Différences n°74 - janvier 1988

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Sommaire du numéro

n°74 janvier 1988

  • Du coupon à l'avion: SOS expulsions [immigration]
  • Tour d'ivoire (étudiants étrangers) par Cherifa Benabdessadok
  • Les beurs et les élections par Souad Belhaddad
  • Tension chez les médecins par Cherifa Benabdessadok
  • Un coup pour rien (rapport sur le racisme et les discriminations) par Rabha Attaf
  • La nébuleuse du Front National dossier réalisé par Germaine Dupont et Marcel Durand
  • Semaine du cinéma de l'immigration par Souad Belhaddad
  • Les femmes espagnoles par Françoise Dasques
  • 1992: l'immigration a deux vitesses
  • La vie du MRAP


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'9;.zine de l'amitié entre les peuples UN MAR/ABE Parcourez un quotidien ou un magazine, ouvrez la radio ou la télé : le racisme est à l'ordre du jour. Une mode? Non. Chacun sent bien que se jouent là le présent et l'avenir de notre société. Saura-t-elle s'assumer dans la plénitude de sa diversité ? Saura-t-elle trouver sa juste place dans la famille du vaste monde et entrer de plain-pied dans le millénaire nouveau ? C'est au milieu de ces interrogations, de ces mutations, que Différences change. Pourquoi ? Pour vous fournir des données, des analyses, des ouvertures qui ne se trouvent pas ailleurs. Des clefs pour mieux comprendre et se comprendre. Et plus encore, peut-être: des pistes pour agir. Le MRAP, qui a créé ce mensuel voici bientôt six ans, et qui éditait par ailleurs pour ses adhérents Droit et Liberté, a décidé de les réunir. En ces temps de difficultés pour la presse écrite, inutile d'insister sur les impératifs financiers. Mais une seule publication peut-elle en remplacer deux ? Dans ce cas précis, le poids dans l'actualité des événements dont nous traitons, l'intérêt que l'opinion y porte, nous conduisent à penser qu'un tel mariage est possible et qu'il peut être heureux. C'est ainsi que, d'un coup, Différences double le nombre de ses lecteurs. Pour répondre aux besoins de tous, il faudra aux deux rédactions jointes des efforts, de l'invention et, sans doute, des tâtonnements. Mais il faudra également vos critiques, vos suggestions. Lecteurs, écrivez! Aidez et défendez Différences. 0 1ifférences JANVIER ....1 W 8 Les beurs et les élections

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Jusqu'ici indifférents al/X processl/s électoraux, les beurs se découvrent une force. Qu'en faire? SOUAD BELHADDAD 10 Vice de forme Il se sera trouvé un médecin pOl/r montrer des malades du doigt. La profession n'a guère apprécié. Sid'aventure est née. CHERIFA BENABDESSADOK 12 Un coup pour rien? Le rapport de Michel Han/lol/n est sorti. Mais dans son propre parti, le RPR, les réactions sont négatives. RABHA ATTAF ABONNEMENTS 1 an : 200 F. 1 an à l'étranger: 220 F. 6 mois: 120 F. Etudiants et chômeurs, 1 an : 150 F. 6 mois: 80 F (joindre une photocopie des cartes d'étudiant ou de pointage). Soutien: 300 F. Abonnement d'honneur: 1 000 F. Algérie: 15 dinars. Belgique: 140 FB. Canada: 3 dollars. Maroc: 10 dirhams. Publicité au journal Photocomposition PCP, 17, place de Villiers, 93100 Montreuil. Tél. : 42.87.31.00 Impression Montligeon. Tél. : 33.83.80.22. Commission paritaire n° 63634 ISSN 0247-9095. Dépôt légal: 1987-12. La rédaction ne peut être tenue pour responsable des photos, textes et documents confiés. Magazine créé par le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), édité par la Société des éditions Différences 89, rue Oberkampf, 75011 Paris. Tél. : (1) 48.06.88.33. ffi 16 La nébuleuse du Front national CI) CI) o Cl On en parle et elle se montre. Mais d'où sort cette extrême droite, COI1lment pense-t-elle, comment pénètre- t-elle la société française? GERMAINE DUPONT ET MARCEL DURAND w t- ffi 30 Les femmes espagnoles

Elles sont 150000 en France,
l femmes, immigrées d'origine es- 8 pagnole. Pas toujours facile.

W FRANÇOISE DASQUES Cl CI) t-

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W 32 La vie du MRAP ~ Des nouvelles des comités locaux,

