Différences n°146 - novembre 1993
Sommaire du numéro
n°146 de novembre 1993
- Edito: Rendez-vous le 5 février par Mouloud Aounit
- Logement et discrimination: des moyens et de la volonté par C. Benabdessadok
- Israël Palestine: la marche vers la paix [moyen-orient]
- Développement du MRAP: construire la proximité antiraciste par Paul Muzard
- Mandela prix Nobel de la paix [Afrique du Sud]
- Liberté d'expression: cent intellectuels arabes et musulmans signent pour Rushdie
- Grande-Bretagne: l'extrême-droite s'enracine à Londres par Cathie Lloyd
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) 1 NOVEMBRE 1993 . N' 146 . 10 F ED 1 T 0 RENDEZ-VOUS LE 5 FEVRIER Iolira wil en Fralte !Iep.is l'âge de 16 ans. MIIIIIII d'ule petite fille de l ans, elle o,b~e Ile rMp&r i IRlf! l' sacro'saint formulaire. Ene doil quiller le terriloie. NDIHn Mis., (DHOIIlllÎS, ",msR de pI.siqIIe, " Ir ... depti. de ... brM" _ , ., ,ni de q". ~ ,enit .... Dorine Délay, ....... .11 '"~ oit. 10 .. depti. 8 III 0; •• ,,,",," ....., . . rigulèrt. D. ,'a pa ....p I ; 1ip aqu ...... ~ I ... ~ie ; p' ea..oquie po- .l'riteet. re, elle esi ~acée en ceilre de rélenlÎoll. S.IS ",ges, ele esi ~'ée dais RI avion oi de devait por •• r." .. , '" ole portai'. !irtsley .. 'l'II de. ...... 11 da 'M. Rob( ,; 1 pa',,!," ","""tio. 5011 jetés «la 11er par I'l'! ! d"1 oergo. Il esl GIjon'lIui et! sitlGtioi Ir' . Ces " •• pris .... d rot"'i, . IIrtII, ; ~esoil eslles dégâts qlle lOUS déloacioas Ion de ,'éIaboratioI de ces lois do!It l1li (lMIIIeI(e à voir les eeffexts.. ( ~a.ue JOUI, dans aos perlluuces, des de • "" •• t. Dt! appel. de ditre •• • 1.. , rie p/rII .. plo. ~._II ~d ".; héqlelter les '_sni, \es 1Hiries, Il pie de T"· ......... de port~ paor .' oper,ev" de ~ .spi' ciao génieal", de rap«tleid p.yrlalo;qle ,,_ o_istIritti.I ,.'imOtii" à,'o .,. .la.i.,. .., We ... ........ ~./ild,ise.1 chque jOlr damtage l'nd,sion de 1 eopIoi. do ~, de r iroleellrieo .. ..", de. Dflérutiols de },ersiH IÎIIIÎeIs.tI GfJII!séts et IIfdlestrées, _tées SOIS fne de · sllaw télévisé-, En odohre, en URe stlllaile, 4 opération lOg, de poing sont _s i Plis: lM! ~HeS cri ... , 400 par ... mobl .... ,ri ... it. DeVlIIt oes ~ portk, des lé~slllKes s'~, des solidarites se tissent pOUl mir el aide de Marseille à Paris, de GreBoble à Lyon, de Lille à Perpig .. , (es deyoirs de sol'lCIarité doivHI se prolact, gel' qllOtidienlernent, dans IN! IlMIIpor!emenl ilftiduel oertes, l aiS als~ PI' une réponse colledive qlli passe par .. ""P'!- 1OIiOIoI, de réju~",,'" dé , ... oeux et de folles celles qlli ont éte letHllS da.stils par les praliques el les lois, l'enjeu esl de 11iI~, La campDfle sera Mfide el longue, mais l'esl ln !levai M1l1in, 1I0rai el poGtique, Lei lIanHeslmllllliolale du S lévrier 1994 con~e l'I!Isellb~ des lois sera III IIlMIIeIIIlort pour laire arancer oelle revend'l(CItiorL, MooIor.i AOIJHff LOGEMENT ET DISCRIMINATION DES MOYENS , ET DE LA VOLONTE Malgré la mise en place d'un arsenaljuridique positif, la question du logement ne semble pas trouver une dynamique d 'évolution propre à renverser la vapeur,' pourtant, ceux qui militent avec et pour les personnes et les familles exclues du droit à un habitat décent affirment qu 'il manque davantage de volonté que de moyens pour sortir de la tension actuelle, Pe rmanence de l'association "Droit au Logement", un mercredi après-midi, 14 heures. Une file d' attente de sept personnes. C'est Jean qui les accueille. La première personne est un squatter expulsé d'environ quarante-cinq ans: dialogue: - le plaignant: Est-ce que je peux casser la porte et retourner chez lIIoi ? - Jean: Il faut Iavoir si WJfre eJ.pul.fion s 'est déroulée dans le respect de la légalité. E.1"f-oe qll"il Y a III! pfVcè~' ell cOllrs? - le plaignant: Je ne .\"ais pas vraimEnt. ATDQua" Monde m'a donné 1/11 (lVOCa/ qui li'OCCUpe de moi. /1 III 'a dit que malgré l'hiver. 0 /1 a le droit d'eJ.pulser 1111 squaller. Je ne sais pas Oil aller: alon. ell allendal!l, je cherche un hébergement polir quinze jOllrs. Jean: Tenez. voici Fadrel'se du Secours catholique, ils pollrront VOliS dépanner. L' homme. visiblement fra nçais de souche, s'en va. Une femme africaine accompagnée d' une autre femme, à la peau blanche, s'installe. Elle présente sa carte de "membre act ir' du DAL, rappelle qu'elle habite un immeuble déclaré insalubre et montre un avis d'expulsion. Jean sort son dossier d'une armoire en fcr où sont classés les dossiers des 1700 adhérents de l"associat ioll. Il re li t atent Îvcme nt l'a rrêté d'insalubrité; son diagnostic est bref: s'il n'y pas d'ordre d'évacuation. c'est bon. Et s' il y en avait un, ce serait encore mieux., car Madame X, son mari - employé à la Vi lle - et ses enfants devrai ent être relogées. L'accompagnatrice raconte que plusieurs familles sont concernées et qu'elle souhaite les aider: "qu'est-ce ql(OIl peut faire, demande-t-eile, faire signer l/Ile pétition? '". ··Olli. allez-y, répond Jean, organiSeZ- VOI/!" et nOlis \'011.1' aiderons"'. Ure la suile page 4 POUR LE DROIT SOMMAIRE D'ASILE Le MRAP dénonce l'hypocrisie du débat actuel sur le dro it d'asile et condamne le projet de révision consti tutionnelle du Gouvernement. Si la Constitution n'est pas conforme aux accords de Schengen, ce n'est la Constitution qu'il faut changer, ce sont les accords. Une manifestation nat ionale a lieu le mercredi 27 oc tobre à Pans. Lao:bnloolopt ......_ __._ . " _._ ,, p 213 ___ l'oohIi dtlagaom d'AJ&mt ______ p 2 CGasInHre la pmimitt..- . p 617 Maadda, prix Nobel dt '" poil ... _ p 7 .... , Rusbdie ______ ._, ._._ p BI9 L'extrime druitt s'lIItIdneàLoodm_._ _.. ", . p 111'11 Coorrier .. ,.. p 12 REPÈRES EX-YOUGOSLAVIE, RESISTER PAR LE VERBE La revue de la Ligue des Droits de l'Homme, Hommes et Migrations, consacre le dossier de sa livraison de septembre à des "Paroles de journalistes de l'ex-Yougoslavie ". La lutte s'est déjà installée dans les Républiques de l'ex-Yougoslavie entre les partisans d'une information indépendante et les 17 OCTOBRE Pétition nationale contre le racisme et l'oubli Le MRAP a appelé à un rassemblement au Pont Saint-Michel. à Paris le 18 octobre. atin de commémorer la date du 17 octobre 1961. Les militants et les responsables des associations présentes ont jeté des fleurs dans la Seine en souvenir des victimes de cet événement mal connu(l J. Mouloud Aounit y a prononcé un discours au cours duquel il a annoncé le lancement d ' une pétion nationale dont nous reproduisons le texte ci-dessous (à faire signer et à retourner au siège du MRAP): .. Le 17 octobre 1961, des dizailles de milliers de travailleurs algériens et leurs familles manifestaient pacifiquement contre le couvre-feu discriminatoire qui leur était imposé. Ce jour-là. des celltaiens de ces manifestants furent assassillés, jetés à la Seille, pour avoir l'oulu défendre leur droit à l'égalité, pour avoir voulu exister. Des milliers d'entre euxfurent arrêtés au cours de rafles qui n'olll connu d'équivalent que lors de la rafle du Vel'dHill. Parce que l'amnésie collective qui reCOUl're cette période douloureuse entretien le racisme allli-maghrébill. parce qu'aujourd'hui, demain. Ull te! "oubli" Ile peut que favoriser l'émergence de nouvelles barbaries. parce que le drame que vit aujol/rd'hui le pel/l'le algérien peut sen'ir de faire-valoir aux nostalgiques du colonialisme. les personnes soussignées demal!delll: -l'ouverture des archives -/lne redéfinition des programme d'histoire afin de permettre il la jeunesse de prendre la mesure de ce que furent réellemellt les guerres coloniales -le jugement de Monsieur Papa" pour qu'il paie le prix de ses crimes .. (1) Ure numéro spécial de D~fférellces (~pages). octobre /99/. ,,°/2/ serviteurs des régimes nationalistes en place. De Bosnie, de Croatie, du Kosovo, de Macédoine, des journalistes résistent, au péril de leur vie et témoignent dans ce numéro. PELERINAGE CHEZ UN NAZI BELGE Selon Le Parisien du 16 septembre, un éditeur français néo-nazi propose à ses "fidèles" un voyage organisé destiné à rencontrer le dernier des chefs de guerre nazis, le général SS belge Léon Degrelle, compagnon d' Hitler, installé actuellement à Madrid. LIMOGES, DEBAT SUR LE DROIT D'ASILE Le MRAP et les associations du "forum de l'écologie et du développement " ont organisé le 22 septembre une soiréedébat sur le droit d'asile. De nombreuses associations et victimes des restrictions apportées au droit d' asile se sont exprimées. On y a précisément rappelé que les réfugiés sont "un million à bénéficier du droit d'asile dans la CEE dont 182000 en France alors qu'il y en a quatre millions en Iran, un million au Malawi, plus de 700 000 au Soudan, et 482 000 aux USA" (L'Echo du Centre). UN MAIRE CONDAMNE POUR PROVOCATION A LA DISCRIMINATION RACIALE Le tribunal correctionnel de Montbrison a condamné, le 23 septembre, le maire de Suryle- Comtal, pour provocation à la discrimination raciale, à payer une amende de 10000 francs et à verser au MRAP (qui s'était porté partie civile) le franc symbolique et 5000 francs de dommages et intérêts. M. André Combe avait signé un éditorial dans le bulletin municipal de sa commune dans lequel il avait notamment écrit "De Charles Martel à Charles de Gaulle, les Français ont sur balayer quand cela était nécessaire; je crois qu'ils sauraient le faire si on le leur demandait ". Ce texte avait suscité de vives réactions notamment 2 parmi les enseignants de la ville. LA MISSION OUVRIERE A CHARTRES Participation du Secrétaire général du MRAP à une tableronde organisée par la Mission ou vrière des évêq ues de Chartres le 28 septembre. Cette table-ronde portait sur l'évolution des mécanismes et systèmes économiques et sur la manière dont ces évolutions marquent les personnes et les groupes particuliers appartenant au monde ouvrier. LES "OUBLlES" VUS PAR DEUX CENTS PERSONNES Les militants et adhérents des 4/5ème arrondissements de Paris ont organisé une projection du film "Les oubliés de l'Histoire" réalisé par D.Kupferstein le 1er octobre; deux cents personnes ont assisté à la projection et plusieurs dizaines ont participé au débat animé par le réalisateur et M.Aounit. MONT-DE-MARSAN LES AGRESSEURS DE H.NAJJARI CONDAMNES Le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan a reconnu