Différences n°48 - septembre 1985

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Sommaire du numéro

n°48 de Septembre 1985

  • Afrique du Sud; bagatelles pour un massacre par A. Pitoiset
  • Dreux plus Deux (gestion municipale du FN)
  • Rencontres: des portugais désensablés par J.M. Ollé
  • Préjugés: de vrais petits lapins (démographie des immigrés) par J. Roccia [racisme, immigration]
  • Explications au voyage (les français voyagent) par D. Aloia
  • Berlin: vent d'est, vent d'ouest par P. Jacob
  • Le polar vire au noir (roman polocier africain) par J.J. Pikon
  • L'Orient perdu (Inde de la richesse culturelle) par M.C. Benitan
  • Un usage dévoyé (sociobiologie) par E. Assouakon
  • L'aventurière des sables (Isabelle Eberhardt) par M. Hubert
  • La parole à Cherif Khaznadar (maison des cultures du monde) propos recueillis par J.J. Pikon

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FNEPE S~rvice A retourner à Collectif Diffusion - FNEPE Service . Secours - 75011 Paris OMM AIRE Magazine créé par le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), édité par la Société des éditions Différences 89, rue Oberkampf 75011 PARIS Tél. : (1) 806.88.33 DIRECTEUR Of LA PUBLICATIOII Albert Lévy RÉDACTIOII Rédacteur en chef Jean-Michel Ollé Secrétariot de rédaction/maquettes : Véronique Mortaigne Service photos : Abdelhak Senna CUÙure: Daniel Chaput Relations extérieures : Danièle Simon AOMIIIISTRATIOIIIBESTIOli Khaled Debbah ABOIIIIEMEIITS 1 an: 160 F. 1 an à l'étranger: 190 F. 6 mois: 90 F. EtudÙlnts et chômeurs, 1 an : 140 F. 1 6 mois : 80 F (joindre une photocopie 1 des cartes d'étudiant ou de pointage). Soutien: 200 F. Abonnement d'honneur: 1000 F. Algérie: 14 dinars. Belgique: 140 FB. Canada: 3 dollars. Maroc: 10 dirhams. l'UBUCITÉ AU JOURIIAL Photocomposition - photogravure impression: PCP, 17, place de Villiers, 93100 Montreuil. Tél. : 287.31.00 '1' Commission paritaire n" 63634 0247-9095. légal: 1985-9 réd:llcti,~n ne peut être tenue pour responsable textes, documents et photos confiés. l'IIOTO COUVERTURE : SIPA-PRESS 'ifférences - n" 48 - Septemhre /985 ACTUEL 8 POINT CHAUD __ _ massacre. ANNE PITOISET Afrique du Sud : bagatelles pour un Le boycott décidé par la France semble timide face aux morsures de l'apartheid aux abois. 10 RENCONTRES __ _ Des Portugais désensablés. JEAN-MICHEL OLLÉ Choisy-le-Roy, un collège, des élèves en difficulté et des marionnettes. 13 PRÉJUGÉS « De vrais petits lapins », JEAN ROCCIA On accuse les immigrés de faire trop d'enfants. Les chiffres du recensement parlent enfin. 16 RADIO-TROTIOIR Explications au voyage. DOLDRÈS ALDIA Les Français ont la bougeotte et visitent les pays étrangers. Pourquoi? DOSSIER 18 Berlin, vent d'est, vent d'ouest. PAULINEJACOB La ville au mur le plus célèbre après celui de Jérusalem s'ouvre pour vous. CULTURES 28 L'ÉVÉNEMENT - __ Le polar noir vire au noir. JEAN-JACQUES PIKON L'Afrique se met au roman policier. De quoi détrôner Philip Marlowe. 30 TENDANCES L'Orient perdu. MARIE-CLAUDE BENITAH Dans les années soixante, on avait découvert l'Inde de la misère. Voici que nous arrive l'Inde de la richesse culturelle. DÉCOUVERTE 34 RÉFLEXION - __ Un usage dévoyé. Propos recueillis par EMILIE ASSOUAKON Non la sociobiologie n'est pas une science; Patrick Tort le prouve. 36 HISTOIRE - __ L'aventurière des sables. MARIETTE HUBERT 38 Fille présumée de Rimbaud, convertie à l'islam, Isabelle Eberhardt a étonné le XI Xc siècle. VOUS Votre courrier, des jeux, des infos-services. Il SOWETO -Un poème mémorial E 1976 dans un pays où l'apartheid sévit, un dra~e éc\~te: S'6WETO. Des hOmmes e~ des femmes protestef1t". 'Ils ?pposent. à une Impl~cable 1o g·l'"q""ue , "un"é arme inegale maIs redou, tba btl e. t leduur "d11'I'Otlr '(Je la liberté. Alors la mort sa a e, ipaysaustral, s'élève une rumeur: SOWETO. thms le recueillement, Edouard MAUNICK. dont l'oeuvre a acquis une réputation internatl~~ale grave un poème. Plus qu'une somptueuse plece, cette élégie est d'abord élan de passion et d'am~r : son rythme infernal déclenche, chez le lecteur, une émotion intense. . . Du souvenir du drame - aperçu à la télévIsIon ou lu dans les comptes rendus de la presse - et de la lecture du texte naît, chez MECHTlL T, le besoin de pénétrer à l'intérieur des espaces qui séparent les mots, d'accentuer, en quelq~e t les' silences blancs et de faire ressortIr, s"o r e, , Ile intitule "des nO.I rs" 1a V.'IO 1e nce de \ par ce qu e . Il 1 . t en son extrême, sa destructIOn. en a vIe e, bl . d' bout ressort une "écriture" admira e qUI, ~n à l'autre de l'OEuvre, fixé à l'encre de Chme, devient, à son tour, poème. De cette rencontre, nous avons conçu un mervei lIeux Iivre-objet, où éthique et art font, nous semb.let- il, un mariage réussi. Le poème d'Ed?ua~d Maunlck est un portique qui mène à l'oeuvre de 1 artIste. INTERTEXTES FICHE TECHNIQUE: Format: 25 x 17 Texte et Graphisme: sur Arches 270 grammes. Présentation: "Le Cap de Désespérance" sur cahier séparé, "Soweto" sur pavillon plié en 30 volets de 16 cm de largeur, soit, au total, un ensemble long de 4,80 m. La couverture : Brillanta (texture mate) Suedel (textw'e marbrée, de ton très chaud). Couleur sable. S'y détache, gravé au fer, en noir soutenu, le superbe graphisme "SOWETO". Le tout sous emboîtage. Impression par ARTE Reliure par le POINCON D'OR. Différences vous propose cet ouvrage exceptionnel a~ prix réduit de 500 F. Renvoyez ce bon, accompagne du règlement. Je commande ................ livre(s)-poème(s) cc Soweto ». Coupon et chèque à adresser à Différences, livre « Soweto », 89, rue Oberkampf, 75011 PARIS. D/TOR/AL SENS Quand .vous étiez petit, vous avez appris un jour que la Terre n'était pas plate, mais ronde. Du coup, vous avez posé le doigt sur l'hémisphère Sud et vous avez dit: mais alors, les gens, là-bas, ils marchent la tête en bas ? Et votre instituteur, ou votre mère, ou le copain qui voulait vous épater, s'est retrouvé bien embêté pour expliquer que non. Maintenant, vous savez, ou vous croyez savoir, que c'estfaux. Pas du tout. C'est vous qui aviez raison. Par exemple, dans le pays tout au bout de l'Afrique, les gens font tout à l'envers. Les lavabos se vident dans le sens contraire d'ici. C'est l'hiver chez eux quand c'est l'été ou que ça devrait l'être chez nous. Encore des exemples? Là-bas, ce sont les derniers arrivés qui ont tout le gâteau pour eux tous seuls et ce sont les moins nombreux qui commandent à tous les autres. Et quand les plus nombreux veulent simplement parler, on ne les écoute pas, on les tue. Mais c'est normal, Iii-bas, puisque tout est à l'envers. C'est quand même plus pratique comme ça : eux, c'est tout faux, nous, tout juste. Du coup, quand les plus nombreux veulent remettre les choses à l'endroit, ça nous inquiète. Le normal, là-bas au pays de l'envers, c'est l'apartheid. Le scandale, ce qui met la pagaille, ce qui risque de faire chavirer le navire, ce sont les Noirs. Peut-être croyons-nous que, s'ils se remettent à l'endroit, ça va nous mettre à l'envers? C'est pour cela qu'onfait semblant de rien en temps normal, qu'on les laisse être tranquillement à l'envers et que tout le monde s'inquiète quand les Noirs veulent changer le sens de l' histoire. Pourtant, si on comprend bien, les Blancs de l'apartheidfont tout à l'envers de nous. Les Noirs, là-bas, font le contraire des Blancs. Alors, les Noirs vont dans le même sens que nous ? 1iffére.nces !~- ifférences - n" 48 - Seplembre 1985 Il NBREF--~~---------------' - Faites vos comptes- DREUX PLUS DEUX Voilà deux ans que le sociations dépendant pour le En septembre 1983, elle Front national par- Front national d'un «parti décide de ne pas renouveler ticipe à la gestion de étranger» (J .-P. Stirbois, Ac- l'abonnement de plusieurs - En plein air sur les planches - la municipalité de Dreux. t ion du 1 e r ma r s 1985 , publications telles que le CaQu'a- t-il fait de la ville? journal local), a entraîné de nard enchaîné, Différences, Vainqueur des élections par vives polémiques dans la Europe, Sans frontière, Une le biais de son alliance avec ville. Comme pour l'interdic- seule terre et Dossiers et Tél'union RPR-UDF, il occupe tion de la tenue d'un stand du moignages (Frères des Drôle de drame deux postes clés à la mairie: MRAP à la foire locale d'oc- hommes), ainsi que d'autres . la protection civile et la tobre 1984, les raisons ne revues. C'est repartI. Nous vous culture. Deux adjoints, mais furent guère explicites. Les Les heurts avec M. Maltete, i avons un peu parlé de aussi trois à sept conseillers, décisions du Front national président d'Arts-en-Dreux : Jeux de massacre, un specselon que l'on tient compte ne sont pas toujours très se multiplient. La mairie lui 1 tacle monté par l'Atelier~théâou non du soutien de certains compréhensibles, d'autant intente un procès dès sa pre- 1 tre d~s ~nfants du quart~er ~t non-inscrits au FN. que, malgré son poste d'ad- mière exposition. Quant à 1 p~rraIlle par MRAP-SohdanLe nom de Dreux a pourtant joint à la protection civile, l'exposition organisée par le i:; .L~ spectacle a été créé le vite quitté la une des quo ti- J ._P. Stirbois n'a mené service culturel de la mairie JUIll, sur la place des diens. Le Front national a aucune action sur le plan de sur la Russie libre évidem- Ab?esses (Paris 18 e ). Désorrangé aujourd'hui ses batail- la sécurité. Et la délinquance ment antisoviétique, elle maiS, c'~st la gloire, ils sont Ions de choc et ses tracts suit le même rythme qu'ail- aura un succès limité. demande~ partout. publicitaires pour se consa- leurs. On a même parlé de C'est dans ce climat que plu- Il faut due que c'est étoncrer aux tâches municipales. 55 % d'augmentation pour sieurs spectacles seront orga- nant. Ils s~nt tou.s hauts Mais a-t-il pour autant laissé l'année 1984. nisés par le service culturel, comme troIs paOlers de son idéologie au vestiaire? spectacles peu suivis par le pommes et ça chante, ça Il faut dire que, depuis sep- public. Le concert de Gérard Joue, ça se ?at, ça danse dans tembre 1983, il ne se mani- Lenormand, d'octobre 1984. tous les cOins. Une allégorie feste plus aussi violemment. Le Front national a entraîné un déficit de de la guerre. et de la paix, Plus de communiqués vili- a rangé auiourd'hui 100 000 F. sans grandes Illusions sur les pendaires dont il avait l'ha- La pièce de Montherlant, Fils ch~nces . d~ cet~e dernière, bitude à chaque parole d'un ses bataillons de choc de personne, se produira fin meme SI a la flO, après la cat.aclysme final, la jeune fille qUi la représente arrive à s'extraire de l'amas des corps englués dans une grande toile, pour reprendre son vol. Allez-y, si vous en avez l'occasion, rien que pour voir cette extraordinaire gamine danser sa résurrection et aussi pour les scènes' de guerre, où ils mettent tellement d'ardeur à se foutre sur la gueule qu'on a envie de traverser la scène avec un gyrophare et une boîte de Tricosteril. C'est du Jérôme Savary, repris par la grâce de la pré-adolescence. 0 A partir du samedi 12 octobre 1985, à 12 heures, place des Abbesses. élu de gauche ou à chaque et ses tracts 1984, devant une assemblée manifestation antiraciste. publicitaires réduite à une centaine det Aujourd'hui, il se contente pour se consacrer personnes triées sur le volet. VITE, JE M'ABONNE A DIFFERENCES d'exprimer sa position dans le aux tâches L'erreur de Mme Brion ne cadre municipal. ., l' fut pas la programmation de Démobilisation? Ses visées mumclpa es. cette pièce, que rien n'in': sont ailleurs. En témoigne Avec un succès limité terdit de jouer en France, l'absence de son chef de file, mais l'invitation faite au" M. Jean-Pierre Stirbois, à la membres du Front national, mairie. Présent irrégulière- du Rotary et du Lion's Club. ment le mercredi matin à sa Mireille Brion, 42 ans, ju- On ne pardonnera pas à l'adpermanence, on le voit rare- riste, est adhérente du Front jointe à la culture d'avoir o 160 F (1 an) o 90 F (6 mois) o 200 F (soutien) . Nom: . Prénom: .. . Adresse : . Bulletin dûment rempli à retourner accompagné d'un chèque, à .' ' Différences, service abonnements 89, rue Oberkampf, 75011 Paris ment à Dreux. D'ailleurs, il national depuis 1982. profité de son poste pour ne réside pas dans la ville. Chargée depuis septembre utiliser l'en-tête du Front naPourtant, le parti de Jean- 1983 de la culture, elle a, par tional dans ses invitations. Le Marie Le Pen laisse ici un ses actions d'éclat, et sans peu de monde qu'attirera le profond sentiment de ma- doute par la discrétion de récital de poèmes de man laise. Jean-Pierre Stirbois, réussi à 1985 (une vi~gtaine de pero 1 an étranger: 190 F ; chômeur el étudiant : 140 F. Le refus du vote du budget concentrer sur elle les projec- sonnes) ne fait que confirm el 1985 au MRAP, à l'UFF et teurs de la scène politique cette tendance: il y III ______________ ----------L--a-u-S-e-c-o-u-r-s~p-o~p-u-l-ai~r-e-, -ce_s a quel· _a_ s-___d_ ro_u_a_i_s_e_. _________________q~ u_e_c_h_o_s_e_d_e__mo_ rt_à_ D_ r_e_u x_: -,~~----Charles--Charles--------------------------~~ lifférences - n° 48 - Septembre 1985 MOSCOU: QUE VA FAIRE LA NOU'VELLE ÉQUIPE POUR LES JUIFS D'URSS? ç'e.st'/a question. que se posent nombre d'observateurs depuis 1 amvée au pouvOir de Mlkhail Gorbatchev Le MRAP beau, coup d'a ut es rorga'nis ations, a écrit au. nouve,au seccr oémtamiree gé~eral du PCUS pour attirer son attentwn sur les diffICultés et bn"'.ades que re~c.ontrent les refusniks et ceux qui veulent pratiquer leur rellgwn. La nominatWn d'Edouard Chevarnadze au poste de .ministre des Affaires étrangères, où il succède à la longue. cam.ère de M. Gromyko, a relancé l'intérêt. Un chercheur lsraélten, spécialiste de l'histoire de la Georgie rappelle que !"': ChevarnafIze a longtemps occupé le poste ck premier secr~talre du partt dans cette république. « M. Chevarnadze dit David Ben Youssef, est géorgien et, en tant que tel il a ~ne sensi~i1it~ partic~ière vis:à-vis des problèmes des nationalités, ce qUI lUI ? permis de faire preuve de plus de compréhension q.ue. les dIrl~eants d'origine russe' vis-à-vis des aspirations SIODlS~ des Juifs géorgiens. »M. Ben Youssef cite le cas de juifs géorgrens ayant obtenu un visa d'émigratWn grâce à l'anp i ct M. Chevarnadze. r, u e Est-ce à cette 1Wmi~ation qu'il faut attribuer les rumeurs de crahpepmreoncth deom etn t Israel-URSS qui ont couru pendant l'éte', rappron o~ ~ an~o~cé qu'il serait accompagné de mesures fav~rables aux Juifs d URSS ? On sait que leur sort est lié au mol.~s.depuis 1967, aux rapports, ou aux non-rapports de l'U~wn sovretique avec Israël. Cela dit, la rumeur a été démentie ' ~o~ou et semble plus participer de la politique intérieure ;; . . eres. Pourtant les observateurs israéliens ont été très se~slb~es au passage à la télévision soviétique, pour la première fOIS, d une oeuvre de Chalom Aleichem, auteur yiddish ukrainien. E.A. Chevardnazé , ' ministre des Affaires étrangères de l'URSS ~ c~~te Tevie l~ laitier a été présenté lundi. 15 juillet à la télévlswn, en versIOn ru~se: Est-ce l'indice d'un changement? On re11Ulr'l.uera que les mdlces contraires ne 11Ulnquent pas. De source occidentale, on apprend que Chtcharanslcy a été fi . de plus. ' i n t end itu"e correspondance dans sa prison. De,uuxn aeu trOeISs reftu s' m,k.s , MlM . Gondara et Devavadze ,pgouertoantrJ'guifris'e n. s on eté mcu pé~ de "'.a~ison de la patrie, chef d'inculpation qui ~uppose u.ne peme mml11Ulle de dix ans et lTUlXimale de é 1 . a perpétuité. n c uSlOn Mme Avita/ Chtcharansky a rencontré cet été M F b' Mme Thatcher et le chef du gouvernement hollandais p~ur Charles 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC); évoq.u ent l.e cas de son 11Ulri lors de la cé"u'b ·, .~..h ..A,n d u u"l.X"l-eme anmversmre des accords d'Helsinki Le Premie . . ppro.m is d' en parl er'a M. orbGatchev' lo rs de sa visirte moflfniclsietrllee àa ans en octobre. Le !.!RAP a également demandé audience au responsable du Kremlm. Il compte lui dire que au milieu de la surenchère à laquelle se livrent les deux super~uissances avant leur r~ncon,tre !lu so"'.m~t, des mesures de clémence pour les refusmks d Un/on SOVIétique serait extrêmement bienvenues et sans doute plus efficaces que la répression. 0 JEAN-MICHEL OLLE • mNTcHAuO ____________________________ ~ BOYCOTT! Enterrement: un mot familier des Noirs d'Afrique du Sud. L'apartheid aura fait, cette année, plus de six cents morts Uni.s a d'ailleurs adopté un projet de loi' de sanctions prévoyant l'interdiction de l~ vente de Krugerrands, pièces d:or sud-africaines très prisees des collectionneurs, le blocage des exportations de matériel nucléaire et électronique et l'arrêt de tout nouvel investissement. On attend maintenant le vote du projet par le Sénat, en septembrè. Face à ces menaces, le président Botha affiche une tranquillité insolente. «La politique du gouvernement a produit, au COurs des deux derniers mois, d'excellents résultats

le déficit budgétaire a

diminué, la masse monétaire est bien contrôlée, la balance des paiements courants sera en excédent de cinq milliards de rands cette année la dette étrangère a diminut et les réserves de change se sont accrues. Les bases de l'économie sont donc maintenant saines et la reprise devrait avoir lieu en 1986 » concluait-il. ' ER tO Le MRAP lance, conformément aux recommandations de l'ONU et aux demandes des Noirs sud-africains en lutte, le boycott de l'Afrique du ~ud, seul~ manière. efficace de mettre le régime de 1 apartheid en difficulté. Voici la liste des marques sud-africaines importées: Fruits: Outspan, Westphalia, Cape.