les enjeux de 1992 ...
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DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Albert Lévy REDACTION Rédacteur en chef René François Secrétariat de rédactionmaquettes: Véronique Mortaigne Iconographie Joss Dray ADMINISTRA TlON/GESTION Khaled Debbah PHOTO COUVERTURE Noël Monnier ONT PARTICIPE A CE NUMERO: Robert Pac, Rabha Attaf, Chérifa Benabdessadok, Yves Thoraval, Laure Lasfargues, Gérard Coulon, Germaine Dupont, Marcel Durand, Françoise Dasques, Souad Belhaddad, Louis Mouscron UNE ET UNE Deux manifestations antiracistes en une semaine, c'est sans doute trop. Et bon nombre des dizaines de milliers de participants n'ont pas compris en quoi les manifestations du 29 novembre et du 5 décembre pouvaient bien s'opposer. D'autant que de nombreuses organisations appelaient aux deux protestations. De longues et difficiles négociations ont pourtant eu lieu, rien n'y a fait. Le pourquoi et le comment ont été largement tartinés dans la presse et chacun désormais sait que la proximité des élections et le poids électoral des jeunes issus de l'immigration ont suscité bien des appétits dans les partis politiques. Le 29 novembre à Paris, la première des deux On ne refusera pas ici aux partis le droit de s'intéresser à l'antiracisme - voire à en faire un élément de leur activité. On regrettera simplement que cet intérêt conduise à diviser les forces. Dans un moment où des Français sont sensibles aux thèses xénophobes, il y a sans doute mieux à faire. L'appel lancé dans Le Monde pour la manifestation du 29 novembre ressemblait ainsi plus à un bottin de groupe à l'Assemblée nationale qu'à un large appel à la mobilisation. Au point que plusieurs associations et organisations ont préféré s'abstenir. En somme, le refus du fait accompli. Au bilan, une manifestation fragmentée, pas aussi puissante qu'on pouvait l'espérer et certaines associations anti- ETRANGE DILEMME Faut-il construire 30 loge- ciaux à la place du foyer. Le ments sociaux et expulser 140 BAS (Bureau d'aide sociale travailleurs immigrés, ou -sic), gérant, décide la fermaintenir ces locataires et ne meture du foyer avec de racistes qui apparaissent comme otages d'une bataille électorale encore à venir. Le 5 décembre, ceux du 29 manquaient à l'appel, comme si chacun avait choisi « sa » manifestation. Dommage. Nombreux ont été les mouvements qui, comme le MRAP, avaient tenu à être présents à chaque fois. Mais il ne faudrait pas que l'état d'esprit qui présidait à la préparation de ces actions perdure. Sous peine d'indifférence. 0 PEU DE FRANÇAIS AU CONGRES pas construire de loge- vagues propositions de relo- La communauté juive de ments ? Tel est l'étrange di- gement. Des primes (autour France a boudé les élections de lemme auquel mène l'affaire de 1 000 F) sont proposées ses représentants au 31 e Condu foyer Bisson dans le 20· aux locataires durant l'été grès sioniste qui a eu lieu en arrondissement à Paris. pour les inciter à partir. décembre à Jérusalem. Seuls Mauritaniens, Sénégalais et «L'incitation» n'en reste pas 2 070 des juifs français ont pris Maliens habitent depuis plu- là: les salles communes sont part au vote. Pourtant plusieurs années ce foyer, d'ail- démunies de leur matériel sieurs ministres israéliens se leurs rénové en 1978 sur des puis fermées, une journée sont relayés à Paris pour tenfonds publics, et paient régu- portes-ouvertes prévu mi-dé- ter de faire augmenter le nomlièrement leurs loyers: cembre est interdite, l'eau bre d'inscrits qui a plafonné à 1 616 F la chambre de 8 m2 des fuites non réparées se 35 000. (un lit) et 3 450 F la chambre répand, des sources de gaz Il semblerait, d'après Tride 25 m2 (trois lits). Le bâti- sont coupées. Le 25 no- bune juive, que les jeunes ment se trouve à quelques vembre, le tribunal adminis- «mettent (de plus en plus) leur mètres à l'extérieur de la tratif de Paris a tranché en idéalisme au service d'autres zone en cours de rénovation faveur du BAS. Le Comité causes ». Ce journal note égaconfiée à la Régie immobi- de défense des locataires et lement les nombreuses anomalière de la Ville de Paris. un très large collectif local, lies qui ont marqué le scrutin : Mais, le Logement français, où agit le MRAP, ont une dans cinq bureaux, le nombre une société anonyme dépen- position et une seule: ils de votants était anormalement dant des HLM, actuel proprié- réclament la réhabilitation du élevé et en Guadeloupe, sur 50 taire des murs, décide de f 0 y ers ans a u c une votants, 50 bulletins allèrent III 1_ _____________________- L-co~n~s~t~rui~re~3~0~10~g~e~m~ents~so~-__~ ex~p~ulsio~n.~D_ ____________L _a-u~p~a-r-ti-H--e-ro-u-t_h_(~!~).__D_ __~ EPURATION Jean-Marie Kohler est chercheur à l'ORSTOM (Institut français des recherches scientifiques pour le développement en coopération). Il vient d'être rappelé en France ces jours-ci, après dix ans de mission en NouvelleCalédonie. Menacé de mort à plusieurs reprises, son bateau coulé à la bombe, le scientifique, dont les travaux font autorité, a eu le tort de ne pas être hostile aux Canaques et de ne pas trouver systématiquement niaises les thèses des indépendantistes. Collaborateur de Témoignage chrétien, JeanMarie Kohler avait sorti en mai dernier une étude montrant sans complaisance les inégalités coloniales à l'oeuvre dans le Territoire. A ce chercheur politiquement non engagé, la direction de l'Orstom reproche de Différences .:..- n° 74 - Janvier 1988 s'opposer « à la politique française dans le Territoire [en mélangeant] l'engagement politique et sa qualité de chercheur ». C'est, crûment affirmée, une sanction politique. Et qui applaudit cette décision de bannir un scientifique ? Toute « l'abominable maffia qui ruine l'avenir même des intérêts français dans l'île, ainsi que celui de quantité de petites gens qui s'y sont installés depuis plusieurs décennies », affirme JeanMarie Kohler, en montrant du doigt la mouvance du RPCR et du Front calédonien. Le récent procès de Nouméa où les meurtriers de dix militants canaques ont été acquittés avait consacré la légitime défense préméditée~ 1'0rstom vient de recréer une vérité scientifique coloniale. C'est grand , la civilisation ! 0 _DEMENCE VERBALE AU QUOTIDIEN Le Quotidien de Paris oublie parfois l'art de la dentelle. Il rejoint les crocheteurs du mensonge grossier, du lourd à digérer, du pas très propre, des mémoires très très courtes. C'est le cas d'un billet paru dans l'édition du 5 novembre, intitulé Mes cousins. L'auteur n'y va pas de mainmorte. Les femmes étrangères y sont assimilées à des « femmes-matrices (entrées) chez nous comme des reines termites pour y pondre et pondre encore », tandis que «l'épicier du coin» a tant de frères «qu'ils patrouillent (sic) par groupes dans le voisinage ». Christian Charrière s'inquiète pour ... son fils: «Le pauvre, s'exclame-t-il! dans dix ans, il sera comme un immigré dans son propre pays. » Le propos explicite de ce père de famille charitable concemait l'émission les Dossiers de l'écran, intitulée Les beurs partent aux Français. Mais la psychose anti-immigrés nourrie de haine et de vagues vaguesà- l'âme, para11' bien ètre le vrai message. Une termitière ça s'écrase, n'est-ce pas? Et à coups de bottes, c'est plus efficace. A bon entendeur salut! Mais le représentant de la Ligue des Etats arabes à Paris, M. Essid, ne l'entend pas de cette oreille. Après avoir attiré «l'attention des responsables du Quotidien sur la démence verbale de leur collaborateur », sans succès (car C. Charrière n'en est pas à sa première récidive), la Ligue entend prendre « toutes les dispositions pour que cette affaire ait les suites judiciaires qu'elle exige ». 0 VOTE A AMIENS Plus de 1 000 inscrits, 729 votants à Amiens ce dimanche 19 décembre. Pas pour une de ces « partielles» qui jalonnent l'année politique. Ce sont les immigrés qui élisaient quatre représentants associés au conseil municipal. Seize candidats étaient en lice, Ahmed Nouri (Maroc), Ahmed Lamamra (Algérie), Sarleye Bathily (Sénégal) et Armando Lopes (Portugal) représentent donc les communautés étrangères. Ce vote - une première en France dans une ville de cette importance - est de simple justice. Ce qui n'a pas empêché le Front national de manifester contre le maire communiste sur le thème « le parti de l'étranger est devenu le parti ' des étrangers ». Aù-delà de cette anecdote, l'important est qu'un pas consistant a été fait pour faire de ces communautés des citoyens responsables. La quatrevingtième proposition du programme de 1987 (droit de vote local) ne fut jamais appliquée à Amiens, elle entre dans la vie. Il DU COUPON A L'AVION Harold est Namibien, réfugié qui a fuit l'apartheid. Il a failli être expulsé pour un ticket de bus à la veille d'une soutenance de thèse. Un enchaÎnement infernal aujourd'hui réglé. Harold Ramsay Urib est étudiant, résidant en France, boursier du gouvernement français. Un jeudi du mois de novembre, il prend un bus pour se rendre à la fac. Le lendemain, il doit soutenir sa maîtrise. Contrôle des billets par un policier _ accompagné de deux agents de la RATP. Le coupon n'est pas tout à fait en règle. Un numéro a été barré, un autre, celui de la carte de Harold, inscrit. Litige, contrôle de police: le titre de séjour de Harold n'est pas tout à fait en règle. Quelques heures plus tard, aux environs de 19 h dans les locaux d'un commissariat de la Seine-Saint-Denis, Harold se rend à l'évidence: il va être expulsé à Johannesbourg, Militant de la SWAPO, le Mouvement de libération de la ~ Namibie, il risque, au choix, la ~ prison ou la potence. L'étu- ..; diant explique la gravité de la situation aux deux inspecteurs qui prennent en main son dossier. Ceux-ci sont catégoriques. La décision est sans appel. Mais que s'est-il donc passé? Harold Ramsay Urib : Pour lui tout finira bien par des militaires blancs sudafricains. Ainsi va la vie pour les 480 lycéens de Petrus Kaneb Secondary School à Uis. Un dimanche matin, un Un revolver groupe d'élèves, dont Harold, reviennent d'une sortie sporpour un sandwich tive dûment accompagnés par 1977 : la Namibie est, de fait, leurs maître-militaires. Le car une colonie sud-africaine. Le s'arrête ... Les enfants descensouvenir de Soweto est là, frais dent casser la croûte. dans les mémoires et dans la La ration est d'un sandwich vie quotidienne des lycéens par personne, mais l'un namibiens. En vertu de la poli- d'entre eux en prend deux. tique de bantoustanisation, Aussitôt, le maître brandit un Harold, lycéen, 17 ans alors, revolver menaçant sur l'enfant n'a pas le droit de fréquenter trop gourmand. C'est le choc. le lycée de la ville où habite sa Les élèves jettent dans un geste famille. Il est affecté dans la collectif spontané, leurs sandrégion dont il est originaire. wiches sur le militaire. Le lenC'est comme si, en France. on demain, c'est la grève générale envoyait tous les Bretons en au lycée. Bretagne et les Beaucerons à Exclusion tout aussi générale Chartres. des 480 fauteurs de troubles. En vertu d'un autre méca- Puis, l'administration du lycée meneurs. De jeunes enfants sont menacés, frappés. Dix garçons et deux jeunes filles sont effectivement exclus du lycée, mais aussi de tous les lycées et écoles du pays, interdits de travailler, interdits de circuler hors du lieu de résidence de leurs parents, durant cinq ans! Harold refuse le bannissement. n adhère à la Swapo et rejoint la capitale, Windhoeck puis, clandestinement, le Botswana et la Zambie. Là, il passe un test d'admission à l'Institut des Nations-unie pour la Namibie où il reste deux ans. Muni d'un passeport de l'ONU assuré d'une bourse française, il débarque à Vichy en 1982. thèse: toutes ces années d'efforts pour rien? Les inspecteurs, eux, comprennent, mais vous savez, lui disent-ils : .« Il y a 7 millions d'étrangers en France, et on ne peut pas accueillir tous les malheureux du monde! » Harold Uri ne s'attendait pas à un tel retournement de situation. Les histoires de papiers, c'est le cauchemar depuis un bon moment. Depuis 1983, date à laquelle il est venu s'installer dans la région parisienne, on ne délivre à Harold que des récépissés de courte durée, à cause des délais de transfert de son dossier administratif et parce qu'il lui fallait attendre de passer sa maîtrise (prévue pour le lendemain de son arrestation) pour obtenir une inscription en DEA, condition indispensable au renouvellement de son permis de séjour. Le lundi, il se serait présenté à la préfecture, mais la loi Pasqua a frappé le jeudi. Liberté ... au nom de la solidarité Aujourd'hui, Harold est heureux. Tout d'abord, il a passé sa maîtrise avec mention très bien (1), s'est inscrit en DEA. n a ainsi pu obtenir une carte de séjour d'un an. Sa bourse a été renouvelée par le ministère des Affaires étrangères. Un retournement de situation dû aux efforts des militants du MRAP, et notamment à son avocat, Me Didier Seban, aux amis, professeurs, fonctionnaires, étudiants et syndicats de l'université de Villetaneuse sans lesquels il n'aurait été qu'un expulsé de plus ... Et un prisonnier de plus à Johannesburg. 0 CHER/FA (1) Dont le thème est: La Namibie, colonie d'apartheid perspective d'indépendance. A tout éditeur bon enten1987. Paris, capitale des droits de l'homme. Dans les locaux de la police, Harold ne comprend plus rien. On l'expulse Il la veille de sa soutenance de deur, salut ! nisme de l'apartheid, les ensei- décide la réintégration indivignants civils ont été remplacés duelle. Objectif: repérer les ICharles--~~--------~--~----------------------------------~ TOUR D'IVOIRE Etre étudiant étranger en France, c'est déjà faire partie du « bon lot », et pourtant. .. La France est l'un des pays développés qui consacre le plus faible pourcentage de son PIB à l'enseignement supérieur. Dans la grande misère des facs françaises, les étudiants d'origine étrangère, et singulièrement les beurs, se sentent en déstabilisation chronique. Si le nombre d'étudiants d'origine ouvrière est évaluée à environ 6 p.100, celui des étudiants provenant des familles maghrébines immigrées ne dépasse pas le 1 p. 100. Malik, étudiant à l'université d'Aix-en-Provence, prépare une thèse de doctorat sous la direction du Pr Bruno Etienne. Non-boursier, Malik travaille comme surveillant d'internat trois jours par semaine pour vivre et pouvoir étudier. «Pour nous, explique-t-il, les conditions d'études ont toujours été dégradées. Les filles font des ménages, l'un vend des bonbons l'autre des primeurs. Nos parents n'ont aucun moyen de nous aider. » Ses amis et lui animent une association d'étudiants algériens sur Aix-Marseille (1). «La dénomination "algérien" n'évoque pas pour nous une nationalité juridique, la plupart d'entre nous sont français, mais un lien sentimentalo- culturel avec le pays d'origine de nos parents. Cet attachement est renforcé par un racisme ordinaire, un rejet quotidien. » A l'instar de ses amis parisiens qui viennent de créer à leur tour une Association des étudiants algériens issus de l'immigration (2), Malik entend rester lié à la communauté algérienne vivant en France. « Notre communauté est menacée et quand cela Différences - n° 74 - Janvier 1988 devient une question de vie ou de mort, nous ne pouvons considérer l'université comme une tour d'ivoire qui nous protégerait de la violence. » Aziz, étudiant parisien est tout aussi catégorique. « L'immigration, affirme-t-il, n'est pas saucisonnable. Nous ne pouvons être le wagon présentable que quelques bons contrôleurs de cette société auront sélectionné. Nous sommes la continuité naturelle de nos parents. » des· agents de service au sein du mouvement. Les étudiants issus de l'immigration ne sont pas représentés dans les structures supérieures. » L'Association, à vocation culturelle, aura pour but l'entraide, la solidarité, mais aussi la recherche, la publication d'articles et d'études. «Nous désirons témoigner, précise Aziz, sur notre vécu et notre devenir. » Hakima et Malika poursui- « L'immigration n'est pas saucissonnable. Nous ne pouvons être le wagon présentable que quelques bons contrôleurs de cette société auront sélectionné » Par rapport à la création d'une association d'étudiants beurs, Aziz s'explique: « Nous appartenons à des milieux populaires, et la sélection par l'argent, on la traîne à nos pieds comme un boulet même lorsque l'enceinte de l'université nous est ouverte. Nous rencontrons, en plus d'autres difficultés liées à la situation culturelle et intellectuelle de nos parents. Chez nous, on ne discute pas des résultats des contrôles, de l'orientation scolaire, il n'y a pas de livres, de disques, il n'y a pas d' habitude du débat. » Le mouvement étudiant de décembre 1986 a été déterminant pour les étudiants étrangers. «Nous nous sommes rendu compte après coup que nous étions un peu vent toutes les deux des études de langues étrangères appliquées. L'une fait du baby-sitting, l'autre assure une animation une fois par semaine et donne des cours particuliers. Elles se sentent bien dans l'association. « On est passé par les mêmes expériences et les mêmes galères. » On comprend mieux, semble-t-il, dans un cadre de ce type, les problèmes des filles. Celles, nombreuses, dont les parents n'acceptent pas qu'elles soient sorties après 20 h. Ailleurs, il est sûrement plus humiliant d'avouer cette réalité difficile, souvent douloureuse que vivent les jeunes filles d'origine algérienne. Dans l'Association, la mixité est geree d'une autre manière, dans une complicité liée à la connaissance commune et directe des traditions. « Même si, affirment Malika et Hakima, nous voulons éviter le repli sur soi tout en ne nous coupant pas de nos origines. » « Et puis, ajoute Hakima, on se file des tuyaux pour les petits boulots. » Par le caractère complètement minoritaire de leur réussite scolaire, les étudiants d'origine algérienne vivent paradoxalement une sorte de complexe par rapport à leur communauté. Comme si cette réussite trahissait une rupture avec celleci. Aussi l'Association tient à combattre ce complexe et à inciter les jeunes à s'accrocher à leurs études, notamment par des cours de soutien scolaire. Pour Aziz, s'intégrer signifie aussi ne pas avoir honte de prendre la nationalité française, reconnaître la réalité de la délinquance sans se sentir tout d'un coup antiarabe. « Nous n'avons pas à tomber dans le racisme inversé en nous taisant sur toutes ces questions. » Particulièrement démunis sur le plan matériel, ces jeunes désirent faire de leur différence une donnée positive. A l'Association, on se prête des livres, des journaux parce que les cinq francs du quotidien font souvent défaut à l'un ou à l'autre. On démarche ensemble pour le logement ou pour un petit job. On se serre les coudes avant le versement du premier terme de la bourse qui n'est versé qu'en janvier. On se retrouve très souvent au restaurant universitaire, économies obligent. - Dans ce contexte, la dispense de paiement de frais d'inscription pour les enfants d'ouvriers proposé récemment par l'UNEF paraît tout à fait légitime à ces étudiants décidés. D CHER/FA BENAOBESSAOOK (1) AGEAAM, cité universitaire, Les Gazelles, 13100 Aix-en-Provence. (2) AEAII, 115, boulevard SaintMichel, 75005 Paris. • • LE VOTE NE COMPTE PLUS POUR DU BEUR ... Le vote des Beurs, on en cause partout. Et d'abord pour qu'il existe, car beaucoup de Français d'origine maghrébine n'utilisent pas ce droit. sont pas votants pour autant. C'est la raison pour laquelle diverses organisations (France plus, SOS-Racisme, Rebeus Civiques .. . ) s'évertuent à sensibiliser ce potentiel à la question du vote. Rien de moins évident que cette démarche. « Lesjeunes s 'inscrivent difficilement, dit un responsable de France Plus, longtemps, leur réaction a été pourquoi voter puis pOlir qui voter? » Cet argument n'est pas sans poids. Malik Chiban, animateur de Rebeus Civiques qui s'est créé en réaction au 17 % du Front national dans la banlieue nord, abonde aussi en ce sens mais mesure désormais l'enjeu : « On est contre le vote par principe parce que nous, les rebeus, on se sent pas réprésentés dans notre sensibilité raciale et sociale. Mais par arithmétique, on est pour, parce que c'est un moyen de contrer l'extrême droite et d'interpeller la classe politique. C'est un appel au vote corporatiste dont on sait les limites. » Cependant, la mobilisation est difficile à opérer. Méfiants quant à être utilisés plus que servis, ceux de la communauté d'origine maghrébine ne se reconnaissent majoritairement dans aucun parti ni organisation . En banlieue parisienne, SOS-Racisme ne suscite pas tout le désir qu'Harlem souhaiterait. Trop branché, trop « zarbi» politiquement et « trop rattaché cl Israël, dit Karim, et tout rebeu se sent proche des Palestiniens. J'sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. » France Plus interpelle davantage. Mais l'information circule mal entre Beurs de différentes banlieues. Beaucoup ignorent les démarches qu'organise l'association. pris l'enjeu: le PC, lourd de son passé de « videur d'immigrés » à Vitry, multiplie désormais les interventions en aéroport pour empêcher les expulsions - non plus en bulldozer (sic) - mais en Boeing. Le RPR joue la carte Hannoun, même si les propositions antiracistes de ce médecin lui semblent trop novatrices. Le PS joue à cache-cache avec SOS, mais chut! il paraît qu'il ne faut pas le dire, que ce sont des ragots de journalistes ... Bref, tous tentent de tirer un bout de la couverture de leur côté. Plus la drague entre partis et associations (un RPR qui zieute vers France plus après avoir laissé tomber SOS, dont il n'apprécie pas les liens avec le PS . .. ). L'échéance électorale de 88, son contexte, ont précipité le mouvement : les beurs s'intéressent aux élections et les candidats s'arrachent les beurs ... Oil en est la communauté? Côté public, la méfiance est la même pour la droite comme pour la gauche. Parfois, très explicitement: « C'est souvent une classe de Beurs intel/os qui se servent de la cause pour se mettre en avant, décrète Farid en haussant les épaules. La politique, on sait comment ça fonctionne ... Alors, si on veut en faire, faut pas en avoir honte. Pas besoin de cinoche pour ça ! » Indéniable défiance donc face à l'établissement politique! Elections correspond encore souvent à piège à c ... Les raisons de cette réticence plus que marquée s'expliquent bien selon Benjamin Stora, maître de conférences à Paris VIII et spécialiste de l'immigration. C'est en premier lieu l' héritage de la tendance lourde de l'histoire. La mémoire de la communauté maghrébine est d'ordre colonial et s'est transmise aux générations suivantes. C'est depuis peu que le vote pour les Beurs tente de se débarrasser d'un tabou encombrant: celui du « Je vote, je trahis ». Briser ce concept tabou, implicitement associé à l'image du Harki, n'a pas été une démarche facile. D'autre part, la classe politique n'a jamais été sensibilisée à cette génération née sur le sol français, mais en rapport avec une histoire différente. Le fameux « nos ancêtres, les Gaulois » se double, chez les Beurs, des échos passés du FLN ou/et d'une Kabylie encore tourmentée. Et lorsque la classe politique s'est un peu réveillée sur le sujet, cela n'a jamais été pour le prendre à bras le corps mais plutôt pour jouer sur des tactiques électorales. Face à leur passé et à ce retard politique, les Beurs ont cultivé leur différence. La question de l'intégration n'avait pas encore priorité tant la revendication première et plus que légitime Différences - n" 74 - Janvier 1988 était, avant tout, d'exister. « Et, conclut Benjamin Stora, lorsque les Beurs ont été conscients que cette différence les poussait dans le ghetto dont ils tentaient de se libérer, il y a eu processus vers l'intégration. » Un élément essentiel tient lieu de maillon à ce raisonnement. C'est celui, révélé en 83, de l'effondrement du mythe du retour. Les générations passées ont vécu en France constamment fixées sur l'idée du retour au pays. Les enfants, malgré beaucoup de volontarisme souvent, n'ont pas structuré leur vie française sur ce projet. Certains ont essayé, peu y sont parvenus. Nés ici, bercés d'ailleurs, ils sont définitivement de double culture et pas question d'en vivre une au détriment de l'autre. Pour qui voter ? .. La question du vote, en vue des prochaines élections, accélère sans doute celle de l'intégration. Mais, si l'intégration signifie entrer avec ses particularités dans le jeu de la société française, un constat douloureux a été fait pour les Beurs de la vivre comme un réel combat

