Différences n°36 37 - septembre 1984

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Sommaire du numéro

n°36-37 de septembre 1984

  • La tentation néo-fasciste en France par Joseph Algazy [extrême-droite]
  • La véritable histoire d'un professeur dont les élèves étaient racistes par Laurence Chambor
  • Du verlan au basic: l'entrée de l'informatique dans nos banlieues par Fausto Guidice
  • Dossier: Israël, vie quotidienne par Claude Benarés [moyen-orient]
  • L'été de nos théâtres par Daniel Chaput
  • La star du blues: rencontre avec Luther Allison par Stéphane Jakin
  • Un certain regard sur la terre entière: les films de la rentrée par J.P. Garcia, Y. Thoraval
  • Rétablir la vérité: le point après le score de l'extrême-droite aux Européennes par Albert Levy
  • Les tribulations d'un jésuite en Chine par J.L. Sagot-Duvauroux
  • La parole à Adelita Requena

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Une somme irremplaçable d'arguments pour répondre aux « évidences » du racisme, tout ce que vous devez savoir sur les différences .... Je commande: Les réponses de neuf scientifiques de toutes disciplines. 80 pages, 35 F + 8 F de port. Toutes les interventions, les débats, le sondage des Assises contre le racisme. 80 pages, 40 F + 8 F de port. ... exemplaire (s) des actes du Colloque ... exemplaire (s) du compte-rendu des Assises Au delà 'de 10 exemplaires, prix respectifs de 30 F et 35 F. Nom: .. . ...... . .... . ... Prénom: . .. .............. . Adresse: ...... . ................. . ................. . Bulletin dûment rempli à retourner accompagné d'un chèque à: Editions Différences, 89, rue Oberkampf, 75011 Paris. 2 DIFFÉRENCES ET I~ÉGALITÉS Actes du colloque 10 décembre 1983 Palais du Luxembourg Editions 'DIfférences .... ----Editions 1ifférences - ---..... J 1


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Magazine créé par le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), édité par la Société des éditions Différences. 89, rue Oberkampf 75011 PARIS Tél. : (1) 806.88.33 f)JRECTEVR DE LA l'VBLICATION Albert Lévy RÉDACTION Rédacteur en chef Jean-Michel Ollé Secrétariat de rédaction/maquettes: Véronique Mortalgne Service photos: Abdelhak Senna ("ulture: Daniel Chaput Relations extérieures: Danièle Simon ADMINISTRA TION/GESTION Khaled Debbah PROMOTION/ VENTES Marle-Jeanne Salmon ONT PARTICIPÉ A CE NVMÉRO : Joseph ALGAZY, Dolorès ALOIA, Julien BOAZ, Laurence CHAMBOR, Claude FERRAN, Jean-Pierre GAR(" lA, Fausto GIVDICE, Catherine HELBERT, Claude HÉNARÈS, Pauline JACOB, Stéphane JAKIN, Claude WORHANGE, Robert PAC, Jeanrouis SAGOT-DVVAVROVX, Yves THORA VAL. ABONNEMENTS 1 an : 150 F; 1 an à l'étranger: 180 F ; 6 mois: 80 F. Ftudiants et chômeurs, 1 an : 130 F, 6 mois: 70 F (joindre une photocopie de la carte d'étudiant ou de la carte de pointage). Soutien : 200 F ; .~bonnement d'honneur: 1000 F. Vente à l'étranger: Algérie 14 dinars, /Jelgique 140 FB, Canada 3 dollars. Maroc 10 dirhams. PUBLICITÉ ~U JOVRNAL Photocomposition - photogravure impression: c.P. Paris Commission paritaire n° 63634, ISSN 0247-9095. Dépôt légal : 3177 PHOTO COVVERTVRE : L'atelier in formatique de La Courneuve Abdelhak SENNA Ce numéro contient un encart numéroté 1 à VIII entre les pages 22 et 31. !SOMMAIRI/ SEPTEMBRE POINT CHA VD---------------------------------------ES La tentation néo-fasCiste en France Un historien israélien se penche sur le passé de l'extrême-droite française. Joseph ALGAZY ACTUEL--------------------------------------11 La véritable histoire d'un profes.eur dont les élèves étalent racistes. Ce qu'il y a dans nos chères têtes blondes. Laurence CHAMBOR RENCONTRE-------------------------------------------------------------------1Ei Du verlan au basic L'entrée de l'informatique dans nos banlieues: miracle ou mirage? Fausto GIUDICE DOS~ER-----------------------------------------------------111 Israël, vie quotidienne Un voyage au pays des contradictions. Claude HÉNARÈS CULTURES-------------------------------------32 L'été de nos théâtres Le tour de France des festivals. La star du Blues Une rencontre avec Luther ALLI SON Un certain regard sur la terre entière Les films que vous verrez à la rentrée Daniel CHAPUT Stéphane JAKIN Jean-Pierre GARCIA, Yves THORA VAL RÉFLEXION-----------------------------------------------------------~() Rétablir la vérité Le point après le score de l'extrême-droite aux Européennes Albert LEVY HISTOIRE-------------------------------------42 Les tribulations d'un "'ésulte en Chine Un curieux exemple d'interculturalité. Jean-Louis SAGOT-DUVAUROUX LAPAROLEA--------------------------------------------------------------~-~ES Adellta REQUENA « L'amour doit être plus fort que la haine» Et toujours ... Le mois, l'agenda, l'humeur, le courrier, les petites annonces 3 Je m'abonne à Différences, o 130 F (1 an) o 80 F (6 mois) o 200 F (soutien) NOM __________________________________ __ Prénom Ad~s~ __________________________________________________________________________ __ Code postal _____________________ Commune __________________________________________ _ Profession ________________________________________________________ ----'--,. _ ---------______ -'--'~ Bulletin dûment rempli accompagné d'un chèque à retourner à : Différences (Service Abonnements), 89 rue Oberkampf, 75011 PARIS. Abonnement 1 an : étranger: 180 F ; chômeur et étudiant: 130 F. DIF.36·37 4 CHERS LECTEURS « C'est pas pour me vanter, mais qu'est-ce qu'il fait beau aujourd'hui », disait Groucho Marx dans je ne sais plus quel film. Nous vivons le temps des nouveaux Groucho. Cet été, à Cannes, un jeune homme tranquille, qui aime bien sa logeuse et lui rend quelques services. Mais ne voilà-t-il pas qu'elle fricote avec des associations de déportés ? Donc elle est juive. Donc je la tue. A Belle-He, des jeunes gens viennent en vacances. Mais n'arriventils pas de ces banlieues sanglantes dont on parle dans le journal ? Donc c'est des délinquants. Par conséquent des Arabes. Donc on les pourchasse à travers l'fie pour leur faire leur fête. A Rouen, des gens font du bruit dans un immeuble. La police vient faire cesser le tapage. Mais les gens du premier, c'est pas des pédés ? Donc c'est eux qui nous ont dénoncés aux flics. Donc on descend les torturer toute la nuit. C'est ça, la nouvelle logique, l'ordre nouveau des choses. Mais, bon sang, comment n 'y avons-nous pas pensé plus tôt ? H le dit bien, Machin, dans le poste: il y a la crise, donc il faut virer les immigrés. A ma gauche, la crise : c'est facile à voir, même quand on n'a rien demandé, on finit par se cogner dedans. A ma droite, les immigrés: facile aussi, c'est tous les pas-blancs, ceux qui, toute l'année, ont l'air de revenir de la plage. Les juifs, c'est plus dificile, mais ces choses-là, allez, ça finit toujours par se savoir. Entre les deux, donc. C'est pas pour me vanter, mais les immigrés donc la crise. Allez donc, il est encore temps de réécrire Descartes: Le Pen, donc je fuis. D 1iHérences 5 rpBINT CHAUD' - Attention, futur - LA TENTATION NEO-FASCISTE EN FRANCE , C'est le titre de l'ouvrage de Joseph Algazy, historien, secrétaire général de la Ligue des droits de l'homme ·en Israël. Edifiant. Différences: Vous avez limité votre étude du néo-fascisme en France à la période 1944-1965 •.. Joseph ALGAZY: Ce n'est · qu'un début. J'ai fait un rapide survol de la période avant la Libération, ou plutôt, pour eux, la défaite. Je voulais souligner les antécédents, les précédents. Ensuite, j'ai suivi le rythme des grandes occasions qui se sont présentées au fascisme. La guerre froide qui lui permet de se montrer à nouveau: l'alliance an ti-nazie a craqué, les puissances s'affrontent, et la France prend sa part de ce combat. On voit réapparaître Charles Lucas, Pierre Sidos, etc. Viennent ensuite la crise d'Indochine et les lendemains de Dien Bien Phu, la crise de Hongrie, puis la décolonisation, autres conjonctures favorables. Enfin la guerre d'Algérie et l'OAS, la meilleure de toutes. La paix en Algérie a inauguré des années maigres pour le fascisme, jusqu'en 1965, date de la fin de mon étude. J'ai travaillé d'une façon toute particulière

je ne voulais pas cerner la tentation

fasciste en France à partir de ce qu'on reprochait aux divers mouvements, mais de ce qu'ils disaient d'euxmêmes. Je leur donne longuement la parole. On me l'a d'ailleurs reproché: leur donner la parole, reprendre leurs écrits, n'était-ce pas leur faire de la publicité? Je crois avoir fait mon devoir d'historien: il vaut mieux bien connaître ce que l'on a à combattre, et raconter le fascisme à ceux qui douteraient de son existence. Différences: Pour la période que vous étudiez, la décolonisation ne donne-telle pas une nouvelle tonalité au racisme fasciste? Ne s'accompagne-t-elle d'un recentrage de la cible en direction du Tiers-Monde? Joseph ALGAZY: Pour moi, le fascisme est un microbe. Marginal aujourd'hui, demain, après-demain, certes : il est endormi. Seule une conjoncture particulière le réveille : une situation de crise. Ça peut être la décolonisation, ou des problèmes économiques ou sociaux. Qu'il vise les immigrés ou les juifs importe peu, ce qui le fait avancer, c'est la crise. Dans ma conclusion, je dis : « Le fascisme n'est pas une réponse partielle, il se veut la réponse totale à une société désintégrée qui se cherche une issue non dans son activité propre, non dans la résolution de ses contradictions, mais dans l'indifférence et la soumission à une force qui veut lui imposer l'union par la violence ». Le fascisme ne peut en aucun cas réussir dans une société qui le combat. L'exemple français est, à cet égard significatif. La guerre d'Algérie et l'OAS ont été d'excellentes occasions pour les fascistes, elles ont levé des espoirs chez eux à la mesure des inquiétudes de leurs adversaires. Heureuse- 6 ment, crainte ou espoir, tout le monde s'est trompé. Différences: Si le fascisme est un microbe, est-il en germe dans toute société du XX· siècle? Joseph ALGAZY : Toute société, c'est trop large pour moi. C'est dans une société de capitalisme monopoliste que toutes les conditions sont réunies. Dans l'immédiat, je ne peux voir de fascisme sans la complicité des médias. Imaginez ce qu'auraient été Mussolini et Hitler sans la radio. Depuis 1945, le fascisme reste très conscient de sa faiblesse. Les différents mouvements visent l'européisation, l'internationalisation par le jeu des alliances. Le revers de la médaille, c'est que dans chaque pays les mouvements sont très divisés. Heureusement pour nous, le fascisme, depuis la guerre, n'a pas réussi en France à se trouver de leader. Depuis Doriot, il n'y a pas eu de personnage ayant une stature suffisante pour faire l'unité. D'où les querelles de chapelle, et la course aux alliances avec des mouvements étrangers pour se donner plus de poids face aux concurrents. Les tactiques changent. Aujourd'hui, ils cherchent à s'insérer dans la droite traditionnelle ou font de l'attentisme. Prenez les intellectuels néo-fascistes d'aujour?' hui : ils cherchent à investir les grands Journaux, les médias, à préparer des cadres. Ils se montrent très intellectuels, ouvrent des clubs, cherchent à se donner une certaine respectabilité: «Nous sommes des intellectuels, nous analysons les choses, nous ne sommes pas violents comme Fredericksen (1), etc.» c'est de l'attentisme, de la préparation en attendant la conjoncture favorable. Je crois qu'en plus, ces gens ne croient plus à l'action visible du genre de la F.A.N.E. (1). Alors ils fondent des clubs ... Différences: Vous faites, pendant cette période, un portrait peu flatteur de Jean Marie Le Pen. Joseph ALGAZY : Ce n'est pas moi qui le fait, c'est lui qui se présente. Je l'ai longuement rencontré. Je cite d'ailleurs certains de ses propos. A ce moment-là, son idole, c'était Pinochet, qu'il m'a longuement vanté. Différences: On ne trouve guère d'allusions au passé de résistant que Jean Marie Le Pen se targue d'avoir ... Joseph ALGAZY: Lui, résister? C'était un gosse! Non, il a seulement été pupille de la Nation parce que son père est mort dans un bateau coulé par les Allemands. Le Pen n'a rien fait. Ensuite, il s'est choisi l'itinéraire qu'on lui connaît. Je ne lui donne d'ailleurs aucune épithète, les faits parlent d'euxmêmes. Et j'ai beaucoup de choses en réserve sur lui, pendant la période étudiée, et plus tard. Je raconterai quand je publierai leS documents. J'ai simplement mis dans le livre, pour l'extrême fin de la période, le placard publicitaire de la S.E.R.P., sa société d'édition: on y trouve les Voix et chants de la révolution allemande, 1933-1939. Vous voyez de quelle révolution il s'agit. Différences: Le Pen dit qu'il publie aussi des chants israéliens ..• Joseph ALGAZY: Il pourrait publier des chants de la Commune que ça ne changerait rien au problème. Ceci n'excuse pas cela, et les nombreuses années passées à publier des chants fascistes et nazis. Dans cette période là, c'était Europe Action qui était en pointe, avec Dominique Werner, et Patrice Laroche, alias Alain de Benoist. Je donne de longues citations de leurs éloges, ouvertement racistes, de l'apartheid. C'était avant la loi de 1972. Pour finalement répondre à votre première question, pourquoi ressortir tout cela, cette période somme toute ancienne? Un historien fouille le passé avec les préoccupations de son temps. J'ai travaillé sur le fascisme, je suis sûr que d'autres chercheurs travaillent sur, je ne sais pas, l'inflation au Moyen-Age! Le fascisme a un passé, c'est certain. Je constate qu'il a un présent. Qui nous dit qu'il n'a pas d'avenir? (2). (1) Leader de la F.A.N.E., mouvement néo-nazi français qui a été dissous. (2) La tentation néo-fasciste en France, 1944-1065, Ed. Fayard. 1500000 COM ll 61fti l (~(ul() n TRADITIONS. Joseph Algazy cite dans son livre, et reproduit, cette affiche, publiée en 1964 par un mouvement néo-fasciste. Le 19 septembre 1982, à la Fête du Front Na!ional, elle était encore en vente au stand des Rapatriés. On avait simplement un peu « actualisé» les chiffres. A l'extrême droite, on est très conservateurs •.. 7 FLASH MORT D'UN BON FRANCAIS. Chil est mort. Chil Kozlowski, un de ces noms d'Europe centrale impossible à imprimer sans coquille. D'ailleurs, tout le monde disait Chi!. On n'entendra plus, dans les couloirs de Différences, l'irremplaçable accent yiddish de Chil, émigré de Pologne en 1931. La dernière fois que je l'ai vu, il venait nous porter une lettre pour le courrier des lecteurs, que nous avons publiée en mai. On ne parle pas de tous les Chil dans les livres d'histoire, des milliers d'étages qu'il a montés pour collecter de l'argent pour cacher les enfants juifs pendant la guerre, pour lutter contre le racisme pendant la paix. Sans quelques Chil, Différences n'aurait jamais existé. Chil, Koslowski, c'est l'honneur obscur de notre pays. J.-M. O. COCORICO. 27 médailles, c'est, tout le monde le dit, un résultat encourageant pour l'avenir du sport en France. Parmi les athlètes qui nous les ont données, tous ne s'appellent pas Dupont ni Lajoie ; on trouve aussi des noms polonais, italiens, maghrébins. Et comme elle était bigarrée cette équipe de France de football qui écoutait si fièrement la Marseillaise vibrante qu'elle avait méritée ! Au même moment en France, on organisait une chasse aux immigrés à Belle-Ile et on proposait des quotas pour étrangers dans des campings du Pas-deCalais. Vous qui gueulez « les Français d'abord ), pourquoi ne proposez-vous pas un seuil de tolérance et un quota pour ces médailles que les « Métèques ) ont l'outrecuidance de donner à la France ? François Grémy, Président du MRAP CONNUS COMME LES LOUPS GRIS. Le foyer culturel turc de Mulhouse s'est avéré abriter un groupe de militants turcs d'extrême droite connus sous le nom des « Loups gris». Ils étaient chargés par le consulat de la surveillance et de la dénonciation, voire de l'assassinat des démocrates turcs en France. Convaincu de diverses violences dans la région, il a été dissout. lE MBIS Rififi au Liechtenstein Par 2 370 voix contre 2' 250, les électeurs de la principauté du Liechtenstein accordent le droit de vote aux femmes. Le Liechtenstein était le seul Etat en Europe à refuser le droit de voter et d'être élues à ses citoyennes. Le suffrage féminin avait été repoussé à deux reprises par le passé, en 1971 et 1973. (1er juillet). La brèche Dans une lettre adressée à tous les candidats français aux élections européennes, à l'exception de ceux du Front National, le MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples) les invite, pendant leur campagne, à « contrecarrer les idées fausses concernant l'immigration » et à « dénoncer avec vigilance toutes manifestations d'intolérance, ancienne, récente ou actuelle envers certaines composantes de notre société ». La lettre du MRAP souligne par ailleurs, que « de récents scrutins, notamment les municipales françaises de mars 1983, ont montré la possibilité et le danger de l'utilisation de thèmes racistes dans l'argumentation et les propositions de cer- . tains candidats ». (5 juin). En dépit d'un taux d'abstention particulièrement élevé (41 0,10 environ), le paysage politique français est bouleversé par ces élections européennes. Le Front national pulvérise les sondages et sa percée, Il %, le situe à quasi égalité avec le PCF. Aucune majorité électorale ne se dégage du scrutin, sauf à additionner les suffrages de l'opposition parlementaire et ceux de Le Pen. La gauche est, elle, clairement minoritaire. (17 juin). Dans un communiqué, intitulé «Les apprentis-sorciers» le MRAP déclare : « L'importante poussée du Front National aux élections européennes, confirme les inquiétudes et les avertissements exprimés dans la dernière période par notre mouvement. Lourde est la responsabilité de ceux qui, à des fins politiques, ont banalisé les thèmes xénophobes de l'extrême droite, soit en les prenant à leur propre compte, soit en s'alliant avec elle, lui offrant ainsi une caution d'honorabilité, masquant le danger raciste et annihilant la vigilance des électeurs qui l'ont suivie. Le MRAP appelle les démocrates à se mobiliser pour développer dans le pays une réflexion approfondie, un mouvement réaliste et généreux susceptible de faire renaître entre Français et immigrés un climat de compréhension plus conforme aux traditions et aux intérêt nationaux ». (18 juin). Pour le bien des petits La mairie de Paris exige la présentation des titres de séjour pour inscrire en maternelle les enfants d'immigrés. Assen vient d'avoir ses trois ans . Ivresse d 'être enfin un « grand». En septembre, il ira à l'école. Du moins, c'est ce qu'il croit. Le papa d'Assen est algérien. Circonstance aggravante, ils habitent à Paris. Comble de malheur, le permis de séjour de dix ans du père arrive à expiration au printemps 1985. A la mairie d'arrondissement, on refuse d'inscrire l'enfant à la maternelle, pour des considérations pédagogiques , imparables: si, par hasard, le permis de séjour du papa d'Assen n'est pas renouvelé, la scolarité du petit risque d'être perturbée. Le père a eu beau expliquer qu'habitant la France depuis vingt ans, le renouvellement de son permis de séjour ne fait aucun doute, l'administration se montre intraitable: l'équilibre des enfants c'est sacré. « Pour le bien des petits» osent plaider les services de M. Chirac. Pour l'école, Assen repassera. (27 juillet). L'odieux et la haine Si l'on en croit les policiers, l'affaire est claire. Henriette Cerf, 75 ans, a été tuée à coups de couteau parce qu'elle était juive ou en rapport avec des organisations juives. «Son meurtrier Raynald Leykens nous l'a avoué », explique un commissaire du SRP J de Cannes. « Il a reconnu sans difficulté. qu'il ne portàit pas les Sémites dans son coeur. Et, manifestement, chez lui, dans son comportement et ses habitudes, cela se voit ... » Raynald Leykens a 20 ans. Originaire de Lille et jardinier de son état, il travaille dans une entreprise -d'horticulture à Cannes. Petit détail, il adore les tenues 8 militaires et porte en permanence un couteau de plongée à sa ceinture. Henriette Cerf ne s'en est guère souciée et lui a loué, sans diffi- _ cuité, un appartement dans l'immeuble qu'elle habite. Régulièrement Raynald venait voir la vieille dame pour qui il faisait de menus travaux de jardinage. « Un jour », a-t-il raconté aux policiers, « je me suis rendu compte qu'elle était juive », ou plutôt qu'elle était en rapport avec certains mouvements, notamment la section cannoise de l'Union nationale des déportés, internés et familles des disparus. D'ailleurs, Henriette Cerf demandait parfois à son jardinier d'aller lui poster des lettres de cette association. Sans que l'on sache si son geste était prémédité, Raynald a assassiné Henriette. « Il représente un certain danger pour la société» commente le commissaire qui ajoute que Raynald« n'avait pas tout à fait conscience de la portée de ses actes ». (2 août). Dans un communiqué le MRAP déclare : « Le meurtre raciste de Cannes dont vient d'être victime Mme Henriette Cerf révolte la conscience humaine. Au lendemain de l'affaire de Belle-Ile, à la veille du procès de Klaus Barbie, un tel acte, où l'odieux le dispute à la haine, incite chacun de nous à redoubler de vigilance ». (8 août). Solidarité Judéo-Arabe Un minaret blanc, planté dans le roc, semble retenir les centaines de petites maisons basses du village d'Oum el Faham, au sommet de la montagne. Ce gros bourg de 25 ()()() habitants où le rabbin Meir Kahane, député de la liste ultra-nationaliste Kach, se propose d'ouvrir prochainement son premier bureau d'émigration pour « encourager» les Arabes d'Israël à quitter le pays. Ici, on prend très au sérieux les menaces du rabbin «fasciste », qui annonce publiquement sa volonté de nettoyer ce « nid de vipères ». Bien que « la folie Kahane » soit le grand sujet du jour dans les ruelles campagnardes du village, pas de sacs de sable au coin des rues, pas de milices d'autodéfense qui patrouillent. « Notre meilleure auto-défense, pour le moment, est notre campagne de presse pour alerter l'opinion publique israélienne» disent les élus de la municipalité. La levée de boucliers contre la formation raciste du Kach commence a être générale. Le cons'eil- 1er juridique du gouvernement, le professeur Yitzhak Zamir assure les dirigeants d'Oum el Faham qu'il demandera à la onzième Knesseth de voter une loi contre « l'incitation à la haine raciale ». La direction de la radio et de la télévision, prend des mesures pour «filtrer» les appels au meutre du rabbin Kahane. Le syndicat des enseignants décide de fermer les écoles aux militants du Kach. (2 août) Près de 20 000 personnes répondent à l'appel d'une grande manifestation populaire, antiraciste. « Les juifs qui sont venus nous soutenir sont l'honneur de la démocratie israélienne », confient les passants avec émotion. (4 août) Le député Vair Tsaban (Mapam), évoque Mussolini et les débuts du fascisme italien. « En 1919, lors des dernières élections libres en Italie, les fascistes italiens n'ont même pas pu obtenir un siège sur 357. Pourtant, en 1922, la moitié de l'Italie était derrière Mussolini. Souvenons-nous des leçons de l'histoire ». « Lefascisme et le racisme sont nés de l'occupation et de la répression », (en Cisjordanie et Gaza) crie Meir Vilner, le chef du PCI, poing levé. (5 août) Pas-de-Calais, pas d'Arabes Mohamed S., ouvrier, quatre enfants, amène comme à l'ordinaire, sa famille au camping des Noires-Mottes, à Blériot-Plage. Stupeur, la gérante, ce soir-là, au lieu de lui ouvrir la barrière, lui répond très sèchement: «Plus de place, c'est impossible, on ne peut pas vous prendre ». Mohamed S. ne comprend pas, d'autant que juste derrière lui, arrive une famille « blonde, peut être anglaise », qui n'a aucun mal à trouver un emplacement pour y loger sa caravane. «A vec toute sa famille, ils sont repartis à Roubaix », explique un témoin, « Tristes, ça oui, tristes ». De l'autre côté de son grillage, dans la maison qui lui sert de bureau, Madame Debadts, gérante des Noires-Mottes, se défend,· et puis soudain, elle lâche : « Ce sont les ordres du Maire, je n'y peut rien. Fin juillet, il y avait trop de familles maghrébines, il nous a dit de ne plus en prendre. Mais c'est pas agréable pour nous, on se fait insulter quand on le leur dit. C'était indispensable, ils étaient Jeux olympiques de Los-Angeles: le premier Maghrébin de tous les temps à monter sur la plus haute marche du podium ... est une femme, El Moutawakel, aux 400 mètres haies. trop nombreux ». (7 août). Les ratonnés de Belle-Ile Un retour précipité, catastrophique, après une ratonnade en règle qui auraient pu se terminer tragiquement sur Belle-Ile. « Ça non, plus jamais j'irai» dit Rachid, 17 ans. «C'était la deuxième fois que je voyais la mer. Après Dieppe, ce coup-là à Belle-Ile. Même si c'était des vacances à merveille, j'irai plus jamais. On était à deux doigts d'y passer ». Ce sont des vacances à demiorganisées, par l'intermédiaire de la Municipalité de Sartrouville, et qui rentrent dans le cadre des fameux plans « anti-été chaud .}). « Mais ça fait depuis des mois qu'on s'y préparait », explique Rachid. «En mai, on avait acheté du muguet. Et puis, on avait un local où on vendait des boissons pour mettre un peu d'argent de côté ». « Tout de suite, dans l'Île. Les gens nous regardaient d'un drôle d'air ». En fait ce n'est véritablement qu'à la sortie du bal, que commence une effrayante course poursuite, durant toute la nuit. «Ils étaient en voiture, ils allaient partout, et ça c'est sûr ils étaient armés », insiste Rachid. Les sept au départ, filent droit devant eux, direction la plage. « Là, on était coincés et eux nous suivaient. Alors, on a escaladé des rochers et on ne voyait rien. On s'est caché dans les buissons. Mais c'était la peur. On les entendait, ils nous cherchaient. L'un m'avait dit: Toi, tu n'est qu'un bougnoule ; si je te retrouve, je te fais en hachis parmentier ». Au petit matin, ils quittent leurs tentes, et embarquent sur le bateau, protégés et encadrés par la gendarmerie. Le soir même, ils sont de retour au Plateau, à Sartrouville. Une semaine en avance. (29 juillet) « Je ne me soumets pas à la fatalité; je n'accepterai pas qu'un incident nous fasse renoncer au plan de prévention auquel nous croyons ». Déclare Hector Villès, le M. Anti-été chaud de la chan- 9 cellerie dépêché à Belle-Ile. (1er août) De son côté le MRAP s'indigne dans un communiqué « de voir que comme chaque été des jeunes issus de l'immigration, Français' et immigrés, ont été victimes d'actes racistes: des jeunes Maghrébins agressés à Belle-Ile, un enfant cambodgien blessé à coups de carabine à Saint-Denis, un .jeune Algérien poignardé à Rosny-sous-Bois. C'est le triste résultat de ces voix néfastes qui ont attisé ces derniers temps avec complaisance le vent de la discorde et de la haine» (3 août). En vrac L'irréligiosité de l'abbé Chavoutier

