Différences n°1 - avril 1981

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Sommaire du numéro

  • n°1 de avril 1981
  • Edito: on va se raconter la vie des gens par Jean-Louis Sagot-Duvauroux
  • La bombe raciale par Robert Pac
  • Evénement: la différence parisienne, du "Palace" au "Privilège"
  • Heureux comme un noir à Soweto? par Pierre Haski
  • Sous les quotas, les hommes par Véronique de Rudder
  • Le MRAP passe à la vitesse supérieure: interview d'Albert Levy
  • En débat: faut-il poursuivre Faurisson; interventions de Alexandre Minkowski, Delfeil de Ton, Charles Palant, Elisabeth Badinter
  • Australie: Pitjantjatja, quoi? par Eckhard Suff
  • Les français plus: tous les français ont quelque part un ancêtre venu d'ailleurs par Jean Pierre Giovenco
  • Afrique: cathédrales d'argile par Jean-Louis Sagot-Duvauroux
  • Connaître les maliens: mémoire du Sahel par Théo Saint-Jean
  • Culture: le clash "white riot" par Marc Mangin
  • Réflexion: faut-il tuer Darwin? entretien entre P.A. Taguieff et Pierre-Paul Grasset
  • Histoire: Jean Ignace: l'esclave qui défia l'empereur par Germain Saint-Ruf
  • Pays basque: accrochez-vous à mes basques par Victoria Llanso
  • Tribune: dialogue avec Marie Cardinal

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• N° 1 - AVRIL 81 - PRIX 12 F - MENSUEL Edito ON VA SE RACONTER LA VIE DES GENS On ouruit pu adopter la "ligne bucolique", Brebis blanches el noires paissant ensemble sur (es verts pâturages ou se dêsoltlrant, de concert ovec un loup devenu veau, dans le courant d'une onde pure. Sous un soleil de printemps. 01/ aurait imaginé Françoise el MOl1ladou, Ngllyen el John, Du\,id et Farima com'ersonlpmsiblement. échangeant leurs différences comme des loukoums. 0" ourail l'II. Le malheur, c'est Que les choses Ile se passelll pas ainsi. A Considérer les événements. c'est plutûl vers llll joumol-corasirophe qu '011 al/ait s'orienter. De la bombe d'Hiroshima aux massacres du Salvador, de ('apartheid sud-africain, ail génocide hillerien, de la faim danS le monde (IIIX assassinaIS cl 'immigrés 011 allX Qrref/lals antisémites, la matière surabonde et les films ci sel/saliaI/ S01ll de la petite bière à Côlé de ce que nous rapporte chaque jour l'acllla!ité du racisme. Mail' on aurait pu. DIFFERENCES allmil déployé l'horreur vertueuse à clUlque page. Le sal/g et les larmesalimentanf les nobles effaremenrselles indignations obligées. Et puis 1/011 ! La vie, ce n'est pas ço lion plus. 1/ y a de 10 douleur mais oussi du plaisir, dOlls les différences. SlirtOlll, il y a l'êrre humain (el qu'il esl, et l'êlre humain. c'esf la vie. COII/re nous: fOIl{ ce qlli ni\'elle, sépare, ennuie, fige les gens duns III/ slêréotype pour mieux les assen'ir, pour leur indiquer leur maigre part de bonheur obligatoire. Avec I/OUS : fOur ce qui bouge, qui \'eUf être soi-même, qui refuse l'embrigademem de l'esprit. Pour nOlis: les "youpins". les "négros", les "bougnoules" - elOI/ esttOlls le "bougnoule" de quelqU'lm - ceux qui parle", Iropfort ou qui daI/sem lrop biel/, celiX qui ne se toisent pas quand il leur vient l'idée d'avoir des idées, ceux qui san! différents el ceux qui sont pareils mais qui veulellllm momie respirable oû les parles Ile se fermem pas à la COl/SOI/I/ance d '111/ IIom, à l'étrangeté d'III/ Vêlf?mem, ci la couleur d'un visage. DIFFERENCES faif 1111 pari. VOliS VOliS douliez bien que le racisme se bâtissait sur de gros mensonges. Tranquiflemenf, avec ténacité mais aussi avec plaisir, nOus of/ailS faire la peau aux vieux préjugés. 0" va se raconter la vie des gens. Promenade en p!t010 vers les grandes mosquées de 1(1 houcle du Niger. Qui a dit que l'Afrique fI'a pas d'histoire? El puis nous accompagnerons les Aborigènes d'Australie dans leur retour au désert. Non pas pOlir prendre des clichés piltoresques mois pOlir apprendre commem ces hommes ail! élargi l'expérience humaine. 011 va se raconler (a vie des gens. Onze milliOns de Français ont un ascendant proche étranger. Tout à coup vacille ta frontière entre celui qui a une carte d'identiti et celui qui doif presenrer aux réquisitions des forces de l'ordre sa carfe de séjour. On va se raconter la vie des gens. On ne croisera pas toujours /'hérofsme. Mais parfois oui. Comme avec l'histoire du Guadeloupéen Jean Ignace qui lève le drapeau rouge de la liberté à l'heure où Napoléon veuf rifablir l'esclavage. O fi va se raconter la vie des gells. Quand lIOliS rencontrerons /'injustice ou l'horreur, nOlis ne ferons pas taire nOlre colère. PeUl-ail laisser COl/struire dans l'ombre celte "bombe raciale" qui tue sélect;vemelll selon l'origine ethnique et dont DIFFERENCES révèle qu'elle esl à l'élude. On va se raCOnler la vie des gens. Elle est faite aussi de daI/se, de mllsique. de plais; r. La boîte de nll;1 oû le jelil/e travailleur sénégalais cOloie l'éllldiante française, oli l'homosexuel Il'0 pas peur d'exprimer la na(Ure de ses semimellls, Oû la musique c!tallte pOlir 10llS dans la nuit parisienne, c'est /ll/e bal/Ile idée. BOf/lie idée, la citaI/SOI/ dure des Clash qui elll raÎne la révolte de la jeunesse pauvre d'Angleterre sur des chemins de rencontres. DIFFERENCES va vous faire elllrer dans lin vieux rêve Irès simple qui dit : vivre el/semble. c'est possible et c'est bon! Ensemble, nous allons décollvrir, mois après mois, III/ lInivers fonique ft vivifiant, le grand vent des différences. Si I/OUS riussissons, DIFFERENCES deviendra alors ce qu'il doir être: lin blilldozer ... COntre le racisme! Jean-L.ouls SAGOT-DUVAUROUX J F DY!>tAJo.., LL W J: 1 C z w Le plaisir de cuisiner. Rien que le plaisir •.• Nous sa~ions que. dans cel espace. nous ne poumons ~ous dire 101,1\ ce que le Kenwood Chel peut faire il votre place. MaTS nous avons pensé que vous saviez déja qu'II rApe. malll}(B. épluche. moud. e~ l ralt les Jus de Irulls. hache les Viandes, pélritles pâles les plU5 dures etc Sa SimpliCite el sa conception l'On! Imposé à des m!lllons de familles à Oavers le manCIe. C'est vraiment un grand lobot de CUISine Quelle que 5011 sa vitesse Il travaille au ma~lmum de sa pUissance glâce il la régulallOn éleCtrOnique de son moteur, Il est le seul appareil à mouvement planeta,re sur lequel peuvent sadapler un mIX9\'. une rApe lapide. une cenlf11ugeose. un hachOir Il es! beau. pratiQue, robusle. laclle à ullllse1 Vous découvmezloules ses posslbllnés IorSQu',1 sera chez vous, car Kenwood Chef ménle une place clans vOIre CUisine el clans votre coeur - KENWOOD~L 14-((,_ Jlenue tic SIJhngr.ltI L.J t"en",uc lOI Q.t2h] l re"!lC~("cdc\ Tel MbN.78 10..""",,,,, 1'[1\\('11,'( (,~c,.r \ /U' ~. "" 1.1I1~"'·f 1 llllU \1.11"<,11. r,1 ,·II,·>I"l-U 1o.. .·II"<'"II·\f\·,I<...... 1<1 < 1. 1 .. "t~.!U, IlI.ullch" 11 ~(.I 1 Ilul, .,,"" 1 <1 ,1\11 :!, :~ ~f! lo.. ,n"".~1 M h"n~ \11'"' ~II fUC \I.Jh:~1 \I al~u\ l~~I-( "",. I d 17.~7!~~IKI ... ---------- 1 11<111 [lOUf lille ll\lClHII~nUI"'n 1o..~"",II",d Chd 1 \,~n __ l , .. , ________ _ 1_------ I \'~ _______ (<).!.P~~I _ __ ~ ~ Sornrnrure ____________ o,--------------------------____________ _ A J'occasion de ce numéro J. je souhaite bonne chance à DIFFERENCES. Ce magaÛlle porte ulle grande par! de l'espoir des antiracistes el du MRA P d'où en est parlie l'idée et qui en a pris l'initiative. 1/ sera choque mois, pour des dizaines de milliers de foyers, lut messager ionique el vivant de la jrater· nifé. P' FraI/ fois G,RE'MY 1"rJ5jdtn/ du M HAP (Mou\·tmtn/ COn/rt It HDcismt tT pour l'Amlrll tnrrt ln l'tllplt.1J OIl':M E)<'C~::S Ift l lUlnr mu.\upt Hltl pl ' Il SEI) ISoclftf dn Edjl jon~ Dlfffll'nC<'»1 • 120. rur Sll'nl . n'ft l~. 75001 l'.n •. TH. : 508.fI5 .'" · 2.)6.06 .05 " • .,.h,oi",l. Ulrt'f'lrur de la publk lli roll : AI"'" LE\ V. R~acl~u. ~n chef t Jun. l." ula lIAGOT-UU\' AUMOtJX • D'f«\eur : M'.hel IlA G"G~: • Ch~fs de rubrique : l .. n· I'I • ....., (; tO\' I::/IoCO ; M"bul l'AC: Annr LAURI:.NT. Conctpllôn CI .calilal'On . "hllipJte 'rMOJA,'1/ • IcorlUllaphl. : Dtolphinr DF:I'OMTt::. Onl fflllabo.~ l c. 'H1m~.o : .:li"",", 11I YAUlNTF.M : l'tllltn ROUISSt:T: l'tb, if CA RDI NA l : l:U ·EII. dr TON: l'th'l in. GOZLA"I: 1'1 ... , liASKI ; \' k IOn. t.LA.' SO: l'th n: MAfI,G IN: Jnn. L""J. MINGA I.ON; l" Alnand •• MINKO\ 'S"' : Ch •• ln !'ALANT: \·n"n;q". d. IWDnER : 1' h ~o SAI," .n:A,\ : Cermaln SAINT-RU"": Erk har<l SVP!' : l'll'rft-Andr4' t'AGU t.:.· .. ; V~n T tlORA \'A I. : M"IICr-lb) 'Mnd \ lAS - "horoKr.phic. CI IliumllllQn5 : Philipp' flONNIER : Alain H)Nn :RAV: l'hill,,,, QUI .... rO/ll: Abd.l.hak S.:SN .... - COUverIU!C ' AI. lft " ONT!:;RA \' : l'h lll, ,.. TROJAN - Oiffu.;on NMPP · Abonncmnm : 0011;on ctI .bonncm.nl~ : "'Irl.-Chrl>llne LUCAS, Kh,l,d ln;flRA Il -\ u : 140" : Z u ,: 270 t': 6 moll : 7S t': NUI" n : 200 J'; .bonnomn I 6'honnru. : 1 000 .': EI ",nler : 170 ~ : EIUdllnlJ fi chOmeun : 1 .n : 120 F; 6 molt : 6~ F : JoÎn6 ... une photocopie dt 1. ça"c 6'.!1udl.nl ou de la carte de polnl'I'. - Numtro de tomm,foIio" pl,ilai", en fflU ..... PholocompotÎlloo el phatolf.VIlre : ART COMPO _ Imprhll'rW Du'" el ~ .. dl. · ACTUALITE 7 T ERRIFIANT : LA BOMBE RACIALE Incroyable! Une bombe qui tue séleetivemem suivant la race est à l'ét ude. Robert PAC ACTUALITE 12 LA DIFFERENCE PARISIENNE: DU PALACE AU PRIVILEGE lancé sous le signe du melling-pot. le "Palace" rentre dans le rang avec [a création du "Privilêge". EN DEBAT 18 FAUT-IL JUGER FAURISSON ? VECU FLAGRANT DELIRE OU NAZISME DANGEREUX! Quatre personnalités donnent leur poinl de 'lue Sur le "droit" de nier le génocide. 20 J 'AI RENCO NTRÉ LES PITJANTJATJARAS Dans un désert fleuri d'Australie, des enfants noirs aux cheveux blonds rêapprennent les -rêves de leurs ancét res. LES FRANÇAIS PLUS Onze millions de Français 0111 un ascendant proche étranger. Ils apportent un "plus" a une nation qui s'est construile d 'apports successifs et 'Iarik. Mais les difficultés que con naît aujourd'hui l'immigration rendent l'intégration probJématiqul· . .Jean· Pierre GIOVENCO AILLEURS 30 CATHEDRALES D'ARGILE A l'époque ou l'Europe se COUHe de cathrora[el;, des a rc hitect ~ édifient, sur les bords du Niger. de fascinantes mosquCes d'argile. Jeal/ -Louis $AGOT·DUVAUROUX CONNAITRE 36 LES MALIENS tes 60 000 Maliens qui vivent en France sont les amba~ s adeur~ d'un peuple il l'histoire el ;) [a culture millénaires. Théo SA INT·JEAN PLEINS FEUX 42 LES DECIBELS ()E LA REVOLTE CLASH La "cold wave" façon antiraciste entraine la jeunesse des faubourgs de Londres sur des chemins de renconl res. Marc MA NGIN REFLEXION 48 LES RACINES ()E LA SOCIOUIOLOGIE : FAUT-IL TUER DARWIN? Pierre·André Taguieff interroge le P' Grassé qui attribue aux fondements du "darwinisme" les utilisations raci~tes de la biologie. HI STOIRE 50 L'ESCLA VE QUI DEFIA L'EMPEREUR Au moment ou Napoléon I ~' H'Ut rétablir l'esclavage en Guadeloupe, Jean Ignace prend les armes ... Germain SAINT-RUF REGIONS 53 ACCROCHEZVOUS A MES BASQUES ... La "différence" basque a bien des 'lisages. Vicloria Llanso en li relenu quelques-uns pour 'Ious. DlFfERENCFS AVRIL 81 Actualité Robert Pac ne voulait pas le croire. Il s'est penché sur le dossier. EHarant. La bombe qui tue sélectivement suivant la race est bien à l'étude ! L es trois avions sont passés très vite. très haut, dans le ciel de cette ville du Sud de )' Afrique. Sur le bitume d'une fue périphérique, un curieux objet S' CSI brisé en mille morceaux, comme une bouteille de porcelaine. Il est [9 heures. Dans la coquene villa des Smith, une famille blanche installée dans le pays depuis un siècle et demi, c'est la fête. Mme Smith célébre son 43" anniversaire. A huit heures et demi . Dali. le maître d' hôtel noir, qu'on appelle "Dada", est pris d'une violente migraine CI de trem~ blements. Il est parcouru de frissons qui signalent une ficvre de cheval. Ennuyée pour sa réception M. Smith aide son ser~ viteur il se rendre à la cuisine mais la cui· sinicre, elle aussi, est au plus mal. La fête est gâchée. Le lendemain matin, la radio parle d'une mystérieuse épidémie qui a déjà tué des milliers d'enfants dans les fau~ , bourgs noirs de la ville. On fait un appel à la charité des Blancs pour qu'ils assistent leurs compatriotes noirs dans l'épreuve. Les hôpitaux SOnt pleins mais il y a peu d'espoir pour ceux qu'on y amène. Le ministre de la police du gouvernement blanc annOnce qu'i l a fait arrêter une trentaine d'activistes pour~ suÎvis par la police ct qu'on a trouvé presque mourants. Réalité ou fiction? Un tel scénarÎO est~i1 possib le? S'est·il trouvé des cer· Actualité veaux assez pervers pour en imaginer la mise au point'! J'ai acquis ta certitude que oui. El je livre ici les terribles rêsul~ taiS de mes recherches. En août 1979, un garde de sécurité du Laboratoire naval de bioscience de West-Oakland (USA) est licencié. il est noir et est atteint de coccidiodide. C'est une maladie assez rarc, également connue sous le nom de " Valley Fever" parce qu'elle sév it particu lièrement dans la vaste vallée centrale de Californie. Une courte enquête permet de découvrir que des essais sur cettc maladie sonl ell cou rs au laboratoire au même moment. Or. détail troublant , ceUe maladie est généralement inoffensive pour les Blancs. Les Noirs y sont par exemple 10 fois plus sensib les et les Phillipins 100 fois plus! Les particularités "raciales" de celle maladie amènent bien sûr â s'interroger sur les objectifs visés par ces recherches. D'autant plus que dans un numéro récent de la Military Rcview, publiée par l'Armée des Etats*Unis, un inquiéta nt article examine en détail les possibilités d'application des nouvelles découvertes de la génétiq ue aux opérations militai* res. Intitulé "Armes elhniques", l' article indique : "Le.~ variations observées dans les réactions à divers produits ont amené à envisager l'existence de grandes dirrérences innées entre diverses popula· tians dans la vulnérabilité (lUX agents chimiques."(I) Plusieurs éléments indiquent qu'on n'en est pas resté au stade des supputa· tions et que des recherches Ont bel ct bien été entreprises dans ce sens. LeS découvertes récentes des travaux sur l'ADN, l'A RN et les enzymes qui agissent comme un cata lyseur dans le système nerveux, ont établi que ce pro* cessus complexe varie de façon importante d'une race à l'autre. En 1974, le " New scienlis t" de Londres révèle que le Département de la Défense des EtatsUnis a engagé deux scientifiques britanniq ues pour mener des recherches sur les sensibilités et les intolérances gém:tiques des Africains.(2) n rapport de l'Armée amcri* U caine de janvier 1975 vien t encore étayer ce faisceau d'indications

"Finalement, y lit-on en conclu·

sion, on esl plutÔt errray~, parce qu'il est théoriquement possible d'élaborer des "armes chimiques ethniques" qui exploiteraient les dirr~rences naturelles de vulnérabilit~ panni des groupes spkifiques de populatlon,"(3) Une maladie qui touche 10 fois plus les Noirs que les Blancs l.es labonl lol~5 mllillilres Isotenl dH I!.tflnt.~ li l'ffets Stl.,.,·lifi. Ces recherches ont d 'ailleurs déjà établi que 50 'la des Américains d'ascen* dance africaine ont une faculté moindre pour assimiler ou détruire certains agents chimiques. Un homme s'inquiète d'un curieux fait divers; depuis 1967, on retrouve, d'un bout à l'aulre des Etats·Unis, des vaches "assassinées" el ho rriblement mutilées, notamment dans les parties du corps ou se trouvent les muqueuses les plus sens ibles. Cet homme s'appelle Ed Sanders. Il affirme dans sa publication "Caule report" : "Les militaires cberchent à fabriquer des microbes spécialisés qui n'altaqueraient que les humains dotes d'un certain patrimoine gén~tique". En effet, on a retrouvé cer· taines bactéries très dangereuses pour l'homme dans le sang d 'une de ces vaches. Selon Ed Sanders, on mesurerait l'e rret des essais bactériologiques atmosphériques à partir d'organes prélevés sur [es animauX. On est en plein cauchemar. On voudrait croire qu'il ne s'agit là que d'idées folles, issues d'un cerveau malade • d'apprenti-sorcier. D'ailleurs, ces " dir· féRnces naturelles de vulnérubilité" ne seraient-elles pas, elles·mêmes, la reprise de ce rtaines thèses racistes a nti* scientifiques? Interrogé, le biologiste Albert Jacquard, explique pourquoi il n'en est rien. Cette arme en effet, ne peul jouer que sur les différences d'immunité biologique el virale enlre les groupes de population: "Toute la stratégie d 'une telle guerre sélet::live repose iiur la diffé* rence de résistance de certains groupes à des attaques microbiennes ou virales; ces diFférences pourraient être soit d' ori* gine génétique, soit dues à l'histoire de ces groupes et au milieu dans lequel ils ont VKU. "En rait, les pauimoines génétiques de ce que l'on a appelé les "races" humaines sont beaucoup plus procbes qu'on ne l'imaginait; il n'y a pasde race "pure" ; nous sommes tous des métis. Dans ces conditions. la s trat~ie évoqu ee ne trouve dans les caractéristiques gënétiques qu'un raible champ d ' application." L'Histoire nous fournit un exemple frappant de ce que pourrait être l'effica· cité d'une telle arme . C'est celui des Indiens d'Amérique Centrale et d·Amé· rique du Sud. Entre 1518, le début de la conquête, et 1585, la population indienne passa de 70 à 7 millions de personnes. Certes, il y eut des massacres et nombre d' Indiens périrent à cau se des condit ions de travail inhumaines qu'on leur impo· sait. Mais les trois.q uart de ces décès provinrent du fait que les habitants du Nouveau Monde, qu i avaient vécu en circuil fermé depuis le paléolilhique, ne jouissa ient d'aucune immunité biologi· que contre les maladies d 'origine eu ropécnne. Et le contact d'un Européen et d'un Indien était tout de suite fatal à ce dernier. Ce qui ne fut pas le cas pour l'Afrique traversée par les caravanes. ni pour l'Asie, où J'Océan indien fa vorisa des va-et-vient continuels à travers les âges. La variole, le typhus, la rougeo le ou la fièvre jaune décimèrent les Améri· ques et il suffit encore aujourd'h ui d'une simple épidémie de grippe pour détruire des tribus entières d' Indiens amazoniens. Au début des années 50, MK* Ultra Subproject 12, une opé· ration concoctée par la CIA, prend forme . Sous la direction du Cen* tre de Guerre Biologique de l'Armée, à fort Detric k, dans le Maryland, non loin de Washington , des scientifiques cultivent l'hémophilus pertussis. Le problème n'est pas simple. On ne peut expérimenter l'arme biologique sur les animaux car les germes sont spécialement adaptés à l'être humain. Comment faire? L'incroyable décision est prise. On va tenter le coup en milieu réel. Des essa is sont faits dans 8 villes des Etat s·Unis au moins. Des gennes atténués sont lachés sur certaines vil les depuis des navires de guerre. Pendant 6 jours, les habitants de San Francisco inhalent chacun au moins 5 000 bactéries par inspiraLion. petits animaux invisibles nommés serratia marcescens, aspergilus fumigatus ou bacillus globigii. On note de nombreuses infeclÎons dûes au serratia. Un homme en mourut, un mois après la dispersion des microbes. Sa famille est en procès avec l'Etat .(4) Des essais similai res sont réalisés en Alabama en 1952 ; à Panama City (floride) en 1953 ; à Point Mugu et Port Hueneme (Californie) en 1954. L'expérience la plus ahurissante se situe dans le mélro de New York, en 1966. D'étranges ampoules électriques répandent dans les stations elles tunnels les microbes que libère le sourne des rames qui passent.(5) Le cas de la baie de Tampa, en Floride , a été spécialement étudié à cause des morts qu'il entraîna : en 1955, l'hémophilus pertussis est répandu sur la zone. Le nombre de cas de coqueluche est multiplié par 3 ; 12 enfants ou nourr issons trouvent la mort. Pamli eux, il y a Il enfants noirs !(6) Aujourd'hui, les annes bactériologiques sont théoriquement interdites par les accords de Genève de 1975. Déjà, le 25 novembre 1969, le president Nixon avait déc idé d'interrompre tous les tra· vaux relatifs à ce type d'armement mais le Pentagone décidait malgrè tout de maintenir un programme restreint d 'études sur les armes "biodérensives" à Dietrick .(7) On sait aujourd'hui que, depuis des années, la CIA entretient des stoc ks, d'ailleurs modestes, de toxines et d'agents viraux et bactériologiques. Le 23 août 1975, c'est Thomas N. Karamessines, député directeur aux plans, qui révèle que ces stocks existent bel et bien, six ans après la décision présidentielle de [es détruire. On y trouve les agents de la maladie du charbon, de l'encéphalite, de la "valley fever", de deux formes de brucellose, de la tuberculose, de la colibacillose, de la paratyphoYde et pour Vous savez ce qUI• se passe dans une ruche? Ils tuent les bourdons conlinutnl. finir, de la variole qui avait déjà été si "utite" à l'extermination des Indiens(8). "'On voit mal comment ces maladies pourraienl avoir une utilisation "biodéfensive" . L aguerre bactériologique, qui consiste à contaminer massive· ment la population ennemie est malheureusement dès à présent réalisa· ble. Ma is elle n'esl pas sa ns danger pour la nation qui l'u tili se. Dans le cas d'une guerre de type colonial, par exemple, les recherches sur une bombe bactériologique à effet sélectif aurait " l'avantage" de ne déclancher les épidémies que sur les "ennemis", sans qu'on soit contraint de se prot éger soi·même, C'est l'inquiétude qu'exprimait le biologiste Salvador Luria, prix Nobel, redoutant que l'avenir so it le témoin de ces nouvelles et terrifianl es inventions. DifFÉRENCES AVRiL 81 7 vous et d'aulres ... qui ont, comme je le ~ vois, un souci légitime el juste des n«esc siteux, sont aussi soucieux dl' maintenir ~ _ "_ un essaim dt' bourdons. Vous savez ce qui 5 se pralique dans une ruche. Ils tuent ces

bourdons. C'est ce qui se pratique aussi

~ dans les sociétés primilives. Nous nous sommes peul·être trop éloignés de l'bomme prlmilif".(9) L"'esprit" de celle st upéfiante décla* ration se retrouve dans le rapport Ban· field . Edward G. Banficld était. sous l'administration Nixon , président des services présidentiels pour le programme de planification des villes modèles. Paru en 1970, ce texte préconise "de conseiller ou d'ordonn er à loutes les personnes qui tombenl en dessous des limites de pauvreté de vivre dans une institUlion ou une semi-institution : que le gouverne· menl adopte des regles strictes de con! rôle des naissa nces pOur les pauvres sans moyens et pour qu 'on envoie leurs eorants dans des établissements publics, "(10) L'histoire a malheureusement prouvé que de telles théories pouvaient faire des ravages. Hitler a tenté d'organiser le monde sur des bases raciales et d'imposer la domination absolue des "grands dolycocéphales blonds aux yeux bleus". Rien n'assure que J' éventualité de tclles aventures criminel les soit défi niti vemen t écartée. El si de tels hommes arrivaient au pouvoir? On tremble à l'idée de ce qui pourrait leur passer par la tête alors qu'ils auraient les mains libre!> pour uti liser la bombe raciale. Robert PAC (1) Cité in "WhO mOI/id play God ?"lkll Publ/shing Co., Int.. New York /977. Publil ('11 Françuis par lu «JI/IOns RUIn' soy. Parus sous II' /Urt " loH . pprtnlls SM' fiers" . (2) Bullefln of C'Ontel"n ASlan Scholan Vol. Il. Na 4, 19110. (J) People 's World t9 'Hit 1980. (4) ""ernu/lonal f/eruld Tnbune 2J dk~m . br~ 1976 l'l \8 Kplemb~ t979. (5) Ibid. 2J dkrmbre t976. (6) Ibid. tt People's World 26 .~ril t980. (7) Bulle/If! of tonte", Asiul' Stholuf"S Vol. 12. N°4, 1980. (8) Ibid. Mais d'autres éléments aggravent ceue inquiétude. Un membre du Congrès, la Chambre des Députés améri· caine, déclarait le 31 octobre 1969 : "Ce que Je ne comprendS pas, c'est pourquoi (9) Samuel F. Yelle, 'nlethoiu, Bl!rkeley Mtdallion Books, .~ rtl 1972. p. It6 el 117. (10) Bettilla Aptheker, "Sodal Fullr/Îons of Prisolls III the U.S. " , If the)' come ln Ihr momln., Signet Bokks, p . J6, J7. • 'té 2 MARS ENQUETE GOUVERNEMENTALE SUR LE RACISME EN GRANDEBRETAGNE Le ministre de l' Int érieur britannique ouvre une enquête sur le developpemcnt inquiétant des menées racistes et !lCo-nazies en Grande-Bretagne. • A Londres. 5 000 Noirs manifestent pour prOleSlcr comTe les lenteurs de l'enquête sur l'incendie qui, le 18 janvier dernier, avait pro\'oqué la mort de 13 jeunes Antillais. Vifs affrontements 3\tt [C~ forces de l'ordre. • Pour la troisième fois en 7 ans, l'Afri<lue du Sud est expulsée de l'Assemblêe Générale de Nations-Unies alOfS que s'ouvre Ir débat sur la N3mibie. L'Afrique du Sud refuse toujours d'ë\'acuer l'ancienne colonie allemande. • Plusieurs nazis américains $0111 arrêtés Il Greensboro (USA, Caroline du Nord). Ils som accusés d'avoir lenle. ['an dern ier, de poser une bombe dans un tribunal dl.' la \'iIle où SI.' déroulait le proc~ dl.' 6 membres du Ku Klux Klan et du parti nazi . Ces derniers avaient tir~ sur des manires[ antS antiracistes, tuant 5 d 'entre eu\(, " < OfilX Inditns canadiens Onl \'ilii.t Plrb, QutlQuei un~ des cnfllnls nllirl .SIl~ssl nts i Atlanla , 3 MARS • Au cours d'une intcrvi('\\ télé· vi~ét", le pn!:sidenl américain Ronald Reagan réveil.' qu ' il est prêt â "nfgocier liI"ec un p:l) ~ comme l'Afrique du Sud, productrice de minérauJI: essenclels", Le Premier Ministre sud-africain Bothn a déclaré en réponse! " I..t' dirigeant du monde libre opprécie l'Importance de l'Arr/que du Sud d 'unI.' manière rflllis te," • Un mili.an. d'ex.reme-droite, auteur d'un tract raciste et poursuivi par le MRAP et la ligue des DrOIlS de l'Homme, voit sa ~ine r&luite en appel. le,~ juge~ ont estime qu'il n'avait fait qu'exprimer ce que pense actuellement une bonne partie de la popula, tion, • A nou~eau, un adulescent noir est porté disparu à Atlilnta (USA, Géorgil.') ou 19 enfants noirs Ont dèja éte assassinês et où 2 autres Ol1t disparu dan~ les 19 derniers mois. Le ou les coupables n'ont toujours pas été rctrou'vk. 4 MARS • Poursuivi pour ses «rits racistes , Marc Fredrikscn. dirigeant de l'ex-FANE (nec-nazie) voit sa pcine réduile en appel à 13 mois de prison avec sursis. Le tribunalluÎ avait innigé une peine de prison ferme, • Yves Perrin est condamné à 2 mois de prison avec SIITS;S Cl à 500 F d'amende, Ce soudeur de 23 ans avait crié "Juifs au fou r" sur le passage d'une manirestation antiraciSle et l'on avait trou\'ê chez lui des armes de guerre. 5 MARS DES INDIENS AU QUAI D'ORSAY Max "Gros-Louis", porte-parole des Hurons du Can:lda et Andrew Delisle, délégué par les Mohawk-Iroquois, sont reçus au Quai d'Orsay, à Paris. Ils viennent consulter l'original du Trallède Paris de 1763 qui iltteste la souveraineté indienne sur la région de la Baie d'Hudson, 6 MARS Le Centre Georges-Pompidou (Paris) organise un dêbat autour de l'ouvrage collectif publié sous la direction de Maurice Olender ct dédié à Loon Poliako\' ! "Le racisme; mythes el sCÎences. " • Les 5 pays occidentaux for mant le groupe de contact sur la Namibie, auquel la France appartient, s 'opposem au projet de résolution de l'Assemblée Générale de l'ONU demandant de sanctionner par des mesures économiques le refus dl.' l' Afrique du Sud d'évacuer ce territoire. • Palrick Pimbert, ancien membre de la FANE, est arrêté à Rome. JI est soupçonné d'être mêlé au massacre de Bologne et d'être un des instructeur~ des terroristes de l'cxtreme-droile italienne, 8 MARS MANIFESTA TlON ANTISEMITE A VARSOVIE L'Union Patriotique GrUll\\illd (Pologne) organise à Varsovie une manifestation protestanl contre la commémoration par les étudiants des événements de mars 1968. Les manifestants portent des banderoles amisemiles Ct les orateurs dénoncent les "méfaits des sionistes dan~ l'histoire rtteme de la Pologne". Cette manifestation est condamnée par Stanislas Kania, Premier Secrétaire du POUP (pani communiSle). 9 MARS • Un conseiUer municipal blanc de Johannesburg (Afrique du Sud) accuse son gou\ememcnI d'être "inhumain et sans coeur" après qu'à J'hôpital de eeue ville, on ait refusé l'assistance d'u ne infirmière noire â son beau-père, mourant, pour pré~er\"er la politique officielle de sê!)ilratiOll des rllces, 10 MARS • M. Giscard-d'Estaing, président de la RêpubHque et candidat. établit le rapport entre le nombre des chômeurs et celui des immigrés non-Europb:ns. Il propost' d'inciter ces derniers au déparl. Dans un communiqué, le MRAP condamne celle déclaration qu'il juge propre à dévelOpper le racisme et de nature d iscriminatoire. 11 MARS LE MRAP ET L'IMMIGRATION Le MRAJ> rend public son manifeste sur l'immigration, Intitulé "libert~, Egalite, Fraternité: une exigence pour tous", ce texte défimt le~ positions de principe sur lesquelles le Mouvement entend sc tenir dans la période à venir. • Les comitês parisiens du MRAP lancem une action contre une entreprise de restau ration rapide qui engage ses employés su r des bases discriminatoires ("ni Noirs, ni Maghrébins") a\'ec le concours de l'Agence Nationale Pour J'Emploi, Ils constalenl que les Français blancs sont immédiatement engagés tandis que les étrangers et les ressortis, sants de~ DOM·TOM som êtonduits. 13 MARS • 5 officiers superieurs sudafricains, qui se trouvaient au./( USA 3\'eC des \'i5as civils, som M . C i_ rd d'FAllinl III cours dt.KIn InltfltnUon Innusclon armk sud·africaint en Angola. Le INtp leur nazi Amo 8~ktr el Andrf LedIlCq, Ml nlfts!al.ion nw ·nule: cn R.F,A. rlmllIe 1~IKllne, , reconduits frontière en vertu d'une loi de 1%2 qui interdit le territoire américain aux militaires s ud -afri cai ns. Parmi les 5 hommes se trouvait un gênéral responsable des services de rcnseignements de l'armée de Pretoria, Ces officiers auraient fait une visite "de courtoisie" au Pentagone. 16 MARS 32 associations publient un communiquê alertant l'opinion publique contre la " dégndation du droit d'asill'" en France. Elles affirment vouloir "tout meUre en oeuvre" pour défendre les droits des réfugik en application de la con\'ent;on de Genêve de 1951. • Le magazine ouest-allemand Der Sp;egel publie une enquête sur l'extrême·droite allemande, Plus de 7 millions d'Allemands de l'Ouest ( 18 lIJo de J'électomt) estiment, selon ce journal, que " les choses allaient mieux du temps d ' Hitler" et 5 millions et demi (Il '1. de l'électorat) adhèrent SUJl: théses de l'extrêmedroite. 17 MARS • Des incidents ont lieu il la frontière entre le Mozambique e. l'Afrique du Sud à la suite d'une incursion sud-africaine dans l'ancienne colonic portugaise. • Dans un manifeste rendu public, plusieurs sculpteurs et peintres français protestent contre le projet de I)réscnter trois oeuvres du sculpteur nazi Arno Ore<;ker, courant avril, au centre Beaubourg. 18 MARS RAID SUD-AFRICAIN EN ANGOLA L'Afrique du Sud efrectue un raid llérien a 300 km a l'intérieur de "Angola, Ceue action militai re visait un camp de ré fugiés namibiens, • le tribunal de Strasbourg condam ne 6 jeunes militants du PFN (extrême·droite) il des peines de prison a\'cc sursis assorties J'amende au titre de la "loi amicasseur" , Ils avaient agressé des colleurs d'affiche au moment des ~Iections universitaires, • Un ancien gilrde nazi du camp d'extermination de Treblinka, qui vivait aux Etals-Unis, Il étê identifié, Il a été dêposs&lê de la nationalité américaine qu'il avait obtenue frauduleusement. le Département de la Justice a fait savoir Qu'il engageait une procédure d·e,~puJsion. • Le magatine ouest-allemand Stern donne les résultats d'un sondage selon lequel 50 070 des Allemands de l'Ouest o nt des sentiments antisémites, 27 '10 des citoyens de la RFA croient, selon III même enquête, que "certltin" " TUees sont predisposees à être plus déprllv«s que d 'autres" . 21 MARS LE MRAP ET LA L1CRA CELEBRENT LE 21 MARS Pres de 600 personnes participent fi Paris au.~ Etats-Généraux de la lu Ile contre le racisme, convo· qués par le MRAP il l'oecasion de la Journée internationale contre le racisme. la LIeRA organise au palais de l'UNESCO un colloque sur le thème: "Enseignement et Racisme". 26 MARS • Le journal " Le Monde" signale un arlÎcle antisémité paru dans le journal soviétique pour enfants: "Lo PrUI'du des Pion· niers". 30 MARS • Des associations tsiganes organisent, à Paris, une marche pour protester contre les conditiOln d'accueil dans les communes. Elles dénoncent en particulier les événements de Rosny/sI Bois où la municipalité (P.C,) a établi, dans un tract, un lien entre l'ins&:urité el la prêsence de nomades, Actualité T OUles les cravales se ressemblent, a ~ec leur langue un peu Ins!e, un peu fTuslée. Le pull-over tutoie vaguement le costume bon chic bon genre. Les odeurs se mélangen!. On eSI tous dans le métro, entre 5 et 7. El puis arrive le vendredi soir. C'CSI l'enlracle et l'entracte, c'esl le Palace. Quand on n'y va pas, on en rêve. Quand on n'en rêve pas, c'est qu'on ne le connaît pas et quand on ne le con nait pas, on ne le fait pas savoir pour ne pas avoir J'air de débarquer. Depuis que Fabrice Emaer, qui aftïrme haut CI fon son homosexualité. a lancé ce théatTe sous le signe des différences, on s'en donne à coeur joie sous les rayons lasers du fau bourg Montmarlre. Au début, le melting-pot Fail recette. Depuis quelques mois déjà, la presse-mode fi "découvert" la " Mnin Bleue". Pensez donc, fi MOnlreuil, au coeur de la premiere cité africaine de France, une boite ou la jet-society vient s'encanailler auprès de loubards immigrés. Tandis que ceux-ci, rythmam de tout leur corps ks ,,< < o LA , airs du temps attendent l'heure du premier métro. Emaer retiem l'idée, les "pêdés" en plus. Et que la fête commellce! L'em rée est payame mais il n'est pa~ néce~saire de montrer patte "blanche". LaSers ct ruml'Cs genre feux de bengale di~co, \Jlle musique assourdissante, juste ce.' quI faut pour broyer sotie5 CI sarcasmes. On frôle les princesses de mag:lzine pour 70 F. A dH:lut de pouvoir s'entendre, on est soi-même. Parfo i~ , il a même le fils Giscard d'Estaing! Le métro, le Palace: Paris. Et puis, il eSt arrivê quelque cho~e de terrible, comme une nuit du 4 aoul à l'envers. Le Palace s'est mi~ à re~~cmbler au métro. -- DIFFERENCE PARISIENNE Après avoir créé, sous le signe du melting-pot, sa célèbre boîte de nuit, le "Palace", Fabrice Emaer cède à la mode des nobles en ouvrant le "Privilège". •