pas de place dans cette

société pour des Français différents . Et de découvrir que, somme toute, ce ne sont pas tant les beurs qui ne s'intègrent pas que la France qui ne sait, ne veut leur admettre la place que, de toute façon, ils occupent. Intégration, problème français ... « Je ne me pense pas beur cl longueur de j ournée, dit Karim. Mais il y a toujours quelqu 'un pour me le rappel/er. »Revendiquer paradoxalement un droit considéré comme acquis : « Je ne voterai pas, explique Akim avec un détachement feint, je ne ferai pas ce plaisir aux Français qui s'imaginent me faire une faveur. De toute façon, j'ai une carte d'identité française. Ils peuvent pas me mettre dehors. Il faudra bien qu'ils fassent avec. » Si l'appel au vote est actuellement la fixation de beaucoup de porte-parole, c'est sans doute que cela apparaît comme le moyen de prendre place dans le champ de la politique française et d'y avoir poids. Vu la structure de l'appareil politique français, il est difficile d'y envisager une interpellation importante hors des partis. « L'idéal serait de rentrer massivement dans un parti pour éviter la manipulation », dit Kaissa Titous qui se défend d'être elle-même inscrite dans un parti. L'idéal... Mais « rentrer massivement » signifierait une union unanime des Beurs. Or, qui a dit que tous les Beurs se ressemblent et s'assemblent? Il n' y a pas d'union, parce qu'il n'y a pas d'idéologie commune. Il y a une condition, une oppression communes, mais mobiliser autour d'une question ethnique ne s'avère pas petite affaire. C'est implicitement la tentative de Rebeus Civiques dont le slogan choc est « Si tu ne votes pas, tu vote Le .. . ». S'unir contre Il semble que ce soit, pour l'instant, la mobilisation la plus aisée : s'unir contre le FN. L'argument, qui se tient, est cependant plus vécu comme élément affectif que politique. Sans nul doute, les responsables des diverses organisations invitant au vote sont plus que conscients de cet élément puisque le mot d'ordre est « votez pour vous ». La porte est donc grande ouverte ... Les Beurs cassent ainsi le mythe, déjà fragile de l'union de la gauche. Non, il n'est pas donné qu'ils voteront forcément à gauche, qu'ils soutiendront le gouvernement qui les a, comme tant d'autres jeunes, insatisfaits. Et il n'est pas dit davantage que la droite, si libérale qu'elle tente de se faire, les récupéreront. Les résultats seront sans doute aussi complexes à analyser que la situation elle-même. Et c'est sans doute par là que commencera la réelle intégration, « des Beurs dans tous les partis, de droite comme de gauche, dit Karim, ça prouvera qu'on est vraiment intégrés. L'Islam new-wave Sur cette question de l' intégration, beaucoup de débats, mais un point commun à une majorité de Beurs et on ne peut plus clair : « On estfrançais cl part entière, mais on est musulman. » Le journaliste Farid Aïchoune pousse davantage l'analyse : « Il nous faut vivre un islam français new-wave, qui soit l'expression de notre vie en France et qui se plie aux lois de la République. En contrepartie, la France doit assurer le maintien de cette pratique. C'est l'Etat laïque. » Dans les banlieues, l'écho est identique: « Ma réalité civique, c'est ici, sans ambiguïté. Ma réalité affective est multipliée. Je suis d'une culture musulmane, mais l'Islam, pour moi, doit s 'adapter cl la République. Et on n'a pas cl me demander de choisir entre une mère et une épouse! », déclare Malik avec clarté. Le temps ne doit plus être à la revendication des différences, mais à leur statut quotidien, indéniable. Et Fàrid Aïchoune de dire avec une évidence à laquelle nulle risposte n'est possible: «Je dis bien joyeux Noël cl ma concierge. J'vois pas pourquoi je pourrais pas fêter l'Aid cl mes propres parents. Et si j'ai envie de manger avec mes doigts, ça regarde ma vie privée ». La démocratie, c'est ça aussi. • SOUÂO BELHAOOAO Il 1 TENSION CHEZ LES MEDECINS Quand un médecin - député du Front National - montre les malades du doigt, la profession se révolte. Tout d'un coup, on en a eu ras-le-bol de Bachelot et de Le Pen aussi. La tension a beaucoup monté au sein du corps médical, alors on s'est exprimé publiquement », explique le Dr Silberstein, président de SIDA'venture, association dont l'objectif est de défendre une optique humanite et anti-ségrégationniste de la médecine. Tout a pris réellement forme avec la publication, mioctobre, dans Le Monde, d'une pétition signée par cinq cents médecins, parmi lesquels les professeurs Minkowski et Escande. Cet appel aux médecins s'intitulait «SIDA 'venture, le Dr Bachelot n'était pas Il notre confrère! ». Ils y dénonçaient les discours, les actes et les propositions du toubib du Front national à propos du SIDA, et affirmaient: « Les propos du Dr Bachelot ne sont que contre-vérités sciemment édictées et démagogie fascisante. »S'interrogeant sur le concept de sidaique, créé par le député-médecin, ils écrivaient

