé dans le camp des policiers. En réalité, ct bien qu'il soit impossible cie donner un chiffre précis, le nombre des morts devrait se situer entre cent ct trois cents. La riposte au massacre a cu du mal ù s'organiser. A cela deux raisons principales : les silences de la "grande" presse ct la répression du Pouvoir. Des manifestations du Parti communiste, notamment le meeting appelé ù la Mutualité, sont interdits. Seul le MRAP parvient à organiser le sien, salle Lélllery, le 8 novembre suivant. Ptus de 2000 personnes y participent, après avoir franchi les barrages policiers dans le quartier en état de siège. Le Il novembre, à l'appel du MR P, des centaines de gerbes sont déposées, près de la Bastille, devant la plaque à la mémoire des Algériens morts dans les combats pour la libération de Paris . 20 ans ont passé, mais le souvenir de ces journées tragiques demeure . Le comité du M RAP de Marly-le-Roi a décidé de briser le mur du silence qui enveloppe encore ces événements en produisant un film vidéo constitué de photos de l'époque et de témoignages de manifestants. On peut se le procurer au siège du mouvement (89 , rue Oberkampf, 75011 Paris . Tél. : 806.88.(0). • DU'fÉRENCES OCTOBRE 81 KAGAN 45 9 ..J Q

\""J o '" FAUT-I BRULER SHAKESPEARE, ? Qui a écrit: "Heureux juifs, marchands de crucifix, qui gouvernez la chrétienté, qui décidez de la paix ou de la guerre, qui mangez du cochon après avoir vendu de vieux chapeaux, (lui êtes les favoris des rois t'I des belles, tout laids et tout sales que vous êtes!". Charles Maurras? Non, Chateaubriand dans les " Mèmoires d'outretombe" . Qui a écrit: "Vous ne trouverez en eux (les juifs) qu'un peuple ignorant et barbare qui joint depuis longtemps la plll~ sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et (lui les enrichissent. .. Il ne faut pourtant pas les brûler". Darquier de Pellepoix ? Non, Voltaire dans le "Dictionnaire philosophique" . La drogue de l'antisémitisme a intoxiqué aussi la littérature. Peu dl' grands écrivains, dont (ln étudie aujourd'hui les textes dans les lycées, ont résisté à ses délices mortels. Aux deux noms cités plus haut nous pourrions ajouter ceux de Ba lzac, Alfred de Vign~' , Paul Morand, Romain Rolland, Gide et, bien 1 entendu, ceux des écrivains de la "collaboration", Céline, Rebatet, Drieu La Rochelle, Brasillach . Quelle attitude adopter à l'égard des oe uvres antisémites de ces aut urs? Le président dijonnais de la LICRA a répondu à sa manière en protestant contre la diffusion, à la télévision, de la pièce de Shakespeare "Le Marchand de Venise", pour la raison qu'elle donne des juifs une image caricatura le. Doit-on lui emboîter le pas et vouer aux flammes les oeuvres de Céline, Drieu ou Rebatet dans leur totalité, ou du moins celles qui provoquent délibérément au racisme? Faut-il bannir de l'édition ou de la représentation des oeuvres où figurent des passages racistes, ou les expu rger de ces passages dangereUx '? BEATE KLARSFELD M 'litante infatigable de la cau e an ti-nazie : "Céline a écrit, avec talent, de grands livres. Les uns ne sont pas antisémites. Quelques-uns le sont. .le suis pour ['interdiction de ces derniers. II existe une loi, la loi du 1er juillet 1972, qui proscrit la haine raciale. Elle s'applique aussi aux livres. Le MRAP et la LICRA y ont eu recours à plusieurs reprise" notamment à propos de l'affaire Faurisson. On va me reprocher de Ile pa respecter la liberté d'opinion ? L'antisémitisme Il 'est pas une opinion comme tille autre. /1 s'agit ici d'idées dangereuses qui peuvent croÎtre et prospérer sur une terre fertile. N'oublions pas le passé ", Cette position s'applique allx oeuvres littéraires, quelles qu'elles soient. 1/ est .'rai que certains auteurs, et non des moindres, ont manifesté, au siècle derIlier et dans une période plus proche, des tendances antisémites plus 011 moins afjïrmées. Pour nous, il s'agit moins d'interdire de tel/es oeuvres - comment pourrait-on interdire Shakespeare? - que de les replacer dans le contexte de l 'époque où el/es ont été écrites, de mettre en lumière les aspects racistes, de favo riser la discussion, la réj7exion, l'éveil à ces grandes questions. Nous adoptons une démarche d'explication et non pas d'interdiction ". ROGER COGGIO Cinéaste, auteur en collaboration avec la Fédération de l'Education Nationale (FEN) du film "Les Fourberies de Scapin": "C'est aberrant. C'est tout le patrimoine culturel mondial qu'il faudrait interdire si 1'0/1 s'engageait dans cette voie qui consiste à censurer les oeuvres avec lesquelles 170US ne SOl/1Ines pas d'accord. Demain, les partisans de la guerre proscriront les livres ou films antimilitaristes ou favora'" bles à l'amitié entre les peuples. Je suis pour la liberté de pensée. Je crois qu'il faut conserver les oeuvres de Céline ou Rebater, ne serait-ce que pour montrer aux jeunes générations que la haine raciale existe. Je crois à l'efj'et repoussoir de leurs livres". LEON POLIAKOV H istorien, auteur de "Histoire de l'antisémitisme" (CalmallnLevy).' ".le répondrai comme Heine qui disait: on commence pur brûler les livres et on /ïnit par brûler les hommes. Je ne suis donc pas d'accord avec cette position qui consiste à demander l'interdiction du "Marchand de Venise". C'est une iniriative stupide. Elle me rappelle cette vieille histoire oû l 'on voit de très riches commerçants berlinois payer une forte somme d 'argent pour qu'on ne représente pa une pièce qui leur déplaisait. Pour ce qui est de Céline, j'aurais recommandé qu'on rééditât ses oeuvres avec, en introduction, un bref avis rappelant quel fut SOI1 rôle durant la seconde guerre mondiale, qu 'il était psychophate et que ses écrits ont contribué à la mort de 50 milliolls de personnes ". GUY LE NEOUANNIC S ecrétaire national de la FF:N.· "Par principe, à la FEN, nou ' sommes opposés à toute censure. 46 ~;;~; ~ li: N HENRY BULAWKO Ecrivain, membre du CR.I.F. et président de "l'Amicale des Anciens Déportés Juifs .' "Certaines oeuvres classiques ont des relents d'antisémitisme. Pour les juger il faut néanmoins les situer dans leur contexte historique. L 'oeuvre de Shakespeare donne lieu à diverses interprétations et je croi savoir qu'on a joué "Le Marchand de Venise" en Israël. Tout dépend de 1';lltonation. 1/ y a aussi une question d'opportullité, car dans un certain climat l 'ejfet peut être négatif. La liberté d 'expression est invoquée par ceux qui encensent Céline, Rebatet ou Faurisson. Reste à savoir si le fait d'avoir cautionné des crimes ou de les nier pour réhabiliter les assassins relève du débat d'idées. Un contre-feu s'impose pour tout écrit pouvant conduire à des excès racistes (note explicative en ifltroduction d'un livre 011 commentaire approprié avant la projection d'Lill film), Cela dit, je m'interroge sur la fascin{l/iol/ qu 'exercent sur tant d'intellectuels, y compris à gauche, l'oeuvre de Céline ou le film nazi "Le Juif Süss' . On feint d'ignorer les (livagations antisémites d 'un Céline ou d'un Rebatet. EM-ce le reflet d'ull subconscient raei te ou simplement de l'inconscience ?". ABBE JEAN PIHAN Vic.e-préSident du MRAP: "A-ton le droit d'interdire ou de censurer les classiques? A u nom de quoi laisser ignorer leur existence au grand public? Ne serait-ce pas là une attitude anti-culturelle ? Et ce que l'on réclamerait parce qu'il s'agit d'antisémitisme, d'autres ne pourraient-ils pas alors le réclumer à propos d'une oeuvre anti-religieuse ? Qu'on se rappelle les remouS provoqués par l'interdiction du film "La Religieuse" de Diderot. La solution ne serait-elle pas, en pareil cas, de prévoir une présentation de l'oeuvre venant immédiatement avant sa projection, la situant dans son contexte historique et social, montrant le rôle regrettable qu'elle a pu jouer dans le passé pour la propagation des mythes antisémites et soulignant son caractère inadmissible dans un contexte actuel, profondément dijJérent ? Il n'y a pas que la télévision ... On peut trouver des textes antisémites dans Voltaire, Balzac et bien d'autres écrivains comme on peut trouver du colonialisme raciste dans certaines déclarations de Jules Ferry. Là, il s'agit de toute une action pédagogique, que les enseignants ont à mener. De même lorsqu'ils présentent à leurs élèves l'oeuvre de Shakespeare. Nous fI'avons pas à être des éteignoirs ou des tronqueurs de textes, mais nous avons à parIer clair et à savoir "exorciser" ce qui nous paraÎt odieux, même quand il s'agit de grands noms de la littérature". H istorien et journaliste.' "Je me méjïe de la notion de délit d'opinion, On sait comment ça commence mais 011 Ile sait jamais comment ça finit. Les oeuvres anciennes fourmillellt de passages antisémites. 