Différences n°153 - juin 1994

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Sommaire du numéro

n°153 de juin 1994

  • Edito: Blancs et noirs par C. Benabdessadok
  • Mardi 26 avril: la fin de l'apartheid par Marie Catherine Andréani
  • Halte au génocide au Rwanda intervention de Mouloud Aounit
  • Cinq mois d'activités à Paris et en province par Norbert Haddad
  • Cinéma turc: embellie et menace de banqueroute par Yves Thoraval
  • Hommage à Fernande Villaeys par Alain Ribat
  • Lois Pasqua: le coup de gueule de Monseigneur Gaillot interview par C. Benabdessadok [législation]
  • Hommage à Pierre Grisvard du comité local de Nice

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ED 1 T 0 BLANCS ET NOIRS A quelques jours d'infenall., un homlle de 76 "s IKquiert paur la prelllière fois de son existeRte le droit de voler el devient amitit président de san pays : l'inage • qveIqoe close de saisis· salt el d'néel. Nelson Mandela qui semble ".uler quelques aflriltts IKIjeurs des IégeldeS merveilleuses, a inité au cérémonies offidelles une perSOIne qv'l •• Iit pu dasser dans ~ "" des 1_ Hies ouqlels 01 ne pardonu pas vilgt sept ans d'ellprisonnelll.nl injustifié: SOI oncin geôIierl ,. oes ..... Is hea",. de fin d'apartheid, 1 .~ .,iaIIe de se mppeltr "'le plr.se qui .",e ~ 1111. de ~ C•• rt. de 1. LlNrli odoplét par ~ C""is du pelpO sud11ri •• ~ 26 jti. 1955 : ' L'A friqoe do Sol .".,li"l ; 1. .. oe" fli y rirllt, 11111 ,'cs cali"" III1X Noirs, et IIWII. gorVffleflleflt ,,'est justifié li préfeldr. exercer l'_~ s1 .. 10 '"'" de 10 ,,,,"lé de ls'. AUX BLANCS COMME AUX NOIRS ~odamaielf ces hommes et (es fl ... es loirs Sir lesquels s'est exercé UR lods ... bIuc d' ... férocité égale à l'IIIIIpleur de son panoi, de ses /llDyels el de ses cOllplidtés inlematioacHs. Alt-deI; de ~ rutioIaIté ~ononique qui • exigé en derlliè,e ilstace la fil de l'apartheid, COIII' ... 1 .. pas voir does la ~oda",,", de l'égoIité par la (~arte de la liberté l'nprusio. d'ule """ s~ritvelle 1IIiv~"'" El does oe qui rietIt de se passer en Afrique du Sud une véritable révolmon. (cr, ce qli est balai polir lOIS, restcit à coaqtérir pour eux. JUIN 1994 • N° 153 MARDI 26 AVRIL LA FIN DE L'APARTHEID LAfinjuridique de la discrimination raciale est devenue réalité le 26 avril en Afrique du Sud. Marie-Catherine Andréani rappelle pour Différences quelques moments-clés de cet événement qui fera date dans l 'Histoire de cette fin de siècle. L es premières élections non raciales en Afriq ue du Sud ont eu lieu dans le calme du 26 au 29 avril 1994. Ce qui, il y a peu de temps encore, paraissait in imaginable s'est produit grâce. notamment, aux concessions et aux multi ples négoc iat ions qu'ont su mener les dirigeants de l'ANC. Fait essentiel aussi, toutes les composantes politiqucs de t'Afrique du Sud ont finalement participé au sçrutin. Ce sçrutin avait pour final ité d'élire à la proportion nelle 400 députés pour l'Assemblée CONFÉRENCE NATIONALE nationale: 200 sièges issus des listes nationales et 200 issus des 225 listes provinciales (425 sièges). Des 225 sièges des lisles provinciales. 90 doivent constituer le Sénat (10 par province) ct 135 les Assemblées provinciales . Chaque provi nce aura sa propre assemblée, avec des pouvoirs assez étcndus. Une cour constitutionnelle indépendante garantira le respect des lois et des libertés démocratiques. Le Président est di rectement élu par le Parlement ct fo rme un gouvernement d' unité nationale, où le nombre des postes ministériels est proportionnel au nombre de sièges à l'Assemblée nationale. Ce gouvernement provisoire est élu pour 5 ans et chargé de péparer la future constit ut ion de l'Afrique du Sud . DIGNITÉ ET ÉMOTION Malgré les atte ntats qui ont marqué la veille des élections, des dizaines de milliers d'électe urs sont allés voteT. fai sant la queue bien avant l'ouverture des bureaux de vote. De nombreuses di ffic ultés on! re tardé les opérations é lectorales: absence de bulle ti ns ou d'urncs qui ont empêché les bureaux d'ouvrir à Lire la suite page 4 A l"heure où ce numéro se fabrique. la Conférence nationale du MRAP se prépare activement. L'ordre du jour comporte notamment qua tre thèmes de ré fl exion: l-Le MRAP et les conditions de la lutte antiraciste en France: 2-environnement international et amitié entre les peuples; 3-Extrémisme et national isme: 4- Les transformations nécessaires au Mouveme nt. COmpte-rendu prochainement. R : .1 ....... ".. • 12 CoaIIor :,,.., •• 12 REPÈRES RASSEMBLEMENT POUR LA SOLIDARITÉ AVEC LES DÉMOCRATES ALGÉRIENS L'Algérie sombre dans une tragédie: le nombre des assassinats augmente quotidiennement. Des intellectuels, des femmes, des enfants, des démocrates, des syndicalistes sont victimes de la terreur meurtrière des ennemis de la démocratie, qu'il s'agisse des intégristes ou des maffias politicofinancières dont r activité est une des causes de la situation actuelle. En France, nombreux sont les citoyens algéIiens, ayant fui les menaces de mort, qui se trouvent dans un état d'extrême précaIité, Ni réfugiés politiques, ni immigrés, ils se heurtent à une situation de non-droit et ne peuvent bénéficier d'aucun statut intemational reconnu. Dans ce contexte, nous • affirmons notre solidarité avec les démocrates algéIiens qui. menacés, résistent avec courage contre la violence et pour la défense des libertés individuelles, • condamnons les assassinats, les violations des Droits de l'Homme, le climat de guerre civile, de xénophobie et de terrorisme en Algérie, • dénonçons la véritable négation de la condition féminine qui se profile derrière les coups portés aux droits, à la vie même des femmes et des jeunes filles algériennes et soutenons leur résistance, • demandons aux autorités françaises et européennes de contribuer à des solutions dignes et humaines pour les citoyens algériens menacés qui ont quitté ou quitteront l'Algérie: l'attribution d'un titre de séjour provisoire renouvelable, leur pemlettant d'avoir une vie décente et de travailler, fait partie des premières urgences, • exigeons du gouvemement français qu'il agisse auprès du FMI et des autres bailleurs de fonds pour une solution au problème de la dette extérieure qui soit compatible avec le développement du pays. C'est, avec la démocratie, une condition nécessaire pour permettre à l'Algérie de sortir de la situation actuelle. Dans cet esprit. nous appelons à un RASSEMBLEMENT le LUNDI 30 MAI 1994 à 18h,30 PARVIS DES DROITS DE L'HOMME à PARIS Premiers signataires (au 25 mai) : AMICALE DES ALGÉRIENS EN EUROPE, ASSOCIATION DES TRAVAILLEURS MAROCAINS EN FRANCE, CEDETIM, COMITÉ DES DROITS DE L'HOMME ET DES LIBERTÉS, CGT, FFACE, FSU, LCR, LICRA, MOUVEMENT DES CITOYENS, MOUVEMENT DE LA JEUNESSE SOCIALISTE, MRAP, PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS, SGEN-CFDT, SNES, SNICS-FSU, UNION DES FEMMES FRANÇAISES,LES VERTS. L'AGRESSION À ÉTAMPES Le MRAP de l'Essonne a adressé un signalement au Procureur de la République auprès du Tribunal de Grande Instance d'Evry pour injures racistes, provocation à la haine raciale, coups et blessures, à la suite de l'attaque, le 5 avril, de femmes africaines par une vingtaine de skins armés de bâtons . Ces individus, qui ont déclaré "On est des amis à Le Pen" ont violemment frappé ces femmes dont une l'une est enceinte, d'autres ayant des bébés dans les bras. Leur ignoble forfait accompli, ils sont repartis en promettant de revenir et de "débarrasser Etampes" d'elles. La police, appelée au secours par téléphone par l'une des femmes, ne s'est pas déplacée. ( ... ) Il est urgent de mener avec diligence l'enquête afin de châtier les coupables de façon exemplaire. La Fédération de l'Essonne du MRAP vient de demander au Préfet de convoquer d'urgence à ce sujet la Cellule départementale de lutte contre le racisme et la xénophobie. Elle exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire de violences racistes et de manquement de la police afin que les coupables soient punis. (Communiqué du MRAP 15 avril) TOUVIER CONDAMNÉ •.• Le MRAP a accueilli avec satisfaction le verdict de la cour d'assises des Yvelines qui 2 a condamné, le 20 avril, Paul Touvier à la réclusion à perpétuité pour complicité de crime contre l'humanité. Pour l'association, "il faut maintenant que soit jugé Maurice Papon, Haut Fonctionnaire dans l'administration de Vichy, secrétaire général de la Préfecture de la Gironde de 1942 à 1944, poursuivi pour avoir livré plusieurs centaines de Juifs à la déportation. ( ... ) (Communiqué du MRAP 20 avril) INCROYABLE EST BIEN FRANÇAIS! Le chapitre judiciaire Touvier est clos mais qui arrêtera jamais la graine vichyste, antisémite et xénophobe, apparemment tout autant obsédée par la pureté du sang que par la liberté sexuelle des femmes? Cette trop banale réflexion nous est inspirée par le contenu d'un courrier adressé à la personne responsable du comité local de Reims et transmis à Différences. L'auteur y dénonce pêle-mêle des "horreurs" que le MRAP ignorerait: "assassinat légal de l'enfant dans le ventre de sa mère; torture, par les colliers de feu en Afrique du Sud; destruction de la société par la drogue; crime du sang contaminé; émeutes qui se généralisent; transmission du sida par la copulation multipartenaire et contre nature" (sic). Quant au régime de Vichy, le voici réhabilité sous la plume de cet auteur puisque, écrit-il, "si le Maréchal Pétain n'avait pas été Chef de l'Etat français (élu très régulièrement d'ailleurs), Hitler aurait nommé un Gauleiter et aurait envahi la zone libre". Cette lettre répondait à une campagne menée par le CL pour la dé-baptisation de la rue Alexis Carrel à Reims. Son auteur est conseiller municipal de cette ville, sans étiquette politique, ex-Front national, élu sur la liste de la majorité de droite. CHRONO BOUSCHRA SANNADI, HAPPY END "Née en 1974 au Maroc, Bouschra Sannadi est entrée en France à l'âge de 15 ans après avoir été confiée à sa soeur par un jugement du tribunal de Casablanca ( ... ). Elève sans problème au collège Arthur Rimbaud à la Courneuve, Bouschra reçoit en octobre 1993 un arrêté de reconduite à la frontière et le 5 janvier dernier, trois policiers se présentent chez sa soeur pour arrêter la jeune fille et l'expulser vers un pays où elle n'a plus d'attache. Les enseignants alertent le MRAP, un comité de soutien se crée, des centaines de signatures sont recueillies. Les maires de