Différences n°5 - Novembre 1981
Sommaire du numéro
- n°5 de novembre 1981**Edito: il faut s'armer de sagesse par Albert Levy
- Un nouvel esclavage: le marché aux enfants par Claude Picant (tourisme sexuel)
- M. François Autin le ministre de l'immigration s'explique
- Radio-télé: alors ça vient? par Marc Mangin
- Dossiers de l'écran: une polémique "il aura fallu..."
- Wallons, flamands ou Bruxellois? par Rosine Lewin
- Un Nobel vaut un million de couronnes (Albert John Lutuli) par Anne Laurent
- Le message des indiens d'Amérique par Robert Pac
- Le tour du monde de la mort (perception de la mort dans le monde) par Marie Mercié
- Nantes et Rennes villes bretonnes? pas seulement par Jean-Michel Ollé
- De Becassine à la reine Dahut par Jean-François Vilar
- La Mecque: point de rencontre de la foi et des hommes propos recueillis par Renée David
- L'Islam: religion ou système politique, le dilemne; dossier réalisé par Daniel Chaize avec les conseils de Maxime Rodinson
- Lois, individus, société propos de Claude Charles recueillis par Anne Laurent
- Les oubliés de Yorktown (noirs aux U.S.A.) par Robert Pac
- Les héritiers de Mein Kampf forcent la porte par Gisela Dreier
- Peer Gynt: la fuite vers soi par Jean-François Vilar
- La caméra enchantée (rencontres des cinémas méditérranéen par Jean-Pierre Garcia
- Sous le regard des autres (année des handicapés) par Annie Lauran
- En débat: commémorer ou pas, interventios de André Castellot, Pierre Paraf, Fernand Grenier, Jean Laurain, Patrick Poivre d'Arvor, Bernard Clavel
- Catherine Ribeiro: dialogue avec les lecteurs
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DES MAGAS, NS NU DES TEMPS NOUYEAUX vêtements BESANÇON: 1, rue Gambetta LA ROCHE-SUR·YONI: 11, rue Stéphane·Guillemé LE HAVRE: 222/228, rue Aristide·Briand BESANÇON: 1, rue Gambetta LA ROCHE·SUR·YON : 11, rue Stéphane·Guillemé LE HAVRE: 222/228, rue Aristide·Briand GRENOBLE ST·MARTIN D'HERES: 72, avenue Gabriel·Péri GRENOBLE ECHIROLLES: Grand Place ORGEVAL: Lieudit "Les seize arpent" GRENOBLE ST·MARTIN D'HERES: 72, av. G.·Péri GRENOBLE ECHIROLLES: Grand Place Edito IL FAUT S' R ••• DE SAGESSE L es marcheurs pacifistes de Bonn, Londres, Rome, Bruxelles ou Paris font trotter dans les têtes, par delà la querelle des fusées Pershing et SS 20, des questions insistantes sur l'avenir de l'Europe. Comme la conférence de Cancun - cette station balnéaire mexicaine devenue brusquement le centre du monde - fait s'interroger sur l'avenir de l'humanité. A travers ces grands mouvements de foules et d'idées, l'actualité entre de plain-pied dans l'Histoire. On peut continuer à vivre dangereusement, en s'entretuant ici et là, dans la crainte perpétuelle que notre tour viendra bientôt, car il y a toujours des endroits où la guerre n'est pas seulement froide, et les conflits limités ne connaissent pas les frontières. A cette situation hybride et angoissante, quelle issue? Le Grand Choc des films - catastrophes débouchant sur la "planète des singes" ? Ou la Grande Entente du genre humain pour maîtriser solidairement les richesses du globe? Le problème est de savoir qui en décidera, quand et comment. A Cambridge, ville du Massachusetts où se trouve la célèbre université de Harvard, le conseil municipal a examiné, l'autre mois, le plan d'évacuation établi par l'Agence de Défense Civile en cas d'attaque nucléaire. Tout était prévu." rassembler argent et documents importants, prendre en voiture toute la famille et, par la route 2, joindre Greenfield, "communauté d'accueil" à 75 miles de là (Attention." interdiction d'emmener vos aminaux favoris). Et ceci encore." si, dans le flot des 100000 évacués, vous êtes coincé dans un embouteillage, "arrêtez votre moteur, restez dans votre véhicule, attendez les instructions officielles, et soyez patient". Après avoir longuement discuté et consulté la population, les édiles ont conclu à l'irréalisme de ces conseils et à la futilité de tout plan de défense civile. Ils ont estimé que "la seule protection des habitants de Cambridge contre les armes nucléaires est une action politique visant à prévenir la guerre nucléaire par le moyen du désarmement nucléaire et la renonciation multilatérale à l'usage des engins nucléaires". Ils ont publié une brochure de 10 pages expliquant à chaque citoyen ce qu'il peut faire pour promouvoir la paix. Le "Los Angeles Times", qui relate cet apologue affirme, qu'ils "ont osé penser l'impensable" et rappelé que "dans une démocratie, c'est le peuple qui gouverne". Parmi les nombreux chiffres publiés ces derniers temps, un seul suffirait à mesurer le drame où nous sommes plongés." 500 milliards de dollars. C'est à lafois le budget annuel de l'armement mondial et le montant de la dette des pays du Tiers-Monde. Cette concordance ne montre-t-elle pas qu'il serait possible dans les proportions et les formes appropriées, de nous protéger nousmêmes par la réduction des dépenses guerrières tout en aidant les peuples défavorisés à supprimer lafamine, la maladie, l'analphabétisme. Un égoïsme bien compris qui se muerait en altruisme, en somme. Albert LEVY 3
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- Abonnement 1 Iln : étranger: 170 F, chômeur et étudiant: 110 F
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LI) LL o 6 TRAFICS D'ENFANTS Ballets bleus, pornographie, prostitution: un nouvel esclavage Claude PlCANT 8 Exclusif: LE MINISTRE DE L'IMMIGRATION S'EXPLIQUE Une interview de M. François Autain, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de la Solidarité Nationale, chargé des immigrés 14 RADIO-TELE: ALORS, CA VIENT? En pleine recherche du changement, les télés et les radios ont du mal à faire la différence Enquête de Marc MANGIN 20 LE TOUR DU MONDE DE LA MORT Si tous les hommes sont égaux devant la mort, tous les morts ne sont pas égaux devant les hommes Enquête de Marie MERCIÉ 24 BRETAGNE Victimes d'un certain racisme, les Bretons ouvrent-ils pour autant leur coeur aux immigrés? Reportage de lean-Michel OLLE 28 LE PELERIN AGE DELA MECQUE Une rencontre unique entre la foi et les hommes. L'écrivain marocain Tahar Ben JELLOUN raconte Renée DA VID 33 LE DILEMME DE L'ISLAM Religion ou système politique? Dossier de Daniel CHA IZE 40 LOIS, INDIVIDUS, SOCIETE Responsabilité individuelle et collective, quelle peine appliquer? Anne LA URENT 1iffére ces 1ifférences DIFFERE:~CES mall8..llne mensuel édité pMr la SED (Société des Edilions Différences) • 89. rue Oberkampf - 75041 Paris - Tél. : 806.88.33 42 LES OUBLIÉS DE YORKTOWN Les Noirs éternels absents de j'histoire des Etats-Unis, s'y sont battus pour la liberté ... des Blancs Robert PAC 44 LES HERITIERS DE MEIN KAMPF FORCENT LA PORTE Comment la littérature nazie utilise la Foire du Livre de Francfort pour se refaire une virginité Gisela DRElER 46 LA FUITE VERS SOI Peer Gynt par Chéreau . Une commune volonté de se trouver lean-François VILAR 50 COMMEMORER OU PAS? 54 COURRIER Catherine Ribeiro répond Abo nnemen(s: 1 an 140 f ; 1 lin élrana.er 170.' ; 2 ans 270 f ; 6 mois 7S r; Etudia_Rts el chômeurs ; 1 an 12010"; 6 mois 65 F. Jo indre une photocopie de la carle d 'c(udia nl ou de la clrle de poinlagc Soutien : 200 F - Abonnement d'honneur : ) 000 F , Directeur de la publicatio n : Albert LEVY; Conception e l réa lisat ion : Philippe TROJAN : Iconographie: Alain FONTERA \' ; Onl co ll,! b o n~ il cc numéro: Qaniel C HAIZE, Renée DAVID, Gisela UREIER, Jean·Ple,.. GARCIA. Joëlle LASSISSt-PINTO. Annie LAURAN. Ann. L.o\URENT. Rosine LEWIN. Marc MA."'GIN. Marie MERC tE: . Jean·Michei OLLE. R. PAC, C. PICANT. J .. n·Françoi, VILAR. Débat avec 1. participation de: André CASTELOT. Bernard CLAV El.. Fernand GRENOER. Jean LAlIRAIN. Pierre PARAt·. Patrick POIVRE D·ARVOR. Pho lo de couverture : Alain FONTERAY sur une compos ition de M.uie MERCIÉ - Admini stra tion: KhMiled DEDR ..' " - Sc:rétariat : Danièle SIMON - Photocompos itio n el p hotogravure : ART compo _ Im pression : Imprimerie DULAC el JARDIN - Diffu sio n ; N.M.P,P. Numéro dc la commission paritaire: 63634 - ISSN : 0247-9095 5 Actualité DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 J UN NOUVEL, ESCLAVAGE: ReHE AUX ENFANT Dans les brocbures spécialisées, ISO pages sonl consacrées à Manille, paradis du "Iourisme sexuel". A p e in e terminées \c s vaca nces d'été, voilà que les prospectus lu xueux des age nces de vo yage refle uri sserll
- ciel bleu, sable blo nd ,
neige candide , il n ' y a plus d ' hi ver tri ste. Mais les clients ho lland a is de l'agence "Ero-Tours" ct Icurs ho mologues all emands qui s'adressent à "Rosie-Reisen" ne rec herchent pas seulement l'exost isme. i\rrivés à Bangkok ou au Sri- I. a nka, les 2()() 000 "masseu ses" do nt la moitié a mo ins de 20 a ns ct dont bea ucoup sont se uleme nt âgées de 12 ans(*). leur l'O nrirmeI" Ont le sé rieux du produit ache té. En to ute légalit é, ces agences t icnncnt leurs promesses: elles \'C ncl ent du tourisme sexuel. Le commerce est en pleine expa nsion: 212 000 personnes en 1964, 1370000 en 1978. Ne sont pris en compt e , à cc niveau que les circuits "tout compris" à destination de l'Asie du Sud-Est. Et la de ces Film s. Mais d'autres non ... courbe continue de mo nter. A la base, il y a des enFa nt s vendus par leur famille o u kid na ppés, point de départ du cycle infernal. Au Paraguay de Stroessner , qui es t déjà la plaque tournante du trafic de drogue dans les deux Amériques (quelle coïncidence !), un enfant indien de la tribu Hache vaut cinq dollars. Au Brésil, parmi les millio ns de paysans c hassé de leurs terres cert a ins cèdent à d 'aussi incroyabl es t ra nsacti o ns . Ainsi les bo rd els des po rt s sont alim ent és rég uli èrement. Tim 80rd, enquêt cm de "Terre des hommes" no te qu'cnviron 2 ()OO enfant s de K il 12 ans sc prostituent au SriLanka. Il s' agit bien d'un tra Fic int e rn a ti onal aux réseaux multiples, ma is dont le but est uniquc: amasser des sommes d 'argent gigantesques . Rien qu 'aux USA , on estime qu'il rapporte annuell ement qua tre milliards de dollars, so it 20 milliards de francs lourd s. Pas étonnant d'y trouver la main de la Mafia, et d'apprendre qu 'un groupe de pression auprès du Congrès américain a po ur tâche d'aider ees réseaux à camou fier leurs ac ti vités. Il fa ut dire qu' a ux USA, prostitution CI pornographi e enfa ntine ont de gros besoins. Et si les jeunes "Chicanas" , noirs o u ré fu giés d'Asie du Sud-Est , en so nt les victimes toutes désignées, Ics " pauvres" blancs ma rgina li sés n'y échappent pas. L'industrie du film po rnogra phique est particuli èrement go urmande et nécessite des compli cités éno rmes d.ans le monde entier . C'est elle qui provoqua Ic pl us grand scandale. L ' ho rreur fût à son comble, lo rsq ue les Américains apprirent que des films pornographiques, où des enfants de quatre ans éta ient torturés à mort, avaie nt été saisis. Des Etats ont interdit le tournage Dans le premier cas, le voyage à l' ét ranger s' avère do nc indispensable. Alors c 'es t l'aller -retour Minnesota / Pa ys sca ndina ves , trajet qu'une cnquête a pu méti culeusement reconstitu é. C'est dire les nécessaires co mplicit és ét rangères. Une autre Foi s, une " saisie" de la police: de Los Angeles d ébo ucha sur plusieurs arrest ati o ns en région parisienne . Si à l'époque, cert a ins ne virenl dans cette affaire que " des p ro bl èmes d ' affection s", o n sa it a ujo urd ' hui. afla irc ba llch bl eus a idant , qu'il s'agissa it d'un so rdidc réseau de phot ogra phics pornog raphiq ucs. PRINCIPE DE BASE, SUPPRIMER TOUTE IDENTITE r.:EGALE Aux USA des assoc ia tio ns sont nées pour défendre ces enfa nt s, mais clles sont q uasi-impui ssantes. Ainsi un pasteur, le père Bruce, dirige à New York une ma ison qui s'eFforce de les accueillir, de les protéger. Mais la lo i améri caine lui inte rdit de les garder plus de 24 heures sans a ut o ri sation des parent s. Or, nous l' a vons vu , el c'est j ustement le B-A.ba qui permets toute la construction du tra fic , les enfants n'ont plus d ' identité légale. Il arrive qu'ils n 'a ienl même plus le souvenir de leurs parents. De plu s, le père Bruce;: sai t que ce rtains d'entre eux venus se ré fu gier tempo rairement ehez lui , o nt été retrou vés assassinés ou gravement mutil és. Te lle est la lo i classiq ue d 'un milieu qui a d 'éno rmes int érêts à déFendre . A Amsterdam, une brochure nommée "Spartacus" s'es t spécialisée. Elle est le guide homo- Des enfants prostitués, achetés 5 dollars. D'autres torturés à mort pour des films pornographiques, des "masseuses" de 12 ans, l'enfer des adolescents transexués, les ballets bleus. 6 SIPA/ FRILET Amelita 12 ans et Rock)' 11 ans. Un inslant de délenle avanl de retrouver les c1ien Is. sexuel le plus riche en proposition s. Ju sq ue-là ri en de choquant: chacun est libre de sa sex ua lit é . Ma is où les choses le dev ienne nt , c 'est q ua nd o n s'a pcrçoit quc " Spa rtacus" n'esl pas qu ' un recen sement des endro its homosexuels dam 150 pays. Cette revue propose éga lemen t un club donl les membres, contre 25 francs français, pcuvcnt avo ir le contact auprès d ' enfa nt s ou c1'adolescents. II suFFit a lo rs d'aller le cherch er à l' hô tel o u à l'aéroport indiq ué: ce la s' appe lle le "Holiday Hclp Foli o" qui pays par pays , do nne plus de co.lseils. 150 pages po ur Ma nille. Lisons- le un peu : "June, né le 5 octohre 1963, cali-boy expérimenté Qui s'est bien comportl' jusqu'à il y a peu de temps avec nos l'Hents, mais qui commence à baisser... Mais une rencontre avec June peut être intéressante pour le pédophile parce qu ' il amène Quelquefois son cousin Qui est son apprenti". Le rédacteur de "SpartaClls ' ~ a comme ncé so n recensement cn 1975 : June avait 12 ans. A se plo nger plus avant dans sa prose, on se ra it tenté de dire que l'aut e ur n e m a nque pa s d 'humo ur. Vu le s uj et, il s 'agi t d'une hypocri sie sans nom. "Lorsque pour la première fois 7 j'ai di'cuuvert que les l'hilil)l)ines étaient un paradis pour hOlllusexuels - c'I'tait ('n 1975 - j'avais mal prl'\'u la puissance de l'l'ffcl Qu'auraient les reculllmandations enthousiastes Que je rédigeais pOlir .Ic Guidl' Spartacus suivant. .Ie trouvais un l'ndroit pl'U CUIlIIU par les tuuristes ga~, 011 l' homusexualité cl la hiscxualité étaient arceptél's comme I)artic inti'grallie de l'existl'nl'l', UII dl'S gens amirllux, suuriants, h('I1- n'lIx Sl' dunnllienl pUllr partager leur plaisir IIvel' lellrs hÎltes étran gl'rs .. J'avllis éll' allssi agréahll'menl ,surpris par lin coût de la vil' particllli èrellll'nt avantageux l't Il' pl'U de se:\ualité commerciall' chez les garçons. L'affabilité de l'hospitalit(, étaient les siglH's distinl" tifs dl's gl'ns Il"e je n'nl'untrais
- je suis parti awc le sentiITIl'nt
Que j'avais décounrt Il' pillS I)l'au hâvre de paix hOlllusl'xllelle au monde. Dans les semaines qui suivirent la parution du Guide 1976, les lecteurs de Spartacus sc bousl'ulèrent pour prendre le premier avion vers Manille. Les premiers touristes ga~' en parIèrent à leurs amis, écrivirent des articles dans leurs publications homusexuelles nationales, firent des films et des photos et, en peu de temps, la marée des touristes pédérastes déferla. Les Allemands et Il's hançais, en charters, les Japonais avec leurs centaines de yens, les Américains pénards avec leurs tabous et leurs dollars rCl"herchés, tout ce monde-là fondit slir l'al-roport de Manille. Ce raz-de-marée homosexuel s'abattit sur le pays, ruinant une contrée heureuse et sati s faiste, la transformant en IIne Mel"Que homo-hidellse et dangereuse pour tous ceux qui suivraient. La discrl'tion était jetée anx orties, le respect de la culture ethnique ct des valeurs jeté au ,'ent. Quant à Manille , elle devint un endroit où l'exploitation sexuelle, par des homos occidentaux, de jeunes indigents dans pareils pays sousdéyeloppés, était chose commune" . On peut se demander pourquoi le dénommé StamFord a édité un gu id e s 'il ne vo u lait pas que ses " clie nts" y a illent. A Ma rseille, c'est d 'un tOut a utre commerce qu'il s'agit. En 1974, le suicid e en prison d'un jeune "tra nsexuel" prostitué dès l'âge de 12 a ns, en révèlait la proFondeur . Drogue et tran sexualité sOn! en e ffet imposées à des adolescent s pour les mettre sur le trott o ir. Il n 'es t pas de mois où l'on ne tro uve un mo rt sur un porchc de la rue Curi o l, tristement spéc ia li sée . MARSEILLE: PLUS DE DIX MEDECINS ACCUSÉS D'AVOIR "DESEXUÉ" DES ADOLESCENTS Il fau t cn e ffet pa rler au présent . Une di zaine de médecins qui délivra ient t l'Op complaisamment des o rd o nnances de st upéfiants et d'h ormo nes ont eu maille à partir avec la justice. Le de rnier fût inc a rcéré en juillet derni er. L'cxpert commis par le Parquet de Ma rseille, un des plus grands " pal l'o ns" cles hôpitaux de la vill e a écrit son o pinion " Cc ris qlll' (celui d 'ambi valence sex uelle pa r l'ad ministration d ' hormo nes - et de là de t ro ubles psyc hi atriq ucs graves, - (NDLR) - est l'onsidl'rahlc et il est v('ri:abil'nu'nt monstruellx qu'un médecin ait l'nvisagl' et même réalisé nttl' presnil)tion absolument contrain' aux lois de l'élhique ml'dil'all'" . Chaque jour , des enfants et des ad o lescents, parce qu'ils sont parmi les plus défa vorisés ou pa rmi les margin a ux, tombe nt ent re les ma ins de ces marcha nds cie mo rt s. Rares sont ceux qu i a tt eindront l'âge adulte. Les enquêtes les plus sérieu ses, qui o nt suivi, de bout en bOUl l'itinéraire de ces enfants, les 0 111 perdu ve rs l'âge de 14 ans. Ma lhe ure usement, dans nos pays, pou r l'instant, on préfére ne rien voir, ne rien enl enclre. Fa ut-il en conclure que les enfa nts des pays et des milieux les plus d éfavori sés valent moins que les pha nt asmes sex uels de l'Occ ident. Claude PICANT ( ~ l Ll1 L'hil'frl..'\ ci te' d~111' l'l'1 arlil'k' p ['(l \ it.:11 11L' 1l 1 . ..,l)il du nu (U lIrc:lll lnl l'r llali n l1 ;1I dll l' ravail), ,o it dl" COlll llli \\ iOll '- d 't.:nqu (' · Il' \ 111Ï\C'.\ "'lIr pied l'Il 1 Y7H [lo llr la f1r'é J1~I,",t l ioll dc ] 'allll 0c.:.' inICfn:1 lioll:tlc tk l'l' il fan ce ! Olt' UC\'O Il \ hca l H.:'o u p ft MIll t' I{Cll l-C Bri· dd . mcmhrc dc la r étlcral ion In lcrllal in lIak d c~ Jtlr j..tc ~ DémoLTil te .... q ui all i llh' 1' 11 11\.' d'cnlre ('lIc ~, Actualité M. François AUTAIN le ministre de l'immigration s ,e xp 1I-que ... 8 IA}S déhats liés aux projets de loi que l'OUS aI'ez proposés ont été I/omhreux, enjlalll/1/és, voire cOl/tradictoires. I_es parties de la n/{~jorité avaient des opiniol/ s dUlërel/tes sur certail/s poil/ts, et à l'intérieur même du Parti ,",ocialiste la dùcw'sion se prolol/gea de manière iI/attendue. I:'I/fin, a.uoôatiol1!i d'immigrés et de . mÎidarité ont aussi fait el/tel/dre leur l'O;X et pw:làis avec des remarque,l' mono'ant leurs inquiétudes. Ne pensez-vous pas que cela est dû li la différence sensible d'orientation entre les propos de Madallle le Ministre, Nicole Questiaux, devant le ,".S.A./:' ou les assuraI/ces de MOI/sieur J-j'ançois Mitterrand durant sa campagne, d'ul/e part, et les pro;ets eux-mêmes, d'autre part? Il n'y .1 , il mon sens, pas de diflérence entre les propos tenus par Nicole Questiaux devant l'Assemblée Générale du Service Social cl' Aide aux Emigrants et le contenu des projets de loi que nolIS avons déposés . .le m'explique: la nouvelle politiquc d'immigration que nOLIs mettons en oeuvre repose d'abord sur le respect des immigrés, respect de leurs droit s, de leur dignité . Respecter leur di!!nité cela signifie il mon sens, !.'.arantir l'é-galité des d~oits, garantir le d;oit à la différence. .Je ne vois pas ce qu'il y a de contradictoire entre ce discours, celui de l'actuel Président cie la République durant sa campagne et les projets de loi que nous avons fait adopter. Les étrangers sc voient tout d'abord reconnaître et cela sans aucune limitation, le droit d'association; ainsi ils pourront librement constituer leurs associations et participer sans restriction à toutes les associations françai ses les plus diverses, qu'elles soient de locataires, de parents d'élèves ou sportives; enfin, les associations intern ationales pourront, sans difficulté, s'établir en France. Le deuxième projet de loi reIlforce la lutte contre l'emploi clandestin . Nous avons considéré que pour lutter de façon efficace cont re l' immigrat ion clandestine, l'important était d'attaquer cc mal à la raci ne en ren força n t les pei nes encourues par les employeurs, en permettant de faire remonter les poursuites jusqu'aux donneurs d'ouvrages effectifs. Le troi sième texte concerne les conditions d'entrée et de séjour des étrangers
- c'est celui-là qui a donné lieu à des
contestations. Je voudrais justement, puisque j'en ai l'occasion, dire que cc texte respecte les engagements que nous avons pris: d'une part des catégori es importantes de la population immigrée ne peuvent faire l'objet d'expulsions: les mineurs, ceux qui sont arrivés en france âgés de moins de 10 ans (donc les jeunes de la 2" génération qui ont vécu 15 ans en France, ceux qui ont un conjoint ou un enfant français, les handicapés du travail , ceux qui n'ont pas été condamnés à un an de prison ferme . Quant aux autres, la procédure d'expul, ion qui est prévue les protège. Le pa ssage en cOTllmission d'expulsioll est obligatoire, la compositioll de celle-ci est modifiée: ses débats sont publics et lorsque ses avis sont défavorables, l'expulsion ne peut avoir lieu. A titre exceptionnel ("en cas d'urgence absolue et de néce 'sité impérieuse pour la sùreté de l'Etat ou la sécurité publique"), le Ministère de l'Intérieur peut, sans aucune procédure, prononcer l'ex pulsion. Cc sOllt ces clcrniéres dispositions qui ont fait beaucoup de bruit et couler beaucoup d'encre; certains ont même dit que nous poursuivons les dispositions de la loi Bonnet; il ceux-là, je voudrais dire seulement ceci: Il est impossible de ne pas prévoir quelques ca." except ionnels pour lesquels le i'vlinistre de l' Intérieur, qui est chargé de la sécurité de l'Etat, puisse procéder immédiatement il des expulsions; ces cas serollt les moins nombreux possibles. Bien évidemment, certains ont pu dire que la notion de süreté de l'Etat ou de sécurité publique était vague et que l'urgence absolue pourrait être utilisée inconsidérément. Pourtant, cette disposition qui existe déjà sous une formulation beaucoup moins restricti ve, a été très peu utili sée jusque là. Cc se rait faire un bien mauvais procès à Gaston Defferre l'actuel Ministre de l' Int.érieur, que de penser qu'il va profiter de l'existence de cette disposition pour multiplier les expulsiollS, alors que son premier geste a été de les suspendre au lendemain de notre arrivée au pouvoir, et qu'il a montré par ses déclarations tout l'intérêt qu'il attachait à la lutte contre le racisme et aus respect cles droits de la population immigrée. Certes, il y a eu effeetivement un clébat su r ce projet, au sein même de la majorité parlementaire mais dans cette affaire, l'assemblée n'a fait que jouer son rôle, rôle qu'on avait perdu l'habitude de leur voir jouer. C'est peut-être cela qui a aussi étonné certains observateurs. C'est ça aussi le changement. Aujourd'hui les premières mesures -wnt prises. Comment appréciez-vous lellr accueil chez les immigrés, mais aussi chez les Frallçais. N '.1' a-t-il pas, ici et là, quelques raf/coeurs et .là/stations? .le crois que l'accueil réservé par les immigrés aux mesures que nous avons prises est, au fond, favorable. II existe cependant chez eux, ainsi que chel. les Français, une méfiance profondément ancrée que nOLIs ne combattrons que par une action durable. Lc Président de la République a clairement rappelé que nous devions inscrire notre action dans la durée. TOUl n'a pas été fait en 6 mois, loin de là : mais les mesures qui ont été prises (abrogation cie la loi Bonnet, abrogation des dispositions restrictives de la circulaire Stoleru, régularisation des sans-papiers, reconnaissance des clroits d'association) mettent fin aux principaux blocages et vont nous permettre de poursuivre et Quelle in serI ion dans ta vie locale el culturelle? d 'a pprofondir - sur des bases assainies - notre action. Celle-ci provoquera inévitablement quelques rancoeurs, quelques frustations; certains diront que nous allons trop loin (et vous savel bien que nombreux sont ceux qui nOLIs font ce reproche pour les mesures que nous avons déjà pri ses ), J 'a utres que nous allons le~tement ; nous maintiendrons tout simplement les orientations qui ont été fixées par le Présiclent de la République clans son programme, en considérant que ehaque chose doit venir en son temps. Pour contrecarrer les incompréhel/sions, fossés si difficiles li comhler sur ce projet, quelle attention portez-vous aux médias et plus particulièrement à la télévision et aux radios? Pensez-vous que 9 DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 leur rôle puisse être éducat(j'? Comment? Le rôle des médias, on l'a bien vu cet été avec les événements de la banlieue lyonnaise, ou bien avec la récente émission des Dossiers de l'Ecran, est déterminant. La télévision qui touche chaque foyer français ou immigré, retient donc toute notre attention. En disant cela, je pense tout ~I la foi s ~I l'information des immiQrés, à l' information des Françai s, et à la culture. Les médias ont un rôle particulier à remplir pour rélablir la vérité par rapport ù toutes les contre-vérités qui sont véhiculées au sujet des imll1igrés; ils peuvent contribuer cl mettre en valeur tout l'apport de l'immigration, des communautés immigrées, sur le plan économique, mais aussi dans l'ensemble de la vie de cc pays: dans son histoire, dans sa culture, dans ses conquêtes sociales, dans la vic quot idienne de chacun. Nous avons donc entrepris d'étudier le rôle et l'avenir de l'I.eE.! ; il convient aussi cie rétléchir sur la forme ct le contenu cI'une émission comme Mosaïque. C'est pourquoi je viens de confier une mission d'élude à Françoise Gaspard, DépUlé-l\tlaire de Dreux qui aura loute lat t it ude pour me raire, clans des délais que je souhaite rapides, des propositions dans ce domaine . .le pense qu'il faut que les problèmes de l'immigration soient traités par tous les gens de télévision et que l'expression culturelle des immigrés à la télévision ne soit pas enfermée dans un ghetto, le dimanche matin. I_es mesures d l'gel/ce prises, d'autres problèmes sulHistent cOl/cerl/ant les immigrés. Ainsi le Gouvernement compte-t-il s'attaquer (lUX aspects -wciaux de lellr sifllatiofl: logement, scolarité, activités culturelles, insertion dal/s la vie locale et culturelle? Absolument. Ce sera L1ne oeuvre de longue haleine, dont les effets ne seront pas forcément spectaculaires, mais qui est d'autant plus nécessaire qu'il ya sédentarisation de l' immigration, ce qui confère une importance accrue aux questions de l'accueil, du logement, de l'école, de la formation , de la santé, du développement culturel. .. Mais nous ne voulons pas procéder par séries ponctuelles ni cie façon marginalisée. Nous entendons promouvoir, dans le respect clu droit à l'identité, une politique globale d'insertion sociale. Il s'agit de promouvoir une politique d'ensemble qui face à une situation donnée n'isole pas la question du logement de celle de l'école ou cie l'emploi, mais qui débouche sur de véritables programmes cohérants où toutes ces questions soient abordées de façon décloisonnée. II s'agit en mème temps de démarginaliser l'action en direction des immigrés et de faire en sorte que les questions d'immigration soient traitées au niveau de chaque département ministériel au moment même de l'élaboration des clifférents projets: il faut promouvoir une démarche globale qui - par exemplereplace la question du logement des immigrés dans l'ensemble du problème du logement social. A titre d'exemple je citerai les Z.E.P. (Zones d'Education Prioritaire) qui concrétisent le principe que nous avions toujours avancé d'une école qui corrige les inégalités par une affectation des moyens, non pas de façon i nd i fférenciée, mais en fonction des besoins. Vous savez l'importance de l'école et cela à un sens que l'unc de nos premières mesures ait été prise dans ce domaine. D'autre part cette mesure est significative de notre démarche politique: beaucoup de Z.E.P. sont dans des quartiers à forte population immigrée, mais les Z.E.P. concernent indistinctcment les Français et les étrangers des quartiers concernés; il est clair que notre politique de reconnaissance des droits des immigrés, c'est aussi une période de reconnaissancc des droits de tous les travailleurs - Français et immigrés - sans aucune discriminat ion. Un moyen important de la politique d'insertion sociale que nous entendons mener ct du caractère global qui doit la caractériser sont les Con t rats d' Agglomération. Conclus entre l'Etat et une Collectivité Locale (commune, regroupement de communes, ... ) ils viseront à permcttre d'élaborer un programme d'ensemble pour l'action à promouvoir dans Ic secteur considéré, à impulser cettc action, à y impliquer l'ensemble des partenaires concernés (en particulier l'ensemble des communes d'une agglomération afin de favoriser une solidarité intercommunale), à créer les st ruct ures d'intervention et de concertation de nature à ce que s'amplifie la politique ainsi engagée. II est clair enfin que tout ceci n'est possible que dans lc dialoguc : nous souhaitons nous concerter avec tous ccux qui vivent concrètement les situations que nous voulons améliorer. C'cst pourquoi l'élaboration de tous ccs programmcs avec les élus locaux nous paraît primordiale. C'est pourquoi aussi nous attachons tant d'importance à la loi qui vient d'être votée sur le droit d'association: la population, tant française qu'immigrée, doit pouvoir être associéc à tout ce processus. Plus largement il y a 1/11 problème de l'immigratiol1 qui Ile peut être résolu que par une coopération concertée al'ec les pays fournisseurs de main-d'oeuvre. On parle beaI/COUp du Nouvel Ordre /';COIlOmique Mondial à bâtir. Comptez-I'ous développer vos efforts dans ce .Iens ? II est clair que développer une polit iquc généreuse à l'égard des immigrés résidant en France ne se conçoit que lié ,1 une volonté de mise en cause des raisons mêmes de l'immigration. L'immigration, résultant souvent non pas d'un libre choix, mais du développement inégal et dc l'appel des pays industrialisés à la main-d'oeuvrc étrangère, est une déchirure. NouS devons travailler il ce qu'à terme ce dilemme disparaisse. C'est tout l'enjeu de l'édification d'un Nouvel Ordre Economique International. Ce sera très long, mais nous y tenons ct vous avez pu suivre la détermination du Président dc la Républiquc à cet égard lors de la conférence dc Cancun . Au Secrétariat d'Etat aux Immigrés nous cntendons nous y associer en plaçant nos relations avec les pays d'origine dans un choix cie coopérat ion. Vous avez entendu le discours d ' iJ1vestiture du Premier Ministrc en juillet dernier devant l'Assemblée Nationale. Il y annonçait les principes de notre politique d'Immigration: d'une part respect absolu des droits des immigrés établis en France, d'autre part refus de faire appel à de nouveaux travailleurs immigrés et volonté de négociation d'accords bilatéraux avec les pays d'origine. A titre d'exemple, je citerai l'échange de lettres franco-algérien de septembrc 1980 dont l'application trainait il cause de l'attitude française. Nous avons annoncé que nous tenions au respect de ces accords et à leur application, dans un 10 Vivre ensembte ... csprit non pas de quota ou de contingents annuels de retour mais de coopération avec l'Algérie par un droit à unc réinsertion qualitativement réussie de ceux de ses ressortissants qui le désirent et sans objectif quantitatif. D'où un certain nombrc de décisions dc notre part telles que l'abandon dcs formations-retours de deux mois, trop brèvcs pour acquérir une compétcnce utile au pays d'originc, ou encorc l'acceptation du suivi bilatéral de ces formations, ou d'autres décisions encore. Votre Secrétariat est intégré dalls le Ministère de la Solidarité Nationale, ce qui est ulle nette avancée par rapport à l'ancien système. Peut-on savoir quels sont l'OS rapports avec le Ministère de la Coopération et du Développement? Vous notez à justc titre la signification du changement et d'appellation (je suis Secrétaire d'Etat aux Immigrés ct non pas aux Travailleurs Immigrés) ct de rattachement de mon Secrétariat d'Etat. Et mon rôle est bien d'impulser une action interministérielle avec chacun des ministères concernés. En ce qui conccrne l'aspect international, nous travaillons avec les cieux ministères des Relations Extérieurcs ct cie la Coopération entre lesquels sont partagés les pays d'origine. Par exemple, le Portugal et l'Algérie, pays de deux communautés immigrées les plus importantcs, avec qui nous avons des comités ou commissions mixtes qui fonctionnent régulièrement, dépendent du Ministère des Relations Extérieures. Par contre, pour le Sénégal, avec qui la France a signé en 1981 un accord prévoyant notamment des possibilités dc formation-réinsertion axées en particulier sur le milieu rural, c'est le Ministère de la Coopération qui est concerné et nous travaillons avec lui pour l'application de cet accord. Il est clair que lc travail en commun avec cc ministère ira croissant. A l'heure de la décentralisation, avezl'OUS donné des directives précises aux diverses administrations régionales ou municipalités pour que la racisme soit sur le terrain combattu au plus près? La lutte cont re le racisme qui divise ent re elles les communautés qui composent ce pays, et qui - bien souvent - ont en commun de partager les mêmes difficultés de chômage, de logement, d'éducation ... , est pour nous une priorité. Il s'agit là d'une tâche fondamentale car on ne peut accepter, ne serait -ce que l'amorce de l'engrenage du racisme. Ce sont là les Droits de l'Homme les plus
