Droit et Liberté n°278 - janvier 1969

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Sommaire du numéro

    • Expulsion en trois tableaux (destruction des bidonvilles qui sont l'unique abri de milliers de travailleurs immigrés) page 8
    • Contre la prescription des crimes nazis par Daniel Jacoby page 10
    • Moyen-Orient : dix-huit mois après par Antoine Menoux page 12
    • Dossier : qu’est-ce qu’une race ? page 17
    • Six livres: un bilan, la lutte des noirs américains page 25
    • Jean Pelegri et le Mahboul; un écrivain pied-noir parle de ses déchirements page 27
    • Quatre poèmes de Pierre Mohrange page 32

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Revue mensuelle du Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix JANVIER 1969 • N° 278 • PRIX : 2 FRANCS '" MOYEN-ORIENT: DIX-HUIT MOIS APRES DOSSIER: , QU'EST-CE a.t'l'F":....,. . QU'UNE RACE? ~ LES NAZIS DEVIENDRONT-ILS RESPECTABLES? POWER où VONT 'LES NOIRS AMÉRICAINS' ? Collection Automne -Hiver Blouson Pantalon • Rand.1I Scherpa . Ceinturon Très grand choix VETEMENTS SPORT ET VILLE • Vestes • Foam-Back • Blousons • Nylon • Cabans • Velours • Pantalons • Terrai • Anoraks • Gabardine 1968-69 pour Hommes Femmes et Enrants • Fuseaux • Lainage tantalsie • Pantalons à pont . Imperméables • et toutes les nouveautés Tecn-a,ers • et tous les pantalons taille basse et pantalons maril15 Catalol\Je envoy. lur demande Super caban mixte Helena Rubinstein

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F TOTAL •••••••• •••••• F Nom_ .. . __ ... _.. . .. .. . .. . ___ ._ ... _.. . .. . .... Adress8... _ ._ _ ..._ .. . . __.. . .. . .. . . _ ._ _ ... _.. . __ Téléphone. .. . __ ._ _ ... _. __ ... .. . _. .. Joindre une enveloppe timbrée S.V.P. DROIT ET LI BERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 3 en 1968 ~ a publié • des études .sur des problèDles d'a~tualité : La presse et les juifs (janvier); Le coeur et l'apartheid (février); Les parias de ~;e,no,ble (mars); La ségrégation raciale en Grande-Bretagne (avril); U.S.A. : 1 ete s annonce orageux (mai) ; L'hommage de Paris à Martin Luther King (mai) ; Est-ce la !aute d.es é.tra~gers ? (juin) ;, Les .in.cidents raciaux de Belleville (juin) ; Les travailleurs Immigres dans la greve (JUin); Le droit d'être étranger (septembre); Discriminations en Pologne (septembre) ; Audun-le-Tiche : tous pour un - L'affaire Rutili (décembre), etc. • des dossiers sur les grands sujets de notre teDlps : • l'a~tualité ~ulturelle du DIois: Les livres, la peinture, la science ... • des textes littéraires: d'écrivains français (Gabriel Cousin, Pierre Dac), allemands (Martin Walser), tchèques (Ludwik Askenazy), polonais (les poètes du ghetto de Varsovie). • des téDloignages : Des travailleurs immigrés racontent leur odyssée et leur vie en Europe. _______ Abonnez-vous pour 1969 ! _____ _ 4 . , Vous avez une chance de gagner un séjour de trois semaines à Cuba, en participant au concours d'abonnements de droit & liberté D'ici au 1 er mars prochain, vous pouvez recueillir de nombreux abonnements. Hâtez-vous! Les résultats seront proclamés le 21 mars. De nombreux prix seront distribués. Les concurrents peuvent encore demander des carnets à souches (5 par carnet). Les abonnements recueillis devront nous être transmis aussitôt : Droit et Liberté, 120, rue Saint-Denis - Paris (2e ) C.C.P. Paris 6.070-98 DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 RELIEZ VOTRE COLLECTION «Droit et Uberté vous propose sa reliure - système Il broche. mise en place instantanée - couleur vert sombre, pour les numéros de l'année. Prix : 10 F (+ 2 F pour frais d'envoil. Les numéros qui vous manquent pour que votre collection soit complète peuvent vous être envoyés au prix ' de 1,50 F (numéros de 1967) ou de 2,00 F (numéros de 1968) , Si vous n'avez pas conseNé les numéros anciens. vous pouvez commander les 11 numéros de 1967 dans leur reliure pour le prix de 25 F (+ 2 F pour frais d'envoi) . VOUS AUREZ A VOTRE DISPOSITION, SOUS UNE FORME ÉLÉGANTE ET MANIABLE UNE DOCUMENTATION INDISPENSABLE r - - - - - - - - - - - B U LLETI N - - - - - - - - - - -..., 1 M . . .... .. ... . ..... . . . . . ... . Adresse . . ..... .. .•.. , .............. 1 1 commande la reliure «Droit et Uberté » .. .. .. .. .. .. . .. .. .. .. .. . 12 F (1) 1 1 s abonne pour un an (abonnement ordinaire) . .. . . , ......... . .. 20 F (1) 1 1 (abonnement de soutien) . .. . . .......... . . 40 F (1) 1 11 V ous J.O'lO t par ch è que bancai.r e, mandat, chèque postal (1). 11 1 la somme de ...................................................... 1 1 «Droit et Uberté» : 120, rue Saint-Denis, Paris 2'. C.C.P. 607(}.98. 1 1L (_1) _Rayer_ la _mention_ inutile. __________________ 1I 5 6 La source cachée du nazisme Si j'approuve sans réserve les buts du M.R.A.P .. je n'en trouve pas moins à redire à votre attitude à l'égard du N. P. D. Il va sans dire que je condamne catégoriquement la renaissance prétendue du nazisme en Allemaqne fédérale. Je dis « prétendue » non parce que je doute de la provenance idéologique de ces incorrigibles teutomanes mais parce que je crains d'avoir tout lieu à croire que ce qui n'a jamais été mort ne peut pas renaître . Ce scepticisme est partagé par l'intelligence critique en Allemagne ; un çfes sociologues les plus renommés dans notre pays rappelle que le nazisme a survécu à sa propre mort, et un autre spécialiste en cette matière nous met en garde contre le danger d'isoler le N. P. D. du contexte de la société où il pousse: il ne serait qu'une espèce de thermomètre indi quant les températures du néoou paléo- ou cryptonazisme dans la population. Or, si le nazisme a la vie si dure, il faut se demander. Op.nilssant l'indignation morale et la peur, pourquoi il est si tenace. D'ail leurs, ce n'est pas pour salir mon propre nid (en tant qu'Allemand) que j'écris cela, ni parce que je crois que les Alle mands, et eux seuls, tiennent le nazisme de nature, mais parce que je crains un Hitler dans chacun de nous. Par « nous », j'entends tous les hommes - et parce que je crois qu'il importe de mettre le doigt non seulement sur les symptômes mais aussi sur la maladie profonde qui les provoque. l 'a charnement justifié avec lequel vous vous en prenez aux néonazis en Allemagne devrait aller de pair encore davantage avec une réflexion politique: sociologique et surtout psychologique sur les racines du na - zisme, qu'il soit manifeste ou latent. Je me demande si votre méthode - de prendre von Thadden et son troupeau et les anciens bourreaux nazis comme têtes de turc - est la bonne. Gifler un chancelier tend égaiement à isoler, à « personnaliser » le problème en faisant croire qu'il suffit de limoger M. Kiesinger et quelques autres hauts fonctionnaires ex-nazis, de mettre les a nc ie n s nazis sous les verrous pour nettoyer l'Allemagne des derniers vestiges du nazisme. Cela serait trop beau : Il y a un nazisme historique. lié à une époque et une société déterminée, se définissant par le contenu concret de ses doctrines (pangermanisme, antisémitisme ... ) et un nazisme potentiel, dispositionnel, anomalie psychique (trop normale), structure psychique qui peut se matérialiser sous des formes multiples n'im porte où, n'importe quand, pourvu que les conditions extérieu res soient favorables. Ulf HESElER Francfort-sur-le-Main R.F,A. Le coeur nourri de haine Je me suis rendue récem ment en Israël et j'ai librement visité et ce pays et une fraction des territoires occupés. C'est avec horreur que j'ai constaté, l 1 à Gaza notamment, l'état effroyable dans lequel Nasser et ses responsables tiennent parqués leurs frères arabes dans des sortes de camps entourés de barbelés, et soumis par les Egyptiens à des contrôles policiers, leurs refusant tra vail, etc. Comme seul moyen de culture, les Egyptiens envoient aux réfugiés des agitateurs politiques. Résultat: ces malheureux au coeur nourri de haine n'aspirent qu'en une hypothétique vengeance... On oublie un peu trop qu'une partie des terres, et des plus mauvaises, fut vendue aux juifs et qu'en vingt ans Israël a dû absorber autant de réfugiés juifs des pays arabes qu'il existe de réfugiés palestiniens. H. LESCEUR Paris 168 Comparer ce qui est comparable Il y a une thèse qui frise le racisme et qui oppose l'incurie des Arabes au dynamisme des pionniers israé liens « qui ont fait pousser des oranges dans e désert». Je voudrais seulement rappeler quelques chiffres

