Différences n°2 - Mai 1981

De Archives
Révision datée du 1 mars 2012 à 10:22 par Pantchovilla (discussion | contributions) (Remplacement du texte — « </div> » par « </div>{{Notes de bas de page}} »)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigation Aller à la recherche

Sommaire du numéro

  • n°2 de mai 1981
    • Edito: l'avenir n'appartient pas à la peur par Jean-Louis Sagot-Duvauroux
    • Je ne veux pas partir en exil (expulsions arbitraires) par Jean-Pierre Giovenco
    • Evènement: que cachent les silences d'Interpol? ("fichier juif") par Stéphane Mayreste
    • Expliquer moi el Salvador par Philippe Jarreau
    • Brixton: les noirs anglais
    • Arméniens: le génocide oublié
    • Atlanta: une ville sous influences
    • Profession: mannequin noir par Marie Mercié
    • L'exrême droite en soutane (intégrisme) dossier réalisé par Jean-Louis Sagot-Duvauroux
    • Ti-Jean l'indien citoyen français (Guyane) par Bernard Neveu
    • Les indiens d'Amazonie: bulldozers contre sarbacanes par Robert Pac
    • Culture: les "monstres" dans la ville (à propos d'elephant man) par Martin Monestier
    • Histoire: le citoyen Fränkel est élu (commune de Paris) par Jean Bruhat
    • Strasbourg: toutes les familles ont leurs petites histoires par Anne Laurent
    • Tribune des lecteurs: dialogue avec des membres de la rédaction

Numéro au format PDF

Cliquez sur l'image ci-dessous pour avoir accès au document numérisé. Cliquez ensuite sur l'onglet "précédent" de votre navigateur pour revenir à cette page.

Voir-pdf.jpg


Texte brut

Le texte brut de ce document numérisé a été caché mais il est encore visible dans le code source de cette page. Ce texte ne sert qu'à faire des recherches avec la fonction "rechercher" dans la colonne de gauche. Si une recherche vous a amené sur cette page, nous vous conseillons de vous reporter ci-dessus au document numérisé pour en voir le contenu.

N° 2 • MAI 81 - PRIX 12 F - MENSUEL 20h30 Max MEYNIER : Avec la nuit vient la complicité: celle des aventuriers et des voyageurs, des routiers et des noctambules. Celle du sourire de Max derrière ses moustaches, celle qui fait de RTL, la radio qu'on aime. RTL. La politique de la déte Edito • L'AVENIR N'APPARTIENT PAS ALAPEUR n peut enlerrer les peuples dans la peur frileuse, dans O l'égoïsme, dans le repliement et tout ça veut vite dire désespoir. On peut. Parce qu'il est aisé de faire peur à qui Il 'a pas de grands objectzfs. Un jour, le ministre Daladier rentre de lv/ünich avec dans la poche une signature du chancelier d'Allemagne, Adolf Hitler. On vient de livrer la Tchécoslovaquie au chef nazi. Lafoule est secouée d'un gros bonheur nerveux. Ouf! Le soupirn 'est pas glorieux. Mais on a eu si peur que l'orage ne tombe sur soi qu'on se console vite du malheur qui s'abat sur Prague. Deux ans plus tard, Hitler visite Paris, au petit malin, dans une auto blindée de la Wermacht. Et d~ià, par centaines, par milliers, des femmes et des hommes prennent le maquis pour combattre l'occupant. La peur, ils en savent la partition par coeur, et plus que d'autres, eux qui la vivent cl chaque craquement de pas sur les feuilles. lVlais ils ont, chevillée au ventre, la belle devise de la République: Liberté, Egalité, Fraternité. Le 8 rnai 1945, le régime nazi s'effondre. On ne fait pas de grandes choses en bâtissant sur la peur. Monsieur le Président, ne l'oubliez pas. On ne fait pas de grandes choses en désignant l'immigré à celui dont la vie chancelle parce qu'il ne sait plus où trouver du travail. On ne fait pas de grandes choses en dressant le peuple de ce pays contre les pays plus pauvres qui demandent, voire imposent, une souveraineté réelle surIes richesses qu'ils produisent. On ne fait pas de grandes choses lorsqu'on joue sur l'indifférence à l'injustice, sur la lassitude et le mépris des libertés, atrophiées par la psychose navrante de la sécurité. Et si l'on n'y prend pas garde, dans cette France au bois dormant, toutes les Carabosses auraient vite le champ libre. Par contre, il y a des mots qui réveillent, des mots qui f ont grandir, des mots de plein vent qui bousculent. Aucun candidat, dans aucun meeting, n'aura rassemblé autant de monde que la volonté antiraciste après l'attentat de Copernic. Non, il n'est pas vrai que les gens aient trop entendu les appels cl la fraternité, à la solidarité qui sont, au fond, des appels cl leur avenir. Monsieur le Président, si vous pariiez sur la peur contre l'espoir, vous nous auriez contre vous. Mais jouez la fraternité contre la peur et, créant l'espoir, vous pourrez compter sur nous. Jean-Louis SA GOT-DUVA UROUX 3 .. E ~- ut og • E a Ur ci. U) CI r-- CI) D . - ... 1: 10..... ._ x 0.0 CU • E E~ CI) .. E 0'" ~ ~. U C 'CI) a - ~ r-- Q) ~-- .~. 0 E c Q) ca .::.t C C ID Q) C U) "0 - CI) ,a ::t "C0f).0.o ID u ... 0 C -0 V .- cu CI) ... 1: 1c0u...~.." 0 ~ 0 1: 'CI) -- -Cf) -- ut .. - .u Cf)~ C ut .. u:;: c CI) • ,. CQ.) t) cu - C VI CI) U 0 10..... ~ - ... -..0 • a. I.D.. - ~M - CI 1: CI) 1o.....Q.) 0

t a.. .. ~Io..... .. oE .. - • Il 0.0 ID

~ ... Cf)U -0 ~ Il CC/) ID 0 1: Oz ... ::J ~o 0" a .. 0 ,ID a. a:: .r::::. ut Ou.. ID t) • Io.....u.. t) • ID C CI 0. 0 ... ::J 1: Q.)~ ID CI) 0 ... • Cf) Cf) c CI) .. ... ~. 0~~0 '-ID0 0

 ID

CI) 0 Cf) Cf) 0::J ~ ~ - ... ;S 0 0 ::: ID C C 0 -, Cf) a: « a.. T""" T""" 0 lt) l"- -c.. E U ~... ID .c 0 ID .:.:.J 0 co U) CI) U C CI) ~ --'CI) C -..U. ID .C..

J

-0 I.D.. « E o C -..1.. Q. E 0 Z 1 Cf) Cf) ..1.. "0 {

'."J

(.J C .~.. -~ ::: 6 'Il .::! -c .~. .;; ~ :: a' ... of A :: ... 0 CI. ~ -; 'iS. C .E 3 ... .! ..0. . 0 c ë ~ e0 :: -tU Cf) 0 Q. 1 "0 0 U Sommaire ____ _ Le numéro 1 de DIFFERENCES m'a passionné. Je vous conseille la lecture du numéro 2 qui élargit par son contenu vivant et varié les objectifs et l'efficacité du nouveau mensuel lancé à l'initiative du MRAP. Alors que le racisme se développe, un tel journal est plus que jamais nécessaire. Me George PAU-LANGEVIN Vice-Présidellfe du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples) 'Différences Dlf'FERENCES magazine men~uel é~ilé par la SEO (Sodélé des Edilions Différences) • 89. rue Oberkampf· 75011 Paros· Tel. : 806.88.33 . Direcleur de la publicalion : Alberl I.EVY. Abo n,n~mellls : 1 a~ 140 ~ ,; 1 a~ élran~er 170 F ; 2 ans 270 f ; 6 mois 75 f' . Eludianls el ch". meurs. 1 an 120 f, ' 6 mOis 65 F, JOindre une phot ocopie de la carte cl 'étudiant ou de la carte de P?.'n~age . Suuhe~ : 200 F· Abonnemenl d'honneur : 1 000.' . Rédacleur en chef : .Jean . LOUIS SAGOT·DU\ AUROUX· Di recteur: Michel HAGF.(~'I; CI ~ f' j, b ' , J P' GIOVENCO R b PA . , o ' le s ( c ru n'lue, ean· lerre ' ,0 erl . Co' Anne LAURENT. Conception et réali sation: Philippe TROJAN· Iconograph,e : ,AJaIR FONTERA \' . Ont co llabo re il cc numéro : Maïlen BOliIS. SET, Jean BRlI~AT, P,hlhppe JARREAlI, Marc MANGIN , Sléphane MA YRESTE, Marie l' ;OERCIE, MarlIR MONESTIER. Bernard NEVf:U, SOLLAS, Pierre.André TAGUIU'F h 'es THORAV AL: Charleser.Ra~'mond VIAS · PhOlograrhic, ct illu strations : Alain fONTE: RAY, Abdelahak , ~El'NA, Shmane ZEGHIDOliR • Photo de co uvcrture : Philippe FRI. LET, SIPA~PRESS • Dtff~Slo n NMPP . Promoti on ct Vcnte: Marie·Chrisline LUCAS. Compta b,llI e , Khaled OEBBAH ·Sec rétariat : Danièle SIMON ·Numéro de Commis,ion pa,,~ a ,re ' 63634· Photocompos ll,on et photogravu re : ART COMPO . Impression: lm ' merle DuJac el Jardin. pn· ACTUALITE 6 JE NE VEUX PAS PARTIR EN EXIL Et maintenant, on expulse des Français hors de France ... Jean-Pierre GIOVENCO EVENEMENTS 12 VECU QUE CACHENT LES SILENCES D'INTERPOL! Où est le fichier juif constitué par les nazis? Une nouvelle piste ... Stéphane MA YRESTE 18 PROFESSION : MANNEQIJIN NOIR En bikini sur fond de cocotiers, d'accord. En anorak sur une piste de ski, jamais ! Marie MERCIÉ NOTRE TEMPS 22 L'EXTRÊMEDROITE EN SOUTANE Derrière les pieuses nostalgies des intégristes se cachent certains des plus importants foyers antisémites de France . .. Jean-Louis SAGOT-DUVAUROUX AILLEURS 30 TI-JEAN L'INDIEN: CITOYEN FRANÇAIS Dans l'inextricable forêt guyanaise, 5 000" Indiens françai s" maintiennent les traditions des fiers Caraïbes. Bernard NEVEU CONNAÎTRE 36 BULLDOZERS CONTRE SARBACANES Ils étaient 3 millions. Ils sont aujourd'hui 150000 : les Indiens d'Amazonie. Robert PAC PLEINS FEUX 42 LES "MONSTRES" DANS LA VILLE Différences ultimes de ceux qui vivent de se montrer pour ne pas vivre en se cachant. Martin MONESTIER HISTOIRE 46 "LE CITOYEN FRANKELEST ÉLU" La Commune de Paris élit un ouvrier étranger à son comité exécutif ... Jean BRUHAT SÉLECTION 1 LE MOT "JUIFS" S'ÉCRIT AU PLURIEL Une semaine de débats autour des différences juives ; à l'initiative de Différences. Antoine SPIRE RÉGIONS 52 STRASBOURG: toutes les familles ont leurs petites histoires La capitale alsacienne veut donner d'elle une image de bonheur paisible. La réalité est moins simple . Anne LA URENT Les photos en couleurs du cahier central sont de Philippe Fri/et! Sipa·Press. NOliS avolls omis de signaler que les photos·couleurs parues dans le numéro 1 pour illustrer l'article "Les cathédrales d'argile" étaient de Georg Gerster! Rapho et de Théo Saint·Jean. DIFFÉRENCES MAI 81 ~ .................................................................................................................. ~ ~

z

z "if':

Actualité DIFFÉRENCES MAI 81 JE EUX PAS PA Il EXIL Le 25 avril à Paris, manifestation contre les expulsions arbitraires En raison d'un. t.ntativ. d. vol commis. il y a 4 ans par 1. si.ur A ... , 14 ans, 1. ministre d. l'Intéri.ur décrèt. la p.in. d. banniss.m.nt à vi •. Cette histoire s. passe .n Franc .... A bdelnasser Draris est né en France en 1958(1). Il se croyait Français Abdelnasser. N'a-t-il pas usé ses fonds de culotte sur les bancs des écoles communales puis des lycées de la banlieue parisienne? N'a-t-il pas partagé ses jouets et ses jeux avec ses petits camarades français, fils de Français, et français, fils d'étrangers? N'a-I-il pas appris un métier en France? Ne parle-til pas la langue de Voltaire avec cet accent faubourgien qui ne s'acquiert ni par voie administrative, ni par naturalisation ? Il pensait faire partie des meubles, Abdelnasser. D'ailleurs, il était si convaincu d'appartenir à la patrie des Droits de l'Homme qu'il ne s'était jamais préoccupé de connaître son statut juridique. Né en France, il était Français. Ça allait de soi. Jusqu'au jour où on lui fail savoir qu'il était indésirable et qu'à Orly un avion l'attendait. Expulsé vers l'Algérie. Pourquoi? Parce que quelques années plus tôt, il était alors mineur, on l'avait pris la main dans le sac alors qu'il s'apprêtait à commettre deux larcins insignifiants. Attention: pas des vols, des tentatives de vol. 10 mois de prison parce qg'iI aime son pays, la France Les années passent, Abdelnasser avait oublié cet accident de jeunesse. Pas le ministre de l'Intérieur. Un beau jour, il 6 a appris qu'un arrêté d'expulsion avait été délivré à son encontre. Des policiers sont venus le chercher chez lui pour le conduire à l'aéroport d'Orly. Ils voulaient l'obliger à monter dans un avion en partance pour l'Algérie. Abdelnasser a refusé d'obtempérer. L'Algérie? Il en a entendu parler par ses parents mais luimême n'y est jamais allé. La langue? Il ne la parle pas. Qu'irait-il faire en Algérie? 11 ne connaît personne là-bas. Toute sa famille est installée en France. Son pays, c'est la France. Il a résisté. Ils l'ont donc incarcéré une première fois. Puis, quand Abdelnasser a purgé sa peine de trois mois de prison, ils ont voulu le ~emettre dans l'avion pour Alger. La LOI, c'est la Loi, lui ont dit les policiers. Abdelnasser a encore refusé de quitter la France. Ils l'ont de nouveau envoyé en prison . .. pour quatre mois. Cela fait aujourd'hui 20 mois que ces "va-et-vient" durent. même les juristes ont du mal à s'y retrouver. La règle générale veut que les enfants nés en France de parents étran- H uit fois, Abdelnasser a été em- gers deviennent français à leur majorité. mené à Orly. Huit fois il a refusé Auparavant, à partir de 16 ans, ils posd'aller au-delà du hall d'embar- sèdent un titre de séjour et un titre de quement. Huit fois on l'a mis en prison travail jusqu'à leur majorité. Ils peupour le punir. Abdelnasser les connaît vent, entre 17 et 18 ans, décliner leur les prisons: il a séjourné à Fresnes et à qualité de Français s'ils le désirent. Fleury-Mérogis. Pendant ce temps, un Pour les Algériens, la réglementation trafiquant de drogue, malade, est libéré . est un peu différente. Les enfants nés Abdelnasser continue sa lutte. Il ne veut avant 1963 en France ou en Algérie sont pas quitter son pays. Algériens; ils peuvent néanmoins "Toutes ces brimades écrit-il dans une acquérir la nationalité française. Les lettre adressée au Président de la Répu- enfants nés après 1963 sont Français par blique, n'ont pu fléchir mon attache- origine. La plupart des jeunes gens ne ment à ce que je considère comme ma connaissent pas ces dispositions. Cerraison d'être, celle de vh're dans mon tains découvrent , à 16 ans, en allant se pays". faire établir une carte de résidence, Abdelnasser est désespéré. Ses frères qu'ils sont Français par naissance. Il et soeurs sont français. Plusieurs de ses arrive que nombre d'entre eux tardent à oncles ont versé leur sang pour la France entrer en possession de leur carte d'idenen Indochine et en Algérie. Ses parents tité. Ils se retrouvent alors dans une ont choisi de vivre définitivement en situation inextricable: ils ne peuvent France. Lui-même a été pressenti, il y a obtenir la carte de résidence puisqu'ils quelques années, pour effectuer son ser- ne sont pas étrangers et s'en vont grossir vice militaire. Pourquoi cet acharne- la génération des "sans-papiers". ment contre lui? Maigre consolation : ~ Abdelnasser n'est pas le seul immigré de j la "nouvelle génération" à affronter ces ' discriminations. Plusieurs milliers de jeunes sont dans ce cas(2). "Aucun droit ne leur est reconnu, écrit-il. Ils subissent les aléas et les humiliations des autorités. On les sanctionne d'une manière exemplaire, on les déracine de leur milieu familial et on les envoie en exil dans un pays où ils n'ont rien à faire, où la culture et les coutumes n'ont rien à voir avec le pays où ils sont nés". Chaque année, selon des statistiques officielles, 5 000 jeunes de la "seconde génération" c'est-à-dire enfants d'immigrés nés ou ayant été scolarisés en France, sont expulsés pour des motifs divers (délinquance, situation de l'emploi .. . ) vers des pays qu'ils ne connaissent pas, dont ils ne parlent pas la langue. Exilés serait le mot exact car la plupart de ces jeunes sont Français. Quand ils ne le sont pas "de jure", au sens où l'entendent les hommes de loi et les employés des administrations et des commissariats, ils le sont "de facto", par le nombre d'années passées dans notre pays ; Le statut juridique appliqué à la "seconde génération" est à la fois compliqué et contradictoire. L ' arbitraire y trouve son compte, pas la justice. Le législateur a multiplié les catégories, dressé ici et là des barrages tant et si bien que pasteur, un prêtre et un jeune immigré mènent une grève de la faim illimitée pour que cessent les "bannissements" d'enfants immigrés. Parmi 5 000 jeunes immigrés expulsés chaque année de France, nombreux sont ceux qui possèdent, souvent sans le savoir, la nationalité française. Pour protester contre cette profonde injustice, trois hommes, un prêtre catholique, Christian Delorme, un pasteur, Jean Costil, et un jeune immigré de seconde génération, ont entamé à Lyon, le 2 avril dernier, une grève de la faim illimitée contre les expulsions. "Peut-on parler d'étrangers quand il 7 s'agit de jeunes nés en I;rance et ayant passé toute leur vie dans notre Ipays ? interroge le Père Delorme. A l'école, j'ai vu comment cette deuxième génération - peut-on l'appeler immigrée - était rejetée dans les classes de transition. Dans la vie professionnelle, ces jeunes sont aussi mis à l'écart. Puis, c'est la société qui les soupçonne et les soumet à d'incessants contrôles policiers. L'expulsion est le couronnement de cette politique de rejet". D ' autres initiatives, parallèles à celle du Père Delorme, contribuent à populariser les problèmes auxquels la seconde génération est confrontée. 300 personnalités ont signé un manifeste "Non à la France de l'apartheid" et se sont engagées à "aider par tous les moyens légaux ou illégaux, toute personne menacée d'être expulsée de ce pays alors qu'elle tient à y vivre, pour y avoir grandi, tra,'aillé ou s'y être réfugiée pour des raisons politiques". Le MRAP a lancé une campagne de cartes postales(4) à envoyer au Président de la République et au ministre de l'Intérieur demandant l'arrêt des expulsions et organisera les 16 et 17 mai prochain , à Villeurbanne, un colloque de la "nouvelle génération". "Ce colloque doit être un forum d'expression pour les jeunes de la seconde génération", déclare René Mazenod, responsable de l'immigration au MRAP. Une des premières tâches du nouveau septennat devrait être de régler la question de ces expulsions scandaleuses. En les interdisant. Jean-Pierre GIOVENCO (1) La permanence juridique du MRAP (89, Rue Oberkampf, 750/1 PARIS) .j"occupe du cas de Abdelnasser Draris. (2) Les jeunes immigrés de moins de 25 ans slmt environ 1,5 million. Parmi eux, on relève 500 ()()() d'origine maghrébine dont 250 000 Algériens. (3) Les signa/ures sont à envoyer à "Sans Frontière", 33, Bd Saint-Martin, 75003 PARIS. (4) A demander au MRAP, 5 F la planche de 4 car/es. Actualité . t de l'un "assassina . Pari; contre . , 15 manifestent Il , lIomosexue 1er AVRIL Découverte d'un nouveau cadavre d'enfant noir à Atlanta en Georgie . C'est le 22' enfant noir assassiné dans cette ville en 21 mois . U Un commando israélien dynamite à l'aube quatre maisons dans le village sud-libanais de Tulin. 2 AVRIL . GRÈVE DE .LA FAIM CONTRE LES EXPULSIONS In stallés au Centre chrétien universi taire de Lyon, un pasteur protestant, un prêtre catholique et un immigré algérien en sursis d'expulsion entament une grève de la faim illimitée pour protester contre l'expulsion des enfants de travailleurs étrangers. lJ Le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France), au cours d 'une conférence tle presse, déclare désavouer à l'avance tous ceux qui donneraient des consignes de votc en se réclamant de lui. Par ailleurs, il réclame la rupture de la France avec sa "politique act uelle" vis-à-vis d'Israël et parle, sinon, d"opposition réso lue" . De son côte, Henri Hajdenbero président du Renouveau Juif: appelle les Juifs à un "vote sanction " contre le président sortant. 3 avril: Bc)'routh sous les bombes. 3 AVRIL INTERVENTION DU MRAP EN FAVEUR DES INDIENS NAVAJOS ET HOPIS Le Comité de Soutien aux Indiens des Amériques ct le MRAP, conJoll1tement avec d'autres organisations et partis, déposent une protestation auprès de l'ambassade des Etats-Unis à Paris, il propos de l'expulsion prochaine de leurs tcrres ancestrales de 6 000 Indiens Navajos et 500 Hopis à Big Mountain, dans l'Arizona, pour faire placc à des mines de charbon. CI A la suite de heurts avec les milices chrétiennes, la Force arabe de dissuasion bombarde Beyrouth et attaque la ville de Zahlé. 4 AVRIL Plusieurs milliers d'immigrés manifcstent il Paris contre "tous les racismes". LJ Manifes tation également d 'homosexuels dans la capitale après l'assassinat de l'un d'entre eux, au jardin des Tuileries. 5 AVRIL LE GRAND 8 RABBIN SIRAT PREND SES FONCTIONS M. Sirat, le nouveau Grand Rabbin de France, est installé dans ses fonctions. Il déclare que "la communauté juive est en danger" sur les plans physique ei culturel. 'l Lc cardinal Léon Duval et les évêques d'Algérie manifestent leur réprobation à propos des expulsions de jeunes émigrés maghrébins qu'ils considèrent comme "inhumaines" . j A unc écrasante maJonte (33 ,8 070 contre 16,2 070 des votants) les Suisses rejettent une "initiative populaire en faveur d'une nouvelle politique à J'égard des étrangers". Ce projet de révision constitutionnelle préconisait une amélioration substantielle du sort des travailleurs immigrés. Pour la première fois aux USA, la ville de San-Antonio dans le Texas, élit un maire d'ori~ gine mexicaine. - A la suite des violentes manife stations à Tembisa, cité noire au nord de Johannesburg, une vingtaine de nationalistes noirs sont arrêtés dont les principaux chefs de file de l'AZAPO (OrgaI11 sallon du Peuple d' Azanie). 6 AVRIL UN MAIRE NOIR A SALISBURY Un maire noir est élu pour la première fois à Salisbury, capitale du Zimbabwé. Il présidera un conseil municipal composé de 23 Noirs et 13 Blancs, en remplacement de l'ancien conseil exclusivement blanc qui dirigeait la ville avant l'indépendance du pays. 8 Les Etats-Unis souhaitent avoir des relations "normales" avec l'Afrique du Sud, sans compromcttre pour autant leurs liens avec l'Afrique Noire, déclare Mme Jane Kirkpatrick, ambassadeur des Etats-Unis aux Nations Unies. C Deux nouvelles colonies israéliennes seront créées prochainement en Cisjordanie, apprend-on à Jérusalem du Département gouvernemental chargé des implantations. 7 AVRIl, MILITANT DUGUD CONDAMNÉ Un militant du groupe d 'extrême-droite GUD, qui avait participé le 1er décembre 1980 il une agression antisémite rue d'Assas il Paris, est condamné il 2 ans d'emprisonnemel11 ferme ainsi qu'à 5 ans de mise il l'épreuve par la JOc Chambre correctionnelle de Paris. o Le Tribunal admini~tratir de Paris annule une décision du ministre de l'Intérieur refusant de D,R communiquer à la veuve du militant tiers-mondiste Henri Curiel, assassiné à Paris le 4 mai 1978, un document administratif le concernant. o A Toulouse . un jeune Gitan sédentaire porte plainte contre des policiers qu'il accuse de l'avoir "passé il tabac", le Il mars dernier, après une querelle de voisinage. L L'Union Nationale des Parents d'Enfants Inadaptés (UNAPEI) adresse aux candidats à l'Elysée une quarantaine de questions dénonçant les carences qui persistent dans l'application de la légi slation de 1975. 8 AVRIL P AS DE RACISME DANS LE SPORT M. Juan Antonio Samaranch, président du Comité International Olympique, condamne à nouveau la discrimination raciale dans le sport devant les ministres des Sports du Conseil de l'Europe, réunis pour trois jours il Palma de Majorque . n Le Prix de la Fondation du Judaisme français est attribué à M. Léon Poliakov 9 AVRIL RAFLE D'IMMIGRÉS 5 avril: René Sirat, Grand Rabbin de France. A ORLÉANS Des centaines de personnes manifestent devant la préfecture d'Orléans pour protester contre la rane effectuée le jour même d'une centaine de résidents immigrés d'origine malienne, sénégalaise et marocaine, au foyer de "La Mouchetière", près d'Orléans, so us prétexte de la présence de travailleurs clandestins sans papiers. II AVRIL 183 BLESSÉS A BRIXTON (G.-B.) APRÈS DES ÉMEUTES RACIALES Emeutes raciales à Brixton, quartier ghetto de la banlieue de Londres, qui font 183 blessés, dont 165 policiers. Les manifestants sont principalement des immigrés jamaïcains. o 27 organisations guadeloupéennes condamnent le transrert il Paris, devant la Cour de Sûreté de l'Etat, des 4 membres du Groupe de Libération Armée (GLA). LJ Dans la nuit du 10 au 11 avril, sous le prétexte d'un contrôle d'identité, des policiers du 9° arrondissement se sont livrés à une rane en règle visant particu lièrement des immigrés. Elle s'est terminée par une séance de passage à tabac suivie de menaces au commissariat. L'une des victimes de ce déchaînement de brutalités est fils d'un inspecteur de police. responsable syndical. qui a décidé de saisir l'Inspection Générale des Services et les groupes parlementaires . 9 12 AVRIL LE BOXEUR JOË LOUIS EST MORT Joë Louis. le "bombardier Noir" , considéré par beaucoup comme le plus grand boxeur de tous les temps, meurt à l'hôpital Desert Springs de Las Vegas (Nevada) à l'âge de 66 ans. U Des incidents éclatent à San José (Californie) entre les participants d'un meeting raciste du Ku Klux Klan et des contremanifestants. Quatre membres du Klan sont blessés.

J Grande manifestation du

Souvenir au Palais des Arts à Paris, pour le 38c anniversaire du Soulèvement du ghetto de Varsovie. 13 AVRIL Au cours d'une conférence de presse tenue dans les locaux de l'hebdomadaire Sans frontières, à Paris, plusieurs actions sont annoncées en faveur des jeunes immigrés nés après 1963 et dit s "de la deuxième génération". Un jeûne national de solidarité sera DIFFÉRENCES MAI 81 notamment organisé le 25 avril. U En Turquie, la peine de mort est requise contre 97 des 447 membres d'un groupement séparatiste kurdc de gauche, le Parti de Libération du Kurdistan. 15 AVRIL VIOLENCES EN AFRIQUE DU SUD A Pence, petite ville minière à 140 km de Johannesburg, des commandos blancs ouvrent le feu sur un cortège de mineurs noirs manifestant pour leurs revendications. Deux mineurs sont tués et plu sieurs autres blessés. C A l'usine "Sigma Motors", dans la banlieue de Pretoria, où la direction vient de licencier 4 500 ouvriers noirs en grève. une automobiliste blanche, qui passait près de l'usine, tire en direction des grévistes, tuant un ouvrier. Elle est laissée en liberté et aucune charge n'est retenue contre elle. 16 AVRIL L'ALGÉRIE DEMANDE LE RESPECT DES ACCORDS SUR L'IMMIGRATION

0..

actualité 25 avril: Au cimetière de Bagneux. L'Assembléc populaire nationale algérienne termine le débat en session extraordinaire qu'elle a tenue sur la situation de la population algérienne en France, par l'adoption d'une résolution appelant au respect strict et scrupuleux des engagements pris par le gouvernement français dans les accords de 1968. .-J Le président du Comité français c1u rassemblement mondial cles survivants juifs cie l'Holocauste annonce le rassemblement cie la 000 à 12 000 survivants du mondc entier clu 15 au 18 juin prochain en Israël. o Les autorités sud-africaines confis.juent le passeport de l'évêque Desmond Tutu, président clu Conseil sucl-africain cles Eolises l , '" , une cles personnalités les plus host iles à la politique cl 'apartheicl. 17 AVRIL K.K.K. CONTRE PÊCHEURS ASIATIQUES Le Ku Klux Klan prencl pour cible les réfugIés vietnamiens qu'il accuse cie pratiquer une concurrence cléloyale préjudiciable aux pêchcurs texans cles chalutiers de la baie de Galveston (golfe du Mexique). Au cours des cieux clernières semaines, les Klansmen ont incendié cieux navires cie pêche armés par les Vietnamiens. 18 AVRIL A la conférence cl' Alger sur la Namibie, les pays non-alignés eXIgent "des sanctions globales obligaloirl:'s" contre l'Afrique clu Sud, "y compris un embargo sur le pétrole", si ce pays persiste cI~ns . son refus d'appliquer les clecisions cie l'ONU concernant la libération cie la Namibie. 19 AVRIL La police cl' Atlanta annonce la découverte clu corps d'un 24 enfant noir assassiné. D . La "Mission Evangélique des TSIganes de France", cie confession protestante, réunie à Ennordes (Cher) en convention nationale, annonce la création cie la "Fédération gitane de France" qui groupera en outre le "Comité national des gens de voyage" et le "Comité Rom de France" . 20 AVRIL LE 25e MORT D'ATLANTA A Atlanta, la police découvre le corps d'un Noir cie 23 ans, ce qui porte à 25 le nombre des jeunes Noirs assassinés dans cette ville depuis juillet 1979. If) [. Des violences faisant pluSIeurs blessés ct cie nombreux dégâts matériels marquent un concert cie rock néo-nazi à Jativa, dans la province cie Valence, en Espagne . La police arrête trois personnes. 21 AVRIL Le clirecteur cie la clivision c1es Droits de l'Homme cie l'ONU à Genève reçoit un des grévistes cie la faim lyonnais pour que cessent les expulsions c1'enfants d'immigrés en France. 22 AVRIL DEUIL NATIONAL EN IRLANDE Journée cie cleuil national en Irlande après la mort cie deux jeunes Irlanclais tués par l'armée britannique. 23 AVRIL 17 SÉNÉGALAIS EXPULSÉS Les 17 travailleurs sénégalais porteurs de faux papiers, interpelés lors cl 'une rafle au foyer cie "La Mouchetière", près cI'Orléans, et qUI. avaient été condamnés à [4 Jours d'emprisonnement sont expulsés de France à leur ~ortie de prison.