Ê DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 élémentaires qui sont en cause. De plus chacun sait que personne ne maîtrise cie telles dérives une fois qu'elles se sont installées. Le Gouvernement dans son ensemble a plusieurs fois exprimé une volonté très résolue à ce sujet et le Ministrc de l'Intérieur vient de s'adresser personnellement à chaque policier afin de lui rappeler que la lutte contre la délinquance ne doit pas se faire de façon discriminatoire. Nous savons que toute période difficile pcut favoriser les réactions de type "bouc émissaire" (quc la politique menée ces dernières années a, de fait, encouragé et exacerbé) les tentations de discriminations, de rejets, d'attitudes racistes: nous avons conscience de 18. respomabilité accrue qui en résulta pour nous, nous entendons l'assumer et vous pouvez constater (par cxemple avec la lutte contre le chômage qu ne passe pas pour nous par le renvoi des immigrés) que nous avons déjà pris ccttc voie. Mais la lutte contre le racisme cst aussi pour nous une priorité pour la simple raison que c'est la condition même pour que notre politique de respect des droits de s immigrés, notre politique d'insertion sociale, soit effective et passe dans les faits. Cette lutte repose sur une vigilance de tous les instants et je veillerai à ce qu'aucun étranger n'ait à souffrir de ses origines raciales dans sa vie quotidienne. Mais à mon avis, la luttc contre le racisme n'est pas seulement une quest ion de répression des actes racistcs : c'est surtout l'explication politique, l'information, la rencontre et la découverte les uns des autres et de leur culture. qui permettra de progresser. Pour cela la participation de tous est indispensable. Votre action a été et restera nécessaire. Il nous faut ensemble démonter les idées fausses trop largement admises, rétablir les faits, rompre les "cercles vicieux" de la méfiance, de l'ignorance et du racisme. L'action qui peut et doit être menée au niveau local est importante. L'information et la sensibilisation peuvent à ce niveau reposer sur des exemples concrets et vécus. La rencontre personnelle et la découverte de l'autre peuvent se faire par l'école, les associations de quartier, les commissions extra-municipales ou les offices municipaux de migrants. Les rencontres sportives et culturelles, les fêtes locales sont des occasions de faire ensemble quelque chose, de se découvrir par delà les préjugés, de constater que chacun à quelque chose à apporter à l'autre; c'est cela créer le vrai dialogue, lutter contre le racisme quotidien et apprendre à vivre ensemble. - 12 MOIS D'AVENTURE TRANQUILLE CHEZ VOUS, EN FRANCE, A L'ETRANGER Les Abonnements Annuels vous font bénéficier de tous les services d'Europ Assistance dans vos déplacements de tous les jours, chez vous, en France, sans aucune franchise kilométrique, et à l'étranger pendant vos voyages d'agrément. (dans tous les pays d'Europe + Tunisie, Maroc, Turquie, Israël) RENSEIGNEZ-VOUS DANS LES BANQUES LES AGENCES DE VOYAGE LES CAISSES D'EPARGNE ECUREUIL ET CHEZ LES ASSUREURS AGREES europ assistance Il Copernic à Anvers. Vanessa Redgrave censurée à la télé israélienne. 28 SEPTEMBRE ETATS-UNIS o Une commission formée de personnalités de la communauté juive américaine, est chargée d'enquêter sur les raisons de l'inertie du gouvernement américain et de la commuauté juive américaine, face au déclench ement de l' Holocauste nazi , dans les années 40. 29 SEPTEMBRE Etat de siège pour les Springboks n L'équipe de rugby des Springboks sud-africains quitte les Etats-Unis après une tournée extrêmement controversée, parsemée d'incidents très sérieux provoqués par les manifestations des opposants américains à la politique d'Apartheid d'Afri4ue du Sud. A l'occasion de leur départ, l'aéroport Kennedy était tenu en état de siège par la police qui craignait des heurts violents avec les manifestants. FRANCE rJ L'Assemblée Nationale adopte deux projets de loi concernant respectivement l'emploi d'immigrés en situation irrégulière et le droit d'association des étrangers résidant en France. 30 SEPTEMBRE AFRIQUE DU SUD 1 J La correspondante de l'agence de presse américai ne Associated Press (A.P.) est expulsée d'Afrique du Sud. Le gouvernement Sud-Africain se femme française déportée à Auschwitz. FRANCE o L'Assemblée Nationale française adopte le projet de loi abrogean t le "loi sauvage" sur les conseils d'universités et déclarant les étudiants étrangers éligibles dans ces conseils dans les mêmes conditions que les étudiants français. 3 OCTOBRE Les employeurs racistes condamnés n Plusieurs employeurs lyonnais qui aVpient l'ait paraître des offres d'emploi racistes par le canal de l'A .N.P.E. sont condamnés à des amendes ct à payer des dommages-intérêts au MRAP qui les poursuivait. ETATS-UNIS U Un rapport de l'In stitut des Et udes sudistes d'At lanta (Georgie) apporte la preuve que la police de Greensboro (Caroline du Nord) était au courant de la contre-manifestation organisée par le Ku-Klux-Klan face à une manifestation anti-raciste au cours de laquelle cinq personnes devaient trouver la mort sous les balles de lansmen. IRLANOE DU NORD LI Les détenus républicains irlandais cie la prison de Long Kesh décident pour des raisons tactiques de cesser leur grève de la faim et poursuivent la lutte sous d'autres formes. 4 OCTOBRE refuse à donner les raisons de ETATS-UNIS cette mesure. "'RANCE [j Les députés français adoptent un projet de loi relatif à l'entrée et au séjour des ét rangers en France, qui a pour première conséquence l'abrogation de la "loi Bonnet". 1er OCTOBRE ISRAEL L De nombreux new yorkais manifestent pour rendre hommage au sacrifice des patriotes irlandais et pour réclamer le retrait des troupes britanniques d'Irlande du Nord. FRANCE o Le CR IF organise un rassemblement devant la synagogue de la rue Copernic pour la commémoration du 1er anniversaire de l'attentat du 3 .octobre 1980. o La télévision israé lienne 5 OCTOBRE décide de ne pas diffuser le film "Playing for t ime" parce que son actrice principale Vanessa Red- NOUVELLE CALEOONIE grave, a des sympathies pour les 0 Après les trois condamnations Palestiniens. Le directeur de la prononcées le 1 cr octobre, six télévision déclare: "Nous passe- autres militants indépendantistes rons ce film quand Vanessa Red- de Nouvelle-Calédonie sont congrave ira prier sur le mur des damnés à des peines allant d'une lamentations". "Playing for semaine à six mois de prison time" raconte l'histoire d'une ferme. 12 Le dernier salut d' Anouar El Sadate. 6 OCTOBRE Assassinat de Anouar El Sadate o Lors de la cérémonie commémoratÎ\' e du début de la guerre de 1973, le président Anouar El Sadate est assassiné par un commando surgi du défilé militaire . Le monde s'i nterroge sur les risques encourus pour la paix au Moyen-Orient. FRANCE .J "Le Président de la République a apaisé les inquiét udes de la commuauté juive de France", déclare Alain de Rothschild à sa sortie de l'Elysée où il venait d'être reçu par 1"1. François Mitterrand, à la tètc d'une délégation du Conseil Représe ntatif des Institutions Juives de France (CRIF). 8 OCTOBRE CAMEROUN L Au colloque de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) réuni à Yaoundé, les pays africains soulignent les obstacles extérieurs qui paralysent la croissance harmonieuse du tiers-monde. IRLANOE DU NORD CI A Belfast , les ultras proanglais abattent à coups de revolver M. Laurence Kennedy, conseiller municipal qui avait proclamé sa solidarité avec les détenus de Long Kesh pendant leur grève de la faim. 9 OCTOBRE Les fichiers d'Interpol vont s'ouvrir o Interpol devra désormais ouvrir tous ses fichiers informatisés. Ils devront être déclarés auprès cie la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL). Différences, dans son numéro 2, avait soulevé le lièvre par son article "Que cachent les si lences d'Interpol". Attendons ... ITALIE o Le directeur du bureau d'information de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), Majed Abou Sharar est tué à Rome, dans sa chambre d'hôtel. MOZAMBIQUE o Les Etats-Unis ont encouragé la récente intervention suclafricaine en Angola dans le but de renverser le gouvernement angolais et de détruire le mouvement de résistance namibien, déclare le Président du Mozambique, Samora Machel, devant le Parlement de Maputo. 10 OCTOBRE FRANCE o A Paris, gros succès de la commémoration de la .Iournée Internationale de Solidarité avec les peuples indiens des Amériques, organisée sous l'égide du MRAP et du Comité de Soutien aux indiens des Amériques. Il OCTOBRE AFRIQUE DU SUD r Nouvel attentat à la bombe att ribué au Congrès National Africain (ANC) interdit. Selon les statistiqucs oflïcielles, il s'agit du 134" incident "dù à l'action des terroristes" depuis juil1let 1979. FRANCE o La ville de Brétigny (Essonne) inaugure une allée des Martyrs Irlandais. Le MRAP s'associe à l'initiative de la municipalité. FRANCE iJ La Ligue des Droits de l'Homme accuse la gendarmerie d'établir un casier judiciaire parallèle dont l'utilisaiion n'est pas contrôlée. ETATS-UNIS J Les anciens Présidents Carter et Ford se déclarent favorables à la recollnaissance de l'OLP par le gouvernement américain. 12 OCTOBRE " FRANCE o A la Goutte d'Or, une société immobilière prend d'assaut un immeuble vétuste et jette illégalement à la rue une vingtaine de locataires, maghrébins pour la plupart . SUD LIBAN r Trois enfants âgés de huit ans sont tués dans le village sudlibanais de Gandourya par l'explosion d'une bombe à billes. La radio de Beyrouth annonce que cette bombe à fragmentation avait été lancée il y a deux mois par l'aviation israélienne. 13 OCTOBRE FRANCE o Dans un rapport, Amnesty International accuse le F. B. 1. d'avoir fabriqué des "preuves" pour faire condamner des militants noirs et indiens. EGVPTE r M. Hosni Moubarak est élu par réferendum chef de l'Etat égyptien. Les élections se sont déroulées dans un climat quali fié "de répression" par de nombreux commentateurs. FRANCE n Le Président d'Angola M. Dos Santos arrive à Paris pour une visite officielle de travail. JI s'entretiendra avec M. Mitterrand des perspectives du règlement en Namibie . 15 OCTOBRE IRLANm~ DU NORD [' Les ultras protestants assassinent une femme de 60 ans à Belfast. 16 OCTOBRE FRANCE L Le parquet de Bobigny (SeineSaint- Denis) ouvre une information après une plainte d'une tsigane qui accuse les policiers du commissariat de Montreuil cie l'avoir brutalisée, alors qu 'e lle était enceinte de 8 mois. Elle devait accoucher, le 9 octobre, deux jours après les sévices, d'un enfant mort-né. ISRAEL i Atteint d'un cancer depuis plusieurs années le général Moshe Dayan meurt à soixante six ans. 17 OCTOBRE Reagan inquiète l'Europe [ Ronald Reagan déclare dans une interview à des directeurs de journaux "Une guerre nucléaire limitée en Europe ne dégénèrerait pas nécessairement en un conflit lIucl éaire mondial". Une tempête de protestations des milieux poliques européens s'ensuivra. R.F.A. n Près de 300 000 manifestants sc retrouvent à Bonn pour protester contre l'implantation des fu sées Pershing US sur le territoire de R.F.A. C'est le plus grand rassemblement pacifiste jamais vu dans le pays. 18 OCTOBRE POLOGNE LJ Le général Wojcieck Jaruzelski, déjà premier ministre et ministre de la Défense, devient premier secrétaire du POU P (Parti Ouvrier Unifié Polonais). Son prédecesseur, Stanislas Kania, démissionne. ,19 OCTOBRE GRECE o Le Parti Socialiste (PASOK) 13 obtient la majorité absolue au Parlement d'Athènes, alors que le Parti Communiste progresse aussi. Huit ans après la chute de la dictature des colonels, les forces de changements l'emportent avec 60 070 des su ffrages. 20 OCTOBRE Un nouveau Copernic à Anvers -J Un attentat antisémite à la bombe placée à proximité d'une synagogue fait trois morts, 12 blessés gra l'es et 83 blessés légers, à Anvers. Le MRAP exprimer sa totale so lidarité aux vict imes de l'attentat et à leurs familles. 21 OCTOBRE AFRIQUE UU SUD o Une délégation d'expe rt s nucléaires des Etats-Unis rencontre des officiels sud-africains dans le but cie reprendre prochainement des livraisons d'uranium enrichi en provenance des EtatsUnis dans ce pays, qui avaient été suspendues en 1978, parce que l'Afrique du Sud n'avail pas ratifié le traité de non-prolifération nucléaire, ce qu'elle n'a toujours pas fait. ROVAUME-UNI n Une nouvelle loi sur la citoyenneté britannique va être discutée devant la Chambre des Communes. Elle a rencontré une vive opposition lors de son examen par la Chambre des Lords. Elle tend , en effet, à refuser la nationalité britannique à tous les immigrants non-blancs et aux personnes nées en GrandeBretagne dont les parents ne possède nt pas la nationalité britannique. 22 OCTOBRE . MEXIQUE o Ouverture à Cancun du sommet re streint Nord-Sud où l'on espère que la relance d'un véritable dialogue entre les pays riches et les autres aboutira à des résultats concrets au niveau cie la coopération avec les nations les plus démunies. 24/25 OCTOBRE ROME, LONDRES, P ARIS, BRUXELLES, MADRID. POSDAM, O LO o Après Bonn , c'est toute l'Europe qui affirme sa volonté de vivre en paix et d'oeuvrer pour le désarmemen t. STÉ MONDIAL GO Prêt , a Porter FÉMININ 5, rue d'Alexandrie 75002 PARIS Tél. : 233.36.18 laurenl pascal chemisier habilleur 97 rue de sèvres paris Ge tél. 222-68-42 Actualité Journalistes, techniciens, employés, personne n'est sur la touche. Objectif : mettre la main sur le changement. , , DIO-TELE •• ALORS CA VIENT? L e changement", tout le monde le réclame à corps et à cris; tout le monde le propose. La France s'agite. Mitterrand à l'Elysée, l'espoir renaît pour beaucoup. Le soir de son élection déjà, à la BastilJie, certains établissent des plans diaboliques qui devraient engloutir certaines têtes d 'affic hes . De murmures en chuchotements, on en vient à citer des noms: Elkabach, Cavada... et quelque~ autres. Premier changement: certains présentateurs ont di sparu du petit écran ou de l'antenne "Que sont mes amis devenus?" gémit Ferré! Certains répondent: "On leur a coupé la tête" . Pour d'autres, "on leur a ouvert la porte", mais cette fois, ce n'est pas pour "aller chercher des allumettes" ... Tous mes amis me disent que je suis trop naïf, je me suis laissé surprendre. Il y a quelques mois déjà, une chaîne (France-Inter), nous ir;vitait à "Ecouter la dinérence", J'aurais dû m'en douter
- rien n'arrive eomme ça.
Cependant, je ne comprends pas pourquoi ils ont fait tout ce tintouin, changer tous ces hommes qui, à les entendre, répondaient aux voeux des auditeurs(trices). CE QUI ETAIT HEBDOMADAIRE DEVIENDRA MENSUEL Pour en avoir le coeur net, je suis allé les voir. Le blockaus du quai Kennedy ne s'est encore pas transformé en maison de verre et j'attends toujours les informations concernant les nouveau tés de France-Musique et FranceCulture, TF1 ct FR3. Antenne 2, plus courtois (sans excès) reste, de loin , la chaîne TV la moins avare de confidences. Pierre Desgraupes, le nouveau patron de la deuxième ehaîne est l'homme du changement. C'est lui qui le dit : "Nos projets se caractérisent par un mot : changemen t." Oui, mais dans quel sens? "Nous ne sommes pas là pour faire une télévision engagée" répond P. Desgrau pes. Effectivement, à regarder de près, le changement sur la deuxième chaîne se situe surto ut au niveau des structur es: "Déconcentrer le pouvoir entre des mains plus nombreuses, entre des sensi bilités plus variées" àdit le nouveau PDG. Cela suffira-t-il à faire sortir les di fférences des oubliettes dans lesquelles elles moisissent? "La télévision porte la voix, non de la France, mais des Français" ; "J'ai une vocation internationale, je suis un Européen de convict ion". Voilà des [lrofessions de foi qui font se demander si la télévi sion reflètera un jour sens ibilités de tOUles les composantes LE CINEMA ET LA TELEVISION EN 1980 TF1 A2 FR3 TOTAL ORIGINE DES FILMS Nomb. 1 Pourc. Nomb. Pourc. Nomb. Pourc. ! Nomb. Pourc. France 86 57,33 70 54,26 136 54,83 Il 292 55,4 U.S.A. 56 37,33 38 29,45 100 40,32 194 36,81 Grande-Bretagne 4 2,66 9 6,97 2 0,80 15 2,84 Italie 4 2,66 5 3,87 3 1,20 12 2,27 U.R.S.S. 4 3,10 3 1,20 7 1,32 Colombie 1 0,77 1 0,18 Allemagne (R.F.A.) 4 1,61 4 0,75 Pologne 1 0,77 1 0,18 Yougoslavie 1 0,77 1 0, 18 TOTAL 150 129 248 527 En ,1 ~80! sur 527 films d if~usés p.ar les trois chaînes, l'hémisphère nord était représenté par 526 (soit 99,82 Oio ) et 1 hemtsphère sud par 1 ftlm (SOIt 0,18070). Sans commentaire. 14 culturelles de la société française, régions, immigrations. Enfin, ,'ouvrira-t-elle sur le monde entier? La première grande réforme qui devrait intervenir sur A2 sera de "diminuer le nombre des émissions hebdomadaires, allonger la [lériodicité et ramener progressivement toutes les émissions, à l'exception de quelques unes , à une durée qui ne devrait [las dépasser 60 à 75 minutes" . En clair, les émissions qui se répétaient de semaines en semaines, seront désormais mensuelles. La différence est de taille . Quant aux [lrogrammes en tant que tels, ils ne subissent que peu de trans formations . Mais, ne désespérons pas "une émission de télévision est un paquebot, dit André Harris (TF 1), cela ne s'arrête pas comme une bicyclette". Pierre Desgraupcs est d'accord, le changement ne commence pas à date fixe, il y a des contrats qui ont été signés et des engagements pris par l'ancienne équipe. ANTENNE 2· ATTIRER VERS LA GRANDE MUSIQUE CEUX QUI, FAUTE D'INITIATION, NE SOUPCONNENT MEME PAS LES JOIES QU'ON PEUT EN TIRER Certains constatent déjà une amélioration dans la qualité des films et de quelques émissions proposées. En fait ce qui com[lte, c'est moins la "grille" que le contenu . Sous un même titre , on peut faire une émission ouvertc ou non sur les réalit és de not rc tcmps et les besoins des téléspectateurs dans leurs diversités . TF1 va faire de la musique son cheval de bataille . Une émission de J .-F. Kahn : "Sans tambour, ni trompette" retracera, une fois par mois, l'histoire à travers la chanson populaire. Une émission de musique "pluridisciplinaire" sera animée tous les samedis matin par Pierre Lattès. Alain de Sédouy présentera, tous les jours vers 18 h 30 "Un regard sur la génération des 15-20 ans à travers leur culture et leur musique". Enfin, Michel Legrand aura pour tâche d'organiser chaque mois "un grand plateau international, uniquement musical, avec des vedettes du monde entier". Le ciné-club sera désormais suivi de débats avec les animateurs des ciné-clubs de [lrovince. "Au théâtre ce soir" sera maintenu, un peu modifié, mais la chaîne envisage des co-productiom avec la BBC en ce domaine. Antenne 2 ne révolutionnera [las son canal. Guy Lux nous quitte (ce n'est pas du luxe) , ses émissions entrant dans la catégorie "médiocre ou usée". "Le Grand Echiquier" et "Apost rophe" continuent avec de sensibles modifications: sur la durée pour la première et sur la forme pour la seconde. Les émissions cl' Alain Decaux se transforment elles aussi. Nous y verrons des images ct des éléments contradictoires . La première de cette nouvelle émission: "Alain Decaux : l'hi stoire en question" sera d'ailleurs consacrée à l'affaire Ben Barka. Côté musique, encore l'émission "Chorus" de Philippe de Caunes, radiée des programmes en juin dernier devrait renaître. Mais, le grand boum reste la musique classique, puisque l'objectif poursuivit par Pierre Desgraupes est "d'attirer vers la grande musique ceux qui, faute d'initiation, ne soupçonnent même pas les joies qu'on peut en tirer". Une nouvelle émission mensuelle: "La musique au coeur" sera confiée à ... Eve Ruggieri. Une "émission d'initiation à la musique à l'usage des enfants" devrait aussi voir le jour. Et les variétés? Le directeur d' A2 regrette que les émissions soient devenues "les moins variées du monde: eilles exibent toujours les mêmes vedettes, trop visiblement liées au showbusiness et à ses objectifs commerciaux". Pierre Desgraupes aimerait' 'que les jeunes talents et talents inconnus aient accès à l'antenne . Aussi, auront nous le plaisir de voir une émission hebdomadaire, sous la responsabilité d'un "des rares jeunes talents que la télévision ait révélée depuis dix ans": vous avez reconnu Michel Drucker. LA TELEVISION EST LA PLUS GRANDE ECOLE DE FRANCE Le ciné-club devrait cesser d'être "un fourre-tout" et une grande émission "sur les rapports du cinéma et de l'histoire" devrait faire son apparition courant 82. A titre d'exemple, P. Desgraupes propose "d'étudier à travers des 15 19-21, Rue de la Glacière Tél. : 67.37.11 Faubourg de Roanne· 42 CUIRS & PEAUX FOURNITURES GENERALES POUR CHAUSSURES l Les Spécialistes de Moutons et Chèvres 8~, Rue Julien-lacroix 7~020 PARIS - Tél. 63653-18 - 636.81.39 COMMISSION • EXPORTATION rilms de mOlltage, la ca rri ère de Jean Ljabin, le mythe de J ean Gabin Ct vo ir à quoi, soc io logiq uemcnt il correspond". 1111 éres sant . l.a po litiquè du théâtre sera sensib lement la même sur A2 que sur TI: 1. L.es no u veaux programmes d 'A2 d ev ra ie nt comprendre d es é m iss io n s sc ient i lï q ue s c t d ' autres, nombreuses, en direct ion de la j euness. Pour les élabore r , un "conseil d cs progrnm Illes" reg ro upant des jo urnali stes ct des pe rso nnages externes à la chaîne a 0té con st it ué. 1:IU , très di scret sur ses int e nti o n s, l'o nserve sont émission d o mini c alr "Mosa'lque" , l'émiss io n-ghetto cn clchors de laque lle on parlc peu cles immigrés c t de leurs cultures . La t ro isiè l11e cha îne essaiera de devenir la véritable té lévision d es régio ns. COlllm ent ? C'est encore un mys tè re. En to us cas, ces premières éba uches de programmes ne co nst itue nt pas un changement radi ca l d' orie nt a tion. Jamais, à au cun moment, il n'a été questi on de ra ire de la dirféren-:e un at o ut e nrichi ssa nt pour lcs communautés viva nt en rrance. "La télév ision es t la plus grande école dc Fra nce " a dit Pierrc Desgraupes. Son rô le d 'éducat ion sera -t -e lle pl e inelll ent rempli e si des c ultures o u des formes d 'expression en so nt exclus ct si, comllle c'cs t le ca s sur A2 pour la musiqu e , on so uh a ite contraindre les ludi teurs( t ri ccs ) à accepter son point de vue . Les asso iffés de cultu res di verses ct diffé re ntes feraient mie ux de s'éq uiper en mat ériel radio. 350 NOUVELLES RADIOS SUR LA BANDE DE MODULATION DE FREQUENCE Les o ndes radio s , si elles ne pr uvent diffu ser cles film s, nous p roposent , au moins au ni veau mus ical, des programllles a llécha nt s. L'a pparition de raclios " li bre, " n'y est pas étrangère. Da ns 1 'rmelllbic de la Fra nce près d r 350 nouveaux é m e tt e ur ~ diffu se nt le urs programmes sur la ba nde de modulation de 1'1"(:'quence . Pour Paris ct sa banli eue on en compte DO, de quo i l'a ire to urne r en bourriquc plus d 'un couche -t a rd. Une prcu vc clu sérieux de cet te concurrcncc es t a pparue un peu part o ut sur les panneaux publicitairrs. RTL et Eu rope 1 n 'ont j a mai s a ut ant so llicit é les auditeurs pot e nti e ls . Bi en sm, la plupart de ces no u ve lles radios ne disposent pas des moyens financiers ct pro f'c ss ion neh dcs postes périph ériqu es, Ct ce lui qui promène son a iguillc l' n\l'e X8et 105 ivlh z ve rra to ut de s uit e la diffé re ncc . NI a is, malgré le côté arc haïque d e ces radi os , on ,l'nt une volont é de clirfu se r quclque chose de no uvea u . On ne sa it pas encore bien quo i, ct les anima teurs cie ces sta t io ns non plus probablelll ent, ma is chacun y trou \ie, selon les so i rs , pro gramme il son goCIt. Dès le départ, nombrcuses so nt ce lles qui ont tendu l'o re ille du côté de l' immigration ct du Ti ersMo nde . Il v a bien sur " Ra di o So le il" (98 ,2 5) la s tati o n fa ite pa r des immigrés, mais on re tro uve a usS"i la voix du peuple no ir sur d ' autres longueurs, so u ve nt le ,oir ; sur "Radio T omate (94 , 1), " Radio 1 \TC" (8 8,8 ), " Rad io ( jilda" (91), "Radio 1'0 1'l1l11" (98). " r réqucnce Tiers- i'vl o nd e" (92 ,8)... ,vlusique d'Afri q ue , d 'l\lllérique latinc ct d'Asie n'v so nt plus confinées dans d e-s ghe lt o.s cOl11me l'av ait fa it Fra nce Int er a \'ec " Bananas ", ma is so nt Dossiers de l'Ecran : une polémique int égrées à la programmat ion quotidienne , entre les Clash ct Bo bby Lapo inte. EUROPE N° 1 . NOUS PASSONS UNIQUEMENT LA MUSIQUE QUE PREFERE LA MAJORITE L.es radios libres res t ent le symbole de l'aventure . Celui qui pourra donner le programme prél'is cie l'une d'entrr e lle es t très fort. Les émissions se fo nt un peu au hasard d es renco nt rcs, le micro a cessé d ' êt re le mo nopole des "animat r urs pro fess io nne ls" . Ccux-c i d 'aillrurs sc me tt e nt à la page . Ils adopt ent les mo t s d 'ordre drs " amat eurs". De radio Mont r -Carlo à Fra nce Inter , on Il'rntencl p lus que cela: "Donner la parole aux gens." A radio Monte-Ca rl o , où C la ude Villers et Pierr'c Lescure Ollt COIllposé la nouvelle grille de pro gramme, on veut être une ra dio " plus proche des a udit eurs, une radio de service , de dialogue et de "IL AURA FALLU ... " L e 20 octobre, les Dossiers de l' é cran, l'émission d'Armand .Jammot, présentait le film d'Yves Hoisset, Dupont la joie. Le déba t qui suivait é t a it animé par Me Isodore Arag ones de la LIeRA, François Ravaud, m éd ecin e t anthropologue , Jea n-Louis Hurs t d e Libération, Tahar Ben Jelloun, écrivain marocain, Mohamed Messaoudi, Algérien victime d'une a gression raciste e t Paul Mercieca, maire de Vitrysur- Se ine. Et a u ss i par George Pau-Langevin, viceprésidente du MRAP. M a is ce ne fut pas sans mal. En e ffet, a p rès a voir été contacté à plus ieurs r e pri se s p a r une des co!laboratrices d ' Armand .Jammot pour obtenir adresses e t tu yaux di vers, le MRAP s 'était ape rçu qu'il n'était pas pour autant invité au débat. Après un communiqué d e protestation à la presse , et une réponse é galement par voie d e presse d'Arm a nd Jammot, su IV te d'une d em a nde d e rendez-vous à Pierre Des g raupes non s uivie d'effet, une dél égation du IVIRAP put enfin renc ontre r le resp o n sable d e l'émission. Albert Lévy el Armand Jammot. Ambiance très te ndue, propos ironiques ct agressions diverse s : "J'espère que vous n'êtes pas venus armés", déclare Armand .Jammot d'entrée. Et de tenir des propos très violents contre Albert Lévy, secrétaire national du MRAP. Il lui avait fait remarquer que l'interdiction d'antenne du MRAP aux Dossiers de l'écran depuis onze ans avait été sans doute le fait d' o rdre de Stoléru, et que cela ne dev a it p as continuer aujourd'hui. Après avoir tout d 'abord refusé la pré- 16 sence de la v ice-présidente du M RAP sous le pré texte qu ' elle était antillai se et que le débat portait sur le raci sme antiarabe - ce qui en dit long sur sa conception du racisme - Armand Jammot finit par accepter sa présence sur le plateau. Toutefois, le MRAP ne fut informé qu'à 16 h 30 le mardi 20 de sa participation à l'émission. Le cha ngement n'est pas partout. Des pratiques de discriminations demeurent. La vigilance doit continuer à être la rég ie. DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 pa rt icipa t io n . Cc Ill' sc ra plus la rad io des vede tt es , mais surtout l'è lle de ce ux qui l' ecou te nt". En rcgard a nt la ra ill euse grille on peut néa nl1loin .s sc poser des quest ions sur la comj)osit ion de l'auditoire de Ri\'IC Si les illlllli grés ve ul ent e llt cndre parl er d'eu x, ils dev ra ient sc bra nch er rapidem e nl sur 140() mètres gra nde, o ndes a va nt l'c ntr; en vig ueur des no uvea ux programIll es. ;\ -t -on , ettl ement pense ù Rvle :1 in c lu re dam les programmes mus ica ux , Ie .s r vt hmcs si chauds du Bass in ;l1édill'rranét'n 1 Une quesl ion :1 la quelle un des respon sables du se rv ice de presse de [ urope 1 répond franchelTIent
- " No lIS JlilSSOJlS la mll ,si que