l'amour de son prochain,

l'amitié entre les hommes, bref, tout ce que le catholicisme a pu apporter de positif à l'humanité n'est que foutaise pour Lucien Chavoutier, abbé savoyard qui, par l'intermédiaire de son hebdomadaire local, a pu donner libre cours a ses velleités antisémites. Sa victime ... l'entreprise Fusalp (anoraks .... ) dont les difficultés économiques seraient dues, selon notre cher curé, à l'origine juive de la direction. (16 juillet). Lorsque la police confond (volontairement) voie publique et domicile privé, cela engendre des contrôles illégaux. Cet artifice permettait en effet à la maréchaussée parisienne de pratiquer en toute impunité l'une de ses principales activités, la chasse aux immigrés clandestins. Par bonheur la supercherie n'a pu se prolonger plus longtemps. (31 juillet). Il èst dangereux de réclamer une aide médicale à des surveillants en état d'ébriété, qui, de plus, ont une certaine sympathie pour l'idéologie d'extrême droite, surtout lorsque cette demande est formulée par des détenus d'origine arabe. Trois membres du personnel pénitencier de la maison d'arrêt lorientaise ont pu, en effet, satisfaire leurs pulsions xénophobes en tabassant trois détenus dont deux avaient l'épiderme trop coloré. (3 août). . JC1UEl -Symbole- Léonard Peltier Cet Indien sioux, emprisonné depuis huit ans à tort aux Etats-Unis, est au bout de ses forces. Léonard Peltier est enfermé dans le sinistre pénitencier de Marion, Illinois. Depuis huit ans, il clame son innocence. Il n'a tué personne. C'est un prisonnier politique, même davantage

un symbole. C'est un

leader du mouvement indien des Etats-Unis. Léonard Peltier, un Sioux Lakota, est l'un des fondateurs du Mouvement Indien Américain (A.I.M.). Il ~tait à W ounded Knee en 1973, lors du siège de 71 jours face aux Fédéraux, au SW A T (1) et aux forces du F.B.I. En fait, il était dans le collimateur du F.B.I. depuis l'année précédente. Il figurait sur les listes noires du plan Cointelpro, programme destiné à éliminer les leaders noirs et indiens. Le F.B.I. n'avait pu l'emprisonner après Wounded Knee, mais, à la suite d'une provocation des agents du F.B.I. sur la réserve de Pine Ridge, une violente fusillade éclata au cours de laquelle deux agents du F.B.I. et un Indien furent tués. Léonard Peltier fut accusé du meurtre des agents. Il fut jugé à Fargo, au Nord du Midwest, région conservatrice et raciste par excellence, et condamné à deux peines de prison à perpétuité, malgré ses protestations d'innocence. Des preuves détruites Les conditions de ce jugement furent scandaleuses. Prise en compte de faux témoignages, malgré les rétractations de leurs auteurs, refus d'entendre les témoins cités par la défense. Le rapport balistique qui prouvait que l'arme de Léonard Peltier n'avait pu servir au meurtre fut tout simplement escamoté, le rapport des transmissions radio entre les deux agents furent « détruits par erreur ·» par la sténographe, le temps alloué à la défense pour présenter son argumentation fut ramené de deux semaines et demie à un jour et demie ! A tel point que, l'an dernier, cinquante membres du Congrès américain ont demandé la révision du procès. Le 18 avril 1977, après seulement cinq heures de délibérations, le jury, blanc, déclara Léonard Peltier coupable de « meurtre au premier degré avec préméditation» sur la personne des deux agents. Au pénitencier de Marion, il fut enfermé au Control Unit, tant redouté. C'est un laboratoire de modification du comportement où l'on met en pratique les techniques du docteur Edgar Schein. Il s'agit de transformer les leaders noirs, indiens, chicanos, porto-ricains et autres en de véritables épaves, désormais incapables de la moindre révolte. C'est le lavage de cerveau, l'isolement, la privation sensorielle, le « conditionnement opérant de Skinner», l'espionnage, le mélange d'individus, les humiliations, le soudoiement, l'altération du rythme du sommeil, un climat de méfiance et de peur ... Sans oublier la chimiothérapie, valium, librium, thorazine et autres assommoirs chimiques, sont distribués comme des boules de gomme. Quant aux pratiques non officielles... Un récent rapport d'avocats américains en parle comme d'un « désastre pour les droits de l'homme ». A la suite d'une rebellion d'une partie des détenus en octobre dernier, on leur a supprimé le droit de pratiquer leurs religions. Cette mesure frappait plus particulièrement les Indiens : on a confisqué, et surement détruit, les pipes et les sacs de médecine sacrés, les habits de cérémonie, les plumes de prière, les bandeaux, les colliers, les livres, les tambours, les herbes purificatrices. Depuis avril, Léonard Peltier a décidé de mourir. Il ne se nourrit plus. Mais il ne fait 10 pas de grève de la faim, il ne fait pas pression sur l'administration, il ne se suicide pas davantage: il accomplit un acte religieux. Lorsque l'Indien ne peut pratiquer sa religion, celle de ses ancêtres, lorsque ses croyances sont tournées en dérision, lorsqu'il n'y a plus d'espoir de justice, alors le temps est venu pour lui de retourner vers son Créateur. Le jeûne Avec amour, soumission, il lui rend ses dons les plus précieux

son corps, son âme, sa

vie. C'est une tradition de son peuple, ce que fait le vieil Indien qui quitte sa tribu et s'en va mourir à l'écart afin de lui épargner une charge inutile lorsqu'elfe est dans l'épreuve. Cela fait partie de Wo'ope wakan kin, la loi sacrée qui exige que l'Indien retourne dans le coeur du Créateur avant de devenir une larve ou avant de ne plus être en communion avec lui. Ce jeûne mortel est bien un acte religieux qu'on ne peut en principe interdire, en application de la clause de liberté de religion du premier amendement de la Constitution des Etats-Unis. Robert PAC Dernière minute : Hospitalisé à Springfield, Léonard Peltier est contraint de s'alimenter. Il semblerait que la révision de son procès soit maintenant envisagée. (2) (1) SWAT: Unités anti-émeutes; voir « Ghettos et prisons d'Amérique », Cahiers de Droit et Liberté. (2) Les personnes qui veulent participer à l'action pour la libération de Léonard Peltier peuvent contacter Robert Pac au MRAP. Tél.: (1) 806.88.00 -Courage- La véritable histoire d'un professeur dont les élèves étaient racistes « Des petits Le Pen qui se défoulent ? » Où l'on voit que nos chères têtes blondes ne sont pas toujours comme on voudrait qu'elles soient. L , anti-racisme efficace existe. Je l'ai rencontré, puis pratiqué en souvenir de lointaines lectures sur la théorie et la pratique. L'histoire commence ainsi. J'avais vu le dernier film d'Armand Gatti: «Nous étions tous des noms d'arbres ». Il l'a tourné dans un centre d'éducation réellement existant, avec de vrais enfants. A Londonderry, cité pacifique comme chacun sait, des éducateurs de choc essaient de faire coexister des adolescents catholiqueset protestants, futurs chômeurs et combattants. Ils organisent débats furieux et je~x de scène sur le thème : mettez-vous à la place de ceux d'en face. Résultats aléatoires, mais il faut avoir vu cela au moins une fois dans sa vie. Un critique a écrit qu'Armand Gatti était un pervers diabolique qui se prenait pour Bertold Brecht. Pourtant j'étais attirée. Je n'en suis pas encore aux jeux de rôle, n'étant pas Armand Gatti, ni Celestin Freinet. Mais, j'ai/adapté la pièce à ma .petite ville de province, dotée de sa modeste Z.U.P., comme toute ville française petite ou moyenne aujourd'hui. Conditions sine qua non : avoir le coeur 11 bien accroché et éviter la sensiblerie humaniste. Ne pas occulter la triste réalité. Etape numéro un : les Jean-Marie Le Pen en culottes courtes ont clairement annoncé 'la couleur : il faut châtrer tous les Arabes. La vérité sort de la bouche des enfants. Le ton est monté à un point jamais atteint. .. et pourtant! Les collègues d'à côté ont dû apprécier. Une virulence et une violence inouïe. Les Le Pen n'étaient que quatre sur une classe de vingt-deux. Pourtant mon collège est tout ce qu'il y a de plus zonard. Impossible d'en placer une. D'habitude, ce n'est pas mon genre. Les autres élèves écoutaient, certains terrorisés. Les déchaînés ont dit qu'il fallait, pour les empêcher d'égorger leurs moutons dans les belles baignoires des H.L.M. rejeter à la mer tous les immigrés. Etape numéro deux: j'ai soigneusement écrit au tableau leur vocable et leurs propos, Bougnoules en gros. J'ai suggéré, à peine dans un premier temps, que les arguments étaient préférables aux insultes. J'ai eu peur, la majorité silencieuse commençait à employer le mot « Bou- «  ~ /J Ul '~" «Je veux des arguments ... 0 ______ - gnoules, comme ils disent » pour dialoguer (?) avec les monstres. Bref j'ai « choisi» de donner la parole aux petits Le Pen pour qu'ils se défoulent. De toute façon, ils l'avaient déjà prise. Ce ne fut pas un débat provoqué mais induit. Nous étions lancés dans des considérations générales sur la violence, suite aux incursions répétées de loubards dangereux quoique provinciaux dans l'enceinte de l'établissement. Les autres enfants ont vu où les conduisaient les leaders spontanés. Dès que les racistes fiers de l'être n'ont plus eu de souffle, ils ont rétorqué. Heureux produit de l'endoctrinement dès l'école primaire ou d'une éducation bourgeoise libérale libertaire, une fillette, très B.C. B.G. en temps ordinaire, a affirmé très poliment au sous prolétariat local son erreur. Les Algériens, autrefois, ce n'était pas pareil: ils étaient colonisés. Mais elle a failli se mettre en colère à la fin. Le sous prolétariat énervé est buté. Car les quatres déchaînés sont tous issus du néo-sous prolétariat: famille malade, chômeuse et assistée, éclatée. Les parents se sont séparés puis autrement associés dans des conditions invraisemblables. Les enfants se font très régulièrement taper dessus, sont très tôt déniaisés et parfaitement obsédés. Les parents sont convoqués régulièrement par la direction pour répondre des innombrables méfaits de leur progéniture. Ils demandent au principal de partir pour eux à la recherche de leurs conjoints évadés sans laisser d'adresse. ... non des insultes! Le lendemain, étape suivante, fièvreusement attendue par les farouches polémistes. Je ne manque pas une occasion d'appeler les racistes par leur nom, comme ils le revendiquent. Bonne princesse, je précise que tout le monde peut se tromper. Les élèves savent que je ne leur en veux pas de n'être pas de mon avis, ni d'énoncer des âneries téléguidées. J'insite cependant: je veux des arguments et non des insultes. Je précise au passage que j'ai un grandpère inconnu espagnol et un père piednoir. Certains ont compris qu'ils avaient gaffé. A la fin de l'heure, une raciste a craqué. Elle a avoué une mère allemande, une Boche. Du coup, les enfants de Polaks se sont dénoncés, les Youpins aussi. Que de révélations ... Tous les élèves doivent retrouver leur arbre généalogique et vérifier si leur francité remonte à Charles Martel. J'ai signalé l'édifiante brochure du MRAP sur les troubles 12 ascendances d'un pourcentage incroyable de Français. J'affirme imperturbablement que la seconde génération s'intègrera comme auparavant Ritals, Youpins, Polaks et Russkoffs blancs, pour nos grands-parents aussi sinon plus exotiques que les réfugiés économiques et politiques actuels. Je me sers de mon exemple préféré et imparable pour démontrer le léger coup de pouce donné par les métèques au prestige français dans le monde : Noah. Je définis férocement le racisme à l'aide de leur sauvage prestation et d'audacieuses comparaisons. Je pourrais considérer tous les habitants de leur quartier comme perdus dès le biberon. Les élèves sages et non racistes, avec plus de mérite que bien des intellectuels protégés, ont un haut le coeur. Je n'ignore pas que mes propos déformés peuvent très bien atteindre les oreilles chatouilleuses du dit quartier. Mais les enseignants d'aujourd'hui vivent dangereusement. Je précise très politiquement aux élèves que certains soutiennent qu'ils sont plus bête que les enfants de riches ... Indignation ! Tous ne comprennent pas bien mes mots et certains aimeraient bien arrêter de réfléchir au dessus de leur âge. Mais il faut alerter les bébés. Certains pensent comme eux. Des vacances au Maroc La guerre d'Algérie fut aussi une guerre de race. Il est peut-être inutile de recommencer. Demandez à vos papas. Hormis quelques tarés revanchards, les pères ont des chances d'être de mon avis. Je fais savoir que j'ai passé d'excellentes vacances au Maroc, pour oublier mes élèves de l'an dernier. Il est des pays où existe encore le sens de l'hospitalité. J'aime bien le Maroc et les Marocains. Ils en ont conclu que j'étais friquée et ont eu des doutes sur ma sexualité. Mea culpa. J'ai sauvé ma peau en leur promettant de très belles diapos pour Noël, s'ils arrêtaient de me rendre chèvre. Les zonards de choc sont des 6", les têtes des 4". Les enfants d'aujourd'hui sont bizarrement mûrs. Je n'ai pas osé débattre en 3". Une élève est marocaine. A sa place je n'aurais pas supporté. Mais je lui ai prêté une littérature dangereusement extrémiste qui propose de repratiquer le vieux « Liberté», « Egalité», «Fraternité». J'ai transmis l'adresse du comité anti-raciste qui vient de se monter, engueulé la seconde génération pour qu'elle établisse un contact avec les vieux humanistes organisés. Laurence CHAMBOR PREJUIiES - Ecole : la faute aux immigrés ? - ~r Ils font baisser le niveau" 13 Trop d'immigrés dans les usines, trop dans la rue, trop dans les écoles aussi! L'institution scolaire n'a aucune raison d'échapper aux discours d'apparent bon sens qui font aujourd'hui de l'immigration le bouc émissaire de toutes les situations difficiles. Aussi, émergeant d'un discours général sur le «niveau qui baisse» est-il normal qu'outre les sempiternels «c'est la faute... aux profs... aux parents... aux rouges ... à la démocratie ... à l'égalitarisme », on trouve « c'est la faute aux immigrés, les immigrés font baisser le niveau» ! On pourra s'interroger sur l'émergence d'un tel discours alors que depuis plus de dix ans le nombre d'enfants étrangers dans les écoles est resté stable et avoisine les 7,50 070. Il constitue donc d'ores et déjà une donnée structurelle du système scolaire. Avant tout il est nécessaire de dire que toutes les enquêtes effectuées démontrent qu'à milieu socio-économique comparable, les enfants de migrants ne sont pas plus en situation d'échec que les Français, et que si cet échec est plus fort dans les quartiers à fort pourcentage d'immigration, c'est que ce sont d'abord les quartiers des couches sociales les plus défavorisées. Cela dit, nous voici renvoyés au problème plus global des dix pour cent d'enfants, soit des centaines de milliers, susceptibles de rencontrer des difficultés scolaires graves et parmi eux, des enfants d'immigrés. Et si l'école laisse à la porte les cultures étrangères, est-ce qu'elle ne refuse pas de la même façon l'entrée de la culture ouvrière ? Une intéressante étude comparative entre jeunes Français et jeunes immigrés menée par le ministère de la Justice (1) fait état des données suivantes