1 - Depuis 1948, la confiscat ion des biens des Palestiniens premiers occupants a rapporté a Israël l'équivalent de plusieurs milliards d'a nciens f rancs. r - Depuis 1950, Israël a eçu de l'étranger plus de 7 milli ards de dollars d'aide, dont la c g t f c d l t d p moitié, draînée par les diverses ommunautés juives, en aide ratuite. Je ne critiquerai ceres pas cette solidarité, mais il audrait quand même en tenir ompte lorsqu'on veut établir es comparaisons sérieuses. a production par tête d'ha biant en Israël, compte non tenu e cette aide étrangère, n'est ratiquement pas supérieure à ti celle de sa voisine égypen ne. . Israël « ne de'vait pas devenir un pays levantin». Michel CHARRAS Aubervilliers La synagogue aux yeux bandés Je vous avais signalé les sculptures et peintures se trou vant dans les églises ou sur les murs extérieurs, pqussant directement ou indirectement à l'antisémitisme, comme par exemple la Synagogue aux yeux bandés à Notre-Dame de Paris et à la cathédrale de Strasbourg. ( ... ) Je viens de lire à la page 386 du livre de P. E. lapide : Rome et les juifs (éd. du Seuil) : « Depuis des siècles, des centaines de milliers de pèlerins allaient chaque année dans la petite ville bavaroise de Deffendorf qui célébrait, tous les 30 septembre, le massacre de sa communauté juive. Certains furent brûlés vifs, et les autres passés au fil de l'épée, ainsi que nous l'apprend une des inscriptions marquées au bas des douze fresques qui illustrent en détails, purement imaginaires, la calomnie et le massacre. en série qui s'ensuivit.. . » Faisant fi des protestations des commerçants et des hôteliers locaux, Jean XXIII ordonna que les douze fresques et leurs légendes fussent comp.lètement effacées; de même ordonna- t-il l'abandon du pèleri nage annuel. les nouveaux ordres mirent deux ans à être exécutés, mais vers 1961. Deffendorf s'était inclinée. Edouard LÉVY - Paris 16" Rue aux juifs Je ·. pense que cette ignoble appellation : « rue aux juifs» est injurieuse et intolérable. Il n'y a point de rue aux Arabes. rue aux Mahométans, rue aux Orthodoxes ... Maurice VICCI- 2B-Luce dans ce nUlllèro EXPULSION EN TROIS TABLEAUX L'hiver n'empêche pas la destruction des bidonvilles et des taudis qui sont l'unique abri de milliers de travailleurs immigrés ......... 8-9 CONTRE LA PRESCRI PTION DES CRIMES NAZIS C est l'an prochain que les assassins du III' Reich redeviendront de bons et honnêtes citoyens, si nous n'empêchons pas cela ...... 10- Il MOYEN-ORIENT: DIX-HUIT MOIS APRÈS L'impasse semble totale ............ 12-13 Le dossier du rrwis : QU'EST-CE QU'UNE RACE 1 Un bilan scientifique, une' controverse ... , .. .... "............ ....... 17-24 SIX LIVRES, UN BILAN La lutte des noirs américains ..... ,. 25- 2 6 JEAN PELEGRI ET LE MAHBOUL Un écriVaIn pied-noir parle de ses déchirements ..................... 27-28 QUATRE POÈMES DE PIERRE MOHRANGE présentés par Jean Cussat-Blanc 32-34 NOTRE COUVERTURE • En haut : Il l'enfant avant sa naissance.» Dessin anatomique de léonard de Vinci, l'un des premiers humanistes à étudier scientifiquement le corps humain. • Au centre: Himmler au moment de sa gloire. • En bas : une affiche du Il Black Power Il . MENSUEL ,120, rue Saint-DèRIs ParIs (lC) TéL 488-09-57 - c.c.p, ParIs 6070.98 ABONNE'MENTS • Un an : 10 F • "bonnement de IOUtten : I{O F Algérie, Antilles, Autriche, Belgique, Comores, Guinée, Hollatrde. Luxembourg, Mali, Maroc, Sérrigal, Suisse, Tunisie : 20 F. Autres pays : 30 F. Abonnement de ·soutien : 40 F. DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 éditorial ~\"""rlll'IJ/~JrIJ'JfJ'~ ~ ~ ~ ~ ~. ,'~ Charles j ~ ~. . . ~ '1/ JfRAP ~~ Le motif qui orne la carte 1969 du M.RA.P. Cet anniversaire peut et doit marquer un nouveau départ. OPÉRATION CONFIANCE L récente « Opération Espoir» pour recueillir des fonds destinés à développer la recherche médicale contre le cancer a donné la mesure de la générosité publique. On objectera que le recours à la quête met en lumière la carence de l'Etat souvent trop chiche des deniers publics lorsqu'il s'agit de promouvoir une oeuvre de vie. Mais cette façon de dire aux citoyens « à votre bon coeur m'sieurs-dames» lorsqu'il s'agit du cancer, de l'enfance inadaptée, des aveugles, des vieillards ... est une manière d'hommage rendu à la conscience publique car la solidarité humaine demeure - quoique en pensent certains - l'une des vertus premières de notre espèce. N OUS le savons bien, nous qui depuis vingt ans bientôt menons le nécessaire combat contre cet autre fléau qui dévore l'humanité : le racisme. Et tout comme lorsqu'il s'agit du cancer, la part des Etats se limite trop souvent aux belles phrases et aux généralités tandis que l'essentiel se situe au niveau de la conscience publique à laquelle nous savons d'expérience qu'il n'est jamais fait appel en vain. A l'aube de 1969 qui marquera le vingtième anniversaire du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix, tandis que se préparent d'importantes manifestations commémoratives, il convient de donner à notre action un essor nouveau, adapté aux nécessités de notre temps. C'est-à-dire aux exigences qui sont grandes et aux possibilités qui sont immenses. BONNE année 1969 ? Oui car d'un seul coeur - un coeur de vingt ansles antiracistes poursuivent avec plus de courage encore leur noble tâche. Et que pour chacun l'année nouvelle - celle de nos vingt ans - soit comme la promesse tenue de l'Opération Confiance. Charles P ALANT secrétaire général • du M.R.A.P. 7 Un paysage comme il en existe hélas beaucoup autour de Paris. L'expulsion est menée ronde ment par la police et le bulldozer fait le reste Il ne baraquements ailleurs.. . ,. « Un bidonville a disparu », titrait « Droit et Liberté» le mois dernier; cette disparition était due à l'effort P~an-de-Grasse. D'autres bidonvilles disparaissent aussi, mais dans des conditions tout à fait différentes : à ses regrettent leurs quatre planches et leurs morceaux de tôle. EXPULSION EN TROIS TABLEAUX OU il est mon dodo ?, .. Ils sont méchants ces messieurs qui _" m'ont cassé ma maison .. , JJ. L'univers intérieur de Chérif, trois ans, est brisé, C'est vrai, sa maison n'était pas belle, mais elle était la sécurité, la cohésion, la tendresse, Chérif, ses parents et trois autres familles d'immigrés (17 personnes) habitaient à Meudon, ' rue du professeur-Calmette, l'Hôtel du Nord, une bâtisse en ruines, insalubre et promise à la destruction, Ils y vivaient en « squatters» bien sûr, n'ayant nulle part où aller. Les' pères travaillaient régulièrement en France depuis plus de dix ans pour certains, e~ avaient fait des demandes de relo'gement en H,L.M. Ils savaient qu'ils étaient menacés d'expulsion, mais que faire? Et, pensaient-ils, on n'expulse plus après le 15 novembre. 8 Or, ce jeudi 28 novembre, les quatre familles sont prévenues que l'arrêté d'expulsion sera exécuté le samedi suivant. Et en effet, le samedi 30 novembre, à 7 h 30, un car de police, le commissaire de Sèvres et un représentant de la préfecture des Hauts-de-Seine a"rrivent sur les lieux, L'alerte est donnèe dans 'le quartier et une trentaine de personnes, membres de diverses organisations (A.S,T,I., Logement et Urbanisme, etc,) sont aussitôt présentes. Beaucoup d'entre elles se souvenaient d'une autre expulsion survenue à Meudon il y a quelques années : les victimes embarquèes dans les cars de police avaient été abandonnées aux bouches de métro avec tous leurs paquets. Des enfants dans. leur lit Mais l'èquipe de démolition entreprend immédiatement l'arrachage des tuiles et des fenêtres. Les bulldozers viendront bientôt détruire l'Hôtel du Nord, Il faut alors calmer les gens que la panique gagne, et obtenir l'évacuation des lieux, car il y a encore des petits enfants dans leur lit. Le reprèsentant de la préfecture affirme que le relogement est prévu en cité de transit, sans dislocation des familles, On parlemente, Les gens restent méfiants et répugnent, bien entendu, à monter dans un car de police, Finalement, dans la matinée, on décide l'hospitalisation de Mme B... dont la grossesse s'avère extrêmement difficile, Son petit garçon, Chérif, est recueilli par cres voisins qui ont eux-mêmes quatre enfants : il pourra ainsi aller normalement à l'école, Le père trouve refuge chez des compatriotes, M., Mme O ... et leurs trois entants sont pris en charge par une parente elle-même mère de cinq enfants et habitant un H,L.M. de Meudon, Seuls. M" Mme 0 ... , avec leurs deux enf~nts - dix-huit mois et sept mois - et leurs trois nièces dont la maman est hospitalisée depuis plusieurs semaines, acceptent de rejoindre la fameuse « cité de transit», Trop jeune ou trop vieux ... Il est 14 heures lorsque tout ce monde arrive à l'endroit prévu, 15, rue Baudricourt dans le treizième arrondissement. En fait, il s'agit d'un « centre d'aide sociale» où sont accueillies exclusivement les femmes accompagnées d'enfants entre un an et six .ans, Le deuxième bébé de Mme O ... et ses trois nièces qui ont plus de six ans n'entrent reste plus aux expulsés qu'à aller monte r leurs exemplaire de la municipalité de ce point que leurs habitants expulpas dans cette catégorie. Trop jeune, ou trop vieux! Cependant on les accepte ... jusqu'au lundi matin : à ce moment, ils seront transférés ... à l'A ssistance publique! Donc dés lundi, la solidarité jouant, une famille de Meudon accueille M., Mme 0 ... et leurs deux enfants, tandis que les trois petites filles sont conduites chez une tante afin qu 'elles puissent retourner à l'école. Depuis, les responsables de l'A.s,T,I. et de Logement et Urbanisme à Meudon, s'efforcent de trouver une solution humaine avec pour seul but, le relogement et la réunion, des familles. De multiples démarches ont permis l'attribution de deux H.L.M, par l'office de Meudon, mais pour le mois de mai, En attendant, il faut trouver des logements provisoires. Deux autres logements seraient procurés par la préfecture des Hauts-de-Seine, mais à Trappes et à Yitry-sur-Seine, alors que les chefs de famille travaillent à Meudon. Considérons froidement les faits : ici à Meudon, quatre familles honorables et travailleuses sont jetées à la rue. Elles y resteraient ou rejoindraient la malheureuse population des bidonvilles sans la solidarité agissante de quelques personnes. Rien n'avait été prévu par la ' municipalité de Meudon quant au relogement des expulsés, Les opérations ont été menées sans le moindre souci d'humanité, avec DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 mépris pourrait-on dire, Un exemple : les meubles et effets qui étaient empilés sur le terrain alors qu'il commençait à pleuvoir, avaient été abrités dans une école sur l'intervention des personnes présentes, Ils ont été ensuite transportés en un lieu inconnu de leurs propriétaires. Donc si l'action privée fait défaut, par quoi est-elle remplacée? Jetés à la rue La meilleure réponse à cette question est illustrée par la destruction récente d'un bidonville à Rosny-sous-Bois, dans le cadre de la politique de « résorption ». Situé tout a fait au bout du pl ateau d'Avron , à la limite de Neuilly-Plai sance, ce bidon ville « accueillait» environ soixante-dix personnes, des Gitans d'origine yougoslave, qui logeaient dans des baraques, des roulottes, de vieux camions, etc. Un jour s'enclenche le même processus qu 'à Meudon, Les habitants du bidonville sont prévenus de l'expulsion huit jours à l'avance. Mais où aller ? Ils restent sur place et attendent. ' Le 28 octobre, cars de police, bulldozer, et autorités sont sur le terrain, Il semble que les services sociaux de la mairie n'étaient même pas prévenus. Et aussitôt les bulldozers entrent en action : spectacle traumatisant particulièrement pour les enfants dont on peut regretter la présence, Le bulldozer pose sa pelle sur les baraques, les camions, enfin sur tout ce qui servait d'habitation - exce'pté les roulottes en état de rouler. Il écrase, fait demi-tour et avec le crochet qui est ' à l'arrière tire la ferraille pour en faire un tas auquel on mettra le feu . Là aussi, il est question de les reloger en cité d'urgence et plus particuliérement au foyer de la rue Baudricourt, En fait, on perd leur trace. Ils auront, sans doute, été créer un autre microbidonville, ou investir (pour certains) un ancien hôtel désaffecté, Aujourd'hui plus de 75000 personnes vivent en bidonvilles sans compter les immigrés habitant les hôtels vétustes, les caves insalubres, Par ailleurs, .seulement 29 000 lits pour célibataires et 7 500 logements pour familles ont été créés en cinq ans par le Fonds d'Action Sociale, alors que dans la même période, il est entré en France 1 500000 immigrés. Où logera-t-on cette main-d'oeuvre si nécessaire à la réalisation du ye Plan et dont la production s'évalue annuellement de 16 à 18 milliards de francs actuels, soit un bénéfice net pour l'économie française de 4 milliards de francs ? M. K. LE PEN ET LE ur REICH Successivement officier parachutiste en Indochine ; membre actif du mouvement Poujade ; artisan de la « pacification » - faut -il en rappeler les tortures et les massacres? - dans une Algérie qu'il voulait « conserver fran çaise »; fondateur, lors des élections présidentielles, du Comité National Tixier-Vignancour, l'ancien député Jean-Marie Le Pen a été condamné à deux mois de prison avec sursis et 10000 F d'amende pour apologie de crimes de guerre : il est l'éditeur d'un disque contenant des chants et discours du Ille Reich, Jean-Marie Le Pen animait en effet la Société d'Etudes et de Relations Publiques (S.E.R.P.) qui ({ édite des disques d'opposition fort goûtés dans les milieux nationaux » comme le rap pelle un de ses bons amis! Nul doute que l'écoute du Horst Wessel Lied, du Kraft durch Freude (La fo rce par la joie). du Deutschland erwache (Allemagne, réveille-toi ... Ne laisse pas la place aux juifs étrangers !l ait éveillé de « mélancoliques » souv'enirs dans ces milieux. Le t ribunal a prononcé, en outre, la saisie du disque dont il déclare qu'il est tout ({ à la gloire du parti nazi et du national - socialisme allemand, .. » et qu'il est ({ une apologie odieuse qui peut avoir de graves conséquences sur les esprits non avertis ». QUI EST W.P. ROMAIN? Depuis le 2 décembre dernier, le commissaire divisionnaire Willy- Paul Romain a été promu par M. Marcellin, ministre de l'Intérieur, « chargé de mission auprès du directeur central des Renseignements Généraux ». M. WillyPaul Romain qui a déjà publié une quinzaine d'ouvrages, collabore depuis fort longtemps à la revue fasciste ({ Défense de l'Occident», dirigée par Maurice Bardèche, qui fut . inculpé d'apologie de crimes de guerre, pour la publication en 1948 de u Nuremberg ou la Terre promise ». Il y déclarait notamment: « Il n'est pas vrai que le parti national socialiste ait été une association de malfaiteurs : il a été un parti de militants pareil aux autres partis de militants au pouvoir!» Maurice Bardèche est membre du comité de patronage des ({ Amis d'Edouard Drumont » et de l'u Union des Int ellectuels Indépendants Il où il se retrouve en compagnie d'Henry Coston, de René Malli"avin, directeur de Rivarol, de Pierre Dominique, Saint-Paulien, ancien de la LVF etc. Est-il normal qu'un haut-fonction naire du ministère de l'Intérieur soit recruté dans un tel milieu? 9 Un criminel de droit commun peut être amnistié ou pardonné. Mais pour ceux qui élevèrent le crime au niveau d'une morale, le pardon serait lui-même criminel. Des adjoints de Himmler qui paradaient en visitant Dachau aux fonctionnaires de l'extermination (nos photos), combien sont encore prêts à reprendre du service? Lammerding, bourreau de Tulle et d'Oradour, est aujourd'hui honorable commerçant à Dusseldorf. Verrons-nous l'an prochain Mengélé, le médecin-tueur d'Auschwitz, ouvrir un cabinet à Bonn, et Martin Bormann, l'adjoint direct de Himmler, tenir table ouverte aux banquets du N.P.D.? 10 CONTRE LA PRESCRIPTION DES CRIM ES NAZIS par Daniel JACOBY avocat à la Cour DES PRESCRIPTIONS DE FAIT • La Cour d'assises de Darmstadt (Allemélgne tédérale) acquitte, le 29 novembre, trois anciens 5.5, en raison de « difficultés techniques». Sept autres !iont condamnés à des peines de 4 à 15 ans de réclusion. Ils avaient tous participé au massacre de 80000 Ukrainiens et juifs dans la région de Kiev, notamment à Babi-Yar. • . Un tribunal de Berlin-Ouest acquitte Hans-Joachim Rehse, ancien juge nazi. Rehse avait siégé au côté de Roland Freisler, « l'assassin en robe de juge» du Ille Reich. Il avait prêté son concours à au moins deux cent trente et une condamnations à mort. Pour défendre le comportement de Rehse, le président du tribunal, Oske, a affirmé que cc tout Etat, même un Etat totalitaire est tenu de s'af!irmer Il. .• A Berlin-Ouest même, le lendemain, plusieurs milliers de personnes manifestent contre ce verdict de complicité. • A Wiesbaden (Allemagne fédérale), le parti néo-nazi N. P. D. menace de dénoncer le passé nazi du chancelier Kiesinger. Von Thadden et ses amis usent de ce chantage cc pour parer éventuellement à une demande d'interdiction n. C 'ETAIT il Y a quatre ans. Les dirigeants de la République fédérale allemande avaient indiqué leur intention d'appliquer au monstrueux génocide commis par les nazis la prescription criminelle de droit commun, qui est de 20 ans en Allemagne fédérale, en fixant au 8 mai 1965 la prescription de ces crimes contre l'humanité. Alors, partout dans le monde des voix s'élevèrent, pour crier leur indignation et leur révolte, et pour exiger du Parlement allemand qu'il renonce à la prescription pour les crimes. nazis, pour ces crimes contre l'humanité qui, par leur étendue, leur ampleur et leur horreur, ne peuvent en aucune manière être assimilés à des crimes de droit commun. En France, le M.R.A.P, avait manifesté, aux côtés des anciens déportés, des résistants et des victimes du nazisme, sa vigoureuse opposition à toute prescription. La perte du souvenir est criminelle De son côté, le Parlement français, à l'instar de la Pologne, de l'Union soviétique, de la République démocratique allemande, de l'Etat d'Israël, et de la Belgique, devait voter à l'unanimité, le 26 décembre 1964, une loi constatant l'imprescriptibilité, par leur nature, des crimes contre l'humanité. Devant l'ampleur de la protestation internationale, le Bundestag recula. Par un artifice, en prenant pour point de départ du délai de prescription la date d'entrée en vigueur de la Constitution ouest-allemande, les parlementaires d.e la R.F.A . reportèrent au 31 decembre i~o9 la date d'application de la prescription. Nous avons dit alors que ce vote ne saurait nous satisfaire, dès lors que l'on continuait de considérer en Allemagne ue; 1 ouest les crimes contre l'humanité perpétrés au te~ps du ~azisme comme de simples crimes de drOIt commun. L'échéance approche donc à nouveau. Nous ne pouvons rester indifférents . . Sinon nous verrons se promener librement en Allemagne de l'ouest, et y prospérer comme le bon général Lammerding, bo~rreau d'Oradour-sur-Glane, à Dusseldorf, le docteur Mengélé, retour § Argentine , le Sturmbannftihrer Seipel, re~to ur d'Egypte, ou Martin Bormann, retour u~ ' de ces pays si accueillants pour les cnminels de guerre nazis, sans parler des milliers et des milliers d'autres qui n'attendent ' que la prescription pour rentrer en Allemagne de l'ouest, et militer activement au sein du N.P.D. Cela nous ne l'admettrons jamais ou nous ;erions nous-mêmes des criminels car comme le dit si bien Vercors « la perte du ' souvenir est presque aussi criminelle que le crime_ lui-même)J. Quelle injustice nous commettrions envers 'Ies morts! Quelle menace nous ' laisserions se perpétuer pour les vivants! Il faut donc obtenir du gouvernement fédéral allemand qu'il renonce, une fois pour toutes, à l'assimilati~n des crimes nazis à des crimes de drOIt commun, et qu'il abandonne toute idée de prescription de ces crimes. Quelle que soit la date L'assemblée générale des Nations Unies lui en a donné le moyen puisque, le 26 novembre 1968, elle a voté une Convention sur l'imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, quelle que soit la date à laquelle ils ont été commis. Or, l'article 25 de la Constitution allemande stipule que « les princives généraux du DrOit Public mternational font partie intégrante du Droit fédéral. Ils priment les lois internes et produisent des droits et obligations directement au profit o.u à la charge des habitants de la Fédération », Autant dire que la Convention' internationale adoptée par l'assemblée générale des Nations Unies s'impose à l'Allemagne fédérale, par application de. sa propre Constitution, et quelles que sOIent ses lois internes. Le Parlement ouest-allemand votera-t-il une loi contraire à sa propre Constitution? Se mettra-t-il une nouvelle fois hors la loi? Ceci n'est pas seulement l'affaire des Allemands, mais notre affaire à tous . . En 1965 le Bundestag, devant l'opinion mondiale, ~ reculé. Il devra cette fois renoncer. DROIT ET LIBERTÉ - ND 278 - JANVIER 1969 l Depuis .Ia fin de la « Guerre des Six Jours», il y a sur la ligne du cessez-le-feu deux accrochages par Jour: et l'impasse politique et diplomatique semble totale. MOYEN-ORIENT DIX-HUIT MOIS APRÈS ... • • U NE voiture piégée explose à Jérusalem dans le quartier juif; 14 morts, tous civils; l'organisation palestinienne El Fatah, qui s'était prononcée voici quelques mois contre les attentats urbains a finalement adopté la tactique terroriste « en réponse à la répression aveugle dont est victime la population civile arabe des territoires occupés ». Une semaine plus tard, l'aviation israélienne bombarde la ville jordanienne d'Irbid, non loin de la frontière syrienne : 14 morts, tous civils également. On n'en finirait pas d'énumérer, de la .destruction du destroyer israelien Ei/ath au bombardement des raffineries égyptiennes de Suez, des actions de commandos aux duels d'artillerie, les violations du cessez-le-feu qui mit un terme à la « guerre des six jours ». Ce cessez-le-feu a-t-il même jamais été réel? Selon les chiffres publiés par le commandement israélien, il y a eu depuis les dix-huit mois que la guerre a cessé. 1 002 accrochages militaires (850 aux frontiéres de la Syrie et de la Jordanie. 152 à la frontiére égyptienne). 1 002, cela fait plus de 2 par jour en moyenne. Israel a augmenté la durée du service militaire ; les commandos palestiniens se renforcent et, peu à peu, unifient leurs actions; de part et d'autre, on parle de l'éventualité d'une nouvelle guerre. Autant dire que la situation n'a pas avancé d'un pas, que rien n'est réglé. Et la tension monte encore. aprés l'attentat d'Athénes et surtout l'opération contre l'aéroport de Beyrouth, qui a suscité dans le monde réprobation et inquiétude. 12 Pourtant les combattants n'ont pas seuls la parole; les diplomaties ne sont pas inactives. Les voyages de Moshe Dayan à New York, Nasser à Moscou William Scranton et Gunnar Jarring â travers le Moyen-Orient manifestent une activité qui, pour être discrète et presque clandestine, n'en est pas moins réelle. Les propos récents du roi de Jordanie sont à cet égard significatifs. « Hussein se déclare prêt à transformer la Cisjordanie en Etat palestinien)) écrit le journaliste anglais Gavin Young dans l'Observer. Et d'en déduire qu'il pourrait y avoir là matière à compromis; la Cisjordanie pourrait ainsi devenir ce pays « indépendant» qu'Israël verrait d'un trés ' bon oeil car dans la situation actuelle il en serait nécessairement le protecteur. Démenti immédiat de la Cour jordanienne. Mais Gavin Young maintient : (( J'ai fait cette interview moi-même, et je peux préciser qu'elle a été retenue trois jours par la censure jordanienne, qui m'a ensuite donné le feu vert pour l'expédier à Londres à mon journal. )) Les sacrifiés de la résolution Un fait est certain en tout cas : le monde arabe pas plus nu'Israël n'a une vIsIon monolithique du probléme; là comme ici l'éventail des avis est trés ouvert; non qu'il existe encore entre l'éventail des opinions israéliennes et celui des opinions arabes de zone de juxtaposition; mais à défaut d'une volonté d'entente, le poids des faits et aussi la volonté des grandes puissances peut faire évoluer la situation. La plupart des chefs d'Etat arabes semblent aujourd'hui plus ou moins prêts à la recherche d'une solution politique. Dans le journal officiel de l'Union socialiste arabe Al Goumhouriah, Abd el Rahman Cherkaoui constatait le 10 avril 1968 : « NOLIS ignorons les voix qui s'élévent à l'intérieur d'Israël pour prendre la défen~e du droit, uniquement parce qu'elles vien- , ... SUR LE TERRAIN 1967 5-11 juin: Guerre des Six Jours. Début juillet : Combats sur le canal. Des observateurs de l'O.N.U. prennent position . Août : Grève générale dans les territoires occupés. 27 septembre : Bombardement d'Ismaïlia par l'artillerie israélienne. 21 octobre : Le destroyer israélien Eilath est coulé par la marine égyptienne. Représailles : l'artillerie israélienne détruit 2 raffineries sur le canal. 21 novembre : Bataille israélo-jordanienne sur le Jourdain. 1968 Juin : Rumeurs de contacts secrets israélo-jordaniens à Londres. Août : Détournement d'un boeing de la compagnie israélienne El AI sur Alger par un commando. 4 septembre : Attentat à Tel Aviv : 4 morts. 26 octobre : Un commando arabe attaque à l'arrière des lignes israéliennes, à l'est du canal. 14 soldats israéliens tués, 30 blessés. Représailles: Un commando israélien héliporté détruit une centrale électrique sur le Nil, et deux ponts. 20 novembre : Attentat à Jérusalem : 12 morts. 3 décembre : L'avia~ion israélienne bombarde les voies de communication jordaniennes et la ville d'Irbid. La Jordanie porte plainte à l'O.N.U . Israël: « Ce sont des représailles contre le harcèlement de nos kibboutz. » 1 0-11-12 décembre : Duels d'artillerie et accrochages sur le Jourdain. L'artillerie irakienne participe aux combats. Deux maisons détruites par l'armée israélienne à Gaza: elles appartenaient à des résistants palestiniens. nent de ce pays ... Est-ce leur faute si ces hommes Ont un passeport israélien? Le passeport ne détermine pas la croyance d'un homme, nt son attitude idéologique. » (I) Il faut noter que l'Algérie elle-même, en dépit de son intransigeance verbale, s'est montrée conciliante dans l'affaire du Boeing d'El AI détourné sur Alger par un commando palestinien, Il reste que la résolution adoptée par l'O.N.U. le 22 novembre 1967, qui demeure la base la plus 1 ... EN ISRAEL 1967 17 juin : Abba Eban : l( Israël ne re viendra en aucun cas sur les lignes d'armistice. » 28 juin : Annexion de la partie jordanienne de Jérusalem . 31 août: Israël suspend le retour des réfugiés en Cisjordanie occupée 14000 sur 170000 son t rentrés. 24 septembre : Les premiers kibboutz sont implantés sur les territoires occupés. 13 novembre : Lévi Eshkol : « Israël n'abandonnera pas les avantages stratégiques vitaux pour sa sécurité en échange de promesses faites par d'hypocrites porte-parole arabes. Si les Arabes veulent la paix, qu'ils s'assoient avec nous pour des négociations directes. » Novembre : Israël rejette la résolution de l'O.N.U. du 22 novembre. 1968 Début janvier: Prolongation de 6 mois du service militaire. 26 février: Abba Eban propose l'ouverture de négociations israélo-a rabes en pays neutre, sous l'égide de Gunnar . Jarring, délégué de l'O.N.U . 2 mai : 20e anniversaire de la naissance d' Israël. Défilé militaire à Jérusalem, malgré l'opposition du Conseil de sécurité de l'O.N.U. 10 juin: Congrès sioniste mondial à . Jérusalem: Nahum Goldmann: « Israël a perdu l'amitié de beaucoup de mouvements libéraux. progressistes et révolutionnaires. » 1 er décembre : Moshe Dayan : « Le statu quo est préférable à une paix im posée de l'extérieur: nous devons hâter l'intégration à Israël de la Cisjordanie et de Gaza. » David Pinhas. ministre d'Etat: « Je suis opposé à l'intégration : elle changerait le rapport démographique et ferait de nous des minoritaires dans notre propre pays.» DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 largt:ment admise pour LIn règlement du connil dans sa phase actuelle, n'es' acceptée ni par le gouvernement israélien, ni par les Palestiniens (qu i se considérent comme les sacrifiés de la résolution du 22 novembre