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1 , , .i Prenez la s((lI ion Gare-du-Nord. Changez l'odeur, réanimez les cravates, faites sourire quelq ues jupes li la grimace molle ct 10US l'avez, le nouveau Palace. Vous sortez du métro. Ça fonce en rythme, sans dire un mot. Ça tourne. Ça s'égare. Ça interroge des yeux, sans parler. Mettcz-y une sono puissante. Eteignel les lumieres. Place au laser; l'oici lePalace. Et puis, il y a tout le monde, au métro Gare du Nord. Les groupes d'Antillais accoudés aux balustrades qui commentent en créole la tête des passants; le tourisle anglais qu'un titi renseigne il faux pour s'amuser: l'éternel nettoyeur africain, sur sa drôle de machine, qui klaxonnc pour suivre l'incompréhcnsibk cartographie de sa tâche; les homosexuels tristes qui abordent, aut our des pissotières, un plus jeune, un plus beau. Chnque trois minutes, stat ion Gare du Nord, les hoquets régu liers du métro soufflent leur contingent d'homo sapiens. M aintenallt, serrez un peu Il' pantalon de l'Antillais accoudé il la balustrade, ceintrel sa veste où vous placerez une pochelle chic CI noue : enleve~ son bleu au "net loyeur" et habillez)e d'une Vesteredingote fi doublure rose; faites sourire le fonctionnaire qui regarde autour de lui si on ne.' l'observe pas et fail un clin d'oeil au garçon qui attend le clien\. Prenez cette jeune vendeuse et décorez-là comme un arbre de No!!l, sans lésiner sur le plastique.' et la couleur. Musique: lumiére ; nous revoilà au Palace. Bien sûr, on sait s'am user entrr utilisateurs du metro. On n'avail pas besoin des duchesses à Golf décapotable ni des nO!(lrietCs nonchalantes et discrètement admirées. Mais on y avait cru, Il cet entracte de l'abolition des privi lèges. Seulement voilà, la différence fait place il la mode des noble-5 el les princes ont assez golÏté au peuple. On leur a creuse un trou sous la grande salle du Palace et on a donné li celle grolle le nom de " Privilège". Ils s'y retrouvent entre princes, de toutCS !cs couleurs, bien sûr. Entre princes des temps modernes dont les préjugés cèdent aisément d ... vant le poids du portefeuille. C'était bête d'y croire, ça ne voulait rien dire , c'était une affreuse "colla boration de classe" nocturne et vaguement malsaine. Tant pis. On aurait préféré que Fabrice Emaer continuât il gagner de l'argent comme avant. sur le rêve d'avant. La prOChaine fois, j'invite mes amis chez moi. L'Oeuf Our DIFFERENCES AVRIl.. 81 Le gouvernement sud-africain s'est-il subitement converti à la démocratie? A la veille des élections, réservées aux Blancs, les dirigeants de Pretoria assurent qu'ils ne veulent plus du racisme ... HEUREUX COMME UN NOIR A SOWETO? "H t'ureu.'!: comme un Noir il Soweto": celle formule auda· cieuse pourrait résumer l'image que tente désormais de promouvoir le gou\'ernement sud africain de M. Picter ElOlha, aupres des dirigeant~ et opinions publiques des pays occidemaux. Depuis son accession au poste de Premier Ministre, en septembre 1978. M. Botha, s'appuyant sur l'armée et la frange "éclairée" (verligte) de son parti, tente dc mettre en oeuvre une politiquc qu'il dénit volontiers comme "rêformiste" . La minorit~ blanche d'Afrique du Sud (4 millions sur un total de 2S mil1ion~) aurait-d It' enfin pri~ conscience de l'horreur de la politique d'apartheid, réprouvée universe!!ement, el décidé d'elle· même - cas unique au monde - de changer de cap? Seul i\'\' Rea· gan il Washington a semblé y croire, en apportant récemmcnt son soutien aux "crforts sincères et honnêtes" menés par les " " Hlancs et Noir!! qui, en Afrique du Sud, tentent d'éliminer ,'apartheid." L'arrivée au pouvoir de M. Botha marque en fait la \'ictOlre des "modernistes" au sein de~ Afrikaners, ces descendants des pionniers Boers, mélange de colons hollandais el de Huguenots chassés de FranC\.' par Louis XI V. Le.~ A frik:lI1ers (56 1170 de.~ mancs, 10 °/0 de la [lopulation tOlalc), qui monopo lisent le pouvoir politique depuis la victoire élettorale du Parti National en 1948. Ont en erfel connu une importante évolution sociologi que. Des petits agriculteurs et ouvriers sous-payk du debut du siêcle, ils sont passés aux fonc, tionnaires, cadres et dirigeants d'elllreprises d'aujourd'hui . Leur part dans le ~ecteur privé (agricu lture exdue), est ainsi passée de 9,8 OJo en 1948 à plus de 2S 0ia en 1978, et les groupes mini{"fs et banques qu'ils contrôlent sc son! hissés aux touS premiers rangs. L'objectif de M. Botha: adapter l'apartheid - un systeme de segregation racial.: et d'exploitation développe duns les annees cinquante ~ au~ nouvelles réali t6> économiques ct politiques de~ années quatre vi ngt. Un de.~ architectes de la "stratégie totale" de M. BOlha est son ministre de la Défense. le général Magnus Malan, qui a dédaré publiquement que la "guerre" dans laquelle sc Ifouve cngage~ l'Afrique du Sud est "20 °/0 militaire, 80 0/G politique". Le géne~ Actualité rai MaJan a vu il l'oeuvre de près [es 'a rm&:s française en Algérie. américaine au Vielnam, ou encore l'armée israélienne, ainsi que bicn sûr, les fOfces sudafricaines engagées dans le conOit namibien. SOUS DES PROJECI'EURS DE 25 MEfRES DE HAUT Alors, heureux comme un Noir li Soweto? Un visiteur de celte immense ville-satellite d'un mil· lion el demi d'ames, il 20 km (lU sud-ouest de Johanne~burg. serait difficilement lente parceuc image. L'alignement monotone des maisons "boites d 'alumettes" en brique, dans les· quelles s 'cntassent cinq ou six personnes par pièce. l'absence d'électrici té ou d'eau couranle dans la plupart d'cmre ellcs. l'atmosphère de ghello accentuée par les immenses projecteurs de 25 mètres de haut. .. toUI cela est loin de faire de Soweto "la plus belle ville d'A rrique" dom rêvait un ancien di rigeant, M. Connie Mulder, qui ne restera finalement dans l'histoire que par le scandale qui porte son nom: " Muldergale" (utilisation de fonds publics pour "acheter" des soutiens à Pretoria à travers le monde, notamment en France). C'est â SO ..... eto qu'êclatèrem, en juin 1976 les sanglantes émeutes anti-apanheid (plus de 600 morts) qui ébranlèrent l'Afrique du Sud . $o .... eto donne souvent le "la" au res te du pays ... Selon une enquête effC(:tuéc en fé vrier par la très conservatrice Universi té d'Afrique du Sud, 68 flJo des habitants de celte cite pour N oir~ estiment qu'une révolutÎon l'SI inevitable en Afrique du Sud, et que ce moyen conStilue la voie la plus efficace pour obtenir des changements réels dans le pays_ .. le raisonnement de M. Botha est simple: en favorisant l'émer· gence d'une petite bourgeoisie noire à Soweto - nécessaire éco· nomiquement pour êlargir le marché intérieur et en raison de la penurie de main-d'oeuvre qua· li litt blanche - on coupe l'herlx sous les pieds des révolutionnaires. Tout le train de réformes pré· senté devam le Parlement (blanc) du Cap avant la convocation d'élC(:tions anticipées, prevues pour le 29 avril, vise précisément à faire d'envi ron trois millions d'Africains urbanisés - sur un total de 18 millions - des "pri vi. légiés" sur le plan matériel, En espérant qu'un plus grand bienêtre leur fera oublier qu'ils demeurent privés de 10US droits politiques dans leur propre pays. l e racisme change de cible, et vise prioritairement les exclus de cette nouvelle politique, les travailleurs migrants et les habitants des lones rurales. Une nouvelle façon de "diviser pour règner" Cil opposant les intèrêts des Noirs des villes des Noirs des campagnes. "'"'~ l e " décembre prochain, plus de deux millions de Sud-Africains Noirs perdront o fficÎellement leur cÎtoyenneté au prolit de celle du Ciskei - un "Etat " dont l'indépendance sera r«onnue par PretOria, et par dlc seule. l e Ciskei sera en effel le qumriéme " homeland" ou bantoustan à être ainsi proclame "i ndépendant" par le gou\ernement sud· africain , apres le Trllnskei en 1976, II.' Bophuthat swana en 1977 Cl le minuscule Venda en 1979. LES " PRIVILEGES" DE LA SECTION 10 Une des wnes les plus pauvres d'Afrique du Sud, rendue IriSle- 14 ment célèbre par le IïIm "la dernière tombe à Dimbaza", le Ciskei est placé sous la rerule autoritaire d'un chef tribal ami de Pre~ toria, Lennox Sébé. Accable par la malnutrition et la maladie, avec un chômage estimé à 39 VI. dans ses LOnes urbaines et une densi té de population de 126 pero sonnes au km carré, la plus forte de tout le pays. le Ciskei n'a qu 'une seule ressource d'exporta· tion : sa main·d'oeuvre, selon un fonctionnaire blanc "détaché" auprès du Chef Sébé, M. Brian du Rand!. l 'innovation teclmo· logique n'a pas oublié le Ciskei : l'ordinateur va être introduit pour faci liter le recrutement des travailleurs contractuels dans le bantoustan par les mines et usines des lllancs. Tous les candi· dats au travail seront "mémori· sés" avec leurs compétences , mais aussi... leur docilité. Syndicalistes s'abstenir ! Dans celle optique rêsolument "moderne", les lois qui régissem les déplacements de population noire dans le pays sont rèvisées dans le sens indique précidemment. Pour les Noirs "privilè· gié.~", connus en Afrique du Sud sous le nom administratif de "section '10", une plus grande mobilité d'une wne urbaine à l'autre en fonction des offres d'emploi, tandis que les mailles du filet se resserrent pour les autres. les peines d'amende pour les ;'Noirs iIlêgaux" et leurs employeurs sont multiplihs par ci nq, aC(:ompagnécs de peines de prison. tandis qu'une nouvelle carte d'identite, " moderne" elle aussi, sera introduite pour touS les Sud·Africains, comportant dêsormais leurs empreintes digitales. Ces lois d' influx control" permettent en paniculier d'expulser des zones dites blanches du pays. vers les ghettos de pauvrete que constituent les r~gions pour les Noirs, tout es les personnes "en trop", selon l'expression du journal " Sunday Post", aujourd'hui interdit par les autori tés. JI ne s'agit pas d'une petite affaire. Qu'on en juge: quelque deux millions d'Africains ont ainsi éte ejecl6 des zones blanches depuis dix ans, el deux autres millions sont vi~és au rlt~fr Ro~ h , l'rtmltr ,\fl"""'f cI 'MrlqUf d~ S.d. cours des prochaines amlét!s, le programme risquant d'être acce· 1ère. le secrétaire général du Consei l sud-africain des Eglises, l'evêque Desmond Tutu, a estime que ces Africains etaient "jetk comme des sacs de pommes de terre" . Mme NDIYASI ET SES 13 ENFANTS SONT EMBARQUES DANS UN CAMION Nondweni, que nous avons visite, est un "camp de r6nstallation" silUé dans la province du Natal, où sont conduit es: les ramilles noires dont on ne VeUt plus en "1.one blanche". Mme Ndiyasi et ses IJ enfants étaient arrivés quelques jours avant notre passage. Elle vivait avec son mari depuis de longues annees sur la terre d'un fermier blanc , en échange de quelques heures de travail gratuit, comme cela se faisait un peu partout. Mais, alin de " moderniser" - là aussi - [1.' secteur agricole, le gouvernement a dttidé de limiter celle pratique, provoquant l'e:'Ipulsion de milliers de familles. Les Ndiyasi Ont été emmenes par camion A Nondweni où ils se sont vus attribuer une case mêtallique avec un déliti de trois mois pour bâtÎr leur propre maison en terre. Passe cc Mlai, la case metallique leur est reliree pour de nouveaux arrivants ... Malnutrition, maladie ct desespoir constituen t la vie quotidienne â Nondweni ou il n'y a ni terres. ni travail. Résultat : les hommes doivent quitter leurs familles pour chercher un emploi ailleurs. Ces zones rurales misê rables, inaccessiblcs ct hors de vue pour les visiteurs etrangers. ne semblent guère gêner Pretoria. En faisant de Soweto une vit rine (il reste encore beaucoup à accomplir !. il répond d'une part â une nê<:essité économique, cl tente d'autre part de séd uire le monde exterieur, Mais il lu i faut pour cela contrôler totalement le rythme des " changement~". Cela s ignifie que la répression Ile se relâche pas. comme on a pu en juger par les récentes mesures de "bannissement" prises â l'encontre de journalistes noi rs, l'interdiction de journaux, ct la fermete à l'égard des syndicats noirs ct des nombreux mOU\'ements de grhe. l e raid militaire cont re des membres du Congrès National Afri cain (ANC), le principal mouve· ment de libération, à Maputo, la capitale du Mozambique, Il égaiement illust ré l'autre aspect de la politique de M. Botha. Même au seÎn des Blanes, cependant, le "réformisme" du Premier Ministre ne convainc pas tout le monde. Allister Sparks, rédacteur en chef du " Rand Daily Mail" et un des meilleurs commen tat eurs politiques du pays, soulignait ainsi récemment que " des chllngrmen ts sorio· éeonomi(IUeS non-accompagnés de réformes politlqurs adéqllales conduisent générlllcmt'ni é l'Xa· cerber les conditions révolulionnaires, plutôl qu 'tI les dbllmof· cer" , le pari de M. Botha est donc loin d 'être gagné. l'Ierrr Haski DIfFÉRENCES AVRll 81 Un"e "v ive a suivi l 'instauration d'un quota municipal privant des enfants d'immigrés ivryens de leur droit aux colonies de vacances. Véronique de Rudder, sociologue, donne son point de vue sur ces pourcentages froids qui séparent les hommes. D,","",,," d;,,,;bu,,,, SOUS LES population au début de l'annêe, la municipalité d'Ivry-sur-Seine rassure ses ~~::";~~"~, •• dCharles 10 janvier 2012 à 13:53 (UTC)ma~;i;q~t QUOT:AS dans les centreS de vacances, au.'I. enfants d'étrangers, vivan.t s.ur la , commune. Selon 1 AcademIe de Créteil. ceux-ci représentent 23 I1JR des Ivryens de moins de 16 ans LES sco larisés. la municipalité, comptant sans doute les enrants français nés de parents étrangers, a\ance le chiffre de 28 "' •. (I) Si l'on reste dans la logique d 'une représentation proportionnelle des enfants en raison de leur origine nationale, le pourcentage de 1 S 0;0 adopte prive un tie rs des enfants étrangers du droit aux colonies de vacances de la ville. Les en fantS nés de parents fran çais. qui représentent 77 0;0 de la population scolaire de moins de MARTINI ON THE ROCKS! HO 16 ans, di~poseraient de 8S 11/0 des places disponibles. Mais c'est le principe même d'un tel quota qu'il faut mettre en cause. Pour plusieurs raisons. l es enfa nts étrangers, tout d'abord, SOnt issus, da\'antage que les Français, des milieux les plus défavorisés, des familles les moins capables d'envoyer leurs enfants en vacances. En outre, ceux-ci vivent souvent en habitat insalubre ct surpeuplé et ont donc un besoin particulier de "bon air". Instaurer des quotas pour " limiter el rairt" retuler le pOids de l'immigralion"(2) est donc une pratique profondément Inegalitaire car elle revient à disc ri - " S miner le~ enfants selon leur origine nationale, à entériner, voire aggraver, les effets des mauvaise~ condit ions d 'i nsertion des immigrés en France; â opposer, enfin, les intérêts des Français fi ceux des ëtrangers alors qu'une unité aurait pu ~ réaliser dan\ la revendication de moyens suffisants permettant à touS [es enfants qui en o nt besoin de partir en vacances. la munic ipalite d'I vry se plaint que, dans certains centres de vacances, la proportion des enfants d'êtrangers ail atteint jusqu'à 50 °10(1). Mais c'est jus· (l'ment en raison de la politique sociale de celle commune que les enfants des famill es les plus pauvres bénéficiaient, jusque là sans distinction d'origine, d'une priorité dans cc domaine, Or. les plus pauvres, ce SOnt souvent les immigrés. les &files communistes d'Ivry so nt malheureusement loin d'avoir innové en matihe de quotas. Depuis longtemps, le gouvernement les a imposés dans certaines universités, notamment en m&tecine, où l'admission des étrangers au concours de seconde année est soumise à un quota de 5 0/0 . Bien sûr, les communes qui refusent purement et simplement les familles immigrées se dispen& Cnt, à la source, de poser la question des quotas mais clic est sous-jacente dès que l'on envisage la question de l'immigration en termes de "seuil de tolérance". Le maire socialiste de Villeurbanne, Charles Hernu, a récemment dédilré à l'hebdomadaire Valeurs Actuelles: " Je m'eHoret de les disperser (le! immlgrk) .. Ira"en la communt de 'açon qu 'aucun quar1ier nt dépaSSl> le seuil de 10 'i •. Je crois qu'II y Il un stull qu'on ne peut dépasser sans dnilme," Il existe égalemenl des quotas visam à modifier. dans un sens POSilif, cerlilines inégalités. Les HLM doivent, par exemple, réserver 6,750:0 de leurs logements nouvellement consTruits aux familles qui vivent en habitat insalubre. Les employeurs sont tenus d'engager une certaine proportion de personnes handicapées. On a même pensé obliger les partis politiques :i présenter un certain pourcentage de femmes aux élections municipales el l~islatives ... Aux USA, des "quotas positifs" ont élé élablis en faveur des minorilk ethniques el des femmes dans les écoles, les uni\'ersit ~ el les entreprises, dans le cadre de r" Affirmative action" , d'ailleurs ouvertement contestée par les milieux conservateurs. On .. eUI, en imposant ces normes , pallier et, à terme, ~Iim iner les dfcts du racisme, du sexisme, des d i verse~ discriminations ... La notion de quota ne peut être, dans ce cas, l'objct d'un simple refus de principe. Le libéralisme pur, qui laisse aller le cours des choses et des événements, cst loin d'être une solution réellement égalitaire. Pour ceux qui subissent l'oppression et la dépendance , il aboutit à renforcer, par cffet cumulati f, la ségrégation existante. Sous couvere de préserver la "libre concu rrence" entre individus, on enlérint' ou on IIgKtlIve la situation des groupes sociaux les plus opprimés. Mais même dans le cas ou le "quota" permet la libération de groupes sociaux qui ont fait l'objet d'une domination souvent skulaire, est-il une solution satisfaisante? Bien sûr, par une action volontaire, cc "quota positif" s'oppose à la régulation spontanée, "naturelle" des faits sociaux . Mais en même temps, il admet - ou définit - une rronticre entre des groupes: Fran çais/ immigrés, hommes/fem mes, Blancs/ Noirs ... II isole un trait et en fait une coupure. II le rigidifie . Il néglige toujours du fait de sa s implicit ~ (de son simplisme) tous les traits qui, au contraire, peuvent fond er j'apparition de solidarit és. "Positif" ou "négatif", le Quota pose un probltme car il impose un certain type de coexis· tence à des individ us jusque là .séparés les uns des autre<i. II n'est pas certain que ce soit le meilleur moyen de favoriser la rencontre entre individus qui souvent s'ignorent ct onl les uns des autres des représentations stéréotypêes. La simple cohabitation ne suffil pas à faire reculer les opinions et les comportements racistes ou xénophobes. Mais l'imposition autoritaire de normes minimales ("quotas positifs") ou maximales (comme fi [vry ou dans le cas de l'application du prétendu "seuil de tolérance") peUl-elle mieux y réussir? Des éléments de réponse existent en quelques principes simpies: l'opposition à la discrimi· nation: le refus de faire payer aux plus pau vres el au.'{ plus opprimés le prix de leur oppression