parmi les enfants les plus

touchés par l'échec scolaire ce sont les jeunes Français qui sont majoritaires. Les jeunes Maghrébins jouent le jeu de l'institution scolaire parcequ'ils pensent qu'ils ont quelque chose à y gagner. Les motivations diffèrent d'ailleurs pour les filles et les garçons, les filles ayant souvent d'excellents résultats car l'école est pour elles un moyen de s'affirmer et peutêtre de se « libérer». Le discours de la démagogie ou de l'ignorance renvoyé aux oubliettes, reste que l'échec scolaire est une réalité et qu'il touche aussi (mais pas « plus») les enfants d'immigrés, reste aussi qu'un des moyens de le combattre c'est lutter, comme le déclare Madeleine Lagane, secrétaire nationale du SNES « contre l'ethnocentrisme, respecter les identités culturelles quelles qu'elles soient, mieux insérer les enfants non francophones, mais éviter toute pédagogie qui en ne s'adressant qu'aux enfants étrangers les marginaliserait encore plus. Ne pas approcher de façon figée les autres cultures, permettre aux jeunes d'objectiver leur propre appartenance culturelle et, en ouvrant l'école sur son environnement, ne pas oublier ce que dans leur diversité ces jeunes eux-mêmes peuvent faire pour changer la vie à l'école ». Au collège Joliot-Curie de Valenton dans le Val de Marne, on a déjà commencé: plus d'un tiers des six cents élèves d'origine étrangère, des enfants français eux aussi souvent « déracinés », un climat, il y a encore deux ans, agressif et pénible ; le principal, Pierre Derens, et l'équipe éducative ont retroussé leurs manches et tenté un réel travail d'ouverture, entrepris une expérience de rénovation pédagogique, se sont lancés dans plusieurs projets cultureIs ... Aujourd'hui les résultats sont là, M. Pierre Derens, par ailleurs conseiller municipal chargé de la commission sécurité souligne: « l'harmonie des rapports élèves, parents, profs, les progrès effectués, l'échec scolaire en recul. La prise en charge plus grande par les élèves de leur devenir scolaire et social ... par tous les élèves ». Catherine HELBERT (1) Crise d'identité et déviance chez les jeunes immigrés. Ed. La Documentation Française. IiRBS PLAN -Kiosque - PETITE PRESSE DEVIENDRA GRANDE Chez le marchand de journaux: plus de trois cents titres. Après Actuel ou Libération, les grands papas de la presse différente, beaucoup de petits journaux tentent de se faire entendre. Un péché de jeunesse» : à « l'heure des pros, le militantisme a perdu son droit de cité. L'image de« celui qui colle des affiches et tire des tracts à la ronéo .» ne fait plus recette. Ringards, les discours partisans et les démonstrationschocs sur papier journal. Objectivité, visuel, grand public, créneau, efficacité sont devenus les mots de passe d'un journalisme d'opinion new-look. La fin des années 1970 a vu surgir une presse militante déroutée par l'effondrement du discours politique et à la recherche d'une légitimité. Actuel et Libération, héritiers de mai 1968, ont ainsi opéré un glissement progressif vers « le professionnalisme avant tout». La presse des minorités n'a pas échappé à la loi du temps. Là aussi, il y a de la reconversion dans l'air. Bien faits, bien ciblés, certains médias, de l'Agence Femmes Information (AFI) au Gai Pied, ont résisté aux exigences du marché et à l'usure. D'autres se créent. Tous visent à la qualité informative. « En 1978, explique Claire Poinsignon, directrice de l'Agence Femmes Information, nous avions en tant que femmes journalistes, un double souci, militant et professionnel. Il eut été étonnant que la presse échappe au modèle social dominant. Comme partout, le pouvoir politique restait aux mains des hommes. Quant aux femmes journalistes, elles avaient tout intérêt à se fondre au moule pour faire carrière. Il fallait donc créer une structure qui touche à la fois les médias et les femmes ». L'AFI commence par regrouper et diffuser des dossiers de presse sur des sujets « femmes .». «Au départ, nous étions perçues comme un ghetto militant de plus ». Or, c'est précisément ce qu'avaient voulu éviter les fondatrices de l'AFI. Parallèlement au service documentation, une importance croissante est donnée au bulletin hebdomadaire, douze pages d'informations brutes. « Nous avons choisi de créer une agence de presse plutôt qu'un magazine. La disparition progressive de tous les journaux féministes militants nous a donné raison: Outre qu'elle offrait l'avantage d'étaler les investissements sur plusieurs années, la formule agence nous a permis de pénétrer des milieux très différents, et non plus le simple cercle des convaincues ». Actuellement l'AFI compte parmi ses abonnés des supports aussi divers que Le Monde, la Vie Mutualiste ou des mensuels féminins, des Caisses d'allocations familiales, des magazines étrangers et des organismes de formation professionnelle. Huit salariés y collaborent dont quatre journalistes, aidées de vingt pigistes et correspondantes en France et à l'étranger. Si sa diffusion reste« confidentielle» (de 3 000 à 5 000 exemplaires), du dire même de sa directrice, c'est que les réticences demeurent vivaces dans les médias. «La grande presse continue à nous caser dans la rubrique société, à parler du chômage des jeunes, des cadres, mais pas de celui des femmes. Et pourtant, nous ne sommes pas une minorité, mais 52 % de la population. De plus, la cause des femmes touche un inconscient archaïque et suppose une remise en question des fondements mêmes de la société. Tout cela obscurcit le travail d'information. Et pourtant, nous devons absolument asseoir la légitimité de notre démarche. La formule bulletin, en privilégiant l'information brute, et non le commentaire, permet d'être crédible dans un domaine où tout avance par intuitions et préjugés ». Si l'équilibre financier n'a pas encore été atteint, l'AFI continue néanmoins sur sa lancée et n'a pas connu l'échec de Femmes en mouvement, disparu en 1982, ou de F. Magazine revenu à une conception plus commerciale de la femme. L'Agence va maintenant s'attaquer aux nouveaux médias par le biais d'un magazine vidéo, Elétel, transmis sur le réseau Minitel. Michel-Ange et Julien Green Parmi les autres rescapés du militantisme, le Gai Pied. De l'humour, une interview de Michel Foucault: ce nouveau mensuel fait une entrée remarquée sur la scène de la presse parisienne en avril 1979. Les homosexuels y prennent la parole avec fracas. Partant de la création d'une S.A.R.L. de presse au capital de 2 000 F par quatre bénévoles, l'émergence de Gai Pied tient du miracle. « L'équipe de base était composée de militants ou d'homost:xu,?l$qui voyaient là l'occasion . d~exprÙirer : leurs fantasmes, explique Hllgo Marsàri, l'un des rédacteurs en chef. Au début, ce fut l'euphorie. La revue Arcadie, qui existait bien avant, parlait de l'homosexualité de Michel-Ange ou Julien Green, mais pas du quotidien. Et puis d'un seul coup, le Gai Pied amène une autre image: fini le drame homosexuel, on est content d'être une« folle .», on se donne rendez-vous par et sur annonces, la parole est libérée ». Mais, le Gai Pied ne sortira du ghetto qu'un an après sa création. En avril 1980, en publiant la dernière interview de Jean-Paul Sartre. « Les grands médias qui nous avaient jusqu'alors ignoré nous découvrent ». Rapidement, le journal s'écarte de l'amateurisme, les articles sont sélectionnés avec rigueur. Le salariat fait une apparition d'abord timide, puis devient de règle. En 1981, un rythme de parution hebdomadaire est adoptée. La société des Editions du Triangle Rose compte aujourd'hui quinze salariés et une quarantaine de pigistes réguliers y collaborent. Une grande partie de la fabrication (clavage et montage) est réalisée directement au journal. Avec un tirage de 40 000 exemplaires, le Gai Pied a de quoi se réjouir. A quoi attribuer un tel succès ? «Nous sommes sérieux et professionnels. Les garçons qui travaillent ici le font d'abord parce que c'est leur métier ensuite parce que c'est un problème qui les concerne. Certes l'homosexualité est à la mode depuis quelques années, mais gare au retour de bâton. Bien sûr, cette mode ne nous nuit pas, mais elle n'explique rien. D'ailleurs, si nous vendions notre journal à tous les homosexuels de France, nous devrions tirer à plusieurs millions d'exemplaires ... ». Cette mode, on la retrouve pourtant dans le mercantilisme souvent reproché au Gai Pied, photos accrocheuses à la limite de l'indécent, publicité pour les bars, saunas, boutiques, petites annonces « hard -». « Il nous faut survivre, explique Hugo Marsan, et pour cela mettre toutes les cordes à notre arc. Nous ne voulons pas être militant, dans le sens classique du mot, c'est-à-dire un groupe inféodé à une quelconque tendance politique, ni les porte-paroles d'une homosexualité ». Difficile de se faufiler entre deux lignes. Par deux fois déjà, le Gai Pied a vu partir une fraction de son équipe. En 1981, un des rédacteurs en chef,' Jacki Fougeray, crée Samouraï. A la base de ses critiques « une attitude trop militante, un peu désuète, et des prises de position trop marquées à gauche ». En 1984, Jean Le Bitoux, un des fondateurs du Gai Pied lance Profils. Son opinion

«le Gai Pied a abandonné tout

militantisme au profit du commerce ». « Des jaloux» répond Hugo Marsan. « Le Gai Pied représente une belle réussite, malheureusement occultée. Les directeurs de journaux nous lisent assidûment, mais ne nous citent pratiquement jamais. Ils craignent la connotation sexuelle. D'ailleurs, cette grande presse qui se veut objective, n'arrête pas d'être condescendante avec les homosexuels ou cite des faits divers ou encore généralise, simplifie, codifie un domaine qui par définition ne peut pas l'être ». La grande presse, si admirée, si décriée ! Même son de cloches à Passerelles, un bimestriel édité par l'Association Culture et Prison. « Trop souvent dans les grands médias, le journaliste ne saisit pas l'important. En matière de prison, les idées reçues et les clichés sont trop nombreux, explique Cécile Roudier, la rédactrice en chef. Ou bien c'est la prison quatre étoiles, ou bien le misérabilisme, la survalorisation du taulard ou le jugement moral », 15 ajoute Nadia, une militante de l'association. « Le rôle de la grande presse est effectivement de diffuser, de vulgariser. Nous devons creuser, donner des informations précises ». Contrairement à l'AFI ou au Gai Pied, Passerelles n'est pas issu du militantisme de terrain. Enfant gâté de l'après 10 Mai En effet, l'Association Culture et Prison est née en 1982 d'un rapport très officiel de M. Soulier sur « La culture en milieu carcéral ». Subventionnée par le ministère de la Culture et le Fonds d'intervention culturel (FIC), installée dans les locaux du ministère de la Justice, qui lui a fourni une journaliste détachée, Passerelles enfant gâté de l'après 10 mai, a tout de la revue installée. En apparence seulement car, se définissant à la fois comme un journal destiné aux détenus, aux professionnels des prisons et aux militants sensibilisés par le milieu carcéral (d'où son titre) Passerelles cherche encore sa vocation. En tout cas fini le militantisme de papa. Plus branché: donner des conseils aux amateurs. Dans cette optique Culture et Prison s'est associée aux journalistes du Centre de formation et de documentation (C.F.D.) pour la mise en place de Drôle d'immeuble, un journal de prisonniers qui prétend à une diffusion nationale et dont le n° 1 sortira en septembre. Disposant d'un matériel' complet d'imprimerie et de photocomposition, les détenus de la prison de Caen ont bénéficié des conseils de journalistes et d'artisans du livre. Au C.F.D., on dit volontiers qu'être journaliste, « ce n'est pas être plombier. On manie des idées, et les idées ne sont jamais innocentes ». Ainsi, le journalisme d'opinion est rapidement taxé d'amateurisme dans une presse où l'objectivité reste le critère souverain. D'où l'acharnement de ces journaux « qui ont quelque chose à défendre» à affirmer leur professionnalisme, tout-àfait réel par ailleurs. Tous souffrent d'un cruel manque de reconnaissance de la part des plus grands, des quotidiens aux news-magazine, qui y puisent pourtant bon nombre d'informations sans jamais les citer. Et vous, si je vous dis « journaliste .», vous me répondez AFI, Gai Pied, Passerelles ou bien Le Monde, Antenne 2, l'Express? Les lect.eurs sont ingrats, c'est bien connu. 0 Véronique MORTAIGNE AFI - 21, rue des Jeuneurs, 75002 Paris. Tél. : (1) 233.37.47. Gai Pied - 45, rue Sedaine, 75011 Paris. Tél. : (1) 357.52.05. Passerelles - 4, rue de Mondoir, 75001 Paris. Tél. : (1) 296.50.96. C.F.D. - Centre de formation et de documentation - 4, av. de la République, 75011 Paris. La Courneuve L'Atelier d'informatique: une création Trigano. Les 4 000 sont calmes, cet été. En partie grâce à l'ordinateur. Cinq femmes mûres, tatouées, devisent paisiblement, assises sur l'herbe d'un talus, à l'ombre d'un grand arbre. Image idyllique. Le décor l'est moins. Les bâtisses, les barres, ou elles vivent, semblent avoir été imaginées par un maniaque ou un sadique. Le Ramadan bat son plein dans cette Cité des 4 000, à la Courneuve, dans la proche banlieue nord de Paris. Il y a un an, le Ramadan avait été endeuillé par le meurtre du petit Toufik, tiré au fusil par un employé de la R.A. T.P. Cette année, tout est calme et on pourrait se prendre à 16 rêver qu'on est quelque part dans le Sud, pas loin de la mer. Mais ici, il faut se contenter de la piscine, si on a de quoi payer l'entrée. Et beaucoup de petits jeunes qui traînent au pied des barres et des tours n'ont pas de quoi. Et il fait trop chaud pour aller taper dans un bal- Ion. Il y a deux religions aux 4 000 : l'Islam, pour les vieux, et le foot, pour les jeunes. A la fête de la Courneuve, 40 équipes de foot s'affrontent en tournoi. Les banlieues déshéritées aujourd'hui, comme les corons et les baraquements lorrains hier, sont les viviers des étoiles du football français de demain. La « furia francese ,» n'est-elle pas justement le fruit du mélange ethnique et national des équipes célèbres ? La pax inforrnatica Une troisième religion vient d'ouvrir son premier temple aux 4 000, inauguré le 25 avril par le grand-prêtre du Club Méditerranée Gilbert Trigano, grand pacificateur social, l'Atelier d'informatique. Dans le Centre commercial déserté par les commerçants au fil des années, des troubles sociaux et des campagnes sécuritaires, un grand local ayant abrité un salon de coiffure est devenu le haut-lieu de la « pax informatica». Quand l'idée a été lancée dans le cadre de la « mission 89» qui se donne pour but de donner un nouveau visage aux banlieues chaudes et dures d'ici au 200" anniversaire de la Révolution, il y a eu du scepticisme : les loubards allaient se voir confier des ordinateurs et s'initier à un nouveau langage. Après le verlan, le basic? Au début de cette année, une dizaine de jeunes banlieusards recrutés localement étaient initiés à la nouvelle religion. Aujourd'hui, ils sont animateurs salariés sous contrat d'un an de l'atelier, ouvert tous les jours et tous les soirs. Mahmoud, l'un d'eux, qui ne connaissait rien aux « micro», logiciels et disquettes il y a quelques mois, a animé pendant longtemps un théâtre local et organisé des concerts. Il est aussi entraîneur de foot. Il est fier de l'atelier et insiste beaucoup sur le calme qui y règne: «Les 4 000 ont été tellement décriés par les journaux à sensation comme France-Soir. Mais où ils sont les journalistes, on ne les voit jamais ici. Qu'ils viennent voir les ~« casseurs» devant les claviers. Ici, les jeunes apprennent à prendre des responsabilités, c'est le plus important. Ils en sont capables, si on leur en donne les moyens. Bien sûr, au début, ils ont dû surmonter leur angoisse. S'asseoir sur une chaise, çà file les boules, çà rappelle des mauvais souvenirs ». Mauvais souvenirs ? L'école, bien sûr. Cette école, qui voit échouer 7 jeunes issus de l'immigration sur 10. Le premier enjeu de l'initiative informatique, pour Mahmoud, était de démontrer qu'il y avait dans la jeunesse locale des capacités, des talents, une volonté. L'ordinateur est-il la réponse au double désir d'ascension sociale et d'organisation d'un revenu ~ z régulier? Personne ne peut encore ~ répondre à la question, Illais aucun doute n'est permis sur la curiosité et la fascination suscitées parmi les jeunes et les moins jeunes: l'atelier a du succès. Au niveau de la rue, on s'initie au nouveau langage universel. Certains ont déjà commencé à réaliser leurs propres programmes. Une disquette coûte 20 francs, l'adhésion est gratuite et Mahmoud est intraitable: qui n'a pas sa carte d'adhérent avec photo d'identité n'entre pas. Le tout est de trouver les 8 francs pour le photomaton. Il explique aux jeunes qui n'ont pas encore leur' carte que dans la cabine photo du centre commercial, « il y a deux flashes: vous mettez le fric, le premier s'asseoU et après le premier flash, le deuxième prend sa place ... ». Il est tout aussi intraitable dans l'application des règles décidées par les dix animateurs et le directeur de l'atelier: «Au début, c'était ouvert pour tous tout le temps; il y a eu des problèmes, les gosses séchaient l'école pour venir ici. On a donc découpé la journée et la soirée en tranches d'âge ». Pendant que les utilisateurs manipulent les micros, au soussol, une autre dizaiQe de futurs animateurs d'autres ateliers à venir suivent un stage quotidien. Eux viennent de Stains. c:c: Ils sont durs n « Le collège explosera à 11 heures 15 ». Changement de décor : nous sommes au C.E.S. Jean-Vilar. 4 bâtiments en « préfab », 650 élèves, 15 nationalités, 8 élèves sur 10 viennent des 4000. L'inscription tracée sur la plaque du collège est restée une menace symbolique. Le collège est bien protégé par « Huster», le berger allemand de l'avenante concierge blonde, elle-même une « deuxième génération » (italienne), qui ne peut s'empêcher, en traversant la cour pour me conduire au club informatique, de chuchoter

« ils sont durs ». Le stéréotype

des enfants d'immigrés « difficiles» est bién ancré dans les têtes. A côté de cela, il y a la réalité : « Quand je suis arrivé il y a deux ans, j'avais des idées toutes faites sur les enfants d'immigrés. J'ai découvert qu'ils sont intégrés, ils sont français, quoi ! » : le prof de maths qui parle a intégré les micro-ordinateurs dans son enseignement de 6". Le langage utilisé est le « logo», qui semble permettre une certaine créativité. Le club informatique de Jean-Vilar est « pilote» : créé il y a cinq ans par des profs « fanas», il a été la base de départ d'une association nationale qui compte aujourd'hui 87 clubs scolaires d'informatique. Entre le rapide déjeuner à la cantine et la reprise des cours, les élèves tapent sur les claviers. Certains jouent, d'autres créent. Abdelaziz, un des plus « doués», est en train de se faire son deuxième programme: un carnet d'adresses informatisé. Le premier programme qu'il a réalisé, sur une roche, est utilisé par le prof de sciences nat. pour son enseignement. Les élèves sont plus motivés que les profs. Ils ont découvert un nouveau monde, une brèche de créativité et de relative autonomie dans l'enclos scolaire. Çà n'est pas rien, même si çà n'est pas tout. Affaires à suivre. Fausto GIUDICE , 1 1 / ï • La situation relde incertaine. Ce récit d'un voyag...montre les contradictions de la société israélienne. l'essentiel. Avant un départ, on déploie ses cartes: celle d'Israël a des frontières difficiles à lire, mais des dimensions rassurantes: enfin un pays petit par la taille - deux fois la Corse disent les livres - d'où je ne partirai pas avec l'impression désagréable d'avoir passé à côté de C'est oublier que les courtes distances n'enlèvent rien à la complexité des situations. Au bout de la rue Mendele, à Tel Aviv, à quelques pas de l'Office du Tourisme, il y a la plage. Vue de la mer, la ville est bâtie à la va-comme-je-te-pousse, dans un paysage bousculé, avec son Sheraton jaillissant à côté de murs en démolition. Le modernisme des beaux quartiers a des audaces provinciales, mais on aimerait se souvenir de la foule besogneuse qui monte et descend des autobus de la gare routière, dans la chaleur, la laideur du Marché aux Puces avec sa brocante au ras du sol, son entassement jusque sur le carton goudronné des baraques de ferraille, de lavabos, de cuvettes de cabinet. Quand Gabriel est arrivé d'Egypte, il avait des économies; il a pu tenir quelque temps sans travailler. « J'étais comptable, pourtant, et qualifié, pas moyen d'avoir un emploi. J'étais désespéré, j'ai failli perdre la foi ». Depuis, il a retrouvé du travail et la foi. L'inflation est galopante: 20 % en avril. A ce rythme, selon les prévisions, elle atteindra 400 % pour l'année. Gabriel ne le cache pas : il a un découvert à la fin de chaque mois. «Mais, Dieu merci, on vit. Difficilement, mais on vit ». Trois générations de Sabras sont réunies autour de la table familiale, chez Benyamin: son père venu d'Europe au début du siècle a été de ceux qui ont asséché les marais ; lui et sa femme sont enseignants (il y a des livres dans la maison, une serre et des ruches dans le jardin) ; leur fils, informaticien, va partir aux USA poursuivre des études. Benyamin rit en écoutant sa petite fille zézayer l'hébreu. « Arabe ou Juif? Pourquoi toujours cette question obsédante ? » Une foule devant le ministère des Finances, des gardes à cheval, des flics maniant de longs bâtons : des ouvriers des chantiers navals manifestent contre les licenciements. En attendant le retour de leurs délégués, ils cassent la croûte. Ils ont posé à terre leurs pancartes et étalent le pain, l'oeuf dur et la tomate sur « Nous voulons du travail ». Dans la rue, un passant cherche des dollars auprès des touristes. Pourquoi pas, puisqu'ici c'est en dollars que très souvent on indique les prix. Vitres ouvertes, l'autobus roule dans une campagne bien cultivée toute à l'allégresse du printemps. L'air sent bon la fleur d'oranger. A ma droite, un jeune couple: lui, petite calotte sur le crâne, fait des guiliguili à son bébé intéressé, tout en étudiant un polycopié, elle, à perruque, lit un livre de prière et sourit à l'enfant. Derrière, des soldats, uniforme kaki décontracté, écusson « Tsahal ,» sur la chemise; à l'avant,

un homme en civil avec pull genre surplus américain, une

~ 1 S RAEL VIE mitraillette entre les jambes. A chaque arrêt montent et des- ~ cendent des voyageurs que l'on voit s'éloigner vers la cam- ~ pagne. Arabe ou Juif? Pourquoi toujours cette question u'" Lb12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)Charles 12 janvier 2012 à 11:55 (UTC)o~b~s~é~d~a~n~te~,~a~g~a~ça~n~t~e~?~ ___________________________1 Rue piétonne à Jérusalem 18 19 ODEURS Fallafel C'est un pain plat un peu plus grand que des blinis, cuit des deux côtés, ce qui lui permet de s'ouvrir comme une poche. On y introduit des morceaux de tomates, concombres, radis, salades, le tout coupé très fin. On y ajoute un lien, le humus (prononcer khoumous), purée de pois chiches plus ou moins assaisonnée et pimentée, des boulettes grosses comme des petites noix (3 ou 4) frites et composées de « chickpeas .», farine, épices et sel.