coupables deux skinheads, auteurs le 24 décembre 1992, d'une agression raciste à l'encontre d'un jeune français d'origine marocaine, Hocine Najjari, et les a condamnés par son jugement du 5 octobre, à une peine d'emprisonnement d ' un an dont 9 avec sursis, ainsi qu'au versement de 25 000 francs de dommages et intérêts à la victime et de 1500 francs au MRAP qui s'était constitué partie civile. MANIFESTATION A STALINGRAD Le MRAP et d'autres associations ont appelé à une manifestation le 16 octobre contre les actes racistes après l'agression commise le 27 septembre par des skinheads contre deux jeunes "beurs " aux abords de la place de Stalingrad à Paris dans le 19ème arrondissement. Selon le communiqué du MRAP daté du 7 octobre "Mouloud Aounit, secrétaire CHRONO général du MRAP et Renée Le Mignot, secrétaire nationale, ont été reçus par les familles des deux jeune français d'origine maghrébine victimes d'une violente agression à caractère raciste le 26 septembre par des skinheads. Injuriés, roués de coups, arrosés d'essence et transformés en torches vivantes, ces deux jeunes gens n'avaient qu'un seul tort aux yeux des agresseurs: être d' origine maghrébine. A l'issue de la rencontre, il a été décidé conjointement une demande de rendez-vous auprès du Ministre de l'Intérieur et du Ministère de la Justice". NON-INSCRIPTION SCOLAIRE DEVANT LE JUGE L'inspecteur d'Académie de Haute-Vienne a été assigné pour voie de fait devant le juge des référés pour n'avoir pas inscrit un jeune Zaïrois à la rentrée. Le tribunal de grande instance de Limoges a examiné l'affaire le 8 octobre. N'Dongala Lusilavana et son jeune frère Matu ont quitté le Zaïre et rejoint leur père, au printemps 1992, dans le cadre d'une autorisation de regroupement familial délivrée notamment par la DDASS. Matu (l2ans) a été normalement inscrit à l'école, son père dispose d'un titre de séjour en bonne et due forme, mais N'Dongala (majeur depuis décembre 1992) a essuyé un refus. "Il y a discrimination sur l'âge , a affirmé Maître Gaffet au nom du MRAP. Ce refus rend ùnpossible l'intégration d'un jeune homme dans sa famille, laquelle est par ailleurs en situation irrégulière. L'inspecteur d'académie avait le devoir d'examiner ce dossier au fond des choses, plutôt que de brandir le règlement ". La jurisprudence en la matière semble aussi riche que contradictoire. Verdict dans notre prochaine édition. DEFILE POUR SOFIANE Cinq cents jeunes des cités de la banlieue de Toulouse et les militants des associations, dont le MRAP, ont défilé le 13 octobre, à la mémoire de Sofiane abattu quelques jours auparavant par le garagiste à DU MOIS qui il volait sa voiture. Lajustice suit son cours. COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA XENOPHOBIE Une centaine de personnalités de France et de l'étranger ont été réunies par l'Association des amis de Passages (ADAPES) à l' UNESCO, les 14 et 15 octobre, pour débattre de la xénophobie. Ministres en exercice, anciens ministres , respon sables d ' associations (dont M.Aounit pour le MRAP), philosophes, écrivains et intellectuels ont apporté des informations propres à leur pays et des "regards croisés" pour ne pas dire opposés. Le con sei 11er du gou vernement allemand sur la question des étrangers, le docteur Klebb, a pour sa part comptabilisé "1500 crimes xénophobes commis en Allemagne en Allemagne l 'an dernier " tandis que le directeur du journal égyptien Al Ahram soulignait qu'en l'espace d' une génération cinq millions de ses compatriotes ont pris le chemin de l'émigration. EXPOSITION POUR LE DROIT A LA DIGNITE DES PERSONNES ORDINAIRES Inauguration le 19 octobre d' une exposition d'affiches , co-produite notamment par le Centre Georges Pompidou , l'Observatoire International des Prisons et le Mois du Graphisme d'Echirolles 93. L'OIP était représenté par sa présidente, Christine Daure-Serfaty et son délégué général, Bernard Soize. Un travail qui allie l'intelligence et l'émotion sur lequel nous reviendrons plus longuement dans notre prochaine édition. LA FUREUR SANS LIRE Pour la cinquième édition de la Fureur de lire les 16 et 17 octobre, le magazine Livreshebdo constate que les libraires désertent la banlieue. Ainsi, en Seine-Saint-Denis, il existe 9 librairies dont le chiffre d'affaires est essentiellement réalisé par la vente du livre sur les 861 que compte la France. Installer une librairie est une entreprise à risque à cause de la très faible rentabilité du livre. En banlieue ce sont de simples librairies-papeteries-presse qui survivent. Certaines villes doivent même s' en passer! ALGERIE, LE TERRORISME S'INSTALLE Plusieurs di zaines de journalistes algériens se sont rassemblés le 19 octobre à Alger pour dénoncer l'assassinat de sept de leurs confrères depuis mai dernier. Ils ont demandé la protection de l'Etat et annoncé qu'ils participeront à un sit-in devant la présidence de la République. Ils répondaient à un appel de l'Association des journalistes algériens. Le 24 octobre, trois employés du consulat de France à Alger ont été kidnappés. TOUVIER SERA JUGE Le MRAP se félicite de la décision de la Cour de Cassation en date du 21 octobre renvoyant Paul Touvier devant les assises pour y être jugé pour "crime contre l ' Humanité". "Le MRAP, qui s'est constitué partie civile, espère que ce renvoi permettra de faire toute la lumière sur une période sombre de l' histoire de notre pays".(Communiqué de presse du 22 octobre). PREMIERES ELECTIONS DEMOCRATIQUES EN AFRIQUE DU SUD Le 27 avril prochain, pour la première fois, 21 millions d'électeurs sud-africains, noirs et blancs, iront aux urnes. Parmi la population noire en âge de voter, 50% sont illettrés et parlent neuf langues différentes, des milliers d'entre eux vivant en état de sous-développement profond, n'ont aucun papier d'identité . L'ANC appelle à l'aide financière afin, notamment, de mettre à la disposition des électeurs les plus démunis des animateurs qui pourront leur donner une éducation civique. Si vous voulez aider l'ANC dans cette tâche, adressez vos dons à l'ordre de l' Association du bureau de l 'ANC , 28 rue des Petites Ecuries, 75010, Paris 3 ISRAEL-PALESTINE LA MARCHE VERS LA PAIX Une semaine avant la visite de Yasser Arafat à Pari s. le MRAP et d'autres organi s ation s o rganisaient. le 13 o.,;tobre, date ft laquelle entraient en vigueur les accords de paix. une manifestation autour du thème "Don non::; une chance à la paix", Le texte de l' appol à cette manifestation que no us publions ci-dessous a été signée par une centaine de personnalités parmi lesque lles des écri vains, médecins, journali stes, réalisateurs, avocats, anistes sociologues, é lus, responsables d ' as s oci a ti o ns , re présentants des Egli ses. .. Après de longues années marquées par tant de souffrances, d'incompréhe nsio ns, d'atermoiements et d'impasses. un pas qui peut être décisif vient d'être franchi dans le conflit qui oppose Palestiniens et Israé liens. Si la paix devient possible. elle reste désormais à construire. Sa réalisation exigera beaucoup d' errorts et de courage de part e t d'autre pour lever les inquiétudes, les défiances, panser les blessures, di ssiper les incertitudes. Elle s'écrira dans le quotidi en ou ne se réali sera pas. Elle ne doit surtout pas décevoir l'atte nte des populations pales tinie nne et israé liennc: assurer le développeme nt économique. social et la sécurité pour tous. Cel accord hi storique n' aurait pas été pos~ ibl e san ~ les efforts tenaccs des parti sans de la pa ix, de l'amitié et de la rc .:onnai ssance des droits légitimes du peuple palestinien à avoir une .... terrc cl un Etat ; du peuple israélien à vivre en sécurité. Il faut ici saluer surtout le courage et les sacrifices des Palestiniens qui ont démontré l'incontournabilité de leurs exi ge nce s et la lucidité des pacifi stes israéliens qui ont su peser sur l'opinion de leur pays. L' émotion devrait lai sser la place au soutien actif des puissances occidentales à la solidarité concrète et renouvelée des militants de la pai x. Dans cet esprit. le MRAP appelle tous ceux et toutes ceJles attachés aux valeurs de paix et de justice à se joindre à la Marche de la Paix ... ONT APPELE A CETTE MANIFESTATION ALBALA Nuri, Avocat: ALEXANDER Sara , artiste ; ANTOINE Monique, avocat: AOUNIT Mouloud, secréta ire général du MRAP; ASENSI Françoi s. maire de Tremblay en France: AUBRAC Lucie et Raymond, anciens résistants; BA ROUH Pierre. auteur: BEJART Maurice, chorégraphe; BOCQUET Alain , Président du groupe communiste à l'Assemblée Nationale; BOEGLlN Bruno. arti ste; BRUNSCHWIG Gérard , médecin; BUCHMANN Andrée, porte -parole des Verts: CARDONNEL Jean. dominicain: CHAMBEIRON Robe rt , écrivain; Edmonde CHARLES-ROUX, écrivain: CHAUMETTE François, comédien: CHESNEAUX Jean, historien: CHEV ASSUS Jacques. membre de la présidence du MRAP; CHOMBARD DE LAUWE Henri et Marie-José, sociologues; ClESLEWICZ Roman , artiste peintre; COCHET Yves ; CRUSE René ; REPÈRES DAURE-SERFATY Christine, écri vain: DAUTIN Yvan, artiste: DAX Micheline, comé di enne: DE FELICE Jean Jacques, avocat ; DELLA SUDDA François : DJ URA. artiste: DREANO Be rn a rd ; DREY Julien ; DUBY Georges, historien; DUFRESNE 1. Président de la FCPE : DUGRAND Alalll ; DUMONT René. agronome: DUROMEA André. Maire du Havre; ELLENSTEIN Je an , historien: ELUARD Dominique ; ERNAUX Annie. écrivain; EYTHRIB Jalil ; FAGET Huguette, comédienne; FAURE Michel. artiste peintre ; FOURNIER Thérèse. journali s te ; GAILLOT Jacques , Evéque d' Ev reu x; GOLDET Cécile. ancien sé nate ur ~ GOURY Raymond, maire adjoint de Vouzie rs : GRECO Juliette, arti ste : GREMY François, professeur de médecine ; GUEDON Henri. mus ic ien ; HALlMI Gi sè le. avocate : HARBI Mohammed, écri vain; HENRARD J. secrétaire général de la FCPE ; HERBULOT Guy, évêque de Corbeil E" onne : HORY Jean François, député européen: HOURDIN Georges. journali ste: JACQUES Gennevièvc. CIMA DE ; JAN Sylvie, ~ccrétaire générale de l'UFF : JORDAN Alex, artiste; KATZ Gille s , réalisateur; KHENNICHE Ahmed. responsable de la Commission Proche-Moyen Orient du MRAP: JeanJacques KIRKYACHARIAN. membre de la présidence du MRAP; KUPFERSTEIN Dani e l. cinéas te ; LAZARD Fra nee tte , écri va in; LE DAUPHIN Jacques. secn!taire national du mouvement de la paix ; LEDUC Victor, philosophe