La Courneuve et de Blanc-Mesnil, la députée Muguette Jacquaint s'adressent à la préfecture. Une délégation conduite par M. Aounit est reçue à la préfecture. Aujourd'hui, la préfecture a accordé à Bouschra un titre de séjour qui lui permet de poursuivre son cursus scolaire. Le MRAP rappelle l'une de ses principales revendications: régularisation de tous les jeunes arrivés mineurs en France, et appelle à la vigilance et au soutien de tous ces jeunes qui risquent d'être victimes de mesures d'expulsion." (Communiqué du MRAP 3 mai). MOUNDJIE DAROUECHE DOIT RESTER EN FRANCE! "Moundjie Daroueche, âgé de 18 ans, de nationalité commorienne, est en France depuis 6 ans, parce qu'à la mort de son père, il a été confié à la garde de son frère de nationalité française par le Tribunal de grande instance de Bobigny. La préfecture de Bobigny refuse de lui accorder un titre de séjour. Il doit quitter la France avant le 15 juillet 1994. Le MRAP s'indigne de cette mesure qui une fois de plus vise une jeu- DU MOIS nesse issue de l'immigration engagée depuis de longues années en France. Toutes ces mesures ont des conséquences humaines, dramatiques et injustes: elles brisent des familles, déstabilisent des jeunes, compromettent leur avenir. Le MRAP a saisi le Préfet et le ministre des Affaires sociales sur cette affaire et appelle au rassemblement prévu le vendredi 6 mai à 15 heures devant la préfecture de Bobigny". ARRÊT CARDIAQUE Oussy Touré est décédé d'un arrêt cardiaque le 7 mai dans les locaux de la préfecture de police de Paris. Cet homme de 32 ans, en situation irrégulière, avait été arrêté à l'issue d'un contrôle d'identité. M. Aounit, secrétaire général du MRAP, P. Mairat, avocat, et M. Martin, président de la Fédération de Paris et membre de la Cellule parisienne de lutte contre le racisme et la xénophobie, ont été reçus par M. Massoni, Préfet de police de Paris, le 11 mai. Selon le substitut du procureur chargé de l'enquête, il n'y a aucun élément douteux laissant penser à une autre cause". Le Préfet de police a néanmoins saisi l'Inspection Générale des Services. POLICIER CONDAMNÉ "Le 26 septembre 1992, un jeune cheminot d'origine martiniquaise qui se rendait en voiture à son travail était interpellé par un motard de la police (défaut de ceinture). Alors qu'il se baissait pour prendre ses papiers, le policier a commencé à le frapper à coups de pied en proférant des injures racistes. Bilan: traumatisme crânien, fracture du nez, dent cassée, etc Le policier, qui a d'abord tenté de renverser les rôles, en accusant sa victime de "voie de fait, injures, rébellion ... ", a finalement reconnu les faits. Hier soir, 18 mai le Tribunal Correctionnel de Rouen a condamné le policier à un an de prison dont six mois avec sursis. Le MRAP exprime sa satisfaction devant cette décision de justice. La loi du 1er juillet 1972, qui réprime les actes et injures à caractère raciste, doit s'appliquer avec la même rigueur, quel que soit l'auteur du délit. Ce jugement du Tribunal de Rouen a un caractère exemplaire." (Communiqué du MRAP 19 mai). LES RÉFUGIÉS DE L'EX-YOUGOSLAVIE Une conférence de presse a eu lieu au siège du MRAP le 11 mai concernant les réfugiés de l'ex -Yougoslavie et en particulier les déserteurs et objecteurs de conscience qui proclament leur refus de prendre les armes les uns contre les autres. Après cette conférence de presse, le MRAP, l'ACAT, le Forum Civique Européen, le MOC, le Mouvement de la Paix, demandent une entrevue aux ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères. Le MRAP a publié le 17 mai un communiqué dans lequel il constate que "les ressortissants de l' exYougoslavie qui fuient la guerre et les persécutions et qui cherchent refuge en France connaissent des conditions d'existence d'une extrême précarité. Pire encore, ceux qui ont le courage de refuser de participer à cette guerre, notamment les déserteurs, insoumis et objecteurs de conscience, se voient refuser par l'OFPRA le statut de réfugiés. D'autres, dans le meilleur des cas, obtiennent un titre de séjour provisoire les protégeant uniquement de l'expulsion. Enfin, un certain nombre d'entre eux reçoivent des invitations à quitter le territoire et des arrêtés de reconduite à la frontière. Contraints à la clandestinité, ils risquent la prison pour avoir refusé d'être conduits à tuer leurs amis ou leurs parents." 3 REPÈRES POUR LE DROIT AU TRAVAIL, CONTRE LES EXCLUSIONS ET LES DISCRIMINATIONS Le droit au travail est un droit inaliénable, il fait partie intégrante de l'ensemble des Droits de l'Homme au même titre que celui de circuler ou de vivre en famille. Il concerne l'ensemble des personnes résidant sur le territoire français, quelle qu'en soit l'origine. Il fait partie de la citoyenneté et du droit pour tous de vivre dans la dignité. Aujourd'hui le chômage continue de s'étendre: licencier devient un mode commun de gestion des entreprises; précariser les gens devient un mode de , gouvernement. La remise en cause du droit au travail débouche sur un enchaînement d'atteintes à d'autres droits fondamentaux tels que le droit au logement, à la formation, à la santé. Si le racisme est un phénomène complexe, son amplification, sa persistance, sa banalisation et son enracinement dans l'opinion publique relèvent de l'absence de perspectives, de l'angoisse du lendemain. Il y a un lien chronique entre racisme et exclusion. Comment peut-on respecter les autres dans leurs droits dès lors que ses propres droits ne sont pas respectés? Par ailleurs, comme un os à ronger, devant l'incapacité à apporter les réponses concrètes aux problèmes de la société au premier rang desquels celui de l'emploi, le gouvernement jette l'immigration en pâture à l'opinion publique. Les diverses atteintes aux droits des immigrés installés sur notre sol: -droit au séjour, droit à la citoyenneté, droit de circuler librement, droit de se marier avec le conjoint de son choix, droit pour les demandeurs d'asile d'échapper aux tyrannies -comme si c'étaient eux qui fermaient les entreprises! En fait à chaque fois que le gouvernement a fait connaître des mesures de régression sociale, il les a fait précéder de mesures portant atteintes aux Droits de l'Homme. A la diminution des remboursements de la Sécurité Sociale a correspondu l'annonce de restrictions sur le code de la nationalité. A l'annonce de la loi quinquennale contre l'emploi a été décidée en même temps la remise en cause du droit d'asile, à la mobilisation des travailleurs d'Air France, le Ministère de l'Intérieur s'est mobilisé en organisant des rafles dans les milieux kurdes et en accentuant les contrôles d'identité politico-médiatique, à la mobilisation des jeunes contre le CIP, il a tenté de casser le mouvement en expulsant arbitrairement les deux jeunes Algériens. En légiférant d'abord sur l'immigration, le gouvernement n'a-t-il pas forgé l'idée dans une opinion publique déboussolée, fragilisée, que le problème numéro 1 de notre société n'est pas le chômage, mais l'immigration? Il cultive ainsi les logiques du bouc émissaire et exacerbe les sentiments xénophobes. Le racisme et la désignation d'un bouc émissaire n'est qu'un moyen connu de longue date pour diviser les victimes d'une même politique. L'objectif des antiracistes est de renverser la logique du trop "trop d'immigrés" par celle du "pas assez" ... pas assez d'emplois, pas assez de logements, pas assez de moyens pour l'école, etc. Le racisme représente un danger pour tous dans la mesure où il se construit sur la négation des valeurs républicaines d'égalité, de justice, de fraternité et de solidarité. L'histoire a montré qu'on n'a jamais rien bâti sur l'exclusion. Accepter l'exclusion de r Autre, c'est s'exposer à la négation de ses propres droits. Ce défi nécessite la mobilisation de tous les acteurs de la vie économique, sociale, culturelle et politique contre l'exclusion dont la persistance est un obstacle pour comprendre et agir contre le racisme. Parce que le racisme divise, n'apporte aucune solution et conduit à l'impasse, les antiracistes doivent plus que jamais agir de concert pour une citoyenneté active, pour rassembler des gens si proches, pour rechercher ensemble là où ils vivent, travaillent, s'éduquent, galèrent, le chemin pour bâtir ensemble dans l'égalité le mieux vi vre ensemble. Parce que le chômage exclut ceux qui en sont les victimes Parce que lutter contre le racisme, c'est lutter contre les exclusions dans lesquelles il prend racine, Parce que le combat contre les exclusions est celui pour l'égalité des droits pour tous, le MRAP soutient les marches d' "Agir contre le Chômage", notanlnlent la manifestation du 28 mai à Paris, MARDI 26 AVRIL LA FIN DE L'APARTHEID Suite de la page 1 temps; l'armée de l'air a même dû transporter des millions de bulletins supplémentaires; les 9 000 bureaux de vote dispersés à travers le pays étaient insuffisants par rapport au nombre de votants; il y a eu une mauvaise répartition des 3000 observateurs internationaux . La plupart ont voulu se rendre dans les endroits supposés les plus difficiles. et certains bureaux n' ont pas eu d'observateur pour contrôler le bon déroulement des opérations. La plus grande confusion a régné au Kwazulu, dans le Natal. Aussi, à la requête de plusieurs partis, la Commission électorale a pris la décision de décréter la journée de jeudi 28 avril fériée pour permettre à tout le monde de voter, et de prolonger le scrutin jusqu'au vendredi dans 6 des 10 bantoustans. DIEU BÉNISSE L'AFRIQUE! Mardi 26 avril, premier jour du scrutin, une minute avant minuit, le drapeau de l'ancienne République d'Afrique du Sud était remplacé par un nouveau drapeau. Un orchestre entamait le nouvel hymne national sud-africain: N' Kosi Sikelel i Africa (Dieu bénisse l' Afrique). A cet instant, l'organisation juridique et administrative issue de l'apartheid disparaissait. L'événement a une portée historique considérable, tout particulièrement pour tous ceux qui, dans le monde entier, luttent contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. Partout, en France, les comités du MRAP ont, avec d'autres organisations, célébré l'événement (1). Les opérations de dépouillement ayant été chaotiques et entachées de multiples contestations de fraude, cinq jours après la clôture du scrutin, les résultats définitifs n'étaient toujours pas connus. Un second décompte a dû être réalisé en parallèle, manuellement. Au