on se borne à y parler d'un

« juste réglement» du probléme, ce qui est b.:aucoup moins concret que bien des propositions faite, précédemment par l'O.N.U.). Aucun Etat arabe n'est prêt à se désolidariser des organisations palestiniennes, les uns - comme la Jordanie - ... DANS LES PAYS ARABES 1967 9 juin : Démission de Nasser, reprise deux jours plus tard après des manifestations de soutien de masse. 16 août: AI Ahram : « Il existe dans le monde une quantité innombrable de personnes qui ne perçoivent parmi les couleurs que le blanc et le noir, et sont incapables de distinguer les interférences d'ombre qui jouent entre ces deux extrêmes. » 24 août: Accord entre Nasser et le roi Fayçal d'Arabie pour un cessez-le-feu dans la guerre civile du Yémen. 29 août : Un complot visant à renverser Nasser est découvert au Caire. Le maréchal Amer est mis en résidence surveillée. Il se suicidera. 23 novembre: Conférence à Khartoum des chefs d'Etat arabes : pas de négociations directes avec Israël. Décembre : Ahmed Choukeiry, qui vouait les juifs à l'extermination. et dont Moshe Dayan disait: « Il est notre meilleur atout », est éliminé de la direction de l'Organisation de libération palestinienne. Création d'un Conseil national palestinien . 1968 16 novembre : Création d'un Comité de coordination politique et militaire palestinien (O. L. P .. AI Fatah, F. L. P .. groupuscules divers) à Amman. Nasser refuse toute proposition de paix séparée. Congrès au Caire de l'Union Socialiste Arabe. Nasser : « Nous entreprendrons une action politique afin de parvenir à une solution pacifique, nationale, et non à une reddition. » 23-25 novembre : Manifestation à Mansourah et Alexandrie : 15 morts, 414 blessés. Le gouvernement : « Ce sont des manifestations fomentées par les Frères musulmans et par les agents secrets israéliens,». 1 ! 1 1 1 parce qu'ils n'en ont pas le pouvoir, les autres parce qu'ils ne veulent pas, pour reprendre la formule de Nasser, « être les Pétains du Moyen-Orient ». L'impasse paraît donc totale. Mais l'histoire récente prouve que c'est justement quand l'impasse est totale qu'une perspective peut s'ouvrir. Antoine MENOUX (I) Cité par Amitié jlldéo-arabe. nO 1 décembre 68 (B.P. nO 12408 Paris (8'). ... DANS LE MONDE 1 1967 L'U.R.S.S. rompt ses relations diplomatiques avec Israël. Les Etats arabes rompent leurs relations diplomatiques avec les U.S.A. 15 juillet: L'O.N.U. demande à Israël de renoncer à l'annexion de la partie jordanienne de Jérusalem (par 99 voix contre 0: 18 abstentions). 22 novembre: Résolution unanime du Conseil de sécurité pour : • Le retrait des forces d.'occupation israéliennes. • La cessation de l'état de belligérance . • Le « juste règlement» du problème des réfugiés palestiniens. • La liberté de navigation dans le canal de Suez. • La garantie d'existence de tous les Etats du Moyen-Orient. 23 novembre: Gunnar Jarring, ambassadeur de Suède à Moscou devient le ( commis-voyageur» de U Thant au Moyen -Orient. 27 novembre Gunnar Jarring quitte l'O.N.U. pour le Moyen-Orient. Il doit avoir une série de conversations avec les belligérants. 1968 Décembre : William Scranton, collaborateur du futur président Nixon, annonce son prochain départ pour le Moyen-Orient : ( La politique américaine sera plus équilibrée. Les U. S.A. doivent prendre en considération les intérêts de tous les pays de la région, et non pas uniquement les intérêts d'un seul pays, sans tenir compte des autres.» Les U.S.A. proposent une paix séparée israélo-égyptienne. 12 décembre : L'O.N .U. à Israël « Prenez sans délai des mesures en vue de la réintégration des réfugiés arabes chassés de leurs territoires. » (II s'agit des réfugiés de 1967-1968.) 1 13 14 - Dites vous me gardez les morceaux pour ' mon dîner ! NOIR SUR BLANC L petit dessin que nous publions ici est extrait d'un hebdomadaire à grand tirage qui donne chaque semaine des détaDs intimes sul la vie privée des grands de ce monde, vedettes, princesses, etc. Ce dessin est plus bête que méchant, et il ne saurait faire sourire que les imbéciles ... Ce qui est inquiétant, c'est que l'hebdomadaire en question est plus diffusé - et pour cause - dans les hôpitaux, que Droit & Liberté. Sans le savoir, le dessinateur a mis le doigt sur une plaie qu'il est plus difficile de cicatriser, que les maux dont souffrent les malades. Plusieurs de nos amis, notamment d'origine antiIIaise, et . qui sont médecins, infirmiers, infirmières, membres du personnel hospitalier, nous signalent parfois des cas de racisme incurable chez les malades : telle dame qui refuse les soins d'une infirmière noire, tel blessé qui s'effraye chaque fois qu'une femme de service à la peau foncée vient nettoyer son lit, etc. . Ce n'est là qu'un racisme quotidien, mais tellement éloquent 1 Nous sommes trop naifs, quand nous nous disons que le poison raciste est en régression. D ressurgit dans notre vie, sous le moindre prétexte. Une jambe cassée, une appendicite, une rougeole, et nous voilà refusant la main qui calme nos souffrances ... Que de travaD, amis de Droit & Liberté, nous avons encore devant nous! Oncle TOM. Nigéria Le gouvernement fédéral avait réaffirmé son désir d'en gager des discussions de paix avec les leaders sécessionistes mais cela n'a pas été suiVI d'etfet. Près d'un million de Nigérians sont morts victimes de la guerre civile née de la tentative de sécession biafraise ou de ses conséquences. C'est ce qu'écrivait au début du mois de décembre le Nigerian Observer. Le journal de Benin-City indiquait encore : (( Le pays est dans le chaos complet et même avec la meilleure économie, les dix prochaines années seront des années noires Il. Le quotidien relevait aussi que. la corruption et les maux qui sont généralement ceux des Etats naissants n'avaient pas été vaincus, Au contraire. les troupes du colonel Ojukwu ont opposé une résistance plus grande aux troupes fédérales. ont même progressé parfois. Rhodésie' Le leader africain Joshua N'Komo, détenu depuis quatre années déjà, sans avoir été ni inculpé ni jugé, a vu sa détention prolongée de cinq ans. Joshua N'Komo restera au camp de Gonakudzingwa. situé dans une région isolée de Rhodésie, près de la frontière du Mozambique. lan Smith. premier ministre de Rhodésie, a déclaré que son gouvernement ferait des propositions pouvant permettre un règlement de la crise anglorhodésienne. Il a précisé que les intérêts de la communauté noire ne pouvaient être discutés, Cependant. deux partis d'opposition, composés de blancs. ont fusionné. Afrique du Sud Le syndicat national des étudiants sud-africains (N.U.S.A.S.) a annon c é, a u Cap même, ,la formation d'un front ' d'action pour coordonner les manifestations d'opposition au gouvernement. Des milliers d'étudiants blancs ont participé l'année dernière à des manifestations de protestation contre la politiaue aouvernementale envers 1 université est aussi contre la discrimination raciale Par ailleurs. l'assemolée genérale des Nations unies a recommandé l'intensification d'urgence de la campagne d'information contre l'apartheid. Elle a d'autre part demandé au Conseil de sécurité des' sanctions complètes et obligatoires contre le régime sud-africain (les représentants de 85 pays l'ont approuvé tandis que celui de la France s'abstenait). Enfin la commission économique de 1'0 , N. U, s'est prononcée pour l'exclusion de l'Afrique du sud de la conférence des Nations unies pour le Commerce et l'Industrie. Là, le délégué de la France _~ voté contre. Irak Les biens d'une quarantaine de personnes, dont un c e r t a i n nombre d'origine juive, impliquées dans une affaire d'espionnage au profit d'Israël, ont été saisis à Bagdad. Il convient de relever le caractère raciste de l'Etat irakien: une loi indique en effet qu'un juif ne peut disposer d'une propriété sans autorisation du ministre de l' Intérieur. Dans le cas où une telle autorisation est accordée. le ministre peut décider que les sommes déposées en banque ne pourront être retirées qu'avec son autorisation. Enfin aucun versement supérieur à 100 dinars ne peut être effectué au bénéfice d'un juif sans son autorisation, Il convient aussi de rappeler que l'actuel chef de l'Etat ira kien, Hassan AI Baker. chef du gouvernement en 1963, présida au massacre de milliers de communistes ou supposés tels et à l'arrestation de dizaines de milliers d·autres. Cette répression trouve, depuis le dernier coup d'Etat (30 juillet dernier). son prolongement (le 5 novembre, la Garde nationale ouvrait le feu sur des grévistes, dans la banlieue de Bagdad). Par ailleurs, les combats contre les Kurdes auraient repris. Un journal de Beyrouth indique que le bilan d'une récente bataille est de 82 morts et 133 blessés, France. Une rencontre sur tion l'alphabétisas'est tenue à Paris le mois dernier. Elle rassemblait sous l'égide du C,L.A.P. (1) cent responsa bles engagés dans des activités de promotion des travail leurs immigrés, Considérant la nécessité d'une action d' alphabétisation « pour la dignité, d'abord, et la promotion, ensuite, des travailleurs migrants et des per- (1) Comité de liaison pour l'alpha bétisation et la promotion, 56, rue de la Fontaine-au-Roi, Paris (ll e ). Tél : 023 6805. sonnes que la société maintient culturellement à l'écart Il, les participants ont demandé au C, L.A. p, d'intensifier ses recherches et ses contacts pour rendre l'alphabétisation plus efficace, Positions cc l'antisionisme est une chose et l'antisémitisme en est une autre n, a expliqué M. René Andrieu au cours d'un débat organisé à Paris par l'Union des Je une s ses Communistes. (( Je voudrais rappeler que nous sommes les disciples d'un juif allemand nommé Karl Marx a déclaré le rédacteur en chef de l'Humanité. Je voudrais même rappeler que l'on nous appelait dans la Résistance les judéo-bolcheviks et que les communistes à ce moment-là étaient promis à la fusillade et au camp de concentration comme les juifs. « Le racisme est évidemment une ignominie et nous ne pouvons pas le tolérer. S'il y a des séquelles d'antisémitisme dans les pays socialistes hé bien ! nous ne l'accepterons pas. Nous serons contre parce que nous pensons qu:aucun communiste digne de ce nom ne peut tolérer l'antisémitisme, comme il ne peut tolérer aucun racisme, comme il ne peut tolérer davantage au MoyenOrient le racisme anti-arabe Il. En trois mois, quelque trente synagogues ont été incendiées ou l'objet d'attaques à New York. (( Je n'accuse pas du tout M. Johnson ou M. Nixon d'être les instigateurs de ces crimes! Il, écrit Me André Blumel (1) qui relève que « la presse --+ DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 Dans une vltnne du faubourg Saint-Germain : la nativité racontée en « petit nègre». « Les nègres sont des grands· enfants », dit le commerçant pour se justifier. , al .. New-Delhi Mme Gandhi, Premier ministre, a participé à la célébration du 400· anniversaire de la synagogue de Cochin. au Kérala, Le gouvernement a, d'autre part. émis un timbre spécial à l'occasion de cette célébration, La communauté israélite est des plus petites: quelques centaines de personnes sur plus de 500 millions d·lndiens. Madrid Le gouvernement espagnol a abrogé l'Edit de 1492 du roi Ferdinand et de la Reine Isabelle la Catholique qui proclamait le bannissement des juifs, ceci, à l'occasion de l'inauguration de la première synagogue construite dans le pays depuis le XV· siècle. Khartoum Une conférence de soutien aux Mouvements de libération des colonies portugaises et de l'Afrique australe se tiendra dans la capitale soudanaise du 18 au 20 janvier, Elle est convoquée par l'Organisation de solidarité afro-asiatique et le Conseil mondial de la Paix, en coopération avec les mouvements de libération nationale. Bogota Des centaines de prisonniers politiques. suspectés d'avoir aidé les Forces armées révolutionnaires de Colombie, sont sur le point d'être traduits devant la justice pénale militaire. Brasilia « Je suis votre chef suprême de droit et de fait et je n'accepterai jamais qu'on m'enlève cette prérogative Il, a déclaré aprés le coup d'Etat militaire le maréchal Costa e Silva. Des milliers d'arrestations ont été opérées. à travers tout le Brésil. 15 Pierre Dac : Dialogues en forme de tringles D~s ce nu~éro, Pierre. , Dac inaugure ces « dialogues», qu'il poursuivra mois après mois, e~ qu il va enregl~tr~r ~ar a~leurs av~c son ~i Paul Préboist. Pourquoi « dialogues» ? Parce que c est un genre .htteralre bien oubhe depUiS Platon et qu'il urgeait de ressusciter. Pourquoi « en forme de trmgles Il? Parce que ... PAR~' QUE ••• P.O. Parc'que c'est le mot idéal. P.B. Qui met à tout un point fi nal. P.O. Pourquoi y a-t -i l su r Terr"tant d'chos's qu'on n'comprend pas ? P.B. Parc·q ue. P.O. Tant d'questions qui demeur'nt sans réponse ici -bas ? P.B. Parc·que. P.O. Pourquoi les êtres ne sont-ils que ce qu'ils sont? P.B. Parc·que. P.O. Dont beaucoup se compor!"nt en homm' de Cra-magnon. P.O. Parc'que quoi ? P.·B. Parce que. P.O. Pourquoi y en a-t -il tant qui ne pensent qu 'à eux? P.B. Parc·que. P.O. Pourquoi les égoïs!"s sont-ils aussi nombreux? P.B. Parc·que. P.O. Pourquoi en est -il tant qui s'fou!"nt éperdument ... P.B. Parc·que. P.O .... De tout ce qui ne les touch 'pas personnell"ment ? P.B. Parc'que. P.O. Parc'que quoi? P.B, Parce que. P.O, Pourquoi tant d'faux témoins dans le préto ire humain 7 P.B. Parc·que. . P.O. Tant d'illusions perdues. d'espoirs sans lendemain? P.B. Parc·que. P.O. Pou rq uoi tout pour certains et pou r les au tres rie n ? P.B. Parc'q ue. P.O. Pourquoi tant de coeurs secs et tant d'esprits mesquins 7 P.B. Parc·que. . P.O. Parc'que quoi? P.B. Parce que. P.O. Pourquoi tant de combats sans quartier ni merci] ~ juive mondiale n'a guère attiré l'attention de l'opinion juive et internationale sur le nombre et le caractère de ces incendies criminels Il. 1( Un acte isolé en U.R.S,S. se traduit par le déchaînement de l'antisoviétisme, conclu til. la multiplicité d'actes aux Etats-Unis par un quasisilence. (1) Presse Nouvelle Hebdomadaire, 6 décembre 1968. 16 (;ul.ure La représentation de cc Passion en violet, jaune et rouge )) d'Armand Gatti au T.N .P. de Paris ,vient d'être inter- P.B. Parc 'que. P.O. Pou r on ne sa it trop quoi au juste de précis? P.B. Parc·que. P.O. Tant de règlements d'comptes - plus ou moins viciéux? P.B, Parc·que. P.O. Dans le sa ng et la boue. par le fer et le feu? P.B. Parc'que. P.O. Parc'que quoi? P.B. Parce que. P,O. Pourquoi la Liberté n'est-elle qu'un grand mot? P.B. Parc·que. P.O. Pourquoi son nom. parfois. sonne-t - il aussi faux? P.B. Parc·que. P.O. Pourquoi l'Egalité n'est-elle qu 'un refrain? P.B. Parc·que. P.O. Et la Fraternité qu 'un acc iélent d'terrain 7 P.S. Parc 'que. P.O. Parc'que quoi? P,B. Parce que. P.O. Alors pourquoi subsiste-t -il des obstinés .. P.B. Parc·que. P.O. Qu'on appelle des hommes de bonn'volonté ? P.B. Parc·que. P.O. Qui persistent à cro ire encore à la Bonté? P.B. Parc·que. P.O. Ainsi qu'à l'Equité et à la Vérité? P.B. Parc·que. P.O. Parc'que c'est le mot idéal P.B. Qui met à tout un point final. P.O. Pourquoi? P.B. Parc'que. P.O. Pourquoi? Pourquoi? P.B. Parc·que. parc·que. P.O. Pourquoi? Pourquoi ? Pourquoi? mais pourquoi? P.B. Parce ... et puis merde! dite par le gouvernement, IC en raison des règles internationales en usage n. L'interdiction de cette pièce, dont le titre premier était « l a Passion du général Franco Il semble avoir été prise sous la pression du gouvernement franquiste. La mesure a été signifiée par le ministre des Affaires culturelles, M. André Malraux. Ce dernier est par ai lleurs l'auteur d'un roman, « l 'espoir Il exaltant la résistance des républicains espagnols à la ré bellion fasciste. Il combattit même dans les rangs de l'armée républicaine .. DROIT ET LlBE.RTÉ - N° 218 - JANVIER 1969 QU'EST-CE QU'UNE RACE? • lU w Les résultats spectaculaires obtenus lors des Jeux Olympiques de Mexico par les athlètes noirs, africains ou américains, ont fait naître la question sous la plume de commentateurs les moins suspects de préjugés racistes: Les noirs ne sont-ils pas plus doués que les blancs pour le sport? Des journaux français d'extrême-droite avaient depuis belle lurette utilisé dans une intention différente un argument de même ordre : « Nous ne sommes pas racistes, nous admettons que chaque race a ses qualités propres; par exemple les noirs sont plus doués que nous pour la course à pied ; nous, par contre, nous sommes plus doués pour la recherche intellectuelle». Trop souvent, les antiracistes éprouvent une gêne à prononcer le mot « race», comme s'il portait en lui-même un jugement de valeur. On parle d'«ethnie» avec la même fausse pudeur que l'on met parfois à parler des « Israélites» pour ne pas utiliser le mot «juih. Il faut dire que la confusion, dans ce domaine, commence trop souvent au niveau même du sens des mots. Les chercheurs, anthropologues, biologistes, ethnologues, poursuiyent dans ce domaine des investigations dont la prudence tient moins à la timidité ou à la peur des mots qu'à l'humilité scientifique, et à l'évidence que de telles recherches sont encore loin d'être' sorties de l'approximation. Dans ce dossier, nous vous présentons un bref bilan' de la recherche en matière d'anthropologie, et une controverse entre trois savants sur une question qui demeure ouverte : Certaines races sontelles plus vulnérables que d'autres à certaines maladies? Et si oui pour quelles raisons? DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 17 A la naissance d'un enfant. rien n'est joué. C'est le milieu qui fera de lui ce qu'il deviendra. Mais on a longtemps attribué à la « race » les influences du milieu et du mode de vie. Les progrès des connaissances biologiques et humaines vident peu à peu le mot « race» de son sens. La profonde unité de l'espèce humaine apparaît chaque jour plus évidente. LES anthropologues ne sont pas parvenus à un accord général sur une classification raciale précise de l'humanité. En l'absence d'une liste de cet ordre, et en raison des résonances fâcheuses du mot II' race )), on s'est demandé si ce mot avait une signification valable et utile qui pût justifier son maintien dans notre vocabulaire. » L.C. Dunn, professeur de zoologie à l'université américaine de Columbia, définit ainsi la perspective qui est celle des savants lorsqu'ils abordent l'étude de l'animal homo sapiens considéré comme une 18 DU MYTHE A LA SCIENCE espèce particulière du monde animal. Et il ajoute; II' Pour ma part, j'estime que nous avons besoin de ce terme pour désigner une catégorie biologique qui, pour difficile qu'elle soit à délimiter, n'en constitue pas moins un élément réel de la structure des populations humaines à la surface de la terre. Il semble préférable de définir ce terme, d'en expliquer l'emploi et de le dégager de ses acceptions néfastes et erronées, plutôt que l'écarter purement et simplement, renonçant ainsi à résoudre le problème. )) (1) Et quelle est donc la définition de ce terme telle que la posent les biologistes et les anthropologues? « Une race, conclut Dunn, est le résultat du processus par lequel une population s'adapte à son milieu.» Terrorisés par une grenouille Une telle définition, pour rigoureuse qu'elle soit, pose certainement plus de points d'interrogation, ouvre plus de directions de recherche qu'elle n'en résoud; nous y reviendrons. Ce qu'il importe pour l'instant de noter, c'est qu'elle marque une rupture avec des mythes aussi anciens que l'humanité, et qui véhiculaient les préjugés raciaux dans l'inconscient le plus profond des peuples. Car l'hostilité raciale, la peur du dissemblable, est un instinct animal qui, chez les premiers anthropoïdes a dû précéder la station debout; dans son film Les Animaux, Frédéric Rossif montrait les fauves d'un zoo terrorisés par une grenouille lâchée dans leur fosse; ils n'avaient jamais vu la moindre bestiole de ce genre. Ce réflexe de peur est général au monde animal, et donc à l'homme à l'époque où il était mal dégagé encore de l'animalité. La plupart des religions primitives posèrent donc le principe du peuple élu, voire de la caste élue; il en reste des traces dans la Bible même : « Maudit soit Canaan! Il sera le serviteur des serviteurs de ses frères )), dit la Genèse. Dans l'Egypte pharaonique, une stèle retrouvée dans la haute vallée du Nil, datée de Sesostris III (1887-1849 avant J .C.) précise que II' la traversée de cette frontière par terre ou par eau est interdite à tout noir, à la seule exception de ceux qui désirent la franchir pour vendre ou acheter. Ces derniers seront traités avec hospitalité, mais il est formellement interdit à tout noir, dans tous les cas, de descendre le fleuve en barque au-delà de Heh. )) Les Grecs, et Aristote lui-même, avaient élaboré une hiérarchie des races où ils occupaient \:!ien sûr le sommet. En fait, il fallut les grandes religions monothéistes pour poser progressivement le principe de l'égalité de tous les hommes devant Dieu to ut-puissant. Saint Paul écrivait par exemple : « Il n'y a plus de juif ni de Grec; il n'y a plus d'esclave ni de libre, car vous êtes tous égaux devant JésusChrist. )) Il rejoignait ainsi les rationalistes de l'antiquité, Cicéron, par exemple, qui djsait : II' Les hommes diffèrent par le savoir, mais tous sont égaux par leurs aptitudes au savoir; il n'est pas de race qui guidée par la raison ne puisse parvenir à la vertu.)) Mettre le monde en ordre Mais on sait le peu de cas que la marche sanglante et bourbeuse de l'humanité allait faire de ces principes tôt élaborés; c'est en progressant de génocides en esclavagismes que notre monde est devenu ce qu'il est. Il faut toutefois noter que le Moyen-Age ignora le racisme; c'est au nom du Christ que les juifs furent persécutés, au nom de la Vraie Foi qu'Islam et Christianisme s'affrontérent pendant près de mille ans. Généralement, l'ennemi pouvait être à combattre, voire à exterminer parce qu'infidèle ; il restait un égal. La chanson de Roland, par exemple, oeuvre 'écrite pour des buts éminemment politiques (il s'agissait de galvaniser les nobles en faveur du départ pour la Croisade) présente les Maures comme des, adversaires dangereux, mais humainement estimables. Il fallut attendre paradoxalement le siècle de l'humanisme et les débuts du rationalisme pour qu'au nom d'une quête de l'or et d'une conquête coloniale également rapaces et impitoyables, les préjugés raciaux soient mis en vigueur avec l'efficacité meurtrière que l'on sait. Cette époque marqua la naissance de la science moderne. Le premier travail de cette science débutante, ce fut de mettre le monde en ordre ; donc d'établir des classifications. Un médecin-voyageur français, François Bernier (1620-1688), employa le premier le mot race dans son sens actuel (auparavant, il désignait plutôt la « famille» au sens trés large des sociétés primitives). Le naturaliste suédois Linué (1707-1778) fut le premier à classer les hommes, et à donner ainsi au mot race le sens biologique qu'il n'avait