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de croisière) et de platine. La RSA compte d'autant plus qu'e.IIe exporte une grande partIe de sa production. En cas de disparition du régime de Pretoria, les analystes les plus pessimistes estiment q.u'il en résulterait un quasI- monopole du bloc socialiste dans la production de q~el9ues matières premières mmerales essentieIIes. On voit où le bât blesse. C?ns~rves : ~un Dor, Gold Dish, Singora, Majestic, DC, Libby s,. Regina, [XL, Southern Pride, Bayerwald, Gold R~ef, Sllv~~ Leaf, Summit, KCO, Armoor, Kloof, Pearl. Vms et spmtueux : Fleur du cap, Sainsbury Stellenbosch Huguenot Héritage. " Tabacs: Rothmans. Confiseries: Rowntree's. « Tout nouvel in Diaments : De Beers. vestissement français en Afrique du Sud, dans quel que domaine et sous quelque condition que ce soit, est irrémédiablement suspendu », annonçait le Premier ministre, Laurent Fabius, le 25 juillet dernier. Une mesure spectaculaire certes, mais qui, selon les spécialistes, risque de ne pas peser très lourd dans les rapports économiques et financiers rapport à ceux des entreprises étrangères : 5 à 6 % du montant total des investissements étrangers en Afrique du Sud, contre 50 % pour les Britanniques, 23 % pour les Allemands de l'Ouest et 17 % pour les Américains. La décision prise par le gouvernement d'interdire tout nouvel investissement en Afrique du Sud prend , dans ce contexte, un caractère nettement moins spectaculaire. D'autant que les investisseface à la concurrence japonaise, en réalisant des investissements d'ordre commercial; Renault a d'ailleurs déclaré que « la Régie n'avait, en Afrique du Sud, que des capitaux locaux et qu'elle continuerait à faire appel au marché local, si elle souhaite étendre ses activités ». Voilà qui a, au moins, le mérite d'être clair. décisions prises par le gouvernement, vingt-quatre heures après leur publication, Framatome annonçait la mise en marche du second et dernier réacteur de la centrale nucléaire de Koeberg, livré clés en main par elle-même, Alsthom et Spie Batignolles. Le raccordement de ce réacteur de 920 mégawatts est le couronnement du plus important contrat remporté par la France en Afrique du Sud. Cette centrale, la pre- Les banques françaises faisant le plus d'affaires avec la RSA : .,Compagnie financière de Paribas, Compagnie financl€re de Suez, CCF, Société générale. Enfi~ Total est le fournisseur attitré de la police de RSA. RenseIgnements: MRAP, Tél. : (1) 806.88.00. entre les deux pays. L'Afrique du Sud n'était, en 1984, que le 23 fournisseur de la France et son 29 client. Parmi les 165 entreprises nationales, les 40 filia- Dans le secteur bancaire et financier, les liens entre la France et la République Sur quelles données concrètes s'appuie donc le chef de l'Etat sud-africain ~ vrai. dire , les plus démunis VIs-à-VIS de l'Afrique du Sud sont parfois ses plus violents adversaires : les pays d'Afrique australe qui , malgré leurs efforts pour constituer une communauté de développetravailleurs viennent chercher un emploi en Afrique du Sud: 45 000 Mozambicains travaillent dans les mines d'or, 102000 ressortissants du Lesotho, 20 000 du Botswana, 12 000 du Swatziland giona~es tentent de négocier, en vam, avec les organismes de boycottage, dont plusieurs membres ont été arrêtés ou se cachent. Même si des mesures de rétorsion sont toujours possibles (Iicencie- BAGATELLES POUR UN MASSACRE les à participation majoritai- ments français nouveaux sont Enfin les sanctions mière du genre en Afrique, a pour tracer un bilan aussi ment régionale, la SAD CC re et les 35 bureaux de repré- pratiquement inexistants contre le pays coûté à la RAS 1,5 milliard positif de l'économie na- (South African Development renouvellent chaque année sentation, on trouve tout le dans les faits depuis un an de dollars et a rapporté à la tionale ? Il faut savol' r C d' leur ~ontrat de travail pour Gotha de l'industrie: Total, environ, en raison de la mul- de l, apa rthe·ld France cinq milliards de qu.e la République sud-afri- 'Oort mat'i on Conference) , no urnr 1e ur f amI'1 1 e restée au n on pas reussi à mobiliser pays Bic, Le Carbone, Air liqui- tiplication des désordres en ne sont plus tabous. francs. Elle fournira au pays came est un partenaire éco- les capitaux nécessaires pour . de , Renault, Peugeot, Afrique du Sud et de l'aggra- un dixième de ses besoins en !10mique avec lequel les pays la restructuration de cette Si les .mi.lieux économiques Rhône-Poulenc, Merlin Gé- vation de la crise économique Encore faut-il électricité. La France, pour 1 n dus tri a 1 i s é s corn p 0 _ région . sud-afncams se montrent inrin, CGEE, Alsthom, Rous- dans les principaux secteurs qu'elles soient sa part, a précisé qu'elle sent. Le régime de Pre- Le Zimbabwe, le Bot- quiets des menaces brandies sel, Télémécanique, Freys- d'activité. , Il t ff continuerait à fournir l'ura-] toria garantit la route ma- swa t 1 L par la communauté internasinet, Guerlain , Kis , Miche- L'interdiction concerne es- ree es e e Icaces. nium enrichi indispensable' ritime qui relie les océans encl~~é~ _ ~épee~âCharles d~ )'À~ tion~le et le manque de lin, Avions Dassault, Club sentiellement de petites opél C'est à voir... au fonctionnement des deux IPacifique et Atlantique, par frique du Sud pour leurs ~enf~anc~ in~fpir,é ~ar les juge- Méditerranée, CGM, Char- rations à caractère ponctue réacteurs, car les contrats aquelle transite 60 % de la énergies, leurs moyens de . n s neg~h semIs par l'opig e urs Ré uni s , Cre u d'un montant inférieur à sud-africaine ne devraient existent depuis 1976 et ne; consommation européenne transport et leurs débouchés n~on publIque mondiale, le sot-Loire, etc., sans oublier 20 millions de francs. Parmi pas beaucoup souffrir. Fin sont donc pas concernés par en p.ét.role, et il assure l'ap- c·. ommercl. aux. L es exporta- c angeme. nt pourrait , dans les grandes banques comme les projets d'investissements décembre 1984, l'Afrique du les nouvelles mesures. provlslOnnement de l'Occi- tlOns de la RAS vers le reste un premIer temps, venir de Paribas, Suez, la Société gé- envisagés actuellement en Sud devait 21,14 milliards de Si la décision française a dent en minéraux dits straté- de l'Afrique sont d'ailleurs l'inté~ieur. Depuis quelques nérale, le CCF, le Crédit Afrique du Sud, on peut citer francs aux banques fran- surtout une valeur symbo- giques , indispensables à cer- florissantes : elles ont atteint semaInes, voyant leurs efLyonnais et le département quelques exemples . Total , çaises, soit plus de 10 % de sa lique, elle offre cependant un tains secteurs vitaux de l'éco- pour les cinq premiers moi~ forts de participation à la vie français de Barclay's Bank. dont le principal actionnaire dette extérieure et, lorsque formidable appui moral auX no mie des pays développés. de 1985, trois milliards et po.litique du pays demeurés Mais , en général, les entre- est l'Etat, prévoyait, au prin- l'on sait que ce pays est combattants anti-apartheid et L'~frique du Sud est le pre- demi de francs , soit près du vams, les Noirs ont décidé prises françaises ne fabri- temps 1986, d'accroître ses considéré dans les milieux constitue un précédent qui mler producteur mondial double de l'an dernier. de boycotter les magasins quent pas sur place, tout au investissements dans le financiers internationaux pourrait être suivi par d'or, de diamant, de vana- C' t l'Af' tenus par des Blancs. plus sont-elles associées avec charbon, mais aucune déci- comme le plus solvable du d'autres pays occidentauX. dium (nécessal' re a' la f es . flque du Sud qui DansI a re"g lOn de Port Elizaourmt à ses voisins l'essen- b h un importateur-assembleur sion n'avait été prise; le co nt i n e nt a f ri c a in. 0 n surtout à la lueur de la décep- construction de pièces d 'a- tiel de leurs machines leur et , certaines boutiques anlocal (1). Ce qui explique la Club Méditerranée envisa- imagine mal une rupture tion .qui a su!vi le discours dul vio.n) , de manganèse (prépa- é9uipement agricole, l~s cé- noncent des baisses de leurs faiblesse du montant de leurs geait d'ouvrir un village ; brutale! présl~ent P~eter Botha, le ratIon d'aciers spéciaux) , de réales et les produits de base ventes , allant de 30 à 100 % ments des employés noirs, fermeture des magasins tenus par les Noirs, arrestation des organisateurs du boycottage) , une certaine partie de la communauté économique semble maintenant prête à exercer des pressions sur le gouvernement. « Le commerce organisé doit reconnaître la nécessité de changements politiques, non seulement pour des raisons morales, mais pour sauvegarder un environnement favo. rable aux affaires ", déclaraIt récemment le directeur de la chambre de commerce de Port Elizabeth. Une manière de reconnaître que communauté s noire et blanche sont dépendantes l'une de l'autre. 0 ANNE PITOISET investissements, à peine Peugeot et Renault s'apprê- Comme pour illustrer de ma- 16 aout d.ermer. La Chambre chr.ome (utilisé pour la prépa- . 1 et plusieurs magasins ont dû • . qUI eur m. anquent. De plus, f L (1) Elles appliquent, de ce rait, tou-

14 milliards de francs, par taient à s'associer pour faire nière ironique les limites des des representants des Etats- rahon d'éléments de missiles des centames de milliers de ermer. es responsables des tes les lois de l'apartheid
difTéren- il L __________________ ~~ _____ ~ _________ ~ _______________ ~ _____________________________________ Dij12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)~~::12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)~~c~h~am~b~r~e~s~d~e~c~o~m~m~e~r~C:e~r~é-~~c~es~d~e~s~a~la~ir~es~,~e~tc.12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)1 .'

Différences - n° 48 - Septembre 1985 Il Dans un collège du Val-de-Marne, parents, enfants et marionnettes remettent leur langue maternelle sur le devant de la scène DES , PORTUGA,I S DESENSABLES hoisy-le-Roi, Val-deMarne, rue Noblet. Dire que le collège Matisse est beau, ce serait aller vite en besogne. Mais enfin, il est en dur. Rien à voir avec ces collèges en carton mâché qu'on voit pousser dans les communes de la couronne parisienne. Sans doute une ancienne école communale grimpée en collège pour cause d'accroissement de population scolarisée. Une cour avec de vrais vieux platanes, un grand préau pour les récrés sous la pluie et les cabinets au fond. Merci Jules Ferry! La principale, Mme Bouchet, nous reçoit dans une petite pièce qui donne sur la cour. Une belle journée de fin d'année, les mômes piaillent dehors. Il y a là Francisco Lebre, professeur de portugais, Gérard Coulon, responsable départemental du MRAP, celui qui m'a ~ refilé le tuyau, et la presse ~ nationale et internationale. .: Enfin, Différences. Plat de En tournée c?chonn~iIle qui circule, petit au VIn en direct de la cave de la Portugal principale, c'est bien parti pour l'interview. Constat banal, pour commencer: le collège, un petit modèle, quatre cent cinquante élèves, compte 30 % d'enfants d'origine étrangère, venant de dix-sept horizons culturels différents. 30 % à l'entrée: il y a encore quelques années, pour vingt élèves d'origine portugaise en sixième, il en restait trois en troisième, et un seul partait au lycée. J'entends d'ici ricaner les racistes