1/05 ont pour la plupart reflété la sensibilité de l'époque. NOliS devons les juger en tenant compte du contexte dans lequel ils ont été écrits. Ceci dit, si un lIouveau Céline apparaissait il serait poursuivi en application de la loi de 1971 qui condamne la haine raciale, même quand elle s'exprime par le moyen du livre. Cette loi pourrait, peut-être, s'appliquer aussi aux rééditions. Plutôt que d'interdire ces ouvrages pourquoi ne pas alerter le lecteur par une note en bas de page 1" JEAN-FRANÇOIS KAHN D irecteur de la rédaction des , "Nouvelles Littéraires" : "Ridi- , cule! Vouloir censurer Shakespeare! "Le Marchand de Venise" est une pièce trop subtile pour qu 'on puisse la juger antisémite. En disant cela, je pense à l'une des premières scènes, très forte, oû Shylock, évoque, et de quelle manière! le sort qui est réservé aux juifs. De l'antisémitisme, on en trouve dans les livres de Balzac, Victor Hugo, Voltaire. Doit-on aussi les interdire? Ce n'est pas sérieux. Rebatet et Céline? Bien sûr que des oeuvres peuvent conduire au crime. Pas seulement les leurs. Cela s'applique aussi à celles de Staline et de Marx. Doit-on aussi les interdire? Non! Le critère du "danger" invoqué par les apprentis-censeurs est le plus mauvais critère qui soit. Je constate qu'il est employé dans les pays totalitaires oû l'on justifie l'interdiction de certains ouvrages en prétextant qu'ils menacent la société ou troublent la population. On doit pouvoir tout publier. " 47 - ALAIN BOSQUET Ecrivain, allieur d'une "Lettre au Président de la République sur les insu/j'isances de notre culture" (chez Luneau-Ascot) A Iain Bosquet a accepté de répondre à nos questions. Question: F'aut-il interdire ou censurer "Le Marchand de Venise" dans la mesure où il peut favoriser les préjugés antisémites? Alain Bosquet; Le génie a tous Ics droit s. Le génie du passé ne peut pas être déformé ni anncxé pour des questions d'opportunité actuelle. 1\ serait monstrueux dc censurer Shakespeare qui demeure inaltérable. L'histoire est un fait accompli . L'histoire littéraire en est un autre . 1\ ne faut pas chcrcher dans le génie humain dcs poux invisibles. Question: Et les oeuvres de Céline ? Et Rebatet ? Alain Bosquet; Céline et Rebatet, à des degrés divers, ont voulu nuire à leurs contemporains. 1\ faut donc distinguer leur action écrite de leur talent ou de leur génie. Ce que pensaient ces deux fascistes devait être soumis à un examen minutieux. Ma position est nette ; je rejette tout ce qu'ils ont écrit, mais je ne peut m'empêcher d'accepter ce que pense Bardamu . Autrement dit : les citoyens Céline et Rebatet en prison, mais liberté pour leurs personnages fictifs. Question: Un écrivain peut-il tout écrire? Alain Bosquet: Tout est une question de dosage. Le talent et le génie finissent pas transcender les opinions qu'ils exprimcnt. Sélection Thème de toujours, sans cesse renouvelé, la "question juive" donne lieu, cette saison, à des études théoriques et historiques contribuant à dégager Nombreux son t les ouvrages. récemm nt parus qUI concernen t, en tout ou en parti ,les Juifs. BIen de. comportements anti sémites, et les préjugés qu'il impliquent, tirent leurs o rig ines de confu ions sémant iques: malentendu, équivoque, méprise, etc ... (V. Jankélévitch en a fait l'invent ire d'un humour et d'une fin esse inimitable )(1). D'où la nécesité, pas implemenL scolai re, de définir précisémen t les Lerme que "on emplo ie: li Juif(s)", "judaïsme' , "j udéït é", Il sionism ", "antisioni me", "antisémitisme", etc. C'est notamment à cette tâche clarificatTice, préalable à toute dlscu ion qui se voudrail sérieu e de ladite "question juive", que se consacre Maxime Rodinson dans son livre ignifjcativemenr tit ré: 'Peuple juif ou problème juif 1"(2). JI y distingue quatre catégories d'individus susceptible de répondre au nom .. J u i fil . le ad hérent d'une religion bien définie, le judaïsme; les descendants de Juifs religieux qui, sans ê tre eux-mêmes de fidèles de la régIOn judaique, veulen t maintenir un lien avec ces dernier

ceux qui ont rejeté

IOULe affiliation à celte reli gion el à un "peuple Juif" ; enfin les "Juifs inconnus", ceux dont l'ascendance est ignorée tan! par les autres que par eux-mêmes. L'auteur, c'esl comprendre déjà certai nes de ses positions critiques (mais toujours nuancées, au besoin par une autocritique) à l'égard du sionisme, se classe dans la Lroi ième catégorie. Quelle que soit l'opinion du lecteur, celui-ci ne pourra que se réjouir tant de la richesse des sources ùocumenta ires que de la clarlé del'argumentation. Dans l'un des lexIes composant "Jeu' et 'ombat " (3), André Lwoff rappelle certa ines vérités scientifiques qui devraient être, pour nous LOUS, él'menlaires, et d'abord qu'il est "Împo lb! de définir les Juifs du poinl de vue anthropologique". C'est rendes passions la vérité objective. voyer la fameu se "question" à la cultu re ... Q u ' il fai lle p recIser les notions et le minimum requis pour la constru ction d 'une théorie explicative de l' idéologie raciste : c'est la voie dans laquelle s'est engagé depuis quelques années Léon Poliakov, dont on observera avec surprise et intérêt le " retour à Lévy-Bruh l", auteur inj ustem nt oublié de l'Ecole française de sociologie(4). Se pourrai t- il que les phénomènes totalitaires du XXe siècle reposen t, entre autres facteurs, sur le besoin de succédanés à la "Cause première" d'antan ?", tels les Juifs, les Noirs, voire les "Bourgeois", se demande l'historien de l'antisémitisme. D'autres ouvrages reviennent sur des questions historiques singuli ' rement embrouillées par les intérêts et les passions. Après la mise au point publiée par Georges Wellers, présentant un appa reil de preuves irréc usables du génocide nazi des J uifs(5), M. R. Marrus et R. 0 , Paxton font paraître les résultats de leurs communes recherches sur " Vichy et les JuÜs"(6). On sait que ur plus de 270 000 personnes constituant la communauté ju ive, près de 76 000 fu rent déportés par les nazis . Envi ron 2 500 ont survécu . Analysant les différentes étapes de la poli tique du gouvernement de Vichy à l'égard des Juifs, nos deux historiens mettent en pièces la thèse dite du "bouclier " , chère aux défenseurs de la olla boration. Celle-ci a ura u pour effet majeur de faciIit r et de multip lier les persécutions antij uives. Notons, portant sur le même champ historique, la brève et rigoureuse synthèse de J. M. Mayeur sur "Les 48 Eglises devant la persécution des Juifs en France pendant la Second e G u erre Mon· dlale " (7) . Quant au système concentrationnaire nazi, deux ouvrages permettent d'en saisir mieux les secrets ressorts, organisationnels et psychologiques. Il faut lire le témoignage de W. Kielar , précis et sans pathos, sur son interminable séjour à Auschwitz, de juin 1940 à l'a rrivée des Américains. Une admirable préface de David Rousset dévoile le fonctionnement du système centré sur la repression massive, jusqu'à l'extermination : "Auschwitz détruit le Juif el le Tsigane parce que Juif et Tsigane seraient-ils nazis", les chambres à gaz n'étant que "la technologie de cette destruction". Qu'il puisse y avoir dans la société concentrationnaire des révoltés, sinon des révolutionna ires , l'ouvrage d'H . La ngbein en apporte de multiples et frappantes preuves( 8). Si les camps nazis ont été l'idéologie raciste incarnée, visant à briser moralement les hommes avant de les anéantir physiquement, l'acte de résistance le plus simple y a consislé à se garder du désespoir et du sentiment d'indignité. L'Affa ire avec un grand A n'en finit pas de susciter les intérêts les plus divers: du sociologue F. Bourricaud(9) qui l'étudie en tant qu'elle cristallisa les passions démocratiques et fixa pour longtemps les attitudes politiques, au lexicologue J .