] Lc soulèvement du ghetto de

i\ SENNA Varsovie est commémoré au Mémorial du martyr juif inconnu, à Paris. Au Conseil de sécurité de l'ONU, lors du débat consacré à la Namibie, les Etat s-Unis indiqucnt qu'ils opposeront leur veto il toute tentative de l'ONU d'imposer des sanctions économiques obligatoires cont re l' Afrique du Sucl. Le fabricant cles cigarettcs Philip l\'Iorris et iVIarlborro (la plus vendue dans le monde) rachète pour près cie 1,8 milliards de francs 22 0,70 du capital du Sucl-Africain Rothmans, numéro un des cigarettes étrangèrcs cn France avcc ses marques Pet er Stuyvcsant et Dunhill. o Mme Thatcher refuse tout dialogue avec le cléputé nationaliste irlanclais Bobby Sands qui est à l'agonie après 54 jours de grève cie la faim. . 24 AVRIL R.F.A. : NOUVELLE LOI ANTIRACISTE Un rapport publié par le ministère cie l'Intérieur cie RhénanieWestphalie indique que le nombre des adhérents à des groupes néo-nazis a consiclérab[ement augmenté au cours des derniers mois en Allemagne de "Ouest et que ces groupes SOnt armés et Durant tout le mois d'avril Bobb' Irlande du Nord. .) Sands poursuit Sil grhe de la faim en n 'hésitent pas à employer la violence pour atteindre leurs objectifs. Une nouvelle loi devrait être présentée prochainement au Parlement de Bonn pour contrer cc phénomène. Elle prévoit notamment l'interdict ion cie toute propagande nazie (comme "Mein Kampf") et des poursuites "contre tous ceux qui prétenclront que l' Holocauste est un mensonge" . o Lors du débat pour l'accession cie [a Namibie à l'inclépendance devant le Conseil cie sécurité de l'ONU, la France, les Etats-Unis et la GrandeBretagne, tout en affirmant leur accorcl pour l'accès cie la Namibie à l 'inclépendance, cléclarent rester opposés à toute sanction économique contre l'Afrique clu Sud. C Diverses manifestations ont été organisées à Jérusalem, Athènes, Paris, Marseille et Lyon , à l'occasion de la commémoration du Génocide arménien cie 1915 qui fit 1 500 000 morts. o La Commission européenne cles Droits de l' Homme se saisit du cas cie Bobby Sancls, ancien membre de l'[RA, qui est à l'agonie après 55 jours de grève de la faim à la prison de Long-Kesh, près cie Belfast (Irlande clu Nord), et elle est autorisée par lc gouvernement britannique à lui rendre visite dès [e lendemain . 25 AVRIL PROF AN ATIONS AU CIMETIÈRE JUIF DE BAGNEUX Quatre-vingts tombes du cimetière juif de Bagneux, clans les Hauts-de-Seine, sont profanées et couvertes de graffitis antisémites au cours de la nuit. Outre des croix gammées, les vandales ont porté des inscriptions: "Nouveau front nazi français" (NFNF) accompagnées d ' un emblème identique à celui de l'ex-FAN E. 28 AVRIL A Atlanta , on trouvc le corps · d'un jeune Noir dc 21 ans assassiné. C'cst le 26e jcune Noir assassiné à Atlanta d~puis juillet 1979. . 29 AVRIL 1 Le ministre de l'Intérieur français accorcle un sursis à l'expulsion des jeunes immigrés mineurs, suite à la grève de la failli menée à Lyon par un prêtre catholique, un pasteur protestant et un jeune travai lleur immigré qui continueront leur action sous une autre forme pour quc cette mesure deviennc définitive. THEATRE MODERNE 15, rue Blanche - 75009 Pans - Métro: TrInité LE CHANT DU PEUPLE JUIF ASSASSINÉ Il POÈMES ET CHANTS DES GHETTOS ET DES CAMPS Réalisation Eve GRIl--IQUEZ AVEC Robert DARAME Eve GRILIQUEZ - TALILA Avec la collaboration de ~~ Tous les soirs: 20 h 45 Matinée: dimanche 15 h Relâche le lundi et le dimanche soir Location: 280.09.30 et Agences Collectivités 874.16.51 Avec le SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS PARTICIPEZ A LA SOLIDARITÉ MATERIELLE AUX ENFANTS HANDICAPÉS en achetant leS Dessins. Gunilla BERGSTROM 1 Textes français. Pierre GAMARRA Editions LA FARANDOLE «Ce livre n'est pas ordinaire il conte l'histoire d'un enfant handicapé" .AJllen LAUPRETRE Secrelalre géner.ll du Retournez ce talon accompagné de votre règlement (45 F. par livre + 8 F. de port) à . II" ' SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS 9, rue Froissart 75003 PARIS Nom ......................... ... . . . . . .. . . .. ........ . .... . Prénom ....... . ............... ······· ·· · · · ·· ··· · ··· ··· ·· . Adresse ................... . .. .. ...... • ............ ............. ..... . , .......... .... . . . ......... . . ,' - , .. . , . . Désire recevoir . .. livre (s) actualité Le fichier juif" constitué pendant la guerre par les autorités de Vichy ~ Siège d'Interpol (Organisasation Internationale de Police Criminelle) à SaintCloud: "Les journalistes ont écrit tant de conneries à propos d'Interpol. .. On prend nos précautions... Allez, donnez-moi votre carte de presse et votre carte d'identité ... Nous sommes obligés de relever les numéros." Le planton d'Interpol, un gros barbu à lunettes, a prononcé ces phrases sur un ton badin, le sourire enjôleur à la bouche , Sans doute pour mieux me faire avaler la pilule, L'attaché de presse qui me reçoit, M,A ... , est aussi aimable. Avant de lâcher la moindre information, il soumet le journaliste en quête de copie à un feu roulant de questions. Si l'intrus réussit l'examen de passage, il consent à livrer des confidences du genre: "Interpol dél"end les Droits de l' Homme", "Interpol est présent dans 122 pays", "Interpol lutte contre la criminalité au niveau mondial". Impossible d'en savoir plus. Interpol cultive le goût du secret et s'entoure d'un luxe incroyable de précautions avant d'accueillir un visiteur étranger à la "maison". Une habitude qui s'explique sans doute en partie par le lourd passé de ccttc internationale policière au SIÜlut juridique in cléterminé qui a tissé sa toile dans le monde entier, qui tire sa force de l'impressionnant fichier qu'elle a confectionné au fil des ans (2 millions de malfaiteurs petits et grands). Né en 1923, Interpol n'aime pas mandes. Les choses se sont que l'on s'intéresse à son passé . déroulées très simplement. L:org~ni sat ion est, victime En 1938, le siège d'Interpol est d amnesle quand on evoque les fixé à Vienne, en Autriche, 1938 ann.é:s 39-~5. L'historiographie c'est l'Anchluss, l'annexion d~ offlcle,lle Ignor~ superbement l' Autriche par l'Allemagne. Lc cette epoque, laissant entendre 12 mars, les nazis entrent à que ses activités ont cessé en 1939 Vienne. Dans le sillage des so lpour ne reprelldre qu'en 1946. Il s'agit d'un grr; menso nge. Interpol n'a jamais cessé d'exister durant la guerre, mais a poursuivi normalement ses activités sous le contrôle des autorités alle- 12 J. PAVLOVSKY destitue le président d'Interpol, un Autrichien du nom de Michaël Skubl. Dans la foulée, il se rend au pénitencier de Vienne, ordonne la libération d'un certain OUo Steinhausl , un fonctionnaire de police autrichien emprisonné pour activités nazies, et nomme cet ancien bagnard, abasourdi, au poste de directeur d'Interpol. Le coup de force ne suscite aucune réaction parmi les nations membres de l'organisa- Le SS Grupenfürher Reinhard Heydrich devient Président d'Interpol DIFFÉRENCES MAI 81 et l'occupant existe-t-il toujours? Une nouvelle piste: Interpol... ~ ti sme sont à l'ordre du jour. On des polices" de dissimuler dans passe sous contrôle allemand et O~ · ne. traque plus se~lement les cri- se~ ca.ves le fichier d~s Juifs f~an- d.evient un instrument de fichage mInels mais aussI et surtout les çals etabli durant 1 occupatIOn. au service des nazIs. Juifs, les Gitans, les résistants. La question de la destruction ou 2) Pour mener à bien la Une loi Selon des documents accablants non du fichier des Juifs revient politiquc d'cxtermination votée par le (1) publiés aux Etats-Unis, c'est périodiquement à la "Une" de qu'ils inaugurent , les Parlement le 6 au siège d'Interpol que des digni- l'actualité . L'an dernier , le nazis prOCèdent~ janvier 1978 précise taires nazis dont Heiehman et Canard enchaÎné, dans son édi- quand les en effet que les "traite- Heydrich évoquèrent pour la pre- tion datée du 5 mars, affirmait conditi~OS ments informatisés .. , doivent mière fois la "solution finale du qu'il était entreposé dans une s'y préalablement à leur mise en problème juif". casemate du fort de RosnY-sous~ sen'ice faire l'objet d'une déela Interpol ne s' est jamais tout à fait Bois (Seine-Saint-Denis). Les ration auprés de la Commission débarrassé de ce passé encom- démentis de la Gendarmerie prêtcnt, de l'Informatique et des Libertés brant. Au cours des années qui Nationale ne convain- ~ au recense- (CNIL)." ont suivi la fin de la Seconde quirent qu'à moitié men.t de toutes ~ I Le CNIL considère qu'Interpol, Guerre mondiale, l'o rganisation les responsables . es vlcu.mes p.oten- Il J f G bien qu'étant une organisation a refusé à plusieurs reprises de la Com-~ Ue es: UI s, Itans, étrangère, doit, comme n'imd'intervenir contre des criminels miss ion résistants, intellectuds. , porte quel détenteur de fichier, se de guerre nazis en fuite en Améri- ~ 3) Ce recensement est realise de soumettre à son contrôle. que Latine ou ailleurs. concert avec Interpol et les poli- Plus près de nous, un scandalei' Nat io- ces nationales adhérent es à Interpol, pour sa parI, estime que fait trembler les murs de nale de l'organisation. C'est .ai~si qu'il ces dispositions légales ne lui sont "l'honorable" maison C l' Informatique est probable que les fichiers des pas applicables et qu'en conséquand o.n a appris et des .Libertés ~uifs français aient été centralisé~ quence il est hors de question de que le dlrecte~r (CNIL) puisqu ' ils a, Wansee, dans, les bu~ea~x montrer ses fichiers à qui que ce d'Interpol, chargèrent M. Caillavet, d I~terpol. ~pres, ,la de~~It,e soit. L'organisation est d'ailleurs entre sénateur, d'enquêter sur cette naZie, Ils auraient ete transteres intervenue auprès du ministre des ~ affaire. A l'origine , les conclu- en France.. Affaires Etrangères. Elle aurait . d' , d Le fichier que détiendrait lancé l' ultimatum suivant aux ~ 1968 sIOn~ evalen~ e~e /en uI~s aujourd'hui Interpol serait le autorités françaises: "Si la loi et 1972, pub!lques. au debut e, .ac,tue e double de l'un de ceux établis par s'appliquait aussi à nous, nous un ~crtain annee. PUIS, Il fut de~~de que les autorités de Vichy pendant la quitterions la France et nous Paul DICkopf, le rapport s~rall ~ubl.le en JUIr1 guerre, les originaux ayant pu irions nous installer à ... Vienne." avait porté pendant prochalr1, apres les electIOns. être dét ruits. Que cache Interpol? Que veutla guerre l'uniforme de Ce n'est qu'à cette date que l'on Le passé nazi d ' Interpol, sa prati- elle soustraire aux regards dcs la SS (matricule 33 725). saura ce qu'il est véritablement que du secret ct de la dissimula- membres de la Commisionlnfor- Aujourd'hui, c'est au tour d'unc advenu des fichiers juifs (2) . En tion donnent quelque crédit à ces matique et Libertés. Cet acharneorganisation parrainée par tout cas, la thèse développée par graves accusations, Mis en cause, ment a paru suspect à plusieurs 1"'Eglise de la nouvelle compré- les membres de la "Ligue pour Interpol pourrait très bien lever le personnalités juives. Et si les hension", la "Ligue pour une une justice honnête" mente doute en acceptant, comme l'exi- accusations portées contre Interjustice honnête" , de lancer de l'attention et s'articule de la ge la loi, d'ouvrir son fichier à la pol étaient fondées. Georges graves accusations contre lnter- manière suivante: Commission Nationale de Wellers, historien et membre du pol. Elle soupçonne "la police 1) Durant la guerre, Interpol ['Informatique et des Libertés. Comité exécutif du Centre de ": 1")

o

...J

l. Paul Dickopf, S.S. en 1940 et directeur d'Interpol en 1972. 13 documentation juive contemporaine, entend aller jusqu'au bout. 1\ demande à Interpol de se prononcer. Comment? Tout simplement en exigeant que l'organisation policière lui communique sa fiche. Affaire à suivre ... Stéphane MA YRESTE (1) "The Inlerpol Conneclion '". un livre de Trévor Meldal-Johnson el Vaughn Young. The Dial Press -1979 - New- York . (2) :Trois recensemenlS de Juifs onl éle réalisés enlre 1940 el 1941 en France. Le premier a élé fail à la demande des Allemands en zone occupée (27 seplembre 1940); le second a élé ordonné par le gouvernemenl de Vichy (2 juin 1941); le Iroisième a pris la forme d'U/1 recensemenl professionnel el a hé canduil par le "Service Nmional des SlOlisliques". Actualité EL SALVADOR L e Salvador est à la fois le plus petit (21.393 km') et le plus peuplé (187 habitants au km ') des pays d' Amérique centrale. II compte environ 3,8 millions d'habitants se répartissant ainsi: 200.000 Indiens et 3,6 millions de métis. Le Salvador est essentiellement un pays agricole. On y cultive de la canne à sucre, du ril, le hennequen, l'indigo, le coton et surtout du café (3 ' exportateur mondial). Le secret de la production record des plantations de café est simple: ici, le "péonage", cette forme moderne d'esclavage interdite théoriquement en Amérique "latine", existe encore. Les "peoncs" versent la moitié et parfois même les 2/ 3 de leur récolte au propriétaire tcrrien auxquel's ils appartiennent. Ils travaillent gratuitement pour lui durant 150 jours. Ils perçoivent, quand ce la leur arrive, des salaires incroyablement bas (deux francs par jour). 60 070 des Sai vadoricns disposent de 2 400 F par an. 92 % des enfants d'âge préscolaire sou ffren t de sousalimentation. On compte 75 070 d'anal'phabètes dans les campagnes. 33 070 seulement de la population active ont un empl'oi pendant toute l'annéc . Le peuple saJvadorien est maintenu en servitude par une junte militaire à la solde des" 14 familles" descendant toutes des conquérants espagnols, hollandais et anglais. Le pays est la proie de la violence des milices d'extrême-droite qui s'attaquent aux paysans . 16 000 personnes ont été assassinées depuis octobre 1979 et 150 000 autres se sont réfugiées dans les pays voisins où elles sont le plus souvent parquées dans des camps. Une guerre dont le caractère "racial" aggrave la férocité oppose la junte au pouvoir soutenue par l'armée, les 14 familles et les groupes d'extrême-droite comme ORDEN aux paysans qui ont reçu l'aide de l'Eglise. L'archevêque de San Salvador, Mgr Romero, a été assassiné dans sa cathédrale après avoir publiquement condamné les crimes de la junte. Philippe Jarreau revient du Honduras où il a rencontré les réfugiés salvadoriens dont il nous rapporte les images et les mots _ La République des 14 familles Philippe Jarreau a rencontré les enfants sah'adoriens réfugiés au Honduras. SEPIA 14 1 ls sont trois, assis devant la tente. Le plus jeune a deux ans, la plus "vieille" en a neuf. Un médecin m'explique: "Eux sonl orphelins. Leurs parenls sonl morls dans leur village au Salvador, \'iclimes des raids d'Orden. Leurs grandsparenls qui les onl fail enlrer au Honduras n'onl pas survécu à 4 mois de vie dans les monlagnes avanl de pouvoir passer. Maimenanl, c'esl une famille du camp qui les a pris en charge." Nous sommes dans un des nombreux camps de réfugiés salvadoriens au Honduras. Il y a 35 000 réfugiés tout le long de la frontière. Mais aussi au Me)ique, au Costa-Rica, au Nicaragua . ISO 000 en tout à avoir fui leur pays. Les raisons de leur départ? Un réfugié adulte me l'expliquera

"La vie n'élail plus possible

là-bas. L'armée, la Guardia, Orden nous harcelaienl sans cesse dans nos villages. Ils onl volé loul ce que nu us avions, violé les femmes, brûlé nos maisons, lué les meilleurs parmi nous." Après avoir attendu parfois plus de six mois dans les montagnes avant de pouvoir passer, ils sont arrivés dans un état de santé catastrophique. Un médecin français de l'association "Médecins du Monde" présent à leur arrivée témoigne: "Ils uni marché des semaines, surloul la nuil, pour échapper aux palrouilles de l'armée salvadorienne. Sans nourrilure, buvanl l'eau qu'ils Irouvaienl, ils onl élé décimés, surloul les enfanls mais aussi les rem mes el les vieillards. Les premières semaines, la morlalilé a élé et'froyable. Nous n'avions pas les moyens de réanimer ces enfanls el ces vieillards." C'est grâce au travail de ces médecins français, mais aussi de médecins honduriens sous la direction du Haut-Commissariat de J'ONU aux Réfugiés que la situation a pu s'améliorer. Bien que bénéficiant d'une sécurité toute relative, étant à la merci de raids des commandos d'Orden (la 15 frontière n'est qu'à 1 km), leur situation est bien meilleure que celle de ces milliers de Salvadoriens errant dans la montagne de l'aute côté et qui n'ont pas encore pu passer. Dernièrement. à la mi-avril, 4000 d'entre eux ont voulu entrer au Honduras. Bloquées par l'armée hondurienne, 1 500 personnes ont été encerclées par l'armée du Salvador et emmurées vivantes dans les nombreuses grottes qui trouent les montagnes. Florencio, le jeune réfugié de 12 ans qui me fait visiter le camp est, comme tant d'autres, orphelin. Son père et sa mère ont été assassinés sous ses yeux par la Guardia en fin janvier. Il a passé DIFFÉRENCES MAI 81 la front ière seul. Son frère est toujours au pays. Dans le maquis . Avec le Front Farabundo Marti. "Je vais relourner là-bas", me dit Florencio qui regarde ses camarades jouer au ballon. Peur d'être lui aussi tué? Non, il n'y pense pas. De toute façon , le Salvador, c'est lui . On ne peut pas tuer tout le monde. Je lui demande ce qu'il pense de la Révolution. SEPIA - La révolulion ? Je précise la question - Tu voudrais aller avec Ion frère .? - Evidemmenl ! Philippe JARREAU Actualité BRIXTON LES OIRS Quatre mille Bobbies pour réduire une des plus importantes émeutes raciales qu'ait connu la ville de Londres : les II et 12 avril, à Brixton, éclate la colère des jeunes Noirs "anglais". Témoins de la grandeur perdue de l'Empire, la plupart des "immigrés" d'Angleterre possèdent la nationalité britannique et , par exemple, participent aux élections. Ainsi, des organismes privés ont évalué à deux millions les AN GLAI S ;i;J~1~2°~~:1~:~il~r,~0~,;~ii ou du Pakistan mais 40 070 de ces derniers sont nés en Grande- GERMAN SPANI H ITALI PORTUGUESE AUSTRIAN CYPR S SOUTH AFRICAN . HUNGARIAN YUGOSLAV BRITISH B.\ITEI.! RUSH ARMENIENS Bretagne. Les Antilles britanniques sont aujourd'hui indépendantes. La Jamaïque est la plus importante d'entre elles. Sa musique, le reggae, fait danser le monde entier depuis quelques années. Mais des îles plus petites comme Grcnade ou La Dominique, durement éprouvée par le cyclone David il y a un an, jouent un rôle important dans l' équilibre politique des Caraïbes. tes personnes d'origine antillaise forment 29 UJo de la population de Lambeth, commune dont dépend Brixton . Mais, par cont rc, ils représent ent les deux tiers des 13 000 chômeurs de la villc. Une loi adoptée en 1971 par la LEGENOCIDE OUBLIE L e 24 avril 1915, en pleine guerre mondiale, Le Sultan ottoman Abdul Hamid Il donne l'ordre à son armée de massacrer les Arméniens vivant sur le sol de l'Empire turc. 1 500000 hommes, femmes, clli"ant s, vieillard s, trouveront la mort dans des circonstances particulièrement horribles . Chaque année, les Arméniens de la "diaspora" font de cet anniversaire un jour de lutte pour que soit enfin reconnue l'existence de ce génocide. En effet , quoique parfaitement attesté par les historien s, le massaCre des Arméniens de Turquie est totalement passé sous silence dans les documents de l'ONU, sous la pression du gouvernement [Urc. Grand royaume de l'Ouest asiatique, l'Arménie est mentionnée par les Grecs et les Perses dès l'an 600 avant Jésus-Christ . C'est sur son territoire que culmine le mont Ararat (5 157 m) dont la légende veut qu'il ait recueilli l'arche de Noé après les 40 jours du déluge. Pays riche et peuplé, \'Arménie a toujours été l'objet des convoitises de ses voisin s. Sa population est caucasienne et sa langue d'origine ind9-européenne possède une écriture propre. 16 majonte conservatrice tend à réformer la notion de nationalité pour les res sortissants britanniques. Elle introduit l'idée de "pat rial" qui permet à ceux qui en bénéficient d'entrer sans problème en Grande-Bretagne. Ne peuvent s'en prévaloir que ceux qui sont nés en Angleterre ou qui ont un de leurs grands-parents né en Angleterre . Parmi les millions de ressortissants du Commonwealth bénéficiant du passeport britannique, il est évident que les Blancs du Canada, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande ou du Zimbabwé ont plus de chance d 'en profiter que les Jamaïcains ou les Pakistanais. En outre, une loi datant de 1824, le "Vagrancy Act" (loi des suspects) est systématiquement utilisée depuis quelques années pour harceler les jeunes Noirs. Cette loi, qui avait été adoptée alors pour prévenir les méfaits commis par des bandes de brigands, permet d 'arrêt er quiconque est soupçonné par un policier d'avoir "l'intention" de commettre un délit. Un puissant mouvement se développe pour l'abolition de cette loi qui est une des rares exceptions au principe sacro -saint, outre-Manche, de 1 'Habeas-Corpus. Une no uvelle loi de nationalité plus restri ctive encore, est aujourd'hui à l'étude _ L'Arménie fut christia nisée en 303 par Saint Grégoire . De rite orthodoxe monophysite, l'Egli se arménienne est dirigée par un "catho licos" résidant dans la vill e saint e d'Et chmiad zin (URSS). A la fin du IX" siècle, l'Arménie connaît un essor cultu- ATLANTA DIFFÉRENCES MAI 81 Scarlett, l' héroïne du célèbre roman " Autant en emporte le vent" y est UNE VILLE Charlesr~"~ ~~iCharles 1Charles;é~i~UeS31 mai 2011 à 14:35 (UTC) 1 assassinés. Atlanta (USA). La capitale de l'Etat de Georgie, SOUS INFLUENCES rel remarquable dont témoignent de nombreux monuments. Mais elle est conquise par les Turcs musulmans au XVI" siècle. Aujourd ' hui , l'ancienne Arm.énie est divisée entre la TurqUIe, l'Iran et l'Union Soviétique. La partie arménienne de l'URSS forme la République Socialisle Soviétique d ' Arménie (capitale Erevan, 29800 km' , 2600000 habitants arméniens) . 1 500 000 Arméniens vivent dans les autres régions d' URSS, principalement dans les républiques voisines de Géorgie et d'Azerbaïdjan . Le massacre des Arméniens par les Turcs à Alep (Syrie), le 28 février 1919. 250 000 Arméniens vivent en Iran , principalement à Téhéran et Ispahan . Ils sont moins de 100 000 en Turquie et continuent à y connaître une situation précaire