qu e prd'L're la maiorill:. " l'our le reste , Euro pe - 1 s 'en remet pro ba bl eme nt a ux ma iso ns dl' di sques ct a ux d isquaire, Spl' ciali ses '! Même son de c10 chc sur Fra nl'eInter. Qua nt il RTl. , la question ne se pose mêl11 (, pas , nos question, s se so nt perdu es clans le Illl'Ille silcnce qu'ù FRJ. Pourtant, il la l'adio , co ml11c à la télévi sion , le ch a n uemcnt ne devra il pas ê tre si ditï~ l' il e ù réaliser, plus cie 49 (Iio des oe u vres diffu sées par les radios sont d 'o rig in e étrangè re (e nt e ndo ns-nous: anglo-sa xonne ). Cela pourra it lai sser cro ire que le reste du monde ne pro duit ri e n , cc q ui n'cSl pas le cas. Que sc passe-t -i l '1 O ù es t passée lïndépendance de la radio ') Qui osera nou s dire, fa ce Ù l'CS chifl'n: s, que les programmes sont établis dans le respec t de la plmalité ct des se ns ibilit és de tous ') Sans pa rler cie Fra nce-i\,lu sique ct France-Cu lture q u i se mblent ê tre , à to uS iama is , rése rvés :1 "l 'élite" ! I! . Une racl io, pe ut-ê tre , essaie cie s'en sortir : " Ra dio J.' ra nl'C Itllernati o nale" , la sc ul e q ui nous ait proposér de ve nir sur place constatcr la différence. Cetlc stati o n , ct notamment la chaîne sud à dcs tinati o n de l'Afriqu e , que l' on pe ut capter cn Francc sur 49 mèt res o nd es co ur tes , es t en pl e ine e lï'c r V'esce nce clc puis le d épa rt de l' a nc ienne équipe. I.e no u veau rédacteur en chef. Foued BCIl Allah , est issue de la rédac ti on et le d irel' tr ur M Bourges, n'es t plus à prése'nter: (anci en sec réta ire de Ben Bella M. Bourges a d irigé l' école d~ journalisme de Lille ilvant de travailler ù l'UN ESCO sur les problèmes de la coopéra ti on. C'est un homme qu i connaît particlllièremrnt bi en le Ti ers-Monde ct notal\1m e rH l'Afrique ). A RFl , il fa ut lo ut cha nger. Alors, pas de préc ipit a ti o n , mais le dépa rt de l'anc ienne équipe permet q uand même beaucoup de chose, bi en qu ' il faille a tt e ndre janvier po ur la nouve lle grille de programmes . Déjà , le co nt enu d l' l'information a changé. De plu s , les journalis tes la t ra it e nt dill0rcnlll1cnt: "plus ra p id e, plm l'aclio , mais SUl"tou t " de maniè re pilis large ". Deux premiè re, o nt étl; réali sées en que lques sema in es : un repo rtage l Mai so ns-Alfor t sur la fëte du mo ut o n da ns une co mll1una ut é ma li enne , un autre sur la ma nifesta ti on du 'VIRAI' devant l'ambassade d'Afrique du Slid. I.cs journali stes qualifient leur anci enne stati on dl' "Radio tceshirt " en ra ison du niveau dl' son l'llllt cnu . Auj o urd ' hui, la musiquc afl'ica ine , ba nn ie depuis près de quatre am, es t dc IHlll\"Cau diffu sée , le magaf inc c in éma , a bsent depui s lin an a re pri s . Déso rmai s, les jo urn a li stcs sortent dc leurs bureaux et se p réc ipit ent sur l'événemcnt, les émi, sions cn direct n::pre nllcnt. Lcs proj ets sont auss i 110111 - brellx : des él11i ss ioll.S en lan"Lles swahili, kao ussa et ara be, COI~1Il1C le rait d&jà la R. B.C. , par exem pl e , ma is auss i un temp s d 'antenne plus long, une diffu sio n plm la rge (ve rs l' Amériquc la tine not ,UIlI1lCnt). Les a nima te urs vculent auss i raire pro fit e r le..s rr an~"i s de leur po sition p ri vil ég iée en fai sant conna Îtrc les pavsan s africains aux paysans fralll;ai s . Un Illaga- 1inc culturel tr a itant de la cull~lrc a fric a inc en f' ranl'e ct en Europc csl prê t. Enfin , on in s iste sur les informations ct leur co nt enu . RFI, si elle es t la vo i,\ dc la Fra nce il l'l'tranger ne ve ut pas sc 1 ransformcr cn une radio de p ro paga nde. Ft , c hose qui n 'a ja nwis été faitc , le, journa li stes a imerai enl bien aller sur le te rrain e n pér iode de cri se. Aucun d 'entre eux, en e ffet, n 'est all.è en Ce ntra friqu e , au lalre, en (jambir ou au Tchad lU 1110lllent où la presse internationale faisait la une sur ces pa ys . I.'ambiance de la sta ti o n est très c hale ureuse , presque fa miliale. Après tant d 'a nnées de fru strati on po ur cert a in s . o n n ' hésite pas à éla bo re r les proj e ts les plus fou s. On sait que M. Bo urges est un homme d 'acti o n . - Alors , lo rsq ue l'o n rencontre des ge ns comme ce ux de RF I, on sc dit que l'es poi r es t permis. Tout n' est pas perdu. On regrette quand même qu'il n'en so~ pas de mêmr pa rt o ut , car si les changements so nt nombreux on a parfois du ma l à "éco ut er la différencc" . Marl' MANGIN 17 GIL'MAX VETEMENTS DE PEAUX ET FOURRURES 176, rue du Temple 75003 PARIS 278.35.65 278.38.13 Métro: République - Temple prêt-à-porter 36, rue du Caire - 75002 PARIS Tél. : 233_75.63 MARCY PRIET A PORTER 129, rue d 'Aboukir 75002 Paris - Tél . 23666.89 Expliquez-moi31 mai 2011 à 14:43 (UTC)31 mai 2011 à 14:43 (UTC)Charles 31 mai 2011 à 14:43 (UTC)§ ~~§êê31 mai 2011 à 14:43 (UTC)31 mai 2011 à 14:43 (UTC)31 mai 2011 à 14:43 (UTC)~§~D~IF~FÉ~RE~N~CES~NO~ViEM~BiRE~81 WALLONS, FLAMANDS OU ... BRUXELLOIS? l'abord donc, le problème dit lin- i "la grève du siècle" (décembre sans mal) à se forger une cons- tains moments ou dans certains un signe parmi d'autres d'une L a crise qui vient de déboucher en Belgique sur de nouvelles élections législatives, le 8 novembre, a une triple épaisseur: politique, économique, institutionnelle. C'est 'ians doute cet te dernière qui est la plus complexe ct qui paraît la plus impénét rable. Depuis la format ion de la Belgique indépendante (1831), il existe dans ce pays d eux peuples ct deux cultures. Les Flamands y onl toujo urs été majoritaires. Mais la bourgeoisie qui a conçu ct rédigé la Cons tit ution libérale de 1831 ct qui a réussi au XIX" siècle l'industrialisation de la Belgique - surtout de son sillon sud - cette bourgeoisie était francophone. Elle a imposé le français comme seule languc officielle, reléguant le flamand (1) au rô le de " langue des servantes", cependant que la Flandre restait très largement rurale. Dès guist ique avait une forte charge 0.: . 1960-janvier 1(61). une exigence cienee régionale. Mais elle n'a secteurs, prend une force très certaine montée des périls. socio-économique. II n'e xiste pas 1 toujours actuelle a pris une con- encore ni sta tut, ni pouvoir, ni réelle; solidité du tissu démocra- Mais ce qui constitue l'élément le à l'état pur. sistancc de masse: ce lle du fédé- compétences de région. Tout cela tique et de la vie associative. plus marquant en cette période L'aspiration du peuple Ilamand il ralisme. Parce que la Flandre, de est d'autant moins simple que Mais les pal'tis qui se succèdent électorale, c'est la mobilisation la reco nnai ssance ct au re spect de demandeuse était devenue domi- Bruxelles compte 20 % de néer- au pouvoir (pour l'essentiel les de la jeunesse et des milieux les ses droits culturels a été lon g- natricc , parce que le pouvoir landop il o nes et 80070 de franco- deux partis sociaux-chrétiens et plus divers contre la course aux temps occu ltéc, notamment en jouait systématiquement d'une phones, parmi lesq uels une très les deux partis socia listes) (3) ne armements et pour empêcher le rlison du rayonncmcnt int erna- communauté contre l'au tre. la forte concentration de travai l- sont parvenus ni à régler le dos- déploiement d 'e uromissiles. tional du français et de la superbe Wallonie ne pouva it plu s le urs mi grlnts. sier in stitu tionnel, 11i à faire recu- Cette mobilisation-là, à la fois ue la classe dominante. Il aura s'accommoder des structures uni- La cri.se économ ique est venue 1er le sous-emploi. Au contraire. raisonnée et ardente, rend confallu des batailles âpres. souvent ta ires et très ccntralisées de l'Et a t aggraver les données d'un dossier les atteintes au niveau de vic ct fiance à ceux qu'inquiète le pourobscures ou ambigües, pour que belge. uilTicil.e : la Wallonie est particu- aux conquêtcs sociales, aggravent rissement des dossiers institutionla la ngue flamande conquière sa Le flamand de fiche, c'est du cin . En 1970. une révision cOl1stitu- lièrcment vulnérable, avec ses la crise. Le désarroi et le méco n- nels et économiques. place dans l'enseignement, la jus- Le wallon de ce groupuscule d'extrême-droite est vrai. tionnelle reconnaissa it que "la structures industrielles arch~ù- tentement SOllt très répandus. Ils ti ce, l'armée, l'administration, l'vIais pendant 4~ le retard cultu- moment, la Wallonie, clont la Belgique de papa" avait vécu: ques , mais la Flandre aussi COI1- se doublent d'un discrédit de la les en treprises. Aux yeux des re l de la communauté flamande prospérité était fondée sur le elle mettait en oeuvre l'existence nait de terribles poches de chô- "classe politique", qui rejaillit. nationalistes flamands, ce long se résorbait de manière souvent charbon et l'acier. était en perte cie trois régions. Trois, eh ! oui, mage. Le taux de chômage de la hélas! sur le système parlemenprocess us n'est pas encore ter- offensive, la Flandre ct la Wallo- de vitesse. Depuis quelques vous avez bien lu . Car s'il y a Belgique est le plus élevé de la laire. miné, alor' que pour un certain nie suivaient des évolutions éco- années, elle ressemble - du deux communautés culturelles , il CEE, après l' Irlande. D'autres nombre de francophones, sur- nomiques très différ en te s. moins clans certains coins - à un existe trois régions, la Wallonie, records donnent sa spéei ficilé au tout bruxellois, il est allé beau- désert économique ou à un si te la Flandre et Bruxelles. La capi- pays: taux de 65 070 de sy ndicalicoup trop loin. En tout état de L'industrialisalion (secteurs de d'archéologie indus trielle. Les tale ne peut et ne ve ut être sation des ouvriers et employés cause, les traumatismes so nt pointe)aprisunegrandeampleu r combats ouvriers n'ont pu que réduite,niùl'une,niàl'autredes (contre environ 25 (t/o en nombreux et certaines plaies tou- clans le nord du pays après la retarder les échéances, Au cours grandes régions. Elle a son iden- France); existence d'un "front jours prêtes à saigner. seconde guerre mondiale. Dès cc de ce qu'on appelle en Belgique tité propre et est occupée (non commun syndical" (2) qui, à cer- La Droite alimente le malaise et en appelle \ un régime musc lé . L'extrême-droite se nourrit de l'angoisse du lenuemain sec rétée par la crise, attise la xénophobie CI le racisme. L'attentat ant ise'mite du 20 octobre ù Anvers est Oe Bruxelles Rosine LEWIN (Il On di l auiourd ïllli Je nécrlalldàis. (2) Il Ullil lb; );.. ('lclion les membres de la h .:·dc.:'fa lioll gl'n0ra lc dll Travail de bélgiquc Il,(;TII) Cl dc la COllkderalioll des SYIllJi - cal'. C hrèliclI' (S(iC). . (.1) /\ Ulle cxt:cp lion pre;.., cclle dll Parli COmllltllli",ll' dc Ikl~i411C. [Oule\ les formaliol1'- poliliqlln "'0 Il 1 :-.ci lldècs Cil Ieu .x, \l'Inn 11.: L'li\ agc li Ilf!Ui ... r iqlJL', UN NOBEL VAUT UN MILLION été faites qui démontrent que certaines tendances se font jour. Les hommes d'abord son t très largement majoritaires, et les EtatsUnis viennent de très loin en tête. D'une façon générale 13 pays sur 49 se partagent 432 lauréats sur 528. On s'aperçoit aussi que certains pays sont à dominante sciemifique, Pays-Bas, Autriche, USA, Grande-Bretagne, Allemagne, tous pays anciennement industrialisés et possédant les infrastructures nécessaires au travail scientifique, qui est un travail d'équipe. Par contre d'autres pays, Italie, Espagne ou Amérique latine sont lauréats des prix de littérature qui ne néeessitem que du papier et de l'encre, et une richesse de traditions culturelles. En fin certains pays ne sont jamais sur la liste, le Portugal, la Grèce ou les pays d 'Europe de l'Est. .. En ce qui concerne les Nobel de la Paix, les bénéficiaires font généralement partie d'organisations internationales, c'est-àdire les structures les mieux placées pour mener une action, avec de nombreuses exceptions dont la dern ière était en 1979, Soeu r Térésa . LE MESSAGE DES IN, DIENS FRILH comme inévitab les, au lieu d 'y voir un phénomène politicoéconomique. Le progrès doit se mes urer au bien-être des individus et les Indiens laissent les hommes libres d'en juger sur une Terre où les deux-tiers des hommes son t sous-alimentés et vivent dan s le sous-développement matériel et cult urel. Quant aux aut res, ils son t cont raints de vivrè dans un monde d'égoïsme et de compétition avec les autres hommes . DE COURONNES Elias Canetti, Prix Nobel de littérature, mais Garcia Marquez, vexé de ne pas avoir été couronné, c'est une des innombrables anecdotes (1) qui constituent la grande opération de prestige qu'est l'attribution des Prix Nobel chaque année . On cannait en général le lauréat du prix de littérature ct celui de la Paix. Il y a aussi les inconnus, brusquement attirés en pleine lumière, les Nobel de physique, d'économie, de médecine . Tous reçoivent ainsi du jury suédois une certaine forme d'immorta lit é, et, ce qui n'est pas négligeable, la coquette somme de 1 million de couronnes, soit plus de 1 millions de nos francs. A l' origine, un homme, Alfred Nobel, né en 1833 à Stockholm, un chimiste au coeur internationaliste, qui était aussi homme d'affaires. Il inventa la dynamite, construisit un empire financier , et à sa mort, légua son immense fortune au monde afin que soient a ttribués des prix à ceux qui auraient rendu à l'humanité les plus grands services dans les domaines de la science, des lettres et de la paix, sans discrimination de races ou de pays. La première Albert John LUluli, fondateur de l'ANC d'Afrique du Sud obtient en 1960 le Nobel de la Paix. remise de prix eut lieu en 1901. Cette année-là, c'est Henri Dunant qui reçut le Prix Nobel de la Paix , et Sully Prudhomme celui de la littérature. La Fondation Nobel fête aujourd ' hui son 80e anniversaire. Elle est présidée par le pr Ulf von Eeulen (le président est nommé par le roi) et dirigée par un collège de cinq membres élus. Elle demeure une institution libre et indépendante grâce au capital de 35 millions de dollars placés en valeurs immobilières notamment, ce qui lui permet de maintenir la valeur des prix malgré l' in filtration et de subvenir aux dépenses nécessaires an travail d 'information et de sélection. Le 10 décembre de chaque annèe, date annivCTSaire de la mort d'Alfred Nobel (1896), a lieu la remise des prix par le roi en une manifestation solennelle à laquel1le assistent 2000 personnes triées sur le volet, et qui est généralement retransmise par toutes les télévisions du monde. 18 La sélection se veut évidemment la plus objective posible . Toutefois des études statistiques (2) om Quoiqu'il en soit, avec ses imperfections humaines, le Prix Nobel reste la plus haute récompense et bien sûr la plus briguée. Anne LAURENT (1) La Course au Nobel, par N. Wade, édit ion ~ Sylvie Messinger. 12) "'obétisés el nobêlls8btes, par Jean Chri'lophe Doré el Etisabelh Gordon , in Le Monde des Sciences el des Techniques du mercredi t4 octobre 1981. D'AMERIQUE On parle beaucoup des Indiens d'Amérique depuis quelques temps. La voix indienne s'est encore élevée en septembre dernier aux Nations Unies à Genéve . La commémoration de la Journée Internationale de Solidarité avec les Peuples Indigènes des Amériques le 10 octobre, a vu une très nombreuse assistance se presser dans les amphithéâtres de la Faculté de Droit de Paris. Pour se documenter, bien sûr, mais aussi pour dialoguer avec les Indiens présents, et pas seulement sur leur situation actuelle après cinq siècles de génocide et d 'exploitation coloniale , ou sur leurs légilimes revendications de nations souveraines pour l'auto-détermination et l'identité culturelle. C'est que l'Indien a aussi un passé à revendiquer. L'Indien, en tant que peuple et culture, est le fruit d'une civilisation millénaire. Elle lui a permis de trouver des solutions originales à sa survie et elle en propose d'autres pour l'avenir que les Occidentaux devraient méditer, car elles concernent la survie de l'espece toute entière . Les Indiens des Etats-Unis sont aujourd'hui les victimes d'une nouvelle "ruée vers l'or" : l'extraction èt le Irailemem de l'uranium situé dans les territoires des "réserves" . Ils son t expropriés, déportés, spoliés, empoisonnés à cause de l'uranium. On tente de les faire dis paraitre en leur déniant toute identité nationale et culturelle. Ils sont atteints par le cancer à des taux plus élevés que partout ailleurs . Les malformations à la naissance son t nombreuses. On doit installer sur leurs territoires des rampes de lancemem de missiles MX qui feront d'eux les cibles privilégiées de "l'ennemi". Tout cela au nom du "progrès" et de la défense du "monde libre" . Au Brésil, les Indiens continuent de disparaitre en reculant devant les Blancs dont la soif de profits est en train de détruire la forêt amazonienne, véritable poumon de notre planète, dont la disparition mettrait en péril l'existence future de celle-ci. Pour finir, la course aux armements nucléaires agite devant les hommes la perspective de l'Apocalypse. Les Indiens pensent détenir le secret de la survie de l'espèce. Ils proposent une autre voie aux hommes, la voie indienne, celle qui dit qu'ils ne doivent pas faire de mal à la Mère la Terre, que l'homme ne survivra que s'il vit en harmonie avec son environnement naturel. Les Indiens proposent un autre choix de société. Ils demandent aux hommes s'ils sont prêts à abandonner les modes de vie artificiels et superflus qui les enehainent à une société aliénante et suicidaire . Les Indiens ne proposent pas un retour en arrière quand ils dénoncent la société technologique. La question de la technologie, c'est en réalité celle du contrôle de la technologie . Beaucoup de gens acceptent l'idée de la technologie avancée comme si c'était réellement une question de progrès humain, ce qui n'est pas forcément vrai. Et trop de gens acceptent lesdits "progrès humains" 19 On parle beaucoup des Indiens aujourd'hui, et de plus en plus. Leur voix s'élève maintenant dans les instances internationales, elle trouve écho parmi ceux qui, à travers le monde, sont soucieux de la survie des générations fut ures . Longtemps étou ffée, cette voix ne peut plus, désormai s, êt re ignorée. Au-delà d 'eux-mêmes, les Indiens proposent à tous les hommes un monde fraternel et humain et ils sont prêts à partager leur connaissance de ce monde-là. En 1977, à Genève, Gren Lyons, de la nation iroquoise, déclara: "Quand j'étais enfant, on m'a dit qu'un jour peut-être, l'homme blanc grandirait assez pour demander: Comment allons-nous sun'ivre ?" Ce jour n'est peut-être plus éloigné, grâce aux Indiens. Robert PAC Si tous les hommes sont égaux devant la mort, tous les morts ne sont pas égaux devant les hommes. A ccueillis en lÇu!ope p~r. d?~leurs, fleu~~ et angoisses, ils sont ailleurs fê~és, dan~ la J~,e ou ~ellberement oublies. Autant de rites et ceremonzaux a en faire retourner plus d'un dans sa tombe. RUSH/ ZACHMANN LE TOUR DU MONDE DE LA MORT M on dieu, soupi- , rait ma grandmère, comme les enterrements sont devenus mortels !" C'était bien vrai, et comme Georg~s Brassens elle regrettait "Les jolis corbillards d'antan". A présent le mort est expé?i~. Ma g~andmère etait privée de ceS veillees funebres, de ces prières, de ces banquets où elle retrouvait toute la famille réunie. Parfois des cousins de Lorraine traversaient la France pour accompagner jusqu'à sa dernière demeure un défunt qu'ils ne connaissent pas, la plupart du temps, même en photo. Les retrouvailles, ma foi n'étaient pas tristes et tout ce petit mo'nde endimanché et en souliers crissants ne perdait pas une occasion de ~e resserrer autour de "son mort". Et pUIS on en profitait pour aller faire un t?ur sur les tombes, enlever les mauvaises herbes et rafraîchir les bouquets de plas- 20 tique. Le soir, on faisait des veillée.s, on parlait des absents, et on se donnait des nouvelles ... Personne sans doute n'a mieux raconté ces enterrements que Pierre Jakez Helias dans "Le Cheval d'orgueil" : "le moribond lui-même est en représentation devant sa communauté. Lui et sa famille savent qu'il joue son dernier rôle. Si misérable soit-il, il est vedette pour une fois. Il a le souci de laisser en ordre ses affaires ... A-t-on fait referrer le cheval bai? En ce temps-là, quand un cheval va mourir, on lui enlève ses fers. D'ou ces dernières paroles au paysan: "me voilà defferré pour de bon ". La représentation commence avec l'extrême-Onction. On meurt en public ... Dans la maison du moribond, tout est prêt ... tout le pays est en alerte, on se prépare à lui rendre les derniers honneurs. Quand c'est fini, les cloches de l'église tintent le glas. Dans la chambre du mort, on a arrêté l'horloge, voilà les miroirs, caché les bibelotsfutiles. Les habilleurs de la mort s'affairent en silence autour du cadavre. On arrange le lit pour la parade. On recouvre ses parois intérieures de draps et de toiles. C'est la CHAPELLE BLANCHE. Sur le banc du lit un rameau bénit trempe dans l'eau bénite d'une assiette blanche. Le corps est veillé pendant deux ou trois jours, les voisines sont venues s'occuper des tâches domestiques. Puis on va avertir tous les membres de la famille, jusqu'aux cousins issus de germains. Pour être convié, il faut attendre la venue de l'envoyé spécial. S'il ne vient pas, c'est que vous êtes sortis de parenté, quelle humiliation pour vous! Pendant la veillée, on boit, et quelquefois le tapage est tel que les femmes sortent de la chapelle blanche pour faire taire les tapageurs. Le diseur de grâces est un des plus importants personnages du cérémoniel mortuaire. Quelquefois, il s'emporte en paroles sacrilèges, mais le diseur trouve des mots qui touchent plus que ceux du prêtre pour évoquer le défunt: son récit, ses lectures de l'évangile ressemblent parfois à de houleux psychodrames. Le deuxième moment marquant est l'arrivée du menuisier et du cercueil. La caisse de chêne ou de chataîgnier est tapissée de ses propres copeaux, le dernier lit du défunt ... Les membres de la famille s'approchent du défunt par ordre de parenté... Un dernier arrêt pour permettre un dernier regard. Alors se déchaînent les sanglots ... peut-être en souvenir du rite des pleureuses à gages? Le convoi s'ébranle, les coix en tête, le prêtre devant le corps, les porteurs de couronne derrière ... Les hommes et les femmes sont séparés comme toujours ... Ensuite, (à l'Eglise) l'office funèbre déroule ses fastes en Latin. A bras le cercueil ets sorti de l'Eglise. Un goupillon trempe dans un bénitier. Chacun trace le signe de la croix sur la cai',se. Les funérailles s'achèvent sur le repas d'enterrement. " A mazonie. Comme elle est loin la Bretagne d'Hélias et ses petits corbillards, ses cimetières blottis contre les églises! Les Yanomami n'enterrent pas les morts. Pas de tombe ni de souvenir: tout le rituel au contraire s'efforce d'en effacer la trace. Quand le rituel est fini aucun objet, aucune marque du défunt ne pourra le rappeler à la communauté. Le jour du décès, et le jour suivant les habitants se rassemblent sous l'auvent communautaire. "Les femmes sont assises en rond, près du mort, les hommes en retrait, avec leurs arcs. Ce sont des heures de désespoir violent, les femmes se frappent les cuisses et les hommes font claquer les cordes de leurs arcs, car le bruit est indispensable. Puis on fait l'éloge du mort, on rappelle ses liens de parenté mais il est interdit de prononcer son nom propre. Cet interdit va persister, on ne donne pas aux enfants des noms déjà portés, même par des vivants" .. . Jusqu'à la nuit, la douleur explosive alterne avec des silences profonds. On se parle , on dit: il est évanoui, il est parti. On ne dit jamais: il est mort. On efface toute trace matérielle de lui, bientôt son corps et ses objets personnels seront détruits. Auparavant une danse a lieu sur la place centrale, pour exhiber ses affaires. On détermine le responsable de sa disparition, la mort doit être rendue à celui qui l'a causée, car pour les Yanomami elle n'est jamais naturelle ... La nuit du premier jour on fait du feu près du corps, et au matin les femmes parentes du mort se teignent les pommettes avec une pâte noire. Elles laisseront le temps seul les "démaquiller". Un parent nettoie la place centrale où va être installé le bûcher, un autre creuse le mortier où seront recueillis les os calcinés. Le bûcher est prêt, les lamentations reprennent, le mort est paré de ses plus belles plumes et placé sur le bûcher au milieu des clameurs. On brûle aussi une partie de ses affaires, le reste est partagé par la parenté mais sera également détruit à l'occasion de la consommation des cendres. On nettoie l'emplacement du bûcher tandis que les adolescents peints en noir font le tour de la place avec leurs arcs et leurs flèches, en criant. Les gourdes remplies de poudre d'os sont accrochées à l'auvent. Après l'incinération, les poudres seront peu à peu avalées. Avant chaque prise ont lieu des cérémonies préparatoires. Les cendres sont absorbées selon des règles bien précises, "recueillir les os de la main droite, les mêler à la compote de bananes, ne pas faire de bruit pendant le repas, laisser aux hommes seuls ces préparatifs etc ... " Ils veulent montrer que manger les os du mort n'a rien à voir avec la cuisine, d'habitude faite par les femmes". "En consommant les cendres des morts, les vivants s'assimilent ceuxci, c'est à travers le rituel funéraire que 21 la société se perpétue, plonge dans le passé et s'y rattache encore pour échapper au néant".(cf. H. Clastres et L. Lizot dans LIBRE). Face à l'attitude des Yanomami, l'attitude américaine est tout à fait opposé: non seulement on embaume les morts, mais le rêve de beaucoup d'américains est de se faire congeler à la seconde même de son décès, afin d'être réchauffé et ramené à la vie où la science toute puissante pourra tout guérir, même de la Mort? Ces congélations connaissent à l'heure actuelle quelques déboires, certaines familles coupant le courant du "frigo" qui leur coûte trop cher, d'autres se faisant arnaquer par des marchands d'espoirs, mal équipés. En attendant de ressusciter, les corps se décomposent. L'éternité n'est pas pour demain! On guérit l'angoisse par tous les moyens même publicitaires: "Les cercueils Chambers sont simplement magnifiques Ils sont faits de bois de santal et de sapin Si les Etres que vous aimez sont en train de passer faites les passer par Chambers! Tous les clients de Chambers chantant en choeur: Mort ô mort, où est ton aiguillon ?" tel fut un des innombrables slogans radiophoniques des Funeral Parlors américains, dans les années soixante, "mourez, disaient-ils, nous nous chargeons du reste" ! Les Funeral Parlors (toujours en vogue mais avec un zêle moins tapageur) prenaient le corps en charge, de l'appartement jusqu'au cimetière. Il était embaumé, maquillé, manucuré et habillé. Il y avait des couturiers spécialisés et même des défilés de mode "pour" les défunts! On vous offrait des catalogues de vêtements mortuaires qui étaient sous-titrés d'une façon tout à fait charmante: dernier souper dernier soupir cela allait du négligé modèle ville à la robe du soir, et l'on pouvait choisir pour sa "morte" un soutien-gorge spécial pour soutenir les formes, voire les "restaurer" ... Par exemple il était bien tentant d'acheter des chaussures KO ZEE à semelle douce et rembourrées pour effectuer confortablement le grand voyage ! D'ailleurs le défunt - très élégant - donnait une ultime réception mondaine et religieuse, allongé dans son cercueil capitonné d'où s'échappaient des flots de dentelles. L'idée fut poussée jusqu'à la caricature. Un défunt P.D.G. accueillit sa famille à son bureau ! ... On 22 n'hésitait pas non plus à recourir à la chirurgie esthétique pour faire sourire le mort. Ainsi les morts sont-ils devenus sereins! Ce rituel amencain est une représentation théâtrale , destinée à provoquer une mémorisation flatteuse du mort. Dans le décor qui l'entoure on s'arrange (c'est toujours ainsi) pour le rehausser dans son niveau social. On l'habille plus chic qu'il n'a été de son vivant. Il faut éblouir les parents endeuillés afin de mettre du baume sur leur chagrin . En quelque sorte cette disparition devient une réussite . .. Pendant le service funèbre, des fleurs entêtantes, et des orgues douces vous anesthésisent. Les amis, la famille touchent longuement la main du mort. Sous sa peau circule un liquide qui la rosit et lui donne l'apparence de la vie. L'embaumement n'est prévu que pour 4 ou 5 jours, le temps des funérailles. Le cercueil est finalement transporté par un système pneumatique dans une fort luxueuse voiture, et amené au cimetière où la famille ne se rend généralement pas. L'incinération est une pratique assez courante, et dans ce cas le mort intègre son domicile sous la forme d'une jolie petite urne funéraire. Dans le film Lolita, la mère parle aux "mânes" de son époux qui se trouvent sur la commode, et dans Péché Mortel il y a une très belle scène où Giene Tierney galope à cheval sur les collines tout en répandant les cendres de son père. Aux USA me dit Eliane George qui vient d'écrire un ouvrage sur les rites funéraires (éd. Berger Levrault) les gens sont complètement dépossédés de leurs morts qui reviennent presque à l'état de fantasmes . Ils n'ont aucun contact avec la réalité de la mort, qui est escamotée, maquillée. Eliane George a réussi à mettre la main sur un catalogue professionnel pour embaumeurs, catalogue de Frédérick Strub. Il vise à convaincre les Thanatopracters que l'embaumement est impératif dans TOUS les cas : "Un corps mal préparé dans un magnifique cercueil donne une impression quasi incongrue qu'une jeune femme faisant son entrée dans une réception vêtue d'une somptueuse robe mais avec des bigoudis sur la tête t" Il y a d'autres coutumes intéressantes sur le plan symbolique, d'après E. George. On a toujours pensé que les morts fertilisaient le sol, cette pensée se retrouve partout, même dans les rites chrétiens au moyen-âge; on dispersait le corps en plusieurs endroits, quand il s'agissait de morts très glorieux. Dans le monde rural les morts étaient la semence de la terre, les fécondateurs. Or, en ce moment, aux USA il y a un nouveau commerce florissant, un trafic d'avia- !eu~s, q,ui rassemblent des cendres des mcmeres et vont les répandre dans le ciel ~u-dessus de la Baie d'Hudson. A 1 heure de la conquête spatiale le ciel a~ssi bien que la terre, a le drdit d'êtr~ fecondé .. . L e rituel chinois, funéraire tel qu'on le trouve intact, à Hong Kong et à Taïwan, est d' une extrême complexité et d'une grande richesse symbolique. Les fam!lles n'hésitent pas à s'endetter pour offm des funérailles grandioses particuli~ rement s'il s'agit d'un aieul très âgé, tres respecté et ayant une nombreuse descendance. Alors l'enterrement peut durer une semaine. Cinq maîtres taoistes dirigent les cérémonies cherchant par des prières, des offrandes et par la méditation à obtenir des mérites pour la mort , ainsi que le pardon de ses fautes . Au cours de deux longs voyages chamaniques, ils vont délivrer l'âme du défunt emprisonnée dans les régions infernales, gouvernées par le grand Empereur du Pic de l'Est. (Il tient les registres de la vie, de la mort, des destinées, des existences successives des âmes.) Des médiums en transe portent le Palanquin ~)U la chaise de divination avec lesquels lis entrent en communication avec le mort. Des musiciens, des marionnettistes, et même des troupes de théâtre et des acrobates jouent devant les membres de la famille revêtus de chanvre grossier. Les hommes portent des chapeaux à deux pans pour cacher leurs larmes et ne se raseront pas pendant cent jours. Tout cela pour accompagner le mort au Paradis et peut-être lui donner un avantgoût de l'univers