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',J'.'" .. A Haïfa, il est plus facile d'y répondre; pas de ghetto, non, mais les deux communautés vivent séparées : les Arabes (25 000) en bas; les Juifs (250 000) au milieu et en haut du Carmel. Dans la partie juive, on construit beaucoup, on embellit; dans le quartier arabe, mal tenu, il y a comme un air d'abandon. Ces maisons de pierre ocre-rose ne devraient-elles pas être restaurées? Qui va se lancer dans ces dépenses? Le gouvernement? Pour les Arabes? De toute évidence, ça n'est pas la préoccupation de mes interlocuteurs. La discussion repart sur l'inflation. «Le pays va à la catastrophe ... C'est un gouvernement d'incapables. Pour sortir de la crise, il faut travailler plus, exporter plus, importer moins.:. ». Travailler plus? Mais alors ces constructions, ces chantiers ... On ne travaille pas en Israël ? « - Non, les Juifs travaillent de moins en moins. - Qui travaille alors ? - Les Arabes, ce sont de bons ouvriers. » Le chef de chantier (juif) gagne 60 000 shekalim ; l'ouvrier (arabe) 30 000. Pas de quoi manger tous les jours: les Arabes, ils vivent de peu; ils achètent un sac de farine et tiennent le mois avec ça. La nuit est douce: au bord de la fontaine, des familles font une halte paisible; on déguste son « falafel ·» face au dôme doré du sanctuaire Baha'i. Un jeune homme fait les cent pas et regarde sa montre. Son amie est-elle en retard au rendezvous? Il ne sait quoi faire de son arme qu'il porte dans les bras comme un objet gênant. 20 , , _1 Un kibboutz près de Haïfa: Elie me parle de ses débuts héroïques, cite des chiffres, montre les réalisations, souligne le souci de l'humain. Des puéricultrices et des grands-pères promènent des bébés au milieu d'une végétation épanouie ; dans des ateliers automatisés, des hommes et des femmes âgés : on a conservé des postes de travail (que la machine pourrait exécuter) pour qu'ils ne se sentent pas une charge inutile pour la collectivité. Après l'agitation des villes, les difficultés, les conflits entrevus, le kibboutz est une oasis de travail harmonieux, performant, de vie paisible, amicale. Cependant, les kibboutzniks ne représentent que 3 070 des Israéliens. Pourquoi? « Ceux qui le souhaitent, explique Elie, peuvent y entrer. S'ils ne lefont pas, c'est une question de mentalité: l'homme veut posséder, avoir des biens en propre. Mais même s'ils sont peu nombreux, les kibboutz n'en sont pas moins une force: leur poids est grand dans l'agriculture, dans l'industrie, dans l'armée même: on confiera plus facilement un avion à un de nos jeunes parce qu'on sait qu'il a le sens de l'intérêt général. Begin a essayé de dresser la population contre nous: on .-' Jérusalem: une ville charnière où se côtoient catholiques, Palestiniens et juifs orthodoxes anti-sionistes. nous a représentés en milliardaires nous prélassant dans des parcs devant nos piscines ». Elie est passé - par quelle transition ? - des élections à l'Etat d'Israël. « Le peuple juif ne sera un peuple comme les autres que lorsque tous les juifs seront en Israël ou considèreront ce pays comme le leur. Israël est là pour régler le problème juif, il n'a pas à s'ouvrir à tous les Arabes qui voudraient y venir ». Bien qu'il ait des amis arabes et qu'il comprenne qu'ils soient fiers de l'être, il ne voudrait pas que sa fille épouse un Arabe. (Dans ina tête, des clignotants passent au rouge.) « Un Juif qui quitte Israël maintenant, c'est un traître; le sionisme est le seul recours contre l'antisémitisme, ceux qui le contestent ne veulent pas voir la réalité, ils attendent passivement qu'on leur jette des pierres ... ». Akko - St-Jean d'Acre - a tout pour plaire: une mer limpide, un port avec pêcheurs réparant les filets, ses propres paysages et ceux que son histoire ouvre à l'imagination (Marco Polo en route vers la Chine y.fit escale). Le touriste flâne dans les ruelles, s'arrête devant les échoppes des souks. Il se sent heureux et va s'asseoir au soleil sur les remparts. Un homme fume et regarde. Sur une question de voyageur mal informé, la conversation - monologue presque - s'engage. Avec quelle rapidité les hommes et les femmes de ce pays passent, après une phrase banale, à des .sujets brûlants ! 21 Comme s'il y avait en eux, toujours présentes, une tension, une réflexion passionnée qu'ils doivent exprimer. « Les Juifs ne vont pas au bain turc parce qu'ils ont peur. De quoi ? Depuis qu'il y a des territoires occupés, il y a des troubles. Non, pas ici, pas à Akko, mais ils ont peur ... Ce pays est plus mon pays que celui de Itzak Shamir: moi j'y suis né et mon père y est né ... Les Juifs ont eu deux grands dirigeants: Ben Gourion et Golda Meir. Ben Gourion disait: « Il vaut mieux un pays petit et en paix que plus grand et en guerre .» ... Les Juifs oublient une chose: ils peuvent défaire les Arabes une fois, deux fois, vingt fois, mais au bout du compte ils seront vaincus; ils sont quelques millions, nous les Arabes nous sommes des dizaines et des dizaines de millions ... ». Est-ce l'écho arabe au discours d'Elie? La Basilique de l'Annonciation, à Nazareth, est un contresens accablant. Mais le paysage où l'herbe verte corrige l'austérité de la pierre, possède un réel pouvoir évocateur; sans forcer son talent, il y a assez de hauteurs couronnées de quelques arbres où on peut imaginer un homme, un berger, parlant à ses compagnons. Plus on avance vers le nord, plus les camps d'entraînement se multiplient. Des soldats, jeunes gens ou jeunes filles, écusson Tsahal ou pas, en armes ou sans, attendent à chaque arrêt de l'autobus. « La population de Galilée, a écrit Renan dans la Vie de Jésus, était fort mêlée. Cette province comptait parmi ses habitants beaucoup de non-Juifs (Phéniciens, Syriens, Arabes et même Grecs) ». C'est vrai, ici les villages - cubes de béton blanc au flanc des collines - sont arabes. L'écriture, les noms et la coiffure des hommes aussi (le keffieh popularisé par la résistance palestinienne). Le 30 mars, c'est le Jour de la Terre: les paysans arabes de Galilée célèbrent par une marche la mémoire de trois des leurs, tués en 1976, lors d'affrontements violents avec l'armée et la police israéliennes, parce qu'ils protestaient contre les expulsions massives. Sur leurs terres, il y a maintenant des camps militaires et des colonies de peuplement juives. « Ils étaient, cette année, plus de 2 000 à avoir pris part à la marche depuis Sakhnin ... De,s jeunes gens n'appartenant à aucun groupe organisé se montraient déçus: « C'est devenu un jour de congé ·» dit l'un d'eux et plusieurs l'approuvèrent. «C'est notre seul jour de congé laïc, lui répondit quelqu'un et par bien des côtés c'est plus important que le Ramadan .». Un père parlait à son fils de la terre qui leur avait été prise. Il dit: «La terre est une foi, une espérance. ,» (1). J'ai demandé mon chemin à un jeune homme. Il ne connaît pas la ville, il est Libanais, il vient de Beyrouth. En un éclair, une vision enfantine de la guerre: un Libanais en territoire ennemi ! Il explique qu'Israël est un ami, lui il n'a rien à craindre, il peut venir comme il veut, il est phalangiste. Il s'éloigne, il a à la main une boîte en carton avec la mention « glass .». La guerre pèse lourd. Selon M. Ya'acobi, député travailliste (2), elle a, jusqu'ici, coûté à Israël 4,5 millions de dollars entre armements et perte d'heures de travail. Il en tire la conclusion « qu'il faut arriver à un accord avec les Jordaniens et les Palestiniens; en finir avec cette politique aventuriste dans les Territoires Occupés qui consiste à établir des colonies dans des zones de dense peuplement arabe. Nous devons nous retirer du Liban. » Les Forces Armées Israéliennes dans leurs propositions pour le futur budget (3) considèrent qu'elles resteront déployées au Liban, mais différemment : même poids des forces face aux Syriens, mais allégé dans le secteur sudouest, grâce à « des mesures de sécurité prises par l'Armée du Sud Liban de feu le commandant Haddad qui verra ses effectifs doublés et à qui on donnera un nouvel équipement pour faire face il toute menace locale ». Haim, c'est un kibboutznik, pense aussi qu'il faut renforcer le rôle de l'Armée de Haddad. « Ce qui a perdu le Likud, c'est le Liban. Ilfallait ne pas dépasser les 45 km. Jusque-là la guerre était populaire, maintenant on n'en veut plus. C'est Sharon le responsable ... ». Lui, Haim, à 48 ans, est un « ancien combattant ,» de plusieurs campagnes ; comme tous les hommes de moins de 55 ans, il doit donner à l'armée 60 jours par an. Son fils aîné va partir au régiment: trois ans de service. C'est lourd à supporter. Moshe Arens, ministre de la Défense du Likud, n'en disconvient pas (4) : « L'Armée n'est pas là-bas pour faire des exercices d'entraînement ... Le travail qu'elle a à faire au Liban n'est pas très plaisant. Beaucoup en sont très malheureux. C'est désagréable et dangereux. Les périodes de réserve sont de 60 jours et pour certains c'est vraiment dur ». A la question sur les compromis que le ministre serait prêt à accepter pour une solution politique dans les Territoires Occupés: « Il est clair qu'il n'y a pas de solution politique en vue, nous devons apprendre à vivre ensemble» (4). Teddy Kollek, maire (travailliste) de Jérusalem est plus imagé (5) : « Je voudrais que les Arabes admettent notre présence. Et que les Juifs respectent leurs droits. Le loup et l'agneau ont appris à vivre ensemble, ils continueront. A condition que le loup soit juif ». Le malaise causé par les révé- \ lations sur la façon dont la police a réglé la prise d'otages de l'autobus Tel-AvivAshkelon vient s'ajouter au choc produit par le rapport de Mme Judith Karp, procureur général adjoint: il dénonçait le comportement de certains colons israéliens dans les territoires occupés: agressions armées, abus de pouvoir, violences diverses envers la population arabe. Créée à la demande de Menahem Begin en 1981, la commission dirigée par Mme Karp avait émis ses conclusions en mai 1982 et invitait le gouvernement à prendre une série de mesures. En 1983, devant l'inaction des ministères concernés, Mme Karp donne sa démission. Ce n'est qu'en février 84 que son rapport a été publié et transmis à la Knesseth. De Sabra-Chatila à l'affaire de l'autobus en passant par le rapport Karp, c'est une suite de commissions - révélations - recommandations laissées lettre morte qui vient frapper l'opinion israélienne. Tandis que les implantations en Cisjordanie-Gaza se poursuivent à un rythme accéléré. Le Jerusalem Post (11.04.84) annonçant la décision de financer six nouvelles colonies souligne qu'elle a sans doute été dictée par le souci du gouvernement de créer le plus possible de faits accomplis avant les élections. C'est sur ce terreau, guerre ouverte (au Liban) et de plus en plus impopulaire, guerre qui ne dit pas son nom (dans les Territoires Occupés), ambiguité des gouvernements successifs que se nourrit le terrorisme juif. L'arrestation par les services secrets israéliens de 26 juifs soupçonnés d'appartenir à un réseau terroriste braque les projecteurs sur cet aspect de la vie politique. Ces extrêmistes, qu'ils agissent seuls ou appartiennent à des groupes organisés ont en commun leur idéologie ultra nationaliste, xénophobe, raciste. On pourrait la résumer en deux slogans : «Israël aux Juifs» - « Dehors les Arabes ». Israël c'est celui de la Bible, des 12 tribus (qui comprend, bien sûr, la Judée-Samarie et pousse une pointe, au nord 22 vers Tyr et ~n, à l'est au-delà du Jourdain). D'où le rôle de la religion dans leurs mouvements dirigés souvent par des rabbins de choc, tel Moshe Levinger, fondateur du Goush Emunim (bloc de la foi) ou Meir Kahane, leader du Kach, ou qui recrutent parmi des fanatiques mystiques, comme ceux du TNT (Terreur contre Terreur). \ Les terroristes, qui jouissent de la solidarité et de la complicité de certains colons juifs, n'agissent pas en desperados, en hors-la-loi solitaires. Leur lien avec l'armée semble évident. Parmi les hommes arrêtés, on a cité un commandant, un lieutenant d'active, quelques soldats, un ancien membre d'un commando d'élite, etc. La justice les poursuit parfois, mais les groupuscules dont ils sont issus continuent à avoir une existence parfaitement légale, briguent les suffrages de leurs concitoyens aux électionset par le jeu de combinaisons politiciennes se retrouvent dans les allées du pouvoir. Le Goush Emunim a bénéficié de l'appui du Tehya quand il s'opposa par la force à l'évacuation de Yamit en 1982, et de A. Sharon (candidat bien placé sur la liste du Herout). La boucle est bouclée. Quant au rabbin Kahane, sa liste Kach est acceptée sans problème, elle comprendra même six des inculpés et il a annoncé qu'il avait recueilli aux USA des fonds importants pour assurer leur défense (6). Cependant, la formation judéo-arabe« Progressiste pour la Paix» a été déclarée dans un premier temps illégale pour des raisons de sécurité par M. Arens. Le ministre de la _ défense est revenu sur sa décision, mais a maintenu (7) qu'il existait au sein de cette formation politique des « éléments hostiles dont certains s'identifient ouvertement aux ennemis de l'Etat ». La liste « Progressiste pour la paix» a été formée à proportion égale d'Arabes et de Juifs israéliens qui préconisent notamment la création d'un Etat palestinien indépendant aux côtés de l'Etat d'Israël. Tous les rabbins d'Israël ne manient pas la mitraillette, tous n'appellent pas les fidèles à descendre dans la rue pour défendre la foi. Certains mêmes (ils ne doivent pas être nombreux) comme Moshe Hirsch, porte-parole du mouvec ment Neturei Karta, l'organisation des juifs orthodoxes anti-sionistes, se considèrent comme des juifs palestiniens, « ils n'ont jamais reconnu l'Etat d'Israël ... Récemment, ils ont formellement demandé à être incorporés dans une confédération jordano-palestinienne, le jour où elle aurait lieu» (8). Cependant, militante ou non, la religion imprègne toute la vie. Elle puise dans la tradition culturelle; l'histoire et les souvenirs personnels, prend chaque individu dans les mailles tissées ténues d'un filet habile. Face à cette présence envahissante, des Israéliens jeunes ou vieux s'insurgent, renaclent devant des pratiques. La voiture avec haut-parleur a depuis longtemps déjà annoncé que le shabbat est commencé, Rifka ostensiblement continue à travailler. « Moi, ici, je suis seule avec le Bon Dieu ». Elle a, au cours du Seder, évoqué en famille de vieux souvenirs d'autres Pâques, mais le lendemain elle « oublie ,» de manger des matzoth. Jérusalem c'est le choc. Rien à voir avec un orientalisme désuet, ni un folklore de pacotille (le temps arrêté dans un décor vide pour touristes). Ici, la vie continue, puissante, renouvelée. On se confie à ce courant qui afflue et reflue, vient battre DISLrrBISPOUBLABI~BÎI 1: ETAT DU MONDE 1984 Annuaire économique et géopolitique mondial Sous la direction de François Gèze, Alfredo Valladâo, Yves Lacoste, Thierry Paquot 110 articles écrits par 80 auteurs de 20 pays différents. Chaque année entièrement différent, le livre qui donne « tout sur toute» l'actualité économique, politique, sociale, stratégique et culturelle du monde contemporain. Un livre indispensable pour s'orienter dans le flot des informations quotidiennes et pouvoir les maîtriser, pour comprendre et non plus subir l'actualité de la planète. Pas de vocabulaire technique, des articles courts, précis, qui se renvoient l'un à l'autre, permettant de mieux comprendre l'enchaînement des phénomènes. Un livre pour tous: étudiants, lycéens, touristes, journalistes, militants, téléspectateurs ou lecteurs de journaux, etc, Une véritable institution, Ce qu'on y trouvera: 1) Les questions stratégiques: l'affaire des euromissiles, les tensions au Moyen-Orient et en Amérique centrale, la crise du bloc soviétique, etc, 2) Le journal de l'année 1983-84. 3) Les 171 États de la planète, leur situation actuelle, leur évolution récente, les chiffres et données de base, et 42 cartes inédites des communautés ethniques dans le monde. 4) L'événement: 26 articles sur les conflits, les mouvements sociaux, les controverses actuelles, les hommes de l'année, etc, 5) Tendances: 6 grands problèmes mondiaux (le travail des enfants, l'Europe des immigrés, les catastrophes naturelles, etc,), 6) L'économie en question, thème de l'année: les multinationales, le FMI, le chômage, l'endettement mondial, etc, 7) Pour en savoir plus: 1 442 adresses utiles (France, Suisse, Belgique, Québec), 8) Les principales statistiques mondiales, riS ISRAELIENS ~flations, dit Moshé, celle des prix et f:!nder n'est pas facile. Nés souvent de lans des coalitions. 'es: r-ikud, dont la composante essentielle MM. Begin, A. Sharon, J. Shamir) ibéral. Le Likud aformé tous les goupartir d'une scission du Herout, parti" and Israël », s'est joint à la coalition !d en juillet 82, à la suite de l'opération f:!, le Maarakh (Front en hébreu) com( PAl (Parti travailliste), le MAPAM !s à gauche, le MAPAI étant essentielmoyennes. Lors des élections de 81, le 'S, 1. Navon ... ) afait se.s meilleurs scoroshavims aisés, dans les kibboutz non image élitiste ashkenase qu'il s'est ouveau dirigeant de la centrale syndi- 1harade). Selon le journaliste israélien 'ch, au pouvoir pendant 30 ans, a été r trop longtemps fait la politique du ëré l'original à la copie» (1). june scission du Parti National Reli- ~sur la scène politique des sépharades rique du Nord) économiquement et par rapport aux Ashkenases (venus ( Pour eux, dit Albert avec un bel sommes pas des Juifs. Qu'est-ce qu'ils Beethoven et Mozart, c'est à nous t à la coalition gouvernementale, mais .mique grandissant, l'a lâché, ce qui a fcipées. rtement et le cinéma 11' I_E_d_i.t.l.:~.rm.'~.II.'~.X 1."1.' r.':.~.64o.[.age.;.é.,"~.io.n~. ~ .I s•.~ .tem.~.e'.~.f~.'~.97.' 9.8 "F' rend des branches: le Parti National raël. uvement sioniste religieux, était tradivaillistes; depuis l'arrivée du Likud e. orthodoxe, participait à la coalition Liros Ture aes Journaux sur le UCIUUlUCUIÇUl UÇ 1 aU1Uvu" Tel-Aviv-Ashkelon par un commando palestinien. « C'est combien le billet pour Tel-A viv ? 280 shkalim ? Il y a une semaine, c'était 220. Vous savez, le peuple souffre ici. On croit que c'est un pays où ilfait bon vivre. C'est un pays de chauvinistes... » Celle qui s'est mise à parler, comme on s'épanche, a des cheveux blancs et courts, un visage fin. « On apprend aux enfants à ne pas acheter chez les Arabes, moi je ne regarde pas si on est Arabe, Juif, Ashkenaze ou Ethiopien, ou n'importe quoi. J'aime les gens, c'est tout. Mais j'ai confiance, oui j'ai confiance; il y a beaucoup de gens très bien dans les kibboutz, les Universités, il y a Chalom Archav (l0) ... Nous avonsfait un rassemblement, ilfallait voir ce monde ... ». Claude HÉNARÈS (1) Jerusalem Post, 1.04.84 (2) Jerusalem Post, 1.04.84 (3) Jerusalem Post, 2.04.84 (4) Jerusalem Post, 6.04.84 (5) Express, 18-24 mai 84 (6) Agence Télégraphique Juive, 4.06.84 (7) A.F.P., 10.06.84 (8) AI Fajr, 4.04.84 (9) Le mémorial de la déportation (10) La Paix Maintenant 31 23 en retour des mesures contre l'avorcemenr, leS DUS qUi roulent le samedi et les cinémas qui ouvrent le vendredi soir, début du shabbat. - Le Front démocratique pour la Paix, constitué autour du Parti Communiste, le Rakah, où se retrouvent Juifs et Arabes. « Les députés communistes sont à la Knesseth les meilleurs défenseurs des Arabes» (David Catarivas, Israël, Petite Planète). - La Formation Progressiste pour la Paix regroupe aussi Juifs et Arabes. Le n 0 1 de cette liste est Me Mohamed Miari ; y figurent aussi le général de réserve Mati Peled, animateur du « Comité Israël-Palestine» et le journaliste Uri A vneri. Il faut ajouter à ces partis des « indépendants ». « L'ancien président du Parlement israélien (et membre du Parti Libéral) M. Menahem Savidor pourrait figurer sur la liste indépendante de Samuel Flatto-Sharon. Ce dernier toujours recherché par les autorités françaises, annonce avoir entamé des négociations poùrconvaincre,M. Savidor de prendre la seconde place sur sa liste... Celui-ci confirme avoir eu quelques entretiens avec M. Flatto-Sharon, mais il dément avoir fait son choix. « Il est aussi très possible que je présente ma liste indépendante» annonce~ »m 0 (1) Révolution (sept. 83) (2) Tribune Juive, 25.05.84 ~--- P()UB oeBU'Jr~JT8 :P()UB, ÙBUT4N~ Une collection en bandes dessinées qui fait l'unanimité -------IIIIIIIIII!!!!~1\ effectifs doublés et à qui on donner, pour faire face à toute menace loca Haim, c'est un kibboutznik, pense a le rôle de l'Armée de Haddad. « C c'est le Liban. Ilfallait ne pas dépas, la guerre était populaire, mainten, C'est Sharon le responsable ... ». Lui, Haim, à 48 ans, est un « ancie sieurs campagnes ; comme tous le~ 55 ans, il doit donner à l'armée 6C aîné va partir au régiment : trois an: à supporter. 15.LA PLUS-VALUE ff. I\OEEI!:Z ~AS ,,, '" ETVE:NPEZ HAIiT", , .. VOS PRoFrB $flCNT TowoURS BEAUX./ Moshe Arens, ministre de la Défens( vient pas (4):« L'Armée n'est pa exercices d'entraînement ... Le trav Liban n'est pas très plaisant. Beauc( reux. C'est désagréable et dange réserve sont de 60 jours et pour dur ». A la question sur les compromis qU( accepter pour une solution politiq Occupés: « Il est clair qu'il n'y a p en vue, nous devons apprendre à Vi Teddy Kollek, maire (travailliste) imagé (5) : « Je voudrais que les 1 présence. Et que les Juifs respectem l'agneau ont appris à vivre ensemi condition que le loup soit juif ». \ Le ma lation~ police de l' Ashke choc r Mme génén le con colom ritoires occupés : agressions armées lences diverses envers la populati demande de Menahem Begin en 198 par Mme Karp avait émis ses con, invitait le gouvernement à prendre l 1983, devant l'inaction des ministèn donne sa démission. Ce n'est qu'en port a été publié et transmis à la K 26 De Sabra-Chatila à l'affaire de l'au rapport Karp, c'est une suite de COIL ••• __ ._ •• _ . -' ------ --- recommandations laissées lettre morte qui vient frapper l'opinion israélienne. Tandis que les implantations en Cisjordanie-Gaza se poursuivent à un rythme accéléré. Le Jerusalem Post (11.04.84) annonçant la décision de financer six nouvelles colonies souligne qu'elle a sans doute été dictée par le souci du gouvernement de créer le plus possible de faits accomplis avant les élections. C'est sur ce terreau, guerre ouverte (au Liban) et de plus en plus impopulaire, guerre qui ne dit pas son nom (dans les Territoires Occupés), ambiguité des gouvernements successifs que se nourrit le terrorisme juif. , . . . L'arrestation par les services secrets israehens de 26 JUIfs soupçonnés d'appartenir à un réseau terroriste braque les projecteurs sur cet aspect de la vie politique. Ces extrêmistes, qu'ils agissent seuls ou appartiennent à des groupes organisés ont en commun leur idéologie ultra nationaliste, xénophobe, raciste. On pourrait la résumer en deux slogans : «Israël aux Juifs» - « Dehors les Arabes ». Israël c'est celui de la Bible, des 12 tribus (qui comprend, bien sûr, la Judée-Samarie et pousse une pointe, au nord ACCUMULEZ 1 ,.'\CCUMULEZ / ('t:5T PAN L-f5 TABLES PE LA 1-0/ CAP/TALl5 fE 1 L'aliénation du travail est le préalable essentIel à son exploitation. Vendue pour être utilisée, la force de travail doit être aliénée pour être exploitée. Elle devient alors source de plusvalue. Enchérir sur les marchandises ne crée pas de plus-value; exploiter la classe ouvrière, oui. Comment? Depuis des millénaires les gens sont capables de fournir du surtravail, depuis la première révolution de l' agriculture. Dans la société capitaliste contemporaine, le premier résultat du surtravail est la plusvalue. Vous vous rappelez A-M-A' ? Le capital cherche à s'accroître, se multiplier, matérialiser après investissement plus de travail abstrait qu'avant. MAIS Hl ACtlOANT H!lVT", UIU J UI fftr;;Uf;;IIU;;1U UC:;lItUfI,Ut; u c:;u c; ""'.. , VI }/VI C:;~ UUHo.J uln; 22 confédération jordano-palestinienne, le jour où elle aurait lieu» (8). Cependant, militante ou non, la religion imprègne toute la vie. Elle puise dans la tradition culturelle; l'histoire et les souvenirs personnels, prend chaque individu dans les mailles tissées ténues d'un filet habile. Face à cette présence envahissante, des Israéliens jeunes ou vieux s'insurgent, renaclent devant des pratiques. La voiture avec haut-parleur a depuis longtemps déjà annoncé que le shabbat est commencé, Rifka ostensiblement continue à travailler. « Moi, ici, je suis seule avec le Bon Dieu ». Elle a, au cours du Seder, évoqué en famille de vieux souvenirs d'autres Pâques, mais le lendemain elle « oublie ,» de manger des matzoth. Jérusalem c'est le choc. Rien à voir avec un orientalisme désuet, ni un folklore de pacotille (le temps arrêté dans un décor vide pour touristes) . Ici, la vie continue, puissante, renouvelée. On se confie à ce courant qui afflue et reflue, vient battre __ EMC2 ! L'é:1uation vedette de Albe~t ne crQi~nQit pas de PQrl/enir à (,Ine conck~slon générQle Simple! Darwin Réf. 21105 Einstein Réf. 20957 Freud Réf. 20973 Lénine Réf. 20958 Marx Réf. 21106 Trotsky Réf. 21057 L'énergie nucléaire Réf. 21056 Chaque titre au format 14 x 21 176 pages environ, 50 F. La paix 208 pages, 65 F Le capital de Marx La faim dans le monde Réf. 21192 Réf. 21055 52 F Réf. 21144 52 F Vous n'aviez jamais rêvé de les comprendre si facilement. « ... Une incontestable réussite. » Le Monde. « Faut-il encore insister sur le sérieux et l'humour de ces petits livres nécessaires ? Curieux, ne résistez pas! » Libération. « Respectueux sans être complaisant, très simple sans sombrer dans le vulgaire, aussi rebondissant qu'un polar. Les dessins sont franchements marrants. » Pilote. « On rit beaucoup et on s'instruit plus encore. » CFDT Magazine. 27 riS ISRAELIENS ~flations, dit Moshé, celle des prix et ender n'est pas facile. Nés souvent de 'ans des coalitions. 'es: Ukud, dont la composante essentielle IMM. Begin, A. Sharon, 1. Shamir) libéral. Le Likud aformé tous les gou- ~artir d'une scission du Herout, parti- [ and Israël », s'est joint à la coalition d en juillet 82, à la suite de l'opération ~, le Maarakh (Front en hébreu) comIPAI (Parti travailliste), le MAPAM !S à gauche, le MAP AI étant essentielImoyennes. Lors des élections de 81, le ~, /. Navon ... ) afait ses meilleurs scoIroshavims aisés, dans les kibboutz non image élitiste ashkenase qu'i! s'est ouveau dirigeant de la centrale syndi~ harade). Selon le journaliste israélien rh, au pouvoir pendant 30 ans, a été t trop longtemps fait la politique du éré l'original à la copie» (1). iune scission du Parti National Relir sur la scène politique des sépharades ique du Nord) économiquement et par rapport aux Ashkenases (venus ( Pour eux, dit Albert avec un bel ommes pas des Juifs. Qu'est-ce qu'ils Beethoven et Mozart, c'est à nous à la coalition gouvernementale, mais ique grandissant, l'a lâché, ce qui a ipées. Irtement et le cinéma 1rend des branches: le Parti National 'sraël. ruvement sioniste religieux, était tradiavaillistes,. depuis l'arrivée du Likud 1 l e. orthodoxe, participait à la coalition liros titre aes Journaux sur le aewurnemem ue l auLUUU:; Tel-Aviv-Ashkelon par un commando palestinien. , , en retour des mesures contre l'avortement, leS DUS qUi rOUlent le samedi et les cinémas qui ouvrent le vendredi soir, début du shabbat. « C'est combien le billet pour Tel-A viv ? 280 shkalim ? Il y a une semaine, c'était 220. Vous savez, le peuple souffre ici. On croit que c'est un pays où ilfait bon vivre. C'est un pays de chauvinistes ... » Celle qui s'est mise à parler, comme on s'épanche, a des cheveux blancs et courts, un visage fin . « On apprend aux enfants à ne pas acheter chez les Arabes, moi je ne regarde pas si on est Arabe, Juif, Ashkenaze ou Ethiopien, ou n'importe quoi. J'aime les gens, c'est tout. Mais j'ai confiance, oui j'ai confiance ,. il y a beaucoup de gens très bien dans les kibboutz, les Universités, il y a Chalom Archav (l0) ... Nous avonsfait un rassemblement, ilfallait voir ce monde ... ». Claude HÉNARÈS (1) J erusalem Post, 1.04.84 (2) Jerusalem Post, 1.04.84 (3) Jerusalem Post, 2.04.84 (4) Jerusalem Post, 6.04.84 (5) Express, 18-24 mai 84 (6) Agence Télégraphique Juive, 4.06.84 (7) A.F.P. , 10.06.84 (8) AI Fajr, 4.04.84 (9) Le mémorial de la déportation (10) La Paix Maintenant 31 - Le Front démocratique pour la Paix, constitué autour du Parti Communiste, le Rakah, où se retrouvent Juifs et Arabes. « Les députés communistes sont à la Knesseth les meilleurs défenseurs des Arabes» (David Catarivas, Israël, Petite Planète). - La Formation Progressiste pour la Paix regroupe aussi Juifs et Arabes. Le n 0 1 de cette liste est Me Mohamed Miari ,. y figurent aussi le général de réserve Mati Peled, animateur du « Comité Israël-Palestine» et le journaliste Uri A vneri. Il faut ajouter à ces partis des « indépendants ». « L'ancien président du Parlement israélien (et membre du Parti Libéral) M. Menahem Savidor pourrait figurer sur la liste indépendante . de Samuel Flatto-Sharon. Ce dernier toujours recherché par les autorités françaises, annonce avoir entamé des négociations pôur convaincreM. Sa vidor de prendre la seconde place sur sa liste. .. Celui-ci confirme avoir eu quelques entretiens avec M. Flatto-Sharon, mais il dément avoir fait son choix. « Il est aussi très possible que je présente ma liste indépendante» annonce~ »m 0 (1) Révolution (sept. 83) (2) Tribune Juive, 25.05.84 effectifs doublés et à qui on donne pour faire face à toute menace loc Haim, c'est un kibboutznik, pense le rôle de l'Armée de Haddad. « ( c'est le Liban. Ilfallait ne pas dépa la guerre était populaire, maintel C'est Sharon le responsable ... ». Lui, Haim, à 48 ans, est un « anci sieurs campagnes ; comme tous h 55 ans, il doit donner à l'armée 6 aîné va partir au régiment : trois al à supporter. Moshe Arens, ministre de la Défen~ vient pas (4) : « L'Armée n'est p exercices d'entraînement ... Le tra Liban n'est pas très plaisant. Beaue reux. C'est désagréable et dang, réserve sont de 60 jours et pour dur ». A la question sur les compromis qu accepter pour une solution politiOccupés: « Il est clair qu'il n'y a, en vue, nous devons apprendre à 1 Teddy Kollek, maire (travailliste) imagé (5) : « Je voudrais que les présence. Et que les Juifs respecter. l'agneau ont appris à vivre ensem condition que le loup soit juif ». \ Le ru; lation polic( de 1 Ashk, choc ] Mme génér le COI colon ritoires occupés : agressions armée lences diverses envers la populal demande de Menahem Begin en 19~ invitait le gouvernement à prendre 1983, devant l'inaction des ministèr donne sa démission. Ce n'est qu'el MOU1Jeillellt COHtre le racisme les ~ pOl~' l'onriri elltre les 1Je1IP chronique . du flagrant racIsme j prej.ceJe Ullll1"\1'" ~ Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) Chronique du flagrant racisme Préface de Casamayor Avec la crise, les vieux démons du racisme resurgissent sous des formes nouvelles: la lutte pour l'emploi. l'insécurité, etc. S'il est essentiel de combattre les idées fausses sur ce sujet, la lutte doit aussi se mener sur le terrain concret de la défense des victimes du racisme au quotidien. Ce guide pratique analyse les possibilités offertes par la loi de 1972 pour lutter contre les injures racistes, le refus de logement, de travail, de service dans un café, etc. 0.,.100""'"'''' Cahiers libres, 144 pages, Réf. 21187 , 52 F.