vexations , difficultés

d'expression culturelle, parfois même pogromes comme en 1956 et en 1974. L'ancienne Arménie turque est à l'abandon et les vestiges architecturaux sont souvent en ruine. Enfin, il y a dans le monde une importante diaspora arménienne qui se répartit ain si: . . 1 500 000 personnes vIvant prIncipalement au Moyen Orient (Liban) , en Europe occidentale (France), en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et du Sud (Argentine), en Australie . . En France, ils sont 250000, partIculièrement bien intégrés, installés sur l' axe d'arrivée MarseilleLyon- Paris . Les Arméniens jouent un rôle important sur la scène internationale. Quelques vedettes: Anastase Mikoyan et Aram Katchatourian, Charles Aznavour et Henri Troyat , le héros de la résistance françai se Manouchian, William Saroyan et "Mannix"_ 17 dont l'ancien président Carter fut gouverneur, compte 1 800 000 habitants dont 60 UJo de Noirs. Ils vivent en majorité dans le quartier pauvre de South-West et descendent des esclaves qui avaient été massivement importés dans cet Etat cotonnier du Sud . Le maire, M. Maynard J ackson, est noir ainsi que le chef de la police et le "commissioner" chargé de la sécurité de la ville. Cela n'empêche pas que quatre organisations du Ku Klux Klan y aient pignon sur rue . James R. Venable, "Sorcier Impérial" des chevaliers du Ku Klux Klan, occupe d'ailleurs à Atlanta la profession respectée ... d'avocat. A noter que son ancêtre, Willis E. Venable, inventa le célèbre Coca-Cola . Il y a plus d'un siècle, ce serveur d'un drugstore de la ville distrait, verse un médicamen; dans un coct ail. C'est le point de départ d'une fanta sti~ue carrière. Centre de commUl1lcation très important, Atlanta possède le plus grand aéroport du monde. Atlanta est également la ville natale du général Lee qui commanda les armées sudistes lors de la guerre de sécession mais aussi du pasteur noir Martin Lut her King, prix Nobel de la Paix pour son acti on en faveur des droits civiques. La capitale de la Georgie abrite un pénitentier célèbre où se trouve un centre de modification du comportement (beh a viour modification center) . Les prisonniers y sont soumis à des séances d'hypnose, à des drogues et parfois même à de la chirurgie visant à transformer leurs habitudes et leur façon de penser . Enfin c 'est encore à Atlanta que se tr~uve le CDC (Cent er for Di sease Control), l'une des plus grandes institutions mondiales d' étude sur les maladies infectieu ses, auquel la France et ses cinq partenaires de l'ADCA (Action concertée pour le développement en Afrique) viennent de laisser le contrôle sanitaire de l'Afrique Noire. Le CDC compte y tester de nouveaux vaccins - Notre temps En bikini dans l'eau bleue d'un lagon, d'accord. Descendant d'un supersonique en provenance des Tropiques, à la rigueur. Mais en anorak pour une marque de skis, jamais! Les mannequins noirs plaisent, mais pas dans tous les emplois. PROFESSION •• NNE VIN NOIR 18 Quand on m'a proposé de faire une enquête sur les mannequins noirs dans la mode et la publicité, Je suis partie ventre à terre et tête baissée dans les poncifs, à corps perdu. Du genre : la femme est le nègre de l'homme, si c'est une négresse qui joue le rôle, l'esclavage est multiplié par deux! Je croyais que les femmes noires étaient terriblement demandées, parce qu'elles sont plus belles et plus sensuelles. J'imaginais vaguement qu'on les voyait partout, dans les journaux et dans la pub, qu'on se les arrachait de New-York à Paris . Pour un peu, je me voyais en train de découvrir un nouveau trafic honteux. Tout ça, c'était bien joli , mais ce n'était que des impressions. J'ai donc posé la question aux gens les mieux placés pour me répondre, stylistes, rédactrices de mode, directeurs artistiques, photographes, responsables des agences de mannequins et, bien sûr, aux mannequins eux-mêmes . .. Dès le bas de l'escalier, je suis dans le bain de la musique brésilienne, envoûtée en crescendo par la voix de Rita Lee, la chanteuse la plus en vogue au Brésil. La sonnette est un gazouillis qui m'annonce en douceur. Et c'est le choc. Sur fond de samba, Tharita me regarde en souriant, un peu penchée vers moi. Elle est belle comme un siamois aux yeux de jais, fine et fluide dans un collant de jersey noir, elle a des pommettes hautes, une peau mate et des cheveux de soie: une brune Vénus d'un Botticelli exotique. Son pied-à-terre est minuscule et sobre , sur les murs, simplement une affiche de Botéro représentant une grosse dame nue vue de dos, c'est l'antithèse de Tharita (est-ce pour rire qu'il lui a amicalement dédicacée ?). Au-dessus du lit des phoros, Tharita et Jery Hall, mannequin international fiancée de Mick Jagger, des neveux, Tharita et Dewi Soekarno, une fête au Palace, le carnaval à Rio ... Elle s'excuse: "Tu sais, Maria, je n'ai pas pu m'installer vraiment ici, je bouge tout le temps: mes amis aussi. On se croise. Je ne peux rien entreprendre de durable. " Jet, photo et solitude . .. NoUS rions en préparant une tasse de thé, hi stoire de se décontracter. Nous venons de si loin l'une et l'autre. Je ne veux pas l'embêter avec mes questions mais elle est ravie au contraire de parler: "On me demande toujours de me taire; ça change un peu du : sois belle et tais-toi!" Tharita est née en Amazonie dans un village perdu de la jungle. Son père est militaire ; la famille n 'est pas très riche. Quand elle a 5 ans, elle revient à Rio. Les parents divorcent et, comme ils se disputent pour garder la petite, on la met au couvent de l'Immaculée Conception . "l'ai même fait ma communion solennelle, et tout, et tout." A dix-sept ans, elle est fiancée. Etudiante, elle aimerait devenir journaliste: "Maria, comme toi! C'est si merveilleux d'écrire, de rencontrer plein de gens. Mais dans mon pays, la censure empêchait de dire ce qu'on pensait. l'aimais la politique. Des amis ont disparu, disparu, on ne les retrouvait jamais. Pendant la Révolution, j'étais protégée par mon père qui était général. Un jour, j'ai gagné un concours de beauté - au Brésil, on adore ça, les concours - j'ai saisi l'occasion de partir. Le mariage, ça ne me disait rien, rester à la maison, tout ça, pouah! l'ai tenté le coup. Je voulais me débrouiller seule sans la famille derrière. Paris a été une bonne école. " Elle ne parle pas un mot de français et Iles gens la dévisagent comme un animal de zoo Deux jours après son arrivée à Orly, elle est engagée chez Madame Grès, la reine de la Haute-Couture. Elle ne parle pas un mot de la langue et les gens la dévi sagent comme un animal de zoo. On lui demande sans cesse comment elle a fait pour se décréper les cheveux. "Les gens avaient des idées toutes faites. l'étais si étonnée! Pourtant, à Paris il y a des tas de restaurants et de boutiques étrangères. C'est ça un des charmes de Paris. On peut voyager sans en sortir, se croire à Tokyo, à Beyrouth, à Pékin, en Afrique. Mais ça n'empêche pas les Parisiens d'être très fermés aux autres, tu sais, comment on dit? - Xénophobes? - Oui, c'est exactement cela. Au Brésil, le racisme est uniquement monétaire. 1/ y a les très riches d'un côté et les très pauvres de l'autre. Le racisme n'existe pas parce que tout le monde est mélangé. Ma meilleure amie est blonde et son frère est complètement noir. Comment être raciste dans ces conditions ?" On rit. Le mélange généralisé, voilà une bonne solution. Je me demande si je ne vais pas lui demander son frère en mariage. Après Madame Grès, qu'as-tu fait? 19 DIFFÉRENCES MAI 81 C'était il y a cinq ans, tu as drôlement bien appris le français ! - Tu sais, ici, on ne parle pas le français, on ne travaille pas! C'était quoi, ta question? Je répète. - l'ai été mannequin encore un an en cabine chez Saint-Laurent. On passe les modèles toute la journée devant les clients. Quelquefois, il faut présenter trois ou quatre fois toute la collection pour qu'ils se décident. C'est vidant et 011 ne peut rien faire d'autre. Alors j'ai fait des photos et moins de défilés. l'avais du mal parce que je suis trop typée, et que pour la plupart des publicités, il faut faire le style français. Alors, on me réserve les emplois de "femme de rêve", tu sais, la naïade qui se baigne dans une baignoire transparente, la star venue du Brésil qui descend du supersonique, ou celle qui entre en bikini dans l'eau bleue d'un lagon: on me met toujours en maillot de bain! Toujours en été! Je suis liée au soleil. Jamais on ne me demandera de poser pour une marque de skis ou d'anorak ... Je travaille en Italie, en Amérique, au Japon. Je vais aussi dans les pays arabes, je voyage tout le temps. Je reste très peu, je ne fais pas de tourisme, mais j'apprends plein de choses sur les gens et le pays en travaillant . Je travaillerai encore plus quand il y aura la navette spatiale! - Tu as 26 ans, que feras-tu "après" ? - Je retournerai dans mon pays. " M on rendez-vous suivant ne manque pas de piquant non plus. Il s'appelle Michel Sumpf, il est concepteur de publicité. Physiquement, c'est un compromis de Woody Allen et de Tintin habillé par Thierry Mugler. Il agite en douceur des petites mains fines et expressives et regarde le monde d'un air légèrement étonné, de derrière ses épai sses lunettes . Est-ce parce qu ' il a le vent en poupe qu'il se coiffe à la Riquet à la houppe? Comme Tharita, le sujet l ' ,intéresse et il est très content que Différences ait réussi à voir le jour. Il attaque toute de suite sur un slogan : Les publicitaires ont peur du Noir; et les clients encore plus: "1/ ff1 'est arrivé une affreuse petite histoire, me dit-il, qui n'est malheureusement pas unique en son genre: "Pour lancer un nouveau sac souple et très résistant, créé par Samsonite, nous avons photographié les bras de Serge Nuret, un Antillais champion du monde de culturisme. 1/ faisait un "bras de fer" avec le sac entre ses mains . .. Les affiches imprimées, alors que tout était d'accord avec lui, le client a exigé que l'on éclaircisse les bras de Serge, prétexNotre telllpS tant que ce serait plus commercial! Ecoeurant! POlir moi, le racisme le pire, c'est ce racisme-là, souterrain, à alibis. Les publicitaires en général ne font aucun effort d'imagination et reproduisent sempiternellement les mêmes choix. Moi je trouve que le racisme pourrait être combattu déjà dans l'imagerie publicitaire. C'est très important l'influence des médias sur l'inconscient collectif. " Je commence à me dire qu'on n'est pas encore sorti de la case de l'Oncle Tom. Mais je persévère. On a bien le d roi t de rêver, non ? Je téléphone à l'Agence Elite, section hommes : - Allo ... Hum, c'est pour un article sur les mannequins noirs ... - Ah ! encore un de ces articles idiots comme on en fait tellement en ce moment. Je préfère vous dire tout de suite qu'il y a très peu de travail: les Français sont si bornés. Et toc ! Elle raccroche, je m'accroche. Je tombe sur Geneviève qui m'explique que le racisme ne serait pas le seul facteur déterminant de ce quasichômage. "Par exemple, le corps humain a une morphologie différente selon les pays. Un Japonais n'est pas du tout bâti pour porter nos costumes, il a les bras plus courts, le buste plus long et les épaules tombantes. Certains couturiers se sont ramassés de belles "vestes" pour des raisons de cet ordre. Autre motif d 'importance: ce n'est pas COl/1Ine aux USA, il n 'y a pas ici de pou- Tharita : l'exotisme fait \'endre mais point trop n'en faut. voir d'achat noir, les Antillais forment une minorité, et les Africains qui vivent en France sont exploités et sans le sou, ils pensent à autre chose qu'à s'identifier Après avoir longtemps admis que le diable était noir et que cette couleur devait bien être, quelque part, signe de malédiction, voilà qu'on se met à la trouver belle. Exotisme d'une peau sombre réputée "pimentée" .. élan des corps de peuples pauvres à qui le manque de graisses et de sucres évite le modèle américain de l'obésité .. cambrure des reins qui rend un peu plus présentable l'e./froyable mode des maigres .. et puis les mythes et les rêves qui s'attachent aux groupes dominés: chaleur ou puissance sexuelle, brutalité ou passivité, le corps sl~/fisamment étranger pour permettre d'imaginer des vices qui ne portent pas à conséquence. Les canons de la beauté noire sont, en Europe, des canons d'Européens. Prenez l'Afrique sahélienne. La belle femme y est claire, enveloppée, timide, discrète. Le bel homme est, selon la suggestive image bambara, "san fa, dugu fa 20 à Marion, le mannequin masculin vedette de Saint-Laurent, un Antillais, La mode et la pub visent une clientèle aisée et il n 'y a guère de gens de couleur ani kèrè fa" (emplissant l'espace vers le ciel, vers le sol et sur les côtés). On est très loin du minet de magazine. Les Juifs ont connu ces avatars du regard de l'autre. On a dit: "Les Francs sont des preux et les Juifs des lépreux. ,. Aujourd'hui, le vaillant soldat d'Israël a rejoint l'orgueilleuse communauté des beaux. Et c'est l'Arabe, fuyant, sans chaussures, dont le nez crochu effarouche. Dans tous les cas, c'est toujours le même regard classificateur, réducteur, un bon moyen de garder les distances. Car à le considérer de plus près, et avec des yeux plus propres, les Noir (es) ne sont sans doute ni plus laids, ni plus beaux que d'autres. Ils modèlent d'ai/leurs leurs corps aux modes du moment et du lieu oû ils vivent. Comme tout le monde. Comme partout. Après avoir conquis le droit à la beauté, il reste à gagner celui d'ëtre laid. L'OEUF DUR dans cette classe-là. Saint Laurent peut se permettre de se servir de mannequins noirs, de toutes façon sa cible n'est pas le prolétariat! Plus la pub s'adresse à la classe laborieuse, plus elle a l'esprit étroit et conservateur. C'est comme ça. " AI' Agence Cosa Nostra, on m'accueille à bras ouverts, ma cause, ils la font leur. Le "booker", un métis, me parle de la ménagère française et de ses rêves, qui aime à se retrouver dans des modèles types. Actuellement, c'est la grande fille saine, blonde et sportive, la Californienne, ni femme fatale, ni punk, rassurante en somme, qui ne met pas la petite famille en danger. Ni Barbarella, ni Salomé, plutôt Farah Facett Major. "Chez Courrèges, me raconte une autre personne de Cosa Nostra, j'étais assis pendant le défilé à côté d'une dame de cinquante ans. A chaque passage d'une fille de couleur, elle pOlissait des glapissements de fureur, tandis qu'elle applaudissait bruyamment à chaque blanche. Elle extériorisait sans doute ce que beaucoup de clients pensent mais n'osent pas dire. " On me dit aussi que le problème est différent pour les hommes, qui sont plus employés vers trente ans et pour qui les critères de beauté sont plus souples. Il y a un type très prisé en ce moment et c'est un chauve ... Le Noir est employé pour les pubs spécialisées en produits exotiques, comme Oncle Ben, Négrita, Oasis ou dans les pubs qui singent la pub américaine, Noirs qui dansent à la West Side Story pour une marque de chaussures, ou bien il sert carrément d'accessoire; en pagne, au fond des photos de mode, il met en valeur "la belle Suédoise en survêtement kaki perdue dans la brousse" ... La bête dans la jungle! Encore quelques informations à glâner. Claude Genet, photographe de publicité, qui fait pas mal de catalogues pour enfants, des fringues, des jouets, me dit qu'il n'a jamais pu faire accepter un seul enfant noir. Légèrement métissé, passe encore. Sans doute les bébés noirs sont-ils liés aux images culpabilisantes de la faim dans le monde? C'est mauvais pour le commerce. Il paraît que le tweed et le velours iraient mieux aux blondes et aux rousses Marylin, à l'Agence Delphine, se souvient d'une expérience de Elle, il y a environ trois ans, avec une Noire en couverture. La vente a été bien moins bonne. "Les filles, on les engage pour présenter les défilés. Cette année, les stylistes en ont pris beaucoup pour la mode d'été, parce que les couleurs voyantes sont plus jolies sur une peau sombre. En hiver, c'est l'inverse, il paraÎt que le tweed et le velours iraient mieux aux blondes et aux rousses! C'est l'arbitraire. De toutes les façons, poursuit Marylin, les Noires qui travaillent bien, ce sont toujours les mêmes, on les retrouve à Rome, Tokyo et New York. DIFFÉRENCES MAI 81 Elles ont la peau claire et une fois maquillées et éclairées, on dirait des Blanches." Je regarde leurs "book", c'est vrai, on est loin des femmesgirafes! "Ce sont surtout les Américaines qui bossent, les Africaines se démodent très vite. Elles émergent si un photographe connu les réclame. Peter Lindberg les aime, surtout celles aux cheveux ultra-courts. Mais il y a peu de débouchés, Vogue Italien et Français, MarieClaire, le catalogue Courrèges, un peu de pub. Ça marche mieux en Angleterre et en Italie. " La presse n'est pas toujours systématiquement contre, tel M. Dassault qui veut absolument ne voir que des blondes dans son canard, Jours de France. Certains groupements sont également réfractaires, comme 20 ans - Jacinte - Biba - Enfants magazine. Par contre, aucune hostilité des publications Filipacchi ... Voilà, j'ai fini mon petit tour. La pub en est restée à Tintin au Congo. Noir qui chante des mélopées, Noir qui swingue, musclé, félin, pour tout dire, à peine descendu de son cocotier. Oui, nous en sommes là ! C'est le sauve-qui-peut dès qu'il s'agit de l'accepter parmi nous, de lui donner un visage quotidien. On veut bien le pil- 1er, ça oui! Comme Bo Derek, lui piquer ses petites tresses. Copier ses boubous, chaparder son reggae . On veut bien être bronzé, se crêper, être tout noir un court moment. On veut bien tout! Mais lui, on n'en veut pas. Marie MERCIÉ Beverly Johnson, célèbre vedette et mannequin d'Outre-Atlantique. en famille. Sur la photo de g:\Uche, maquillages et éclairages en "nt fait une Blanche, No tr e t eIn R----S ----::::;:::;:;------:::;;;;;-_--;------:::;;;;;;;~;;;;;;;__---- Mgr Marcel Lefebvre. La messe en latin, ça ne fait de mal à personne. Mais il y a un rat noir dans les gants liturgiques de Mgr Lefèbvre. Antisémitisme, soutien aux dictatures latino-américaines et à l'apartheid voisinent avec les campagnes anti mini-jupes : les intégristes n'ont pas froid aux yeux quand ils lèvent l'étendard de l'Occident chrétien. Cheveux courts. Cravate. Missel. J'ai soigné mon camouflage. On m'a tellement dit que l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, occupée depuis 4 ans par les "traditionnalistes" parisiens, est un repaire de gros bras fascisants que j'ai pris mes précautions. Inutile. La foule qui m'entoure, en ce beau dimanche des Rameaux, est recueillie mais décontractée. Bien des femmes ont délaissé la mantille et les hommes ont souvent le col ouvert. Quelques enfants, peu nombreux, s'impatientent un peu devant la lenteur de la cérémonie. Plusieurs familles antillaises chantent avec ferveur les cantiques latins que tout le monde semble connaître par coeur. Dans le choeur, un vieillard à la voix chevrotante récite les prières inchangées depuis que le concile de Trente, en 1545, a lancé la contre-réforme pour faire pièce à "l'hérésie" protestante. J'ai du mal à retenir ma nostalgie devant le ballet des enfants de choeur en soutane rouge et surplis, ces chants et ces rites qui m'envoient tout à coup une bouffée de souvenirs rigoureusement reproduits, comme si les vingt ans qui nous séparent 22 du Concile de Vatican II, où se décida l'aggiornamento de l'Eglise catholique, n'avaient pas existé. Juste avant la communion, à la fin de la messe, un vieillard complètement courbé en deux, l'oeil vif mais plein d'onction, traverse le transept de l'église. La foule s'écarte, respectueuse. C'est Mgr Ducaud-Bourget, infatigable octogénaire, l'âme de la communauté rebelle. Comment voulez-vous que j'aille faire un article incendiaire sur de si pieuses images? Après tout, le latin, je l'ai bien enseigné - et aimé ! Par acquis de cons-

t

è .. z ~ ~ z

',,"

cience, j'achète à la sortie la revue Matines, "revue de l'union universelle des poètes et écrivains catholiques", directeur-fondateur: F. Ducaud-Bourget. Elle est acompagnée d'un supplément intitulé: "Les réflexions de J acques Bonhomme". Machinalement lue, la dissertation de Jacques Bonhomme m'ennuie vite. Mais au milieu d'un fatras de considérations sur les religions monothéistes, une phrase m'exhume d'un coup des vapeurs d'encens: "Qu'il suffise de savoir à quel point nombre d'entre eux (les Juifs) ont des gueules de damnés, de crapauds ... Sans oublier leur vieux rêve de domination du monde qui les hante toujours et auquel ils s'essayent avec le même argent qu'ils donnèrent à Judas. " Mazette! Le doux prélat édite de bien singuliers appels à la charité chrétienne. "Nous sommes tous des Juifs" crie un des marchands du temple, sous IJoeil courroucé du distributeur de tracts Devant l'église, une pléïade de marchands du temple s'évertuent à vanter leur littérature. Une femme d'ActionFrançaise, le mouvement royaliste fondé par Maurras, distribue de vieux Aspects de la France en faisant admirer les fleurs de lys dont elle est décorée comme un arbre de Noël. Un homme d'une cin-


.------------------------------------------~

brochures à la gloire de l'apartheid sudafricain, pamphlets antisémites plus violents les uns que les autres se distribuent, en toute piété, d'un air papelard et dévot. "Les 4 causes de la Révolution" éditées par le Bulletin de l'Occident Chrétien expliquent: "Si, pour l'enfer, la finalité est la damnation du plus grand nombre, pour le judaïsme, c'est la domination de l'ancien peuple élu, de la "race supérieure" comme ils aiment à se nommer, sur les autres peuples, les "GOilns", les animaux réduits en esclavage." Les Juifs sont évidemment rendus responsables du communisme et du capitalisme mais, ce qui est moins classique, on leur reproche également d'avoir "fait de notre Louis XVI un monarque libéral", et d'avoir suscité "la religion musulmane par Mohammed, gendre du rabbin de la Mecque ". Conclusion: "Admettre l'égalité des droits, c'est admettre celle des opinions professées ... Si le Juif, adepte de la synagogue, a les mêmes droits que le bouddhiste, le protestant ou le catholique, Notre Seigneur n'est plus roi, n'est plus Dieu. " Une autre brochure, La F.·.M.· .• cette inconnue, nous édifie sur le complot maçonnique contre Dieu et la France. Au centre de la toile, "quelle araignée finirons-nous par trouver ? .. L'influence juive ... La puissance juive ... Le pouvoir secret juif". Et d'en appeler au bon vieux temps où "les peuples savaient ce que l'Eglise leur enseignait et ce que leur dictait la sagesse,' à savoir qu'il fallait maintenir le peuple déic'ide soigneusement à l'écart de l'ordre social et politique". J'arrête là ! DIFFÉRENCES MAI 8] classique du centre de Paris, ne peut être desservie que par des prêtres mandatés par l'archevêque. Selon Mgr Kerlévéo, juriste de l'archevéché: "Tous les autres occupants ou usagers sont des usurpateurs. Ils sont en dehors de la légalité et du droit canonique. " Mariages nuls et racisme papelard : le tribunal demande IJexpulsion des occupants de SaintNicolas. Le gouvernement refuse. "Déni de justice" sJécrit le juriste de IJarchevêché Cette situation a créé, sur le plan religieux, une assez curieuse anomalie. En effet, les mariages célébrés à SaintNicolas sont, du point de vue de l'Eglise, "nuls et de nul effet". On dit beaucoup, dans les sacristies, que certains couples viennent se marier là pour pouvoir bénéficier de la respectabilité du mariage chrétien tout en étant sûr de pouvoir faire annuler cet engagement en cas de divorce. Mais la situation civile et légale de l'église Saint- Nicolas cache une anomalie plus stupéfiante encore. Le 1er avril 1977, un jugement en référé ordonne l'évacuation de EN SOUTANE quantaine d'années vend la revue traditionnaliste Monde et Vie. Il ne doit pas avoir très bien compris le sens d'un article où les intégristes sont présentés comme les "J ui fs" de l'Eglise car il crie à tue-tête: "Nous sommes tous des Juzfs ! Nous sommes tous des Juifs." Outré, un distributeur de tracts de L'Homme Nouveau, autre publication de même tendance maugrée: "Ah! Non, des Juifs ... tout de même !". Sur les murs qui entourent l'église, brochures et livres sont rangés bien en ordre. Les mains se tendent. Les billets passent d'une poche à l'autre. Effarant: C urie use église! Le 27 février 1977, un groupe de prêtres traditionnalistes accompagnés de jeunes gens musclés fait irruption dans le lieu saint. Le curé, M. l'abbé Bellego, en est expulsé sans autre forme de procès ainsi que ses vicaires et les fidèles médusés. Le lendemain, le cardinal Marty, archevêque de Paris, émet une vigoureuse protestation. Une action judiciaire est engagée. Affectée au culte catholique romain selon la loi de séparation de 1905, SaintNicolas- du-Chardonnet, belle église 23 l'édifice et la réintégration des occupants légitimes. Confirmé en appel en juillet de la même année, cet arrêt est définitivement entériné par la Cour de Cassation. le 17 octobre 1978. Aucune de ces décisions n'a pourtant été exécutée. Mgr Kerlévéo fulmine: "Ce fait constitue, dans toute la jurisprudence analogue depuis 1905, un déni de justice. Vous m'entendez bien, un déni de justice. Jamais, depuis la séparation, les gouvernements, aussi anticléricaux fussent-ils, n'ont toléré un tel déni de justice." La responsabilité de l'Etat es[ directement engagée. Mais aussi celle du Notre temps ---------, EDITH DELA MARE, LÉON DE PONCI NS G. de Couessin, Jacques Bordiot, Georges Virebeau INFIL TRATIONS ENNEMIES 1 DANS L'EGLISE ~I' 1 ! ET TÉMOIGNAGES j .. DOCUMENTS --- l __ 14 maire de Paris qui, selon la loi, doit remettre les clefs de l'église, qui appartient à la cité, au curé légitime et à lui seul. En août 1978, Paul Quilès, député socialiste, interroge le ministre de j'Intérieur qui répond: "L'évacuation de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet a été différée en raison des troubles de l'ordre public que risquait d'entraÎner celle opération." (Journal Officiel AN na 63, août 78.) Depuis, de nombreux incidents ont émaillé l'occupation continue de l'édifice. En juin 1977, lors d'une réunion de protestation à la Mutualité toute proche, un groupe armé de barres de fer fait irruption et tabasse les orateurs. A plusieurs reprises, des passants "nonconformes" sont pris à partie, parfois brutalisés. Récemment encore, une militante du MRAP qui passe devant l' église, un badge antiraciste à la boutonnière, se voit copieusement insulter. Quelqu'un lui lance: "C'est de la provocation. Fais attention à toi !". Enfin, les prêtres et les fidèles de cette paroisse sont interdits de séjour dans leur église. Le bilan de ces quatre années de présence des "traditionnalistes" dans l'église parisienne est inquiétant. Un centre de propagande antisémite, et plus généralement antidémocratique, s'est établi au coeur de la capitale, en toute impunité et avec une audience que ne possède aucun groupe raciste en France. Fait rarissime, le gouvernement refuse d'appliquer une décision de justice deux fois confirmée et parfaitement comminatoire. Orclre public? Mais appeler à la mise en ghetto des Juifs et à la destruction de la République, n'est-ce pas attenter à l'ordre public? Les citoyens juifs doivent-ils éternellement supporter insultes et appels à la discrimination abondamment diffusés sur la voie publique ou dans un édifice appartenant à la collectivité? A-t-on eu les mêmes scrupules lorsqu'il s'est agi de mettre à la rue des immigrés en grève de loyer? La nomination de Mgr Lustiger au siège archiépiscopal de Paris a fait l'effet d'une bombe dans la grenouillère intégriste. Non pas que l'homme passât pour spécialement "progressiste" ; mais un Juif sur le siège de Saint-Denis! Mgr Lefèbvre, avec la modération que lui impose sa qualité d'archevêque in partibus, est "surpris de penser que se trouve à la tête du plus grand diocèse français quelqu'un qui n'est pas d'origine vraiment française". Connaissant d'avance la réaction de ses lecteurs, l'abbé de Nantes publie in extenso, dans sa revue La Contre-Réforme catholique au XX, siècle, le texte d'une interview du nouvel archevêque à l'Agence Télégraphique Juive, interview dans laquelle il affirme: "Je suis né juif et je le resterai." Dans un commentaire venimeux, le "Duce" de la Contre-Réforme reste dans la ligne d'un antisémitisme qu'il définissait jadis ainsi: "Les trompettes de la renommée à la solde de la judéomaçonnerie de Manhattan et cel/es que paie l'or de l'Oural célèbrent, unanimes, le seul et unique Montini (Paul VI). " Le nouvel archevêque de Paris écrivait-il les discours d'Arlette Laguiller ? Les intégristes le trouvent trop juif pour être honnête Autre groupe intégriste, l'Union pour la Fidélité, appelle dans un communiqué à "manifester publiquement son opposition à Jean-Marie Lustiger". L'indiscret de Paris. petite feuille du même bord, donne quelques informations supplémentaires sur "l'évêque juif" : "Ajoutons qu'aujourd'hui on murmure ... que le nouvel archevêque serait F. .. M.· .... On n'oubliera pas que M. Lustiger fut aussi prêtre-ouvrier à Decazeville, condition condamnée sans appel par Pie Xli qui s'opposa nettement à une tentative ne servant que le parti communiste." Et d'accuser Mgr Lustiger d'avoir été l'inspirateur direct de nombreux discours de son ex-paroissienne ... Arlette Laguiller ! Faut-il en rire? Si la puissance financière et l'étendue des réseaux de l'extrême-droite en soutane n'étaient pas si impressionnantes, on pourrait se poser la question. Mais il faut se rendre à l'évidence: avec la nouvelle droite qui dispose, par Hersant interposé, de puissants moyens de presse, pour di ffuser son néo-fascisme pangermaniste et païen, l'intégrisme catholique est devenu le cheval de Troie d'un vieux "fascisme à la française", alimenté aux sources maurassiennes et pétainistes, mais dont l'antisémitisme, la haine de la démocratie, le soutien aux dictatures les plus féroces utilisent habilement les nostalgies et les convictions de centaines de milliers de croyants pour placer leur marchandise . L e plus prestigieux des chefs intégristes est sans conteste Mgr Lefèbvre. L'évêque rebelle réunit, dans ses messes-spectacles, des milliers de personnes ; ce fut le cas à Lille, en 1976, où l'ancien archevêque de Dakar donna en exemple les régimes argentins et chiliens. Un sondage réalisé par l'IFOP la même année indiquait que 28 fJ!o des catholiques pratiquants approuvaient les positions de Mgr Lefèbvre concernant la liturgie. L'abbé de Nantes, chef de la "ContreRéforme" est le plus radical dans ses positions. Son mensuel tire à près de Mgr Ducaud-Bourget célèbre la messe ~n l'honneur du g~n~ral Franco. 25 DIFFÉRENCES MAI 81 40000 exemplaires, ce qui est loin d'être négligeable. Il dispose, à Paris notamment, de réseaux militants capables de coller suffisamment d'affiches pour remplir, plusieurs fois par an, la Mutualité. Animé d'une haine farouche pour tout ce qui touche à la Révolution, l'abbé de Nantes n'a pas de mots assez durs pour attaquer les droits de l'homme, la République, les Juifs et même... le pape, accusé d'en être l'otage. Un des plus violents parmi ces nouveaux chouans a établi domicile dans la jolie cIte de Flavigny-sur-Ozerain, en Côte-d'Or. Cette petite ville médiévale où flotte une fraîche odeur d'anis (les fameux anis de Flavigny y sont fabriqués dans une belle bâtisse du XVIIF siècle) est devenue, pour 35 nonnes et 15 moines, la "Citadelle de la Foi". Leur prophète, l'abbé Coache, fut, en 1979, le stratège de la "prise" de la basilique du Rosaire, à Lourdes. Ce fait d'arme, "coup fumant" inspiré "par la Providence" est raconté dans une brochure intitulée Comment nous avons pris la Basilique du Rosaire. Récit haletant, passionné et... grotesque qui donne la mesure des capacités mentales de l'ecclésiastique. Plus étonnants que ce western de sacristie, les moyens dont dispose la communauté: deux splendides monastères qui encadrent la bourgade . Selon l'évêque de Dijon, les travaux effectués dans le couvent des hommes auraient coûté plus de cent milions d'anciens francs. Aujourd'hui, on vous Notre tr y explique comment établir "la royauté sociale et politique de Notre-Seigneur Jésus-Christ ". L'éditeur de Mein Kampf vous fournit, pour 63 F par mois, la revue théorique du fascisme pieux. Un peu cher pour le royaliste de base ! Si Lefèbvre, Coache, de Nantes et Ducaud-Bourget sont les mousquetaires de la nouvelle croisade anti-moderniste, elle dispose par ailleurs de nombreux relais. La revue Itinéraires (63 F le numéro !) est sans conteste la bible théorique de cette tendance de l'extrême droite françai se. Animé par Jean Madiran, le mensuel est édité par les Nouvelles Editions Latines que la LICRA fit condamner récemmen! pour avoir réédité sans aucun commentaire le "Mein Kampf" de Hitler . Parmi les rédacteurs réguliers de la revue, on note François Brigneau, éditorialiste de l'hebdomadaire raciste Minute et membre du Front National de Le Pen ainsi que Roland Gaucher, journaliste d'extrême-droite particulièrement virulent et prolixe . Autre source "théorique" de la chapelle, 1" 'Office International des Oeuvres de formation civique et d'action culturelle selon le droit naturel et chrétien" (sic) . Cet organisme, issu de la Cité Catholique, fonctionne un peu comme l'Opus Dei espagnol, investissant des centres de pouvoir pour faire passer le "message". L'Office contrôle Mgr Ducaud-Bourget. un grand nombre d'organisations parfois fort lucratives. Les "Scouts d'Europe", mouvement de jeunesse non reconnu par l' épiscopat, serait dans sa mouvance. Anecdote curieuse, c'est de l'imposante délégation de ceue organisation que partit l'Ave Maria longuement repris par le pape Jean-Paul II lors de son discours aux jeunes, au Parc des Princes, à Paris . Entre l'Office et Itinéraires se situe une frontière que l 'on retrouve dan s l'extrême-droite la'ique entre "régimistes" et "révolutionnaires". L'Office tient à marquer son respect, au moins dans les formes , pour l'Eglise officielle et l'institution pontificale. Itinéraires n ' hésite pas à accuser brutalement le Souverain-Pontife de déviationnisme, voire d'hérésie. Une multitude de groupes, de revues, de "centres de prière et de retraite", de maisons d'édition, de librairies se partagent ensuite la clien tèle. Groupuscules âprement concurrents mais réunis par une même inspiration. E n 1898, après le suicide du colonel Henry, convaincu d'avoir écrit le faux qui avait fait condamner Dreyfus, Drumont, le "pape de l'antisémitisme" lance dans son journal La Libre Parole, une souscription en faveur de la veuve. 350 ecclésiastiques y répondent, a ssortissant leurs dons de mots du genre de ce qu' écrit l'abbé Cros: "Pour une descente de lit en peau de y oupins afin de les piétiner matin et soir." L'épiscopat ne bronche pas. Il est vrai que les principaux journaux qui animent la campagne antisémite s'appellent La Croix ou Le Pèlerin. Lorsque 26 l'agnostique Maurras lance l'Action Française, il n'est pas exagéré de dire que la quasi-unanimité de l'Eglise officielle y souscrit, eXil.spérée par les campagnes anticléricales qui suivent l'institution de l'école laïque et la séparation de l'Eglise et de l'Etat, en 1905. L'antisémitisme est une constante de la pensée maurrassienne qui voit dans le Juif le "métèque des métèques" dont la France chrétienne a le devoir de se protéger. Plus tard, Maurras se défendra d'avoir préconisé l'extermination des Juifs. Toutefois, récusant la déclaration des Droits de l'Homme, le fondateur du "nationalisme intégral" écrit: "Si nous nous y tenions, il faudrait tout ouvrir, nation, cité, foyers à la horde qui passe. Nous sommes obligés d'en venir à des institutions semblables à celle des métèques d'Athènes." Mais à l'l'antisémiti sme de raison" professé par Maurras répond l'hystérie d'un Mgr Jouin, curé de Saint-Augustin, importante paroisse de Paris, et animateur de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (RISS). Cette influente publication salue, en 1932, la montée de l 'hitlérisme et conclut: "Le Juif a peur? Tant mieux: c'est qu'apparaÎt la main de la Providence. Le responsable de tant de maux ... sent enfin passer sur lui le SOlffie de la défaite. " Office international des oeuvres de formation ch'ique et d'action culturelle selon le droit naturel et chrétien. Le GRECE de l'extrême-droite en soutane. En activité bien avant le Concile. L 'Office a de multiplesfiliales. Il réunit chaque année 3 000 personnes à Lausanne. Mgr Lefèbvre Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. A formé des centaines de séminaristes au séminaire intégriste d'Ecône. La revue Fideliter est consacrée à l'action de Mgr Lefèbvre. Elle signale 16 prieurés et institutions diverses dépendant de l'évêque rebelle. les messes de Mgr Lefèbvre ont déjà réuni des dizaines de milliers de participants. Contre-réforme catholique au XX· siècle La revue de l'abbé de Nantes est tirée à 40 000 exemplaires. Intégriste forcené, de Nantes reproche au pape d'être apostat, hérétique et schismatique. Il se réclame de Maurras et du nationalisme intégral. Réunit régulièrement plusieurs milliers de person- .. ................... .." .','.:': ' ...... . Il est vrai que le pape Pie Xl publie l'encyclique Mit brennender sorge condamnant le nazisme et interdit l'Action Française. Mais lorsqu'arrive la défaite de 40, Maurras salue comme une "divine surprise" l'avènement du régime de Pétain . Le statut des Juifs promulgué par Xavier Vallat, un de ses plus fidèles disciples, est entièrement inspiré de la pensée du maître . A quelques exceptions près, l'épiscopat français se tait sur celte forfaiture. A la libération, De Gaulle demandera la destitution de 30 évêques (sur les instances du nonce Roncalli, le futur Jean XXIlI, cc chiffre sera ramené à 3). L'Eglise va connaître ensuite une rapide évolution et devenir, notamment en France, une force importante dans le combat contre le racisme. On comprend que les nostalgies religieuses et l'incomp réhension devant les évolutions récentes puissent porter aux pires errements. L'antisémitisme des intégristes se situe dans la tradition de Maurras et de Pétain pour ce qui est de la solution "politique" du "problème juif" . Mais il s'appuie aussi sur les pratiques de l'Egli se médiévale . Un opuscule traduit de l'espagnol, sous le titre Les Juifs dans le Mystère de l'histoire exprime bien la nature de cet antijudaïsme