merveilleux qui l'attend! La mise en terre est dirigée par un géomancien qui choisit le site et l'emplacement de la tombe, et détermine avec une boussole la position du cercueil, car de cette direction dépendra beaucoup de choses favorables aux héritiers ... A l'extérieur du village on brûle une maison funéraire en papier avec tout son ameublement et son contrat d'achat. On brûle aussi des monnaies d'offrande pour rembourser la trésorerie céleste des dettes que le mort a pu contracter. Puis on invite les voisins à un grand banquet. Pour tous les chinois, qu'ils soient confucéens, boudhistes, taoïstes et même chrétiens, les êtres ont une âme céleste (divine) et terrestre (démoniaque). "Tout être et toute chose dans l'univers sont constitués d'éléments primordiaux appelés souffles: le ciel est fait de souffles légers et purs; la terre de souffles lourds et vils. L 'homme réunit les deux essences. A sa mort, les Hun, âmes de la substance légère, quittent le corps et se rendent dans la région des morts. Les Po, âm.es du corps matériel, prennent possessIOn du corps libéré de la censure des âmes supérieures. Le cadavre non encore inhumé selon les rites est capable de sortir de nuit et d'attaquer les Vivants , Même après l'enterrement, les restes humains peuvent exercer une influence néfaste sur les environs, " (cf. P . Fava, La Chine redécouverte). La mort doit advenir au terme du destin ma!s l'exercice de la vertu et les bonne~ a~tlons peuvent prolonger la durée de la vIe . M orbidité américaine, subtilité chinoise, philosophie indienne, il y a bien des manières de conjurer la Mort. Pour les Mexicains, elle joue un rôle essentiel obsessionnel, elle est le double de la vie: "Le 1 er et le 2 novembre voient les villes s~ couv:ir de squelettes, jouets, pâtissenes, pams, pantins qui rendent la mort familière en s'en moquant." Les morts reprennent vie, il faut s'occuper d'eux , les contenter, les cajoler. On va au cimetière, on leur apporte à boire et à r.nanger, on partage leurs repas, on fleun leurs tombes. Puis les défunts sont invités à revenir chez eux, où en leur honneur on a dressé un luxueux autel. "Ces autels traditionnels, recouverts d'une nappe richement brodée sont or~és de fleurs jaunes - les ca~pazuchltl - la fleur habituelle des morts depuis l'époque aztèque (l'équivalent de notre chrysanthème) il y a aussi des guirlandes ?e papier, des bougeoirs, des encensOIrs pour brûler le copal (résine d'un arbre tropical). " Le mur derrière l'autel est tendu d'étoffes ou co.uverts de tableaux, de saints, ou plus sImplement de chromos découpés dans les journaux. Au centre de l'autel on dispose les offrandes, aliments et leurs couverts, bouteilles de bière et les objets favoris du mort. Un mort satisfait ne revient pas embêter les vivants ... En Afrique, comme dans toute société archaïque, la mort concerne le groupe plus que l' individu. La mort n'est pas esquivée, ni maquillée comme dans les sociétés industrielles. Bien au contraire, on l'affirme, on l'acclame, c'est la vie qui apparaît perdante, elle est la mort et la mort est la vie ... L'enterrement y est plus qu'ailleurs, un rite dans lequel l'émotion se plie à la culture. Dans la "Mort Sara", Robert Jaulin décrit à travers des devoirs d'élèves de F~rt Archambault, le déroulement des funérailles chez les Sara. Le mort est "encaissé", mis dans son cercueil, tout habillé et enveloppé d'une 23 DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 étoffe blanche. On lui laisse son chapeau, des colliers et des ustensiles dont il se servait . Sur sa tombe on sacrifie des animaux. Leur sang sert à asperger le trou, et on place le mort, et quelquefois on dispose près de lui dans la tombe son lit, ~es nattes, et sous son lit, quelques cabns ... Durant l'enterrement "deux jeunes filles se tiennent à côté du mort s'il était de nature galante". ' "La veillée mortuaire s'organise. Sous un arbre quatre pieux de deux mètres de hauteur ont été plantés afin de soutenir les branches sur lesquelles le trépassé est ~stallé. .. Le mort restera exposé deux Jours ou plus longtemps si ses parents habitent très loin .. . Il y a souvent beaucoup de monde autour du mort. Les enterrements sont prétexte à des réunions de 20 à 500 personnes, Les femmes entourent le mort, déterminant un cercle à la périphérie duquel s'instaUent les hommes ... un observateur étranger est frappé par le caractère organisé de cette douleur." En Afrique noire, mourir est rarement considéré comme chose naturelle, on meurt de maléfice, victime de sorcellerie." La mort est considérée comme une nouvelle naissance, mais elle concerne plus le groupe que l'individu: "la personne située par rapport au lignage durant sa vie le sera plus catégoriquement après son décès: défunt ordinaire rejeté avec plus ou moins d'égards dans l'au-delà et vite ou blié ; ou futur ancêtre auquel on donne des funérailles complexes ... Plus un individu est à même d'exciter la jalousie par sa richesse sa puissance, plus ceux qui lui survi~ent éprouveront le besoin d'apaiser ce mort et de s'assurer de ses bonnes grâces, Ainsi. la mort n'a-t-elle de sens qu'en fonction de ce qu'elle doit apporter au groupe des survivants", (catalogue des Rites de la Mort, musée de l'homme). Je termine mon petit tour du monde de la mort par un salut plein de respect aux Bédouins. Chez eux le mariage ne comporte aucune consécration, les enterrements sont encore plus réduits à leur plus simple expression . Pas de cérémonie.' pas de prières, pas de personnages rehgleux. Le corps est enfoui sous quelques pierres, dans un trou à peine creusé. Les chacals et les hyènes font office de fossoyeurs. Sauf pour quelques grands chefs qui ont eu droit à des tombeaux rudimentaires et que leurs descendants laissent tomber en ruines, les tombes sont anonymes. Quelquefois les bédouins gravent sur une pierre le ouessem de la tribu, signe distinctif que l'on marque au fer rouge sur les chameaux .. Comme a dit le prophète: "La plus b~lIe des tombes est celle qui n'indique nen aux yeux du voyageur." Marie MERCIÉ \ NANTES ET RENNES VILLES BRETONNES? PAS SEULEMENT 24 La Bretagne, victime elle-même d'un certain racisme, ouvre-t-elle plus facilement son coeur aux immigrés? L'ancienne ville plaque tournante de la traite des esclaves fait des efforts. Passé oblige. L es idées reçues ont la vie dure: on part toujours chercher la Bretagne à Nantes et à Rennes, dans ces capitales où on n'a jamais parlé breton . Je l'ai pourtant trouvée à Nantes, dans la vitrine d 'un concessionnaire automobile:: pour 780 F, en option, on a une Ford "Bronze celtic" ... C'est quoi les Celtes, une peinture métalli sée? Pour Louise, une militante du MRAP de Rennes, la différence bretonne on la connaît bien, et depuis très longtemps: "Ça a permis d'envoyer les Bretons, ces gens différents, au casse-pipe en première ligne, sur terre et sur mer. Avant l'essor du capitalisme industriel, continental et nationaliste, la Bretagne vivait en équilibre entre sa terre et ses bateaux, armés en guerre et en marchandises. Depuis. on en a fait un réservoir de chair à canon et à usine. Quitte à fusiller, comme en 1914, eeu;, qui se parlent breton comme déserteurs en puissance." LES BRETONS NE VEULENT PLUS PORTER LE CHAPEAU ... Cette langue, on n'a pas réussi à la faire mourir au cours des siècles. Il y a encore un million de personnes pour parler breton. Ou plutôt les dialectes bretons : un breton de Vannes ne comprenait pas le Cornouaillais, le Léonard ou le Trégorrois. C'est là qu'interviennent les "villes rapportées" comme Nantes, Rennes et Brest, enclave administrative en territoire breton: depuis la deuxième guerre dans les associations puis dans les universités, on tente d'unifier, au moins par l'orthographe, et avec plus ou moins de bonheur, la langue bretonne. C'est ainsi que "Breiz" est devenu "Breizh", pour intégrer la prononciation vannetaise, plus "mouillée". Le mouvement breton porte ses espoirs sur l'essor dans les écoles de ce breton littéraire, unifié. On n'est plus au temps où un département comme le Finistère réagissait à l' oppression en fournissant à la France le plus grand contingent d'agrégés. Désormais, des hommes comme Pierre Jakez Hélias portent à tous les publics, breton et français, une culture trop longtemps ignorée. Les récits du Cheval d'Orgueil ont été, pour la plupart publiés en breton, avec traduction de l'auteur, dans "Ouest France" et "La Bretagne à Paris" . A.F.P. LE DIASCDRN/ VIVA A.F.P. 2S En fait, la culture bretonne s'adapte au monde moderne, et en profite. Pour cause de mutations sociologiques, les conteurs se raréfient. Les Fest-noz, au moins dans les grandes villes, sont en perte de vitesse. Mais la mutation est plus profonde: les jeunes générations reviennent au mouvement breton, et le transforment. A Nantes, il n'y a pas si longtemps, il fallait montrer patte blanche pour adhérer à un cercle celtique. Les aristocrates de la cuhure, qui défendaient la cause bretonne entre deux danses, passaient pour fous. Maintenant, le recrutement des cercles bretons s'est démocratisé. Puis, la musique bretonne, a conquis le reste du pays, et le groupe nantais Tri Yann passe maintenant à l'Olympia. La différence bretonne se porte bien. Pourtant, on n'est pas breton partout de la même façon. Dans la bonne ville de Rennes, on est breton sans excès: la force tranquille ... A Nantes, c'est beaucoup plus compliqué: on est breton, certes, mais avant tout nantais . Le la octobre, à Nantes, les nombreuses organisations qui tentaient de rassembler la 000 personnes pour le rattachement de la Loire Atlantique à la région de Bretagne n'ont réuni que 4 000 manifestants . La différence à Nantes, c'est la Loire qui la crée: rive nord, c'est encore le pays de l'ardoise, rive sud, c'est déjà la tuile, et les Nantais répugnent à franchir le neuve: une maison au sud vaut bien moins cher qu'au nord: "hommage" des Nantais à la Bretagne? Cette fierté et ce particularisme breton, le pouvoir français le connaît depuis longtemps et l'exploite. A l'usine Citroën à Rennes, on n'embauche pas les immigrés. On préfère employer les ouvriers paysans, attachés à leur lopin de terre, qu'on passe chercher en car le matin pour leur faire faire double journée. Bien sûr, pour faire plaisir au Rennais, on a scotché la plaque "Place du Palais", ancienne "Place Louis le Grand", pour la rebaptiser "Place du Parlement" - en breton "Leurenn Breujoù Breizh", alors même que ce Parlement, laissé à la Bretagne après l'annexion à la France, en 1562, et dont les privilèges ont été peu à peu rognés jusqu'à la Révolution, est symbole d'allégeance. Bien plus, il semblerait que ces dernières années, le pouvoir français ait un peu aidé, via la DST, le FLB à commettre des attentats impopulaires, pour isoler le mouvement breton. Il ne restait plus qu'à enfermer la Bretagne dans son "folklore" : ses coiffes, ses bombes, ses mages ... C'est dire que tout n'est pas gagné en Bretagne. Les errances du passé sont un peu oubliés. Avant guerre, le mouvement breton restait très flou: il valait mieux pactiser avec un patron breton qu'avec la France. Pendant la guerre même, certains dirigeants autonomistes ont cédé à la tentation d'une union avec l'occupant, contre la France. le rôle des notables, qui pourtant collaborent économiquement avec le pouvoir cent rai depuis le XVIe siècle, reste vivace dans le mouvement breton. A Nantes, dans la vénérable association bretonne, les trois quarts du comité directeur portent particule. L'intégrisme catholique, avec ce qu'il porte d'intolérance reste important. Pourtant le mouvement breton dans son ensemble est passé à gauche et s'est transformé. Le FLB, qui pourtant avait un soutien au moins tacite de la population, est en perte de vitesse. A part quelques irréductibles, on ne parle plus d'indépendance, mais d'autonomie dans le cadre régional. Des organisations comme l'Union Démocratique Bretonne replacent le problème breton dans un contexte politique et économique plus vaste. Ces contradictions étaient sensibles à Plogoff: tout le mouvement breton était là, des nostalgiques d'une Bretagne d'un autre âge, mais aussi tous ceux qui n'avaient pas bien compris pourquoi le pouvoir central avait choisi ce lieu, peutêtre au bout de la France , mais au milieu de la Bretagne. Seulement voilà, il n'y a pas que les BreIOns en Bretagne. Et d'autres communautés tentent tant bien que mal de s'y intégrer. Plutôt bien, dans la mesure où le MRAP de Rennes, qui s'y est organisé depuis Copernic, n'a pas à déplorer d'affaires de ce qu'il faut bien appeler le racisme ordinaire. On se tient bien à Rennes. FAIRE DE LA PLACE AUX DERNIERS ARRIVES Mais la population immigrée souffre des difficultés économiques de la Bretagne. Mamid était coiffeur au Maroc. Après Lyon, il est venu à Rennes, avec sa famille, mais pour avoir un CAP de coiffeur, il faut aller au Centre de Formation pour adultes de Nantes, ou bien entrer dans un institut payant. Alors il lave les carreaux pour une entreprise de nettoyage. A Nantes, on ressent déjà les cffets de la clause de "la justification de séjour", dénoncée par le M RAP dans la nouvelle loi sur l'immigration. JeanClaude Valomet, secrétaire du comité local, m'a parlé d'Ali : "Ali travaillait dans l'hôtellerie à Agadir. Après un passage au Canada, il est venu en France. Un employeur de Nantes lui a proposé un contrat d'un an. Le seul problème, c'est que le contrat était fictif, mais se payait tout de même 800 francs. Tout un marché s'est mis en place. Un contrat de travail d'un an sur la Côte d'Azur "vaut" 7000 F." Le MRAP a porté plainte contre l'employeur, mais Ali est à Nantes sans travail et devra repartir. Même si les municipalités de Rennes et de Nantes font des efforts pour éviter de créer des ghettos d'immigrés , il Y a tout de même des concentrations qui ne sont pas sans révéler des problèmes. Dans la banlieue de Nantes, l'usine de BasseIndre produit le quart de fer blanc du marché commun. Le travail des fours est très pénible, et les industriels nantais ont fait venir en 1918 des Polonais, en 1936 des réfugiés espagnols, en 1945 des Algériens puis des Portugais, tous entassés dans la commune dortoir de Couëron. De même la Zup-sud de Rennes a accueilli beaucoup d'immigrés, et on a vu se créer, au moment du projet de construction d'un centre culturel islamique, une association de la population de la Zup-sud, dont les propos lui ont valu de se faire traduire en justice pour racisme. Ces centres culturels ont d'ailleurs posé des problèmes aux deux municipalités d'union de la gauche de Nantes et Rennes. Si la municipalité de Nantes a donné facilement son accord, il semblerait maintenant qu'elle le regrette, dans la mesure où le centre culturel pourrait être géré par les Frères musulmans, qui n'ont quasiment aucune audience dans la population immigrée. A Rennes, un centre culturel islamique sera aussi construit à la demande d'une association, mais' les élus communistes sont restés réservés face à cette association dont ils n'ont jamais pu rencontrer un membre. Des Marocains m'ont bien parlé de Saïd, qu'on pouvait rencontrer dans un ca fé de Ville jean. Mais Saïd n'a pas voulu me parler du projet. Ces difficultés d'échange, les municipalités et les associations tentent bien de les réduire. Soutenue par la municipalité de Rennes, l'ASTI aide les jeunes immigrés à organiser une semaine d'expression, du 26 novembre au 9 décembre. Une initiative bien accueillie par le groupe Lekssara, qui vient de se former et répète dans les locaux de l'association. Farid a déjà joué dans un groupe de rock, mais préfère à cette occasion reformer un groupe de musique traditionnelle
- deux bendirs, un tam-tam et
un banjo. La sono sera prêtée par l'association. A Nantes, le comité local du MRAP fait un gros travail pour l'amitié entre les peuples. L'initiative sans doute la plus nouvelle, c'est une émission de radio, une heure par mois sur la radiolibre Nantes Atlantique: une heure pour chaque fois découvrir un nouveau peuple. Des réfugiés politiques argentins ont déjà parlé, lors d'une première émission, du massacre des Indiens, et des métissages avec les esclaves noirs vendus au Xlxe siècle par les négriers nantais aux possédants du Brésil. Dans une ville où certaines familles sont encore riches des fortunes édifiées par la traite, l'émission était intéressante. ON POURRAIT SE RENCONTRER? A partir de là, on pouvait rêver: dans ces capitales de la Bretagne, qui sont aussi de grandes villes où coexistent diverses communautés la "celtitude" et les autres différences pourraient s'entrechoquer et se vivifier à ce contact. Farid dit que la musique bretonne est proche de la musique berbère et beaucoup de chanteurs bretons, comme Stivell tentent des mélanges. Un autre chanteur, Gwernig, raconte l'histoire des Bretons, chassés de leur terre , qu'on a envoyé casser des fellah, qui défendaient la leur . Mais la chanson n'est pas la même partout. Dans les instances officielles en tout cas, rien n'est fait pour ce rapprochement. A Rennes, la maison de la culture est très belle, propose de savants débats sur la Bretagne, et les cultures asiatiques. Il ya même un studio d'enregistrement. Mais Farid ne s'y reconnait pas, ce n'est pas là qu'on pourra I"aire une maquette pour éditer un disque de son groupe. A l'université de Nantes , on vient d'ouvrir un cours de troisième niveau de breton, mais on refuse d'y ouvrir un cours d'initiation à l'arabe. Pas de rapprochement non plus dans les associations, au moins à Rennes. A part quelques militants du M RAP, la différence bretonne et les apports des autres communautés n'intéressent pas les mêmes personnes. Même si les travailleurs immigrés vont au fest-noz, chacun reste dans le monde qu'on lui a fait. Le problème est sans doute mieux perçu à Nantes. La ville a derrière elle une longue tradition d'accueil, même si ellcs SOllt nées de pratiques peu recommandables, comme la traite des esclaves. Naguère encore, un président du tri bunal de Nantes était issu d'une famille d'esclaves qui y avait fait souche. L'histoire plus récente et plus avouable: dans l'ancienne commune de Chantenay, intégrée à Nantes, ville républicaine, le boulevard de l'Egalité croise celui de la Solidarité. Au quartier Sainte Anne, on trouvait toutes les religions. Et on accueille maintenant les immigrés comme, il y a quelques années, on accueillait les Bretons venus chercher du DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 travail. De nombreuses associations, comme la Fraternité protestante, ont donné aux minorités l'occasion de s'exprimer . Autrefois, dans ces quartiers ouvriers, on lisait aux Bretons le journal français, aujourd'hui, le MRAP et les clubs de l'Unesco organisent des rencontres où les femmes immigrées prennent conscience du fait que leurs problèmes rejoignent souvent ceux des femmes de la classe ouvrière française. Charité? Non, solidarité. La charité, c'est pour les "Lyons" ou les "Rotary" Clubs , qui refusent les conférences du MRAP parce qu'ils "ont déjà leurs bonnes oeuvres". Mais à Nantes, ville sans arrière pays et tournée vers la mer, on a simplement l'habit ude de s'intéresser au monde: chaque année, on y organise le festival mondial des trois continents, où sont présentés des films d'Amérique du Sud, d'Afrique et d'Asie. On semble même s'apercevoir qu'il y a des luttes qui concernent tout le monde. A la manifestation pour la réunification de la Bretagne, on signait pour protester contre la répression au Maroc, et c'est un Algé· rien, Zaimen, qui va probablement être élu à la présidence du MRAP nantais. De quoi "troubler l'ordre public". Et puis, à Nantes, on a bonne mémoire: du Cours des otages, rappelant au souvenir les otages nantais fusillés avec ceux de Chateaubriant, en 1941, à la synagogue sise impasse Copernic, les avertissements ne manquent pas. On n'a sans doute plus à craindre de voir le "Dernier des Armoricains" coi ffé d'un chapeau rond et en fermé dans la réserve du grand parc d'Armorique. Mais qui va-t-on y mettre? Jean-Michel OLLE DE BECASSINE A LA REINE DAHUD L a bande dessinée o.ffre parfois des raccourcis saisissants. Voyons deux albums. D'un côté: "Bran Ruz", de Auclair et Deschamps que viennent de publier les éditions Cast erman . De l'autre, l'une quelconque des avent ures de "Bécassine". Annaïk Labornez, dite "Bécassine" en raison de sa grande stupidité, est une fille d'Armorique. Elle fait rire. Mais le rire que suscitent ses gaffes et son esprit simplet devrait paraître bien cruel à toutes ces filles dont elle est l'image caricaturale. Celles que le sous-développement de leur région poussaient vers la grande ville pour y chercher un emploi. Ce n'était pas avec la joie au coeur qu'elles débarquaient gare Montparnasse, sachant parfaitement qu'elles se retrou- 26 veraient bientôt ou boniche ou putain. Version "rigolote" d'une exp~oitation et d'une oppression systématiques, Bécassine couvre de ridicule les humiliés. Un détail d'ailleurs suffit à la démonstration . Avec sa bouille ronde, ses yeux naïfs et son air niais, Bécassine n'a pas de bouche. A quoi cela lui servirait-il, sinon à baragouiner patois ou à dire des bêtises? Ce détail du graphisme tellement révélateur fait curieusement le lien avec "Bran Ruz". Auclair et Deschamps racontent avec ce gros album la légende d'un temps où les femmes d'Armorique étaient aussi privées de parole. Parce que les envahisseurs venus du nord, de la grande île (l'actuelle Grande Bretagne) la leur avait coupée, afin qu'elles ne puissent plus transmettre l'histoire de chantée par deux hommes qui se relaient leur peuple. afin de venir à bout de quatre vingt ou Face à Bécassine, "Bran Ruz" oppose cent couplets. une autre femme d'Armorique: la légendaire Dahud, "la bonne sorcière", reine de la ville d'ls au moment de son engloutissement. En racontant cette histoire, les deux auteurs ont clairement pour propos de contribuer à la restitution d'une mémoire et d'une identité, celle du peuple breton dépossédé de sa culture par le pouvoir centralisateur . Le mythe d'Is, traité par eux, devient comme un fait d'actualité. Ils l'enracinent dans la situation atuelle de la Bretagne. D'où le choix d'une forme très particulière de récit, calqué sur le "kan ha "Bran Ruz" mise évidemment sur la longuc distance, sur le souffle . Comme les chanteurs bretons, Auclair et Deschamps content à deux voix, texte et dessins, multiplient les variations, et convoquent toutes les ressources de leur talent pour retracer l'histoire de la ville d'Is, de sa reine Dahud et de son amant Bran Ruz (de "Bran" - corbeau et de Ruzcheveux roux), du roi Gradlon allié aux envahisseurs du nord, "collaborateur" qui impose à son peuple des lois, une religion, une culture étrangères. diskan" (chant et reprise de chant) . Le C'est la longue chronique d'une révolte kan ha diskan est une longue histoire écrasée . Mais les auteurs de "Bran Ruz" 27 jonglent avec les siècles et s'inscrivent dans un long combat. "On dit qu'un jour la ville d'ls réapparaîtra, triomphante, lorsque les injustices qui dominent le monde auront cesser d'affliger les humains, lorsqu'enfin la société sera réellement sans classe. Car il y a un futur. Le modèle social symbolisé par ls libérée n'avait aucune chance de s'imposer autrefois. Mais il le peut dans l'avenir, parce que l'avenir enferme toutes les potentialités. " Jean-François VILAR "Bran Ruz", de Auclair et Deschamps. Collection" Les romans à suivre", Casterman, éditeur. Rs sont près de trois millions chaque année à venir accomplir leur devoir de musulman. Ni les ans, ni les mers ne les arrêtent. L'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun raconte. LAMECQUE •• Charles  -'fa' ~-;~~ , 01' , .. ' ~ B. • - / " -.. POINT DE RENCONTRE DE LA FOI ET DES HOMMES L a Mecque ne se visite pas. Elle visite . Sur les deux millions d'hommes et de femmes qui s'y rendent chaque année, pas un seul voyageur. C'est en pélerins qu'ils viennent accomplir le cinquième pilier de l'Islam après la Chahada (attestation de la foi), les cinq prières, l'aumône et le Ramadan. Quoique capital dans la vie du croyant, le pélerinage à La Mecque n'est obligatoire que pour celui qui a les moyens physiques et financiers de le faire: "Allah a imposé aux hommes le pélerinage à ce temple à quiconque a les moyens de s 'y rendre" (sourate 1 Il 9\ /97, trad. Blachère). MEDINE: LA CITE ILLUMINEE Le grand pélerinage collecti f "AI Hajj" a lieu durant le mois sacré de Dhou AI Hijja (le 12e mois lunaire). Pour l'accomplir, tout musulman se doit de le vouloir, condition indispensable au même titre qu'être pubère, de condition libre (l'esclavage ne fut aboli en Arabie qu'en 1962) et en possession de toute sa raison. Avant de quitter son pays, le pélerin se doit en outre de ne laisser aucun différend derrière soi, dette ou querelle. L'aventure spirituelle commence à Djeddah avec la prise en charge par un moutawif, guide spirituel et guide tout court sur le parcours de la purification. Chaque nationalité a ses moutawifim attitrés et la plupart des pélerins arrivent avec l'adresse de celui qui a assisté parents ou amis. Ceux qui en sont dépourvus se voient désigner d'un moutawif d'office par l'administration d'accueil. La douane est chargée, par ailleurs, de vérifier qu'aucun non-musulman ne pénètre dans les lieux saints. Pour ceux qui sont arrivés à temps, la première étape du pélerinage sera la 28 ziyârah (visite) de Médine, seconde ville sainte de l'Islam où repose le Prophète. Cet hommage à Mahomet durera le temps de 40 prières. soit huit jours. C'est à Médine que le Prophète, chassé de La Mecque par les Qourachites, trouva refuge en l'an 622. Important relais sur la route des caravanes entre le Yémen et la Syrie, la ville portait alors le nom de Yathrib, littéralement "la corrompue" . Le Prophète la rebaptisa Médine: la Cité Illuminée. C'est à partir de Médine, cité paisible épargnée par le désert que l'Islam s'épanouit, convertissant La Mecque paienne à la foi monothéiste. La tombe du Prophète est d'une grande simplicité: quelques calligraphies défendues par des gardiens engloutis par les sanglots de joie des pélerins. Certains s'évanouissent de bonheur, d'autres se replient sur eux-mêmes dans le silence et le recueillement. Le temps se perd dans la durée ponctuée des cinq prières ... SlPAIARR Le pélerin quitte Médine en état de sacralisation ou Ihram. Il se dépouille alors des habits cousus de ce monde et revêt une pièce de tissu blanc, costume de la personne humaine égale à ses semblables et nue devant Dieu. Puis vient le moment des grandes ablutions et la récitation de la "Talbya", la réponse à l'appel: "labaïk Alluhuma Labaïk", "me voici, ô mon Dieu, répondant à ton appel, me voici toi mon Dieu qui n'a pas d'associé, me voici, à toi la louange, la grâce, la royauté, me voici ... " Pendant l'Ihram, le pélerin doit supprimer de sa vie tout artifice (ne pas se raser ni se parfumer), tout acte répréhensible (ne pas mentir, ni injurier, ni se mettre en colère), toute agressivité. Il faut aussi oublier son corps (abstinence sexuelle). Seul l'esprit purifié a droit d'existence et de vie dans la cité de l'Islam. EPARGNEE PAR LE DELUGE LA PIERRE NOIRE Ainsi, le pélerin est prêt à pénétrer dans La Mecque, ville sacrée entre toutes. L'émotion est à son comble à l'approche de la Ka 'aba ; site premier et primordial créé par Allah avant toute création sur la terre et aujourd'hui située au coeur de l'Harâm-Ach-Charif (le sanctuaire interdit), la grande mosquée aux sept minarets. La Ka'aba ou Bayt-Allah Al Haram (la maison sacrée de Dieu), date du Ile siècle après Jésus. C'est une bâtisse cubique, recouverte d'un épais tissu de soie brodé de calligraphies. La pierre noire sacrée y est encastrée dans l'angle sud-est à l,50 m du sol. Préservée du déluge qui emporta la première Ka'aba par l'ange Gabriel, elle servit de pierre angulaire à la deuxième Ka'aba construite sur l'ordre de Dieu par Abraham . C'est en hommage à Adam, premier constructeur de la Ka'aba, à Abraham, Ismaël son fils, et à Mahomet qui chassèrent l'idolâtrie de ces lieux, que les musulmans accomplissent aujourd'hui le tawaf (circumambulation) autour de la Ka'aba. On entre dans le tawaf en prononçant "Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand "), formule suivie des prières au Prophète répétées après le moutawif. Sept fois, le pélerin tourne autour de la Ka'aba, se soumettant à Dieu, le priant d'accepter son repentir et de lui éviter les supplices de l'enfer. A chaque tour, le pélerin doit baiser la pierre noire mais seules de très rares personnes y parviennent. Les autres, des centaines de milliers à chaque procession se contentent de la saluer. Chaque année, des pélerins meurent, piétinés par la foule mais rencontrer la mort ici est un honneur suprême... Après le septième tour, le pélerin boit de l'eau du puits de Zamzam situé à quelques mètres de la Ka'aba. A chaque tout de Ka'aba, le priant baise la pierre noire sacrée. Cette eau surgie du désert rappelle la réponse divine à l'appel d'Agar abandonnée avec son fils Ismaël par Abraham son époux. De retour aux pays. nul cadeau n'est aussi apprécié que l'eau de Zamzam. Certains conservent le précieux liquide afin que leur dépouille en soit aspergée le jour de leur toilette funèbre. Puis, viennent les sept allées et venues entre les collines Assafa et AI Marwa en souvenir de la course effrénée d'Agar en quête de secours. La foule se déplace difficilement, traversée par des mouvements de transe mystique. Cette épreuve terminée, le pélerin peut abandonner ou garder l'état d'Irham en attendant le 8 du Dhou-al Hijja, date du départ pour Mina, petite ville située à 5 kilomètres du sanctuaire. 30 De Mina, les pélerins se rendent le lendemain au mont Arafat pour accomplir le '"j rituel le plus important du pélerinage, "Woqouf" (littéralement debout, immobile). C'est ici qu'Adam aurait retrouvé Eve après leur expulsion du Paradis. Les pélerins lèvent les mains vers le soleil couchant et s'adressent à Dieu. Enveloppé dans ce tissu blanc qui pourrait être son linceul, le pélerin se présente à Dieu comme sorti de la tombe, prêt pour le jugement dernier. C'est un moment de grande solitude et de recueillement, le fondement même du grand pélerinage ainsi que le rappelait le Prophète lui-même: "Ce jour-là, Dieu, béni et exalté, descend sur la couche céleste voisine de la terre pour montrer SIPA PRESS Un mois entier consacré au cinquième pilier de l'Islam, devoir et salut du musulman. ceux de la terre a ux gens des cieux en disant: "Regardez mes serviteurs! Ils sont venus vers moi en mauvais état, couverts de poussière, mordus par le soleil. Ils viennent des horizons les plus éloignés, solliciter ma grâce." Avant de rentrer à Mima, grappes humaines accrochées au flanc des bus et des camions, les pélerins s'arrêtent à la carrière de Mozdalifa pour prier et ramasser les 49 cailloux qui leur serviront à lapider le diable ... LA LAPIDATION DU DIABLE ... chemin d'Abraham . Certains s'acharnent sur Satan, invisible. L'hôpital de Mina accueille les victimes des bousculades. La colère du croyant est prise au mot et au symbole. Le 10 Dhou Al Hijja, jour du premier jet de cailloux, est aussi celui de l'Aïd El Kabir, la fête du sacrifice d'Abraham. Le sacri fice du mouton est destiné à racheter l'interruption de l'état d'Ihram que le fidèle a pu se permettre, volontairement ou non, au cours du pélerinage. Bien que non contraints par la tradition qui autorise à jeûner 10 jours comme rite de remplacement, les pélerins égorgent des bêtes par milliers. A Jamarat-AI-Akaba, la foule lapide le La viande de ces sacrifices ne doit pas diable: trois monticules symbolisant la être, en principe, consommée par le tentation qui surgit par trois fois sur le pélerin mais offerte aux pauvres. 