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L'arrestation par les services secrets israéliens de 26 juifs soupçonnés d'appartenir à un réseau terroriste braque les projecteurs sur cet aspect de la vie politique. Ces extrêmistes, qu'ils agissent seuls ou appartiennent à des groupes organisés ont en commun leur idéologie ultra nationaliste, xénophobe, raciste. On pourrait la résumer en deux slogans : «Israël aux Juifs» -- « Dehors les Arabes ». Israël c'est celui de la Bible, des 12 tribus (qui comprend, bien sûr, la Judée-Samarie et pousse une pointe, au nord 22 ............ J"" ••• _ ............... ,... .... ..... " ...... ,.......... 11.4 ....... ,..... .'.""VI }/VI ~~ UWI'~ UI'C: confédération jordano-palestinienne, le jour où elle aurait lieu» (8). Cependant, militante ou non, la religion imprègne toute la vie. Elle puise dans la tradition culturelle; l'histoire et les souvenirs personnels, prend chaque individu dans les mailles tissées ténues d'un filet habile. Face à cette présence envahissante, des Israéliens jeunes ou vieux s'insurgent, renaclent devant des pratiques. La voiture avec haut-parleur a depuis longtemps déjà annoncé que le shabbat est commencé, Rifka ostensiblèment continue à travailler. « Moi, ici, je suis seule avec le Bon Dieu ». Elle a, au cours du Seder, évoqué en famille de vieux souvenirs d'autres Pâques, mais le lendemain elle « oublie ,» de manger des matzoth. Jérusalem c'est le choc. Rien à voir avec un orientalisme désuet, ni un folklore de pacotille (le temps arrêté dans un décor vide pour touristes). Ici, la vie continue, puissante, renouvelée. On se confie à ce courant qui afflue et reflue, vient battre entre ses murailles, les déborde, jusqu'aux quartiers populaires, jusqu'aux collines et aux lointains bleus. Et soudain c'est le silence de ruelles désertes, la sérénité d'un grand cimetière arabe, aux tombes blanches qui fait face aux pierres blanches d'un autre cimetière, juif, sur le Mont des Oliviers (9). Les souks rassurent. Ces marchands qui, tous, proposent le chandelier à sept branches, le Christ en bois d'olivier, la mousseline d'un keffieh ou les miroirs bédouins, sont-ils arabes, juifs, arméniens ou grecs? A quoi bon se poser la question. Le commerce, ce n'est pas seulement le troc -donne- moi cette écharpe et tu auras mes shkalim (ou mes dollars). C'est aussi échange, conversation, relations, coexistence. Pourquoi pas à Jérusalem? Devant l'hôtel, des ouvriers pavent la rue -- « good morning! ». L'un d'eux s'arrête de creuser, il dit :« Iln'yapas un Arabe ici qui n'ait le coeur rempli de peine ». Son compagnon l'écoute. « Pour nous, le plus important c'est notre liberté, notre indépendance ... » Le chef s'impatiente et siffle, les hommes sans se presser reprennent la pioche. Marien est Arabe et catholique: «Nous n'avons plus d'espoir. On nous a pris nos terres. J'ai une maison et je ne peux pas y aller. Vous, les Français, vous avez été occupés, mais vous avez récupéré vos biens. Nous, nous subissons une' occupation sans récupération ... Personne ne nous aide, l'Amérique veut ruiner la force des Arabes ... » \ « Je suis contre le terrorisme, oui, mais comparez ce que font les Palestiniens et les Israéliens. Après Sabra et Ch a tila, est-ce qu'on a condamné Sharon ? Le voilà candidat ... Des objectifs mili~ taires, bien sûr, c'est préférable mais ici tout le monde est dans l'armée, tout le monde porte une arme, comme à Chicago... Si nous avions les mêmes droits que les Israéliens et notre propre gouvernement, les deux peuples pourraient vivre ensemble ». Khairi, inscrit à l'Université arabe de Birzeit (fermée pour un mois par les autorités israéliennes parce que les étudiants ont manifesté le Jour de la Terre) habite une chambre semblable à celle d'un hôtel pour travailleurs immigrés: propre et délabrée. Au mur, la mosquée d'Omar et la photo de Marilyn Monroe. A la gare routière de Jérusalem, c'est l'affluence d'une veille de fête, dans la chaleur orageuse du hamsin : familles, campeurs, militaires, pieux vieillards, paquets, valises, voitures d'enfant et sacs à dos. Gros titre des journaux sur le détournement de l'autobus Tel-Aviv-Ashkelon par un commando palestinien. « C'est combien le billet pour Tel-A viv ? 280 shkalim ? Il Y a une semaine, c'était 220. Vous savez, le peuple souffre ici. On croit que c'est un pays où il fait bon vivre. C'est un pays de chauvinistes ... » Celle qui s'est mise à parler, comme on s'épanche, a des cheveux blancs et courts, un visage fin. « On apprend aux enfants à ne pas acheter chez les Arabes, moi je ne regarde pas si on est Arabe, Juif, Ashkenaze ou Ethiopien, ou n'importe quoi. J'aime les gens, c'est tout. Mais j'ai confiance, oui j'ai confiance,' il y a beaucoup de gens très bien dans les kibboutz, les Universités, il y a Chalom Archav (JO) ... Nous avonsfait un rassemblement, ilfallait voir ce monde ... ». Claude HÉNARÈS (1) Jerusalem Post, 1.04.84 (2) Jerusalem Post, 1.04.84 (3) Jerusalem Post, 2.04.84 (4) Jerusalem Post, 6.04.84 (5) Express, 18·24 mai 84 (6) Agence Télégraphique Juive, 4.06.84 (7) A.F.P., 10.06.84 (8) AI Fajr, 4.04.84 (9) Le mémorial de la déportation (10) La Paix Maintenant 31 LES PARTIS ISRAELIENS « Nous subissons deux inflations, dit Moshé, celle des prix et celle des partis ». Il est vrai que les appréhender n'est pas facile. Nés souvent de scissions, ils se fondent dans des coalitions. Quelques ]Joints de repères .' - Le bloc de droite, le Likud, dont la composante essentielle eSt le Herout (parti de MM. Begin, A. Sharon, 1. Shamir) auquel s'ajoute le Parti Libéral. Le Likud aformé tous les gouvernements depuis 1977. -- Le Parti Tehya, créé à partir d'une scission du Herout, partisan de la ligne ultra, « grand Israël », s'est joint à la coalition gouvernementale du Likud en juillet 82, à la suite de l'opération « Paix en Galilée ». -- La coalition de gauche, le Maarakh (Front en hébreu) composé de 2 partis: le MAPAI (Parti travailliste), le MAPAM (Parti ouvrier unifié), plus à gauche, le MAPAI étant essentiellement un parti de classes moyennes. Lors des élections de 81, le Front travailliste (S. Peres, /. Navon ... ) afait ses meilleurs scores dans les quartiers et moshavims aisés, dans les kibboutz non religieux. Il avait une image élitiste ashkenase qu'il s'est employé à modifier (le nouveau dirigeant de la centrale syndicale Histadruth est un sépharade). Selon le journaliste israélien A. Kapeliouk, le Maarakh, au pouvoir pendant 30 ans, a été battu en 73 « pour avoir trop longtemps fait la politique du Likud. Les gens ont préféré l'original à la copie» (1). - Le Parti Tami (né d'une scission du Parti National Religieux) traduit l'émergence sur la scène politique des sépharades (Juifs orientaux et d'Afrique du Nord) économiquement et culturellement défavorisés par rapport aux Ashkenases (venus d'Europe ou des USA). ( Pour eux, dit Albert avec un bel accent pied-noir, nous ne sommes pas des Juifs. Qu'est-ce qu'ils croient ces Askenases? Beethoven et Mozart, c'est à nous aussi»). Le Parti Tami s'était joint à la coalition gouvernementale, mais devant le marasme économique grandissant, l'a lâché, ce qui a entraîné les élections anticipées. Contre l'avortement et le cinéma - Le bloc religieux comprend des branches: le Parti National Religiezi~ et L 'Agoudat Israël. . Le PNR, héritier d'un ·mouvement sioniste religieux, était traditionnellement allié des travaillistes,' depuis l'arrivée du Likud au pouvoir, glisse à droite. L'Agoudat-lsraël, ultra orthodoxe, participait à la coalition gouvernementale exigeant en retour des mesures contre l'avortement, les bus qui roulent le samedi et les cinémas qui ouvrent le vendredi soir, début du shabbat. - Le Front démocratique pour la Paix, constitué autour du Parti Communiste, le Rakah, où se retrouvent Juifs et Arabes. « Les députés communistes sont à la Knesseth les meilleurs défenseurs des Arabes» (David Catarivas, Israël, Petite Planète). -- La Formation Progressiste pour la Paix regroupe aussi Juifs et Arabes. Le n 0 1 de cette liste est Me Mohamed Miari " y figurent aussi le général de réserve Mati Peled, animateur du « Comité Israël-Palestine» et le journaliste Uri A vneri. Il faut ajouter à ces partis des « indépendants ». « L'ancien président du Parlement israélien (et membre du Parti Libéral) M. Menahem Savidor pourrait figurer sur la liste indépendante de Samuel Flatto-Sharon. Ce dernier toujours recherché par les autorités françaises, annonce avoir entamé des négociations pOuT'convaincre.M. Savidor de prendre la seconde place sur sa liste ... Celui-ci confirme avoir eu quelques entretiens avec M. Flatto-Sharon, mais il dément avoir fatt son, choix. « Il est aussi très possible que je présente ma liste indépendimte » annonce~ »m 0 (1) Révolution (sept. 83) (2) Tribune Juive, 25.05.84 32 33 CULTURES Ecrire l'errance Souvenirs qui creusent la soif. •• De Trinidad à la BBC, les voyages de Naipaul 34 P rologue à une autobiographie, la première partie du dernier livre de V.S. Naipaul, nous ramène par la main dans l'univers du souvenir et précise à leurs sources les contours d'une future oeuvre romanesque. Souvenir de Trinidad d'abord, de sa population mêlée, de ses rues, du vaudou dans les arrière-cours des Noirs, « des vendettas entre familles ennemies, des meurtres, des âpres batailles électorales ». Souvenir de la naissance d'une écriture ensuite, face à la machine à écrire dans le hall du Langham hôtel de Port of Spain à la Jamaïque. Souvenir du rigorisme hindou de la maison de sa grand-mère. Souvenir de l'oncle Bogart, le descendant d'immigrants venus du sud de l'Inde au XIxe siècle. Souvenir de la BBC, du Queen's Royal College de Londres à Oxford. Souvenirs qui creusent la soif à n'en plus finir, jusqu'à la traversée vers le Vénézuela terre promise et « la grande tache frangée d'écume de l'Orinoco ». Le sacrifice Souvenir de son père enfin se refusant au sacrifice d'une chèvre «ointe et ornée d'hibiscus» à la déesse Kali. Lui le petit journaliste sans cesse humilié, dont il dresse un portrait plein d'amour. C'est au coeur même d'un « rêve pharaonique chargé des réminiscences du monde antique », que les « crocodiles de Yamoussoukro» deuxième partie du livre, nous plonge. Dans la texture d'une Afrique animiste confrontée à la puissante modernité qui maltraite les rites et les esprits et qui bouscule les traditions les plus ancestrales. Oémarche inspirée par le thème du sacrifice, sacrifice personnel et rituel. De la tentation ensuite de trouver un ordre au monde, de trouver le « centre », V .S. Naipaul revendique une compréhension de l'Afrique à travers une écriture de l'errance, dans laquelle les « crocodiles dorment les yeux ouverts et qui d'un signe de tête avertissent le Président de tout danger menaçant l'Etat ». Un très beau livre qui nous renvoit tout en douceur à l'état primordial, car « au commencement était le tambour ... ». Daniel CHAPUT SACRIFICES, de V.S. Naipaul, Ed. Albin Michel. Bénin : Le messager, statue en bronze du 16e siècle. ___ Lectures IMPERTINENCE. Ce roman, 'imprimé à compte d'auteur et reproduisant la frappe d'une machine à écrire ordinaire, n'a pas trouvé bon accueil auprès des maisons d'édition. Pourtant il traite, de façon impertinente et spontanée, de l'improbable amour entre deux êtres que tout conspire à séparer : leur culture, lellr couleur, leur appartenance sociale· - différentes. Mais la disparité essentielle est ailleurs : c'est le porte-à-faux fascinant, la différence des sexes et l'éternelle oscillation du désir et du sentiment, à contre-temps toujours, presque toujours, chez deux individus sensibles, pudiques et fiers. Un mot encore, l'adresse de l'auteur (Viresur- Lot, 41700 Puy L'Evêque) et le prix du livre (54 F), si vous.souhaitez le commander. Claude' MORHANGE Petite Planète, de Léonore Fandol SELECTION/LIVRES/DIFFERENCES Après « Agadir» et « Corps négatif» Mohamed Khaïr-Eddine revient avec un récit picaresque où un desperado prend peu à peu conscience de l'érosion des traditions et de la perte de l'identité berbère. Légende et vie d'Agoun-Chich, Mohamed Khaïr-Eddine, Ed. du Seuil. Après avoir regardé de très près les cultes de possession de l'Ouest Malien dans Tambours d'eau (Le Sycomore 1982) J .M. Gibbal emmène cette fois ses lecteurs à l'est du pays, dans les milieux de guérisseurs peul et de magiciens Songhoy où il leur fait pénétrer d'emblée les mentalités. Guérisseurs et magiciens du Sahel, JeanMarie Gibbal, A.M. Métailié Ed. 35 ___ A l'oeil TRESORS. Pour la première fois en France, on a pu voir une collection d'oeuvres d'art africaines anciennes, qui viennent à point nommé pour contrer un préjugé largement répandu en Europe, selon lequel l'art africain (architecture comprise) ne pourrait être ancien car, façonné à partir de matériaux périssables (bois pisé, terre), que le climat « interdirait ·» de conserver. « Trésors de l'ancien Nigeria ·» montre une centaine de chefs-d'oeuvre, d'une finesse extrême, en bronze, en terre cuite, en ivoire, en pierre, en bois précieux, originaires pour la plupart du sud de l'état le plus peuplé d'Afrique, couvrant, et c'est l'immense intérêt de cette exposition, plus de 25 siècles. On peut retenir les noms de quelques foyers de culture de première importance représentés au Grand Palais : Nok (5e siècle avant Jésus-Christ - 2e siècle après), passé maître dans la sculpture du fer et de la terre cuite; Igwo-Ukwu (ge_lOe siècle), spécialiste du cuivre (produit depuis le 1er millénaire au Niger) ; Ife (l2e-14e siècle), centre spirituel du peuple yoruba qui atteint des sommets de perfection dans la statuaire en bronze du continent noir; Ouo (l5e siècle), célèbre pour la fonte du bronze et la sculpture sur ivoirè. Le Bénin! Nom magique attribué à un golfe immense, à l'ancien Dahomey, à un état dlL.gigantesque Nigeria, le foyer de civilisation le plus connu de l'Afrique occidentale -(mis à part quelques brillants royaumes musulmans de la région), qui ~t un état indépendant jusqu'à ce qu'une brutale expédition coloniale britannique, à la fin du XIXe sièCle, n'en disperse les chefs-d'oeuvre dans les collections et les musées de Londres et d'ailleurs. La perfection . de l'exécution de sa statuaire nous est peut-être d'autant plus familière qu'elle se rapproche de certains traits du « classicisme ·» de notre Méditerranée. On sort ébloui de cette confrontation avec des formes et des matières inconnues dans notre paysage çulturel, avec le sentiment qu'il aura fallu attendre bien longtemps pour pouvoir s'en délecter. Yves THORA V AL Trésors de l'ancien Nigéria, Grand Palais, du 16 mai au 23 juillet 1984, tous les jours, de la h à 20 h (audiovisuel, visites scolaires et adultes). 1ifférences CULTURES - Tout pour la musique - La star du Blues. •• A l'occasion de la sortie de son dernier album, cc Lite is a bitCh n (1) et de son passage à Paris où Il a donné trois concerts exceptionnels à Bobina, Luther Allison a bien voulu passer un moment avec «Différences» entre deux bières, à la terrasse d'un caté de Beaubourg, la veille de la première. Différences: Le blues, c'est quoi pour toi, Luther ? Luther ALLISON : Le blues, man, c'est la vie, c'est la mémoire, c'est l'échange, c'est l'amour. Y'a de bons jours et de mauvais jours. Je suis un peu comme un ballon de basket qui fait des bonds, c'est ça aussi le blues. Quand cela ne va pas je chante le blues. Le blues c'est comme la bouffe, c'est à la base de tout, c'est à la base du rock, de la Juju music, du Rap ... Sans blues il n'y a pas de musique possible. Différences : Quel regard portes-tu sur la vie? Luther ALLISON : « Life is a bitch», on vit une triste époque, le show-biz bouffe tout, le blues s'écroule, le rock va suivre, l'argent toujours l'argent. Je veux vivre le blues à ma façon, comme dans le métro à New York ou à Paris, avec des gens autour de moi. Les gens pensent que je gagne plein de blé, oui j'en gagne ça m'arrive, mais ça repart, le blues, l'amour d'abord. Je me sens plus riche d'amour que jamais. Je le dis à mes enfants, faites les choses comme vous les sentez, la vie est trop courte. A chaque fois que je tourne en concert, je me fais plein de potes, c'est ça l'important. J'ai rencontré Jacques Higelin, c'est un type très fort, j'aime ce qu'il fait, il joue sa musique, il vit son trip. Différences : Es-tu content de chanter le blues à Paris ? Luther ALLISON : Oui, Paris est une ville super. J'y viens souvent maintenant, pour y préparer des enregistrements, pour y rencontrer des jeunes musiciens qui font le blues, on fait le « boeuf », on fait des choses ensemble. Différences: Après Paris as-tu des plans? Luther ALLISON: Après Paris je donne quelques concerts en province, puis je compte partir pour Montreux, l'Algérie. En fait, je ne sais pas encore quand est-ce que je serai de retour aux USA, c'est un peu l'aventure. Différences: Quelques mots sur le racisme? Luther ALLISON : Le racisme, je crois que c'est surtout un truc de politiciens. Mon manager est blanc, il prend des risques pour moi, au bout du compte on les partage. Les gens comme Dylan ou les Stones, ne font pas qu'une musique de Blanc, cela va au-delà. Le racisme ça divise. Je veux 36 continuer d'écrire mon blues, de vivre ma vie, je veux devenir Luther Allison, la bonne musique est une musique qui rassemble (1). Propos recueillis par Stéphane JAKIN (1) Life is a bitch, Distribution Madrigal France. Méli-mélQmanie ON M'RAYERA PAS D'ICI. Avec un enthousiasme grandissant Radio Beur continue de pousser et la parole et la musique des jeunes de la génération issue de l'immigration. On connaissait déjà « US Halles» et la voix bouleversante d'Hamou Cheheb, «Quartier des Halles, le para est banal » ... « le rouge du drapeau américain c'est le sang des Indiens ». On connaissait peut-être moins les autres, une bande de jeunes qui tous à leur façon se battent pour exister dans un milieu hostile à leur reconnaissance. Idir, d'abord, qui avec un immense talent se situe à la croisée des traditions et de la modernité. Farid ensuite, qui chante pour celles et ceux qui se cachent pour s'aimer, « Jacqueline et Rachid ». Puis les Amis d'Abdenbi qui cultivent l'amitié et le souvenir « On ne laissera pas dans l'oubli des martyrs de la vie et de cette maladie» en hommage à Abdenbi Guemiah, assassiné en 1982 à la Cité Gutenberg de Nanterre. Et pour finir Lounis Lounès, le plus blues d'entre eux chante « Quelque part» et «On m 'rayera pas d'ici », avec la conviction et le rythme d'un Eddy Mitchell ou d'un Dick Rivers. Un grand moment que ce disque du début à la fin et en tous cas beaucoup de fraîcheur et de sincérité. Y'a même Farid Boudjellal qui nous offre une bande dessinée pur beur sur la pochette et Medhi Lallaoui qui y signe la reproduction d'une de ses toiles, avec quelques accents de fête. Stéphane JAKIN Radio beur, SFPP distribution, Samia Messaoudi, 270.18.40, 737.09.15. LYRISME ET MELOPEE. Après Brian Eno et David ' Byrn dans «My life in the bush of ghosts » qui faisaient sonner les congas en Palestine. «Minimal Compact» prend la relève avec des sonorités tout à fait comparables, un peu plus mélancoliques peut-être, mais y'a du violon et d'immenses débordements qui comme dans la tradition s'envolent vers la hauteur des cîmes. « Dealy Weapons » est le dernier album de Minimal Compact, un groupe juif venu d'Israël sur le chemin de la Diaspora. Une musique incantatoire très confidentielle qui tient à la fois du lyrisme oriental et de la mélopée Hassidim, empreinte des senteurs de l'exil et d'un immense espoir, « L'an prochain à Jérusalem ... ». C'est très fort. Minimal Compact «Dealy Weapons» Madrigal France.