"Les chrétiens, qui ne peuvent

Au second plan: la relè,·c est assurée. DIFFÉRENCES MAI 81 pas haïr les Juifs, qui ne peuvent les persécuter ni les empêcher de vivre, ni les troubler dans l'accomplissement de leurs lois et coûtumes, doivent cependant se préserver du péril judaïque. Ils doivent s'en préserver comme on se préserve des lépreux ... A insi, les chrétiens Ile doivent pas nouer de relations commerciales, ni sociales, ni politiques avec cette race perverse qui, hypocritement, doit chercher notre ruine. Les Juifs doivent vivre séparés des chrétiens parce qu 'ainsi le leur commande leur loi ... et en outre parce qu'ils sont "infectieux" pour les autres peuples. " Il est intéressant de noter que cet opuscule, régulièrement réédité dans les années 60 et qu'on trouve encore circulant sous le manteau, est imprimé à Saint-Cénéré, le centre des éditions Téqui dont la librairie, au fond d'une cour de la rue Bonaparte, s'est s pécialisée dans les publications papolâtriques et / ou anticommunistes. La Librairie Française qui, sous la direction d'Henry Coston, accueille tout ce qui peut se commettre de littérature raciste, diffuse également un livre édifiant

Infiltrations ennemies dans

l'Eglise. La dernière édition remonte à 1979 et on peut le trouver dans toutes les li brai ries "pieuses" spécialisées. Premier paragraphe: . 'Depuis que l'Eglise existe, elle est en butte aux attaques per- ...... .:.:-:.:.:.:.:.:.:.:.:.;.:.:.:.:-:.:.:-:.:.:.:-:.:.: nes à la Mutualité, à Paris. Maison Lacordaire A Flavigny / Ozerain, l'abbé Coache prophétise sur deux communautés monastiques. Violemment intégriste, il se hasarde rarement sur le terrain politique. Il recommande aux femmes le port de la jupe à 15 cm audessous des genoux et est farouchement opposé au port du maillot de bain. Mâtines Revue de Mgr Ducaud-Bourget. Le héros de Saint-Nicolas-du-Chardonnet publie en supplément la Lettre de Jacques Bonhomme crûment raciste. Itinéraires Revue théorique de l'intégrisme dirigée par Jean Madiran. Très influencée par les milieux monarchistes et pétainistes. Nombreux liens avec le Front National. Credo Association animée par le R.P. Bruckberger et Michel de SaintPierre. Ce dernier a été candidat sur les listes de l'Eurodroite. Groupement traditionllaliste principalement anticommuniste. A fait paraÎtre un livre blanc sous le titre Les fumées de Satall. 3 000 membres et 8 000 sympathisants. Les silencieux de l'Eglise Rassemblement créé sous la houlette de Pierre Debray. En perte de vitesse depuis que Mgr Lefèbvre a pris la relève. Union pour la fidélité Groupuscule qui s'est signalé en occupant Notre-Dame-des- Victoires en décembre dernier. Scouts d'Europe Fraction traditionnaliste du scoutisme. Jugés trop modérés par certains, les scouts d'Europe sont doublés à droite par les "scouts catholiques" ou les "scouts de SaintGeorges " . Monde et Vie Revue intégriste centrée sur la vie politique internationale. Librairie Tequi Traditionnalisme à forte dominante papolàtrique. Imprimerie à Saint- 27 Cénéré oû fut publié le pamphlet antisémite Les Juifs dans le mystère de l'histoire. L'Homme nouveau Traditionnalisme bon teint avec une certaine tendresse pour l'Afrique du Sud. Cercle d'information civique et sociale Bulletin de "politique catholique" violemment intégriste et anticommuniste. On ne peut citer toutes les publications de moindre importance. A la périphérie de ces groupes, il faut signaler toutefois les publications de l'A ction-Française, royalistes favorables à l'intégrisme, le Bulletin de l'Occident Chrétien, monarchistes "de droite" à l'anti sémitisme obsessionnel, la Librairie Française, d'Henry Coston qui diffuse les "classiques" de J'intégrisme, la Lettre du Maréchal qui organise chaque année une messe en l'honneur de Pétain à l'égli se Notre-Dame-des-VicLOires à Paris . _. "'* Notre temp~ fides de ses ennemis. Au berceau du christianisme, reconnaÎt Bernard Lazare, des Juifs ont participé activement à la luite." Ce livre s'attache à montrer que la franc-maçonnerie animée par les Juifs est en train d'investir l'Eglise et de la détruire de l'intérieur pour hâter l'avènement de la révolution . C'est la traduction concrète de cette volonté "théologique" qu ' auraient les Juifs de détruire l'Eglise et la société chrétienne. C'est la justification de leur mise à l'écart dont Pétain comprit , sans que les nazis aient à le lui souffler, la "sainte" nécessité. A noter qu'Henry Coston fut, avant la guerre , un des animateurs du mensuel catholique violemment anti sémite Les Amis de l'ordre. Par un jeu de renvois cher à la littérature d'extrême-droite, il recommande, dans Infiltrations ennemies, la lecture de la RISS de Mgr Jouin (voir plus haut) de même qu'une des dernières parutions d'Aspects de la France recommande la lecture d'Infiltrations ennemies. Ça doit s'appeler le retour aux sources ! Aux racines de cet antisémitisme , on trouve l'idée de chrétienté. Ce que Mgr Lefèbvre, qui en est aujourd'hui le plus efficace prédicateur, nomme la royauté sociale et politique de NotreSeigneur Jésus-Christ. De quoi s'agitil ? On peut résumer la thèse ainsi: Toute autorité civile vient de Dieu . Elle a pour mission d'encourager les citoyens dans la foi et la vertu telles que les enseigne la seule vraie religion, la religion catholique romaine. Il en découle un certain nombre de conséquences que Mgr Lefèbvre a souvent évoquées: "1/ est inconcevable que les gouvernements catholiques admettent par principe la liberté religieuse dans le domaine public." "[1 faut soutenir les organisations patronales et ouvrières décidées à collaborer fraternellement dans le respect des dèvoirs et des droits de tous, s'interdisant le fléau social de la grève. " "La dictature, quand elle a des principes moraux chrétiens, peut être acceptable." "Si un gouvernement se base sur les Droits de l'Homme qui incitent à l'égoïsme, je ne peux appeler à voter pour lui. " En conclusion, quelques citations indi quent la traduction partisane de ces principes: "Pas de candidat "catholique" mais un certain nombre de nos amis voteront Le Pen." "Ce n'est que dans l'ordre, la justice, la paix dans la soC/ete. . . que 1 :économ ie peu t refleurir ... Prenez l'image de la République Argentine... un gouvernement d'ordre qui a des principes, qui a une F'aut-il s'en inquiéter? autorité, qui met un peu d'ordre dans les affaires, qui empêche les brigands de tuer les autres, et voilà que l'économie revient ... " "1/ faut que l'Eglise soit réactionnaire ... 1/ faut accorder l'Eglise et l'Etat. 1/ faut que la société soit réactionnaire. " On ne saurait être plus clair. La vieille nostalgie d'une société cléricale où le pouvoir des prêtres assurerait l'harmonie sociale, théorie abandonnée par l'Eglise ellemême, n'est plus aujourd'hui que la haridelle sur laquelle chevauchent les tristes sires du fascisme "à la française" . Restent les questions de fond. Quand l'abbé Coache part en guerre contre le port du maiUot de bain et accuse JeanPaul II d'en être un propagandiste, on ne peut que sourire. Lorsque Mgr Ducaud-Bourget, disposant à Paris d'une tribune permanente et fréquentée, dit du voyage du pape en France: "1/ va à l'Unesco un jour. 1/ va à Lisieux. C'est beaucoup. Peut-être que ça lui suffit pour traiter les affaires des nègres. C'est possible. Mais les affaires de la France sont plus compliquées", le racisme, par l'étendue du public qu'il touche, se fait plus dangereux . Mais lorsqu'un archevêque en retraite, rompu à la litote ecclésiastique et à la confiture verbale, explique d'une voix doucereuse et paternelle qu'il faut en finir avec les Droits de l'Homme, les choses prennent une autre dimension, d'autant plus que bien des fidèles qui l'écoutent sont de la plus parfaite bonne foi, attirés seulement par l'expression traditionnelle de leur foi religieuse . L'Eglise officielle est-elle complice? 28 Roger Leray, Grand-Maître de l'obédience maçonnique du Grand Orient de France, n'est pas loin de le penser. "Que l'Eglise frappe d'excommunication Mgr Lefèbvre, déclare-t-il, et après, on verra. , .. Pour lui, la nouvelle condamnation de la franc-maçonnerie est une preuve, "l'Eglise ne bouge plus. Jean Paul II est un pape réactionnaire. 1/ est plus proche de Lefèbvre que de Dom Helder Cam ara, l'évêque brésilien qui s'est mis résolument du côté des pauvres et du progrès". Mais que les intégristes ou le pape agitent l'épouvantail de la

5 franc-maçonnerie, M. Leray s'en préoc;-

cupe peu: "Le combat que mènent ces ~ gens-là est un combat de survie. C'est Ô cuit pour eux et ça n'est pas de notre ~ fait. " ~ Le père Congar, qui fut un des princi- paux experts du Concile Vatican Il, n'est pas du même avis. Pour lui , l'évolution est très claire: "Au Concile, nous voulions absolument sortir du vieil antisémitisme. Après la tragédie du génocide, il fallait faire quelque chose. Le texte n'est peut-être pas allé aussi loin qu'on aurait voulu. En particulier, on a retiré la phrase du projet initial qui lavait explicitement les Juifs de l 'accusation traditionnelle de déiCide. Les Juifs ont ressenti cet épisode comme une reculade. Mais au fond, il y a, dans le texte final, un très bon équivalent de cette idée. " Il est du reste intéressant de noter que jamais aucun texte canonique de l'Eglise n'a repris l'accusation de déïcide contre les Juifs. Le premier à avoir employé le terme fut l'empereur Constantin, lors du Concile de Nicée, et l'on sait que les empereurs romains étaient vénérés par le peuple comme des dieux . Ainsi , déjà, l'antisémitisme religieux naissait de la confusion entre les domaines spirituels et temporels. Pour sa part, le père Congar ne veut retenir que l'ultime parole de Jésus à ses bourreaux

"Père, pardonnez-leur car ils ne

savent pas ce qu'ils font. " Quant à l'idée de chrétienté, le théologien ne la récuse pas, il constate tout simplement que "le temps où le pouvoir civil et toute la vie sociale avec ses lois el ses structures suivaient les indications de l'Eglise et des clercs est fini ." La foi engendre-t-elle par elle-même certains errements? "1/ Y a, nous dit-il, dans l'idée religieuse la plus authentique, des valeurs, des vérités, qui peuvent favoriser certaines déviations. L'idée du Dieu Père est très profonde comme celle de l'autorité de Dieu, du dogme ou du pape. Elle peut être dévoyée. Mais là comme en toute chose, il faut savoir distinguer l'absolu du relatif. Ces hommes absolutisent le relatif· " DIFFÉRENCES MAI 81 L iés à l'OAS comme l'Office, à l'Action Française et au pétainisme comme· la plupart, ces nostalgiques touchent malgré tout l'opinion. On les crédite généralement d'une certaine respectabilité, même si les textes qu'ils diffusent sont d'un racisme parfois plus virulent que celui des plus extrémistes parmi les néonazis. Par exemple, ils se cachent beaucoup moins que la nouvelle droite et le GRECE pour exprimer leurs sentiments à l'égard des Juifs. Est-ce parce qu'ils sont "bien de chez nous", mieux insérés dans le tissu social et historique du pays? Il est vrai que la messe de Saint Pie V, même dite en latin, est pour le français moyen, moins ésotérique que les vêpres celtiques auxquelles participaient autrefois (a-t-il cessé ?) le druide de la nouvelle droite, Alain de Benoist! L1évêque de Dijon prend parti pour le respect des droits des immigrés. Pas Mgr Lefèbvre Enfin, dans le climat actuel de développement du racisme, on comprend mal que ne soit pas donné le coup de balai requis par la loi et qui nous permettrait de dire: ce sont des marginaux sans importance que l'inéluctable décrépitude biologique réduira plus certainement que de vaines polémiques. En refusant d'exécuter les décisions de justice qui concernent Saint-Nicolas-du-Chardonnet, le gouvernement donne à penser qu ' il y a là un enjeu électoral important. Et voilà qui est inquiétant; voilà qui dessine la mesure du mal. Rencontré à Dijon, Mgr Decourtray, évêque de la cité bourguignonne, est catégorique: "li Il'y a rien de plus contraire à l'Evangile du Christ, à l'essence de la foi chrétienne que le racisme. le Christ est venu et est mort pour tous. Nous sommes souvent en contradiction avec l'Evangile, mais alors, au moins, nous devons le reconnaÎtre et dire .' le racisme, c'est le péché. C'est ce qu'a fait l'Eglise lors du Concile, se convertissant, demandant pardon pour le racisme qui a pu exister dans le passé et surtout, regardant l'avenir pour l'empêcher. " Mr Decourtray est récemment intervenu en faveur des droits des travailleurs immigrés. Pas Mgr Lefèbvre ! Jean-Louis SAGOT-DUVAUROUX collaboration de Suzan ASH Mgr Decourta)', évêque de Dijon : "Il n'y a rien de plus contraire à la foi chrétienne que le racisme." BIBLIOGRAPHIE:::::: .... L'Orchestre noir par Frédéric Laurent. Ed. Stock. Voyage bien documenté dans les entrelacs de l'internationale fasciste. L'extrême-droite en soutane y joue son rôle et n'échappe pas au colli'17ateur du journaliste de Libération. Les Rats noirs par Grégory Pons. Ed. Jean-Claude Simoën. Grégory Pons, lié au GRECE et à la nouvelle droite, règle ses comptes avec l'extrême-droite religieuse. Malgré ce péché originel, des renseignements qui, utilisés avec précaution, peuvent être utiles. Juifs et Catholiques français par Pierre Pierrard. Ed. Fayard. .......... ......... -...... . . ... . . . . . 29 Remarquable ouvrage de l'historien catholique qui permet de suivre l'évolution de la question entre 1871 et 1945. Un bel exemple d'honnêteté scientifique, de courage et de talent. Les Eglises devant le judaïsme. Documents officiels 1948-1978. Ed. du Cerf. Assemblés, traduits et annotés par Marie- Thérèse Ho ch et Bernard Dupuy, ces textes permettent de se faire une idée précise de la pensée des Eglises sur cette question. 011 notera en particulier les textes publiés par les Eglises d'Allemagne et une intéressante synopse du texte adopté au Concile Vatican [[ avec le projet initiaI. A l'orée de l'immense forêt amazonienne, dans le département de la Guyane, quelques milliers d'Indiens maintiennent le souvenir des fiers Caraïbes. TI·JEA L'I DIE CITOYE FRA AIS Onze heures et demie. La canicule de décembre écrase le petit bourg d'Iracoubo, célèbre en Guyane pour son église de tôle ondulée décorée par un bagnard ; le minibus qui assure le transport des élèves des communautés indiennes quitte la route nationale dont l'asphalte transpire pour se ranger devant le presbytère où se trouve le foyer qui les héberge pendant les jours de classe. Dans la cour de l'école primaire retentit la cloche libératrice ... - Ti-Jean, attends-moi, je t'emmène ... Le jeune Indien galibi fait un demi-tour sur ses jambes grêles, couvertes d'un short kaki trop grand pour lui, et me sourit. Ti-Jean a dix ans, tête carrée d'Amérindien aux cheveux drus sur un corps chétif, c'est un de mes meilleurs élèves; dans la voiture, pendant les douze kilomètres qui nous séparent de son village, à travers les orgueilleuses frondaisons des fromagers centenaires, il n'ouvrira la bouche qu'une seule fois, pour poser Ulle question sur la dictée du matin ... Son village, Bellevue, est au seuil de la grande savane d'Organabo, après les mamelons recouverts d'aouaras, petits palmiers au tronc épineux: là commencent les villages galibis qui s'échelonnent jusqu'à la frontière avec le Surinam, 150 km plus loin. Les descendants des farouches Indiens caraïbes exterminés par les colonisateurs des Antilles, se sont regroupés le long du littoral de ce département français d'outre-mer, grand comme un sixième de l'hexagone. Mais ils ne sont plus qu'une poignée. Peutêtre 3 500. C'est pourtant, et de loin, l'ethnie indienne la plus nombreuse de Guyane. Au premier coup d'oeil, on aperçoit le drapeau tricolore qui flotte au bout d'un bambou; les carbets, cases sommaires faites d'un toit de feuilles de palmier entrelacées supporté par quatre piliers, sont disséminés au sein des hautes herbes, mélangées avec les touffes de bambous, les bosquets de comouyers et les omniprésents aouaras ... A chaque consultation électorale, on se souvient que les 5 000 Indiens de Guyane sont citoyens français. J'ai du mal à diriger la voiture dans le sable jusqu'au carbet de la famille Galima . Ils ne sont pas là. Les hamacs sont enroulés et les marmites rangées autour du foyer éteint. Mais ils ne sont pas loin cependant car les vieilles valises déformées sont à leur place, là-haut, sous le toit. - Ils sont à la platine, M'sieur, m'avertit Ti-Jean. La platine, c'est un grand carbet qui abrite le four à bois et la dalle circulaire de ciment sur laquelle on fait cuire la farine de manioc, le couac, une denrée indienne traditionnelle devenue désormais le pain quotidien de la population guyanaise; en cinq minutes nous retrouvons les Galima en plein labeur. Le père me serre la main, timide, et me donne le bonjour en français; la mère de Ti-Jean, ses grandes soeurs accompagnent leurs salutations d'un rire amusé sans interrompre leur travail . Le manioc est un tubercule qu'il faut peler et râper. Ce travail pénible -la râpe n'est qu'une planche cloutée - est le lot des femmes dont les magnifiques colliers et bracelets de perles fines multicolores virevoltent alors sur la peau cuivrée. Des gouttes blanchâtres perlent des couleuvres, ces longs fourreaux de palmier tressé suspendus aux poutrelles du carbet, et dans lesquels le manioc râpé, comprimé, s'essore naturellement ... Le j us contient assez d'arsenic pour vous expédier dans un monde meilleur car la variété de manioc utilisée pour le couac est très toxique. Le père de Ti-Jean est un Galibi sans âge, petit mais râblé, vêtu d'un pantalon de treillis et d'une chemise malgré la chaleur que dégage le four; avec un long râteau de bois sans dents, il ratisse la farine en cours de cuisson et surveille le feu. Je demande s'il est possible d'acheter du cramanioc, variété de manioc non toxique utilisée comme légume - mais ne l'achetez pas à n'importe qui ... - Il y a un bref conciliabule entre les membres de la famille. Le père me répond en créole : - Mo fill-Ià gain ti morceau manioc pour'ou (ma fille a un peu de manioc pour vous). Les Indiens ne sont pas bavards. Encore moins en présence d'un étranger. Les hommes ne parlent jamais leur langue à un non-Galibi. Ils utilisent généralement un créole déformé qu'ils ont appris au contact de l'administration. Jusqu'à présent, aucun Indien de Guyane n'est vraiment sorti de son contexte culturel. Ils forment une communauté complètement marginale qui n'est même pas citée dans les décomptes de population que font les Guyanais eux-mêmes. Au bout d'un long moment, j'apprends que ce manioc se trouve dans un autre village et Ti-Jean, sa soeur et le bébé feront le voyage. Dégrad-Savannes est Les Oyampis vivent de la pêche, sur les eaux de l'Oyapock. un hameau situé sur un coude de la crique d'Iracoubo, en hauteur, accessible après un long chemin en forêt. Contre l'horizon jaune de la rivière, des enfants jouent au ballon; des femmes sont à leur vaisselle. Devant un grand carbet qui abrite un étalage de poteries d'argile peinte - et des mobylettes - deux moteurs marins sont couchés tandis que les pirogues se balancent au gré du courant en bas de l'escalier de terre. Les Galibis sont des agriculteurs et des pêcheurs... La soeur de Ti-Jean m'apporte les tubercules et refuse mon argent... J'achète alors deux beaux vases, comme un touriste quelconque, et mets un billet dans la main de la jeune femme. Peu d'Indiens travaillent contre un salaire. A Kourou, la base spatiale où sera tirée bientôt la fusée Ariane, il y a Dans les carbets galibis, le plastique "français" a fait son apparition. Lorsqu'ils auront grandi, ces enfants iront sans doute vivre dans les faubourgs de Cayenne, comme ce jeune vendeur de langouste en chemise et casquette. bien un petit village indien mais la concurrence est dure entre immigrés, Bonis - descendants d'esclaves fugitifs - et Indiens et les jobs sont limités ... Les chefs de villages, les "capitaines", sont rémunérés par l'Etat et les familles perçoivent les allocations familiales; mais bien que marginalisés économiquement, les Galibis - comme les Indiens de l'intérieur - sont citoyens français et votent; les municipalités le savent et c'est pourquoi on peut voir des télévisions en couleur au vilJage d'Organabo, ou des fusils dernier modèle dans les mains des Wayannas. Cependant, le rapport à la France est ténu. Le nom de Cayenne, capitale de la Guyane, est celui d'un chef indien de l'époque de la conquête mais les Galibis parlent peu de leur passé. La France? Ils aimeraient bien y aller, la voir. C'est tout. Je prends congé de Ti-Jean qui reste avec sa soeur au Dégrad ; il attend ses frères de Cayenne, tous deux dans un collège technique; où iront -ils travailler après leur scolarité? Ils ne retourneront sans doute pas vivre dans leur savane ... Je refais tout seul le chemin en sens inverse jusqu'à la voiture. DèS nuées de maringoins, énormes moustiques locaux, m'assaillent aussitôt; on dit que seuls les Indiens savent reconnaître les endroits où ne sévit pas cette calamité naturelle. Il est vrai que les villages de l'intérieur, ceux des Oyampis, ces fiers chasseurs au kalembé rouge sang qui tirent le poisson avec leur arc et font mouche, ces intrépides piroguiers qui se moquent des rapides de l'Oyapock, en sont exempts. Loin de la côte, loin de la route, loin de la ville, ce dernier carré d'irréductibles, moins d'un millier de personnes, vit encore au rythme de ses ancêtres . A l'ouest, sur les bords du Maroni, les Wayanas sont quelques centaines. On peut les voir, parfois, à Maripassoula, dernier point de contact entre Indiens, "Métros", Bonis ou Créoles. En dehors de ces rares occasions, l'administration interdit le voyage vers les profondeurs où vivent, à la front ière avec le Brésil et le Surinam, les derniers "Indiens français". Au coin du chemin de terre et de la nationale, à côté du véhicule, m'attendent deux jeunes Galibis en blue-jeans et bottes à talons hauts: oui, c'est samedi, il y aura bal peut-être chez Bélair ou dans une autre guinguette et on dansera sur des airs créoles .. . Pendant qu'ils s'accommodent sur la banquette arrière, je revois le beau village galibi d' Aouara où je m'étais enli sé un dimanche, ce qui m'avait valu une veillée nocturne sur un immense banc de sable au bord de l'océan, à l'abri des étoiles; des jeunes comme eux m'avaient emmené déposer les long ~ filets à l'aube, à l'embouchure du Maroni. Des rires et des bruits de pas me sortent de ma rêverie. Ti-Jean et des enfants de son âge cueillent des maripas, des fruits amers d'un palmier si haut et si fort que son tronc est plus dur que l'acier de la hache . .. Il m'en offre en souriant: Merci, Ti-Jean, au revoir, à lundi ... Bernard NEVEU Odeurs d'e cuisine Poisson boucané Ingrédients: • Un gros poisson • des épices • de l'ail, du sel • du piment de Cayenne • de la canne à sucre • une livre de couac • une cuillerée d'huile A défaut d'un poisson sans écailles comme le mâchoiran qui prospère dans les eaux alluvionnaires de la Guyane, ou d'un poisson carnivore comme l'aymara qu'il faut savoir tirer de l'eau avant que ses congénères ne le dévorent, tout autre poisson bien pourvu en chair fera l'affaire; le piment, la canne et le couac se trouvent dans certaines boutiques spécialisées; il n'est pas nécessaire d'accumuler trop d'épices ... Le secret de cette préparation culinaire réside dans une bonne préparation du boucan dont la fumée est chargée de cuire le poisson: celui-ci, écaillé, évidé - conservez-lui la tête tout de même - sera ciselé par de profondes entailles parallèles dans le sens de la largeur puis mis à mariner dans de l'eau salée avec les épices, l'ail et le piment pendant au moins quatre heures. Le boucan est un feu de bois (ou de charbon de bois) très fort que l'on recouvre de morceaux de canne à sucre - et de pain rassis si vous voulez - jusqu'à l'étouffer; déposer le poisson sur un gril à au moins cinquante centimètres du feu: la cuisson demande environ deux heures. Le couac préalablement mouillé d'un verre d'eau et assaisonné d'un peu d'huile est disposé au fond des assiettes ... Bon appétit. 3S A quoi sert f' école catholique ? .. Mozambique : allier /ïnstruction et l'idéologie ... L'informatique à f' école... États-Unis la ruée des étudiants étrangers ... Que vont devenir les étudiants ?.. Que faire avec un dipl6me de . 1 . 7 L SOCIO ogle . ... es adolescents et la sexualité ... Maroc les dilemmes de l'arabisation ... Le palmarès des universités et grandes écoles ... Histoire : la vérité sur la crise... Les atlas au banc d'essai... Les jeunes et l'orientation ... La violence des enfants ... Chaque mois, des enquêtes, des dossiers sur l'école, l'université, l'orientation professionnelle. En vente chez tous les marchands de Journaux 8 F. Connaître L'arc reste, avec la sarbacane, l'arme favorite des Indiens de la forêt. Au milieu de la plus grande forêt de maintenir la civilisation trois millions BULLD contre s L orsq.ue. le,s ~ortugai~ " ~éco~vrirent" le. Brés il ,en 1.500, celuI-Cl etait peuple d environ 3 millions d Indiens. En 1940, on les estimait à 500000. En 1950, on n 'en comptait plus que 150000. Aujourd'hui , ils ne sont peut-être plus que 100 000. Contrairement aux Espagnols, les Portugais ne se trouvèrent pas placés devant des civili sations hautement développée.s comme au Mexique, au Guatemala ou au Pérou. Les habitants de cette vaste région de l'Amazonie vivaient toujours comme à l'ère du paléolithique supérieur, époque à laquelle leurs ancêtres envahirent le continent américain. Ils vivaient encore de cette manière il Y a seulement quelques dizaines d'années. Aujourd'hui, quelques groupes isolés seulement tentent de le faire, tout en reculant sans cesse devant le génocide et l'ethnocide perpétrés à leur encontre . A travers les millénaires, les peuples indigènes de l'Amazonie avaient développé une culture communautaire et une économie auto-suffisante . Depuis des temps immémoriaux, les Indiens ont entretenu des relations privilégiées avec la terre où ils habitent et ont construit une culture en parfaite hannonie avec leur environnement naturel. 1 La pêche, la chasse et la danse Les 27 000 Indiens qui ne sont pas encore en contact avec la civilisation industrielle vivent au coeur de la forêt amazonienne. Nus le plus souvent, ils sont trapus, puissants. Ils ont la peau cuivrée et les cheveux noirs épais coupés "en bol", juste au-dessus des yeux. Mais certains gardent les cheveux longs, tombant sur les épaules, et d'autres sont rasés sur la partie médiane de la tête. Les Indiens se parent souvent de motifs tracés à la peinture sur le vi sage ou sur le corps. Certain s, comme ceux du Xingu, portent de magnifiques coiffures de plumes aux couleurs vives. D'autres arborent des ornements de nez ou sur la lèvre inférieure, semblables à ceux de certains peuples africains. L es I.ndiens sont ~ssentiellement chasseurs, pêc~eu,rs. et cueilleurs. L'agnculture est rare. Ils chassent a 1 aide d'arcs immenses dont ils se servent également pour la pêche avec une adresse miraculeuse, debouts sur leurs pirogues fabriquées en écorce ou taillées dans un tronc d'arbre . Les populations amazoniennes possèdent encore une arme très caractéristique: la sarbacane, sorte de roseau de 3 à 4 mètres de long par lequel, à la force du souffle, ils lancent du monde, 27 000 Indiens tentent de leur peuple qui compta de personnes. ~ERS rbacanes des fl échettes pouvant tuer des oiseaux ou de petits mammif~res. La pêche qui procure la nourriture, la pirogue qui est leur seul moyen de tran sport, font que les villages indiens sont le plus souvent établis non loin de l'eau: rivière, lac ou lagune, mais jamais construits au bord même de l'eau, cette fois pour des raisons de sécurité . Un sentier discret , que la luxuriance de la végétation contribue à camoufler efficacement, conduit de la rivière au village et aboutit en face de la maison du chef. En général , les huttes qui constituent le village sont disposées en un vaste cercle, sur un seul rang, délimitant une grande place au centre de laquelle se trouve une hutte, longue de 20 mètres environ et large de 8 mètres, beaucoup plus grande que les autres. C' est le "baitemannageo" , maison des hommes où la population masculine passe la journée quand elle n 'est pas occupée à la chasse, à la pêche ou à quelque cérémonie publique sur le terrain de danse, un emplacement ovale délimité par des pieux sur le flanc ouest de la maison des hommes. Ce bâtiment est rigoureusement interdit aux femmes; celles-ci possèdent les maisons périphériques, et leurs maris font, plusieurs fois par jour , l'aller et retour entre leur "club" et le domicile conjugal. Un diamètre partage la population du village en deux groupes: celui des "forts" et celui des "faibles" (sans qu'il soit question de la domination de l'un sur l'autre). Un homme appartient toujours à la moitié de sa mère et il ne peut épouser qu'un membre de l'autre moitié. Chaque groupe est divisé en clans ou groupes de familles qui se considèrent parents par les femmes à partir d'un ancêtre commun, ancêtre mythique, créateur de généalogies complexes. Chaque clan possède des emblèmes particuliers, orne ses armes des plumes de certains oiseaux, célèbre des fêtes particulières . 2 Une singulière démocratie familiale Les huttes indiennes sont très grandes et peuvent abriter plusieurs familles. De forme elliptique, elles sont recouvertes d'herbes" sapé" . Le toit est très haut (10 à 15 mètres) et descend jusqu'au so l. Les portes sont étroites. La maison est ainsi protégée des moustiques, du soleil et de la chaleur. L'espace central est un lieu de discussion dans la matinée, de cuisine le soir. Le couloir aux hamacs réserve à chaque famille son "appartement", son intimité. La fraîcheur et la pénombre contribuent au bien-être et à la discrétion des ménages les uns par rapport aux autres. Le sol de terre est facile à nett oyer. On y plante le métier à tisser. Aucune pro- DrFFÉRENCES MAI 81 37 1 1 Connaître miscuité à l'intérieur de la maison indienne. Chaque famille peut choisir ceux qui l'entourent: les voisins sont toujours des alliés et non des parents. , 'J our après jour, la vie indienne se déroule suivant le même rythme paisible. Tandis que les hommes se livrent à la chasse, et surtout à la pêche, ou travaillent soit à la construction, soit à la réparation des huttes, ou prennent part aux assemblées qui décident des intérêts communs, ou encore entretiennent leur forme physique par des jeux sportifs comme le tir à l'arc et ces parties de lutte que l'on appelle "huca-huca", les femmes, comme dans toutes les sociétés primitives, ont la charge des travaux domestiques et des travaux de culture: soins aux enfants, préparation des repas, pressage du manioc, préparation des galettes, coupe du bois nécessaire pour l'entretien des feux, et, quant à la culture, manioc, cannes à sucre, bananiers, riz, fèves, papayers, ananas ... Au bout de cette journée bien remplie, c'est immanquablement le grand délassement au bain commun dans la rivière toute proche où enfants et adultes s'ébattent joyeusement et à grands cris, se débarrassant au fil de l'eau de la fatigue et de la chaleur de la journée." (1) Le tissage est évidemment très peu répandu parmi les Indiens d'Amazonie. On pratique le tressage, avec des fibres ou des écorces, pour fabriquer certains ustensiles comme les sacs à presser le manioc, les hamacs ou certains ornements et bandeaux. Le mobilier est pratiquement inexistant. La poterie est surtout pratiquée pour la confection d'objets utilitaires, pots et vases de toutes dimensions ornés de dessins. Quel contraste avec la vie des Indiens "pacifiés" et regroupés par les soins des missionnaires ou des compagnies pétrolières ! Ces regroupements, en détruisant le tissu social et les moeurs du groupe indien, se traduisent aussi par la destruction physique du groupe. Par exemple, les Nambiquaras, qui étaient 10 000 en 1950, ne sont plus aujourd'hui que 50 après les transplantations effectuées par la construction de la route 364 qui relie Culaba à Porte-Velho. De ce point de vue, on estime que la Transamazonienne s'est soldée par la disparition de 30 peuples indiens. Quel contraste encore plus consternant avec la vie des Indiens "assimilés" qui peuplent les bidonvilles à la périphérie des grandes villes brésiliennes ou qu'on voit mendier le long des grandes routes. Dans la forêt, ils vivaient en communauté, sans chefs autoritaires, sans hiérarchie et dans l'égalité sociale, sans compétition entre les hommes, sans répression. L"'assimilation", pour eux, c'est la clochardisation. La civilisation industrielle leur a offert ses maladies, ses vices, son alcoolisme, sa prostitution, son modèle de servage et parfois d'esclavage, la brutalité de ses aventuriers en quête de richesses nouvelles. 3 Trois millions moins deux ntillions neuf cent mille On a pu mesurer l'ampleur du génocide qui a fait tomber la population indienne de l'Amazonie de 3 millions d'individus en 1500 à 100 000 actuellement. Quelles raisons ont amené la disparition si rapide des Indiens du Brésil? Les conquérants se livrèrent dès leur arrivée sur le continent américain à une véritable guerre d'extermination des indigènes, mais les maladies apportées par les Blancs ont fait davantage pour l'extermination des autochtones que les balles des fusils ou que les conditions inhumaines de l'esclavage auquel on les réduisait. On peut dire que les trois-quarts des décès furent provoqués par les maladies. Ces maladies, le plus souvent bénignes pour les Blancs, sont foudroyantes pour une tribu d'Indiens parce qu'elle ne possède aucune immunité biologique contre les microbes ou virus d'origine européenne, ayant vécu en circuit fermé depuis le paléolithique. La variole, le "matlazahualt" (une sorte de typhus), la fièvre jaune, mais aussi la pneumonie, les oreillons, la grippe et même le simple rhume dépeuplèrent tout un continent. .. Toutes maladies importées par les Européens. L'Indien les ignorait. Elles continuent de décimer aujourd'hui avec une force et une rapidité qui surprennent. L aguerre d'extermination s'est prolongée jusqu'à nos jours puisque 800 000 Indiens ont été "liquidés physiquement" depuis 1900. Depuis cette date, 90 tribus ont totalement disparu(2). En 1975, on comptait 143 groupes tribaux au Brésil. La plupart vivent dans la région amazonienne du Mato Grosso au Maranhao : 94 groupes tribaux, soit 50 000 individus. Dans le Centre-Ouest vivent environ 20 000 Indiens groupés en 35 formations tribales. Les Etats où ils sont les plus nombreux sont l'Amazonie (33 groupes tribaux, soit 20 000 individus), le Mato Grosso (29 groupes) et le Para (22 groupes). Leur importance est variable, allant de 250 à 5 000 individus. 33 groupes vivent "isolés" (27 070 de la population indienne), loin de la société brésilienne, et générale- AMAZONIE: le poumon de la planète est mal en point Le bassin du fleuve Amazone couvre près de 60 % de la superficie du territoire brésilien, avec plus de cinq millions de km' (Brésil: 110 millions d'habitants; superficie: 8511 000 km'). Cette immense région est couverte en majeure partie par la forêt vierge, exubérante et impénétrable, parcourne par l'Amazol/e et ses nombreux affluents. L'Amazonie couvre en partie la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, la Guyane, le Surinam et le Vénézuéla où vivent également des Indiens avec un mode de vie semblable à celui de ceux du Brésil. Un recensement complet des richesses énormes de l'Amazonie reste encore à faire, mais les firmes multinationales, surtout celles des Etats-Unis, mais aussi d'Italie (Fiat), du Japon (Komatsu) ou d'Allemagne (Volkswagen) ont déjà 38 .. .' • Il '. 1 , Les villages sonl proches des voies d'eau où l'on Irou;e le poisson el sur le', Quelles on se deplace en pirogue. S commencé à s'y intéresser et l'on assiste à la destruction de la. p'lu~ .gra.n.de ré~erve biologique du monde qui met en penl 1 eqUillb~e e~ologique de toute notre planète. Par exemple, le debolsement massif de l'Amazonie pourrait avoir des conséquences incalculables sur le climat du monde car la t~neur en dioxyde de carbone risque d'augmenter, ce qUi entraînerait un échauffement du climat dont les effets sur I~s ca(otes glacières seraient catastrophiques. Or, I~s. multl,natlonales avaient, dès 1976, détruit 2 % (6,6 mtlllOns d hectares) des matières premières végétales de l'Amazonie. Au .début de l'année dernière, le plus gr?s en~repreneur de bOIS du Brésil, Rainai Grecco, pouVait, estimer qu'au rythme actuel de l'exploitation de la foret, l'Amazonie n'en avait plus que pour 50 ans au maximum. 39 DIFFÉRENCES MAI 81 0 , HA I{Il [ Y/ MAGNl M ~ent hostiles . envers les "civilisés" . 45 groupes vivent en contact quasI-permanent" avec la civilisation brésilienne et ~8 autr.es sont répu~és "intégrés", c'est-à-dire qu'on a réussi a en fmre des travailleurs subalternes en concurrence avec le sous-prolétariat non-indien. 4 Pacification européenne contre paix indienne Ch~que avance de la "civilisation industrielle" a repoussé les I~dl~ns ve~s des zones de plus en plus inhospitalières. Il en est ?,1I1S1 d~?uls la seconde ,moitié du XIXe siècle où éciata le .boom du caoutchouc 1I1dustriel. En 1910, on créa le "Sèr~ Ice de P:~t~ction des Indiens" (SPI), institution officielle de 1 .Etat bresllien dont la ?irection fut confiée au général Candldo Ron~on. La fonction du SPI était, en principe, d'assister. les Indiens dans ~'exercice de leurs "droits" et de promouv~ lr pour eux de meilleures conditions de vie. Mais cela devait s .effectuer sou~ent par la transplantation des tribus dans des v.illa~es constn.utsy.ar les Bla~cs .. L'idéal, c'était la "pacification , mot qUI deslgne en fait diverses initiatives, progressiv. eme.nt sub~rdonnées aux appétits d'expansion de la civilisation mdustflelle. A près bien des hauts et ~e~ bas, c'est le scandale fracassant. ~n 1968, le general Albuquerque Lima est , contramt ~ar l'opinion internationale d'ordonner une enquete sur les agissements du SPI. Les autorités reconnaissent que les fonctionnaires du SPI se laissaient facilement soudoyer par les "colons", les aventuriers et les fonctionnaires du gouve:ne~~nt cor~?mpus et procédaient eux-mêmes à I~ v~nte, ?es 1I1dlgenes qu ils maltraitaient jusqu'à la torture a1l1S1 qu a la vente des terres indiennes, et qu'ils fermaient le~ yeux sur les méthodes les plus atroces auxquelles avaient