31 Mais ce jour-là, les moutons sont plus nombreux que les pauvres et les mouches impossibles à dénom brer. Atteints de nausées, de nombreux pélerins fuient Mina avant d'y avoir séjourné les quatre nuits réglementaires. De retour à La Mecque, on entame le tawaf Al Ifada (cricumambulation de la fin) autour de la Ka 'aba et le dernier va et vient entre Assafa et Al Marwa. Le voyage spirituel prend fin; le pélerin prie, boit l'eau de Zamzam, se lave, se rase et remet ses vêtements cousus. Le Haj se termine le troisième jour de l'Aïd. On achète alors les cadeaux. Revenu aussi pur que le jour de sa naissance, le hajji jouit d'un grand prestige social. Cependant le voyage long et danHabillé de blanc, le pélerin se met à nu devant Dieu. 32 gereux qu'était autrefois le pélerinage à La Mecque est devenu aujourd'hui affaire de Boeing. La quête y a perdu de son absolu. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur la mission du moutawif, guide spirituel que les nourritures terrestres sont loin de rebuter. Certains vont jusqu 'à louer le moindre bout de trottoir devant leur maison. Le gouvernement saoudien ferme les yeux . Toucher à la corporation des moutawifin poserait des problèmes politiques. De même Je comportement de la population locale s'éloigne soU'vent des prescriptions humanitaires de l'Islam et de la tradition d'hospitalité des Arabes. Mais cet aspect se retrouve dans tout pélerinage, aventure intérieure ternie par l 'exploitation politique et commerciale qui accompagne inévitablement tout grand rassemblement humain. En dépit de cela, demeure dans les mémoires, le souvenir de cet immense bivouac de cultures différentes rassemblées autour d'une même identité, d'une même volonté de se présenter tous égaux devant Dieu . Propos recueillis par Renée DAVID Odeurs de cuisine Le Taboulé (Recette d'origine syrienne) Préparation 4 heures d'avance environ. Pour 6 personnes,' 250 g de couscous en paquet, 500 g de tomates juteuses, 4 petites tomates fermes, 12 petits oignons, 2 à 3 citrons, 2 cuillerées à soupe de persil haché, 1 cuillerée à soupe de menthe fraÎche hachée ou de menthe sèche. 6 à 8 cuillerées à soupe d'huile d'arachide, sel, poivre. Dans une terrine, mettez le couscous, 8 oignons émincés, les 500 g de tomates épluchées coupées en dés avec leur jus, le persil, la menthe, le jus des citrons, l'huile, sel, poivre. Mélangez bien et mellez au frais en remuant de temps en temps. Servez frais dans un saladier décoré des quartiers de tomates fermes, de 4 à 6 oignons entiers et d'lin petit bouquet de menthe. Le couscous est employé tel qu'il sort du sac et gonfle dans les jus de tomate, de citron et l'huile. 1 ~.: 1 Connaître 5 RELIGION OU SYSTEME POLITIQUE Quand en février 1979, une foule en délire accueille l'ayatollah Khomeiny à Téhéran, et que quelques jours plus tard il est clair pour le monde entier qu'il est le c incontesté du pays, l'Islam frappe un grand coup dans la conscience des peuples. Ce pays surarmé vient de voir son dictateur abattu au moyen du Coran enregistré sur cassettes ... Trois ans plus tard, dans le même pays, on exécute quotidiennement. Survient l'assassinat de Sadate, Raïs d'Egypte, et cer- 33 tains parlent d'un complot d'intégristes religieux, les Frères Musulmans. L'Iran, lui-même subi, d'un autre pays islamique, l'Irak, une guerre sainte. Entendre parler de partis ou gouvernements islamiques ne surprend plus. Voilà pourquoi, quand nous entendons Islam, nos réflexes d'européens nous tournent vers la même région: le monde arabe. Et pourtant! Quatre musulmans sur cinq ne sont pas arabes . L'Iran, présenté comme la référence la plus probante, suit en fait le courant Chiite, qui, du point de vue religieux, est totalement isolé du monde musulman. En effet, mise à part une forte minorité non dirigeante en Irak, ce sont les sunnites qui dominent partout ailleurs. Alors, dans l'ignorance, l'Islam inconnue devient le bouc-émissaire privilégié de l'Occident. Fanatique, fataliste, sanguinaire, intolérant, il prend pour certains, le relais du "péril jaune". Pour éviter de tomber dans ces travers placés pour d'autres préoccupations que théologiques, religieuses ou sociologiques, il faut interroger l'Islam. En évitant toutefois de le passer à la question. Une Arabie carrefour des civilisations Au VIle siècle la péninsule d'Arabie était totalement inorganique, du point de vue religieux, politique et social. De nombreuses tribus dispersées vivent parfaitement indépendantes les unes des autres, aussi fortement que le sont les Etats européens à l'heure actuelle. La ville de la Mekke (La Mecque) en est le centre. Ville commerçante, caravanière, elle est la seule, dans cette Arabie en marge du monde civilisé, à recevoir les idées des grandes civilisations environnantes. Entre autres, celles des empires Perse et Byzantin. C'est là que Mahomet (Mohammad) vit le jour. Sa personnalité est en fait mal connue jusqu'à sa prédication. On suppose qu'il est né vers les années 570. Toujours est-il qu'on s'accorde généralement pour situer en 610, l'an, où selon les musulmans, l'ange Gabriel lui apparut en repetant à plusieurs rep rises : "Récite." Ces révélations successives, courtes, formeront plus tard le Coran (Récitat ion) . Dès lors Mahomet se considère comme l'annonciateur du prochain jugement dernier et commande de se soumettre à Allah, d'obéir à ses commandements: faire la prière et pratiquer l'aumône. N'importe quel adhérent, n'importe quel groupe humain y était admis dès l'instant où il avait une foi déterminée, en acceptait les dogmes et les rites. Chacun faisait alors partie de la communauté, groupe organisé des adhéren ts de cette religion. L'Islam se définit d'emblée comme une religion monothéiste et corrélativement universaliste. Le changement est de taille pour la majorité des arabes polythéistes qui croyaient en une grande variété de petits dieux selon les tribus. A vrai dire : il apparaît que certaines influences juives et chrétiennes existent. Pour les musulmans c'est normal, puisque Dieu ne peut que répéter la même chose. Dans la Mekke, il y avait très peu de chrétiens et de juifs. La plupart des habitants étaient désorganisés, sans églises, sans synagogues, au bas de l'échelle sociale. En s'attaquant aux idoles, Mahomet ébranle avec la religion des anciens tout [' ordre social. Ce dernier se rebiffe et contre-attaque. Ses adeptes seront maltraités, lui-même plus ou moins persécuté. Sa ville paternelle ne l'acceptant pas, il devra fuir. An 622, l'Hégire début de l'ère musulmane Entré depuis peu en relation avec les habitants de Yatrib (qui s'appellera dès cette date Médine: "Ville du Prophète", Mahomet décide de s'y installer et d'en faire sa base. C'est l'Hegire (l'expatriation). Médine était une palmeraie où se trouvaient des petites maisons éparpillées. Trois tribus juives 34 et deux tribus polythéistes s'y faisaient toujours la guerre. Pas du tout à cause de la religion, mais à cause d 'i ntérêts, de vendettas, de prestiges. Constatant que cela n'était guère profilable à la culture des dattes, que tout le monde en souffrait, les adversaires réunis décidèrent d'aller chercher l'homme impartial qui pouvait arbitrer. Ce fut Mahomet. Cette responsabilité objective du Prophète allait marquer tout l'Islam. En quelques années (622-632) Mahomet devient chef politique, chef de guerre, chef d'Etat, diplomate. Dès le départ, se trouvant à la tête d'une nouvelle communauté, il lui a fallu répondre à des tas de questions administratives. Ainsi, du cas des veuves qui n'ont pas d'hommes pour les protéger comme c'est la coutume. Ou encore de toutes les questions de successions, d 'héritages. Et surtout des questions de guerre. Le commerce n'allait pas très loin, on pillait les caravanes ennemies. Ennemies tout court, mais rapidement taxées d'ennemies de la foi aussi. Le Coran s'en ressent. Si le ton du début est celui d'un prédicateur enflammé au milieu d'initiés, il ne tarde pas à perdre sa poésie et à se m uer en exhortations et règlements. La différence est énorme avec le Christianisme qui pendent deux ou trois siècles n'a jamais pensé à élaborer une théorie de l'Etat, à vouloir organiser les gens. Jésus disait clairement "Mon royaume n'est pas de ce monde" et "Rendez à César ce qui est à César". Même au moment des connivences les plus étroites, Eglise et Etat formaient deux appareils distincts. Dans l'idéal, l'Eglise avait vocation de gouverner les âmes et de les réunir sur la base de la croyance et l'appareil REPERES DES MOTS-CLEFS DE LA RELIGION Ahtulion : purification de parties du corps a\'ant la priere, Ahraham : prophète. appelé "le Père des Cro~aJl ts" car il est le premi er qui s'est soumis à Dieu; aussi appeté "t'Ami de Dieu". Ibrahim en arabe. Allah: "le Dieu unique", ainsi appelé par les Musulmans. Communaulé (ou Umma) : ensemble des Musulmans, au sens d'une grande famille. Compagnons: amis proches de Mohammed (Mahomet) ; ont transcrit le message révélé et participé à l'établi ssement de ta Sunna. Hadith: parole, geste ou acte de Mahomet rapportés par ses compagnons; textes de référence pour savoir comment agir dans la vie torsque le Coran ne te dit pas explicitement. Iman: celui qui dirige la prière des musulmans. Khalife: guide des Musulmans; chef politique et religieux. N'existe plus à l'heure actuelle. Minarel : tour dominant la mosquée d'ou le muezzin appelle à ta prière. Mosquée: construction servant de lieu de rassembtement des Musutmans pour la prière. Sourale : chapitre du Coran; il en existe 114. Sunna: tradition: ensemble des textes rapportant les faits et gestes du prophète. Vendredi: jour Saint des Musulmans. LE CALENDRIER MUSULMAN _______ _ Le point de départ du calendrier se si tue le 16 juillet 622 de notre èr~ , jour où Mahomet (Mohammed) se dérobant à ses ennemis s'enfuit de la Mecque pour se réfugier à Médine. Ce départ se nomme en arabe " hijra", mot qui donne Hégire. L'année hégirienne (an 1 622) eSI essentiellement lunaire; elle se compose de t2 tunaisons ou mois dont chacun à 20 jours, 12 heures, 40 minutes . Les mois commencent avec la lune; les jours se comptenl à partir du coucher du soleil. Le calendrier musulman a 354 ou 355 jour's donc moins que k calendrier l'Ilrétien (solaire) ; le premier jour de l'an sc d0placcra donc constamment. cc qui explique également que la période du Ramadan a\'allL'c chaque année de Il iours. Pour connaître aujourd'hui t'année hégirienne il ne suffit pas de retrancher 622 de !'all .. ~e chrétienne: il faut également apporter le re,tificatif des t 1 jours de différence qui équivalent à 3 ans par siècle, il ya lieu d 'ajouter ce chiffre au nombre trouvé précédemment: ex . 1922 - 622 1300 + (t3 x 3) 1339. - - Une mosquée à Bagdad. En Irak, une forle minorité chiile n'empêche pas les sunniles de dominer comme dans loul l'Islam, sauf l' Iran. politique devait défendre le pays, récolter les impôts, administrer. Ce trait fondamental de la religion musulmane a fait naître les nombreuses a ffirmations telles que "Religion et Etat: \'oilà l'Islam." Une obsession d'unification permanente que les premiers successeurs de Mahomet, mort en 632, ont essayé de maintenir, mais qui, dès la mort des quatres premiers Califes, s'est heurtée à l'histoire et aux coutumes des peuples conquis sur d'immenses territoires. De l'Inde à Poitiers en 100 ans Mahomet, lui-même, avait donné le signal des conquêtes. Ne serait-ce que par la loi coranique de la guerre sainte. C'est une obligation pour tout suzerain d'essayer, soit de convaincre ses voisins, soit de les vaincre pour agrandir le territoire de l'Islam . Rapidement, on passa des petits Etats de Medine à un véritable empire musulman. C'était l'âge d'or où tout allait bien . Ou presque. L'ordre venait indubitable'ment de Dieu sur tous les plans temporels et spirituels. Perses et Byzantins s'étaient fatigués par leurs propres guerres mutuelles, il ne restait plus qu'à avancer. Tous les espoirs furent dépassés. On raconte l'histoire d'Okba et Ben Nefa, qui conquérants de l'Afrique du Nord sont arrivés sur les plages de l'Atlantique et ont dit "Dieu tu m'es témoin que si il n'y avait pas cette mer pour m'arrêter, j'irais plus loin." Certes les éléments naturels ne furent pas les seuls obstacles. II y eu Poitiers, mais aussi l'Inde et la Chine, où composer avec l'ennemi plus fort devint une nécessité. D'ailleurs guerre sainte ne signifie pas guerre suicide. A l'impossible nul n'est tenu. Et l'idéal religieux a du s'accommoder de la réalité. Si l'Inde fût, par exemple, conquise dès le XIe siècle, les musulmans, même dominants, y sont restés minoritaires. Fait important qui ajoutait un non-respect des règles coraniques, les horssujets n'étaient pas seulement des monothéistes comme des juifs ou des chrétiens, mais des infidèles, polythéistes, impis. Normalement ils avaient le choix entre la conversion ou la mort. Néanmoins, massacrer des dizaines de millions d'indiens, détruire les temples, représentait une trop grave affaire. Certains souverains ultra-dévots ont bien commencé à essayer, mais ils ont d'autant plus vite renoncé, qu'ils étaient, dans le même temps, forcés par des circonstances politiques de prendre des mercenaires et des soldats chez ces mêmes hindous. Il arriva que ce fût pour lutter contre des musulmans ... La force des choses, belles et moins belles, amena donc une spécialisation. Les Califes qui étaient en principe les dirigeants politicoreligieux ont du, là aussi, établir deux appareils. Le premier, plutôt politique de gouvernement, le second, juridico-religieux. La révélation du Coran devait donc s'adapter, et dans ces terres lointaines, nul ne doute que la pratique des "hadith" un peu flou, voir inventés pour les circonstances ait alourdi une "sunna" en perpétuelle expansion . Et rapidement s'élevèrent des voix pour dire "Qui trop 35 LES OBLIGATIONS CORANIQUES La profess ion de foi en est le pilier. Tout musulman reconnaît la transcendance et l'unicilé divine. En découtent, ta Priére, le jeÎlne, l'aûmone léga le et le pélerinage. La Prière rit uelle Il s'agit d'un ensemble de gestes et de parotes rigoureusement fixé, Elle n'implique aucunc idée de demande et se fait cinq fois par jour entre l'aurore et le coucher du soleil. Elle est l'acte de soum iss ion à Dieu. Elle peut s'accomplir en tous lieux, sauf celle du vendredi à midi pour laqu elle tes musulmans doivent se réunir à la grande mosquée. Elle se fait toujours et dans tous tes pays en langue arabe, Par contre, il existe la Prière de demande qui est supplémentaire. Chacun la fait chez soi, en dehors du rite et dans n'importe quelle langue. Le Jeûne du ramadan Il dure un mois et commence à l'apparition de ta nouvelle lune . Le mois choisi fut cetui où Mahomet eut ses premières révélations. Pour nous les dales changent chaque année puisque notre calendrier n'est pas le même. Il est rigoureusement observé du tever au coucher du soteil. Aucune absorplion de subslance malérielle, tiquide ou sotide, ainsi que la fumée. Abstinence sexuelle tolale. L'aumône légale Elle est destinée à purifier les biens de ce monde, dont il n'est permis de jouir qu'à condition d'en restituer une partie à Allah. Le paiement se fait en nature. Le Pélerinage Il s'agit d'une obligation à caractère particulier. Le musutman doit s'en acquitter une fois dans sa vie, mais seulement s'i l est "en état de te faire". Le but du Pélerinage est le sanctuaire de la Mekke, au centre duquel se trouve la Ka'ba, édifice rectangulaire en pierre (10 m sur 12 met 15 m de hauteur) entouré d'un dallage et recouvert d'un voile de brocart noir changé tous les ans. A t'un des angles se voit ta "pierre noire" qu'aurait foulée Abraham. Une école coranique dans le Nord de l'Inde. embrasse, mal étreint." Ce n'était pas la première fois, le Coran étant un livre assez limité. Dès la mort de Mahomet, il y eu de dures combats sinon toujours théologiques, du moins souvent physiques. Où on oublie d'enterrer le prophète Dès la mort du prophète, et justement parce que l'idéal est un idéal politico-religieux, la question du successeur fût durement posé. Les prétendants, si soucieux de leur avenir, laissèrent une nuit entière le corps de Mahomet seul, négligeant de préparer l'enterrement. Si son beau-père Abou-Baker lui succèda finalement, son gendre Ali ne l'acceptait déjà pas. Luimême sera le quatrième Calife mais non reconnu par tous, il devra céder la place à l'habile Mo'awiya. Ses fidèles n'acceptèrent jamais cette déposition: ce seront les Chiites, pour qui Ali, assassiné plus tard, sera le martyr de l'Islam. Ce furent ensuite des périodes de schismes sur schismes, organisés par des sectes ou des partis théologico-politique. Sans cesse des révolutions eurent lieu pour mettre à la place d'un suzerain ou d'une lignée de suzerains, d'autres qui étaient censés suivre le bon chemin. Celui qui allait enfin organiser la cité idéale, l'harmonie telle qu'elle avait soi-disant existé au début de l'Islam. 36 D'où·cette phrase de Maxime Rodinson, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études: "l'Histoire de l'Islam c'est celle de la révolution permanente et de la révolution trahl ·e . " On l'imagine mieux quand on connaît l'existence d'une tradition attribuée au prophète (elles le sont presque toutes ... ) affirmant "Il y aura dans ma communauté 99 sectes." De malins esprits auraient rajoutés des phrases comme "et il n'y en a qu'une de bonne" ou "toutes sont plus ou moins bonnes". Ce qui est sur c'est que leur chiffre dépassa de loin la centaine. L'Islam n'est donc pas un et unique . Il y a eu diverses évolutions et tendances pendant 14 siècles. De ceux qui l'ont tiré du côté de la mansuétude universelle à ceux qui ont été d'une rigueur totale. Les uns et les autres pouvant totalement se justifier, tant l'interprètation des versets, des sourates du Coran peut varier. En vérité, jamais une réalité historique, sociale, économique, n'a été le résultat seule d'une idéologie. Cette dernière est toujours retransformée de l'intérieur selon les conditions de l'époque. Le Christianisme du 20e siècle n'est pas celui du 18 e , encore moins du 12e . L'Islam a suivi des chemins comparables. Pas de lapidations ? Comme c'est bizarre ! Dans le Coran, il est question pour les hommes et les femmes adultères de flagellations. A savoir cent coups de fouet. Encore faut-il des témoins qui attestent avoir vu l'acte. Cette interprètation difficile à appliquer le fut toujours. Pire, car on a tracé dans les moeurs des peuples, la lapidation. Elle fut appliquée, puis attribuée au Prophète. Il n'y a que rarement des condamnations autoritaires, mais cela arrive. Pourquoi? Parce qu'il se raconte que le Calife Omar, deuxième successeur du Prophète dit un .;our en se frappant le front: "C'est curieux cela, on ne lapide pas les femmes adultères, mais moi je me souviens que le Prophète avait reçu une révélation de Dieu dans laquelle il était question de lapider. Malheureusement j'ai beau regarder le Coran, je n'ai rien trouvé. On a du l'oublier." Heureusement, la sunna, corpus beaucoup plus vaste que le Coran est là pour rattraper toute perte de mémoire. Pourtant il faut remarquer qu'au Moyen-Age, la communauté musulmane était beaucoup moins dure et stricte dans l'application des règles que le veulent les intégristes de maintenant. Et si il y avaient ceux qui protestaient contre le laxisme, voulaient instaurer une nouvelle secte puritaine et par-delà un nouvel Etat, eux-mêmes affadissaient leurs principes en deux ou trois ans. Et le cycle recommençait. D'où cette formidable réserve dont chacun doit se munir quand on lit à pleines premières pages de journaux à sensations, "fanatisme islamique", "intolérance musulmane". Souvent les exemples choisis, ceux de l'Iran d'aujourd'hui, ont une trop grande tendance à vouloir généraliser le Coran dans son entier et à travers les temps. Les philosophes du I8e siècle vénèrent la tolérance de l'Islam Les juifs et les chrétiens ont toujours été considérés par les musulmans comme détenteurs d'une révélation qui substantiellement est juste. Certes pour eux, les écritures ont été légèrement déformées par les rabbins et les curés, mais le fond est Cinq prières obligatoires par jour s'accomplissant en tous lieux. PLUS DU CINQUIEME DE LA POPULATION MONDIALE Près de 750 000 000 d 'hommes et de femmes, tel est le monde musulman actuel. Les arabisés n'en forment qu'un sixième et les "purs arabes" un quinzième seulement. C'est l'Indonésie avec ses 140 millions d'habitants qui arrive largement en tete. Idée reçue quand tu nous tiens ... Le Pakistan et le Bangladesh (f 60 millions), la Turquie (41 millions), l'Egypte (37 millions) et l'Iran (33 millions) sont les autres Etats souverains les plus importants. Pour ceux comprenant une population mixte, on estime à 50 millions les musulmans d'URSS. Le même chiffre est couramment retenue pour l'Inde. Qurznt à la Chine, il avoisinerait l'ordre de 25 millions. La carte le montre, les équilibres géo-politiques sont très divers. Royau:és, républiques ouvertement capitalistes, libérales ou non, plus ou moins engagées sur la voie du socialisme sont touchées. Sans parler des conflits entre musulmans, comme la guerre sainte Irak/ Iran ou la guerre en Afghanistan. 37 DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 bon. Il en est découlé le principe qu'ils avaient le droit de conserver leur religion, leur culte, d'être protégés en s'acquittant d'une taxe supplémentaire. Bien sûr Mahomet lui-même avait bien fini par exterminer la troisième tribu juive de Medine, mais ce n'était pas l'enfer systématique. Avec des hauts et des bas, l'Islam était cent fois plus tolérant que le Christianisme de l'époque. L'Espagne musulmane était très tolérante. Ainsi le chapelain de Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne, s'appelait Boelo et habitait à Aix-la-Chapelle. A un moment il se senti attiré par le judaïsme. Se déclarer à Aix était se sacrifier. Alors il demande à Louis le Débonnaire de l'envoyer en mission en Espagne musulmane pour une affaire quelconque et une fois arrivé, il se convertit au judaïsme. Il pris le nom de Heleazar et rien ne lui est arrivé. C'est sous la reconquête chrétienne de l'Espagne par Ferdinand et Isabelle, que les juifs durent se réfugier dans l'empire Ottoman où ils vécurent sans encombres jusqu'à ce qu'Hitler arrive . De même au 18e siècle, lorsque les Turcs reculèrent devant l'empire austro-hongrois, les protestants reculèrent aussi par peur de la monarchie des Habsbourg. Effectivement il y eut des décapitations en masse. Ceci émerveilla les philosophes du 18e siècle. Ainsi Pierre Bayle dans son "Dictionnaire Historique et Critique" écrit à l'article Mahometanisme : "Nous autres chrétiens, dont la religion a été fondée par un être rempli de douceur, ne cessons de nous massacrer pour des différences confessionnelles quelquefois minimes, alors que les Turcs (il voulait dire musulmans) dont la religion est fondée par un homme de guerre, sont les plus tolérants des hommes et laissent tout le monde "ivre en paix quelle que soit leur religion." Un des signes de cette tolérance est le peu d'attachement à créer des corps de missionnaires. Contrairement aux chrétiens, aucune confrèrie ne fut créée dans ce but. Tout musulman se considère comme missionnaire et c'est la vertu de l'exemple qui a fait progresser l'Islam. Etant très liée au commerce, la progression fut très rapide. En Chine, les musulmans étaient appelés les purs parce qu'ils faisaient très attention à la nourriture, à sa pureté. Ils avaient un certain prestige de ce point de vue. L'époque moderne veut imiter les anciennes institutions qui ont apparemment si bien réussi aux Chrétiens. De grandes missions partirent de l'Université du Caire El-Azar. Pour l'instant, bien que le dernier siècle montre à l'évidence une importante progression, rien ne permet d'affirmer que ces missions aient rapporté plus que la spontanéité d'auparavant. Notre alcool est arabe mais nos chiffres sont hindous Le rayonnement intellectuel de la civilisation musulmane n'a pas été un de ses moindres moyens d'attirance spirituelle. Car, loin d'être refermé sur lui-même, l'Islam s'est ouvert à toutes les sciences et les a enrichi. Qu'on en juge. L'arithmétique fut perfectionné par l'emploi, au lieu des lettres à valeur numérique, de chiffres "hindous" (nos chiffres dits "arabes") et du zéro. L'astronomie, prolongeant une longue tradition orientale d'astrologie (persistance des horoscopes dans l'Islam) fut très développée. Al-Battâni et son continuateur Abon-I-Wofa, introduisirent les notions de sinus et de tangeante dans une trigonomètrie plane et sphérique qu'ils avaient fondées. L'algèbre (en arabe al-jabr) devint à ce moment une science exacte. MADAGASCAR s. ' .. _ Pays musulmans. ~OE{] Importantes minorités musulmanes. 1;:;:;:;:;1 Faibles minorités musulmanes. s. Le monde musulman 1\ l'époque actuelle Au Ville siècle, les arabes découvrirent de nombreux corps importants en chimie, par exemple l'alcool dont le nom passa en français. Les Mosquées, quant à elles, sont très révélatrices d'une tentative de l'unification de l'art musulman. Si celles de l'Inde n'ont extérieurement qu'une très relative ressemblance avec celles du Maghreb, la décoration par contre trouve partout sa pleine expression dans le développement de l'arabesque. Dans les miniatures, les figures animales et humaines furent longtemps conservées, mais les intégristes de l'époque n'aimaient pas du tout et finalement fût developpé l'usage de la calligraphie ornementale. En littérature, les tempéraments nationaux se sont plus affirmés dès le moment où l'arabe n'a plus été la seule langue. Malgré tout son empreinte est restée très forte puisqu'elle est langue sacrée et intellectuelle. C'est le latin des pays musulmans. Toutes les discussions théologiques, scientifiques, philosophiques étaient en arabe. De nombreux mots "intellectuels" se sont transcris - en arabe - dans les différentes langues. Les réactions nationalistes modernes ont voulu les éliminer, mais ni les efforts de Mustapha Kemal, en Turquie, ni le persan d'Iran moderne n'y sont parvenus. Dans tous les cas, reste un acte quotidien en arabe: la Prière. L'art musulman et art arabe ne peuvent être identifiés, reconnaissons qu'ils ne peuvent être dissociés. Le mythe de l'Occident moderne La période faste où l'Islam, tout en gardant ses principes, rayonnait sur le monde, allait se stopper net au moment de l'expédition de Bonaparte en Egypte (1798-1801). Ce pays découvre les techniques et les méthodes occidentales. Les 38 réactions de l'Islam ont été diverses. Premièrement le désir de s'opposer victorieusement à l'ingérence de l'étranger, deuxièmement, la volonté d'égaler la civilisation européenne tant en rayonnement culturel qu'en développement matériel. Le colonialisme forcené des grandes puissances de l'époque, France et Angleterre pour cette région, allait mettre fin à tout espoir de victoire politique ou militaire. Un cortège de conquêtes, Algérie, Tripolitaine, de traités, protectorats et condominium traça pour un temps la nouvelle répartition géopolitique. Le nationalisme arabe y trouva incontestablement une de ses racines. Mais dans le même temps, il y a eu le grand prestige des recettes européennes, qui avaient apparemment réussi. Comme personne n'avait d'idée précise sur la voie à emprunter pour atteindre la cité prestigieuse, des idées nouvelles frappèrent les esprits. En particulier le parlementarisme. Beaucoup y voyaient le moyen pour que les gouvernants suivent les volontés, c'est-à-dire les intérêts, nécessaires aux bonheurs des gouvernés. Ainsi la démocratie libérale bourgeoise, s'est répandue dans le monde musulman sans grands obstacles. Du moins au niveau des élites. Cette idée simple, a pénétré, en quelques dizaines d'années des milliers de conscience. Preuve en est l'Iran de Khomeiny. Celui-ci malgré sa forte hostilité aux pratiques européennes, a organisé des élections avec bulletins dans l'urne. Jusqu'au 1ge siècle, cette pratique était complètement ignorée dans tous les pays d'Islam. Plus tardivement une autre séduction est née de la première. Chacun a vite compris que l'urne n'empêchait pas les dominations de l'argent, de la propriété. Une lutte s'engagea donc et pour beaucoup le socialisme était une définition suffisamment large des changements nécessaires à appliquer, pour entraîner de larges masses. Ainsi des dirigeants aux options politiques et économiques totalement antagonistes se réclament également de l'Islam. Sadate et Boumedienne étaient tous deux sincèrement pieu. Et Khadafi l'est aussi. . . Des dynamiques de culture, de pouvoir, d'écono.m.ie politique traversent les pays indépendamment de leur religiOn: Mais l'Islam a ceci de particulier qu'il dével.oppe t~Uj.ours les nouvelles communautés et même un certam patnotlsme de communauté. Désillusion et intégrisme Ces diverses expenences n'ont pas amené les résultats escomptés. Le pillage colonial marque encore profondem~ ment le présent, et les "socialismes" expérimentés ont donne des régimes où la bureaucratie était loin d'être exclue. Et ceux qui avaient soutenus que l'on p.ouvait s:eng~ger ~ans ces voies "parce que tout compte fait, ce qu avalent dit Rousseau, Jefferson ou Marx, le Prophète l'avait dit", se sont v~s retourner le revers de leur pièce. Puisque ~ahomet l',ava~t dit passons nous des autres et revenons difectement a lUi. Au'tre avantage de ce retour aux sources, il est national. C'est le langage des intégristes. . . La victoire surprise des chiites en Iran joue certamement un grand rôle d'émulation.. .. Faut-il s'attendre à un retour maSSif de ce type de politique dans tous les pays islamiques? Non et pour deux raisons. . La première tient au fait chiite s~écifiq~ement Iramen. Des cérémonies propres telles que la deploratlOn annuel.le, .le ~erbela ne seront jamais reprises par les sunnites ~aj.ont~lres. Malgré l'admiration réelle suscitée par. la. révolu tl~n Iramenne au-delà de ses frontières, des contradictiOns pers.lstent. La deuxième raison c'est que personne ne peut .dlre quel sera à terme le type de politique choisi. En effet sUivant la,recette de tous les intégrismes, nous assistons, en ce mome~t, a quelques gestes symboliques des plus marquan,ts af~lrmant la volonté de coller à l'Islam pur. Dans le cas present Ils peuvent être très violents comme la lapidation, le fait de ~ouper la main aux voleurs ou la ségrégation des fe~mes. MaiS d~ns le même temps le totalitarisme peut se c0!lcllI~r a~ec la pn~e en compte de mesures sociales comme natlOnahsa~lOns ou reformes agraires. Les deux phases peuvent se conjuguer. . Aujourd'hui se tiennent divers colloques sur les drOits de l'homme en Islam. Des représentants de "gouvernem~nts islamiques" n'hésitent pas à se référer à Rousseau sur ['egalité des hommes à la naissance. Phénomène impensable à ce niveau il y a dix ans. . Alors comme cela en est la mode à l'heure actuelle, faut-Il se réfugier dans le fatalisme? , Paradoxalement, c'est l'Islam qui va nous montrer que la aussi les contradictions existent. Les musulmans disent en effet fréquemment "tout cela est écrit" . Mais quelle ligne de conduite en retirer. , . Les nécrologies du Président Sadate ont rapporte son atttt~de "N'importe comment mon terme est fixé. N'importe. qUI ,n~ peut pas m'enlever une minute de vie sans que Dieu 1 al décidé. Par conséquent je fais ce que je veux. ". . . Bien sûr il y a une autre interprétation qui dit "SI Dle.u veut, ~l m'apportera la fortune dans mon lit, alors pOurqUOI me fatiguer. " Le choix est fixé clairement. Mais ne l'est-il pas pour nous tous, musulmans ou pas? Dossier réalisé par Daniel CHAIZE avec les conseils de Maxime RODINSON, Directeur d'Etudes à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 LA DEUXIEME RELIGION EN FRANCE ----- Avec environ deux millions deux cent mille croyants, la religion musul~1ane est la deuxième communauté religieuse en France. De nombreux problemes sont posés aux fidèles. . ' Ainsi les lieux de culte sont très insuffisants. Il arrIve assez frequemment que l'Eglise catholique prête - surl?ut ~o~r la p.rière du Vendr~dl -. ses chapelles ou églises. CertaInes ont meme ete donnees ou vendues a la LIgue Islamique. L'accès à la radio et à la téléVISion, maigre de nombreuses p~omesses, esl resté longtemps interdit au culte musu,lman. L~ premlere chaIne de télévision envisage sérieusement de lUI OUVrIr sa gnlle. MaiS a quel moment? , . 