-P . Honoré qui s'emploie à inventorier et à analyser "le voca bulaire de l'antisémitisme en France pendant "affaire Dreyfus" , dans la nouvelle revue : "Mots"(10). Le cas Céline continue non moins à demeurer rebelle aux conclusions définitives: l'étude subtile, jusqu'à la préciosité parfois, de Philippe Muray(ll) a ce mérite étonnamen t rare d'aborder le tout de l'oeuvre célinienne, y compris les pamphlets antijuifs, et d'affronter le scandale pro- ~ prement littéraire qu'elle "'représente. Ph. Muray pose ë fermement le problème: ~ "Imaginons que les pamph- ';2 lets aient été écrits dans la lan- ~ gue de la communication littéraire usuelle: nous n'aurions pas à en parler ( ... ). Imaginons d'autre part que Céline n'ait pas écrit les pamphelts, il resterait de lui une langue souveraine revendiquée sans restriction depuis longtemps par les a vantgardes successives. Mais il n'en va pas ainsi, tout chez lu i est confondu" (pp. 12-13 ). Quant à l'avenir français des passions racistes et antijuives, on peut toujours se consoler en lisant la prose assurée de deux spécialistes d 'anthropologie historique, H . Le Bras et . E. Todd: " Le racisme, dans ce patchwork de moeurs et de coutumes qu'est la France, trouve un mauvais terrain ( .. . ) Il est trop dangereux pour l'unité nationale. Même l'antisémitisme... (Car) il a besoin, pour se développer pleinement, non d'un seul, mais de deux stéréotypes, opposés: le premier s'appliquant au Juif, l'autre présentant son contraire, l'homme idéal, aryen, blond, vert ou rose. La France ne peut, en pratique, sécréter ce deuxième stéréotype : elle est trop diverse pour l'élaborer"(l2). Mais n'est-ce pas trop optimistement rationaliser le processus de racisa tion, en oubliant ses sources essentiellement passionnelles, aussi peu claires que distinctes ? Pierre-André T AGUIEFF (1) Cf. " Le Je ne sais quoi et le Pres· que rien " , t. II, Seuil, 1980. (2) Maspero , 1981. (3) Fayard, 1981. (4) "Causa lité, démonologie et raci sme" (première version des ch. 1 et II de "La Causalité diabolique" , Calmann-Lévy, 1980), in "l'Homme et la Société", nos 55-58 , janvier· décembre 1980. On y peut lire aussi l'excellente étude d'A . Régnier : "Une idéologie du désarroi: la Nouvelle-d roite" . (5) "Les chambres 'à gaz ont existé", Gallimard , 198 1. Sur les liens entre la littérature niant l'extermination nazie des Juifs et \es extrêmes·droites euro· péennes, cf. M .. J. Chombart de Lauwe : "Résurgence du fa cisme ?" in " Non!", mars-avril 1981, et P. A. Taguieff : "L' héritage nazi .. . ", Les Nouveaux Cahiers, printemps 1981. (6) Calmann·Lévy , 1981. Rappelons que M. Marrus a déja publié en France un bel ouvrage sur "Les Juifs de France à l'époque de l'affaire Dreyfus" (Calmann·L év y, 1972), et que l'Américain P . Paxton a pro vo· qué un certain émo i dans l'hexagone par sa forte synthèse : "La France de Vichy, 1940· 1944", tr. frança ise, Le Seuil , 1973. (7) in "Commenta ire", n° 14, été 1981, pp. 254·263 (Julliard). (8) "La résistance dans les camps de concentration na tiona ux-socialistes, 1938/ 1945 " , tr. française D. Meu· nier, Fayard, 1981. (9) "Le brico lage idéologique - Essai sur les intellectuels et les passions démocra tiques", P.U.F., 1980, pp. 119-125. (10) N° 2, ma rs 1981, Laboratoire de lex icologie politique, E.N .S. de Saint·Cloud . (II) "Céline", Ed. du Seuil, Coll. "Tel Quel", 1981. Le ch . 4 étudie plus spécifiquement les trois pamph· lets. (12) "L'invention de la France", Coll. "PLuriel" , 1981, p . 10. DIFFÉRENCES OCTOBRE 81 "Le Sang du Flamboyant" sort à Paris, expression d'une histoire et d'une culture qui prennent corps dans les images d'un peuple. LALO GUE C,H DUCNEMA ANTILLAIS L a baie de Saint-Pierre et la Montagne Pelée reconstituées dans une baignoire! Y croyez-vous? Ce fut pourtant l'une des premières représentations cinématographiques de la Martinique. Le maître d'oeuvre en fut Méliès; cela se passait en 1903... Les Antilles entamaient alors une longue carrière de toile de fond exotique du cinéma occidental. Mais la véritable naissance du cinéma antillais remonte à une dizaine d'années. Dès ses origines, il s'est voulu affirmation d'une identité culturelle écrasée par plu sieurs siècles de domination coloniale et par leur sous-produit, la départementalisation. Ce n'est pas chose aisée de produire, réaliser et diffuser un film quand les principaux moyens d 'expression et de distribution sont concentrés entre les mains de quelquesuns. Pourtant, en dix ans, de nombreuses oeuvres ont été tournées et montrées dans ces "départements d'Outre-Mer". La notion de cinéma antillais n'en n'est pas moins difficile à établir. Il existe des films faits par des Antillais sur la situations des Antilles - passée ou présente - (c. Lara, J .-P. Césaire, G. Glissant) ; des films réalisés par des Antillais exilés sur d'autres thèmes que ceux du pays natal, (Sarah Maldoror) ; des films sur les Antilles réalisés par des non-Antillais (Med Hondo, Jean Kanapa, François Migeat) ; des films sur Emilie Benait, dans "Le sang du flamboyant". l'exil des Antillais en France (c. Gros-Dubois, J. Kanapa, Elsi Haas). Il ne faut pas oublier non plus les films de qualité réalisés pour la télévision par Maurice Faivelic et J. Chouchan. De 1970 à 1981, les oeuvres proposées ont lentement évolué, mais elles demeurent toujours centrées sur les problèmes socio-politiques des Iles. D'un cmema militant et didactique (1971: "Tiens bon, ne faiblis pas", 1975 : "La machette et le marteau "), on est passé à des oeuvres documentaires beaucoup plus accomplies (1977 : "Toutes les Joséphines ne sont pas impératrices " , 1979 : "Hors des jours étrangers") et abordant la réalité antillaise de manière appro- 49 fondie (à partir de 1976, multiples créations audiovisuelles du SERMAC de Fort-de-France). Les caméras balbutiantes des débuts ont fait place au 35 mm et au technicolor pour le Guadeloupéen Christian Lara, qui a repris les recettes du cinéma noir américain de type commercial, aussi bien dans le langage cinématographique que dans le recours à un "héros". A une différence près, et de taille: on y parle en créole. "Coco la Fleur" est le tableau sévère de la fraude électorale pratiquée par l'ancienne majorité en 1978. C'est un long métrage de fiction, comme "Chap'la" (la dérobade) , un policier de médiocre qualité, tourné en 1979. "Mamito", en 1980, plus intéressant, aborde la question de l'autonomie, de l'indépendance avec ' beaucoup d'humour. A l'automne 1980, Christian Lara a achevé "Vivre libre ou mourir", film dédié à la longue lulle des esclaves pour leur émancipation, et qui 'inspire de l'histo ire d'Ignace (cf. Différences, n° l, page 50) . La sortie prochaine à Paris, après sa diffusion en juillet aux AnliUes, du "Sang du fl amboyant" de François Mig al, pennet de poser un autre regard sur le cinéma a ntillais. Le scénario du "Sang du flamboyant" pan d'un rait réel, l'affaire Beauregard. Toutefois, et le réalisateur le souligne, "il n'en est ni la relation fidèle, ni J'analyse psychologique, mais plutôt une projection plus large dans le onteXie anliUai ". "En 1942, nou dit François Migeat, l\ l'habitation "Belle étoile", un géreur, Albon, réputé calme et sobre s'eni· vre, il tire un coup de feu sur sa femme el frappe son patron "Monsieur Delorme" jusqu'à le laisser panlelant sur le carrelage de sa terrasse. D met alors le feu à sa propre maison et s'enfu.it dans les bois. Sa subite colère venail du fail qu'II avait surpris les relations qui existaient entre sa femme et le béké " Delorme. " De 1942 à 1949, le rebelle, condamné à mort par conlumace tiendra tête à la gendarmerie coloniale et aux milices privées qui le traquent. Aidé par les paysans, il va provoquer l'entourage de békés el même paTfois semer la terreur . Quelques amis l'aident. Une femme, Elia, rejoindra la première le révolté . Elle deviendra sa compagne et son lien avec le peuple. Petit à petit, Albon, prend conscience que sa révolte a une valeur symboliq ue. 11 n'est plus seul. Il devien l'une de ces voix, qui tout au long des iècles, ont su dire non dans la Caraïbe, à l'image des personnages d'Alejo Ca rpentier le Cubain, Jorge Amado le Brésilien, Jacques Roumain, le Haïtien .. . "Albon, c'est l'homme qui, dan' les bois renoue avec la tradition des "nègres marrons", préCise F. Migeal. 