- LEMARQUE Francis, auteurcompositeur-
interprète; LEVY Albert. journa liste; LIGNIERES Claude, pasteur
- LONSDALE Michael. comédien;
LOUKI Pierre. auteur-compositeur; LOUP, dessinateur: MAGNY Colette, artiste: MALET Emile. directeur de "Passages"; MARCHAND Jean Pierre, réalisateur: MARY Véronique. arti ste peintre : MASSIAH Gustave. président CEDETIM; MENDES FRANCE Marie Claire; MILLlEZ Paul, professeur de médec in e; MINKOWSKI Alexandre. professeur de médecine; MIRANDA Alain. membre de la présidence du MRAP; MONTARON Georges, journali s te ;MOULOUDJl. arti ste; OGERET Marc. c hante ur ; OUZANT. peintre; PALANT Charles. membre de la présidence du MRAP : PAU-LANGEVIN George: PERRAULT Gilles. écrivain; PERUS Jean. écrivain: PICARD-WEIL Muniquc, avocate: PlEPLU Claude. artiste : POTTECHER Frédéric. journaliste; RALITE Jacques, ancien Ministre. maire d'Aubervilliers; REICH MANN Edgar, écrivain ; RIVAL Denis, artiste peintre: ROBLES Emmanuel de l'Académie Goncourt; RONAI Ernestine, rédactrice en chef de "Clara Magazine" ; ROY Claude. écri vain ;SANTINI Pierre. artiste ; SAUVAGE Catherine, artiste: SCHWARTZENBERG Léon, professeur de médecine: SEGUY Georges, syndicaliste; SEVE Lucien, écri vain; SINTOMERE Yves, chercheur: SOLLEV ILLE Francesca, artiste; SOUZA Roger. comédien: SURET-CANALE Jean. historien; SYLLA Fodé, président de SOS-Racisme: TASLITZKY Boris, artiste peintre; TERREL Irène, avocate
- TERRENOIRE Alain: V AUCAIRE
Cora, chanteuse ; VINCI Claude. chanteur
- VOYNET Dominique
- W ASSERMAN
Gilbert, journaliste; W AECHTER Antoine; WRIGHT Ellen, écrivain-journali ste ; WURTZ Francis; Y AGUELLO Marina, écri vain; Fred ZELLER. REPORTAGE LA TOUR UTRILLO A MONTFERMEIL Un représentant de la Société Foncière-Financière, présidé par Claude Andréani (1), gére une tour de vingt-trois étages à Montfermeil, dans le quartier des Bosquets,Ce quartier, on le sait, est dans un état dégradé, fortement ghettoïsé puisque y vivent 90% d'étrangers ou d'immigrés sur une population de 25 000 habitants, Cette tour, rénovée, a été conçue par Foncière-Financière comme lieu de création d'emploi et de "retape" du tissu social. LouisClaude Bourgarel nous a reçu dans un modeste bureau au rez-de-chaussée de la tour, où l'on habite plus mais où l'on travaille, Le gérant offre à qui vient s'installer ici des loyers peu élevés et une main-d 'oeuvre locale dégagée des problèmes de transports. Pour le moment, la majeure partie des petites entreprises sont des ateliers de confection tenues pour la plupart par des Kurdes et qUflques autres francs-tireurs: la mission d'Etude et d'aménagement qui s'est installée au 23e étage, un architecte, une entreprise d' import-export, une auto-école, des associations et un restaurant qui accueille en permanence une quinzaine de stagiaires, soit environ 300 salariés. M Bourgarel est selon son propre terme l'antichambre de ceux qui veulent venir s'installer ici; "C'est le cas de deux jeunes gens ail chômage qui sont l'en us me voir pour me soumettre leur idée de lancer une petite structure de messagerie, notalllment de transports d'handicapés et d'el?fclI1ts, Ce dossier est intéressant" .Le projet, à court terme, est de lancer sur deux étages, une "pépinière d'entreprises": "c'est notre axe de travail et notre espoir, explique M,Bourgarel, l'intérêt étant de faire élllerger et s'épanouir les "jeunes valeurs" du quartier, Le principe de la pépinière c'est la mise ci disposition des créateurs-futurs chef~ d'entreprises d'lIlI dispositiF qui leur coûterait cher ailleurs et qu'ils ne sauraient pas exploiter tout de suite: téléphone, fax, secrétariat ... Quand le projet est adopté par nous, cette mise à disposition est fixée pour une période pouvalll allerjusqu'ù l'ingt-trois Illois: lorsque le délai de bail-précaire est terminé, l'expérience doit devenir fonctionnelle et les protagonistes doivent pal/voir rejoindre les autres étages consacrés il l'activité normale ". Avec ceux qui sont déjà installés ici, "notre apport consiste à aider les responsables d'ateliers il mieux organiser l'activité de leur entreprise: fidéliser les ouvriers, C/I'oir des clients plus importants, organiser une rotation du travail plus rationnelle; mais cela passe aussi par une certaine éducation: ne pas taper sur l'ascenseur quand il est en panne Oll ne pas jeter les mégots par terre", La Mission d'Étude et d'Aménagement a de son côté programmé la création, au bas de la tour, de différents antennes de services: préfecture, mairie, poste, ANPE, CAF, CPAM, commissariat de police, Le but étant la pépinière qui devrait devenir réellement démarrer en septembre 1994, M.Bourgarel est à la recherche de bons pépins. Pépin-type: jeune, 25/35 ans, chômeur ou premier emploi, ayant une idée qui tienne la route et réponde à une demande du marché, C'est ainsi qu'est conçue et pratiquée à la Tour Utrillo de Montfermeil la dynamique réhabilitation- création d'emploi. (1) Lire Différences nO 145 c.B. Suite de la page 3 Troisième entretien. Monsieur y, est ouvriernettoyeur à la Plaine Saint Denis; il est adhérent de l'association; il est aussi menacé d'expulsion, Jean lui indique comment la procédure doit se faire: "le juge va ordonner l'expulsion avec ou sans délais; un huissier doit se présenter et vous donner soit un avis de déguerpir, soit une assignation au Tribunal, après vous aurez un commandement à quitter les lieux dans les trois mois mais vous pourrez demander un délais supplémentaire. Attendez l'assignation et revenez nous voir", L'INDISPENSABLE ACCOMPAGNENT DES MAL LOGÉS La file d'attente se reforme inlassablement. Familles victimes de menaces d'expulsion pour la plupart. Avec des loyers dont on a du mal à croire qu'ils arrivent à les payer: 2340 francs pour 17 m' ; 1911 francs pour une chambre de 9 m' avec WC sur le palier. "On mange mal, répond une Africaine à Jean qui lui demande si sa fille de douze ans se porte bien, maisje paie mon loyer ", Mis à part cette question personnelle, Jean reste impassible, le ton ferme et sans émotion, Ce n'est pas le lieu de brandir l'anathème mais de répondre avec précision et compétence aux situations qui sont exposées, En deux heures, Jean a reçu six personnes, Ce sera ainsi jusqu'à 18 heures, trois fois par semaine, au siège du DAL, avec l'aide de bénévoles qui auront pris le temps de se former. Le DAL, qui a acquis une certaine notoriété, grâce notamment à des opérations volontairement médiatisées, n'a pas, selon son président, Jean-Baptiste Eyraud, d' appui politique particulier mais de bons parrains, Le plus solide étant, si l'on ose dire, l'Abbé Pierre, dont le déplacement auprès locataires expulsables ou expulsés fait ouvrir plus d ' une porte et déplacer les caméras. Toujours selon ce président en jeans que tout le monde appelle Babar, "une quinzaine de comités fonctionnent bien"; ce sont des comités ad hoc qui se créent autour d'une action de relogement puis disparaissent. "Le but est plus simple que de lutter contre le racisme, admet J-B, Eyraud : nous voulons des logements, c'est tout. On organise des comités avec les mal-logés eux-mêmes, et quand ça ne marche pas, on monte des actions, Et il FAUT que ça marche; pour cela nous n'avons pas le droit de nous tromper de manoeuvre, Nous avons réglé les trois quarts des conflits sans faire appel aux médias, Quand ça marche, il n'y a pas lieu de le faire, Notre manière de procéder? On appelle toutes les associations et organisations qui existent dans le quartier concerné, on demande aux famille de s'organiser, Cela prend généralement six mois, On rencontre le préfet, on repère les logements vides, et on organise la pression su l' le 4 bailleur HLM et la mairie, L'une des clés de la réussite c'est la structure de la négociation: pour qu'elle ait un sens, les familles doivent savoir ce qu'elles veulent et s'y tenir, Nous négocions auprès des représentants des familles , car le risque est de faire des concessions qu'elles n'accepteront pas, De ce côté-là, nous avons eu peu d'échecs mais nous en avons eus. Notre force est que lorsque l'on commence à mobiliser, on mêne les choses jusqu'au bout. Bien sûr, la nature de notre action limite notre intervention aux personnes administrativement en règle. Les points de blocage les plus forts se trouvent auprès des mairies: les populations que nous défendons sont indésirables. Les maires sont soumis ou se soumettent à deux contraintes: une contrainte électorale, pas d'immigrés! et une contraintefinancière, pas de pauvres!", A la question de savoir pourquoi 80% des adhérents du DAL sont des immigrés, JeanBaptiste Eyraud répond qu'il y a là le reflet d' "un problème inhérent au traitement social de la pauvreté", Pour lui, "les familles françaises sont plus vulnérables; dans des conditions difficiles, le processus le plus courant, c'est le placement des enfants à la DDASS et très souvent la séparation des époux, La famille immigrée, surtout africaine, parait plus soudée ", Cette "spécialisation" en direction des immigrés semble malgré tout gêner J-B ,Eyraud qui envisage la création d'une structure spécifique aux SDF: une population par définition difficile à organiser du fait d'une instabilité chronique et d'un rejet caractérisé de tout ce qui s ' apparente à l'exercice d'un quelconque pouvoir, y compris lorsqu'il s'agit d'élire des représentants, DES PROPOSITIONS SÉRIEUSES Dans une vision plus globale, le DAL défend, trois propositions: 1°) Un véritable état des lieux; 2°) L'application d ' un droit de réquisition pour libérer les logements vacants dont le nombre a sextuplé en trois décennies à Paris intra-muros; ils représentent aujourd'hui 9,7% du parc immobilier, alors que, selon le rapport du Conseil économique et social datant de 1987, il Y aurait deux millions de mal-logés en France et 400 000 sans-abris, Troisième proposition: une taxe sur les logements vides accompagnée de primes à la location et d'allègement fiscaux afin d'inciter les petits propriétaires à louer aux défavorisés, Les documents comme les organismes les plus officiels (tel la Direction des actions sociales au ministère de l'Équipement et du Logement) admettent que 10% de la population française est mal logée, 400 000 sont en habitat précaire, en centre