le refus de rompre des solidarités
enfin, le droit, pour les

premiers intéressés, à donner leur avis sur les questions qui les concernent. Pour le resle, seul le débat peut faire apparaître au grand jour les solidarités latentes el garantir aux solutions choisies de meilleures chances de succC:S. Le risque est grand, en effet, de voir se développer ces quotas car il est facile de se réfugier derrière la magie d'un chiffre sans âme. V~ronique de Rudder Sociologue (/) Chiffres donnés par la mllnlcipalitl d'I"r)'. (1) Lrttu adrrsslr allX famillu par l'adjoint ail mairr d'/lIr)' chargé dr la jeunesse dll 5 jalll'ier / 981. 16 Une interview d'Albert Lévy LEMRAP PASSE ALA VITESSE S'UPERIEURE Ik k.u<ht • !lrQ!lt : PhlUpI't JAHHt:AtI, l'Iul1' )(HAUZ, J .I', GARCIA, ~,tl.t", U l fun ' H du MII:Ar : At~rt I,E\ V, .«<tfl.l,.. .Id .. , : (:h,1u PALAST, .1«-P,bldf.II ; Atf'udr. CIIII . ItOl.LO" SItI, HuI MAZt:i\OI), ~rtt.I,... n'llun •• n. "Il Y a des cas où tout homme qui se respecte se doit de résister aux lois injustes". L es anli".cÏSles: n'ol1t pas boudé lM Elats-Géftétllux organisé!l par II' MRAP, le 1: 1 man dernier. La salle Albert de Lllpparent, li Paris, était trop pellte pour con tenir les quelque 600 personnes qui élaient "enues de Ioule III '-rlll1ce pour I ~moignef. On pou vIii entendre, dans le hlill. certllins responsables du Mouvement exprimer leur surprise devllnl It' nombre el la qualité de l'assistance. Nous avons Interrogé Albert th)', le secr~ luire Kên~rlll du Moul·emenl. DIFf"ERENCES: Des Etau· Glnlruux, lin manifeste sllr l'immigration qui reprend fa for. IIlufe ripllblicaine "Liberti, Egalité, Frattrnitl", ft MRA I' sr réfère SOUI·tnt, ces dernitrs Itmps, aux idlaux de 1789. I~ 'allusion n'ut-elle pus dlmesurée '! Alberl Lévy,' Lu question du racisme joue un r61e uis impor. tant dans la société française, surtoUl depuis les IIlanifestatioll5 qui ont suivi l'attentat de fa rue Copernic. Par exemple, t'accusation de racisme est un handicap certain "our les hommes poliliQUes qui se la voient accollée. C'est cette sensibilité de l'opinion qui nOlis a amenés à organiser des "Etats-Généraux". Des fentaines de rélll/iolls "réparatoires 0111 eu lieu dans toute la France et les 55 témoignages Qui se sonl ex"rimés durant la journée du ]1 mars om donné une idée de l'ampleur des manifestations de racisme qui se développent aujourd'hui en France, mais aussi de la volomé qui existe de s 'y opposer. DIFFERENCES,' De vil'es polémiques ont agité le monde politique après urlainu inltialil'es de municipalités eommunlslts concernant l'immigration, Cettr sÎluaûon a-I-rfle pesl sur les Elals-Glnérallx ? Albert Lb)' .' Le MRAP a "ris soill de définir clairement sa posilion de principe sllr la slwatioll que COIIIIOÎt aujourd 'hui l'immiIrurioll dallS un mallifeste qui a été largemetll discmé par lOutes les installces du Mouvemelll. C't'SI en se référant à ces ",incipes que nous avons pris, dans ces tiffaires, les positions qui nous semblaient justes, condalll"alion des quotOS, des discrimi"ations dans le logement, de l'intervention eonue le foyer de Vitry. Nous l'avons fait sans entrer dans les polémiques politiques et en tlichant d'éclairer à la lumière de l'antiracisme les problèmes réels posés ri ces communes. Nous l'avons fait sans laisser de c6té la lutte contre les discriminations subies par Irs immigrés dans de "ombreuses outres communes de toutes tendances. Les Etals-Génlraux ont manifesté, de manière éclatante, que ces dispositions fermes et sereines avaient étl clairement approuvées par les antiracistes. Le Mou\' ement a renjorcé sa cohésioll, fondée sur 1111 pluralisme ouvert qui" 'esquive pas les dis(:IISS;OIrs. DIFFERENCES: Qutlle est l'otre principale In qu/élllcle pour ta période qui l'lellt ? Albert Lb')': On a vu, donS la dernière période, se dévelo"tJt!r un véritable rocisme d'Etat qui se manifeste par des lois, décrets el dispositions réglementaires diScriminatoires 4 l'égard des étrangers. Cet arsenal juridique a d'aiffeurs élé dénoncê par les plus hautes autorités morales du pays et notamment par les Eglises chrétie"nes. La première déclarat/ on faite par le Président Giscard-(I'Estaing, dans le callre de sa campaglle électorale, a provoqué rme tl/orml' inquiéWde parmi les immigrés et che~ les amiracistes. /1 a en effet re",is l'argument développé par M. Le PM en rapprochant le lIombrE' des immigrés de celui des ch~meurs. Mais pour que le compte soit bo", il a fait ce que le leader de l'extrême-droite" 'avait pas osé faire .- il a établi une dLfcrimination entre les immigrés européens el ceux qui .rOnl originaires du Tiers-Monde, proposant d'inciter ces derniers cl quitter la France. Nous cOllsidérons comme extrêmement grave cette volol1lé de faire payer aux immigrés tifricaill5 l'élargissement de la CEE et nous nous y opposerans. DIFI--ERENCES,' C'est un appel déguIsé d ne pas lIoter pour M_ Giscard d'EstaIng? Albert Lévy: Non! C'est un aptJt!1 d toute la population, SUIIS distinction d'opinion politique, à se prononcer eOll/re la dérive raciste de la société. Le MRAP ne se prononce pas Sllr le choix de société qui emportera flnalemenl l'adhésion des électeurs. Mais il leur demande, quels que soienl 11 lellr opinion politique et le résultat de la consultation présidentie/ le, de CQmbullre et d'empêcher le racisme d'Etat. DIFFERENCES.' Dans l'otrt discours clr r:fôture, MUS al't'~ appell ln untiruclstt's d s'oppa~'er pratiqutment aux lois qui régi.rsem Ilmmigrat/a", Le MRAP pr/conise-t-II cles actlolls i11éga~ It's ? Albert Lb')' .' Pur réjén.!I!{'e aux Etats-Généruux de J 789, j'ai dit que, quand 1111 pouvoir impose des lois qlli l'lolellf le droit et la dignité hllmaine, il y a des eus ori tout homme qui se respe{·te se doit d'y risister, Lorsque vous abrite~ un immigrl injustement expulsé, comme l'ont fait certains comités du MRAP toulen menanl l'action j uridique appropriée, vous vous melle~ en marge dl' la légalité au sens SUÎc/. Aujourd'hui, il foUI ,-onstroire un mur de protection f raterneffe autour de ceux qui salit vÎctimes du racisme institutionnel et empkher que s'instaure la perslculion contre tille partie d'entre nous. • E FLAGRANT DÉLIRE OU NAZISME DANGEREUX D e Gaulle était CR fail IIne ballerine Ira\'eslie; les ours blancs du zoo de Vincennes 50 ni une sorte de lichen à pattes; Jean·Paul Il prépare une encyclique demandant la législation généralisée de ,'avortement ; jamais Hitler n'a ordonné ni admis que quiconque fûllué en raison de sa race ou de sa religion. De ces quatre propositions. il en eSI une (lui II; été réellement écrite après des années d'études sur une documentation dt' plusieurs lonnes. Laquelle? Vous avez deviné que ,'individu ainsi pris en flagrant délire est l'inénarrable • 'aurisson, ce professeur lyonnais qui considere le génocide des juifs par les nazis comme un "bobard de guerre" . Flagrant délire ou réhabilitation délibérée du nazisme '! La question se pose l'II crfet. El'oquer, sous les IraitS du fondateur de la V' Républiqlle le corps frais d'un peUl nu de l'Opéra donnera peul-êlre des migraines si Michel Debré mais personne ne s'en senti ra blessé. Nier le génocide nazi, c'eSI effaeer de la mémoire, ces millions de noms donll' Allemagne hilllérienne a cassé la l'il'. C'esl surloul faire la pari belle à ceux qui , aujourd'hui, voudraient reprendre cc sinistre drapeau. El puis, .'aurisson ne se gène pas pour le dire : si les juifs onl inl'cnlé celle " rable", c'esl pour loucher des dommages de guerre. Là, le racisme est clair. Le moleur l'SI si nu. I)es organisations anlÎraCÎSles el d'anciens combatlanls onl assigné Fa urlsson en justice. Une polémique S'csl développéc sur l'opportunité de lelles poursuiles. Ne s'agil-il pas d' une aUelnle à la liberté d'expression? MINKOWSKI ALEXANDRE JI .r .p. Professeur de Médecine 0 " a Jait beaucoup Irop d'hal/lieur à Faurisson en donllanl à ses thèses une imporlClllce qu'elles Ile méritaient cer/ainement pas. J'ai fait la guerre puis j 'ai participé al/X combats de la résislance dans les rangs des FTP. C'est comme mMecin de bataillon, ell 1944, que j'ai personnellemell{ VII les camps, les "salles de dOf/che" el les fours crémaI aires. Je n'ai pas élé le sel//. Les "'hiSlOriens" professionnels du mensonge trouve", aujol/rd'hui, en France, un climat eXlrêmemenl favorable. /1 y a eu 150 attenlUts lf'exlrême-droite qui sont restés impunis et ceue impunilé vient d'en haut. D'autre part, à l'occasion de procès en {h!famarion ou de poursuites pour atteill/e à la loi de 1972 contre le racisme, le prélexte de la bonne foi au profil de l'inculpé (1 souvent entrainé le non-lieu. TOllvier, le responsable de la milice de Lyon court IOlljollrs. Certains de mes collègues, pélainistes averés, collaboraleurs reconnus et persécUlellrs de juifs pendmll l'occl/parioll fOnl les beaux jours des facultés de médecine. Le présidenl du Conseil de l'Ordre des Médecins lient des propos al/lisémires. ToUf ceci ln 'amène à penser que les poursuiles cOlllre UI1 homme qui lIie l'évidence reconnue par (Ous ,,'a pas d'imérêl. Au COf/lraire, on fui fait IIl1e publicilé et on lui donne Ilne célébriré qu'il fie mériwit assurément pas. C'est au climat de racisme rée! et au laisser aller gOlivernemelllal qI/ 'il faut S'(1((aquer el nOf/ à des comparses dé/iral/{s comme Faurisson. " DELFEIL DE TON Journalisle F alll·iI laisser Faurisson publier ses livres? C'est évidem. Ça Iambe SO/IS le sens. Si on illlerdit à Faurisson, on interdira à lin autre, il n"y aura pas de raisons pOlir que ça s'arrête. /1 y a déjà bien assez. de censure et d·alltocen.nue partout. Faut-i/faire UII procès à FauriSSOIl plJ/lr. premièremell1, faire Imerdire ses livres, deuxièmement, prouver qu'il a (On ? Au premièremelll, j'ai déjà répondll. Au deuxièmement, je réponds qu'il est insensé d'al/er demander à lut Iribunal de dire la vérilé historique. J'ai une tolite petite expérience de la justice. Ayalll dénoncé de.ç abll." de cenaillS policiers. j'ai. à choque procès qu'on m 'a fait, été condamné pour dIffamation {le la police. Et VOliS croyez que c'est à ces juges-là que je l'(ÛS faire confiance pour ce qui eSl du l'rai et clu faux en hislOire ? Ces juges qui matraque", les pa/lI'res et fom ciel' courbettes de~'allf les riches. S'adresser à eux, ail lieu de répondre à Faurisson par petil "a" et pelir .ob ". c'est (Olit simplemem prendre le risque que des taS de gens se diSent: "S'ils om cUlulafflllé ce Fuurisson, C'eJf cerwinemelll que ce FallrissOll (/ raisOIl . .. Tenez.. Je serais historien, je ne serais pas fier qu 'ol/ s'adresse aux juges pOlir faire mon métier à ma place. P ALANT CHARLES Ancien déporlé, Vice-Président du MRAP J ' ai de commun avec FaurissQII d'avoir lm jOllr refusé de croire à l'exis/ence des chambres à gaz d'Auschwitz.. C'élait en oelobre 1943. Le Irain de mille juifs déporlés de France s'élait arrêlé au bOIlf du quai d'Auschwin. Les S.S_, la malraque hOUle, hur/alll comme des fauves I/OIIS arruchaÎefl/ liltéralemelll des wagons à besliaux el flOUS pOlissaient aussit6t vers I/ne sorle de jury militaire devant lequel illlollsfallaii passer vite. Là, un oJficier décidail d'lin mouvement de badine qui, de nous, devoir courir vers la gauche ou vers la droite. El les aUlres, ceux du même convoi, les mères, soeurs, épou· ses, les gosses, les vieux parenls ? OÛ som-ils mainfenalll ? .. Tout de même, ces Boches am beau être des brllfes, ils Il'om tour de même pas traîné toUS ces inaptes jusqu'à ce camp de travail. Sans dOllle sOfl/-ils restés dans III/ camp de séjour. Quond donc les reverrol/s-nous ? Dans les regards de chacun de 1I0US se Iise"l les mêmes pensées. Mais voilà que s'agitent autour de II0US des fanlômes de Meu rayé vêllls. Ils volII, viennenr au pas de course. Cerlaùls s'exprimelll en 1111 incroyable jargon, mélange de IOUles les langues d'Europe occupée. Et 1I0l/S comprelions: ce sonl les anciens. "Que som devenus les femmes. les gosses, les vieux? "Iellr demandolls-nous. "Chambre à gaz, crémalorillm ... .. IIOIIS disem-ils en poilllalll l'index vers le ciel . Seraielll-ils devenus fOlls, les anciens? 1/ ne fOUI pas les croire, SUr/ouI ne pas les croire. Si nOus voulons survivre, il ne Jaut pas les croire, ilue JaUi pas ... 11 est des nuits 011, en proie ri des rêves lourmenlés, je suis au milieu des miens. /1 n"y ajamais eu de chambres à gaz. Mil mère es! là. Belle. /1 eSI vrai ql/ 'elle eSI mainlenanl pll/s jeune que moi. Et ma soeur, si blollde, avec ses beaux yeux bleus. On dirai! /Ille aryellne. Elle semble avoir l'âge de la plus jeune de II/es filles. Pourquoi faut -il se réveiller, certains malins? Lorsqu'il sera permis de doult'r que les morts d'A usch wirz 0111 été gaz.és et brulés, 0" dOllfera aussi que furefll criminels ceux qui les avaienllil'ré il la mort. Alors les mOrls d'Auschwitz mourrOnl une seconde fois. Qu'impor/e pour eux cela Ile challgera rien. Mais pour les el/fanls d'aujourd'hui, les vôtres, braves gens, les vÔlres ? .. BADINTER ELISABETH L orsque Voltaire s'écria: "Je déteste vos idées, mais je suis prêl à mourir pour VQtre droir de les exprimer", il posait ainsi lesfondemellls de la démocratie idéale(/). Quelques décennies plus lard, les révolutionnaires répliquaient par la célèbre formule: III LIeRA. "Pas de liberlé pour les ennemis de la liberlé". Nul doute que les démocrafes sincères se recollflUissaiem plus JlO/OIItiers dans le voeu l'olfairien qu'ils rêvent de meure en prutique. E" préfaçant, salis le lire, l'Quvrage de M. FaurisSQlI, Nuam C/wrluky a voulu I/OllS infliger lIf/e leçon de démocratie ef flOUS rappeler 1105 origil/es. En toute logique, au nom de ces principes et Ol'ec la même grandeur d'âme, Chomsky aurait tout aussi bien pu préfacer - IOUjour: J' mm les lire - "Mei" Kampf" de Hitler oule "Protocole dessage.\· deSion . • ' Comme si les mOIS élaienl sans portée sur les illcomCÎellls, comme s'il suffisaÎl de rétablir la virité pour annuler le mensonge el ses effets destructeurs! Chomsky a commis la terrible erreur de croire que la démacratie idéule était chose faite el que les hommes, tous bom et al'ides de vérilé, éwient prëts égaiement à mourir pour les ie/ées de leurs ennemis. Si cette fUlle.we erreur est pardol/nable sous la plume cie Voltaire, elle ne l'eSI plus sous ceUe de CI/Omskp, au siècle du génocide. Chomskp Il 'a pas pli ignorer les conséquences dél'astatrices de la propagande nazie. 1/ sait qu'à force d'asséf, er des mnlSonges el d'en appeler au meurtre, le.f hommes les plus doux ell apparence se SOnt conduits comme des mOl/stres sanguinaires. A moins que Chomsky, calfeurré dalls son rêve. bien 011 chatul dans son Amirique loimaine, préfère 10/11 simplemem Ile riell voir, ne rien entendre, ne rien comprendre. Celte ignorance-iii eSlune complicité qui menace la démocratie imparfaite et fragile qui est la seule réelle. MaÎlre Chomsky, professeur e.f démocratie. ferait bietl de l'apprendre. " Dln'ÉRENCES AVRIL 81 Bernard Henri Lévy ridéologie française "Dur â entendre Mais en cela justemem salutaire." J~an -Toussainll)e.sa nli / Le Matin "Quel décapage! Quelqu'un qui dit simplcmem la vérité." Philippe Sollers/ Le Matin "Au pied de son pilori. Bemard- Henri Levy provoque la cohue ùes grands jours. " Jeàll-Paul Enthùn'n/ Le Nouwt Obwnatt'ur "La plus belle méditation sur la France parue ùepuis la dernière visite de Malraux a Colombey." Paul Guilbert I Ll' Quotidien de l'ari~ "Un livre qui mérite d'être lu et discuté de sang-froid, avant d'être érigé en objet de culte ou piétiné de rage." )o'rançuis G('ul'ge / Lt'S Nllu.'ell ... .), Llllérairl'S (olieclwlI Figures GRASSET Notre temps Dans un désert fleuri d'Australie, des enfants noirs aux cheveux blonds réa prennent les rêves de leurs ancêtres. PITJANTJATJA. •• T cus les S ou 10 kilomètres. le cadavre d'une vache ou d'un kangourou. Les "'road-trains" sont passés par là. Ces énormes camions de 70 tonnes qui traversent ]' Australie de part en part , monstres brutaux qui joi· gnent entre clles des villes aux doux noms de fille s. arrachent sa terre rauge à la piste, Les chauffeurs conduisent comme des hallucinés. Ils se droguent à mort et peuvent faire 3 000 kilomètres d'affilée. On en a vu se ruer, droit devant eux, parfaitement éveillés. contre UOI? des trains arrivant à toule vitesse. Moi, c'est avec plus de modestie Que j'ai quitté Alice-Springs, dans la Toyota Land Cruiser de Robert Stevens. un Aborigène, secrétaire du conseil des Pit jantjatjaras . Les Pitjantjatjaras sonl une des tribus du désert cenlral australien. Ils comp· tent environ 2 000 membres mais on englobe souvent sous celte dénomina· lion diverses petites tribus qui vivent dans la même région. Les Aborigènes comptaient environ 500 tribus avant la 20 découverte de l' Australie par James Cook, en 1770. Mais l'immense Île va servir de trop plein aux prisons britanni· ques. Les repris de justice inventent un nouveau jeu: la chasse à l'Aborigène. Résultat, il ne reste plus aujourd'hui qu'environ 120 tribus ! On m'avail dit : "Le désert". Mais celle année, il a plu. La plaine intermi nable est incroyablement verte, constel· lée de fleurs jaunes avec ces arbres qui poussent en quelques mois puis disparaissent totaJement durant les années de DI.FfÉRENCF.S AVRIL 81 ~S:~::h:cr:es:=~-.~D~rô~~le~d:ec~o:n:t~r:as:t:e-.c:e=t~te~,=e:r~.~--~::::~=:::~~--------------------------::~::::::::;----t dure éclatante sous une chaleur insup- -; portable. Malgré les rése rves d'eau bien " remplies. les dizaines de boîtes de sortdrink. j'ai soi f ! El puis c'est Ernabella, que les Pit jantjatjaras appellent Pukatja, l'agglomération la plus impo rtante sur une réserve de 70 000 km'. Drôle de petite ci té, au milieu du désert fl euri, avec ses enfants blo nds et SOIl église. En 1937. Charles Duguid, un pasteur presbytérien, se fait attribuer le terri· to ire par le gouvernement australien . Mais il a une idée derrière la tête. La déri ve des Pitjantjatjaras vers l'est, vers le chemin de fer Adélaïde-Alice Springs, c' cst la mort : alcoolisme, prostitution , malad ies. On n'en est plus au temps oû les Blancs chassaient l'homme comme le kangourou et oû les missionnaires construÎsaientla prison avanll'église, mais la syphilis tue toujours autant -les Aborigènes ne la connaissaiem pas el y sont tres vulnérables. Duguid est un curé sympathique . Il veut permettre aux tribus de se fixer sur leurs terres et leur fournit "de la "hmde, du tnl"all el des revenus", L'homme est enthousiaste et bon. Vivre el laisser vivre . II écrit : " II n'y a pas d'infériorité, pas d'apathie, pas de visages tristes à Ernabella .• , Il fllut un compromis intelligent dans la conrrontation entre les races." Chez les jeunes Aborigènes des villes, ça bouge . Depuis dix an s, des groupes style black power se multiplient . Cc sont eux qui m'ont dit: "Va voir à Pukalja". Ils sont en contact avec les Indiens d'Amérique du Nord et commencent à formuler des revendicatio ns similaires. La loi de 1960, dont l'objectif est théoriquement d'accorder aux Aborigènes des territo ires po uvam garantir leur subsistance, est restée leure morte . Mais le mouvement pour les "land rights" a pris depuis une nouvelle vigucur. Il s'agit de faire passer dans la loi et dans les fails la possibilité pour les Aborigènes de mener leur vie comme ils ,' entendent dans des lerres autoadminislrées et sur lesquelles les compagnies mini ères n 'auraient aucun droit. Dans l'Etat d'Australie Méridionale, Je gouvernement travailliste avait introduit , en 1979, une loi relativement avan· cée dans cet obj ectif. II raut espérer que le changement de majorité ne mettra pas cet acquis en cause. Mais il n'en est pas de même dans toute l'Australie . Chaque Etat de ce pays fédéral jouit en effet d'une assez forte autonomie et à côté de l'Australie méridionale, relativement libérale . on trouve le Queensland, souvent gratifié du nom de "Banana· A \'ttu!r dt l'uhljY. Country" en raison de ses opt ions d'extrême·droite. Lundi matin , 7 heures 30, Pukatja. Premier coup de sirène qui se répétera deux fois, à un Quan d'he ure d 'i nterva lle. La petite ci té revient à la vie. Le week-end a été la Le maître de cérémonie efface les maquillages rituels pour aller à la messe grande bi fu rcation. Les Blancs sonl retournés à Alice Springs. Les plus courageux o nt fail une promenade dans le désert. Les Pitjantjatjaras eux , se SOnt couvertS de maquillages faits de boue rouge qui represent ent le sang et la terre et se sont rendus aux lieux saints pour les cérémonies: le week-end. c'esl le moment du retour aux sources. Le lundi matin, les maquillages Ont disparu. Tout le monde se retrouve à l'église pour la prière. La "Maison de li Dieu " est dans un état pitoyable. Sale, triste , grise. A peine une cro ix au-dessus de ce qui tient lieu de choeur. Des chiens - ils sont innombra bles - sau tent de temps à autre dans l'Mifice par une fenêtre ou ne subsistent que quelques morceaux de vitres. Les fidèles Ile semblent pas s'en émo uvoir . Ni les chiens, qui ressortent , pena uds, sous les cou ps de pieds ri tuels. Un Pit jant jatjara lit un psaume en anglais puis dans la la ngue locale. L'instituteur blanc chante les louanges d u Christ de la même voix q ue le maître des cérémonies qui , hier encore. priait au pied des concretions rocheuses figurant les ancêtres endor· mi s. Je pense à Bill , responsable de la paroisse d ' Amata, qu i a réussi à libérer certains hommes des lo ngs prépara tifs nécessaires aux cérémonies nocturnes pour les faire participer ... fi la chorale ! Une chorale célèbre puisqu 'elle s 'esl produite dans plus ieurs grandes villes australiennes, aux îles Fidji et, cOlOme le dit Bill avec fi erté : "Même devllnt lu reille. " Pounant, la religion el les rites des Pitjantjatj aras sont l'expression poétiNotre temps que et spirituelle de leur mode de vie. it Une femme m'explique en me montrant li! son enfam , d'une blondeur éclatante Û malgt'é le brun fOllcé de sa peau: "Lui, il est du dan du Kangouruu. Je J'ai SCRU. lorsque j'étais enceinte. en passant près des pierres où dorl J'ancêtre kangourou," En fail. il faut s'écarter du pittoresque de la formule . Les Aborigènes Ont une vision hautement spirjtuaJisee de leur Tappon avec la nature. Les cérémonies sont des représentations de la créalion du monde, des archétypes de la vic humaine. Telle fo rmation rocheuse esl consid érée, pour des raisons obscures . comme Je lieu où "rêve" j'ancêtre serpent. On y viendra pour célébrer cel aspect de la vic de la nature. Il ne faut pas oublier que Je serpent est un élément important de la nourriture, dans un pays désolé où la vie est rare . Cette spiritualité guide les mouvements des quelques tribus qui nomadisenl encore. Elle est tout autant une carle des déplacements nécessaires pour survivre qu'une représentation mystique du monde. Déjà, au contact de la civ ilisation chrétienne, l'idée du Dieu unique s'introd uit dans les croyances qui animent le sol du déserl. Elle ne les détruit pas. Ce parallélisme me frappe au cimetière "a la chrétienne". Sur chaque tombe, te nom du défunt est inscrit. Et pourlant, une règle particulièrement rigide interdit loute évocation directe des morlS. L'image de l'homme morlne doit pas rester, elle se fond dans la nature, elle ne peut être qu 'évoquée ind irectement. On observe avec rigueur la coutume ... jusqu'aux portes de la mon chrétienne. Après la messe, l'école. Là encore, compromis " à la Duguid" . Les gosses se doutent un peu que l'Australie Ile com· mence pas à sa "découverte" par James Cook, en 1770. Sous la férule autoritaire d'une forte femme dont l'âge ne semble pas avoir atténué l'énergie, un groupe d'élèves es t aux aguets dans un silence de plomb et une immobilité de menhir, On dirait un jeu d'approche. Une petite fille, la chevel ure en bataille, rampe sans le moindre bruit vers un de ses camarades, Gare à elle s' il entend le moindre bru it. Celle ini tiation aux formes élémentaires de. survie - chasse, contrôle du corps et des comportements sociaux - ne supporte pas la nonchalance des potaches de chez nous. Mais potaches, voilà q u'il le redeviennent, dans la classe voisine, où l' instituteur blanc inscri t patiemment sur le tableau, les lettres d 'un alphabet avec lequel s'écrit et l' anglais, et le pitjantjatjara. L'ext rême dispersion des tribus ou Un Ausll'1lUen sur cent est .bo r;!l~n t, clans Aborigènes n'a pas favorisé l'unificalion de la la ngue, Ses racines sont communes à tous mais les variantes dialectales SOnt infinies, à tel point qu'elles diffèrent parfois d'indiv idu à individu, Ainsi, certains Pitjantjatjaras nomment leur tribu Pidja ndjara . La langue n'avail jamais été écrite mais possède une riche littérature orale qui, autour des symbOles religieux, exp rime dans des contes ou des poèmes la somme des connaissa nces historiques et pratiques acquises au cours des siècles. Qu'est-ce qu'un Aborigène 1 La mission presbytérienne de Pukatja est-elle un rempart contre limination culturelle de ce peuple qui a survécu aux condit ions les plus rudes depuis 30000 ans mais qui ne forme plus qu'une communauté de 160 000 personnes, dans une Australie de 16000 000 d'habitants 1 Aujourd 'hui,9O % de ces Aborigènes sont en fait des métis, bien que les mariages mixtes aient été longtemps interdits et qu'ils restent encore rarissimes. Mais à Sydney comme à Melbourne, la moindre goutte de sang "noir" trace la frontiére. Métis, con nab pas! Et puis, les "hommes du désert" vivent en fait pour la plupart dans les faubourgs des grandes villes où ils peuplent les cités dégradées de HLM locales. 10 % seu lement d'entre eux vivent dans des circonstances tribales. Ces hommes aux enfants blonds - qui d'ail Icurs perdent leu rs cheveux clairs avec l'âge - ont un type physique si particulier que les scientifiques som à l'heure actuelle. incapables d'en déterminer l'origine exacte . On leur a donné le nom d'Aborigènes (et non arborigènes), qui veut simplement dire "autochtone". La tentative généreuse de Duguid ne suffit plus. aujourd'hui, aux jeunes en mal de retour aux sources. Une expérience passionnante commence a prendre corps: l"'outstatioll movemenl". Des groupes entiers quittent les miss ions et retournent à la vie. de leurs pères. Quelques-uns nomadisem dans la zone de la mission el Alan Steele, un conseiller - blanc - de Pukatja, me propose d'y aller. Une chaîne de grandes collines barre l' horizon. Toujours la plaine neurie et ses arbres éphémères. Après plusieurs heures de route, un lit ! Sous un arbre, , OlFFÉRENCFS AVRIL 81 j nature la plus inhospitalière aux yeux 2 d'un Européen rendue habitable par la ,. force de l'esprit humain. ~ Déjà, les habitants de l'outstation de Wamikata ont planté des vignes au milieu du désert . Les enfants von t tout de même à l'école de Pukatja et, pour s'acheter un magnétophone à casselte, on va lravaitler de temps à autre dans une ferme. Au fo nd , la solution n'estelle pas plutôt dans ce compromis positif? Même si, pris par le grand songe des passés de légende, d'autres se sont enfoncés plus encore dans les solitudes désenées où gît leur âme. Retour à Alice Springs. Une image me brûle, à la fro ntière de la réserve. Dernier village aborigène: une masse de détritus divers jonchent le sol. Boîtes de Coca-cola, de bière ou de limonade; papiers gras, rêsidus informes d'un autre monde incroyablement accumulês. J 'avais, pour ma part, soigneusement entassé mes ordures dans un sac en plastique que je comptais placer hors de vue. Inutile. Robert me le prend des mains et le balance au milieu des bouteilles, des pneus et des ferrai lles qui encombrent déjà le paysage. C'est dur pour le rêve écologique. Le compromis enlrt tes "dtll:C" Austr.Ut tSt-ilta sotution ? Mais les Aborigènes n'onl pas l'air de s'en préoccuper, C'est ce que recèle la terre qui compte, Non ce qu'elle supporte. L'écologie, pour eux, n'est plus du domaine du rêve. Dans les territoires du Nord, on vient de construire un barrage qui servira à immerger les déchets radioactifs de la mine d'uranium "Ranger". Deux tribus aborigènes ont vu leurs lieux sacrés submergés par les eaux. Pour eux, c'est la fin de lOute vie nomade. Avec la création d'une cité ouvrière, l'alcool CI la prostitution sont arrivés, Un rapport gouvernemental indique que le taux de pollution radioactive dans la région csl 12 fois plus élevé que ne le permettem les normes régulièrement admises et en conclut ... que le projet doit se poursuivre , toul simplement, un vieux lit de fer avec, en guise de matelas, quelques feuilles d isposées sur le sommier métallique. Ma première "outstation" . Une vingtaine de person nes y vivent - c'cst la taille du clan trad itionnel - autour d'une co lienne, d'un vieux camion et de quelques huues rudimentaires. Retour au désert, ils me parlent par gestes pour ne pas employer l'anglais. Mais ils rient et me font signe que je suis leur semblable Je cherche en vain à parler avec les " habitants" de Katjikatjitjara. Ils refusent vo lontairement de s'exprimer en anglais. Pour eux, cette langue reste ceUe de la destruction de leur cu lture. Pourtant, on ne sent pas de véritable animosité, Des gestes de sympath ie nous SOnt adressés. Sans plus, Sous les grincements de l'éolienne que pousse le venl du désert, Alan Steele m'explique : "Ils vont très loin dans le rejet de l'assimilation et de la christianisation, Les jeunes reviennent même aux terribles rites initiatiques qui en avaient fait fuir une bonne pari vers les villes, Mais au-delà du rile religieux ou social, c'est une condition d'adaptation à celle nalure impitoyable, Dans certains coins {ce n'est pas le cas ici où je remarque deux ou trois fusils}, les jeunes ne chassenl qu'au javelol, comme jadis, dans des régions où ne se risquent pas les Blancs, Le seul contact avec le monde extérieur s'établît aulour des lieux saints de pélerinages qui font se rencontrer, selon les règles complexes el largement inupliquées, telle ou telle tribu , li certaines périodes de l'année ou parfois sur des cycles allant jusqu'à six ans." Je sens bien que je repartirai sans avoir compris, que sans doute, je ne comprendrai jamais ce grand désert peuplé des rêves de tant d'aïeux légendaires. Celle parenté que les Aborigènes établissent eOlre eux et toule forme de vie ressemble a ce lit de fer, tout seu l : la 23 Le voyage se termine. Voilà Victory Downs, première agglomération blanche. En fait, une grande ferme allec sa pompe a essence et une piste d'atterrissage. On est loin de l'outstation de Kat jikatjitjara! Entre elle et Victory Downs : Ernabella/ Pukatja; le trait d ' union tracé , voilà 43 ans, par un prêtre idéaliste qui m'a permis de connaître des gens dont la vie reproduit le rêve mystérieux d'ancêtres serpents , lézards ou kangourous, Des gens qui , sa ns me parler, m'ont faÎt signe que j'êtais leur semblable. Eekhard SU PP actualité TC Ln "H«Indes Ib~n llonJ " ri~bl'C't. Rtl,ouvu·~ : Yvn Mon tand, Cavann., Coluche. Zoll .... knl des parenb Il.'lfnl ; M. Ponlillowd:I, J.-M. LUJlItft' $Ont d'orla1nt pOlonl1H : Charks lh nll'O Ur e5t arminien. La comtesse dt Sflur, nk Ro,lopchlne, HI d 'origine rus.w ; 'n plrtnts de Napoléon '" f laltnt n« ,fnol5 t l 50nt dUtnLU 'nnçals 4 l n5 .~.n l b olll$unN du fu tu r emptn!ur ; la mbe de Salnl -I.oub ~I.II "p"annlt! : Lionel Stolfru, m inl~ I n! ..• dt! Immlgris fSl fUs d'imml,rts roumains. N OS ancêlres les Gaulois". Mario ril 10Utes dents dehors. "Nos ancêtres les Gaulois? La bonne blague." Mario a 14 ans. Ai -je posé une mauvaise questian? Pourquoi ce gamin, ce blanc-bec se moque-'-il de moi? Les parents de Mario sont Italiens. Ils ont émigré en France, il y a 19 ans. D'abord es! venu le père. Puis, au bout de quelques mois, sa femme l'a rejoint. Mario est né quelques années plus tard, à Bagnolet. Il va à l'école française. fré· quente des camarades françai s. Son pays natal, c'est la France ... mais de là à dire que ses ancêtres sont gaulois. Je me tends comple que j'ai eu tort de réveiller ces vieux souvenirs. Mario, maintenant qu'il y pense, se dit plus proche des Romains que des Gaulois. Enfin, s' il " avait à choisir" ... A l'école. ajoule-I-il, quand on parlait de guerre enl rt Gaulois et Romains, j'étais pour 1 les Romains". Mario dit ça en ria nt. Il dit ça par bravade. Au fond, il s'en moque. n n'eSI ni le descendant des Romains. ni celui des Gaulois. Ses racines ont poussé à Bagnolet. Il est de Bagnolet. U est Français comme peut l'être un immigré de deuxième génération, avec dans la tête le dialecte, l'odeur de cuisine du pays de ses parents. l'écrivain François Cavanna ("Les Ritals", "Les Russkorrs"), lui-même fils d'Italien, né à Nogent-sur-Marne, a défini cet état d'âme de la manière suivame