vous voyez bien que

les enfants étrangers sont nuls, et qu'ils font baisser le niveau. Zéro, vous avez tout faux: c'est au contraire quand les parents jouent à toutes forces l'assimilation que les enfants ne suivent pas. Scénario bien connu: on mise tout sur le français, on veut que les enfants ne fassent que des dictées, encore des dictées. On en oublie la langue maternelle. Comme le salut ne peut venir que de l'école, et que soi-même, n'est-ce-pas, on n'y connaît rien, on ne veut pas déranger, on ne va pas aux réunions de parents d'élèves, on laisse les enfants aux seules mains de l'école. Et gare si le carnet de notes n'est pas bon. Le pays est un peu mythifié, un peu oublié, la langue natale dérive, chez les qUlSltIon des connaissances, subissent une sorte de destructuration du savoir qui se manifeste dans toutes les disciplines, bien au-delà du français. Privés de leur langue, déçus par l'école et complexés par l'échec scolaire, privés aussi du succès qu~espéraient pour eux leurs parents, ils partent à la dérive. Même si, autrefois, un des élèves portugais du collège Matisse est allé jusqu'aux prestigieuses classes préparatoires du lycée Saint-Louis, c'était un sur vingt qui allait dans le secondaire. II fallait donc « traiter» les parents en même temps que les enfants. L'équipe du collège s'est donc livrée à cette minirévolution copernicienne de l'école Jules Ferry, conçue pour que les enfants «vengent » les parents. Désormais, pour faire «sortir» honorablement les élèves du 1(( On mise tout sur le français, on veut que les enfants ne fassent que des dictées, encore des dictées. JJ « Françugués », vers un portugais mélangé de français, de sorte qu'on a du mal, en vacances, à se faire comprendre de ceux qui sont restés au pays. Mais qu'importe, les enfants s'en sortiront ! Non: les enfants, privés de leurs liens affectifs à la langue maternelle dévalorisée (1), rencontrent de graves difficultés dans l'accollège, il faut y faire entrer pères et mères, ne plus chercher à transformer le monde par l'école, mais changer le monde et l'école. «Nous avons abouti, dit Francisco Lebre, à la conclusion suivante: toute pratique pédagogique est vouée à l'échec s'il n'y a pas de mobilisation des parents et sensibilisation de l'ensemble du personel éducatif à la situation spécifique de ces élèves. » En termes pédagogiques, c'est mettre tout le monde au travail. Pour la minorité portugaise, c'était associer les parents, les profs, la direction, le personnel de service et les élèves. Deuxième but: mettre en scène la culture d'origine. De minoritaire, méprisée ou inconnue, elle doit devenir spectaculaire, positive et enviée. Et voilà les élèves lusitanistes de 6', c'est-à-dire ce~x qui aPl?rennent le portugais, embnngués dans l'écriture d'une pièce de théâtre pour marionnettes. Jusquelà, rien de bien particulier. Il faudra un jour écrire l'histoire de ces milliers de romans, scénarios, pièces sayne, tes, commencés dans' ils étaient un peu déconcertés par le fait que la pièce soit en portugais. Qu'à cela ne tienne, une classe de cinquième qui regroupe des lu sitanistes et des germanistes s'est chargée de la version française de la pièce, jouable ainsi en deux langues. Deux mille personnes ont vu le spectacle. D'abord dans le département puis à Expolangues, une exposition sur l'enseignement des langues au Grand Palais. Consécration ultime, une «tournée» au Portugal, à l'école secondaire d'Almada, près de Lisbonne, qui est jumelée avec le collège. Francisco Lebre montr~ les échos des représentatIOns dans les journaux locaux portugais, avec un petit sourire: « Il n'y a que la presse de droite qui a parlé de nous! » Et c'est un gain pour toutes les matières: « Le passage par la langue maternelle ajoute Francisco Lebre' permet de faire sauter bien de; verrous, de maîtriser les mécanismes d'acquisition du sa~ o~r. ». Parallèlement, la partiCipatIOn active des parents les a fait entrer en force dans le collège. Maintenant, ils sont tous là aux réunions. Mieux encore, une des fédérations de parents participant au conseil d'établissement est reI?résentée par un Portugais, qUi prend des notes dans sa langue et les retraduit pour en faire part aux autres. Résultat de ces trois ans d'expérience: la plupart des élèves d'origine portugaise vont maintenant en troisième. Le problème, pour M~e Bouchet, c'est presque maIntenant de les convaincre '" d · ~ e contInuer, comme s'ils se t:§ des centaines de collèges, et généralement vite abandonnés, ou retombant sur les seuls bras du professeur qui avait lancé l'idée. Ici, miracle ou génie, ça a tenu et fleuri. Au fur et à mesure que la rédaction, en portugais, de la pièce avançait, alors que le L'« espace-parole» cree autour de cette première pièce continue. A l'heure où paraissent ces lignes, un nouveau spectacle va se jouer, sorte d'approfondissement de la démarche: pendant sentaient trop bien ici. De -.: 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)Charles 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC) bouche à oreille, les Portu- r r-;~--" ____ ,,....- gais de Choisy veulent tous mettre leurs enfants à Ma1 tt Les ~ixièmes écrivent une pièce en portugais, la louent au Srand Palais et à Lisbonne. JJ refectoire était périodiquem~ nt envahi par les premières répétitions, tout le ~onde s'y est mis. La gardienne du collège a fait les costumes des marionnettes le directeur-adjoint les a ma~ quilIées, etc. Et. surtout les parents portugais, qu'on n'avait jamais vus, sont venus. Le déclic: un repas portugais organisé par une CP A (classe préparatoire d ' apprentissage). Comme souvent, l'approche a été d'abord culinaire, les parents sont venus aider à la préparation, expliquer les plats, parler de la consoada, le repas traditionnel de Noël. Puis, ils ont retroussé leurs manches, ont pris en charge la construction du castellet, théâtre miniature, comme celui de guignol, qui trône depuis dans un coin du réfectoire. Les élèves non lusinanistes ont voulu participer il la préparation, mais Différences - n° 48 - Septembre 1985 l'année scolaire dernière, les élèves sont allés interviewer les parents, pour recueillir des contes populaires, extraits de la mémoire collective de l'immigration portugaise. Le rôle des parents est ainsi renforcé, qui sont à la source même du spectacle. Mais au-delà de l'incontestable qualité de la prestation, de l'étrange beauté de ces marionnettes qui n'ont rien à voir avec l'habituelle niaiserie du genre, ce qui reste de tout cela, c'est une radicale transformation des rapports dans et hors du collège. Les parents portugais sont complètement désinhibés. La langue maternelle n'est plus co~sidérée comme un poids, maiS comme une chance. Beaucoup d'enfants inscrits d'abord par leurs parents en anglais, pour faire comme tout le monde, reviennent au portugais. tisse. Pourtant, tout le monde insiste I?our dire qu'il n'y a pas de mIracle. Ainsi, Francisco Lebre sait que le type de travail mené auprès de la minorité portugaise ne peut être reproduit sous cette forme auprès des Maghrébins, par . exemple. La diversité des . dialectes arabes pratiqués -.: dans les familles rend difficile Les marionnettes, un travail commun sur la une étrange langue, sauf à passer par beauté l'arabe littéraire. Alors on cherche. Peut-être du côté de la musique, peut-être du côté de ['Andalousie du Moyen Age, merveilleux carrefour des cultures. Faisons-leur confiance, ils finiront par trouver le moyen. Et sans doute dans trois ans en serat- il pour les classes d'arabisants comme pour les classes de lusitanistes: les parents français se battront pour y caser leurs gosses. Parce qu'à Matisse, les immigrés, ça fait monter le niveau. 0 J.M.O. (1) Voir «l'Ecole et la Nation» article du Dr Berthelier in Diff/ rences n' 41, janvier 1985. • Il L'ANTIRACISME EN FICHES Quatre pochettes éditées par le MRAP pour faire le tour en une centaine de pages de problèmes complexes et difficiles. Desfiches de synthèse, les perspectives historiques et/ou scientifiques, une bibliographie complète sur: les Indiens d'Amérique du Nord, l'abolition de l'esclavage, le racisme, les expériences pédagogiques antiracistes dans l'enseignement. Une mine de renseignements, d'arguments, d'initiatives. K ............................................................ ........... --................. .................................... -... ...... --.... _ .... ......... __ ._._. BON DE COMMANDE à renvoyer, accompagné du chèque correspondant, au MRAP, 89, rue Oberkampf, 75011 PARIS. Je commande: o ... x pochette(s) « Les Indiens d'Amérique » o ... x pochette(s) « Le Racisme » o ... x pochette(s) « L'Abolition de l'esclavage » O ... x pochette(s)« Les PAE »....... .. .... ...... .. .... .... ... soit .... ............. ......... .. ... . F ....... ..... ........ ... .... .. ... . (30 F la pochette + 7 F de frais d'envoi. Remise de 5 F par exemplaire aux CL du MRAP). RUUGÉS ___________________________ ~ - Les étrangers et la fécondité - Une récente étude de l'INSEE, sur les bases du recensement de 1982, montre que, non seulement les femmes étrangères font de moins en moins d'enfants, mais que, peut-être, dans quelques années, elles en feront moins que les Françaises. «DE VRAIS PETITS LAPINS » La fécondité des étrangers en France est l'un des supports habituels de la propagande d'extrême droite en France. Pour une poignée de raisons. Depuis la fin de la première guerre, les Français sont un peu inquiets et très culpabilisés par la baisse de la natalité en France. Les grandes campagnes gouvernementales à la Debré n'y sont pas pour rien (1) . La baisse de la Enfin, les chiffres précis population résidant en natalité est plus ou moins concernant la nuptialité et la France est de 1,97 enfant associée au déclin du pays, fécondité ne courent pas les pour 1,89 pour les seules alors qu'elle est un effet de rues. Peur, ignorance, fan- Françaises. Les immigrées son développement. Rappe- tasme, imprécision : on re- nous aident à approcher les Ions aussi, pour relativiser, connaît là les caractères d'un deux enfants, c'est tout. qu'elle date au moins de la bon thème raciste. Et l'avenir? On a déjà dit Révolution française, si ce Des chiffres, désormais, on que la fécondité décroissait n'est du XVIIIe siècle. en a. Et comme d'habitude, avec l'avancée économique : Le peuple de France a tou- ils infirment tout cela. C'est les pays pauvres ne le sont jours été plus au fait de la le très sérieux INSEE qui les pas à cause de leur forte contraception naturelle que produit (2). natalité, ils ont une forte ses voisins européens. Un rappel avant tout: il y a natalité parce qu'ils sont Du coup, la fécondité relative 3 680 000 étrangers en pauvres. De même, à l'édes immigrés a toujours été France au recensement de chelle familiale, la fécondité crainte, comme forme sour- 1982, c'est-à-dire 7 % de la baisse à mesure de l'intégranoise de l'invasion. Jalousée population résidant en tion pour les immigré(e)s aussi : il n'est pas sûr que France, autant qu'en 1931... adoptant plus ou moins les cette crainte ne relève pas de Une «femme française modèles de la société d'acfantasmes sexuels selon les- moyenne» fait (ou a fait) cueil et profitant de l'inforquels on attribue volontiers 1,89 enfant dans sa vie. Une mation, en particulier sur la aux gens du Sud une sexua- étrangère résidant en France contraception , qui s'y donne. lité de Superman. en fait 3,3. Un peu plus qu'un Ainsi, une Algérienne vivant Autre raison: c'est une diffé- de plus. Rapporté à la masse en France en 1962, avait rence visible. Et à condition nationale, du fait du faible statistiquement 8,54 enfants. saie nt deux fois plus d'enfants que les Françaises et maintenant autant. Dans quelques années (si, d'ici là, souhaitons-le, Le Pen ne les a pas jetées à la mer), toutes les femmes étrangères en France feront autant d'enfants que les Françaises. Et même peut-être moins. L'étude publie de fort intéressantes statistiques sur la nuptialité. On répand l'idée, et pas seulement chez les racistes, de la Maghrébine aliénée , mariée tôt et condamnée à pondre des moutards à son macho de mari. Faux! Sachez que les Françaises se marient à 22,4 ans, les Algériennes vivant en France à 23,9, soit un an et demi plus tard. Une bonne Française a son premier enfant à 24,4 ans. Une Algérienne à 25,6 ans : un an de gagné sur les Pampers. A ce rythme, on peut aisément prévoir que, dans vingt ans, les futurs Le Pen dénonceront les populations ' étrangères, parce qu'elles ne font pas assez d'enfants à la France et procurent d'intolérables surplus aux caisses d'allocations familiales. 0 JEAN ROCCIA d'oublier tous les immigrés taux de présence étrangère En 1982, elle en a 4,35, deux (1) Saluons au passage la campagne célibataires ou sans enfants, en France, 1'« apport » fois moins. Sauf les Maro- qui Oeurit actueUement sur nos murs, on peut toujours montrer du étranger à la fécondité fran- caines, qui restent les plus qui a au moins le mérite d'être drôle: doigt ou dénoncer les familles çaise est de 0,1 : grâce (ou à fertiles, toutes les femmes on y voit des bébés demander: nombreuses italiennes, puis cause), comme on veut, aux étrangères suivent l'évolution « Esl-ceque j'ai une têle de mesure gouvernementale ? » espagnoles, et dernièrement femmes étrangères, le taux des Italiennes, qui, encore (2) Economie el statistique, n° 179, • maghrébines. de fécondité nationale de la dans les années soixante, fai- juillet·août 1985. L-____ ------------------------__________________________________________________________________ , Différences - n° 48 - Septembre 1985 1 Il EMO~ ______________________________ ~ BAISSE LA TÊTE .. . Le départ du Tour cycliste de la Guadeloupe est donné. A ce propos, les indépendantistes signalent que la quasi-totalité des coureurs enga!;és sont chômeurs et courent pour gagner quelque argent. Difficilement: les primes allouées sont versées avec plusieurs mois de retard (17 août 1985). ESPION Le capitaine Winan Petrus Du Toit est membre de l'armée sud-africaine. Malgré les protestations de paix de Prétoria, il a été arrêté par l'armée angolaise pendant qu'il tentait de saboter des installations pétrolières au nord de Luanda. D'après ses aveux, dans Afrique-Asie, cet acte de guerre devait être ensuite revendiqué par l'Unita, mouvement de libération opposé au régime de Luanda et piloté par l'Afrique du Sud. (30 juin). 1 BIENVENUE Le quasi-monopole de la presse « blanche », ou du moins an tiindépendantiste, est rompu en Nouvelle-Calédonie. Au prix d'un gros effort, les militants du FLNKS ont réussi à mettre au point un hebdomadaire, baptisé Bwenando, le premier journal de Kanaky. Sur la couverture du numéro zéro , une photo d'Eloi Machoro, avec cette légende: « La consigne demeure, plus que jamais » (1" juillet). REFUSNIK CONDAMNÉ Selon des sources occidentales, le refusnik Eugenei Aisenberg aurait été condamné à deux ans et demi de camp pour « diffamation de l'Etat soviétique ». On a saisi chez lui des livres et des cours dont il se servait pour enseigner l'hébreu (3 juillet). VIVE LES FEMMES La conférence de Nairobi, qui rassemble pour la première fois dix mille femmes déléguées de tous les pays du monde, est l'occasion de vigoureux plaidoyers. L'épouse du président Moubarak attire l'attention des participants sur la situation très difficile des femmes palestiniennes, tandis que la fille du président Reagan tente de convaincre l'assemblée qu'il ne faut pas être trop méchant avec l'Afrique du Sud (10 jumet). TU CAUSES ... Le chef du Parti national-socialiste danois, Henrich Rüs Knutsen, a pu exprimer ses fantasmes antisémites sur les ondes de la radio nationale , dans le cadre d'une tribune libre. Le standard a sauté sous les propestations (10 juillet). QUI? POLICE Mme Micheline Koubbi, interpellée par la police du Il' arrondissement, déclare avoir été traitée de « sale juive, sale arabe ... »par les agents qui l'ont giflée. Elle a porté plainte (11 juillet). SOS-Racisme porte plainte contre des gardiens de la paix du 1" arrondissement, qui ont proféré des injures racistes à l'égard de militants interpellés. Ceux-ci affirment avoir vu dans le commissariat des portraits de Mitterrand décorés d'étoiles de David. LOI ANTIRACISTE Adoption par la Knesset israélienne de deux lois antiracistes qui permettront d'empêcher le rabbin extrémiste Kahana de se présenter à de prochaines élections. Mais la même loi interdit aussi toute liste rejetant le principe de l'existence de l'Etat d'Israël en tant qu'Etat juif. Elle permettra donc d'interdire des listes judéo-arabes, comme celle menée par Matti Peled (Il juillet). TOUJOURS LIBRE L'ancien bourreau de Vilna, responsable d'exécutions massives dans le ghetto pendant la guerre, a été retrouvé en Autriche où il vit totalement libre depuis que la justice l'a acquitté en 1964 (14 juillet). AU NOM DE L'OUBLI La ville de Bergen (RFA), qui a eu le triste privilège d'avoir sur son territoire le camp de concentration de Bergen-Belsen, refuse de baptiser une rue au nom d'Anne Frank. Les habitants, dans des pétitions, « refusent de se laisser marquer du signe de Caïn» (15 juillet). ALLONS ENFANTS Reprise des négociations francoalgériennes sur le problème des enfants de couples mixtes séparés. De nombreuses mères en France se plaignent de vivre séparées de leurs enfants repartis en Algérie avec leur père. Les deux pays négocient une convention. (16 juillet). APARTHEID: LE DÉBUT DE LA FIN Voici, rassemblés, les différents événements de l'été, qui marquent une extraordinaire montée de la lutte en Afrique du Sud et, parallèlement, un accroissement inouï de la répression. Nous n'avons pas noté les manifestations des Noirs, qui sont quotidiennes partout dans le pays, comme, hélas, les meurtres perpétrés par les forces de l'ordre. Que l'on sache simplement que, depuis le début de la campagne de protestation, 600 Noirs ont été tués par la police, dont près de 150 depuis un mois. Le recensement s'arrête au 20 août. 11 juület. Premières manifestations de l'été. Sept Noirs tués par la police à K wathena. 13 juillet. Les sénateurs américains préconisent des sanctions limitées contre la RSA, dont l'arrêt de la coopération nucléaire. Reagan refuse. 17 juillet. Manifestation de lu. CGT à Paris. 19 juillet. Les écoliers de Soweto rejoignent leurs camarades dans la grève des cours. La ville est déclarée en état de siège. 21 juillet. Proclu.mation de l'état d'urgence dans trente-six districts du pays. Il implique le couvre-feu, l'arrestation sans mandat, le maintien en prison sans justification. Le MRAP demande des sanctions économiques. 23 juillet. La CEE condamne l'apartheid, mais n'annonce aucune sanction.24 juillet. Paris rappelle son ambassadeur, saisit l'ONU et suspend tout investissement en direction de l'Afrique du Sud. 25 juillet. Les dirigeants noirs appellent à une mobilisation générale. Mgr Tutu appelle au calme et condamlle les meurtres de Noirs collaborant avec les racistes. Rafles et perquisitions se multiplient. 22 juiJllet. Le département d'Etat à Washington désapprouve l'attitude française, le Congrès approuve. Le département réaffirme que toute sanction serait ineffICace. 27 juillet. En visite à Washington, Jacques Chirac déclare: «Nous ne devons pas, nous Français, apporter, par une position trop négative, un ferment de discorde dans le camp auquel nous appartenons, c'est-à-dire les nations libres. » 27 juillet. La France propose une résolution modérée au Conseil de sécurité de l'ONU, préconisant des sanctions non obligatoires envers la RSA. La résolution est votée, après abstention des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Le MRAP lance en France une campagne de boycott des produits sud-africains venus en France (voir encadré p. 9). 30 juillet. On apprend que 1 250 personnes ont été arrêtées depuis l'instauration de l'état de siège en RSA. Le MRAP demande que la France ratifU! la convention de l'ONU pour l'éümination et lu. répression du crime d'apartheid. 31 juillet. Botha déclare nulle et non avenue la résolution de l'ONU et menace d'expulser tous les travailleurs étrangers si le Conseil de sécurité continue dans cette voie. 5 août. Les mineurs noirs du syndicat NUM appellent à une grève générale pour lafin août. La commission européenne à Bruxelles déclu.re que la CEE prendra des sanctions si l'apartheid continue ... 7 août. Rafle chez Nelson Mandela. Son petit-fils de vingt mois disparaît. Trente personnes sont arrêtées. 7 août. La RSAdécline l'invitation de participation à la Coupe du monde de rugby prévue en 1987. Le pape condamne l'apartheid. 10, 15 août. Les médias internationaux entretiennent un suspense sur les améliorations et concessions que devraient annoncer Botha dans son discours. 15 août. Le Premier ministre Botha n'annonce pas lu. moindre amélioration tangible du système. Mandela ne sera pas libéré. Les 20, 24, 27 et 28 août. Des manifestations contre l'apartheid à l'appel du MRAP ont lieu à Paris. En un mois d'état d'urgence en RSA, 146 Noirs ont été tués par la police et plus de 2 000 personnes arrêtées. 0 Maroc, 19 août: paix entre l'Islaln et l'Eglise catholique. Qu'en pensent les prisonniers politiques? LE DÉICIDE ABANDONNÉ La plupart des experts catholiques des relations judéo-chrétiennes sont à peu près satisfaits des travaux de la commission du Saint Siège sur ce sujet, qui ont abouti à la mise au point de textes affirmant la judéïté du Christ et récusant l'accusation de déïcide longtemps portée par les catholiques contre les juifs (16 juillet). MUGABE VAINQUEUR Le parti de M. Robert Mugabe, le ZANU, remporte les élections législatives au Zimbabwe et conserve le pouvoir, mais il faut noter le maintien de l'influence de Joshua Komo (ZAPU), rival de Robert Mugabe pendant la marche vers l'indépendance (17 juillet). AIRPORT MINIMUM Le juge d'instruction Christian Rin présente le résultat de son travail dans la préparation du procès Barbie. Trois faits seulement sont retenus sous le chef de crime contre l'humanité : la « liquidation » du comité lyonnais de l'Union générale des israélites de France (86 déportés), l'organisation du dernier train de la mort le 11 août 1944 (650 personnes), enfin, la rafle des enfants dIzieu (55 personnes, voir Différences n° 30). A croire que Barbie était en vacances à Lyon pendant ces années. Le MRAP a fait appel (21 juillet). SS UTILES? Les services des finances du Bade-Wurtemberg (RFA) ont reconnu d'utilité publique les associations d'anciens WaffenSS de Stuttgart. Elles pourront bénéficier notamment d'exemptions d'impôts (24 juillet). OTAGES En plus de Jean-Paul Kaufmann et Michel Seurat, on est toujours sans nouvelles des dix membres de la Communauté juive de Beyrouth, enlevés il y a déjà plusieurs mois par des inconnus. Les protestations se multiplient POUR GEORGES FAISANS Grandes manifestations à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) pour exiger la libération de Georges Faisans, emprisonné pour avoir blessé un instituteur. Faisans avait entamé, le 3 juin 1985, une grève de la faim. Pendant une semaine, des barrages d'automobiles ont barré les accès de la ville. La libération de Georges Faisans met fin au mouvement (29 juillet). JEUX OLYMPIQUES La République de Corée du Nord propose que les prochains jeux Olympiques, prévus à Séoul en 1988, soient co-organisés par les deux Etats, Nord et Sud, et se tiennent moitié à Pyongyang, moitié à Séoul, pour favoriser un rapprochement entre les deux républiques (30 juillet). HELSINKI Grande fête des droits de l'homme pour la célébration du dixième anniversaire des accords d'Helsinki. Mme Avital Chtcharansky, qui voulait participer à l'inauguration de la cérémonie, est refoulée (30 juillet). EN VRAC Rappelons la mort de V. Jankelevitch, grand antiraciste, qui avait notamment participé aux combats du MNCR, 1'« ancêtre » du MRAP pendant la guerre. Des jeunes de Bondy ont dû, sous la pression du racisme des autochtones, quitter l'île d'Yeu où ils étaient venus passer leurs vacances. Un incident semblable avait eu lieu l'an dernier à Belle-Ile (20 juillet). Arrêté sur une fausse dénonciation, un Français est mis en DOMIENS : COMBIEN? détention provisoire. Malgré le retrait de la plainte, il y est On a enfin les chiffres officiels gardé, sa demande en liberté des ressortissants des Dom-Tom refusée, par «crainte de fuite à résidant en métropole au mo- l'étranger », dit le tribunal. Il ment du recensement de 1982. s'appelle Ferid Kaddour. Tout le Ils sont 280 160, dont près de monde ne peut pas s'appeler 100 000 venus de la seule Marti- Dupont. Le MRAP a porté III (28 juillet). nique (13 août). plainte (9 août). I ________________________________________________________________________________ Laïd Menghit, un Algérien de trente ans, est abattu à Marignane, le soir du 14 juillet. Pour le MRAP, la LICRA, SOS-Racisme et l'Amicale des Algériens en Europe, le mèurtre raciste ne fait aucun doute. Une manifestation est organisée dans le hall de l'aéroport (20 juillet). Différences - n° 48 - Septembre 1985 mOTTmR ________________________ ~ Pourquoi allez-vous à l'étranger? PLUS SUCRES, LES YAOURTS? CLARISSE, 24 AilS, FUURISTE . Pour connaître la différence entre les chameaux et les dromadaires, les palmiers et les cocotiers, les crocodiles et les caïmans. Pour voir si les yaourts sont plus sucrés, les algues plus visqueuses, le soleil plus près, les femmes plus sexy quand elles se baignent en mono, en une pièce, en robe ou voilées. 0 EXPLICATIONS AU VOYAGE GILBERT, 39 AIlS, SCULPTEUR Pour être surpris, mais je le suis rarement. Il y a ~oujours quelque chose qui me rappelle autre chose. Par exemple, l'Asie me fait beaucoup penser à l'Afrique du Nord. Finalement, le premier voyage est le plus important, il sert de référence aux suivants. Je ne me documente jamais. Je choisis un pays en fonction de l'argent dont je dispose. Aussi pour voir des choses vraiment différentes, pour découvrir des pays dans lesquels j'aimerais vivre. En fait, je me sens bien un peu partout. Quand je vais au Maroc, bien qu'il m'arrive parfois de détester ce pays, j'ai envie de m'y fondre à tel point que, parfois, je me demande si je n'y ai pas eu ~ une vie antérieure. Au ~ Maroc, j'ai suivi le ramadan. ~ Charles _ _ ~_~--'!~___"'_______ _ _ '__ _ __ _ Eh bien, on m'a traité d'espion. Les Marocains ne comprenaient pas que je puisse faire comme eùx. En voyageant, je me suis aperçu que, lorsqu'on rencontre un étranger, on a beaucoup de mal à communiquer, car on ne possède pas les mêmes centres d'intérêts. 0 PATRICK, 36 AilS, COIFFEUR plaignent de leurs petits bobos, je peux leur dire: « Prenez donc l'avion et allez donc voir comment cela se passe là-bas.» Finalement, les voyages, ça aide, sur le plan relationnel et professionnel. Et puis, ça alimente les conversations avec les clientes. 0 Pour l'attrait de l'aventure, le ISABELLE, 26 AIlS, IIISTITUTRICE changement de rythme. Je Les voyages, c'est un peu voyage car je suis saturé de comme un virus. Il m'est la vie que je mène en Bre- difficile d'envisager une maison sur son dos. Beaucoup moins d'impératifs nous lient, mais il y a la sécurité en moins, et puis le champ est libre pour l'imprévu. 0 GUY, 29 AIlS, IIISTITUTEUR Surtout pour rencontrer des gens, plus que pour visiter des monuments ou autres. Je ne suis pas très « pierres ». Pour voir leur façon de vivre, me cultiver. Pour vérifier si ce qui est écrit dans les livres correspond à la réalité. 0 tagne. Elle ne correspond pas année sans voyage. Ce que à ce que souhaite. Quand on j'apprécie, c'est le recul MARIE-AGIIÈS,28ANS, revient de voyage, on voit les qu'on peut prendre par rap- VEIIDEUSE EN UBRAIRIE choses tout à fait différem- port à ce qu'on vit chez nous. Pour meubler mon temps Il L-____________ m_e_n_t_._L_o_r_s_q_u_e_le_s_g_e_n_s_se __ E_t~p~u_i_s,_i_l _y_a_l_e_f_ait_d_'a_v_o_i_r_sa _li_ b_r_e. _P_ar_c_e_qu_e_je_rec_h_e_rc_h_e-J Aéroport de Barhein, fin août, 1 heure du matin, entre Colombo et Paris. Quand on choisit la compagnie de charter la moins chère, ça traîne aux escales. Résultat : cinq heures d'attente en transit. Une bonne raison pour interroger mes compagnons de voyage. En 1984,8,7 millions de Français sont partis en vacances à l'étranger. 6 487 000 en Europe, 1 506 000 en Afrique, 320 000 en Amérique et 234 000 en Asie. Mais qu'est-ce qui fait courir les Français? les cocotiers, les bananiers et les gens de couleur foncée. Ce doit être lié aux grands mythes sexuels. Mais ici, je ne suis pas complètement satisfaite. Je voyage aussi pour rencontrer un autre style de vie, pas coincé comme chez nous. En France, on est submergé par des problèmes existentiels. Et puis, quand on va dans un pays, c'est aussi pour s'y sentir bien, mais parfois, c'est impossible. 0 SYLVIE, 30 AIlS, IIISTITUTRICE Pour le soleil, les discussions et les marchandages auxquels on peut se livrer à l'étranger, et aussi pour tous les souvenirs qu'on en rapporte et qui nous restent toute l'année. Lorsque j'ai commencé à voyager, je pensais que c'était pour rencontrer des gens, mais, très vite, je me suis aperçue que la langue constitue une barrière difficilement franchissable. On peut toujours utiliser l'anglais, mais une fois les questions d'usage posées, du genre: «Comment t'ap·· pelles-tu? », «Où habitestu ? », «Que fais-tu là ? », on n'a plus grand-chose à se dire. En fait, en voyage, on se rapproche plutôt des Européens. 0 YVES, 30 AIlS, IIISTITUTEUR Pour être dépaysé et pour prendre du recul et éviter de cLo'anrnta îmtr'ein tdé'raeustsree sp lucsu ltpuarretsi.me regarder le nombril. Je culière ment. Je visite, par n'irai jamais en Inde, car je suis trop sensible et je ne exemple, plus de musées à supporte pas de voir la l'étranger qu'à Paris. 0 misère des gens. C'est peut- JEAII-CLAUDE, 37 ANS, être lâche comme attitude. 0 GARÇOII DE CAFÉ GÉRARD, 33 AIlS, MAI1IlETTISTE Pour changer, pour voir Pour me décrasser l'esprit. d'autres têtes. Parce que les Pour fuir les « beaufs », ceux voyages sont pleins d'inconqui se rassurent en se répé- vénients et que je les retant qu'ils sont Français. 0 cherche. . 0 EDWIGE, 35 AilS, BIBLIOTHÉCAIRE FABIO, 24 AIlS, GARçoll D'ÉTAGE Pour vivre à un certain Pour le plaisir. 0 rythme et pour mieux appré- FRAIlCIIIE, 33 AilS, ESTHÉTICIEIlIlE ISABELLE, 31 AilS, SECRÉTAIRE hender le temps. 0 Pour la culture, l'artisanat et CEYLAN, C'EST BEAU, MAIS ••• HUGUETTE, 40 AilS, CADRE Ceylan, c'est beau, mais je ne viendrai pas ici tous les ans. Les gens sont chiants. y a que le fric qui les intéresse. Ils sont pires que les chameaux, ils ont jamais soif. Et puis, la bouffe est dégueulasse. Au resto, on attend trois quarts d' heure pour manger quoi: du riz au curry! froid, par-dessus le marché ! c'est . plus vivable. Heureusement qu'ils sont propres ... encore qu'ils chient collectivement sur les plages et se lavent dans de l'eau vaseuse plus que douteuse. Alors, franchement, venir jusqu'ici pour les cocotiers et les plages désertes, c'est vraiment pas la peine, on a à peu près la même chose en Méditerranée. 0 Pour rencontrer des gens. FRÉDÉRICK, 23 AIlS, COMPTABLE la bouffe. 0 Pour prendre conscience Pour vivre plus intensément. Réalisé par ~' d'une autre réalité, pour 0 DOLORES ALDIA l...-.---_________ __ Différences - nU 48 - Septembre 1985 Le mur le plus célèbre du monde après celui des Lamentations. Différences - nQ 48 - Septembre 1985 « ~ ~ BERLIN, VENT D'EST, VENT D'OUEST « raime tellement l'Allemagne que je préfère qu'il y en ait deux », disait François Mauriac. JI Berlin aussi, il y a deux villes. Et ce n'est pas une question de mm; c'est une question d'esprit... ~ ~ III Il - Déroutante - La clé berlinoise Imaginez la place de la Concorde traversée par un mur. L'obélisque au centre de la ville, passée d'un des côtés du mur. La rive droite, vitrine du capitalisme. La rive gauche, vitrine du communisme. La Madeleine encore debout, criblée de balles. La ........ .-:.-..----1 ____ ....... _ -------' Chambre des députés, debout, criblée de balles. Des touristes et des gardes-frontières qui s'épient du haut de leurs promontoires. Berlin, c'est ça. Berlin, ville kaputt. Ville vaincue, Berlin exhibe ses stigmates entretenus par le vinaigre et le fiel de la guerre froide. Berlin, ville crucifiée. A travers elle, court ce mur, obscène. Le long de Kreuzberg, quartier des Turcs et des squatts. Quartier dur, genre de Bronx aux murs maculés de graffitis. Aux murs bordés par le Mur qui coupe les rues en deux. Une population hétéroclite qui fait paradoxalement de Berlin la ville la plus ouverte d'Allemagne. Placée sous l'administration militaire des «puissances alliées protectrices », la ville compte 13000 soldats américains, 5 000 Français, 9 000 Britanniques. Les Soviétiques ont quitté le commandement militaire conjoint en 1948. Land parmi les Lander, Berlin a, depuis 1971, le même statut que Brême ou Hambourg, les villes libres de la Hanse. A ceci près qu'elle est aujourd'hui prisonnière d'elle-même. Destin précoce : Berlin est née coupée en deux; au XIIIe siècle, deux établissements commerciaux, Berlin et Kolln se faisaient face de part et d'autre de la rivière Spree. Siège des électeurs de Brandebourg au XVe siècle, Berlin devient, au XVIIIe siècle, la capitale de la Prusse des Hohenzollern puis le siège de l'empire du kaiser Guillaume. Cosmopolite, la ville attira les immigrants huguenots français chassés par la révocation de l'édit de Nantes, des aristocrates russes, des commerçants juifs. Elle exploita ses ouvriers, fut le phare culturel des années vingt pour flnir, en 1945, sous 2,6 milliards de mètres cubes de gravats ... 1961 : Berlin-Est circonscrit la peste capitaliste par un mur. 1971: un accord quadripartite (France, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Union soviétique) autorise les Occidentaux à rejoindre Berlin-Ouest à travers la RDA. Les deux Allemagnes entrent aux Nations unies en 1973. Le mur protège la RDA contre le traflc monétaire, les activités d'espionnage et garantit la stabilité d'une population dont près de deux millions de personnes sont passées à l'Ouest entre 1949 et 1961. Cette «barrière de protection contre le fascisme" mesure quelque 1 86 kilomètres de long, compte 200 miradors avec des Grenztruppen (gardes-frontières) de chaque côté du no man's land planté de chevaux de frise, de barbelés électrifiés, de projecteurs, d'abris bétonnés. C'est la zone de sécurité. De hautes estrades de bois destinées aux touristes permettent de regarder de l'autre côté. Voyeurisme organisé sur ces lieux aux noms devenus fantômes: Postdamer Platz, le carrefour autrefois le plus animé d'Europe, est aujourd'hUi exclusivement fréquenté par les lapins. Près du jardin zoologique, un autre témoignage du passé : le quartier des ambassades auprès du IIIe Reich. Une sorte d'immense terrain vague, par-delà la colonne dorée de la Victoire coulée dans le bronze des canons pris aux Français. Restées la propriété des Etats, les ambassades n'ont jamais été détruites, et Berlin-Ouest est sufflsamment sous-peuplée pour s'offrir de somptueux terrains vagues ... Promenade dans Berlin désaffectée. La demeure néoclassique et parfaitement hautaine d'un ancien nazi et, au bout du terrain vague, l'ambassade d'Italie, sorte de forteresse ocre aux galeries couvertes et colonnes romaines. Façades décrépies, colonnes castrées ... Mémoires d'empire. Plus loin, l'ambassade du Japon est en cours de réfection. On doit y installer un centre culturel. « Centre culturel, mon oeil! » commente Hildegarde, étudiante marxiste de la Film Destin précoce: au XIIIe siècle, Akademie de Berlin-Ouest. «On s'y occupera plus de problèmes de défense pour les alliés occidentaux. Le ministre des Affaires étrangères américain sera là en personne pour l'inauguration, ça fait beaucoup pour un centre culturel, non?» Hautain, le futur centre culturel japonais, dans ce même style bunker mégalomane si cher au IIIe Reich... «Viens, dit Hildegarde, allons voir celles d'Estonie et de Lituanie, elles sont mignonnes, presque à dimension humaine. (1) On tourne, on vire. On se perd dans les herbes folles. Le consulat de Grèce est envahi par le lierre dans une aile, par des familles alternatives dans l'autre. Pas d'Estonie, pas de Lituanie. Enfln, nous tombons sur un homme au volant de sa voiture. «L'ambassade d'Estonie et de Lituanie, vois pas, mais attendez, j'àppelle mon pote », fait-il en décrochant un micro de cibiste ... et son pote de répondre : «L'ambassade d'Estonie et de Lituanie, t'as qu'à leur dire de regarder dans l'annuaire! » Ecroulées de rire, nous quittons le quartier des ambassades et, de nouveau, arpentons les larges avenues prussiennes qui, depuis 1862, font ici offIce de rues. Curieuse ville, perte d'espace à l'intérieur, circonscrite par l'extérieur. Ville sans arrière-pays, parfaitement solitaire, sans racines. Ville désincarnée entre Sparte (l'Est) et Babylone (l'Ouest). Maintenue à dessein dans les traces d'une défaite. Vitrine de l'affrontement de deux systèmes politiques, qui n'existe plus pour elle-même sur son propre territoire. Vitrine du capitalisme - l'Allemagne fédérale prodigue moult encouragements fiscaux à l'investissement à Berlin. Ici donc sont venus s'installer IBM et Axel Springer, le magnat de la presse réactionnaire de RF A. A quelques centaines de mètres du mur, vers la Kochstrasse, s'élèvent les dix-sept étages de sa maison d'édition. Près du Kurfurstendamm (les Champs-Elysées berlinois) se trouve le plus gros magasin de bouffe d'Europe, le Ka De We. On peut y acheter 1400 sortes de saucisses, de la viande de lion et de sanglier ... Vitrine du socialisme - à l'Est, la tour de la télévision de RDA domine tout Berlin, plantée au milieu d'Alexanderplatz, non loin du Palais du peuple, gigantesque immeuble de miroir dans lequel se reflète un bâtiment prussien aussi démesuré, mais de facture ancienne. Ici, rien n'est à échelle humaine. «Il avait été question de tout raser ici Berlin naÎt coupée en deux. après 1945 », explique Gunter, responsable de restauration d'immeubles à Berlin-Est. «A l'époque, le slogan était 'A peuple neuf, ville neuve"; mais, faute de moyens, nous avons fait ce que nous avons pu. » C'est-à-dire la même chose: du gigantisme. Berlin, à la fois ville ouverte et fermée. Jamais meilleure preuve métaphorique ne m'en fut aussi magistralement administrée que lorsque je fis connaissance de la clé berlinoise, une nuit, à deux heures du matin. Le geste rendu incertain par le schnaps, je tente en vain d'ouvrir la porte d'entrée. Il faudra l'intervention d'un couple de jeunes Berlinois pour faire cesser le cauchemar. C'est que cette étrange clé possède un double panneton, qui permet d'ouvrir de l'extérieur et oblige, pour la récupérer, à bien fermer de l'intérieur. Unique en son genre, la clé berlinoise est la seule clé au monde qui ouvre et ferme du même geste... 0 Pauline JACOB (1) En juin 1940, les nazis installent des gouvernements provisoires dans ces Républiques socialistes soviétiques, qui le redeviendront à la Libération. Différences - n° 48 - Septembre 1985 - Subventionnés - Les courants alternatifs Berlin-Ouest est une ville de vieux et une ville de jeunes. 20 % de sa population a plus de 65 ans (15 % en RFA), 22 % a moins de 21 ans. Les couples mariés, entre 30 et 40 ans, avec deux enfants - la 8 colonne vertébrale de la so- ~ ciété productive - sont peu ..: nombreux. C'est bien ça: la population de Berlin est invertébrée. Telle une gélatine, 1 elle n'offre de contours que par la forme qui la contient. Ici, 1 le mur et la « protection alliée ». Les campagnes menées par le Département de la main-d'oeuvre berlinoise en RF A pour s'attirer de la force de travail qualiflée restent pratiquement sans effet. Berlin n'attire pas les forces vives, mais les imaginations fertiles. Malgré - ou à cause - des incitations fiscales, des prestations sociales plus élevées, l'exemption de service militaire, Berlin accueille surtout des marginaux qui vivent aux crochets d'une ville, elle-même parasite de l'Allemagne fédérale. Car Berlin est payée pour être la vitrine du Jardin des délices du système capitaliste. Et ça coûte cher! La République fédérale allemande s'acquitte de la moitié du budget de Berlin-Ouest et dépense 400 millions de dollars par an pour sa protection militaire par les trois alliés occidentaux ... «Parlons-en! », s'exclame Hans, étudiant de la Freie Universitat. «Si Berlin-Ouest devait tomber aux mains des Russes, ça voudrait dire Paris et Londres aussi, non ? A quoi ça sert de dépenser ces millions de dollars? Moi, Je vais te dire, Je me fous de l'Etat f» Hans, 20 ans, anarchiste, vit d'une bourse de l'Etat pour faire ses études de photographie. Else, originaire de Leipzig (RDA), est passée à l'Ouest. Elle a fait venir clandestinement Kurt, son fiancé, de Berlin-Est : «Ça n'est pas pour des raisons politiques que Kurt est passé à l'Ouest. On s'aimait, tout simplement », tient-elle à souligner. «Ici, il a voulu commencer des études d'ingénieur, mais ça n'a pas marché. En RDA, il était habitué à être poussé, à rendre des comptes. Ici, livré à lui-même, il a échoué, Aujourd'hui, il répare des machines à café. Nous sommes divorcés. Vous comprenez, en RDA, l'Etat vous prend en charge, en échange, vous êtes complètement redevable. On ne peut pas être critique ouvertement. Ici, c'est différent. On peut même dire que c'est la permissivité totale. C'est pour ça qu'il y a tous ces alternatifs! » Les alternatifs, le terme est vague. A coup sûr, on peut hasarder une définition a contrario: tous ceux qui ne vivent fi pas à l'heure de l'usine et du bureau. Il y a les Müsli babas, consommateurs du cocktail de céréales du même nom, les Moli (punks), utilisateurs de cocktails Molotov (moli pour l(es intimeS)t' les htravaidlleurs séociaux60' anRciFeAns) de l'APO ...... mouvemen gauc ISte es ann es en , artIStes et ,,-: artisans vivant en collectifs, thérapeutes reichiens et en tous genres (Berlin rend barjo, claustro".). En tout, quelque cent cinquante mille personnes venues d'horizons divers et que la Liste alternative pour la démocratie et l'environnement (LA, le sigle, représente un hérisson sur fond jaune) s'efforce de rassembler sous la bannière hétéroclite de « l'alternativité ». Fondé en 1978, le mouvement alternatif - il se défend d'être un parti - compte 3 000 adhérents, recrutés essentiellement dans les quartiers de Kreuzberg, Schbneberg, Charlottenburg, où les subcultures sont bien implantées. 3 000 adhérents, dont 8 % seulement d'ouvriers. Cette composition sociale hétéroclite donne, bien sûr, des programmes sans grande cohérence. On y trouve, grosso modo, toutes les revendications sectorielles non prises en compte par les partis classiques : CDU (démocratie chrétienne) et SPD (sociaux-démocrates). Ce qui amène parfois de véritables contradictions internes