d'hébergement ou sans aucun abri, et 500 000 vivent dans un habitat insalubre: caravanes, caves, greniers, chambres sans aucun confort. .. L'inadéquation de l'offre et de la demande de logement pour les plus défavorisés est particulièrement sensible dans les grandes agglomérations, Les seuils les plus critiques ont été dépassés en Ile-de-France. On imagine aisément que, dans ce contexte, être étranger en plus d'être pauvre exclut encore davantage de l'accès au logement. Toutes les municipalités pratiquent désormais, en le reconnaissant ou pas, la politique des quotas. Parfois, pour des raisons racistes avérés, le plus souvent pour "permettre une hétérogénéité sociale et ethnique", Responsable du Comité local du MRAP d'Etampes, Gérard Morlier s'oppose avec fermeté à "la pratique de l'exclusion"; pour ce militant acharné du droit au logement "les élus veulent noyer la question de la discrimination raciste dans la question des mal-logés" LE MRAP : CE QUE NOUS DEMANDONS AUX ÉLUS Y a-t-il de fait une pratique d'apartheid? Gérard Morlier considère que "le problème est le suivant: le bailleur, par exemple la société HLM, est maître, Mais les maires et les préfets sont réservataires; ils proposent des candidatures, Nous leur reprochons précisément de ne pas faire ces candidatures, Les bailleurs n'ont fait que sacrifier des quartiers pour y loger des immigrés: le parc social dégradé leur est réservé; dans le parc social correct, il n'y a pas d'immigrés, Dans la trajectoire-type d'un immigré, il yale quartier dégradé", On ne peut pas parler d'apartheid, "les raisons qui excluent les gens du droit au logement sont d'abord socio-économiques mais c'est encore plus dur quand on est étranger ou d'origine étrangère". C'est vers ce facteur "plus dur encore" que le Comité local d'Etampes s'est orienté dans une action-logement. Gérard Morlier : "Le MRAP a pris l'initiative, il y a un ans, d'organiser des réunions avec toutes les organisations caritatives et humanitaires, parmi lesquelles les associations chrétiennes se sont fortement impliquées, Ces réunions ont donné lieu à la création d'un comité regroupant les représentants des associations puis il s'est transformé en association à part entière, Cette association regroupe deux cents personnes dans une ville de 22 000 habitants. Le bureau est composé de trente membres, Tout récemment, l'association a travaillé avec onze familles zaïroises qui vivent dans des chambres insalubres, appartenant à un propriétaire privé, dont certaines n'ont même pas de fenêtre pour des loyers mensuels de 3000 à 4000 francs. Ces familles ont créé un comité de résidents, Ils ont organisé une journée portes ouvertes pour faire connaître leur situation. Etampes a longtemps été une ville accueillante, Selon le recensement de 1990, 13% d'immigrés y vivent contre 2% dans les communes environnantes, Il serait souhaitable que ces communes accueillent davantage de populations immigrées, Il faudrait aussi que les logements vacants du centre-ville soient réhabilités et loués à des familles immigrées, Nous ne demandons pas au maire de régler touts les problèmes mais de nous accompagner dans nos démarches, Bien sûr, le terrain est dangereux d'un point de vue électoral et le maire est accusé, selon une rumeur colportée par le Front national, de reloger prioritairement des immigrés, A cela, il faut, à notre sens, répondre par la transparence dans l'attribution du logement social: que les services de la mairie publient le nombre de demandeurs, le nombre d'attributions, et le nombre de personnes étrangères parmi les attributaires. On se rendrait compte que cette rumeur n'a aucunfondement". Quel est le sens de l'action du MRAP à plus long terme? "Il faudrait permettre, ajjïrme G, Mor/ier, à des associations ou à des bailleurs sociaux de se rendre propriétaires de logements anciens, de les réhabiliter avec des fonds sociaux, en en diversifiant l'attribution, Un ami de notre association a créé une autre association qui a acheté un immeuble, est allé à la quête de jïnancements (Etat + dons) pour le réhabiliter, Ceci est à l'échelle expérimentale, mais cela a permis de loger six familles défavorisées, Les logements anciens peuvent être achetés et réhabilités grâce à des crédits de l'Etat et pourraient être gérés par des bailleurs sociaux. Pour que cela prenne une véritable ampleur, il est indispensable que les élus locaux et les pouvoirs publics cessent de voir les pauvres et les immigrés comme des facteurs de nuisance, L'un des buts du colloque du MRAP sera de faire la lumière sur la ségrégation raciste: il va falloir le dire et le prouver. Les élus qui y participeront pourront peut-être prendre conscience que se masquer le problème du logement c'est l'aggraver, Ce colloque devrait aussi être source de propositions de la part des élus, des bailleurs, des médecins, des militants et des mal-logés euxmêmes". La situation est d'autant plus inquiétante, selon Gérard Morlier, qu'il apparait que le critère de la discrimination "n'est plus seulement la nationalité mais le nom et la couleur de la peau ". ÉVITER DES CONFLITS DÉSASTREUX A l'issue d'une manifestation de 1500 personnes (fin septembre) dont des militants du MRAP, en soutien aux expulsés de l'Avenue René Coty dont l'action avait défrayé la chronique, une délégation composée de représentants des expulsés, des associations (MRAP, DAL, SOS Racisme, EMMAUS, Fondation Abbé Pierre) et d'élus avait été reçue par le directeur du Cabinet du préfet de Paris. Les associations ont déposé, ce jour-là, une liste de trente neuf immeubles en instan- 5 REPORTAGE ce d'expulsion à Paris et on demandé la mise en place d'un groupe de travail rassemblant des représentants de l'Etat, de la Vi Ile, des services sociaux, des bailleurs et des association, Ce groupe de travail aurait pour tâche de trouver des solutions de relogement au préalable à toute mesure d'expulsion, immeuble par immeuble, afin de faire l'économie de conflits désastreux aussi bien pour les familles que pour les pouvoirs publics, Des conflits désastreux et des réalités qui engagent, au-delà du droit, la vie d'hommes et de femmes sans toit ou dans la menace de le perdre, Chérifa Benabdessadok COLLOQUE MRAP Le MRAP prépare un colloque autour du thème "logement, discrimination, exclusion" qui doit se tenir avant la fin du mois de décembre, Nous reviendrons donc sur ce sujet dans nos prochaines éditions, Il faut rappeler cette proposition de l'Abbé Pierre inscrite dans une lettre datée du 3 novembre 1992, destinée aux députés et sénateurs: "Reconnaître, avec toutes les conséquences de droits et de devoirs que cela implique, CATASTROPHE NA TIONALE, en France, le fait de deux millions et demi de familles mal logées (plusieurs ménages dans un logement, impossibilité pour les enfants adultes de pouvoir penser fonder une famille ... ) et 400 000 personnes littéralement couchant dehors, Ces chiffres sont l'équivalent de 100 tremblements de terre! Ne nous contentons pas d'admirables actions partout, loin de chez nous lorsque les sinistres éclatent. Nous voulons la vérité, dites par vousmêmes à tous les bons vrais citoyens, nés ou accueillis en France: OUI, C'EST UNE CATASTROPHE NATIONALE. Et donc -fusse à l'encontre des privilèges rendus aux villes par la décentralisation, l'Etat peut et doit "réquisitionner" tout local habitable vacant". Une excellente et simple synthèse des outils législatifs établis notamment par Louis Besson, ex-ministre du Logement, est présenté dans le livre de référence de Quentin Wodon: Le droit des exclus, aux Editions ouvrières, 1992, colL Le Social en Acte, DÉVELOPPEMENT DU MRAP DÉVELOPPEMENT DU MRAP , CONSTRUIRE LA PROIIMITE ANTIRACISTE Dans une réflexion élaborée sous forme de bilan, Paul Muzard, secrétaire-général adjoint du MRAP, aborde la question de l'antiracisme de proximité. Deux axes de travail semblent émerger: un lien plus étroit et plus suivi avec les comités locaux et une plus grande proximité entre l'association et ceux auxquels elle s'adresse: victimes du racisme et personnes abusées par l'idéologie du bouc-émissaire. Au début de l'été, le MRAP, seul ou avec d'autres associations, menait la lutte contre les lois en débat à l'époque: sur le code de la nationalité, sur les contrôles d ' identi té, sur les conditions d' entrée et de séjour des étrangers. Les manifestations ont été organisées dans des conditions parfois difficiles mais les réunions d'explication et rassemblements ont été nombreux. Beaucoup de comités se sont engagés dans des actions les plus diverses. Dans le même temps, certaines initiatives gouvernementales ont tenté de semer le trouble pour présenter un visage de dialogue: rencontre avec les associations antiracistes, instruction du Ministre de l'Intérieur aux Préfets pour une vigilance à l' endroi t des actes raci stes, remise en selle des cellules départementales contre le racisme, paroles apai santes telle s celles de Patrick Gaubert, conseiller de Charles Pasqua (dont il a repris les propos tenus dans le Monde), à la première réunion de la Cellule départementale du Rhône, : "les étrangers en situation régulière n 'ont rien à cra indre. Ils ont les mêmes droits. Vous trouverez auprès de l'Administration une instance d'écoute et de dialogue" . QUEL DIALOGUE? Si le MRAP ne récuse aucun dialogue par principe, il est clair que tout dialogue ne saurait se limiter à des déclarations de l'Administration, sans débouchés sur les objectifs concrets. Le véritable dialogue du Gouvernement a eu lieu, en réalité, avec sa majorité à laquelle est attribuée la valeur de "souveraineté nationale" reposant sur la volonté des électeurs. De toutes les manières, le leitmotiv a été et demeure "arrêt de l'immigration clandestine". Le zèle d'élus et de fonctionnaires les a même conduits à appliquer les lois ou à les interpréter avant même qu'elles ne soient définitivement votées ou promulguées: des mariages mixtes ont été empêchés, parfois au dernier moment; des renouvellements de titres de séjour et parfois même des attributions de cartes d'identité à des Français issus de l'immigration ont été différés; on presse des jeunes d'attendre l' âge de dix-huit ans pour faire valoir leurs droits. Ce qui signifie que l'Administration poursuit son