ecour.s le~ acquéreurs, quand ils n'y aidaient p~ : massacres

a la mltra~lleuse, destruction de villages et de leurs habitants à la. d~na.mlte, empoisonnement à l'arsenic et aux pesticides. AI~~I dlspan,l;ent des tribus entières comme les "Cintas Largas ou les T~paluna" sur lesquelles l'armée expérimenta ~e n,?u~ell.es methodes de mitraillage, et périrent bien des Parm~~nt~ns"" accusés d'avoir tué un militaire, les" Bocas ~e~r~s , declares rebel~es, les "~acas Novos" que l'on "paciha a coups de Sucrefles empOisonnées. La FUNAI (Fondation Nationale de l'Indien) succéda au HL 'Amazonie, estimait en octobre 1980 M. Nefto secréta, ire brésilien à l'Environnement, constitue la plus 'grande bIOmasse du monde, mais on sait très peu l'utiliser rationne~/ emen' s..a~s la détruire. Jusqu'à présent, on déboise, on fait de~ bruits et on plante. Après quelque temps, l'équilibre tres fragtle des sols est détruit et la terre n'a plus aucune valeur. " On a e~ ~utre r~pandu des herbicides ou des défoliants sur ~:O nu litons d,~ecta~e~. Parmi ces produits, le fameux agent ora/~ge utt/lse par les Américains pendant la guerre d,;,. V/~tnam: dont on connaît les effets sur les soldats amertca~ns q.ul l'ont manipulé (cancers, enfants anormaux, ha~dlcapes ou mort-nés) et dont les Indiens risquent mOlntenant d'être les victimes. • 1 1 1 1 Connaître SPI. Contrôlée par le mInlstere de l'Intérieur, et malgré la bonne volonté de certains de ses membres, elle est impuissante à remplir sa mission . Bien plus, elle se voit reprocher de subordonner les besoins du peuple indien aux buts de l'expansion nationale et du "développement capitaliste". La collusion de la FUNAI avec des compagnies privées a été très souvent dénoncée par des voix dignes de foi. De plus, le budget de la FUNAI est insuffisant pour rendre aux Indiens les services nécessaires. Mieux, dans certaines régions, la FUNAI n'a même pas établi de programmes pour venir en aide aux Indiens dans le besoin. 5 Les Indiens n'existent pas La FUNAI et la jurisprudence indienne du Brésil visent surtout à promouvoir "l'intégration des Indiens dans la communauté nationale". C'est le but du "Statut de l'Indien" qui réunit les mesures légales actuelles les concernant. Le chapitre II du Statut indique que, tant qu'un Indien n'est pas assimilé, il est sous la tutelle de l'Etat et ne peut être protégé par la constitution brésilienne. Mais un Indien as similé n'est plus un Indien puisqu'il a renoncé à sa culture .. . L'Indien n'a donc aucune existence légale dans son altérité et dans sa spécificité et il ne peut accomplir d'actes juridiques valables sans l'assistance de l'agence tutélaire compétente. Certains experts estiment que le système de tutelle prive les Indiens des droits humains fondamentaux et les place dans une situation semblable à un esclavage légalisé. L e Statut de l'Indien nie aux indigènes la possibilité d'un choix propre concernant leur avenir. L'article 60 du Statut parle de "développement psychique" plutôt que de développement culturel et considère l'Indien comme un homme qui n'est pas encore développé, c'est-à-dire comme un enfant! Le Statut de l'Indien ne lui reconnaît pas la propriété de la terre (qui reste un bien de l'Etat fédéral). Les articles 34, 35 et 36 du titre 3 permettent la déportation de populations indigènes entières sur simple décret du président de la République pour différents motifs dont la "sécurité nationale" et le "développement de la région dans l'intérêt national le plus élevé" . 6 D'immenses richesses convoitées Le bass in de l'Amazonie représente près de 60 070 du territoire brésilien, couvert en majeure partie par une intense forêt L~s ~randes routes out cr~é dl's besoins nouveaux mais SOLlVl'nt au détriment dl' la ch'ilisation indi~nn(' . vierge, véritable poumon de notre planète. Un arbre sur quatre pousse en Amazonie et le déboisement intensif actuel de cette région met en cause l'équilibre écologique de toute la planète! L'exploitation du caoutchouc naturel y avait introduit quelque activité commerciale il y a une centaine d'années, mais la région était vite retombée dans sa torpeur. En 1967, de nouvelles lois furent édictées par la dictature militaire alors en place et la région fut livrée aux grandes compagnies privées. Qu'on se rende compte! Le bassin de l'Amazonie recèle les plus grandes réserves mondiales de bois, bien sûr, mais aussi de sel gemme et la plus grande part des ressources du pays en fer, en étain, manganèse, nickel, cobalt, tungstène, cuivre, bauxite, chrôme , phosphates, potassium ... On y trouve aussi de l'or, des diamants .. . et du pétrole. La région est favorable au développement de centrales hydro-électriques. On comprend les raisons de la construction des grandes routes transamazoniennes, Il s'y ajoute le bes~in p.our les militaires du Brésil d'aller palper ses lomtames frontières avec ses voisins de l'Ouest. Ce système routier comporte, outre la Transamazonienne proprement dite, longue de 5 000 kilomètres, la Périmétrale-Nord (2 586 km), la Santarem-Cuiaba Highway et la Porto Velho Road. L'Amazonie est livrée aux grandes compagnies multinationales, principalement celles des Etats-Unis, et les Indiens sont les spectateurs impuissants de leur propre destruction, même si certains d'entre eux parfois se rebellent, comme l'ont montré récemment les deux batailles d'août 1980 dans le nord du Parc National du Xingu et sur le territoire de Kayapos, où des Blancs furent tués par les Indiens excédés par les vols de territoire et les meurtres perpétrés par les "colons". La construction des grandes routes amazoniennes devait apporter dans ces régions lointaines le progrès économique et social. En plus des ma ladies européennes, elle apporta surtout un afflux d'émigra nts faméliques et de trafiquants sans scrupules, nouvelles causes du refoulement des "sauvages" au coeur des forêt s et prétextes à de nouvelles ventes de terres indiennes. On l'a déjà vu, la transplantation des Indiens, légalement autorisée par le " Statut de l'Indien", sous prétexte dintérêt national", est génocidaire. Orlando Villas Boas qui, avec son frère Claudio, a obtenu la création du . .................... :-:.:.:-:-:-:-:.:-: ........ ' ......... .: .... . " .. ':-:' :':-:-::-»:-: -:':'»: LiVRES ....... . .... .......................... . ................ . Histoire de l'Amérique Latine par Pierre Chanu - Collection "Que sais-je ?". N° 361 PUF. L'Amérique Latine - Le livre de poche n ° 4465. Collection EDA1A - Pour connaÎtre l'essentiel de l'Amérique dite "latine". L'A venir des Indiens au Brésil par François Lepargneur -CERF Ed. Collection "Terres de feu" - Un livre indispensable et complet sur une question qui s'adresse à tous les hommes. Une Paix blanche par Robert Jaulin - Collection 10-18, 2 volumes. N° 904 et n° 905 - Le cri de révolte d'un ethnolo- 40 gue témoin de la manière dont la civilisation occidentale détruit les sociétés qu'elle appelle "sauvages" et qui ont le malheur de se trouver sur la trajectoire de son expansion. Tristes tTopiques par Claude Lévi-Strauss - PLON Ed. Collection "Terre humaine" - Sans renoncer aux détails pittoresques de son existence parmi les sociétés indigènes du Brésil central, l'auteur aborde une perspective plus vaste: rapports entre l'Ancien et le Nouveau Monde; place de l'homme dans la nature; sens de la civilisation et du progrès. Aimables sauvages par Francis Husley - Collection "Terre humaine ' '. Plon éd . - Chronique des Indiens Urubus de la forêt amazonienne dans leur intimité quotidienne. mH'ÉRENCES MAI 81 Parc National du Xingu, assure que la no uvelle route n'a rien apporté à la région, sinon l'eau-de-vie, la prostitution, les aventures et le saccage de la nature(3) . N'aurait-on pas pu au moins éviter que les routes nouvelles coupent les Parcs Nationaux ? Or, la route BR-80 coupe le Parc du Xingu dans sa partie Nord, avec son cortège d'implantations qui détruisent les dernières tribus. Mais la pire chose apportée par les routes transamazoniennes, c'est l'entreprise d"'assimilation" des populations indigènes. Je ne saurais trop conseiller de voir l'admirable film d'Yves Billion, tourné "sur le vif" : "La guerre de pacification en Amazonie" qui montre comment on peut faire disparaître tout un peuple en détruisant son identité nationale et sa cùiture ancestrale. Yves Billion a suivi pendant deux ans une équipe chargée de "pacifier" les régions peuplées d'Indiens. Les "Paci fications" sont des expéditions engagées pour d es raisons stra tégiques ou économiques, justifiées par les richesses potentielles du sous-sol. La stratégie consiste à disposer des cadeaux à travers la forêt. La tribu accepte les cadeaux, accepte le contact. L'équipe des "pacificateurs" fixe peu à peu les indigènes autour des points d'attraction. Ils seront ensuite parqués dans des réserves avant d'être "assimilés" par une civilisation où ils grossiront les rangs des ouvriers occasionnels, des prostituées, des chômeurs, dans les bidonvilles qui bordent les grandes villes. Le principe est simple: on crée à l'Indien des besoins nouveaux qu'il n'a pas les moyens de satisfaire. Il utilise le fusil qu'on lui a donné, sans penser qu'il lui faudra bientôt des cartouches . Il mange la farine sans plus semer ses cultures. Il utilise le fer et le plastique qui le rendent dépendant du Blanc . 7 Les Indiens s'organisent Actuellement, la direction de la FUNAl présente un projet de "politique de régionalisation" qui est très vivement combattu, notamment par l'Eglise pour qui la situation des peuples indiens est devenue une préoccupation majeure. "Cette régionalisation signifie, en pratique, la remise entre les mains des gouverneurs de la politique indigène. Ceux-ci, quand ils ne sont pas eux-mêmes "latit'undiaires"(4) ont avec eux des attaches politiques et sont les défenseurs n otoires de la grande propriété. Ils sont, en somme, les plus grands ennemis des nat ions indigènes." D e~a~t ~ette si~uation , les, peu p~es indigènes ont commence a s organIser avrc 1 appuI de l'Eglise. Les Indiens organisent des a S~ èmbiée s pour dis uter de leurs problèmes. Une prise de conscience se développe rapidement. La lutte s'organise pour la reconnaissance de leurs droits, pour leur auto-détermination sur des territoires inaliénables préserVant les valeurs ethniques, culturelles et traditionnelles des tribus. Plusieurs leaders indiens et des rel igieux ont été assassinés. Mais leur combativité n'en a pas diminué pour autant. Robert PAC (1) Léopold de Belgique, " La fête indienne" "Bibliothèque des Guides Bleus" , Librairie Hachelle. . , (2) DécIara tion de la ConJérence épiscopale brésilienne ctablie par le CMl (Conseil Mlsslo nnalre aux Indigèn es qui combat la politique indiaénisle actuelle du gouvernement brésiiien) à l'occasion de la visite du Pape au" Brésil en 1980. (3) "Jornal do Brasil" (Rio de Janeiro) 16 novembre 1973. (4) Gros propriétaires fonciers . 41 J'ai lu le document passionnant réalisé par la commission Amériques du MRAP. Il s'agit d'un dossier accaillant sur des alleintes aux Droits de l'Homme, totalement ignorées du grand public. Agréablement présenté, accompagné de nombreuses notes qui le rendent Irréfutable, ce cahier "Droit et Liberté" est un instrument indispensable pour tous ceux qu'Intéressent les Etats-Unis et la question des relations entre des hommes de races différentes. Jean-Louis SAGOT-DUVAUROUX