"On est des f rançais, mals sim plement

on est des f rançais qui avons dans nos têtes une chose que les fra nçais n'om pas. c'est-à-dire. on a 1" nostalgie, le souvenir , le rêve du pays de nos pères. d~ nos parents." Des Mario, des Cavan na, des immigrés de première, seconde, troisième génération (ces te rmes prêtent à controverse), des étrangers franc isés, naturalisés ou rejetés et opprimés, il en existe des millions. Venus en France il y a plusieurs décennies, leurs pères, leurs grand-pères se sont intégrés, non sans mal, non sans tiraillement, à la société d'accueil dont ils ont adopté les coutumes, les moeurs. La France s'est enrich ie de leur apporl. Les mariages mixtes, les natu ralisations ont créé un phénomène "boule de neige" et aujourd'hui plus de dix millions de Français peuvent s'enorgueillir d'avoir un ou plusieurs étran gers parmi leurs asce ndants des qu atre géneralion.'i antérlt'ures (in revue " Population et société" , nO 43- 1972). Selon d' autres so urces l'a pport de l'immigration li la France en terme humain représenterait 19 millions de personnes. Il suffil de regarder autour de soi pour se convaincre de l'ampleur de cette réali té. Il n'est ni le descendant, des Gaulois, ni le descendant des Romains. Ses racines ont poussé à Bagnolet Qui n'a pas dans son entourage un ami étranger ou d'origine étrangère? En remaniant un peu dans le temps, il n'est pas rare que M. Durand se découvre une grand-mère piémontaise, catalane ou polonaise. Bien souvent, seul un nom en "i", en "a" ou en "ski" tèmoigne d'une lointaine ascendance étrangère. de ['appartenance à une autre culture. hl 'homme" français, consideré comme entité pure et unique. n'existe pas. Ses racines se sont alimentées à différentes sources. Cult u rellemenl parlant, le Français eSI un métis. Qui, aujourdhui, sefait capable, analysant [e ci toyen français moyen, de déterminer ce qui chez: lui relève de la culture celte, de la civilisa: tion romaine ou de la tradition germanique qui toutes, à des époques diverses, DIFFÉRENCES AVRIL 81 ont fleuri entre Rhin et Pyrénées? L'homme n'est pas un bout de bois que l'on peut débiter en tranches. la France, de toU( lemps, a été un pays unique aux visages multiples. Elle l'est encore aujourd'hui. les graves et complexes questions posées par la présence d'enfants français ou francisés d'origine étrangère (statut juridique, double iden tité, acculturation. intégration) ne sont pas nouvelles. Elles soni nées, avec l'immigration, au siècle dernier. L'immigration et la France ont une longue histoire commune. "Son apparition, note l'historienne Michelle Perrot, eSI liée au développement IIU XIX' sièi!le de l'exploitation miniére el t\ l'extenlÏon du réseau rerré." Les premiers travailleurs étrangers embauchés dans des usines françaises ont éte des Anglais. Leur venue a co\'ncidé avec l'introduction en France, au début du X J X~ siècle, des premiers machines textiles el métallu rgi ques. A l'époque, les Fra nçais n'cn produisaient pas, en connaissaient mal le fonctionnement el ne savaient pa.. tes réparer en cas de panne. Aussi s'a dressa ien t· ils à des ind usltiels d 'Outre-Manche qui, dans ces domai· nes, possédaient une avance lechnique certaine. L'acquisi tion de ces machines cn Angleterre impliquait l'embauche de travailleurs anglais ha:utement qualifiés auxquels était confié l'entretien du matériel. L es rapporls qui s'élablirenl alors enlre la France et l'Angleterre préfiguraient d 'une certaine manière ceux existant aujourd' hui entre pays industrialisés et pays .sousdéveloppés. Méfiantes dès l'origine, les relat ions entre ouvriers français CI anglais devaient rapidement se détériorer. Les Français redoutaient la concurrence de leurs camarades anglais el les nouvelles méthodes de rationalisation du travail qu'ils apportaient dans leur sillage. Cette hostilÎlé cu lmina durant la Révolution de 1848 au cours de laquelle on pUI entendre, dans tes rues de Paris, des 510' gans violemment anti-anglais. Les premières grandes vagues migratoi res, touchant des centai nes de mill iers de personnes, apparurent à la fin du Second Empire, dans les années 1860. Ces tlrangers étaient essentiellement des Belges el des Italiens. Les premiers s'installèrent dans le Nord de la France, les seconds plutôt dans le Sud. Le recrutemenl de ces ouvriers s 'opérait de deux manières: 1) les employeurs, envoyaient des sergents recruteurs appelés "marchand. s d'hommes" en Italie (d'abord au actualité Piémont puis, progressivement plus au Sud); 2) les immigrés entraient en France en empruntant les "réseaux familiaux", Ces réseaux renseignaient sur les droits des étrangers, signalaient les zones d 'embauche. celles où il n'y avait rien à espérer. Rapidement, l'immigration devint une donnëe structurelle de ,'économie. En 1886. on recensa 1 126000 étrangers en France ce qui représentait 2,9 'Jo de la population totale (1,7 '10 aujourd'hui) el 8 070 de la population ouvrière active. Ces chiffres ne donnent qu'une image partielle de l'ampleur du mouvement migratoire en direction de la France car ils ne prennent pas en compte la main d'oeuvre saisonnière. Les premiers ouvrie,s irnmÎsrés sont mal vus: ils sont anglais et contremaÎtres Dès le début, les travailleurs immigrés furent victimes de la xénophobie de la population française. Les plus visés étaient les Italiens. Les ouvriers français leur reprochaient leur docilité à l'égard des patrons, leurs moeurs, leurs habitu· des religieuses. En 1885, le journal socialiste " le Cri du peuple", décrivit en ces termes la vie de plusieurs raffineurs de sucre italiens: " Ils vivent enlrt' eux, ne se mêlent pas à la population , man· gent et couchent par chambrées ainsi que des soldats qui campent en pays ennemL •• Ils se mellent huit, dix, quinze dans une chambrée; l'un d 'eux est chargé du ménage, La même chambre loge deux chambrées: une de jour, une de nuit. L'équipe qui va au travail est immédiatement remplaçée par celle qui en revient ." Comme on le constate, les marchands de sommeil n'onl pas attendu l'ère moderne pour sévir. La haine à l'égard des immigres débou· cha, à plusieurs reprises, sur des inci· dents dramatiques dans le Sud de la France, à Marseille (déjà !) et à Aigues· Mortes oil, en 188 1, plusieurs milliers de personnes "ratonnèrent" des Italiens accusés d'exercer une pression vers le bas sur les salaires. Bilan: une tre nt aine de morlS. Qui se souvient aujourd 'hui de ces tragi· ques événements? Des émeutes anti· étrangères se produisirent à diverses reprises les années su ivantes, pendant les périodes de crise économique et de chô· mage. En 191 1, au cou rs des troubles de vie chère qui agitèrent la capitale, des maisons d'alimentation itaHennes et jui· ves, présentées comme le symbole du capitalisme étranger, furent prises d'assaut et pillées par des manifestants. L'intégration des étrangers à la société française ne s'est pas faite sans mal, sa ns drame. Néanmoins, elle est devenue une réalité au rur et à mesure que les an nées passaient, que des enfants, sou· vent issus de couples mixtes, naissaient, que la situation sociale des immigrés s'améliorait. Tous ces immigrés, ceux d'hier et ceux d 'aujo urd 'hui, onl été el sont confron· tés à la question de l'intégration. Tous ne ['ont pas abordée et résolue de la même manière. Déjà à cette époque la natura lisation apparaissait comme un des moyens les plus efficaces d'intégration à la société rrançaise. Les immigrés y onl eu recours. Le gouvernants aussi, mais pour des raisons dirrérentes. En 1889, des mesures ont élé prises pour forcer à l'assimilation. Une loi, votée ceue année·là, imposait la naturalisation d'ofrice des étrangers installés en France depuis plusieurs années. II s'agissait, par ce moyen, de lutter contre la dénatalité qui sévissai t en France. Entre 1872 et 1911, plus d'un million d'étrangers choisirent de se naturaliser. D urant la période 1946- 1962, 1 172 357 d'entre eux ont sauté le pas et SOnt devenus français. Ils étaient 932000 durant les années 1963·1972 et 756564 de 1973 à 1979. Au total, depuis 1946, 2860 911 personnes, soi t 84 146 en moyenne par an, ont acquis la nationalité rrançaise. Ceci explique, entre aUlres, que certai· nes immigrations soient en régression notamment les immigrations italiennes, polonaises et espagnoles. Malgré ce cou· rani en faveur de la naturalisation, le nombre d'étrangers établis en France reste â un bon niveau (de 3 500 000 à 4 200 000 selon les sources). Ces Français, fils d'immigrés - il s'agit souvent de la troisième génération voire plus - se sont parfaitemem imégrés. Il ne viendra à personne (sauf aux racistes) l'idée saugrenue de reprocher à Dalida, Yves Mamant, Coluche, Cavanna ou Emile Zola leur origine italienne; à M. Stoléru, secrétaire d'Elat à l'immigration, son ascendance roumaine; à M. Poniatowski et à Mgr Lustiger leur souche polonaise; à Charles Aznavour, Henri Verneuil, Rosy Varte, Alice Sapritch et Carzou leurs attaches armé· niennes. Des peinues illustres tels que Picasso, Pissaro ou Max Ernst son t-ils Français avant d'être Espagnols et Allemand? La question n'a en réalité aucun sens. Ils sont doubles. Ils sont des "ci toyens plus", Mgr Lustiger, d'origine juive polonaise, parlant de sa double, voire triple identité, a donné une définition à laquelle souscriront de nombreux fils d'immigrés: "Je suis, a+il affirmé avec humour, un Polonais de la bulle Mont· martre" . Si de nombreux étrangers ont pu acqué· rir le droit de vivre en France à la force de leurs muscles, d'autres son t devenus français, ou auraient dû le devenir, par le "sang versé". En 1870, [' Italien Garibaldi a offert ses services à la France, alors en guerre con· tre la Prusse. La chronique historique ne dit pas si le prestigieux général a dû, avant de s'imégrer dans l'armée fran· çaise, montrer sa carte d'identité. Quand l'Arménien Manouchian et ses camarades de "l'affiche rouge", (des Polonais, des Hongrois, des Espagnols, des Italiens) luttaient les armes à la main contre les nazis installés sur le sot fran· çais, ils n'avaient pas seulementl'impres· sion de se battre pour eux·même mais aussi pour la France. Ils lui donnerent leur vie. Et les premières victoires de la France Libre, la ch ute de Koufra conquise par Leclerc en 194 1, les succès de la campagne d'Italie, la prise de Monte·Cassino, ne les doit·on pas pour une large part à l'abnégation des tirailleurs africains et des soldats arabes qui consti tuaient le gros des troupes françaises? La bague au doiSI ou le champ de balaille. Deux moyens privilé!liés d'inté!lration à 'a nation française Pour quelques·uns, le chemin de l'inté· gration à la société française est passé par les champs de bataille. Pour d'autres il a transité par l'hôtel de ville ou le lieu de cu lte. Entre 1968 et 1972, sur 2 749 562 mariages célébrés en Franoe, 130 S5!S ont été des mariages mixtes. Souvent, pour l'étranger, le mariage représente le véritable premier pas vers l'int égration à la société d'accueil. "En épousant une française l'Immigré a l' impression d'épouser la France", déclare M. Augustin Barbara sociologue et membre du COmile local de Nantes du M.R.A.P. (Mouvement cont re le Racisme el pou r l'Amitié entre les Peu· pies). • 1 ~ ( .Certes, ~le ~mixt~e ne rég~ie pas ~A lgériens de la deuxième généra· tous ies problèmes. A cet égard le témoi- 1 qu'on parque dans des ghettos, que gnage d'une Française mariée avec un la police discrimine, que la société mar· Africain depuis 15 ans et cité par M. ginalise? Barbara lors d'un colloque du M.R.A.P. apporte d'utiles informa· tions : "Nous vivons sous le même toit, mais dans deu~ pays différents. II a son domaine. j'ai le mien. II y a des choses que je ne peux pas comprendre et lui aussi ne peut pas comprendre certaines choses. A cerlains momcnts, nous nous relfouvons sur un terrain commun qui n'cst pas un pays mais une espèce de no man's land conjugal , un endroit où l'on négocie nos trait és conjugaux , nos acco· modations multiples, nos prises de pou· voir et nos prlSfS de bec. Nous essayons que cela ce rasse dans le calme: mais même là, dans les mots, il y a deux pays diff~rent s" . L'énumération de certains chiffres peut conduire à une lecture optimiste du pro· cessus d'intégration à la société française. Ils ne reflètent pas complétemellt la réalité vécue par les immigrés. Des textes, décrets et lois restrictives rendent celle intégration difficile voire impossi· ble. Tous ne sont pas touchés. Quand on aborde une telle question il convient de ne pas oublier qu'il n'y a pas une immi· gration mais des immigrations, chacune d'entre elles connaissant des difficultés spécifiques. En effet, qu'y 8+il de commun entre les Arméniens installés en France depuis des décennies, qui se sont totalement inté· grés à la vie sociale du pays, qui possè· dent plusieurs cent res culturels, des égli· ses florissantes, des clubs sporti fs, un quotidien en langue arménienne et de APpartiennent-ils au même monde, ce professeur de faculté d'origine polonaise qui affirme que " Ie slatut d'immigré ne st' transmet pas héréd italremenl" et Moussa, fils de harkis et Français de naissance, qui s'interroge: "A quoi ça seri d'avoir une carle d'Idenlité rran· ça lse ?" La question de la double identité est vécue différemment selon que l'on est d'origine italienne, polonaise ou algé:· rien. Pour Sylvie Kolebacki, une jolie blonde de vingt ans qui porte sur son visage ses origines polonaises, il n'y a pas de grand problème. Domiciliee à Condé.sur-Escaut (Nord) , une petite cité minière où les corons, au garde·à·vous, ruissellent de pluie, elle affirme: "Je me sens bien dans ma peau dt' Française bien que la première langue que j'ai entendut' ait été le polonais. D'ailleurs, je sais que l'institutrice demandait à ma mère de ne pas parler le polonais à la maison afin de ne pas perturber la jeune écolière que j'étais". Les Polonais sont nombreux à Condé-sur-Escaut. La vieille femme qui nouS a indiqué, à moi et à un militant du M.R.A.P. de Lille, la maison de Sylvie, parlait avec un fort accent slave. "J'aime bien la Pologne, poursuit Sylvie, la musique polonaise, la cuisine polonaise, Cela élant. je n'aimerais pas vlYre en PoloR,ne. J'y suis allé en vacan· 27 - ces, Là-bas, on me co nsidère comme une Française à part entière, Aujourd'hui en France, le Polonais est devenu monsieur tout·le·monde. Les Arabes, eux, ont plus de mal à se faire accepter". Se sent -elle concernée par les événements qui agitent aujourd'hui la Polo· gne ? "Oui, dit·elle, mais je m'intéresse tout autant à ce qui ce passe en Italie ou en Espagne (la vei lle, une tentative de coup d'Etat y avait échoué). Ni plus, ni Je ne suis pas assis entre deUA chaises mais dans un fauteuil moins". Français de souche polonaise, M. Henri Adamczewski, un professeur de faculté parisien affirme les choses crûment: "Je suis Français, dit·i!. Je ne su is pas assis entre deux chaises mais dans un fauteuil. SI l'on me demande de citer le nom d'un grand roi, celui de Louis XIV me vient à l'esprit en premier. Les vieux immigrés polonais au raient pen~ à Casimir le Gra nd. En matière d'immigration. le facteur temps est déterminant car au bout du chemin, l'intégrat ion naturelle se manifeste." Pour autant, M. Adamczewski, ne con· sidère pas qu'il faille couper les ponts avec la cu lture d'origine. "Nous nous devons de sauvegarder, ajoule-t·i!, ces liens par le biais, notamment, de l'e"sei· gnement du pOlonais dans les C,LS". Lui même a donné l'exemple en passant à l'âge de quarante ans, une licence de polonais. En outre, il organise chaque actualité annee une uni versite d'été fran co polonaise. "Certes, cond ut -il, les associations religieuses et folklorlclues comme celles que l'on Il pu voir lors de la visi te à Paris de Jean Paul Il permellenl de maintenir vivantes les traditions, mais cela ne suffil pas." Il s'agit là d'un exemple réussi d'im égratia n. La conscience d'appanenir à la France. de participer à sa vie économiQue, sociale. polit ique, culturelle, ne détruit pas la référence il la culture d ' ori gine du père ou du grand-père. On re tfouve une évolution identique chez les Arméniens même si, ici. l' attachement au passé est plus fort . plus douloureux, étant donné les circonstances tragiques du génocide qui om motivé leur émigration vers la France. A contrario, l' inexistence, lo rs des élections, d 'un vote " polonais " , " it alien", " espagnol" ou "arménien" confirme ce sentiment d ' intégration. Les Français de so uche étrangère, au moment de déposer leur bulletin dans l' urne, se déterminent en fonction de leurs int érêlS matériels el moraux. 11 ne leur viendra pas J' idée de se constituer en lobby, en groupe de pressio n politique. PeUl-être sont-ils plus sensibles aux questions touchant au racisme. La France n'est pas les ElatsUnis. Pour de nombreux aulres Fran ça~ d 'ori gine étrangere ou jeunes immigrés nés en France, les rapports avec la soci été d 'accueil se posent en d'autres termes. A Marseille, ville de seconde génération par excellence, ville ouven e. par l' intermédiaire du port , à de nombreuses innuences étrangères, ville ou les noms des Français d'origine italienne, espagnole, arménienne, arabe occupen t une bonne part de l'annuaire téléphonique, la situation est explosive. Un apanheid qui ne di! pas son nom réglemente les rappons entre les différentes communautés : séparation à l'école, à l'usine, dans le logement . Dans les quanicrs Nord (ci té des Flamands, Pica n, la Busserine), ceux de la pone d'Aix , ont été rassemblés les jeunes immigrés et leurs familles. Un ghetto que la pluie du jour rend encore plus lugubre. Un ghetlo, sans mur, sans mirador. Mais un ghetto quand même avec ses talus dégoulinant de boue, ses larges routes, ses terrains vagues , ses immeubles noirs aux cages d'escaliers détruites, qui relranchelll , qui isolent, qui séparent de la ville, de la vie. Moussa et Nasser, deux enfants de la seconde génération d'origine algérienne, demeurent aux Flamands. Des obsta· cles de toutes sones empêchent leur inté- En 1975. on compl~11 tn France 1,6 million d'immiKrtl ik 5e(ondt g~n r rillion . § u • gration . Ils SOnt multipl es et se succedent les uns derriere les autres. En on(ils franchi un qu'un second se présente. D'abord, le statut jurique des jeunes immigrés est mal défini. Ambigu, il oscille entre deux pôles: l'assimilation et la volonté gouvernementale de moduler l'immigration en fon ction de la conjoncture éco nomique ou politique. Les proj ets de loi Bonnet, Stoléru, et Ornano visent leurs parents, mais par conlre-coup, les touchent aussi. En cas d 'expulsion du père, que deviendront la mère et les enfants nés ou scolarisés en France ? En théorie, les enfants nés en France de parent s étrangers deviennent fran çais à leur majorit é s 'ils ont , à ce momem-Ià, plus de cinq ans de résidence en France. L'expérience montre que ces dispositions ne sont pas LOujours appliquées el les cas d'expulsion de jeunes immigrés ne sont pas rares. Les enfants nés à l' étranger de parents étrangers et ayani effectué toute leur scolarit é en France som considérés comme élTangers et ne pourront acquérir la nationalité fran çaise que par naturalisatio n. Ils sont donc soumis aux dispositions générales réglementant l'immigration. Pour les Algériens un cas est prévu en vertu des " accords d'Evian" : les enfants d'Algériens nés en France avant 1963 SOnt Algériens. En revanche, ceux nés après le lC' janvier 1963 sont Français même si leurs parents ont choisi la nationalité algérienne. Ils sont en effet né en France de parents nés " en France", puisque l' Algérie était alors panie de la République Française. Le problème se complique quand on sait que l'Algérie ne reconnaît pas ce fait. Pour elle, M o u ~sa et Nasser, qu'ils soient nés avant 1963 ou apres, sont Algériens dès lors que leurs parents le sont. Grave problème qui se posera avec une acuité particuliere en 1982, année au cours de laquelle ces jeunes immigrés seront appelés au service militaire en France et en Algérie. J'ai une carte d'identité française, je ne vois pas très bien à quoi elle peut me servir. Quand on s'appelle Moussa, on ne peut pas ilre Français Ces jeunes de seconde génération am hérité des conditions de vie précaires et de l'insécurité qu i étaient le lot quotidien de leurs parents. Nasser, par exemple, est Algérien bien qu 'arri vé très jeune en France. Il a vécu son enfance à Marseille comme le prouve son accent chantant. Pounant, " - depuis l'âge de 16 ans, il possède une carte de résidence et peut, du jour au lendemain, pour une raison quelconque (situation de l'emploi. "environnement social"), être expulsé vers l' Algérie, un pays qu'il ne connaît pas, dont il parle à peine la langue. Moussa semble mieux loti. Il est né en France, d'un pere harki et par ce fa it est Français. Toutefois, dans la vie de tous les jours son sort ne se différencie guere de celui de Nasser. "J'ai une carte d'identité française, ditil, je ne vois pas à quoi clle peut bien me servir. Je ne vois pas l' intérêt d'être Français. Quand on demande un emploi, un logement, on nous les refuse parce que nous avons des têtes qui ne leur reviennent pas. Quand je prends le bus, les gens me regardent de travers comme si j'avais tué quelqu'un". Le racisme ne s'embarrasse guère de subtilité. "Pour un policier, continue-Iii, quand on s'appelle Moussa, on ne peut pas être Français. Un jour, j'ai été co ntrôlé. J'al montré ma carte d' iden· tité. Elle était dé<:hirée. Le policier m'a dil : "Quand ce sont les .' rançllis qui te contrôlent, tu montres ta carte française; quand tu vas au consulat, lu montres l'aulre mo itié, les papiers algériens. " A UX Flamands, les jeunes immigrés de la seconde génération vivent dans ta crainte d'une descente policière. Deux de leurs copains ont été tués à quelques mois d'il1lervalle. Le premier, Houari Ben Mohamed, a été abauu par un C.R.S. au cours d'un "contrôle" dans la cité; le second Zair, 17 ans, par un "civil" qui lui reprochait d'être Irop bruyanl. La police, à Marseille, on la voit partout . Dans la gare Saint-Charles. Dans la rue. Dans les quartiers arabes. Elle "contrôle". Elle ralle. Le M.R.A.P. a d'ailleurs organisé, en janvier, une manifestation pour protester contre ses méthodes. Elle "surveille" . Quoi? On se le demande. Et puis, surtout, elle dégaine facilement quand elle a affaire à des immigrés. Moussa raconte: "Un de mes copains a été arrêté au cours d'un eontrÔle. Le policier l'a coincé sous lin fourgon. Il a sorti son arme, l'a braquée sur la nuque de mon ami et lui a di! : "Tu sais, ça fail mal une balle dans la tête". Ces jeunes immigrés sont mal panis. La société française en crise leur refuse l'intégration, brime leur différence, les marginalise, les réprime, les enferme dans des ghettos. les conduit sur le chemin du désespoir et pour certains de la délînquance. Michel Perrot constate: "L'intégration éta it plus faci le dans le passé" • "Ces jeunes, déclare le sociologue Jacques Barou, accumulent les handicaps culturels et sociaux qui sont consécutirs aux mauvaises conditio ns socioéconomiques de leurs familles el au problème de la langue. Ayant la plupart du temps un mauvais cursus scolaire, ils ne peuvent prétendre qu'à des emplois peu qualifiés el actuellement, avec la crise, le patronat préfère embaucher des jeunes Français". Rejetés du monde du travail , de nombreux immigrés occupent des emplois imérimaires, mal payés, peu intéressants. Cela ne dure qu 'un temps. L'impossibilité de s'intégrer socialement conduit à la marginalisation. "Même s'ils refuS4.'nl l'assimilation, estime Jacques Barou, ils souhaitent une certaine intégration par J'accès à un statul social plus élevé que celui de leurs parents. Ils échouent souvent. Certains se joignent à des groupes français marginaux, de sous-prolétaires, de Gitans mal sédenla· risés. L'amertume vis à vis de la France esi très forte. Elle provoque des attitudes de révolte. Elle se manireste par une petite délinquance, par du vandalisme gratuit qui sont l'expression de leur malaÎse. Ce qui les différencie de leurs parents, c'est qu'il n'onl plus la référence au pays d'origine. Elle a craqué". Le relOur au pays des parents ne peut donc être la solution. Les jeunes immigrés l'excluent pour des motifs évi denlS

cultures différentes, mentalités,

emploi .. . Une jeune Algérienne, née en France. et qui demeure à Saint-Denis, â tenté l'expérience du retour au pays d ' origine. "Ce fut un échec dit-elle. Je n'avais pas le droll de fumer, de sortir seule en ville. J'ai senti aussi une certaine ran· coeur à mon égard. J'étais le symbole, à torl, de l' immigrée qui a réussi et qui retourne au pays après s'être enrich ie. Je suis immigrée ici, je l'étais aussi là-bas. J'ai préféré arrêter les frais et je suis ren· Irée en France. Cela étant , une partie de moi-même reste algérienne. Quand je demande à un immigré: où c'est chel toi, il me répond : à Colmar ou à Saint-Denis Pour Manuel Dias, membre du bureau national de la Fasti (Fédération des associations de soutien aux travailleurs immigres), " le gouvernement veut accréditer J'idée que le retour est J'etape ultime et naturelle du processus de " DrFFÉRENCES AVR"", 81 l'Immigration. Il peut en être ainsi pour les gens âgés de plus de 40 ans mais pas pour les jeunes qui sont nés ici ou qui ont suivi en .-rance leur scolarité. Quand je demande Il un immigré: où c'est chez toi? Il me répond: Colmar ou Saint· Denis." Les jeunes de la seconde générat ion, âgés de moins de 19 ans, étaient 1543331 en 1975. Durant l'année scolaire 1979-80, le nombre des enfan ts étrangers scolarisés s'élevait à 925 000, soit 7,6!IJ0 de la population scolaire totale. 70,3 070 étaient inscrits dans le I ~ r degré et 29,7 % dans le second degrc. Un point est intéressam à nOler : cet effectif était supérieur de 4,8 !lJo à celui de l'année scolaire 1978-79, alors qu'on relevait, pour la même période, une baisse de 0,5 % de la population scolaire lotale. B ientôt, ces jeunes arriveront sur le marché du travail. Ils interpelleront la société, y revendiqueront une place. Or, les conditions favorables à leur intégration Ile som pas réunies. Pourquoi ce qui a été possible dans le passé ne le serait-il plus aujourd'hui? Les jeuncs de la seconde generalion se défendent comme ils peuvent. Ils SOnt conscient de leur différence. Ils ne la considerent pas comme un handi cap mais comme un facteur d'enrichissemenl pour tous. Ils veulent la crier , la chanter, la dire, la racotHer. A Marseille, Moussa, Nasser , Achour et leurs copains de la cité des Flamands ont pris le stylo et rêdigent actuellem ent un "livre blanc" relraçant l'assassinat de leur ami Houari par un C.R .S. (aujourd'hui remis en liberté). Les mères de famille participent à ce travail. Ils envisagent aussi de "monter une pièce de théâtre" pour évoquer le souvenir de leur copain. "Nous imaginons nous même les dilliogues, explique Achour. Nous improvisons sur un thème donné selon les principes de la Comedia dell 'arte" • Des expériences de ce genre , on en compte des dizaines , des centaines en France. Ces initiatives auxquelles prennent part quelquefois des Français, isolées pour l'instant, s' inscrivenl dans le projet de touS ceux qui militent en faveur d'une sociétc inter-culturelle. Une société qui permenrait à l'immigré de trouver une ident ité propre, enracinée dans le present de sa vie en France mais toujours à l'écoute de sa culture d'origine. C'est le seul choix raisonnable. Pour ces jeunes, l'alternative à l'intégration n'est pas le départ mais l'explosion . Jean·Pierre Giovenco L e passeur m'avait bien dit que la pirogue n'était pas stable et qu'on aurait du mal avec la mobylette. J'ai J'air mali n, maimenant, avec J'embarcation quille en l'air, le piroguier qui m'invective. les roues de l'engin enfoncées dans la boue jusqu'au moyeu et une horde de gosses qui m'entourent en criant: "Bilissl nana! Uilissi nana ! Mon sang ne fait Qu'un tour. Bilissi. c'est l'ogre de nos grand·mères version locale. Mais un ogre défait par te vail· lan! Bakari-Jan, héros légendaire dont chaque petit Malien connait l'hisIQire par coeur. El puis, je n'arrive pas à me faire à ces groupes d'enfants qui vous contraignent , dès la première minute. à jouer le rôle de touriste européen. de "Toubabou", Je crie au plus grand; " Hey. Dilakoro ! 1 malo ka dogo l" (Eh, garnement 1 Un peu de respect !). Le "bilakoro", c'est le garçon qui n'est pas encore circoncis. Autant dire un vaurien sans cervelle. La réprimande en bambara porte net. Imparable. La troupe insolelUe s'égaye comme une volée de pintades. Trois des plus âges, gênés, m'aident à me sortir de ce mauvais pas tandis que le passeur se déride. Je vais enfin voir Djénné. La ville est restée étonnament médiévale, avec ses ruelles, ses maisons à l'architecture étrangement ry thmée de pilastres mous et assymétriques. Claire, la mosquée domine ce qui n'est plus, aujourd'hui, qu'une forte bourgade mais qui fUi, jadis, une des plus prestigieuses cités d'Afrique. Le joyau de l'architecture soudanaise mérite sa réputation. Force et simplicité des lignes, élégance des pinacles, jeu entre les rythmes verticaux imposés par les nervures majestueuses de la façade et les épines de bois qui décorent, à l'horizontale, les <1 ." < ~ ,. t' ~ o 200 400km lA L G E RIEl ~... ... !'.lM!!KAmUm" 'UTlANNJrOEul Taoudét1, !l parties fortes de l'édifice. Surtout, l'utilisation de la brique crue el du crépi d 'argile donne une étonnanle impression de douceur majestueuse. Le bâtiment, animé par les aléas du matériau, frémit encore de la caresse des mains sur ses nancs. Construite a l'époque où l'Europe se couvre de cat hédrales , la mosquec est reSlée le symbole vivant d'une ville qui, 99 fois attaquée par les forces du Mali médiéval. sut fièrement maintenir son lM A li) indépendance. Mais, écartée des grands axes routiers, Djénné n'a plus le rôle commercial de jadis qui lui est aujourd'hui ravi par Mopti. C'est à Mopti que je retrouve Abdoulaye et Harouna avec qui je dois faire la route vers Tombouctou et Gao. La "Venise Malienne". selon la formule obligée dès qu'une ville possède deux où trois voies d'eau, est la capitale ouest· africaine du poisson séché. Ça se sent. Sur le quai, un groupe de commerçants, A l'époque où l'Europe se couvre de cathédrales, des architectes maliens créent de fascinantes mosquées d'argile. JO La mosqu& de Dj61n~ est considér& ,omme le ,hef4'o:uv r~ de ]'architt(u.Lre ··soudanaise". Construite au XI V' s i ~cle, elle domine l'ancienne métropole universitaire et commerciale de l'empire du Mali. Gao était, au XVt, sittle, ta capitale d'un gigantC:$Que empire. Sn sou"nains, les Asldas, som t'nl~rrés 5Ou ~ une curieust' p>ramid~ ,énér& CI t'mretenue par le<; habitant~ de la _me. Un jeune SonghaT conduit 58 pirogue, • l'ombre des monuments s~lairn. La grande m osqu ~ de Mopti. l'heure de la pri~re. L'islam eSI la religion la plus r~pandue du Mali. 11 s'y est africanîs~ et a crU un style totalement origina l. les rois de la ville, parle haut . C'est cu rieux comme, au Mali , la richesse fait tout de suite de la graisse. Les manoeuvres, en haillons - de jeunes cultivateurs venus ici gagner quelques francs en attendant la période de grosse culture - transbahutent d'énormes colis. Mopti. c'eSt le melting-pot de toutes les ethnies maliennes. Femmes peules au teint clair, à la lèvre talOuée, fières de l'or qu'elles portent en énormes pendants d'oreille; pêcheurs bosos tentant humblement de limiter l'arnaque des commerçants sarakolés sur le fruit de leur pêche; instituteurs bambaras en chemise cintrée, un livre sous le bras et la radio dans la main; touaregs pensifs, assis à la porte du commandant de cercle; étudiants songhars en route pour Bamako, riant fort à la recherche de bonnes fortunes. Au confluent du Bani et du Niger, la ville, joliment construite malgré les odeurs et une voirie pour le moins déficiente, s'adosse à sa splendide mosquée. Rarement construction d'argile attÛlt tant de grâce et de légèreté. Le matériau impose la forme pyramidale, souvenl pesante. Mais les architectes maliens surent en tirer le meilleur parti. Il est intéressant de noter qu'ils utilisèrent les conseils d'Es-Sahéli, architecte et poête de Grenade, invité au Mali par l'empereur Kankou Moussa lors de son pélerinage à La Mecque, au début du XIV~ siècle. Depuis leur construction, ces mosquées ont été constamment reStaurées, le crépi devant être refait tous [es deux ou trois ans pour préserver les fragiles briques de terre crue. Les violentes pluies d' hivernage, qui tombent de juin à septembre, auraient tôt fait d'emporter toutes les struct ures. Mais la ville veille à ce que sa mosquée reste debout, dominaml'orée du grand delta intérieur du Niger, là où le fleuve se divise en centaines de bras avant d' aller mordre sur les dunes du Sahara. Abdoulaye a réussi à trouver un sac de riz. Nous embarquons sur une pinasse, encombrée de ballots à J'odeur sans équivoque, avec une trentaine d'autres voyageurs. D'ailleurs, l'embarcation est trOp petite et on attache une pirogue à babord pour permettre à chacun de s'asseo ir. Destination Tombouctou. Malgré les tenaces exhalaisons des paquets de poissons séchés, avec la nuit sahélienne qui tombe el l'élOnnant clair de lune, quand la poinle effilée du bateau s'a rrête et que les voix des enfants se font entendre dans le village de pêcheurs tout proche. l'esprit s'envole vite. Nous sommes là, entre amis, dans un paysage qui n'a certainement pas changé depuis des sièc les, parIant de nos pays respectifs, avec le même désir de les faire connaître el aimer, avec la même certitude que nous nous comprenons. Trois jours plus tard, nous arrivons à Tombouctou. Il était temps ca r, apres avoir échoué une dizaine de fois, la pinasse devenait de moins en moins étanche. Plusieurs sacs de mil à la germination impétueuse éta ient même en train de se transformer en prairie, au grand dam de leurs propriétaires. "En cc lemps-hl, écr it Mahmoud Kâti , un hi storiographe du XV 11< siècle, Tombouctou n'avait pas sa pareille parmi les villes du pays des Noirs pour la soliditédes instilutions, les libertés politiques, la pureté des moeurs, la sécurité des personnes et des biens, la démence et la compassion envers les pauvres et les étrangers, la courtoisie à l'égard des étu· diants et des hommes de science et l'assistance prêtée à ces derniers", J'ai hâte de me trouver devanl la mosquée Sankoré, épicemre de l'humanisme classique africain. Légerc déception. Le monumem, d'ailleurs plus ancien, n'a ni la majesté, ni l'a llan! de Mopti ou Djénné. Plus "roman" d'une certaine Tombouctou a compté jusqu'à tSO écoles et univer$it6s. On en Irouve encore ta Irace aujourd'hui a~ec l'enselgnemenl coranique, dispt'nsé par des "marabouL>;" à l'aide de tableUts de bois. manière. Enfoncé dans celle ville calme, "bourgeoise" , où les gens vivent derrière leurs lourdes porles aux décorations métalliques et leurs façades de pierre, gardant les mystères qui les ren· dent si jaloux de leur cité. Où sont Ahmed Baba qui éc rivit 700 ouvrages et possédait une bibliothèque de 1 600 titres, Ahmed Ibn Abd Er Rahim, appelé au Caire par l'Université AI Ahzar pour que les savants égyptiens puissen! bénéficier de sa science? Des 180 écoles ou universités de la ville, à l'époque où elle rivalisait avec Gao pour le nombre d'habÎlants - vraisemblablemen! 100.000 - il ne reste pas grand chose. Mais lorsque les vieux reprennent avec satis faction le cliché de Tombouctou "la mystérieuse", on comprend que les manuscrits prestigieux dont parlent les hislOriographes d'antan ne sont pas perdus pour tout le monde ... et qu'ils ne sont pas prêts à entrouvrÎr leurs mystères. Le particularisme tombouctien est si fort qu 'il a créé une forme de so nghaï, la lan gue de la région, qui n'cst parlée que là. On se so uvient que lorsq ue l'empereur de Gao était reçu par le Cadi de Tombouctou, au.\: heures de gloire du XV I ~ siècle, celui-ci ne se levait pas el ne daignait même pas détourner la tête! Et pourtant, Gao, c'est quelquc chose. A mon avis, la plus bel1e vil1e du Mali. Calme sans être sinistre. Régulière sans monOlOnie. D'une impeccable propreté. Et son architecture rigoureuse, sans complaisance, "cubiste". Il n'y a pas d'endroit meilleur où se promener avec des amis, quand le soleil est un peu descend u, au retour de la merveilleuse plage, dominée, de l'autre côté du fleu ve, par une immense dune de sable rose qui plonge dans l'eau et dom on dit qu'elle est peuplée de génies. Attention seulement de ne pas marcher par inadvertance sur l'emplacement choisi par un homme pour prier! Ça peut êt re au beau milieu de la rue. Cela m'est arrivé et j'ai eu droit alors à un cours accéléré d'insulteS songhaïS donl j'ai au moins compris l' objectif, à défaut d'en saisir le sens. El pui s, fi Gao, sc trouve le plus Ctonnéll1l monument de tout notre périple architectural