Natal, où tous les sondages donnaient l'ANC largement vainqueur, il est de l'avis de tous les observateurs que la victoire de l'Inkatha est due à des fraudes massives. Mais par volonté de préserver le calme, l'ANC a préféré fermer les yeux. Les observateurs étrangers s'étant déclarés satisfaits du déroulement du scrutin, malgré les irrégularités signalées, la Commission électorale a donné l'aval de "libres et honnêtes" à ces élections. Samedi, les résultats se répartissaient de la façon suivante: ANC: 62.65 % (252 sièges sur 400 dans la nouvelle assemblée); NP: 20,3 %; Inkatha : 10,54 % (43 sièges à l'assemblée nationale). Le Congrès Panafricain (P AC) et le Parti démocrate (DP) ne passaient pas la barre des 5 % nécessaires pour participer au gouvernement. Mais Nelson Mandela déclarait que l'ANC désirait travailler avec tous les partis, et qu'il entendait faire participer au futur gouvernement d'unité nationale ceux qui n'avaient pas recueilli les 5 %, à la condition qu'ils acceptent le programme de reconstruction et de développement élaboré par l'ANC: création dans les 5 ans de 2,5 millions d'emplois; construction d'un million de logements, électrification de 2,5 millions de foyers; école obligatoire et gratuite; adduction d'eau à moins de 200 mètres de chaque foyer. Dans les provinces, les résultats des élections ont été très disparates. L'ANC arrive en tête dans 7 des 9 provinces, avec des scores étonnants dans certains endroits, atteignant 80 % dans la région de Johannesburg et dans la province de l'Est-Transvaal, 83 % au CapEst, 78 % dans la province du Nord Ouest et 77 % dans l'état libre d' Orange. Au Nord Transvaal, il atteint 89 %. Dans la partie ouest de la province du Cap, le NP (Parti National) atteint 55 %, et l'Inkatha 50,3 % dans le Natal. LE NOUVEAU GOUVERNEMENT L'ANC a nommé 16 de ses membres pour siéger dans le gouvernement d' unité nationale. Thabo Mbeki, président de l'ANC est nommé au poste de premier vice-président, Joe Modise, ancien commandant de la branche armée de l'ANC à la Défense, Joe Slovo, secrétaire général du Parti communiste, aux Affaires sociales et au Logement, Alfred Nzo, ancien secrétaire général de l'ANC, aux Affaires étrangères , Sydney Mafumadi, membre du Parti communiste, à la Police, Dullah Omar, avocat, à la Justice, Kader Asmal, universitaire, devient ministre des Affaires provinciales, Trévor Manuel, responsable du département économique de l'ANC, ministre au Commerce et de l'Industrie, Mac Maharaj membre du Comité central du Parti communiste, aux Transports, Ahmed Kathrada, un des plus anciens compagnons de Nelson Mandela, y compris en détention, est nommé aux Services correctionnels. Jay Naidoo, dirigeant du COSATU, est nommé ministre sans portefeuille. Le poste de second vice-président revient de droit à Frédérik De Klerk, tête de liste du parti arrivé en seconde position. Cyril Ramaphosa, pressenti pour le poste de premier vice-président et qui a joué un rôle essentiel dans les négociations, a préféré se consacrer à l'organisation de l'ANC. 4 ENFIN, LIBRES! Mandela a été élu à l'unanimité président de ce qui est en train de devenir un nouvel Etat. L'événement est d'une portée historique considérable, en particulier pour tous ceux qui dans le monde entier luttent contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. Partout en France, les comités du MRAP ont, avec d'autres organisations, célébré l'événement( 1). "Libres enfin !" s'est exclamé lundi 9 mai Nelson Mandela, qui votait pour la première fois de sa vie à l'âge de 76 ans! Mais si la victoire est incontestable et gagnée au prix de tant de morts et de tant de souffrances, le plus dur peut-être reste à faire. La population noire de ce pays d'Afrique constitue un tiers-monde massivement sous-développé, jeune et impatient. Neuf millions de personnes survivent grâce à l'aide sociale. 18 millions vivent au-dessous du seuil de pauvreté. 64 % de la population noire active n'occupent que 15 % des emplois professionnels, semi-professionnels ou techniques. L'Afrique du Sud est certes un pays riche, par les immenses ressources minières de son sous-sol notamment; mais c'est un pays où la plus grande misère côtoie le luxe le plus insolent. Le taux de criminalité y est le plus élevé du monde, selon l'ONU. Et "le verrouillage du pouvoir économique est déjà assuré", titrait le Monde Diplomatique du mois d'avril. La réforme agraire et la redistribution des terres seront à l'ordre du jour. Or, le programme de reconstruction de l'ANC garantit toutes les formes de propriété. Que vont devenir les terres qui ont été spoliées? C'est une des plus graves difficultés que le nouveau gouvernement va devoir résoudre. Le legs de l'apartheid est lourd, et les défis sont redoutables pour le nouveau gouvernement. Mais l'Afrique du Sud a de nombreux atouts: ses ressources économiques sont importantes, les programmes d'investissement proposés à l'étranger sont attrayants, et les syndicats sud-africains suffisamment puissants pour rappeler certaines promesses faites à la veille de la consultation électorale. Et puisque le ton est au libéralisme économique, citons cette question posée par François Gelinet, représentant de Paribas à Johannesburg, dans La Tribune Desfossés, journal économique, le 27 avril dernier: "Distribuer un salaire, c'est créer un consommateur ; vous connaissez beaucoup de pays susceptibles de gagner 15 millions de consommateurs en cinq ans 1". Marie-Catherine Andréani Commission Afrique du MRAP (1) Lire nos informations pages 6 et 7 INTERNATIONAL , HALTE AU GENOCIDE AU RWANDA Le MRAP a appelé à un rassemblement organisé par la Fédération des Travailleurs Africains en France devant l'ambassade du Rwanda le 5 mai dernier. Nous publions ci-dessous l'intervention de Mouloud Aounit lors de ce rassemblement. Ce qui se passe au Rwanda est un génocide: 250000 y ont péri d'après les informations qui nous parviennent. Autant de réfugiés ou plus ont quitté leur pays. Cette tragédie ne peut qu'inspirer à chacun de nous, la révolte, l'écoeurement et la colère. Nous sommes révoltés par l'injustice et l'horreur. Cette horreur qu'on nous sert chaque jour par des images, des photos d'hommes, de femmes, de bébés, de vieillards découpés à la machette, déchirés à la grenade, brûlés vifs, enterrés vivants. Ces images horribles de réfugiés par milliers, qui fuient la mort, dans un silence effroyable des défenseurs des droits de l'homme. Le dégoût devant l'abandon par la Communauté Internationale qui s'apparente à nos yeux à de la lâcheté. Que font dans ce terrible contexte les organisations comme l'ONU et l'OUA? Où sont les résolutions ? Que dit la Communauté Internationale ? Où sont les convois humanitaires ? Ce silence et cette impuissance ne doivent pas nous faire oublier pour autant, la joie de ces marchands de mort, ces vendeurs d'armes qu'on oublie trop souvent. Colère aussi devant ces clichés, ces stéréotypes xénophobes véhiculés par certains grands médias qui caricaturent la tragédie rwandaise: "ils s'entre-tuent", disent-ils "normal, ce sont des noirs ... ", "c'est du tribalisme". Nous disons non! Les droits de l'home ne se divisent pas. Ce qui se passe au Rwanda a aussi des origines historiques, dont l'une des causes principales a un nom: le colonialisme. C'est lui qui a tracé le sillon des massacres d'aujourd'hui, en divisant les ethnies entre elles, en créant une différenciation sociale et économique entre des individus, ayant la même histoire, la même langue, la même religion, le même vécu, et surtout le même avenir. UN NAZISME TROPICAL Les puissances occidentales, pour mieux asseoir leur pouvoir, se sont servis de cette opposition. Le tribalisme, les haines ethniques ne sont pas une spécialité des pays africains. L'histoire et l'actualité européennes le montrent chaque jour. L'aveuglement occidental est incommensurable. Les puissances occidentales n ' ont-elles pas légué aux nouveau Etats fantoches ceux qui ont dirigé les affaires publiques en pratiquant une répression féroce à l'égard de ceux qui réclament la démocratie en Afrique. Ce ne sont pas les peuples qui ont démocratiquement mis au pouvoir les Amin Dada, les Bokassa, les Eyadema, les Mobutu et tant d'autres fantoches qui se sont révélés être de féroces dictateurs. Face à ce drame, comment ne pas s'interroger sur la responsabilité de ces instances, que représentent le FMI et la Banque Mondiale, dans le sort de l'Afrique. Le poids de la dette est énorme. Les intérêts à eux seuls dépassent parfois les PIB de certains pays et chaque jour étranglent les peuples d'Afrique. Alors, et en remerciant la FET AF d'avoir pris l'initiative de la manifestation de ce soir, notre devoir à chacun d'entre nous est de refuser cette logique qu'on veut nous imposer, de dénoncer cette maladie qui s'apparente à un torticolis en matière des droits de l'homme, qui fait qu'on ne les regarde que d'un côté, que dans un sens. Plus que jamais, chacun d'entre nous et l'opinion publique en général doit se mobiliser pour crier et exiger de la Communauté Internationale et plus particulièrement les puissances étrangères, qui ont depuis lontemps une politique de coopération avec le Rwanda de tout mettre en oeuvre pour que cesse ce nazisme tropical et que la paix soit instaurée. Plus que jamais, nous devons montrer notre solidarité pour que le Rwanda retrouve les chemins du dialogue, de la 5 paix, dans un avenir qui ne peut être que pluriel dans l'unité. Plus que jamais enfin l'abolition de la dette s'impose comme une exigence et une urgence absolue. Voilà chers amis, ce que je voulais dire au nom de la Direction du Mouvement contre tous les racismes et l'amitié entre les peuples. Nous comptons sur vous pour que les droits de l'homme, particulièrement en Afrique, ne soient pas oubliés. HALTE AU GÉNOCIDE ET AU SILENCE COMPLICE! SOLIDARITÉ ET COOPÉRATION EN MÉDITERRANÉE La deuxième conférence du Comité pour la Solidarité et la Coopération en Méditerranée s'est réunie au Caire du 18 au 20 mars. Elle a regroupé des ONG de 23 pays. De nombreuses personnalités, comme Tawflk Zayyad, maire de Nazareth, ont participé aux débats durant lesquels sont également intervenues des organisations comme la Ligue Arabe. La France était représentée à cette conférence par le CCFD, le Mouvement de la Paix, le Secours Populaire et le MRAP. La lutte contre les préjugés racistes et les discriminations a été