11 réin vente leurs tactiques, retrouve leurs caches et leurs sentiers. Il est aussi celui qui, farouchement, s'attaque aux institutions et à l'administration coloniale, celui qui se rebe Ile con t re la tou te puissance du propriétaire terrien . A paTtÏI d'un thème caraïbe a ssez classique , François Migeat a réalisé un film original el populaire à la rois . Il fait référence à la veillée funéraire et au conte comme véhicules de la mémoire antiUaise, ce qui correspond à des pratiques encore fort vivaces dans les campagnes . Il crée un per- VËT EM ENTS DE PEAUX 28. RUE RtAUMUR. 75003 PARIS 50 sonnage de rebelle sans pour autant en faire un héros "hollywoodien". 11 montre le rôle impor ant de la femme dan celte affaire comme dans la société antiIJaise en général. C'est au travers du personnage d'Elia (compagne du rebelle qui raconte son histoire après sa mort) que s'opère la rencontre entre la culture africaine et la culture française. L cinéma antillais une fois sorti de la problématique artificielle cinéma d ' in te rvention/ cinéma commercial semble s'orienter vers une expression plus spécifique. Son identité cultu relle d oit pouvoir s'affirmer et re vivre, à l'image du flamboyant qu i longtemps après l'abattage offre un coeur plein de sève. J .-P. GARCIA BmLIOGRAPHIE Droit et Lib erté, n° 389, mars 1980 : " Cinéma et Racisme." Chapitre Antilles de l'ouvrage " Les cin 'mas de l'Amérique latine" - à paraître aux édi tions l'Herrniner - écrit par j . Kanapa, M. Martineau et J. -P . Cesai re. Catalogue du " 3 Festival des minofi tés nationales" de Douarnenez consacré aux DOM-TOM, à ce jour la seule rétro spective sérieuse faite sur le cinéma des DOM-TOM. ~ 2 78.51.01 L a petite salle s 'est obscu rcie, une faible ueur se fait jour au travers du tulle blanc qui masque la scène. Nous entendons le bruit presque menaçant d' un hélicoptère dans le souffle d'un vent qu'on devine glacial. Venus du néant des t . nèbres, des corps chutent au ralenti, silhouettes irréelles dans la tourmente. Silence. Lorsque la tempête cesse, quatre hommes et une femme gisent sur une immensité blanche. C'est Ella, île imaginaire

lieu vierge sur lequel

chacun va réagir selon a propre personnalité, débarrassé des habitudes sociales qui pervertiss e n t le comportements ... Tel est le point de dépa rt de la deuxième pièce montée par la Compagnie de l'OiseauM o uche: "Ella té lé grammes", qu'on a pu voir récemmen t un peu partou t en France, et notamment au Lucernaire de Paris, où le spectacle a tenu un mois. Une pièce à la poésie sensuelle, aux images fortes ; jouée par des handicapés mentaux, les Nonoches. Foin de misérabilisme ou de "paternalisme social" , ce n'est pas à une exhibition méritante que convie cette jeune troupe, mais à une création collective, désarmame de naturel et de sérénité" Il s'agit bel et bien d'un travail purement théâtral, qui montre qu'il e t possible de faire autre chose; une brèche dans le mur du ghetto dans lequel on enferme, tacitement, ceux qu'on appelle " handicapé ". Au cours d'une longue d iscussion avec le fondateur de la compagnie et l'auteur melteur en scène d" Ella télégrammes", nous avons pu aborder les problèmes qui se ont posés à eux pour mener à bien leur entreprise, nous avons parlé de leur travail théâtral. Hervez Luc, le directeur de la troupe, est mime de formation. 11 nous a expliqué son initiative: "J'al été élevé avec des enfants mongoliens et je les ai toujours trouvés chouettes. li y a dix ans, j'avais l'idée de créer un centre de rééducation par le théâtre

c'est en menant ma propre

carrière que j ' ai réalisé E o , c ME E Une brèche dans le ghetto où l'on enferme ceux qu'on appelle "handicapés' '. que c'était stupide : c'est l'opinion publique qu'il faut éduquer, et non pas les gens qu'on appelle "débiles" .. . Nous nous sommes lancés dan l'aventure avec des membres de mon école de mime. Nous ne fa isons pas cela par vocalion bien pensante, mais parce qu'il s'agit d 'un th . âtre passionnant. - Vous avez u des problèmes pour monter la Compagnie ? - Cela n'a pas vraiment été simple .. . J'ai commencé par proposer le théâtre comme lo isir dans des centres d 'h ébergements classiq ues. J'ai fait en uite part de mon pr ojet professionnel. Les acteurs étant tous sous tutelle, ç'a été toute une histoire pour les transférer de leur CA T (Centre d 'Aide par le Travail) à chez nous. Ce n' est pas des parents ou tuteurs, qui ont vécu l'aventure avec nous, que sont venues les réticences, mais de leurs associations, qui disaient: "Vous a llez confier vos gosses à des romanichels. Ça ne marchera pas ; ils vont faire ça six mois ... Et puis on n'a pas le droit de montrer des chiens sav a nts sur scène" ... On a même été jusqu'à raconter de histoires sur nous pour nous di créditer et tenter de faire avorter la chose. Il est certain que l'existence même de l'Oiseau-Mouche et le succès indénia ble que remporte la troupe sont un démenti aux affirmations péremp oires des bâtisseurs de ghettos. "Nous nous plaçon s u niveau cultu rel affirme Hervez Luc. Je pense que les gens qui ont mis en place les structures ne som pas allés assez loin dans le domaine de la réflexion, notamment en ce qui concerne la prise d'identité d'un individu. 11 faut savoir aussi qu'être parents d'handicapés ment ux (NR: ou autres) dans notre 50 iété, c'est d'une cruauté sans nom; c'est pourquoi beaucoup ont des réaction fasci tes: ils sont aveuglés par la douleur." On pouvait aussi se demande comment les No no hes nom derrière lequel perce La dérisio n et la t ndresse, réagissent. H. Luc : " Une complicité s'est très vite installée entre nous, les " cadres", et les acteu rs; cela parce que notre échange avec eux ne s'est jamais si tué à un ni eau cér "b ra l, "thérapeut ique", mais corporel et su rtout théâtral. Ensemble, nous effectuons un travail de recherc h , hors de toute culture dominante , un théâ tre da ns lequel nou sommes ind ivid uellement inscrits." ES, Wladyslaw Znorko, metteur en scène du deuxième spectacle, précise la démarche: "J'ai apporté un synopsis, les décors de vagues idées sur la bande-son (qui tient une place très importante, mêlant musique "planante" et rock instrumental). Je leur ai proposé (aux Nonoches) leurs personnages en fonction de leur morphologie, de leur style de jeu et de ce qu'ils avaient envie de raconter. Un des comédiens a dans la tête une étendue de considéra tions métaphysiques qu 'il n'arrive pas à comprendre. Il fallait absolument utiliser cela, cette recherche de l 'absolu. Dans cette immensité glaciaire, il se sent très à l' aise. D'autres sont plus terre-à-terre ; il fal la it donc leur faire manier des objets. " La fille est nouvelle dans la troupe. Elle e t évanescente, incapable d'un geste violent ; nous avons con ervé cette a ttitude. D'ailleurs, il n'y a pas d'agressivité négative dans le spectacle. Les Nonoches sont très spontanés. Etre acteur , c'es t not amment 51 DIFFÉRENCES OCTOBRE 81 désapprendre le compo rtement qu'on a dans la vie; avec eux il n'y a pas de problème. Dan le lhéâtre habituel, il y a un tas de gestes "parasites" qui sonl éliminés; ce qu nous n'avons pas voulu faire. C'est pour cette raison Que la spontanéité ressort. .. - Avez-vous des problèmes spécifiques dans votre travail quotidien? - Il y en a de particuliers, mais nous faisons avec. Nous les connaissons depuis trois ans, et nous savons sur quels points il faut faire atten tion . Autrement, nous avons les mêmes problème que n'importe quelle troupe . Nous demandons la même chose: une plus grande crédibilité. une reconnaissance. - Quelles réactions obtenezvous? - Le public eSl toujours très surpris. Au début, il était charitable

parents, amis , éducateurs,