1 M Enfin , un millier de musulmans de France vont chaque annee a. a ... ecque. Dans le passé le retour auprès des. employeurs etait diffiCile. De même qu'avec la Sécurité Sociale. Des dispOSitions devraient resoudre ces problèmes. BIBLIOGRAPHIE : CONNAITRE L'ISLAM, L. Gardet - Paris - Fayard, 1958. L'ISLAM ET SA CIVILISATION, A. Miquel-. Pa~~s - Arnaud ~o/~,~, .1978. L'ISLAM, D. Sourde! - Paris - P. U.F., collectron Que SaiS-JI'. reedltlon, 1981. MAHOMET, M. Rodinson - Paris - Sel/il, 1961. . . ISLAM ET CAPITALISME, M. Rodinson - Pans - Sel/lt, 1961. . LA CIVILISATION ISLAMIQUE CLASSIQUE, D. et J. Sourdel- Pans- Arthaud, 1968. L'ISLAM AU DEFI, J. Barque - Paris - Gallimard. . . LA TENTATION DE L'ISLAM, M. Rodinson . Pans - Maspero. LANGUE ET LITTERATURES ARABES, J. Sauvaget - Pans - Arnal/d Colin, 1970. L'ISLAM DANS SA PREMIERE GRANDEUR, M. Laubard - Paris - Flammarion, 1971. FILMOGRAPHIE:------------------------- Défense et illustration : LE MESSAGER de Mustapha Akkad. La vie de Mahomet à la façon d'Hollywood. L'AUBE DE L'ISLAM de Salah AbOI/ Seif. Toujours du grand spectacle ... SALADIN de Youssef Chahine. Les croisades, vues du côté arabe, une autre façon de réécrire l'hsitoire . Regard critique: L'ISLAM EN NOIR ET EN COULEUR par Troeller el C. Defarges. Une excellente émission de la télé ouest-allemande. CEDDO de Sembène Ousmane. L'expansionnisme de l'Islam en Afrique au XV Il' siècle. Toujours interdit au Sénégal. POUPEES DE ROSEAUX de Ji/ali Fehrati. La condition de la femme au Maroc, et dans les pays Arabes. ., .. On ne peut cependant dire que l'Islam ait encore trouvé un grand. cI~.easte lalque capable d'en saisir les racines culturell:~ pro~ondes, non a 1 Image ~e Rossellini ("Le Messie") ou de PasolIni ("L evanglle selon SaInt ,Mathieu ) sur le Christianisme. DISCOGRAPHIE : Vous ne trouverez pas de disques consacré à la musique islamique ou à ses artistes sur les catalogues des grosses maisons phonographiques. Par c,ontre, plusieurs maisons, sans en faire une spécialité ont ouvert leur fond a c~tte musique qui ne se limite pas au pays du Maghreb comme certaInS pourraIt le 39 croire. , l'liA "Le chant du monde" a, depuis longtemps, ouvert ses p.ortes a sam. udelà des différents artistes représentés par cette maison, Il convient desaluer la collection "C.N .R.S. - Musée de l'Homme" qui, sur une douzame de titres a consacré un album au Tchad: "Musique du Tibesti" (~~X 74722), un autre au Maroc: "Berbères Ahwach" (LDX 74705) et un a 1 Afghamstan: "Chants des Pashaï'· (LDX 74752) . Au-delà du côté musical, cettecollection à l'avantage de présenter, à l'intérieur de la pochette, un rappel historique et une brève présentation du peuple enregistré. . "D.A.M. records" se lance aussi dans la distributIOn de ces mus.lques boudées par les grandes sociétés. Il diffuse un nombre important de disques consacré aux minorités. Pour l'Islam , on peut retenir: "Sanlur Récital" de Nasser Rastegar Nejad (Lee records 7135), "Folk music of Iran" (L~e Records 7261) "The pan islamic tradition" (Lee Records 7240) et "Rwals marocan berbè'res musicians" (Lee Records 7316). "Sonodisc". est un des grands piliers de la musique arabe et islamique. Un catalogue Imposant, mais. des disques mal enregistrés et ou mal gravé, leur font perdre une grande parue de leur valeur. Dommage. prêt.à.porter féminin SPÉCIALISTE JERSEY DESSINS EXCLUSIFS 210, RUE SAINT-DENis 75[JJ2 PARIS TEL 2:1) 30 al 233 47 :3J Peine de mort abolie, police mal aimée, revendicatrice d'autorité, violences citadines. Comment la société doit-elle appliquer la loi ? Et si Claude Charmes ancien condamné à mort, devenu criminologue, avait trouvé une solution ... LOIS, INDIV, ID, US, SOCIETE A près 26 ans de vic carcérale, 10 ans de maison dc correction et 15 ans quatre mois de prison, condamné à mort et gracié par le général de Gaulle, Claude Charmes est rcvenu à la liberté le 8 juillet 1974, découvrant la vie cl 42 ans. 11 avait été un prisonnicr modèlc : entré avec le ccrtificat c1'études, il sortit avec un doctoral en Droit, unc maîtrise de sociologie, une licence de psychologie et deux certificats de criminologie. Il pouvait ainsi accéder aux emplois réservés à l'administration pénitentiaire, par cxempic l'ANPE cadre, tout comme les anciens militaires. IVlais il voulut jouer le j eu seul. 11 s'est alors heurté à toutes les difficultés et tous les rejets opposés aux anciens détenus. Di fficultés venues dcs autres: les directeurs des entrepriscs refusaient dc l'embaucher pour ne pas avoir de problèmes avec leur personnel, ou les voisins de l'IlM où il habilait faisaient une pétition pour l'expulser. Et difficult és venues de lui: la Thomson, souhaitant se situcr à la pointe du progrès social, lui proposa Ic poste de direct eur-adjoint à la gestion. \1 aurait eu 60 cadres sous ses ordres. Il n'eut pas le courage d'accepter. 60 cadres "honnêtes" dirigés par un assassin qui n'avait jamais travaillé, cela aurait été la grève avant deux jours ... U" jour qu'il passait rue François 1er , il eut une idée: il était demandeur d'emploi, mais il était un scoop aussi. Il entra et au lieu de demander le chef du personnel, il demanda le chef des informations. Après une heure d'antenne, il reçut dcs milJiers de propositions d'emploi. Ce qui l'amena à réfléchir sur les pouvoirs des vedettes et à constater quc les braves gens étaient innombrables. Après avoir enseigné dans une école d'ingénieurs le Droit commercial et le Droit social, il s'est reconverti dans la 40 formation des travailleurs auprès des chambres de commerce, des usines, des comités d'entreprises. Et surtout, il a repris en main une petitc revue juridiquc Promovere qui avait 80 abonnés ct qui tire maintenant à 6 000 exemplaires. 11 y joue tous les rôles, depuis celui de directeur scientifique jusqu'à celui d'expéditeur. Et il est conseiller privilégié à l'Ilot (voir encadré), où il a choisi son camp, celui des délinquants. Pcndant cinq ans, il reçut des lettres anonymes et des menaces de mort. UNE PHILOSOPHIE Malgré toutes les difficultés qu'il a eues, il n'en veut à personne. les coups de téléphone anonymes? Ce sont les mêmes qui appellent les dossiers de l'écran. Les gens ont très peu évolué depuis un million d'années, M. BARET/RUSH ils ont besoin d'un père, et au son de la Marseillaise, ils sont tous prêts à repartir pour Hanoï ou pour Alger. C'est cela la France profonde. Et il parle avec un sourire de ces gens qui préfèreraient voir faire les expérimentations médicales sur des condamnés plutôt que sur des animaux, ou de ceux qui sont pour une peine de mort "humanisée", une piqûre par exemple ... Ce sont les instincts les plus agressifs qui subsistent. Regardez la mort de cet ins· pecteur de Saint-Maur. Ce n'est pas la mort d'un policier, c'est la mort d'un citoyen qui a \'oulu se mêler de ce qui ne le regardait pas au lieu de téléphoner à la police. Il a voulu jouer les gros bras. Et, en plus, il avait son arme de service, ce qui est interdit hors-service. Naturellement cela donne lieu à toutes les exploitations sur le thème de l'insécurité. Mais statistiques en mains, j'ai prou\'é que les gangsters d'autrefois tuaient dix fois plus que les jeunes d'aujourd'hui, les Mémé Guerini, Antoine Guerini, Padovani, Emilie Buisson, qui avait une gre· nade dans le slip pour le cas où il serait arrêté ... Je crois que chacun est responsable de ses actes. même s'il a des excuses. Comment pourrais-je revendiquer comme de ma responsabilité les efforts que je fais pour m'en sortir si j'essaye d'être irresponsable de mon crime? C'est une question de dignité humaine. La tendance actuelle est de minimiser le crime et d'augmenter le nombre d'excuses tant psychologiques que sociales. Il ne s'agit pas ici de nier le rôle de l'environnement social. les événements de la banlicue lyonnaise, même outrageusement déformés par la presse, l'ont montré. [1 est des actes où responsabilité individuelle et collective se mêlent. Des jeunes sans avcnir, au chômage, pour beaucoup immigrés de la nouvelle génération, ont souvent l'impression qu'on ne les entend pas. Alors ils crient, et leur cri peut devenir violence. Et sans minimiser leur geste la question se pose: sont-ils les seuls responsables? En ce qui concerne l'individu, il faut dis· tinguer responsabilité et culpabilité, car c'est à partir de ces deux notions mises en rapport que se définit la sanction. La culpabilité est une notion juridique, fixée par la loi, qui délimite le permis et l'interdit, qu'on peut parfaitement mettre en fiches sur un ordinateur. Tandis que la responsabilité est d'abord une notion philosophique, existentielle, même. C'est aussi une notion morale et sociale. Il existe des circonstances agravantes et atténuantes selon les hommes. Et là, c'est une question d'appréciation humaine. Cela dit, c'est vrai qu'on est plus ou moins responsable selon Ile degré de culture auquel on a accédé, selon sa classe, en bref, et selon le pou\'oir qu'on a d'appréhender le monde. La sanction intervient pour juger et le délit en soi, et l'homme qui l'a commis. En ce qui concerne la responsabilité col· lecth'e, il me semble que c'est dans la récidive qu'elle est le plus engagée. Elle "ient essentiellement alors de ce qu'on n'a pas aidé le délinquant. L'idée qui domine c'est que chacun doit rester à sa place. Alexis Carel, prix Nobel, disait: on naît ouvrieli ou on naît patron. On a l pu lire dans "Le Figaro" qu'un Etat qui permettrait à un criminel de sortir sociologue était un Etat pourri. Et on ne verra jamais un "Manouche" devenir pianiste de concert. Un criminel reste un criminel toute sa vie. Les différences sont figées, on a une étiquette, et on est tenu de ne pas changer. C'est là qu'est la responsabilité collective. Propos recueillis par Anne LAURENT 41 OOEFÉRENCESNOVEMBRE81 UNE MAISON D'ACCUEIL EXEMPLAIRE l'ILOT est une association de Maisons d'accueil pour les détenus qui sortent de prison. la première a été créée en Belgique, il y a tout juste vingt ans par JeanJacques Pagnano, un fou au sens d'Erasme, dit Claude Charmes, qui à 14 ans écrivait aux évêques pour savoir quels étaient les plus pauvres, dont il voulait s'occuper. Il accueillit un jour chez lui un copain sorti de prison, puis un autre, mais son père refusa que sa maison soit transformée en pensionnat. II fut donc obligé d'attendre sa majorité pour créer sa première maison d'accueil. Aujourd'hui, 14 maisons existent en Belgique et en France, il y en a même une à Rio de Janeiro. Au début, le financement était assuré par la charité publique, dons et quêtes. "- ... Maintenant, il existe une participation de la Direction de l'Action Sanitaire et Sociale (D.D.A.S.S.). Mais c'est une véritable fuite en avant. Comme les maisons sont toujours pleines, dès qu'on a peu d'argent, on en fonde de nouvelles, et les problèmes d'argent s'accumulent. .. Toute maison d'accueil n'est-elle pas une autre prison? Elle ne peut fonctionner sans un minimum de règles. Toutefois, la structure est la plus libre possible, on pourrait dire paternaliste. Il y a un couple de maîtres de maison, qu'on choisit avec des enfants. C'est l'idée qu'une famille moyenne, des enfants, sont les meilleurs rééducateurs. la plupart du temps, les anciens détenus ont été confrontés à une multitude d'échecs dont celui de leur famille d'origine. leur vision des femmes se limite à des femmes 1 surchargées de travail, leur mère, ou aux vamps de la T.V. le foyer d'accueil leur offre une image de réussite à laquelle il leur est possible de s'identifier. On leur donne là un lit et à manger, et on leur trouve du travail par l'intéermédiaire des agences d'intérim. Cela leur permet d'avoir un répit. Ils restent là le temps qu'ils veulent, et s'ils récidivent, ce n'est pas parce qrr'-tls ont faim, ou ne savent pas où dormir. On leur apprend les règles du jeu. Mais il n'y a pas, à l'IIôt, de moraliste, d'éducateur, de psychologue, de psychiâtre, ni même de médecin. 1 Ce qui est le plus nécessai!e aux d~linquants, c'est qu'on leur prete attentIon. Et c'est généralement ce qui est le plus difficile à obtenir. Histoire Les Noirs, éternels absents de l 'histoire des Etats- Unis, s y sont battus pour la liberté... des Blancs LES OUBLIÉS DEYORKTOWN Vient d'être célébré avec faste le 20' anniversaire de la victoire franco-américaine de Yorktown, en 1781, qui a . ,assu~é. définitivement l'indépendance aux jeunes EtatsUrus d Amenque. Des sommes considérables ont été dépensées pour commémorer ce bi-centenaire. Les Français ont été honorés : R?chambeau et l'amiral de Grasse qui ont joué un rôle déter~ TlI~a,nt, dan~ cett~ victoire. Le président Mitterrand qui a été invite a assister a la reconstituti on de cette grande bataille , Côt.é américain , on a glorifié Washington et ~~es troupes. MaiS nulle part le rôle important joué par les Noirs améri cains dans la lutte pour l'indépendance ne fut soulignée. On n'en parle jamais d'ailleurs. Pourtant, les Noirs furent les p~emiers à se ~évolter contre le joug colonial britannique, bien avant le debut de la Guerre d'Indépendance. Dès 1619 date de l'arrivée des premiers esclaves africains sur le terri: toire des futurs Etats-Unis d'Amérique, tes révoltes d'esclaves furent nombreuses . Le premi~r rév?lutionnaire tué en luttant contre les Anglais fut ~n NOir, CrI.sPus Attucks. Il mourut à la tête d'un groupe de citoyens, NOIrS et Blancs mêlés, qui protestaient contre les brutalit~s des soldats anglais, le 5 mars 1770, dans King Street, a Boston. Les Noirs le vénèrent depuis comme un héros national. L'acte de Cris pus Attucks devait avoir d'imp.ortantes conséquences dans le développement de l'esprIt de révolte des Américains. LA DECLARATION DE L'INDEPENDANCE MAINTIENT L'ESCLAVAGE John Adams , le second président des Etats-Unis , devait déclarer plus tard : "Ni la batai Ile de Lexington, ou celle de Binker Hill, ni les défaites de Burgoyne ou Cornwallis (les commandants de l'armée anglaise) n'ont été aussi importantes dans l'hi stoire américaine que la bataille de King Street du 5 mars 1770." GLASMAN _ Cie 28, Boulevard Strasbourg 75010 PARIS Téléph . : 208 .16.18 et 208.14.07 MACHINES A COUDRE MATÉRIEL DE CONFECTION MATÉRIEL DE. REPASSAGE TOUTES MARQUES ACHAT. VENTE . REPARATION • LOCATION 42 ..... . \. ... ..:, --- ~.::... . . L'esclave P. Salem au cité de son maitre le lieutenant Grosvenor. héros de Binker Hill. Faut-il rappeler que la Déclaration de l'Indépendance américaine du 4 juillet 1776 (6 ans après King Street et 5 ans avant Yorktown), qui est considérée comme l'origine de l'onde révolutionnaire, reprise et amplifiée par la Révolution française, allait, au fil des temps, abattre les régimes établis jusqu'à la Révolution soviétique de 1917 ? Et pourtant, elle ne remettait pas en cause le principe de l'esclavage. Washington et Thomas Jefferson s'étaient rendus compte de la contradiction entre la démocratie sacralisée dans la Déclaration de l' Indépendance et le maintien de l'esclavage . Mais ils n'avaient pas osé y toucher. Ils étaient eux-mêmes propriétaires d'esclaves. Was hington se contenta d'affranchir tous ses Noirs sur son lit de mort . Cependant, la participation des Noirs dans l'agitation révolutionnaire fut très importante. Ils furent parmi les premiers à répondre à l'appel aux armes. Il y avait des Noirs parmi les "minute men" du célèbre Paul Revere, ce Drouet américain qui, le 18 avril 1775, avertit les "rebelles" de l'arrivée du général anglais Gage à Lexington. Ils étaient aussi parmi les combattants américains des batailles très importantes de Lexington et Concord qui s 'en suivirent et au cours desquelles les soldats noirs Pomp Blackman et Prince Esterbrook se conduisirent en héros, Blackman payant son patriotisme de sa vie . A Bunker Hill, deux mois plus tard, des Noirs se distinguèrent également, particulièrement Peter Salem. Barzillai Lew et Salem Poor. Washington hésita longtemps avant d'admettre qu'on accepte des Noirs dans l'armée américaine . Une forte opposition à l'enrôlement des Noirs venait principalement du Sud esclavagiste. Or le financement de l'armée était assuré par la participation de chacune des treize colonies. On prenait donc grand soin de ne pas froisser les Blancs rétrogrades . On craignait a ussi que l'armée serve de refuge aux esclaves en fuite et de porter un coup au principe sacré du "droit de propriété" des possesseurs d'esclaves. On redoutait de donner des armes aux Noirs dans une période où les révoltes d'esclaves étaient nombreuses . LES ANGLAIS PROMETTAIENT L'EMANCIP ATION Il fallut la crainte de voir les Noirs s'engager dans l'armée britannique qui leur promettait l'émancipation en échange (et aussi les désertions de plus de 3 000 hommes en 1777 dans l'armée américaine) pour amener Washington à surmonter sa répugnance et permettre aux Noirs de combattre pour l'indépendance, ce qui, à leurs yeux, leur vaudrait d'être émancipés. Espoir déçu pour la plupart: 1 000 soldats noirs seulement gagnèrent leur liberté. Washington, lui, n'eut jamais à regretter sa décision. Vers la fin de la Guerre d'Indépendance, quelques 5000 Noirs s'étaient battus vaillamment pour le droit des hommes (blancs) à vivre libres. Ils avaient participé à toutes les batailles importantes de la guerre: Monmouth, Red Bank, Saratoga, Savannah, Princeton, Yorktown, Eutaw Springs et Fort Griwold. Deux Noirs au moins, Oliver Cromwell et Prince Whipple franchirent le fleuve Delaware avec le général Washingto n . Durant la bataille de Rhode Island, le régiment de mercenaires hessois, à la réputation redoutable, fut battu par un régiment uniquement constitué de Noirs. La participation des Noirs à la Guerre d'Indépendance ne se limite pas seulement à l'armée de terre. Des Noirs ont servi BANSARD International S.A. au Capilal dt 6 200000 rr.nu A'"Hf l n Oou.ne no' 3129 J .O. du 21. 11 .71 VOS PR08L[~1[S : Enlèvement â l'é lrangt:r - Tra m;. p on~ - A ssura n c~ - I-o rmalil cs dotlaniercs . Domic ili at ions banc:air c ~ - Swckagc el gesti on. vos OIFFI(TLTES : DélaIS d'achcminl' mcnt. de Mdoua ncmcnl. de li vraiso n. CONFIEZ-LES à un l' TRANSIT AIRE " spki.USlt df \"oln prorfSsion SERVICES, AERIE:-; - ~IARITlM.E· fERROVI;\IRE - ROlTIER DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 dans la Marine des Etats-Unis. Un des héros de la guerre sur mer fut Caesar Terrant qui pilotait le "Patriot", un vaisseau de Virginie. Un autre fut Mark Sterlin, un esclave en fuite, qui devint le seul capitaine noir dans l'histoire de la Virginie. On lui attribue quantité d'attaques audacieuses contre les vaisseaux anglais à Hampton Roads. Un chapitre particulièrement audacieux de la Guerre d'Indépendance a été écrit par les espions noirs dont les activités ont concouru aux victoires cruciales des forces américaines. L'un d'eux, un esclave nommé Pompey, a permis la prise d'une place vitale pour les Anglais à Stony Point, New York, par les troupes d'Anthony Wayne. Après avoir obtenu le mot de . passe de l'ennemi, Pompey guida un détachement américain à travers les lignes anglaises pour lui permettre de lancer une attaque-surprise contre le fort. Mais, sans conteste, l'espion noir le plus audacieux fut James Armistead , un agent double travaillant pour les Américains. C'est largement grâce aux fausses informations qu'il fournit à l'ennemi et aux vraies qu'il fournit au général La Fayette, que celui-ci put tendre un piège fatal à son adversaire, le général anglais Cornwallis , à Yorktown. POLONAIS, FRANÇAIS ET HAITIENS Beaucoup d'Américains connaissent le rôle que certains étrangers ont joué dans la Guerre d'Indépendance, comme le Français La Fayette, le Polonais Thaddeus Kosciusko ou le Prussien von Steuben, qui se sont battus aux côtés des Américains. Mais bien peu savent que des volontaires noirs étrangers ont aidé la Révolution américaine, tels ceux de la Légion Fontages , une unité composée de Haïtiens qui se distingua au siège de Savannah en empêchant l'effondrement des lignes américaines. Les Noirs n'ont tiré aucun avantage de la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis. Bien peu furent affranchis lorsqu'elle se termina, et encore, nombre d'entre eux ne l'avaient dû qu'en profitant du conflit pour fuir au Canada ou en Floride, alors possession espagnole. L'esclavage demeurait le lot des Noirs aux Etats-Unis, alors que la nouvelle république affirmait pour les Blancs les principes du droit à la vie, à la liberté, à la recherche du bonheur, à l'indépendance nationale . Six ans après la bataille de Yorktown, un article de la Constitution de 1787 autorisait l'importation d'esclaves; un autre précisait que les esclaves qui avaient fuit dans les Etats nonesclavagistes devaient être restitués à leurs maîtres; un autre enfin, qui déterminait la répartition des Représentants (blancs) , établissait la distinction entre les personnes libres et. .. les autres, parmi lesquelles se situaient évidemment les Noirs et attribuait à un esclavage la valeur des 3/ 5 d'un Euroaméricain. Deux cents ans après, tout montre que l'Amérique n'a pas exorcisé ses vieux démons. Les oubliés de Yorktown sont toujours à la recherche des 2/ 5 qu'on leur refuse. Robert PAC &getrabat ..... IH ' '\(;I~ ~ '"lU • 1- 21. lut 11(' 15 Arp:.:nh ~.'" /'~f.1,~·rne~ OR 1.Y C:d.:- ~:\ 1:12094 J 92 O R i Y A~tnr,\rl Tel. !l53, 12}'" P':h!: 31:1 .94 "I-(Jl F'I, · l ",' L \HI\ 1 ,,~lllJ SO TUC d"l pb"'II" r el ù.l ' 1 -~!1 33, RUE LEDRU·ROLLIN • 8 .. &00 IVRY • 870. al. 78 P·' R!i j " J). II ~e"~ d t'l rOp(tJ Id 26U.U(, I{O ISSY 8, P. 10446 9 ~707 R (I ~ \\ .. ' t l.lrll.H! T':-I . . 1I62 ,2'JO 1 YU\ 1\'100':· ~5 llir h. ,;,·Hrur, Id ~~ ~~ .1/ 43 Culture , LES HE TIERS DE MEIN KAMPF FORCENT LA PORTE , 'A ccepteriez-vous cl' échanger vos 200 pages de Heine contre ces 400 pages de Hugo '?" Faites dans une allée de la [:oire du Livre de Francfort, cet te proposit ion surprendrait à peine tant [e commerce y est roi. Du [4 au [9 octobre, 175 000 vis it eurs ont déambulé en tre [es pavil[ ons de 1 406 exposants ouesta[ lemands (1 365 en 1980), de 55 in stituts d'édition de RDA (51 en 1980) et de 4059 éditeurs représentant 85 autres f)ays. 285000 ouvrages, dont R4000 parutions nouvelles ont été exposés sur [es que[qucs RO 000 mètres carrés cie surface de cette 33" "Buchmesse" . SCH ÙRR/ RUSH Une année sur deux, la foire est "thématisée". L'an passé, la "Littérature africaine" avait été mise sur le devant de la scène. En 1982, il s'agira de "La religion d'hier clans le monde d'aujourd'hui ". En marge du négoce, le cru 19R 1 de la "Buchmesse" aura pourtant été voue de t'acto au thème "guerre et paix". Le sy ndicat HBV (Handel, Banken ulld Versicherungen) du DGB (fédération cles syndicats allemands) y a tout particulièrement contribué avec une action originale baptisée Interdits a la vente en librairie, les éditeurs nazis tiennent stand ouvert à la plus I:rande vente mondiale du livre. 1923. Son pseudonyme pour so n dernier livre d 'auteur à succès est par con- "Frauenbataillon" (Bataillon tre fort connu dans tous [es de femmes), au moment kiosques cie gare, en Europe: même où Lev Kopelev était Konsa lik . officiellement désigné pour La veille , 17 octobre, une recevoir le Prix de la Paix "a nti-c éré monie" s'est dans [e cadre de la 33" Foire déroulée dans la Maison des de Francfort. syndicats à Francfort: la L'écrivain ouest-allemand commission des édite urs et Peter O. Chotjewitz présenta libraires du syndicat HBV a un "anti-é[oge" cie "Frauen désigné Konsalik comme '[au- bataillon", pour en démonréat" du "prix de la guerre" trer les multiples perversions qui lui valent d 'être "distin" Für den Frieden - gegen ~-~--~-..,..-" gué" avec ce prix très spécial. Résumons: comme dans ses précédentes productions, Konsalik utilise [a guerre comme décor. Il met celte fois en scène 230 femmes soviétiques . Il ne s'agit évidemment pas pour lui de relater la participation cie combattantes à la défense de leur patrie et à la guerre antifasciste. Non: Nazi - und Kriegs[iteratur" (Pour une littérature pacifist e, contre la littérature nazie et guerrière). Ce jour-là, on se presse par centaines autour du stand des Editions "Hestia" (HestiaVerlag). Le nom du propriétaire ne vous dira rien : Heinz Günther, né à Cologne en "Une mer rouge submerge les steppes du Don" et dans ce cont ex te, les combat s singu- 1 iers en t re "fem me russe" ct "homme allemand" se succèdcnt au rythme des fantasmes de l'a uteur . Racisme antifemmes, racisme antisoviéti4ue, éloge cie la guerre, tout y est. Ce jour-là donc, c'est un chansonnier de Hanovre , Dietrich Kittner qui se présente au pavillon d'Hestia-Verlag pour remett re le "Kriegs preis" au lauréat: "Vous sa,'cz que rien n'est plus dommageable à la nature germanique (lUe les ruminations fallstiennes et les égarements judéo-marxistes. C'est pourquoi "ous estimez slIpcrllu d'importuner ' 'os Iccteurs avec des considérations relatives au contexte et aux ob,jectifs de l'agrcssion allcmande contre l'Union Soviétiquc. Pendant que Lev Kopelev recevait officiellement à la Foire du Livre de Francfort le Prix de la Paix, une anti-cérémonie attribuait a Konsalik le Prix de la Guerre. 44 Au lieu de cela, ,'ous préférez citer le trop prématurément oublié Walter Flex qui a montré à toute une génération la voic héroïque menant au Walhala des preux." Trêve d'ironie: le chansonnier sc tourne vers l' assistance pour conclure: "Konsalik a bien mérité de la guerre fraîche et joyeuse. Konsalik mérite qU()' tidiennement de la prochaine guerre. " L'affaire n'en restera pas là. 1 nterviewé dans l 'hebdomadaire de l'édition "Borsenblatt-extra", Peter O. Chotjewitz avait résumé son "ant i-éloge" de Konsalik. Dans les coulisses de la foire, [es géants ouestallemands de l'édition - Bertelsmann, Kindler, HeyneVer[ ag - qui publient les "oeuvres" de Konsalik partirent en guerre pour protéger leur auteur à succès, en menaçant notamment [e "Borsenb[ att" d'un boycott pub[icitaire . Aux dernières nouvelles, le journaliste responsable de ['interview aurait été licencié ... N'en doutons pas: "Frauenbataillon" va assurer d'aussi belles rentrées que les précédentes titres à ['auteur ct aux éditeurs. Il se trouve rlOurtant de nombreux Allemands, intellectuels, artistes ou syndicalistes, pour penser que "le pire aurait été de ne rien faire". C'est une tradition qui remonte loin dans le passé progressiste allemand et il n'est guère de manifestation officielle en RFA qui ne soit le théâtre d'une tentative de " subversion" du conformisme ambiant. La remise de ce "prix de [a guerre", en contre-point cie l'attribution officielle d'un "Prix de la Paix", en constitue un bon exemple. Autre témoignage de la vitalité de ces initiatives DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 "alternatives" : une "gegenbLlchmes~ e" est organisée depuis quatre ans dans un J'aubouJïl de Francfort pour notamm~nt [Jermettre à de petits éditeurs d'exposer à moindre frais. Des autobus font la navette entre la Foire CI sa "riva[e" ... L.'action symbolique du syndicat HBV exprime une inquiétude croissante de nombreux Allemands face à la prolifération de livres portant sur la période du nazisme. Mis sur le marché par de grands éditeurs réputés "sérieux" ils prennent la forme de "documents de première main", de biographies d'anciens nazis, de "description d'une destinée humaine", sans jamais fournir au lecteur, et pour cause, des éléments d'analyse ct de compréhension de cet te périocle si longtemps refoulée dans l'inconscient collectif ouest-allemand. Les effets d'un tel phénomène sont particulièrement pervers à un moment où [a demancle d'informations sur cette période s'est sensi blement accrue, notamment chez les jeunes, à la suite de la diffusion télévisée de la série "Ho[ocaust" et de la polém ique qu'elle a provoquée. Dans ce contexte, les petits éditeurs d'un genre très spécial peuvent prospérer. Approchons-nous par exemple de ce pavillon devant lequel une vingtaine de jeunes sont en train de scander "Nazis raus" ... I[ s'agit du "Verlag K.W. Schütz KG", domicilié à Oldendorf. Il vous en coûlera 38 DMarks pour VOLIS offrir les 448 pages de "Crimes alliés contre les Allemands"
- "une contribution