objectif d'augmenter le nombre d'étrangers en limitant l'accès à la nationalité française. Le Gouvernement a même eu recours à un pseudo-sondage de la SOFRES pour donner à penser que les étrangers approuvaient les mesures gouvernementales les concernant; et on a vu des commentateurs souligner à plaisir que les étrangers étaient majoritairement contre la drogue, contre l'immigration clandestine, alors que cette constatation montrait que les immigrés réagissaient comme des Français ordinaires! donc qu'ils étaient, à cet égard, bien intégrés. Mais précisément les termes d'intégration et d ' insertion ne sont plus à l'ordre du jour; certains outils de l'insertion paraissent menacés. Ainsi, si les allocations fami liales sont fiscalisées , que deviendra le Fonds d'Action Sociale dont les ressources proviennent au moins pour les trois-quarts de la Caisse d'Allocations Familiales ~ Une publicité tapageuse et démesurée donnée à certaines remarques de la Cour des Comptes était-elle une première estocade ? UNE SITUATION PREOCCUPANTE Tout montre que nous avions bien raison de dénoncer une entreprise de "destabilisation", d'insécurisation des immigrés. Aussi la situation actuelle demeure-t-elle préoccupante! Le Gouvernement poursuit ses objectifs avec d'autant plus de détermination qu ' il ne se heurte à aucune opposition de poids. Il poursuit ses manipulations en ne mettant l'accent, dans le discours , que sur l'arrêt de l'immigration clandestine, qui correspond à un large consensus dans le paysage politique; ainsi, la publicité faite au débat sur le droit d'asile et la réforme de la Constitution, débat artificiel selon nombre de juristes, fait oublier l'application des réformes du Code de la nationalité, des contrôles d'identité et de mesures concernant le séjour dont divers aspects avaient fait réagir les représentants des grandes confessions religieuses. Le Gouvernement, par ailleurs, ne souffle mot des intentions affichées en matière de développement du Tiers Monde comme "remède à l 'immigration" ; "nous devons aider l'Afrique: c'est notre intérêt 1" avait dit M. Pasqua. Or, rien n'est fait pour cela. Aucune des intentions positives annoncées après le coup de coeur de Mme Veil, en écho aux réclamations des représentants des confessions religieuses, n'ont eu le moindre début de réalisation. Et, personne à ce jour ne les réclame, même pas les autorités religieuses; tandis que les immigrés se trouvent dans les catégories de populations les plus touchées par les mesures d'économie et de rigueur. Dans ce contexte, les sondages montrent que M. Balladur bénéficie du soutien d' une grande partie des diverses couches de la popula- 6 tion française. Les lois concernant l'immigration aident sans do ute pour partie à faire admettre les mesures de rigueur; pour le Gouvernement, elles constituent son volet positif. Une grande partie des gens vivent la situation avec fatalité: " il n'y a pas d'autre politique possible!" et les mesures concernant l'immigration ont tendance à apparaître comme un remède qui fait accepter les augmentations de contributions sociales, les diminutions de prestations et diverses majorations de prix! Même ceux qui ne nous sont pas foncièrement défavorables estiment, parfois, que certaines mesures gouvernementales sont appropriées, faute d'analyser la philosophie sous-jacente à l'ensemble des dispositions. Sur un plan statistique, nous apparaissons bien comme "à côté de la plaque", comme les minoritaires des minoritaires. Pourtant, parce que notre analyse est juste, nous sommes tenus de poursuivre notre combat contre des mesures qui tournent le dos à la promotion de la citoyenneté, de l' égalité, de la solidarité qui sont les valeurs fondamentales défendues par le Mouvement. Les questions d'actualité sont pour nous: comment contrecarrer ces lois? Avec quelle stratégie et quels moyens? QUELLE STRATEGIE? Le dernier congrès s 'est prononcé pour un antiracisme de proximité. Un objectif pas toujours facile à mettre en oeuvre quand on est peu nombreux et quand il faut répondre souvent à l'urgence. Nous devons d'abord lutter contre l'inacceptable dans le cadre de la défense juridique; une défense juridique à assurer en faisant tout pour être compris de l'opinion. Il faut ensuite privilégier le travail d'information et d'explication, notamment auprès des jeunes; en ayant une action pour que les jeunes de nationalité française usent de leur citoyenneté, notamment en s'inscrivant sur les listes électorales; en développant un travail d'explication auprès de cette partie de la population qui n'est pas raciste, mais qui "comprend" certaines mesures gouvernementales; en développant aussi des explications mobilisatrices à partir des cas fondamentalement injustes qui se présentent. Enfin, la lutte doit se mener avec des partenaires et autour de situations précises; selon les contextes locaux, les partenaires privilégiés peuvent être les représentants des confessions religieuses dont il ne faut pas oublier les démarches au nom de certaines valeurs spirituelles essentielles, les milieux associatifs, les organisations syndicales parfois désemparées par des comportements racistes dans leurs propres rangs . Nous devons aussi assurer notre présence dans toutes les instances officielles où nous pouvons faire entendre nos propositions. AVEC QUELS MOYENS? Mobiliser contre le racisme c'est d'abord mobiliser de nouveaux adhérents. Nous avons déjà souligné combien la représentation de ce que nous sommes réellement est faible, au regard de notre nombre d'adhérents, du nombre de comités locaux et de leur répartition sur le territoire français. Mobiliser de nouveaux adhérents pour être en mesure aussi de mettre en musique notre antiracisme de proximité; pour être proche, il faudrait être un peu partout, être accessible. Or, si on constate que le MRAP est connu, il est extrêmement fréquent qu ' il soit totalement méconnu dans les cités ou les quartiers. Il est indispensable aujourd'hui que nous devenions des "personnes repères" , donc repérables pour les gens. C'est dire que nous allons avoir à relancer une nouvelle campagne d'adhésions et de développement; d'abord en matière de réadhésions pour 1993, et ensuite préparer 1994 avec un plan préci s au ni veau de chaque comité. Nous n'avons pas une image suffisamment précise de l'activité du MRAP; ainsi, en essayant de recenser ce qui a pu être réal isé pour le 6 février dernier et les actions contre les lois récentes, ce sont les initiatives de moins de la moitié des comités qui sont "remontées" au siège national.Peut-être avons-nous tendance, dans nos comptes rendus, à valoriser ou à optimiser les réalisations , parce qu'il faut aussi être encourageants et s'encourager; mais il importe aussi de mesurer notre présence et notre influence réelles dans le pays. L'état du Mouvement ne se mesure pas seulement en termes de nombre d ' adhérents et de comités; nous avons sans doute à travailler cette question de l'état du Mouvement bien plus finement que nous ne le faisons. Un des moyens de mesurer à la fois nos forces réelles et de dynamiser celles qui en ont besoin est de disposer de davantage de militants qui consacrent du temps à cette tâche. La Commission que nous avons constituée après le congrès s'est révélée trop restreinte et les régions, confiées a ses membres, bien trop vastes, car ce travail demande effectivement du temps. C'est l'une des raisons sans doute pour lesquelles la campagne de renforcement n'a pas connu la mobilisation escomptée. Les courriers suffisent d'autant moins qu' ils ne sont parfois même pas lus. Un travail de proximité est à réaliser aussi auprès des comités, ainsi qu'un suivi de terrain. Un meilleur "va et vient" entre les comités et le siège est également à mettre en pratique. Il est à souligner que les dernières productions de matériel (pin's book, affiches), réalisées pourtant avec un souci de limiter la dépense, se révèlent déficitaires. Un projet pour construire cette proximité auprès des comités devrait Itre proposé au prochain Conseil National; toute suggestion constructive sera la bienvenue. Le travail de formation des adhérents est par ailleurs à développer, qu'on appelle cela formation ou rencontres. Les quelques réalisations de la précédente année scolaire ont été franchement positives et montrent que nous sommes sur la bonne voie en ce domaine. La formation doit viser des militants compétents , notamment sur la connaissance et l'analyse des récentes lois, même si les permanences juridiques requièrent des compétences plus fines et des formations plus spécialisées. Les formations doivent, en outre, contribuer à ce que l 'ensemble du Mouvement partage les mêmes analyses et les mêmes approches sur l'ensemble des domaines que recouvre notre action. En matière de moyens, les comités doivent disposer d' outils complémentaires, et notamment une brochure-argumentaire d'analyse des nouvelles lois, destinée à des publics qui nous sont proches et qui, néanmoins, approuvent les dispositions des lois gouvernementales; il faudrait rédiger quelque chose qui soit bien pédagogique et ait les meilleures chances d'être compris. Enfin et surtout, il est impératif que les campagnes de développement ou de renforcement relèvent d'une décision collective. Il ne s'agit pas seulement d'une approbation d'une orientation de congrès, du Bureau National ou du Conseil National; il s' agit d'un engagement dans lequel tout responsable d'une instance nationale doit s' investir pour répercuter et promouvoir des campagnes puisqu'elles sont vitales pour le MRAP et pour les causes qu'il défend. 