un des thèmes abordés et Alain Cali ès, pour le MRAP, est largement intervenu autour du thème "racisme, exclusion sociale, exclusion ethnique et revendications identitaires·'. La nécessité du développement de la coopération entre les pays du Bassin Méditerranéen et en particulier entre ceux des rivages nord et ceux des rives sud, a été réaffirmée, dans un contexte de résolution pacifique des conflits existants dans cette région du monde. Dans ce cadre, la lutte contre les exclusions et le racisme passe par la promotion concrète des Droits de l'Homme en agissant en faveur d'une citoyenneté entière pour tous et dans l'égalité des droits. A l'issue de la conférence, des motions ont été adoptées sur ces thèmes, sans oublier des confli ts souvent occultés comme la répression du peuple kurde en Turquie. CINQ MOIS D'ACTIVITÉS , A PARIS ET EN PROVINCE Norbert Haddad présente de manière chronologique une liste non exhaustive des activités des comités locaux du MRAP. JANVIER le 6: Orléans conférence sur la lutte contre les manifestations de racisme dans l'Orléanais. Intervenant: Norbert Haddad, secrétaire national. le 7: Beauvais conférence sur les Lois PasquaMéhaignerie: comment réagir? Quelles perspectives d'action? Intervenant: Norbert Haddad. le 8: Menton conférence "sociétés en crise et montée des intégrismes". Intervenant: A. Hafidi de l'E.H.E.P. le II: Saint Denis rencontre avec les élèves et les ATOS du Collège A. Sisley, projection du film "Enquêtes d' identité". Intervenant: Norbert Haddad. le 13: Poitiers conférence: "Israël-OLP, un processus irréversible". Intervenant: Ilan Halevi. Présentation de l' exposition "Vivre et résister en Palestine". le 16: Avon 50ème anniversaire de l'arrestation du Père Jacques et des enfants juifs. Participation du MRAP aux cérémonies organisées par la Municipalité. le 20: Chartres menaces d'expulsions d'étrangers déboutés du droit d' asile. Présentation de 20 dossiers à la presse. Intervenant: Norbert Haddad. Pau Projection du film "Les oubliés de l' Histoire" et débat à la MJC Ousse des Bois. le 21: Mont-de-Marsan conférences ur la réforme du Code de la Nationalité. Intervenant: Alain Vidalies, avocat. le 25: Douai conférence: "L'intégration: un processus long et conflictuel". Intervenant: Adil Jazouli, sociologue. le 26: Aubervilliers conférence "Dérives Nationalistes. Atteintes aux droits de l'Homme et aux libertés de tous". Intervenants: M. Rasjfus, historien, J. Bellanger, syndicaliste. Toulouse conférence "Intégration et laïcité". Intervenant: Me J. Lévy. le 27: Rouen projection du film "Les oubliés de l'Histoire" et débat sur le racisme. Intervenant: Liliane Lainé, membre du Bureau National le 28: Nantes Forum-débat pour l'abrogation des lois Pasqua, la défense du droit d'asile, l'égalité des droits, le droit de vote des immigrés. le 28: Tournon projection du film "Les oubliés de l'Histoire" et débat sur l'immigration. Intervenant: P Muzard, secrétaire général adjoint. Héricourt conférence sur les conséquences des lois PasquaMéhaignerie. Intervenant: Norbert Haddad. Orléans conférence sur les conséquences des lois Pasqua-Méhaignerie sur la société française. Intervenant: Alain Callès, secrétaire général adjoint. le 29: Stains soirée de solidarité contre le racisme. Les habitants refusent les expulsions. Mont de Marsan conférence sur le droit d'asile. Intervenant: Elisabeth Boulanger, avocate. FÉVRIER le 2 février: Pau conférence-débat sur la citoyenneté. Intervenant: Albano Cordeiro, sociologue. Aubervilliers rencontre avec les jeunes de la MJC du quartier des cités. Intervenant: G. Corroy de la Fédération 93. le 3: Limoges conférence sur le processus de démocratisation en Afrique du Sud. Intervenant: E. Lafont, prêtre ouvrier en Afrique du Sud. le 4: Aubervilliers rencontre avec les jeunes du "Café La Rosa" du quatier du Landy. Projection du film "Enquêtes d'identité". Intervenant: Norbert Haddad. Paris-Vème projection du film "Enquêtes d'Identité" de Daniel Kupferstein. Conférence: le droit d'asile. Intervenants: G. Noiriel, historien, Mouloud Aounit, secrétaire général. le 7: Lille, Droit des Peuples: des Guatémaltèques témoignent. Aurillac projection du film "Noces en Galilée". Intervenant: Michel Khleifi, réalisateur. Présentation de l' exposition "Vivre et résister en Palestine" . le 8: Saint-Denis rencontre avec les élèves du LP Jules Et. Marey. La guerre d'Algérie dans l'enseignement de l'Histoire. Intervenant: Norbert Haddad. le 9: Marmande présentation pendant une semaine de l'exposition "A la découverte du monde arabe" réalisée par l'IMA. le 9: Chelles conférence Exclusion, Logement, Chômage. Intervenant: M de Foucauld. le 10: Clichy sous Bois conférence "Des cellules de lutte contre le racisme, la xénophobie et l'antisémitisme, pour quoi faire?" Intervenant: Bernadette Hétier. le Il: Nantes réunion d' information sur la situation dans les Chiapas. Intervenants: Maurice Barth et X. Billaud de retour du Mexique. Marseille conférence sur la situation en Irak. Saint-Denis rencontre avec les élèves du LP J.E Marey. Semaine des Droits de l'Homme. Projection du film "Enquêtes d'identité". Intervenant: Norbert Haddad. Annecy "La ville", thème du 9ème Festival des Peuples. Conférence: Le racisme dans la ville. Intervenant: M. Wiewiorka, sociologue. le 15: Aurillac conférence: La paix promise: obstacles et espoirs. Intervenant: Ilan Halevi. Présentation de l'exposition: "Vivre et résister en Palestine". Annecy conférence: Migrations vers les villes et dans les villes. Projection du film "Hexagone" de Malik Chibane. Intervenant: Catherine de Wenden, chercheur au CNRS. le 17: Annecy conférence "la rue, lieu de conflits, lieu de convivialité". Intervenants: M. Kharoudi, CNIPI. le 18: Annecy conférence "le temps des villes ou l'urbanisation galopante". Intervenant: C. Bakerel, secrétaire général du CCFD. le 19: Vimy la Municipalité célèbre le cinquantième anniversaire de l'Affiche Rouge. Projection du film: "Les oubliés de l' Histoire". Intervenant: Daniel Kupferstein, réalisateur. le 20: Albi 8èmes Foulées multicolores contre le racisme. Relais Castres-Albi. Un record de participation battu, plus de 62 équipes engagées. le 22: février Annecy Projection du film "LatchoDrom" de Tony Gatlif. Conférence "l'explosion démographique". Intervenant: G. Marc, administrateur de l'INSEE. le 24: Annecy conférence "le Code de la Nationalité et les nouvelles lois". Intervenant: Michèle Blanc, avocate. 26 février au 1 0 avri 1: Poitiers présentation de l'exposition réalisée par le Musée de l'Homme "Tous Parents, tous différents". 6 MARS 1er mars PARIS-XIème rencontre avec les élèves de l'Ecole Primaire Pilhet. Le conflit judéo-arabe, quelles solutions? Animateur: Norbert Haddad. le 3: Nantes et Metz manifestation devant la Préfecture après l'attentat de Hébron "Halte aux territoires occupés!" "Indépendance pour la Palestine". le 4: Bagnolet conférence: Sport, racisme, exclusions. Animateur: Mouloud Aounit. le 5: Paris-XIème Faites le Onzième! Fête et forums contre les exclusions pour les solidarités. Rencontre avec Mgr Gaillot et A. Jacquard. le 8: Condé slEscaut festival du Cinéma "Singulier Pluriel, note identité culturelle" Projection du film "Hexagone" de Malik Chiban Intervenant: le réalisateur du film le 10: Versailles rencontre avec les élèves du Lycée J. Prévert " Différents ou semblables: vivons ensemble". Intervenant: François Prunet, secrétaire national. Metz En association avec Chrysalide, clôture du mois de la promotion de la culture africaine. Projections de films d'Afrique de l'Ouest dans plusieurs villes du département. Venue dans les écoles de Mamdou Foumba, conteur et acteur dans le film Ta Dona. Exposition artisanale de différents pays africains. le 11: Saint-Denis rencontre avec les élèves du Lycée Paul Eluard Information sur le nouveau Code de la Nationalité Intervenant: Norbert Haddad. Oloron Sainte Marie gala exceptionnel du conteurmusicien Lamine Konté. Denain projection du film "Alger la Blanche" de Cyril Collard. Douchy-IesMines projection du film "Hexagone" de Malik Chiban Intervenant: le réalisateur du film. Arcueil concert de l'amitié entre les peuples en l'église d' Arcueil avec des musiciens de renommée inernationale. Recette versée au profit des réfugiés du Rwanda. Marseille "Solidarité avec le peuple palestinien". Une délégation de plusieurs organisations qui condamnent le massacre d'Hébron s'est rendue en préfecture pour y remettre un manifeste. Besançon conférence sur les dispositions légales de la oi du 24 août 1993 sur l'entrée et le séjour des étrangers. Intervenant: M. Assane Ba, juriste du GISTI. le 14: Limoges soirée-débat sur les droits de l'Homme au Cambodge. Paris rencontre avec les élèves du Lycée autogéré de Paris. Débat sur le racisme et les moyens de lutte.lntervenant: Norbert Haddad. le 16: Montreuil projection du film "Les oubliés de l' Histoire" de Daniel Kupferstein "Vivre ensemble au quotidien". Intervenants: Mouloud Aounit. le 17: Fontaine projection du film "Les oubliés de l' Histoire". Intervenant: Jean-Jacques Kirkyachar ian , président national et un militant de l'ANACR. le 18: Denain projection du film "Lavago" de A. Djabril. Aurillac Rasemblement devant le monument de la place des Droits de l'Homme pour rendre un hommage au groupe Manouchian. "Des morts trop souvent occultés de nos mémoires" a rappelé Paul Hermet, président du comité. le 19: Noisy-Le-Sec à l' initiative du SMJ, soirée contre le racisme. "La France: terre d' asile ou d'exclusion?" Intervenant: Norbert Haddad. Pierrefitte: "Je suis raciste mais je me soigne!" Rencontres sportives inter-collèges, discussion sur le sport et le racisme. Montreuil colloque Europe et Migrations. Participation de Mouloud Aounit à la table ronde "Immigrations et collectivités locales: les expériences d'intégration". Montpellier conférence- débat sur le thème du droit d'asile. Intervenant: Me Ottan, réfugié bosniaque. Nevers Septième édition de la fête interculturelle. Une journée riche d'échanges, de réflexions et de découvertes culinaires et musicales. Montreuil sous Bois "Le Code de la Nationalité en question" Un débat qui fait du bruit ... Intervenants: Mouloud Aounit et François Prunet. les 19 et 20: Nantes colloque international organisé par l'association Pays de Loire-Gaza-Jérusalem "Extrêmismes et exclusion". Participation de JeanJacques Kirkyacharian, président national. le 20: Pierrefitte "Je suis raciste, mais je me soigne!" projection du film et débat "Une journée portée disparue" à l'occasion de l' anni versaire du cessez-le-feu en d' Algérie. Projection du film "Métisse" de Mathieu Kassovitc.Débat. 