pas auparavant. Il donna d'ailleurs leur premiére consistance aux thèses « racistes scientifiques » qui allaient ensuite fleurir de Gobineau aux écrits nazis. Il attribua aux Asiatiques, en même temps que les yeux bridés et les pommettes saillantes, « la cruauté, la mélancolie, l'entêtement, l'avarice )); aux noirs, avec la peau brune et les cheveux crêpus, « la méchanceté, la ruse, la paresse )); aux blancs, enfin, « l'ingéniosité, le courage, la droiture ». I! fallut la découverte des parentés entre l'homme et le singe, les théories de l'évolution pour mettre véritablement l'anthro- DROIT ET 1I8ERTË - N° 278 - JANVIER 1969 pologie sur ses rails. En 1800, Cuvier reprit la classification' de Linné en abandonnant les a priori et en distinguant les sous-races et les types humains divers. Son contemporain Lamarck eut l'intuition géniale du transformisme, qu'allaient confirmer, quelques années après sa mort, la découverte de l'homme de Néanderthal (1856) et de Cro-Magnon (1868), puis, quelque temps plus tard, celle du Pithécanthrope de Java (1891) et d'autres hominiens fossiles. La généalogie de l'humanité était retracée telle que nous la connaissons aujourd'hui, des grands anthropoïdes de la fin de l'ére tertiaire à l'homme de Néanderthal, l'homo faber qui inventa le feu et l'outil, puis à l'homo sapiens dont, soit dit en passant, l'un des vestiges fossiles en France, ceux de l'homme de Grimaldi, présente des caractères négroïdes incontestables. Le gorille et le nègre Mais les mythes ne se laissent pas SI facilement déloger. Alors que l'anthropologie découvrait à la fois le lien essentiel qui rattache l'homme à la faune terrestre et les étapes du processus multimillénaire d'hominisation, les thèses racistes avaient besoin d'être revivifiées, de maniére d'autant plus urgente que l'expansion coloniale européenne commençait, et qu'il fallait justifier non seulement l'assujetissement de continents entiers, mais aussi le génocide éventuel des premiers occupants. Ainsi naquit, des amours toujours monstrueuses de la science et de la raison du plus fort, la théorie du « polygénisme »; puisque l'homme descend du singe, comme on ' disait alors très schématiquement, on fit descendre chaque race humaine d'un singe différent; le gorille était l'ancêtre du négre, l'orang-outang du jaune et le chimpanzé (le plus intelligent des grands singes) du blanc. Parallèlement d'ailleurs, il fallait utiliser ' la science pour légitimer les inégalités sociales; on s'attacha à démontrer que les riches étaient dolichocéphales (crâne plus long que large) et les pauvres brachycéphales (crâne plus large que long); on rendait ainsi « naturelles» les inégalités sociales autant que la colonisation. Le paradis perdu La science, quant à elle, continuait son chemin difficile. Elle en arriva ainsi, pas à pas, à la conception qu'elle a aujourd'hui des races humaines. L'origine de l'humanité, dit-elle d'abord, est une; nous avons tous un seul et même ancêtre, lequel a pu apparaître dans l'Asie du Sud-Ouest, en tous cas dans une région où des conditions naturelles particulière- . ment favorables permettaient un passage relativement facile de l'état d'hominien, animal perfectionné, mais animal, à l'état d'homme, c'est-à-dire ayant inventé la possibilité d'agir sur la nature, et donc de s'en séparer. Cette humanité première devint bientôt trop nombreuse et l'essaimage à travers des contrées moins clémentes devint inévitable. Ainsi naquirent peut-être les représentations d'âge d'or et de paradis perdu qui se retrouvent dans tant de religions. C'est alors pense-t-on, que se formèrent les trois grandes races humaines. Certaines hordes gagnèrent le nord de l'Hima aya, et évoluèrent de façon autonome ; ainsi naquit la race mongoloïde; au sud, un second rameau, en progressant vers l'ouest, allait se différencier en europoïdes et en négroïdes. Tous ces groupes allaient ensuite se subdiviser en nombreuses sousraces sur le nombre et les caractères physiques desquelles les anthropologues discutent encore aujourd'hui. Par ailleurs des groupes humains, dit « de transition» qui possédent des caractéristiques de plusieurs races (les Ethiopiens ont la peau noire mais une morphologie europoïde; les Aïdos japonais sont blancs avec des caractères mongoloïdes, etc.) sont autant de « ponts», entre les races, qui prouvent leur identité profonde. Une nature impitoyable Comment s'est faite cette différenciation progressive à partir de l'unité primitive? La science de l'hérédité, la génétique, est loin d'avoir encore à tout une réponse satisfaisante. Elle est pourtant parvenue à . trouver à l'évolution sociale de l'humanité, c'est-à-dire à l'adaptation biologique aux divers milieux géographiques, climatiques etc., quatre explications principales qui se sont combinées entre elles au cours des temps préhistoriques; ' • Les mutations génétiques. Le patrimoine génétique de l'humanité se transmet par ùt:s gènes qui, en se combinant au moment de la fécondation, selon un nombre immense de possibilités, donnent à chaque --. 19 ~ individu son aspect pnyslque et certaines prédispositions psychiques. Or les génes peuvent subir des mutations qui donnent au nouveau-né tel ou tel caractère nonhérité; c'est le cas, par exemple, des albinos. L'isoleme~t Certaines de ces mutations sont heréditaires, d'autres non. Un fait est en tous cas établi : elles ne représentent pas nécessairement un progrès vers l'adaptation au milieu. • La sélection naturelle s'est donc combinée avec ces mutations: lorsqu'elles représentaient une moindre adaptation au milieu, la nature se chargeait impitoyablement d'éliminer le sujet; lorsqu'au contraire elles étaient favorables, le sujet se trouvait en position de force pour survivre. Dans les petits noyaux tribaux qui devaient former les communautés réduites, ces mutations pouvaient se répandre rapidement. • Les migrations périodiques permirent aux caractères nouveaux d.e se répandre peu à peu et de devenir dominants, toujours sous l'influence de la sélection naturelle. • L'isolement entre les grandes aires géographiques a accentué dans l'intervalle des mouvements migratoires les différenclatIons raciales. Par exemple des mongoloïdes venus d'Asie ont occupé le continent américain en passant par le détroit de Behring, qui était alors un isthme ; lorsque les deux continents se sont sèparés, des milliers d'années de vie et d'adaptation à un milieu naturel particulier ont donné aux Indiens d'Amérique des caractèristiques si apparemment différentes de celles des Mongoloïdes qu'on a longtemps cru qu'ils constituaient une race spécifique. Plus près de nous les noirs américains, en quelques siècles, ont acqui un type légèrement différent des noirs d'Afrique, de même d'ailleurs que les Américains blancs par rapport aux populations européennes. L'isolement peut n'être parfois que social et aboutir à de · diffàences biologiques relativement importantes et qui sont la plus belle réfutation des thèses racistes. Ainsi à Bombay, où le système des castes reste vivace, la répartition des groupes sanguins diffère selon des groupes de même race mais qui ne se marient pas entre eux. Dans la caste élevée des Kokmasth Brahman, la répartition des groupes sanguins est de 34,5 % pour A, 28,5 % pour 0, 28,5 % pour B, 8,5 % pour AB; dans la caste des Kayasth Prabhu, les pourcentages respectifs sont de 51, 24, 20 et 5 %. Les types physiques des m'embres de chacune des castes sont aussi très ditrerents. Il n'est pas difficile d'en déduire que dans les castes les plus fortunées, le pourcentage d'individus physiquement et intellec- , TROIS SORTES DE DIFFERENCES 20 A plusieurs reprises, les savants du monde entier, réunis sous l'égide de l'U. N. E.S.C.O. ont publié des travaux communs et des prises de' position concernant le racisme. La réfé rence scientifique la plus précise à ce propos est la déclaration publiée à Moscou en 1964, complétée par une déclaration publiée à Paris en octobre 1967 (voir Droit et Liberté, nO 267, novembre 1967). Les spécia listes y distinguaient trois axes d'investigation dans l'étude des spécificités raciales • Les différences morphologiques, qui sont évidentes. • Les différences physiologiques, (formule sanguine, développement comparé des organes) qui. selon les recherches les plus actuelles, ne recoupent absolument pas les différences morphologiques. • Les différences mentales, déterminées par la culture, l'histoire, et qui sont absolument indépendantes de la notion de race. . Les mêmes savants expliquaient ensuite comment le racisme lui-même pouvait faire naître un problème 'où il fondait ensuite sa propre justification (c'est particulièrement vrai pour l'antisémitisme) : « Le racisme a souvent un effet cumulatif. La discrimination prive un groupe de l'égalité des droits et l'érige en problème. Fréquemment ce groupe se voit ensuite. reprocher sa condition, ce qui conduit à une nouvelle élaboration de la théorie raciste ». tuellement plus develOppes est supérieur; la théorisation de cette constation tend évidemment à perpétuer une organisation sociale injuste. Il existe d'ailleurs un courant « néoraciste » qui tente de se parer d'oripeaux scientifiques; même si tous les hommes sont de même souche, explique-t-on en substance, les ditrerences de milieu ont fait que la race blanche est un « perfectionnement » de cette souche unique alors que la race noire en est une dégénérescence; la faute en est au climat équatorial, précise-t-on, qui perturbe le fonctionnement des glandes hormonales. Les « mutuelles différences Il Il n'est même pas besoin de la science pour réfuter une thèse aussi peu fondée; les racistes qui la professent devraient tenir pour inférieurs les Sud-américains blancs qui vivent sous l'Equateur, et reconnaître pour leurs égaux les noirs américains qui vivent à Chicago ou ailleurs sous un climat plus froid et sec que le nôtre. Supposons même une ethnie humaine que les conditions extérieures particulièrement dures auraient faite dégénérer biologiquement (ce qui n'est le cas ni des Esquimaux ni de, Boshimans, les deux peuples sans doute les plus éprouvés par la nature) : il n'y aurait pas pour autant de raisons à l'exterminer, ni même à la sègréguer ou à l'exploiter. Quoi qu'il en soit, il est aussi souvent difficile de distinguer la part de l'hérédité, du biologique, et celle du milieu, de la culture. A mesure que progresse la civilisation, et que donc l'importance de la sèlection naturelle diminue, les habitudes culturelles prennent une importance primordiale, jusqu'à avoir des répercussions sur le physique (les habitudes alimentaires, par exemple). Dans la mesure où le progrès technique unifie de plus en plus notre- planète, où les barrières sociales perdent leur rigidité, voire sont disloquées, les diverses communautés sont de plus en plus perméables, et l'on peut prévoir le temps (encore certes bien lointain, mais de plus en plus concevable) où cultures, civilisations et races humaines, Ir enrichies de leurs mutuelles différences)) seront toutes fondues en une seule: Georges CHAT AIN (1) Le racisme devant la science - UNESCO - 546 pages - 21 F. Les maladies des pays du tiers-monde (rachitisme, à gauche: lèpre, à droite) sont les conséquences de la misère (au centre. un bidonville en Corée). L'Europe a connu les mêmes maladies: elle les connaît parfois encore. , DEBAT: EXISTE-T-IL DES MALADIES RACIALES? Le docteur Jean-Jacques Richard est l'auteur d'un ouvrage intitulé (( Le facteur racial dans la patholof(ie )). Ce livre a soulevé des controverses parmi les spécialistes. Deux d'entre eux, Pierre Boiteau (attaché de recherches au C.N.R.S., con;espondant du Muséum National d'Histoire Naturelle) et A. Rakoto Ratsimamanga (directeur de recherches au C.N.R.S., membre de l'Académie des scienèes) donnent leur opinion à ce propos. Jean-Jacques Richard leur répond à son tour. 1 UN DOSSIER T E facteur racial dans la pathologie, L se présente comme une sorte de dossier divisè en trois parties : • La définition de la race et de la pathologie raciale; après une description des races humaines telles que les anthropologues les classent et les ramifient aujourd'hui, J.-J. Richard tente d'éliminer les « causes d'erreurs », les origines de maladies que l'on a pu croire raciales et DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER ' 1969 qui sont dues en fait au sous-développement, à la malnutrition, à la famine, ou simplement au climat. Puis il fait le bilan de ce que sont, selon lui, les différences biologiques raciales : couleur de peau, variations de la formule sanguine, de la nervosité, du système osseux et musculoligamenteux. • L'étude analytique des maladies; chaqu~ maladie est étudiée selon les organes qu'elle affecte (poumons et bronches; tube digestif; foie et voies biliaires; pancréas; thyroïde et parathyroïdes; coeur et vaisseaux; sang, rate, ganglions; os et articulations; reins; glandes surrénales; appareil génital; peau; malformations congénitales); cette seconde partie collecte les statistiques existantes et tente des évaluations de la fréquence de telle ou telle maladie particuliére, selon les races. • Un résumé synthétique par races des diverses maladies présente sous un autre éclairage la conclusion de la seconde partie. Une vue d'ensemble conclut enfin l'ouvrage, avant une bibliographie extrêmement copieuse et détaillée; cette conclusion se termine elle-même ainsi : II Le facteur racial relève donc de particularités biologiques plus ou moins variables comme tous les autres caractères anthropologiques. Il est essentiellement relatif, et non pas inhérent à la race en tant que telle, en tant qu'entité )). 21 2 L'INFLUENCE DU MILIEU EST ESSENTIELLE par Pierre Boiteau et A. Rakoto Ratsimamanga T '.oUVRAGE du Dr J.-J. Richard se L présente comme le fruit d'observations personnelles en France, aux Etats-Unis, au Mexique, au Japon, en Côte des Somalis, de contacts personnels ou de correspondances avec des médecins ou chercheurs français, japonais, africains et américains, de renseignements tirés des statistiques de l'OM.S. et de la littérature médicale mondiale. De fait, les trois cent trente-trois références bibliographiques qui l'accompagnent montrent assez qu'il s'agit d'un travail sérieux, ayant demandé de patients efforts. S'il en était besoin du reste, la caution d'un maître aussi unanimement respecté que le professeur Joannon, signataire de la préface, suffirait à nous le garantir. .outre son sérieux, cet ouvrage se caractérise par l'évidente bonne foi de son auteur. J.-J. Richard nous a d'ailleurs rapporté lui-même que son travail a eu pour origine le choc psychologique qu'il éprouva en voyant la ségrégation raciale pratiquée dans l'hôpital américain où il effectuait son internat. C'est là qu'il s'est posé la question : « Existe-t-il un facteur racial dans la pathologie? » et qu'il a tenté d'y répondre après une longue enquête. C'est pourquoi nous voulons tenter avec le même sérieux et la même bonne foi d'expliquer pourquoi nos appréciations diffèrent des siennes, dans le seul but de faire progresser nos conceptions respectives et, indirectement, celles du public éclairé. Appréciations divergentes Dès le début de l'ouvrage (p. 5), J .-J. Richard constate que : (( Dès la plus haute antiquité... le mélange des groupes humains n'a cessé de compliquer la carte des races.» Il se réfère à Dunn et admet avec lui que les « races pures », groupements d'individus identiques op même conformes à quelque type racial idéal, n'existent donc actuellement pas. Mais la « race» n'est pas pour autant considérée comme .un concept anachronique en voie d'extinction, une sorte de vestige ' de la préhistoire humaine, comme nous la concevons nous-mêmes. .on tente d.e la définir indirectement en délimitant un (( jacteur racial de la pathologie » qui serait distinct, d'une part, des causes strictement génetiques et, d'autre 22 part, des causes écologiques. au sens le plus large du terme, c'est-à-dire toutes celles qui tiennent à l'alimentation, à l'habitat, au climat, au « mode de vie », au contexte social, etc. Aussi l'auteur de l'ouvrage paraît-il éliminer à peu près complètement le « facteur racial» à certains moments de son exposé, par exemple lorsqu'il écrit (p. 196) : (( Il est très probable qu'alors - quand les progrès de la pathologie sociale seront suffisants (A.R. et P.B.) - d'autres causes seront trouvées là où aujourd'hui plane encore le doute. Les termes (( population » ou (( ethnie» remplaceront avantageusement le mot (( race », qui ne servira plus, comme cela se voit trop souvent encore, à camoufler notre ignorance vis-à-vis de toute particularité géographique dont la cause nous . échappe. Justice sera faite de certains préjugés au profit d'une science plus objective.» Un Basque, un Noir et un Mongol Mais comment concilier ces perspectives avec l'affirmation péremptoire qui, à la page précédente, ouvre le chapitre xxxm, intitulé : (( Vue d'ensemhle)) : « Au terme de cette étude, une CO/lSiatation s'impose: de même qu'il existe des races, de même il existe un facteur racial dans la pathologie. Certains exemples, rares peut-être, mais incontestah/es en ont été décrits.» Voyons tout d'abord en quoi consistent ces rares exemples. Nous chercherons ensuite quelles peuvent être les causes profondes des appréciations divergentes qu'on constate, à plusieurs reprises, dans le texte du Dr Richard. En ce qui concerne les « races blanches » (chapitre XXIX, p. 179), voici en quoi se résumerait leur pathologie raciale : (( Un certain nombre de points communs se retrouvent à des degrés variables dans la pathologie des diverses races blanches. Parmi ceux-ci seule la fréquence relative de la maladie hémolytique du nouveau-né est raciale, en raison de la proportion ' appréciable de blancs Rhésus négatif.» Encore cette appréciation est-elle fortement nuancée par les appréciations des pages 199-200 : « La proportion d'individus au Rh néga. tif, maximum chez les Basques, est bien un caractère biologique racial, réparti sur une ethnie dont les particularités physiques sont assez peu différentes de celles de leurs voisins pour que leur individualité en tant que race soit contestée. Cette absence de l'antigène Rh, peut-être constante à l'origine, est aujourd'hui l'apanage d'une partie seulement des Basques. Comme tout autre caractère racial, sa constance n'est pas absolue. Et la différence est plus grande à ce sujet entre deux Basques dont un seul posséderait l'aglutinogène qu'entre un Basque, un Noir et un Mongol au Rhésus positif. (( Nous voici donc arrivés à l'aspect le plus important de la pathologie raciale. En plus de son caractère évolutif, le fait qu'elle dépende d'une biologie essl}ntiellement individuelle et sujette à de larges variations au sein d'une race lui enlève tout caractère absolu. » C'est croyons-nous reconnaître que le facteur Rhésus, comme le fait est d'ailleurs bien connu, est un facteur généti'que. Sa répartition statistique dans un groupe humain quelconque relève, comme celui de tous les facteurs génétiques, des lois de la génétique des populations. Mais, si celles-ci sont désormais assez bien connues en ce qui concerne certaines populations animales, c'est très loin d'être le cas pour l'homme. Définir comme « racial» un facteur qui relève de la dérive génétique, ne nous paraît possible, dans l'état actuel de la science, qu'en raison de notre ignorance de la génétique des populations chez l'homme. Ainsi le seul facteur « racial» reconnu comme fondé pour l'ensemble des races blanches relève, en fait, de la génétique des populations et non d'une « raciologie ». Nous tenons là, pensons-nous, une des premières raisdns des divergences d'appréciation qui apparaissent en plusieurs points du livre. La dérive génétique est un phénomène- dynamique, alors que les méthodes de la « raciologie» ne permettent que des instantanés incapables de rendre compte de tels processus évolutifs. En outre, comme le note très justement J.-J. Richard dans les causes d'erreurs qu'il analyse (p. 16-17), l'une de celles-ci est l'insuffisance et plus encore l'inégalité de la documentation « dans un monde ou la répartition des bienfaits de la médecine est loin d'être équitable.)) La carte de la malnutrition Si la « pathologie raciale» des races blanches, de beaucoup les mieux connues sur le terrain de la pathologie, se résume à si peu de chose, ne sommes-nous pas fondés à supposer que, les causes d'erreurs étant infiniment plus nombreuses pour les autres « races », ce qui est attribué de nos L ~------ --- .. -------------Charles------------ jo~rs, faute d'explication valable, à une pretendue pathologie raciale, ira en s'amenuisant au fur et à mesure des progrès de la médecine dans ces pays? J.-J. Richard donne d'ailleurs lui-même maints exemples d'une telle évolution : (( Le kwashiorkor, écrit-il (p. 17) est un des meilleurs exemples de maladie de la nutrition à répartition pseudo-raciale. » En effet, c'est en 1933 que Williams décrivit ces jeunes enfants de la Gold Coast, (l'actuel Ghana) alors colonie britannique, si frappants avec leur peau dépigmentée, leurs cheveux rouges, leurs oedèmes de la face et des extrémités, leur gros ventre coritrastant avec une épouvantable maigreur. Considérant alors qu'il s'agissait d'un syndrôme local, il lui donna le nom utilisé dans le pays : kwashiorkor; un nom qui allait faire fortune. Cependant, on reconnut bientôt que l'affection était due à une carence profonde en protéines après le sevrage. Il s'agissait d'une maladie qui n'avait rien à voir avec la race puisqu'elle était le fruit de la malnutrition, de la misère, de l'ignorance des parents. Dès 1952, Autret traçait le tableau mondial de ce syndrôme. Il montrait qu'au-delà de la couleur de la peau, on trouvait à l'autopsie ou par ponction-biopsie du foie, un meme ensemble de signes cliniques : c'était la « bouffissure d'Annam» décrite par Normet en 1926, la « nutritional distrophy » qu'Achar avait signalée aux Indes, la « culebrilla » du Méxique, 1'« edemas de la infancia» du Guatemala, la « distrofia farinacea» de l'Uruguay; bref, un recensement qui dressait à la fois la carte de la malnutrition dans le monde et celle de ce qu'il était convenu d'appeler le « sous-développement». Et, en remontant dans le temps, on découvrait aussi qu'il avait existé en France une « distrophie des farineux», en Italie une « distrofia da farine» et une « Mehlnahrschaden» en Allemagne. Pourquoi la lèpre a dis.earu _e~_~ran~~ Mais J .