tandis que les groupes de femmes exigent que les

violeurs soient passibles d'emprisonnement, le groupe de réflexion de la ligue sur les droits démocratiques se prononce contre la peine d'emprisonnement. Seules plates-formes réellement consensuelles : la lutte contre la pollution à Berlin et le respect des droits des immigrés turcs, italiens et yougoslaves. Ces derniers constituent 20 % de la force de travail. Ils sont arrivés après la construction du mur (1961) qui avait privé Berlin-Ouest des 60000 emplois tenus par des Berlinois de l'Est. Si l'intégration des Italiens et des Yougoslaves s'est faite sans trop de heurts, celle des Turcs pose problème. Repliée sur elle-même,· cette communauté participe peu à la vie de la cité, les femmes restent chez elles. A Kreuzberg, où vit la majorité, fréquents sont les affrontements entre Turcs de gauche et l'extrême-droite favorable au régime militaire d'Ankara. Autre élément d'animation de Kreuzberg: les squatts, mouvement qui eut son heure de gloire en 1981, permettant ainsi à la Liste alternative de recueillir 7 % des voix aux élections sénatoriales de Berlin. Berlin, ville à 90 % détruite en 1945, n'a pas fini de se relever de ses ruines. Symptôme majeur: le manque de logements bon marché. Une loi réglementant le prix des loyers des immeubles anciens restaurés, les promoteurs préfèrent construire des logements neufs au loyer libre. Résultat : en 1981, Berlin comptait 1000 appartements vides aux loyers en moyenne plus élevés de 50 % qu'en RFA. Les cités ouvrières de Markisches Viertel et Gropius ne suffisent pas à loger les personnes ayant de petits revenus. En admettant qu'elles veuillent bien résider dans ces Métropolis plus vraies, plus irlhumaines que nature. Il y a cinq ans, s'est donc développé un mouvement d'occupation des immeubles anciens. Après une phase d'affrontements violents avec la police pour déloger les squatters, le maire CDU revint à de meilleurs sentiments. Les services municipaux commencent alors à distinguer entre « bons squatters » (les étudiants) et « mauvais squatters » (les punks). ... .. - \ Des accords sont passés entre la ville et des associations de travailleurs sociaux telles Jungen wohnen in KIeuzberg (les jeunes habitants de Kreuzberg). Principe: le Sénat de Berlin achète des maisons et confie le chantier de réhabilitation à des jeunes, en échange de baux de location de 10 ans à des prix intéressants. Le Netzwed, la banque du mOUl'ement alternatif, linance / des milliers de projets. Créé en 1978, le Netzwerk est la banque du mouvement alternatif, plus exactement une sorte de fondation qui tire ses fonds des dons et cotisations de ses quelque trois miUe adhérents. Elle finance des milliers de «projets », en grande majorité socio-culturels, les projets purement économiques sont rares (production : artisanat, réparations