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MOINES MASQUES. Chants et danses des ... Spectacle folklorique du ... Parfois, le programme vous tombe des mains. Himalaya 84 à la Maison des cultures du monde, c'était tout autre chose: une visite d'amitié, de peuple à peuple. En ce mois de mai, ils sont descendus de leur Toit du monde: moines danseurs du Sikkim, habitants des hautes vallées du Ladakh et du Kinnaur venus présenter leurs danses profanes et sacrées, Cachemiris de la tradition mystique musulmane soufie, Afghans de l'hindou-kouch et leurs longs poèmes épiques, nationalistes et religieux. Un petit bonhomme replet, tout sourire, est venu nous demander d'accorder une demi-heure de notre temps à la pratique du Dharma: techniques de discipline mentale et spirituelle mises au point par Bouddha au VIe siècle avant JésusChrist. Essayez, cela ouvre l'esprit et apprend à respecter ses ennemis ! Puis, le petit bonhomme - en fait un Kempo : grand docteur ès Dharma - nous a présenté une danse sacrée des moines masqués de son monastère de Rumtek. Après la prestation lancinante des chanteurs cachemiris, le public a salué les vedettes du jour. Les habitants de la vallée du Ladakh, souriants et facétieux à souhait. Ils ont présenté des danses de mariage ;. les femmes coiffées de splendides· couvre-chefs de turquoises et d'astrakan, les hommes avec leur carquois d'archer. Nous avons même eu droit à un très grand moment d'accalmie dans l'éprouvante dialectique de la ressemblance et des différences. Des damoiseaux et damoiselles himalayens ont interprété Man Tog Stanmo, une danse de cour drôlatique. A les regarder se séduire, s'agacer, minauder, on se 37 serait cru en pleine drague dans une boîte du samedi soir. La salle ne s'y est pas trompée, qui s'esclaffait... en pays de connaissance. A la fin du cycle himalayen, les spectateurs se sont mués en hôtes. Autour d'un verre de vin de pays pour les hindous et animistes, de jus d'orange pour les musulmans, on a échangé quelques menus cadeaux et points de philosophie. Exemple: « Vos maisons sont très hautes, c'est sûr, elles ne doivent pas prendre la neige comme les nôtres, mais pourquoi courez-vous en tous sens, pourquoi souriez-VOU$ si peu ? » Peut-être parce-que ça marche ensemble... Encore que spiritualité et matérialité fassent parfois bon ménage. Le plus spirituel de la troupe des ladakhis, Spambo Tsewang, a adoré recevoir sa photo aussitôt prise. Merci Polaroïd ! Pauline JACOB KWAGH-HIR. Chez le peuple Tiv du Nigéria, c'est autour du temple de la fécondité que s'organise la vie du village. On y raconte des histoires, on y danse pour que la récolte soit bonne, pour que les femmes aient des enfants. Tandis que les tambours racontent, le conteur plante le décor. Transe rituelle et initiatique dans un monde où le gros lièvre symbolise l'homme et où le masque de la femme-mère s'érige en totem dans un théâtre total. Hanté par l'esprit de l'ancêtre où tous les animaux sont des génies, le« KwaghHir '», c'est de la musique, de la danse, des marionnettes et des pantomimes. Un spectacle très coloré aussi populaire qu'un match de foot! Où les voix de femmes n'en finissent jamais de « réchauffer la terre .». Julien BOAZ Le Kwagh-Hirdu Nigéria, Maisons des Cultures du Monde, 101, Bd Raspail, 75006 Paris. Tél. : 544.72.30. CULTURES Maya Miriga dans Le Mirage - Cinéma- « Un certain regard ». sur la Terre entière Beaucoup de films présentés à Cannes sortent en septembre. Voici les plus intéressants. Un certain regard» est le « titre d'une sélection de films projetés à Cannes, véritable radioscopie des cinématographies du monde entier. Je ne sais pas s'il est subjectif de vouloir dégager des thèmes communs à des films issus de cultures et de sociétés très différentes, mais il me semble qu'une dizaine d'entre eux, venus d'Asie, d'Amérique latine, d'Europe nous parlent, peu ou prou, d'oppression fasciste, de révolte contre elle, d'espoir en une société plus juste, ou bien, tout simplement d'amour et de tendresse, qui sauvent de la déraison. « Memorias do Carcere », du Brésilien Nelson Pereira Dos Santos, l'un des plus beaux films, des plus forts également montrés sur la Croisette (totalement absent du palmarès !), est un cri sublime contre la violence des dictatures sur les corps et les esprits de ceux qui s'opposent à elles. Il s'agit ici de la dictature de Vargas, dans les années « 30 ,», à travers le journal d'un prisonnier politique. Plus allégorique, «'Plus heureux que jamais », d'un autre brésilien, Murillo Salles, relate cette violence surtout à travers la relation quasi-amoureuse entre un père, guerillero urbain traqué par la police, qui le tuera finalement, et son fils adolescent, dans le Rio des grandes vagues de répression de ces dernières années. Le Colombien Francisco Norden, avec « Les Condors ne meurent pas tous les jours », illustre la violence meutrière des groupes fascistes sud-américains, à travers l'itinéraire d'un «citoyen ordi- 38 naire» qui se change en fanatique sanguinaire. Jacobo Penzo, lui, a choisi la voie d'une parabole baroque exacerbée pour dénoncer le « caudillisme ,» dans son Venezuela natal, au début du siècle, qui pourrait s'appliquer à un certain nombre de pays du «cône sud» d'aujourd'hui. Walter Bannert est autrichien, la quarantaine et n'a pas connu directement le nazisme. Cependant, « Les Héritiers », qu'il présentait à Cannes, avec pour devise « Plus jamais le fascisme '», est un cri d'alarme, non dénué d'ambiguité dans la forme, contre l'existence de mouvements néo-nazis entraînés, dans son pays et en Allemagne, aujourd'hui. Deux adolescents, pour fuir un monde adulte qu'ils refusent, s'affilient à un groupe d'extrêmedroite, découvrent la fascination des armes ... et se transforment' en assassins. La Syrie, pour la première fois présente à Cannes, a présenté son unique longmétrage de l'année, « Les Rêves de la Ville» de Mohammed Malas, qui marque un effort esthétique réel dans l'actuelle production arabe, et qui nous conte la découverte de la grande ville, Damas, des réalités de la vie, de la violence politique, par un petit garçon, dans les années 50, alors que le pays passe de la dictature à la république et à l'ivresse de l'éphémère union avec l'Egypte. A ce film marqué par la tendresse et la lutte pour la vie, en correspondait un autre, américain, «Bless their little hearts », de Billy Woodberry, où, par des images « douces amères '», il capte le drame d'un chômeur, père de famille, dans la banlieue noire de Watts, à Los Angeles. C'est sa femme, énergique et fière, qui prend en charge la destinée de la famille et la violence rentrée dans le couple finit par éclater. Après l'orage, on gage que plus de tendresse va s'instaurer dans un destin typique. Plus individualisé encore, l'amour rédempteur comme antidote au naufrage est admirablement personnifié par l'héroine du film de« Au-delà du chagrin et de la douleur» de la Suédoise Agneta ElersJarleman, l'amour opiniâtre d'une femme qui sait rendre, petit à petit, à son amant terriblement blessé dans un accident, ses facultés intellectuelles et émotionnelles ... au-delà des sons inarticulés bouleversants qui sont, à un moment leur unique moyen de communication. Brève rencontre Enfin, last but not least, je voudrais terminer sur deux films indiens, présentés également à « Un certain Regard ,» et à la « Quinzaine» (en plus de l'admirable « La Maison et le Monde» de S. Ray, qui représentait l'Inde à la sélection officielle, et qui n'a même pas été mentionné dans le Palmarès !). Il s'agit, à tout seigneur tout honneur, de « Kandhar » ( Les Ruines ») du grand réalisateur bengali, Mrinal Sen, qui délaisse ici un certain réalisme «militant ,». Dans son 23e film, il nous entraîne dans un superbe et immense palais de campagne en partie ruiné, où trois jeunes citadins, dont l'un est photographe viennent passer le week-end. Dans la propriété vit une jeune fille (la très belle Shabana Azmi) qui reste là pour soigner sa mère impotente ... Un sentiment très pudique naît entre la jeune fille et le photographe, comme le définit Sen « une brève rencontre, faite de trahison et de fidélité, de fuite et d'engagement ... ». Le week-end s'achève et la jeune fille retourne à une solitude que l'on soupçonne sans espoir. Moins connu ici, Nihad Mohapatra était venu présenter son « Maya Miriga» ( Le Mirage »). Egalement emprunt d'une tendresse et d'une pudeur peu communes dans le cinéma commercial indien, ce film nous conte l'histoire de la famille d'un enseignant de l'Orissa, au sud du Bengale, dont la vieille maison chaleureuse voit partir les fils attirés par la ville et la vie « moderne ,». Ce survol d'une dizaine de films, pris parmi une quarantaine de long-métrages présentés dans les trois sections mentionnées ci-dessus, reflète peut-être l'extrême richesse de ce qui a pu être vu à Cannes, dans une fête du cinéma souvent décevante par ailleurs. Yves THORA VAL ___ Cinémois MAGISTRAL. « Liberté la nuit », de Philippe Garre!. Ce film tourne autour d'un homme (Maurice Garrel) et de sa relation aux autres : sa femme (magistralement interprétée par Emmanuelle Riva), sa maîtresse (Christine Boisson), ses amis (Lazlo Szabo, notamment) et les combattants de la fédération de France du FLN. Nous sommes en effet en 1960 et il s'agit d'aider ceux qui se battent pour la libération de leur pays. Le film est traité en noir et blanc. Il est l'image et la mémoire du vécu déjà ancien de toute une génération marquée par la guerre. Philippe Garrel pose avec minutie ses personnages et leurs contradictions, leurs passions et leur désespoir aussi. « Liberté la nuit » sait également nous dire que la guerre n'est pas un jeu, que les marionnettes ne sont pas que de bois et chiffons, que l'oubli ne se décide pas ... Jean, le protagoniste principal, dira dans un texte, manifeste et bilan à la fois : « Et toi enfant qui me lis, écoute cette histoire. Des gens comme moi et tes parents ont su pendant la guerre d'Algérie aider un peuple à résister à l'envahisseur. Le racisme, puisque c'est. ainsi qu'il se nommait, a fait un million de morts avec sa sinistré guerre de conquêtes. Un autre univers rural, du côté du Guatemala, la féodalité y est encore plus directe. A des paysans qui se réunissent pour se plaindre de leur condition, on envoie la troupe. C'est le carnage. Voila posé le début de « El Norte» de Gregory Nava. Seuls, deux jeunes survivent et ils décident de partir vers les EtatsUnis attirés par le mirage doré de cette société ou « même les pauvres ont rélec- 39 tricité, l'eau courante et une voiture ». Au bout de leur rêve, ils découvriront qu'en travaillimt dur, ils peuvent y gagner « beaucoup d'argent '», mais que pour y vivre il leur en faut tout autant. C'est l'apparente incompréhension du monde des adultes qui poussent deux jeunes, Charly et Thomas, à devenir membres, presque par hasard, d'un groupe d'extrême-droite. Cela se passe en Europe aujourd'hui, c'est l'objet du film de Walter Bannert, «Les héritiers » (Autriche) programmé par la quinzaine des réalisateurs. « L'idée même du néo-fascisme était pour nous impensable, invraisemblable. Notre génération ne devait pas commettre les erreurs du passé, déclare le réalisateur, et on y croyait ... jusqu'en 1976. Cette année-là, un groupe de néo-nazis envahit une brasserie, détruisant tout sur son passage, rouant de coups la clientèle, blessant grièvement le propriétaire. Nous étions parmi les clients blessés. Nous avons - Erich A. Richter et moi-même - commencé à faire des recherches sur ce qu'est rextrêmedroite ... C'est ce quotidien très dur que j'ai voulu décrire avec réalisme. Ilfaut que le spectateur saisisse pleinement l'emprise du néo-fascisme, sa séduction et le danger qu'il représente véritablement .pour la jeunesse d'aujourd'hui .. . »A voir... 0 Jean Pierre GARCIA El norte REfLEXIDN -Elections- RÉTABLIR LA VÉRITÉ On n'a guère entendu d'autocritiques, après les 11 0/0 du Front National. Ceux qui l'ont propulsé sous les feux de la rampe sont restés muets. Albert Lévy fait le point. A près le choc des Il % de Le Pen, on s'interroge: jusqu'où ira son ascension ? La France va-t-elle succomber au racisme? La volonté d'agir est forte: par quelles voies et quels moyens? Le discours que propage le chef du Front National comporte deux traits essentiels. D'une part, il se réfère à des réalités ressenties péniblement par la masse des Français: le chômage, l'insécurité, le désarroi devant un monde en mutation rapide, la fiscalité, l'inadaptation de l'école ... D'autre part, il crée une obsession: celle de l'immigration. La mystification consiste précisément dans la jonction de l'un et de l'autre: faire croire que tous les maux proviennent des immigrés, que ceux-ci bénéficient de privilèges exorbitants, et que, par consé- ~ quent, leur « renvoi ·» massif serait la a'l solution. Il ~----------------' Il importe donc prioritairement de rétablir la vérité pour détromper les Français qui se sont laissés prendre au piège. Pas seulement, d'ailleurs, ceux qui ont voté Le Pen, mais aussi beaucoup d'autres, puisque, selon un récent sondage, 55 % des personnes interrogées estiment que le départ des immigrés résoudrait le problème de l'emploi. Telle est la banalisation dont on parle parfois ; tel est son effet: la contamination. Elle résulte de la caution d'honorabilité offerte à l'extrême-droite par ceux qui ont repris à leur compte certains de ses thèmes de propagande, se sont · alliés avec elle, ou ont propulsé dans les médias, sans précautions, l'image d'un candidat défendant simplement un point de vut) parmi d'autres. Pas plus, pas moins qu'en 1931 Sans doute était-il conforme aux règles démocratiques de donner la parole à M. Le Pen. Encore devait-on, pour une information complète, faire en sorte que soient corrigées les contre-vérités flagrantes qu'il profère. Ainsi, pour attiser le sentiment affolant « d'invasion '», M. Le Pen va répétant qu'il y a en France plus de six millions d'étrangers et mobilise en renfort les cent millions de Maghrébins de l'an 2000. Or, on sait, depuis le dernier recensement, que le nombre des étrangers en 1982 (après les régularisations) est de 3 680 100, soit un pourcentage, par rapport à la population, à peu près identique à ceux de 1975 et de 1931. Il prétend que les immigrés « coûtent cher» aux Français, dont les impôts seraient engloutis dans la construction d'hôpitaux, de crèches ou d'écoles à leur seule intention. Or, il est facile de montrer que les étrangers paient également des impôts, des taxes et des charges, et de prouver, chiffres à l'appui, qu'ils dépensent moins qu'ils ne donnent en matière de Sécurité sociale et d'Allocations familiales. De la même façon, on avait à expliquer ce qu'il en est vraiment du rapport entre immigration et chômage ou délinquance, et souligner que là où il y a fermetures d'entreprises, le « retour ·» des immigrés ne donne pas un seul emploi supplémentaire aux Français. Quant aux difficultés du logement, elles tiennent, non pas aux immigrés, mais à des questions de structures, de qualité de vie, de conditions sociales. 