-J. Richard ne semble pas faire preuve partout d'une égale pertinence. Ainsi reprend-il d'après Rarter l'observation suivant laquelle la lèpre aurait des localisations électives suivant les « races », les Noirs d'Afrique comme ceux des Antilles présentant surtout des formes dermatologiquement pures, alors que Blancs et Jaunes connaîtraient surtout des . formes nerveuses (p. 147). Il est possible que les peaux noires aient une plus grande réactivité, comme tendrait à le prouver la plus grande fréquence des chéloïdes (p. 152). Mais peut-on écarter d'emblée les facteurs nutritionnels quand il s'agit de la prépon- DROIT ET LIBERTÉ - N° 27B - JANVIER 1969 dé rance des localisations cutanées de la lèpre? Nous ne le pensons pas . .on sait très bien que les carences en protéines et en certaines vitamines (B 2 et C notamment) facilitent l'apparition de lésions cutanées, non seulement chez l'homme, mais chez les animaux de laboratoire. Le rat auquel on inocule la lèpre murine ou la souris ayant reçu du bacille tuberculeux humain font des lésions dermatologiques d'autant plus accentuées qu;ils sont soumis à une alimentation plus déséquilibrée. Nous avons eu l'occasion de revoir à trente ans d'intervalle les mêmes léproseries de Madagascar et avons constaté que l'importance des lésions cutanées a régressé au fur et à mesure que s'amélioraient l'alimentation et les conditions d'habitat des malades. Enfin n'oublions pas que la lèpre a été l'un des fléaux au Moyen Age en Europe : il y avait plus de 3 000 léproseries en France ' au XIV· siècle. Il suffit de relire les descriptions de l'époque pour se rendre compte 9u: les ulcères et les plaies lépreuses n'y etaient pas rares. Il est même très probable que l'amélioration de la nutrition dans les masses paysannes vers la fin du xv· siècle a été l'un des facteurs principaux de la disparition de l'~ndémie lépreuse en France. La pathologie du clochard parisien Ainsi voit-on peu à peu des affections sommairement attribuées à un « facteur racial » relever progressivement de facteurs plus différenciés, tels que les facteurs nutritionnels, à mesure des progrès de la connaissance de leur étiologie. .on peut en dire autant à propos du « mode de vie» et des autres facteurs étiologiques évoqués. Ce n'est pas seulement une boutade de constater, comme le fait J.-J. Richard (p. 18-19) qu'il existe une pathologie bien caractérisée du « clochard» parisien, qui n'a rien à voir avec celle du reste de la population de la capitale. C'est une réalité indiscutable et qui ne doit rien à un « facteur racial». L'ouvrage comporte à cet égard des vues très pertinentes. Mais ce sont, dans l'en semblé, des doutes sur le rôle que jouerait le « facteur racial» qui se dégagent de cette lecture, plutôt qu'une justification de l'importance attachée a priori à ce facteur par tant d'auteurs. Préjugés antisémites et -éoioniallStes--- .outre l'imprécision d'un « facteur racial» qui relève en dernière analyse tantôt de la génétique des populations, tantôt d'un déterminisme écologique encore méconnu, l'une des sources essentielles des hésitations qu'on constate dans l'ouvrage de J.-J. Richard, en dépit de ses méritoires efforts de mise en ordre est pensons-nous, l'insuffisante rigueur' qu'il a attachée au choix de ses sources et nous reconnaissons volontiers que c~ choix n'était pas facile. Il écrit très justement, en ce qui concerne les nombreuses élucubrations dont la littérature est encombrée concernant une prétendue pathologie raciale des juifs (p. 183): (( Certains auteurs basent encore leurs études sur plusieurs séries importantes de travaux publiés à Berlin, en l'année 1940, donc en plein nazisme. Peu nous étonne alors de savoir qu'ont été aussi décrites chez les juifs une prédisposition héréditaire à la morphinomanie, ainsi qu'une autre prédisposition héréditaire, récessive il est vrai, à la stérilité. Cela se passe de commentaire.)) Mais les préjugés colonialistes ne sont pas moins virulents que les préjugés antisémites. Sans doute aurait-il fallu aussi en tenir compte et faire preuve de plus de réserve à l'égard des affirmations de certains auteurs directement liés à l'exploitation des peuples, hier encore, colonisés. Il semble que, sur ce point, la vigilance de J .-J. Richard ait quelquefois été surprise. En définitive si nous avions eu à intituler le livre, nous aurions plutôt choisi : 1( Le très faible rôle du facteur racial dans la pathologie.)I Nous comprenons parfaitement les mobiles désintéressés qui animent l'auteur. Si l'on veut pratiquer sur le plan mondial une meilleure hygiène, une prophylaxie plus efficace, il faut effectivement arriver à créer pour chaque groupe social une « protection sur mesure», comme l'écrit remarquablement le professeur Joannon; et ceci ne peut se faire sans une meilleure connaissance de la pathologie sociale. Mais on ne peut parvenir à une telle connaissance, à notre avis, en partant d'idées reçues, dont il est toujours extrêmement difficile de mesurer les proportions exactes qu'elles renferment d'observations objectives, d'une part, et d'appréciations subjectives, sensibles aux préjugés, d'autre part. Une action beaucoup plus importante ... Dans une étude récente sur les aspects particuliers de la pathologie infectieuse et parasitaire malgache, le Dr E.R. Brygoo, directeur de l'Institut Pasteur de Madagascar, montre les très grands progrès réalisés en trente ans dans la compréhension des caractères de cette pathologie. Il -... 23 ~ montre comment les raisons fondamentales peuvent en être trouvées dans la composition très particulière de la faune : absence d'Ongulés, présence de Lémuriens, déséquilibre entre rongeurs introduits et autochtones, ainsi que dans la façon dont l'île a été peuplée par petites alluvions humaines successives, après de longues traversées maritimes. Ce sont ces faits, pour la plupart méconnus voici encore trente ans, qui expliquent le caractère particulier de la pathologie malgache, beaucoup plus que l'origine africaine ou asiatique de ses habitants, puisque la pathologie malgache n'a rien à voir ni avec celle de l'Afrique, ni avec celle de l'Asie. Sur un exemple concret, nous rejoignons ainsi J .-J. Richard lorsqu'il estime (p. 196) que : « les conditions géographiques et économiques, et surtout le mode de vie ont une action beaucoup plus importante que le facteur racial.)) Alors, pourquoi ne pas en faire le thème essentiel du livre, ce qui éviterait les interprétations tendancieuses que des hommes moins désintéressés que le Dr Richard peuvent tenter d'en tirer pour justifier les préjugés qu'ils entretiennent? Pourquoi? En toute humilité, il faut bien répondre qu'il existe aussi chez les hommes de science certains tabous. Il est très mal porté, dans nos milieux, d'écrire un livre qui aboutit à une conclusion négative. Or, s'il est vrai que, dans la publication d'un compte-r'endu d'expérience, faire état d'un résultat négatif est pratiquement sans intérêt (cela ne démontre qu'une chose, c'est qu'on n'a pas su réaliser les conditions nécessaires pour que le phénomène attendu apparaisse) il n'en va plus du tout de même dans un domaine méthodologique. L'intérêt essentiel du livre de J .-J. Richard est justement à nos yeux de montrer le très faible rôle, sinon le rôle absolument nul, que le « facteur racial » joue dans la pathologie. C'est la démonstration qu'il faut partir d'autres bases que la mythologie raciale pour aborder les problèmes de la pathologie sociale. Il va sans dire qu'on n'élèvera pas demain des populations humaines en cage comme les populations de Drosophiles pour étudier leur dérive génétique. Il est également évident que l'homme, par la nature particulière de ses comportements (langage, écriture, etc.), par la complexité de ses structures sociales, a des caractères qui n'appartiennent qu'à lui. La solution nous paraît donc de ranger résolument la pathologie sociale dans les sciences humaines et d'aborder ses problèmes avec les méthodes qui ont fait leurs preuves dans d'autres domaines des science~ sociales. A.R. et P.B. 24 3 NOS POINTS DE VUE SONT PROCHES par J.-J. Richard C'EST avec un grand intérêt que j 'ai pris connaissance du compte rendu de MM. Ratsimamanga et Boiteau concernant mon livre ; avec intérêt mais aussi avec plaisir malgré nos divergences apparentes. Car au fond, je crois nos points de vue très proches, et c'est bien volontiers que j 'accepte l'invitation qu'ils me font, de leur répondre. , Pourquoi ne pas faire du rôle généralement négligeable du facteur racial le thème essentiel du livre, demandent-ils ? Précisèment pour éviter toute impression de parti-pris : cet ouvrage est le premier traitant de l'ensemble des maladies au sein de ce qu'il est convenu d'appeler les races humaines. Jusque-là n'existaient que des études parcellaires, n'émanant malheureusement pas toujours d'auteurs libres de préjugés. Je souhaiterais que cette étude soit suivie de nombreuses autres jusqu'à ce que soient éclaircies toutes les questions qui restent dans l'ombre. Mais le point de départ que représente mon livre se devait d'être absolument objectif, et pour cela, je n'ai pu ni voulu passer sous silence certaines thèses, même si les idées exprimées par leur auteur n'avaient pas toute ma sympathie. Bien souvent alors, il ne m'a pas èté possible d'avancer d'argument suffisamment solide contre une différence raciale hypothétique, même lorsque je pressentais fortement la faiblesse des interprétations opposées. Je pense que, grâce à cela, les plus racistes de mes lecteurs ne peuvent à aucun moment me reprocher un manque d'objectivité. Pour eux comme pour tous, ce livre peut servir de mise au point des connaissances actuelles sur ce problème délicat. Seuls, deux jumeaux ... La pathologie raciale dépend de la physiologie raciale. L'une et l'autre sont, comme j'ai insisté là-dessus, essentiellement relatives. Prenons un exemple : en ce qui concerne les affections cutanées, il est certain que les carences protéiques et vitaminiques ont leur importance. La vitamine D est d'ailleurs utilisée pour le traitement du lupus tuberculeux. Une peau foncée (à forte densité de mélanine) recevra moins de rayons ultraviolets qu'une peau claire et synthétisera moins de vitamine D que celle-ci. Or, la densité de mélanine représente un caractère racial classique. Mais si leur pigmentation mélanique naturelle est égale, un Asiatique, un Africain ou un Européen pris dans les mêmes conditions de vie, réagiront exactement de la même manière dans ce cas, bien que leur appartenance raciale soit théoriquement différente. Car enfin, qu'est-ce qu'une race? Quelle en est la limite? S'il existe une définition scientifique précise de l'espèce il n'en est pas du tout de même de la race, sur laquelle les savants des divers pays ne sont pas arrivés encore à se mettre d'accord. La définition classique : « groupement naturel d'hommes, présentant un ensemble de caractères physiques héréditaires commun », est un chef-d'oeuvre d'imprécision. Des millions d'hommes aux quatre coins du monde, issus de toutes les « races» ont comme moi un groupe sanguin 0, ou le facteur Rhésus positif, ou les yeux bruns, ce que ne possède pas ma soeur; et ce sont pourtant là des caractères physiques héréditaires indiscutables. Dois-je en conclure que ma soeur et moi appartenons à une race différente? La race commence et s'arrête là où chacun le veut. « De même qu'il existe des races, de même il existe un facteur racial dans la pathologie )) .. autrement dit: dans la mesure où il existe des races, il existe un facteur racial dans la pathologie; chaque groupement, chaque homme même, a sa pathologie propre. Mais dans une analyse des maladies au sein de ce qu'il est convenu d'appeler « races», force m'était d'utiliser le concept classique des races; j'ai rappelé diverses classifications, en trois, six, vingtsix ou trente groupements distincts selon divers anthropologues. Bien d'autres classifications existent, toutes aussi arbitraires et imparfaites, puisqu'il est impossible d}! préciser une limite au mot race, essentiellement subjectif et relatif, comme la pathologie raciale elle-même. Et c'est sur cette conclusion qu'aboutit mon livre : tout en constatant l'admirable diversité humaine, on peut affirmer qu'en raison de l'imprécision de ce qu'on appelle « races » et de l'aspect relatif des caractères biologiques raciaux, les différences Pilthologiques, contrairement à ce q~i .avait été souvent dit, sont rares, et generalement minimes dans l'état actuel de la science. On peut se procurer l'ouvrage du docteur Jean-Jacques Richard: Le facteur racial dans la pathologie (Gauthier- Villon, éditeur) à CI Droit & liberté", 120, rue Saint-Denis, Paris (2e). Prix : 24 F; en cas de commande, ajouter 2 F pour frais d'expédition. (C.C.P. 6070-98 Paris). A ga uche : une marche en taveur de l'intégration, dirigée par Martin Luther King : à droite. des bagarres à Chicago. La forme de lutte adoptée dépend souvent de l'origine sociale des noirs. Dès son origine, la lutte des noirs américains s'est partagée en deux tendances : l'une vers l'intégration sociale, l'autre vers le séparatisme. SIX LIVRES, UN BILAN • le rapport noir co ll. édition spéciale. Editions premiéres. • Black Power, étude et document par Yves Loger. Ed . Pari s. • Combats pour la liberté par Martin Luther King. Petite biblio th èque Pavot. • la libération viendra d'une chose noire par James Forman. Ed. Maspero. • Pouvoir blanc et révolte noire par François Masuata. Petite biblioth èque Pavot . • le Black Power par Ch arles V. Hamilton et Stokely Carmichaë l. Pavot. I L y a un pro blème raci al aux EtatsUnis. Cela on le savait, mais il fallut attendre 1963 et des désordres graves pour mesurer l'importance de la crise. Elle commence, nous relate le Rapport Noir, rédigé à la demande du préSident Johnson, à Birmingham en Alabama et ne fa it que s'é tendre pui squ 'en 1967, 59 villes se révoltent. Dans toutes les villes où se produisent les désordres, on trouve une ambiance DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 typique : des noirs révoltés par leur situation, surtout quand ils la comparent à celle des blancs ; une administration qui d'habitude ne se soucie pas de cette disparité; des programmes d'assistance fédérale qui n'ont pas atteint un nombre suffisant de besogneux. Les ghettos et la C( Black Belt,. Des hommes de bonne foi se sont penchés sur les causes de ce mécontentement. Ils ont conclu qu 'elles tenaient principalement aux ' conditions économiques et sociales de vie dans ,les ghettos noirs urbains où eurent lieu les émeutes. La population y avait augmenté d'environ 75 % entre 1950 et 1960 du fait du marasme économique dans les Etats du Sud. L'âge moyen des noirs était toujours inférieur à celui des blancs. Les noirs avaient fréquenté l'école moins longtemps que les blancs et l'instruction y était insati sfaisante tant pour la ségrégation ' scolaire et pour les maîtres que pour les programmes enseignés : on n'y apprenait pas l'histoire des noirs. Une grande partie de la population vivait en dehors du salariat et la probabilité de chômage était deux fois plus èlevée pour le noir que pour le blanc. Parmi les salariés pourvus d'un travail, les noirs avaient trois fois plus de probabilités d'exercer un métier sans qualification. Dans toutes ces villes, les noirs gagnaient moins d'argent que les blancs et on y trouvait deux noirs pour un blanc vivant dans la pauvreté. Moins de noirs que de blancs possédaient un logement et s'ils en avaient un, leur loyer représentait une part plus élevée de leurs revenus. Néanmoins on trouvait chez eux trois fois plus de logements bondés et insatisfaisants. Dans le ghetto la police se comportait d'une manière raciste. Alors que les blancs avaient émigré dans les faubourgs aérés, les noirs s'entassaient avec une population croissante dans leurs anciennes demeures mal entretenues où. ils étaient exploités par des propriétaires blancs qui leur faisaient payer des loyers trop élevés. Quand bien même leurs revenus s'accroissaient, des pratiques discriminatoires leur interdisaient de quitter un quartier uniquement peuplé de gens de couleur. Le plus souvent, les agents immobiliers refusaient tout cru de leur montrer les logements disponibles. Très mauvaise dans les ghettos urbains, la situation des noirs est désastreuse dans ce que l'on appelle la Black Belt, la ceinture noire du Sud. L'ouvrage d'Yves Loyer" Black Power, nous renseigne à ce sujet. Dans ce Sud, l'automation a amené la grande exploitation mécanisée, où il suffit de peu de travailleurs, et les terres qui n'y ~ 25 conviennent pas se répartissent entre des fermiers et des petits propriétaires noirs qui travaillent le sol avec des mules et des charrues antiques et nourrissent de nombreuses familles sur des parcelles minimes. Le revenu moyen d'une famille est inférieur à 1.000 dollars par an. La pastéque et le melon d'eau sont la nourriture de base avec le maïs. Le docteur Brenner a déclaré qu'il a trouvé dans le Sud des, cond~tion s de santé aussi mauvaises et meme pires que celles qu'il a pu observer en Afrique orientale dans les tribus les plus démunies du Ke~ya et d'Aden. C'est la famine où domine un racisme de maîtres propriétaires et planteurs. Interrogé sur l'influence que le patron fera peser sur son vote, un travailleur agricole répond : « Tu me donne~ une place pour vivre et un peu de terre a travailler. Tu peux me dire comment voter. » Devant leur sltuaLlon de nombreux noirs se sont révoltés. Yves Loyer constate qu'il existait déjà entre 1990 et. 1950 ~eux tendances, l'une vers l'integratlon sOCiale, l'autre vers le séparatisme. 50.000 noirs C'est dans le cadre de l'intégration raciale que naquit le Mouvement des Droits Civiques auquel la personnalité du pasteur Martm Luther King, assassiné le 4 avril 1968 devait donner toute son ampleur. Dan; son livre Combats pour la Liberté, King montre c~mment, suivi par de nombreux mouvements et associations intégrationnistes, il appliqua dans un cas très concret à la lutte des noirs le principe de résistance non violente défendu avec succès par Gandhi aux Indes. C'est en 1956, à Montgomery, la célèbre affaire du boycott des autobus urbains par 50.000 noirs qui, au bout de 12 mois, obtinrent le triomphe de leur cause : la déségrégation des autobus en Alabama. Mais devant la violence constante des blancs, les idées de King vont être battues en brèche. Dans leur ouvrage, le Black Power, Charles V. Hamilton et Stokely Carmichaël, un des leaders du S.N.C.C. (Comité de Coordination des Et~di~nts non violents) déclarent : « Cette theorze (celle de l'intégration) se base sur l'hypothèse qu~ rien n'a de valeur dans la communaute noire et qu'on ne pourrait créer grand'chose de valeur au sein du peuple noir. » Pour eux et pour la S.N.C.C., qui a fini par rompre avec les organisations intégrationnistes, l'intégration signifie que quelques noirs réussissent, abandonnant de ce fait la communauté noire et la privant d'un potentiel de leadership et de savoir-faire. 26 Les noirs ont souffert en tant que groupe : c'est donc en agissant en groupe qu'ils se libéreront dans une société raciste où il leur est impossible de vivre simplement comme des hommes. Par l'intégration, ils abandonnent leur personnalité culturelle et racial~. C'est le 6 juin 1966 que Stokely Carmlchaël lance l'idée de Black Power, inexactement traduit par pouvoir noir. En Américain, le terme power déSigne tout aut~t la force et la puissance que le pouvOir politique. Quant au terme Black, son importance propre est de s'opposer aux désignations blanches telles que « coloured », « negroe », ou « nigger ». Désormais l'Afro-américain devra se redéfinir comme peuple. Il ne refusera pas la coali~ion. avec le blanc, mais en tant que partenaire a part entière et pour changer le système raciste existant. Berné lorsqu'il chercha à s'allier aux blancs pour devenir le parti officiel local le M.F.D.F. (Mississipi Freedom Dem~cratic Party), le peuple noir comprit qu'il devait former un parti p?li~ique ~e base tout à fait indépendant. Amsl naqUIt, en mars 1966, la Lowndes County Freedom Organization dans un territoire où, en mars 1965, il n'y avait pas un seul noir inscrit sur les listes électorales. Des militants de la S.N.C.C. se mirent à parcourir la région en disant aux noirs: « Vous pouvez obtenir le contrôle politique de ce comté ». Petit à petit la communauté noire s'enhardit. 20 mois plus tard près de 3.900 noirs non seulement s'étaient in scrits mais avaient formé une organisation politique, tenu une convention et dé si~né sept de leurs membres à la fonction publique du comté. Ils ne gagnèrent, pas les élections, car les planteurs amenerent leurs « troupeaux de nègres » pour les faire voter, et il restait encore 51 % de noirs non inscrits. Mais ils obtinrent un grand nombre de voix. Désormais la Lowndes County Freedom Organization est reconnue dans le pays comme un parti politique organisé, seul et sans l'appui des blancs. Le Black Power à l'O.N.U. S'attaquant au problème de l'instruction, Hamilton et Carmichaël estiment qu'il est utopique de vouloir transférer les enfants noirs dans des écoles blanches déjà surpeuplées et qu'il leur faut sur place. une éducation de qualité. Ils estiment aussI que les noirs doivent s'organiser sans se préoccuper des normes traditionnelles : « obtenir le contrôle de leurs écoles, se grouper dans les immeubles locatifs pour protéger leurs intérêts vis-à-vis du propriétaire absent, un blanc dans la plupart des cas, boycotter tous les commerçants qui les exploitent, » En ce qui concerne les changements à 'ipporter dans un monde modern~ e~ pleine évolution, le noir a son mot a dire. Le professeur Kenneth Clark pense que ~ le noir américain a dû vivre dans un tel etat d'aliénation et de rejet que la structure de sa personnalité individuelle et sociale en porte les marques. Ce qu~ a ai~isé sa manière de voir et de sentir certames des tendances les plus subtiles et les plus significatives de notre société s.i c.omple~e.» Dans une époque de modermsatlon qUI est dynamique, il saura mieux que d'autres rompre avec l'Amérique blanche malheureusement sous-développée en matière de relations humaines et sociales. Il invoquera et suscitera de nouvelles formes et de nouvelles institutions pour sortir de « l'ordre établi ». Nous trouvons chez Hamilton et Carmichaëll'écho de revendications qui ne sont pas seulement à l'échelon n~ti?n~. J a~es Forman dans son livre La LIberatIOn vzen dra d'une chose noire, donne au mouvement du Black Power une portée internationale. Pour lui, il s'agit entre les noirs et les blancs d'Amérique d'un type de relations coloniales. La politique des Etats-Unis est fondée sur des considérations de race dans le but d'assujettir un groupe racial. Aussi, pense-t-il, les noirs américains doivent déboucher sur des positions internationales et condamner la politique américaine au Vietnam et dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, où les Etats-l!nis .ont i~vest~ des capitaux. Forman precomse 1 envOl de techniciens noirs en Afrique pour y développer l'économie des pays « frères ». Il estime que la lutte des peuples africa~s qui veulent leur indépendance est fondee sur l'idée de s'unir pour survivre face aux blancs qui ne leur accordent pas leur place dans la société contemporaine. Leurs options ne se situent pas à l'échelon national