6 % ; services : loisirs, informations, médias : 70 %),

car éloignés de la culture alternative issue des milieux gauchistes dominants au sein du Netzwerk. Une autre branche du mouvement, elle, rejette toute « culture de la subvention» et lui préfère l'autarcie. Cette culture a son temple, la Fabrik, logée dans les studios d'une ancienne maison de production cinématographique à Différences - n° 48 - Septembre 1985 Berlin, c'est aussi la jeunesse. A l'Est, patins à roulette et teen-agers. A l'Ouest, des punks squatters et des manifestants pacifistes. Tempelhof. Cette sorte de phalanstère abrite une soixantaine de personnes. On y trouve un cirque, un atelier de réparation de véhicules, une école alternative, une boulangerie biologique. Le Parisien qui s'y promène se croit transporté par la machine à remonter le temps dans les années 70! Ici, personne ne vit de allocations chômage, on produit alternatif. La Fabrik émettait des actions à 5 000 marks bien avant que la France songe à lancer l'idée du titre associatif A la Fabrik, on affiche un léger mépris pour « les projets» qui \rivent des subventions apportées par le Netzwerk. Des subventions qui arrangent les porte-monnaie et les consciences de tout le monde, puisque les nantis progressistes, en faisant un don aux associations, bénéficient de déductions fiscales pouvant aller jusqu'à 60 % de la somme, suivant le salaire (en France, l à 5 % au maximum du revenu annuel imposable). Subvention, subvention, quand tu nous tiens". « Améliorer sa vie au jour le jour, parfois au mépris d'une réflexion de fond, voilà le problème majeur du mouvement alternatif "', explique Hildegarde, étudiante à la Film Akademie. «Le citoyen allemand est doué pour l'administration de la vie locale et des revendications corporatistes ... '" Comme celle, toute bête, que nous ne mesurons pas bien depuis notre ruralité française, de respirer de l'air Il frais. Où, ailleurs qu'à Berlin, trouverait-on une exposition sérieuse, voire méticuleuse, sur la façon de faire pousser de l'herbe sur son toit? D lIrI... P.J. r - Douloureuses - Des histoires de familles . Ursula, Berlinoise, vit à Paris. C'est elle qui m'a décidée à voir l'Allemagne. Nièce, petite-fille de génocidés, je l ne voulais pas y aller, entre. tenais une haine féroce, mas' quée par quelques sté- 1 réotypes du sens commun: .• • • pas d'humour, disciplinés, in- L--_---__ ---'-____ ----'" dustrieux... Ursula, par sa gentillesse, plus, par ses propres souffrances, a fini par lever l'inhibition. Comme s'il existait une sorte de symétrie neutralisante entre l'extermination des juifs par les nazis et la séparation des familles berlinoises par la destruction du Ille Reich. Ursula m'emmène à Berlin, la ville de sa famille maternelle, ! aujourd'hui séparée par cette addition de murs réels, symboliques, idéologiques. Gudrun, sa grand-mère, épousée par un honorable pharmacien, lui fit quelques beaux enfants. Il y avait des domestiques, des voitures. Et puis, en 1945, il n'y a plus rien eu. Sa mère est partie à l'Ouest: ses tantes, cousins et cousines sont demeurés à l'Est. Elle ne les a retrouvés que récemment... Surprise, gênée, d'une intimité filiale où elle ne trouve pas vraiment sa place. J'étais là aux secondes retrouvailles avec son fils préféré, historien d'art et restaurateur sisyphien des bâtisses à jamais détruites par la guerre. Friedrichstrasse, station de métro frontière entre les deux Berlin. Rançon de 25 marks à la douane. Regard unique, à la fois morne et inquisiteur, du douanier. Echange silencieux de papiers dans un étroit couloir dont l'ouverture se commande au pied. Décor gris et noir, carreaux jaune pisseux, geme bains-douches. Impression de tristesse, de décrépitude. Nous retrouvons Ursula dans un café en sirotant du Coca local. Elle est là, avec l'oncle Günter, un artiste au visage plein, au sourire rayonnant. Il parle, parle, nous raconte ce que nous imaginions être la Berlin Est, 1945. propagande tout-venant: «Ici, nous vivons repliés sur nous-mêmes, il n'y a pas de spontanéité dans les rapports hwnains, pas de place à l'initiative individuelle. Les contraintes sociales sont compensées par les loisirs, le Berlin vous assaille en pe rmanence de son histoire sport. La vie culturelle se limite aux manifestations sité qui a fait verser sa propre mère dans la morne oflicielles. Des petits cercles se forment bien, mais ils sont acceptation de la société de consommation ouest-allemanrapidement gangrenés par les querelles de personnes. » de. Toujours plus! Günter, lui, apporte de la grandeur, du 1 Günter, lui, s'accommode assez bien du système. Il a pris le dépassement au destin familial. De temps en temps, Ursula parti de ne pas faire carrière, vit non en marginal, mais sur me demande si je me sens bien. 1 cette étroite lisière qui n'attire pas de sanction. Ursula Car Berlin vous assaille en permanence de son histoire. Et Il I_l'_a_dm_ir_e_. I_l_re_p_r_é_s_e_n_te_le_s_u_p_p_le_m' e_ nt_d_'â_m_e d_'u_n_e_ad_v_e_r_-___c _e_t_te_his__·t _o_ir_e_, _S1_· _e_ll_e_a_ tu_e_' le_s_v_ô_tr_e_s,_p_eu_t_vo__us _sa_ is_lI_· a_u---J collet à tout instant. Günter nous entraîne par les rues trop larges de Berlin-Est. Orianenburgstrasse, l'ancien quartier juif. Me voici plantée devant la synagogue incendiée en 1938 pendant la « Nuit de cristal ». Style hispano-mauresque, plutôt kitsch, d'un temple envahi par les herbes folles, aux cages d'escalier qui pendent dans le vide. Sur le mur, une plaque posée là en 1960 dit: «Nie wieder!» (plus Différences - n° 48 - Septembre 1985 jamais !). Signée: le cercle des juifs allemands. Il en reste assez pour faire un cercle? A Berlin, les larmes vous montent facilement aux yeux. « Nie wieder », on retrouve le graffiti partout, sur le Mur et sur les murs de la ville. Berlin-Ouest, le soir. Coup de fil de l'autre côté du mur. Une heure d'attente. Les lignes sont saturées. Rendez-vous est pris pour le lendemain avec Ottmach, jeune cousin, fils de médecin bourgeois, promu aide-soignant en 1946. Günter est là, qui, longuement, nous livre son analyse de « l'allémanité »: Si l'Allemand a J'esprit étroit et borné, c'est parce que sa culture politique est née de la juxtapositiion de petites provinces et de petites villes libres. Son horizon a toujours été limité à ses intérêts les plus proches ... » Le lendemain, Ursula achète de beaux crayons de graphite noir pour la femme de Günter, qui est sculpteur. Le prix est astronomique, l'objet superbe. Comme s'il s'agissait là d'une provocation du capitalisme au socialisme . « Nie wieder» (plus jamais). lJn graJ1iti inscrit sur les murs et sur le mur . Dans une gargote de Wedding, par -desus le Eisbein berlinois Uarret de porc à la choucroute sucrée), Ursula me confie: «Il y a quelque chose de fou dans la séparation de ma famille. Parfois, je me dis qu'il ne faut pas y penser ... » Mini-syndrome diasporique. N'appartenant pas aux systèmes, Ursula les regarde d'un oeil critique et amusé ... Par exemple: Laurent Fabius, le 10 juin dernier, rendait visite à Erich Honecker, chef d'Etat de la République démocratique allemande. Par mesure de prudence, et pour ne pas reconnaître officiellement le statut dé Berlin capitale de la RDA dénoncé par les trois alliés occidentaux, notre Premier ministre atterrissait en RDA en visite officielle et faisait une visite officieuse à Berlin: ballet diplomatique. La RDA cherche à exploiter politiquement ce petit dérapage protocolaire et la France a remporté le pompon des grands contrats et des échanges commerciaux qui sont, pour le moment, en faveur de la RDA. Bien sûr, Ursula et moi, nous nous asseyons sur les intérêts mutuels des Etats, sur la petite phrase de François Mauriac, que M. Honecker rappelait de façon opportune dans les colonnes du Monde, le 8 juin 1985: «j'aime tellement J'Allemagne que je préfère qu'il y en ait deux. » D'amie allemande, je ne pouvais avoir qu'Ursula. Au moins, j'étais sûre qu'elle était passée par la douleur. Une amitié aux vertus expiatoires. Expiatoire c0!TIme la rencontre de la vieille femme aux abords de Friedrichstrasse. Elle était là. Toute menue. Vêtue du noir universel des grands-mères déjà en deuil d'elles-mêmes. Elle était postée à distance des vendeuses officielles de muguet à un mark Et, culot monstre, vendait des pensées à trois marks, qu'elle avait piquées sur les massifs des jardins publics. Elle avait bien quatre-vingts ans. Je lui ai acheté des fleurs de talus et pensais: «Elle a J'âge d'avoir déblayé Berlin en ruines comme Trümmerfrau (les déblayeuses) en 1945. D'avoir échappé à J'inondation - commandée par Hitler - du métro de la ville, où les habitants s'étaient réfugiés pour échapper aux bombardements. » Je ne lui ai pas demandé si elle aimait tant l'Allemagne qu'elle préférait qu'il y en ait deux ... [J P. J. .11 lm I~ES ________________ ~ Lettres de l'apartheid Apartheid, une douleur partagée par la majorité des écrivains sud-africains, de Nadine Gordimer à J. M. Coetzee ETAT D'URGENCE~ Des écoliers noirs qui font leurs additions du bout des doigts dans la poussière des townships. Les arrière-cours de la banlieue, la violence, le chômage, l'alcoolisme, les passes, la répression, la révolte. « Nous sommes enfermés dans le ghetto pour que nous finissions par nous entretuer. C'est ça qu'ils veulent dans les villes blanches. » Le décor est planté et, à travers un ensemble de nouvelles comme Une ville des morts, une ville des vivants, Crimes de conscience, Nadine Gordimer dépeint dans le détail les mécanismes sordides de l'apartheid au quotidien. Dans Au rendez-vous de la victoire, elle va même jusqu'à anticiper sur la prise de pouvoir des populations noires, sous l'impulsion du général Giant, dont les jambes resteront marquées à tout jamais par la morsure des chiens des Blancs. On y trouve même une nouvelle qui n'a pas d'équivalent dans l'oeuvre de Nadine Gordimer, sous la forme d'une lettre posthume du père de Kafka à son fils, en réponse à la fameuse Lettre au père qu'il ne posta jamais. « On lira ton oeuvre aussi longtemps qu'il y aura des gens pour la lire. C'est ce qu'on dit Nadine Gordimer: ['apartheid au quotidien partout, même les Allemands qui ont brûlé tes soeurs et mes petits-enfants dans les fours crématoires. » Une lettre terrible, dans laquelle le père de Kafka lui reproche de n'avoir été qu'un intellectuel

« Ton judaïsme, tu l'as appris au

théâtre juif. » « La réalité, c'est que tu étais antisémite, Franz. Tu ne t'es jamais intéressé à ce qui arrivait aux tiens. » « Tu ne faisais qu'imaginer les juifs, tu as dit à Otta (sa soeur) qu'il valait mieux épouser ce goy, Joseph Davis, que dix juifs. » Pessimisme ou lucidité? L'écriture de Nadine Gordimer nous immerge au coeur de la condition humaine. C'est à ce niveau qu'elle entend situer le débat. Que ce soit en Afrique du Sud ou ailleurs, là même où des hommes ont le pouvoir d'exploiter, d'humilier, de persécuter d'autres hommes à cause de la couleur de leur peau ou de leurs opinions. Une littérature très puissante, très efficace, en prise directe sur une effroyable réalité, même si ce style n'est pas celui d'un Coetzee ou d'une Wilma Stokenstrôm. 0 J. B. Quelque chose là-bas, de Nadine Gordimer, Albin Michel. ~L-__ ~ ___ ~~ _____ ~ J. M. Coetzee LE CAS K. « Les jardiniers passent leur temps le nez dirigé vers le sol. » Et même si c'est en Afrique du Sud. Et même si c'est la guerre civile. «Les ananas ne savent pas qu'il y a une guerre. Les choses qui se mangent continuent à pousser. Il faut bien que quelqu'un les mange. » Le jardinier qui se parle ainsi (il parle peu aux autres) s'appelle Michael K. Aucun événement de sa vie n'inscrit une réelle empreinte en lui. Seule la terre importe et représente son unique raison d'être. La cultiver, attendre des saisons entières, des guerres entières, des disparus et des drames entiers, attendre la récolte. C'est là tout ce que Michael K. entend de l'existence. Son histoire n'est que celle de quelques graines semées ... Et pourtant tous - militaires, médecins ou vagabonds - voudraient en savoir plus... Le K. de Michael le rend mystérieux, suspect. Et puis, il y a son bec de lièvre, sa mère morte durant un voyage entrepris en brouette, son évasion d'un camp d'insertion, ses trente kilos, qui font que « partout où je vais, ils me traitent comme les enfants de Jakkalsdrif (le camp) qu'ils voudraient bien nourrir parce qu'ils sont encore trop jeunes pour s'être rendus coupables de quoi que ce soit. En retour ( ... ), ils veulent que je leur raconte l'histoire d'une vie passée en cage. Mais la vérité, c'est que je suis un jardinier. » Or, jardinier, on ne regarde jamais autour, on ne voit et ne vit que la terre. « Sans doute l'herbe n'avait-elle pas cessé de pousser à Wynberg Park sous prétexte qu'il y avait une guerre. On aurait toujours besoin de gens pour tondre l'herbe et ramasser les feuilles. » Parce que la terre est poésie, l'écriture de J. M. Coetzee ne peut que l'être aussi. C'est une écriture directe, parfois dénudée et tranchante, comme celle de Carson McCullers. Une écriture belle, intensément belle de ne prendre aucun détour. A lire absolument. 0 Soûad BELHADDAD Michael K., sa vie, son temps, J. M. Coetzee, éditions du Seuil, 1983. Différences - n" 48 - Septembre 1985 DT A MOT WINCHESTERS ASSASSINES. Après avoir rencontré une squaw Cherokee à l'angle de la rue de Rennes et du boulevard Raspail, qui le persuada qu'il faisait partie du clan ( You are a Cherokee Indian »), le narrateur entreprend de traverser l'Amérique avec deux autres personnages tout à fait romanesques, à bord des trains de marchandises, au son de la « country music », en quête d'une identité désormais indienne. C'est l'histoire du film qui se mêle au roman d'aventures où l'amour joue avec les mots à travers l'impossible proximité d'un homme et d'une femme. Le tout sur fond d'océan déchaîné, de navires en perdition, alors que toutes les nuits, par trois fois les cloches sonnent pour guider les fantômes. Non, ce n'est pas le Quatuor d'Alexandrie (1), ni même la Danse immobile (2), ce sont les Brumes de San Francisco, de Vladimir Pozner, celui de Petersbourg, celui des Mille et Un Jours (3). L'ami de Brecht, de Picasso, de Chaplin et d'Elsa, témoin de la Révolution d'octobre et scénariste à Hollywood, plus vert que jamais du haut de ses quatre-vingts ans. Drôle d'Indien que ce Vladimir Pozner, fils d'émigrés russes, natif de Montparnasse, qui emprunte aujourd'hui à nouveau les sentiers de l'écriture, pour restituer les cris et les coups de feu des Cherokees chassant la grenouille-taureau et préserver la mémoire d'un peuple décimé par les winchesters assassines. « Les Blancs n'attendaient pas le départ des prisonniers pour emmener leur bétail, vider et incendier leurs maisons, envahir les cimetières et ouvrir les tombes dans l'espoir d'y trouver des boucles d'oreilles en argent et d'autres objets de valeur. »Juste un siècle après, jour pour jour, le début de la déportation Cherokee, la Wehrmacht pénétrait en Tchécoslovaquie, nous étions alors le premier octobre mille neuf cent trentehuit. SO LONG HEINRICH Grand intellectuel, fervent pacifISte, moraliste catholique de l'Allemagne protestante, Heinrich Boil, prix Nobel de littérature en 1972, auteur de la Grimace et de l'Honneur perdu de Katharina Blum, vient de nous quitter cet été à Bornheim, près de Bonn, à l'âge de soixante-sept ans. Humaniste, militant des droits de l'homme, il le sera pendant les années de plomb de l'Allemagne des années Pozner, grand témoin de son temps, écrivain dans le siècle, fidèle à la « jeune fille au turban» de Vermeer, entendait ne rien oublier en dissipant jusqu'aux brumes les plus tenaces. Quel voyage! Une littérature signée d'un très grand homme de l'art, engagé au plus près du côté des opprimés à mesure que la vie le rapproche de l'essentiel. Attention, dernier Cherokee avant l'autoroute! 0 Daniel CHAPUT (1) De Lawrence Durrell, chez Buchet-Castel. (2) De Manuel Scorza, chez Belfond. (3) Editions Julliard, 1967. Les Brumes de San Francisco, Vladimir Pozner, Actes Sud. 'J DESIRS. Sorcière, vierge éternelle. objet de tous les désirs de la population masculine d'Azrou, Messaouda est l'héroïne d'une violente chronique qui s'abat sur une petite ville du MoyenAtlas. Littérature du sang. du sperme et des larmes qui, une fois la violence retombée, contient un rire souverain. 0 D. C. Messaouda, d'Abdelhak Serhane. éditions du Seuil. cinquante, contre Eisenhower, la droite et l'Eglise catholique. Ille sera pendant la gue"e du Viit-nam, contre l'intervention américaine, il le sera encore pendant la « chasse aux sorcières » de la RF A triomphante. Anti-nazi de la première heure, il restera celui dont l'oeuvre entière a été un ferment de résistance et de combat. So long, Heinrich ... vous êtes de ceux qui n'ont jamais fait l'unanimité, mais que nous ne sommes pas prêts d'oublier. 0 ÉVÉNEMENT ____ ~--------~~--~------~ - Au coeur du suspense, l'Afrique d'aujourd'hui - ,N.J. Nzau, Evina Abossolo sur les traces de Tito Topin, de Chester Himes, là où la réalité sociale et politique sert de toile de fond aux intrigues meurtrières les plus invraisemblables. Gérard de Villiers et autres fournisseurs blancs d'intrigues bananières sont au placard : maintenant c'est l'Afrique aux Africains, même pour, éventuellement, la passer à la paille de fer. Décapant. LE POLAR NOIR Mo/\l'S Qu'E~l c..E ~ùE ':E E ce- C.II~~U€? IN ~PEc..TElJ~, J' E'AIC:.E O~7 E)(.PLI C.qTION~/ MEN" \..é~ eL. ANC.':.Il-" SE ENT -rouJDuR'? LHEz:.. eUX! Quand les flamboyants fleurissent, les Blancs dépérissent, une B.D. politico-policière, dont l'action se situe au Bangali, un état francophone d'Afrique de l'Ouest. El VIRE AU NOIR ~----------Charles 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)------~----------------------~ Polars nous .. . Une nouvelle collection inaugurée par l'Harmattan, cette active maison d'édition-diffusion d'a- '-- ~--" bord spécialisée en ouvrages « sérieux» (histoire, ethnologie, sociologie, économie) du tiers monde et d'ailleurs. Sous jaquette sobre - noire, blanche et', jaune -, avec ces « polars noirs », on' entre de plain-pied dans des « fictions» politico-policières directement branchées sur l'Afrique d'aujourd'hui et par des auteurs ... noirs. Qui savent ficeler des intrigues et tisser du suspense, à bonne distance des élucubrations exotisées et racoleuses des Gérard de Villiers et consorts. Cette collection s'est ouverte avec Traite au Zaïre, un polar qui démarre à Bruxelles par "assassinat d'une jeune Zaïroise immigrée. se poursuit à Kinshasa et se lit d'une ... traite. Un climat lourd de magouilles (exportation de « chair fraîche », de métaux précieux, etc.), une histoire «saignante », nappée de drôles d'excès sadiques, mais dont l'auteur précise qu'il s'est basé sur de réels faits divers, d'ailleurs relatés par la presse. D'une écriture rapide et efficace, ce premier roman est dédié « à la femme africaine » ... Second titre: Cameroun/Gabon: le DASS monte à l'attaque ... Une intrigue avec plus de rouerie stylistique, très bien rodée dans le genre espionnage et services secrets. Et, là encore, un « avertissement» au lecteur sur le caractère d'actualité sous-tendant le bouquin ... Armelle Riché, des éditions l'Harmattan, explique: «Polars noirs est d'abord une collection destinée à un lectorat populaire. Mais, via ce genre romanesque distrayant, on peut aussi évoquer certains problèmes sociaux et politiques contemporains. Donner ainsi quelques repères et éléments d'information, dans une collection bOIl marché et grand public, sur le "background" africain. Il y a donc un aspect "découverte", cl partir de ces polars écrits par des auteurs d'origine autochtone. » Les auteurs, justement? .. « Celui de Traite au Zaïre, N. 1. Nzau, est luimême Zaïrois; il réside actuellement dans une grande ville du Nord de la France et termine des études médicales. » (Le « héros» de son polar est un toubib, zaïrois, qui travaille à Bruxelles, tiens donc!) « Il prépare d'ailleurs un autre livre sur le thème des "Brigades rouges" en Afrique (c'est Différences - n" 48 - Septembre /985 Jean Bedel Yapo, dit « Colombo », à cause d'une paupière tombante, mène l'enquête. quelqu'un qui se documente beaucoup). Quant à Evina Abossolo, l'auteùr du DASS monte à l'attaque, c'est un Camerounais qui vit à Douala, où il s'occupe d'une petite entreprise d'outillage électrique ... » Des aperçus biographiques qui en disent assez long sur le terrain de « connaissance» et de réalité dont les auteurs de ces polars s'inspirent. « Depuis le lancement et la mise en place de cette collection, de nombreux manuscrits originaux nous arrivent. Nous comptons ainsi publier deux ou trois « polars noirs » par an ; avec des tirages moyens de départ de cinq mille exemplaires », ajoute Armelle Riché. Les deux premiers romans ont d'ailleurs allègrement « rejoint» des lecteurs dans les pays d'origine et dans d'autres Etats africains (parfois à travers des circuits parallèles). Des diffusions existent