20 mars au 1er avril: Pau présentation de l'exposition sur l'abolition de l'esclavage à la Bibliothèque Municipale. Film, lecture, musique, le lundi 21 mars. AUTOUR DU 21 MARS le 21: Paris-XVIIIème rencontre avec les jeunes de la mission locale Belliard. Emploi et racisme, projection du film "Enquêtes d'identité" de Daniel Kupferstein. Intervenant: Norbert Haddad. Bagnolet rencontre avec les jeunes du Cenre social Pablo Neruda. Racisme et Citoyenneté Intervenant: François Prunet. Valenciennes projection du film. "Les oubliés de l'Histoire". Conférence de presse prenant appui sur la présentation de l'exposition "Préjugés et stéréotypes racistes". 150 dossiers en couleur ont été adressés aux établissements scolaires de la région Nord-Pas-de-Calais. Pierrefitte "Je suis raciste, mais je me soigne!" projection du film "Yaaba " d' Idrissa Ouedraogo en direction des scolaires. Lyon soirée de solidarité et d'échanges dans le cadre de la Journée Internationale. Douai débat animé par J.C. Dulieu, membre du Bureau National présentation d'une exposition belge sur le racisme. le 22: Pierefitte "Je suis raciste, mais je me soigne!" projection du film "Monsieur Klein" de Joseph Losey. Rencontre avec les élèves du collège Courbet. Intervenant: Norbert Haddad. Poitiers conférence "L'Homme, origine et diversité biologique". Intervenant: Michel Brunet, paléontologue et biologiste. Agen projection du film "Qui chante là-bas?" de Siobodan Sijan. La séance a été suivie d'un débat. le 23: Limoges et les 24, 25 et 26 journées d'amitié. Quelles formes de solidarité active entre les peuples marocain et français? le 25: Epinay S/Seine fête de l'Amitié entre les Peuples, musique et danses kurdes, berbères et espagnoles. Denain projection du film "Inch Allah" de C. Briet. Brest un livre blanc mis à la dispositon des Brestois pour réagir aux événements d'Algérie et exprimer leur solidarité au peuple algérien. le 26: Brest journée de formation pour les adhérents et sympathisants. Le MRAP aujourd'hui à la lumière de son histoire. Le Code de la Nationalité, les contrôles d ' dentité, les nouvelles conditions d'entrée et de séjour des étrangers. Intervenant: Norbert Haddad. Pierrefitte "C'est la fête à la Maison du Peuple!" Spectacles d' animation, théâtre et CINQ MOIS D'ACTIVITÉS sketches contre le racisme. Saint A void soirée de l'amitié (repas, musique, chansons) avec le groupe péruvien "Taki LI acta". Une documentation interculturelle à votre service. Bibliothèque des 1001 peuples inaugurée à l'occasion de la Journée Internationale. le 27: Brest Journée de formation pour les adhérents et les sympathisants. La loi française contre le racisme, comment le MRAP peut se servir de cette loi et ne pas rester impuissant face aux multiples manifestations de racisme? Intervenant: Norbert Haddad. Saint Nazaire remise des prix aux lauréats du concours de dessins d' affiches, de poèmes, de clips vidéo et d'affiches antiracistes. le 29: Beauvais stage de formation à l'IUFM. Animateur: Mouloud Aounit. Nantes conférence "Les rapports Nord-Sud Racisme et fermeture des frontières". Agen projection du film "Les Oubliés de l'Histoire" rencontre avec les élèves du Lycée Georges-Leygues. le 30: Pontoise projection du film "Hexagone" de M. Chibane. Intervenant: Jean-Jacques Kirkyacharian. AVRIL Semaine Nationale d'Education contre le Racisme du 28 mars au 2 avril 1994. Grenoble envoi d'un questionnaire dans tous les établissements scolaires pour réfléchir et mettre en place des actions sur le thème du racisme et de l'éducation à la citoyenneté. Présentation de la pièce de Slimane Benaïssa "Le Conseil de classe". 1 er avril: Sceaux rencontre avec les élèves du Lycée Marie Curie.Intervenant: Norbert Haddad. Denain projection du film "Grand Huit" de C. Collar \. le 3: Bollène projection du film "Hexagone" de M. Chibane Intervenant: Hugues J uricic, président de la Fédération du Vaucluse. le 5: Clermont-Ferrand construire la paix en Palestine témoignage du Dr Naïm Abutair, médecin à Jérusalem. Montreuil rencontre avec les élèves du CES Lenain de Tillemont. Intervenant: Norbert Haddad. le 6: Pau "construire la paix" en Palestine Rencontre- débat avec F. et J. Salles de retour de El Quarara (Bande de Gaza) le 7: Marmande forum de la Fraternité "Vivre ensemble" aux couleurs de l' Afrique. Musique, danses, débat. Intervenant: Norbert Haddad. le 8: Denain projection du film "Les oubliés de l'Histoire". Stains projection du film "Coeur de Tonnerre". Intervenant: Norbert Haddad. Metz une visite exceptionnelle pour une action pédagogique. Petit Loup, un vrai chef Cheyenne a parlé de la vie des Indiens d'Amérique aux enfants de l'Ecole de La Farandole. Annecy ateliers d'écriture au Lycée Gabriel-Fauré "Vos papiers! Des poèmes ... " Intervenant: Michel Menasse le 10: Denain projection du film "Le thé au Harem d' Archimède" de Mehdi Charef le 14: Metz soirée théâtrale: "Les Emigrés" par le Théâtre Ben Msik de Casablanca. le 15: Valenciennes projection du film "Inch Allah" de C. Briet projection du film "Grand Huit" de C. Collard. Nancy conférence-débat "La situation actuelle en Algérie". Intervenants: Rachid Boudjedra, écrivain, et des journalistes algériens. Tarbes le comité fête ses 10 ans en présentant le spectacle d'Hocine Boudjema "Slimane". le 20: Aulnoye-Aymeries projection du film "Hexagone" de Malik Chiban débat avec le réalisateur. Metz conférence: "Le Front National a-t-il un avenir?" Intervenant: René Monzat. 7 le 21: La Courneuve les Pionniers de France - Festival de l'Enfance rencontre avec les enfants sur le thème de la lutte contre le racisme et les exclusions. Intervenants: Mireille Maner, Norbert Haddad, secrétaires nationaux. le 22: Perpignan réunion publique de solidarité "Le MRAP et la paix en Algérie" Intervenant: JeanJacques Kirkyacharian. le 23: Limoges Fêtes de l'amitié entre les peuples débat animé par Alain Miranda, président national. le 25: Marseille conférence de presse en forme de témoignage pour la solidarité avec le peuple algérien. le 30: Wavrechain sous Denain projection du film "Les oubliés de l'Histoire". Montreuil sous Bois "Cité Jeunes: Nous avons des choses sérieuses à dire!" Initiative sur la citoyenneté. Intervenant: Norbert Haddad. 1 er mai Héricourt journée de lutte et de débats organisée par le Comité, repas avec un menu sénégalais; chants, danse et musique portugaises, débat sur le thème de la lutte contre les fascismes, les intégrismes, le néo-nazisme renaissant. le 3: Belfort conférence conséquences de lois Pasqua- Méhaignerie: comment lutter contre le racisme et l'intolérance? Intervenant: Norbert Haddad. le 7: St Léger du Bourg Denis projection du film "Les Oubliés de l'Histoire", rencontre avec les élus du Conseil Municipal Jeunes. Intervenant: Liliane Lainé. le 10: Bergerac assemblée générale constitutive de la Fédération de Dordogne avec la participation d' Alain Miranda. Pau conférence: "Afrique du Sud: après les élections, et maintenant?". Intervenant: Christine Abdelkrim, journaliste le 14: Pierrefitte veillée pour les Droits de l'Homme organisée par la JOC-JOCF. Animation de l' atelier: "Vivre ensemble avec nos différences". Intervenant: Norbert Haddad. le 15: Avignon journée de formation: "Les Tsiganes et les Gens du Voyage". Intervenant: Bertrand Bary, membre du Bureau National le 17: Nice pour célébrer la fin de l'apartheid, présentation de la pièce de théâtre "Drums and Dreams" par la troupe Soyikwa du township de Soweto. le 18: Marseille assemblée générale extraordinaire de la Fédération des Bouches-du-Rhône. Intervenants Mouloud Aounit et Paul Muzard, secrétaire général adjoint. le 20: Metz conférence-témoignage sur le droit d'asile et les droits de l'Homme. Intervenants: Gérard Noiriel, historien, Carlos Bravo, FAST!. Saint Martin d'Hères pour fêter la nouvelle Afrique du Sud "Libres, enfin!" avec Abou Fall et sa compagnie Madior. le 21: Chartres conférence "La lutte contre le racisme, en France aujourd' hui". Intervenant: Norbert Haddad. le 25: Pavillons sous Bois rencontre avec les élèves du LP Claude Nicolas Ledoux. "Racisme et exclusion. Les nouveaux textes de lois concernant le Code de la Nationalité". Intervenant: Norbert Haddad. le 26: Marmande conférence-débat "Citoyenneté ou apartheid en France?" Intervenant: Fausto Giudicce, écrivain-journaliste le 28: Chelles journée d'information sur "la tolérance". La Courneuve "Festival pour le bonheur d'être jeune" organisé par la JC avec le soutien de la Fédération de Seine-Saint-Denis du MRAP. Participation de Mouloud Aounit, Mireille Maner et Norbert Haddad. 13ÈME FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D'ISTANBUL CINEMA TURC EMBELLIE ET MENACE DE BANQUEROUTE APeine la santé retrouvée avec 83 longsmétrages l'an dernier contre une trentaine en 1992, la crise accompagnée d'une vertigineuse dévaluation, alors même que la Mairie de la capitale intellectuelle de la Turquie vient de tomber dans l'escarcelle électorale du Parti Islamiste, font s' amonceler les nuages sur l'avenir économique du 7me Art national. Pourtant des réalisateurs parmi les plus grands continuent de fourbir leurs projets pour cette année. Quant au festival International du film d' Istanbul, indépendant de la Mairie et parrainé par la Fondation culturelle privée Eczacibasi laïque et républicaine, il affichait une certaine confiance à l'issue de sa l3e session le 17 avril. Une fois encore, près de 40 000 spectateurs avaient pu voir plus de 150 films du monde entier, parmi lesquels 22 films turcs nouveaux. Cette année, une fois n'est pas coutume, le Jury International, présidé par Arthur Penn (avec, parmi ses membres, Arturo Ripstein , Tolomouch Okeyev, Tevfik Basar entre autres) a décerné sa plus haute récompense, la Tulipe d'Or, à un film turc: "L'exil Bleu" d'Erden Kiral (le second prix allant à la coproduction franco-roumaine "Trahir" de Radu Mihaileanu). Après "Une Saison au Hakkari" (Ours d'Or Berlin 83) sur l'exil d'un instituteur au fond de l'Anatolie durant la dictature, "L'exil Bleu", coproduction turco-grecoallemande, Kiral s'inspire d'un célèbre roman autobiographique d'avant guerre de Cevdat Sakir, "Le Pêcheur