40 Rien de cela n'a été vraiment dit dans la période électorale. On a fait passer pour des opinions ce qui était falsifications délibérées. On a laissé le champ libre à des propos visant à susciter la peur et la haine. Ce qui n'a pas été accompli hier doit l'être maintenant. Dédramatiser la relation Français/immigrés, remettre à leur place les problèmes et leurs données objectives sans faire appel à un « bouc émissaire» pour les interpréter : voilà le premier des devoirs, si l'on veut un débat honnête, débouchant sur les mesures efficaces que la plupart souhaitent sincèrement. Les monstres et le sommeil de la raison Il faudrait parallèlement, rappeler sans relâche aux Français qui l'ignorent ou ont oublié, la signification politique du « phénomène Le Pen». On a évoqué ici ou là les sympathies du personnage pour Franco ou Pinochet, son comportement pendant la guerre d'Algérie, son passé poujadiste, les positions antisémites, moins prudentes que les siennes, de certains de ses « lieutenants». On pourrait également signaler que, dans l'Allemagne de 1930, était diffusé un slogan comparable mot pour mot, à l'un de ceux qu'il affectionne: « 700 000 juifs, 700 000 chômeurs, la solution est simple '», proclamaient alors ceux qui allaient bientôt imposer leur domination. On veut défendre les libertés et l'on prépare contre elles les pires atteintes ! Car les immigrés font partie de notre société, ils sont des êtres humains à part entière. Prétendre les « chasser», c'est faire fi de leurs droits élémentaires, c'est les muer en simples objets dont on pourrait se débarrasser à volonté. Il suffit d'imaginer leur exode pour comprendre qu'il n'aurait rien à envier à celui des juifs de l'Allemagne nazie: il serait non seulement le signe d'une catastrophe économique, mais traduirait l'effondrement de la démocratie. Est-ce le prix Vous voulez discuter ? Différences peut vous y aider. qu'envisagent de payer ceux qui pensent ainsi défendre leurs droits de Français - nullement menacés ? Mais, dit-on, ce n'est pas en argumentant que l'on convaincra les supporters de M. Le Pen, lesquels réagissent et votent « avec leurs tripes .». En fait, l'at- on essayé avec assez de conviction? La vérité a-t-elle été proclamée avec la force et l'opiniâtreté nécessaires pour contrecarrer des affirmations mensongères répandues, elles, avec tant d'insolence? Dans ce pays cartésien, qui est aussi celui des Droits de l'Homme, abandonnerons-nous tout espoir de sauvegarder les valeurs fondamentales? « Le sommeil de la raison engendre les monstres .». Il est donc temps d'établir un cordon sani taire auto ur de l ' i déolo gie qu'incarne le Front National. L'Histoire et l'expérience récçnte nous l'enseignent: toute concession envers elle, comme toute forme d'abstention, ne peuvent que favoriser son expansion. L'action à mener ne se réduit pourtant pas à éclairer et sensibiliser l'opinion. Elle doit s'appuyer sur l'expérience vécue. Ces problèmes sur lesquels se greffent les excitations xénophobes sont, répétons-le, bien réels. Il est urgent de les prendre à bras le corps pour les résoudre, alors que la démagogie de l'extrême-droite ne fait queJes exploiter. Des dispositions sont élaborées et commencent d'être prises, par exemple, pour combattre la « mal vie -» dans certains grands ensembles immobiliers. Tâche de longue haleine, certes, mais il convient d'en accélérer la réalisation, d'obtenir sans tarder des résultats tangibles et de les faire connaître. Cela ne sera possible qu'avec la participation des gens concernés. Dans l'Allemagne de 1930, on proclamait: « 700 000 juifs, 700 000 chômeurs, la solution est simple » Et puisque Français et immigrés souffrent également de situations génératrices d'inquiétudes et de tensions, il est crucial qu'ils coopèrent pour les transformer, en fonction de leurs intérêts communs. Mieux se connaître et se comprendre, agir solidairement dans le quartier, l'entreprise, l'école, les lieux de loisirs et de culture, partout où ils se rencontrent, n'est-ce pas la meilleure 41 réponse à ceux qui cherchent la division, l'hostilité, voire les affrontements? C'est le sens de la campagne « Vivre ensemble avec nos différences» poursuivie toute cette année« sur le terrain» par le MRAP et de nombreuses autres organisations. Pour faire face à la: montée actuelle du racisllle, l .es pr()clam~tions abstraites et les incantations . ne seront d'aucun secours. Il faut une action en profondeur, résolue, précise, au plan des idées comme de la vie qUotidienne. Il faut aussi, avec vigilance, riposter à toute manifestation concrète de ce mal, qu'il s'agisse d'injures oU de diffamations, de discriminations ou · de violences, telles qu'on l~s voit se multiplier ces derniers temps. Cette lutte const.itue aujourd'hui l'un des composantes impératives du civisme; elle n'incombe pas aux seuls « spécialistes»: c'est aussi bien l'affaire des pouvoirs publics, des hommes politiques, des syndicats, des Eglises, de toutes les associations à vocation sociale et, plus généralement, des hommes et des femmes attachés à la démocratie et à la dignité humaine. Albert LEVY Secrétaire général du MRAP Des extraits de ce texte sont parus dans Le Monde du 07.07.84. St François Xavier mission un des pionniers de la compagnie de Jésus en Orient LES TRIBULATIONS D'UN JÉSUITE EN CHINE En ces années de guerre scolaire, on reparle d'eux. Voici la belle histoire de ceux qui, au XVIe siècle, se sont mis à l'écoute de l'Orient. Exécrés par les anticléricaux, vomis par bien des catholiques qu'effrayaient leurs audaces, les Jésuites souffrent aujourd'hui encore de préjugés tenaces sur l'air bien connu du« je suis partout .». Dès sa création, il y a tout juste 450 ans, la Compagnie de Jésus se fixe pour objectif de réconcilier le monde moderne et l'Eglise catholique. Il était temps. Dans toute l'Europe, le protestantisme progresse à pas de géant. L'humanisme dépose les germes de la raison laïque partout où une instruction suffisante permet qu'ils prospèrent. Les papes sont des monarques jouisseurs et l'avenir de la foi ne les intéresse qu'en raison de ce qu'elle leur rapporte. Les monarques voient d'un mauvais oeil les prétentions temporelles de pontifes qui sont aussi des rivaux. On devisera longtemps pour savoir quelle dose de sincérité les fils de SaintIgnace mirent dans leur adhésion à la modernité. Voulaient-ils seulement s'en servir pour étendre l'influence cléricale? La « gauche» le leur a reproché. Furent-ils au contraire contaminé par un monde que manoeuvre Satan? La « droite ·» leur en fit grief. L'extraordinaire aventure de Matteo Ricci, missionnaire en Chine, éclaire bien l'optimisme et l'audace intellectuelle de ces « fous de Dieu» si raisonnables. Elle est un des rares exemples dans lesquels existèrent un véritable échange, un véritable respect entre l'Europe en quête d'horizons nouveaux et les nations qu'elle découvrait. En 1581, trente-six Jésuites débarquent dans l'île de Macao avec l'intention d'évangéliser l'immense Chine. L'opération est malaisée. Les Chinois sont persuadés de la supériorité de leur civilisation sur le reste du monde. Ils se méfient à juste titre des Européens qui multiplient leurs implantations dans l'Océan Indien et le Pacifique. S'ils n'ont à proposer que leur foi en Jésus-Christ, les Jésuites savent que les Chinois les repousseront sans ménagement. L'usage du gnomon Qu'à cela ne tienne, ils se plongent dans les études profanes et tentent de se rendre maîtres de toutes les découvertes scientifiques que multiplie la Renaissance européenne. Ainsi, pensent-t-ils, ils auront davantage de chances de se faire accepter à la cour du Fils du Ciel. Le calcul se vérifie. Matteo Ricci et ses compagnons, revêtus de la tenue des lettrés chinois, parviennent à s'installer dans l'empire et, par étapes successives, à rejoindre Pékin. 42 Le 24 janvier 1601, lorsque Ricci et ses amis franchissent les murs de la capitale chinoise, ils disposent de deux atouts : ils ont eu le temps de s'accoutumer au mode de vie chinois; ils sont suffisamment instruits pour piquer la curiosité de la cour. Dans son adresse à l'Empereur, Ricci écrit: «Votre humble sujet connaît parfaitement la sphère céleste, la géographie, la géométrie et le calcul. A l'aide d'instruments, il observe les astres et fait usage du gnomon (1). Ses méthodes sont entièrement conformes à celles des anciens Chinois ». Ce message habile accompagné de cadeaux convaincants, dont une horloge dernier cri, a raison des réticences et de la xénophobie chinoise. Ricci est reçu par l'Empereur qui l'autorise à s'établir dans le quartier des fonctionnaires. Ruses jésuitiques? Pour une part, peutêtre, mais il faut avouer qu'un tel succès n'a pas été obtenu par un tour de pass~passe. En se frottant aux sciences modernes, en s'assimilant la culture chinoise, Ricci et ses amis ne peuvent rester imperméables à ce qu'elles portent en elles d'évolutions possibles. Cette « inculturation ·» dans le siècle où ils vivent et dans le pays qu'ils découvrent va produire une des plus audacieuse synthèse culturelle de l'histoire. La Chine n'est pas vraiment religieuse. Les lettres qui dominent l'administration s'appliquent à se confronter aux préceptes moraux de Kong Fou-Tzeu, un philosophe du Vie siècle avant JésusChrist dont les Jésuites transcriront le nom en « Confucius». Confucius est beaucoup plus un sage et un moraliste qu'un fondateur de religion. Les rites confucéens tournent autour du culte des ancêtres qui est censé élever l'âme vers le bien. Les Jésuites sont émerveillés par la hauteur d'esprit de bien des apophtegmes du sage. Ils y voient, de mystérieuses correspondances avec le message chrétien. Lorsqu'il rédige sous le titre « Vraie doctrine du Seigneur du Ciel », une introduction au christianisme, Ricci se garde bien de jeter l'anathème sur la pensée chinoise. Après tout, Platon et Aristote n'étaient pas plus chrétiens que Confucius, et pourtant, les théologies classiques de Saint-Augustin ou de Saint-Thomas se sont largement inspirées de leur pensée. Cette étonnante ouverture d'esprit porte ses fruits. Rapidement, la nouvelle foi se répand parmi les cadres de l'empire céleste. Lorsque Ricci meurt, le Il mai 1610, le souverain chinois lui accorde des funérailles nationales. La voie est tracée. Par une stratégie bien jésuite, Ricci s'est d'abord attaché à convaincre les élites. Ses successeurs tenteront de . convertir les masses. En 1615, ils demandent à Rome le droit d'employer le chinois pour la liturgie. Peu à peu se met- 1583: Matthieu Ricci s'installe en Chine. 1983, le quatrième centenaire de son arrivée est fêté partout. La Chine de Taiwan lui consacre un timbre. 43 tent en place les «rites chinois.» qui vont faire couler tant d'encre. Véritable révolution dans l'Eglise romaine, les Jésuites de Pékin entreprennent d'adapter aux costumes locaux, aux habitudes de vie et de pensée les rites et les textes les plus sacrés. Ils vont jusqu'à pratiquer les cérémonies traditionnelles du culte des ancêtres, n'y voyant rien qui contrevienne au dogme chrétien. cc Ex ilia die n Confusion, hérésie, blasphème, idolâtrie commencent à murmurer les nombreux ennemis que la Compagnie de Jésus compte parmi ses coreligionnaires. Infiltration pernicieuse, dénaturation de l'âme chinoise, argumentent certains mandarins qui voient d'un mauvais oeil grandir auprès du Fils du Ciel l'influence des diables étrangers. Adam Schall, Jésuite astronome et ami de l'empereur est victime d'une machination et condamné à être « coupé en dix mille morceaux ». Grâce à Dieu et à une ruse de ses amis, il échappe au hachoir. A Rome, Dominicains et Capucins s'agitent. Jusqu'à Blaise Pascal qui, dans ses Provinciales, dénonce les Jésuites qui, en Chine, « ont permis aux chrétiens l'idolâtrie même ». Avec leur sens très souple et très dynamique de l'obéissance, les «bons pères .» font tout ce qui est en leur pouvoir pour maintenir les rites chinois. Interdit en 1645 par le pape Innocent X, le culte des ancêtres est à nouveau autorisé en 1656 par Alexandre VII. Lorsque l'empereur K'ang Hsi monte sur le trône, en 1661, jamais la Chine n'a été aussi proche de se convertir au catholiscisme. K'ang Hsi n'a que huit ans lors de son avénement mais il se révèle rapidement être un grand homme d'Etat et un ami compréhensif des Jésuites. Peu à peu, pourtant, les prétentions exorbitantes de Rome jettent le doute. Pour qui se prend ce pape qui prétend empêcher les Chinois de vénérer leurs ancêtres? L'administration impériale interdit aux étrangers d'enseigner tout ce qui serait contraire aux traditions chinoises. En 1715, la bulle pontificale « Ex il/a die» met un terme définitif à cette audacieuse expérience, fermant ainsi la Chine aux missionnaires et à l'Evangile. A cette époque, l'Europe commence à imposer son hégémonie politique, économique et culturelle sur le reste du monde. Par un aveuglement suicidaire, l'Eglise romaine emboîte le pas de l'impérialisme naissant. Reste l'admirable ouverture d'esprit de quelques hommes qui, sans jamais abandonner leur foi, surent humblement se mettre à l'écoute d'un autre monde. Jean-Louis SAGOT-DUVAUROUX (1) Instrument astronomique lES PIEDS SENSIBLES c'est l'affaire de SULLY Confort, élégance, qualité, . des chaussures faites pour marcher 85 rue de Sèvres 5 rue du Louvre 53 bd de Strasbourg 81 rue St-Lazare Du 34 au 43 féminin du 38 au 48 masculin, six I~rgeurs CATALOGUE GRATUIT : SULL Y, 85 rue de Sèvres, Paris 6e 5 % sur présentation de cette annonce Tous les services de la Caissed 'Épargne Co.mpte~Chèques • Livret A • Livret I::S • Livret? Epargne Populaire. Bons d'Epargne • Sicav. Fonds Communs de Place~ en~. Ob~igations. Assurance sur compe. parvle. Livret Epargne-Logement • Plan Epargne-Logement P At" .. 1 . pA' • re s ImmoOIfl ersT. rets economies d' e. nergl'e.s • PreAt ; ami Jaux. Jeune Projet. Coffres • Chan~ ge • Europ Assistance. 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Pelement par chèque bancaire ou postal à l'or~ re de la ligue des Droits de 1 Homme CCP 218 25 0 Paris. CATALOGUES-~~ CHEZ VOTRE COMMERCANT , .' 45 lA PARBlE A A DELITA REQUENA « L'amour doit être plus fort que la haine» Comédienne, fille du républicain espagnol Antonio Requena, elle est cc belle comme une tache de sang ~~. Elle joue aujourd'hui au Lucernaire et ne perd pas une occasion de dire et de chanter Federico Garcia Lorca, l'oeil immobile à attendre le vent. ././ Si je fais du théâtre c'est pour rencontrer l'amour, j'ai besoin " d'amour. Je n'ai pas seulement envie de faire rire, il faut qu'il y ait quelque chose de plus. n ne faut pas s'endormir. n faut toucher les gens là où ils sont, ou, comme disait Artaud, à l'intérieur. J'aijouéLa Folle, au milieu defemines voilées assises d'un côté, les hommes de l'autre. Les jeunes ont été sensibles à mon jeu, les autres un peu moins, il y était question de la pilule. J'ai joué à Berlin pour un public d'intellos anars, puis pour des militaires de la garnison en présence du consul, ils ont eu· un peu de mal à suivre, mais à la fin le consul a partagé sa pomme avec moi. J'ai joué à Grenoble, aussi, la veille des loubards avaient piqué la guitare de Colette Magny. ns sont venus la rapporter pour cinquante francs. Leur geste était un acte de vie. Le soir ils se sont pointés dans la salle avec une certaine violence, je suis descendue les voir pour leur demander de dire ce qu'ils avaient à dire, ils n'ont pas bougé. Le lendemain quelques-uns d'entre eux sont revenus avec des marguerites. Lors d'une tournée en Inde, une femme voulait me donner sa petite fille, cela m'a complètement bouleversée. On ne peut plus vivre ce type de rapports dans les grandes institutions théâtrales où le public paye et s'en va. Les Maisons de la Culture sont de véritables tombeaux, personne n 'y vient. Je rêve de théâtre de quartiers, d'un véritable théâtre populaire près de ceux qui y vivent. Lorsque je parle des H.L.M., j'en parle comme de l'anti-chambre de la prison. Le système renvoie la jeunesse à la seule réussite matérielle, alors c'est la recherche de l'évasion et, pour les plus démunis, les plus fragiles, le chemin de la délinquance ou de la drogue. J'ai la chance de croire à ce que je fais et d'en vivre, je ne peux pas faire de théâtre sans avoir' quelques pensées pour les opprimés. On est à la fois homme et femme, il nous reste à vivre en nous ces deux versants. Un homme à le droit de pleurer jusqu'au bout, d'être un enfant paumé. Mourir c'est dire les mots et ne plus les sentir. » 46 Propos recueillis par Julien BOAZ BURRIER Ilot Chalon Toujours bon Différences; toujours réconfortant ne serait-ce que du seul fait de son existence; toujours précieux pour ses informations, même si celles-ci ne sont pas, elles, réconfortantes. Mais, on vous en prie, ne faites pas de racisme à rebours. Ne poussez pas à Le Pen. Je pense à l'article Rue CasesNègres du numéro de juin. Sans doute a-t-on, comme l'écrivent les auteurs, laissé un quartier pourrir à Paris. Mais, si le racisme est un fléau, la drogue en est un autre. Si des hommes sont tombés à l'abjection de contribuer à répandre le poison, il faut sévir. Et je ne vais pas demander à ce qu'on ait des égards si ces hommes sont des Noirs. Vous n'allez tout de même pas protéger les vendeurs de drogue parce qu'ils n'ont pas la même couleur de peau que vous' Voilà un comportement qui mériterait ce qualificatif de raciste. On vous en prie : ne poussez pas à Le Pen. J.L.M. Lille Chère .Ieanne La célébration de la fête de Jeanne d'Arc par le Front National marque la collusion de J.M. Le Pen et des catholiques intégristes, et l'exaltation d'un certain nationalisme qui s'est rélévé si dangereux au cours de l'histoire. Il me semblerait opportun - et aisé - de démystifier ce culte de Jeanne d'Arc, l'auréole de notre héroïne résultant d'une mystification tant religieuse que politique: - religieuse: cette psychopathe - dont les « voix» résultent de l'irruption dans le champ de conscience d'un surmoi impérieux - brûlée en 1431 comme hérétiq ue (criminelle intolérance des religions ') fut réhabilitée en 1456 eu égard à son action patriotique, puis successivement béatifiée et canonisée en 1908 et 1920 pour favoriser un rapprochement avec le SaintSiège; - politique: elle épouse le parti d'un prétendant au royaume de France, Charles VII successeur d'un neveu de Philippe III Le Bel contre Henri V d'Angleterre successeur d'Henri III petit-fils du même Philippe Le Bel - et rallume la guerre de cent ans qu'avaient tenté de régler les Traités de Paris (1259) et de Troyes (1420). Robert VIALLETEL Tresses Le Club Je me permets de vous eenre après avoir reçu le Différences de juin et y avoir lu l'article de Pauline Jacob consacré au Club Différences du Collège Jules Ferry de Mérignac. Il y est dit que y est créé le premier club Différences de France et de Navarre. Pau se trouve précisément dans l'ancienne Navarre et j 'y ai créé un club Différences au Collège PaulJean Toulet, où j'exerce, en octobre 83. Comme j'ai fait abonner le collège à Différences dès sa création et que les élèves du club le lisent, vous vous devez de rectifier l'information donnée. Ils seraient vraiment déçus, car nous avons beaucoup travaillé toute l'année. D'ailleurs Albert Lévy, secrétaire général du MRAP, a été reçu au collège en février dernier, quand il est venu à Pau, à l'invitation du club et je lui avait remis à cette occasion le premier numéro de notre journal, dont je vous envoie le numéro 2. Vous verrez que les articles sont divers, et que les élèves se sont donné du mal pour les rédiger et les illustrer. Vous pourriez informer vos lecteurs, dans un prochain numéro, de ce que nous avons fait au club: au premier trimestre