elles sont internationales. Le S.N.C.C.

a pris la parole à des réunions de ~'O.N .l!. Les noirs américains doivent desormals figurer à titre d'organisation représentative dans les instances internationales., Dans les syndicats Dans son essai Pouvoir blanc et Révolte noire, , François Masnata conclut que malgré des progrès considérables de .la situation des citoyens noirs aux Etats-Ums, l'écart entre noirs et blancs est loin d'avoir disparu. Le préjugé racial demeure au niveau de l'individu - ce qui n'est pas le plus grave - mais surtout au niv~au . du groupe social et de l'Etat et de ses mstlt.utions. Signalons au niveau du groupe SOCial que c'est en 1964 seulement que ~a discrimination raciàle dans les syndicats fut déclarée, par l'autorité fédérale compétente, contraire au qroit du travail. Nicole de BOISANGER-DUTREIL. Silvia Monfort et Jean Rous' selet répètent au Théâtre de la Porte-Saint-Martin . ,. .. ~ if JI ... . ,~~ ... . - . r .. I(W L'ACTION CIVIQUE //JE me souviens d'avoir signé un , , appel demandant à Eisenhower la grâce des Rosenberg. Je me souviens du défilé bouleversant des Parisiens suppliant que la vie soit laissée aux Rosenberg. Je me souviens du choc que je ressentis quand nous avons su que Julius et Ethel venaient de mourir sur la chaise électrique... Depuis quinze ans, je n'ai jamais oublié les Rosenberg... Rappeler leur héroïsme m'a paru un devoir vis-à-vis d'eux-mêmes, et vis-à-vis de nous tous qui leur survivons.» Et c'est pour les Rosenberg et pour Morton Sobell encore en prison qu'Alain Decaux, l'historien bien connu, s'est fait auteur de théâtre. Jouée, cet èté, pendant environ deux mois sous le chapiteau des Tréteaux de France, dans une mise en scène de JeanMarie Serreau, avec Silvia Monfort et Bernard Rousselet, dans les rôles d'Ethel et Julius, la pièce d'Alain Decaux Les Rosenberg ne doivent pas mourir est accueillie à partir du 17 janvier 1969 au Théâtre de la . Porte-Saint-Martin. ~ jour-là aura lieu aussi la première de gala placée sous le patronage du M.R.A.P. (1). Mais écoutons plutôt Silvia Monfort, Jean-Marie Serreau et Bernard Rousselet parler des Rosenberg, de la pièce et de son insertion dans le conteste culturel du moment. « Pour moi, dit Silvia Monfort, l'affaire Rosenberlt, 'c'est une chose vive .. Je l'ai profondément ressentie. Je jouais Electre aux Noctambules en 1952, je m'en souviens ... » Les Rosenberg arrêtés Pour espionnage en 1950, condamnés à l'électrocution en 1951. furent exécutés en juin 1953. « - Je suis donc, aujourd'hui, très heureuse de jouer dans la pièce d'Alain Decaux " il l'a écrite en « honnête» homme - dans le vrai sens du mot. Il s'altit non seulement de rétablir la vérité historique, mais aussi de témoimer, car Morton Sobell est encore en orison ... DROIT ET LlBERTË - ND 278 - JANVIER 1969 , DU COMEDIEN A propos, avez-vous lu la lettre d'Alain Decaux au « Monde » (2). Elle est absolument merveilleuse! » Une rencontre stupéfiante En effet, dans les extraits publiés par Le Monde, Alain Decaux, après s'être indigné qu'en 1968, des magistrats américains osent « rejuser de rendre ta twertè à un homme dont l'innocence est quasi certaine » conclut en citant une lettre. « Elle émane, écrit-il, d'un Américain et, est adressée à Robert F. Kennedy, quand celui-ci était attornev f!énéral au département de la Justice des n·tats-Unis. Le signataire. au nom du « plus haut idéal de jurisprudence et de justice d'Amérique » demandait la clémence poûr Norton Sobell. Il suulignait que « la condamnation fut prononcée dans un climat d'hystérie qui submergeffit alors le pays et rendait impossible se rendre sereinement lajustice. » Le nom de l'auteur de cette lettre? Le pasteur Martin Luther King. » « Il s'est produit une rencontre stupéfiante, poursuit Silvia Monfort, entre Bernard Rousselet qui incarne Julius et le personnage. Cela arrive quelquefois dans la carrière d'un artiste cette identification absolue au personnage ... Mais il vaut mieux qu'il vous dise lui-même ce qu'il pense. » « Je ne peux pas dissocier l'attitude de l'individu, de l'acteur et du rôle », :lit alors Bernard Rousselet. Bernard Rousselet, connu pour ses créations à la télévision dans Les temps mo'rts et Eugénie Grandet, tourne en ce moment La femme en' blanc, émission en couleur qUI sera diffusée prochainement en six épisodes sur la deuxième chaîne. « - En jouant Julius Rosenberg, poursuit l'acteur, je donne tout son sens à mon métier. J'irai plus loin et je dirai qu'un hasard heureux a fait que je rencontre Julius Rosenberg au printemps 68. Ce sont deux réalités communes. » « - L'action civique du comédien, en quelque sorte, dit Silvia Monfort qui a le don des formules heureuses. C'est vrai, poursuit-elle, pour jouer le rôle, la façon d'être du comédien a autant d'importance, sinon plus que son talent. Il fmlf qu'il ait lui-même une âme pour rendre perceptible la vie intérieure des personnages. » L'héroïsme quotidien Ce sont aussi les qualités de Jean-Marie Serreau. il s'intéresse à l'Homme et à sa condition dans le monde. il cherche à rendre la pulsation véridique de l'oeuvre, même si cela devait être au prix d'un inaboutissement "technique. « - L 'oeuvre de Decaux, qui" est d'une grande objectivité historique, vient à son heure, étant donné le contexte actuel du monde, de notre « Occident» et de la France même. Car aucun pays n'a le privilège de la stupidité el du racisme, l'Amérique pas plus que la F/;an ce. Je dirai que cette pièce vielll à son heure dans une France où règne l'intolérance, dans une France qui reçoit des leçons 'de liberté d'expression de la part du f!énéral Franco (3). Brader des traditions d'indépendance de la France au général Franco et pour un traité de commerce est le signe d'une grande dégénérescence, de démission et d'abdication. Il suffit de lire l'oeuvre de Malraux pour savoir ce qu'est le régime espagnol et son entreprise de décervèlement qui monte maintenant jusqu'à nous., bt puis c'est de la gabegie, car la pièce de Gatti était entièrement répétée. » Silvia Monfort conclura l'entretien - répétition oblige! - en parlant de l'amour d'Ethel et Julius Rosenberg. «... Cet amour exceptionnel qui les aida à se sublimer. S'aidant l'un l'autre, quand ils sentaient leur faiblissef!lent mutuel, ils ont choisi la mort contre le bonheur et l'amour. Des êtres capables de s'aimer comme eux s'aimaient sont des êtres hors mesure, des êtres d'élite, des héros. Mais ['héroïSme chez eux était aussi simple, aussi quotidien, que celui de la résistance nécessaire pour bout~r l'ennemi hors de France. Julius et Ethel « besognaient » dans l'héroïsme. » Marguerite KAGAN ( 1) Voir en page 3. (2) Le Monde, 14- 12-68: (3) Sur intervention de l'ambassade d'Espagne, la pièce d'Armand Gatti, 'Passion en violel, jaune el rouge, a été retirée de l'affiche du T.N.P. 27 Un ouvrier agricole algérien. « Une espèce de communion première». « Le problème pour moi était de cracher sur le colonialisme sans cracher sur mon père.)) JEAN PELEGRI LE "PIED NOIR" ET "LE MAHBOUL" JULES Roy disait ici même l'impossibilité dans laquelle s'étaient trouvés les écrivains européens d'Algérie de parler des Algériens comme de véritables personnages (1). Il faisait une exception de Jean Pélegri, l'auteur du Mahboul (2) que prolongent Slimane (3) et Les monuments du déluge (4). L'histoire que nous conte Jean Pélegri est celle d'un fait divers : Peu de temps avant l'indépendance, un vieux gardien de ferme, Slimane, a tué son patron européen, M. André, avec qui il a vécu pendant plus de quarante ans, dans les malentendus et les contradictions de la vie coloniale, mais aussi dans la tendresse. Ille tue au moment où, pour la première fois, ils se comprennent enfin. Cette histoire, c'est celle d'un meurtre fraternel - Je l'ai tué pour qu'il reste dit le mahhoul (5) Slimane. On peut s'étonner que Jean Pélegri ait pu ainsi, dépassant l'anecdote, restituer l'homme-peuple algérien. - Comment avez-vous pu pénétrer aussi profondément la mentalité populaire algérienne? - Au dépait, j'ai eu cet avantage que mon père était colon. Dans une ferme, on a forcément des contacts : on voit les gens, mal peut-être, mais on les rencontre tout 28 de même. Quand on est gosse, les impressions sont très fugitives; mais, comme .on écrit avec ses souvenirs d'enfance, elles prennent plus tard toute leur importance. Il y avait par exemple un gardien dans la ferme (il a peu de rapport avec Slimane) que je rencontnO; parfois après le dîner, dans les orangers, près des cyprès. Il se promenait a'!ec son fusil et me parlait de la nuit, des étoiles, si bien que j 'ai connu les étoiles sous leur nom' arabe avant de les connaître sous leur nom français. Arabiser les choses, c'était déjà un moyen de communication avec les autres. Il y avait une séparation bien sûr, mais quand on est gosse on n'est pas raciste. Simplement on joue, on se bagarre, on se jette des cailloux. Par l'enfance on apprend déjà beaucoup de choses : on voit déjà comment « l'autre» mange, raisonne, se dispute; une espèce de communion première s'établit. C'est très important, ce fait que j'ai vécu jusqu'à quinze-seize ans dans une ferme. J'ai eu en effet un contact plus grand que certains écrivains algériens, du fait qu'en Algérie c'est l'arrière-pays qui est important : il y avait les gens qui descendaient de la montagne, qui cherchaient du travail, qui repartaient ... Au départ, je croyais être un Méditerranéen du genre d'Albert Camus. La révélation a été pour moi la découverte que le vrai pays était ce qu'il y avait derrière, bien au-delà des villes, ce qui était caché. A dix-huit ans, je voulais écrire des textes sur les gens de la ferme mais, quand je les faisais parler, le texte ne tenait pas, paraissait tiré d'un roman exotique. Le transfert s'est fait tout naturellement au moment où, par la guerre, ils ont pris une importance historique. Ainsi, je n'ai pas eu l'impression d'écrire Le Mahboul mais d'être le kateb, l'écrivain public qui transcrit ce qu'on lui dicte. - Votre père aurait pu se trouver dans la même situation que M. André? - Mon grand-père, que je n'ai pas connu, était ri~he, colonisateur, un nabab, dit Jules Roy. Longtemps après sa mort, il inspirait encore de la crainte à son fils. Mon père, lui, était coléreux parfois, mais doux aussi. Il a trouvé les choses comme ça. Que pouvait-il faire? Est-ce à cause de la guerre, de la misère? J'ai eu l'imression de payer une faute que je n'avais pas commise. Une rencontre m'a beaucoup marqué pour Le Mahboul. Quand j'ai fait le film Les Oliviers de la justice, j'ai retrouvé un camarade qui était le fils de ce gardien qui avait toujours suivi mon père avec une tendresse bizarre. Quand mon père avait vendu sa ferme pour en prendre une plus petite, le gardien l'avait suivi; quand mon père avait été ruiné, il était reparti en Kabylie. Là, il ne savait que faire, il se mettait sous un arbre et attendait. Le serviteur Mon camarade était devenu une loque. Il s'est jeté sur moi et m'a dit: Tu sais pas ce qui est arrivé à mon père? Deux soldats français avaient été tués dans la région, on avait pris dix otages, dont ce vieillard de soixante-dix ans. En plein hiver de Kabylie, on l'avait mis dans un tuyau de fonte, avec des épluchures de pomme de terre pour nourriture. Le dixième jour, un officier l'avait abattu. Boukhalfa me demandait : Pourquoi il a fait ça? Pourquoi? Je l'ai fait jouer dans le film; en participant à quelque chose, il se retrouverait. Il avait un monologue de quatre pages à dire. Il pensait qu'il n'y arriverait pas. J'ai commencé ·à le lui lire. Il m'a interrompu : Je connais ça. - Comment tu connais? - J't'ai pas dit ça y'a quatre ans? - Dis-le alors comme tu veux. Ça nous a changés tous les deux. Jusque-là, il était « le serviteur ». Nous nous trouvions. Il était extraordinaire de sentir que tous ces hommes qui avaient été méprisés se retrouvaient. Le jour de l'indépendance de l'Algérie, au lieu d'être atterré (j'avais des raisons personnelles d'inquiétude), j'ai eu une impression de délivrance, je me sentais décolonisé moi-même. Chez les Pieds-noir~ il y avait une aliénation sournoise. Ils lu vu entendu • (( Les statues meurent aussi Il, l'un des premiers films d'Alain Resnais et Chris Marker vient de paraître enfin sur les écrans parisiens (studio Gitle- Coeur, Paris 5·), après quinze ans d'interdiction. Pendant ces quinze ans, seuls, quelques fanatiques de cinéclubs avaient eu le privilège d'en voir quelques bribes. barrière» : il avait notamment consacré un reportage aux « boys héroïques» qui allaient bombarder Hanoi. nes. Ces timbres, on se demande pourquoi, furent interdits et saisis par les autorités d'occupation. Pour les collectionneurs, ils valent plus que de l'or. • Un « Centre communautaire juif Edmond-Fleg Il vient d'être inauguré à Marseille. Il a été édifié par le fonds social juif unifié avec le concours de l'American Joint Distribution Comity. Il organise des expositions, des conférences et des rencontres (4, impasse du Dragon, Marseille). Ce film, consacré à l'art africain, montre comment la colonisation ne se contente pas de détruire les structures sociales d'un pays et d'un peuple; elle détruit jusqu'à sa personnalité et ce qui en est l'émanation la plus concrète : l'art et la culture. • Des « timbres maudits Il viennent de resurgir à Vienne (Autriche) à l'occasion de la foire-exposition internationale. Cette série, « plus jamais ça Il, fut éditée en 1945, après la libération du pays, par les autorités provisoires autrichien- • « Costumes et scènes de la vie juive Il; tel est le thème de l'exposition qu'a organisée, pour sa réouverture, le Musée d'Art juif de la rue des Saules (Paris 18·). • John Steinbeck, le célèbre auteur des « Raisins de la colère Il, est mort à 66 ans. Après ses grands romans et ses nouvelles où il dénonçait avec vigueur l'exploitation, la misère et le racisme, Steinbeck était passé, depuis quelques années, « de l'autre côté de la vivaient, même ceux qUi etaient « bien », dans une situation pourrie. Le problème était pour moi d'essayer de cracher sur le colonialisme sans cracher sur mon père. Mon père, c'était un type bien, mais il s'est trouvé dans une situation pourrissante. Il me fallait trouver le juste milieu pour ouvrir la noix sans la casser. Quand le conscient est guéri ••. - Par la compréhension, ne peut-on dépasser la situation de M. André par rapport à Slimane ? - Comprendre l'autre vraiment c'est très douloureux, dans la mesure o~ c'est une négation de soi-même. Par la suite, on se récupère, enrichi. Pour comprendre il faut se mettre à la place de l'autre. Dem:mdez ? un juif comment it voit un Arabe? à un Arabe comment il voit un juif? Ne vont-ils pas singer? La compréhension, c'est extrêmement difficile. L'action vient ensuite. Pour un écrivain, il faut écrire ~~:d~ssus. ~oi, ça fait quatre livres que J ecns sur Slimane. C'est Il début d'action ... - n y a eu deux émigrations, l'émigration algérienne et l'émigration piednoir. Pensez-vous qu'elles soient hostiles? - Ce qui me frappe, c'est que souvent les Pieds-noirs parlent arabe entre eux. Dans la mesure où ils ont dépassé la situation, ils ont le geste qu'il faut. Il n'y avait DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 Planches, gravures, illustrations, dessins, datés du xv· au xx· siècle, évoquent les communautés d'Europe occidentale et centrale, et du bassin méditerranéen. Parmi les pièces les plus étonnantes : • Le Centre International de la Pensée et de l'Art français (CI PAF) nous fait savoir qu'il vient de décerner ses prix annuels : grand prix international de poésie à Anne Beaupré (Belgique) ; grand prix international de musique à Lucien Michel (France). Saint-Denis soigné par un médecin juif; le sac du quartier juif à Francfort en 1614. (Exposition ouverte jusqu'au 9 janvier. Tous les jours, sauf vendredi et sam~di, de 15 à 18 heures. 42, rue des Saules). Le concours 1969 est ouvert. Le règlement. ainsi que le palmarès complet du concours 1968, sont publiés dans la revue Présence (spécimen gratuit contre un timbre en écrivant à A. Pourlier, SaintAmand- en-Puisaye (58). pas que de la haine en Algérie, il faut le dire! Sur les chamiers, les ouvriers marigeaient ensemble. Le racisme venait après, du fait des privilèges. Je reste persuadé que souvent un Pied-noir comprend mieux un Arabe qu'un « intellectuel de gauche », Je voudrais raconter cette histoire pour conclure : Je connais un vieux Pied-noir installé dans le Midi, qui parle ,admirablement l'arabe. Deux Algériens viennent parfois faire chez lui des travaux de jardinage. Ils demandent toujours que le « cheikh» (6) vienne leur raconter des histoires, leur dire des contes. J'arrive un jour chez lui et sa fille me dit : « Il ne veut pas (( les)) voir, (( leur)) parler. » Je pense: c'est le racisme qui triomphe. Le lendemain, la fille ~e dit: « Vous ne savez pas ce que mon pere a fait ? Il (( leur » a parlé, toute la nuit, en rêvant. Il les appelait par leur nom, leur racontait ·.des histoires.» Il y a donc le conscient et l'inconscient. Quand le conscient est guéri, l'inconscient est tout prêt pour l'accueil. (Propos recueillis par Jean-Pierre SAÏD.) 1) Droit & Liberté nO 271. 2) Ed. Gallimard. 3) Représenté dernièrement au Théâtre de la commune d'Aubervilliers par la compagnie du ~aravent, une jeune troupe composée d'Algénens, de Français et d'un Indonésien. 4) Ed. Chr. Bourgeois. 5) Possédé. 6) Vieux. sage. PIEDS SENSIBLES Les chausseurs du super-confort et de l'élégance Ctolix UNIQUE en CHEVREAU, en SPORTS et en TRESSE MAIN Femmes du 35 au 43 - Hommes du 38 au 48 6 largeurs différentes (9') GARE SAINT-LAZARE, 81, rue St-Lazare (MO Saint-Lazare. Trinité) (6·) RIVE GAUCHE, 85, rue de Sèvres (Mo Sèvres. Babylone) . (lÜ") GARE DE L'EST, 53, boulevard de Strasbourg (Mo Château-d'Eau).