au Sénégal, en Côte-d'Ivoire, en

Haute-Volta, au Niger, au Cameroun, au Gabon ... Ici ou ailleurs, les férus de sombres embrouilles bien documentées et d'histoires corsées pleines de flics, de militaires et d'espions, de trafics tous azimuts et de néocadres postcoloniaux ne seront pas déçus. Tout amateur quelque peu attentif reconnaîtra, dans ces « polars noirs» : des toiles de fonds géopolitiques, des faits et des «acteurs » qui ne sont pas de pure et gratuite fiction. Ça rejoindrait plutôt - parfois - ... le polaroïd! 0 JEAN-JACQUES PIKON Collection Polars noirs, éditions l'Harmattan, 7, rue de l'Ecole-Polytechnique, 75005 Paris. (Catalogue général de l'éditeur sur demande.) DT A MOT DESCENTE AUX ENFERS. Jeté par le destin dans le tourbillon de la violence des bas-fonds de la banlieue du Cap, Michael Adonis vient, qui plus est, de perdre son boulot à la suite d'une altercation avec un Blanc, son chef d'atelier. « Il paraît qu'ils vont aménager les plages de façon qu'il n'y ait que les Blancs qui puissent y aller, lança Joe. - Ouais, j'ai vu ça dans le journal, sales fils de pute. - Bientôt personne ne pourra plus aller nulle part. » Au cours d'une nuit d'errance, il tuera accidentellement M. Doughly, un vieil acteur alcoolique d'origine irlandaise qui habitait au-dessus de chez lui. Willie Boy, son copain, se fera descendre à sa place par un flic trop zélé, pressé d'appuyer sur la gâchette. L'écriture d'Alex La Guma, empreinte d'un torride réalisme social, ne nous épargne rien de la condition des Noirs en butte aux forces de l'oppression, où ivresse, sexe et bagarres ponctuent l'inexorable descente aux Enfers de Michael Adonis, devenu spectre condamné à errer dans le labyrinthe de la nuit. 0 D. C. Nuit d'errance, Alex La Guma, Poche monde l'Joir. HISTOIRES NOIRES. Une Miss America et un astronaute noirs, une fête nationale américaine commémorant Martin Luther King, un formidable engouement des jeunes pour les danses et les modes black ... Les Noirs seraientils enfin intégrés à la nation américaine? Il n'en est rien, hélas! et le constat que font les auteurs de ce très important ouvrage montre que leur situation en 1984 est pire que celle d'avant les Droits civiques de 1964, remis systématiquement en cause par l'administration Reagan. S'ajoute à cela les coupes claires dans les budgets sociaux. Les auteurs retracent l'expérience sociale et politique des Noirs depuis plus de cent ans, plus particulièrement dans les vingt-cinq dernières années. Ils analysent les stratégies qu'ils ont mises en oeuvre pour améliorer leur situation

intégrationnisme, rupture, repli

social ; et les réponses du gouvernement face à la pression des Noirs. 0 ROBERT PAC Les Noirs amencams aujourd'hui, par Sophie Body-Gendrot, Laura Maslow- Armand et Daniele Stewart. Editions Armand Colin. Il - Est-Ouest, jusqu'à l'extrême L'ORIENT A vignon, cet été: des carrières ocres arpentées par les spectateurs dominent la vallée du Rhône. Au soir tombant, la ville se met à l'heure de l'Inde. Les étoiles s'allument. Un enfant, un conteur, un scribe entrent dans le décor sablonneux ser- , ' pente par un ruisseau. Un feu brûle dans une excavation rocheuse. L'odeur d'encens est installée. Quelques flammèches, lampes à huile ... Le jeu savant des projecteurs modulera le décor stylisé jusqu'à l'épure. ' Et nous glissons dans le plus vieux conte de l'Inde, rêveurs éveillés, neuf heures durant. Le Mahabharata, long poème de 12 000 vers, datant du IVe siècle av. J. oc. au 1er siècle apr. J. -C. , enfin traduit dans son intégralité, texte établi par J.-C. Carrière, raconte les origines fabuleuses d'un peuple, épopée héroïque et mythique, source religieuse aussi. Tous les mystères du Mahabbharata, présentés à Paris cet automne, après Avignon. Une belle initiation au pays le plus cc mode » de l'année. Mais, par la magie du metteur en scène Peter BroQk, des comédiens qu'il a su tr,o uver aux quatre coins du monde , c est un spectacle total, un livre d'images que nous feuilletons. L'histoire