« Le but de cet néologisme

n'est-il pas de réveiller des démons de sinistre mémoire? ». Ils opposaient enfin un refus catégorique à la thérapeutique bachelotienne qui consiste à ouvrir des sidatoriums, soulignant la gravité morale d'une logique d'exclusion, dont la conclusion logique débouche sous une forme ou sous une autre, sur « l'élimination de la société ». Le propos est clair et Bachelot, qui semble l'avoir reçu cinq sur cinq, porte plainte en diffamation. Sept des médecins signataires sont inculpés. On retrouve dans le ciblage de la plainte la même logique qui consiste à isoler une minorité pour mieux la combattre. Vice de forme Certes, les sept médecins parisiens ont organisé une conférence de presse destinée à rendre public le refus d'une partie du corps médical de laisser manipuler le discours scientifique par des mains peu expertes en déontologie. Mais 230 médecins avaient signé l'appel. Alors, vice de forme? La justice tranchera dans le courant du mois de janvier ou de février. Le procès de ces médecins est un enjeu de taille pour tous ceux qui restent attachés à la défense des droits de l'homme. D'éminents spécialistes du SIDA, tels le professeur Rosenbaum, iront au procès témoigner de la bêtise et du danger des thèses de Bachelot et montrer la nature des contre-vérités assenés à une opinion inquiète. Cinq cent nouvelles signatures ont d'ailleurs été enregistrées dans le courant du mois de novembre. Au-delà de cet événement lui-même et de la question du SIDA, SIDA'venture « entend 1 construire un réseau de vigilance et agir pour que le discours médical ne soit plus utilisé à des fins racistes ou ségrégationnistes. « Le SIDA fait peur, mais certaines idées sont encore plus terrifiantes », cette formule du ministre de la Santé, Michèle Barzach, arrivait fort à propos. En plus de statistiques imaginaires, de thèses complètement fantaisistes comme la transmission du SIDA par les moustiques, l'idée de barrière sanitaire, Bachelot propose de « trouver une astuce pour surveiller les gens sans qu'ils le sachent ». Si Bachelot se vante d'avoir été reçu en Israël et d'avoir soutenu cet Etat dans « l'affaire de Sabra et Chatila », il conseille néanmoins à «ceux qui sont israélites» comme aux tatoués, par exemple, de se méfier ... Des mots, toujours beaucoup de mots qui disent en clair-obscur bien plus que leur acception première. Pourtant, certains vont plus loin dans le repérage des cibles. Un trac parvenu au siège de SIDA'venture assimilait les signataires de l'appel à la marche du 29 novembre à des collaborateurs de l'occupation étrangère. Un autre défendait, ces dernières semaines, l'idée de la transmission du SIDA par les petites juives qui passent leurs vacances en Israël... 0 Chérifa 8 (1) SIDA'venture, cabinet médical de la Grange-aux-Belles, 39, rue de la Grance-aux-Belles, 75010 Paris. (2) Libération, 13 février 1987. ENSEMBLE Les animateurs de SIDA'venture ont pris contact avec divers organismes et associations susceptibles de soutenir leur cause, audelà de toute étiquette politique et idéologique. « Le MRAP, nous a dit le Dr Silberstein, nous a apporté LA HONTE Après les Basques - forcément etarras, les Italiensobligatoirement brigadistes, voici venu le tour des Iraniens - évidemment terroristes. Dix-sept d'entre eux, opposants au régime de Khomeiny se sont vu offrir un charter pour nulle part. En urgence absolue. C'est la Loi de 86 qui se révèle ainsi pour ce qu'elle est: une loi discrétionnaire qui permet à peu près n'importe quoi, n'importe quand. Avec l'urgence absolue, les Moudjahiddines iraniens n'avaient aucune chance. Invoquer « des actions militantes qui portent atteinte à l'ordre public» suffit, même si douze au moins des expulsés étaient couverts par le statut de réfugié, beaucoup n'étant même pas des militants. «Nous estimons que la France n'est plus un pays d'accueil où nous pouvons vivre en sécurité.» Cent trente-deux réfugiés iraniens en ont appelé en ces termes à l'ONU et au Haut commissa- Iraniens: expulsés au Gabon riat aux réfugiés. Ils se déclarent prêts à quitter le territoire français pour ne pas devenir «des otages qu'on pourrait utiliser en monnaie d'échange ». En pourboire ou en acompte titrait Le Monde. Le HCR a d'ailleurs rappelé à l'ordre le gouvernement français, le renvoyant aux conventions internationales signées par la France. Devant la Commission des droits de l'homme (1), Claude Malhuret a dû faire face à de nombreuses protestations. Sa réponse tint en quelques phrases où il se déclarait inquiet, mais se contentait de pointer le doigt en direction du ministère de l'intérieur . Un « j'y peux rien» que Libération résumait d'un titre: «Le hussard et la mijaurée » : l'image nette de la pénible impression laissée par ces protestations toutes formelles devant les débordements de Charles Pasqua. Les réfugiés politiques persécutés dans leur pays doivent le savoir: la France n'est plus la terre d'asile, le pays des libertés qUi fit rêver aux quatre coins du monde. Les Français ne peuvent plus l'ignorer, eux non plus. « Nous sommes des otages, quoi qu'il arrive, ou que l'on soit, la France reste moralement responsable de notre vie. » L'amertume de ce réfugié iranien est la nôtre.D (1) Réunie à l'occasion du 39' Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme ! CANDIDE SUBVERSIF DEVANTDERRIERE Il n'est pas un numéro de ce journal qui sorte sans rappeler bavures et crimes racistes. Ce premier Différences de 1988 ne fera pas exception. C'est, à Castres, le meurtre d'un père de famille algérien par deux jeunes militaires, le 17 novembre. Les deux assassins étaient ivres et coutumiers d'agressions racistes. L'un d'entre eux avait tiré sur des Maghrébins en juin dernier et devait être jugé quelques jours plus tard. Il était en liberté provisoire ... C'est le meurtre, à Montreuil, d'un jeune prévenu qui venait de sauter du car pour s'enfuir. Mohammed Khier n'a pas eu une chance : une balle dans le dos. C'est plus efficace que le rattraper et plus sûr que tirer dans les jambes. C'est une bombe à Rouen, où seule la chance a permis qu'un colis piégé déposé dans un café d'immigrés ne fasse pas plus de victimes. En juin, non loin de là, un flingage raciste avait fait un blessé et trois mois plus tard un commerçant algérien avait été tué froidement dans son épicerie. Attentats anti-arabes revendiqués comme tels. C'est enfin un non-lieu dans l'affaire Bartoli. Un policier qui avait grièvement blessé Nourredine Babas d'une balle « accidentelle ». Le policier affirmait que la balle était partie de face dans la bagarre. Nourredine Babas niait la bagarre et les experts concluaient que la balle était entrée dans le dos. Non-lieu ont tranché les juges. ()n attend un dessin pour comprendre. D une aide concrete, les médecins Le délire des autorités tur- cinq ans de prison. Il avait cées turcs. Ils sont coupables adhérents du m'oàuveme nt ont été ques sur le problème armé- heureusement saisi l' occaSI.O n "// d'hostl'll'te' aux turcs et à pneolm, b» reCuext teà rejepuonnlld raes scinaotitoren adpe- nien a-t-il des limites? A de faire la belle avant 1e l'Islam, de séparatisme, d' o'fj' - médecins a besoin d'une soUda- voir. jugement. fense aux sentiments religieux rité financières et morale digne de Michel Caraminot, jeune Voilà que Molière et Voltaire et de propagande arméla justesse de ses idéaux. Ses guide français coupable d'a- rejoignent le camp des sub- nienne ». membres sont disposés à partici- voir dit d'une Eglise armé- versifs: le Bourgeois Gentil- On attend, pourquoi pas, la per à toute initiative proche de leur nienne qu'elle relevait de la homme et Candide sont dé- pro cha i n e in cul pat ion L:aétivité. ~~c~ultu~re~~arrn~énie_n_n_e~, __a ~p_r_is_ _~ sorrn~ais-in_t_e_rd_l_'t_s_d_a_n_s_le_s_l~y_-__d _'_«__i\_ rm _é _ n_i_e _G _r_é_g_o_ir_e_ »_ ._ _~ III Différences - n° 74 - Janvier 1988 UN COUP POUR RIEN? « La France n'est pas raciste, mais il y a des racistes en France. » Telle est la conclusion de Michel Hannoun, député RPR de l'Isère, chargé d'un rapport sur la question par le Premier ministre. Critiqué à gauche comme à droite, le rapport Hannoun a pourtant le mérite d'exister. Et de souligner que certains politiciens font parfois du racisme « leur fond de commerce ». Michel Hannoun, député RPR de l'Isère La tolémnce est une valeur en hausse. Tel est le constant de M. Michel Hannoun, député RPR de l'Isère, dans le Rapport sur le racisme et les discriminations en France qu'il a remis en décembre au Premier ministre. Ce rapport cependant montre bien le paradoxe de la situation actuelle. « Prise dans son ensemble, la société française est sans doute plus ouverte et tolérante qu'elle n'a jamais été, explique-t-il. Mais on assiste partout, depuis une dizaine d'années, à une montée des sentiments de rejet, cristallisés autour de la question de l'immigration, particulièrement maghrébine» ; un racisme qui progresse en creux et qui n'en est pas pour autant anodin . Passage au discours « La France n'est pas raciste, mais il y a des racistes en France» poursuit le rapporteur. Pour ce dernier le véritable danger réside moins dans le passage à l'acte que dans le « passage au discours ». « Les racistes ne sont pas tellement plus nombreux qu 'hier, mais ils sont sans nul doute plus racistes ». D'où le risque le plus grave, selon M. Hannoun, non pas de racistes déclarés mais la« la possibilité de contagion vers des gens réceptifs ». Autrement dit des racistes potentiels, définis dans mous. C'est justement sur ces derniers que l'effort doit se porter. Les mesures, au nombre de cinquante-trois, proposées par le rapporteur relèvent de trois grands thèmes : agir sur les mentalités, mieux lutter contre la discrimination dont sont victimes les immigrés ou les étrangers et « relever le défi de l'intégration ». Faisant sienne l'analyse d'Albert Memmi (cf. Le racisme, ed. Gallimard), Michel Hannoun constate qu'effectivement «l'antiracisme n'est pas naturel ». C'est une attitude qui s'apprend. « La.lutte contre le racisme, précisait Albert Memmi, exige une pédagogie continue de l'enfance à la mort. » D'où un premier volet de propositions concernant le développement de l'enseignement des droits de l'homme à l'école et à l'université. Par ailleurs, un effort particulier de formation doit viser les fonctionnaires. Publicité accrue Le deuxième volet de propositions concerne la loi de 1972, réprimant les provocations, diffamations et comportement racistes. Pour le rapporteur, il faudrait donner une publicité accrue aux décisions de justice et mieux faire connaître les principales dispositions de cette loi. Et ce, par le biais d'affichage et de diffusion très large d'une plaquette, compreID I_ __________________________l_e r_ap_po_rt _co_mm_e_ de_s _rac_ist_es_ nant _au_ssi_ un r_ésum_é de~ l'action menée par la France pour lutter, à l'intérieur comme à l'extérieur, contre les comportements racistes. Le gouvernement aurait pour sa part l'obligation législative de présenter devant le parlement un rapport annuel sur l'application de la loi de 1972. Un délit Par ailleurs, M. Hannoun propose un renforcement de la législation actuelle. « Une des manifestations les plus fréquentes du racisme quotidien, constate-t-il, -est aujourd'hui, l'injure qui, lorsqu'elle n'est pas publique, constitue une simple contravention de première classe. Afin d'empêcher la banalisation de cette pratique, il conviendrait de renforcer le caractère dissuasif de la sanction en alourdissant la répression de l'injure non publique à caractère raciste. »Ce qui revient en fait à en faire un délit. Viendrait s'ajouter à cette mesure: l'aggravation de la peine encourue pour certaines infractions commises en groupe ; la possibilité pour les juges de prononcer des incapacités civiles et politiques en cas de délit raciste, ainsi que l'autorisation pour les associations de se constituer partie civile avec l'accord de la victime. En ce qui concerne la lutte contre l'antisémitisme, et notamment contre ses formes sournoises, dont le révisionnisme, M. Hannoun propose d'aider à la diffusion de travaux historiques incontestables, ce qui serait « la meilleure réponse à ceux qui prétendent nier le génocide juif », et de réprimer l'apologie de crime contre l'humanité, ainsi que le port public des insignes nazis. Mais on n'aboutira pas à grand-chose, souligne-t-il, sans intégrer les immigrés. Le député de l'Isère avance pour cela une série de mesures concernant l'école, « moyen privilégié d'intégration », et le logement. Il propose aussi, dans le cadre d'une «politique ambitieuse de l'immigration », la création d'une instance représentative qui aurait tout à la fois pour mission de représenter la communauté immigrée, d'être une force de proposition et de jouer, par l'intermédiaire d'échelons locaux, un rôle de médiation. Dans ce même cadre, les préfectures ne sont pas épargnées. Une série de suggestions sont en effet consacrées à l'accueil des étrangers dans les administrations, quitte à rebaptiser symboliquement les services des étrangers en « services des relations intercommunauta ires » ... Les sépultures Autre mesure novatrice, et reprenant sur ce point la proposition de Bruno Etienne, spécialiste de l'Islam, lors de son audition devant la commission de la nationalité : la création d'un conseil représentatif des institutions musulmanes de France. « Ce conseil 'permettra de montrer ce qu'est l'Islam, expliquaitM. Hannoun dans une interview (Libération du 23/11/87), et que dans ce pays, il ne soit pas exclusivement assimilé à l'intégrisme. Rien d'étonnant donc que la cinquante-troisième proposition s'applique aux cimetières où il faudrait « prendre en compte les contraintes propres aux sépultures musulmanes (orientation vers la Mecque notamment) ». Malgré ses limites et ses imperfections, le rapport Hanno un a au moins le mérite d'exister et de faire avancer la réflexion sur une question délicate, pour ne pas dire embarrassante pour certains de ses collègues de la majorité. Parce qu'il serait« trop en avance au regard de la société française ». Michel Debré, lors de la réunion du groupe RPR de l'Assemblée nationale, le 15 décembre dernier, déclarait notamment

« C'est un rapport

sur l'intégration musulmane et pas sur le racisme. » Suivi de près par Jacques Toubon qui considère que ce rapport n'est pas celui du RPR. A l'évidence, certains politiciens supporteraient mal cette petite phrase - assassine? - de Hannoun : « Ils font du racisme leur fond de commerce ». La tolérance est peutêtre une valeur en hausse. Il n'en demeure pas moins que sa fluctuation varie au gré de l'humeur des politiques. D RABHA ATTAF ÂlTE~NÂTIYES N° 53 €CONOMIQUES 17 janvier 2012 à 14:07 (UTC)17 janvier 2012 à 14:07 (UTC)17 janvier 2012 à 14:07 (UTC)~Im Différences - n° 74 - Janvier 1988 UN COUP POUR RIEN? « La France n'est pas raciste, mais il y a des racistes en France. » Telle est la conclusion de Michel Hannoun, député RPR de l'Isère, chargé d'un rapport sur la question par le Premier ministre. Critiqué à gauche comme à droite, le rapport Hannoun a pourtant le mérite d'exister. Et de souligner que certains politiciens font parfois du racisme « leur fond de commerce ». Michel Hannoun, député RPR de l'Isère La tolé"n" cst une valem en hausse. Tel est le constant de M. Michel Hannoun, député RPR de l'Isère, dans le Rapport sur le racisme et les discriminations en France qu'il a remis en décembre au Premier ministre. Ce rapport cependant montre bien le paradoxe de la situation actuelle. « Prise dans son ensemble, la société française est sans doute plus ouverte et tolérante qu'elle n'a jamais été, explique-t-il. Mais on assiste partout, depuis une dizaine d'années, à une montée des sentiments de rejet, cristallisés autour de la question de l'immigration, particulièrement maghrébine» ; un racisme qui progresse en creux et qui n'en est pas pour autant anodin . Passage au discours « La France n'est pas raciste, mais il y a des racistes en France» poursuit le rapporteur. Pour ce dernier le véritable danger réside moins dans le passage à l'acte que dans le « passage au discours ». « Les racistes ne sont pas tellement plus nombreux qu 'hier, mais ils sont sans nul doute plus racistes ». D'où le risque le plus grave, selon M. Hannoun, non pas de racistes déclarés mais la« la possibilité de contagion vers des gens réceptifs ». Autrement dit des racistes potentiels, définis dans mous. C'est justement sur ces derniers que l'effort doit se porter. Les mesures, au nombre de cinquante-trois, proposées par le rapporteur relèvent de trois grands thèmes : agir sur les mentalités, mieux lutter contre la discrimination dont sont victimes les immigrés ou les étrangers et« relever le défi de l'intégration ». Faisant sienne l'analyse d'Albert Memmi (cf. Le racisme, ed. Gallimard), Michel Hannoun constate qu'effectivement «l'antiracisme n'est pas naturel ». C'est une attitude qui s'apprend. « La.lutte contre le racisme, précisait Albert Memmi, exige une pédagogie continue de l'enfance à la mort. » D'où un premier volet de propositions concernant le développement de l'enseignement des droits de l'homme à l'école et à l'université. Par ailleurs, un effort particulier de formation doit viser les fonctionnaires. Publicité accrue Le deuxième volet de propositions concerne la loi de 1972, réprimant les provocations, diffamations et comportement racistes. Pour le rapporteur, il faudrait donner une publicité accrue aux décisions de justice et mieux faire connaître les principales dispositions de cette loi. Et ce, par le biais d'affichage et de diffusion très large d'une plaquette, comprelB I_ _________________________le rappor_t c_om_m_e d_es_ ra_cis_tes_ _na_nt_ au_ssi_ un r- ésu-m_é d_e ~ l'action menée par la France pour lutter, à l'intérieur comme à l'extérieur, contre les comportements racistes. Le gouvernement aurait pour sa part l'obligation législative de présenter devant le parlement un rapport annuel sur l'application de la loi de 1972. Un délit Par ailleurs, M. Hannoun propose un renforcement de la législation actuelle. « Une des manifestations les plus fréquentes du racisme quotidien, constate-t-il, -est aujourd'hui, l'injure qui, lorsqu'elle n'est pas publique, constitue une simple contravention de première classe. Afin d'empêcher la banalisation de cette pratique, il conviendrait de renforcer le caractère dissuasif de la sanction en alourdissant la répression de l'injure non publique à caractère raciste. »Ce qui revient en fait à en faire un délit. Viendrait s'ajouter à cette mesure: l'aggravation de la peine encourue pour certaines infractions commises en groupe ; la possibilité pour les juges de prononcer des incapacités civiles et politiques en cas de délit raciste, ainsi que l'autorisation pour les associations de se constituer partie civile avec l'accord de la victime. En ce qui concerne la lutte contre l'antisémitisme, et notamment contre ses formes sournoises, dont le révisionnisme, M. Hannoun propose d'aider à la diffusion de travaux historiques incontestables, ce qui serait « la meilleure réponse à ceux qui prétendent nier le génocide juif », et de réprimer l'apologie de crime contre l'humanité, ainsi que le port public des insignes nazis. Mais on n'aboutira pas à grand-chose, souligne-t-il, sans intégrer les immigrés. Le député de l'Isère avance pour cela une série de mesures concernant l'école, « moyen privilégié d'intégration », et le logement. Il propose aussi, dans le cadre d'une «politique ambitieuse de l'immigration », la création d'une instance représentative qui aurait tout à la fois pour mission de représenter la communauté immigrée, d'être une force de proposition et de jouer, par l'intermédiaire d'échelons locaux, un rôle de médiation. Dans ce même cadre, les préfectures ne sont pas épargnées. Une série de suggestions sont en effet consacrées à l'accueil des étrangers dans les administrations, quitte à rebaptiser symboliquement les services des étrangers en « services des relations intercommunauta ires » ... Les sépultures Autre mesure novatrice, et reprenant sur ce point la proposition de Bruno Etienne, spécialiste de l'Islam, lors de son audition devant la commission de la nationalité : la création d'un conseil représentatif des institutions musulmanes de France. « Ce conseil 'permettra de montrer ce qu'est l'Islam, expliquaitM. Hannoun dans une interview (Libération du 23/11/87), et que dans ce pays, il ne soit pas exclusivement assimilé à l'intégrisme. Rien d'étonnant donc que la cinquante-troisième proposition s'applique aux cimetières où il faudrait « prendre en compte les contraintes propres aux sépultures musulmanes (orientation vers la Mecque notamment) ». Malgré ses limites et ses imperfections, le rapport Hanno un a au moins le mérite d'exister et de faire avancer la réflexion sur une question délicate, pour ne pas dire embarrassante pour certains de ses collègues de la majorité. Parce qu'il serait« trop en avance au regard de la société française ». Michel Debré, lors de la réunion du groupe RPR de l'Assemblée nationale, le 15 décembre dernier, déclarait notamment