7 Pau/Muzard 4 septembre 1993 EN BREl MANDELA, PRIX NOBEL DE LA PAIX Après avoir couronné Albert LUTHULI en 1960, Desmond TUTU en 1984, le jury du Nobel honore en MANDELA le leader historique du peuple noir d'Afrique du Sud, mais aussi celui qui, depuis de très longues années - dont vingt-sept en détention- a toujours proclamé sa foi en une Afrique du Sud non-raciale et démocratique. Nelson MANDELA a lutté avec une égale fermetédans la paix et dans la guelTe, dans les prisons et dans la négociation, venue si tard, hélas! et après tant de souffrances et tant de morts, dont la littérature et le cinéma nous ont donné des témoignages atroces. C'est peut-étre un signe des temps pour tous ceux qui luttent dans le monde contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. Le jury du Nobel a tenu à associer à ce prix Monsieur DE KLERK. Il faut souhaiter à ce dernier que cette récompense l' encourage à persister dans la voie du réalisme politique: cette voie est celle du bon sens comme de la justice. Le chemin est encore long et semé d'embûches; le sang coulera encore demain comme il coule aujourd'hui. Loin de consacrer une réconciliation déjà accomplie. le double Prix Nobel constitue un appel à red0!lbler d'efforts afin que l'apartheid soit enfin dEtruit, et que se construise réellement une autre Afrique du Sud. Et en choisissant MANDELA. le jury Nobel revendique l'égalité de tous les hommes. Cela nous concerne aussi. Communiqué du MRAP du 16 octobre 1993 AFFAIRE BOUCEIIA Un douloureux problème est posé dans le département de l' Isère; il concerne une jeune femme algérienne et sa petite fille de 3 ans et demi. A la suite de diverses circonstances familiales, cette jeune femme, alors mineure, a quitté la France pour l'Algérie; elle a alors perdu le bénéfice de la carte de séjour qu'elle avait reçue au titre du regroupement familial. Revenue en France, sans aucune attache en Algérie, elle ne peut recevoir de nouveau titre. Une vive et légitime émotion est née dans son quartier et de nombreuses personnes de toutes opinions ont écrit au Préfet pour lui demander de trouver une solution humanitaire. Le MRAP a recueilli des centaines de signatures de personnalités comme de simples citoyens sur un appel. La presse locale, la radio, la télévision ont parlé de cette affaire de façon très juste et demandent aussi une solution. Nous espérons que les pouvoirs publics ne resteront pas sourds à ces appels et nous intervenons une nouvelle fois en ce sens auprès du Ministère de l' Intérieur. Communiqué du MRAP du 18 octobre 1993 LIBERTÉ D'EXPRESSION LIBERTÉ D'EXPRESSION CENT INTELLECTUELS ARAl ES ET MUSULMANS SIGNENT Cent intellectuels arabes et musulmans connus, du Maghreb et du Moyen-Orient, mais aussi d'Iran, de Turquie, du Bengladesh et de l'ex-Union Soviétique, signent chacun un texte pour la liberté d'expression et la séparation du religieux et du politique dans un livre intitulé "Pour Rushdie". Certains parlent en musulmans, d'autres se placent expressément hors du champ religieux; tous proclament leur condamnation de l'arrêté de mise à mort édicté contre l'écrivain Salman Rushdie. Nous publions l'un de ces textes, avec l'aimable autorisation des éditeurs(1) et convions nos lecteurs à découvrir les autres. Ce texte, écrit à Alger, avant l'assassinant du poète, Tahar Djaout et de tous ceux qui sont tombés depuis, prend, ces jours-ci, une densité particulières. rr LE TROU LAISSE PAR DIEU 14 janvier-février 1989 : commencées à Bradford (Angleterre) des manifestations de musulmans se poursuivent à Paris, en Inde, au Pakistan, en Iran, au Maghreb contre la publication des Versets sataniques. Cinq morts et une centaine de blessés au Pakistan, qui ne pouvaient avoir lu le livre, interdit. Pas plus que les milliers d'autres qui le brûlèrent également à Assiout, Tunis, Alger. .. 14 février 1989 : l'imam Khomeini dans une fatwa "annonce aux musulmans fervents à travers le monde entier que l'auteur des Versets sataniques est condamné à mort". Sa tête sera mise à prix. 16 février 1989 : l'auteur, Salman Rushdie, exprime ses profonds regrets pour l'embarras causé aux vrais fidèles de l'islam". 18 février 1989 : trente écrivains arabes, turcs, iraniens, signent une pétition: "Nous sommes tous des Salman Rushdie." Tous ? La trentaine connut une courte suite et le renom des signataires ne couvrira jamais le silence des autres. Des centaines refusant ce combat pour "ne pas se couper de leur peuple". Les intellectuels de ce que l'on appelle, faute de mieux, le monde arabo-islamique auront encore une fois raté leur affaire. C'est qu'en l'espèce il ne s'agissait plus simplement de ce qui est malheureusement si 8 courant dans nos pays: une "banale" répression politique attentatoire aux droits de l'homme. Terrain balisé dont on sait bien que hormis les sempiternelles lâchetés, il mobilise sans risque des noms d'auteurs aussi nombreux que les fichiers de bibliothèques. L'affaire sentait ici le soufre du scandale, de la limite; elle touchait à cette invisible frontière, l'infranchissable 1 igne qui barricade notre "authenticité"- Ie religieux, le sacré. Dans sa réponse aux zélotes, Rushdie en a lucidement situél'enjeu: "Le Dr Aadam Aziz, le patriarche de mon roman Les Enfants de la nuit, perd la foi et reste avec "un trou au fond de lui, une absence dans sa chambre intérieure vitale". Moi aussi, j'ai en moi le même trou laissé par Dieu. Incapable d'accepter les absolus indiscutables de la religion, j'ai essayéde boucher le trou avec de la littérature". A quoi sert-il de s'attarder sur le terrain de l'argumentaire théologique à propos des Versets sataniques ou sur une plaidoirie de la liberté d'expression quand le "crime" imputé à Rushdie tient en fait de cette métaphore, cet indicible rapport entre le vide de Dieu et son plein par la lettre? Transgressant les tabous, l'écrivain est irrémédiablement happé, poussé à se "promener dans les régions interdites". Du "Pourtant, elle tourne", il semble poursuivre l'élan de tout imaginaire libre par un "pourtant, j'écris". Telle est la leçon des Versets sataniques et du combat proposé à nos intellectuels par l'affai- "Pour Rushdie" re Rushdie: le devoir de vivre et de penser sa vérité par rapport à la référence; écrivain, il l'utilise dans son domaine: l'infinie fiction de l'écriture. Vieux conflit entre l'écriture et ses censeurs, toujours armés de "réalisme". Hier le "réalisme socialiste", aujourd'hui l'érection d'un "réalisme islamiste". Qu'ontils fait d'autre, ceux qui se sont tus dans cette affaire "pour ne pas choquer le peuple" sinon agir "par réalisme"? Dans un autre sens du mot, en l'occurrence, mais la portée est la même car leur dérobade, l'éteignoir de leur propre parole conduit à sacrifier leur statut d' écri vain. Mais entre Khomeini et Rushdie, il ne pouvait s' agir d'un débat critique sur l' écriture. Le recours par l'ayatollah à la critique des armes est dans le droit fil de sa pensée politique: un déplacement du terrain de la liberté d'expression comme droit de l'homme à une eschatologie des droits de Dieu dont serait justiciable tout croyant. Le vrai "scandale" de l'affaire Rushdie, son importance symbolique, tient donc autant à cette procédure inquisitoriale d'apostasie qu'aux fondements qui la légitiment: l'interdit pour l'individu, au nom des croyances de la communauté, d'être-aumonde au-delà du mythe de l'origine unitaire et indivisible, sacré. Sommé en permanence de se nier pour n' exister que pour l'agrégation dans la communauté. Pour avoir compris la tragédie de ce cercle infernal et pensé les possibilités de son ouverture, Farag Foda(2) est tombé sous les balles des intégristes. Contre l'universitas islamiste, cet inadmissible terrorisme de l'esprit, il porta le combat au coeur même de la dispute théologique pour la séparation d'Umur ad-dîn et Umur ad-dunya. Il écrivait dans Qabl as-suqût :"Le premier ordre est un message divin et le second un attribut de l'humain." Des mots qui ont conduit leur auteur à la mort. Ne manquons donc pas cette phrase; c'est une question qui insiste, un enjeu de notre histoire. A son tournant, ce qui se déroule aujourd' hui -sans doute le ressentonsnous plus dramatiquement ici à Alger a valeur d'exemple. Aussi nécessaire qu'il soit de combattre le fanatisme en armes, il serait illusoire de croire que cette bataille se gagne seulement par la police et l'état d'exception. Plus importante est la "guerre des paroles" pour reprendre Rushdie. Sur ce terrain, comme l'a crié Foda, "l'élite du monde arabe porte une grande responsabilité". Il paya le prix du droit de penser et d'écrire qu'il ne peut y avoir de démocratie lorsque se confondent l'ordre théologique et le politique dans la cité. Le mot est placé chez nous sous la terreur et les rares politiques qui en prennent conscience préférent recourir à la litote et à l'euphémisme. Il s'agit de laïcité, et l'expérience de nos prédécesseurs dans la modernité a montré combien fut sanglante l' histoire de l'émergence de la société civile qui seule permet la rupture avecle holisme et la libération de l'individu, responsable de sa conscience. Au moment où j'écris ces lignes, ce 25 novembre 1992, l'écrivain Rachid Boudjedra est menacé de mort par les intégristes pour avoir dénoncé le "FIS de la haine". Post-scriptum, décembre 1992 : au moment où l'État égyptien affirme sa détermination à combattre l'intégrisme, en condamnant notamment les assassins de Foda, ses oeuvres complètes, rééditées en hommage, viennent d'être interdites et retirées des librairies sur ordre d'AI Azhar, "au nom de l'islam, religion de l'État". Encore une fois, contre l'État religieux, le politique actionne la religion d'État "au nom du réalisme" justifiant ainsi symboliquement l'acte des tueurs que, par ailleurs, il condamne à mort... Triste tragédie que le cercle infernal de cet intellectuel, à l'image de tous ceux qui ont le courage de se proclamer tels, que le monde arabe réduit au désespoir du silence même après sa mort... 3 janvier 1993. Voici le texte d'un article que publie ce jour le quotidien algérien L'Opinion: "La foire internationale du Caire abritera, à partir du 26 janvier prochain, une série de conférences sur le terrorisme et l'extrémisme sous le titre "la confrontation décisive ", a annoncé le président de l'Entreprise égyptienne du livre. Participeront à ces rencontres quelque cent chercheurs, pen- 9 seurs, éléments de la sécurité et de l'information, ainsi que d 'anciens ministres égyptiens de l'Intérieur. Dans le même cadre, l'actuel ministre de l'Intérieur, le général-major Abdel-Halim Moussa, donnera une conférence sur la "lutte anti-terroriste". Le président de l ' Entreprise égyptienne du livre a déclaré qu'une dizaine de conférences seront organisées sur le thème de la sécurité, des questions socio-économiques et politiques ainsi que de l'information. Au cours de ces conférences, a-til précisé, sera abordé le sujet