à [a vérité" précise [a brochure... Nouvellement paru aux éditions Schütz, "Devant le tribunal des vainqueurs". Sous-titre: "Justice sans fondement à Nuremberg". Autre pub[ication: "La tragédie des juifs". La prière d'insérer ex plique que "le chiJ'fre magique des six millions" (de victimes) est objectivement analysé et réfuté". Les deux [ivres d,'Otto Skorzeny, patron des commandos de chasse SS. sont également disponib[ es. L'éditeur [es recommande tout particulièrement comme étant dans "la ligne de mire de la presse mondia le: en Israël, manuels pour élhes-officiers. Traduits en sept langues. Interdits six ans en Allemagnc". Le "Munin verlng" est égaiement présent à la Foire dc Francfort. Sa vocat ion: "éditer l'histoire des WalTenSS". Vous pourrez donc y trouver par exemple L1ne superbe édition rdatant l'épopée de la "Division Das Reich", le cinquième volume est à paraître. Deux volumes sont consacrés il "la longue marche" cie la 3'" division SS dont "les étapes ont été Luga, Pulkowo, Leningrad, Wolchow. Krassnaja-Gorka", etc. Grâce aux envois de "documents photographiques" errect liés par le biais de "l'association des anciens de la Je div. SS", ['éditeur est en mesure de propo ser aujourd'hui un tr01sleme tome regroupant 463 photos ... La liste serait longue. Le dUII! ler nouveau réside dans le fait que cc type de publications est relayé par des témoignages et publications diverses de !lrands éditeurs. L'hebdomadaire "Die Tat" pouvait ainsi t i t rer un long article consacré à cette 33 foire: "Le passé n'a jamais été mort, il n'est même pas encore passé." Préambule: "Le marché du livre est submergé depuis (IUel(IUeS mois par une "aguc : les sujets traitant du national-socialisme allemand sont devenus des thèmes de publication à la mode et particulièrement rentables." L'auteur analyse les 60 nouvelles parutions littéraires de l'année relevant de ce domaine. Certes, l'éditeur Rowohlt peut aujourd'hui braver l'inlerdit juridique qui frappe toujours officie[[ement le roman "Mephisto" de Klaus Mann et [e mettre 45 sur [e march é. Dcs auteurs al lemands exilés pendant le na zisme son t depui s peu accessibles aux lecte urs oues tallemands, tels 1 rmgard Kcun ou Lion Feuchtwanger. Mais parallélement, le troisième Reich est devenu matière ù roman de divertissement s, sans aucun recul. Pour être complet , il faut citer l'autre ve rsant cie la réalité ouest-allemandc, où sc situent pêle-mêle des syndicali stes, des écrivains, des antifasci stes, des progressistes, ou de s éditeurs, tel PahlRugenstein ou Roderberg. Ainsi, [e syndicat HBV avait organisé pour ses adhérents une "visite alternative" de la Foire de Francfort avec a rrêts au stand 6 E/ B III du Deutscher Taschenbuch- Verlag, pour le [ivre: "L'orchestre des femllles ù Auschitz", et au Roderberg-Verlag, pavillon 6 El H [40 pour" L.a résistance antifasciste allemande de 1933 à 1945" . D'autres encore ... La réalité est souvent plus complexe qu'on ne l'imagi ne. Sait-on par exemple que "Le journal d'Anne Franck" est l'un des titres [cs plus lus dans [a jeunesse ouest-allemande? Force est pourtant cie constater que la tendance actuellement dominante dans l'édi tion de RFA est à une banalisation diffuse de la période nazie. Réhabilitation '! Gisela DREIER MEUBLES Avenue d'Orléans. 28011 CHARTRES • (37) 28.09.37 Un personnage fou pour une pièce folle, 114 ans à la recherche des hommes pour se trouver lui-même. , 'P eer Gynt" d'ail.leurs, était bien ce que j'ai écrit de plus t'ou", confiait volontiers Henrik Ibsen. Ce n'est certes pas l'étonnante mise en scène que propose actuellement Patrice Chéreau au Théâtre de la Ville qui peut faire clouter de la pertinencc cie cc jugemen t. "Peer Gynt", c'est vrai, est une pièce folle, monstrueuse, démesurée, toute en rupture cie ton, cie genre, de style. C'est pour cela qu'elle est réputée "injouable". Et Peer Gynt, le personnage, partant cie sa province norvégienne, errant de par le vaste moncle, mais jamais là où on l'attencl, tantôt riche tantôt pauvre, mentant sans cesse et toute sa vie tendu dans la volonté d'être "soimême"
- Peer Gynt est bien un
fou. Mais tout cela est d'un tour cie folie bien particulier qui exerce sur le spectateur, ainsi que le notait Wilhem Reich, "l'impression la plus durable". Face à "Peer Gynt", "nous ne pourrons plus nous expliquer notre propre saisissement que celui qui étreint tous les spectateurs au cours du drame de Sophocle, Oedipe, ou d'autres "tragédies", traitant de ce qu'il y a de plus profond dans l'âme humaine". Dans notre culture, Peer Gynt voisine avec Faust, Don Juan et Hamlet. On ne peut pas ne pas le rencontrer, l'interroger, le suivre à la trace et son agitation nous contraint à un surcroît de rigueur. C'est ce qu'ont compris Patrice Chéreau et François Regnault. Ce dernier s'est attaché à une nouvelle traduction de "Peer Gynt" - dont le texte était cI ' ail leurs devenu pratiquement introuvable. La rigueur a consisté pour eux à "partir de Peer Gynt" et non d'ambitionner on ne sait trop quel "retour à Ibsen". Ce qu'explique très bien Regnault: "Ce n'est pas nous qui parlons de Peer Gynt, de ce personnage qui crut voler sur un bouc, rencontra les trolls et le Grand Courbe, conduisit sa mère au Château de la mort, quitta la Norvège, erra du Maroc à l'asile du Caire entre les singes et les fous, revint en son pays par grande tempête, dut affronter le diable, manqua d'être fondu PEER GYNT N. TRE,\ TT LA FUITE VERS SOI dans la Cuillère unive~selle, finit dans le giron d ' une femme qui l'avait tou.jours attendu, et se proposa toute sa vie d'être soimême, sans y arriver ... peut"être. Car ce n'est pas nous qui parlons de lui, c'est lui qui parle de nous, de chacun de nous, de tout un chacun. " Partir cie Peer Gynt, donc. De son propos cie raconteur d 'histoires, de contes, dont il se fait le héros sans même se soucier cie vraiment tromper son monde; de ses longs voyages aux fortunes 46 cliverses et cie sa vie de 114 ans, de sa course éperdue et désinvolte à la recherche de lui-même. "Peer Gynt fuit la douleur, fuit le remords". dit Chércau. "II affronte tous les risques de celte liberté terrible qui nous fait sourds aux autres et aveugles à nous-mêmes. Il conmlÎt et ne veut pas connaître la solitude, l'angoisse, la fragilité et la mort. " L'errance dc Peer est une fuite, et cette fuite est une quête. Son art de la dérobade est comme un traité de savoir-vivre et ses mensonges apparaissent comme l'élégance enfin trouvée de la pataude ct arrogante vérité. Et tout cela pour conjurer "le monstre qui est en lui" : "La voix de sa propre parole". "Je regarde au-dedans de moi. Là est le champ de bataille où je suis tantôt vainqueur, tantôt vaincu", et cela se constate légèrement, pas de quoi en faire un drame, juste de quoi en faire des histoires. A débiter aux autres, amis ou ennemis, clans un rIot de recus, de commentaires, qui s'emboît ent, se contredisent, se téléscopent. Le temps de courir à l'autre bout du monde. Pas d'héro"fsme, pas de loi, même pas de morale. Seulement une modestie: être soi-même. Quitte à découvrir que savoir qui est "soi-mêmc" est aussi difficile que trouver dans un oignon le centre, ou le noyau. Il n'y a pas cie noyau à l' être, Ibsen le remarque avant Freud. Et sur la pierre tombale de Peer, le plus humain de tous les grands mythes de l'Occident, on ne peut paracloxalement qu'in scrire: "Ici ne gît personne!" Pour le comprendre, ct ce n'est qu'un exemple pour illustrer l'intellil!ence de la mise en scène de Ché;eau, il suffit cie voir, scène après scène Peer Gynt changer de visage, de comportement, de tics et même de voix. Sur d'autres scènes, Peer Gynt est parfois joué par plusieurs comédiens, successivement. Gérard Desarthc est, au Théâtre de la Ville, un comédien inspiré qui à travers tout es les facet tes de Peer lui assure son unité, son intégrité. Des ruses et roublardi ses de Pecr Gynt, Desarthe fait une résistance. "La pièce la plus folle ... " ? Oui. De cette exacte folie qui fait que la plus dure des initiations débouche, au terme d'une vie sur l'incertitude et à ce conslat cI'Ibsen : "Eternellement, on ne possède que ce qu'on a perdu." Peer Gynt était prodigue. Jean-François VILAR "Peer Gynt", au Théûtre de la Ville, ju squ'au 19/12/ 81 Peer Gym, le xIe Integral de la traduction de Fran~'oi~ Reg nault . appa reil critique CI photographie:.. de la mise en sl'ènc dl.? Chéft'aU, Cil vente lU Théàtre de la Ville, l'DIlec tion TN P, SU f. Les deuxièmes rencontres des cinémas méditerranéens de Vittel ont permis à un large public de "spécialistes" de découvrir un phénomène cinématographique de première importance dans le Bassin méditerranéen et le monde arabe : la comédie musicale égyptienne. , LA , CAMERA ENCHANTEE E n F~an~c l'intérêt ou la curlosltc pour ces "films chantants" dépasse largement le public fidèlc des immigrés maghrébiens. Aujourd 'h ui le marché florissant de la vid éo-cassette comporte un grand nombre ELIE KACA" de titres à la gloire de Faridcl- Attrache, Chadia, Moha- , med Fawzi et Om Kalthoum. Il y a longt emps qu'ils constituent des valeurs slÎres pour les jukes-boxcs et les vendeurs de disques des échoppcs de Barbès à Bellevilles. CHANSONS QUE TOUT CELA ... Si tous les films égyptiens (1) ne sont pas des comédies musical es, tous les réalisateurs égyptiens s'y sont essayés, par choix ou nécessit é . Le thème principal de ces films musicaux est, à quelques exccptions près, le suivant
- un jeune homme ou
une jeune femme ayant réussi (socialemen t) rencon t re "l'autre" dans des circonstances qui les poussent à l'ini- Pas de remise, mais ... FABRICATION ARTISANALE PRIX ARTISANAUX Le "SUR MESURES" PAR MODELISTE DIPLOMÉE i Ouvert jusqu'à 19h30 "AU RINARD BlIU" FOURRURES 68, av. des Gobelins Tél.: 331-16-85 Métro Place d'Italie Autobus: 27-47-57-67-B~ - Garde en frigorifique - Service après-vente - Crédit gratuit - Parking gratuit 47 mitié. En général il y a un malentendu ou un quiproquo qui les empêchent de s'aimer ... Evidemment leur amour ne saurait être contrarié indéfiniment par le sort. .. la passion triomphe. Ces drames d'amour, assez naïfs dans leur contenu, ne sont en fait que l'habillage qui permet au chanteur, ou à la chanteuse, d'exprimer des sentiments en des chansons plus ou moins en rapport avec le déroulement du film, Le public venait et vient toujours pour voir et entendre un chanteur donné. S'il faut définir cinématographiquement le genre on peut dire qu'il s'agit plutôt de films chantants que de comédies musicales au sens américain du terme. Bien sûr, il v eut des tentatives originale:, de Youssef Chahine (" Inta Habiti" 1957. C'est toi mon amour) ou de Salah Abou Seif ("Raya et Sakina". Mort parmi les vivants) inspirées de la comédie américaine et des mélos réalistes d'avant guerre (celle des européens, en 1939), Elles n'en dcmeurent pas moins assez rares. RIEN NE REMPLACE UN VRAI MATELAS EN ILAINE ~_ ,_-- _____ J MATELASSIER Réfection de sommiers, matelas, sièges et banquettes de cafés Pris le matin. rendu le soir TAPISSERIE SAINT-PAUL 2, rue du Roi-de-Sicile (Métro Saint-Paul) 277.57.74 Le public égyptien se déplaçait pour voir un film de Farid-el--At t rache ou d 'Om Kalthoum, le réali sateur importait peu. A Youssef Chahine qui prétendait réali ser des plans compliqués, Farid répondait: "A quoi bon faire bouger la caméra c'est ma chanson qui donne le mouvement, je varie avec ma musique". C'est en effet la musique l'élément principal et quasiment unique de ces films. La vedette chante en situation, elle est seule. Un grand orchestre joue la plupart du temps sans qu'on le voi t, les violons reprenant la mélodie jouée sur un luth. Ces films , qui duraient en moyenne deux heures, étaient "agrémentés" de danses du ventre. Nombre de qualificatifs péjoratifs leur ont été appliqu és, à juste titre la plupart du temps: aliénant s, obscura nti s te s , con servateurs, frustrant s, sirupeux, mélos.. . Cependant, ils ne sauraient être réduits à de telles formules et lai ssés pour compte . UN CINEMA RICHE DANS UN PAYS PAUVRE Les comédies musicales ont permis que se crée dans un pays pauvre un cinéma riche. Elles ont favorisé l'éclosion des grands noms du cinéma arabe contemporain. Un rapide coup d 'oeil sur le 7e art en Egypte nous montre qu'il a démarré en 1898. Même si, jusqu'en 1927, les réalisateurs étaient des Français et des italien s . Dès les années 30, la -_. ---:. 'SA .. U1V1 .. ~c,/,-."' ' Yl llfAZili\ Hlllr· bourgeoisie d'affaires égyptienne comprit que le cinéma était un champ d'investissement fructueux. En 1952, J'industrie cinématographique égyptienne était la deuxième industrie du pays après le textile. Soixante films par an y étaient produits en moyenne dans les années 50. Il y avait 354 salles de cinéma en Egypte en 1954. Les années 1970 marquèrent, il est vrai, une chute importante du nombre de films produits (40 en moyenne par an). Les grandes vedettes traditionnelles sont mortes. Le genre s'est essoufflé , concurrencé partiellement par les cinémas nationaux, . les productions indiennes et, plus récemment par les films de karaté. Cependant nul ne songe à en prophétiser la fin prochaine. A Paris (2) et dans les villes de province où vivent de nombreux immigrés maghrébiens, les films-chantants égyptiens ont toujours beaucoup de succès, car ils participent d'un fond culturel commun; ils sont une composante de l'identité arabe contemporain. C'est ainsi que Badiaâ, étudiante marocaine, qui vit de nombreuses comédies musicales égyptiennes durant son enfance, peut nous déclarer
- "C'est extraordinaire ce
-:::--- -":" .-...........-. ...-....-. -- -""'- ................ .. ':::::-'---. -""- agnès b, 3, rue du Jour Tél 233.04 13 13, rue Michelet. Paris 6 " AGNES B· 5, rue du Plan d' Adge· MONTPELLIER 48 que ces films ont représenté pour les femmes de mon pays. Ma nourrice a vu son premier films à 35 ans, elle peut encore pourtant me chanter par coeur les chansons d'Om Kalthoum. J'ai connu des femmes qui allaient l'aprèsmidi voir ces films en cachette. Imaginez-vous les interdits qu'elles bravaient en faisant cela ?". De nombreux maghrébiens se sont effectivement id entifiés à ces personnages au point de parler parfois avec l'accent du Caire. Pourtant, il ne s' agit pas d'une mode ou d'un engouement lié à une gén ération donnée ou au " starsystem d'Hollywood sur Nil" . Le succès du "film à chanson" égyptien est un phénomène culturel profon dément ancré dans la psychologie et l'histoire du monde arabe . Les peuples du Proche-Orient ont souvent traduit leurs sentiments en de longs poèmes chantés en solo par un artiste s'accompagnant d'un luth. L'imaginaire arabe tel qu'il s'est forgé dans les contes des mille et une nuits par exemple, fait souvent référence au poème chanté. De même, l'un des livres les plus célèbres du patrimoine culturel arabe (3) est "Al aghani" (Les chansons) de Ali Farej AI As fahani. Au XX" siècle, le développement des médias a permis de faire passer dans la chanson populaire égyptienne tout un pan de la culture arabe classi que réservé jusque là aux classes riches ou aisées . La m usique savante égyptienne est, au moins partiellement, reprise dans les oeuvres de Farid-el- P E R L E S D E 1 1 C M U E L P X T 0 P U P 0 R T R E T Attrache et Mohamed Abdel Wahab . Peut-on en dire autant des oeuvres de Georges Guétary et Luis Mariano? Laissons conclure Badiaâ : "Ce type de musique et de films ont été souvent jugés avec mépris par les jeunes maghrébiens qui suivaient des études françaises, mais quand leur est venue la prise de conscience de leur culture propre, ils se sont retournés avec nostalgie vers les chants d'Om Kalthoum et Farid-elAttrache. " Jean-Pierre GARCIA (1) Sur 300 films lournés cn Egyple depuis le débui du siècle , plus de la mo i lié som des film s·cha lli a nt s. (2) Cin éma "Lo uxor" , "Dell a ", "Le Berry" . (3) ln Calal ogue du Festival de Vil· ICI. Bibliographie: po ur toule informa tio n compl ément aire sur le cin éma égy ptien , il est conseille de se reporter à l'ouvrage de référence écri t par nOire collabo raleur Yves Tho rav a l. LA COMEDIE MUSICALE EGYPTIENNE EN TROIS FILMS ... Fatma: (1947. Noir et blanc) d 'Ahmed Badrakhan avec 0111 Kalthoum, Anouar Wagdi . Une jeune infirmière doil épouser le fils d ' un pacha , mais le pacha ne veut pas . .. La magie du noir ct blanc rend Om Kalthoum presque belle . Lahn cl Khouloud. La chanson éternelle : (1952 . Noir et blanc) de Henry Bara kal avec Farid-clAttrache , Faten Hamama. Le plus beau mélo de Farid-el-Attrache. Inta Habibi. C'est toi mon amour: (1957. Noir et blanc) de Youssef Chahine avec Farid-el-Attrache, Chadia. Farid et Yasmina doivent se marier pour conserver un héritage. Ils se détestent .. . leurs noces seront mouvementées; mais ils vont découvrir tout ce qui Jes attire l'un vers l'autre durant leur voyage de noces . La comédie est bien enlevée, le st yle alerte et drôle. DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 Après la femme, les enfants, les "handicapés" ont eu "leur" année. Une porte s'entrouvre sur la réalité. Est-ce suffisant? Comme d'habitude de nombreux ouvrages ont été édités pour l'occasion. Certains méritent attention. L 'année qui se termine autobiographie relatant son fut celle de ceux que combat de paraplégique "Le l'on appelle - mot ne courage de vivre" (2), vient répondant à rien, puisqu'il de publier un essai "Les mal est, en anglais, un terme de heureux". L'auteur a la compétition - "les handica- chance d'être doué de ce pés" . qu'on appelle une grande En fait, nous devons savoir force morale. Celle-ci lui que "les handicapés " , c' est donne peu d'indulgence une formule facile pour ceux envers les humains qui, relatiqui ne sont pas concernés, vement privilégiés, se plaiapportant avec elle un tas - gnent, gémissent. Mais alors ceux qui crèvent de faim et d'angoisse dans leurs banlieues. Les enfants en échec scolaire après une épreuve de QI non satisfaisante (dans laquelle il na pas été tenu compte des difficultés linguistiques), en font partie . Grouper ain si des problèmes sans rapport en un même mot, aboutit à "refermer la porte du ghetto". d'images dévalorisantes: elle ------------------------est devenue synonyme d'infériorité , de quête pitoyable . Nous sommes en face d 'une terminologie qui catégorise une partie importante de la population ct notre devoir devant toute personne humaine étant d'ignorer ses différences, si ce n ' est pour en bénéficier, il faut refuser les mots qui renvoient à un déficit, cautionnent une ségrégation désastreuse, tant pour les enfants que pour les adultes. Patrick Ségal, dans son dernier livre "Viens la mort, on va danser" (1) nous dit : "Quand on recommence à vivre on doit faire des choses Ull peu folles... les perdants d 'avance, les pessimistes, ce sont eux les vrais handicapés. Moi, je suis dijjërent, c'est tout." Nul ne peut lire sans passion les confidences de ce jeune garçon, privé de l'usage de ses jambes par un accident stupide . Déjà, dan s "L'homme qui marchait dans sa tête" se découvrait une volonté d'exister mieux et plus que tous, d'aller là où on pouvait avoir besoin de lui , un désir d'imaginer ce que peut apporter notre pauvre vie, si limitée. Avec le temps, les jours qui passent, chacun marqué par le souci d'une victoire, il se SOUS LE REGARD DES AUTRES Ne pouvant envi sager ici l'importante bibliographie concernant ces divers handicaps, je retiendrai "Les enfants des confins" d'Alfred Brauner (4) et "Je sais qu'ils sont heureux" de Betty Launay, interrogée par Georges Hahn (5). Ces livres, résultat d'une longue expérience, apportent connaissance intime des enfants déficients mentaux et en particulier des mongoliens, considérés longtemps comme inéducables. Grâce à une intelligence et patiente approche, les éducateurs ont retrouvé chez ces trisomiques des possibilités de vie, de travail, et ce qui n'étaient pas envisageable que la volonté de Patrick Ségal vous emporte, le travail d'Alain Lefranc, tran spirant bonté, courage (le banal courage), ne parvient guère, et on le regrette, à convaincre. Dans "Le sale espoir" 3) rejetant les stéréotypes de l'infirme conventionnel, au doux sourire reconnaissant, j'ai voulu montrer que les filles rencontrées dans un centre de rééducation, accidentées de la route pour la plupart, mes amies, se conduisaient tel qu'elle l'aurait fait, si le sort ne les avait malmenées : espoir , jalousie, méchanceté, sexualité, ne sont pas l'apanage des normaux, mais se retrouvent chez ces marginaux de la jeunesse: mêmes désirs, certitude tremblante que le bonheur (confondu avec l'amour) finira bien par arriver. Car, et il faut le répéter, "l'handicapé" n'existe que dans le regard des autres, force à être vainqueur du ce regard qui vous fait hormauvais sort, vainqueur des reur. individus qui le croient Le terme maudit de "handi" autre" : "J'en avais assez, assez du racisme, assez qu'on me dise ta place elle est avec les morts, les grabataires ... j'ai dit non. " Alain Lefranc, après une capé" recouvre des situations bien différentes: handicapé sensoriel, mental et plus récemment sont apparus "les handicapés sociaux". On le dit légèrement en parlant de 49 jusqu'ici, une existence d'adulte . Dans "Sophie ma fille ou le combat pour la ,;ie d'un enfant handicapé" Chantal Joly (6) donne un témoignage simple et émouvant de la lutte journalière d'une famille contre la maladie. Mais le travail le plus complet, le plus près des véri tés que nous devons retenir lorsqu'on parle d'handicapés est le compte-rendu d'un colloque organisé en 1977 à Paris par le parti communiste sur "le droit de vivre différent, libres et heureux" présenté par Christian Hernandez (7) . Celui-ci souligne dans un très beau texte que "nul ne peut être sous aucun prét exte, futil celui de son handicap, traité en sous-homme. Si l'humanité n'en n'a pas encore terminé avec les racismes , du moins notre époque est celle où l'on sent que l'on peut les vaincre . Ainsi en est-il du racisme pour les handicapés" . Annie LAURAN (t) Viens la mort on \'a danser - Flammarion, éd. 1981. L'homme qui marchai! dans sa têtc - Flamma· rion. cd. 1977. (2) Le courage de ,'ivre - Ed. du Cerf 1977. Les mal heureux - Ed . du Cerf 1977. (3) Le sale espoir - Annie Lauran - Ed. de l'H a rmattan 1981. (4) Les enfants des confins - Ed . Gra sse t. (5) Je sais qu ' ils sonl heureux - Coll. Imerview Le Centurion. (6) Ed . Ouvrières 198 1. (7) Handicaps handÎl"aper - Eci . Sociales. , En débat COMMEMORER OU PAS? N ovembre est là avec ses cortèges de célébrations, indh'iduelles et collectives. Les chrysanthèmes de la Toussaint sont un salut aux proches disparus, les minutes de silence devant les monuments aux morts du Il novembre nous ra.ppellent le som'enir, de moins en moins proche, de disparus éloignés ou inconnus. Deux dates que l'actualité nous impose et 011 la tristesse l'emporte. Pourtant la commémoration peut être aussi joyeuse. Toutes les nuits du 14 juillet ,'oient les ,'iIIages et les villes de France s'animer de bals populaires, fait unique dans l'année. Et ne faut-il pas considérer la nuit de Noël comme étant aussi celle du souvenir et de l'espoir .? Tous les débats sur le rôle et l'utilité des commémorations se trouvent en ces deux mots résumés. Pour certains, elles sont le moyen de retrouver nos racines, de ne pas les perdre, Point de présent et encore moins d'avenir sans passé, affirment-ils. Pour d'autres, tout autant attachés à l'Histoire, il faut au contraire bannir les mouvements de foules ravivant les cataclysmes, les guerres, les holocaustes déclenchés par les hommes. Ceci pour éviter qu'ils ne deviennent des mythes. En d'autres termes ils ont peur des héros qui n' existeraient pas. BASSOULS/ RUSH ANDRE CASTELOT Historien , 'B ien sûr, il faut "collllllé.'morer", Depuis trente ans, j'ai répondit à celle question, puisque la Tribune de l'Histoire de Radio-France commémore des al1niversaires chaque Illois, C'est là lUI excellent prétexte pOl/r se pencher sur les sujets qui deviennent ainsi d 'actualité pour quelques jours, J'ai /l/oi-lIIêllle écrit deux copieux ouvrages s/lr les anniversaires: l'Allllanacll de l'Histoire et le Calendrier de l'Histoire, Certes, l'Histoire est une approxilllation, mais en évoquant le passé, ce souvellir " no/ls aide à mieux vivre notre /Jrésenr "" , bien que les hOfl/mes cOlII/lleflent régulièrelllent les /IIêmes erreurs et que l'Histoire pelll difficilelllent être considùée COll/ille lIne leçon . " SIGAT PIERRE P ARAF Président d'honneur du MRAP, écrivain , 'P our les anciennes générations auxquelles j'appartiens pour ceux que le destin jeta dans l'histoire ou qui s 'y jetèrent eux-mêmes, le calendrier est une longue suite de commémorations. Si tendus qu'ils le veuillent vers l'avenir, le passé à chaque instant les appréhende. Deux guerres mondiales, la Résistance et quelques autres combats ont marqué lellr chemin. L'année est pOlir eux peuplée d'anniversaires. Défilés, monuments aux morts avec la minute de silence, parfois drapeaux déployés, appels de clairon... Un tel cérémonial pourrait troubler des coeurs épris de paix comme les nôtres ou préférant plus d'intimité discrète en ce genre d'hommages. Des jeunes pour qui tout cela n'est plus qu 'histoire très lointaine, des contestataires de tous âges restent à l'écart ou 50 regardent avec indijférence, souvent avec ironie. A quoi bon, pensent-ils, perpétuer les vieilles rancunes. encombrer les villes et les villages de ces vieilles pierres? En quoi les lendemains qui chantent en seront-ils moindrement l'approchés ? Mais nous, les camarades de ceux qui sont tombés à nos côtés, peut-être à notre place, 110US tenons le silence de l'oubli pour une ingratitude et pour IIne lâcheté. Quelle honte de lellr refuser, de refuser cl leurs proches la plus sûre revanche SUI' la mort: le Souvenir. Comment baisser le rideau sur des crimes comme ceux du nazisme, accepter que des nostalgiques des bourreaux les banalisent ou tentel/t de les réhabiliter, en allendantl'heure propice oû ils pourront à leur tour recommencer la sinistre aventure. Les militants du M RA P doil'ent se montrer à cet égard plus que tous autres intransigeants. Mais la commémoration ne l'eut pas perpétuer les haines. Elle flétrit le crime. Elle abandonne, au fil des ans. le criminel à la paix du tombeau. Perdant son caractère funèbre - nous sommes nombreux à ne pas nous semir prisonniers de ces rituels, à préjërer à la pierre la poussée des arbres et l'épanouissemel1t des fleurs - elle doit être avant tout acte de gratitlllie et d'amour. S'agissant de la déportation, prenons garde de céder au sado-masochisme qui étale dans les émissions télél'isées la torture et la mort. Exaltons le courage, la résurrection de la liberté qui sortit du sacrijïce, l'hellre 0" ce fut fini de tuer, fini de mourir. C'est vers le triomphe de la vie, vers le bonhellr qu'allait la dernière pensée de cellx que l'on commémore. Notre souvenir n'exprime pas selllement la tendre .Iïdélité cl leur passé, ln ais la l'olonté de sauver l'avenir. " FERNAND GRENIER E,'adé de Chateaubriant, ministre au gouvernement provisoire de de Gaulle à Alger en 1944, député de Saint Denis de 1937 à 1968. Auteur de "Journal de la drôle de guerre, c'était ainsi" (souvenir de 1940 à 1945) "Ceux de Chateaubriant", parus aux Editions Sociales. , 'S elon le dictionnaire, c 'est célébrer en commun. Prenons des exemples. 1/ ne peut être question de célébrer la signature à Munich le 29 septembre 1938 du traité de Munich qui, en livrant la Tchécoslovaquie à Hitler, ne signifiait pas la paix mais conduisait à la seconde guerre mondiale. Ni de célébrer le 24 octobre 1940, la poignée de mains Hitler-Pétain à MOlltoire annonçant la collaboration avec l'enne/lli de ceux qui avaient osé proclalller Cl vClnt Ruerre "plutôt Hitler qlle le Front POPlllaire !" Par contre, commémorer le 8 mai 1945 est titi devoir pour tous les peuples. 1/ célébrait la capitulation des armées hitlériennes. Ouand, en 1975, M. Giscard d'Estaing décida, autoritairement, de ne plus la commémorer, qualifiant de ':t'raticide" la guerre de 1939-1945, il mettait sur le même plan /lne entreprise de barbarie sans précédent (comme, par exemple, la destruction, scientifiquement organisée, de millions d'êtres humains uniquement parce qu'ils étaient juifs) et ceux qui la combattirent pour empêcher la mise en esclavage de peuples entiers. Ce qui explique, durant le règne giscardien, la télévision largement ouverte aux chef5 nazis Albert Speer, ministre de l'armement d'Hitler, cl Rudolf Hesse, au chef S. S. Skorzeny , à la "chienne de Tulle", les "Dossiers de l'écran " consacrant une émission à Eva Braun, la maÎtresse d'Hitler mais jall/ais aux 4500 patriotcs fusillés au Mont- Valérien ou aux héros de Chateaubriant, Inaintes fois rée/alliée. 'Cependant, commémorer sign{jïe aussi valoriser l'Histoire, y compris l'explication sllr des événements néfastes comme Munich el Montoire. Le dédain qui a été, ces dernières années, opposé à son enseignement, a contribué à former, notamment dans les jeunes génératiolls, des homrnes et des femmes ignorants du passé et, comme le proclamait la banderolle des jeunes communistes défilant à Chateaubriant devant les pelotons d'exécution de la tragique carrière: "Un peuple sans mémoire est un peuple sans défense, " Ce qui est \lmi pour le présent COll/ille pour l'avenir. " JEAN LA URAIN Ministre des Anciens Combattants , 'D ans le mot "commémoration" il y a le mot mémoire. Une nation, comme un individu, a besoin d'une mémoire. Tout ce qui peut entretenir et enrichir la mémoire collective d'un peuple est bon. C'est aussi, pour les jeunes générations, une remontée aux sources et une prise de conscience de leurs racines. Une commémoration est une fête. C'est un moyen de rassemblement. ToUl ce qui pellt rassembler les citoyens autour de thèmes communs est utile et nécessaire. Ces commémorations doivent faire participer l'ensemble de la population et en parth'ulier la jeunesse. Non pas contrainte et forcée comme lorsque l'on amène des élèves en rang serré devant un monument aux morts. Il s'agit de leur DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 A.F.P. faire prendre COI/science de la nature de leur geste, Cela suppose lin effort pédagogique et une revalorisatioll de l 'enseignement de l'histoire et de l'instruction civique, il s'agit donc de préparer les esprits. C'est dans ce but qu'au Ministère des Anciens Comballants nous allons créer une commission de l'information historique pour la paix, de façon à tirer les leçons du passé pour prévenir les guerres. " PATRICK POIVRE D'ARVOR Journaliste - Présentateur du journal de 20 h à Antenne 2 , ,[1 y a deux volets da~ls ma réponse. Par le prenller, je diS oui il faut commémorer, il j'aut se souvenir. 1/ y a trop de sujets gra' ves qu'on ne peut oublier. 