le mausolée des Askias où sonl

enterrés les empereurs. Dans la cour d'une mosquée carrée, la pyramide s'éleve, bardée de branches, avec une répartition des volumes propre à séduire le plus modernniste des architectes contemporains. Les habitants de Gao aiment tellement leur mosquée qu'ils y viennent régu lièrement prier, bien qu'elle soit à la périphérie de la ville la préférant souvent à la mosquée centrale, et qu'ils consacrent chaque année une journée à la désensabler. On peut accéder à une petite terrasse qui se trouve au sommet de l'édifice par un tunnel si etroit qu'il faut le franchir à quatre pattes. Allez là-haut, un soir - n'y allez s'élève, bardée de branches. avec une répartition des volumes propre il seduire le plus moderniste des architectes contemporains. Les habitant s de Gao aiment tellement leur mosquée qu' ils y vien nent régulièrement prier. bien qu 'elle soit â la périphérie de la ville, la ct ramena en douke France la princcs.~c noire qu'il aimait. La vic y est belle pour l'étranger. Et puis nous sommes partis pour un petit village proche d'Ansongo. J'allais dire : "Chez les parents d'Harouna" . S'ils m'entendaient, ils m'en voudraient terriblement de ne pas les appeler olmes parents". Mais ils savent que c'est pour eux que j 'ai écr it ces Iignes.· Je les leur dédie, car mes parents, ils le sont . C'est sous leur petite casette de paille tressée que j'ai vraiment compris el aimé les cathédrales d'argiles construi tes jadis par leurs aïeux. J.-L. SAGOT-DUVAUROUX Odeurs de cuisine Boisson au gingembre • " Ii/res d'eau • 100 g de gingembre jrab' • 200 g de sucre en poudre • " citrons pressés • Menthe Ira1che • Epluchez et pilez le gingembre. Jetel.le dans l'eau avec le jus des citrons. Laissez mariner pendant une demi·heure ou... une demi-journée, suivallt que vous supportez plus ou moins le "piquant" du gingembre. On peut ajou- 3S ter quelques branches de menthe jraiche dans la préparation. Passel. le tout dans un linge fin el versez dans une bouteille où vous aurez préalablement passé une branche de men/he. Servel. Irès frais, avec des glaçons. • La boisson au gingembre constitue un excellent apéritif saflS alcool, parfumé e/ pimenté. Elle a en plus une réputation bien établie ... d'aphrodisiaque! 1 • Connaître n s'appelle Keïta. Ses ancêtres règnaient sur un empire trois fois grand comme la France. n travaille comme O.S. chez Talbot pour 2 975 F par mois. OIRESDU SAHEL Tout ce foyer d'immigrés maliens est devant le poste de télévision. C'est sûr qu'à l'occasion de la visile du président Moussa Traoré en France. on va parler du Mali. Passent deux ou trois sujets de politique intérieure et nous y voilà. Accablé, Roger Gîcquel commente, sur fond de vaches SQuelettiques et d'enfants misérables: "Le Mali. un des pays les plus pauvres du mo nde ... " Dans la salle. consternation. révolte: " II sabote. C'est honteux ..... On ne peul pourtant pas en vouloir au présentateur d'avoir cherché à sensibiliser les télespectateurs sur le sousdéveloppement réel d'un pays dans lequel il y a un médecin pour 24 000 habitants. Mais les Maliens qui vivent en France om dans le coeur bien autre chose que ces sempiternelles images de famine: la richesse d'une histoire, d'une cu lture et d'un an de vivre millénaires. 1 Une énorme pépite attachée au trône par une chaîne d'or Les vastes plaines sahéliennes qui séparent, au Nord, le bassin du fleuve Niger de celui du Sénégal voient naitre, à la fin du premier millénaire, la premiere grande fo rmation politique de l'histoire de l'Afrique de l'Ouest, l'empire du Ghana. De son souverain, Ibn Hawkal. voyageur arabe qui a parcouru le pays en 970 declare : "C'est Je plus riche du monde à cause de l'or". Les orpailleurs gardent pour eux la poudre d'or et remettent les pépites à l'empereur. L'une d'entre elle, énorme, est liée par une chaine d'or au trône royal. Les fastes de la cour impressionnent visiblement Al Bakri, autre voyageu r -historien: "Le roi tient audienoe el reçoil les doléa nces sous un dôme. Tout autour attendent dix chevaux aux ca rapaçons d 'étoffe d 'o r. Derrière lui se liennent dix pages porteurs de boucliers en cuir et d 'épées. Ils sont superbement vêt us et porlent des nalles tressées de ms d'or." La capitale, Koumbi, est une cité considérable, séparée en deux agglomérations, l'une musulmane, l'aulre animiste. La tolérance religieuse est el restera longtemps une des caractéristiques des royaumes maliens. Mais au Nord se lève déjà l'ouragan Alm oravide, ces princes berbères qui veulent rendre sa pureté originelle à l' Islam. Le Ghana ne résiste pas à la tempête et Koumbi tombe en 1076. Au Nord, les Almoravides touchent aux Pyrénées. Un seul homme résiste victorie usement, un chrétien de Valence nommé Rodrigue, mais plus connu sous le nom du Cid. 2 Soundiata Keïta fonde l'empire du Mali L es collines escarpées du Mandé où rodent les lions voient naître, un siècle et demi plus tard, un enfant per4 clus et chétif qui va rendre sa splendeur à la région : Soundiata KeÏla. Le fondateur de l'empire du Mali reste, jusqu'à présent, le héros le plus admiré de tOUle l'histoire du pays. Le chant composé en son honneur par son griot a traversé les siècles et demeure un "tube" au succès inégalé. On l'y compare:\ Alexandre le Grand, dont la notoriété était par· venue sur les bords du Niger. C'est sur cet air, né aux temps hérOïques, que se chante l'hymne national de la République du Mali. Miraculeusement guéri de son infirmité, Soundiata parvient, par la ruse, :\ battre le terrible Soumaoro Kanté, magicien sans égal et roi du Sosso. En 1240, il est à la tête d'un pays trois fo is grand comme la France et dont le territoire couvre ce que sont actuellement le Mali et le Sénégal, ainsi qu'une J7 DIFFERENCFS AVRIL 81 partie de la Guinée, de la Haute Volta, du Niger et de la Mauritanie. Mais si Soundiata reste le plus cher au coeur des Maliens, c'est un de ses successeurs, Kan kou Moussa, qui fera connaître le pays dans tout le bassin méditerranéen. Moussa monte sur le trône en 1312, après la mOrt d'Aboubakar Il, parti à la decouverte de l'Amérique à la tête d'une notte de 2000 navires et qu'on ne revit jamais. L'empire est à son apogée. Fervent musulman, le Mansa (empereur) fait le pélerinage de La Mecque. Un historien arabe, Al Dmari, raCOnle : "Lors de mon premier "0) age :tu Caire. j'entendis parler de lu venue du su ltan Moussa . .. Et je trouvai les habilanls du Caire tout ardents à rllconter les larges dépenses qu ' ils avaient vu faire à stS gens. Cet homme a répandu sur le Caire les flots de sa générosité. Quelle noble allure avait ce sultan , quelle dignité et quelle loyuuté !" Au sultan du Caire qui prétend le faire se prosterner devant lui, Moussa répond: "Je me prosterne devan t Dieu qui m'a créé." Le cours de ['or baissa pendant plusieurs années après ie passage du souverain malien. L'organisation de j'empire est très souple et laisse une relative autonomie aux royaumes tributaires. Les témoins oculaires évoquent une cour somptueuse et raffinée à J'étiqueue rigoureuse. Le roi est servi par des esc laves dont certains sont des Turcs achetés au Caire mais d'esclave, on devient souvent consei ller ou administrateur. Le commerce est florissant. L'empereur est en contact direct avec les grands commerçants caravaniers qu'il appelle, dans ses leures, " Compagnons trés chers" ou "Amis très Intimes". Ibn Bauouta, qui a vecu â la cour de l'empereur Souleymane, écrit : "La surelé est complète et générale dans tout le pays. Le sull an ne pardonne point à quiconque se rend coupable d'inju stice ... Les Noirs ne confisquent pas les biens des hommes blancs qui viennent à mourir dans leurs contrées, quand même Il s'agirait de trésors immenses. Ils les déposent au contraire chez un homme de confiance d 'entre les Dlancs JUSQu 'à ce que les ayantS4droit se prêsenlent et en prennent possession." Le Mali de J'époque a des relations diplomatiques avec tous les pays du Maghreb ainsi qu'avec le Portugal. Il est représente sur les cartes médiévales européennes, parfois accompa4 gné d'un portrait de Kankou Moussa. La musique et l'ins4 truction islamique son t protégées par la cour mais jamais un souverain malien ne tentera d'imposer l'Islam à ses sujets ni n'entreprendra de guerre sainte. 3 Le destin de l'Afrique se joue à Tondibi L e Mali est encore au faite de la gloire quand un turbulent royaume de l'Est, le Songhol, commence à marquer des signes d'indépendance. De Gao où ils résident, les princes songhaïs supportent de moins en moins la tutelle d'un empire qui est à son déclin. A la fin du IS· sièc le, l'un d'entre eux , Sonni Ali Ber (Ali le Grand), renverse la SÎmalion et impose l'hégémonie du SonghoT sur taule la boucle du Niger. Ali, homme d'une énergie farouche, etait un sceptique et un anticlérical. Les savants de Tombouctou lui vouèrent une haine fé roce ct donnèrent de lui une descri ption peu avantageuse. Il n'en reste pas moins Jc fondateur du plus puissant et du mieux organisé de tOuS les empires négra-africains. Apres sa mort, un de ses généraux, pieux musulman, fomente un coup d'Etat contre la dynastie des Sonni et s'installe sur le trône sous le nom d'Askîa Mohammed. Revenu de la Mecque avec le titre de Commandeur des Croyants pour 10Ut le pays des Noirs, il organise l'Etat avec une administration complexe, une armée de métier, des impôts réguliers. Il fait faire de grands travaux d'aménagements, notamment des canaux creusés par des Juifs , réputés dans la région pour leur savoir faire dans ce domaine. Le rayonnement culturel du Songhoï et de ses villes universitai res était immense dans le monde musulman. Sous J'Askia Mohammed, l'empire s'étend de l'At lantique à Agadès, au cent re de l'actuelle République du Niger. Mais le poids de l'Etat songhaï est terrible pour ceux qui y sont assujett is. Le travail servile est duremem généralisé. Les querelles intestines déchirent la cour. Au Maroc, le sultan AI Mansour projette la conquête du Songhoï et envoie ses troupes vers Gao, sous la conduite d'un eunuque arabo-espagnol, le pacha Djouder. Le 28 février 159 1, dans la plaine de Tondibi, non loin de Gao, les Marocains font face à l'année songhaï. Bien que plus nombreux, ces dern iers sont pris de court. Ils poussent un immense trou· peaux de vaches sur les envahisseurs pour les déso rganiser. C'est alors que, pour la première fois, retentit dans le ciel de la région, le tonnerre des annes à feu. Effrayés, les animaux se retournent contre les Songhaïs. L'armée de Djouder arrive a lors, rorte de ses fusils. Se sachant perdus, les Sonnas, corps d 'élite de l'armée impériale, jeuent leur bouclier à terre et s'accroupissent dessus. Ils ne reculerons pas mais seront mas· sacrés jusqu'au dernier. les dénagrations qui ont déchiré l'air brû lant de Tondibi marquent la fin de l'âge d'or pour les peuples de j'actuel Mali. 4 La nuit dure trois siècles et la Fédération éclate. Modibo Keita rentre à où il proclame, le 22 septembre, la République du Mali. Il poursuit une intéressante expérience de développement socialiste mais est dépOSé le 19 novembre 1968 par un groupe d'officiers conduits par le lieutenant Moussa Traoré, aujourd'hui général et président de la République. 5 Labourages et pâturages .•. L es six millions et demi de Maliens vivent principalemclII de l'agriculture el de j'élevage. Ils se répartissent dans les trois grandes zones climatiques du pays: le Sahara désertique, au Nord, el peuplé de Touareg qui pratiquent l'élevage nomade el le commerce: le Sahel, zone imermé· diaire avec une courte saison pluvieuse de juillet à septembre et dom l'activité économique principale est l'élevage; [a Savane, au Sud , plus humide el plus peuplee, où la majorité de la population se consacre à j'agricullure. Seule la capi tale, Bamako. dépasse les 100 000 habitants. Elle a connu dans la dernière période un gonflement impétueux, auifant des dizaines de milliers de cultivateurs décourages par 11 siècle. La traite des esclaves sur la côte à commencé les dirricultés ,et la sécheresse. Malgré la ponction de 1973 où à jeter les gennes de l'anarchie tout en ponctionnant la famine réduisit de moitié le cheptel malien, celu i-ci reste de le continent de tragique manière. la disparition de loin le plus important d'Afrique de l'Ouest, exception faite de l'empire du Sanghol' laisse la place à toutes les forces centrifu- l'immense Nigéria. A une trentaine de kilomètres de Bamako, ges, Famines et guerres intestines se succèdent. Pillages et raz- dans les collines du Bélédougou, se trouve le plus grand marzias au Nord, massacres et asservissement au Sud, Jamais les ché aux bestiaux du pays, Tous les samedis, en pleine campa· royaumes bambaras ou peul qui tenten t de se mettre en place gne, les grands propriétaires et les chevillards St" retrouvent. ne parviendront à retrouver la puissance des empires d'antan. On peut y voir les splendides zébus peuls avec leur robe claire et Tout le pays fait un immense bond en arrière, leurs cornes en lyre voisiner avec la ndama, vache naine Au dix·neuvième siècle, deux hommes fu lgurants traversent extraordinairement résistante. Et c'est sans doute l'endroit du le Mali. El Hadj Oumar Tall, réformateur islamique d'orig ine Mali où l'on mange la meilleure viande, grillée sur la braise, toucou leur (nord du Sênégal), conquiert un vaste royaume, salée et pimentée, accompagnée de féné, sorte de yaourtS gras brOJam de ferveur religieuse et patriotique. Il cherche à créer et de quelques fruits. Vn délice! au Mali la puissance qui pourra fai re échec aux Français qui Mais il existe bien d'autres marchés, comme celui de l'ont chassé du Sénégal. Plus au Sud, c'est Samori Touré, un Banamba, où se vendent chaque semaine des centaines de colosse animé d'un étonnant génie mi litaire et diplomatique, chevaux qu'on peul voir ensuite, en grands troupeaux, quitter Qui créé un royaume puissant pour résister aux Blancs et qui, la ville le long des pistes. fait unique dans l'histoire de l'Afrique, tint en échec les L'élevage est directement lié au commerce (le bétail sur pied élrangers pendant 20 ans en fa isant lui-même ses fusils et en est le second poste d'exportation du Mali, après le coton), un déplaçant lout son royaume sur plus de 1 000 kilomètres. secteur contrôlé par des grands commerçants privés, rompus Mais ce n'est qu'à la fin que les princes africains compren- aux circuits complexes de la distribution a limentaire. D'ailnent la nécessité de s' uni r. Il est trop tard. Le 29 septembre 0 ~ 1898 Samori est fait prisonnier. La patrie de Soundiata Keita ~ et d'Askia Mohammed prend le nom de Soudan Français. ... Après 60 années de domination étrangère, traversées de révo l- ~ tes sporadiques, le "Soudan" retrouve son indépendance Q sous la conduÎle d'un parti, alors très populaire, l'Vnion Sou- ci danaise du Rassemblemem Démocratique Africain (V.S.R.D.A.). En 1960, il fonne avec le Sénégal voisin la Fédération du Mali. Mais les options socialistes du président malien Modibo Kdta • '" ..... -'" leurs, commercia le est, depuis le Moyen-âge el la période des grandes caravanes, demeurée particulièrement dyna miq ue. Mais le cultivateur penché sur sa "daba" (houe) reste le person nage le plus représentati f du Mal i contemporain. Arrachant péniblement à la terre sa subsistance, c'est lui qu i assure.la "ric~esse" du pays, Il est aidé dans son travail par les a r w~ans. tisse rands, forge rons, cordonniers qui exercent ces métIers de pere en ms. La division du travail reste marquee, surtou t à la campagne, pa r le système des castes et les métiers se transmettent hérédilairemem. L'act ivité anistique elte-même est aSSurée par certaines familles, les griots, qui conservent les traditions historiques et litt éraires attachées aux grands noms du pays. Les descendants de captifs subissent encore, dans bien des cas, les conséq uences de l'asservissement de leurs ancêtres mais dans les villes, des possibilités nouvelles leurs som offertes pOur sortir du rôle su balterne où la société trad itionnelle les maint ient. La très grande pauv reté d'un pays ou le budget de l'Etat équi. vaut au chiffre d'affai res des Galeries-Lafayenc est malgré tou.t l'élémemle plus frappant de la situa tion économique et SOCIale. Elle a pris un aspect part icu lièrement catastrophiq ue lors de la grande sécheresse de 1972/1973. Dépourvus des inslfumems de produclion les plus élémentaires, les cultivateurs et les éleveurs se sont retrouvés ent ieremen t soum is aux aléas climatiques. Pour la plupart des familles, la capitalisat ion nécessaire à l'achat d 'une charrue ou d'u ne pompe est une perspective totalement inenvisageable. 6 Paris n'est pas gai pour tout le monde D ans ce,s conditions, nombreux som tes villages Qui se so.nt Vidés ~ e leurs hommes. li n'est pas rare, dans cer. tames réglons, sahélienn es du pays, de voir des hameaux où ne vivent plus que des femmes, des vieillards et des enfa nts. Les champs ou les digues som alors la issés à l'~bandon. Le ~ésert avance inexorablement, imprégnant de trIStesse et de SIlence ces villages désolés. La jeunesse, surtout, n'accepte plus cel avenir de misère en marge du progrès de l'humanité. Nombreux sont ceux 'qui viennent grossir les faubourgs de Bamako. Ils y rencontrent Surtout le chômage et une vie fa ite d'expéd ien ts tandis q u 'une -- ~ " . 1 l ,1 , Grmlus n rsclf risllqurs l , lU n ord ~~ 1 du M l li. petite minorité affiche un luxe insolem dû bien souvent à la co~rupt ion . l a crimina lité et la drogue, presqu ' incon nues VOilà quelques années, ont fait leur apparit ion. Même les éléves et les étud ian ts am peu de perspectives. l 'an dernier ils ont o~gan isé d' im portantes manifes tations comre la polit ique scolalfe du gouvernement, le mettant suffisamment en difficult~ pOur qu'il réponde par une répression qui coûta la vie à plUSieurs d 'entre-eux. D'autres jeunes agriculteurs quiuent le pays pour s' in sta ller dans des pays voisins comme la Côted' IVO ire et le Ghana où ils exercent, pour des salai res miséra. bles, les lâches subalternes. Certains, enfin vien nent en France, attirés par les mythes qui s'auachen; à l'ancien ne puissance coloniale. On .esti~e e~tre cinq uante el soixante mille le nombre de Ma~ens Im.~lgrés en France. Ils vivent principalement dans la régiOn pamlenne el la Seine-Maritime, mais on peul les ren. contrer éga lement à Marseille ou da ns le Nord. J usq u'à pré. sent, le. t a~x d'immigration fam iliale était très faible. Les jeunes arrtValent, souvem avant 20 ans , passaien t une dizaine d'an ~ées en France puis retou rna ien t au pays se marier. EnSUI te , ils revenaient travailler pour des séquences de deux ou ~ ro is ans et prenaie~t de longues vacances au pays, en famI lle. Les nouvelles disposit ions Qui lim itent le temps de présence hors de France pour les trava illeu rs immigrés o nt emraÎné un développement de l'immigration familia le el les ~aliens som de plus en pl us nombreux à fai re venir leur epouse et leurs enfants. Cependant, la majorité d 'enlre eux reslent célibataires ou "cé[jbat~i risés " . Ils vivent alors en foyer où ils se regroupent en fonctIon des affinités géographiques. II n'est pas rare de trouver plusieurs dizaines de personnes du même village dans un seul foyer. les conditio ns de logement restent précaires. l es foyers sur. MALI: AIDE MEMOIRE Superficie : / 204 fX)() km 1 (France: 500 ()()() kml). Population: 6500 fX)() habitants. Capitale : Bamako (environ 500 000 habitanrs). Villes principales : Mopti, Ségou, Kayes, Sikasso, Gao, San, Tombouctou. Langue~ : f rançais (off. ), bambara (parlé par les 213 de la populatton), peul, songha1; soninké, tamachek, etc ... Vie p~litique : Le Mali est sous le régime du parti unique avec à s~ tete le général Moussa Traoré, chef du comité militaire qUi Q renversé le régime socialiste de Modibo KeUa le /9 novembre /968. Le part; eSf/'Union Démocratique du Peuple Malien (UDPM). Produil nalional brui par habilant : 600 Flan. Prlneipa!es ressources: cultures vivritres: J 400 ()()() t (1976- /977) " riZ paddy: 300 000 t (1977- / 978) " arachides-coques,' 2~0 000 t (1976-1977),' chep fel : /5000000 fêtes (/ 976) .. peche: 900001 (/976) .. coton-graine,' / 50000 / (/ 977-/978). Enseignemenl : /977./978. - primaire: 254 634. - secondaire .. 45 522, - supérieur ,' 2 200. - faux de scolarisa/ion: 30 %, Espérance moyenne de vie : 42 Ons. Consommation moyenne d'énergie par habitant (en éQuiva. lent charbon) : 30 kg (4 368 kg pour un Français' / / 374 kg pour un Américain). ' Nombre: d'habitanlS par médecin : 24 fx)(). Le$ pkh~un bOLfU disposttti tt un nlUstS. • Slé V.N.R. 43, Rue d'Aboukir 75002 PARIS 508.86.60 Connaître ... T peuplés, les conditions de travail difficiles pour des hommes systématiqucmcnr employés aux tâches les plus ingrates, les difficultés d'adaptation à un monde vite senti comme hostile Ont des conséquences parfois désastreuses. Les Maliens connaissent en France un taux do! tuberculose de 7,5 ar,. c'est-àdire trois fois plus que pour les auues immigrés el 10 fois plus que pour les Français. Rares sont ceux qui parviennent à pénétrer dans de<; famîlles françaises et à vraiment profiler de leur séjour. Les autres vivent bien souvent d'une nostalgie qu'ils ne peuvent exprimer qu'entre eux, reproduisant. tam bien que mal, J'atmosphère du pays. Il est indéniable Qu'i ls éprouvent un vif étonnement devant la façon dont ils SOnt généralement "accueillis". 7 Les entrailles fabuleuses du chameau de Giscard Car l'hospitalité est certainement la première des "vertus" malienne. Elle prend parfois des allures fastueu· ses. Lorsque k président Giscard d'Estaing, en visite officielle, arriva à Tombouctou. les édiles de la ville le conduisirent devant un chameau entÎer rôti à la broche. On ouvrit l'animal qui contenait dans ses entrailles un boeuf; dans le boeuf un mouton, dans le mouton un poulet et dans le poulet ... un oeuf! Mais s'il ne faut pas s'attendre à de telles prodigalités en temps normal. le "dunanké" (l'étranger) est assuré de trouver. surtout à la campagne, le gîte et le couvert quelles que soient l'heure et les condit ions dans lesquelles il arrive. Lorsque le soir tombe et que l'on ne sait pas où dormir, il suffit de PRONUPTIA® OE l'AlflS MiUe et une façons de dire oui Venez découvrir notre nouvelle Collection exclusive printemps-été 81 DANS LA BOUTIOUE PRDNUPTlA LA PLUS PROCHE DE CHEZ VOUS. " DlfFi~REN CfS AVRJL 81 s'adresser au chef du premier village pour qu'une case vous soit offerte. que les personnes de votre groupe: d'âge viennent passer la soirée avec vôus et vous offrent à manger. Malheur au poulet Qui passe par là. Il sera immédiatement égorgé pour votre dÛler, preparé en ragoût, mangé avec appétit avant le thé à la menthe qUI tiendra tout le monde évei llé, au clair de lune, jusqu'à une heure avancée de [a nuil. La causerie se portera sur tout ce que l'étranger cannait de différent avec celle "démocratie" si paniculiêre dans la conversation qui fait qu'on ne tienl jamais sa propre opinion pour définitive ni celle de l'autre pour irrecevable. Ce matin, dans le métro, un homme m'a demande l'heure, J'ai vu qu'il était malien el nous avon~ engagé la conversation. Il s'appelle KeÏla. Ses ancêtres règnaient sur un empi re trois fois grand comme la France et il gagne 2 975 F comme OS chez TalbOI. Quand nous nous sommes quittés. il nt 'a dit: "Passe un jour chez moi, on prendra du thé ct on parlera du pays !" Th éo SAINT-J EAN RiqCharlesrCharlese-n~l-a~I.-e~1- c-.-n~'",--:-I.---J~e~Q-n-::S~"~"~I-~C~Q~n~o:::le Editions Sociales. 3 volumes. Le document le plus précis sur l'histoire de la région et notamment sur la période coloniale. Histoire de l'Arrique Noire - Joseph Ki-Zerbo - Edifions Hatier. Récit passionnant et passionné par un des meilleurs historiens africains contemporains. Les 50 Afriques - Vol. 1 - Hervé Bourges et Claude Wauthier. Editions du Seuil. Coll. L 'histoire immédiate. Excellent aide-mémoire. objectif et précis. On y trouve un chapitre sur le Mali dal/s (e premier volume. La République du Mali - Encyclopédie politique et cOl/stirutionl/ elle. Editions Berger-Levraull. Bon guide de ('histoire politique et institutionnelle du Mali. Groupes ethniques au Mali et Les castes au Mali - Bokar N'Diaye. Editions populaires de Bamako. Deux éllldes intéressomes sur des traditions sociales qui restent très forte.f dans le Mali contemporain. "'étrange destin de Wangrin - Ahmadou Hampaté Ba. 10/18. Par un des meilleurs écrivains et tradi/iannalistes maliens, /In roman qui fait comprendre de l'intérieur la société de SOI/ pays. Travailleurs africains en France. rôle des cultures - Jacques Barou. Presses orientalistes de FraI/ce/Presses universitaires de Grenoble. IlIléressante étude s/lr l'itinéraire de deux communautés, l'une malienne, ,'autre nigérienne, immigrées en France. o DI SQU E S,-,----c----,:---:-:--c----c- Premiére antho logÎe de la musique malienne - Musicaphon. 