de l 'origine de l'extrémisme, ses répercussions socio-psychologiques et le rôle de la lutte contre le terrorisme. A noter que la dernière édition de la foire du livre du Caire, à laquelle ont pris part quelque 25 000 personnes, avait vu la tenue d'une conférence sur le concept de l'État religieux et l'État civique. Elle a été animée, entre autres, par l'imam Ghazali, le penseur islamique Muhammad Amara et le conseiller Mamoun Amara, porte-parole du groupe des Frères musulmans. ' Sans commentaire, car voilà des lustres que, sous d'autres contrées, on sait où conduit l'alliance du sabre et du goup'l11o n. " Nourredine Saadi Juriste algérien (1) La Découverte, Carrefour des littératures, et Colibri (2) Ecrivain égyptien assassiné au Caire Ce n'est pas un mystère si , du point de vue du niveau de conscience, les sociétés musulmanes sont d'une créativité inférieure à celle des individus qui les composent. Mohammed Barhi NOUVELLES DU (ISlA Le Comité international de soutien aux intellectuels algériens, présidé par Pierre Bourdieu pour la section française, vient de publier le premier numéro de son bulletin de liaison, la Lettre du CISIA. Au sommaire: la vie du CISIA, une première liste des personnalités et des intellectuels ayant apporté leur soutien au CISIA, une rubrique "courrier", une revue de presse, une excellente chronologie des principaux événements survenus en Algérie depuis 1988, des poèmes dont ces quatre vers de Tahar Djaout : Le silence, c'est la mort Et toi si tu te tais tu meurs Et si tu parles tu meurs Alors dis et meurs. La Lettre du CISIA est disponible auprès de l'association, au : 105 Boulevard Raspail, 75006, Paris. GRANDE-BRETAGNE GRANDE-BRETAGNE LE MRAP SOLIDAIRE DES ANTIRACISTES ET ANTIFASCISTES BRITANNIQUES Le MRAP salue les antiracistes et antifascistes britanniques qui ont manifesté samedi 16 octobre à Londres contre les néo-nazis dont un représentant vient d'entrer au Conseil Municipal. Les raisons qu i portent les démagogues fasc istes sont les mimes dans tous les pays du monde et singuli èrement dans les pays européens touchés par la crise économique et sociale. La politique archi-réactionnaire menée en Grande-Bretagne ne peut qu ' accentuer les facteurs d ' exclu sion sociale et de division entre les diverses composantes de la population. C'est dans l'Europe entière qu'il faut appeler à la vigi lance et à l'union , contre l'ethnicisation des vÈritables problèmes sociaux. Rappelons qu'en GrandeBretagne, les "blacks" sont dans leur grande majorité des citoyens britan niques: le caractère raciste des attaques qui les visent n'en est que plus mani fes te. Le MRAP exprime sa solidarité avec les mouvements qui luttent outre-Manche contre le raci sme; il souhaite que ces mouvements trouvent les voies d'une action unie , comme cela s'est fait depuis deux ans en France, dans le respect des différences légitimes. Le MRAP continuera à oeuvrer, dans le cadre du rÈseau européen et dans les contacts bilatéraux, pour que l'union dans la clarté progresse entre tous nos mouvements. Communiqué du MRAP du 18 octobre 1993 ~ L'EXTREME DROITE S'IENRACINE A LONDRES La violence xénophobe a pris, ces derniers mois, des proportions inquiétantes. 'Le British National Party vient d'emporter un siège aux élections municipales. Lors de l'élection partielle du 17 septembre 1993, le British National Party (BNP), parti d'extrême droite, a gagné un s iège municipal à Tower Hamlets dan s l'est de Londres. L' atmosphère dans le quartier reste tendue avec un ni veau élevé de viol ence et de harcellement raci stes . C'est le premier succès électoral pour un parti fasc iste depuis mai 1976 quand le National Party gagna deux sièges municipaux au nord de l'Angleterre. Les deux principaux partis politiques de la municipalité de Tower Hamlets (les Liberal Democrats qui contrôlent la mairie et l' opposition Labour) se so nt accusés mutuellement d'avoir encouragé les thèmes racistes pendant la campagne élec torale. La complai sance générale à l'égard du racisme en Grande-Bretagne en comparaison avec la montée de l'extrême droite dans d'au tres pays européens est devenue très inquiétante pour l' ave nir. On pense à la situation analogue qui s'était produite en 1984 à Dreux qui s'est révé lée comme un sérieux indice de la croissance de la base électorale de l'extrlme droite. Comment a-t-on pu en arriver là et quels en sont les enseignements? Duran t les an nées 1980, les groupes fascistes en GrandeBretagne étaient très fai bles et divi sés. Beaucoup ont expliqué ce phénomène par la position dure contre l'immigration que le gouvernement conservateur de Thatcher a adoptée. Cependant, ces dix dernières années , des conditions globales favorables à l'émergence du racisme et de l'intol érance n'ont jamais été absentes. VIOLENCE RACISTE ET CAM~AGNES DE L'EXTREME DROITE. Pour les ant irac i stes britanniques, une des questi ons les 10 Cathie Lloyd dresse un panorama pour tenter de r:omprendre ce qui se passe au bord de la Tamise. plus pressantes est la violence raciste. Depuis les luttes anti-fas cistes importantes des années 1970 qui incorporèrent la culture de jeunesse dans "Rock against Racism , le mouvement antiraciste s'est tourné vers des questions de base plus immédi ates. Un travail important a été mené sur la violence et le harcèlement raciste. Les groupes locaux de militants ont ras semblé des données sur ces incidents, ont lutté dans des cas spécifiques et ont fait pression sur les municipalités afi n qu ' elles prennent des mesures pour empêcher que le racisme quotidien détrui se la vie des gens . Nous sommes très conscients de l'existence d' un ni veau effrayant d' actes quotidiens d'agression sans lien avec le racisme organisé en tant que tel. Le travail de ces groupes locaux a montré que bien que les actes de vio lence les plus sérieux, comme les meurtres, sont commis contre des jeunes hommes( l) L'extrême droite en Grande-Bretagne a bâti des bases dans plu sieurs quartiers où des conflits locaux sur des questions comme le logement et l'éducation ont enflammé les passions. Influencés dans leur politique par la " nouvelle .droite" mais encore dominés par des ski nhead , ces groupes d ' extrême droite ont exploité et amplifié ces conflits. A l'est de Londres, ces conflits ont pris une forme particulièrement sournoise. A L'EST DE LONDRES Le quartier des anciens docks à l' est de Londres a depuis longtemps connu des tensions entre la population "de souche" et les populations d'origine immigrée. Pendant le dix-neuvième siècle, les groupes principaux étaient formés de marins issus des qu atre coins de l'Empire, travailleurs Irlandais et des réfugiés Juifs. Plus récemm ent, après 1945, des immigrés originaires du so us-continent indien sont venus peupler ce quartier formé de logements dégradés (et bon marché) et de petits ateliers de vêtements à ]' heure où les générations précédentes déménagèrent vers des banlieues plus prospères. Aujourd'hui la majorité de la population d' origine immigrée est venue du Bengladesh: ce sont les dern ier s arriv a nts avant l'impo si tion des contrôles de l' immigration(2) Les rues de Tower Hamlets symbolisent la lutte contre le fascisme et le racisme. Cable Street fut la scène d'une man ifes tation massi ve contre les fasc istes dans les an nées 1930(3), et pendant les an nées 1970 des luttes furent menées pour interdire l' accès de Brick Lane, rue de forte populati on sud-asiatique et ce ntre de leur commerce, aux vendeurs de journaux fascistes . Auj ourd ' hui les fascis tes sont de retour et plusieurs bagarres ont opposé fascistes et anti-fascistes. LA BASE ÉLECTORALE DE L'EXTRÊME DROITE. La victoire récente du British National Party est le résultat de longues campagnes locales autour d'une série de conflits centrés sur l'éducation et le logement. En février 1990, un jeune blanc (John Stoner) fut poignardé par un groupe de Bengladeshis dans la cour de leur école. L' incident s'était produit après que son père eut été sommé de quitter les environs de l'école en raison de ses activités racistes. Plusieurs semaines auparava nt, les attaques contre des Bengladeshis et les incidents racistes s'étaient multipliés. Après cet incident, le grand-père Stoner organisa une manifestation qui a attiré l'attention du BNP. La famille Stoner a maintenu des relations ambigües avec le BNP qui exp loita le meurtre en mobilisant autour du slogan "Rights for Whites" et présenta quatre candidats aux élections municipales de mai 1990(4). Le BNP apporta son soutien aux locataires racistes qui résistaient à l' arrivée de Bengladeshis dans des logements de bonne qualité, en détruisant les propriétés et en les couvrant de graffitis avant qu ' ils emménagent et en harcelant ceux qui arrivaient dans une cité "blanche". LES MANIPULATIONS La violence raci ste devint si sérieuse pour les enfants, y compris pendant le trajet de la maison à l'école, que les autorités d' éducation ont dû prévoir des autocars spéciaux pour les transporter. Ces mesures de sécurité furent présentées par le BNP comme des mesures préférentielles pour les Bengladeshi s! Ce qui est loin d'être le cas, la municipalité Liberal-Democrat ayant subi une condamnation au nom de la loi de 1976 contre le racisme pour actes de di scrimination contre les Bengladeshis dans l' allocation de logement publics. La politique Liberal-Democrat de "politique communautaire" est d'être à l'écoute des problèmes de la communauté, mais sans pourvoir aux ressources nécessaires à leur solution. Leur manque de principes politiques pour encadrer le mécontentement populaire les rend susceptibles d'être manipulés par des groupes racistes. Les Libéraux ont découvert que l'enjeu raciste pou vai t leur gagner des voix, les menant récemment à dénoncer le parti Labour pour favoritisme envers les Bengladeshi aux dépens de la population "i ndigène", allant même jusqu'à distribuer de faux tracts Labour. Malgré une enquête menée en application de la loi contre le racisme, cette stratégie d' exploitation des sentiments racistes a été utilisée à l' avantage du BNP. Comme ailleurs en Europe, nous assistons en Grande Bretagne à un processus de destructuration des communautés traditionnelles liée surtout à la perte de l'emploi rég ulier. Il