. travail sur Immigration et

Racisme, qui a donné lieu à une exposition, après l'assassinat d'Habib Grimzi. Nous avons fait venir au collège de jeunes Manouches qui voulaient rencontrer des jeunes de leur âge (ils sont venus deux fois - puis il y a eu deux matchs de foot entre filles du collège et filles manouches); au deuxième trimestre, nous avons travaillé sur le nazisme et le néo-fascisme, pour le 21 mars, nous avons exposé dans le collège des affiches faites par les élèves à partir de poèmes et de chansons choisis par eux sur le thème de la liberté, de l'amitié et des droits de l'homme. Nous avons reçu Albert Lévy et un conteur tunisien, Nacer Kemir. Au troisième trimestre, nous avons travaillé sur le thème de l'apartheid, ren- . contré d'anciens résistants et déportés qui sont venus nous parler de l'époque qu'ils ont vécue. Nous avons projeté le film La marée montante et nous avons réalisé deux journaux importants. L'argent de la vente du premier a permis une sortie de deux jours en montagne pour quinze élèves du club. Nous nous sommes réunis chaque semaine, une heure, très régulièrement et les élèves ont été très motivés, (élèves de 6e à la 3e principalement) puisqu'ils sont venus toute l'année. Deux d'entre eux qui habitent loin et ne mangent pas à la cantine se sont, ce jour-là, contentés d'un sandwich pour pouvoir venir (le club fonctionne de 13 h. à 14 h. le mardi). Qu'en dites-vous? Comme vous le voyez d'après les noms des auteurs des articles du journal, le collège reçoit de nombreux enfants d'origine étrangère. Il est situé dans une ZEP, et j'ai l'intention de continuer ce travail - bénévole - l'an prochain. M. PETILLOT Pau Mode d'emploi Je me suis rendu à la réunion que tenait le Front National le 22 avril 1984 dans ma région les Pyrénées Atlantiques. La réunion devait se tenir à Bidard, dans un hôtel touristique connu où un repas d'une cinquantaine de personne était prévu. Inquiet de cette réunion, un groupe de militants basques (Laguntza) de Bayonne ont occupé l'hôtel et ont obtenu que la réunion du Front National ne se tienne pas dans cet établissement. Le Front National s'est replié, dans la journée, sur un autre hôtel d'Anglet, où n'ont eu lieu, le soir, que les interventions de MM. Holleindre « grand reporter » du Figaro, et Stirbois. Bien que l'entrée fût payante (20 F), j'ai pu entrer sans bourse délier. La réunion a duré à peine plus d'une heure, et comptait 82 personnes, même si M. Holleindre a remercié les « 200 » personnes présentes d'avoir su résister aux menaces. M. Holleindre m'a paru le plus intolérant des deux intervenants. Il a fustigé, avec des hurlements, le Gourvernement français qui « prend l'argent dans la poche des Français qui travaillent pour financer les pays du Tiers-Monde où les gens ne savent pas travailler, et se contentent de regarder les immenses convois de victuailles que leur fournit l'Europe ». Pourtant « lorsque les Français se sont retirés du magnifique Empire colonial édifié avec beaucoup de mal, ils ont laissé des immenses rizières en état defonctionnement. Aujourd'hui, les moteurs sont démantelés, les fils arrachés, et les Africains ont cessé de travailler ». Bref, il faut produire Français avec des Français. « Les immigrés qui travaillent depuis 15 ou 20 ans ont droit à toucher leur retraite comme les autres, mais il faudra bien en arriver à ce que les travailleurs finissent par gérer personnellement leurs propres risques sociaux ». Conclusion: Votez Le Pen. Stirbois, peut-être fatigué, m'a paru moins agressif et très bégayant. Dans son couplet sur l'immigration, il n'a pas craint de contredire Holh!indre en prônant le retour des immigrés dans leurs pays d'origine. Il a qualifié d'« atterrant» la brochure du Gouvernement intitulée Vivre ensemble avec les Immigrés, brochure « qui va jusqu'à dire, (Messieurs, soyez bien assis et accrochez-vous) que les immigrés laissent un fort excédent dans les caisses de la Sécurité Sociale ». Il s'est plaint des misères qu'on lui fait partout. Il a cité le procès de Montpellier. Et n'a pas une seule fois parlé des Européennes. Il n'a pas appelé à voter Le Pen. Fin de la réunion sans débat ni questions, avec seulement un appel à la géJlOrisité du public pour le financement de la Section locale du F.N. qui n'a pas « les moyens qu'elle mérite », et remerciement au courageux restaurateur qui les a reçu, malgré les menaces dont il a fait l'objet. Sur le ton général des interventions j'ai remarqué l'habileté constante avec laquelle toutes les phrases où hi mot « immigré» est prononcé sont relativement modérées. Et toutes les phrases où l'intolérance est manifeste, le mot « immigré» n'est pas prononcé. Mais le débit du discours est tel que le nivelage des phrases est inévitable et que le public a reçu un discours raciste sans que l'intervenant puisse jamais être accusé positivement de racisme. J.P. Bayonne Les petites annonces de DIFFÉRENCES Une petite annonce dans Différences, c'est facile, c'est pas cher, et ça peut rapporter gros. Profitez-en, mais attention: 30 000 lecteurs vous regardent! A vendre, cause double emploi, Histoire littéraire de la France, Editions Messidor, 12 volumes reliés, nombreuses illustrations, textes et analyses de très grande qualité. Valeur: 6 150 F. Vendue 4 000 F. Possibilité de payer en deux fois. N° 34. Professeur anglais nationalité bengalie, bonnes connaissances urdu, hindi, arabe, français, cherche travail en France, enseignement, traduction, édition. N° 35. Demande d'emploi. J . F. diplômée licence Science Eco., 1 an stage jeune volont. comme agent d'accueil Tra vail. Etrangers, connaissan dactylo. parlant anglais/turc, rech. poste correspondant ' sa formation. S'adres. Christine KURU - 1/81, place d Fontevrault 86000 Poitiers, tél. : (49) 61.39.93. n° 33 Tarif: 25 FT. T .C. la ligne (26 signes ou espaces) Texte et règlement à Différences: 89, rue Oberkampf 75011 Paris Tél. 806.88.33 Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient d'une insertion gratuite par an (maximum 5 lignes) 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1· 1 1 1 1 1 1 1 1 1 , 1. x-- ~~,~.- Il \ '" f)i(tài'I/Cl'S . . "r 31\·3 7. Août-Septembre 84 47 fAIiENBAl AOUT Août jusqu'au 5 29 octobre, pour trente représentations exceptionnelles, « L'apologue », spectacle de Guénolé Azerthiope au Théâtre du Café de la Gare, 41, rue du Temple, 75004 Paris, location: 278.52.51. Rens. (1) 707.81.81. 0 SEPTEMBRE t e et les samedis 8, 15, r 22 et 29, à 14 h et 16 h, cinéma: « Canada, guerre et paix », grand choix de films dont le dénominateur commun est la destruction de "homme par l'homme, avec entre autres des oeuvres de réalisateurs tels que Norman McLaren, Martin Duckworth et Terri Nash, au Centre Culturel Canadien, 5, rue de Constantine, 75007 Paris. Tél. : (1) 551.35.73. 0 au 9, à l'occasion de 3 l'exposition le siècle de Kafka, le Centre Georges Pompidou, la Fondation inter-culturelle internationale et le Festival international de la culture juive organisent, les 3, 5 et 6 septembre à 21 h : « Les contes de Franz» par Muriel Bloch et Alexis Nouss, et les 5, 6, 7, 8 septembre à 20 h 30 et les 8 et 9 à 16 h : «L'artiste du Jeûne», d'après «Le Champion du Jeûne» création du Box Théâtre de Jérusalem dans une mise en scène de Hadas Ophrat. Rens. (1) 277.12.33. o septembre au 20 octot t bre, les mardis, mercredis, vendredis et samedis à 20 h 30, la Maison des Cultures du Monde ouvre sa saison avec un évènement qui vient du Mexique: « Don Giovanni », l'opéra de Mozart et Da Ponte et une adaptation de Théâtre chanté, inter prêtée par six jeunes comédiennes et une pianiste. Rens. La Maison des Cultures du Monde, 101, bd Raspail, 75006 Paris. Tél. : (1) 544.72.30 0 septembre au 15 t5 octobre. Henri Guédon expose sur le thème: « Oscillations ». Depuis 1960 les danseurs et les musiciens sont ses thèmes favoris. Peintures et dessins en hommage à Charlie Parker, Dexter Gordon, etc. à la Galerie 96, 96, rue Quincampoix, 75001 Paris. Rens. 277 .02.61 . Cette exposition sera en décembre en Martinique à la Bibliothèque Schoelcher. 0 septembre au 25 ta octobre, à Malakoff, animations sur le thème: « Vivre ensemble avec nos différences ». Du 18 septembre au 7 octobre, à la Bibliothèque Pablo Néruda, 24, rue Berger, exposition de photos: « Vivre ensemble avec nos différences », regard que pose le photographe Dit yvon sur l'immigration et les difficultés d'insertion, et regard posé par quinze photographes sur ceux qui, loin de leur terre natale, vivent au sein de la société française. Avec la participation du MRAP local. Le 21 septembre, au Théâtre 71, place du 11 novembre: ciné-débat autour du film « Prends 10 000 balles et casse-toi» avec le metteur en scène Mahmoud Zemmoum et la participation du MRAP local. Le 22 septembre, à la MJC, Rond Point H. Barbusse, spectacle, musique et danse, buffet campagnard. Organisé par le MRAP local. Les 27 et 28 septembre, animation scolaire et 3e âge : Ali Kirrane Ben ~zzouz: « Voyage à travers le Maghreb par le conte, le chant et les percussions ». Du 5 au 25 octobre, à 10 h 30, au théâtre 71: «L'essuie-mains des pieds» de Gil Ben Aych avec Pierre Ascaride et Martine Drai. La savoureuse épopée d'une famille de retour d'Afrique du Nord en France... Beaucoup de ten - dresse et d'humour. Quatorze représentations les mercredis, jeudis, vendredis, samedis à 20 h 30, le dimanche à 18 h. Rens. Théâtre 71, place du Il novembre à Malakoff (Hauts de Seine). Tél.: (1) 655.43.45. 0 20 jusqu'à fin janvier 1985, reprise de la pièce «Gertrude morte cet après-midi», d'après Gertrude Stein, tous les soirs à 20 h (relâche le dimanche), au Théâtre de poche, 75, bd du Montparnasse, 75014 Paris, location: 548.92.97. Rens. {l)707.8 1.8 1. 0 et 23, la Paroisse 22 Protestante des disséminés de l'Aisne, organise une fête animée par une kermesse-vente et un concert de Rhoda Scott au Temple de Soissons, avenue Gambetta (clôture de la location le 19 septembre). 0 jusqu'au 30, les 25 '« Journées jeunes créateurs», spectacles de danse au 18 Théâtre, 16, rue Georgette Agutte, Paris 18e , au programme : les 25, 26 et 27 à 20 h 30 : « Obsolete Paul II et Rotorblade » et à 22 h, Nuit Limite. Les 28, 29 à 20 h 30 et le 30 à 16 h : «Nuit blanche à Omsk ». A 22 h et le dimanche à 17 h 30, la compagnie Motus présente une nouvelle création. Rens. (1) 226.47.47. 0 26 et 27, au Théâtre du Forum des Halles concert : Henri Guédon et sa formation. 0 OCTOBRE 48 2 au 27 octobre, tous les soirs à 20 h 30, «En attendant Godot. .. » de Samuel Beckett, dans une mise en scène d' Andonis Vouyoucas, au Théâtre de Recherche de Marseille, Espace Massalia, 60, rue Grignan, 13000 Marseille, location

(91) 33.70.85. Rens. (1)

707 .81.81 0 Autour de la journée internationale de Solidarité avec les peuples Indiens des Amériques, le mercredi 10 octobre, de 14 à 18 h à la Bibliothèque enfantine du Centre Georges Pompidou à Paris, animation, contes par les Indiens du Québec. Le jeudi Il octobre, à 18 h 30, à la Salle d'Actualité de la Bibliothèque Publique d'Information du même centre, exposition, débat sur les Indiens d'Amérique du Nord avec les Indiens. Le samedi 13 octobre de 14 à 22 heures, à la Faculté de Droit Paris l, 12, place du Panthéon, 75005 Paris, «Journée internationale de Solidarité avec les peuples Indiens des Amériques», organisée par le C.LS.A., Diffusion INTI et le MRAP avec la participation de délégations indiennes d'Amérique du Nord, d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud, projections de films et de montages non stop, groupes musicaux indiens. C ET ENCORE STAGES. Après le succès de ses deux premiers stages intensifs d'espéranto (niveau 1), le groupe parisien de SATAmikaro a décidé d'en accroître le rythme et d'organiser aussi des stages de niveau 2 - un de chaque par mois - à partir d'octobre 1984. Un stage de niveau 2 aura lieu les samedi et dimanche 29 et 30 septembre pour les personnes qui ont des connaissances élémentaires permettant déjà d'écrire un texte simple (niveau à peu près équivalent à la 6e leçon du Nouveau Cours Rationnel et Complet d'Espéranto). Les stages de niveau 1 s'adressent aux personnes n'ayant aucune notion d'espéranto. Bulletin d'inscription contre enveloppe préadressée et affranchie: SAT-Amikaro, Stages d'espéranto, 67, avenue Gambetta, 75020 Paris. Ajouter trois timbres au tarif lettre pour une documentation. Agenda 'réalisé par Danièle SIMON Les deux plus grandes stars de l'exotisme ont vendu, pour quelques poignées de dollars, leurs images à Pepsi et Coca. Leur duel palpitant, vu par Ferran. n//I St1IJn.~!· \;f,Û I(, ,\ • •• ", ' . : . " ', " ,' 49 .:rOuT Le: ·NONOt ~TT~N D A T AVé.c. AN GOISSe. L' issut DE 'LA DER,.Nie;ru: ET DE LA PL.u.s . T'EQ 12 jet! .. E Dt & ~PQ.E.UVtS o o", ~ iLS AVAi~NT Sit1Pt.."'1E.NT ouet.i l quI ENTQ.E. &"Î Q.E CHANTE" iL FAUT c.Hojsi~ 000 0 "f f"l .. - dorothée bis 90, rue du Fg Saint-Honoré 75008 PARIS Tél_ 265_26.93 50 IMPRIMERIE WEIL 117, rue des Pyrénées 75020 PARIS LA BAGAGElI! Charles 12 janvier 2012 à 11:55 (UTC) 12 RUE TRONCHET - 742.53.40 41 RUE DU FOUR - 548.85.88 74 RUE DE PASSY· 52714.49 TOUR MONTPARNASSE - 538.65.53 PARIS LYON - LA PART-DIEU NEW· YORK· 727 MADISON AVENUE TOKYO· 5-5 GINZA Un établissement de crédit. Une banque Deux services à la même adresse a - BANQUE SOFINCO Direction et Gestion : 91038 Evry Cedex - Tél. (6) 077. 97.97 Siège social: 2, rue du Pasteur Marc Boegner 75116 Paris S.A. au capital de 228.192.500F -LBF n· 528 RCS Paris B 542 097 522 -CCP Paris 61·08V FABRIQUE DE MAROQUINERIE CREATIONS D. P. 97, rue Oberkampf 75011 PARIS 357.35.24 CASE RÉSERVÉE LAYETTE FAIT MAIN . ET ROBES SMOKEES MAIN DU 6 MOIS AU 4 ANS 73. RUE ORFILA. 75020 PARIS TtL. 366 35 57 366 35 58 Ets PAULA BRIHO Prêt-à-Porter féminin 237 rue St Denis 75002 Paris - TéL: 508.03.34 mico Mobilier urbain 13, rue Vauquelin 75005 PARIS 707.17.60 A «lE fi(JIJT»

Notes

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