d'Halicarnasse" sur un journaliste exilé à Bodrum en 1925 pour avoir dévoilé les désertions de soldats de la nouvelle armée kémaliste. Le héros, grand bourgeois libéral d'Istanbul, finit par se marier et se fixer dans son lieu d' exil, retrouvant une harmonie d"'homme ordinaire" en symbiose avec la nature. Rançon d'une accumulation d'anecdotes et de 'flash-back' (une des plaies du cinéma turc avec le manque de crédibilité des scénarios) l' histoire originelle perd en force ce qu' elle gagne en beauté grâce à une photographie et à un montage raffinés. Dans la compétition nationale, c'est Yusuf Kurçenli (auteur en 90 d'un fort "Nuits de blackout" sur la dictature) qui a été couronné "meilleur réalisateur de l'année pour "La Désintégration", servi par le talent du grand acteur Tarik Akan sur la désillusion d'un comptable moyen-bourgeois istanbouliote, saisi par l'écriture, que ses idéaux politiques ont abandonné après les luttes contre la dictature. Sa maîtresse est mariée à un prisonnier politique et oscille entre son devoir et son amour. Le film offre un intéressant retour sur un passé idéalisé qui prend une forme religieuse lorsque, tout au long du film, le héros se remémore son initiation, enfant, dans un couvent de derviches mevlevis ("tourneurs") au 'zikir', mémorisation du nom d'Allah au cours de danses extatiques. La désillusion du présent ramène à un patrimoine occulté par le laicisme d'état (cérémonies religieuses, calligraphie arabo-ottomane), thème esquissé cette année par plusieurs réalisateurs. UN THÈME INTÉRESSANT MAIS FASTIDIEUX Télévisuel, le film "islamiste" "Atif Hodja d'Iskilip" de 8 Mesut Uçakan, lui, va droit au but : la dénonciation du lacisme kémaliste à travers l'histoire vraie d'un grand homme de religion qui en 1924 avait pourfendu l"'imitation de l'Occident" dans un pamphlet et qui fut expéditivement condamné à mort pour son opposition à l'imposition brutale du couvre-chef occidental qui interdisait la pratique orthodoxe de la pnere et qu'un avocat d'au j ourd' hui réussit à faire réhabiliter. Un thème intéressant rendu fastidieux par son traitement "sulpicien". "BlocC", premier film du jeune Zeki Demirkubuz méritait son Prix Spécial du jury national car c'est une puissante exploration, un peu lente, du bovarysme d ' une belle habitante désoeuvrée d'un grand-ensemble moyenbourgeoios montré comme déshumanisé de la banlieue d'Istanbul et la peinture d'une lente dérive vers la désespérance et la nymphomanie. Le solide vétéran Atif Yilmaz qui avoue "environ" 150 films à son actif, souvent mieux inspiré, s'est un peu fourvoyé dans un thème à la mode en Turquie, illustré avec force et brio l'an dernier par son jeune collègue Ohran Oghuz ("Siffle si tu reviens "), avec "La Nuit, un ange et son enfant", exploration plutôt tendre, humoristique et toujours sympathique pour les femmes de l"'underworld" de Beyoglu (Pera) où tout y passe pêle-mêle : prostituées (avec la ravissante Derya Arbas), travestis, boîtes de nuit interlopes, maquereaux. LE MONDE À L'ENVERS Il faut également citer l"'hénaurme" et désopilante comédie, deuxième film d'Ersin Pertan, "Le Monde à l'envers" . A Istanbul aujourd'hui, avec ses mêmes ruelles, usines, bureaux, prisons, les femmes ont pris la place des hommes qui, "au foyer", tricotent, biberonnent, papotent, vont à la corvée d'eau et au marché. Les dames elles, travaillent, jurent comme des charretiers, jouent, boivent draguent et exercent un droit de cuissage sur leurs collègues mâles et/ou les tabassent. Outrée, cette charge fait cependant mouche en ridiculisant des traits bien réels d'une société encore largement machiste. Apparemment sous-estimé, l'un des évènements de ce festival fut "un bateau ancré dans le désert" de l'un des plus fins réalisateurs et hommes de théâtre turc, Basar Sabuncu. Rarement l'adaptation d' une pièce de théâtre au cinéma (Sabuncu avait connu le succès avec la parabole théâtrale des affrontements nés de la dictature "La Cuisine des Riches" portée à l'écran en 88), ici la superbe pièce homonyme de Nazim Hikmet, a été aussi convaincante. Servi par trois acteurs époustouflants, Mujdé Ar, Tarik Akan et Halil Ergun, c'est, dans le huis-clos d'une gare isolée dans les neiges du plateau anatolien pendant la guerre d'Indépendance turque, lors de l'offensive grecque (1921), l'affrontement des frustrations sexuelles, sociales et des rapports de force inhérents à une telle situation, transcendés sans prêchi-prêcha idéologique ou patriotique lors d'une attaque d'ennemis de la République. Mais avec seulement 5 films réalisés en cette fin avril, la profession se demande si elle passera la crise ... Yves THORA VAL , HOMMAGE A FERNANDE VILLAEYS Fernande Villaeys, membre du Conseil National du MRAP, militante active et trésorière du comité parisien des 14e et 15e arrondisements, est décédée des suites d'un cancer le 11 avril 1994. Elle était âgée de 74 ans. Elle laisse un vide immense dans le coeur de tous ses amis, et nous avons particulièrement une pensée pour sa fille Dominique, qui a tant compté pour elle. Une importante délégation du MRAP a assisté à ses obsèques où de vibrants hommages lui ont été rendus. Fernande a été incinérée et repose au Colombarium du cimetière du Père-Lachaise. Nous publions ici les hommages rendus par les responsables du MRAP aux obsèques de Fernande. Je tiens ici, au nom de l'ensemble du Mouvement, à exprimer à ses amis et ses proches nos condoléances. Fernande nous a quittés. Elle laissera pour chacun d'entre nous un vide, une absence pesante, le goût amer d'une disparition d'une compagne précieuse de route de 20 ans au service de l'Autre, des autres. L'énergie dans ses convictions avec cette colère douce, tendre, mais ô combien redoutable contre toute négation des droits des individus, la discrétion qui fit de Fernande cette militante redoutable pour qui l'engagement n'avait qu'un seul sens: celui de mettre en pratique, infatigablement, la parole aux actes. Servir les autres était le sens de sa vie. Fernande était une combattante au sens le plus noble du terme. Sa vie de labeur comportait des qualités rares qui font des êtres simples des gens qui méritent le respect: la volonté, l'énergie, la discrétion. Cette volonté qui l'amena à l'âge de Il ans à être une petite marchande de chaussures pour finir à un poste de secrétaire de direction d'une firme multinationale. Servir les autres, ceux qui souffrent, ceux dont les droits sont reniés centrait sa vie et qui l'amena à combattre pour l'égalité des femmes et à s'engager opiniâtrement au service de ceux exclus de droits, bafoués dans leur dignité, parce que différents. Ce combat pour le respect des autres, ces autres lui ont rendu. Est-ce un hasard de la vie, si, jusqu' à son dernier souffle dans cette clinique, le sourire de cette infirmière malgache, Marceline, le lui rendit comme un remerciement pour toute l'oeuvre qu'elle a accomplie pour les autres. Fernande avait un sens concret et pratique des choses: tu fus de ceux pour qui les grandes choses ne se faisaient pas au-dessus des gens, mais avec eux et pour eux, et cela, tu le fis sans compter. Ton antiracisme était redoutable. Tes armes aussi: ta gentillesse, ta douceur, ta chaleur humaine et la tendresse de tes yeux bleus. Ton comportement désarmait plus d'une personne qui recevait de toi un tract, un badge. Le MRAP n'existe que par ceux qui le font c'est-à-dire une communauté humaine faite d'apports, d'engagements singuliers et dont la richesse est faite de cette communauté plurielle au service des autres. Tu fus de ceux-là. Fernande nous laissera une leçon forte pour chacun d'entre nous. La force de ses convictions qui, même malade, souffrante, ne rechignait pas aux sollicitations du Mouvement. Fernande, ton combat est un exemple pour nous tous. Il nous 9 encourage plus que jamais à prolonger ce qu'ensemble nous avons bâti. Ton souvenir nous donne aujourd'hui une énergie renouvelée pour poursuivre ce combat commun contre l'injustice. Merci Fernande. Mouloud Aounit Secrétaire général du MRAP Chacun revoit dans toutes les manifs, par tous les temps, au mépris de ses souffrances, cette femme frê le, opiniâtre et gaie. Un tract distribué, un journal vendu , un badge épinglé, elle savait ces gestes indispensables pour qu'un peu plus de vérité, de volonté s'emparent des consciences, Pour que la résolution des honnêtes gens grandisse et que l 'injustice recule. Par sa générosité lucide, elle donnait au militantisme sa noblesse pleine et entière. Elle appartenait à cette race des combatifs qui se préoccupent moins de soi-même que du monde à transformer, qui ne cherchent pas à être ou devenir quelqu'un, mais se consacrent à changer quelque chose par le seul moyen qui vaille: s'investir comme individu dans un mouvement collectif et populaire. C'est un fait qu' il y a autour de nous beaucoup de choses moches, indignes, inacceptables. Si le refus de se soumettre, l'effort pour maîtriser le réel, le sens de la solidarité, font la dignité du genre humain, nul doute alors qu'elle en était, dans sa modestie, une parfaite illustration . Elle savait s'affirmer sans défi, mais sans rien concéder de ses convictions profondes, faire face avec allant sans rien dramatiser. Heureux le MRAP d' avoir été choisi par elle, si exigeante, pour le don de tant de richeses au service de ses idéaux et de ses luttes! Le MRAP n'existe que par ses militants qui en sont la chair et le sang et l'âme. Tant qu'il en accueillera de cette trempe, il fera fructifier son patrimoine de démocratie et d'efficacité.Il faut à une association des adhérents dévoués et fraternels, mais qui ne s'en laissent pas conter; des participants actifs aux yeux ouverts , au franc -parler, qui n' hésitent pas à rappeler, si besoin est, les principes adoptés en commun. Pour Fernande, les pensées, les paroles, les actes, c'étaient tout un.Elle nous convainc, par son exemple, de réagir et agir jusqu'au bout de nos forces; elle nous inspire l'optimisme nécessaire au combat quotidien. Et son sourire chaleureux nous encourage. Albert LEVY ancien Secrétaire Général du MRAP Fernande, Pour nous tous, tu es et resteras un exemple d'engagement antiraciste , de dévouement sans faille à une cause que tu plaçais très haut. Tu as lutté pour les autres, pour la fraternité entre les hommes, avec une constance et un courage hors du commun. Sur les marchés, ta petite silhouette ne