venaient par curiosité ; 'est pourquoi ils étaient déconcertés de voir autre chose que du pat ronage. Nous enfonçons le clou de plus en plu , er nous attardant de moins en moins sur toute considération au tre que théâtrale. Certains di recteurs de salle ont peut-être joué sur l'année internationale des pe rsonnes handica pées, disant: "Voyez, j'ai fa it une action ociale en invitant des gugusses jouant la comédie." Mais les réactions sont plutôt bonnes . 11 faut dire que les Nonoches sont de plu.' en plus profe sionnels : il est a rrivé qu Ils improvisent un quart du spectacle! Comme tous les acteurs, ils ont un peu narcissiques, et il leur arrive de cabotiner! Pourquoi s'en priver, si leur qualité est reconnue? . _. Jean BARTOLI L'OISEAU-MOUCHE 190, boulevard Clemenceau, 59510 HEM Tél. : 16 (20) 80.39.33 Les Nonoches: Jean-Claude Ansurowski, Bruno Canesson, Patrick Dolard, Pascal Duquesne, Gérard Lemaire, Jean-Claude Moreau, Dominique Onre, MaTie -Odile Thomas, Hughes Verquières. A TS ANT QUES UMAGHREB Aujourd ' hui musée d'Art et d'Essai, l'aile droite du Palais de Tokyo s'est donné pour objectif de mettre ponctuellement en évidence certaines des oeuvres conservées dans les collections nationales. Et c'est dans cet esprit que l'on peut y voir actuellement Les Arts antiques du Maghreb. En Tunisie surtout, à Carthage, à Sousse, à El lem; en Algérie également, à Constantine, des fouilles ont permis de mettre à jour tombes, stèles, objets funéraires et quotidiens, sculptures ou mosaïques, qui illustrent de manière inégale sans doute, mais éclairante tout de même, Fond de plat à décor chrétien. SAR.L. BELGRAVIA certains aspects des civilisations qui se sont succédé dans le Maghreb jusqu'à l'arrivée des Arabes. C'est dans la seconde moitié du XIX· et dans les débuts du XX· siècle que se sont constituées les collections de ce que l'on pourrait appeller la "salle Afrique" du Musée du Louvre. Dans des circonstances que l'on peut aisément imaginer. Ainsi, en 1980, l'expédition à prétention scientifique du Comte d 'Hérisson en Tunisie qui se termine par un joli scandale politico-scientifique, ou celle, heureusement plus sérieuse, effectuée par le Commandant Delamare en Algérie sont des LA BOUT/QUE For um des Halles. place Basse Tél. 297-50-65 75001 PARIS 52 LOUVRE Masque punique. terre cuile, V 1 siècle a v. J .-c. exemples parmi bien d'autres. Cela explique en partie le côté inégal, hétérogène et incomplet de ce petit département, sans que l'on puisse pourtant nier l'enseignement non négligeable que le visiteur pourra y recueilli r . La partie la plus intéressante de l'exposition est sans conteste celle qui concerne l'Afrique punique et Carthage, même si la destruction systématique de la ville en 146 et ses reconstructions successives ne permettent pas de se faire une idée très juste de ce que fut la très riche cité portuaire au temps de sa splendeur, lorsqu'elle étendait son empire et ses comptoirs en Sicile et à Malte. A Carthage, on pratiquait l'inhumation et l'incinération, et les tombes mises à jour ont livré un passionnant mobilier funéraire dans lequel, outre des objets importés, ce qui atteste la vocation de grands voyageurs des Carthaginois, on trouve également des productions d'art local, comme ces masques apotropaïques en terre cuite, d'une lecture incertaine, mais d'une très grande beauté plastique. A Carthage également, près du port, dans la zone dite de Salamboo se trouvait à ciel ouvert cette aire sacrificielle que les archéologues appellent Trophet. Là se pratiquent des sacrifices sanglants (molk) que commémoraient des stèles votives. Ces stèles, le Louvre en possède une très importante collection qui sont parmi les vestiges permettant sans doute de cerner au mieux la religion punique et son panthéon. D'abord grossières et mal équaries, elles offrent ensuite, outre leur dédicace en écriture punique au couple divin Baal Hammon (qui assure fertilité et prospérité) et Tanit qui prend très vite la première place, une série de motifs symboliques. Dans ce répertoire abondant, règne la figure de Tanit et son emblème, le caducée: on retiendra aussi les allusions au sacrifice sanglant, couteau et vase, ou aux signes vivifiants que sont les poissons, le raisin ou le palmier. Ces stèles que l'on retrouve un peu partout dans le Maghreb et jusqu'au Maroc témoignent et attestent de l'existence et de l'extension des sanctuaires et de la survivance de la culture punique bien au-delà de la conquête romaine. Sous la domination de Rome, la Tunisie est un très important centre de production de poterie sigillée à pâte rouge et de mosaïque de pavement particulièrement intéressante dans la mesure où, au niveau de la composition, elles s'avèrent inventives, lorsqu'elles ne cèdent pas à la demande et aux préoccupations des commanditaires . Un document par ailleurs remarquable est la stèle qui retrace la carrière du Moissonneur de Mactar qui, entre autres choses, pose assez bien le problème sociopolitique qu'est la production indispensable pour Rome de l'huile et du blé fournis par la Tunisie. A l'heure ou le tourisme en Tunisie bat son plein, une préparation au voyage et la découverte d'une civilisation très authentique qui ne manquent pas d'intérêt. Maïten BOUISSET Musée d'Art et d'Essai, avenue du Président Wilson jusqu'au 10 janvier LE CAP DE DESESPERANCE pur J.-L. MAISONNEUVE Editions L' Hermès Un exerc ice bava rd, prétentieux, inutile visant à fa ire cohabi ter une sov iétophob ie enva hi ssa ll te avec les ble ss ures d ' une âme charit a ble devant les drames de l'apartheid. SOLEILS I)Ur Sékou ADAMA Edili o ns Saint-Germain-des-Prés Ce recueil de poèmes qui ne manque ni de so uffle, ni de ta len t, empo rte le lec teur vers ulle Afri q ue irri guée des souvcnirs collec tifs et des cspoirs de ch acu n . LA FRANCE DE 1914 par Pierre PARA" Editions du Sorhier 1 Après LA FRANCE DE L' AFFAIRE DREYFUS, le présid e nt d ' honne ur du MRAP po ursuit ses sou venirs avec ce beau li vre. A la ve ille de la to urmen te , que lle est celle Fra nce q ue va h ient ô t soud e r "l'union sacrée" ? PARINOIR par Nicolas SILATSA, B.P. 53, 93802 Epinay/ s/seine cedex r Le regard d'un immigré sur le Paris des No irs, à trave rs une cen taine de phot ogra phies marquées par le rega rd intérieur d'un homme di rect emen t concerné . LE SALE ESPOIR pM Annie LAURAN Editions de l'Harmattan Les " handicapés mo teurs" crient en d irect le urs sou ffra nces . leu rs révoltes et leurs espo irs, da ns le morne déc o r de Berck . Le récit se déroul e a u rythme des sa iso ns, comme un lent poème lyrique, vibra nt et cependant d'une rigoureuse sob riét é. CINEMAS HOMOSEXUELS c. Le numéro 15 de Cinémaction (la revue dirigée par Guy Hennebelle) pro pose une approche d ' un dés ir par un média . Ce cinéma existe , à qui parle -t-il, de quoi, comment ? Ce sont là q ue lquesunes des q ues tions qu i Irave rsc nt ce dossier de J 70 pages, réuni par J ea n-Fran çois Ga rsi. II s';u!it là d ' un document d'e nsemble:-premier du genre en fra nçais. A no ter l'exce llente mise en page ct une iconographie o ri gin a le . (Editi o ns Papyru s. 39 (0). "Regards et sourires" (Looks a nd Srnil es ). (198 1). Film hrit a nni q ue d e Kenne th Lo ac h , l'a ut eur de " Familv lire " . Les relati o ns entre j ; un es d a ns l'Angleterre de Mme Tha tcher. à l'h e ure du chômage , de la viole nce .. . "De Wilte" (Filasse) (1980), de Ro bbe de Hert , d 'après Ull class ique de la littéra t ure : un "Po il de ca ro tte" belge ... "La Chasse sau\'age du Roi Stackh" (1980), de Ya leri Ro nbil1tc hik . Au XIXc siècle. en Biélorussie, un village vit 'da ns la hantise d ' une a ntique ma léd icti on ... Un film fant astique so viétiqu e. A découvrir. "Passion d'Amour" (1981) , d 'Et to re Scola . Etre laide Cil it alie au XIX" sièc le, et port er sa diffé rence. "Pluies d'Eté" (1 978), de Carlos Diégues . Un petit fon ctionnai re découvre , en prena nt sa retraite , la l'il' de son q uartier. Pa thè li q uc ct drôle à la fo is. " t'Hommc dl' fer" (198 1), d 'A ndrzej Waj da . A Gda nsk, la suite de l' Homme de ma rbre .. . Et to uj o urs ... .. AlIl!maglle, mère hlafarde". d ' Helma Sande rs "Cha rula ta " ct .. Le salon dl' musique" de Satvajit RaI' " San-Muu", le vaga bond de S ha ngaJ' , de Zao-Ming et Yan Gong. "Out of Ihe blue " , de Dennis Hopper "Ame r ica, Amer ic a " , d 'E lia Kazan ENTENDU Kapia "(;riOI du Zaïre" (disponible à la librairie " Présence Africa ine ct da ns les li bra iries spér ia li s(;es) -, Dans un premier temps. ce di sq ue surprendra ceux qui n' o nt qu ' ull e vague idée de la culture africaine . Guitariste de grand tal ent , Ka pia vo us charmera a vec ses compla intes ct ses bal ades. Babylon (Bande originale du lïlm). Dis!. C.B.S . 