deux familles, les Pandâvâ et les

Kau~âvâ, vont s'affronter pour l'hégémOnIe du royaume: à la fin de la première partie, qui narre la naissance des différents héros, tout se joue sur une fameuse « Partie de dés », où le prince Youdhisthira, le chef Pandâvâ perd son royaume, ses biens, s~ femme; il devra s'exiler. La deuxième partie raconte « l'Exil dans la forêt» où les deux cIans vont s'armer respecti~ vement. La troisième partie montrera:; « la Guerre ». Assaut fabuleux; chars!!i conduits par des héros, une magistrale ~ chorégraphie qui laissera le terrain ~ jonché de cadavres. ~ Une précision aiguë, un travail de sept ê années dont ne reste que l'allégresse: it une perfection aisée, la grâce au sens le Le grand Mela du 8 juin à Paris. PERDU plus no?le se donne ici à contempler. Trav~rsee de pauses, d'allégories philos? phlques: les énigmes d'un sphinx, nte de passage; tel aussi le conte de l'.enfant qui avala un vieillard... qui Circula cent ans dans ses entrailles puis s'envola, régénéré, reposé. L'amour est f?,u~royan~ : ai~si, pour les cinq frères lIes a la me me epouse ; mais la rancune meurtrière aura aussi raison du temps. Quelles que soient pourtant les outrances, les violences, aucun personnage n'est détenteur du bien et du mal absolus. A l'image de Krishna dieu souriant, irradiant mille soleils et 'mille parfums, pourtant redoutable destructeur. dans son ire, qui offrira aux deux partis opposés son aide: à l'un la puissance, son arme; à l'autre sa personne, sa ruse (qui décidera de la victoire finale des Pandâvâ). Nos seI;lS émus Le fameux Bhagavad Gita au coeur de 1 , , oeuvre, énonce la s.agesse du Tao: b~anc et noir sont complémentaires, bien et mal, deux apparences, intimement solidaires, de la même Vérité comme sont relatives aussi les notion~ de Vie et de Mort. « Ne te désole pas de frapper cet homme que tu admires ... » K~lsh.na redonne courage au guerrier en lUi dlsan~ que la mort n'est qu'appare~~ e ; nen ne meurt de ce qui a été cree: tout se transforme ... Nul dogmatisme dans ces « leçons» de sagesse, comme dans les devinettes du « sphinx» indien, dont Youdhishtira d?,it trio.mpher (l'une des réponses vaut d ~tre citees) : « La plus grande merveille est que chaque jour des hommes meurent autour de nous; et nous vivons comme des vivants immortels. » Sensualité, beauté de ce qui est donné à voir: LE RETOUR DE L'INDE Après son très spectaculaire coup d'envoi en juin dernier (150 000 personnes au Trocadéro) et sa forte présence au Festival d'Avignon l'cc Année de l'Inde u se poursuit. .. (1). ' Différences a rencontré Chérif Khaznadar - directeur de la Maison des cultures du monde à Paris - qui a sillonné l'Inde à la recherche d'artistes, de musiciens et d'interprètes autochtones. Chérif Khaznadar : La tâche qui m'a été confiée concerne plus particulièremet les productions traditionnelles et les spectacles populaires. Depuis une vingtaine d'années, je fréquente l'Inde assez régulièrement; je connais donc un peu son « background » culturel... ~omme chaqu~ région (pour ne pas dire chaque village) a ses particularismes spécifiques, on a essayé de dégager quelques grandes « lignes » de c~tte diversité de formes et d'expressIOns. Tous les spectacles du Méla d'inauguration étaient des formes esthétiques et festives de plein air ; nous sommes ainsi restés au plus près de leur « scénographie» vivante d'origine. Notre souci principal a été de ne pas exploiter et répéter des choses déjà vues. C. K.: La majorité de ces artistes iI?diens sont des professionnels; même SI certains n'ont d'habitude qu'un public local ou régional. Le fait de venir présenter leur travail et leur art sur une « scène» étrangère ne les « déracine» pas, je crois. Même les Nagas, par exemple, ont aujourd'hui, sur leur territoire, la télé et la radio... II n'y a d'ailleurs eu aucune réticence de la part de ces artises invités; plutôt l'attrait d'une « expérience » ... Différences: En juin dernier, à Dehli, des ,hors-castes, des « parias », ont protesté contre cette exportation de prestige de la culture indienne à l'étranger ... C. K. : Il y a des actions culturelles menées par des Etats et des situations sociales particulières. Personnellement ' je ne crois pas que la seule cultur~ puisse changer le monde. Mais je pense, néanmoins, que l'investissement en énergie humaine et artistique pour cette (~ Année de l'Inde» aura - à plus ou mOInS longue échéance - des retombées positives. regards, échange des acteurs, miroite- ;' L. _ ....-:; _______ ~Z!!!!!~ _________ _.J ment des feux dans l'eau, accompagnement doux des cinq musiciens de l'orchestre, parfums d'encens ... , somptueux costumes de Chloé Obolesky ... tous nos sens émus accueillent ces « leçon.s, ». Magie incantatoire, jusqu'à la dermere phrase sur laquelle le Scribe peut refermer son livre: «Il n'y a ni punition ni béatitude éternelle. Tout cela n'a été qu'illusion. Jei commence le pays sans mot », phrase que Krishna adresse au ~uerrier qui cherche , solitaire, sa Aujour~'hui, pl~s que l'attrait réciproque C?nent-Occldent, un esprit « universalIste » commence à se manifester (gu'on pense au brassage d'influences dl~erses dans les musiques con tempor~ Ines! dans !es arts plastiques, etc.). L OCCident s ouvre aux «faits cultureis » mondiaux. La question qui demeure est celle de l'équilibre de ces « échanges»; de ce· qu'ils peuvent apporter à chacun. 0 famille dans les « Enfers ». Comme des enfants tard menés sur la barque du conte, nous ballottons dans cette conque taillée dans le roc de Boulbon, riches pourtant des mille feux (r)allumés; l'âme tournée vers nos origines - l'histoire de l'humanité vient d'être dite, peut-être. Allez donc l'entendre à Paris en septembre (1). 0 MARIE·CLAUDE BENIT AH Différences: Comment êtes-vous allé à leur « découverte» et à leur rencontre? C. K. : A partir de plusieurs voyages et de « :epérages », en compagnie de connaisseurs et de spécialistes indiens. Sur place, on m'indiquait des pistes, des gens, des individualités à contacter. Personnellement, je dirais que la découverte d'expression ethnique (danses et chants) la plus intégralement inédite de cette « Année de l'Inde » sera sans doute celle des Zeliang et des Sema venant du Nagaland: ce territoire indien du Nord-Est, aux frontières de la Birmanie et encore quasiment ignoré (2). Propos recueillis par JEAN-JACQUES PlKON L'Année de l'Inde, ce mois de septembre: - Du 10 au 22 : danses et chants Nagas (au foyer de l'Opéra). - A partir du 11 : exposition d'artistes contemporains indiens (à Beaubourg). - Du 17 au 29: musique et danses classiques de l'Inde (au Théâtre du Rond-Point). - A partir du 20: exposition « Tambours de ~erre » (Forum des Halles). - A parûr du 25: cinéma indien (à Différences: Pour la plupart de ces Beaubourg). « intervenants» des quatre coins de A suivre ... évidemment! l'Inde, c'est une première expatriation (1) E .,. 1986. n laIt, elle se poursuivra jusqu'en ... juin temporaire ; hors de leur contexte de vie habituel et de leur « public» d'origine. (2) Dans le cadre préparatoire à cette" Année de ~ Ça a bien dû poser quelques pro- l'Inde ", Chérif Khaznadar a bénéficié du priblè ? vilège de péné.trer au Nagaland, tenu à l'écart des Il 1 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)48-:_SCharles 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC);;~~ _____________m_ ~es~. ..~. _______________________ ~v~oey~au~gr s~oc~cl~edn ~u~txa~ d~e~pw~·~s.: •. ~40~a~m~. ______ _ Différences - n° 48 - Septembre 1985 (1) Aux Bouffes du Nord. PEINTURE L'AMPLEUR DES TRACES. Griffée, arrachée à sa Tunisie par les événéments, Ode Rubens, la femme du peintre Ben et peintre elle-même, se souvient de l'époque où toutes les communautés vivaient en harmonie: « Tout le monde faisait le Ramadan, le Yom Kippour et, à la Noël, Juifs et Arabes mettaient leurs petits souliers devant la cheminée. On faisait les trois huit, les trois religions.» Aujourd'hui à Paris, à Montparnasse, sur le mode de l'expressionnisme, elle fait revivre les heures tendres du passé, à travers quelques tableaux comme « le Prestidigitateur », «les Lavandières» ou « la Nativité ». Le trait bien planté, bien appuyé, on mesure la déchirure à IMAGE PALME D'OR DOUCE-AMERE. Il aura fallu que le jury du 38c festival de Cannes (présidé par Milos Forman) décerne la Palme d'or à Papa est en voyage d'affaires, d'Emir Kusturica pour voir un film yougoslave obtenir, en France, une vraie distribution commerciale: cela n'était pas arrivé depuis J'ai même rencontré des Tsiganes heureux, d'Alexander Petrovic. Saluons donc le jury cannois d'avoir su primer une cinématographie trop souvent ignorée du grand public. Comme dans son premier film, Te souviens-tu de Dolly Bell ?, Emir Kusturica nous propose avec Papa est en '"' voyage d'affaires une comédie dou- ~ ce-amère sur l'univers de l'enfance, ;;, l'ampleur des traces où la couleur conjugue et distille l'émotion à même les pierres encore chaudes des ruelles du village, baignées de Méditerranée. Je garderai en moi les rouges de ce clown aux yeux d'ébène, captifs de la mémoire, comme on garde dans un coin de son coeur l'image de l'être aimé. Ode Rubens donne ce qu'il y a en elle, comme une mère donne le sein à l'enfant de sa chair, avec une extrême générosité et un détachement qui attestent la grandeur de ses sentiments et la qualité de sa peinture. 0 D. C. Exposition permanente chez Eva, 21, rue Bréa, 75006 Paris. MUSIQUE JEMAÂ LE MAUDIT... Il Y a quelques mois à peine, les murs de Sfax se couvrirent de posters géants et la radio locale diffusait à overdose la voix de Jemaâ, l'un de ses fils de retour au pays. Une vraie bête de scène, un superpro, ça tombe, c'est réglé. Un rocker aux racines arabo-africaines, qui fait dans un funky teinté de reggae, voyez un peu la trajectoire ... Sans compter que ses musiciens, ses percus sont à leur place et qu'ils soutiennent le blues sans mollir, «l'insulaire maudit, l'insulaire vomit votre monde, vos raffineries ». \:: dans la Yougoslavie poststalienne des ~ années cinquante. .~ i Papa est en voyage d'affaires, c'est le ;§ . regard de Malik, un petit garçon de ------'--------'~---'-' six ans, sur le monde troublé des adultes. La famille de Malik vit modestement dans la Yougoslavie de l'aprèsguerre. Le «Papa» du titre va être interné dans un camp pendant quelque temps, à la suite d'une remarque assez anodine prononcée à l'encontre du Différences - n" 48 - Septembre 1985 régime; ce « voyage d'affaires» lui a été occasionné par une femme qui l'aime sans espoir... Voilà posée la trame politico-sentimentale d'un film qui vise avant tout à montrer la relation avec le père; et, plus précisement même, au corps du père, convoité par la C'est presque hard, alors que deux danseuses à l'avant-scène disent l'amour avec leur corps dans les multicolores. Jemaâ Bouzrara sera le premier invité de l'équipe d'Africa Fête qui organise à la rentrée, au New Morning, une série de concerts à partir des 19, 20 et 21 septembre, sur les coups de vingtdeux heures... En attendant, Djamel AlIam, Sugar Blue, Touré Kunda, Xalam, Dollar Brand, Manu Dibango. Ce sera un peu les retrouvailles, il y aura ce que Paris et sa banlieue comptent de fêlés de musique africaine. A très bientôt, Mamadou ! 0 Stéphane JAKIN Le New Morning, 7-9, rue des Petites- Ecuries, 75010 Paris (métro Château- d' Eau). lemaâ Bouzrara. mère et les amies (nombreuses) de ce bon vivant. Malik n'est pas en reste puisqu'il prend prétexte de son somnanbulisme pour s'immiscer entre père et mère, quand celui-ci, revenant de son « voyage d'affaires », veut l'étreindre; ce qui nous vaut une des scènes les plus savoureuses et amères à la fois de cette comédie. Car, comme le précise Emir Kusturica lui-même, «sans touche d'humour, Papa est en voyage d'affaires aurait été très difficile à regarder. Le rire engendre la lucidité. L'art est le témoin de la vie, mais il n'est pas l'expression de la vie. Ainsi s'opère un décalage poétique et humoristique. » Pourtant, cette comédie naturaliste vaut essentiellement par l'expression de la vie des gens. Chaque séquence peut en être prise isolément et nous dit une petite histoire, dense de chaleur humaine et de vérité. On peut, sans hésiter, évoquer l'esprit de Jean Renoir. Les hommes, malgré les aléas de la vie, savent aller à l'essentiel et chanter, boire, faire l'amour. Un bon film de rentrée. 0 '. JEAN-PIERRE GARCIA! 1 ! Quand la biologie devient la sociobiologie UN USAGE DEVOYÉ De la théorie du cc gène égoïste » à l'assimilation de la société humaine à celle des insectes, la sociobiologie fait un usage méthodique - et tactique - de l'erreur. Il faut, selon Patrick Tort, riposter en creusant cc l'invention darwinienne de la sympathie ». Différences : Misère de la sociobiologie. Voilà un titre clair, qui traduit une prise de parti. Pourquoi ? Patrick Tort: Parce qu'il est temps de combattre avec efficacité l'usage dévoyé qui est fait de la biologie par des doctrines avec lesquelles elle n'entretient, dans sa rigueur, aucun lien naturel. Je parle ici de tout ce que le fascisme, le racisme et l'impérialisme inventent et réinventent indéfiniment pour convaincre de leur parfaite adéquation avec l'ordre de la nature et de la vie. Une volonté d'explication, certainement: la presse de droite et d'extrême droite a suffisamment vulgarisé les thèse~ de la sociobiologie pour qu'une c~ntre-attague, aUJourd'hui, s'impose et fasse voir demonstratlvement que ce recours extrapolé à des ~r~gm~~ts dé~obés aux ~ciences de la vie pour faire des In~gahtes SOCIales et raCIales l'expression éternelle d'une ~Ol de natu,re, est faux et ne peut être, en aucun cas, Imputable a une démarche rigoureuse sur le plan de la méthode scientifique. Di!férences : Donc, la sociobiologie, c'est une erreur de methode? P. T. : C'est l'usage tactique d'une série d'erreurs de méthode, c'est-à-dire, vous l'avez compris un usage méthodique de 1'« erreur ». ' Différ~nces, : Cela, vou~ le prouvez, rigion par région, vot~e l~vre ~tant la première réponse interdisciplinaire à la sO~lOblOlogle. Quels sont, rapidement, vos domaines d'mtervention ? P. T. : Principalement, en ce qui concerne les «disci~ I!nes »: l'~thologie. (étude. du comportement animal), 1 ecol?~le (etude des mterachons entre les organismes dans un mlheu donné), la génétique (étude des facteurs de l'hérédité), l'ethnologie (étude des représentations et des co~por,te.me~ts collect~fs des groupes humains), la sociologIe, 1 hIstOIre des sCIences biologiques et sociales. On peut même ajouter, avec la contribution de Jacques Gervet, l'analyse du discours, étudiant le mécanisme des « glissements de sens» dans les propositions de base de la sociobiologie. Mais, ce qui est également important, ce sont les communications qui, d'elles-mêmes, s'établissent entre ces région~lités qui sont souvent (voir là-dessus le chapitre de Jean-PIerre Gasc) plus institutionnelles que scientifiques. Différences : Quelles sont les principales « erreurs» de la sociobiologie vulgaire ? P. T. : L'erreur principale est de considérer qu'une société humaine obéit aux mêmes lois de comportement individuel et ~ollectif qu'une société d'insectes, par exemple, et de ne temr aucun compte du fait que les hommes sont et c'est u?e distinction fondamentale, des inventeurs de 'lois. Par aIlleurs, la théorie sociobiologique du « gène égoïste », qui rapporte tout comportement, même «altruiste» à un calcul des chances de survie augmentée pour les gènes de son auteur, n'est pas argumentable sur le terrain de la génétique elle-même, puisqu'il est fondamentalement i?Ipossible d'y démontrer scientifiquement la déterminatIOn d'un comportement social par un gène (voir notamment les textes de Jean-Michel Goux et d'André Langanay. En outre, certaines études sociobiologiques cherchant à convaincre de l'effectivité de cette détermination sont perpétuellement contredites par d'autres études aboutissant ~ la ~onclusi?n inverse. Par exemple, J'infanticide, par certaInS sInges males dominants de l'Inde, des descendants de mâles supplantés, est interprété comme un comportement assurant, dans l'intérêt de l'espèce, le triomphe des gènes des mâles vainqueurs. Dans sa contribution, Georges Guille-Escuret montre que les mêmes singes, dans une autre région de l'Inde, offrent des comportements absolument opposés. Ainsi, la sociobiologie se condamne à demeurer presque toujours au niveau d'une hypothèse non systématisable en droit. Mais, en fait, elle systématise constamment. C'est cette contradiction qu'il s'agit de faire apparaître. Enfin, dans sa référence globale et réductrice au darwinisme, la sociobiologie se trompe en pensant que Darwin permet un éloge sociologique de l'affrontement et de l'élimination. Toutes ces erreurs sont évidemment soutenues et promues par l'idéologie expansionniste du capitalisme libéral depuis le moment même de son émergence ·historique. Différences: Quels sont les dangers présents de la sociobiologie ? Sont-ils ceux de toujours ou constituent-ils en ce 11Wment une menace particulière? P. T. : J'ai beaucoup insisté, dans mon propre travail théorique, sur la capacité de résurgence de certaines grandes idéologies à références scientifiques. Il est clair, pour ceux qui ont une mémoire, que la montée de l'extrême droite et la vulgarisation croissante de théories inégalitaires, xénophobes ou racistes à références biologiques sont des Différences; Vous dites, dans l'avant-propos de Misère de la sociobiologie, que briser la capacité de retour d'un lieu commun de l'idéologie est un travail difficile. Que faut-il faire? P. T. : Il faut, également, stratifier nos interventions: travailler en même temps au niveau de la théorie et au niveau de l'explication de masse, au niveau de l'analyse et au niveau de la vulgarisation et du slogan. C'est en cela que les mouvements antiracistes, comme le MRAP, peuvent être des relais importants. Il faut trouver une formule de vulgarisation de l'explication scientifique qui, en demeurant accordée à la science, permette d'éviter les pièges de ce qui se fait passer pour elle. Remplacer une science travestie par une science expliquée. Mais il faut aussi, profondément, organiser socialement, politiquement, la réplique humaine à l'ignoble pari sur les pulsions manipulées du rejet et de l'élimination. Reconnaître dans l'altérité cela même qui donne sens au désir. Faire de la différence une ressource pour de nouvelles fusions. Creuser j'invention darwinienne de la sympathie. Différences : S' agit-il là d'une simple profession de foi, ou est-ce le résultat d'un travail théorique? 1 p.hénomènes solidaires et résurgents. Les dangers d'aujourd'hui sont donc de même nature que ceux d'hier (le fascisme n'évoluant guère dans son fond), mais les Hommes et insectes: la loi du plus fort ? P. T. : C'est, naturellement, en plus d'une position éthique, mais liée à elle, le résultat du développement rigoureux d'une logique ex- ' primée, notamment dans le travaux de Darwin sur l'évolution de l'homme (la Descendance de l'homme, 1871). formes et l'acuité de la pénétration idéologique de ces théories se sont accrues du fait de la multiplication des relais médiatiques qui, pour la plupart, brouillent, sous prétexte de simplific;ation, les messages de l'information scientifique. Par ailleurs, en ce moment, les doctrines fascisantes redeviennent particulièrement offensives, parce qu'elles sont des doctrines de crise et que la crise est aujourd'hui un fait beaucoup moins circonscrit qu'auparavant, du fait de l'interdépendance accrue des économies. Différences: Quels rapports y a-t-il, dès lors, entre Le Pen et la sociobiologie de la « nouvel droite» et du Figaro-Magazine? P. T. : En résumé, je dirai qu'il y a une division du travail idéologique entre l'un et l'autre: Le Pen travaille hors de la théorie et s'occupe des basses besognes démagogiques en mobilisant sur des bases telles que l'égoïsme revendiqué comme doctrine et slogan d'un nationalisme de frustrés (les Français d'abord !). La nouvelle droite, dont les « théoriciens » s'adressent à un public qui aime comprendre, ou plutôt s'en procurer l'illusion, trouve un merveilleux argument, dont la convergence saute aux yeux, dans la sociobiologie : celui de l'égoïsme des gènes! Entre Le Pen 'et la nouvelle droite, il y a donc convergence, complémentarité, division du travail idéologique, solidarité des fins. C'est pourquoi I:analyse des stratifications propres au discours idéologique et politique de droite et d'extrême droite comporte aujourd'hui d'énormes enjeux: il faut ajuster nos réponses aux différents niveaux de formulation d'une idéologie finalement unitaire. Différences - n° 48 - Septembre 1985 Dans Misère de la sociobiologie, toute ma discussion avec Pascal Acot n'a pour but que de faire saillir cette évidence enfouie depuis plus d'un demi-siècle: l'anthropologie et l'éthique de Darwin reposent sur la sélection, par l'homme avançant en civilisation, de comportements antisélectifs. C'est ce que j'ai nommé l'effet réversif de l'évolution. Tout ce qu'écrit Darwin à ce propos peut se résumer dans un syllogisme: 1. Tous les comportements humains en vigueur ont été sélectionnés comme avantageux. 2. Or, ces comportements sont, en milieu de civilisation, majoritairement antisélectifs. 3. Donc, la sélection naturelle a sélectionné comme avantageux des comportements qui s'opposent à elle-même. Contradiction? Non pas. Fidélité, au contraire, et fidélité dialectique à la théorie de l'évolution par sélection des variations avantageuses. C'est la sélection naturelle qui, en elIe-même et dans son opération, a varié: d'où la lutte pour imposer sa forme nouvelle (associative et correctrice des inégalités) contre sa forme ancienne (éliminatoire et guerrière). Mais, au cours de ce lent et progressif retournement, ce qui est né, et devenu de plus en plus irréductible à ce qui l'a précédé, c'est le social. L'éducation, dit Darwin, a pris le pas sur la sélection dans l'orientation du devenir humain. L'avantage n'est plus biologique: il est social. Dès lors, aucun modèle biologique ne pourra plus servir, à lui seul, à en rendre compte. o PROPOS RECUEILLIS PAR EMILIE ASSOUAKON Misère de la sociobiologie, éditions PUF. ~TmRE ____________ ~ _____________ __ - Juive russe par sa naissance, musulmane par conviction - , L'A VEN TURIERE Née à Genève, installée à Bône, morte à Aïn-Sefra, fille naturelle de Rimbaud ou celle d'un pope défroqué - nul ne le sait - elle aimait s'habjller en homme, parlait six langues, pratiquait l'amour libre et se convertit à l'islam. Qui était Isabelle Eberhardt? DES Son nom n'a pas laissé une trace indélébile dans l'histoire de la littérature . Mais elle traversa sa vie à l'allure d'un cheval fou . Travestie en homme pour mieux jouir de sa liberté, répugnant à se plier aux règles de la société de cette fin du dix-neuvième siècle, elle se convertit à l'islam pour assouvir sa soif d'amour de l'homme et de Dieu. Elle ne voulait pas que sa vie soit une absence. Son désir d'aventure et son besoin de solitude , son refus de la civilisation occidentale poussèrent Isabelle Eberhardt à élire domicile en Afrique du Nord et à sillonner en tous sens le Sahara , cette thébaïde qui lui révéla qu'elle était née pour l'islam, religion qui exerça sur elle une véritable fascination et une emprise totale. Le mystère qui plane sur sa naissance en fait une marginale dès les premiers jours de sa vie. Sa mère, Nathalie de Moerder, s'enfuit de Russie en 1871, après que son mari, un général redoutable, lui eut reproché ses origines juives. Elle ne partit pas seule. Le précepteur de ses enfants, Alexandre Trophimowsky, dit « Vava », son maître à penser et son amant, partagea son exil. Cet homme exerça une très grande influence sur l'éducation d'Isabelle. Pope arménien défroqué , partisan farouche des idées socialistes, ses accès de colère faisaient trembler les murs de la villa qu'il avait achetée à Genève pour toute la famille . « Jésus-Christ, canaille », le blasphème préféré de Vava, ne laissait planer aucun doute sur son athéisme, qu'il inculquait à Isabelle. Elle naquit en février 1877, à Genève , dans la quasi-clandestinité. Sa mère partit se cacher à l'autre bout de la ville 1 pour accoucher, tandis que Trophimowsky éprouvait le besoin de se rendre en Russie pour y régler quelques ABLES problèmes d'argent. Il semble peu probable qu'Isabelle soit née de leur union. Elle a d'ailleurs toujours refusé de considérer l'ex-pope comme son père. Vava prônait l'amour libre, sa concubine aurait-elle profité pleinement de sa largesse d'esprit? Nul ne le sait. Une hypothèse est avancée. Isabelle serait peut-être la fille naturelle de Rimbaud. Mais aucune preuve ne peut confirmer cette paternité. Le poète, d'après son ami Verlaine, aurait séjourné à Milan en 1876 et y aurait rencontré une femme avec laquelle il n'aurait eu qu'une aventure éphémère. Cette inconnue serait peut-être Nathalie de Moerder ... Verlaine a peut-être confondu Genève et Milan, ou bien Nathalie se trouvait-elle à Milan cette année-là ? Ne dit-on pas qu'Isabelle ressemble trait pour trait à Rimbaud ? Le parallélisme de leur destin n'est-il qu'une simple coïncidence: leur anti-conformisme, leur goût de la littérature, « des terres mortes » , celles du désert, leur intérêt pour l'islam, leur amour de la liberté? Elle ne voulait pas que sa vie soit une absence Jusqu'à l'âge de vingt ans, Isabelle vivra dans le milieu cosmopolite de Genève où elle fera la connaissance d'autres exilés russes aux idées révolutionnaires, d'Archivir, le beau Turc qui sera sa première étape vers l'Orient et l'islam. Elle aime déjà s'habiller en homme et la société bourgeoise de Genève s'émeut à la vue de cette grande fille maigre toujours vêtue en pantalon et en vareuse de marin. Pendant toutes ces années, Trophimow~ky veille sur son éducation. Il lui apprend six langues: le grec, le latin, le français, l'italien, le russe et l'allemand. Une correspondance suivie avec le sous-lieutenant Eugène Letord, installé en Algérie, le départ pour ce même pays de son frère chéri Augustin , qui s'engage dans l'armée, l'incitent, elle aussi, à quitter la villa de Genève où la vie est devenue trop monotone entre les crises d'hystérie et d'athéisme de Vava et les pleurs de sa mère. Elle part d'ailleurs avec elle en 1897 pour l'Afrique du Nord et s'installe à Bône. Sa mère meurt peu de temps après et Isabelle se retrouve seule sur ,cett~ terre qui .est déjà devenue sa patrie. Elle adore se mele~ a la populatiOn indigène et faire de longues promenades a cheval. Elle a décidé de s'habiller définitivement en homme et porte le burnous blanc. « Elle hume l'odeur qui .rend fou, , cel~e .du kif au seuil des échoppes aux ~aves fmblement eclmrees. (1) ». Elle pratique l'amour hbre. S~m co.mp,rtement hérisse la communauté coloniale françaIse qUi VOlt en elle une anti-Française, une aventurière de petite vertu. ~lle apprend l'arabe et le manie avec aisance. Ses retr~I~~s prolongées dans les azouïas ~2) du désert, ses amltles maraboùtiques, ses lectures religieuse~ l~ plongent corp~ et âme dans l'islam. Elle commence à ecnre ses Journalz~rs (3), oeuvre qu'elle poursuivra tout au .long ?e sa vie .. « Comme elle aime cette terre et ses habitants . Pour9uo~ n'est-elle pas un homme? Devenir musulman, quel reve . Mais musulmane, jamais! » . Elle décide que, désormais , elle s~ra SI Mahmoud. Pour l'administration coloniale, elle deVient un androgy.ne, un être à jamais perverti , pour les musulmans, elle deVient un taleb (4). . . Mais sa rencontre avec Slimène , le spahi, lUi rappe,ll~ avant tout qu'elle est une femme .. Pri~r~ et am~ur, ascetIsme et sensualité unissent désormais Shmene et SI Mahmoud, son « frère» comme il aime à l'appeler. Malgré son m~riage, elle continue à se retirer dans les zaouias et à parfaue ses connaissances en islam. Deviendra-t-elle marabout (5) ? , L'islam lui ouvre les portes du Mag~reb . La F~ance , qUi, a ce moment, poursuit son expanSiOn ColOfil~le vers, le Maroc, se demande s'il ne serait pas souh~ltable, d exploiter les talents de Si Mahmoud en la mahere. C .e~t la rencontre avec Lyautey qui, en échange d'un ma~filfIqu.e cheval, le seul luxe d'Isabelle, lui demandera de lUi fournir toujours plus de renseignements sur les musulmans. ~e. but de Lyautey : se concéde~ le~ grâces . des ch~fs relI.gleux marocains et semer la zlzame parmi les tnbus afm de commencer la « pacification ». Des liaisons dangereuses avec Lyautey, le grand colonialiste Curieusement, Si Mahmoud, qui semble tant ai~er. les musulmans se soumet sans réticence au grand colomahste. Est-elle vr~iment consciente du rôle qu'il lui fait jouer? Seule la mort, qui la surprendra. dans la bO,urgade algérienne d'Aïn-Sefra lors ~'~ne Violente tempete, en 1904, mettra fin à cette «liaison dangerese ». Elle a seulement vingt-sept ans. . " , .. Elle est enterrée dans le clmetlere musulman d Am-Sefra, la tête tournée vers La Mecque. Ses amis musulmans réclamèrent sur sa tombe la kouba (6), mais en vain .. . Putain excentrique pour ses compatriote~ colonialistes ~ androgyne, taleb, écrivain, agent de renselgne~ents , qu~ était-elle encore donc, cette Isabelle? Une sacree nana . Sans nul doute mais encore? Une féministe d'avant-garde. « Les femr:zes n'ont pas encore admis qu.e le bor:heur résidât dans la liberté. J'ai voulu que, pour mOl du mOins, la liberté ne fût pas un vain mot et je l'ai prise tout entière.» 0 MARienE HUBERT (1) La Couronne de sable. Vie d'Isabelle Eberhardt, par Françoise d'Eaubonne, Flammarion. (2) Monastère musulman. . . (3) L'oeuvre la plus importante d'Isabelle Eberhardt. Tous ses eCrits n'ont été publiés qu'après sa mort e! s?nt ,mainten~nt introuvables. Ils peuvent toutefois être consultés à la Blbhotheque natIOnale. ~ OO12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)· . ~ (5) Saint musulman qui s'est fait remarquer durant sa vIe par sa sagesse s: et sa connaissance de l'islam. }1 _ 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)~~::::::::::::::::::~ ____ ~(6~)-C-O~Upo~le-q~U-i-Su-r_m_o_nt_e_l_a to_ m_be_de_s_m_a_ra_b_o_ut_s. ____________ Différences - nU 48 - Septembre 1985 1 5 6 7 8 9 10 Charles-L-ÉE------.-:'i ti.i.~..~ ·~.--------------------------------~-----------------1 .' ' ... _;:::e'::: •'• .-.,. ':. --·..,· :.··:. .: :.:: ·: .·:.·0: :::.:· .·:. ·:.: : :... : ~. :.:... .. . LA ~~L~"R .DI ~~ lET 1 ~::::~.:.:.:..... ••.•• fiitJ , R~ 1 • I,e Que!le ~aleur numérique ont ces lettres, sachant que P, S et E sont consecutifs, que le plus grand est E, et qu'il n'y ni 9, ni 5, ni O. SEPT + SEPT + SEPT + SEPT

CARRE ..... ::':: ..