6 disques remarquables. produits par le ministère de l'information du Mali, faisant /In panorama de la production classique malienne. Mali. Canli epici, slorici, politici e di propaga nda dei govema socia lisla dl Modibo KeÏla. Albarros. Cefle série de disques produits en Italie SOIlt /ln dOCIUllcnt irremplaçable sur la première république malienne. Ali Touré. (Ed. Sonajric.) Vn chanteur de "variétés" qui a su garder à sa musique toute la saveur des rythmes locaux. Au milieu des punks, cold wave, new wave et autres skinheads E un groupe brandit les foudres du rock mais sous le bruit et la fureur, on trouve l'espoir. Rs se nomment Clash. discographie chez c.n.s. C'était la routine , le train train quotidien: guitare, basse, batterie. De tem ps en temps un clavier ". les groupes rock s'imposaient plus par le volume de matériel nécessaire à un concert que par l'originalité de leur musique. Dans le public, l'ent housiasme des premières années avait laissé la place à l'habitude. Alors, la révolte est venue. Comme un orage chargé d'éclairs, les jeunes se sont levés pour hurler leur colere face à une société où la seule perspective d'avenir se trouve dans les bureaux de chômage. De ce brouhaha général qui envahit les scenes rock d'Amérique et d 'Europe est née une musique où le son froid et métallique des instruments se lie admi rablement à la voix chaude et criarde des chanteu rs. Qu'on l'appelle After Punk, After Shave, Cold Wave ou New Wave (voir glossaire page 44), cette musique rend l'espoir. Les Clash y sont pour quelque chose. Une mâchoire édentée va hurler sa révolte 1916 : les Sex PistaIs sont là. Dans le public de leurs concerts: Joe Strummer et Mick Jones. Eblouis, fascinés par cene musique venue des bas-fonds de la misère, ils décident de former leurs propres groupes. Joe Strummer, avet sa mâchoire édentée qui lui donne une sympathique tête de jeune vieux, créera les " 101 premières", Mick Jones les "London S.S." Quelques mois plus tard , les deux groupes fusionne ront pour donner naissance à Clash, avec Joe Strummer (vocal), Mick Jones (Guitare), Paul Simonon (basse) et Nicky Headon (batterie). Entre temps, la légende s'est établie autour de ces deux musiciens, surtout depuis le jour où Joe Strummer. avant de monter sur scène, repare sa chemise avec une épingle de nourrice. Qui aurait cru alors que ceue pet ite épingle deviend rait le signe de ralliement de tous les «WHITE , • punks. Aujourd'hui les épingles ne sonl plus seu lement dans les chemises. les blousons. mais dans les joues, les oreil· les, le ncz ... Tres vite. ce furent les disques: un premier. conforme à l'idéologie punk, Ires violent. Le second . un double album. "London Calling". est déjà plus fin. plus nuancé. mais le groupe conserve sa fraîcheur, son punch el son agressivite. Les concerts auirenl de plus en plus de monde. en Angleterre comme dans J'Europe entière. Clash, à l'image de sa musique cherche à jouer dans des lieux insolites. En cc moment, ils anen· dent l'autorisation du maire de Londres pour pouvoir jouer sur les docks. El maintenant, c'est en France qu'ils doivent venir nous secouer. On les allend de pied ferme. Surtout depuis la sortie de leur disque "Sandinista ". "Sandinista" toute la musique en 6 faces "Sandinista" : un triplc album pOUf le prix d'un, six faces, deux heures de musique pour soixa nte dix francs: soit les types sont fous, soit le disque est nul, ou alors il faut s'appeler Clash pour faire une blague pareille. De toute façon. leur précédent album mellait l'eau à la bouche, alors j'achète, La première écoute su ffit pour s'apercevoir que ce disque est riche, multiple. fascinant. Les six faces sont remarquables par la diversité des rythmes et la finesse de l'interprétation. On a peine à croire qu'un même groupe puisse enregistrer des morceaux d'inspirations aussi dirférentes ! Enregistré enlre New York, Manchester et KingslOn, "Sandinista" se VCUI d'abord, par son titre , un moyen de faire connaLtre la révolution nicaraguécnne. Mais les Clash proposelll aussi un voyage à travers la musique ct l'Angleterre des années 80. A travers la musique car les quelques trente morceaux témoignent des innuenccs du groupe: des morceaux franchement punk, rappelant leurs origines: d'autres plus nuancés prOChe du rockabilly; d'autres mi-reggae mi-ska mais bien Clash et puis enfin. les inclassables, ceux où Clash joue avec les machines, les voix, les instruments et qui sont loin d'être parmi les moins bons. Les thèmes des morceaux varient eux aussi du couplet banal aux aventures amoureuses d'un Lord respectable (The leader), à la guerre mondiale qui aura bientôt lieu "I\'ec toules ces armes ultrl sophistiquées qui n'ont jamais servi à rien" (Ivan meets G. 1. Joe) et (The ca li up). "Something about England". comme son nom l'indique, parle du pays de "la dame de fer" "où la livre se porte bien, parce que plus personne n'en a". Et puis, il y a cette petite chanson où Strummer crie son sou tien au peuple du Nicaragua (Washington Bullets). Sorti en Angleterre quelques jours avant Noël, ce triple album a fait l'effet d'une bombe. Contrairement à la France, où il a reçu le grand prix de la rock critique, "Sandinista" a été rejetté et condamné par la presse spécialisée britannique. "Clash Il trahi" ; "Clash fail du disco" ; "Clash, ce sont de bons petits fils d'ouvriers parvenus. Ils sont conformistes et Ignorants" : "Si vo us voulel kouter de la musiq ue facile allel éco utt'r Clash ..... Chacun y 'la de son couplet pour descendre cc groupe rock, un des plus intéressant depuis longtemps. Sans doute regrette-t-on le temps où Clash chantait "White riot" (émeute blanche), une chanson si provocante qu'ils l'ont retirée de leur répertoire pour ne pas donner prise au racisme. Pounam, c'est vrai, la musique des Clash a changée. "Ce n'est pas dt' notre raule si maint enant on sa it jouer, expliquent-ils. De toute fa çon, nous n' avons pas envie de faire indéfiniment la même chose comme ront les Ramones", "Quand j'entends des enregistrements de nos premiers concerts poursuit Slrummer, je suis épouvanté, On diruit les aboiements d'un phoque hyst érique uccompag né p:Jt un baillilloll de marteaux piqueurs". Le mouvemcnt punk aurait pu se définir unc ligne et s'y tenir sagement. Le rock est mort de n'avoir pas su s'adapter à une société nouvelle, Ic punk aurait pu suivre le même chemin, mais son but est de surprendre toujours et de malmcner les idées reçucs. Cette idée aurait pu ne rester qu'une devise si quelques groupes, à la tête desquels se trouve Clash, n 'avaient pas poursuivi la révolution punk des années 1975. A ceue époque, J'Angleterre est secouée par une crise comme jamais elle n'en a connue. le chômage et la misere s' installent dans les quartiers populaires de Londres et des grandes villes. Le racisme et la violence sont les maîtres. En 1976, à Birmingham, aux élections locales, le National Front néo-fasciste devance le vieux parti libéral. La colère habite tous les visages ct les jeunes rejettem celle société d'enfer. Sid Vicious el Johnny Rouen (rouen veut dire pourri) serOnt les pionniers de la révolution punk: ils créent les Sex Pistols, un groupe légendajre auquel une grande " OlFFERENCES AVRIL 81 masse de jeunes 'la s' identifier. Le groupe s'éteint trois ans plus tard mais déjà, une marée de jeunes désorientés, sans perspective d'avenir, se sont engagés dans l'aventure punk. La politique les a déçu el, sous prétexte d'apolitisme, ils reprennent les thèmes les plus conservateurs ct les plus réactionnaires de la sociéte anglaise. La plupart des jeunes qui montent sur scène n'ont jamais tenu d'instrument de musique dans leurs mains. Ils se distinguent par leur intolérance el leur côté provocateur. ulilisam même les insignes nazis. Ils sont acclamés par les Skinheads, jeunes nazillons au crâne rasé et chaussés de rangers, déambulant en bande dans les rues des villes. Leur slogan, "no future", (pas d'avenir) les amène à croire que tout est perdu d'avance et qu'il ne pourront jamais trouver de place dans la société. Alors, it faut tout casser, taper sur le premier bouc émissaire désigné: les Noirs. Un violent espoir Le chcmin de la facilité tracé par les premiers pas du mouvement punk s'arrête à l'aulOmne 76 avec la création de "Rock Against Racism" (R.A.R., Rock Contre le Racisme). Dans une période où Ics violences raciales font des ravages dans la communauté immigrée (principalement jamaïcaine, indienne et pakistanaise). la création de cette asso· ciation pouvait remettre en question J'engagement, souvent inconscient, des groupes punk. l'itinéraire de Clash est intimement lié à celui de R.A.R. On le retrouve dès les origines du mouvement avec le "Tom Robinson Band". pour les groupes blancs et " Aswad", "Matumbi" et "Steel Pulse", pour les groupes noirs, dans les premiers concerts organisés sous le sigle antiraciste. "A cette époque nous dit John Dennis, un responsable de R.A. R., les Clash s 'identifiaient à la campagne antifasciste que nous menions, notammen t contre les Idées du National ."ront et du Urillsh Movement. Clash n'éhlÎl pas un groupe très ancien, mais il était Irb) populaire. Beaucoup de jeunes ont suivi le mouvement el adopté des positions anlinazies". Clash n'a jamais particulierement fait de l'antiracisme sa préoccupation première mais sn démarche se retrouve dans celles des organisations antiracistes d'Outre-Manche. la réussite et l'audience du premier carnaval organisé par R.A.R. à ViclQria Park, en 1978, sont en grande partiedûes à la présence des Clash. Culture 1.-------. ELECTIONS 1981 C'est cncore eux qui. en 1979, Ont donne un concert au profit de la communaute de Southall. un quartier londonien où, à la suite d'une provocation du National Fron!. le 23 avril. la police avait chargé . une manifestation de lAmi-Nazi League", faisant un mort et quarante blessés; Irois cents antinazis avaient eté arrêtés au cours de celte manifestation et inculpés. Sur le plan musical. Clash n'a jamais cherché à s'i lluSlrcr en pillant, comme beaucoup l'onl fail. la musique jamaIcaine, cc qui leur aurait été facile. Ils n'ont pas non plus cédé à la facilité dans laquelle nagent la plupart des groupes heavy-métal de renommée internationale comme Motorhead et Saxon. don t les textes au contenu sex iste n'onl d'égal que la médiocrité de la musique, et l'esprit fascisant des musiciens. Clash est haï parce qu'il ne hurle pas avec les loups, comme MOlOrhead. Il est haï parce qu'i l ne pense pas qu'à faire la fête , comme la plupart des groupes punk ou ska. Il est haY parce que sa musique n'a rien de comparable au bruit d'un boeing 747 au décollage. Contrairement à de nombreux groupes, Clash masque un ;mmense espoir en l'avenir derrière la violence de sa musique. Cla sh exorte son public Ct pour cela, faire un maximum de bru;t n'est pas rorcément la meilleure solution. Avec "Sandinista", Clash non seulement persiste mais réa ffirme sa volonté de poursuivre sur la voie qu'il s'est tracée, sa volonté de garder espoir. ESI-Ce parce que "Rude Boy", le film de David Mingay Ct Jack Halan consacré à cc groupe, plai.·e la musique un peu o' au second plan que Clash ne l'aime pas trop. "Rude Boy" est un film dur, des les premières images: une manifes tai ion du National Front, protégéc par la pOlice, où les leaders fasciStcs invectivent la population immigrée; un punk, Ray. qui crache de dégoût du haut de son immeuble sur le passage du carosse de la reine: la manifestation antinazie de Southall pendant la charge de police. Punk, skinhead. Clash évoluent dans un monde bien normalisé où toute marque d'originalité est considérée comme une agression. Les jeunes, ccu:< qui n'acceptent pas le rôle que leur impose la société, sont traqués par la policc ct la justice. Les "rude boys" étaient ces paysans jamaïcains ven us des collines 3 la ville pour chercher du travail et qui, dans les bidonvilles de Kingston, Ont sombré dans la criminalité. Aujourd'hui, en Anglcterre, les "rude boys" sont les rebelles. noirs ou blancs, partagés entre le desespoir et la violence. Pour eux, la musique exprime la société qu'ils envisagent: un mondc où Noirs el Blancs vivront sans guerre, sans haine, sans violence, sa ns exploitation. Ma rc Mangin r-____ GLOSSAIRE POUR PA RAITHE DANS LE VENT ___ ... PUNK: SiQuxie, IInefille qui "'0 jamuis chamé, mUllle sur la scène. Che\'eux oranges ef verts, /Ille épingle de nourrice dOlls la jOlie, COS/llme rétro miteux, noir, avec /Ille cravate en forme de limace. Elle est décidée à chanrer jusqu'à ce que le pubfic la SOrte, e/le et ses copuins. Mais ce sont les musÎciens qui se fatigueront les premiers ... Le punk, c'est ça, ROCKAUllLY: VII rock puissalit, utilisont les SOIIS froids qlli c:uractérisaienr lu musiqlle des S/tadows il y (1 200l/s. SKA : Ancêtre du reggae, joué à la Jamaïque 011 début des allllées 60. Celle musique rapide est ulljollrd"i reprise par des groupes blanCS brital/niques, Madlless, Specials, Selecter. Elle a perdu son originalité ef est adulée par les jeunes fascistes. Les musiciens du groupe Madness ont appartenu à des organisations tJ'extrêmedroite. SKI NHEA I) : Jeunes au crâne rasés qui déambulent ell bandes vÎofemellf rocistes. "Nuus som· mes la c1asS(" o u vrière. Nous sommes une nouvelle jeunesse, Nous sommes des Anglo-Saxons bla ncs pro lestants" dédore leur leuder 011 Sunday Times. UEAVY METAl.. : C'e!u le hardrock (rock-forl hi ! hi ! hi !) ver· sion punk. La grosse artillerie, COlD WAVE : fa vague froide. Vile musique qui a suivÎ le mOllvement pllnk en se détachant de son caracr~re brllyollf, "ys/ériqlle, réactionl/aire. gardez toute votre liberté en discernant mieux les véritables enjeux quotidien alio,nol d'information vous apporte lous les Jours des faits, des documents et des analyses qui ne trahissent pas votre confiance. En politique, comme dans tous les autres domaines de l'actualité, vous aimerez vous appuyer sur la compétence, l'honnêteté et la liberté de ses informations. Elections 1981 lA CROIX Iévéneme!1t va plus loin pour vous, avec la sortie de 2 remarquables éditions spéciales sur ,'événement et ses véritables enjeux. 2 suppléments de 100 pages chacun, tout en couleur, avec des documents concrels et instructifs, étonnants et inédits. 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LES PARENTS DU DIMANCHE de J anC.'> ROl.'lI ( 1980) • A l'Est comme ft l'Ouesl, l'espoir n'inonde pas la vie des adolescents délinquants. La différence entre les deux mondes vient plutÔt de la qualité de regard de ce cinéaste hongrois preSQue inconnu en France, Lucide et tendre. D«idément la Hongrie nou~ étonnera toujours, LE SALON DE MUSIQUE de Satyajl t Ra) (1958) • Un de$ premiers films réalisés par ce grand du cinéma indien qui )0(( enfin en salle. A tra\ers le deslin tragique d'un vieil ari$tocrale passionné de musique, la lIision royale d'un monde qui change. Un joyau de J'écran. J.-L. M. CINEMA DU REEL .·esth·al de films ethnographiques et SO<'iologlques. "au 12 avril 1981, Il lu Bibliothèque Publique d ' Information dt 8t'uubourg, PliriS. • A travers des films de cinéma dirttl, des films-dossiers ou des reportages, le fe51h'al pri\'ilégie les documents qui portent un regard différent sur la rcalité et l ai~sent unI.' large place â l'expé· rÎence el è la realité venue de l'homme. OUT OF THE BLUE film de Oenn is lIopper (19111) lK Linda Munt et Uen nls Hopper • Une famille brisée par un stu~ pide accident de camion, la nO$talgie des années EI~is. la musique obsédante de Neil Young, la "solution" punk, l'errance - qui se transforme en destin _ d'une adolescente des années SO. L'Îmage somptueuse d'une Amérique désespérée. C'est le J< film du réa lisateur d'.:asy Rider. LES MARGINAUX film d. Mrinal Sen. • Un homme et son fils tentent de vivre comme des marginaux en Inde du Sud. Le film est en dialecte télégu. JI s'agit d'un in&lil du réalisateur Mrinal Sene. qui a reçu le prix spédnl du jury de Berlin 1981 pour son film Anll tomie d'un. famln., JAM DOWN film frança is de I~m," a nll el Bonn • Jam Down Se veut être un film sur la JamaYqur et le Reggae. Malheureusement, à vouloir embrasser dans le même film un sujet aussi vaste, Emmanuel Bonn a fait un documentaire très supcrlieie1. La différence entre les deux groupes autour desquels a été tourné le film : Tocts and the May tais et Congo iIIuslrem la complexité et l'ampleur du problème soulellé. Mieux \!lut lire le Jivre "Reggae pur sang". F-- Oui or .". blue LILI MARLEEN mm de Rainer Werner Fassbinder lntt lIanna ScbYRulla, Ghmcarlo Gianninl el Mel .-errer • Née en 1915, la chanson Lili Marleen connaît ~on heure de gloire en 1941, diffusée par Radio Belgrade tous les soirs à 21 h 57 très précises. Chaque soi r, sur le Front, les soldats allemands, el J'l.'nnemi, écOUlent en silence la chanson triste, et la voix rauque de Laie Andersen. La chansOIl est traduite en plus de 50 langues . A travers une hiStoire d'amour ratte, Fassbinder pose la question sui\antc : "A·I-on le droit de faire une carrière pour sun'i~ re, dans un régime tel que le Troisième Reich 1" On retrouve dans le film la beauté des images de Ilcspllir, Cl les acoents mélodramatiques des premiers films, It MArchand des " saisons, ou Tous les lI ut ~s s'appellent Ali, a~ec en plus la maturité de Maria 8 ra un, LOLITA film de Slaniey Kubrlk (1 962) Ilec SU~ Llon, J amts Mason et Peter Sellers • Comment la passion d'un écrivain d'âge mûr pour une nymphclle ne peut qu'être maudite ell~ entraîner tous deux vers les abîmes de la folie, de la décheance Cl de la mon. On ne détourne pas impunément les tabou~. Le IiIm dale de 1962. Il avait reçu à l'époque des critiques rêservé-es. Une nou~ellc vision du film, après 20 ans, nous prouve qu'il s'agit d'une oeUllre véritable . THEATRE TETES RONDES ET TETES POINTUES de Drecht, par le ThHil re de l'Atelier dt' Bruxelles, mise t n sdne Philippe Vlln Kessel. • Comment détourner l'attention en suscitalll hl haine raciale. Un vieux tru, qui marche encore. TEP (797.96.96) du 21 avril au 30 mai . ET CRIC ET CRAC Conlt's, légendes et proverbes des Antilles, miS('" en sdne de Benjamin Jules Rosene; • Une ~eilléc funéraire, l'imaginaire dans la tradition et nalUrelleml.' nlla voi:-< des ancêtres. Théâtre Noir (797.85. 14) jusqu'au 15 allril. LA CERISAIE de Tehr khov par Pettr IIrook • Un texte russe beau comme un jour, universel el sans ride. Une nouvelle adaptation de JeanClaude Carrière Ct Michel Piccoli qui fail sa rentrée au théât re. Bouffes du Nord (239.34.50) jusqu'à mai au moins. CONCERTS • Jeudi 23 avril; musique Japonaise du 19< si~l e et eontemporaint' avec le groupe des quatre pour koto, shamisen el shakuhachi. un violoncelle et une lIoix de soprano. Salle Gaveau, 45 rue de La 8o~ie, Paris 8", 20 h 30. Organisé par Radio·France. Tél.: 224.26.16. • A partir du 23 avril et pendant un mois, à 21 h, Je Théâtre Culture ., T Mod~rne présentera "u Chant du peuple julr assassin"". monlage poétique ct musical realisé par Eve Griliquez. avec Ro~rt Darame (récitant), Ezra Bouskda (arrangeur el guitariste). Pierre Monarelli (basse), Thierry 8rodard (violon) el surtout Taljla qui chantera en yidish de nombreux textes inédits, b::rils notamment dans le gheuo de Vilno . Rens. tél. : 874.94.28. Ce spectacle sera retransmis sur France Culture le IS avril de 20 h à 22 h 30. • 1\ partir du 26 avril (et jusqu'au IS mai) : FestlvlIllnlrTnatiolllii de la cullnre juive. DébalS, musiq ue, théâtre, chants. Cartoucherie de Vincennes, Ateli er du Chaudron (328.97 .04). DISQUES .. Copernic, il fa ut absolument êcouter "Anide sans suite" . Un monument. LOW L1GHT BLUES PhÎladelphit Jerry Rickll el Oscar Klein L + R Rec!lrdll SFPP I.S 42007 • Deux prodigieux guitaristes, un blanc et un noir, qui savent utiliser toutes les possibilites de leurs guitares, Dans un jeu qui sait mêler la violence il la passion . Chez OCORA Syrie nO l , les Muezzins de la mosquée d'Alep (distribution Musidlsc) • Des voix il vous faire de.'enir musulman (558.567). MON DO BONGO u troisieme volume consacr!!: au The 8ootown Ibts Japon. Apres la musique instru- PhonOKnlm 6359042 mentale (biwa, shakuhachi), le Shomyô, voici Je Gagaku, de • Les anciens punk de Dublin style raffiné il la fois rituel et proont fait , avec ce disque, Je pre- fane (558,55 1). mier sous le nom de " Boomt olOo'n Rats". un travail étonnant sur I!:s Turquie volume t percussions et les rythmes. C'est un mélange de cu ltures que l'on • Un formidable instrumenprend plaisir il écouter. tiSle , Talip Oskan, spécialiste des _____________ luths à long manche (558.561). BIDON fo'rançols U~nl n~('f (l'Escargot) • Un disque qui ne dépareille pas d'avec l'cnsemble de la production Beranger. Chaque disq ue apporte sa pari d'originalit~. Sur celui-ci, en plus de ln chlilison sur • Chez DOM La Crue du Nil • L'Egyptien Hussein El Mascy chante et joue du luth . Un original chemin entre Orient et Occident (040,007) , ~C~h-ez-A~R~IO~N~-----les Percussions du Ghana par Müsltpht Tdle) Add)'. • Tambours, cloches. calebasses et gongs enregistrés au 6< Festival de Rennes en 1979 (A RN 33.574). Au Chant du Monde • Dans la collection du CNRS dirigée par Gilberl Rougel. les deux derniers titres consacrés il l' Inde, musiqul' tribale du Bastar (LDX 74736) et au Tchad, musi· que du TibeJlti (LDX 75722). EXPOSITIONS ROBERT MALAVAL • Un hommage à cc "vagabond céleste" du monde de l'art qu'était Robert Malaval. Quelques oeuvres pour mémoire d 'un itinéraire si ngulier en marge des modCi et des tendances, et une apothëose, les toiles réalisées en juill dernier à la Maison des Am de Créteil. Sur fond de musique rock et race au public, chaque jour dans un lancé de paillettes, l'improvisation !ouperbe et douloureuse d'un artiste qui disait peu de temps avant de ~e suici· der: "Vouloir tout saisir CSt un ~ ;:rtige terrible." (ARC, 11, av, du Président· Wilson.) COLOMBIE, UN AUTRE REGARD de Ignllcio Gumel,-Ilulldo • Toutes les photos, soixal1!c au tOlal, 0111 été realiséesen 1979, Elles nous montrent la Colombie des Hauts·plateaux, 1C'l boutiquC.'i populaires, la vie quotidienne du sud démuni. Et celle nuente en forme d'espoir, partout. FNAC-Etoilc, 26 avenue de Wagram, l'a ris 8-, Jusqu'au 14 avril. LIVRES UNE JEUNESSE par Patrick Modl:Ulo Ed. Gall1murd • Des histoires qui montent du sol "comme des buées" , des héros qui vacillent dans le mystere des rues. Le temps qui passe... Paris ... La ritournelle des désirs ... Brer, Modiano : un Ccrivain. NEDJMA plir Kaleb Vacine l'oints • Encore l'Algerie, Brûlante et déchirée, l'Algérie rcbelle des matins du refus . L'Algérie algérienne de Kateb Yacine et du "Polygone étoilé ..... L'EXIGENCE DE LA LIBERTE ptr Setn MtC,' Oride Ed, Sto('k • Prix Nobel de la Paix ct fan· dateur d'Amnesty InternaLÎonal , Scan Mac Bride nous explique pourquoi il s'est battu toutt' sa \1e, des prisons de Dublin au drame des bout-people. Des mots pudiques, l'énergie de l'espoir: il faut lire ces mêmoire\ admirables et tranquilles. QUI EST GOY? pllr Bernard Chounlqui t:d, Albin Michel • A bas la culture qui perpétue les différenc~ et vive III Révélation Messianique t clamc I3cr· nard Chouraqui dans un style qu'il revendique lui -même ..:ommc prophétique ... C'est tres exalté, un peu fouilli, mais pas tre~ neuf. En gros, il y a en chacun de nous, Juif ou pas, la tentation de la li berté et c'esi la judéité. Et puis, Ulle "passion servile" : c'est la "goyité". Tout ira mieux quand les hommes apprendront à respecter le Juif qui dort en eux. Mais pourquoi donc ériger la j udéité en valeur suprême ? A moins que Choura· q ui, "omme Schmuel Trigano, ne joue les kabbalistes des temps modernes, Dans ce cas il faut dter ses sources, LA VIE QUOTIDIENNE D'UN APPELÉ EN ALGERIE par l.ue Fredebon fo:ddlbor • "C'est pas marrant, quand on eSt de Brest, d'avoir vingl an~ dans Jes Aurés" ... Vous vous souvenez du tïlm de René Vautier et de sa petite chanson triste? Et bien là. c'est écrit noir sur blanc: l'atroce absurdité des combats dans lesquels on n'u rien â Caire_ L'AFRICAIN DU GROENLAND Ed. I-lummariun lui l'enfant de Belleville qui n'avait jamais manié la plume. Tonifiant comme du Miller ... et du Lépidis. SUCRE AMER Esda"H d'ilujourd'hui daoll le~ ClIl'lIIrnes par M, Lemoine Ed, Encre • la traite des esclaves existe encore, plus de cent ans IIprés la guerre de Sécession, sur le conti nent américain, ou le dictateur d'Haïti. Duvullier junior, vend li ses voisi ns de République Dominicaine. des milliers de ses administrés , pour leurs plantations s ucrieres , dans des conditions d'exploitation epouvanfables: un témoi~na.lte révoltant ! LES CONTRE-ORIENT par J.·I'. Charnay !:':d. Sindbad • Un Noir. a sc balader du t'ôte • En se basant du Pôle pour retrouver " le chaînon manquant" et saluer ces autres colonisés: les Esquimaux, Comme il ne SC pretend Pll5 ethnologue, ça donne un récit de voyage assez frais (on est sur la banquise) et relati\emem surn~aliste