« C'est un rapport

sur l'intégration musulmane et pas sur le racisme. » Suivi de près par Jacques Toubon qui considère que ce rapport n'est pas celui du RPR. A l'évidence, certains politiciens supporteraient mal cette petite phrase - assassine? - de Hannoun : « Ils font du racisme leur fond de commerce ». La tolérance est peutêtre une valeur en hausse. Il n'en demeure pas moins que sa fluctuation varie au gré de l'humeur des politiques. D RABHA ATTAF ÂlTE~NÂTIYES N° 53 €CONOMIQUES 17 janvier 2012 à 14:07 (UTC)17 janvier 2012 à 14:07 (UTC)17 janvier 2012 à 14:07 (UTC)~m Différences - n° 74 - Janvier 1988 POUR MEMOIRE _ EQUILIBRE MACABRE. Deux Noirs et deux Blancs sont pendus à la prison centrale de Pretoria. Depuis le début de l'année, 135 condamnés à mort ont été exécutés en Afrique du Sud: 86 étaient Noirs, 41 métis et 8 Blancs (26 novembre). _ PLAINTE. Une plainte contre X avec constitution de partie civile est déposée au tribunal de Créteil par l'avocat de la famille de Mohammed Khier, tué le 25 novembre à SaintMandé par un policier auquel il avait échappé après une interpellation (27 novembre). L'International Board, la Fédération internationale de rugby, s'est réunie à Agen, patrie de son président l'ineffable Albert Ferrasse, grand ami de l'Afrique du Sud, et, par ailleurs, président de la Fédération française. L'Afrique du Sud devait, bien sûr, être au centre des débats. Si elle accueille Mais deux étudiants du même mouvement ont vu leur condamnation ramenée de dix à cinq ans de travaux forcés (28 novembre). _ INAUGURATION. Inauguration officielle à Paris de l'Institut du monde arabe (IMA) en grande pompe et sur une semaine (30 novembre). _ PRESSIONS. La Commission internationale d'experts chargée par le gouvernement autrichien de faire la lumière sur l'affaire Waldheim se réunit à Vienne pour sa troisième session de travail au moment où les ESSAI MANQUÉ - BLESSES. Sept enfants palestiniens blessés au Liban au cours de la « guerre des camps » arrivent à Paris pour être soignés en France dans le cadre d'un accord entre le ministère des Affaires étrangères et le Croissant -Rouge palestinien (1" décembre). - SOUVENIR ... Des documents irréfutables révèlent que Paul de Man, un professeur de l'université américaine de Yale, qui est considéré comme un des plus brillants intellectuels de sa génération, a écrit dans un journal antisémite et pro-nazi en Belgique ration internationale de tennis un message exprimant son indignation d'avoir appris que des joueurs aussi connus que l'Australien Pat Cash et le Français Henri Leconte avaient participé à un tournoi en salle à Johannesburg. Ajoutons qu'un autre Français Guy Forget, une troisième tournée rebelle, elle sera irrémédiablement exclue de l'International Board. Après les Cavaliers néozélandais, cette année ce sont les Barbarians fidjiens qui se sont rendus en Afrique du Sud. Cela dépassait la mesure. On allait voir ce qu'on allait voir! Ce qu'on a vu, c'est la radiation à vie d'Arthur Jennings, Néo-Zélandais, manager des Barbarians, magnifique bouc émissaire. «M. Jennings a abusé de la confiance des dirigeants sud-africains. Ceux-ci croyaient en toute bonne foi qu 'A rthur Jennings était habilité par la Fédération fidjienne pour organiser une tournée en Afrique du Sud. » Comme hypocrisie, on ne fait pas mieux! l'Italien Cancellotti, l'Equatorien Gomez, des Américains dont Brad Gilbert ont joué également en Afrique du Sud. On se doute bien évidemment que Pretoria a exploité cette caution apportée par ces joueurs, au moment même où, à Harare, la Ille Conférence contre l'apartheid condamnait le racisme dans le sport en Afrique du Sud. Dans un autre domaine sportif, Sam Ramsany, président du Comité olympique non racial d'Afrique du Sud (Sanroc) vient d'adresser à Philippe Chatrier, président de la Fédé- Le San roc a donc l'intention de lancer une campagne pour que Leconte et Cash soient sanctionnés par la communauté internationale. Mais le Sanroc dénonce également la responsabilité de la Fédération internationale de tennis qui continue d'accorder aux tournois sud-africains le statut d'épreuve de Grand Prix attribuant - des points pour le classement des joueurs. o d'Israël vers la France. William , N accache sera jugé une nouvelle fois en France. Réfugié en Israël et emprisonné là-bas pour hold-up, il avait été adopté par les religieux et la droite militante israélienne qui en avaient fait un « héros juif» et s'étaient opposés avec succès à son extradition pendant trois ans, (2 décembre). _ CHICAGO. Eugène Sawyer, le plus ancien des conseillers municipaux noirs de Chicago, est élu maire de Chicago en remplacement de Harold Washington, décédé le 25 novembre (2 décembre). _ HOMMAGE A MALIK. Hommage dans toute la France à Malik Oussekine, assassiné il y a un an par la police de Pasqua. A Paris, dépôt de fleurs à l'endroit où il est tombé sous les matraques des policiers (4 décembre). _ TORTURE. La Convention européenne pour la prévention de la torture est signée par tous les membres du Conseil de l'Europe à l'exception de la Turquie et de l'Irlande (3 décembre). _ VICTIMES OUBLIEES. Le parlement ouest-allemand approuve une loi qui permettra d'allouer des indemnités s'élevant au total à 300 millions de deutsche marks aux « victimes oubliées» du nazisme, tels les Tziganes, les homosexuels et les victimes du travail forcé et des expériences médicales (3 décembre). 0 _ CRIMES CONTRE L'HUDrancy en 1943 et 1944, qui résiderait actuellement en Syrie (4 décembre). _ RETRAIT. Le général Jannie Geldenhuys, chef d'état-major des forces armées de Pretoria, annonce que les troupes sud-africaines ont commencé leur retrait du Sud-Est angolais (S décembre). _ FRATERNITE. Jean-Marie Le Pen annonce la création d'un «mouvement social» qui serait baptisé « Fraternité française », du nom de l'ancien journal poujadiste (6 décembre). _ SOUVENIR. Une manifestation se déroule à La Courneuve, sur les lieux où, il y a un an, le jeune animateur de vingt ans, Abdel Benyaya, était abattu à bout portant par un policier en état d'ivresse (6 décembre). _ ACCORD. Les trois élus du Front national de l'Assemblée régionale de Haute-Normandie concluent avec M. Roger Fossé (RPR), président du Conseil, un accord de gestion qui lui permettra d'être réélu à la présidence en cas d'annulation de son élection de mars 1986 par le Conseil d'Etat qui doit examiner un recours en ce sens déposé par M. Laurent Fabius, député PS de Seine-Maritime (7 décembre). _ ARRETE. La police sudafricaine arrête Eric Molobi, l'un des dirigeants du Front démocratique uni (UDF) , principale organisation an ti-apartheid légale en Afrique du Sud (7 décembre). MANITE. Au nom de l'as- _ NON-LIEU POUR BARBIE? sociation Les fils et les M' Henri Noguères fait _ CONFIRMATION. La pressions s'accroissent pendant la Seconde filles des déportés juifs savoir que la tenue d'un Cour de sûreté de l'Etat pour une démission du Gue r rem 0 n dia 1 e de France , son prési- second procès Barbie est tunisienne confirme la président autrichien (1" décembre). dent, M' Serge Klarsfeld « devenue tout à fait imcondamnation à mort de (30 novembre). et M' Charles Libman probable ». La seconde M. Ali Laaridh et les déposent chez le doyen instruction ouverte peines de travaux forcés _ ON S'ENTRAI NE. L'avia- - EXTRADE. William Nac- des juges d'instruction contre l'ancien policier infligés à dix de ses amis tion israélienne simule cac he , 2 7 ans, du tribunal de grande SS après la constitution du Mouvement de la pendant une heure des condamné à la prison à instance de Paris une de partie civile des fatendance islamique raids au-dessus des vie par contumace pour plainte pour crimes milles d'André Lassagne (MTI), arrêtés après camps palestiniens de le meurtre d'un Arabe contre l'humanité visant et de Bruno Larat, arleur condamnation par Saïda dans le Sud-Liban en avril 1983, à Be- Aloïs Brunner, officer rêtés à Caluire en même III l_ co _n_t_u_m ac_ e_. _____________(_ I'_'_d_é_ce__m_ b_ r_e)_. __________s _a_n_ç_o_n , _ e_ st _e_ x_tr_a_d_e_' __n _a_z_i, _c_ h_e_f_d_u_ _c a_m__p _d _e ___te_ m_p__s _q_ u_e_J_e_a_n__M_ o_ u_h_·n_,~ Vingt à cinquante morts parmi les manifestants, Ce n'est plus d'incidents qu'il faut parler, mais de révolte. Les Palestiniens des territoires occupés se battent pour leurs droits nationaux. Combien de temps le seul argument de la force israélienne leur sera-t-il opposé? Combien de civils tués avant que des négociations se nouent? pourrait en effet déboucher sur un non-lieu. M' Henri Noguères qui représente la famille Lassagne a révélé qu'un document a été retrouvé, qui prouverait que la décision de déporter André Lassagne aurait été prise à Paris et non à Lyon. Au terme de la définition des crimes contre l'humanité actuellement en vigueur, cela suffirait pour disculper Klaus Barbie (8 décembre). _ DISPARITION. Le secrétaire général des Nations unies, M. Perez de Cuellar, ordonne une enquête sur la disparition de plus de 400 dossiers de criminels de guerre nazis des archives de l'organisation internationale. Un porte-parole de la miss ion israélienne auprès de l'ONU exprime la « surprise » de son gouvernement devant cette disparition (8 décembre). de guerre et d'outrage à l' humanité » (9 décembre). _ AMERICAINS. Un soldat de Pretoria fait prisonnier par les combattants clslOn prise par la Chancellerie de réclamer, avant toute nouvelle poursuite de la procédure, une expertise historique, ce qui A la suite des plaintes entraîne une audience - LIVRE BLANC. Le ma- déposées contre M. précipitée de la chamgazine ouest-allemand _ CLANDESTINS. Le res- Maurice Papon pour bre d'accusation de Stern publie de nou- ponsable d'une usine de sa participation active Bordeaux, convoquée veaux documents éclai- textile de Fontaine à la déportation des en un délai de quelrant le rôle du président (Isère), Khamphong Si- juifs de Gironde sous ques jours. autrichien Kurt Wal- riphone, est condamné à l'occupation nazie, Le MRAP l'appelle dheim pendant la cam- huit mois de prison avec l'instruction, partielle- qu'il s'agit de juger pagne des Balkans entre sursis pour avoir fait tra- ment annulée, est en- non pas l'Histoire, mai et août 1942. va i II e r pen dan t trée récemment dans mais un homme pour Ces . documents appor- 94 heures par semaine une nouvelle phase. A les actes qu'il a comte nt d'intéressantes pré- quatre ouvriers thaïlan- cette occasion, le mis. Une telle initiaangolais affirme que , parmi les soldats sudafricains progressant actuellement à l'intérieur de l'Angola, « certains affirment être américains » (10 décembre). _ INTERROGATION. La Ligue des droits de l'homme se demande dans un communiqué « A quoi sert le secrétariat d'Etat aux Droits de l'homme », et affirme « que le droit d'asile est bafoué» en France (10 décembre). _ DOUBLE LOUIS DELLUC. Le Prix Louis Delluc est attribué à deux films: Soigne ta droite de JeanLuc Godard et Au revoir les enfants de Louis Malle, auquel le MRAP avait déjà attribué son Prix de la Fraternité 1987 (10 décembre). cisions sur le déroule- dais en situation irrégu- MRAP (Mouvement tive n'est donc pas ment d'une opération lière (9 décembre). contre le racisme et justifiée au plan juri- _ DEPART. M. Giorgio « nettoyage» effectuée pour l'amitié entre les dique. Elle ne peut ap~ Almirante abandonne la par la Wehrmacht peuples), soucieux de paraître que comme direction du Mouvecontre des unités de par- - CONDAMNATION. L'As- voir sanctionnés tous une tentative d'étouf- men t social italien tisans dans le massif de semblée générale des les crimes contre l 'hu- fer l'affaire Papon. (MSI), parti néo-fasciste la Kozara, en Bosnie Nations unies vote une manité, s'est constitué Le MRAP affirme sa italien, dont il fut le occidentale, et sur le résolution condamnant partie civile. ferme volonté de s'y fo n da te ure n 1946 rôle précis joué par le la politique d'Israël dans Il exprime sa stupeur opposer. (28 novem- (13 décembre). lieutenant Waldheim les territoires occupés, devant la soudaine dé- b) 0 Réalisé par .... ~(:8~d:é~c~elD::b:r:e)~._ ___________~ la_2q~u~a~li~fi~a~nt~d~e_'_~cr~i~m~e~s __~ :r:e::::::::::~ __________~ R:o:b:e~r~t~P~a:cJIII Différences - nU 74 - Janvier 1988 LA NEBULEUSE DU Dossier réalisé par Germaine Dupont et Marcel Durand FRONT NATIONAL Différences - n° 74 - Janvier 1988 La radicalisation du Front national aurait signé son arrêt de mort politique. C'est à voir. Car le Front n'a eu de cesse, depuis ses premiers succès électoraux, de se structurer en appareil efficace et cohérent. Une tâche rendue délicate