existe beaucoup d'autres localités semblables où les gens vivent sans projets ou d'espoirs pour l'avenir. La classe politique nationale fut unie dans sa condamnation du résultat électoral du BNP (en partie parce que l'élu BNP a déclaré qu'il refuserait de représenter les intérêts des Asiatiques à Tower Hamlets parce qu ' ils doivent "rentrer chez eux", ce qui va à l'encontre des principes constitutionnels) et peu de politiques au niveau national sont prfts à utiliser ce résultat pour exiger une politique plus restrictive qui au rait tendance à provoquer davantage de violence raciste(5). Les groupes et organisations antiracistes se mobilisent contre le BNP au sud-est de LONDRES et contre la violence raciste en général. Cependant, les vieilles querelles demeurent et le sectarisme disperse les énergies. Les plus importantes initiatives sont locales, comme les jeunes Asiatiques de l'est de LONDRES qui se mobilisent dans une campagne de défense à Tower Hamlets et la mobili sation dans un nouveau esprit d'unité pour une manifestation contre le BNP le 16 octobre. (1) Le Home Office (Ministère de l'Intérieur) a recensé 7.793 incidents racistes sérieux pendant 1992 ; encore en 1993 plusieurs meurtres racistes ou attaques extrêmement sérieuses se sont produits : en mars un jeune de 18 ans, Stephen Lawrence, a été poignardé à mort par un gang raciste pendant qu ' il attendait un bus au sud de Londres ; en mai un ivrogne a battu à mort Khoax Meah avant 11 d 'attaquer son domicile ; en juillet Joy Gardner mourut aux mains de la police lors de son arres tation pour l'expulser du territoire; plusieurs jours avant l'élection récente à Tower Hamlets, Quaddus Ali (17 ans) fut sérieusement blessé par un gang raciste. Certaines décisions judiciaires ont rassuré un peu : plusieurs racistes ont été condamnés à des peines d'emprisonnement àvie avec des périodes recommandées de 22 ans de pri son ferme dans le cas des meurtres de Khoas Meah, Rolan Adams et Fiaz Mirza. (2) Les Bengladeshis sont loin de constituer un "ghetto" à l'est de LONDRES. D'après le recensement de 1981 , les personnes originaires du "Nouveau Commonwealth" constituent 20 % de la population de la municipalité de Tower Hamlets (où le BNP a gagné son siège); ce pourcentage comprenant 9 % de Bengladeshis (et 5 % originaires des Antilles, 1 % de l'Inde, 0.7 % du Pakistan et le reste d' autres groupes plus petits). La population Bengladeshie est la plus mal logée et sans doute l'une des plus défavorisées en termes socio-économiques. (3) En 1934 le British Union of Fascists avait 4000 membres dans ce quartier de LONDRES et une base Èlectorale assez puissante. (4) Voir Fekete L (1990), "Europe for the Europeans : East End for the East Enders", Race and Class Vol 32 July-Sept nO 1. (5) Cependant Winston Churchill, le fils de l'ancien premier ministre, Conservateur, fait monter la tension avec des discours incendiaires contre l'immigration. Cathie LLOYD Université de Warwick Grande-Bretagne ANNONCE D'UNE ADHERENTE DE PAU Deux enquêtes sociolinguistiques, réalisées en 1993 par des étudiantes de la Faculté des Lettres de Pau, licence de lettres modernes, U.V. "langue et communication" peuvent intéresser vos lecteurs : - Bernadette Cambrand-Dessus Étude sur la transmission de la langue d'origine chez les immigrés et comparaison avec un schéma de transmission de la langue occitane, 88 pages dactylographiées et manuscrites, - les photocopies: 40 francs; - les photocopies avec reliure et couverture plastique: 57 francs. - Nadine Mi/he Le parler français des immigrés portugais, 83 pages manuscrites; - photocopies uniquement, 37 francs; - avec couvertures bristol, 47 francs. Frais de port: 32 francs en colissimo ou 22 francs en port économique. COURRI ER COMMENT LIRE MEIN KAMPF? J'ai été surprise d'apprendre par Différences d'avril. à la page "chrono du mois", que le MRAP avait demandé. avec quelques associations que "Mein Kampf' soit retiré des rayons de livres sur l' Histoire de l'Allemagne au 5e étage de la librairie Gibenjeu Iles. Celte différence de jugement viendrait-elle d'une différence de génération ou ne serai s-je plus dans la ligne du MRAP? J'ai vécu. dans les années trente et quarante dans un dépanemenl du centre de la France dite "zone libre", Par l'esprit de mon mi lieu scolaire et celui de mes parents, j'ai ressenti IrèS tôt l'extrême danger de la montée du nazisme el du programme monstrueux d'Hiller (mon père avait lu un abrégé de "Mein Kali"'!, paru en frança is en 193211934. C'est ce qui con tribua en grande partie à déterminer le componement de ma famille puis le mien: hostiles à Munich. au régime de Vichy et à roccupation; hé~rgement de 1940 à 1943 de réfugiés du Nord, officiers anglais, familles juives. réfractaires au $1'0, par· ticipation de mon père à la Résistance à laquelle je panais en 1944 des renseignements àbicydette ... Mais fai aussi été témoin des atrocités de la guerre ( ... ).Les thèses de "TÉtaI racial el fascisle" prévu el instauré par Hitler sonl monstrueuses. Mais, aussi monstrueuses soient-elles. elles furen t en grande partie appli quées par Hitler de 1933 à 1945. Elles sont donc le pilier de l'Histoire de ces années noires dont nous avons, je pense, le devoir de transmettre une mémoire. non sélective. aux nouvelles générations. Oeuvre de propagande d' Hitler pour les AlIcmands de la République de Weimar et du Ille Reich, faul-il considérer que la version intégrale de "Mein Kampf" publié en français par les Editions Latines précédée d'un '"avenissement au lecteur' ordonné par arrêt de la Cour d'appel de Paris du II juillet 1979 '"peut actuellement contribuer à une renaissance de la haine raciale ou à l'exaspération de la xénophobie contre lesquelles lutte le MRAP ou apporter l'éclairage historique sur les méthodes qui ont amené le peuple allemand à poner Hitler au pouvoir et sur les résu ltats de l'application de ses théories par la violence el la guerre? Les effets du nazisme. pour ceux qui au pouvoir dans les autres pays d'Europe on t réagi trop tard, pour les principales victimes et leurs descendants, sont encore ressentis. Personne llement, je pense que c'est d'esprit critique et d'informations complètes dont les jeunes ont besoin pour être sensibili sés et pour pouvoir porter un jugement sur les pages les plus noire de notre histoire qu'à plusieurs époques on a eu tendance à gommer. Marcelle Einhorll adhérente du MRAP depuis 1949, membre du Conseil national IMMIGRATION ET COOPERATION C'est sur les conseils de mes amis de la section du MRAP des Pyrénées Orientales que j'ai décidé de prendre contact avec vous. Je tiens 11 vous dire d'emblée que j'approuve entièrement le combat mené par votre organisation à l'encontre de la politique nationale qui se mel en place en France par l'intermédiaire des lois sur l'immigration et concernant le droit d'asile qui visent li --aligner" [a France sur les accords européocentristes de Schengen et au-delà sur le nouvel ordre mondial. Ceci étant, mOIl e1tpérience de coopérante au Maghreb et en Afrique Noire m'a amenée à analyser que la politique d'immigration menée actuellement dans I"hexagone procède directement de la politique de coopération que nous menons dans not re empi re d' Afrique francophone . A ee propos, il me parait intéressant de noter que J'exacerbation d'un débat national quasiment consensuel sur la question de lïmmigralion est inversement 12 proponionnelle à la désinfonnation qui sévit sur le combat mené par les peuples d'Afrique francophone depuis plus de quatre ans pour démocratiser les Etats ( ... ). D'une mani ère plus généra le, l'absence de débat national depuis tren te ans sur notre politique de coopération m'apparaît personnellement comme un élément majeur de régression de notre conscience républicaine et partant, du pouvoir d"innuence positif de notre nation à l'échelle internationale. Dans cette perspective. je souhaite soumettre à votre appréciation deux anides que j'ai rédigés il y a que lq ues mo is da ns le contexte de la mobilisation du peuple togo lais pour le départ d'Eyadéma(. .. ). Je me permets enfin d'attire r votre attention sur l'isolement dramatique que subit [e mouvement de démocratisation engagé par les peuples d'Afrique francophone. Le cas du Togo m'apparait entre autres d'autant plus grave que ce peuple a avec une détermination remarquable fa it les choix les plus courageux pour son avenir politique: grève générale pour le départ d'Eyadéma. boycott général pat toute l'opposition démocratique des élections présidentielles truquées du 25 août 1993 ( ... ). Martine Boudet Limoges REDAaEURS COMPETENTS, ARTICLES ILLISIBLES J'ai en main le numéro de septembre 1993 de Différences; depuis plusieurs mois je nourris un bile amère en recevant ce journal: des rédacteurs compétents travaille nt et se documentent pour fournir des textes, sans doute riches, mais souvelll un peu difficiles pour une panie de nos adhérents. Ce journal eSI illisible du fait du trop petit caractère utilisé pour certai ns articles ( ... ). N'hésitez pas li supprimer un tiers de la cop ie pour la rendre plu s lisible et plus attrayante. Ce sera plus digeste donc plus profitable. Slll,tl1//1e Bonnali UN MOIS DE LA PALEmNE 1 CLERMONT Du 15 novembre au 18 décembre, le comité local de Clennont-Ferrand o rga nise un mois de la Pales tine avec l'AMFP, P our les deux associations, les accords de paix israélo-palestiniens constituent un '"événement hi storique". Elle en visagent dans cet esprit, "de mettre en place une antenne local du CICUP (Collectif interunivers itaire p our la coopération avec les universités palestinie nnes: de faire découvrir un aspect de la culture arabe, à trave rs une ex pos ition de ca lli graph ie dans di vers é tablissemems scolaires. 89. rue Oberkampf 75543 Paris Cedex Il Tél. : 48068800 Télécopie: 48 06 88 01 • Directeur de la publlçatlon Mouloud Aounit • Gérant bénévote ManiaI Le Nancq • Rédactrtçe en ehef Chc-rifa Benabdessadok • Administration - "esUon Patricia Jouhannet • Publlelté aujoumal • Abonnements Isabel Dos Martires • Mise en page Arco-Tél.: 4850 t81t • Impression Montligeon Tél.: 33 85 8000 • Commission paritaire nO 63634ISSN 0247-9095 Dl':pôt légal 1992-10
Notes
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