quels liens peuvent bien

unir l'Africam CI J'homme des igloos? Celle rois-ci on est vraiment - comme dirait Chouraqui - "au·delil de la différence ..... sur une tres grande culture, avec sérénite aussi, l'auteur, professeur à III Sorbonne, d~monle les mécanismes de [a perception des Orien· taux par les Occidentaux, en particulier à la lumiere de grands evénements cOOle mporain$: MILLE MILLER par Clêm('nl Upidis FAl. RamSIl} • L'un des plus fraternels romanciers rrançais d'aujourd'hui nous dît, en un alerte pamphlet, la delle qu'il ressent pour Henry Miller, un des écrivains qui am le plus fait dans les années 50 dans le sens de la libération de tabous sociaux sclérosants et qui l'ont po uss~ â écrire, Algerie, Suez, Israfl. le pétrole, Khomciny, Cie, Un essai qui donne li réO&:hir, MEUllTRE AU MARCHÉ DES FORGERONS par Vaehar Kémal, roman Ed. Gallimard • Le plus grand romancier turc vivant ... oit ici son septi~me roman traduit en rrançai~, où les légendes épiques et populaires des nomades turkménes rejoi. gnent l'histoire de la Turquie contemporaine naissante, On est tenu en haleine tout au long de ce DIF.'ÊRENCfS AVRIL 81 Rubrique rf:AlIsh plIr Mailen HouÎbtt, Marllne Cozlan . Anne laUrtnl ,llohrc :\bnjtln. Jun·I.,,"ll; Mlngldon, ".," Thorand, Jrtn · .'rllJlç"i~ Vilar, récit lyrique ou amours ct vengeances se consumem dans une nat ure qui est égnlemem un des "presonnages" du livre , LA DANSE SACRALE par Alejo Carpentier, roman t:ct. Gallimard • Mort l'an dernier il Paris, Je grand romancier cubai n n'a pas vu la publication de son dernier roman : "La Danse Sacrale", véritable hymne il la fusion des cultures ct des peuples, ici mat érialisCe par les amours d'une danseuse russe et d'un écrivain cubain , ancien des Brigades internationales, sur le fond de la di ctature finis.~ ante de Batlista. LE CHOIX DE SOPHIE pllr William Styron, roman Ed , Gallimard • Une jeune femme rescapée d'Auschwit z. rencontre à New York un jeune écrivain sudiste fraÎChement débarqué dans la nlé1ropole , L'histoire, celle de l'Holocauste, se mêle avec J'autobiographie de l'écrivain, avec pour fil conducteur le Mal irrémédiable, dont le remords "englobe l'Ancien et le Nouveau Monde, Noirs et Blancs, Juifs ct Gentil s , l'humanit é tout ent i ~re" . REGGAE PUR SANG par Stephen Davis et Petrr Simon Trllduction de Hélène ue Ed. Albin Michel • On attendail avec impatience le premier Uvre en françaiS sur le reggae, Il est arrivé et comble un vide qui se raisait de plus en plus pesant . Document ponctué d'interview et de rappels historiques, ce livre est une encyclopédie en un volume, indispensable pour comprendre le phenom~ne Reggae, 47 Thtltre. d'ombrn Chinois FESTIVAL RENNES 22-20 AVRIL u 8- Festin.! des Arts lraditlonnels • Chaque année, Françoise Gründ et Chérir Khal.nadar parcourent le monde à la recherche d'expressions culturelles, musicales, vocales, instrumentales et rituelles encore vivantes. Pendant huit jours, la Maison de la Cullure de Rennes propose le fruit dl: ces voyages, Une rencontre plus que des s~c tacJes, Cette nnntt, forte participmion des pays d'Islam avec quatre groupes represemant la tradition souri (Derviches Tourneurs de Turquie, Confrérie Shalili d'Egypte Ct une amre de Sarajevo en Yo ugo~ la vie , les frères Sabri du Pakistan pour le style Qwawali) ct aussi un grand ensemble musical clas.\ique dt' Tunisie, la Rachidia, un groupe de chanteurs ct musiciens araboandalous de Fes el le joueur de luth afghan Issa Kassimi, D'Afri que viendront les tambours du Burundi, le Malien Kouyate Arfan , joueur de kora Ct le Ghanéen Papa Oyeah Makensie. L'Asie sera représentée par ta chanteuse lurque Toula!, Je joueur de saz kurde Tema, des groupes de Mongolie et du Japon , un op~ra I>opuiaire tibé· tllin, L'Amérique Latine n'aurit pour seule voix que III chanteuse bolivienne LUlmilia Carpi o. Une exposi tion ("La maison dllns la société mu~ulmane"), un colloque ("La société dans le monde arabe contemporain") et des animat ions (accordéoni~te~ ll.Îganes, joueurs de limonaires, clowns, saltimbanques et danseu rs argentins) co mpl ~eront la manirestation. Maison de la Cultu re de Rennes, 1 rue St-Hélier, Tél,: 16.99.79,26.26, Culture Un livre important du professeur Pierre-Paul Grassé remet en cause la forme darwinienne de l'évolution. Elle serait, selon lui, à la base des déviations racistes que diffuse aujourd'hui la "nouvelle-droite" et la sociobiologie américaine. Pierre-André Taguieff s'est entretenu avec l'éminent scientifique. FAUT-IL TUER DARWIN? P ieTTe-Paul Grassé o'cst pas le premier venu dans ['arène où s'affrontent mythes. idéologies Ct sciences. Il a depuis longtemps pris ta peine d'intervenir en tant que scientifi que dans les controverses sur te phénomène de ['évolution. Zoologue el paléontologue dOn! les premiers travaux remonteni à 192 1. éminent chercheu r, p ,-p, Grassé a récemment décidé d'attaquer ['une des derniêres impostures scientifiques· : la sociobiologie américaine, selon laquelle vivre serait lutter pour transmettre ses genes(l), ou ceux de ses proches. Le professeur Grassé récuse la trompeuse presentation, aux couleurs de la science ct des vérités démontrees. d'une théorie dont l'essentiel relève d'à priori intéressés. et dont le moindre n'est certes pas la justification de l'impitoyable "lutte pour la vie " , Afin de Mmontrer le mécanisme de l'imposture, P.-P. Grassé procède généalogiquement , nous permettant de ressaisir dans ['histoire de ses pervers usages politiques la doctrine darwinienne(2). C'est ainsi qu'est passée en revue la bioanthropologie nazie et qu'est montrée toute l'importance, dans la genèse des représentations racistes, d'un Vacher de Lapouge, l'un des grands initiateurs du darwinisme social(3) à la fin du I ~ siècle. Mais c'est avec la sociobiologie d'origine américaine, dont l'acte de fondation date de 1975 (E. O. Wilson: "Sociobiology. The new sYlllhesis"), que P.-P. Grassé croise le plus précisément [e fer. Il en al1aque la thèse centrale selon laquelle tous les caractères du comporlement individuel ou social seraient contrôlés par des gènes, chez les animaux comme chez l'homme. O.rwin \' 11 par ~$ tnnfml~ Dévoilant les postulats néodarwiniens, aujourd'hui perimés. sur lesquels se fonde la sociobiologie, il en débusque et en rerute méthodiquement les erreurs, en dissipe les illusions, en anéantit les prétentions scientifiquement "totalitaires". en dénonce enfin les tendances racistes latentes. Suggérer que la xénophobie a des bases génétiques, comme le fait Wilson apr~ quelques autres, c'est contribuer â naturaliser Ct normaliser le racisme. P.-P. Grassé démontre précisément que les sciences du yivant ne sauraient fournir un cad re justificateur à la réduction de l'évolution aux seules performances des gènes. Elles ne sauraient donc sans abus légitimer une quelconque biocratie. La science n'est pas pour autant mise en cause. Bien au contraire , P.-P. Grassé la remet à sa vraie place, à la fois humble et noble. débarassêe enfin de ses détournements politiques qui nous en troublaient la vue. La partie critique de l'ouvrage se resume en l'arfirmation que " la doctrine sociobiologique ( ... ) rappelle, à s'y méprendre, la bllse théorique du nlltional-socialisme" (p. 12). Les leçons de l'histoire conduisent P.-P. Grasse à en appeler à une ethique de la responsabilité, car la science divinisée dégénère en scientisme dominateur prétendant régenter les moindres recoins de nos vies. La "morale du gêne" n'est qu'une mystification de plus. Ni la morale, ni la politique ne sauraient, sans conduire à la catastrophe, être confondues avec la science érigée en dogme. Et si la science "n'a pas le pouvoir de résoudrr nos inquiétudes spirituelles" (p. 314). si la recherche du bonheur n'est pas de son domaine. elle doit non seulement laisser tOUie sa place à la morale, à une rénexion ouverte sur la manière de conduire notre existence en lui donnana un sens, mais encore trouver ses fins en elle, jusqu'à en devenir la "servante dévouée". L'avenir de l·humanité. énonce P .-P. Grassé " dépend largement de la façon dont les savant~ prendront conscience de leurs responsabili tés, qui so nt immenses" (p. 3 15). • P.-P. Grussl.- "/.. 'homm~ ~n QccuMl/ion • tI~ IQ bfologi~ d la polfliqu,". Albin-Michl.'l. /980. (1) 1..1' ,in,nll'unirél/~ rl'productlon d'lIn QU plu· sieuf$ raruClires dans le mkunis"" d, l'hlridllé. (l) DulIS /,"Orig{,,, du tSp«ts" (18$9). 00,,,,1',, prOJJ(}St d'expllqu,r 1 'é~ofu/ion ptlr{u (ulle polir lu ~~ e, 10 sél«lion "alurellt. L 'hypo/h~de l>aMen es/ que seuls "IfS plus Qptrs" slI",iw,"r. Il nI' IltUI J ovoir d'I\'olullon SlIns slllXllon. (J) noliS " 1.Ulé/ttrlons soc/ull's" (1896). Vacher df' I..opougl' applique d 10 ~il' soclule les idla darwinlennl's d, 111111' pOlif l'I'xil/l'nC/' ('/ dl! slleuion des "mellfeurs". Lu pauI·re/l. par eXl'mpll.'. esl r-tpJ,quh pIIr III "mMiocrlti" r~ 61n~rol dn pli'" I·ff'S. définis cvmlnl' "antisoc/au.'(", Dans "L 'Aryt'n" (/899). il développe l'idh de la supldoritéabsolue de la prirendul' 'ace ··of)'enne··. ou ··indo~ufQphnne · ·. P.-A . T. - VOliS contestet, la scientificité du darwi"lsme ... P' GRASSÉ - La vérité en science s'établit par la suppression de la discussion. Dès qu'un fait eSI établi, on ne le discute plus. l'renez les lois de la lumière, la formation des images, la résistivité. les lois de la digestion: on ne [es discute pas, elles sont établies une fois pour toutes. Tandis qu'on continue à discuter le darwinisme. parce qu'il n'apporte par la preuve de l'évolUlion par les systèmes qu'il met en avant. 1/ y a un désaccord ent re la théorie et la réalité. Ce que je reproche au darwinisme, c'cst essentiellement d'affirmer qu'il ne saurait y avoir d'évolutionnisme en dehors de lui. C'est là Je péché contre l'esprit. P.-A. T - Ce qui m'étonne, c'est de ,,'Ol'oir jamais lu que sous ~'OIre plume lllte attaque scientifique el historique aussi précise et aussi décisive. à mo" sem'. (le l'idéologie darwinienlle. Commem se lair-il que vous soyet, l'ull (les rare,~ savalllS à oser attaquer le darwinisnu.' (lallS ses principes mêmes? p. GRASSÉ - Les adversaires américains de la sociobiologie attaquent les sodobiologistes sans mettre en cause leurs principes. Ils ne gênent pas beaucoup Wilson et compagnie. Car ils en admettent les principes. tout en refusant certaines conséquences. Il y a là un manque de logique. P. -A. T - Ce SOIII là des polémiqlles illfernel' au darwi"lsme, Pl GRASSÉ - Tout à fait. Lewontin, qui est cenainement parmi les adversaires les plus acharnés de la socioblologie ault Etats-Unis, est un élève de Dobzansky et de Mayr. Par conséquence, il est un darwinien pur. 1/ discute, bien entendu. II est prêt a admellre qu'il puisse y avoir des évolutions sans sélection, à la suite du Japonais Kimura. Mais c'est la limite. Ce qui le choque, ce sont, d'une part. les lendances racistes découlant de l'idéologie sociobiologique et, d'autre pan, la pene de la liberté, puisqu'au fond nou.s Ile serions que des automates. P,-A, T, - Ce qui luil dIJa"t. c'est une pensée fine des limites, lin repérage précis des " il·eaux, .. pr GRASSÉ - Si les gènes nous commandaient, nous ne serions pas ici en train de discuter. L'erreur vient aussi du fait que les fondateurs de ces idéologies ont considéré des animaux dont le comportement est très automatique et en ont immédiatement rait l'eltlrapolation il l'homme, sans sourciller. Il y a par ailleurs un autre essai, du côté des singes. Aujourd'hui, on veut faire des singes. à 99,5 0/0. [es homologues de l'homme. Mais seule compte l'organisation cérébrale ... Prenez le cerveau: c'est un véritable univers avec ses 14 milliards de cellules, chacune ayant 1 000. 2 000. 3 000 postes de communication avec les voisines. C'est l'infini. En apparaissant, le cerveau humain à donné une conscience au cosmos. Rappelez-vous le mot d'Einstein: "Ce qu'il )' a d'incompréhensible dans l'univers, c'esi qu'iI soit compréhensible. " Et cela est merycilleux. Mais n'est-il pas plus merveilleux encore qu'il y ait un organe pour le comprendre ? Voilà la différence irréductible, et la vraie noblesse de l'homme. P.-A . T. - Dans l'o/re oUllrage, l'OtlS l'OIIS atlaqutt, notamment à la base idéoIQgique de la sociobiologie, le "éodarwinisme. ceUe synthèse, opérée ail début de norre siècle. (le la Il!éorie de l'évolution pensée en tem'I!!; de sélecliofl II01urelie (Darwill) el de la sciellce de l'hérédité fOlldée par G. Melldel. pt GRASS~ - On peut définir suffi· samment le darwinisme par la simple formule: des variations innées, choisies et triées par la selection naturelle. Le néo·darwinisme a repris tout ccla, Mais il a subi une double innuence. D'abord celle de Weissmann. qui a soutenu que le milieu n'avait aucune action sur l'organisme. Seules comptent les cellules germinales. Toute variation est interne. Le premier panneau du néo-darwinisme est donc le rejet de toute autre influence du milieu dans J'évolution que celle issue, précisément, de la sélection naturelle. Le second panneau a éte peint par un botaniste hollandais, De Vries. Il a découven les mutations, les variations brusques de ['(lire vivant qui frappent, nous [e savons aujourd'hui, notre patrimoine génélique. Donc des variations dues au hasard. et qui SOnt triées par la sélection. C'est tOUl, voilà le système. Et on l'applique alors à tout. P.·A. T - Passons mai"tenu", à la première filialioll: celle d/l darwinisme social et de la bio-anthropologie IIaÛe. VOliS avez montri tOlite l'imporlance de OlFFÉRENCES AVR1L 81 cette symhèse doctrinale appaflle entre 1885 el 1900, Olltollr des Vacher (le Lapollge el G. Le /JOli ell France, Oll Q. Alt/molt et/ Allemagne. L 'essell1iel" 'eJ,til pas dOitS le pauage abusif de la l'élection naturelle aux • 'sélectiol/s sociales" ? El le glissement n'était-il pas prel'isible ? pt GRASSÉ - C'esl Vacher de Lapouge qui a tout concrétise. Un homme très remarquable, dote d'une etonnante capacité de travail. Vous savez. j'ai été absolument stupéfié par l'abondance de la littérature allemande sur ces sujet s. Ceux qui disent; " Hitler esl un pauvre type" ont peut-être raison mais, derrière lui , quel suppOrt idéologique! P- -A. T - /1 fatll donc prendre ail sérieux l'agitalio,, idéologique, mélangeant mythes el scitllces. qui a permis la prise du pOtH'oir par flitler .. . pt GRASSÉ - Si vous ne prenez pas au sérieux ce telles ideologies, alors ne vous occupez pas de la sociobio[ogie. Car les courants de pensêe sont identiques: dans un cas, avec le nazisme. vous avez eu le darwinisme pur. Aujourd'hui c'est le néo-darwinisme. P.-A . T. - V(nt-f al'et, montre que le modèle socio-poliliqlle du naûsml' s'étai! trOllvé lorI bien exposé par l'et/tomologiste Karl Escherich el/ 1934.,. p t GRASSÉ _ Ils nous donnent pour modéle les fourmis. La grande idee d'Escherich et des nazis, c'est qu'il s'agissa it d'une société ultra-evoluée. Elle aurait atteint à la perfection. Et la perfection. pour eux. c'est l'effacemenl total de l'individu devant le social. P,-A. T. - L 'idée de préserI'er Il's "bolls" gilles n 'esl-elle pas lme lIoul'elle versioll, certes moills brlllaie. de l'idée de préserver la "pureté" de la race sllpé,; eure ? p. GRASSÉ - C'cst la même chose. Il n'y a aucun doute. C'est une des choscs qui m'ont [e plus hérissé. Ceux qui sont à la recherche d'un bon "gén01ype"(4). ipso fac to. retombent dans [e racisme. C'est inévitable. Je ne sais pas si Wilson, qui me paraît un honnête homme, il prévu cela. Mais c'est indus dans son système. L'application y conduira. Les lois a llemandes sur la protection de la race, les premières datanl de 1935, c'etait cela. C'est pourquoi je suis pour un contrôle universel, par la communauté scientifique. des applications de la science. • (~) EllS'mblfdn ,Inn qu, COnlWnI un ~Qnl5mt' II donl dlfWlldrn, sn pro~t~ 1rj~III",n_ Culture L Jean Ignace, né esclave à la Guadeloupe, prend au mot l'idéal de liberté qui bouleverse la France de 1789. Lorsque Napoléon veut rétablir l'esclavage, Ignace se bat .•. J can Ignace esclave à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) a dans les colonies el accorde le droit de citoyenneté aux 20 ans. Il exerce le métier de charpentier au cOnlente- anciens esclaves. Fureur dans les habitations des grands ment de ses maîtres. Mais déjà boue dans ses veines la colons. Mais ceux-ci n'avaient pas attendu cette "pénible" colère deva nt le traitement insupportable que subissent ses extrémité et un plan était déjà au point pour livrer l'i1e aux frères. Quelques colons tiennent en servitude ,'immense Anglais. majorité de la population de l'i1e. Régulièrement arrivent de Le Il avril 1794. après s'être emparés de la Martinique et de nouveaux chargemems de "bois d'ébène" que ,'on débarque Sainle-Lucie. les Britanniques débarquent en Guadeloupe el sur le port et que l'on vend au marché comme des meubles. s'en rendent maîtres. Lu "n~rtJ muroM" , qui uni fui l l'tM:la ... gt, organistnl ~ maqul$. Malheur à celui ou à celle qui, s'étant échappé, retombe entre les mains du maître. Les châliments sont horribles: fouet, mains ou pieds coupés, parfois la mort. L'esclave se lève au soleillcvant et le travail ne cesse qu'à la nuit . 11 doi! supporter toutes les fantaisies de son propriétaire. Une mortalité très forte dûe à l'usure rapide des hommes déchaîne la traite sur les côtes africaines. Mais Jean Ignace a 20 ans et les nouvelles de France apportcnl , dans la colonie, un vent nouveau. On est en 1789. Les Parisiens ont pris la Bastille au cri de "Liberté". Dès celle époque, Ignace décide de rompre à jamais avec l'esclavage. 11 s'en fuil de Pointe-à- Pitre el se retire dans la forêt tropicale où vivent déjà d'autres "nègres marrons" puisque c'est ainsi qu'on nomme ceux qui ont abandonné la servitude. Vie de traque. Les co lons craignent avant tout le mauvais exemple qui pourrait donner espoir à leurs esclaves et embrasser l'ile. Mais Ignace s'emploie à former, avec d'autres "marrons", une petite troupe disci plinée et hardie qui, contrainte alors à la défensive, s'avèrera plus tard un bataillon hérOïque dans la luue contre les esclavagistes. Le 4 fevrier 1794, à Paris, la Convention abolit l'esclavage La Convention dépêche alors Victor Hugues avec une petite troupe pour reprendre l'île et y faÎ re appliquer la loi d'abolition de l'esclavage. 1795. Ignace se joint, avec ses hommes désormais libres, aux forces républicaines. Malgre l'image d'homme brutal, grossier et impitoyable qu'en onl donné ses ennemis, Ignace auire suffisamment la sympathie de Victor Hugues pour se faire remettre ses brevets d'officier. Il combat héroiquement pour empêcher que lui-même et ses enfants ne retombent dans l'esclavage, animé par une solidarité sans fa ille avec ses frères d'infonune. Quaire mo is seulement après l'arrivée d'Hugues, les Anglais sont chassés. Une periode d'intense fermentation révolution· naire commence pour la Guadeloupe. L'évolution de la situation française n'est en effet pas favorable aux esclaves libérés. Le 18 brumaire el la prise du pouvoir par Bonaparte sont te signal de la reprise en main. Mais le goOt de la liberté est fort. Le 26 octobre 180 l, lassés par les exac· tions du représenta nt consulaire, le capitaine-général Lacrosse, les officiers noirs prennent le pouvoir sous la pression de la population, destituenl Lacrosse et nomment un Conseil Provisoire de Gouvernement. 50 "~ en confient la direction au général Pélage, le plus gradé d entre-eu.'t, un mulâtre de la Martinique qui avait gagné ses èpaulelles dans la guerre COnlre les Anglais puis avait servi en France avant de revenir aux Antilles comme aide de camp des représentants du Directoire. B o~aparte, qui envisage vraissemblablement déjà le rétabhs~ ement de l'e sclavage, ne l'entend pas de ceue oreille et lance une importante expédition militaire ~ur mater la révolte. La direction en eSI confiee au général Rlchepance, héros de Hohenlinden. Le 6 ~ai 1802, il arrive avec 3500 hommes à Pointe-à- Pitre d?nt li se rcnd maître sans grande difficu lté. En fait, Pélage n est pas prêt à combattre. Son " loyalisme" de militaire frança, is Qui a fait dire Qu ' il aurait remis " le gouvern ement au premier t.'apo rlll envoyé de France" permet à Richepance de désarmer une bonne partie de la garn ison sans coup férir, Pélage a en effet accepté de s'embarquer sur les navires de l'escadre avec ses so ldats Qui sont immédiatement désarmés et mis aux arrêts. Richepance ne cache pas son intenlion de "ramener les nègres Id d'ou ils n' auraient jamais dû sortir," Ignace, aguerri par son expérience, voit tout de suite le piège. Il refuse de se soumettre aux ordres suicidaires de Pélage et avec la prompte résolution qui le caractérise, décide d'être le premier " rebelle" sur la route de Richepance. Il a tout de su ite compris la nature de l'expédition française. Avec Quelques oflïciers et une poignée de soldats il prend à nouveau le maquis. ' A Basse-Terre, arrondissement dirigé par l'officier martiniQuais Delgrès, les nouvelles viennent de parvenir, Delgrès adresse une proclamation â la population de la ville l'appela~ t à "vl~ re libre ou T?o urir". C'est le début d'une des premières r~s l sta nces armees dans une colonie française. Du 9 mal 1802 au 28 du même mois, toul le pays est embrasé par J~ ~uerre.pour la liberté. Le 10 mai, Richepance debarque à BUllhf. pellte commune au Sud de Basse-Terfe. On envoie ce pauvre Pélage pour convaincre Delgrès de " renoncer à sa folie" . Peine perdu.e, Durant dix jours, un combat acharné va opposer la populatIon de Basse-Terre, conduite par Delgres et Ignace qui J'a rejoint, aux soldats de Napoléon. Au prÎ.x de penes énormes, Richepance réu ssit, au bout de trois jours, à con trôler la moitié de Ja ville. L' historien Lacour note: "Encore une victo ire semblable et Riehepance aurait été co ntraln l de rembarquer tes reSles de sa division décimée," Stupéfait et inquiet devant la puissance de la Résistance Richepance décide alors de jouer sa dernière cartouche. Ii prend le risque d'utiliser dans la bataille Pélage et ses troupes. Un7 fois de plus, Pélage accepte de jouer ce trisle rôle. Le 18 mal, à. la tête de ses troupes noires, il lance une vigoureuse offenSive contre le fon Saint-Charles où se SOnt retranchés les hommes de Delgrès et d'Ignace. L'effet psychologique recherché est atteint . Cernés de toute pan, trahis par leurs frêres, les deux officiers febelles décid. ent d'abandonner la place et de porter le combat à l'inténeur. Delgrès se rend au Matouba tandis qu ' Ignace décide de revenir sur Pointe-à-Pitre. Le plan de l'ancien esclave est simple et audacieux . Il veut sou!ever tO~t. ce Que Cetle panie du pays comple d'hommes décidés, reJomdre la Grande-Terre, y organiser la guerilla contre les forces d'occupation puis porler la lutte sur l'ensemb le du pays. L'expérience terrÎble de l'esclavage el du maquis donnent in.conteSlablem7nt â Ignace une déterm ination particulière. Richepance VOIt le danger. Immédiatement il lance une troupe à la poursuite, sous les ordres de Pélage et du général Gobert. OIFFÊRf:NCI:- L'enthousiasme et l'efficacité d' Ignace lui pemtettent de g~gner assez rapidement la commune des Abymes. Sa troupe s est renforcée d'hommes qui se SOnt jointS â lui durant la route. Malheureusement, Ignace hésite devant les pones de Pointe, à-Pitr~. Il donn~ .ain si le temps à Pelage de l'y devancer, d'y o r~a nl ser des milices bourgeoises et de rassembler les soldats qU.I étaient restes dans la ville. " n'y a plus grand chose à faIre. ~~ troupe des rebelles s'empare du foTt de Braimbidge. La. position est bonne. Malheureusemen t, une mauvaise surp! lse attend Ignace. Il découvre, consterné, Que le fort est Vide d'armes el de munilion s. 1 1 ~s t néan~oin s décidé à vendre chèrem ent sa vie. Il fait hisser un Immense drapeau rouge qui gOllvanise ses hommes. Le 25 mai au malin, Pélage lance l'assa ut. 12 heures de fureur et de sa ng. 12 heures héroïques pendant lesquelles Ignace eSt partout à la fois, encourageam ses hommes récon fortant les blessés. Mais le combat est trop inégal. Avec le: renforts de Gobert et de ses soldats, Pélage investit la redoule. Pas de Quartier. Les rebelles, sans munitions sont !"assacrés sans pilié. Ignace qui a combattu comme u~ lion Jus.qu'au dernier moment crie aux soldatS qui l'entourent et qUI vont s'emparer de lui : "Vous n'su rez pas l'honneur de me pre ndr~ la v i ~". 11 a gardê une balle, une seule, pour Que le voeu QU Il a ra it de ne plus connaître la servitude s'accom- " U~ rltr 1794," Pllri!!, la Con ~tniion lbolil!'I!SdIYIAt. plisse. 1\ se fail sauter la cervelle. ~rois jours plus lard , le 28 mai 1802, une formidable explosion répercutée de morne en morne, ébranle toute la Guadeloupe. Delgrès a mis fin à la résistance en se fa isant sau ter sur ses poudres avec 300 de ses compagnons. Le 20 mai 1 80~, pendant que ces événements tragiques embrasent la petIte île caraïbe, à Paris, le Corps Législatif prend une loi qui édicte: "Article .u - Dans les colonies restit uées à la frltnce en nécu tion ~ u tra ité d'Amiens du 6 Ge rminal an X, l'esclaY~ge sera maintenu conformément aux lois et décrets antl-rieurs à 1789. Article 2 - La traite des Noirs et leur importation f , Iesdite~ colonies auront lieu COnformément aux lois el règlements exlslants avan t ludile epoque de 1789," Germ ain SA INT-RUf'" Chl'/JI/an Lill'il il lil'j un film Ù,. f'hûtoÎl't d"IIII1U.· "v/v,.,. fibre ou mouri," /980. " • Germain Saint-Ru! est J'auleur de "L 'Ipopte De/grès" Edition L 'HARMA TTAN, Paris, /977. t ~ > • ( L'espérance des chrétiens l'actualité du monde la vie est un hebdomadaire qui vous rendra service, avec des conseib pour votre vie de tous les jours, pour votre orientation professionnelle, pour vos laisirs (lecture, disques, cinéma, roolO et télévisiOn). la vie est un hebdomadaire chrétien qui ne cache pas ses opinions ma~ qui croit au dialogue de tous les honmes de oo,ne volonté, quelle que soit leur croyance. la vie est un hebdomadaire d'adual~é dont les reportages ou enquêtes vont plus loin que la simple infoonation.


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NOM, M., Mme, Mlle Ad""", Code postal OFFRE D'ESSAI Sans engagement de voire pori, LA VIE vous offre 3 numéros gratuits, pour faire connaissance. Retoumez~s vite ce oort Ville Prénom à retourner à LA VIE PROMOTlON - BP 315 75822 PARIS CEDEX 17 Régions Au Pays Basque, on n'est pas raciste. La preuve: même les Parisiens, on les supporte ! 1\ ~Z-VOUS A MF:S BASQUES ... L e carnaval de Ciboure, près de Saint-Jean-de- Luz. bal son plein de grosses caisses, de tambours et de chistus. ces nûtes d'aman qui se répandaient dans les colli· nes et se répondaient de chaque côté de la frontière. Pierrot, sa femme. ses enfanlS. ses amis parlicipent ft la fête. A 50 ans, il vient de faire qualre mois de prison. Accusé de complicité avec cerlains membre de l'E .T.A. (Basques d'Espagne) dans leurs passages clandestins d'une province à l'aUlre, d'un pays à l'autre. "On ne dit jamais ici, corrige Pierrai, Pays Basque espagnol ou rrançais. On dit nord ou Sud. Les autonomistes veulent unir les trois provinces du nord et les quatre du sud. Sept provinces pour un .seul peuple lelle est leur devise" . Pierrot rejoint le groupe des chanteurs musiciens, la xaranga du carnaval el m~le sa belle voix de Basque aux hymnes repris en choeur. Coeur à coeur et coude à coude, Tsiganes et pierrots, cheiks, pirates et travelos, maquillés, masques, grimés se balancent en cadence et jettent en l'air foulards et mouchoirs hop la boum ... quand on entonne l'hymne à Carrero Blanco. "C'est noire premier cosmonaute", plaisante Pierrot. Ici l'auentat a été pris comme une grosse farce et maintenant dans toutes les fêtes, les mariages et les carnavals on fait sau- 1er en rylhme bérets et chapeaux. Dans la fou lée. on raconte à la Parisienne (qui à l'immense avantage à leurs yeux - et aux miens! - d'êlre SUriout catalane) la blague sur Carrero Blanco qui après l'explosion hop la boum ... arrive en enfer avec une auréole au·dessus de sa tête, Cher ami. dit le diable qui ne comprend plus rien, vous vous trompez. ici ce n'est pas le paradis. Je sais répond Carrero agace, ne inquiétez pas, c'est le volant Que je ne peux plus enlever .,. "Pour les Français, le Pays Basque c'esl le rolklore ou 1'[.T.A .• les bombes ou la chistéra." Manex Goyhenetche( I), animateur culturel, lui aussi est agacé par l'incompréhension totale des Français. "Les lieux communs et les images d'Epinal permettent d'occulter toute. la réalité de noire pays qui est celui du so us-emploi et de l'Imm!gralion. Le problème des immigrés, on le connait par coeur. On en rail partie. Tout l'essor industriel du nord de la France s'est rait avec les paysans de nos campagnes occitanes et basques. J'al 38 ans. Tous les garçons de mon âge et de mon village onl qulllé le pays. Ceux d'avant et d'avant avaient Mjà émigré en France, en Amérique latine el aux U.S.A. Vers It' milieu du 19' siècle, les Basques aueignaient la plus rorte émigration d'Europe. Partir c'est mourir un peu. Le Pays Basque esl en train de crever. Ça n'empêche pus ceux qui restent d'être prorondément réactionnaires. Le dépulé ch iraquien passe ici au premier tour et aux élections p~sidentlelles le coeur balancera entre Chlnc et Giscard !" Robert Bacqué, un professeur à la retraite depuis un mois. rêve lui aussi d' un I .n_ .. _ Basque heureux"(2). Antiautonomiste militant, Basque , ,>o,,,,,'nl, et régionaliste. il n'imagine l'évolution de son pays en dehors de celle de la France. C'est dans le cadre national que la personnalÎlé basque peul s'épanouir mals il but poser le vrai problème de noire sous-développement el de noire langue qui Il fichu le camp. Ici on a gardé la vieille mentalité avec le respect du curé et du notable. Le clergé conservaleur s'appuyait sur la langue basque pour maintenir l'analphabétisme et l'jgnonnce. Au contraire la langue rrançalse "éhiculait les idées neuves et les conquêtes de la révolution. Un député s'est écrié un jour de 1193 à la convention: "L.e fédéralisme et la superstition par· Il'nl breton ; l'émigration el la haine de la république parlent allemand; la contre.révolution parle lia lien elle (ana· tisme parle basque. Brisons ces instru· ments de fanatisme el d'erreur, Nous devon.~ aux citoyens le même langage. l'agent le plus sûr de la révolution.,," L.e clerge basque et les notables en se dk~a· rant les ennemis de la langue française porleuse des rerments révolutionnai~es ~ mellaient en même temps au serVice des plus bornês de l'Anden Régime, Ne nouS étonnons pas si les républicains onl voulu, en co ntre·pled, en contre'polson, bannir le basque des écoles publiques .•... Depuis lors les caux de l'Adour et de la Bidassoa ont couic sous bien des pontS et aujourd'hui la grande majorité du peuple basquc désire le bilinguisme. Ce qui n'elait. voici trent e ans, Que conser· vation du folklore s'identifie mai ntenant a la lu ite cont re une oppression écono· mique ct <;ocialc excrcee par l'Etat, les banques d'affaires Ct les monopo.les indu.striels. Tout ce beau monde bien ancré il Paris. Sur une population de 250000 Basques (3 millions avec le pays basque d'Espagne), on compte quelques 70 000 bascophones en territoire fran· çais. "tes gens de ma génération , se rappelle Pierrot, dénigraient ce qui était basque, signe de notrc arriération. On sc stnlait honteu.'\ de parler l'eskuara, ça raisait " paysan" . Ça ne scrt à rien, disait ma mère qui pourtant ne parlait pas rrançais. te bas· que c'était le dedans, la maison. le frun· \'aÎs le dehors, le travail, le. ~ommerc~, les achats, les livres, la politique ... En Esp3gne parcil. L'Espagnol a supplanté peu à peu la langue du pays. Aujourd'hui le mouvem~nt iR\'crse s'~st amorcé. les jeunes prorltent des mOIR' dres occasions pour parler basque. Ils veulent revenir aux sources et retrouver leurs racines." Manex Goyhenetche et sa femme Claire Noblia sont les fondateurs des lkastola. ces écoles privées laïques (sa ns subven· tion du gouvernement) qui donnent un enseignement entièrement en basque. " Ma femme, dit Manex, a créé la pre· mière école en 1969. Actuellement nouS avons 27 ikastola dans le pays. 21 mater· nelles, 5 primaires el une 6". 500 enfants chaque année suivent la scolarité en ·' Eskuarll" . "Eire Basque, pour moi, c'est parler le basque. Je me méfie de ceux qui se r.éfè. rt'nt à une elhnit' particulière avec cranes bizarres et groupes sanguins spéciaux, spécieux ... Ça me rappelle trop de mlm· vais souvenirs 1 Le Pays Basque u VII déferler ct défiler pêle·méle Romains et Wisigoths, Francs el No~mand s, 8er.bè. res el Anglo·Saxons qUI se sont melés aux autochtones. JUSqu" la dernière guerre la langue basque' s'est idenUfiêe à la civillsation rurale. Je ne suis pas pas· séiste ct p('u attaché aux symboles. Le béret et la pelote ne soudent pas noire identité, Je veux aujourd'hui l'eskuara en zone urbaine, adapté à la civilisation technique el industrielle, Je veux la lan· gue basque dans les tours et le béton." D es tours et du béton à la ZUP de Bayonne on en trouve à fo ison. Avec la même architecture que partout ailleu rs en France, à Orléans, Brive ou Clermont-Ferrand . Avec les mêmes immeubles en uniformes cou leur de murailles, bâtis au plus pressé, jetés là comme des dés. ~a n s autre int érêt q ue d'y loger des OUVrlers. TravaiJleu rs frança is et immigrés brassés dans le même panier, Immigrés de l'i nté· rieur bien obl igés de qui uer le désert de la ferme sans débouche. Immigres de l'exterieur bien obligés de fuir la terreur d' un franq uisme espagnol ou d'une

misère' port ugaise. Au PaYI> Basque, • P . ~ seuls des Espagnols Ct des ortugals .

~ Pratiquement pas d'Arabes, d' Africains g ou d'An tillais. Les. Basques ont très bien ... accueill is les réfugiés espagnols. Ceux 2 qui franch issaicn! la frontière parlaien!