80n à renvoyer à----___ _

DROIT ET LIBERTÉ, 89, rue Oberkampf 7011 PARIS Je désire recevoir votre dossier au prix de 42 F (franco de port) Nom Prénom . Adresse Code Ville Culture DIFFÉREN CES MAI 81 Le film "Elephant Man" qui sort actuell~ent sur les é~rans avec un franc succès a mis à ': ordre ~u !Our la ques tton des "monstres". Différences ultimes qUI vivent de se montrer pour ne pas vivre en se cachant. l ' . ' '.O' ",",s:"~\~'b~O~I1\~e-~è\~as~ti~q~ue:.'~' ::::::::..::;:::;:..::..::::.::::...::.-...:-------------------:---~::..------------------------------.-:.------- 1 i·:t~"S·,I·. " "MPoar 'NS~~ ~1S LAVILLV !:~~:~!Xif,~7Charles::~:,"'s;~Il~pac- l ~ IP on nomma" 1\ bâlit un I~ cIeux des m Maison du palaIss ,q ulee I se ' D",,·~· .. tt p •• ' .n"" 1" ,."'." aux histnden~n;t"s désicabl~:gns Ptélie a mame le s ' nn sait que h atta,hés à , , Gtâce P atis, Pigalle la _ Enteez! E n" n sO! pat le f d pom quel ~"ta~d, dans une nomène; ét ~ aque nuit une dsouvecain le long d' fete focaine s" , tenus à faib ntm! L" , 1" ,?np d'oeil su on ' ,n jetant un d habite une q é S , dIZaines d btassede, qu'il s'ata~ amené à Hsua e ces phé: géant f u boulevatd Ob~'" due de ' le d"tance pat pectatems, Charlesi~~ietde grand~ ~aeltlxagé" où teôe~t socdide h - m .. "ablecha ~ fcancs, Il SeUlS dese da. particulière n Ts~ng tmis jamb' emme teon, h' ese, aggl" ptquet en piqu tune 'otde ten " muble' templis d' que la et nui~td de la BaS(iJl~ te dans un lune aimanteS felsgraciées donmtel~t a plu- Oui, ils so:t S ". nfin, Ente;'! n~mes à ils' ~~n;s et :ilendeu:, 'A sont ~n wcle: ~~e~:;"u~ ,hat à ef: q ~:e un enfa~ mulS sale' 'mmense nmbt et ,n'en sott ,CUts nuits d'a mme à deux tét une était t ~,es ah missant." es ,mnnstt" ! R~ tm! n'est -,e ace a face avec les ~~ot pensent-l'ait li btOe", catatinés et jau' :t un coupl, li" aux Charles Charles'épis de ,: ;,~è'he les a l' em peteUt u mnut une bou,h es, D~t?n t l ,mptession d' s qm ,havitent d ncon- dté du pas les deux pied d monste,,", P' ' nattes, Enr pOUt cel' ,es tempr x quat- la monde ,ne folle passi «eM,ait N, sont-ils pas~; mnnde du "~an~ne,~t la folie,;o~nt et la téte d~n:tS la sécu- de l~'" Foite du T,ô n unique t~ qm sait que l~es eXIstences preuve tang'bl que. de n . est-il pas 1 e rISque et b Immense 1 ne, dans u ni ami gr de teésocs amout tete lui jm ,on, alocs que A aume. Il survl't nUI\ est son l'ap II' un amou aIt un éte 1 ,on fitme ont des, om bt" ? ~ e q ~eks di pl otee dualité ? N' a?, atétialisation oi s ptés en, os, une b n coit tai nc d' oe a'fe à un pain et ,sans telation 120 pe, e, "Monstte" t m onst te' ?ncestcal~s e:~stalise, t~e enfle noe;te v",on tee o.':'"~tqu,nte le ~:~l tas l'accotd ~o~r'anvcrsa~t:n~'~otnptoans mh~~ii~;o~ JOUt com u s dms qu'il a une soixan- t~ftan,hissabl Vte~t bcau~t~,~ns d'individ~tde hU~'Ia~ité d~ se heut" namt" nou;' e qui existe e ,yll et le mis- se l ,t étudition m: ~,s olives, ~~ale ,haque demi se physiques d' e deviés cétéfe" nec et de e q~ humaine, la dete,dsto ltea trieofnu d:de au mm in'lO.... Le ptésentat en ,hacun de pince à la feU ement, on peut'" Pou' gare, il" p,ctaliste de 1 uné gtande " ca,hent dont 1 milli ~,la dif- leSqu~:bles vidssitudes ~ml taconte les souliers de 1~,~e-hOmatd et esse"" l, ou deux touNms dans a poesie bul- ce :,~nastnre". ! D:~~ :~eseu.le Fran~. Image Pour f' et ~ventu"s de 1 u es-,ocambo- monde'" omme le pl saycc le L'cm teeuetl; de poé ses poches un set( d gOlssant prIt du pub)" f adaisetso u, tl d :' b't te les pcmlu 'V te pa"'c e,]' Ce ge' an, t-là c'est us gtand d, fat't gué pdeer dem' ,h'm m,s mHess, ' 't mp,néet ecaobulevs ' pte;que ", ert . ure à tous lemythique, q uan t a l' ",igi ne d: l~nnOyables an, il s' exhi be ' 1 un pigiste ! Une f ' femmes de ]':f'0S~t des pl us u:~d Tsang, nature, ,mcomptéh' s des sei ns m anoma- ,,,te de l'ann _ ~ a fameuse f' m ennuque, ch m~lre, ordonna' msantes enStbles de la A du'cenot urers des sl.e, cles, des " h ' eux de . . mIllIons eros ,mI-dIe ont été ad ,ou phénomè UX, rois teurs de ules. Triomph nes de foire' tés quotidi ee, etcanglé pat 1 ot~e, ennes, II chant es necessLi l"auixd ' d e rassaetmgeb ledre 1s e s plaisiar s; oanm ,hoe f e une fois pa du peasy, sl.e sE pt l us d ifformcse sfe emt mc es 1e s pluuspour les hab' ontrefaites Ituer et les pré- 42 43 taI.n S ont mult"I P,1 e s chefs-ad'n t,sIn' spira-' facultés d representé le oeuvre, cerd'autres 1 e l'esprit. AS cflus hautes , eurs frères, les m A emese s dme,silhIeio' nn.sCulture tés, craints et maudits, on a prêté une intense méchanceté et des vices violents. Mais tous, qu'ils fussent repoussants ou d'une beauté presque magique, devinrent à un titre ou à un autre, les balises de certains chemins spirituels, matérialisant les malédictions et les vieilles superstitions encore en vigueur. Devant le monstre, la fameuse phrase de Georges Canguilhem revient en mémoire, non comme un phantasme, mais comme une réalité. "Non seulement j'aurai pu naître monstrueux, non seulement je le suis peut-être de manière cachée, organes déplacés, manquant de symétrie, non seulement je peux le devenir, mais alors même que je fais l'amour, que la jouissance s'estompe en moi, à l'horizon de l'acte sexuel, un monstre potentiel se profile. Chacune de mes tentatives pour transmettre la vie constitue un risque de la fausser." A l'heure actuelle, existe autour des monstres, une véritable conspiration du silence, imposée par une société qui veut gommer jusqu'à leur silhouette en en faisant de véritables emmurés vivants. Aussi notre attention s'est détournée de ces frères humains, désormais perdus de vue, endormis dans leur lit de douleur et cachés dans leur marginalité . Leur exode vers les ténèbres nous oblige bien souvent à les considérer comme en dehors de l' harmonie des choses et des êtres. "Quelle place, un géant, un nain, un unijambiste, un cyclope par exemple, peuvent-ils espérer dans notre société grégaire, crétinisée, ennemie de toutes les exceptions, prête à punir les erreurs de la nature, toujours prête à rire, à condamner, à exterminer 'l" demandait Jean Boulet. Aucune place, si ce n'est ce petit strapontin, qui par tradition depuis des siècles, est le spectacle. Depuis la première guerre mondiale, les législations de nombreux pays, considérant qu'il est immoral de montrer des anomalies humaines, en interdisent les représentations. L'URSS et l'ensemble des Républiques Socialistes, notamment. Dans de nombreux pays du Tiers Monde, tel le Brésil, le Maroc, et dans un certain nombre d'Etats africains où les établissements spécialisés sont inexistants ou en nombre insuffisant, la monstruosité est entièrement assujettie à la mendicité. Pour cela même, il n'est pas rare que l'on fabrique des monstres, en appliquant des contraintes mécaniques sur certaines parties du corps de très jeunes enfants. Mais, c'est dans les pays occidentaux - qui tout en les prenant à charge, les écartent systématiquement de la vie sociale - que l'on trouve encore de nombreux phénomènes dans "les A ta Foire du Trilne : le deslin des "phénomènes" se situe-I-il enlre l'asile spécialisé el le~ chapiteaux .? baraques de monstres", survivances des siècles passés. En Europe, seules les exhibitions vivantes de monstruosités humaines graves sont interdites. Pour les autres catégories aucun problème. Les exhibitions de culs-de-jatte, hommes-troncs, de géants, d'obèses, de nains, de femmes à barbe, ne sont régies par aucune loi ni décret, en fonction du droit qu'a chaque individu de disposer de lui-même. Ces spectacles existent dans tous les pays d'Europe sans exception, même en Angleterre, bien qu'il y ait quelques années, un homme se soit fait arrêter pour avoir montré en public un veau à deux têtes. A Hasloche, près de Preyer, en Allemagne, subsiste aujourd'hui un village miniature où des nains, à la façon des Indiens d' Amériques, vivent en "réserve" et ne subsistent que grâce à la curiosité touristique. Quelquefois, l'exhibition qui ne veut pas avouer son nom, se dissimule derrière l'argument d'un spectacle constitué. Ainsi, en Italie, en France, en Angleterre, ent re 1950 et 1965, on vit des troupes de lilliputiens et de nains achondro- 44 plasiques s'affronter dans des combats de catch. Ces spectacles sont aujourd'hui remplacés par des parodies de corridas, comme l'on peut en voir en Espagne, où ces mêmes nains burlesques et agiles, se mesurent en des combats fictifs à des vachettes aux cornes emboulées. A l'heure actuelle, seule l'Amérique continue à "honorer" ses monstres en tant que tel, et à donner une certaine envergure à ces démonstrations, où sont présentées, contrairemcnt à l'Europe, des monstruosités extrêmement graves. Il est vrai qu'outre-atlantique aussi, le show des monstres n'est plus ce qu'il était à la fin du siècle dernier et du début du vingtième où pas une ville de plus de dix mille habitants n'aurait omis d'ouvrir un "dyme" (ainsi nommé en raison du prix du ticket d'entrée), rassemblant le plus de bizarreries humaines ou animales possibles. Mais il reste tout de même aux Etats-Unis, les quatre derniers "show de monstres" itinérants du monde. Le Walker-Wamour-Side Show, les Shows du 2I siècle, le Ward-HallShow, et en fin, la plus importan e de ces "survivances" du passé, le Whittey- Sutlon-Side-Show, associé depuis plusieurs années à l'ex-James-Stadd'sShow. S'y montra notamment jusqu'à sa mort en 1975, le fameux Bill Durks, l'homme aux trois yeux et aux deux nez ainsi que sa femme Mildied, à peau d'éléphant. Aujourd'hui, les vedettes incon testées en sont Percilla Bejano, la femme singe, et Elmet Bejano, son époux, homme alligator qui ont tous deux cinquante ans de show business. Autre vcdette du Sutton-Side-Show Michel Walrer, le seu l homme vivan; pesant plus de quatre cent cinquante kilos. L es programmes de chacun d'eux promettent non seulement les plus "beaux" monstres actuels, mais également des rétrospectives audiovisuelles des plus fameux "freaks" disparus. Ainsi, le public fait-il connaissance avec Kobbelkoff, la plus célèbre portion d'humain qui ait jamais existé. Avec une femme à deux tètes, qui connut j'amour avec ses deux coeurs. Avec Tripps le manchot si adroit de ses deux pieds dans des exercices d'adresse, mais qui n'avait jamais pu tenir une femme dans ses bras . Avec Lionel, l'homme chien que tout New York venait entendre aboyer, lui qui parlait cinq langues. Avec des siamois qui connurent ensemble ou simultanément le bonheur d' êt re père. Et encore bien d'autres illustres figures semblables aux phénomènes imaginés par les mythologies, délivrant leurs vérités, véritable chaudron brûlant, Oli bouent leurs joies, leurs peines, leurs amours, leurs déboires et leurs conquêtes. En hiver, roulottes, chapiteaux et monstres eux-mêmes prennent leur quartier à Gibstown, en Floride, attendant la prochaine tournée. Dès les premiers jours du printemps, les caravanes se reforment et s'ébranlent dans toutes les directions, à travers l'immense territoire américain, rencontrant chaque année un prodigieux succès ! Des anciens organisateurs et responsables de "Show Freaks" d'avant-guerre, T. Negle, T. Kelly ou J. Hilton, ou d'actuels responsables de spectacles, tel Ward-Hall, affirment: "En Amérique aujourd 'hui, rien ne fascine plus les gens que les monstres. Ils y sont plus populaires que jamais. Et si il ~' avait autant de "monstres" que par le passé, ils redeviendraient u ne des grandes catégories d'attraction ". Encore dans les années 40 et 50, précisent-ils, il y avait tellement de carnavals, de cirques, de foires, de musées humains que tous les "monstres" exis- 45 tant rejoignaient d'eux-mêmes les troupes de spectacles. Leurs familles avaient honte d'eux, ils n'avaient pas d'amis, ils étaient pauvres et personne ne voulait les employer. A cette époque, très proche, le cirque paraissait, et était séduisant, non seulement aux yeux du public, mais à de nombreux "Freaks" qui se plongeaient ainsi dans un contexte où leurs difformités étaient regardées comme gage de succès et de fortune. Aujourd'hui, il est vrai que le cirque n'apparaît plus aussi fascinant et plein de promesses qu'autrefois. Par contre, il est exact que comme jadis, le monstre trouve dans les shows américains une communauté libérée de toutes normalisations et contraintes sociales. Dans cette vie avec ses semblables, non seulement il voyag~, gagne sa vie de façon très satisfaisante, mais il aborde presque toujours les joies de l'amour (les célibataires sont très rares chez les monstres). En un mot, il conquiert, par le spectacle, son ind épendance. Les gens ne se rendent pas compte, selon les spécialistes des spows-freaks, que mettre ces individus mentalement normaux dans des institutions spécialisées équivaut à en faire "des légumes". DIFFÉRENCES MAI 81 condition désespérante avait mis les jours en danger. Quand, en 1973, le North Fair Show voulut montrer son chapiteau à North Bay Village, en Floride, certaines ligues se servirent d'une loi datant de 1921, spéciale à cet Etat et qui assimilait les monstres à la pornographie, pour interdire le spectacle. Elles obtinrent gain de cause auprès des juges. Le directeur de l'entreprise de spectacle, Ward Hall, en butte à d'identiques problèmes, entama une procédure qui l'amena jusqu'à la Cour Suprême. Il était l'employeur du fameux nain Pete Therhame et de Sealo, le très célèbre homme-tronc . La plaidoirie de son avocat fut simple et se résumait à peu près à ceci : "Messieurs les juges, regardez à quoi ils étaient destinés, regardez ce que le spectacle en a fait, des hommes riches, connus, sûrs d'eux !" Après délibération, Ja cour décida par six voix contre une que chaque handicapé devait avoir toutes les chances de gagner sa vie y compris par le spectacle forain. "Eux", les monstres, qui sont la rencontre du plus scandaleux, du plus obscur, qui sont l'association des contraires, des différences, qui sont l'histoire qui concilie l'inconciliable qui sont Malheureusement, quand naît un un monde où J'entendement et la raison enfant que le cirque aurait se compromettent, "eux", les monstres, peut-être sauvé, il est aussitôt crient et hurlent: nous sommes des mis dans un de ces établissements . hommes. Notre nombre constant au Dans plusieurs Etats, des lois particu- cours des époques, notre omniprésence, lières furent promulguées dans ce sens. qui jouxte intimement l'histoire des On vit des monstres, à la suite de plain- hommes qui vivent au soleil, devrait tes, retirés des shows par les autorités de avertir que nous ne sommes pas sur la justice et placés dans des centres. Mais, planète par accident, par une inadverà plusieurs reprises, on vit aussi la jus- tance de cette nature dont les philosotice faire marche arrière et rendre à leur phes admettent qu'elle ne fait point protecteur des "monstres" dont cette d'erreur. '" A l'issue du Congrès mondial de généCl tique qui réunissait en août 1973, à Moscou, les grands noms de la discipline, le biologiste soviétique NP Dubinin, déclarait qu'il ressortait des travaux menés par ses confrères que le taux des nouveaux-nés mal formés avait doublé en 25 ans. Ce congrès de Moscou concluait que cette dégradation du patrimoine génétique faisait peser une menace sérieuse sur l'avenir de l'homme. Assiste-t-on à la progression mathématique d'une nouvelle humanité? La répulsion viscérale, inexplicable, que provoquent les monstres n'est-elle pas due au refus subconscient de ce chemin possible? Les monstres d'aujourd'hui sont-ils les éclaireurs avancés de l'humanité de demain? Martin MONESTIER {'auteur de "LES MONSTRES" Cof{eetion du Pont-Neuf Jojo, ''homme-chien, abo)'ail pour le publk. Il parlait cinq langues. Culture Le 25 mai 1871, voilà 110 ans, la Commune de Paris est écrasée dans le sang. Parmi les innovations expérimentées par le premier "gouvernement ouvrier" de l'histoire, l'élection d'immigrés aux plus hautes responsabilités de l'Etat ... remier mars 1871. Les Parisiens sont bouleversés. P Ainsi, les terribles privations du siège qui a duré tout l'hiver n'auront servi à rien. On a mangé du rat mais les Prussiens sont pourtant là, défilant dans la ville pavoisée de noir, muette. La guerre est perdue. On en veut surtout au gouvernement dit "de la Défense Nationale". Le mot de "trahison" est sur toutes les lèvres. On pense à l'Alsace-Lorraine conquises, aux premières mesures que compte prendre le gouvernement Thiers nouvellement créé et notamment à l'abolition du moratoire sur les loyers. La révolte est dans les coeurs, meurtris par le désastre national. L'insurrection éclate le 18 mars. Thiers se replie précipitamment sur Versailles, laissant à Paris les canons qu'on l'accusait de vouloir remettre aux Prussiens. Le 27 mars, un gouvernement élu, composé en grande partie d'ouvriers anonymes, prend en charge la "Révolution sociale" et la République. C'est la Commune. Dans le XIIIe arrondissement, lors des élections, un problème insolite est posé aux citoyens. Léo Frankel, un ouvrier hongrois, fait partie des élus. Pour la première fois sans doute, le peuple choisit démocratiquement un citoyen étranger pour le représenter et exercer le pouvoir . Cet ouvrier-bijoutier au front volontaire, né en 1844 dans un faubourg de Budapest, est bien connu des révolutionnaires parisiens. Il représente à Paris la section allemande de l' Association Internationale des Travailleurs, la fameuse" Internationale". La précision de sa pensée, ses exposés rigoureux et convaincants développés d'une voix lente et méticuleuse l'avaient fait remarquer par la police de Napoléon III et il avait été, en avril 1870, arrêté pour "complot et appartenance à une société secrète". Libéré en septembre de la même année, il s'était enrôlé dans la garde nationale, dont le comité central avait été porté au pouvoir par l'Insurrection. La commission chargée du contrôle des élections doit se prononcer: "Les étrangers peuvent-ils être admis à la Commune ?" La réponse est d'autant moins facile que Frankel a des attaches avec les ouvriers allemands de Paris et que le chauvinisme n'est pas absent des esprits. Le syndicat des typographes, pourtant affilié à l'Internationale, ne vientil pas de demander à tous ses membres de boycotter les patrons qui emploient des ouvriers allemands? Mais après délibération, la Commission décrète, dans une magnifique formule inscrite au Journal Officiel de la République Française/ Commune de Paris: • 'Considérant que le drapeau de la Commune est celui de la République universelle, considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent ... la Commission est d'avis que les étrangers peuvent être admis et vous propose l'admission du citoyen Friinkel. " A Londres, Karl Marx suit avec passion les événements qui bouleversent la France. Il les commente à chaud en écrivant: "Si la Commune était le représentant véritable de tous les éléments sains de la société française et, par suite le véritable gouvernement national de la France, elle était en même temps un gouvernement ouvrier et, à ce titre, en sa qualité de champion audacieux de l'émancipation du travail, internationale au plein sens du terme. Sous les yeux de l'armée prussienne qui avait annexé à l'Allemagne deux provinces françaises, la Commune annexait à la France les travailleurs du monde entier. " Elu au gouvernement de la Commune, Frankel ne reste pas inactif. Le 20 avril, après avoir exercé diverses responsabilitéo Friinkel, ouvrier hongrois, élu à la Commune de Paris. -Le citoyen Frankel est éllf 46 tés, il est choisi comme délégué au Travail à l'Industrie et à l'Echange et devient par le fait même membre de la Commissi~ n E~écutive. Là, il sera l'initiateur de quelques-unes des lOIS SOCiales les plus avancées: recensement des ateliers aband? n~és qu'il fait. transformer en ateliers coopératifs; interdictIOn du travail de nuit chez les boulangers; interdiction des a~e~d~s e.t des retenues sur les salaires, Un propagandiste ve:saIila~s ecnra de lui: "Son argument favori était que la RevolutIOn, faite par les ouvriers, devait être favorable aux ouvriers. " Mais rapidement, la Commune est menacée de mort. Un,mo.is après l'élection de Frankel à la Commission Executive commence la "semaine sanglante" et la reconquête, rue à rue, de Paris par Versailles. Frankel se bat sur les barricades. Le 25 mai, il est blessé rue du FaubourgSaint- Antoine. Une belle jeune femme de 22 ans, vêtue de noir avec élégance malgré le combat qui fait rage, s'approche de lui pour le soigner. Elle s'appelle Tomanovaskaïa, mais les ouvriers parisiens la connaissent mieux sous le nom d'Elisabeth Dimitrieff. Russe de nationalité, fille naturelle d'un officier du Tsar, elle se dépense sans compter, avec un charme et un dévouement que lui reconnaîtront ses ennemis eux-mêmes et participe activement à l'organisation de l'Union des Femmes pour la Défense de Paris et le Soin aux Blessés. Heureu- Jaroslaw Dombrowsk)'. le meilleur général de la Commune, était Polonais. sement, la blessure de Frankel n'est pas grave. Le 27 mai, Paris est pris. 20 000 Communards seront fusillés. Des milliers envoyés en déportation. En tout, on compte que 100 000 ouvriers parisiens manquent à l'appel quand la vie reprend dans la ville mutilée, On crut Frankel mort mais en fait, il a réussi à s'échapper et participe activement, en septembre 1871, au congrés de l'Internationale. En 1896, il meurt à Paris d'une pneumonie. Dans la ville dont il a acquis la citoyenneté DIFFÉRENCES MAI 81 par le sang et où l'am.nistie lui a permis de revenir, il est porté en terre dans un corbillard de "septième classe". Il avait conclu s?n. testament par ces mots: "Mon enterrement doit être a~s~1 Simple que celui des derniers crève-de-faim. La seule dlstmctlOn que je demande, c'est d'envelopper mon corps dans un drapeau rouge, le drapeau du prolétariat international pou~ l'émancipation duquel j'ai donné la meilleure part de ma l'le ~t p~ur lequel j'ai toujours été prêt à la sacrifier. " Ap~e.s la ,vI~tOlre des Versaillais, Paul Delion, un historien offiCiel, ecnt: "Dernière honte et la plus sanglante! Ces ho.mme~ (les Communards) qui renièrent le drapeau national mirent a leur tête un de ces Allemands qui montaient encore I~ garde aux portes de Paris. Un Prussien, un Berlinois eut 1 ~udace de. poser sa candidature dans la ville que ses congéneres venGlent d'affamer et, monstruosité sans nom il se trouva assez de renégats pour le nommer. Ce Pmssien', c'est Frankel : un lourd et roide Germain aux cheveux d'un blond presque.châtain, ,au nez saillant; figure épaisse, méchante; va-nu-pled chasse de son pays recueilli chez nous et qui nous paya en monnaie d'Allemand," Le Figaro du 16 mars avait prévenu les massacres en écrivant

"On demande formellement ... que tous les Polonais,

tous les Valaques de fantaisie soient passés par les armes devant le peuple rassemblé. " En e:fet, si Frankel est le plus connu des étrangers ayant joué un ~?le dans l~ Co.m.m~ne, n?~br~ux furent les ,"immigrés" de 1 epoque qUI se JOignIrent a 1 actIon de leurs freres d'atelier français. Jaroslaw Dombrowski, un Polonais, fut sans doute le meilleur général de la Commune, Il fut chargé, le 5 mai de la direction générale des opérations sur la rive droite. ' Blessé grièvement le 23 mai à la barricade de la rue Myrrha (XVIIie arrondissement), il meurt à l'hôpital Lariboisière. Lors de son enterrement, son corps sera déposé au pied de la colonne de Juillet, à la Bastille, et les Parisiens recueillis viendront dans une étrange et poignante cérémonie spontanée, lui baise~ le front. Durant la semaine sanglante, Wroblewski, un autre Polonais, organisa la résistance à la Butte-aux-Cailles et place d'Italie. P armi les étrangers arrêtés après la chute de la Commune, le contingent leylus important est fourni par les Belges (737), On possede, communiqués par la Justice mi~itaire, les états nominatifs des détenus non-Français. Les Belges en forment donc 40 ()Jo mais il y a aussi des Italiens (13,3 ()Jo), des Luxembourgeois (12,8 ()Jo), des Suisses (12,4 %). L'élément polonais et russe (il est difficile alors de distinguer les deux nationalités) est représenté par une centaine de noms (8 ()Jo). Les Anglais et les Allemands apparaissent chacun dans la proportion de 2 ()Jo . Mais il faut noter que les autorités militaires eurent le culot d'inscrire comme "Prussiens" les fédérés lorrains et alsaciens. (Plus tard le capitaine Dreyfus ne sera-t-il pas lui aussi traité' de "Prussien" en raison de ses origines alsaciennes ?). Lors du Conseil de Guerre où sont jugés les Communards, le commandant Gaveau déclare: "On voit accourir tous les aventuriers, de toutes les nationalités, aux costumes bizarres, aux allures suspectes, recrues stipendiées de toutes les révolutions, messagers sinistres de tous les bouleversements, " C'~st fi~a!e':1ent, en négatif, un bel hommage à ces immigrés qUI partlclperent au grand combat du Paris ouvrier; un bel hommage aux ouvriers parisiens qui leur reconnurent toute leur part de responsabilité, jusque dans la direction de l'Etat. Jean BRUHAT 47 Culture LIVRES L'INTERNATIONALE RACISTE - DE LA PSYCHOLOGIE A LA SCIENCE DES RACES de Michael BiIIi~ Maspero, 1981 L M. Billig, jeune professeur de psychologie en Grand.e-Bretag~e, s'emploie depuis plusIeurs annees à dénoncer , par des analyses hI storiques et critiques, la montée du racisme que figure sans voiles le nat ion alisme violent et xénophobe du Front National anglai s. La grande impo~tance de S~~l dernier ouvrage VIent de cc qu Il démonte les mécanismes de la normalisation culturelle des représentations racistes: ru ses argumentatives, travestissements d; lexique , détours par des canaux respectables. Les armes idéologiques permettant cc retour en force, d'autant plus dangereux qu'il se pare de thèmes qu'ont diffus t: certaines modes intellectuelles, sont par exemple: le droit à la différence. le retour aux racines, l'élitisme hiérarchique sous couvert de la défense des "surdoués" et de la lutte contre "l'utopie égalitaire", l'exaltation de l'agressivité et de la "compétitivité", l'idée d'une inégalité héréditaire des aptitudes intellectuelles , appliquée tant aux classes sociales qu'aux races humaines , elC. On aura reconnu quelques-uns des moti fs chcrs à la Nouvelle Droite. LE RACISME MYTHES ET SCIENCES Ed. Complexe, Bruxelles 1981 o Il s'agit d'un recueil d'études dédié à Léon Poliakov et remarquablement ordonné par M. Olender, membre de l'équipe rédactionnelle de la revue Le Genre humain (à paraître chez Fayard). Son thème central est l'incarnation de la catégorie de l'autre (Juif, monstre, amazone, femme, sauvage . .. ) en des temps historiques ct des espaces culturels spécifiques. MARX ET DARWIN de Yves Christen Albin Michel, 1981 [ L'auteur, vulgarisateur sociobiologique attitré de la Nouvelle Droite ct du Figaro-Magazme, voudrait nous faire croire qu'il n'y a point de salut hors de la dogmatique darwinienne. Le livre ne vaut guère que par sa bibliographie (328 titres !), i.llustrant à merveille le terrOrisme intellect uel et la boulimie pseudoérudite dont font parade les têtes à double fond de la Nouvelle Droite. PEUPLE JUIF OU PROBLEME JUIF? par Maxime Rodinson Petite Collection Maspéro les que "judaïté", "judaïsme laïc", "nation" ct "peuple" juif, solidarité ou non avec. u~ sionisme "colonial", antlsemltisme "éternel" ou "judéophobies multiples". BOLIVIE par A. Gumucio-Dragon Petite Planéte Ed. du Seuil C Pour faire connaissance avec l'un des peuples les plus secrets d'Amérique Latine, il n'y aVal~ rien en librairie jusqu'à présent, a part quelques ouvrages sur Che Guevara mort dans ce pays. C 'est maintenant chose faite avec ce petit joyau de livre. qui dit (presque) tout sur son hIstOIre r~cente et passée , ses plaInes balay~es, de vents, des cordillières ennelgecs, ses climats, ses cultures, son peuple en un mot. Sans oublier que ce dernier paie de son sang sa lutte contre les dictateurs que des putschs militaires lui amènent avec une régularité effarante. LA FORTERESSE Roman, par Mesa Selimovic Ed . Gallimard contre la guerre et l'oppression, sur un ton de conte philosophique oriental, où le désenchantement n'exclut pas l'espOIr. Une rare occasion de pénétrer, par un roman dépa ysant dans unc des cultures de Yougoslavie. UN JEUNE HOMME A LA RECHERCHE DE L'AMOUR Roman par Isaac B. Singer Ed. Stock n Cette "sorte d'autobiographie spirituelle", comme l'auteur définit lui-même son livre, est traduite de l'anglais et non du yiddish, on se dema.nde po~rquoi'? C'est néanmoll1s la reunion intéressante cie deux romans de souvenirs du prix Nobel yiddishophone, né à Varsovie .et citoven américain où l'on VOIl, ent(e les deux guerres, un petit jeune homme roux qui lui ressemble fort, décicler, dans la tourmente naissante, cie ne servir que deux idoles: la litlérat ure et l'amour. Avec en toile de fond un chaleureux portrait du juclalsme polonais vivant sa cult ure splendicle et originale. REVUES CINEMACTION / TUMULTE c..J M. Rodinson est cerlainement l'un des penseurs les plus intrépides qui aient tenté de c~arifier publiquement des not Ions complexes, parfois "tabou" tellA Après le splendide "Le Derviche et le Mort", "Du Monde Entier" donne ici la traduction du dernier livre du même auteur, l'un des plus grands actuellement en Yougoslavie, originair~ de Bosnie dont la capitale, Sarajevo, est le centre d'un Islam yougoslave né du temps des Ottomans. C'est justement l'occupation par ces derniers qui fait la lolle de fond de ce beau réquisitoire o Le périodique CinémAction , fondé en 1978 par Guy Hennebelle ct le mensuel Tumu/le viennent 'cl 'éditer un numéro spécial "Cinéma contre racisme". Le Isaac B. Singer 48 numéro 8 de CinémActiOf/ avail déjà été consacré aux cinémas cie l'immigration. Ce nouveau numéro se propose de "mettre en crise" ce cinéma qui, jusqu'à maintenant d'une certaine façon, expulsait le vrai débat, celui des perspectives: retour (volontaire ou forcé), assimilation ou émergence d'une France multiculturelie. Vente en kiosques ou en écrivant à la SET, 26 rue Feydeau, 75002 Paris - 30 F. CROISSANCE C A l'occasion de son 20e anniversaire, la revue Croissance de Jeunes Nations publie un numéro spécial sur le thème "Vingt ans de Tiers Monde - Bilan et perspect ives" . Croissance, 163, bd Malesherbes, 75849 Paris cedex 17 - lOF. CINÉMA SI C'EST ÇA LE DESTIN de Helga Reidemestcr et Irène Rakowitz

] Dans les familles, parfois, on

lave le linge sale, et cela peut faire aussi mal qu ' un meurtre. Irène Rakowitz le sait, assassinée par ses filles devant une caméra miapaisante mi-organisatrice du clrame. Avec ce film passionnant, qui a reçu le Grand Prix du Festival du Réel 1980 (organisé chaque année par la bibliothèque publique d'information du Centre Georges-Pompidou), on assiste à la nai sance d'une nouvelle génération de documentaires. Ils se ve ulent non plus vision "objective" d'une réalité préexistente et définie, mais revendication assumée d'une mise en scène et d'une mise en mouvement de cette réalité. La vie, quoi! POURQUOIPAS? de Coline Serreau n Ce petit film, couvert de récompenses, ressort su ries écrans parisiens. Il est ['histoire d'une autre façon d'aimer, en dehors des normes obligatoires du couple travail-famille-patrie et de ses problèmes stéréotypés. Une aut re façon d'aimer qui peut aussi rendre heureux. Un fïm incroyablement réconfortant. GRACIAS A LA VIDA (Merci La Vie) d'Angelina Vasquez C L'histoire d'une femme, cI'une famille de réfugiés chiliens en Finlande, les vicissitudes du déracinement, l'insécurité de l'avenir, la nostalgie, l'envie et l'espoir de rentrer au pays. Ce film a reçu le Prix spécial du Jury international. Au même programme: Salvador. El pueblo Vencera (prix de la Critique internat ionale). L'ESPRIT DU VENT de Ralph Liddle o Dans les années 50, en Alaska, George Attla, le plus grand champion de courses de traîneaux à chiens, était Indien et infirme. Ce film raconte, au rythme des saison s, la chasse, la pêche, le troc, l'isolement, la dure vie quotidienne des Indiens du Grand Nord, la lutte courageuse d' Attla pour triompher d ' une tuberculose osseuse, la folle excitation d'une des plus fameuses courses de l' histoire des compétitions de traîneaux à chiens, avec cles images somptueuses et les chants nostalgiques de Buffy Ste-Marie. MATER AMATISSIMA de José-Antonio Salgot LI Avoir un enfant "différent" innéehit toujours le destin. Pour Clara, dont l'enfant nait autistique, c'est une étrange et douloureuse histoire d'amour qui commence. Contre les avis de tous, les psychiat res bien-pensants, les parents accablés, clle essaye désespérément au long des années d'être un lien entre l'en fa nt et le monde et de lui donner l'amour dont il a ùe plus en plus faillement besoin. Un enfant autistique ne doit pas avoir d'émotion, il faut lui assurer une vic la plus tranquille possible, pas d'émotion sauf les électrochocs. Autant dire la mort. Clara, face à ce diktat de l'institution, tente de prendre sur elle, en elle , J'immense souffrance de son enfant. Jusqu'à la scène finale , parfaitement "immoraie", comme toutes les scènes d'amour. Si c'est ça le destin 49 DIFFÉRENCES MAI 81 DISQUES . U.2 BOY (lsland/Phonogram 6313105) C Originaires de Dublin, les musiciens d'U.2 Boy ont abordé leur carrière par le mouvement Punk. Avec ce disque, ils s'en détachent et nous livrent un di sque où la fraîcheur des rythmes rivalisent avec la puissance du jeu. Ecoutez attentivement les textes. MANDUKA: "CARAVANA" (Chant du Monde LDX 74676) o La musique brésilienne est peu et mal d ist ribuée en France. L 'exot isme prend souvent le pas sur la qualité. Manduka est un groupe très populaire au Brésil, il tient la tête clu mouvement de la "Nouvelle chanson brésilienne". C'est une musique envolÎtante, très bien travaillée où vient sc poser une voix tranquille qui parle de son pays et cie son peuple. PERFECTA (Sonodisc V 13025) La puissance des Aiglons (Debs/ Sonodisc HDD 684) C En France, on n'a pas cie Reggae , on n'a pas cie Salsa , mais on a la Biguine. La musique des Antilles françaises n'a pas l'heur de plaire aux producteurs. Peutêtre parce que cela amènerait à parler des Antilles elles-mêmes ~ Culture Toujours est-il que dans les confettis de l'empire français, on fait aussi de la bonne musique. Deux des groupes les plus connus viennent de sortir un nouvel album. Ecoutez-les, vous ne serez pas déçus. JOHNNY PATCHECO: "CHAMP" (Fania/ Sonodisc JM 581) L Là, Patchéco ne déçoit pas, On a affaire à des musiciens qui savent ce qu'est la Salsa et ce qu'il faut mettre dedans pour laisser chez l'auditeur ce qui fait qu'un rythme ne s'oublie jamais tout à fait. RA Y BARRETTO "GIA NT FORCE" (Fania/Sonodisc JM 579) L Lorsque l'on considère Barreuo comme l'un des meilleurs percussionnistes de Salsa, on est peu surpris par la qualité de ses enregistrements, Malgré tout , il faut reconnaître que dans "Gia nt Force" il ne s'est pas trop foul é ! ROCK AGAINST RACISM (Virgin Records) n Un disque produit et vendu au profit de l'Association antiraciste d'Outre-Manche, Il contient tout (ou presque) ce qui se fait de mieux en ce moment chez nos voisins anglophones: Clash, Elvis Costello, Tom Robinson Band. Gang of Four", pour les groupes blancs; Matumbi, Aswad, Barry Ford Band et Steel Pulse pour les groupes noirs. HENRY GUEDON : OLYMPIA 80 (Blue Silver/Discodis 3005) L. Un des meilleurs di sques d'Henry Guédon, mais aussi un des disques de Salsa les plus originaux du moment. Comme c'est écrit sur la pochette, ce disque veut restituer le concert de l'Olympia où Guédon était entouré de nombreux musiciens américains, Le disque est nettemelH supérieur au concert. CELlA, JOHNNY AND PETE (Vaya/Sonodisc .JMVS 90) o JI s'agit bien sûr de Célia Cruz, Johnny Patchéco et Pete Rodriguez, Neuf morceaux de haute tenue, mais ces trois grands ne réalisent pas une performance par rapport à ce qu'ils ont déjà enregist ré, THEÂTRE BARKA par la troupe algérienne NED',J.MA o Une suite de sketches, sur le ton de la farce populaire, présentant l'Algérien à Paris, face aux multiples~ difficultés, mais gardant son bon sens et son humour, Le spectacle est présenté le 16 mai à 20 h 30 à Champigny-surMarne au café-théâtre Le Soleil dans la tête, dans le eadre d'un A l'exposilion week-end consacré à une rencontre avec les immigrés, et également le 24 mai à 15 h à SainteGeneviève- des- Bois, NED'JMA, 3 rue de Stalingrad, 93310 LE PRES-ST-GERVAIS, Tél. : 845,86,60 LE CIEL OUVERT de Yves Heurte Mise en scène de Maryse Degoutin o Une famille militante exemplaire: lui a connu toutes les luttes du milieu du siècle, politiques, syndicales, elle l'a suivi et aidé dans les moments difficiles, au retour des camps, dans les instants' de découragement", Le jour de l'anniversaire de leur fils unique, ils s'aperçoivent que celui-ci est devenu fasciste et comprennent alors l'étendue de sa haine pour son père" , A partir du 27 mai 1981, Comédie de Lorraine, Nancy. Tél.: (8) 327.06,83. DANSE FESTIVAL DE DANSES INDIENNES o A Tours, l'Ambassade de l'Inde en France réunit quelquesuns .des plus grands danseurs de l'Inde afin d'offrir au public un panorama des différents styles de la danse traditionnelle indienne, Parallèlement, les artistes indiens participent à des animations dans les établissements scolaires, Enfin , toute la semaine, des Sumer. Assur, Rab)'lone : slatue d'un roi de Matra, Rubrique réalisre par Mai"ten Bouisset, Anne Laurent, Marc Mangin, PierreAndré Taguieff, Yves Thora,'al. musiciens indiens se produisent au stand du Beffroi des Nouvelles Galeries, Grand Théâtre et Hôtel de Ville de Tours, Il au 16 mai 1981. EXPOSITIONS SUMER, ASSUR, BABYLONE o Depuis les statuettes de femme en albâtre de la première moitié du IVe millénaire avant Jésus-Christ, jusqu'à celles des déesses et odalisques de l'époque hellénistique, datées de 120 après Jésu s-Christ, plus de 200 pièces, certaines de très grande qualité, pour évoquer le passé cult urel de la Mésopotamie. Aujourd'hui, l'Irak, "ce pays d'entre les fleuves" où commence l'histoire, appartient autant aux sources de la civilisation gréco -lOmaine et biblique, qu'aux pays orientaux qui en ont pendant des siècles perdu la trace, (Petit P:lais, avenue Winston-Churchill.) GENS DE GRECE! o Facè au poids de l'héritage historique et culturel légué par l'Antiquité classique, face aux immenses plages vantées par les agences de tourisme, face à la technologie galopante, comment le Néo-Hellène assume sa grécité, et par quels moyens s'efforce-t-il de préserver l'identité de la Grèce moderne? Une exposition qui concerne l'art et les traditions populaires pour tenter d'y répondre, (Musée de l'Homme, place du Trocadéro,) D u 18 au 22 Mai, la F,N,A.C. accueillera à l'initiative de "Différences" toute une gamme de débats autour de l'identité juive. L'attentat de la rue Copernic que près d'un Français sur deux(l) a considéré comme l'événement national le plus marquant de l'année est venu rappeler que l'antisémitisme n'était pas mort en France. L'importante manifestation du 7 octobre témoigne d'une émotion et d'une prise de conscience réelle mais l'absence de lendemains visibles en matière de mobilisation communautaire illustre les contradictions qui marquent cette identité juive. Pourtant, les volontés unificatrices ne manquent pas. Elles sont d'abord le fait du C.R.J.F. (Conseil Représentatif des Institutions Juives) traditionnel représentant de I~ Communauté, mais aussi du Renouveau Juif de Me Hajdenberg dont les prises de positions visent surtout à constituer en France une sorte de lobby juif à l'américaine. Volonté unificatrice DIFFÉRENCES MAI 81 LE MOT "JUIFS" culture qui ne doit pas disparaître mais s'enrichir de la diversité des membres de la communauté qui, en France, en est porteuse. Depuis les petits commerçants du Sentier jusqu'aux Sépharades d' Afrique du Nord dont les valeurs communautaires sont exaltées par M. Zafrani(2) par exemple, la palette culturelle offre mille couleurs. Dans le "testament" d'un poète juif assassiné(3), Elie Wiesel révèle l'importance de cette transmission du patrimoine culturel. "Etre juif, c'est transmettre" devait-il déclarer à "Apostrophes", Les Juifs français continuent donc à transmettre cette identité fixée dans la Bible, mais aussi dans l 'histoire des générations qui en France les ont précédées. , S'ECRIT AU PLURIEL A l'initiative de Différences, vingt personnalités s'interrogent. Mais aujourd'hui, en France, de plus en plus nombreux sont les Juifs qui remettent en cause la centralité du fait israélien. Ils se veulent Juifs français dans la diaspora. L'assimilation refusée Se refusant à une assimilation qui nierait leur identité culturelle, ils se réclament d'abord mant pleinement leur nationalité française, des Juifs de la diaspora n'aspirent aucunement à aller habiter en Israël. Leurs racines sont plutôt chelles Juifs qui ont participé à la Commune ou à la Résistance. Des écrivains juifs vivent à Paris une poésie douloureuse et nostalgique. Un théâtre d'art incomparable se perpétue. Des recherches sur la langue yiddish ou la langue judéo-espagnole remettent au jour des pans entiers d'une Antoine SPIRE (1) Sondage Paris-Ma/ch Public S,A" Novembre 80, (2) ZAFRANI - Li/léralures dialec/ ales 1'/ populaires juives en Occident mulsuman (Ed. Paul Geu/hner), (3) Edllrons du Seuil.