1 En a ll end a nt le film, on pe ut toujours se bercer \cs oreilles a vec cct excellent di sque cie reggae sur lequel fi gurent les meilleurs groupes anglais du moment. ~ Djamel Allam "Ijezaïr 2000." Dis!. Sihecar L Troisième di sque du cha nt eur kabyle, riche pa r sa qua lité ct son o ri ginalité. Après un hommage a u cinéma algéri en (Gatlat o ), DJ amel Allam , no us donne un large a perçu de ses in tl uences musicales et de ses préoccupat ions politique s. l.e disque s 'achève pa r un remarquable in strument a i en trois mOUVClm:ll ts. Mick Fleetwood "Africa" . Dist. R. C. A. 1- Enregistré au G hana da ns un studio spécialement conçu pour lui, avec l' a pport de plu sieurs di zaines de musici ens locaux, ce disque s'in scrit da ns la même ligne que le d o uble album " Tus k" . cnregist ré pa r le groupe d u ba tteur: " Fleetwood Mac". Musique pop et musiq ue traditionnelle africaine y l'o nt bon mènage. 53 Dll'fi~R' C, S O""TOBRE 81 BONNES ADRESSES s, '.c.(;., Métaux 9lJ, rue de 1 onlcna\ 94300 VIN ENES Suciété TIMSIT N()lIV"Al 'T ~: . Tissuç 17, r ue de- ( ICf) 7500'1 PARIS .Jean K01PA. Prêt cl porter R IT/il/ill 56, me du Fg Poi\s nn il.-rc 75010 PA RIS BRmAL, Robes ie mar iecs 93 , rue réaumur 75002 J ARtS VEX LMANS. Vêlemen ts il/diells et q/gll clI1\" 56, rUe des Petit c'i-I curie· 75010 PARI IDEAL C IR. 41, av. Mat h ur in-Moreau 7501 9 PA RIS seAU paris 15, rue des fontai nes du tern p l 75003 par is 1 l' Georges HOURDIN Georges Hourdin a 82 ans. Il est né à Nantes (LoireAtlantique). Après des études de Droit, il commence sa l'arrière de journaliste en 1927 au "Petit Démocrate". En 1937, 'il devient rédacteur de l'hehdomadaire "Temps présent". Au sortir de la guerre, en 1945, il fonde l'hebdomadaire "La vie catholique illustrée", qui deviendra "La vic catholique" puis "La Vic". Bien qu'alant quitté la direction du journal en 1974, il continue à envoyer des "papiers" et des commentaires apprédés de tous. En 1950, il fonde "Radio-Cinéma". d evenu depuis "Télérama", ainsi (lue "Croissance des jeunes nations", un magazine consacré au Tiers-Monde dont le premier numéro paraît en 1961. Georges Hourdin est également un él'rivain. Il a publié ces dernières années "Dieu en liherté", "Le malheur innocent" et "Réponse à la nom'elle droite", chez Sto(.'k, ainsi que "La nouvelle droite et les chrétiens" (Ed. du Cerf) et "Cc qui m'étonne, dit Oieu, c'est l'espéral1l~e" (Ed. Sal\' ator ). C ' est lui, cc mois-ci, qui répond à nos lecteurs. 54 Le Pape a sauvé des Juifs Juif converti au catholi cisme, je suis le vice-président du MRAP à Rennes et je lis avec plaisir notre revue Différences. J'ai trouvé particulièrement intéressant votre article sur les intégristes, mais permettez-moi de vous dire avoir été quelque peu heurté par des adjectifs comme "papolâtre" ... On peut avoir son opinion concernant la manière dont les chrétiens de confession catholique vénèrent le successeur de SaintPierre, mais est-ce que des opinions personnelles doivent trouver leur aboutissement et leur expression dans notre revue, et ceci, jusqu'aux épithètes franc hemen t irrespectueux ? D'autre pan, si le GrandMaître du Grand Orient de France croit devoir conseiller l'Eglise en matière d'excommunication, c 'est son affaire, mais est-ce qu'on a à citer sa caractérisation de Jean-Paul Il comme "pape réactionnaire" ? On aurait peut-être dû ajouter à l'article - après tout il s'agit d'antisémisisme catholique - que le Pape actuel avait sauvé des Juifs à Cracovie au péril de sa vie pendant l'occupation allemande ... P .S.: Je ne s uis pas Polonais ... M. VETO Rennes G.H. : La personnalité de Jean-P aul Il soulève effectivement un certain nombre de problèmes. Elle fait question. Ses voyages, son charisme quand il s'adresse à des fouIes, la résonnance qui entoure ses déplacements en raison de la puissance des moyens de communication actuels ont fait apparaître dans sa ru tilence le visage du pontife cath olique. Sa présence internationa le a soulevé quelque chose qui tient de la popularité, du vedettariat et du sacré, mais qui ressemble effectivement à de la papo latrie . Il appartienl aux catholi lues de' montrer les limites de l' attachement qu'il portent à celui qui est à Rome le prêlre à vêlement blanc responsable de l'Eglise univer elle chrétienn 1 catholique. Il y a eu des excès. Il faut donc définir le rôle e~acl du Pape dans l'Eglise, ce qui n'esl pas fait assez souvent. LI m'apparaît impo ssible de dire que J ean Paul Il esl réactionnaire. Sa pro blématique est trop d ifférente de la nôtre. Nou ne pouvons pa Je juger en ce qui concerne la répercussion politiq ue de son action avec des critères occidentalL\: . Il est ailleurs , iJ est autre. Et cela 0 us étonne. Un homme averti en vaut deux Mgr Lefèbvre et ses semblables disent tout haut ce que beaucoup de catho liques de ce pays pensent to ut bas. Cette expression de foi est conforme à la tradition éculaire de j udéophobie, à l'Evangile aussi. Je préfère de beaucoup cette judéophobie franche aux déclarations du général Arrupe, chef des jésuites et à toutes les manipulations équivoques des conciles passés et à venir. Avec l'extrême-droite en soutane, l'o n sait au moins à quoi s'en tenir. "Un homme averti en vaut deux" . Au lieu de condamner la judéophobie, fran chement, sans fin a serie , Va tican II fit connaître au monde : " C 'est pourquoi ni dans la catéchèse ni dans la p réd icat ion de la parole de Dieu on n' assignera rien qui ne so ir con fo rme à la vérité évangélique el à l'esprit du Christ" . C'est clair: le texte de l'E angile demeure immuable . Cela se comprend

sans la P assion, sans

la Cruci fi xio n, le christianisme est impensa ble. Je . ne mets aucunemen t en doute la bo nne foi de certains prêtres à travers le monde qui sacrifient, le cas é héant, leur vie; ils ne représentent ap rès tout qu'une infime minorité. Tant que l'Evangile ne sera pas expurgé de toutes les accusations de déïcide à l'encontre des Juifs, la judéophobie se développera. Jacques ZABANNY Paris G. H. : Quand le Concile Vatican Il affirme que la catéchèse et la prédication de l'Eglise doivent être conformes à l'Evangile, il condamne franchement, nettement l'antisémitisme. On ne peut pas être plus clair. Nous ne possédons aucun texte écrit par Jésus de Nazaret. h lui-même. Les Evangiles qui portent témoignage sur sa vie parmi les pauvres, sur son action libératrice et sur son message sont les témoignages qui rendaient compte de la foi des différentes communautés chrétiennes à J'origine. Ils ont foisonné pendant deux siècles. L'Eglise en a finalement retenu quatre, écrits par des hommes aux tempéraments différents pour des églises locales très diverses. Il est vrai que tous les E\'angiles officiels rendent compte de la passion et de la mort de Jésus. Le Christ n'est pas mort \'ictime d'une sorte d'antisémitisme ni parce qu'il aurait blasphémé. Il a été crucifié comme un perturbateur qu'il était. Il préchait la tolérance, la liberté, l'amour absolu des autres, la défense des pauvres, des petits, des pécheurs, des infirmes et des femmes. Sa mort est signe de libération contre toutes les oppressions. Personne n'a aimé le peuple juif davantage que lui. Il en était issu. Il en accomplissait l'attente messianique contre les grands prêtres, les théologiens de cette époque et les bienpensants. Sa mort a une signification sociale et spirituelle évidente. Elle ne peut en aucun cas être signe ou motif d'antisémitisme. Ce n'est pas une raison parce que pendant des siècles, les ch rétien ont, pour des rai- but malveillant de dresser le son la plupart du temps nouveau pouvoir contre notre d ' inlérêt financier ou politi- asile de prière? Si la loi nous que, maltraité les Juifs qu'il condamne, la venu de justice est permis dé ormnis d 'inter- reco nnaît notre droit de préter le texte des E a ngiles citoyens français, contribuacanonique. autrem ent qu'il bles pour l'entretien des églin'est en réalité. P ar consé- ses, de posséder au moins une quent le vrai danger actuel/e- église sur cent pour le culte ment pour nos frères juifs catholique. Je n'ai pas n'est pa du côté des chrétiens répondu à l'accusation d'antifid èles au Conril mais du sémitisme, car je me contente c()té des teoants de Monsei- de donner à mes fidèles les gneur Let'èbvre. . Evangiles et les Epîtres des Un article malveillant Je suis extrêmement louché par l'article paru dans votre revue de mai 198 1, concernant " l'extrême-droite en soutane" . Depuis quelques temps, en effet, on ne parlait presque plus des "intégristes" ni des "trac!itionnalistes". Grâce à vous les personnes qui ignorent encore notre existence en seront averties. Ceux qui nous connaissent savent parfaitement que nous n'avons jamais enseigné les aberrations don t nous accuse M. Sagot-Duvauroux. apôtres