passait pas inaperçue tant tu savais charmer les passants. Tu aimais ces momens-là, ces contacts directs avec les gens où il faut convaincre et toucher avec quelques mots justes. A ces gens-là aussi ton enthousiasme et ta gaîté manqueront. Tu as porté notre comité local, tu lui as permis de se développer. Nous admirions ton énergie et elle nous donnait de la force. Maintenant, la relève est là et tu en étais contente. Ton appartenance au MRAP dépassait la simple adhésion à un mouvement d'idées: tu nous disais souvent que c'était un peu ta famille , une communauté riche de la pluralité de ses individus, au service des autres, visà- vis de laquelle tu savais te montrer exigeante, mais toujours chaleureuse . Les sorties au théâtre (une autre de tes passions) que tu nous organisais régulièrement permettaient à tes amis de se retrouver à tes côtés. Grâce à l'élan de tes convictions et à la richesse de ton apport, les liens de cette famille se sont renforcés. C'est ainsi que nous pourrons aller plus loin. Fernande, merci! Alain Ribat Président du MRAP PARIS 14e-15e LES LOIS PASQUA Partager le coup de colère contre l'exclusion de Monseigneur Gaillot est plutôt agréable. Dans ce petit livre (1 ), l'évêque d'Evreux trace une sorte de bilan de l'année écoulée. C'est en chroniqueur talentueux, qu'il met en garde contre les effets des lois Pasqua-Méhaignerie. A l'attention de chacun sont rappelés les commentaires et les analyses de journalistes, spécialistes et responsables d'associations, et à l'attention de ceux qui découvrent les faits, sont répertoriés les cas graves d'atteinte aux principes et aux droits de l'Homme. Le tout est dans le style de Mgr Gaillot: une violente colère parfaitement maîtrisée à l'image du regard bleu-horizon de cet homme d'Eglise "pas comme les autres". En allant interviewer Monseigneur Gaillot à Evreux, nous savions dans quelle direction allait porter notre attention. Il restait à comprendre pourquoi et pour qui Monseigneur Gaillot a tenu à témoigner. Puis, chemin faisant, nous avons découvert un autre livre(2), une attachante autobiographie, dont nous publions un court extrait ci-contre. Un livre par lequel, au-delà des coups de gueule de l'évêque, on découvre un homme attaché tout autant à l'Eglise, au célibat et à l'Evangile qu'à la laïcité, à la tolérance et à une vision oecuménique du monde. LE COUP DE GUEULE Différences: A quoi sert un "coup de gueule contre l'exclusion" signé Gaillot: prêcher à des convaincus, pourrait-on penser, ou tenter de parler à ceux qui n'entendent pas? Monseigneur Gaillot: Il s'agissait pour moi de sensibiliser cette partie de l'opinion qui justement sait et sent que l'on ne peut pas faire n'importe quoi avec l'étranger mais qui, dans le même temps, craint pour sa sécurité et tient à la conserver. Le but est de faire prendre conscience à ces personnes qu ' ils sont victimes d'un vrai problème qui est notamment le manque d'information: ils ne savent pas vraiment ce qui se passe et ce qui se trame. Cette partie de l'opinion, chrétienne ou pas, doit savoir que les lois Pasqua-Méhaignerie sur l'immigration sont scélérates, qu'elles mettent en danger notre identité et notre culture. C'est pour informer que j'ai écrit ce livre, pour que l'on ne puisse pas dire dans quelques années: je ne savais pas. Et si j'ai adopté le ton du pamphlet c'est simplement pour être entendu. On vous connaît publiquement comme un homme d'Eglise particulièrement attaché à la dignité de l'étranger: d'où vous vient cette sensibilité particulière? Mgr Gaillot: Je suis chrétien et l'enseignement de l'Evangile m'est précieux, c'est une source infinie de joie et d'attention à l'Autre. l'affirme que les chrétiens sont pleinement dans leur rôle lorsqu'ils s'occupent de l'étranger. Cette parole de la Bible "Qu'as-tu fait de ton frère?" murmure au plus profond de chacun de nous. Nous ne pouvons pas nous y dérober, chacun là où il est, même si la crise économique et sociale plonge tant de gens dans la précarité et l'indifférence. Sauver l'étranger, être solidaire de sa détresse et des injustices qui le frappent, c'est nous sauver nousmêmes. Pour être pleinement conscients de cette responsabilité, encore faut-il savoir ce qui se passe réellement. Pourtant, le thème de l'immigration est partout présent ... Mgr Gaillot: Beaucoup ne savent pas ce que ces lois induisent dans la vie concrète. Lorsque j'ai été invité à l'émission de télévision Froufrou, il y a quelques semaines, j'ai parlé de Farida, un cas 10 parmi d'autres que je cite dans mon livre. Cette jeune femme est venue rejoindre son ami, réfugié politique en situation régulière. A la rentrée scolaire, Farida a voulu inscrire à l'école sa petite fille âgée de cinq ans. Et bien savezvous ce qui s'est passé? Le processus administratif a été enclenché, et Farida a dû monter dans l'avion, laissant sa petite fille derrière elle. Christine Bravo, l'animatrice ce cette émission a été étonnée par la réalité de cette histoire. Pourtant, des histoires comme celles-là, inhumaines et injustifiables, sont de plus en plus nombreuses. Et les lois qui les rendent possibles sont passées dans une indifférence quasi-générale. Pouvez-vous nous dire dans quelles circonstances vous avez découvert ce rapport à l'inconnu, à l'étranger, qui, de nous jours, fait si peur? Mgr Gaillot: C'est assez simple. l'ai fait mon service militaire en Algérie, c'était en 1957 et cela durait 28 mois à l'époque. J'ai eu la chance de ne pas devoir porter les armes contre la population. A ma demande, j'ai été affecté au sein d'une SAS, une Section administrati ve spécialisée, dans l'est de l'Algérie. C'est là que j'ai appris au contact d'une terre étrangère à vivre ma foi en solitaire et en harmonie avec les musulmans. Jusque-là j'a vais été très protégé, j'aurais dû avoir peur de vivre ainsi en exil. Au contraire, j'étais curieux; au milieu d'autres croyances, d'autres coutumes, les rencontres m'étaient sources de prière. La vie avec les musulmans m'a beaucoup enrichi. Les SAS disposaient de pas mal d'argent pour appliquer ce que l'on appelait la "pacification". Alors, on élaborait des projets pour ouvrir une piste, faire venir l'eau, construire une salle de classe ... Cette guerre que les Français n'ont pas oubliée contribue malheureusement à nourrir le racisme à l'encontre des Maghrébins et plus particulièrement des Algériens. Vous avez, par vos prises de position sur un certain nombre de questions sensibles, une réputation de marginal. Est-ce que vous assumez cette image ou bien faut-il la relativiser? Mgr Gaillot: Le prêtre n'est pas, à mes yeux, un notable mais un compagnon. Il ne serait pas capable de servir les hommes s'il restait étranger à leur exis- INTERVIEW DE MONSEIGNEUR GAILLOT tence et à leurs conditions de vie, à leurs interrogations. C'est parce que je me suis mêlé de cela que j'ai acquis la réputation que vous évoquez et je ne le regrette pas. Quant aux marges, c'est bien là qu'il faut aller, c'est là que le message ou le cri d'amour doit être entendu. Gagner le large, comme l'y invite l'Evangile, est une démarche risquée. C'est à la table des pécheurs que le Christ s'est assis, il n'y a pas de parias pour Celui qui a brisé nos chaînes, Sa parole est faite pour être jetée loin y compris en des lieux qui peuvent paraître suspects. Je ne peux pas passer à côté de ceux qui doutent et s'interrogent. Et l'Eglise, faut-il le rappeler, appartient à tous les chrétiens, pas seulement aux clercs. Il faut s'adresser à ceux qui sont restés à la porte de l'Eglise sinon nous passerions à côté de notre mission. Les lois concernant l'immigration, sont, dites-vous, à lafois dangereuses et inapplicables: c'est un peu paradoxal. Mgr Gaillot: Tous les cas dont je prends connaissance, directement à l'évêché, par les associations ou par les journalistes, conduisent à penser que ces mesures sont plus graves qu'elles n'en ont l'air. Elles sont, dans le sillage du discours de l'extrême droite, mensongères parce qu'elles font croire qu'elles contribuent à améliorer les conditions des plus démunis. Dans son livre, Croissance Zéro, le démographe Alfred Sauvy l'a démontré pour les Etats -Unis où l'arrêt de l'immigration en 1923, loin de réduire le chômage, l'a augmenté en diminuant le nombre des consommateurs. On oublie trop souvent que l'immigré est un consommateur et un investisseur potentiel. Mais dans le fond, la plus grave des nouvelles lois concerne la réforme du code de la nationalité: parce qu'elle touche aux principes fondamentaux et aux mineurs. Voilà une loi qui me met en colère à chaque fois que j'en parle; parce qu'elle instaure une discrimination dans l'école qui doit être une école de l'égalité. Je connais un proviseur qui se refuse à faire de l'information autour de cette loi pour ne pas introduire une discrimination dans son école. Est-ce qu'on se rend bien compte de ce que tout cela signifie? L'explosion est à venir. Parce que dans quelques années lorsque ces jeunes s' apercevront qu 'ils ne sont pas français, que feront-ils, que diront-ils, que penseront-ils? Et nous, qu'allons-nous invoquer pour avoir laissé faire? Comprenez-moi bien, je ne souhaite culpabiliser personne. Je désire simplement que les gens qui sont attachés à la justice sachent ce qui vient de se tramer contre elle. Pourquoi, selon vous, ces lois sont-elles inapplicables? Mgr Gaillot: Question de réalisme. Schématiquement, vous avez au sud des peuples jeunes, dynamiques et pauvres et au nord, des peuples vieillis, à la natalité faible et riches. On ne peut rien contre ces flux migratoires, rien d'autre qu'une coopération différente de celle du passé qui a lamentablement échoué. Le Haut Conseil à l'Intégration admet luimême que ces mesures sont inapplicables. A moins de mettre les gens dans des camps, on ne pourra pas renvoyer chez eux tous ceux qui arrivent à rentrer chez nous. Alors, pourquoi mentir? Au lieu de cela, on a grignoté le droit d'asile jusqu'à lui ôter toute substance. Un pays doit, j'en conviens, avoir une politique d'immigration mais pas en laissant mourif" de faim un demandeur d'asile dans une cellule, ou en renvoyant à la mort et à la torture des Kurdes ou des Iraniens. Vous êtes dans ce livre particulièrement féroce à l'égard de Charles Pasqua, promoteur de ces lois. Mgr Gaillot: A cause des lois qui portent son nom. Je n' ai aucune haine à l'égard de cet homme et je n'ai rien contre