IDENTITÉS JUIVES ::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

FN.A.C. HALLES (Forum des Halles, Paris) LUNDI 18 MAI - 18 h L'IDENTITÉ JUIVE NE REPOSE-T-ELLE QUE SUR LA TRADITION: avec 1. GUTWIRTH - Vie juive Iradi/ionnefle (Ed. Minuit) ; G. SIL VAIN- 1~l1ages el /mdi//Ons juives (Ed. ASlrid); Fernande SCHULMAN -L Espbac'e atff'e.u rs (Ed, Glancier GuellOI) "'M R.OD)IN'O N - .fei /lp1 l ' J II/'f IJllpro leme JUIf (Ed. Maspero) ; Rabbin WILLIAMS _ Synagogue Cope,:- II/C; M. HADDAD - L'Enfall/ iffégi/illle (Ed, Hachel/e), MARDI 19 MAI - 18 h RACISME ET ANTISEMITISME avec Alber/ LEVY: Secretaire général du MRAP ; Jean PIERRE-BLOCH: Preslden/ de la LICRA - Albert MEMMI - Port rail d'/ln juif (Ed, GaffililI/ rd), POT/rat/ du Colonisé (Ed, Payol). JEUDI 21 MAI - 18 h Y-A-T-IL UNE SPÉCIFICITÉ DES JUIFS D'AFRIQUE DU NORD avec Le C.R.J.F. dominé par des notables est en fait peu perméable à la diversité des voix juives. Le Renouveau a pour lui la vigueur que confère la simplicité de l'identification des thèmes culturels, religieux et nationaux. Les yeux tournés vers Israël, les amis de Me Hajdenberg comptent parmi les héritiers d'un mouvement sioniste agressif qui a marqué la communauté juive. L'essentiel de la cohérence de leur position se construit ~utour d'un alignement ~ Inconditionnel sur la politique

s: de l'Etat d'Israël. Pendant
deux mille ans, les Juifs n'ont
l vécu qu'en "Diaspora" sans

~ terres ni propriétés. et avant tout d'une culture juive porteuse d'une tradition millénaire, Cette identité est bien sûr inséparable du contexte biblique, mais de l'orthodoxie dogmatique à la référence culturelle du "livre", il est des pratiques fort diverses chel les Juifs de France, Poliakov va même jusqu'à parler de "docteurs de l'incrédule" pour décrire cette fonction critique qui s'exerça d'abord autour de la parole de Dieu. L'exégèse de la Bible conduit tous les Juifs à attacher une importance considérable à l'écrit, comme dépositaire d'une pensée toujours respectable mais' toujours discutable, d'où la fonction du débat dans la communauté. Si la religion a imprégné la culture, elle n'en est plus toujours aujourd'hui composante essentielle. Non pas que les Juifs ne se sentent Juifs que dans le regard de l'autre, comme disait Sartre. H. ZAFRANI - Lil/éra/I/res dialec/ales el populaires juives en Occident mulswno'! (Er/. Paul Geulhner) ; Vidal SEPHIA - co-al//eur de J/lifs du Maroc (Ed, Pensee saI/l'age) ; Edmond EL MALEH - ParCOl/rs Imll/obile (Ed, Maspero) ; Bernard CHA OUA TTE - Rédac/eur en chef de Comba/ pour la diaspora, VENDREDI 22 MAI - 18 h ê Aujourd'hui, l'Etat d'Israël .. matéri,alise aux yeux de cer~ tains leur spécificité. Aucun " Juif ne peut se dire indifférent ~ à l'existence d'une nation qui ~ Permet de rassembler ceux qui " n'avaient pas de patrie. - Vivre Juif en France En France, c'est d'une culture, d'une histoire propre des Juifs de France dont ils se sentent les héritiers, Assu- SI LES É~~ISES DEVANT LE JUDAÏSME avec: Mane~Therese HOCH, Bernard DUPUY - Trad, de la Présence de Die/l da~s 1 hls/olre (Ed, Vercher), Les Eglises dev?t1I le judaïsme (Ed, dl/ Cerf) ; PII.rre, VIDAL-,)'AQUET - Les Juifs. la mellloire el le Présent (Ed, MasX~ I,O),' Alfred RASTLER, PriX Nobel - Poèmes d'lin Européen (Ed. Ffill - o.) • . ~eall-PI,erre RICHARDOT - Le peuple pro/eSlant français alljollld hw (Ed, Laffont); Jean-Louis LEVY - Edilellr du Journal dll Capl/ame Dreyfus; Jean-Louis SAGOT-DUVAUROUX _ Rédacteur l'II Chef de DIFFERENCES, . i placide, propre, Stras~ bourg n'en finit pas de s'admirer dans les bras de l' Ill. Même les éternels échafaudages de la cathédrale, dont le grès rose est attaqué par une mystérieuse maladie due à la pollution, on finit par les intégrer à l'image de la ville. Les quartiers résidentiels, du côté du Palais de l'Europe, la "Petite France" , avec ses maisons à colombages qui vous chuchotent: "Attention! Nous ne sommes pas des maisons de poupée mais des vraies maisons, des maisons où on habite!", les wynstub, ces "salles à manger" communes où l'on ne regarde pas à la quantité quand on y vient boire et manger entre amis, ça vous a un petit air gai, aimable, sans histoire qu'on en débouche sans attendre la bouteille de "gewurtz" à la santé de la belle province. . "J'ai vu une monarchie sans tyran me, une aristocratie sans faction, une démocratie sans désordre, la richesse sans luxe le bonheur sans orgueil" disait Era;me, vers 1514, pour décrire la capitale de l'Alsace. Hospitalière pour les protestants chassés de Fran~e, St,rasbourg donna aussi son hymne a la Republique puisque Rouget de Lisle y composa, en 1792, le chant de l 'ar~ée . du Rhin qui devait devenir La MarseIllaise. L'histoire d'amour entre l'Alsace, terre germanique, et la France latine (la France "de l'intérieur") commence d'ailleurs avec la République qui saura mieux faire pour s'attacher les coeurs que les traités des rois. Française et républicaine, Strasbourg n'oublie pas non plus que Gütenber~ Y inventa l'imprimerie. Elle reste une ville 52 de culture avec son Opéra du Rhin, se~ "Percussions", l'Université, les musées. Alors une ville sans bavure ? Mes inter' locut~urs aimeraient bien, peut-êtrt inconsciemment, que je ramène à Pari~ cette image de bonheur paisible et biell nourri, de prospérité bienveillante qu fait la fierté des Strasbourgeois. Mais voilà! Il y a des noms de rue qu; m'ont fait remonter d'autres filières Rue Brûlée, par exemple. Nous somme' le samedi 14 février 1349. On entasse SUl un immense bûcher les Juifs de la villt accusés d'être les responsables de l'épi démie de peste noire. En 36 heures, il nî reste rien de la communauté de 2 O()l personnes qui vivaient jusque-là, el "bonne intelligence" avec la Strasbour! chrétienne. A la suite de ce massacre, le Juifs doivent payer une taxe pour entre dans la ville afin d'y exercer un métier Jusqu'en 1791, année où la Révolution intègre les Juifs à la nation française, un homme lance chaque soir, du haut de la cathédrale, une puissante sonnerie de cor. En entendant cette musique du crépuscule, les Juifs savent qu'ils doivent quitter la ville. A minuit, une deuxième sonnerie invite les Strasbourgeois "innocents" à rester vigilants. Jusqu'en 1784, les Juifs payent un impôt supplémentaire qui est supprimé à la suite de l'action menée par Cerf Berr, devenu le "syndic des Juifs d'Alsace". Que reste-t-il de cette histoire mouvementée ? Principalement, la conscience, chez les Jui fs, de posséder une longue histoire locale. Après Copernic et les manifestations qui l'ont accompagné, Strasbourg a réagi comme toute autre ville de France. Mais là-bas, les relations entre Juifs et Chrétiens sont institution- DIFFÉRENCES MAI 81 La capitale alsacienne s'applique à donner d'elle l'image d'un bonheur paisible. Elle n'échappe pas, pourtant, aux heurts qui traversent le pays. TOUTES LES FAMILLES ONT LEURS PETITES HISTOIRES nelles, en grande partie à cause de l'action personnelle de Mgr Elchinger, le bouillant archevêque, qui y attache une importance personnelle. La communauté juive de Strasbourg n'est pas chiche en fortes personnalités. Le Grand Rabbin Warchawski, dont on parla beaucoup pour la succession du Grand Rabbin de FJance, Jacob Kaplan, est une des premières figures du judaïsme français. On dit qu'il a refusé de faire campagne pour son élection au Grand Rabbinat afin de pouvoir rester dans sa bonne ville d'Alsace. Le rabbin Grünewald, également strasbourgeois, dirige depuis sa ville la revue hebdomadaire "Tribune juive" . Cet homme de décision s'est pris d'intérêt pour le Renouveau juif d'Henri Hajdenberg et reprend souvent ses idées et ses initiatives dans "TJ". "Le spectre de S3 39-45 est loin, nous dit-il, l'antisémitisme n'empire pas. Et puis, si les Juifs ne supportent pas la situation qui leur est faite, ils savent où aller. Israël leur tend les bras." Inquiétude inavouée? Brêche dans la ville sans ride? Ici, on n'aime pas les mauvais souvenirs. L'ancienne synagogue, incendiée au début de la Seconde Guerre mondiale, a été remplacée par la Caisse d'Epargne. Le camp du Struthoff, seul camp d'extermination nazi installé sur le sol français? On n'en parle pas. Il rappelle aussi les mauvais moments de l'épuration. Pourtant, il a été à plusieurs reprises profané. Et l'Alsace est coutumière des cimetières juifs constellés de croix gammées au petit matin. Récemment, une revue régionaliste d'inspiration nazie, "Elsa", a été condamnée après z z. UJ V .- avoir publié de véritables appels au meutre contre les Juifs. Alain Weil, rabbin de Strasbourg, évoque avec nous ces événements: "I/ne fau/ pas se leurrer, un cer/aill nombre d'agressions son/ en augmen/a/ion : profana/ions de cimetières, graffilis sur la synagogue. E/ l'on ne re/l'ouve jamais les coupables. 1/ faut dire qu'il y a encore certaines idées négatives dans le ca/échisme: l'opposition entre la loi d'amour et la loi du talion, comme si les Juifs obéïssaien/ à une loi de haine ! ... " Et puis, l'inévitable coup de chapeau à Strasbourg: "Mais en ce qui nouS concerne, nouS sommes privilégiés grâce à l'exceptionnelle personnalité de Mgr Elchinger qui témoigne d'une sympathie sincère pour les Juifs. " La vieille communauté juive d'Alsace présente aujourd 'hui une grande solidarité interne. Dans les années 20, les Juifs polonais furent fraîchement accueillis par les Alsaciens. Même chose pour les réfugiés de l'Allemagne nazie qui commencèrent à affluer après 1930. On n'aime pas soulever ce problème. Par contre, on indique volontiers que les Juifs sépharades d'Afrique du Nord se sont tout de suite intégrés lorsqu'ils sont arrivés, en 1962. avec une forte communauté turque à Strasbourg, comment ces travailleurs vivent-ils leur exil alsacien? Pour Damien Dellefeld, responsable d'une organisation de solidarité, le CLAPEST, "la ville se divise en trois par/ ies: l'ovale délimité par l'Ill, les quarfiers proches et un troisième cercle concentrique, la banlieue. C'es/ là que se retrouvent les gens qui on/ peu de moyens, tou/es races mêlées. 1/ n'y a pas vraiment de ghe/lO immigré ici". De rénovations en spéculations, cette population est repoussée vers les quartiers périphériques, le Neuhof, HLM et foyers Sonacotra, paysage habituel. Seul un quartier du centre, la Krutenau, résiste encore aux expulsions systématiques et aux relogements hasardeux avec le concours du CRADEK, autre organisation locale . Ce que l'on craint le plus aujourd'hui, c'est que la communauté ne perde son àme par une lente déjudaïsation. Il faudrait apprendre l'hébreu, remettre la pratique rèligieuse à l'honneur, développer le système d'éducation juif et ses valcurs, bref, confirmer les différences. Racisme ordinaire confirmé par un jugement de la Cour d'appel de Colmar qui en dit long : à la suite d'un tract hostile aux immigrés distribué par le PFN, le MRAP et la Ligue des Droits de l'Homme portent plainte. Le tribunal condamne. Et puis en appel, la Cour décide de réduire notablement les peines, invoquant. .. que le Premier Ministre avait pris des positions analogues et que le tract reflétait l'opinion de la majorité de la population! Ah! L'opinion de la majorité! Un pharmacien, sis rue des Juifs (sic), décide de participer à sa manière aux campagnes du MRAP. Lorsque le jeune nationaliste James Mangé est condamné à mort par le gouvernement de l'apartheid, en Afrique du Sud, il dispose des affiches demandant sa libération dans la vitrine de son échope. Mal lui en prend. li est aujourd'hui poursuivi par le Conseil de l'Ordre pour avoir "déshonoré la L e fait que les Alsaciens soient nombreux à traverser le Rhin pour aller travailler "à l'étranger" a-t-il changé leur regard sur les 7,7 f1/o d'immigrés qui vivent dans leur province? En majorité Algériens, 54 profession". Interrogé sur cette curieuse affaire, Me Wagner, membre du comité local du MRAP, ironise: "Sans doute une inspectrice agressive!" Moi qui ne suis pas de Strasbourg, je trouve quand même ça fort de café! Me Marx est "l'avocat des colporteurs sénégalais". Il est aussi membre du MRAP et de la Ligue des Droits de l'Homme. Sa fierté: à la suite d'une action assidue, il a réussi à ce que le Parquet engage lui-même des poursuites dans le cas d'atteintes à la loi de 1972 qui punit le racisme et la discrimination raciale. Strasbourg est devenue en la matière, et de loin, championne de France. Mais l'affaire des colporteurs sénégalais, c'est une autre paire de manches. Depuis 1970, par dizaines, ils sont venus vendre dans les rues de la vieille ville une pacotille d'apparence africaine. Leurs clients sont principalement des Allemands de passage qui viennent profiter de l'avantageuse parité du franc. Depuis 1975, une petite guerre les oppose aux commerçants locaux organisés dans la Chambre de Commerce de Strasbourg qui demandent l'élimination de ces gêneurs. La municipalité, dirigée par Pierre Pfimlin, leur avait donné satisfaction en interdisant par arrêtés le colportage indésirable. Une longue bataille juridique aboutit à une cascade d'annulations, de nouveaux arrêtés, etc. Au plus fort de la polémique, c'est la tragédie

un garçon de café sort son fusil et

tire sur un des vendeurs africains. Mais le crime n'est pas venu seul. "On a même vu, raconte MC Marx, un com' merçan/ juif demander le numerus clau' sus pour les Noirs. " Aujourd'hui, les passions semblenl s'être apaisées. Les colporteurs sénéga' lais sont toujours place Gütenberg oU t- Sur la place Gutenberg. u~ de~ colporteurs sén~galais contre qui Strasbourg perdit son calme. place d'Austerlitz. On se moque des Allemands: ils portent tous le même chapeau de cuir qu'ils leur ont acheté. E n novembre 1979, la presse soulève une ennu.yeuse affaire. Cinq Nord-Africains a.uralent été tabassés dans un commissanat. La police alsacienne fait savoir que les fonctionnaires en cause seraient. . des Lyonnais! Mais pourquoi diable les Alsaciens semblent- ils si sûrs d'eux et de l'excellence de leur mode de vie? Traversée occupée, violée, manipulée tant d~ fois l'Alsace veut garder son âme et se crisp~ s~r so? bonheur. Le Français de l'inténe~ r.l agace souvent. Les jeunes loups p~r.lslens deviennent vite les cadres des vI~llles entreprises locales; les fonctionnaIres détachés prennent l'alsacien pour du "boche" et se croient tout permis sur.tout lorsq,u'ils sont liés à une organi: satlOn europeenne, qu'ils jouissent de ce fait d'une impunité presque totale et font, de surcroît, grimper les loyers de 30 f1/0. C'est au dialecte qu'on reconnaît l'Alsacien. La pratique en reste tenace même ~'il risque de disparaître, faute d'être ecrit. Il est en tout cas le rempart de cette volonté farouche de rester soi-même en paix dans sa maison, mê!l1e s'il se traduit aussi par un handicap pour ceux qui possèdent mal les langues de pouvoir le français et l'allemand. ' ~t puis, la différence ne se vit pas touJOurs bien, dans une ville aussi calme et ~r~pre. Les homosexuels strasbourgeois etaIent tout étonnés de se trouver si nombreux à la manifestation du 4 avril à Paris, avec leur bulletin "Homochronique", supplément au mensuel "Uss'm Follik". Entre le quai Finkmat et le nouveau bistrot des femmes, "La Lune ~oire", on retrouve cette misère affectl. ve et sexuelle particulière à la "provll1ce .des familles". "II es/ pra/iquemen/ IInposslble de sor/ir du ghet/o, dit Claudine, militante du Collectif homosexualité. L'oppression n'est pas violente, elle es/ insidieuse. Elle oblige ail silence. " D'autres exclus, avec ou sans violence, se rencontrent, s'organisent - les anciens taulards avec l'association Alsace-Alternative, les femmes battues au Centre Flora Tristan - ou se révoltent comme le personnel des Iris le seul centre d'aide aux handicapés d~ Strasbourg. Mais en ce printemps 1981, de quoi parle-t-on chez Yvonne, la wynstub la plus sympa de la ville? On y parle des 2 000 personnes qui viennent de débarquer pour assister à la session du Parlement européen et des régiments entiers de CRS venus de partout qui assurent leur protection. De l'idée qu'a eue le député radical italien Panella d'y inviter Coluche, ex-candidat à la présidence de la République. Du SOc anniversaire de l'ordination sacerdotale de Mgr E\chinger. De l'enquête lancée le mois dernier par les Dernières Nouvelles d'Alsace '~DiaIecte 81", sur la situation de l'alsa: cI~n, au carrefour des chemins. Du RI~oletto qui sera présenté à l'Opéra du Rhll1 .. ~u Pent.hésilée de Kleist que le p;e~tlgleux tno Engel-Pautrat-Riéti repete au TNS, du Cabaret Barabli où se donne la revue satirique de' Germain Müller. Et aussi du Cabaret SVP de Masebeaux, théàtre populaire en dialecte qui tourne dans la région et où l'on ridiculise ... un Alsacien d~ Sud. Tout va bien dans la wynstub avec le gewurtz. Rien à signaler. Anne LAURENT 55 ELECTIONS 1981 gardez toute votre liberté en discernant mieux les véritables enjeux quotidien ational d'information vous apporte tous les jours des faits, des documents et des analyses qUi ne trah issent pas votre confiance . En politique, comme dans tous les autres. domaines de l'actualité, vous ~Imerez vous appuyer sur la competence, l'honnêteté et la liberte de ses informations. Elections 1981 lA CROIXlévénement va plus loin pour vous avec I.a ~~rtie de 2 remarqu~bles edltlons spéciales sur l'événement et ses véritables enjeux. 2 suppléments de 100 pages chacun , tout en couleur, avec des ?ocuments concrets et instructifs, etonnants et inédits. Elections 1981 de LA CROIX l'événement: • Un abonnement-découverte de 3 mo!s + les 2 éditions spéciales sur les electlons : 75 F seulement! • Les 2 éditions spéciales uniquement· 30 F Choisissez et commandez avec le bon ci-dessous à adresser à LACROix7ROMOTION ~L;-B-;;;- 1 75393 Paris cedex 08 l M. 1 1 1 1 1 1 1 adresse ___________ _ o S'abonne 3 mois à LA CROIX. avec les 2 edltlons spéciales "élections 81 " au prix de 75 F. ' O. Désire recevoir seulement les 2 éditions speCiales, "'élections 81 " au prix de 30 F. (Cochez votre choix) Ci-joint _ _ F par chèque bancaire ou postal (3 volets) à l'ordre de Bayard Presse Tribune Un journal de parti-pris? Je viens de recevoir le premier numéro de DIFFERENCES. J'avoue l'avoir attendu avec impatience. En le trouvant enfin dans ma boîte aux lettres, j'ai éprouvé une satisfaction quasi-juvénile . Je rentre chez moi, j'ouvre le journal et ... patatrac ! La désillusion. A la page 10 (Actualité: le mois), une série de flashes d'information. Bien: c'est rapide, un peu trop, à mon goût, mais, enfin, ce ne sont que des flashes. Et puis ... 26 mars: "le journal "Le Monde" signale un article antisémite paru dans "La Pravda des Pionniers". Point, c'est tout. Encore "Le Monde" tout puissant - qui voit tout et sait tout. Et la vérification? Il suffit donc que "Le Monde" signale pour que, les yeux fermés, on me demande de dire: "Ah bon, si "Le Monde" le dit, ça ne peut qu'être vrai!" Curieuse déontologie. C'est peut-être vrai, auquel cas, il faut condamner. Mais, je vous le demande modestement: et si on en discutait sur pièces? Qui "on"? Nous, les lecteurs. Parce qu'en fait "Le Monde" et l'objectivité... N'a-t-il pas publié en gros titre sur un "bilan positif" que "la Pravda" aurait écrit sur le septennat de Giscard? Or, il s'avère que j'ai lu l'article de "La Pravda" et je n'y ai pas trouvé le "bilan positif" en question. Alors, avant de On aurait pu vous faire lire les nombreuses lettres qui donnent de DIFFÉRENCES une appréciation flatteuse. Vous imaginez le pensum. Alors on a décidé d'en sélectionner deux qui posent de vrais problèmes et qui sont une participation passionnante à la réflexion de ce journal. ................. .... , .... ........ -. ... ......... . . , .:.:-:-: .... publier ces quatre petites lignes, vérifiez, donnez-vous à vérifier. Moi, il ne me suffit pas que "Le Monde" signale. C'est du racisme intellectuel: "Le Monde" pense et nous, lecteurs, disons amen. De quoi, déjà me demander où j'ai été fourvoyer mes 140 F. Puis vient le 30 mars: "Des associations tsiganes... Elles dénoncent etc ... " A nouveau

point, c'est tout. Ce

qui, là, me chagrine, c'est précisément le "point, c'est tout". Que le maire de Rosny, M. Roger Daviet ait protesté contre les propos que le journal "Le Matin" lui attribue, qu'il soit intervenu à plusieurs reprises depuis des années auprès du préfet de la Seine St-Denis pour exiger une solution départementale au stationnement des nomades, ses deux derniers avertissements datant du 31 décembre et du 27 janvier, que deux des organisations les plus représentatives des Tsiganes de France aient tenu, le mardi 31 mars, une conférence de presse commune au cours de laquelle elles ont dénoncé Ue cite) "la politisation de l'affaire de Rosny/ s/ Bois", en faisant remarquer que Ue cite) "le maire de Rosny a dénoncé un fait bien réel: celui de l'accumulation de dizaines de familles sur un parking, avec tous les problèmes d'hygiène et de sécurité que cela pose", puis en ajoutant Ue cite) "on ne peut taxer (le maire) de racisme" - tout cela semble vous importer peu. Du moment que "le Monde" ou "Le Matin" le dit ... Evidemment, des flashes en quelques 56 lignes sur l'actualité, que voulez-vous, il faut bien choisir. Alors, on en profite, et, en effet, on choisit. Mais, moi, j'ai le droi t de penser que ne pas donner la parole à celui qu'on accuse, cela peut mener à la haine collective et aux camps de concentration. Quant je pense que je me suis abonné à un journal qui s'appelle "DIFFERENCES", je suis tenté de me demander: Différences? Vraiment? Par rapport à quoi? Je passe et j'en arrive à l'article page 15 concernant les immigrés ivryens. Là encore, diable, le même procédé: Madame Véronique de Rudder est peut-être, est, certainement, une très honorable personne, mais j'en conclus qu'il n'en serait pas de même pour le maire d'Ivry? Et qui, à la rédaction, en a ainsi décidé? Pourtant il y a beaucoup de choses à dire sur la question et je suis certaine qu'il n'aurait pas refusé le débat de Mme de Rudder à l'intérieur de vos colonnes. Mais non, permanence du procédé en quelques pages: M. le Maire d'Ivry, votre opinion, ... "Différences" a décidé que c'était quantité négligeable. Et tant pis pour les lecteurs - dont je suis - qui attendaient tout à fait autre chose. Car enfin, en quoi "DIFFERENCES" serait-il différent s'il adopte les procédés du sens unique, du silence, du fait non vérifié (et j'en passe) d'une certaine presse. "Un bulldozer ... contre le racisme!" dites-vous M. Sagot-Duvauroux. Je suis d'accord, mais prêtez-le également à la rédaction ... contre le parti pris de l'information . Mme C.M. (professeur) Paris Ujournal "tendancieux" ? L'accusation est souvent portée quand un organe de - - presse, comme le nôtre, veut faire vivre une grande et noble idée, portée par des gens de foi qui se répartissent, d'ailleurs, dans IOUS les secteurs de la société. Il faut se garder, vous avez raison, des jugements hâtifs, construits sur la rumeurfabriquée qu'enfle une presse qui n'est pas toujours désintéressée. Et puis c'est votre rôle aussi, à vous, lectrice, d'intervenir comme vous le faite pour engager le débat. Ceci dit, la seule "tendance" dans DIFFERENCES, c'est la traduction d'une idée toute simple: le seul "anti" que nous avons voulu retenir, c'est l'antiracisme. Nous nous interdisons l'anticommunisme comme d'ailleurs l'anti "droitisme" systématique. Pourquoi? Le racisme peut naÎtre partout. Il est partout à combattre et nous voulons garder les mains libres. Les mains libres pour convaincre plutôt que condamner. Sans tot/tefois omet/re de le faire quand les circonstances l'exigent. On peut être antiraciste et UDF. Il faut alors avoir le courage de combattre les lois anti-immigrés promulguées par le gouvernement de M. Barre. Si l'on est socialiste et antiraciste, on condamne l'expulsion des 500 000 travailleurs immigrés décidée par Etant donné leur caractère un peu exceptionnel, ce sont des membres de la rédaction qui y ont répondu. Le mois prochain, Daniel Mesguish, comédien et metteur en scène, répondra à votre courrier. nU'FÉRENCES MAI 81 Dans l'éditorial, cité plus haut, du New England Journal of Medecine, Drutz estime que l'évidence la plus solide concernant la plus grande vulnérabilité des Noirs au champignon est fournie par l'article du même numéro(2) ... qui relate une "épidémie" récente en Californie. Que lit-on dans cet article? un gouvernement socialiste en RFA. Si on est communiste et antiraciste, on ne peut admettre telle publication antisémite parue en URSS ou l'instauration de quotas dans les colonies de vacances pour les enfants d'immigrés. C'est aussi simple que ça. On va poursuivre. Et vous nous y aiderez, j'en suis sûr. Je suis persuadé que l'auteur de l'article, du titre et des intertitres n'a pas évalué la portée de son propos. inquiétant certes, mais n'ayant qu'un lien indirect avec le titre. - que la maladie pulmonaire aiguë a concerné 67 pour 100 000 noirs et 19/100 000 blancs, et pour la forme disséminée, respectivement 23,8/ 100000 et 2,5 / 100000. Peut-on en déduire que "cette maladie est généralement inoffensive pour les blancs" alors que par ailleurs le même art icle détaille 115 cas (84 sont classés "blancs " . 19 "noirs", 4 "mexicainaméricains", 6 "orientaux" et 2 "autres") aigus dont 8 morts: 4 "blancs". 3 "noirs" et l "autre"? . Intéressant également, et montrant très bien que les variables qui peuvent intervenir dans la susceptibilité à une maladie infectieuse sont multiples