. souvent leur langue Ct l' intégration n'a

posé aucu n problème. Pierrot, lui-même ms de réfugiés basques espagnols (par· do n, du sud ... ), démarq ue la frontière comme une ligne de partage entre un Pays Basque riche, qui avec la Catalo· gne, ent retient " Espagne, el un Pa~s Basque pauvre, abandonné, pressure. Les 12000 portugais du département connaissent. eux, un racisme " relat if" , car chez les Basques comme partout le racisme prend raci ne dans les classes les plus défavorisées. Abel Monlciro , un jeune délégué cult urcl au consulat de Bayonne, a souffe rt la honte du mépris t rois jours après son arrivée en France. Une di rectrice d'ecolc grondait un enfant : "- Regarde comme les mains sont sales, tu ressembles Il un Portugais" II s'esi approché et très calmement a ouverl ses mains; "- Madame, regardez mes muins, je suis Portugais." ';Radsme de classe bien sür, dit Abel. SI lous les Portugais arrivaient bourrés de fric, les français ne verraient même pas leur dlf· ftrence. Voyelles Japonais. Aucun pro· blème pour eux. Três bien acceptés. Aueun terme de mépris n'a été inventé. Leur "différence" avec les travailleurs Portugais. Arabes ou AFricains, c'est que les J:iponais émigrent en France les poches pleines de dollars et que vous ne les trouvez ni sur les chantiers avec un marteau·piqueur, ni dans les nies avec un balai ... " Les Portugais vi vent id la même sÎt uation que les travailleurs fran ~ çais. Ei 50Uvenl la même détresse. Une femme hier est venue au consulat pleurer. Un mari, quatre enfa nts. Le mari travaille mais les deux grands ne trou· vent aucun emploi malgré leur C.A.P. Ils dcviennent délinq ua nt s et commencenl à se droguer, EUe veut repartir dans son pays pour que les petits ne sui vent pas l'exemple des grands. "T ouristes dehors" ... Ce graffiti court sur les murs d'Hendaye, de Saint· Jean·de· LUl ou de Biarrit z. 350000 "Parisiens" doublent chaque annce la population basquaise. Ils envahissent les plages, obst ruent les routes et foRt namber les prix déjà trop brûlants. "Certains Bas· ques assimilent aujourd'hui la vagut touristique qui dérerll.' l'été sur le pays Il une ('olonisation pure et simple. De 10 même maniêre, ils croient que tous les lRulheurs économillues viennenl de Paris. français go home . .. " Robert, le professeur en retraite, ne veut pas pren· dre les vessies du capitalisme pour des lanternes magiques. " II Faudrait une autre conception du tourisme comme il faudnit une aulrt conception de l'kono· mie pour notre région. Un tourisme qui ne dénature plus, ne gaspille plus, ne défigure plus notre espace TUral ou côtier, Un tourisme qui ne serait pas omniprésent, omnipuissant. Un tou~ risme qui vivrait à côté des aulres indus· tries. Un apport. un appoint, un petit supplément d'hommes pour l'eté. i.e Pa)'s Basque ne doit pas s'enliser dans un désert vert réSt'rvé aux riches bour· geois de Bordeaux, de Toulouse ou de Paris. " Ni les touristes, ni "les colonisateurs", ni les "Parisiens" ne sont responsables de la politique inverse menée actuelle· ment, Seul un aménagement régional autogeslionnairl.' casserait la tutelle asphyxiante de l'Etat sur nos co"ectivi· tés locales. Ce pouvoir régional seul pourrait maintenir notre culture, déve· lopper notre konomie et nous permel· trait de vivr(', dkidcr el travailler au pals. la résonRlll1ce du passé ne serait plus une dissonance et entrerait en con· cordante avec notre present el notre ave~ nir." La déculturisation du Pays Basque n'est pas pire qu'en Catalogne, en Bretagne, en Alsace ou en Auvergne. Les cultures régionales toutes uniformisées, étouf· Fent sous une cuhure anésthésiée, Ii& uniquement au profit maximum. Phéno· mène social et non pas national. Il ne faut pas se tromper. L'autonomie du Pays Basque ne résoudrait aucun pro· blême, mais au contraire les aggraverait en le précipitant dans les bras de l'Amérique ou de l'Europe communautaire. "Dans ce cas hl, conclut Robert, nous deviendrions maintenant une colonie! La seule solution reste de prendre notre destin en main grâce à une pro ronde décentralisalion, liée à la f·rance". Au fond de la vall ée d'Ascain , enfo ui dans une ferme qui vit encore son aut ar· cie, un sculpteur de pierre martèle son angoisse, aussi dure, tenace que le bloc de granit qu'il façonne. Panxua Saint· Estében a choisi l' isolement pour pou· voir mieux plonger, se prolonger dans ses racines. "On a tous mal IIU même endroit, dit· iI, mais on ne nous upas anesthésié de la même manihe. Mon rêvt est simple comme celui d'un enfant. Je voudrais être basque sltns le sltvoir. Comme Monsieur Jourdain avec sa prose. Naturellement. El ce naturel serait la buse même de mu vit, la source même de ma différence". Victoria Llanso (1) Manex Goyhellelche .. " Pays 8 0S' que Nord,' /In peuple colonisé" Editions ELKAR - 52. rue Panne· ceau - Bavol/lle. (2) " Pour un Pays BasQlle heureux" g P.C.F. I/J, avenue Frédéric .. Estèbe - J1200 ToulOllse. ~ '-______ ...J " Agir dès l'école - No". Marie CARDINAL Je voudrais, si je peux me permeure celte image, défendre l'étoile à cinq branches et le croissant en même temps que l'étoile de David. La racisme renaît régul iêrement dans notre histoire, surtout en période de crise, mais il n'emp&he que des situations racistes se présentent périodiquement et la crise semble les amplifier. Est-ce à dire que l'être humain eSl condamné au racisme CI qu ' il est incapable de percevoir la différence comme une source de con naissance mais seulement comme une source de peur? La peau noire const itue-t-elle par le fait même qu'elle ex iste une allaque pour l'esprit blanc? Je schématise peut-être un peu trop mais cet état d'esprit propice à l'exten sion du racisme ex iste chez nous et nOus l'acquérons dès le plus jeune âge el cela en fonction du milieu familial et de l'environnement social dans lequel nous vivons. Aussi, je pense que nous devons nous féliciter que des organisations d'enseignantS des quatre continents se soient réunies à Tel-Aviv le 14 novembre dernier ct aient adopté une déclaration appelant à "klairer les élèves sur louteS les formes N les dangers du racisme, dt l'anlisémitlsme rt dt loutes les violation s d es Or oits de l'Homme" . C'est sans aucun doute à l'école que l'on peut agir le plus efficacement pour informer et éduquer les futurs adulles sur ces dangers là. - POilrqllOi ? Marie Cardinal a 52 ans, Elle esl née :1 Alger, dans une famille "pied-noir". Après avoir enseigne de 1954 â 1961 les leltres, en Qualitè de professeur, aux lycées français de Salonique (Grèce) de Lisbonne (Portugal) ct de Vienne (Autriche), elle s ' inslalle en France en 1961 ct de vien t rédactrice dans une age nce de publicil é. En _ Parce qu'elle n 'esi pas par~iIIe " . La route est cenainement très longue ... y"u ANf)RF.U IJ - Mars,m, M.C. : Histoires vraies: dans une école rrançaise une petite fille blanche li pour meilleure amie de récréation une petile fille noire. _ "Tu aimerais êlre comme elle ? - No". - Pourquoi ? _ Parce q/l 'elle ri 'est pa: .. comme tlml le mo"de", Dans une école nigérienne une pelite fille a pour meilleure amie une petite fille blanche. _ "Til aimerais êlre comme elle? la peur de la différence estelle dans notre nature o u dans notre culture? Les sionismes 1962, elle fail paraître chez Julliard un premier livre : et les antisionismes "Ecoutez, la mer". Huit aulres litrcs seront publiés les annees suivantes dOllt, entre autres. "La clé sur la Dans la rubrique "En débat" porte.., "eL s mols pour le dire", "Autremenl dit ", preanrucee sd,a nsM lee nH° 0a jddee nDbifefrég- "Une vie pour deux" et tout récemment " Au pa ys de déclare: "Ce qui caractérise mes rucines" (Grasset), un récit dans lequel elle évoque fondamentalement l'antisio- " son Algérie". une terre dont elle «rit: " Vivre ailleurs nlsme, c'est de refuser au peu- que là a change pour moi le sens du mot vivre". Elle 1.'01- Il faut élargir le débal. En France, il y a des jours où je me sens le cousin de Mohammed ... Mêmes les Tsiganes ne furent·ils pas gazés il Auschwitl ? ... David accepter3-t-il de défendre [es Arabes q ui font la guerre à I sra~[ ? Et rédproquement. Il ne faut plus, aujourd'hui, nC' voir midi qu'à sa porte. Il faut s'u nir. Cela devient pie juif, ou à une partie de ce Jabore. en outre, à de nombreux journaux (Le Monde, urgent. peuple le choix de s'organiser le Matin) ct revues feminines. Quand on lui demande si SJ·f,·ain DA f'fO étatiquemcnt" _ j'ajouterai elle eSI féministe, Marie Cardinal répond: "Je suis 1",:-=---,':J/~OiI:::,::" "~'\:'"=":"~d:"='~f"':"'::':' ici : dans la terre de ses ancé- femm e". Marie Cardinal est mariee et Il trois enrants. M C tres _ "et donc de se détermi- és • .: Et les femmts, ntr comme il l'entend. Celle .. un gu rçon el deux filles aujourd'hui âg de plus de ldors! El les femmes juives, négation n'est-elle pas , li elle 20 ans, Nous lui avons demandé d'engager, à la faveur et les remmes noires, et Il'S seule, antistmite ?" de Ce premier numéro de Dirférences, le dialogue avec remmes blanches, et les fem- Un lei refus oppose au peuple nos lec teurs. mes de toules les couleurs! "f t a' l ' se 1 eonst ,'tu" Vous loyel-, le débal esl plus JOI , e 01 u, .. Chaque mois, une personnalité nouvelle répond au fre " tu d'ser'm,' "rand que ,'ous cro,vez. eti onC Iqvueem ejne cnoen d1a mn1 e, naet- ;:::;~:~:~:::::=Charles 10 janvier 2012 à 13:53 (UTC)!::::::::~::.. .__co_ur_rie_r d_es_ l_eç_teu_rs_ d_e _Di_ffe_re_nc_es_. ________ .J. 'espère que d'y penser ne qu'on a le droit de déclarer 1.'~O~U~~~d~é~m~I~'b~;~I;s~~e,~.;.;p~.s~~, -_ an tisémite. bler ou de demander les Solidaire pouvoir y englober les Fran- De leur CÔlé, les Juifs sont l' Mais n'oublions pas qu'il moyens matcriels et idéologi- çais des Antilles) dans les pris d'angoisse à [a vue de la Des arguments existe autant d'antisionismes ques de préparer cette des- des Palestiniens communes qu'il gère. résurgence de l'antisémitisme plutôt divers qu'il existe de formes (ruclion, ce serait suicidaire. Antiraciste, je suis aussi ami Jurquts OESCI/AMPS populaire el terroriste. Chez d . diverses de sionisme; et ce Mais lorsq u'on passe de cet1e et solidaire des Palestiniens 91160 · J.lmgjtlm,all Monsieur ct Madame Cohen que es invectives qui ca ractérise certai nes précaution provisoire à un sur qui s'acharnent d'autres on en parle, dans les écoles les Ilravo pour 01 FFERENmanières (pas loutes!) dc refus de principe, lorsqu'on Juifs. Un Arabe, ne en Isral!l petiu David s'isolclH ct, de CES 1 Le choix de ce lerme, pratiquer le sionisme, c'est de proclame qu'il n 'y aura gêne-t-il: Dehors ! Un Juif M .C.: Les différences plus en plus souvent , il qui va d'emblée au coeur des refuser au peuple palest inien, "jamais" d'Etat palestinien, de n'importe où vient-il en sont mulliples ct souven' infi- l'ornce du vendredi soi r, le problèmes semble particulièou li une partie de ce peuple, lorsqu'on rêve d'une èvolu- Israël : Il est automatique- mes. O'elles viennent tou- Rabbin cvoquc ce pont qui rement heureux, et j'ai beaule choix de s'organiser étatÎ- tion qui, d'implantations en ment Israëlien s'il eSI de mère jours la détestation et l'in jus- enjambant la mer calme des coup apprécié. par exemple le 1 d quement sur a terre c ses expulsions, V]' d erait peu â peu juive, sau f depU'ls peu 1e s tice. Comment le, cerner?, ann.'..e s d'après •g u Tere, lre' le déb al sur le s]"o msme, notamparents et de ses grands- ce qui fut la Palest ine de ses larés. les homosexuels... Comment apprendre au.\: maintenant 1943 à notre épo- ment pour sa diversi té. parenlS et donc de se dêlermi - Pales tin iens, je ne puis (beau programme n. Si ce humains qu'elles sont notrt que... Une crit ique, maintenant, et ner comme 1'1 l' emend. J e m'empêcher de penser que cc n'est pas du raC.Isme,, c eS I trésor? Souhaitons qu< ce C,rt,,'n, anu's, homosexlue s, une suggest'i on. L a cn.u.q ue n' hésite pas â penser qu'un tel sionisme là prend le chemin quoi? journal y panienne. cachent leur part icularité concerne l'article de Pierre refus, maintenu définitive- d'être aussi raciste, aussi anti- Pounalll, à vous lire, on a tenaillés par la honte, le qu'en André Taguieff. Sur le fond, ment. sera it raciste; et semite. que l'antisionisme quelquefois l'impression dira-t-on, la crainte du totalement d'accord: les élucomme les Palestiniens sont décrit par Hajdenberg. qu'être antisioniste, c'est être Ne plus voir midi fichage policier, des "raids: cubrations d'un Faurisson ne des Arabes et les Arabes des Mfch,fPOIRfEH antisémite. Israël n'est pas qu'à sa porle aux pêdés", du chômage meritent que des poursuiles sémites, il serait ... antisémite. 9119()- ChalfnU)'-Mufahr)' l'Afrique du Sud, mais je (technique, bien sû r) , tenaillés judiciaires. Le tOn, lui me Et s'opposer resolument â ce -----'::.:.:......::..:.:.:=:....--'--'~I constate Que les fo ndemcnts C'est très humblement. du par le souven ir de l'étoile gêne: je n'aime pas lire sionisme là n'a rien d'antisé- M.C.: Le sol, la lerre 1\ de l'un et de l'autre sont de fond de ma banlieue, et sans rose, encore tristement brû - " Abandonner le rat rév isio nmite. labourer, la propriét é, le nature raciste. Comballre le même grand espoir d'être lante en URSS, en Amérique nistt à ses vieilles taupes sou- Je ne jouerai pas au naïf. Je pays, y planter un drapeau racisme, n'esl-ce-pas combat- entendu, que je vous envoie latine, et lalente en France. teneuses" . (etc.) Cela détonne comprends parfaitement que pour en faire une nalion. tre une certaine forme ces pensées. Alors ils se sont regroupes et et pas seu lement parce qu'il les Isra!!liens et les sionistes ne Avoir dès lors des ennemis et d'oppression et un certain Il y a des Arabes qui, à juste lullent pour leurs droits. s'agit du premier numéro, veui' II cnl pas, aClUe Il ement , des IIl1iés, ce n'est pliS en qucl- type d'oppresseur , quelle que t,'tre, se révoltent ct se battent Tout c.·. la est b,'en m"1s m e rè USS I' , d' une nouve Il l'or r· reconnaître dans les faits ce Ilues mnts que je peux écrire soit sa race? contre le racisme popula ire el semble insuffi sant. mule. Bicn sûr, Taguieff ét ait droit des Palestiniens: tant cela. Il faudrlli( parler de Et quelle que soit l'idéologie policier dont ils sont chaq ue Moi qui su is juif, convaincu indigné - qui ne le serail ici, l que es orgam"s allons qUi' demai n, de solutions inimagi- dont il peul sc réclamer. Vous J'our et chaque nuit les .•. ,'ct,', d.·.. mes dro'1t s d'Hom 1n e • J'e le •a ve c lu"] . 1M a I' S 1e 2()< SI' /c 1e en représentent ceux-ci n'auront nables car hier ne nous avez bien deviné: je pense au mes. su is tout auta nt de ceux des a trop vu, trop entendu - il é d 1 b pas ray e eurs a J' ecu' fs 1a apprend pas grand chose à ce PC qui se lamente sur le trop Les Noirs, à quelques .. , d,'ff,', NO'l rs, d es A ra b es, d es homol- 'UI f aut sans d OUle p 1u s d estruCll'On d' Israe1 en lant slIjet. Et pourtant , elles exls- plein de travailleurs imml.- rences près, en som au m,"me sexue1 s et d e tO us aUlTes d' arguments que d'"in vectives. qu'Etat, et cessé de rassem- lent sûrement. grés. voire allogènes (pour point. "étrangers", Ou alors, qu'un nouvel Hugo " DlffÈRENCt::S AVRIL 81 écrive d'autres "Châti ments". Noam Chomskv, \OU5 le savez , a signé - ou fait s:igner - des pCiitions en faveur de Faurisson. Id l'admiration envers un Américain émi ncnt se nuance d'inquiétude D'autant que naguère. j'ai pu enlendre des collegu~ Françaises ou Américaine~ d'origine - dire, en une ;Hltre occasion - Skokie vous vous souvenez? - "Que rair{'? On ('sl pris, on cst bien oblijté, aux Eta ts-Unis, d'IICl'order hl liberté d'npression IIU l'uni NIl7.i - fût -ce d:ms une Inca lil(- li rorlt' POpuhllion j ui 'rt'. Sinon, comment ensuile, dérendre 1:1 démorrulie ?" Marcuse n'eût sans doute pas admis ce raisonnement, cher li nombre de "libéraux" améri cains - pour ma pan, je le regrelle. D'où ma sugges:tioll . De même que vous avez mi .. : "En débat: Antisionisme". pourquoi ne pas proposer "En débat: Liberté d'exprcs~ ion ?" J, " M.C. : Oui, toul cela esl vrai el bon ... ct pourlun!... Croyez-en une mère plus 4Ut" libérale, par momelll, il faut sévir hrulillement pOlir que l'ensemble d'un groupe mllrche. I..a liberté a des raisons que la raison ne connaît pas. La diHil'ullé consiSle a slilvoir dist:erner ces momenls el à ne pas abuser de la sévérité. Cc n'est pliS rien , cel ëquilibre hi. INTERTEX Distribul t ur t:"'c1uslf Fl'1Inu FRUIT OF THE lPO~1 Il, rue Bachaumoni 75002 PARIS TOUll' corllrcfaçon du modète e] dessin .. . ·IIUIl'OI TlU Loo~" sera rilourcu~mem poursuivie ABONNEZ-VOUS abonnez vos amis à Différences Vous avez pris connaissance du numéro 1 de Différences. Ce nouveau magazine vous intéresse et vous concerne. PeUl-être êtes-vous déjà abonné. Sinon, n'atlendez pas - Différences a besoin de votre soutien. Diffé rences est le seul magazine de son genre en France. le seul qui fasse de l'expression des différences et de J'antiracisme ses buts essentiels. ABONNEZ-VOUS dès aujourd'hui et faites abonner vos amis, sans attendre le n° 2 Qui paraîtra le S mai. Vous serez alors sûr de recevoir chaque mois chez vous [es aventu res passionnantes des Diffé rences. 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Ça me dégoûte de ~'oir qu 'on j)('1iI dire des choses pareilles a/ors qu 'il suffil de regarder n'importe quel chantier, ceux qui Iriment pour construire nos maisons, c'est des Arobes, c'est des Porlllgais. Esl-ce qu'oll peu moins ici pOlir permellrt aux uUlra de vivre et de /rallamer chel. eux, Si on n'est pas cupable de ce sacrifice, alors il faui en supporler les conséquences. Mll rie-Joe Harvel 39 ~ rbo is MON TRAVAIL, C'EST MON PAIN J'avais six ans qUQnd j'ai quilté chez. moi, en Algérie. Aujourd'hui, j'en ai trente. Mon père a fait la guerrt cantrt les AllemQllds et a élé décoré. Mois ensuite, j'ai voulu res/er algérien car je me suis rendu romple que Je ne serais jamais considéré comme lin vrai Français. Je peI/_ sais d mes l'ieux jours que j 'irai passer en Algérie pour finir ma QUE REPONDEZ-VOUS? a pensé à t01l1 le Iravail qui tOllflle ulltour du bihimelll ? On a to/vours dit : "Quand le bIllimelll va, 10111 ~'a. " Si les entrepri. ses 1/ 'employa;elll pas ('elle lIIaind'oeuvre à bon marche, peUl-être que 10111 irail moil/S bien el que le chômage serail encore plus aggravé pOlir les Franfais, vie IffJ/lqllillemel/l. sans le rat'Îsme. A Iljourd 'hui, on nous dit qll '01/ prend le Iral'ail des Fronçais. Je ne comprends p<ls. Je crois qu'on est fOUS dans le même bateau. Comment vou/el.VOliS que je laisse mOI/ lravail sous prélexte que je ne suis pas FraI/fais, Mali fral'all, (' 'esf mon Marc Pr&htn! 78 tes Murellu); TANT MIEUX ces femmes qui vivaiem dans des rondilions souvenl ulrO<'es. El puis, aujourd'hui, on vient leur dire qu'ils prennent le travail des Français. Ça n'est pas jus le, Tom le monde a profilé de leur présenCe, je ne vois pas pourquoi il faudrait maintenant les rejeter comme des vieilles chmlsselles, A moins qll '011 /eur accole l'éfiquelle "ô jettr après usoge", romme sur les produits d'entrelien. Ça m '~frai" de voir qu'on en arrive, en FraI/ce, d perdre le de l'emploi, je crois qu'on n" devrait pas employer cel argu· ment. J'ai peur qi/'il soit immédiatement uli/isé par les racistes pour créer des j(llousies elllre Français el immigrés. /1 y a ('{!rtainem"nt d'autres moyens d'expliquer ce problème que de le poser brutalement comme ça, En IQUle chose. il fOUI savoir reSler humain. Peul-êlfe un jour 011 '~t'{;g", à quilter. Jusque là, W ronique Pliski 1 J" J"O' respeCfer mon droit. IS Mohammed Larbl Si les immigrés prtnnent le Iravail sens moral le plus élémelllaire. ___________ _ des Français, tant mieux! Moi, Jellnnelle Hralncourl- Lan\ille POUR je suis Hanfois (par hasard) et si 78 t e Vkinr! 1/ y a /III(' chose que J'aimerais LE PRIX D'UN qu'on mepren"e, c'eSI bien Cl'lle I~~":":':"--------I PORTEaA VION connerre de boulaI que je suis PLUS obligé de fairt pour engraisser DE RO E Quand 011 parle de la présence mOIl poIron. l'ive la flemme. F NTI RES des immigrés en FraI/ce, on Allel.-Y les frères, du Iravail, vous Comment, 011 ving/ieme siee/e, Oflblie bi"n soul'elll de rappel"r en l'OUlel., prenez.-en ! peut-on encore supporter ce l'origine de leur venue. L'autre Chrilitophe Ars monde cloisonné a~'ec des fron. soir, j'ai été bouleversée par 11/1 21 Dijon titres créées au hasard des guer· reportage sur le Sollel où les gens 94 Vllry CETTE RUBRIQUE EST LA VOTRE ("1/(/1111,. II/IIi ... 1/11 poe/u!!,,' flA"I<' "II "'I/"I>UIIII pur {l'I ur~IIIII"II[1 dl'.1 {tTl"1If1 dt'Ih/làt'III'I'I __ 1 \'r!1 IJI '{uI. l " 11/1111 {/ro('//(/III On 'nu\ di! : le\ Juih H ulcnl dominl' r le monde . Qu~ rrpundl'l- \!I\JS ? IRIIl'Îs!cs ~' lIhs _ __________ ...;._ res. Moi, je l'eux pOl/l'air aller oû cOlllil/uent Ô mourir de faim ou bon me semble, y travailler, y de maladies dotlf 01/ conllail UNE IDEE l'Îvresije mysens bien, Queje pourtOtlf (rès bien les remMes. r========= !('nir, ) IMMORALE sache, le travail n'esl pas consi- Rendel.-vous compte que le prix déré comme une IIct/viré répré. d 'un seul porte-avion permellrai! hensible. Si les minislres ne d 'équiper en pompes el en char. sallf!tIf pas organiser /0 sO<'iétéde rues la moitié de l'Afrique. Si les lelle sorte qu'il yen ai pour /ous, gens pouvaient vivre de leur trac'esl eux qll 'il fa /ll l'irer, pas les voi/ chel. eux, est-ce QI/'ils vien. immigrés. draiem ici, loin (Il' leur famille, SAVOIR Gaslon !krr)1 06 Nice RESTER HUMAIN en bulle au racisme, pour faire les lravaux que les Françaisjugetlf dégradants? Dans ce monde injlls/e 011/0 plus grande partie de l'humanité connait la misère elle sous-dheloppement, c'est ulle phénoménale hypocrisie que de dire que les immigrés prennent le travail des Fronfois, Mieux vou- JACQUES RABNER .o.IIIIUIlIKUR .UILD/NO KaN .... I[OY 13·17, ... V~UC ~CH 114000 N ....... CY TÉL. 27_:11.311 ... ,aNES OROU,.ÉES TELZ>< _.,01140 /1 Y a quelque chose de parfailement mmloral Q db'elopper l'idée que les élrangers prenllenl le ,ravai! des Français. Tout d'abord, la plupart d'enlre eux som en France depuis au moins 10 ans. C'est-à-dire qu'Ils SOII/ venus avalll le débul de la crise, à l'époque oû les enlrt'prises elles. mêmes orgal}isu/ent l'immigra_ lion clandestine, immédiatement avalisée par le gouvefl/ement. C'es/ ra qui a IJf!rmis /0 piriode d'expansion, 011 prix de grandes souffrun~ pour ces hommes et Même si la prlsmce de nombreux Immigrés en France pose lm pro· blème dans la situation actuellt' drait accepter de COI/SOmmer un L ___________ -' e Société d'éditions Afrique. Asie, Amérique latine, SAR.l. 10, rue Auber - 75009 PARIS Tél. ; 742-90-72 (lignes groupées) Adr. Télégr. : ASIAFAS PARtS Télex; AFRASIE 220982 F AU COEUR DU TIERS MONDE finesse et vigueur d'analyse, diversité et richesse d'information, hardiesse et rigueur des options. " Afrique-Asie », créé il y a dix ans, est aujourd'hui le plus lu des périodiques consacrés à la lutte des peuples pour leur liberté et leur dignité N0 23' , du 19 janvier au l'" février 1981 Tchad-Libye: From COl/tre les COfll'o ilises. Namibie: L'échec de Pretoria. Afrique du Sud: IlIIerview de Edward Ramsdale. Société: « POlir /Ille nOl/velle cOlIsâence africaine l . Cinéma: Québec: d'/me l'agile à l'autre. Sciences : CU{fjver l'eau ... Cinéma: Salvador .' la caméra comme arme. Sport: Vail1cre III violence. N0 233, du 16 février au ,.r mars 1961 Dossier: Conférence islamique. Angola: M.P.L.A. - P.T. : cohésion et rigl/el/r. Océan Indien : St ratégie " l'innombrable armada. EnqW!le " .tur la piste II/y.ftérieuse d·Agalegu ... France: N° 232, du 2 au 15 février 1981 Tral'ilillellrs turcs: victoire édatcuzte dalls la cOIl/ectioll. Reagan-Iran: Brésil: Une gral/de enquêle de Simon Mallcy : l'après-olages. Les événements du Tchad. Diplomatie pragll/il/ique. Salvador: L'heure de.\' solit/ari/h. Cinéma : Cap-Vert: Naissance dll P.A./.C.v. Salvador: Le plan d'illfervemiol1 de Wa!.-hinglOlI. Les fi/JIu dll tiers momie. Mm;que: /nIerview dll représentallf (11/ F.D.R. ell France. GuiTares en fêle à la Marlinique. TARIFS ANNUELS (1) Françe Algerie 200 F F 100 DA Cameroun. Congo. Côte·d'vo,re, Djlbou· tI, Benon , Gabon, Guadeloupe. Guyane. Haute-Volta , MÇlrI,r"que. Niger. Centra· frique. Rtiun,on, Sénegal , Tchad, Togo 200 F,F ou Autres pays africainS Europe Autres pays BULLETIN D'ABONNEMENT OU DE REABONNEMENT NOM; .. . PRENOM : PROFESStON . . ADRESSE ; fi remplir el fi retourner à ; AFRIQUE.ASIE, 10, rue Auber, 75009 • PARIS .................. . 10 000 CF.A 300 fF 2'50 F F 300 F F. Mots croisés H.u~('r.lb .\murld \ lr\~ Horizontalement t. Ségrégation raciale en Afrique du Sud · Règle la température· 2. Aigrefin· EchangeAbrégé - 3. Carnassiers· Vous l'avez à l'oeil ! A le . Stupide - 4. Manque donc de symétrie· Personnel· 5. Chéries· Des têtes bien faites et bien pleines - Outil· 6. Inscrustations . Exclamation· Pronom· Ne manquait pas de souffle r . 7. Règle· N'a que l'apparencc de l'or - Met tout k monde d'accord· Decider· 8. Courtisane · Lettres de "Différençes" . Note - Payé. 9. Ancien royaume· l 'art de se servir des dames ! . Onl leurs mêcènes • 10. Relie - Coup de baguette sur une peau . Abréviation - Décade· JI. Barques frèles . Arrivé· Fin de messe - 12. Excavation· Choi· sÎe . Uterus · Font partie des vertèbres· tJ. Enfoui· Gardé secret· Rendu audacieux -14. Couche· Préposition . Piè<:e de viande· Symbole de ['intolérance, à ['Est· 15. Eleve· Circulent en Roumanie· Es! souvent dans les choux! . Note· 16, Pronom· Compositeur russe . Morceau de tane - Conifère . 17. Ruisselet - Aluminium · Une terre à la mer · Mis li l'eau après un SOS - Mortier - 18. Appanient donc au passé· Prophete hébreux . Le moi - Queue de coqs· 19. Règlemenls de comptes! . Permet ]'ouvenure· Penible· 20. Un peu d'huile· Fin de participe· Conjonc· tian · Transpirer. Choquée - 21. La ville des Illiberiens . Petit repas· Monnaie - 22. Ele· ment de charrue . Qui relève du tarse . Wagon-lit · 2J. Machin· Voyelles · Tinte· ment funèbre· Récit homérique· 24. Obte· nue - Amer· Monastère· 25. Fournissent du sel . Désapprouvée· Partie de poulie· Note· 26. Personnel · Habite une ik . Monstres mythologiques· 27. Loué· Abîmé · Gavb· Un amour anglais· 2-8. Oiseau en cage· Réci· pient - Do . La longueur d'une aune· 29. Etain· Consonnes· Le début de l'éte· Sans valeur· A sec • JO, Surprises·parties . Divul· guée· JI. Greffée· Régalent un Belge ... et un Français 1 . Raisonnables· 31, Saison· Conliennent le pollen - Personnel . Rénéchi - Classement . J3. Se rendra· Qualifie des soies brUIes· Engluées· 34. Coloré - Pièce lyrique· Indéfini · 35. Effrayés - Dans· Petites tranchées sur un front - 36. Ile - Léve l'écrou · Bacs · J7. L'élevage du lapin · Man· ches. Verticalement A. Timbrée - Panent des pet its bleus· Coups bas! . Réserve à huitres - B. Elle jacasse· Deux romains· flétrir - Es~ce de paresseux - Etalon · Source de vie· Pourvue - ParticipeC. C'est du gâteau - Pièce satirique . 101 romains · Assiettes rustiques· Né de la mèreD. Monarque - Relalif à Elée . Aeur - Cri d'oiseau - Mis à l'épreuve· Période - Fut souvent mis devanl ... devant! · E. Galerie · Fin d'infinitif _ Vraiment· 'Etroitement serrées· Une poudre qui fit, hélas, du bruit · r. Con· naissent bien ... le pêne· Apparu - Fluide· Avant do . Mises en page - Pas grand choseG. Agent de liaiSOn . Eraill~ . Reçu en nais· sant· Chaine marocaine · En. forme de coin· H . Aux couleurs de l'arc·en-ciel . Connu· Petites règles . Oiseau sac r~ en Egypte - Pla· ni!te . Sans dessins· 1. Grands amateurs de pommes de terre· Souvent jaune au temps d' Hitler' Cheveux-de,V~nus· Tenir seance· J. OrnemeOls de casques· Possessif - Note· Plombai - Entrent en lnmses • Moitié de A " 1) ~ t (. Il .1 • "'Ol'OR!'>T mouche· Troublé· K. Possessif · Dans le mauve mais pas dans le jaune· Vomitif - Le dieu des Voleurs · Appel au secours· L. Partie de pêche· Train de bois · Arbres - Un cndroit où l'on joue beaucoup· Alourdit la nacelle - Phon: enlevé; . M . Suppliee . Réserve à grains - Aniele . Participe· Arme blanche· N. Traiter Je lin· Nettoye. Muse· Petites cabanes - Décorer· O. Mis en mouve· meOl ·Relatif . Mesure agraire· Oublieuse · Voteras pour, Vil la chule de Vercingétorix · Exclamation meridionale . P. Epaulard· Particule provençale· Sorte de couveuse· Chef nali ·Amphithéâtres • Participe· Q. Remplace un saint · Petits pachydermes· Un endroir où il y a tOujours des pépins ... · Poils· R. Possessif - Vous pouvcz y gagncr le gros 101 . Phon ; airelle - 3,1416- Porte le nom de Panoramix, chel. Uderw Cl Goscinny· Ato· mes· Etaler ·S. Ne se rail jamais sans casser des oeufs - Esclave de harem - Font partie de la tyrannie - Légumineuse · Procreateur - Le levant· T. Chef - Epoques · Sont toujours poursuivis par la haine raciale· Désert . Anéanlies -Situées . Solution dans le prochain numéro Humour Par TEICH QfJO/ ,7 tA JocoNDE' ~E PflÉ5ENTt: IUt ÉLECTiONJ! • Trois Noirs americains discutent il. J'hôpital de la pri~on. - Comment CHU arriv~ 1. ? LA JOCONDE? ('EST PAS UN NOI1 Ot CHEZ NOUS, ÇA. _ Je voulais traverur la rue. J'atLtnds Que le feu passe au rOliit. Je m'cnPIC dans le paua,e cloute. Une voiture arrive. fonce, me renverse. Je COllle le pare-brtse. rai kop! S ans pour bris de ,lace. - MOI, C'CS\ presque la mlme chose. Je traverse, au rouge, da,ns les clous. une VOIlUre fonce ~ ur moi. Je bute contre le pare-bllsc ct lombe: sur les ICIIOUX du chauffeur. J'cn ai pour dix an, ; bris de vitrine CI violation de: domicile. - Mon aventure ressemble a la vÔtre. Le fcu ètalt rouge:, je traverse. un din4Uc arrive CI acdlèrc en ,me ~oyanl. 1~ bl!lc COnife le parc:-bnu. je lombe: dans la VOiture, le propnetalre me plante un rouleau dans le dos et je m'enfuis. 15 ans cie taule, bris de vitrine, violation cie clomidle, pott d'arme prohiM et d,!lit de fuite. HISTOIRE V RAI E _10 janvier 2012 à 13:53 (UTC)=~,-,-","=,""c Aprês Copernic, un pere de famille 1~ltphone au MRAP. - Allo! Mon riu rentre de l'école el me dit que ~ c:s Arabes .se seraient rait battre, • Poitkrs, r,ar un certain Challts Manel. Qu'est-ct que vous comptez aire? Bruxdles déchirh par les rivalit~s linguistiques, d«ide de répartir lès Flamand! el les Wallons de pari ct d'au Ire d'une ligne Irach au centre de la ville. Un juif s'adres.se à la munidpalitt ; - Et nous, les Belges, où faut-il qu'on aille 1 Sobitioll d~ la 8rill~ du nD 0 62 1 1 celle • 20h30 Max MEYNIER : Avec la nUit vient la complicité : celle des aventuriers et des voyageurs, des routiers et des noctambules. Celle du souflre de Max derrière ses moustaches, celle qUI fait de RTL, la radio qu'on aime. RTL. La politique de la détente. TGV 380 km/hl record du monde",_,.,

Notes

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