Magasins ouverts tous les lundis _______ ~_

29 1) les livres L'homme dominé par Albert 'Memmi. Gallimard, « Un va-et-vient entre une expérie~ce individuelle et un effort de systémat,lsa~ tion, » C'est ainsi qu'un critique a ~eflnl l'oeuvre d'Albert Mem'mi, De Portrait du colonisateur à l'Homme dominé, cette recherche s'épanouit et s'approfondit, L'Homme dominé se présente, dans cette recherche, comme une sorte de, bilan, ou en tous cas de pose : Memml y traite successivement du noir, du colonisé, du juif, du prolétaire, de la femme, du domestique, avant de tenter, pour conclure, une « définition du racisme», On pourra estimer que la façon dont Memmi aborde le problème demeure « existentielle», Sans doute, en effet, reste-t-elle en deça de la réflexion politique qui vise à changer le monde" M,ais, dans le domaine de l'oppression, 10bJectif 'et le subjectif sont si étroitemen~ mêlés que l'ouvrage d'Albert Memml revêt une importance capitale, Antoine MENOUX Nous avons lu aussi ... GANDHI. de B,-R, NANDA (MaraboutUniversité) , 1969 verra le centenaire de la naissance de l'apôtre de la non-violence, Devançant cet événement les éditions Marabout nous offrent une biographie complète et concise établie par un historien indien: A. tl av~rs cet ouvrage, nous assistons à 1 affirmation de la personnalité du Mahatma (1) et de son cheminement politique face aux problèmes du lynchage, du racisme, de la guerre et de l'indépendance, DICTIONNAIRE DE LA CIVILISATION EGYPTIENNE, de Guy ' et M,-F, Rachet (Larousse). Ce dictionnaire donne une vue d'ensemble de la civilisation égyptienne depuis ses origines jusqu'à ,la bass,e ~poque, (2), Les dieux, les dynasties, la litterature, l'écriture, la musique, les haut lieux de l'art et de l'histoire, l'organisation de la société, les techniques, l'artisanat, la vie quotidienne, c'est toute l'Egypte d~s Pharaons en un volume élégamment presenté et illustré, 30 Bernard BER EL y, (1) Titre donné dans l'Inde à des personnalités spirituelles de premier plan. (2) Avant l'ère chrétienne. Le cygne noir de Martin Walser, Théâtre moderne, Paris, Nous sommes en Allemagne fédérale en 1956, Deux anciens médecins des camps de con centration, les docteurs Goothein et Libert, ont voulu effacer le passé : le premier, ayant fait quatre années de prison estime que la dette est payée, et même cher; le second est devenu directeur d'un a?ile psychiatrique, il a imaginé une histoire d'exil - pendant la « période noire», il était aux Indes - et il a imposé son mensonge à sa femme _ toujours près de « craquer», de dire la vérité - et à sa fille, Le souvenir des crématoires, celui « sélections» s'estompent. Mais pas pour tous... " Rudi -Goothein - simule-HI ou dellret -il? - veut ' assumer la responsabilité des crimes de son pèrE!' Il n'avait pourtant que cinq ans en 1942 mais ses souvenirs d'enfance ont resurgi. • {I Ecrasé par le passé, incertain de l'avenir Il selon l'expression du tr~ducteur du « Cygne' noir », Gilbert Badla, Rudi ne trouvera d'issue à son drame que par le suicide, , Martin Walser, en évoquant le passe de l'Allemagne, s'interroge sur le présent. Il est bien vrai que la situation de fils de nazi. conscient du malheur qui a frappé l'Allemagne et le reste du monde, dOit être difficilement supportable. Elle fait en tou't cas une oeuvre de théâtre prenante. Jacques TENESSI. Dialogue d'exilés de Bertolt Brecht, Montés d'abord à Bourges, dans c:tte maison de la culture qui va peut-etre disparaître, ces propos à bâtons rompus entre un intellectuel et un trava~lIeur qUI n'ont pu se rencontrer que dans 1 exil sont aujourd'hui à Paris, salle des Mathurlns, Les deux victimes du nazisme y sont Raymond Rouleau et Bernard Fresson. A,M, les disques L'antiracisme rend-il amer? De tous les engagements, la lutte contre le racisme sous toutes ses formes est le plus absorbant. le plus décevan: parfois, aussi. car, à peine a-t-on tente de faire cesser une ségrégation , qu~ .Ie chauvinisme, la haine ou.. . 1 Intere~, en créent d'autres et qu' il faut repartir de nouveau en lutte .. . . Alors, le racisme rend -il amer? . A cette question, je veux offm en réponse le disque que proposent en ces fêtes de fin d'année « Les A.mls de Bessancourt », le récital du pianiste John' Kozar (AIB 001). .' C'est à Bessancourt, petite ville du Val-d'Oise, à 21 kilomètres de Paris, que vit Bernard Sannier-Salabert, qUI. Signe habituellement cette rubrique de disques. Là , il a, avec le concours d,u M.R,A"P. , organisé cette année deux reunlons d in - formation sur le racisme. . Le 23 mai, en plein tumulte, Il a, pour la société locale Les Amis de Bessancourt, organisé un concert qUI devait être une démonstration de l'interna:lon~lité des arts, de la musique plus precisement. La venue dans ce paisible village John Kozar d'un grand soliste américain d'origine yougoslave, interprétant un programme qui mêlait étroitement des compositeurs français, allemands, américains et russes, fut un succès. , En créant la Suite bessancourtolse composée tout spécialement à son intention, John Kozar a démontré aussi à ceux qui se posaient la question : rantlraclsme rend-il amer? qu'il n'en était nen, Cette suite pour piano de Bernard SannlerSalabert est un chant d'amour à la nature, la poésie des paysages famiHers ; comme une halte paisible et harmonieuse, tendre et sereine. Roland GERIN, Disque en vente aux Amis de Be~sancourt, mairie de Bessancourt, au priX de 29,90 F, comportant des oeuvres ~e Bach, Walter piston, Debussy et la SUite bessancourtoise. arts Baudelaire au Petit Palais L'exposition Baudelaire est. en réalité , une exposition axée plus particulièrement" sur le critique d'art et son temps. S'en donneront à coeur joie: les critiques d'art, les littéraires, les amateurs de peinture, de dessins humoristiques et de chroniques d'époque et ceux qui sont avides de correspondance privées, Charles Baudelaire donne son point de vue soit en véritable critique évoquant l'exécution de l'oeuvre : Il Une parfaite ordonnance de tons intenses, serrés et logiques d'où résulte un aspect sa'isissant, Il (A propos de L'enlèvement de Rebecca, par Eugène De lacroi~.l. soit en poète : «Dans le ravin hanté de chats-pards et d'ours, nos héros s'étreignant mécham~ m'ent, vont rouler et de leur peau fleurira l'aridité des ronces, Il (A propos de On l'aurait cru !, dessin de Goya.) Parfois, on ne discerne plus très bien qui, du critique ou du poète, s'exprime, D'une mauvaise toile qui donne dans l'exotisme, Bataille de la Martinique, il écrit : « Reste pour moi dans la catégorie des gens qui bouchent leurs plaies avec une chair artificielle. » Avec le recul d'aujourd'hui, nous pouvons considérer que Baudelaire a vu assez juste; il a su démasquer souvent ce qui sacrifie à la mode. Pas toujours, cependant, S'il déclare au sujet d'une petite toile de Delacroix Le Sultan du Maroc : «Véronèse fut-il jamais plus féerique 7 Il, il dit d'une oeuvre maniérée de William Haussoulier, Fontaine de Jouvence, qu'elle est Il le morceau capital de l'exposition Il (salon 1848). On s'étonne qu' il puisse à la fois défendre et ce style et l'extraordinaire réalisme de Courbet! Pour Ingres, il mettra toute la nation en accusation : Il Elle qui est assez nigaude pour ne pas voir combien sa peinture est éclatante ! Il On lit, en passant, des lettres concernant Victor-Hugo, Proudhon, Richard Wagner, Sainte- Beuve, Flaubert, Théophile Gauthier et bien d'autres, Quel éclectisme! Des coupures de journaux, des affiches évoquent les années 1848 et la répression. Daumier avec Manet tiennent, eux aussi, une place de choix, Il resterait beaucoup à dire de cette exposition admirablement organisée, tant elle est riche, Charles FUTERMAN, DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 le cinéma Oliver Fidèle au récit de Charles Dickens, Oliver diffère pourtant du roman célèbre par son atmosphère générale. Présenté sous forme de comédie musicale, il rappelle les films de Walt Disney, riches en couleur, en fantaisie, en gaieté mélancolique, Mark Lester incarne l'innocence du jeune Oliver, mis à dure épreuve du début à la fin, livré à des monstres bien typés, impitoyables et parfois même .. , sympathiques (Ron Moody dans le rôle de Fagin), Grâce aux chants et aux danses, la cruauté infligée à un petit garçon, victime de l'horrible surveillant à l'orphelinat et d'une bande de voleurs à Londres (vic time de la société) est très sensiblement adoucie. C'est ainsi que le film prend un aspect féérique, et le côté sombre de l'histoire cède la place à une douce fan taisie qui n'est autre qu'un chant de victoire. Le rôle de Fagin, vieux maniaque de l'argent, est admirablement interprété par Ron Moody, Vivant du « travai) ) de ses jeunes disciples, le vieux sorcier n'est heureux qu'en compagnie de ses multiples bijoux volés, ses pièces d'or, son petit trésor. Pourtant. avec Nancy, l'amante douce et fidèle du terrible 8ill Sikes, ils sont les seuls êtres de cette « pègre », dont il se dégage une certaine chaleur véritablement humaine, Oliver et Fagin Grâce à son génie et à une equlpe de collaborateurs doués (Lionel Bart, musique

Onna White, chorégraphie;

Oswald Morris, photographie) Carol Reed a réalisé un vrai chef-d'oeuvre imaginé et multicolore, auquel il fait participer des acteurs de grande qualité, En dernier lieu, il faut féliciter Carol Reed d'avoir dépouillé son oeuvre de l'aspect raciste que l'écrivain avait conféré à son roman, Dans le film, les bons sortent vainqueurs et les mauvais sont punis. Bons et mauvais peuvent être n'importe qui, Bonté et méchanceté ne connaissent pas les races, lIana SHAVIT, la poèsie Echo de Roumanie Un témoignage bouleve rsant nous parvient à l'heure de Prague. Un poète rou main, Octav Prour nous écrit (1) : «Le monde est arrivé à un carrefour, Sous une forme ou l'autre, on arrive à la dictature d'un homme ou d'une « classe Il, on exerce une oppression au nom d'un principe suprême de justice, d'égalité, de (I sauvetage Il; et ainsi notre vieux monde est secoué profondément .. , L'homme souffre, Sa liberté est gravement menacée, » Aux élites et en parti culier aux « hommes de la culture », Octav Prour lan ce un appel qui est une sommation. Il Vous avez la responsabilité du bonheur de vos semblables, Vous avez le devoir de vous unir au-delà des frontières, de veiller et lutter pour que l'homme soit homme, N'hésitez pas à descendre dans l'arène, à vous prononcer ouvertement, Il Poète d'expression française dont l'inspiration demeure sur les cimes, et d'une richesse d'expression précisément à faire envie à des poètes français, il proclame : Il Nous luttons contre la guerre, contre le sectarisme, le racisme, l'oppression, la dictature, le colonialisme, le nationalisme chauvin, le conformisme, l'intolérance, pour la paix et le bonheur!» Octav Prour a pris l'initiative d'une série d'anthologies bilingues (française-rou maine) à paraître en France et qui unira les poètes du monde, Les fascicules en diffuseront 'partout Il la fraternité humaine éternelle, la paix, le compréhension, la raison, le progrès; ils seront des moyens de lutte pour l'avenir heureux de la communauté humaine », Il nous invite, il vous invite : Il J'attends votre réponse (1), Notre oeuvre commune sera un événement, Donnons-nous les mains en fraternité poétique universelle, Je vous propose une communauté mondiale en poésie ! .. , Vive la poésie comme expression du perfectionnement, par moyens artistiques, de la condition et du regain de l'homme! Il