je note (taux rapportés

à la population) que les femmes sont moins touchées que les hommes : 11/100000 "blancs" et 23 / 100 000 "noirs" pour la forme pulmonaire et la forme dissémi- J.-I-. SAGOT-DUVAUROUX Car enfin, si je suis surpris par cet article, ce n'est pas par l'information que des "Dr Folamour" travaillent aux U.S.A. sur des armes chimiques et biologiques "ethniques" qui exploiteraient "les différences naturelles de vulnérabilité parmi les groupes spécifiques de population" ; sur ce point, soit; mais, il n'est guère surprenant que des dirigeants du Département de la défense ou des militaires U.S . - ou d'autres pays d'ailleurs - soient convaincus, idéologiquement, de la possibilité de créer de telles 2/ Une seule information justifie ce titre et les intertitres, elle concerne "une maladie qui touche 10 fois plus les Noirs que les Blancs". J'ai lu trop souvent de telles affirmations s'appliquant à d'autres maladies. dans de nombreux livres, revues et articles de "Médecine Coloniale", de "Pat hologie exotique", de "Médecine tropicale"; la - .... ·,,. .... ,U .... ~,. ...... I'~ .'" Il . n. _ ..... , le M U " . 'fkr ... ,.. •• • ~ .... . iii"" '" ..; f. ......I \It;r. . ~1 ,~." ...... l t' .... r La "Bombe raciale", un bobard raciste? Est-ce une sensationnelle révélation? Un "scoop"? La "bombe raciale" existe, elle "tue sélectivement selon la race" ! Oui, vous avez bien lu, c'est une arme biologique capable de repérer biologiquement une race pour lui nuire: en d'autres termes cette bombe nous fournit la preuve que la définition de la race repose bien sur un supPOrt biologique; le test, définitif, l'est un peu trop, certes, ruais les défenseurs les plus acharnés d'une telle définition biologique ne s'en plaindront guère ... armes. Non, si je suis surpris, c'est que l'article adopte - en négatif - et veut nous faire adopter les fantasmes de ces hommes. C'est là une critique majeure: si on admet l'existence de races biologiques - comme le fait l'auteur de l'article, ne serait-ce qu'en utilisant le terme de race (humaine) dans un texte à fondement biologique alors, on peut "gober" plus aisément l'existence d'une bombe "raciale" sélective. Passons. aux données scientifiques qui fondent l'article: 1/ Je n'insiste pas sur le fait que presque tout le texte se réfère à des informations concernant des armes biologiques essentiellement infectieuses, virales, bactériennes et parasitaires non "sélectives", c'està- dire les armes de ce qu'on appelle parfois la "guerre bactériologique": sujet 57 plupart de ces affirmations ne résistent pas à l'épreuve du temps et des faits . Il s'agit cette fois de la cocci dioïdomycose ("coccidiodide" dans l'article) due à un champignon microscopique, Coccidioides immitis, dont les spores infectantes sont transmises par l'air et la poussière. Cette maladie revêt deux formes cliniques principales: la forme pulmonaire et la forme disséminée (ou "viscérale") ; c'est de cette dernière dont il est question: certains auteurs ont constaté qu'il semblait que, Comme pour une autre mycose profonde, l'histoplasmose, les Noirs y étaient plus sensibles aux U.S.A . (ainsi d'ailleurs que d'autres minorités ethniques habituellement q uali fiées là-bas de "coloured "). Le problème est act uellement en débat et même "vigoureusement débattu"(I). Je passe sur les critères de "définition" des "Coloured people" aux U.S.A., même dans les plus éminentes publications .. . pour en arriver aux faits connus, en ne retenant que la littérature la plus récente. née. Pour cette dernière, au centre du débat, on note au total 9 cas chez les "Blancs" (7 hommes et 2 femmes) et 5 chez les "Noirs" (5 hommes et 0 femmes): j'en déduis que les femmes y échappent beaucoup mieux que les hommes (ce qui est notoire pour nombre de maladies infectieuses et semble lié à la présence du deuxième chromosome X)(3) et si j'aimais jongler avec les petits échantillons et les formules lapidaires comme "une maladie qui touche dix fois plus les Noirs que les Blancs", je dirais "une maladie qui épargne les femmes noires" : Un très grand nombre de variables interviennent dans la susceptibilité d'un individu à une maladie infectieuse. Ces facteurs ont-ils été tous 4 Tribune étudiés dans la coccidioïdomycose? Pourquoi dans une publication récente(4), Sievers affirme-t -il: "Des conditions non-raciales telles que la prévalence de l'infection, la taille de l'inoculum infectant, une infection intercurrente, une réponse immune altérée et les conditions socio-économiques influencent les taux de morbidité et de mortalité de la coccidioïdomycose" ? Pourquoi un article d'Huppert( 5) qui a revu très récemment toutes les informations concernant cette "différence de vulnérabilité" s'intitule-t-il "Racism in coccidio"idomycosis?" Pourquoi cet article aboutit-il à la conclusion que "des informations supplémenlaires sont nécessaires pour confirmer ou infirmer la très ancienne croyance que les .le souhaite vivement que cette lettre soit publiée, car je considère que pour l'essentiel, elle constitue une information sur un sujet grave et non pas une opinion. Dr Thierry EHRARHD 92 Bagneux (1) Drtltz (D.J.) New El/gland Journal (~r Medicine, 301 (7) : 381-382, 1979. (2) Flynn (N.M.) et col/. New England Journal of Medicine, 301 (7) : 358-361, 1979. (3) Kernbaul11 (S.) et coll. Bul/etin de l'Institut Pasteur, 74 : 359-382, 1976. (4) Sie vers (M.L.) American Review of Respiratory Diseases, tt9: 839, 1979. (5)Huppert (M.) AlI7erican Review of R.espiratory Diseuses, It8: 797-798, 1978. (6) Medeiros (A.A.) et coll. New England Journal of Medicine, 302 (4) : 218-223, 1980. (7) J'observe par parenthèse que If' sens de l'opinion de Jacquard est retournée comme un doigt de gant dans l'article et interprêté à contre- Noirs présentent plus souvent sens. la forme disséminée que les ------------ Blancs" ? L'emploi du fl/ot "race" Pourquoi Medeiros(6) souslaplumed'unanriaffirme- t-il que cette fré- raciste peut paraÎtre quence de dissémination dif- anormal. Mais, pour être férente chez les Noirs mexi- juste, ilfmil reconnaÎtre qu'on cains et philippins (aux ne le trouve qu'une fois dans U.S.A.) peut avoir été due "à mon article, et je pense que ce une exposition profession- "lapsus" est dû à l'influence nelle à un large inoculum de des documellls ell langue spores" ? anglaise que j'ai dû compiler J'ajouterais de nombreuses pour rédiger mon texte. Eviquestions de ce type et de mon demment, j'aurai dû écrire: propre cru avant d'épuiser le "groupe de population". sujet, si je ne craignais de ren- J'avais pris la précaution de dre mon propos trop pesant. faire préciser par le ProJe précise, s'il en est besoin, fesseur Jacquard que ces reque je ne nie pas les différen- cherches sur les "bombes ces, ni les susceptibilités géné- raciales" sélectives tiques à certaines maladies, s'appuyaient surtout sur les mais celles-ci concernent un différences d'immunités bioindividu, une famille, un logiques et virales entre les groupe, plus rarement une groupes de population, plutôt population, et non pas une qu'à des différences génétirace. ques, et la déclaration du ProIl serait regrettable que les fesseur Jacquard est très efforts tenaces, dans notre claire à cet égard, je n'ai pas pays, de chercheurs tels que eu besoin de la "retourner Ruffié, Jacquard(7) et Jacob, comme un doigt de gant ". pour ne citer qu'eux, pour Pour me faire tout à fait bien exposer et populariser l'idée, comprendre, j'avais pris égaminoritaire, que la définition lement le soin de citer l'exembiologique des races est sans pIe des Indiens d'Amérique valeur scienti fiq ue, soient dite "latine ". bat! us en brèche dans notre En ce qui concerne la coccipropre revue et symbolique- diodide (comme je l'appelle ment dans l'article N° 1 du "à l'américaine") et la vulnéN° J de "Différences". rabilité supérieure des Noirs et des autres non-blancs devant une même maladie, je trouve que vos "réfutations" confortent au contraire mes affirmations. Vous dites que les Noirs des Etats-Unis sont plus sensibles à l'histoplasmose, que la plus grande vulnérabilité des Noirs au Coccidioide immitis a été montrée à l'évidence dans un article du "New England Journal of lvledicille ", dans lequel on lit que les Noirs ont été atteints près de quatre fois plus que les Blancs pour la forme aiguë, et 9 fois et demie plus pour la forme disséminée, lors d'une récente "épidémie" (les guillemets sont de vous) en Californie. Huppert, que vous citez, ne dit-il pas que "des informations supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ou infirmer la très ancienne croyance que les Noirs présentent plus souvent la forme disséminée que les Blancs" ? Je note que vous admellez le rôle d'une diffërence chromosomique entre l'homme et la femme face à la coccidiodide. Par ailleurs, n'est-ce pas à une anomalie de l'hémoglobine qu'est due l'anémie à hématies falciformes qui frappe certaines populations africaines et des membres de la communauté noire aux Etats-Unis? N'est-ce pas un défïcit du taux d'un certain enzyme qui provoque la maladie de Tay-Sachs, souvent mortelle. Or, près de 96 % des malades atteints sont des Juifs Ashkenazes issus de familles de l'ancienne frontière russo-polonaise. Aux Etats-Unis, celte maladie frappe, chez les Ashkenazes, un nouveau-né sur 4 000 et, 58


r------------------- -

chez les non-juifs, un enfant sur 500 000. Dans le monde entier, 80 % des 14 millions de Juifs sont Ashkenazes, c'est dire l'étendue du problème. Caractères non "raciaux", d'accord, mais différences entre groupes ethniques qui peuvent être dues à toutes sortes de facteurs, ce que le Professeur Jacquard nomme "l'histoire des groupes", au nombre desquels les conditions socio-économiques que vous citez. Et qui peuvent être exploitées pour fabriquer les "bombes raciales". Savez-vous que, déjà, des grandes firmes américaines éliminent à l'embauche les Noirs porteurs de l'hématite falciforme, après leur avoir imposé un examen ? Que les maladies étudiées actuellement par ceux qui projettent la "bombe raciale" ne touchent pas encore que les non-blancs, je le concède, mais leurs recherches vont vers ce but. Et les militants floirs et autres minoritaires craignent qu'une fois mise au point, elle ne soit utilisée à l'intérieur même des frontières des Etats-Unis pour résoudre la question raciale de façon radicale ... et discrète. Robert PAC ELBERTEX 82, rue de Turenne 75003 PARIS 272.16.40 PRET A PORTER FEMININ DelTIain DIFFÉRENCES MAI 81 La rubrique Agenda de DIFFÉRENCES est ouverte aux diverses manifestations qui peuvent, en France, apporter leur concours à la lutte contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. limbres à J'obliléralion nazie ou des le((res des Brigades Inlernalionales en Espagne. Le Mémorial sera inauguré le dimanche 24 mai à 15 heures.- HÔlel de Ville de Fonlenay-sous-Bois (Valde- Marne). Solidarilé avec les Peurles d'Afrique) el du MAA/CAO (Mouvemenl Anli-Ararrheid / Comité Anti-Outspan) ù la Bourse du Travail de Paris, à 21 heures, avec la rarticiration de Sam Nujoma (rrésident de la SWAPO, 11l0Uvemelll de libération de la Namibie) ct d'Oliver Tambo (rrésident de l'ANC, mouvement de libéral ion sudafricain). Mardi 12 mai • Le Comité de défense des Droits de l'Homme organise à l'hôrital Saint-Louis, u'ne conférence-débat sur l'avenir d'une négation il proros de la "révision" historique du génocide rar Faurisson Cl ses émules. Avec la parriciration d'Alain Finkielkraul, auteur du Juif imaginaire. - Ligue des Droits de ,'Homme, 27, ruc Dolent, 75014 Paris. Tél. : 707.56.35. Comité des Fètes et la Fédération Dérartementale des Amitiés Franeo-Etrangères. Elle regroupe les communautés algérienne, esragnole, itaLienne, marocaine, tunisienne, yougoslave, portugaise ct des réfugiés laotiens et uruguayens . Au programme: stands d'exrosition et d'information, stands de dégustation de spécialités, spectacles de musiques, chants et danses. - Télérhone

(50) 97.00. 14.

Mercredi 13 mai 1981 • A Roanne, à 18 h 30, le Comité local du MRAP ct René Mazenod, secrétaire national du M RAP, rrésenteront le Manifeste sur l'Immigration. Ce manifeste, publié à 'l 'occasion de la campagne présidentielle, présente des analyses et des rrorositions s'inspirant des traditions républicaines afin de faire échec au racisme et d'assurer les droits fondamentaux des diverses communautés vivant en France.Ex- caserne Werlé, 12, avenue de Paris, Roanne. Jeudi 14 mai 1981 • Dans le même temps que ,e déroule à Lyon une grève de la faim illimitée rour la reconnaissance des droits des jeunes immigrés de la deuxième généralion, rour l'arrêl des exrulsions et pour le retour des expulsés, le MRAP organise un colloque nat ional de et sur La nouvelle génération d'immigrés, au Palais du Travail à Villeurbanne. Les thèmes proposés: la sit uation sociale et familiale, le statut juridique, la nationalité, l'insertion dans les cycles scolaires Cl dans le monde du lravail, la délinquance, les problèmes spécifiques des jeunes filles maghrébines et les conséquences psychologiques ct médicales des conditions de vie. Avec la rarticipation d'Antonio PerOlli, directeur du CJEM (Centre d'Information et d'Etudes sur la ivligration), Jacqueline CostaLascoux et Mc Gourion, juristes, Alain Musyl du CEFISEM de Grenoble, Anina Lahalle, François Lefort, le Dr Boitard du servicc médico-social li' Aide aux Migrants de Paris, el les illlerventi. ons des jeunes immigrés qui vlendrOIll exposer les rroblèmes auxquels ils sont eonfronlés. Du 16 au 24 mai 17 mai au 16 juin • Au Centre Rachi, à l'occasion du 30 anniversaire du Fond Social Juif Unifié et du 33 anniversaire de l'Etal d'Israël, sera présentée une série de manifestations culturelles: 18 mai. chants et musiques juifs avec le théâtre Habimah; 20 mai, récital de Michaël Maguid et ses musiciens

24 mai, journée d'animations

avec le Mouvement sioniste de France à l'occasion du jour de l'indépendance d'Israël; 31 mai, srectacle du théàtre de Bruxelles, l'Yikult, suivi d'un concert de Michel Portal comme parrainage des Juifs d'URSS; 1er juin, rr&scntation du film Comme si c'était hier, suivi d'un débat sur le génocide avec des témoignages; 4 juin, journée rour les femmes juives avec la Coorération féminine. Suite du rrogramme dans nOIre numéro de juin. Du 18 au 23 mai • A l'occasion de son Assemblée Générale, le Centre JimVaillant, de l' Associat ion pour l'Accueil et la Formation des Travailleurs Elrangers (AAFTE) organise à Rouen une série de rnanifestalions : une semaine du livre migrant, une soirée cinéma, des animations dans les foyers (chants, danses, roésie) et une exrosition présentafll l'arrisanat et la vie quotidienne des différelllS rays d'origine des rarticiranIs à la fêle.- AAFTE, 19, rue du Pré-de-Ia-Balailie 76000 Rouen. Tél. : 88.58.94. ' Du 21 au 27 mai • Au siége de l'UNESCO, à Paris, se tiendra une Conférence Internationale sur les Sanctions à l'encontre de l'Afrique du Sud. Cette conférence, organisée conjointement par l'ONU el l'OUA (Organisation de l'Unité Africaine) devrait rasser en revue les mesures adortées par la Communauté Internationale en vue de l'éliminalion de l'apartheid. Elle devrait d'autre part envisager de nouvelles mesures contre l'Afrique du Sud . Celle con férenee sera aussi l'occasion d'une nouvelle confrontation entre les partisans des sanctions et les rays qUI y sont orrosés (La France nOlammeI1l, qui reste l'un des rarlcnaires économiques rrivilégiés de Pretoria). Rarpelons que la dernière conférence mondiale sur l'arartheid s'élait lenue à Lagos , Nigéria, en août 1977. Elle avait alors lancé un arrel en faveur de l'application d'un embargo sur les armes contre l'Afrique du Sud cn vertu du charil re V II de la Charte des Nations Unies. Jusqu'au 25 mai • A l'occasion de son 20e anniversaire et du IOc anniversaire de la section française, Amnesty International annonce l'ouverture d'une campagne Vingtième anniversaire, dont le début sera marqué rar un concert ù l'Espace Cardin avec le Nouvel Orchestre Philharmonique sous la direct ion d'Emmanuel Krivine, avec Alexis Weissenberg au piano. Au programme, W.-A. Mozart. Lacamragne Vingtième Anniversaire sera clôturée rendant la Semaine du Prisunnier d'Opinion (3e semaine d'octobre) par un ensemble de manifestations artistiques ct culturelles en France et dans le monde.- Amnestv International, 18, rue ThéodoreDeck, 75015 Paris . 557.65.65. • Dans le cadre des manifesta- Du 18 au 25 mai tions qui précèdent l'inaugura- • Le Comité d'Urgence Antirérression Homosexuelle (CUARH) rrorose rour trois semaines une exposit ion des photographies de la manifestation organisée le 4 avril à Paris pour la défense des droits et des libertés des homosexuels el des lesbiennes, au cours de laquelle le slogan était: "Antisémite, antiArabe, anti-homo, même racisme". Ces photos sont en vente.- Bar Le-Durleix rue Michel-Le-Conte, 75003 pdris . Samedi 16 et Dimanche 17 mai • A Nice, à la Maison des Jeunes et de la Culture Magnan, le Comité local du MRAP de Nice rrésente une exrosition Le racisme est parmi nous.- Rue François-Corpée. Samedi 30 mai 1981 tion à Fontenay-sous-Bois d'un Mémorial d'hommage aux quatre-vingt huit Fontenaysiens disparus dans les camps de concentration hitlériens, la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes rrésente une exposition: La • Dans le cadre de la promotion résistance et la lutte anti- Vendredi 20 mai des Centres de vacances a lieu la • A Bonneville, en Haute- hitlérienne à tra\'ers les timbres .• Un grand meeting de solida- fête régionale des 'Centres Savoie, a lieu la 3 }'ête sans fron- On~'" trou\'e des documents tre's n"t e avec l'Afrique du Sud et la ddEEndt raînement aux Méthodes tières. Elle est organisée par la rares tels que l'e'ml'ssl'on Crol'x- Nam'bI 'le est organisé à l'initiative A ue.ation Active (CEMEA). CO~,~ission ~unieipale "I~mi- Rouge rolonaise pour la libéra- du MRAP, de l'AFASPA (Asso- d/~:~~r~e 14 h à la Délégation Tgr es , le Fo}er .des ,Jeu.nes , le lion du camp de Dachau ' des. ciation FrançaI's e d'A mi.l.le , et d e 94500 Cham' p2l4g, nvru. e du Verrou, oU~,ceux q~l, a Pans ou en province,veulent annoncer leurs initiatives peuvent nous les f~ire conna~t au siege du journal. '1re 59 0- o 0- -O-u-i,- j-e -dé-si-re- m--'a-bo-n-ne-r- à- D-i-f-fé-r-en-c-e-s- -------------- . En vous abonnant à Je vous joins un chèque de o 270'" (2 ans) 0 140 F (l an) 0 75 F (6 mois) 0 170 F' (étranger 1 an) Je recevrai Différences à partir du numéro En outre, si je m'abonne au moins pour un an, je recevrai 13 numéros au lieu de 12 (valable jusqu'au 31 août). NOM Adresse Code postal Profession Parrainé par Prénom Commune Bulletin dûment rempli accompagné d'un chèque à retourner à : Différences, 89 rue Oberkampf, 75011 PARIS, Illl.è --------------------------------------- Différences FAITES UN TRIPLE PARI ... P our la prc mière fois. il l' initiati\c du MRAP, une équipc de journalistes Ct d'hommes de bonne volonté a décidé de faire vivre cn Francc un grand maga/.inc nat ion a l antiraciste, pour l'exprcssion ct la connaissa nce des différences. Différences l'st né sur un const at: le racisme et la hainc sont les fruits de l'ignorance. Aussi, chaque mois, sans concession mais ,l'CC talent ct ouvert ure d'esprit. Différences raconte. tout simplemelll, la \'ie des gens , ta ntôt dél'isoirc ct path étique, tantôt grand iose ct stimulante. le plus souvent ntéconnue. En VOlJ!-, abonnant dès a uj ourd'hui, \OllS fait es un triple pari : • Vous ne manqucrel. a ucun numéro de Difrl'- rcnces. • VOLIS recevrc/ 13 numéros pour le prix de 12 (offre va lable jusqu 'au 31 août 19R l , pour Lill abonnement d'un an). • Vous d e\'Cnez ahon né- fondat our d'lIn ;,rand jlJurnal lllliraCÏ;tl'. Oui, je désire m'abonner à Différences • Je vous joins un chèque de 1 0 270 f (2 ans) 0 140 f (l an) 0 75 F (6 mois) 0 170 f (étranger 1 an) Je recevrai Différences à partir du numéro En outre, si je m'abonne au moins pour un an, je recevrai 13 numéros au lieu de 12 (valable jusqu'au 31 août). 1 1 1 1 NOM 1 Adresse 1 Code postal 1 Profession Prénom Commune Parrainé par 1 B~"~t,in dûment rempli accompagné d'un chèque à retourner à FAITES ABONNER VOS AMIS •• 1 Differences, 89 rue Oberkampf, 75(H 1 PARIS. . "".2 Vous recevrez un livre de collection et le poster Différences-Folon -O-u-i,- j-e -dé-si-re- m-'-ab-o-n-ne-r -à -D-i-ff-é-re-n-c-es- -------------- Montrez Différences à vos amis. In vi tez-les il s'abonncr eux-aussi. Pour vous remercier de cet effort, nou~ vous offrirons un livre de collection "La France ct l'Affai re Dreyfus" , de Pierre ParaI', ainsi que le poster" Iiffl-rences-Folon" (voir page 4). Ces deux cadeaux VOLIS seront en voyés comre trois bullctins d'abonnement d'un an, dûment remplis ct acco mpagnés du paiement correspondalll. Si vous êtes déjà abonné, scu ls deux bulletins suffi ront. 128 pal(~s , M illustrations (l'l'poque. .Je vous joins un chèque de o 270 F (2 ans) 0 140 f (1 an) 0 75'" (6 mois) r 170'" (étranger 1 an) Je recevrai Différences à partir du numéro En outre, si je m'abonne au moins pour un an, je recevrai 13 numéros au lieu de 12 (valable jusqu'au 31 août). NOM Prénom Adresse Code postal _ Profession Commune 1 Parrainé par 1 Bulletin dûment rempli accompagné d'un chèque à retourner à : Pierre l'araf, l-crivain. journalistl' . a publiè de nombn'ux oUHa~es qui ont obtenu dOUle prix lilll'ru in's. Pierrr Parai'. prj,sidcnt d ' honneur du Moun'ment (:ontrc Il' ral'Ïsnll' ct pour l'amitié entre les p~lIples. est à mên1l' dl' ra('ontl'r aHl' talent "la ham'e de Bien entendu, là aussi, 13 numéros seront servis il vos amis pour le prix de 12 (offre valable jusqu'au 31 août 1981). 1. Différences, 89 rue Oberkampf, 75011 PARIS. IlII. è --------------------------------------- ~ JQ l'affaire Dreyfus". 13 I~ ~I 1~3 I~I~ 1 13~1~ ... g r -l g, m .- '- ~ s. _ e. m :;_ -l _ ", e. '- ::.; ~ e",~c~o",~. ~--",Charles",~~ c",'--~~oc~n~",i-non03Charles

J) ••
:. ~ rb ~ C Vl ('tl N (;' ~ Vl ~ 5"0 ~ '8 _~ t'ti :;';/)

~. -. -..., 3' ~~. ~ i ;:: !;g • ." m i!.: e g- i!; :;; 3 ", ;;: ~ ri::r ~ fT) nl'" " (:;;' Vl'" a. ;;. p)'":J ~ :; (b fr ~. ~2.~~c31 mai 2011 à 14:35 (UTC) ~ n ~i!;n rb ~ ~ t'ti (b ~ ~ ~ ~ 0 _ . 1 n 0 ~:J ~ :J N ~~'3~~'Charles?~ c;::~ ~c; ~ "'~o~N~3n ~ ~ ~~ e.~~- ~ cr N :J g "0 "0 0 g. n' 0.. :;n0 ;:; ~ ~ - ('D 0- Vl (D' : C. Vl e; ~ _. 0 : ,. . %. c ~ ~ ('tl ~ ::1 g ", & ~ Y' _l ~ . . ~ -g :-' ::;1,., ~ iiï ",~ -c~", ~c 0 ' ~::I ~ -3' rtl~2·...;I ...... A ::l c o:/JH2 ennn _.- n c~ n ~ g~ "'n:N g~ c nne o e ::l _ :r 0 -: '" O:l_ -0 :; n () en n .. 0 c C ~ c" 0 ~. 0 rD - PJ :/l .- "'0 ~ 2: c (1). 0 "'0 ."J PJ ~ n n ~ ~::l r.::. : ~ ~ ~

1 _~n~. 0 n n~.~_

~ ~.D C/J .Cl ::: N ~ (b 0:; ~. '0 (b:: ..:::;. : : ;n ~ ~ c ~ g ~ g ~ gg C 1 _.:J ':../' ' J"J './l 1 ::3 .~ ~ •~ - ~ :: "'-C ~ Q :: "'-C ~ .. ~ ~;;- -oe0 g- c.: •.. ~ 0 - - • -. n •.. C ,R Jol;l"-iHjj. --:a'--co--. ~:~ .. j :;:: • o ~ _.~~ - ... - ~ , o . .- "~'0 -~ -2 (~'O. 8_-. )~; ~" • •~ r;n;:; - :8;; ' . 7 .." 2:" () ~. J ~. ~ );a- (b ~ () :-:s g.- i_iï. :I' : 3Pol g ;..;..l. ,..~.... ~. ~3 en .o ~:.t'J (b _ 7' (;;' Cl. :3 .-- 1 t'tl l ~ CJ

~ C/J Z _. !J' n 1 0.. ~ ::1 PJ
. ;::r ~ _ - 5.:.:; g. ~ 0 n ;;0 e -

~ :::. g - :;;' ::. r. (J:) ~ -g 0 !!.. g

r.. ;
; ~~ -ê ~ 5- ~.
;' ~ n ~

1 ~5Br)30::l ~ ~fJ.o.. ~ n ~ (") ~ 1 ;:;,::J R' 1 r; ~ ("0 ~,g "ü ~ ~ ~ , c:- , - ' ~ Q () ,_.,., ~ () "T1 "::l Z 0 n· ~ g ;; ::. 1 ?:5 ~ ~~ ëî ~ .g ~ !} 2 .-- -0 ~ n '""0 ~ g. Q. 1 CJ) X o':; 1--. ~ ~ . - ~ c;:;: w" ~ 1 :J rD e: n. 1 .." ~. 1 (jë'. ('0 c:..o.-:-g;:;;oeg ' "'O(bv • (b:;;O.:n' 0 -::l 0 1 (3 _ OE"1ng ~oeCharles 31 mai 2011 à 14:35 (UTC)O:J'" _ 0 n r. _.- n'n n üO 8 3 ~ 2 0 g. ~ ~ .-- ÇQ ~.;; :3 ::;

n' 9
::'..0 PJ ;:: ' _': ;::5. ë ~:J t:

rD ~ ;;.:-: n ~ ~. ~ (b . b;;; »::

J, 1 _111 l , •• CCJ
'-'
. o:. z:~ rr..: s,;,': (;;' (~). C ___ :-.. ...... """

6 .....,v _. :..- :5. 0 (") (j_()~ 1 "ï. I~(jcn-~('!)

c
i. ~ ~ ~ . ~ ~
r-- n 3::: ("D:J,

,.,. e iiï 0'" ::1 n

('") _):r."""
Charles7~~
0 3 ~. ~::: -' n

'~ fi ..... ~g _ 2:.n ~ 7__' _C_ l ~ Ve'.l l":;'_) ~ , VJ' ~": ("D o ~m-OJ"'Q. rr ~ ~ ~ ~ 6' ~ ~~ rD· ~ '-"l ;:; t::J_:J (b"O , r.;: , ("',).): 1 V ~ ~, ()' .~ O;:):l

- C/) 5:; o."::l :J ~ ~,

"' 0 e 3 0 n ~ '" ~ c 0 ('j ::: :J ~ W .,~ _ ~ (J':) ~ n :l t.i:~....., fi) ~ ~ g.;:s Ô ê ~ 1 r. :.n:.r."X::.....,~ 7' PJ , () 7' • ~

l

[

l :::
",

~ :::

:::: gg, gr:;;

("D - - Yl "X () f'7i. -:::1 OJ Cl III : a~ ~ ~ ; " ~ °cog ~ ' :: (jO' :/: '-1-g~~ (j~~ ::::: - ~ ri c.. ~) () -:.n fi) 1 fi ~~' _, ~. C ~ () ~ :.n ......

:r. 0 n c...

....... cr: , r.;:, f"l:I ~ ~'~ C; -1 g. ~ '" ~ ~ ~ , ~ ~~ ~

- (/):.n;!!~
. c
: ....., "'0 .....,

S· :g ~ ~ g ~ g- -.....,, t.) :"/ 'l .....,

3 "'0 ~ r;.Ja'

~) ~~,~': , ('J.' 1 X (1)

§ â' ~ 0 ~ -.r.o, n -~ ro 3 ("':1 -:::s 00 ..... "0 ~ ::: c: ::: "Ô G' - () "0 ~ CO ~ ~ Q. 'i!; ~ _ i'b ~ 3 :l ' g. _ C :-' ....., ::/l ('J ~ ~ (). ::: 0 ~ ~ 0 ..., ;)..., (J. (1) ~ -:. V ('0 ~ Z c. ~ ~ C/) OC""" ..., ;;, 0 S ....., n ;- - - 0.. - - rD' ::/l:J rtI ~..., rD

. ~
! g- -e
1.;:5 0.....,\01 ~ g. 5' ~ c ~~. , '; ~ S 1 ~ ~, ~ ~ 3 ô.g
' ~ ;
5 ('j ;:; ~ :.n C ~. ~ ~ ::s .:... g ~ 100 (1;) -5 a..., ~::.. ~ ~:: "'0

(:) ~ - (). 1 : -5' -' ~ (~ n fi ~"O c.' ~ ~ 0:' . o' ~ fJ) fil (;,' ~ ~"' __ '" ,-lCharles,cOJgOJc~'Z &5'~::I30,n~ , -.0 oc 3 -l ..." n ~ '7 - ~ ~ ;:; ::; 0 :o. '" ", e. - () , ü

" • :-..., - ~ --.- ~ :.n ,.J ;:; (J'O :J (/) en 0.. 0 _ .

Charlesz~Q-~'~2g.g ,~'" ·~'~;'~S"'3 3~~ ~ • S; 0 -, ~ ?' - ;:;::::: 1 ~ 0 n fJ) 0 -, ('J "'0 - - ~. ;::0 J') ro ~',.. co..:: :.r. G:.Il G -"O. ('O. 1 0 .....,J 0 :l :l :l 0 :j CJ tlJ (J. (J. 1 e; (J"" 0 .. - v n· ('J "'0 ;:;. - C • 3"" c. - ~ ~ w -~~ '~~co~""'~3C~()CharlesCllll nnn 0 nn~?_l~~.XCharles3gnCharlesi'b~~n5·Sn;::~~S ~ C10 ('J.::;" ~ n VI -....., :.n 0 ::: Pol (1) g , ..., ...... 3 r.n :::::.::::r..., _ ""': (1;) n ?; ~, n: g. ::; :2) 1 PJ-.g· 1:3 ~ 2 c. Z ~, ;;; ~, ' C; ~ ~ ~ 0 "0 '!- 1 ~ l "'0 ~. - g~' "'0 C:!? ~ - tlJ l , ~""O r.n (1). cr- .:; ~ 9 - rn PJ ~ rD. C !!' , ;: ~ C ~. ~ - "0 0 ~ g-~, 1 ~ g co ::; 0 'X ~ " 3 f)Q e ~ m. '" ~ n x C '0 "ü n ;::' :l ~ [r:l ~ Pol """ .... :::r- P-ltl:!{tI::: 0 "OVl{tl:JtlJl r.n' tlJl,O ü-~·~~o-·cQ.Q.Q.-:l""~:;-a-~o ~Cl3 C ~ !;g :i' ~ n 5 i'b x n ne::. ~ 15- 0 êï !:::..::I n ::. ~ ° iiï' ~. ° m n ~e~m,Ill~'~-Charleso::lOJ~·'3Q·~3 () c_~,

' PJ ,~ ;D' ~ ~ ~ d 3 ::. 1 .... 0" n; . W (b ~ -- 1 ~ ~ , r;: g ~

n 3 Cl;:: ~ , :;_ ~ Z c ~ _ ' iiï ~ O~. - , ~ () .:0. Cl n ~ () "" "'~n~ nlll ~ '~O~ .oonQ.--,~~"'~~"' c-C!:::..~c~n:lc-~CCCharles 31 mai 2011 à 14:35 (UTC)w~ 1 (b., xe, , (j ::l • ('tI • (1). (tI ~. (1) 1 1 1 PJ :/l. .... 'JO A '-' N o 0 oc ..... "" 'Jo A '-' N

i3: 0.., .

N ;::: 0 .1....: 0 -::s 3 eMn- -~ ro 3 ::In ro ~1-1 -::s 0 ~. en (D'~ en Ji

r; ~ ~

'
...

7

./ 52 "l'l ~ "l'l t"!'l' -: :::. t"!'l 2 c n t"!'l

1;

[J) ~ f. -:.. 1'"' oc HUlDour SOULAS 62

Notes

<references />