par l'origine très diverse de ses militants, le rejet de l'immigration, base électorale première, ne pouvant seul suffire à pérenniser le mouvement, même si le courant d'extrême droite a toujours existé en France. Le Front national tente donc depuis plusieurs mois de pénétrer plus profondément la société française, s'appuyant sur des hommes et des relais associatifs qui lui servent de Cheval de Troie, chacun dans son secteur. Si l'on ajoute à cela que les multiples raisons de son émergence (crise économique, sociale, culturelle), loin d'être résolues, pourraient bien s'aggraver, cela fait bien des raisons de garder un oeil sur la nébuleuse du Front national. Lorsque le Front national naît, en 1972, sa doctrine est quasi inexistante. Ce n'est qu'en 1985 qu'il éditera un programme, après un succès électoral important en 1984, remporté sur des bases politiques encore floues. Après les élections européennes, le FN est pris de court, et Les Français d'abord, écrit à la hâte par Le Pen, ne peut suffire à combler son vide idéologique. Or, il lui faut rassembler autour de son mouvement, d'une part, une extrême droite hétéroclite dont l'histoire est traversée de querelles intestines et de combats de chefs et, d'autre part une certaine frange plus modérée de la droite classique, mécontente de l'UDF ou du RPR. Difficile synthèse qui se réalisera cependant grâce à un savant bricolage. C'est la raison d'être du programme de 1985, Pour la France, qui associe les analyses de la droite, de l'extrême droite et de la nouvelle droite. Cette dernière, plus idéologique que politicienne, servira de liant, notamment à travers son principal centre de réflexion, le 'GRECE. S'il ne partage pas complètement les analyses du GRECE - paganisme, anti-économisme - le Front national a su néanmoins tirer le plus grand profit de certaines: le racisme différencialiste (1), l'enracinement, l'inégalité, l'euphémisation des propos... "Il n'y a pas de culture désincarnée, intemporelle et sans racines ", déclarait par exemple Bruno Mégret à l'Assemblée nationale en 1986, thèmes que deux séminaires du GRECE abordaient dès 1972. En reprenant dans son programme les positions les plus audacieuses des principaux clubs politiques de droite qui 1 connurent leur heure de gloire quand la gauche gouver-1 nait, le FN a renforcé ses positions ultralibérales. Il s'est ainsi attiré la bienveillance de ces clubs qui sont, entre autres, le Cercle Renaissance de Michel de Rostolan et les clubs Avenir et Liberté que dirige le député apparenté RPR Bernard-Claude Savy. D'importantes passerelles en direction des tendances les plus dures de la droite ont ainsi vu le jour. L'université d'été de la nouvelle économie qui se tient chaque été à Aix-en-Provence sous la houlette de l'ALEPS (2) et où se sont retrouvés des représentants de toute la droite est un bon exemple de ces rencontres clubistes. Il n'est donc pas étonnant que le Club de l'Horloge, créé en 1974 par Jean-Yves Le Gallou, Henry de Lesquen et Yvan Blot (député RPR), et chantre du libéralisme national (3) ait fourni au Front de nombreux idéologues. Jean-Yves Le Gallou illustre la symbiose entre son « club de réflexion» et le mouvement de Jean-Marie Le Pen. Le travail idéologique du club consiste essentiellement à organiser des conférences et publier des ouvrages «exhaustifs» sur chaque grande question politique, économique ou sociale. Diverses personnalités du monde politique et intellectuel contribuent à ce travail. La moitié des propositions du Front national sont « un simple plagiat du programme préconisé ... par le Club de l'Horloge» (4). Le noeud de la doctrine: la préférence Autre pilier idéologique, les références à Dieu, la morale, la famille... ne sont que la reprise du discours tenu depuis de nombreuses années par les intégristes. Le rapprochement du Front et des traditionnalistes date du milieu des années 70 et ne s'est jamais démenti malgré la situation matrimoniale de Le Pen. Parlant de celui-ci, Mgr Lefebvre affirme: «C'est une bonne chose que quelqu'un se lève pour défendre la morale chrétienne (...) Dans une certaine mesure, le combat du FN rejoint nos préoccupations. » Et c'est un fait que le mouvement de Jean-Marie Le Pen, seul homme politique à invoquer Dieu dans ses discours (son parti étant LES TIRELIRES DU FRONT Dans tous les partis politiques, le financement reste un tabou et le Front national n'échappe pas à cette règle. Gomme beaucoup, il affirme tirer l'essentiel de ses ressources des cotisations, «des quêtes, des souscriptions, des ventes d'objets divers, de l'autofinancement ». Mais il suffit de voir l'importance de sa propagande, de lire National-hebdo (en déficit, mais sa parution n'est pas compromise et sa pagination augmente) pour se demander si cela est bien. suffisant. Bien entendu, chaque candidat à une élection doit verser une participation. Pierre Descaves ne proposa-t-il pas 500000 F environ pour figurer en position d'éligible sur la liste européenne? Aux cantonales, chaque place de candidat aurait valu S 000 F. .. des stages de formation des candidats ont été facturés S 000 F, chèque à l'ordre de la SCIPE, société que l'on retrouve propriétaire du parc où vit Le Pen, société contrôlée elle-même par la famille Le Pen. L'organisation de dîners-débats est une source non négligeable de fonds (1), mais ces mesures ne semblent pas suffire à l'alimentation des caisses du parti. Pour combler le trou, nous nous en tiendrons à quelques hypothèses. D'abord l'affaire Pordéa (2). Le Sunday Times annonçait fin 1985 que le député européen Pordéa était «un agent communiste» et que les services roumains auraient versé 500 000 dollars au FN pour le faire inscrire en 4e position sur sa liste (3). Depuis sept ans, Gustav Pordéa était également mooniste et ce qui pourrait n'être qu'un hasard ne l'est plus quand Pierre Geyrac et Michel de Rosfolan, autres députés du aussi le seul à célébrer une messe lors des fêtes Bleu-Blanc-Rouge) est présent partout où le mouvement traditionnaliste mène sa croisade: Saint-Nicolas-du-Chardonnet, Port-Marly, pèlerinage de Chartres ... L'homme clé de cette alliance est le député européen Bernard Antony, alias Romain Marie, chez les intégristes. En se ralliant au FN en 1984, il a amené avec lui les mouvements qu'il contrôle et notamment ses Comités Chrétienté-Solidarité, sans doute le plus important des courants intégristes. Il a aussi amené dans ses bagages une solide doctrine: le courant traditionnaliste, qui remonte à la Révolution française, a donné à l'extrême droite française sa principale école de pensée: le maurassisme (l'autre étant actuellement représenté par le GRE CE). Il n'est donc pas étonnant que le Front national ait confié à Bernard Antony la formation de ses cadres, profitant de son influence et de son expérience. On trouve ainsi des traditionnalistes aux principaux postes de formation des cadres et militants du FN. En Ile-de-France, l'Institut d'histoire et de politique (IHP), créé dans ce but, est dirigé par George-Paul Wagner, député, avocat de Le Pen, qui n'a jamais fait mystère de ses idées maurassiennes. Mais, si du fait de la diversité de ces apports, le programme du Front ressemble à un véritable patchwork, l'ensemble reste cependant articulé autour de la notion de « préférence », véritable noeud de la doctrine. C'est l'affirmation d'une logique d'exclusion dont les immigrés ne seraient pas les seules victimes: «Gouverner, c'est choisir» affirme volontiers Le Pen. Devant les congressistes d'Avenir et Liberté, le 21 mars dernier, à Neuilly, il s'est risqué à préciser « Gouverner, c'est discriminer ». Une logique que l'on retrouve dans tous les actes et discours de l'homme politique. D (1) Le racisme différencialiste prône le respect des différences, «à condition que chacun reste chez soi ». Logique dont l'aboutissement est l'apartheid sud-africain. (2) Association pour la liberté économique et le progrès. Cf. n° 1 de Celsius. (3) Cf. Différences janvier 86, Art. 31, mars-avril 87 et Celsius n° 2. (4) Le Monde du 12.06.85. Article d'Alain Rollat. Front, sont également proches de la secte ou de sa branche politique, GAUSA. Ge dernier (responsable aussi du cercle Renaissance) participe d'ailleurs régulièrement aux réunions de la WAGL (4). Quant à Pierre Geyrac, il était récemment à un rassemblement anticommuniste à Berlin, accompagné de la fille et du gendre de Le Pen, tous deux élus régionaux du Front (5). Enfin, il reste à signaler les nombreux voyages de Jean-Marie Le Pen aux USA, souvent au moment des échéances électorales. Voyages concrétisés par la création toute récente d'un cercle des amis de Jean-Marie Le Pen, à Washington. Hasard? n semble que dans son financement, le Front national ait souvent recours au hasard. Moins hasardeux, l'appel direct aux fonds de pays étrangers. Une lettre publiée par le Canard enchaîné a montré les sollicitations dont le président gabonais avait été l'objet juste avant les européennes. Sollicitations auxquelles il n'avait jamais répondu. 0 (1) Zelig : Retour du Front. Barrault 1985. (2) Jean-François Boyer: L'empire Moon. La Découverte, 1986 p. 363 à 370. (3) Un démenti suivra de la direction du FN. Le Sunday Times et Libération sont actuellement en procès avec Pordéa sur cette affaire. (4) World AntiCommunist League, fondée en 1967. Peu à peu reprise en main par des groupes extrémistes, au point que les néo-fascistes du Msi la traite de « ramassis de nazis» La W ACL, où la secte Moon est très active dispose de moyens financiers importants. (5) Cf. Celsius, n° 1 p. 23. LES RESEAUX DE PROPAGANDE Le Front national dispose depuis trois ans d'une bonne implantation sur le territoire français (1). Dans chaque région, existe un appareil de cadres lui permettant d'affirmer plus ou moins bien son existence. ) Cette structuration serrée est \ dirigée d'une main de fer par le secrétaire général, Jean-Pierre Stirbois, assisté de Pascal Delmas (ancien du GRECE). Cette pyramide serait cependant inopérante - à tout le moins insuffisante - sans un certain nombre de relais médiatiques ou associatifs. En leur sein, semble substituer une liberté d'opinion qui semble tant faire défaut dans le parti. Outre National-Bebdo, son organe d'expression paraissant maintenant sur 32 pages, le FN dispose du soutien actif de la majeure partie de la presse d'extrême droite. Présent, quotidien distribué uniquement sur abonnement à plus de 20 000 exemplaires, s'est engagé derrière Le Pen dans une « bataille de France ». Minute, même après la crise qui l'a récemment secoué, est toujours favorable au «menhir ', tout comme Rivarol et Aspects de la France, hebdomadaires de moindre diffusion. Fin novembre, le Choc du mois, tiré à 100 000 exemplaires, est venu enrichir cette presse moins maigre qu'on ne le dit parfois. A Paris, les collaborateurs de ces journaux se retrouvent Différences - n° 74 - Janvier 1988 encore sur Radio Courtoisie, « la radio libre du pays réel » (95,6 MHz) animée par Jean Ferré, chroniqueur du Figaro Magazine. Bien embarrassé quand Le Pen qualifie de « détail» les chambres à gaz, le journal de Louis Pauwels l'est beaucoup moins quand il s'agit de faire passer dans l'opinion des thèmes identiques à ceux défendus par le FN. Le scandaleux dossier publié en 1985: « Serons-nous encore Français dans trente ans?» n'en est qu'un exemple. Résultat d'un savant dosage, le Figaro Magazine comprend dans son équipe rédactionnelle des collaborateurs couvrant la large palette des idées de droite. Jusqu'à l'extrême. Il ne faudrait pas négliger le rôle de certaines revues spécialisées telles que Troupes d'élite, Hommes de guerre, Militaria ou Raids qui sans être-directement politiques ont toutes en commun de glôrifier la chose militaire et de proposer un certain modèle de virilité. Elles rejoignent en cela la vogue des pires films américains tels que Rambo ou Top Gun ... tous très appréciés des critiques cinéma de National-Hebdo. Ces revues, tout comme les maisons d'édition Albatros, La Table ronde, Avallon ... permettent l'existence d'une véritable culture d'extrême droite qui fait baigner le militant ou le sympathisant dans une ambiance à laquelle il est aisé de s'abandonner. Grâce à un nombre croissant de librairies spécialisées, ces diverses publications disposent d'un réel marché. • •• ~----~,------------_____________ GRECE ________________________ ~ _ ~ __ .r' " , , , 1 ' ....... .....""..-:-""-..... 1 1""" / .,),'" / ~ 1..- / Avenir ~T ----... et Liberté , • .1 1 / / / // ,//// --~....,..: 't Palais Libêrié il '"' '/ Front Front