Je vous prie d'aimer De André Verdet. Vers une république du Soleil (2). Une poésie de pleine terre où le symbole-objet monte à l'histoire et requiert l'attention et le recueillement. C'est I:âme de la prime Rési stan ce Dure. précise, volontaire. qui marque toujours un admirable poète. De Gilbert Socard, Méridien des regards (3) et sa tradu ction de Von Kleist. Les mots les plus simples préservent un charme qui n'appartient qu 'à lui - miracle d'une enfance préservée, Jean CUSSAT-BLANC, (1) De Oravitza Str. Cosbuc 14. (2) Editions Oswald, (3) Rougerie. 31 Quatre poèmes de Pierre Mohrange « Rééquilibrer l'Homme! » Pierre Morhange le tente par la poésie. Avec une violence fraternelle, il met d'abord à nu Le Blessé. Toutes les blessures se déchirent. Il venait de me présenter son [breuvage .,. De me montrer la panoplie [de sa mort Et de la caresser devant moi [sans forfanterie .. , Une parfaite profondeur [grave et surhumaine Surhumaine par le calme et [surhumaine par le pacte mortel. Mais cet alcoolique est un romancier juif autrichien, après l'Anchluss. .. , Quand je l'ai quitté ... J'ai vu l'intérieur de ses [yeux bleus ... La détresse, la détresse hu[ maine Qui me demandait pardon ... Nous allions l'oublier : c'est nous qui l'avons condamné. On en avait du mal à sauver sa [famille Des chats affolés qui tirent [leurs petits par la peau du cou Ils courent dans le feu des in[ cendies comme des brindilles. Par millions d'hommes, nous allions l'oublier. L'homme a été, et il demeure, notre victime. Du nazisme hier, aujourd'hui de ses victoires posthumes au Vietnam, au Nigeria, Bouleversante à crucifier est la cruelle tendresse des deux berceuses d'Auschwitz: Je te laisse aux loups Je te laisse l'étoile, .. Une douce folie sombre habite l'hôtel Lutetia où sont ramenés, sous l'affiche de leur nom, les déportés. Derrière leur vitre Ils ne peuvent pas manger, se [coucher Ils s'en tiennent à la chaise. Cette réalité humaine «mise au rancart» - après avoir dépassé surréalisme et « réalisme socialiste» - c'est elle qu'il faut 32 sauver par le poême. De vieille ongme française, Morhange porte, sans fièvre de nationalisme ou de religion, la douloureuse sensibilité JUive de l'homme égorgj:! - si proche de celle de l'insurrection et de la fraternité françaises. Si Morhange vit avec ses morts, ces morts dont aucun d'entre nous ne peut se séparer car ils accusent et commandent, sa méditation même de la mort est un amour de la vie. Son union à l'existence populaire, son goût du quotidien charnu le sauvent d'être envahi par l'angoisse définitive. Suivons-le parmi les ménagères, A vec le diamant d'un instant [de liberté ... Et avec le spectacle vrai[ ment, vraiment Merveilleux de leur humble [gloire De chair, de geste, de poids et . [d'yeux . ,. De femme mariée, à mari, à [mamelles, à enfants. Cette poésie messianique incarne dans l'amitié humaine une fidélité à la vie universelle incantatrice de Judées. Il faut lire Air de Flûte improvisé pour l'anniversaire de Henri Heine, La flûte de Pan à l'écoute de Jésus. Mon petit juif Henri Heine, tu [croques un oignon Dessin de Kathe Kollwitz. Un oignon de Jérusalem Au nez de bois des hitlériens Mon aérien Tu aurais pu chanter la chan[ son varsovienne (( Je leur ai mis le pouce dans [l'âme )) L'âme c'était toi qui l'avais Notre Christ léger . Comprenant deux oeuvres déjà publiées par Seghers et deux autres inédites, Le Sentiment luimême, édité par Oswald (1), est un livre nécessaire. Jean CUSSAT-BLANC, (1) Coll. Poésie contemporaine ell lil're de poche. précédée d'une étude de V. Nikiprowetzky. LE SENTIMENT LUI-MÊME Berceuse à Auschwitz (1) Mon bel enfant en habit bleu Te voilà bien vêtu de velours angoissant Mon bel enfant en habit de faim Je suis le grand nuage ,où tu cherches du pain Mon ~el enfant en habit de sang Ta mere ne peut plus te reverser le sien Mon bel enfant en habit de vers Ils brillent pour ta mère comme des étoiles Mon bel enfant en habit de folie Au crochet de mon coeur vous pendrez ses guenilles Mon bel enfant en habit de fumée Vous ne m'avez pas dit si je peux me tourner. Berceuse à Auschwitz (2) Je te laisse aux loups Aux grenouilles à la boue Je te laisse l'étoile Et les oreilles de la boue Je te pose dans l'enfer Je te laisse à tous ces bras Dans tes yeux et dans ta bouche Dans ta chair entre tes doigts Dans ton nombril entre tes bras Dans ton thorax et dans tes mains Je verse mon plomb brûlant de mère Je jette mon âme dans ta vie Je recule et je m'en vais Je suis l'ancien drap de ton lit Je suis ton mur à la maison Je suis ta poutre et ta chanson J'impose mes paumes la grande fois Jamais geste aussi faible N'a été plus lourd Je recule et je m'en vais Je suis l'étoile que je t'ai donnée DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 Je suis la boue je suis les loups Je SUIS les dents qui entreront Dans ta chair que j'ai bénie Je suis le vent nazi Et les sobres poteaux du gibet Je suis le poing qui t'assommera Et ton petit sang qui coulera Je suis ton cri aux yeux immense$ Et la tiédeur de ton ventre Partie dans le vent des sapins Je recule et je m'en vais Je suis ton drap d'eau glacée Ta sueur et tes glaires Tes intestins tous déchirés Je suis le bois écorché Auprès de tes os arrachés Je suis ta dent Dans un vêtement Je suis l'étoile que je t'ai donnée Je recule et je m'en vais. Description On en avait du mal à sauver sa famille Des chats affolés qui tirent leurs petits par la peau du cou Il,~ cour~nt dans le feu des incendies comme des brindilles L incendie , de la fatigue nous noie Le sac de la fatigue déjà porté par les os ~es animaux qui ne connaissent rien aux griffes nouvelles D rande~ com~e des gueules des griffes en arc et affamées es gr~ es qUI font. de l'ombre grande cpmme des chambres Des griffes partout In,stallées comme des temples dans des forêts On en avait du mal a sauver sa famille Les routes sont des pièges les champs cognent les pieds Les plaies ont les hommes et l'instinct fait le guet Les camions ont la nuit c'est l'ombre la plus grande Elle entre dans les chambres dans les murs dans les lits Et longtemps après les enfants tremblent Ils vivent écrasés par l'ombre des camions Le~ enfants ont des yeux d'oiseaux de nuit Me~e en plein soleil prunelle est un soupirail Et 1 enfant Vit en bas par son oeil regardez Il est dans . une cave touche le salpêtre les murs noirs et gras On en avait du mal à sauver sa famille ~ 33 MATCH ROBES JERSEY JUNIOR 34 LE SENTIMENT LUI-MÊME ..... C'est vrai on courait parfois comme souris Et des hommes-chats les chats de l'ennemi Têtes de foire têtes de conte aux lèvres aux yeux ,vernis On en avait du mal à sauver sa famille On joue sa vie sur les yeux d'un passant Le passant ne sait pas trop ce qu'il fera On joue sa vie aux cabarets crasseux Que fera ce valet? Que fera cette reine? Que fera ce persil et cette hallebarde Ce profil blanc pincé de fil de fer Et la plate couronne et ce bonnet noir? 1 mitons les fu rets Et ressemblons Aux hérissons Des oiseaux heureux grisés dans les branches Recevons la chanson plus forte que nous On en avait du mal à sauver sa famille Généreux paysan général de ma vie Tu nous as portés comme des agneaux Dans la citadelle de tes failles Tu as donné ton sang et pudique ton eau Matrone sévère aux mendiants de vie Matrone sévère aux mendiants perdus o porte maudite fermée aussitôt Il ne faut pas courir pour être entendus Un jour nous aurons de merveilleux manteaux. Mes morts Et comme un primitif je vis avec mes morts Mes morts j'avoue que je vous regrette Je ne vous ai pas enterrés Dans ma vie dans ma nuit vous me venez souvent Et je vous chasse pour avancer et vous mieux rencontrer Quand je me lève je vois un parc , Et sur le banc l'un de vous est assIs Mes tempes remuent mon chapeau quand je mâche Et je suis moi-même mon père et je me révolte Je vois mon frère dans ma voix Et les fusils dans les champs vous taillent encore Et toi belle soeur engloutie Je suis toujours sur ta piste Et c'est toi que je savoure dans mes mille amertumes. LA VIE DU M.RAl? UNE TACHE PERMANENTE , POUR UNE LEGISLATION ANTIRACISTE JANVIER 1969 IL Y a quelques mois, le secrétariat national du M.R.A.P. lançait l'Opération survie. (i La vérité est ' que, chaque mois, régulièrement, notre revue et le M.R.A.P. affrontent une situation dangereuse pour leur existence même Il, écrivions-nous alors. Depuis, cette situation s'est nettement améliorée. Mais la diffusion de Droit & Liberté reste largement insuffisante : un objectif a été fixé, celui d'atteindre le jlombre de 5 000 nouveaux abonnés en 1969, qu'il nou~ faut réaliser. . Par ailleurs. le concours d'abonnement se poursuit (1). Il se terminera le 1 er mars prochain Il est donc encore temps d'y participer. La presse raciste occupe en France une situation confortable. Ainsi chaque mois des centaines de milliers d'exemplaires de Minute sont diffusés ... Des in itiatives ont été prises: à Lille, I.e Comité local du M.R.A.P. s'est engagé à assurer une vente mensuelle de cinquante exemplaires ; à Nanterre, avec ténacité, nos amis diffusent Droit & Liberté; à Six-Fours-Ia-Plage, un militant assure une distribution; etc. Pour faire face, le M.R.A.P. a peu de moyens matériels. C'est donc à ceux qui sont conscients de la nécessité de notre action qu'incombe la responsabilité de nous aider : en s'abonnant à Droit & Liberté, - en collectant des abonnements, - en prenant pour eux-mêmes et en plaçant autour d'eux des cartes d'adhésion au M. R.A. P. C'est là une tâche permanente dont nous attendons beaucoup. (1 ) Voir en page 5. 1 E M.R.A.P. a élaboré des propositions de lois tendant à donner à la France une législation L véritablement antiraciste. Ces propositions portent sur : la répression de la provocation à la haine raciale. la répression des discrim inations raciales. l'interdiction et la dissolution des associations ou groupements de fait provoquant à la haine raciste. En 1959, en 1963, en 1967. des députés de différentes tendances les ont déposées. A la suite des dernières élections législatives, nous avons de nouveau soumis ces propositions aux différents groupes de l'Assemblée nationale. Des députés appartenant aux groupes communiste, Progrès et Démocratie moderne. Fédération de la gauche démocrate et socialiste. U. D. R .. les ont reprises. Le gouvernement est, rappelons-le. maître de l'ordre du jour de l'Assemblée. C'est uniquement parce qu'elles n'ont pu être discutées que les propositions de lois n'ont pas été adoptées. Cependant le racisme se développe en France, sous toutes ses formes, de sorte que l'argumentation souvent n'arrive pas à effacer la calomnie ou la diffamation. Il est donc indispensable, dans la mesure où l'on entend respecter la dignité et la sécurité des individus, que le Parlement se prononce. Les textes présentés correspondent aux recom mandations de la Convention internationale pour l'élimination de la discrimination raciale adoptée par l'O .N.U. (non encore ratifiée par la France). DROIT ET LIBERTÉ - N° 278 - JANVIER 1969 35 GEORGES MONTARON DONNE LE POINT DE VUE DES CHRETIENS DU MOUVEMENT DANS üB L'HEBDOMADAIRE COMPlET POUR TOUS PHILIPPE BAUCHARD COMMENTE L'ACTUALITE ECONOMIQUE DANS iiB L'HEBDOMADAIRE COMPLET POUR TOUS [OE 1 Tt: 1 CHAQUE JEUDI RECEVEZ [OE CHEZ VOUS*15 Nos20F* ENVOYEZ UN ViREMENT POSTAL AU COMPTE 5023-99 PARIS, liB ,49,FG, POISSONNIERE ,PARIS 9"" I~' .!:;A~LsEJ .:;:;D~;,;I~.;C~N~ ,;.;UIA ,;.,PRERCH~U-~~_AR_NEM~_D~_FE_U r.i]1 ~ 1 MET L'IMAGINATION AU POUVOIR LL!J DANS L'EGLISE iiB L'HEBDOMADAIRE COMPlET POUR TOUS CHAQUE JEUDI RECEVEZ rn CHEZ VOUS* 15 N°S 20 F * ENVOYEZ UN ViREMENT POSTAL AU COMPTE 5023-99 PARIS, ilB ,49,FG, POISSONNIERE ,PARIS 9'M' FONVIElllE -AlQUIER SELECTIONNE ET ANALYSE LES MEILLEURS LIVRES POLITIQUES DANS üB L'HEBDOMADAIRE COMPlET POUR TOUS CHAQUE JEUDI RECEVEZ lIB CHEZ VOUS* 15 N°S 20 F * ENVOYEZ UN ViREMENT POSTAL AU COMPTE 5023-99 PARIS, ilB ,49,FG, POISSONNIERE ,PARIS 9'M' SE RECOMMANDER DE DROIT ET LlBERTf: Un technicien vous conseillera LE REFUGE Ski, camping, tennis, équitation 44, rue Saint-Placide - Paris-& 222-27-33 Catalogue franco 36 Toute la maille TRICOSIM Garnitures, bords côte, synthétiques, acryliques, laines, etc" pour fabricants d'imperméables, anoraks et blousons, été et hiver, 41, rue du Sentier - Paris-2" - 488-82-43 LES ÉDITIONS DU PAVILLON Directeur-Gérant : Roger MARIA 5, rue Rollin, PARIS-5e - Tél : 326-84-29 Jacques DELARUE (auteur d' « Histoire de la Gestapo» et de « Trafics et crimes sous l'occupation») LES NAZIS SONT PARMI NOUS Une plaquette de 80 pages (13 x 21) , , , " 4.50 F Le 10 août 1944, dans le plus grand hôtel de Strasbourg, l'Hôtel de la Maison Rouge, place Kléber, se tenait à ~uis clo~, une réUnion ultra secrète des plus hauts dirigeants du régime naZI, apparten,ant à la direction des S ,S" de la Gestapo, des ministères essentiels (Intérieur, Affaires étrangères, Industrie, etc,), ,des responsables des services d'espionnaÇJe et des Allemands de 1 étranger, mais la proportion quantitative et qualitative des 67 participants .à cette rencontre ultra-secrète était les représentants des plus pUissantes firmes industrielles d'Âiiemaglle et de l'oligarchie financière, surtout ceux (les plus grands) qui avaient soutenu de leurs subventions ,le parti nazi dans les années qui précédèrent so~ accession au po~vOlr~ Ces hommes savaient que la guerre était perdue pour 1. Alle magne. Leur préoccupation était de voir plus loin que la défalt~ e~ de préparer l'avenir, tel qu'ils pouvaient le concev?lr . Objectif , sauver les bases sociales et économiques de la socle~é allemande, qui, avec ou sans Hitler, devait rester la sauvegarde d une revanche en profondeur, non militaire au début, capable de permettre la reconquête « invisible» de la suprématie en Europe. Diffusion pour MM. les Libraires ODEON-DIFFUSION, 24, rue Racine, PARIS-6' tissages de gravigny tissus - d'ameublement soc i été anonyme des ets m a uri C e d e C roi x 9 à 17, rue diaz, 9 à 17 boulogne-sur-seine (seine) téléphone: 604-32-00 Fernand STÉPHANE tailleur de l'Olympia et des jeunes vedettes exclusivités mas~ulines-féminines 8, rue d'Ayron, Paris-2Ü" - Métros Nation - Avron LA VIE DU MRAP. LES « li A -;)) Les débats organisés de 16 heures à 19 heures au siège du M.R.A.P., 120, rue Saint-Denis, continuent. tous les samedis, aussi animés que l'avait laissé prévoir la première séance. Après la réunion du 30 novembre, où Mme Beate Klarsfeld nous a expliqué pourquoi elle avait giflé Kiesinger, M. Silva-Coronel nous a écrit pour insister sur les causes du néo-nazisme : « ... C'est donc bien à la renaissance du nazisme que nous assistons et qui doit nous inciter à une très grande vigilance et à unir tous nos efforts pour le combattre, principalement en obtenant qu'il n'y ait jamais prescription pour les crimes nazis, à propos desquels il ne saurait y avoir ni pardon ni rachat possibles, et moins encore d'oubli. » L'éducation qui est donnée à la jeunesse allemande, en République fédérale, facilite le recrutement des troupes du N. P. D. d'Adolf von Thadden, Il s'agit d'une éducation nationaliste et revancharde, qui porte ses fruits, à l'exception d'une minorité d'étudiants qui ont pris conscience de la vérité du système, une minorité courageuse à laquelle il convient de rendre hommage et dont Mme Klarsfeld nous a parlé. » Dans les manuels d'histoire en R. F.A. on passe sous silence l'existence des camps d'extermination nazis, Hitler n'y est pas dépeint sous les traits du monstre qu'il a été, et dans les livres de géographie, les frontières de l'Allemagne sont celles de 1938 lorsqu'elles ne comportent pas, comme certaines, l'Alsace et la Lorraine. Quant aux Ce fut une grande vente que celle qui eut lieu le 3 décembre dernier à l'Hôtel Drouot. Le M.R.A.P. vendait les oeuvres dont 120 artistes contemporains lui avaient fait don pour le soutenir dans son action; parmi elles, rappelons-le, des oeuvres de Picasso, Joan Miro, Lapoujade, Etienne Martin, Victor Brauner, Jean Atlan, Vasarely, etc. Le M ,R.A, P. remercie les artistes donateurs, Maîtres Maurice et Philippe Rheims et René Laurin, commissaires-priseurs, qui ont bien voulu assurer bénévolement la vente, élinsi que nos amies .solange Dreyfus et Eugénie Dubreuil, qui s'étaient consacrées à la collecte des oeuvres, philosophes, leur pensée est souvent dénaturée, que ce soit pour Kant, Nietzsche ou Hegel. » Et c'est pourquoi, et j'emprunterai ce chiffre à Droit et Liberté il y a, déjà, 23,7 % de moins de trente ans parmi les adhérents du N,P.O. et le rajeunissement de ce parti s'accentue régulièrement ... » La séance du 7 décembre qui a réuni Nigérians et partisans de l'indépendance du Biafra fut particulièrement dramatique; et le débat fut extrêmement tendu et intéressant. Malgré une assistance un peu moins nombreuse que lors des précédentes séances, la discussion sur les musiques africaine et européenne, et la tentative que fait Francis Bebey pour trouver une troisième voie, fut très animée. Elle était scandée par des compositions de F. Bebey. Les « 4 à 7 » reprendront le samedi 11 janvier 1969 avec Pierre Dac' et Paul Préboist. sur le thème Humour et amitié, Ceux-ci ne manqueront pas d'illustrer leur propos de multiples démonstrations. Le samedi 18 janvier, Albert Memmi présentera son dernier livre L'Homme dominé, Le samedi 25 janvier, ce sera Roger Ikor qui répondra à la question : (( Comment peut-on être juif aujourd'hui? » .. , Puis des débats auront lieu sur : les immigrés en France, le MoyenOrient, les Gitans, le jazz, etc. IDra, PRESIDENT D'HONNEUR: léon LYON-CAEN (Premier Président Honoraire · de la Cour de Ca •• 1- 1 b d D - L-b' BULLETIN D'ADHÉSION tian): PRESIDENT: Pierre PARAF: SECRETAIRE Approuv~nt e ,co~ ~t , ~ cc rOlt et 1 e~te GENERAL: Charle. PALANT, contre le raCisme, 1 antlsemltlsme et pour la paiX, " et désireux de soutenir l'action COMITE D'HONNEUR BAtonnler Paul ARRIGHI, Georges AURIC , Claude AVELINE, Robert BALLANGER, Roger BASTIDE, Jean CASSOU, Almé CESAIRE, Diomède CATROUX Charles de CHAMBRUN, André CHAMSON, Pierre COT, Docteur Jean DALSACE, Louis DAOUIN, Hubert DESCHAMPS, Henri DESOILLE, Michel DROIT, Pasteur André DUMAS, Adolphe ESPIARD, Henri FAURE, Max-Pol FOUCHET, Marcel GROMAIRE, André HAURIOU, Charles-André JULIEN, Alfred KASTLER, Joseph KESSEL, Alain Le LEAP, Michel LEIRIS, Jeanne LEVY, Darius MILHAUD, Théodore MONOD, Etienne NOUVEAU, Jean PAINlEVE, Jean PIERRE-BLOCH, Marcel PRENANT, Alain RESNAIS, Emmanuel ROBLES" 'française ROSAY, Armand SALACROU, Jean-Paul SARTRE, Laurent SCHWARTZ. Jean SURET,CANALE, Jacqueline THOME-PATENOTRE, Général Paul TUBERT, VERCORS, Dr WERTHEIMER. Robert ATTULY, Vincent AURIOL, Georges DUHAMEL, Yves FARGE, Francisque GAY, Jacques HADAMARD, Georges HUISMAN, Jules ISAAC, Frédéric JOUOT-CURIE, Jean LURÇAT. André MAUROIS, Amiral MUSEUER, Marc SANGNIER. André SPIRE, Chanoine Jean VIOLLET. MOUVEMENT CONTRE J'ADHERE AU !\/I.R,A,P, Nom .. . ... . .. . . . .... .. . . ... .. ....... Prénom , . , .. , .. , , , , . , , , .. , .. , . • , , , , . .. Profession ... , . Adresse ", . . ,. . . ..... . .. .. . ... . .. . . ...... .. . ... . ..... . . .. . . . . ... . . . .. . . . .... . ...... .. . . . . ... .. . . . ... . . .. . . . . . . . . .. .. .. . . .. Je vous envoie, à cet effet, la somme de " . , . . . , . , .. . . , . (1), Je souhaite (2) : • recevoir une documentation complète sur le M,R,A.P, • être invité à ses réunions et manifestations, • participer à l'un de ses Comités locaux ou professionnels, Le montant de la carte d'adhésion là partir de 5 francs) est laissé à l'appréciation du souscripteur, sMe,lRon.A s,ePs, possibilités, compte tenu de la nécessité d'apporter le soutien le plus efficace à "action du ... ----___ 120, rue Saint-Denis _ LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ET POUR LA PAIX (M.RA.PJ Paris (2") - Téléphone : 488-09-57 - C.C.P. : 14-825-85 Paris ______ .. DROIT ET LI BERTÉ - N' 278 - JANVI ER 1969 37 - DANS I.ES COMIT~S LOCAUX A Montrouge Le comité local du M.R.A.P. informait le 17 décembre la population de Montrouge sur l'alphabétisation. Alain Gaussel a mené le débat. Cette séance était la première manifestation publique d'une série de travaux sur l'alphabetisation que lance le comité. A Aix-en-Provence Quelques animateurs de la Maison des Jeunes et de la Culture, parmi lesquels des membres du M.RA.P., ont abordé les problèmes que pose concrètement le racisme à Aix, et en particulier le problème de l'intégration des immigrés à la vie de la MJ.C. D'autre -part, le comité d'Aix a commencé à réaliser l'enquête proposée par Droit & Liberté. A Dijon Le comité local du M.R.A.P. a engagé une action judiciaire contre un café qui affiche sur la porte, à l'intérieur de SOli établissement: « Pour des raisons de sécurité ce café est interdit aux Arabes ». A Champigny « Le M.R.A.P. présent partout », telle pourrait être la devise du comité de Champigny qui a organisé un stand à la traditionnelle « foire aux cochons ». En Loire-Atlantique C'est une conférence de presse, à laquelle a participé Albert Lévy, secrétaire national du M.RA.P., qui a présidé à Nantes, le jeudi 10 octobre àla formation du comité du M.R.A.P. La presse locale y a largement fait écho. De nombreuses personnalités du département de la Loire-Atlantique ont accepté de faire partie du comité de patronage : Mme Paulette Gandemer, conseiller général, maire de Vieillevigne; Me Christiane Pascaud, avocat honoraire. MM. Azema, professeur de grec à la Faculté des Lettres; François Blancho, maire de SaintNazaire; Daniel Briolet, professeur de lettres au lycée Jules Verne; Georges Carpentier, député de Loire-Atlantique, maire adjoint de SaintNazaire; le pasteur Cavalie, directeur de « La Fraternité» de Nantes; Christian Chauvel, ancien député de Loire-Atlantique, adjoint au maire de Nantes; Collet, professeur de sciences à la Faculté; Yves Cosson, professeur de lettres li la Faculté; Albert Dassie, conseiller général, député de Loire-Atlantique; le professeur Delaire, de la Faculté de Médecine; le professeur DesclDls, de la Faculté de Médecine; Dumonceaux, professeur de lettres à la Faculté; Charlc;s Gautier, professeur d'anglais au lycée Jules Verne; Grange, professeur d'allemand à la Faculté des Lettres; Gilles Gravoille, ancien député de Loire-Atlantique; Paul Guillard, sénateur, conseiller général; Jean Guitton, ancien députémaire de Saint-Nazaire; Xavier Hunault, conseiller général, député-maire de Châteaubriant; Me René Jaffre, avocat; Lafay, professeur de lettres à la Faculté; Leblanc, professeur de philosophie au lycée Clemenceau, vice-président national des clubs U.N.E.S-.C.O. ; Me Lerat, avocat; Me Jean Le Mappian, avocat, assistant à la Faculté de Droit ; Benoît Macquet, député de Loire-Atlantique ; Martin, professeur de sciences à la Faculté; Mavrocordato, professeur d'anglais à la Faculté des Lettres; Monnet, professeur de la Faculté de Médecine; Dr Moutel; conseiller général, maire d'Ancenis; Nedelec, D~BATS ET RÉUNIONS 38 Aux Mureaux Devant une salle comble, M. Bocquet a animé une séance le 14 décembre sous l'égide de l'association Loisirs et culture populaires. Après le film l'Afrique des banlieues, la discussion s'est engagée sur les problèmes de l'immigration. A la MJ.C. de Troyes Mme Wormser-Migot, écrivain, a présenté le film Mein Kampf et animé le débat qui a suivi, à la Maison des Jeunes de Troyes, le 19 décembre. Les responsables de la MJ.C. envisagent de réaliser une semaine antiraciste. A Paris Charles Palant, secrétaire général du M.R.A.P., a participé le 17 décembre; à un débat sur l'antisémitisme organisé par le Nouveau Clarté, organe de l'Union des Etudiants Communistes. professeur de la Faculté de Médecine; Negriolli, professeur d'anglais de la Faculté des Lettres; M. Pigeon, professeur de psycho-pédagogie à la Faculté des Lettres; Jean Rabu, professeur de latin-grec au C.E.S. de Couëron, délégué régional de l'U.N.E.S.C.O.; Henri Rey, député de Loire-Atlantique; Richard, professeur de psychologie à la Faculté des Lettres; Rousselot, secrétaire général de l'Union départementale de la C.G.T. ; Sexer, prèsident du Consistoire israélite de Loire-Atlantique; Vermeil, professeur de la Faculté de Médecine; André Vigarie, professeur de géographie à la Faculté des lettres. CRÉATIONS FÉMININES 134, rue d'Aboukir, 134 Paris-~ - Tél. 488-28-33 VENTES SUR STOCKS PERMANENTS Chez votre pharmacien La gérante : S. Bianchi Imprimerie La Haye-Mureaux Pourquoi? Connaissez-vous ce magazine qw.;. n'est pas comme les autres ? Edité p,ar la Li~e Française de l'Enseignement et ~e l Educatioll. Permanente, {( Pourquoi? » tralt.e, chaque . n:01S, de sujets variés, dans un es~nt de progres et de rigoureuse objectivité qw, son~ la marque de l'idéal laïque. 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Notes

<references />