CMrP.CHE.Z /.II ~ ':.::.: .. :: .. Charles 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC) .. : ..... : .. : •.... ~~, ,.: .. ::.: .. : .. :.,:. '~""'::::'::::::; ~--.' . - iL s'agit de retrouver 44 noms de vedettes de la chanson' rti d tableau. Chaque groupe de lettres n'est utilisé qu'une fi .a pa r e ce OIS. CH RD AL RA CD ET ET RC L YD OFF FER RL VA AKI nA NE ET EJ FR MOU AT EN BE 01 CA SOU ORM AN RR UR JUV FE CH AY El AY ES ER OU AS NC ON OLE MOU RIB LA BA TO CLE ART VAD ASS LI AM RET DA CA ST ET NAR AN AU CH OR AIN LAV SH ARD RE IGL ADA URI TOP UT BE RR BR ENS APT TRO CH El NE RT OS NA ESI DU RG ON DE BR BO BAC FUG SAL POL SA TAG RO EFF EL ON AT RO VO SKO HEL MO LEN BO AU DE NIC DEl Al CA BOC MON CL BR PER HAL DA NN PE nDT.S CRoi5Éj 2 3 4 5 6 7 8 9 10 . , e, •• , & ............. ............ ... ........... .... . , ... ,. ......................................... ••.•.••..••..••..••. ••.••.••.••.••.••.••.••.••.••.•• ••••-••.• • .... "' ..•.-....•...... . . .. HORIZOfITA1EMEIIT : 1; Se re~contrent en montagne. Durée ~ une r~vo~ution . - 2. Utile dans son Jeu . NegatIOn. - 3 . Fatiguées. Préfe, cture. - 4. Au coeur d'une flûte. Se depla.cera dans l'eatl. - 5 . Etirées. - 6 AuraIS c~aud. - 7. Pronom. Propres . ..:. 8: EntraI. - 9. ~ouleur. Office religieux. - 10. AspIrons par la bouche Pronom. . VERnCALEMEIIT : 1. R.endri.ons tranquille. - 2. Enlevait. C0D:JonctlOn. - 3. Apparaissent le matm. Sommet. - 4. Non payés. Pour une adresse. - 5. Etire. - 6. Se dit du hareng. Origine d'une dépêche. - 7. ~ote. De grande taille. - 8. Poches de ! e~to~ac d~s oiseaux. - 9. Professe des Idees hbertalres. Arrêt de la circulation. - 10. Pays haut perché. Possessif. OURROER~ _ ----------______________ ____ Question de créneau Nous avons lu avec attention l'annonce des diverses manifestations retenues dans l'Agenda de Différences pour le mois de juin. Nous avons été très étonnés, pour ne pas dire plus , de constater que la Marche de la Paix du 23 juin à l'appel des Cent, n'y figure pas, pas plus que les différents relais et fêtes de la paix qui ont eu lieu, en province, au cours de ce même mois. Nous comprenons parfaitement que l'action pour « conjurer le péril d'une guerre atomique, contre la course aux armements, pour la désescalade, pour utiliser les crédits dégagés à lutter contre la faim dans le monde » ne soit pas votre « créneau ». Vous avez fort à faire, sur le terrain qui est le vôtre; la lutte contre les préjugés racistes . Cependant, ne pensez-vous pas que Différences pourrait souligner le lien logique entre les deux premières et les deux dernières lettres du sigle MRAP ? Certes, personne n'ose prétendre que la guerre soit une forme de «l'amitié entre les peuples ». Mais pensez-vous que le réarmement à outrance, l'escalade, la guerre froide et le climat qu'elle engendre, fait de méfiance, de mépris pour les autres nations, la désinformation, l'appel à la peur viscérale, à l'irrationnel remplaçant le jugement lucide (toutes choses auxquelles nous assistons ici , en France) soit la meilleure pédagogie dans i'apprentissage de « l'amitié entre les peuples » ? La course aux armements a coûté aux peuples, pour la seule année 1984, huit cent milliards de dollars; cinq cent millions d'être humains souffrent de la faim, quarante millions en meurent chaque année. Ce sont des données qui nous motivent profondément, nous partisans de la désescalade. Elles donnent aussi à réfléchir aux antiracistes que nous sommes. Le MRAP lutte à juste titre pour que tous ceux qui contribuent à faire la France aient des droits, les mêmes, qu'ils soient Français d'origine ou immigrés (droit à la dignité, au travail, au logement, à la formation, droits syndicaux et politiques) , mais ne doit-on pas aussi se poser la question ; les immigrés ne viennent pas en France attirés par la douceur du ciel, mais pour chercher le tra- Différences - n° 48 - Septembre 1985 vail qu'ils ne trouvent pas chez eux . Pour ce faire, ils subissent mille déchirements, ils endurent mille épreuves. Emigrer ou non n'obéit pas à un libre choix; on peut penser qu'ils préféreraient rester dans leur patrie. Le combat antiraciste ne devrait-il pas inclure aussi dans ses buts le droit, égal pour tout homme, de vivre dans son propre pays (vivre au sens le plus immédiat du terme, manger, travailler) ? Tant d'argent dépensé pourrait être employé à développer les ressources, les emplois dans tous les pays que la faim accable et prive de leurs forces vives, les hommes et les femmes jeunes contraints à l'émigration. En parlant de la Marche du 23 juin, vous auriez fait un scoop journalistique; les médias audio-visuels restent muets et la presse écrite, à de très rares exceptions près, ignore ce qui émeut tant de gens de ce pays. 0 Le comité de Paix du 11' Paris. Mauvais chemins J'ai appris que les hommes étaient tous semblables, j'avais appris que les citoyens étaient tous égaux, sans aucune distinction , égaux en droits et en devoirs. L'humanisme et la science nous ont démontré l'unité du genre humain, allant même audelà jusqu'à l'unité de tout ce qui vit. Aussi, quelles ne furent pas ma tristesse et ma déception après avoir pris connaissance, d'abord de l'intitulé de votre publication , Différences, puis à la lecture de quelques articles, de sa théorie de la différenciation, laquelle va à l'encontre des principes républicains les plus fondamentaux. On a vu en certaines époques dramatiques comment certains agissaient, au nom de la différence précisément, et on voit encore aujourd'hui dans des pays comment certains procèdent en différenciant. Je ne mets pas en doute votre sensibilité et vos qualités de coeur, car j'apprécie ceux qui, comme vous, con jugent le verbe aimer, mais permettez-moi de vous dire que, pour rendre la société toujours plus digne de l'homme, vous vous trompez de chemin. Prenez conscience des grands acquis de l'histoire, qui nous enseignent qu'il vaut toujours mieux unir que différencier. 0 Gérard VIVIANI Engins En manque Voilà enfin que je trouve le temps de régler toute une série de choses en suspens, comme mon abonnement à Différences! Il est vrai que je commençais à être « en manque », après trois mois d 'interruption d'abonnement! En effet , nulle part ailleurs que dans Différences on trouve des articles consacrés à ces problèmes de coexistence, dans notre pays , de toutes ces cultures, de tous ces modes de vie qui font la richesse de la France, mais qui parfois sont, hélàs ! à l'origine de certaines tensions. Peut être amenée à fàire régulièrement, dans mon activité professionnelle, des revues de presse (quotidiens, hebdos" .), je peux vous assurer qu'en dehors de certaines « campagnes », comme celle en cours pour sponsoriser SOS-Racisme, aucun magazine ne fait une place suffisante aux questions de fond qui sous-tendent les problèmes du racisme. Sans Différences, on perd pied dans la lutte antiraciste , qui est avant tout une lutte passant par la discussion, la conviction et donc l'argumentation. D Chantal LABRUYERE Aubagne Les Petites fu1nonces de Différences Agence photo recherche tous documents photographiques sur l'Afrique. Tél. : (1) 259 .71.78. n° 86 Foyer d'accueil féminin cherche objecteur, de préférence connaissant milieu migrant et associatif. Ecrire foyer CSTIS, 14, rue de la Gare, 73000 Chambéry. n° 87 Chanteuse en herbe cherche musiciens( ennes) rock pour travailler ensemble. Ecrire au journal qui transmettra. n° 89 Jeune homme, CAP employé d'assurances et 1« partie brevet professionnel , 5 ans d 'expérience dans agence AGF d'Abidjan, recherche emploi, correspondant si possible à sa qualification. Ecrire au journal qui transmettra . n° 88 Jeune portugaise, étudiante en philosophie, recherche une famille « au pair » à compter du mois de septembre et pour une année scolaire. Ecrire au journal qui transmettra. n" 89 A vendre, belle édition du Littré en quatre volumes , édité par l'Encyclopaedia universalis, jaquette crème. 1 500 F. S ' adre sser au journal qui transmettra. n° 90 Cherche appartement 3 pièces, Paris XVIII' - XIX' - XX' - XI'. Ecrire au journal qui transmettra. n° 91 Une petite annonce dans Différences, c'est facile, c'est pas cher et ça peut rapporter gros. Du haut de ces pages, 20000 paires d'yeux vous contempleront. Profitez-en. Tarif: 25 ... T.T.C. la ligne (26 signes ou espaces) Texte et règlement à Différences: 89, rue Oberkampf 75011 Paris Tél. 806.88.33 Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient d'une insertion gratuite par an (maximum 5 lignes) L 1 1 U . _1 1 1 1 1 1 1 1 __ LJ_ LL.-Ll_L.l.-L-..LJ LCharles 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)-L! -L~~LI~I_~-L-L~~I-LI~I~-L.~~L-LJ~~I~ l .12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)CharlesI.-LICharles 12 janvier 2012 à 18:10 (UTC)I~I -LI -L~L-~~-L~I J L--'---L----~-J---L.-.l.......--L-..J..I --L _L -LJ.--,---,---I.....-'---.!.-.J -l.....---l.........L..-J1 L 1 1 1 1 1 1 J x-- GENOA ________________________________ ~ Année de l'Inde : musique et expos. _EPTEMBRE 12 Conférence-débat Etre juü en RDA, suivie d'un concert, au Centre culturel de la RDA, 117, boulevard SaintGermain, 75006 Paris, à 20 h 30. Avec M. Helmut Aris, président de l'Association des communautés juives en IR:DA et M. Pieter Kirchner,pt ésident de la Communauté juive de Berlin. Le double quatuor du Choeur synagogual de Leipzig exécutera de la musique religieuse et folklorique yiddish dirigée par Helmut Klotz. Entrée gratuite. 0 14 et 15, le MRAP et Différences sont à la Fête de l'Humanité, au parc de la Courneuve (angle avenue du Rhône et avenue du Tarn), près de la scène de l'Espace Midi , où se déroulera le 14, de 18 heures à minuit, un concert pour Nelson Mandela, avec Manu Dibango, Max Roach , Bernard Lubat, Eddy Louiss et Salif Keita. 0 19 A 20 heures, meeting de la SWAPO à la Bourse du travail, 85, rue Charlot, 75003 Paris, pour la commémoration de la Journée internationale de solidarité avec le peuple de Namibie . D 21 et 22, France Musique d'ailleurs, festival et colloque, au parc de la Villette. A notre porte, l'Afrique, l'Asie, l'Europe et les Amériques. Rens. : MJC, rue JohnstonReckitt, 91130 Ris-Orangis . Tél. : (6) 906.30.95. 0 21 Festival mondial des théâtres de marionnettes à Charleville-Mézières. Trentecinq nations sont représentées dans toute la ville, de 10 heures à 24 heures, jusqu'au 29. Rens. : B.P. 249, 08103 Charleville-Mézières. Tél. : (24) 33.24.22. 0 25 Manifestation devant l'ambassade d'Afrique du Sud, 59, quai d'Orsay, 75007 Paris (métro Invalides). Cette manifestation se déroule le dernier mercredi de chaque mois. 0 25 Le groupe de Montreuil d'Amnesty International présente, à 20 h 30, un film de Carlos Saura, les Yeux bandés. Ce film, visible au studio Berthelot (rue Marcellin-Berthelot à Montreuil, métro Croix-de-Chavaux), sera suivi d'un débat sur les violations des droits de l'homme dans le monde, auquel participeront exilés et personnalités diverses. 0 26 Le CREAF organise, dans le cadre de l'année internationale de la jeunesse, et jusqu'au 29, un forum sur le thème Un autre regard pour la relation éducative, à Cahors. Rens. : Centre de recherche et d'échanges de l'association Fontenay, B.P. 125,75825 Paris Cedex 17. Tél. : (1) 766.44.22. 0 26 L'Association pour le jazz en Seine-et-Marne présente le 2' Festival de jazz et musiques improvisées, jusqu'au 12 octobre. Rens. : bureau du Festival, ancienne ferme du Buisson à Noisiel, 77420 Champs-sur-Marne. Tél.: (6) 005 .64.87. 0 28 A partir de 20 h 30, débat sur le système de communication en Afrique (Angola), organisé par l'Association africaine d'expression portugaise en France, au 20, rue des Panoyaux, 75020 Paris. Rens. : (1) 357.91.88. 0 28 Jusqu'au 28 novembre, l'association Le Triangle d'ébène: code noir, esclavage et mémoire nantaise organise diverses manifestations dans Nantes et ses environs, invitant le public à repérer les lieux liés à l'histoire de Nantes à l'époque où cette ville pratiquait la traite des Noirs. Rens. : 21, avenue de La Motte-Picquet, 44100 Nantes. Tél. : (40) 89.74.96. 0 30 Réunion d'information pour toute personne désireuse de prendre des cours de yiddish, à 19 heures, organisés par le Mouvement juif progressiste, 14, rue de Paradis, 75010 Paris, 1" étage du fond de la cour. 0 2 Tous les jours, à 14 h 30, jusqu'au 20, le cinéma australien pour les jeunes, à la salle Garance du centre GeorgesPompidou. Des films inédits en France, inspirés par l'histoire du peuplement de l'Australie . 0 5 Jusqu'au 27, sessions du Séminaire national de formation de formateurs en langue berbère, sous la direction de Yahia Djafri, à Créteil, Paris et Saint-Ouen. Rens. : ABRID-A, 14, rue Ambroise-Croizat, 93400 Saint-Ouen. Tél. : (1) 223.58.22. o Il Jusqu'au 25 , Festival de la francophonie en HauteVienne et à Limoges, dans les théâtres, gymnases et salle des fêtes des différentes villes du département. Des troupes du Congo, Côte d'Ivoire, Burkina _TENCORE VOYAGES. L'association Culture et Liberté Hérault propose : 3 semaines au coeur de la réalité quotidienne, du 8 au 29 novembre en Guadeloupe et fin décembre/début janvier 1986 au Burkina Faso . Rens.: Culture et Liberté, 6, chemin des Prés-de-la-Ville , Aniane , 34150 Gignac. Tél.: (67) 57.79.10. 0 Le CEVIED (Centre d'échanges et de voyages internationaux pour études et développement) propose pour cet automne et cet hiver des voyages en Algérie, Egypte, Tunisie, Inde, Sénégal, Colombie, Cameroun. Rens. : CEVIED, 8, quai Maréchal-Joffre, 69002 Lyon. Tél. : (7) 842.95. . 0 L'ANNEE DE L'INDE. A la Maison des cultures du monde, 101 , boulevard Raspail, 76006 Paris. Tél. : (1) 544.72.30. Septembre: les danses tribales ; les danses des Nagas (Nagaland) . Octobre et novembre: les marionnettes

les marionnettes de

Yakshagana (Karnataka); les marionnettes d'ombres : Tolu Bomalatta (Andhra Pradesh), Kathpudi (Rajasthan) , Chhater Kothli (Tamil Nadu). Décembre 1985 et janvier 1986 : danses Chhau: le Chhau de Mayurbbhani (Orissa); Thang Ta (Manipur) ; le chhau de Puruba (Bengale) ; le Chhau de Seralkeila (Bihar). Ailleurs: Festival du cinéma indien, du 25 septembre au 25 octobre, à la salle Garance du Faso, Haïti, Canada, Belgique et France se produisent, ainsi que des conteurs de Tunisie, Mali et Occitanie. Rens. : Centre dramatique du Limousin, 12, rue Mandonaud, 87000 Limoges. Tél. : (55) 33.35.78. 0 15 Rencontres Cinéma et monde rural, avec un panorama de films récents traitant du monde rural , ainsi que des projections du cinéma rural d'Afrique noire francophone, jusqu'au 22. Rens. : 11, rue Lacoste, 15000 Aurillac. Tél. : (71) 64.32.41. 0 17 A 20 h 30, jusqu'au 27, sous le chapiteau de la Pépinière , se déroule le Nancy Jazz Pulsations, avec Sarah Vaughan, David Murray, Paul Personne, de la musique andalouse et un concerto pour jazzband et orchestre de Rolf Lieberman. Rens. : Nancy Jazz Pulsations, B.P. 711, 54008 Nancy Cedex. Tél. : (8) 335.40.86. 0 centre Georges-Pompidou. Musiques et danses classiques de l'Inde, du 17 au 29 septembre, au théâtre du Rond-Point. Pour plus de renseignements concernant les différents spectacles, s'adresser à l'Association française d'action artistique, 45, rue Boissière, 75116 Paris. Tél. : (1) 544.82.05. 0 LES ANTILLES. Un beau livre sur la vie aux Antilles, qui tourne le dos au doudouisme. 105 F, frais de port compris. A commander à M. Jean Decosse, 24, rue des Amandiers, 37000 Tours. 0 DU SAKE AU SUMO. Tenter de comprendre un peuple en se penchant sur sa mythologie et son histoire, tel est le propos du feuilleton documentaire: Japon

le rêve et l'histoire. Sur le

ton du conte, Jean Antoine nous fait pénétrer dans l'archipel nippon créé, dominé et protégé par les esprits supérieurs, les « kami ». Au pays du soleil levant, le culte des kami, le shinto et le bouddhisme cohabitent dans une parfaite harmonie. En revanche, les tentatives d'évangélisation des jésuites portugais se sont achevées dans le sang. Découvrez que le saké est un alcool divin ; le sumo, à l'origine, une cérémonie rituelle de passation de pouvoirs , le kemari l'ancêtre du football. Cette série comporte cinq émissions diffusées tous les lundis à 22 heures sur Antenne 2 à partir du 9 septembre et jusqu'au 7 octobre. 0 Agenda réalisé par DANIELE SIMON !/f- ,'1 Voici la suite de notre conte antillais. La Bleu, le beau poisson, . r/~;: console Totoye, la petite fille triste. Mais Ibo, son frère, est cuneux':.:: . oz C%: ~

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Notes

<references />

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