la fonction qu'il occupe. Mais Pasqua joue sur du velours, et il jouit d'une liberté d'action peu commune tant vis à vis de la classe politique que de la population, et il en jouit en comédien de talent. Et cela m'est insupportable. Il s'engage avec brio, à chaque fois qu'il parle ou qu'il signe, à colmater toutes les brèches en se glissant dans toutes les fissures de la xénophobie et du racisme. Je voudrais partager ma colère et faire prendre conscience de ce qui est insupportable pour l'homme de coeur et de raison. Interview réalisée par Chérifa Benabdessadok ( 1) Coup de gueule contre l'exclusion, L'année de tous les dangers, Editions Ramsay (2) Monseigneur des autres, Editions du Seuil, Coll. Points actuels 11 LA VIE D'UN ÉVÊQUE N'EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE , 'Vous êtes l'évêque des chrétiens sans Eglise", le "prélat des marges". Qui m'aurait dit qu'un jour ces appellations me serait attribuées? Et que je serais amené à passer sur d'autres rives pour prendre pied sur des terres étrangères? Gagner le large est toujours une démarche risquée. Rejoindre des hommes et des femmes qui vivent. souffrent, luttent, suppose une passion pour eux. C'est un compagnonnage au quotidien qui sent bon l'aventure. C'est un chemin d'humanité qui transforme le regard, modifie le langage, tisse des liens. A la suite du Cbrist. je vais m'asseoir à la table des pécheurs pour que la grande rumeur de l'Evangile soit entendue. Car il n' y a pas de parias pour Celui qui a brisé nos chaînes. Aucune terre n'est interdite au message de bon beur du Christ. Sa parole est faite pour être jetée loin. y compris en des lieux qui peuvent sembler suspects. Mais tout le souffle de Dieu nous précède, préparant une étonnante complicité de l'homme avec l'Evangile. Défendre les droits de l'homme, aller visiter un prisonnier en Afrique du Sud. écrire dans des revues qui ne se trouvent pas dans les présentoirs des églises, pru1iciper à l'émission télévisée Ciel mon mardi! , c'est inlassablement rejoindre tous ceux dont l'Eglise est loin. Faire route avec des hommes et des femmes de notre temps, c'est une démarche de fraternité et non de conquête. n ne s'agit pas de ramener au bercail, mais de cheminer humblement. Sur cette route, chacun offre et reçoit. Une parole de bonheur peut surgir qui donne sens à l'aventure humaine et transfigure la vie. Je ne me fixe jamais, et devenir un notable serait contraire à la mission. Car la démarche évangélique est ainsi: elle oblige sans cesse à avancer vers des terres lointaines, qui ne sont pas toujours belles. Au contraire. Jésus répète à ses disciples: "Allez en eaux profondes! Allez au large!" et il fait scandale. Comme lui, je crois qu'i! faut se compromettre et rencontrer des gens mal vus, sur des territoires suspects. C'est à cette intuition que j'ai cédé, par exemple, en allant voir le film tant décrié de Martin Scorsese. La Dernière Tentation du Christ. De même, en accordant des entretiens à la revue Lui ou à celle des homosexuels. Gai Pied Hebdo, j'avais l'ambition d'avancer en eaux profondes, pour rejoindre des inconnus de l'Eglise. Ce passage sur d'autres rives m'a demandé du temps. Un long chemin a été nécessaire. Il a fallu que des cercles se brisent dans ma vie pour que je m'engage dans cet itinéraire spirituel. Au vrai, les événements m'y ont contraint, sans rel.cbe. Cbaque fois que je pensais pouvoir m'arrêter. quelque cbose me poussait au-delà, plus loin que je ne l'imaginais. Au point que ceux qui m'ont connu autrefois en me reconnaissent plus. Mais la vie d'un évêque n'est pas "un long fleuve tranquille" ... ' ,. COURRIER A PROPOS DE L'EX-YOUGOSLAVIE Depuis bientôt trois ans. ulle guerre ayant comme objectif la constitution d'uo Etat ethniquement homogène se déroule sur le territoire de l'c)( · Yougoslavie. Le MRAP qui, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, a clairement combattu la politique d'apartheid du gouvernement d'Afrique du Sud, dénonce, certes, la politique de purification ethnique, mais sans mettre cn cause le principal responsable: le gouvernement serbe. Certes, comme dans toutes les guerres. des atrocités ont été commises dans tous les camps. Les condamner nc dispense pas de distinguer l'agresseur et l'agressé. la solution de facilité étant de renvoyer -comme ccrtains au temps de la guerre d'Espagne- les belligérams dos à dos. Comment, ccpendant, ne pas se rendre à l'évidence, certains faits étant maintenant correctement établis: - le premier agresseur est bien le gouvernement serbe: l'armée fédérale (en fait scrbe) a envahi en 1991 la Slovénie (mais elle a été obligée de s'en retirer rapidement), puis la Croatie. Elle occupe. depuis, la Krajina, soit le tiers du territoire croate; - la prcmitre grande ville "puri· fiée ethniquement" fut Vukovar dont la majeure partie des habitants fut massacrée après un siège de 88 jours(l), Le MRAP a longtemps commémoré le massacre de Sharpcvillc, Je propose que l'on commémorc de mime l'anniversaire du massacre de Vukovar par l'armée serbe - les rapports rassemblés dans "Le Livre Noir de J'ex-Yougmlavie" (Editions Arlea-1993) établissent clairement que l'armée et les milices serbes ont pratiqué les premières une politique systématique de purification ethnique alors que les exactions croates et musulmanes sont surtout le fruit de vengeances personnelles - l'armée serbe et ses alliés occupent 70 % du territoire bosniaque et bombardent encore quotidiennement Tuzla, Goraz· de, etc, Qui bombardait Sarajevo? Le communiqué du MRAP du 24 janvier 1994 condamne " la poursuite des bombardements et des tirs de snipers contre la population de Sarajevo" comme si chacun ne savait pas "qui" bombardait. La !eclllre en continu des communiqués du MRAP et de Différences révèle que dans un premier temps notre Mouvement s'est désintéressé du conflit et ensuite a, de fait, pris parti pour l'agresseur (cf. la réponse de J .1. Kirkyacharian à une lettre de lecteur dans le numéro de mars 1993 de Différences) avec, curieusement, de temps à autre, des prises de position différentes (par exemple le communiqué du II mars 1993 où il est affirmé "que la responsabilité de M. Milosevic est écrasante"), L'analyse détaillée des posi[Îons ondoyantes du Mouvement excéderait la place accordée au Courrier des Lecteurs. Mais il faudra bien qu'un grand débat ait lieu pour expliquer comment un mouvement antiraciste n'a pas clairement condamné la politique d'un Etal qui prati que ouvertement une politique visant à constituer une espace ethniquement pur en déplaçant ou en extenninant les minorités jugées indignes de vivre sur le territoire du Grand Reich ... pardon! de la Grande Serbie. le 5 avril Xa~Îer Schapira Fét/ératioll du Tarn 1) cf le limoiS,wge de Jean Hatzfeld. "L'Ai, de la Guerre". Editio"" de l'Olivier, /994. L'ESCALADE C'EST L'IMPASSE Contrairement à ce qui s'était passé à Sarajevo lors de l' ultimatum pour le retrait des armes lourdes serbes, les frappes aériennes de Gorazde ne semblent aboutir qu'à encourager les milices de Karazdic dans leurs provocations. On peut craindre que. selon la logique du pire qui est souvent celle des mauvaises causes, les nationalistes serbes ne s'ingénient à rendre la situation en Bosnie encore plus tragique, encore plus ingérable. 12 Ce calcul monstrueux doit être déjoué, La seule issue possible au drame bosniaque ainsi qu'à celui de l'ensemble de l'ex-Yougoslavie est politique. N'oublions pas les deux millions d'Albanais de souche persécutés au Kosovo de mille manières, souvent les plus cruelles, qui résistent selon les méthodes de la non -violence et espèrent tout d'une règlt:ment général ùans la région. Avec ou sans la Russie, les Occidentaux ont le pouvoir d'imposer une sol ution pacifique: il suffit qu'on le veuille. A cette fin une conférence internationale pourrait être convoquée à Sarajevo, à Belgrade ou ailleurs, obligeant les armes à se laire. Nous continuons à demander à Monsie ur le Préside nt de la République d'intervenir de toute son autorité pour qu'une solution de ce type s'impose sur le terrain et qu'une voie s'ouvre vers une nouvelle coexistence entre les peuples de l'ex-Yougoslavie. Communiqué du MRAP du /3 avril HOMMAGE A PIERRE GRISVARD DU COMITÉ LOCAL DE NICE Un fidèle, souriant CI intelligent compagnon, vie nt de nous quitter. Pierre Grisvard a été enlevé, en ceue fin avril 1994 (par maladie) à 54 ans. Militant des premières années, il fut membre du Bureau à Nice, trois années, enlre 1977 el 1980; il reSla un adhérent fidèle et actif depuis. Aucune des difficultés qu'il a pu rencontrer ne porta alleinte à son sang·froid et 11 son sourire. Avec lui, l'analyse fu t loujours première, intelligente, jamais dramatisée. Pierre, enseignant supérieur et chercheur en mathématiques, mellait une priorité et beaucoup de travail à promouvoir la matière grise et l'amitié dans une Afrique qu'il connaissait et affectionnait. Une écolc de bonne qualité y a vu le jour, grâce à lui. Nous perdons un ami et un compagnon de valeur. Si le MRAP est, dans les Alpes-Maritimes comme ailleurs, c'est grâce à des militants et militantes de cette fidélité, de celle qualité. Adieu, Pierre ct... merci! Pour le CL de Nice Alays Carton SANS LOGIS ET LOGEMENTS VACANTS Le 24 mai, 37 personnes dont 18 enfants, tous sans logis, se sont installées dans un immeuble parisien vide appartenant à la Banque de France sous la responsabilité de l'Abbé Pierre, Albert Jacquard, Léon Schwarzenberg, Mgr Gaillot et de nombreuses personnalités associatives et politiques, avec le soutien de nombreuses associalions dont le MRAP. Au moment où nous mettons sous presse, les syndicats de sa lariés de la Banque de France apporteOl leur solidarilé dans un texte commun à cette iniliative. li faut noter qu'en lIe-de-France. 309000 logements sont vacants. dont 11 7000 à Paris, A suivre dans notre prochaine édition. 89, rue Oberkampf 75543 Paris Cedex 11 TéL: 48068800 Télécopie: 48 06 88 01 • Direc:teur de la publication Mouloud Aounit • Gérant bénévole Martial Le Nancq • Rédactrice en chef Cherifa Benabdessadok • AdministratIon - gestion Patricia Jouhannct • Abonnements Isabel Dos Martires 120 F pour 4 numérmJan 12 F le numéro • Mise en page Arco-Tél.:48501811 • tmpresslon Montligeon TéL: 33 8S 80 00 • Commission paritaire n° 636341SSN 0247-9095 Dépôt légal 1992-10 J

Notes

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