et tous étaient juifs. S'il y a des catholiques qui se méfient des israélites, cela peu t -être vient de la peine qu'ils ont eue à la destruction de la famille française par la loi du divorce, (loi Naquet), par la loi sur l'avortement (Simone Veil), par les facilités données au divorce (loi Neuwirth). De toute façon nous existons encore. Je pensais qu'en ayant sauvé la mise il un certain nombre d'israélite s durant Il'occupation et la résistance, j'avais le droit de voter à droite plutôt qu'à gauche. Je pensais que le racisme était une aberration pour tout homme et particulièrement pour le chrétien qui est le frère de tous les hommes, mais je pense toujours que l'Histoire existe ainsi que la vertu de prudence. L'article raciste que j'ai lu dans votre revue nous traite exactement comme on nous accuse de le faire pour les juifs . Cela me semble assez amusant et comme disait Figaro: "Je me hâte d'en rire afin de n'avoir pas à en pleurer". F. DUCA UD-BOURGET DIFI·ÉRENCES OcrOBRE 81 G. H. : Le Père DucaudBourget se défend d'être antisémite. Il comprend to utefois la méfiance "ju tifiée" des catholiques à l' éga rd des israélites respo nsables de "la destruction de la famille française". par l'action de M. Naquet en 1884, de Mme Simùne Veil en 1975 et de M. Neurwith. Reprend re à son compte cette accu a tion ridicule est une forme d'antisémitisme. C'est en outre un signe de grande légèreté. L'interruption de grossesse a été voulue par Valéf)' Giscard d'Estaing. Elle n'a pas trouvé de plus ardent opposant que Michel Debré dont les origines juives sont connues. L'inten'ention favorable de Lecanuet, démocratechrétien, alors Ministre de la Justice, au cours des débats a été décisive. La loi de 1975 était une loi provisoire. EUe a été reprise et rendue définitive, toujours à l'initiative du gouvernement Giscard d'Estaing et de Monique Pelletier, mère de famille nombreuse, ancienne militante chrétienne. C'est encore Jean Lecanuet, Ministre de la Justice qui a présenté récemment la loi sur le divorce par consentement mutuel. Voilà quelques exemples, parmi beaucoup d'autres, de la complexité de la vérité historique. Alors que reste-t-il de l'accusa tion perfide du Père DucaudBourget? /1 prouve en écrivant ainsi qu'il est effectivement antisémite. Ce Qui est son droit, après tou t, puisque nous sommes heureusemen t Je me contenterai simplement de lui demander de me donner la référence des paroles que j'aurais prononcées en chaire. Je n'ai pas l'habitude de juger les faits et gestes de S.S. le Pape, ni de me mêler de ce qui ne me regarde pas. De plus je lui indique que les écrits de J. Bonhomme n'ont jamais été un supplément de "Matines" et que "Matines" est distribué gratuitement aux personnes a~ssistant aux offices de StNicolas du Chardonnet. Très vo lontiers, j'abandonne à l'indigna tion de l'auteur, les vendeurs du parvis du Temple qui ne dépenden t aucunement du Temple et qui sont là en dehors de la volonté du clergé de St-Nico las. La police ellemême n'y peut rien, alors pourquoi nous charger, nous, des excès ou des absurdités qui s'y venden t ou s'y débitent? Paris en démocratie. Mais, d' a près Je ton et certaines appréciatio ns contenues dans l' a rticle , ne pourrait-on penser qu'il fut écrit dans le 55 Tél. : 993.37.91 29, Bd H .. Bergson SARCELLES · Lochères la vie l'helHlomaciaire cie toutes les wies 1 vie l'hebelomaclaire cie toute la wie Découvrir l'actualité sous un jour nouveau d'autres vies, d'autres moeurs, d'autres croyances. Se rapprocher des autres et rendre la société plus accueillante. Favoriser- un dialogue confiant et approfondi avec la famille et l' entou rage. Se sentir mieux dans sa peau et défendre son environnement. Mettre de l'imprévu dans son quotidien. La vie vous l'offre ___1 1 ___ _ _ OFFRE D'ESSAI Sans engagement de votre part, LA VIE vous offre 3 numéros gratuits, pour faire connaissance. Retournez-nous vite ce bon, - NOM: M., Mme, Mlle __________ ~--_- Prénom ___________ _ Adre~e ______________________________________________________________________ __ Code postal ______ Vilie ~ _________________ ~ _____ __ à retourner à lA VIE PROMOTION - BP736 75822 PARIS CEDEX 17 ë 1er octobre • Pour commémorer l'attentat de la rue de Copernic perpétré il y a un an, et qui avait fait 4 morts et une douzaine de blessés, le MRAP organise sur les lieux du drame une marche silencieuse du souvenir, de la solidarité et de la lutte contre tous les racismes . Départ à 18 h de la place Victor· Hugo. 4 octobre • A l'initiative de l'Union Libé· raie Israélite, ceremonie à la synagogue de la rue Copernic, pour la pose d'une plaque commémorant le crime de l'an dernier . 5 octobre • Rentrée des cours de yiddish organi sés par le Mouvement .Iuif Progressiste (MJP). A 18 h 45, 14, rue de Paradis, Paris 10e. Renseignements, le so ir vers 21 h , au 272.06.83. 9 octobre • A la Maison de la Culture de la Rochelle , projection de courts· métrages sur l'Amerique latine à 18 h et 20 h 30 : La Zona inlerdida (Salvador), Gracias a la vida (Chili), Nicaragua après Somoza, 10 octobre • De 14 à 22 heures, à la Faculte de Droit de Paris, 12, place du Panthéon, Pari s 6 (métro Luxembourg), célébration de la Journée Internationale de Solida· rité avec les Peuples indiens des Amériques . Présence de délégations indiennes des trois Amériques. Projection non·slOp de films et de diapositives, débats, musique indienne, exposition, livres, posters, artisanat, buffet. • Le Centre du Christ Libéra· teur, organisme pastoral et psychologique d'information et d'entr 'aide pour les minorités sexuelles, fête son 5c anniversaire. Le 10 à 19 h au Foyer de Grenelle, 17, rue de l'Avre, 75015 Paris, récital de Gil Cerisay, le Il au Centre, culte d'action de grâce célébré par le pasteur Rein Bus· saard, un des initiateurs du mouvement homosexuel dans les Egli· ses hollandaises, et réunion-débat avec Me Yvette Bourgeois, avocate au barreau de Paris sur le thème les femmes et la justice. Renseignements au CCL, 3 bis, rue Clairaut, 75017 Paris, 627.49 .36 . • Rencontre Français-immigrés de 10 h à l'aube, au Domaine de Comteville à Dreux (Eure·ctLoir) sur le thème: Filles, Femmes immigrées 1'1 vil' d(' quarti('r : quelles queslions, quelles répons(' s ? Celle journée est organisée par le Comité National de Liaison cles clubs et équipes de prévention spécialisée (CN!..) et le Groupe Action ct Recherche (GAR) . Inscriptions 100 F par associat ion, plus hébergement ct repas. Renseignements au 16 (32) 34.40.72 ct 42. Il.74 . dith Monk, le Bread and Puppel, le Teat ro Campesino... Celle année c'esl Françoise Kouril sky qui en eSI la directrice, ce qui explique que la dominanre eSI américaine. C'est un th éâlre mul· tifo rme qui s' impose : peu ou pas de représentations qui ne soient un spectacle "tolal" où danse, mime, arr du clown , cinéma , musique, chant, improvisai ion sc mèlent. Du théâtre rock de William Talen, aux collages du groupe The Family, en passa ni par les marionnell es de la COI11' pagnia Carlo Colla et le "brieo-------------~ r- lage multi·media" de Ping 10-25 octobre • A Houille s (Yveline s ), 15 jours d'animation sur les Droits de l'Homme, avec notamment, le 13 octobre, à 20 h 30, un débat avec les organisations qui militent sur cc thème, et, le 20 octobre, à 20 h 30, un filmdébat sur les prisonniers politiques. Exposition permanente. Maison des Jeunes et de la Culture . Il octobre • Le Conseil Représentatif des 1 nSI itut ions juives de France (CRIF) commémore l'attentat de la rue Copernic en appelant à un office à la Grande Synagogue de la rue de la Vicloire où seront présent s les représentanls de tous les cultes. 14 octobre • La Fédération de la Ligue des Droits cie l' Homme de Paris organise une réunion publique avec Henri Noguères, sur le thème La Ligue des Droils dl' l'Homme fac(' au pouvoir de la gauche. Salle des Agriculteurs, 8, rue d'Athènes, 75009 Paris, à 20 h 30. 15 octobre • Les réunions-permanences de la section lyo nnaise de la Ligue des Droits de l'Homme reprennenl, de 18 h 30 à 21 h , salle annexe Collovray, au Centre de la Renaissa nce , 10, rue Orse!, 69600 Oullins. 