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1 t \ \ CNlP. _ _____. ,____ \ Santé • / / . . -, \ / \ ' ..... " / L. cère le national '~~_ CAR .// r------ieanne d'Are '~--_ _~/ j . --'- "\ ----- 1 1 A Paris, on peut ainsi dénombrer plus d'une dizaine de ces officines qui diffusent les nombreuses revues délaissées par les NMPP: les oeuvres de Jean Mabire, d'Alain de Benoist et Le Pen quand ce n'est pas tout simplement le Mythe du XXe siècle, d'A. Rosenberg (idéologue du 3e Reich) ou les Annales d'histoire révisionnistes comme dans la désormais célèbre librairie Ogmios. L'influence électorale du FN n'est pas seulement le produit des impacts des interventions médiatiques de Le Pen. Elle s'appuie aussi sur la constitution d'un réseau d'associations plus ou moins contrôlées. Chacune cultivant l'une des facettes d'un électorat varié. Le FN a ainsi depuis longtemps, des liens privilégiés avec les groupes pétainistes, comme avec quelques associations de rapatriés d'Algérie ou d'anciens combattants. Ces liens tiennent pour une bonne part à l'histoire du courant politique que perpétue Le Pen. Autre exemple, par Romain Marie et ses comités Chrétienté- Solidarité, le FN (présent dans la plupart des activités intégristes) a des contacts avec la Fraternité Saint -Pie-X de Mgr Lefebvre et une activité réelle en direction des jeunes par le relais des Scouts d'Europe ou du Mouvement de la jeunesse catholique de France. CONDAMNE POUR RACISME \ 1 1 1 1 J \ \ \ i \ 1 AGRI': -+---~ 1 1 1 1 / / j 1 Pé,tCharlesi~tes ___ -; La nébuleuse du Front national: une pléiade d'associations, de clubs et de groupes confessionnels. Aux frontières: la droite classique. Certains thèmes de son programme ont naturellement trouvé un écho favorable dans des groupes avec lesquels il est en très bons termes. Citons la FPlp, syndicat d'extrême droite dans la police, l'association Légitime Défense ou, dans un tout autre domaine, Laissez les vivre qui combat farouchement l'avortement et toute forme de contraception. Plus étonnants sont les liens, pourtant bien réels, avec la Ligue contre la vivisection dont le look écolo en a trompé plus d'un. Des dîners-débats avec le gotha parisien le Cercle Montherlant Passé ce stade artisanal, le FN tente de développer des actions sectorielles par le biais d'associations satellites de sa création. Le Cercle Montherlant, que préside Jacques de Ricaumont, chroniqueur du Figaro et ami personnel de Le Pen, se veut ainsi « une structure d'accueil, à la fois souple et sélective (...) sans lien apparent avec le Front ». Ses activités consistent en des dîners-débats où l'on retrouve le gotha parisien. Tel est aussi le but, une classe sociale en dessous, du Cercle national Jeanne-d'Arc. Créé par Jean-François Delenda, conseiller régional d'Ile-de- France, « pour remettre à l'honneur les valeurs fondamentales qui ont fait la France» (2). En direction des deshérités, un Front antichômage propose un service de placement. Sans doute dans l'espoir de s'attacher une clientèle électorale. A l'initiative d'une Le Front national n'est pas un courant politique comme responsable de la Drôme, Germaine Burgaz, s'est déveles autres. n est le parti dont le principal dîrigeant fut loppée dans le sud de la France une Union nationale des plusieurs fois condamné pour des propos racistes. En Français défavorisés pour « aider les citoyens français dans deux mois, le MRAP a fait sanctionner Le Pen à Nanterre la détresse morale et professionnelle et faire respecter les (pour ses déclarations sur les chambres à gaz) et à Paris droits des nationaux en toute occasion ». (pour incitation à la discrimination raciale). Plus importants sont le Cercle national des femmes n n'y a pas, à notre connaissance, d'autre homme d'Europe que dirige Martine Lehideux, député européen, politique français qui ait été condamné pour délit de et le Cercle national des combattants de Roger Holeindre. racisme. C'est pour cela que le MRAP a lancé une Le premier vise à conquérir un électorat dont le passé a campagne afin que les élus refusent à Jean-Marie Le Pen montré qu'il était globalement hostile aux thèses du Front les 500 signatures nécessaires à sa candidature aux national (3). Le second s'attache à maintenir les anciens ... présidentielles.D combattants dans leur identité passée pour en faire des iii LI ::::::::::::::::::-____ ~c~om~b~a~tt~a~n:ts~d~u~p~r~é:s~e~n~t.~D~a~n~s~l:a~g~r~a~n:d~e~p~r~o~p:r~ie~·t~é~qu~'i~l~lo~u:e:J à Bokassa, Roger Holeindre souhaite organiser aussi, sous le patronage de son cercle, des colonies de vacances, voire « une école vraiment libre », De tout ce réseau, ici très résumé, la principale construction reste toutefois Entreprise moderne et Liberté, créée en 1984 pour s'implanter dans les milieux professionnels et patronaux (4). Ses dirigeants ont cherché à rassembler les socioprofessionnels favorables à Le Pen en vue d'agir au sein des chambres de commerce, des chambres de métier, des centres de Sécurité sociale ... tout ce qui pouvait constituer un relais d'opinion au sein du tissu économique. Après trois ans d'existence, ce groupe chapeaute un nombre croissant de cercles professionnels: Cercle national Banque, Bâtiment, Santé, Transports routiers et fluviaux, PalaisLiberté (5), etc. Depuis un an, il existe aussi des sections d'entreprise à la RATP (200 adhérents) et à la SNCF. Mais, exceptée la CSL dans certains bastions très circonscrits, l'extrême droite n'a jamais pu disposer de courroies de transmissions syndicales. Des sections d·entreprise. des associations bidons. du noyautage dans les organisations institutionnels Le parti de Le Pen, on le voit, ne ménage pas ses efforts pour injecter son venin à l'ensemble de la société française. Des réseaux existent qui ont la double mission de propager une idéologie et collecter des fonds. Les moyens de cette propagande peuvent parfois surprendre, on ne saurait malgré tout en conclure avec Anne Tristan que « le Front organise très peu» et « que les associations qu'il monte sont bidons ». Si les dîners-débats sont le moyen le plus souvent utilisés pour faire passer le message, c'est qu'ils permettent de créer au mieux cette convivialité qu'Anne Tristan a découvert dans les quartiers nord de Marseille et qui existe aussi ailleurs ... dans les milieux plus favorisés. Les associations seraient au Front national d'un bien maigre secours en cas de revers électoral grave. Elles auront toutefois assuré leur mission en diffusant plus largement ses idées au point que beaucoup font déjà du lepénisme sans le savoir. 0 (1) Cf. Article 31 janvier 86. Le FN reconnaît rétrospectivement 2 500 adhérents en 1984, et avance le chiffre de 70 000 en 1987. (2) Au comité d'honneur de ce cercle se retrouvent, entre autres, la générale de Bénouville, Pierre Chaunu, Jean Raspail, Jacques Soustelle, le général Delaunay et Serge Lama. (3) Sondage SOFRES du 16 mars 1986 : 11 % des hommes pour seulement 8 % des femmes avaient voté FN aux législatives. (4) Selon Le Figaro, ce cercle est une «nécessité au cas où la publicité politique trouverait sa place en 1988 », laissant entendre que cette association avait vocation à collecter des fonds. (5) Ce dernier ne regrouperait que des avocats et des notaires. Mais y trouver des magistrats du siège ne serait guère surprenant. POUR EN SAVOIR PLUS L'effet Le Pen, Edwy Plenel et 'Alain Rollat. Ed. La Découverte Retour du Front, Yves M. Zelig. Ed. Baneau Au Front, Anne Tristan. Ed. Gallimard. Les Affaires de M. Le Pen, Jean Chatain. Ed. Messidor La Tentation néofasciste en France (1944-196!), Joseph Algazy. Ed. Fayard lIrtic1e 31, revue mensuelle, 20 F, BP 423, 75527 Paris cedex Il Celsius, mensuel, 25 F. Montront, BP 284, 75228 Paris cedex 05 Différences - n° 74 - Janvier 1988 $ans idéologie, unp81'Ûn'estpas ttîable.Le Front s'est ainsi assuré les services d'un ni;)yal1.d'iJJtell~ctuels, idéoJognes pl~ ou moÏ1l$ spéCialisés. • Jean-Yves Le GaJ1ou, énarque dipldméde I1nstitutd'études politiques de Paris, . a .. exercé d'importantes fonctions au GRECE dont il fIlt J'orateur à divers colloques et sémimlÎres et directeur du groupe GRECE Science-po 2. En 1974, il est l'un des fondateurs du Club.de l'Horloge et en sera le secrétaire général jusqu'en juin 8S. Rallié au Front national, il appartient ti;)ujours au conseil· d'administration du club. Nouveau membre du Comité.central du FN, il a assuré avec Bruno Gollnisch la rédaction du programme du parti. Responsable du groupe parlementaire du Front, il assiste Le Pen dans la rédaction de ses livres. Il rédige avec Gollnisch des fiches, discours, . tribunes librès et des textes de riposte destinés aux cadres du FN. · • Bl'IUIo Gollniscb. est député du Rhône. Il a rejoint le Front en 1984 et fut doyen de la fac de Lyon IlL n a été correspondant au Japon du Cahier indépendant - du CNI. En 1976, . on le trouvait au Cercle Auguste Cochin qui regroupe des fllembres de l'université intégriste de Mrg Lefebvre et des légitimistes (1). • Bl'IUIO Mégret est ingénieur des Ponts et Chaussées, polytechnicien. Ancien responsable RPR, il fonde en novembre 1981 les CAR (Comités d'action républicaine) puis la CODAR (Rassemblement des clubs d'opposition). n était aussi, jusqu'en 1981, membre du conseil d'administration du Club de l'Horloge. Pour les cantonales de 8S, il fonde les FAR (Fédération pour l'avenir et le renouveau) afin de « couvrir l'espace politique entre le Front national et la droite parlementaire ». Aux législatives, il a été élu député FN de l'Isère. Il est le directeur de la campagne présidentielle de Le Pen et a remplacé Olivier .d'Ormesson à la présidence du comité de soutien à la candidature de Le Pen. • Jean-Claude Martinez est professeur agrégé dé droit, député de l'Hérault. Il. s'est rallié au FN en 1988 et est le responsable de la cellule « idées" du Front. n a pour tâche de concevoir et concrétiser des « idées originales" pour « attirer l'attention des médias}) ainsi que de concevoir des coups politiques destinés à conforter l'image et le message du candidat Le Pen. Auteur d'ouvrage sur la fiscalité, c'est un farouche partisan de la suppression de J'impôt sur le reVenu. A l'Assemblée nationale, il s'est fait une spéCialité de critiquer l'Education nationale. • II ne faudrait pas oublier d'autres « spécialistes» du mouvement: François Bache/ot, cardialogue devenu docteures- Sida pour les besoins de la cause, Yann Piat pour les questions familiales, Michel de Rostolan pour l'NG ou encore Pascal Arrighi dont la rondeur fait parfois merveille auprès de ses collègues RPR-UDF ... L'extrême droite est très présente dans la presse et l'édition avec, notamment, l'écrivain Jean Raspail (Le Camp des Saints) candidat récent à l'Académie française et signature du Fig-Mag, Randa (science-fiction) ou Yves de Verdilhac ~ alias Serge Dalens - auteur pour la jeunesse, dans la collection Signes de piste. 0 (1) Cf. Celsius, octobre 1987. mil M u s QUE COSMOPOLITES s NOUGA. On le disait fini. Armstrong, Donne-moi la main camarade, Toulouse, c'était il y a combien de temps déjà ? Et le revoilà en pleine peau (noire et blanche). Nougaro, après un an passé dans l'ancien appartement de Charlie Mingus à New York, joue du Nougarock. Installé dans le fief de ses premières amours, Harlem, il fait une chanson de tout et de rien : la statue de la Liberté, la comète Halley, le rythm'n flouze, Al Jarreau, Marrakech. Des jeux de mots qui s'enchaînent, des orchestrations superbes, voici le meilleur français de l'année. 0 Nougayork, Claude Nougaro, WEA. AFFRONT. C'est l'idole un peu lascive et très chic du public anglais. Quand il entonne Wishing weil (Kissing a bandit/ Stealing time/Under a sycomore tree), Terence Trent d'Arby (TT A) fait frémir la jeunesse. La voix chaude, le look smart et métissé, TT A a aussi de la suite dans les idées. Après avoir annulé un concert en Autriche, il a expliqué