1/ en est ainsi de toutes les guerres, de tous les racismes et cela, d'oû qu'ils viennent. Je dirais qu'il s'agit là d'une mission nécessaire pour transmettre le relais aux cadets, apprendre l'histoire aux jeunes générations. C'est aussi le moyen de faire le point pour soi-même, ce qui est utile. De plus, c'est U/1 éclairage pour comprendre le présent. Le soir de l 'a/taque de l'Ambassade de Turquie à Paris par le commando arménien, j'ai fait recherché les coupures de presses relatant le génocide de 1915. El/es étaient très rares. Ce qui était un signe montrant qu'à l'époque certains voulaient le cacher. Je crois que le téléspectateur a eu, là, une information supplémentaire utile. Mais il yale revers de la médaille, et c 'est là le deuxième volet. Professionnellement je lutte contre /'institutionalisatiol1 des méthodes. Vouloir à tout prix se raccrocher au dixième, trente-cinquième anniversaire de tel ou tel événement, ou 51 célébrer les 50 premiers jours ou trois premiers mois de tel 011 tel personnage me semble être une solutioll de facilit é. Pire, une banalisation, un confort de pensée qui amène la sclérose. Elltre les deux, ce que j'essaie de faire, c'est d'exprimer, au mieux, la sensibilité du moment. " BERNARD CLAVEL Ecrivain , dont le roman "Compagnons du nouveau monde", cinquième volume des "Colonnes du ciel" sort actuellement en librairie. , 'Je me revois enfant, avec mes camarades de classe, participant au défilé du // novembre. Les morts de 14-/8 étaient, si j'ose dire, encore lOut chauds, mais bel et bien absents de ces matinées d'automne dont le clairon venait troubler la paix brumeuse et rOllsse. Beaucoup plus qu 'elle ne commémorait le souvenir de ceux dont le nom s'inscrivait en lellres d'or sur la pierre fraÎchement bouchardée du monument, la "prise d'arme" à laquelle 1/0US assistions admiratifs, nous promellait d'autres batailles et nourrissait nos rêves de gloire. Si les commémorations historiques s'ejfectuaient dans la haine de la guerre et de la violence, si elles étaient là pour nous rappeler la douleur des martyrs et des victimes innocentes, nous pourrions les souhaiter nombreuses et vouloir que nos enfants y soient conviés dans le partage ému du soul'enir. Mais le bouquet d'anniversaire qu'on leur propose généralement avec des défilés de machines à semer la terreur ne sont que feux d'arlijïces tirés à la gloire des armées. Ils participent au vaste programme d'enseignement du crime que nous aimerions voir remplacé par celui de la non-piolence et de l'humanisme. Que l'on assassine aujourd 'hui les hommes qui lulfent pour la paix me paraît une conséquence logique de celle propagation du mal. L'engrenage tourne. Son mouvement lui est donné par les passions exacerbées, Ce ne sont ni les défilés de troupes ni les saluts au drapeau, pas plus que les discours belliqueux qui sèmeront au coeur de l'homme la graine d'amour qui ferait refleurir le monde. ' , cllaUSSllres SUC CES 62 BOULOGNE SUCCES ALBAN. 49. rue Thiers 62 LIEVIN SUCCES. 109 bis. ru J.·B.·Delernez ---------------------------- 14 CAEN SUCCES. 26. rue Sainl ·Jean 57 METZ SUCCES MARCEL. 39·43. place Sainl ·LoUiS 62 CALAIS SUCCES ALBAN. 6. bou lavarel Jaccuarcl 93 MONTREUIL SUCCES CLAIRE. 24. avenue P.·V. ·Coulurier 51 CHALONS SUCCES. 15· 17. rue de la Marne 58 NEVERS SUCCES. 71. rue du Cornmerce 08 CHARLEVILLE SUCCES. 23·25. rue de la République 75 PARIS SUCCES. 8. rue J.· Pierre Tlmbaud 36 CHATEAUROUX SUCCES. 33. rue Vl clor·Hugo 76 ROUEN AU PETIT PARIS. 69·79. rue Saint ·Sever 77 CHELLES SUCCES ARYS. 58 bis. av. de la Résislance 02 SOISSONS SUCCES. 52. rue Saint·Martin 76 DIEPPE SUCCES. 170. Grande·Rue 10 TROYES SUCCES. 69. rue Eml le·Zola .-------------- 59 DUNKERQUE SUCCES SOULIER DOR. 18. rue PO incaré 58 VERDUN SUCCES. 21. rue Mazel .------------------------------ 94 FONTENAY SUCCES CLAIRE. 2. avenue de la Repu bllquo 51 REIMS SUCCES (A St·Jacques ). 63 rue cie Vesle 62 LENS SUCCES. 1. rue Marechal· Leclerc 76 LE HAVRE AU PETIT PARIS. 222-228. r Aristide Briand --------------------- --------------- DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 Culture31 mai 2011 à 14:43 (UTC)31 mai 2011 à 14:43 (UTC)Charles LES DROITS DE L'HOMME de Louis van Den Elsacker Editions Actualquarto, Gerpinnes, Belgique [J Un dossier historique fail de collages d'arlicles de presse sur 10US le ' grands problèmes de nOire époque. Un bon outil de travail. L'AFRIQUE DES GRANDS LACS/KENYA par Jacques Milley et Yves Thoraval Editions Seuil, Petite Planète J Le seul ouvrage en français sur cette rartie du monde qui fut probablement le berceau de l'humanité. Un portrail lotal du Kenya, de la Tanza nie et de l'Ouganda . LE GENRE HUMAIN (nO 1) "La science face au racisme" Editions Fa)'ard, \98\ r Une nouvelle revue trimestrielle que les antiracistes devront suivre de près. Son objecli f : "Traquer les préjugés où ils sont, même et surtoul lorsq u'ils se manifestent "au nom de la science". Au sommaire : A. Jacquard, C. Guillaumin , F. Jacob, A. Langaney, J. Hiernaux. L'AGE DES FOULES de Serge Moscovici Editions Fayard, \98\ L.. . La psychologie des foules fondée par Gustave Le Bon, théoricien de lâme des races", inspirateur de Mussolini et Hit- 1er, mais aussi de De Gaulle. Somme remarquable présenlant les contribulions de Tarde el de Freud à l'étude du psychisme des masses. Sur le même thème, notons le coun et suggestif traité de Bernard Edelman : "L'Homme des foules", Petite Bibliothèque Payol, 1981. FERDAOUS de Naoual El Saadaoui o En Egyple, Ferdaous, une femme devenue prostituée par révolte, interpelle toutes les autres femmes d'une société où l'oppression sexuelle séculaire 1 commence à reine à être dite de l'intérieur. ENTENDU Sénégal: "Musique des Bassari" (Chant du monde L.D. X. 74753) l , Nouvel album de la colleclion C.N. R.S. - Musée de l'homme , cc disque nous enrraÎne au sudest de la Casamance, des villages dc Ebarak à Edan , dans la communauté Bassari . La kora laisse ici la place à des chants d'une purc beauté qui donnent parfois l'impression de venir de l'Inde. Afghanistan: "Chants des Pashaï" (Chant du monde L.D.X.74752) - l',,lême collection que le disque cles Bassari, les chaniS des Pashaï (région est de l'Afghanistan) sont des chaniS religieux (I slam). Une cullure méconnue, menacée selon les chercheurs , par les récents événements. Third World : .. Rock the world" (C.BS 85027) Third World nous livre un nouvel album riche de mythes inspirés par le reggae, le funk, la soul ct le jazz. Un disque que l'on Ile sc lasse pas d'écouter tellemcnt il esi envoûtanl . .Julien Jouga : "Choeurs et r)'thmes du Sénégal" (S.M.30753) Ne vous allendez pas à trouver sur ce disque la musique Iraditionnelle sénégalaise. Ce disque témoigne plutôt de la pénérration catholique en Afrique Noire. Chanrs religieux donc, mais adaplés à la culture locale. Le résultat n'est pas ininléressant, au conrraire. MEXIQUE D'HIER ET D'AUJOURD'HUI o Une exposition qui se propose d'évoquer l'idenrité el la conrinuité de l'an mexicain grâce à une série d'objets relrouvés lors des fouilles du Templo Mayor de Tenochtitlan représentatifs de la période aztèque, et les oeuvres réalisées par des anistes contemporains. (Pelit Palais, jusqu'au 28 février) . Li "Noces de sang" (Espagne \981), de Carlos Saura. Le film 53 de C. Saura épouse complètement la chorégraphie de Antonio Gades pour 110US faire aller "à l'endroit oû tremble, enchevêtrée, la racine obscure des cris" de l'oeuvre de F. Garcia Lorca. Un très grand film. LE BAROQUE EN BOHEME o A travers un ensemble de peintures ct de sculptures de qualité, une exposition qui illustre parfailemenl la dérinition du mot " Baroque" mais affirme, aussi, la spécificilé de l'élan créaleur dans un pays qui , bien que sous domination autrichienne, dépassa largement le cadre provincial dans lequcl on a Irop souvent voulu l'enfermer. (Grand Palais jusqu 'au 7 décembre). BENT C' Parmi les victimes du régime Ilazi on ne sait pas loujours que figuraient les homosexuels. Avec courage el violence, Bent nous le rappelle et grâce notammenr à Bruno Cremer el à Jean-Pierre Senlier nous allons jusqu'au fond de la souffrance. Théâlre de Paris, 20 h 30. o "Pour la défense du peuple" (Iran 1981), de Rafigh Pooya. Un collage d'images filmées pendant le procès d'un cinéaste el d'un poéte iranien sous le régime du shah ... Pour en savoir plus sur l'Iran d'hier (cf. Droit el Liberté juin 1981). o "Oernier été" (France 1981), de R. Guédiguian et F. de Willa. Dans un quartier populaire de Marseille, est-ce ainsi que les jeunes vivenr ? Un film grinçant et contesté. Un film à voir. C "Cloche d'Automne" (URSS 1980), de Vladimir Gorikker. Un conte du XVIIl" siècle nourri aux mêmes sources que Blanche Neige. Il n'y a pas que Wal! Disney. o "Mourir à Belfast" (USA 1981), de Tony Lurashy. Un film de fiction pour un colonialiste réel. .. el si proche de la France. On peut préférer un film dossier comme "Patriot Game", de A. Mac Caig. o "Pirosmani" (U RSS 1972), de Georgui Chenguelaïa. Une reprogrammation de ce petil chefd'oeuvre soviélique. L'histoire d'un peintre naïf georgien au débui du siècle. Le prix. DARTY TV. ELECTROMENAGER. HI-FI. Catherine RIBEIRO Catherine Ribeiro a 40 ans. Elle est née à Lyon, plus exactement dans la zone industrielle de Saint Fons, de parents immigrés portugais. Après un an d'études au Conservatoire d'Art dramatique de Lyon, elle "monte" à Paris pour tenter de réussir une carrière de ('omédienne. Elle tourne quatre films, dont .. Les carabiniers" de Jean-Luc Godard, seul film qu'elle revend iq ue. L'homophile agresse pour se défendre L'agressivité reste nécessaire à l'homophile pour se défendre d'une société hostile à ses "goûts marginaux". (Mais il aura le réflexe vital de contenir sa violence, si les conditions extérieures lui interdisent d'éclater publiquement). Oui, l'homophile, plus que tout autre, aura des raisons de se montrer agressif, tant qu'il restera cet incompris et de nombreux facteurs l'y obligent: un milieu familial récalci t rant, des complexes de frustration, la peur sous toutes ses formes, la solitude, la rancoeur à cause cI'amours ratées, l'intolérance (incompréhensible) des "autres", les injustices sociales exercées contre lui (et elle) et les obstacles à la réalisation de ses phantasmes. L'agressivité a l'avantage (souvent) cI'être un moyen de résoudre l'angoisse. L'avantage aussi de s'orienter vers une forme nouvelle cie lutte, la découverte de solutions neuves aux problèmes posés dans tous les domaines de l'homophilie. Que vive cette motivation puissante qui monte en chacun de nous des abîmes obscurs et qui s'oriente vers le même but pour nous tous: la clécouverte de solutions efficaces à toutes les grandes questions, posées en tant qu'individu marginal, et en tant LJue membres à part entière de l'espèce humaine malgré tout. Sachons que nos attaques peuvent contribuer une défense. La valeur de l'agressivité raisonnée réside clans le fait que l'objectivité est sauvegardée et que "l'ennemi" peut être abordé avec une économie de l'effort. Ces ennemis que sont pour nous, homophiles, les hétérosexuels intolérants et ricaneurs. Et puis, notre agressivité pourra toujours se justifier. Elle reste le fruit amer de nos déceptions accumulées, ce qui tend à prouver que nous n'avons pas d'impulsions innées à la violence, mais que nous l'apprenons, que la société intolérante nous l'apprend. 54 Mal dans sa peau, dans la peau des rôles qu'elle interprète, elle décide en 1968, de former un groupe de PopM u sique, le chant et la poésie étant ses deux grandes passions. Très rapidement, un public jeune se reconnaît à t ra vers ses textes qui chantent l'amour, lia solitude, l'inq uiétude de vivre, l'enfance, le déracinement, et toutes les révoltes. A ce jour, elle a enregistré 12 albums. Les deux pre- Pourquoi ces lignes? Parce que j'ai vu, blessé à mort par des loubards, un vieil homophi le. Avant cie fermer les yeux à tout jamais, il s'était mis à rire. Un rire de crécelle qui monte et ne s'arrête que de ne plus pouvoir s'entendre. Un rire qui résonnait de toute la dérision jetée sur un monde méprisant, les intelligences non domestiquées. Un amer ricanement de vieillard qui sentait confusémcnt qu'il mourait seul. Le rire porte souvent la marque de l'impuissance des hommes. Une homophilie impuissante n'a plus sa raison d'être. Allons, sortons nos armes ... Alexandre d'ARCAIS Brive C.R. : Allons, sortons nos armes .. , Qu~1 besoin avez -vous miers, sous le label Festival. Les 9 autres chez P~ilips nière sortie avant Roissy", le troisième enfin, tiré du (Ame debout - Paix - Le Rat débile et l'homme des film de Patrick Brunie "La ville à prendre"). champs - Libertés? - Le blues de Piaf - Le temps de La SACEM lui a décerné un prix pour l'ensemble de son l'autre - Jacqueries - Passions - La déboussole). Le oevre écrite. blues de Piaf et La déboussole obtinrent tous deux le La censure politique dont elle a fait l'objet pendant Grand Prix de l'Académie Charles Cros. Elle a en regis- 12 ans, l'a profondément bouleversée. Aujourd'hui, tré également 3 45 tours (un avec les Choeurs de l'armée l'Ile espère, elle aussi, un grand changement dans le soviétique, le second tiré du film de Bernard Paul "Der- déroulement de sa carrière débarrassée de toute censure. "d'objectiver" sans arrêt, ' 'os angoisses, vos moindres problèmes ou difficultés d'être, par l'agressivité, la violence ou " os révolvers imaginaires ... "VOUS" n'êtes pas un homme margiJ1al. "VOUS" n'êtes pas différent parce que "NOUS" sommes uniques. "VOUS" êtes "OUS, Alexandre d'Arcais, semblable à nous tous qui devons surmonter chaque jour ou presque, les épreuves du quotidien, Je n'ignore rien des obstacles que l'on a dressés sur "otre chemin depuis votre adolescence, depuis le jour où votre entourage a cru perce,'oir en vous, l'homo, le faux mec, la tête à claques, la victime parfaite. Vous êtes homme parmi les hommes. Chassez de votre esprit, la douloureuse équivoque. Soyez enfin "ous-même, soyez serein. Je connais des homosexuels, organisés politiquement au sein d'organisations de gauche ou d'extrême gauche. Ils vivent leurs amour comme tout un chacun. Prenez contact avec les animateurs de la revue "Masque", (B.P. 126, 75863 Paris Cedex 18); ces gens peuven t VOliS aider. Restez OLI\'Crt au monde et vous trouverez l'équilibre nécessaire à une certaine douceur de vivre. Le juif nous a volé nos femmes En marge de l'article de Pauline Jacob concernant les thèses cie la Nouvelle Droite sur les femmes, jeme permets de vous faire parvenir un bref récapitulatif sur ce que fflt le statut de la femme sous le Troisième Reich. "Dès la prise clu pouvoir par Hitler, les femmes, dont le vote avait ét.é pourtant déterminant pour le succès de la NSDAP, ne sont plus éligibles, il leur est interdit d'être juge ou avocate, on leur complique l'accession aux grades universitaires. Aussi le nombre des étudiantes qui était clc 19997 en 1932, était-il tombé à 6429 en 1939. Perfectionnant le système des "trois K" (Kinder, Kirche, Küche, c'est-à-clire : enfants, église, cuisine) qui régissait traditionnellement le statut de la femme dans la société allemande, le NationalSocialisme limita son role, selon la formule d'Hitler, à celui d'une "machine à procréer", théorie que Goebbels s' em pressera de .i ust i fier dans son livre Michaël : "la femme a le devoir cI'être belle et cie mettre au monde cles enfants" . Ainsi que je le montre dans mon ouvrage" La conscience pét ri fiée" (paru à la Pensée Universelle): ;" ... Ia peinture, la sculpture. la littérature participèrent à cette débauche propagandiste, assortie de l'inévitable couplet antlsemlte: "Le juif nous a volé nos femmes par le biais de la démocrat ie sexuelle" ... " Le passage à la pratique se fit, ainsi que l'expliquait Erika Kirmsse dans son livre Deutsehes Frauenschaffen, paru à Dortmund, en 1939, grâce à des écoles ménagères gérées (Frauenschagt) par le Front du Travail (DAF) unique "syndicat" autorisé, par la section féminine des Jeunesses Hitlériennes (BDM) ainsi que par la mise sur pieq cles foyers" Lebensborn", véritables haras humains dirigés par l'officine SS "Ahnenerbe", où des jeunes filles triées sur le volet en fonction de j'avais joint un petit mot. Je pseudo-critères raciaux par- soutenais financièrement faitement absurdes étaient cette revue et l'attendais avec fécondées par des blonds doli- empressement. cocéphales. Le premier numéro relate Ce programme de "la mère l'affaire d'Ivry. C'est pas au foyer" connaîtra une mal. .le pense qu'il y aurait eu modification décisive avec la beaucoup d'exemples dans les généralisation de la guerre: mairies de droite, qui elles, dès 1939, pratiquement 40 % justement, envoient les famildes femmes seront engagées les d'immigrés dans les munidans la production indus- cipalités ouvrières. trielle. Souvent livrées à elles- Dénoncer ce qui s'est passé à mêmes, du rait que leur mari Ivry, d'accord, mais voyons était au front ou mort, elles la réalité en face .. Qui défend durent en même temps faire plus les travailleurs immigrés face à leurs lourdes tâches en France, sinon les partis de familiales et professionnelles, gauche et les syndicats et ceci sous une grêle de bom- ouvriers. bes avec une nourriture se Lorsque vous écrivez qu'un raréfiant sans cesse ... Dépres- homme de droite peut être sives ces femmes? Peut-être antiraciste et qu'un homme bien; mais faut-il y voir le de gauche peut être raciste, fait d'une structure cérébrale c'est là résoudre le problème particulière ainsi que le préco- au niveau individuel, alors nise Yves Christen ou plutôt que c'est un problème de la conséquence des élucubra- société. tions de cerveaux masculins Dans votre troisième numéro type Nouvelle-Droite? vous reparlez du bulldozer Thierry FERAL d'Ivry. Vous vous répétez et ________Ch_am_al_ièr_es vsuojuest s. semblez manquer de ss C.R. : L'histoire a jugé le Je suis favorable à votre Hitler et Goebbels. cause, mais je trouve que vous la défendez vraiment nazisme, Nous le sanll1s et nous ne devons pas l'oublier. Deux remarques cependant: 1) La beauté est un droit pour la femme et la mise au monde des enfants, ulle liberté. 2) Si faire l'amour avec l'autre, c'est à un moment mal. .le n'attendais pas une revue qui "prêcherait" à gauche, mais de là à mettre la gauche et la droite dans le même sac, iÎ y a une marge. Annie BERNEDE Nantes donné, faire partie de lui et ------------reconnaître sa différence, C.R. : Si je voulais faire alors je suis une démocrate une comparaison, le racisme sexuelle. serait un désert el croyez-moi, La gauche et la droite dans le même sac Je vous écris pour vous dire combien je suis déçue de votre revue. Lors de mon abonnement, Annie, dans ce désert, il n'y a ni oasis de droite ni oasis de gauche. Comprenez-moi bien. Le racisme a toujours été alimenté par une idéologie de droite. Cela ne fail aucun doute. L'histoire parle d'elIemême. Mais vous abordez le problème du racisme quotidien. Celui-là sc nourrit peu d'idéologie. Il naît de la cohabitation forcée de communautés différentes. Il est ""ident que les gou\'ernements précédents ont favorisé l'implantation de guettos dans les municipalités ouvrières. Le choc démographique s'est doublé d'un choc culturel. Ni les immigrés, ni les populations locales n'~' étaient préparés. Il fallt admettre que les et'forts considérables de ces municipalités, des I)artis, des syndicats ct des associations démocratiques, n'ont pas toujours réussi à réduire les antagonismes. Mais c'est dans le même sac qu'on les retrou\'e tous, les travailleurs immigrés ct Il'S autres ... Il n'y a pas que les Blancs et les Noirs Je crois qu'il est imrortant que se manifeste un journal cie lutte contre le racisme, après une époque où la politique raci ste du pouvoir (loi Bonnet, décret contre les étudiants étrangcrs, mesures diverses discriminatoires) à la 56 DIFFÉRENCES NOVEMBRE 81 fois confortait un racisme populairc ct s'appuyait sur lui pour mieux établir son pouvoir, Aujourd'hui ou la rupture du \0 mai r ennet d'espérer un changement, il l'sI imrortant que se manifestc la voix antiracist e, non seulemcnt pour condamner le racisme. ce qui n:ste trop SOLlvent un acte de bonnc conscience, mais pour lutter contre toutes ses formes, partout où il se présente. Rudolf BKOUCHE Lille C.R. : En effet, il n'est pas inutile de rappeler toutes les formes que peut prendre le racisme, dans tous les secteurs d'activité ct dans toutes les couches de la société, à savoir: - discrimination à l'égard des jeunes (apparences physiques et \'estimentaires, goûts, travail) ; - discrimination à l'égard des femmes (machisme - sexisme dans le monde du travail)
- indifférence souvent coupable vis-à-vis des personnes du 3e âge; - à la fois indifférence et discrimination à l'égard des handicapés ph}'siques ct mentaux (dans la vic de tous les jours, dans le travail). Il faudrait également parler de l'enfermement psychiatrique; - des minorités sexuelles, en particulier les homosexuels (elles), les transsexuels. Et que dire de notre attitude vis-à-\'is des prostitués des deux sexes, des problèmes que posent la réinsertion des personnes qui sortent de prison ... En effet, le changement intervenu le 10 mai nous donne des raisons d'espérer, lin certain nombre de mesures capitales ayant déjà été prises. Introduire la culture arabe dans notre quotidien Je viens cie découvrir "Différences" et je tiens il féliciter l'éq uipe clu journal pour l'intérêt des informations, le sérieux cles dossiers et la qualité de la présentation. .1 c la remercie d'a voi l' rend u hommage, dans le numéro clle juin, à Hassan iVlassoudy . J'ai rencontré Hassan Massoudy à Belfort, cn janvier 19HO. Il animail un atelier de calligraphie. L ' objectif de ces ateliers était d'abord de contribuer ù une meilleure compréhension cie la culture arabe. Cc que nous avons aussi décou vert, l" esl la sign i fïcalion et l' importance cle cet art dans la vie quotidienne. Audelà, Hassan Massoudy illustrait la place que l'artiste pourrait occurer dans la cité. Introduire un peu de culture arabe dans l'en vironnement quotidien d'une population composée cle plusieurs ethnies, ne serait-ce pas déjà l'apprentissagc cie la différence ? F'rançoise GUILLEMAIN A vrillé C.R. : Je crois Françoise, que vous exprimez mal cc que vous ressentez. Il ne s'agit pas d'introduire un peu de culture arabe dans la vie quotidienne d'une population multiethnique entre parenthèses, le "un peu" n'est-il pas déjà un refus de la différence. Il ne s'agit pas de saupoudrer la vic culturelle d'une population, de pincées "d'exotisme", pour faire reconnaître en tant que telles les ethnies qui, la composent. Il faut tout simplement que celles-ci puissent s'exprimer librement ct que les pouvoirs publics (régions - départements - municipalités), les organisations syndicales ct les associations diverses donnent toutes informations sur ces manifestations. Qu'on donne la possibilité réelle de comprendre la religion, les' moeurs, la musique de l'autre. Essayer de comprendre, c'est déjà aimer. Il faudrait changer les livres d'histoire ct de géographie. "ios enfants y gagneraient en tem ps ct en tolérance. 30 octobre au 15 novembre • Le sixième Feslival du film italien de Villerupt se déroulera cette année du 30 octobre au 15 novembre. Renseignements: Alexandre Tholance, Tél. : (R) 351,11.26. 3 novembre • Les agressions racistes cl le refus de service dans certains bars d'Aix-en-Provencc constit uent le thème de la conférence de presse organisée par le Comité local en présence de i\'laÎt re Francis Pudlowsky du Bureau National du MRAP, 4-8 novembre • Les deuxièmes rencontres i'lternat ionales de t héât re musical d'aujourd'hui, à la Maison de la Culture de Rennes, proposent sans caractère compétitif des spectacles de Pologne, Tchécoslovaquie, Autriche, RDA. RFA, USA, Corée, Equateur. Venezuela , Zal're. 7 et 8 novembre • Les amitiés franco-tanzaniennes organisent leur Je assemblée générale les 7 ct R novembre, à l'UCJG, 14, rue de Trévise 75009 Paris (à partir de 14 heures, le samedi). Renseignement s : AFT, 20, rue de Rochechouart, 75009 Paris, 8 novembre • "Les juifs du pape en France", tel sera le t hème de la conférence publique que René Moulinas de l'Université d'Avignon fera il 10 h 30 à la Commission française des Archives Juives, • Le Centre d'Aide pour Il's Minorités Sexuelles, Centre du Christ Libérateur, multiplie ses activités. Le R, il accueille le MRAP à 17 h. le 12 à 19 h il organise une soirée pour les tran ssex uels et les travestis avec la poétesse Ovida Delect. Le 15 il organise une signature du Livre du Dr Georges Valensin, La Vie se:melle juive aux éditions Philosophiques, Le 29, il rencontre Terre des Hommes. CCL, 3 bis, rue Clairaut, 75017 Paris, 627.49,36, 11-12 novembre • A Cray en Haute-Sa\'oil', journée d'animations antiracistes et assemblée générale du Comité local du MRAP. 11-13 novembre • Les \'acances collecth'es, inst rument de développement des personnes, tel est le t hème des journées d'études organisées par les CEMEA (Centre d'Entraînement aux Mét hodes d 'Educat ion Active), à l'INEP de Marly-IeRoi, Il, rue BlumenthaL Renseignements
- 544,3R,59
12 novembre • A Saint-Etienne, projection du film L'Aspect rose de la clWSl' de Chi Yan Wong, au cinéma Le France, suivie d'un débat du G.L.H. (Groupe de Libération Homosexuelle). 12-22 novembre • Ile festival internationat dc Paris du film fantastiquc ct de science-fiction dans le superbe cinéma qu'est le Grand Rex, l, boule vard Poissonnière. Paris 2', Une compétition internat ionale de longs rnét rages ct une sélection de courts métrages réalisés en 19RI, ainsi qu'une rét rospeet ive du grand spécialiste du fantastique, la Hammerfillll. 12 au 22 novembre • Le 3' Feslival Lumière de Lyon se déroulera du 12 au 22 novembre prochain, Parmi la vingtaine de films qui serollt projetés, dont une quinzaine d'inédits, il y aura des film, anglais, port ugais, hollandais, belges, hongrois, françai s,.. Renseignements: (7) R27.71.11. poste 3192 et 3193. 13 novembre • Le planning familial a 25 ans. A cette occasion, il sort un livre, D'une ré\'olte à une lulle et organise une fête au Bataclan, 50, boulevard Voltaire, Paris 2' avec une exposition et des animations, Renseignements: MF»F 5R4 .84. 18. 14 novembre • Une manifestation exceptionnelle pour l'Argentine à Il h de la place du Panthéon à la place de la Concorde organisée par l'AIDA. Cent grandes bannières réali sées par cent artistes peintres symbolisant les cent artistes "détenus-disparus" depuis le coup d'Etat militai,re de 1l)76. pour exiger leur libération. 57 A[DA, 6, rue de l'Eure, 75014 Paris. Tél,: 542 . 16.13. 14 et 21 novembre • L'Union des Juifs dt' la Résistance organise une série de conférences au 14, rue Paradi, . Paris 10", à 15 h JO. Le 14, le D' Meyer parlera de l'influencc de la Bible sur la pen sée moderne, Le 21. le pr Theophil Grol évoquera le grand historien juif Szvmon Doubnov ft l'occasion du 40 anniversaire de sa Illort dans les cumps d'exterlllinalion, Renseiunelllents 770.62.16. ' 16-30 novembre • t'estival des jeunes Cll1cmas, lurc, hollandai s, canadicn. aw,tralien, dans le cadre du f'estival d'Autol11ne. Une série de films inédits dl' jeunes réalisateurs. notamment un hommage lU réa· Ii sa teur Yilmaz Ciüney a\'ec 10 de ses rilms. On verra également des films de metteurs en scène plus connus pour leur travail au theGtre. Peter Stein, Richard Foreman, André Engel, Brunll Bayen, ainsi que de ~ inédits de Pasolini et Visconti. Renseignements
- 296,12.27,
17 novembre • Au cinl'-c1uh d'Alcn\'fln, prnjection du film "Le Bus", suil 'ie d'un débat avec Albert Lévy , secrétaire général du fvIRA[, 17-18 novembre • Projectiun du IïIm .. Elise ou la vraie vic" à Saintes, dam le cadre clc deux journées d'anilllation ct de rencontres contre le racisme avec la part icipat ion de Jean·Pierre Garcia. secrélaire national du MRAP, 19 novembre • LI' général Paris dl' la Bullarclière. invité par le comilé local de Nantes du MRAP" anime L1ne rencont re sur le 1 hcmc "GuelTe ct racisme", 19-20 novembre • ., Eglise ct droits de l' homme", un colloque oecuménique organise par l'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture, Ren seignement, ACAT 329.RR,52, 20 novembre tionnell es a fricaines , "Le N'Doep" ct " Les maîtres rous" , ,o nt projetés ct suivis d'un débat animé par .lean -Pierre Garcia il Angoulême, 21 novembre • Assemhlée générale du MRAP d'Angoulème sous la présidence de .1, Chevassus, membre du Bureau National du MRAP. (n soirée projeci ion du film "Elise ou la vra ie vie". 21-22 novembre • 34 congrès dl' [a LIeRA (Ligue Internationale contre le Racisme et l' Ant isémit isme) il l'hôtel Sheraton Montparnasse sous la présidence de Gast on Monner\'ille, Renseign ement,: 770.13.2R, 22 novembre • Le sionisme hier et aujourd'hui. quelles chances de paix au Proche Orient, c'est cc dont débattra le COlllité local du MRAP de Nantes avec la participation du Mouvement de la Paix. de la L.igue des Droits de l'Homme ct d ' un journaliste israélien, M, Halévy. Renseignements: 16 (40) 47.79,04, 23-26 novembre • L'al'lion cuntre te ral'Ïsll1e. 3 jours de renco ntres il Avignon avec les différcnt s partenaires de la vic sociale (élus, associat ions, syndicats. part is) ct les differentes minorités ethniques, JcanPierre Garcia y représen te le MRAP nation a l. Chaque soir projections de l'illm au cinéma Utopia. 28 no\'embre • Racisme ct hflnJoscxualitl" {'st le thème d'une rencontre organisée dans le cadre de la préparation d'un colloque organisé par le IVIR;\P sur l'expression et la répression de, di fTérence!\, Salle St-Bruno, l, rue Pierre l' Hermille. 750lR Paris. 14 il , 28-29-30 novembre • 22" colluqul' dcs intelll'l'Iuc!s juifs de langue françai se sur le thème cenl l'al La Bible aujourd'hui. Renseignemelrl s : 359 94.0l, 6 décembre • Un grand concert dl' la chorale populaire juive de Paris ft 15 h 30 au Centre Rachi, boule• Deux films sur la folie ct SOli l'ard dc Port Royal. Paris 5", traitement dans les sociétés tradi- Renseignements: 131 ,9R,20, L'HEBDOMADAIRE DU SOCIALISME DEMOCRATIQUE • un journal' communiste • un journal différent POUR VIVRE LES LUnES DE NOTRE TEMPS Bulletin d'abonnement à envoyer avec le règlemenl correspondant à REVOLUTION. 15, rue Montmartre, 75001 Paris r 634 F LE NUMERO AU LIEU DE 8 F 1 \' EN S'ABONNANT 1 AN TARIFS D'ABONNEMENT : 1 AN : 330 F - 6 M OIS : 185 F (Etudiant, 1 an: 270 F - 6 mois: 150 F) ABONNEMENT CHOISI Normal 1 AN 6M". - Etud. 1AN _ 6M. NOM: (Mme, M"e, M.) PRENOM AD R ESSE (précisez escalier, bâtiment, etc) CODE POSTAL LOCALITE REGLEMENT: (à l'ordre de REVOLUTION) CCP r1 Chèque bancaire 0 Mandat r, (cochez la case correspondante) prêt à porter fé~inin ~~ ~. ~ 36. RUE DU CAIRE PARIS 2 'l" SOB 09.42 BON VOYAGE AVEC VOS MOTS-VALISES Prenant exemple sur Lewis CaroU, l'immortel auteur d"'Alice au Pays des Merveilles", Alain Finkielkraut est grand fabricant de mots-valises. ce jeu consiste à vo ir les mots "d'un autre oeil" pour découvrir les significations secrètes qu 'ils recèlent, soit tels quels, soit après une légère modification par l'adjonction ou la suppression d'une ou plusieurs lettres; et ensuite à formuler une définition hybride, incluant toutes les dimensions des nouveaux vocables ainsi formés. En parcourant le livre d'Alain Finkielkraut "Ralentir: mots-valises" (Seuil), qu i sera d'ici peu suivi, chez le même éditeur, d'un "Petit Fictionnaire illustré (tout un programme !) nous avons retenu quelques-unes de ses trouvailles: "Autoraoût : coutume française qui consiste à passer en famille, en voiture, et sur une route sans croisement, le mois le plus chaud de l'année." "Constipassion : amour timide, qui n'arrive pas à se déclarer.' "Hebdrolmadaire : chameau qui rit tous les lundis." "Rabbibochage : fête juive commémorant la réconciliation de deux fameux talmudistes Reb Daniel et Reb Abbani." ... Arrêtons là . "Les mots-valises doivent être faits par tous, non par un", souligne Alain Funkielkraut. Alors voulez-vous aussi, vous essayer à cette géométrie variable du vocabulaire à partir des thèmes dont traite notre magazine ? Pour vous encourager, nos rédacteu rs se som amusés à vous ouvrir la voiT(, c'est-à-ilire le chemin de paroles différentes. Voici ce qu'ils ont concocté: MAINTENANT, A VOUS DE JOUER! Envoyez-nous vos mots-valises, nous publierons les meilleurs. Et bon voyage au mystérieux pays du langage! 58 -
Notes
<references />