15-25 octobre : Festival de Nancy • Le Festival Mondial de Théâtre de Nancy, fondé en 1962 par Jack Lang, est actuellemenr la plus importante manifestation théâtrale internationale. \1 a fait connaître cles gens comme Kantor, Grotows ki , Chéreau , Bob Wil son, les Mabou Mines, Mere- Chong ct la Compagnie Fiji chanlé par Mereclith Monk, le Fest ival fait éclater les c1assi ficat ions en genres trop rigoureuses. Citons aussi, au cinéma, un cycle O'Neill et un cycle comédies musicales américaines, deux exposilions photographiques (Susan Helmut et Jock Reynolds, Brian Rose ct Ecl Fausly), et des rencontres avec William Styron, Anhur Miller, Susan Sont ag , etc. 19-27 octobre • Une semaine de cinéma consacré à la ('ourse allx arm('menls ('1 à l't'xploÏlalion dt's peuples du li('rs-monde au cinéma André Bazin, 45 bis, rue de la Glacière, 75013 Paris. Chaque année, dans le monde, 50 mi ~ lions d'hommes meurent de faim et 500 milliards de dollars so nt consacrés aux dépenses d'armement. Chiffres à méditer. Cette semaine l'SI organisée nOlamment par le MAN (1louvement pour une alternalive non violente), Terre des Hommes, CinémAction, la Médiathèque des Trois Mondes, le Centre de documentation Tiers Moncle , le Centre d'Etudes anti· impérialisle (CEDETll'vI), etc. Elle sera close par un gala à la Mutualité, le mardi 27 octobre à 20 h 30 avec Pierre A kendengue ct ses Il musiciens. 17-26 octobre • XXc anniversaire d'Amnesty International, dix jours de manifestations artistiques. Traditionnellement, la troisième semaine d'octobrc eSI consacrée aux prisonniers d'opinion. Celle année, Amnesty fête aussi ses 20 ans. A celle occasion plus de 40 artistes se procluiront bénévolement clans les 25 plus grandes salles pari siennes au profil d'Amnes ty : Higelin , Living Theatre, Portal, Prucnal. Reg· giani, Clerc, Béart , Milchell, Ibanez, Cha rlebois (qui fera égale- 57 ment une tournee dans 7 grandc, villes de France ... ). La soirée de clôture, con sacrec aux priso nnie rs d'opinion, le 26 octobre, réunira au Pavi llon de Paris, à la POrle dl' Pantin, comédiens ct chantcur, mis cn scène par' Pal rice Chéreau a vec la parlicipation de l'I\lDA. 23 octobre • Dublin Cil~ Ramhkrs, chanl, républicains irlandais il l'audit o· rium du Centre culturel de I.c\·al lois, il21 h. Jusqu 'au 30 oClobre, expositions de photos irlandai ,cs de Roberl Pont\'. Cenlre Cullu rel , R3 / 89, rue Vaillanl Couturier, Levalloi s- P l' lrt'I , 270.R3.R4 24-28 octobre • Projection de deux reportages audiovisuels de PÎerre Brou\\cr.' sur les Irois villes les plu ." pa.\S ion nantes des Etats-Unis, San Fra ncisco, Los Angeles cl New York. Au Cenl re Chaillol·(;alliera, 21\, av. (jeorge V, 75008 Pari s. Renseignemenrs

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25-26 octobre • Une conférence européenne se lient à Paris il l' initialive du Conseil Représentatif des Instilutions jui\'es (CRIF) afin de traiter des problèmes des Juifs d'Union soviétique (refusnicks). 25-30 octobre • La Jeunesse Ouvrière C hrélienne (.I0C) on!anise un sta!!e de formation int er ~ationale p()l~r- les jeunes de 1 R {r 25 am, il Bordeaux, 55 F pour les sco lai res ct les chômeurs, R5 l' pour les lm· vailleurs, hébergemenl non COIll pris. Ce stage est desliné ir di s· penser une in format ion ,ur la vic économique inlCl'nati on alc , l'activité des svndieats au niveau mondial, l'immigration cl l'acli · vité de la JOC dans le monde. Le n° 6 de la revue In lerpcuplc e,1 consacré a ux DOM-TOM . Ren· seignements au eTEI (Centrc dl' Fo rmation et d'Echanges Inlt' r'nat ionau x) 12 , avenue de la Soeur Rosalie, 75013 Paris, 535.10.1(,. 31 octobre-ll novembre • Le Centre d'Inl'o rm al ion Féminin et Familial (C I FF) lient un stand d'information sur la vic sexuelle et familiale pour les jeu· nes au Salon de l'Enfa nce (Stand 19 niveau 3-6). Pal a is du CNIT à la Défense. Renseigne· ments : 225.05.05 l, H eur 31 mai 2011 à 14:40 (UTC)31 mai 2011 à 14:40 (UTC)31 mai 2011 à 14:40 (UTC) J'ai toujours eu peur ... De~ ln de El Pericb (exlrllil de "légendB y \idll'· . HllCbell~ 1973) , .. a U F LE PéRé NOÙ DV PÉOIÉ1 , '" DES GRA Nl$ NE M'APPOR,Të PA-S (JE J Al TOUJOUR.S AU C.OLL EGE, JOu~r.5, Dn P(JNfTfQN5, f)~S ~ X AH E.US E () PEUR ..• Dt. L' f NFER .. , DE L ~ GIFL E, D~ ~OI R. €7 DE L 'éCHEC, \ t1 FA/Rf' /f000 LIGNH .. · De. HALA {)lë5 .. , m ~!!!t ~ ~ " ." DE LE PERJJf(E o.u 'ON NE Vô /. E HIr Du CHEF, DE Né ... DE HE r1A RIé'1 ... G ut: f{ ES fJ)' F'AW voilURE, ()f5 {tJNrllk Of:~ fRIt,'j::5 pt: .5 OIENT RA-7Gf / [u V~NTIOtJ5 t'Tot LA PA-5 PL4ÎR,.E A UNE: (HA~()f. H() I~ .. , R,j/)jt,(JlE fl./ GR. VE,. OB Ife iOéKrJ FILL~· " Q v ' ~ttI DiRlr -T- DN .. DC5 JrOA/é~ .. , m Hl ~ ~ ... [)F ù1 f(ETR/rirE DE Nt PAS trRt ... DE LI /Nr!iIU_7Uj.( Dr f:H/5CJuÏEw /lGei D'UNE: P-t1NNi:-, ' ft lou~ ( D'(;IJE: '" tT S.UR7()uf- ., Drs LOUB/tRD, !é H.tr r E'Lt.., E XfLtJ.5/0N ,Du fllAU'- FAGé , DH j H fiJT ,,, DU V.:'L ", DE' LI INt: f'fl/DfE .. , ~ m ~ffi JEUX __________________________ _ IIi IHin' ; 1 . Ile quel cni\a ill a· I ·OIl d il 4U ' il f UI Ull 1l\()!l1L'1l1 de la cllll .,eiell cc Illl lllaÎ Ill", ? l i quel ~ILJ[rl' écri\ï.lill li pone l'l' jll ~l' !ll l' Il! ? 2, l 'c,cid \a.L'L' . aholi l' Il l'ra Il ce Cil 17)4, a 0.10 r 'labli p'ir lIollapall e. Vra i ()lI L .I I ! \ ? ( ~l~n~nlJ)hil' : 0 R Z 0 ~ R te • .\ . . DL' 411el pa\', Dar -c\ -S;r1alll c\ l -dlc la capilalc ') I\ rah ic SalllldilL' ') Yelllcil '! T " 'l/ allic .) Soudall '! L ,A.- IS 4. - ('1 .. 1 ...... ( / dall ~ "ord re. du plu , \\l"'C au plu \ p l'Iil. k ... pi. ly ....... lIi\i.tIlI .... : !\I ,cric . ("al1ad" . l-ralIL"C . l\friqllL' du Sud · II r,', i l · il' cri ;1. .'. - rvl"'llad()11 C'I 1;l lrad u,'liOIl, l'Il .'\frique dc l'OIIC' I. dl l l' r,' 1l01l1111Il , ul- 111 ;111 \I olr alll cd Vr"i P li 1'111\ '! 6, . ()ul'Ilc l'\1 id dalc ;111 Il ucl Il', l'i, cl' pa l 1' () ,,'\J .lI .. dc la ,II lII f'IlL'C illl cru;l tÎ ollalc l'O Jltre IOIlI t: .... k ... fn rlllc' de di, ..... rÎ lIlill at io ll J'i.l\.: iak '! SOLUTJONS __________ _ E • E ~ 5 IN A •L. E r ,A A • 0 P r r; R lA \ e I IR 0 IN 0 • N E IT lE • 0 5 IT lE tJ \ ~~ ! I ~ lE. J \ E. c a ~ 1 L 0 • PO L 5 E • N A R N ~ A N 6 E L (Q U 1 . A • D 0 u M rr I N é • RE. • 5 . T U P 1 • P ~ . F r;- E • T A.L v lt L. I ~ E. E ~ u 1 5 E • M • lE M 0 1 T , ! F 5 • li L E • 5 U • 0 S 0 S E- S • L 1 5 DU ~ERVit& H iûrA i ~é pu SéKGENT, DE Né PAS TR.OUVliR D6 ,M'Viti L .. , ~ DE Lfi POLic~, PE N~ PM TolNDRe L €~ DE(JX 8tJUi 1 DeLli Po/.LlfTioN m .", tAu~HItN6t/ \ fÇl'~ ~ tl.!WO{ NI ~ 0 S T 'R E le [ M A N • T • 1 If'i E F- I I~ E • A G f. x. • f R A • L- O I IY 0 D eN 1 0:5 P. • 5 A U ~ ES C 5 • V lE _'U K A 5 E'5 ~ E • 5 • I N A- P r E • lE D • N A f N lE • 'r:; IN c IR ~ {;" 5 E R... l- E I R é '\ .11)/11 1 ( .rI - ,) '111.1/1 - 'ç "ftfi9 L Ç;ï ,D/liJ.t/ '(Lin ~W,) nU,J ,)'i \ , ' (tÇ,y ru i! I}l/S ni) ,ml) ·ufI -- '(tlJf' lfil Z) ,lI..t,J,)'I I ·· '(LW IJIÇ &» I."PEI '(, /U .y 1J9L "~6 6) OplJ/lO, ) - /7 ' ,JUI/)~lInL ni "(/ - l' le lA- c • IV • T U {3:; A • 1. R. D 5 S 'E 5 • .I,JlPI,JI)fP\, .I0/li l ,·J/' ,J,rum/UII, I (i '.YP~/ 1!.I·\Il LZ ,JI I/lilln /U,JiIl,J ,\lIl1l1(J/) ,JI,' 0 ,J;"n,liJpl,), l ' ,li/I)J UIJ.lIJt-\' IJI IJ ,).I,li/\' {J ,JUIIIJ,J ,'l' 1I00ml/IOIIi ,HUI IUllw/dy,J ,JII/um/" "l 1//(1) ' ,l'uJ/UIJIII/Il,JE! "!J ,J/Il1ld ,JS{)j' ,JI)/UIU /WI ,JfI ,'/JU/J/I/"I' iii Il 'Z()~'I J"lllIIi VI ni' ,)j,J.f.1IJ /111 .1IJc! ·UJ.'/1 - "( ' ,mIU,I(] ,J.oIlI/i',1 sUIlI' ",l1l/.'.J), r" ,JI) .'II ,J/t/IJ, l,JI) IIOIJ, JO, 1 .l\J.I,JI. JIJ.IIJ.J .lJIlld (061 /ieJ '1)1 0 / .111/1l], Ji \,lI //J',m / " ,\"110 ',!\'tWI,1 ,IJl,J,) ,J.lI/III1 IJ, t(/ 0 ml, ,)'U/U! "IOJOIlI/ Il',' .. ) . '! HI 'TOIRES "FRANÇAISES" _ _ __ _ ()ui Il pa\ ri d'ullc " lri , l oire bL'lgc" " ... FI 'lui "C\I dCll 1a ndc' L'l'qUl' pcu \ l'Ill rC" "l'Il!ÎJ 110 ' \o i "ill\ d'Olllrl'-()lI ic\ ra in . dc\anl Cl.?ltl' vag u C' de moqul'l'Il" qui dOll ll l' d\~ u \ III1L' in11gc dl" plu \ dda\'orablc, " On L"olllprl'nd qllc k, !lcl!,l" ' l' \'C I1!!l'lIl (.L'l'Ill illlcnl) l'II i 11\ Clll all l ,'\ km 1Hlr dl'\ " lri,loi rl" rr~l l1 lï.li \ L·' olt 11 01 1 ... "ommt:' p r ~'~ èrll l~'" comme dl'\ ,!;L'I1 .'" Chall\iJ1 '1ii 1...'[ prclcll - 511 A- T lU F r; 5 • E R ( AJ IF 5 • X { • ~ • c / • E T U / 5 • / • / R • A-Y • 0 • 5 Il IL • v E )( rA 7 { V IV S • IL P L- U C if E S lE M lE'" T • L • () N • H lA I ~ If" rJ N • U fi.. s 15 • A e ' f-,( lE IV N E • U If A AJ r u .r( '. E ~ 1ft u :5 E- S -S ~ 7 S 1- 6: T • 5 T E R E

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Notes

<references />