« Après mûre réflexion, je ne peux

pas, en bonne conscience, admettre que certains profits occasionnés par ma venue tombent dans les caisses d'un gouvernement dirigé par un conspirateur nazi notoire. Ce serait comme un affront pour mes amis juifs qui ont perdu des êtres chers pendant l'holocauste, peut-être à cause de l'action de Kurt Waldheim, sans parler des millions de juifs que je ne connais pas. » Et comme la musique est bonne, ça ne gâche rien au personnage. 0 Introducing the hardline according to, De retour de New York, entre jazz et rock : Nougaro, le meilleur français de l'année. DISSONANCES. Cet énergumène jusqu'alors sans visage tant l'atmosphère de ses albums était enfumée (de cigarettes et d'alcool), en a un depuis l'année dernière. Le grand public l'a découvert dans Down by Law, le film de Jim Jarmush, aux côtés d'un autre musicien américain, John Lurie. Tom Waits, grand déguingandé de l'Amérique paumée, est sorti des boîtes de nuit grâce au cinéma. Les puristes le regretteront. Sa voix rocailleuse venùe du fond du blues, son piano nostalgique arrosé par le whisky malencontreusement bousculé, sa sensibilité de malade urbain : tout est toujours là dans son dernier album, Frank's wild years, très jazzy, très polka, très rumba. C'est du Tom Waits, certes, mais gagné par une mal).ie, celle de la dissonance, à ne pas confondre avec la dissidence. Ça finit par saôuler, mais l'emballage est beau. 0 Frank's wild years, Tom Waits. BGMAriola. DETAILS. Les vedettes du Top 50, de Goldman à Vanessa Paradis, vont bientôt enregistrer Détails, une chanson composée par Adamo après les déclarations de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz. Les droits d'auteur iront à la Licra et SOS Racisme. 0 VERONIOUE MOR TA IGNE ROCK AROUND. Du pavillon de Paris à l'hippodrome de Pantin et au Zénith, de Parking 2000 aux multiples lieux de rock disséminés entre Bagnolet et Montreuil, la Villette se trouve au coeur de l'histoire du rock. Présenté à la Maison de la Villette, Histoires de rockers montre de quelles empreintes le rock a marqué et marque encore le Nord-Est parisien. m Terence Trent d'Arby, CBS. I ______________ ~--------~----------------------' Sur les marges de Paris, entre ville et banlieue, le rock vagabonde : au détour de sites abandonnés, de friches industrielles ou de troquets oubliés, les rockers s'installent, souvent, de façon éphémère. L'équipe de la Maison de la Villette les a rencontrés et a ainsi pu recueillir les témoignages de quelque 200 musiciens et amateurs de rock. Les thèmes majeurs se dégageant de ces entretiens ont guidé la conception d'une exposition qui combine les formes d'expression traditionnelles du rock (musicales, graphiques, vestimentaires ... ) et des témoignages inédits de rockers. Histoires de rockers sera ponctuée par une série d'événements: débats, démonstrations de tatouages, défilés de look rock avec des costumes spécialement créés, performances-surprises par des « tribus rock », telles que Batcave, Psycho, Punk ou Gothie! 0 Histoires de rockers. Maison de la Villette, jusqu'au 28 février 1988. Rens. et calendrier sur le Minitel 36.15, code TV Rock. MEDITERRANEE. Chaud, chaud, chaud, l'hiver sera chaud à Paris .. . parce que tout plein de musique méditerranéenne. Du 9 au 23 janvier, le Café de la Danse, à la Bastille, ouvrira ses portes de l'Orient à l'Occident - ou vice versa ... Un festival de musique réunira les meilleurs artistes de douze pays du bassin méditerranéen (essentiellement de la musique et du chant traditionnels). La liste? Quelques noms qui, peut-être, ne vous diront (encore) rien, mais dont les sonorités évoqueront déjà les voix langoureuses et souvent orientales: Mustapha Skandrani (Algérie), interprète des plus grands classiques de tradition arabo-andalouse, Reinette l'Oranaise (non, ce n'est pas du raï), témoin rare d'une tradition judéo-arabe, Esin Afsar (Turquie), qui chante de nombreux poètes turcs dont, évidemment, le superbe Nazim Hikmet. Et puis Hussein El Masry (Egypte), Saïd El Maghrebi (Maroc), Maria deI Mar Bonnet (Palma de Majorque), Mohammed Bhar (Tunisie), Juliette Greco (France), Irene Papas (Grèce). Côté Italie, à ne pas manquer sous aucun prétexte: la troupe napolitaine di Canto di popular. Des ténèbres de l'exil aux scintillements de la mer, des fleuves et de la terre natale, la Méditerranée se chantera entre nostalgie et émerveillement. Normal: ce projet s'intitule Orient, Occident, ombres et lumières de la Méditerranée. Du voyage du côté de la Bastille ... 0 S.8. Orient, Occident, ombres et lumières de la Méditerranée, du 9 au 23 janvier au Café de la Danse. 5, passage Louis-Philippe, 75011 Paris. Tél. : 43.57.05.35. Différences - n° 74 - Janvier 1988 s PEe TAC L E s OANSE-THEATRE L'INDIGNE ET l'INAVOUABLE. JeanMichel Rabeux a écrit Onanisme avec troubles nerveux chez deux petites filles à partir d'une observation médicale parue au début du siècle. Son auteur, Demetrius Zambaco, est psychiatre. Trente ans plus tard, il est devenu correspondant de l'Académie des sciences et commandeur de la légion d'honneur. Ses procédés thérapeutiques sont donc reconnus et pratiqués. Et pourtant! « Pourtant, il va loin dans les sévices qu'iljustifie par le traitement des deux fillettes. Ce qui m'a le plus choqué dans cette observation, commente Jean-Michel Rabeux, c'est la tranquillité d'esprit de Zambaco ». L'onanisme était alors considéré comme une maladie grave, et donc, violemment punie. En définitif Zambaco rend les deux petites filles folles. Et les parents, complaisants, ne sont pas plus traversés par le doute. Car, c'était un comportement normal de la psychiatrie à l'époque. L'une des deux fillettes, devenue adulte, raconte, comme on expose un cas clinique. Elle s'adresse aussi à sa mère, qui a laissé faire et qui a accepté cet ordre moral. « Cette observation laisse sur nous des cicatrices pas tout à fait sèches. Ce qui est insupportable, c'est cettefolie de la raison, cette certitude. Il aurait été dérisoire defaire une pièce sur Hitler. J'ai THEA TRE IMPOSSIBLE. Le Public, représenté pour la première fois en France, est l'avant, dernière pièce de Federico Garcia Lorca. La mise en scène de cette oeuvre est de Jorge Lavelli, directeur du nouveau Théâtre de la Colline qui ouvre ses portes ce mois-ci. Priorité à la création et la découverte: c'est la volonté de l'ex-TEP (Théâtre de l'Est parisien). Lorca, dramaturge, poète, peintre et musicien est né en 1898. On vient d'ailleurs de célébrer le cinquantenaire de sa mort. Il nous a légué deux théâtres. L'un, théâtre marchand et complaisant, « écrit pour se faire respecter» et décrié par ses amis Dali et Bunuel. L'autre, le « théâtre impossible », son théâtre surréaliste où il s'insurge contre la médiocrité du quotidien et le grotesque des normes morales. Le Public, c'est l'histoire d'un voyage. Ayant fait irruption dans le bureau d'un directeur de théâtre, trois amis se livrent à un jeu de la vérité, et font tomber quelques-uns de leurs masques. Dans cette pièce, l'interrogation omniprésente du « théâtre impossible» de Lorca : la quête de la vérité théâtrale face à l'illusion. Il y traite bien sûr de l'existence, de la mort, de la sexualité. choisi une métaphore pour parler de la coercition de la psychiatrie, de la science prise de folie, et des totalitarismes en générai. » Une autre pièce écrite par Jean-Michel Rabeux fait l'éloge de la pornographie. « Pour y débusquer des douceurs imprévisibles, des beautés inattendues, des ridicules aussi ». Le metteur en scène s'amuse et s'interroge et les acteurs avec lui. « Le théâtre est pour moi un pays clandestin. Il dit le secret, l'inavouable. Une part de nos vies est pornographique. Tout au moins une part de nos rêves. » Dans cette pièce, le corps est tout sauf un objet. Le jeu est étrange, pudique, léger et mystérieux. Pour Jean-Michel Rabeux, le théâtre sert à parler du réel et des sentiments. «ReconnaÎtre sa pornographie (on pourrait dire érotisme) c'est s'accepter dans ce qu'on a d'incongru, et l'accepter chez l'autre. C'est-à·dire accepter les différences ... la pornographie a d'ailleurs toujours été interdite dans les régimes totalitaires. »C'est beau et déconcertant 0 LAURE LASFARGUES Onanisme avec troubles nerveux chez deux petites filles, de Jean-Michel Rabeux du 15 janvier au 6 février 1988. Théâtre national de Chaillot, Paris. Eloge de la pornographie, jusqu'au 9 janvier, théâtre Gérard Philipe, 93 SaintDenis. Un dessin de Garcia Lorca. «Combien de temps encore continuera-t-on à nous cacher ce Lorca trangresseur, le plus authentique, le plus universel », s'est écrié récemment un critique. 0 L. L. Le Public, de Federico Garcia Lorca, Théâtre national de la Colline. Du 7 janvier au 25 février. 5, rue Malte-Brun, 75020 Paris. Il BI Charlie Parker, the Bird, à l'écran c N E M A s D'AUJOURD 'HUI BIRO LIVES. Clind Eastwood est en train de produire et de diriger un film retraçant la vie du grand saxophoniste de jazz noir Charlie Parker, mort en 1955 dans le dénuement physique et matériel. Bird est le surnom qu'on avait donné à Charlie Parker et Clint Eastwood l'a choisi pour titre à son film dont la sortie est prévue pour le milieu de l'année. Le rôle de Charlie Parker est tenu par l'acteur noir Forest Whitaker qu'on a pu voir récemment dans Platoon et la Couleur de l'argent. Le film se termine sur l'image du graffiti qui s'étale encore aujourd'hui de temps à autre sur les murs de Harlem: « Bird Lives », symbole de l'immortalité de Charlie Parker dans l'âme de la communauté noire des Etats-Unis. 0 R.P. UN CRI POUR STEVE. Sir Richard Attenborough, le cinéaste auteur du fameux Gandhi, a présenté, à Londres, son dernier film, Freedom Cry, qui retrace la vie du syndicaliste noir sudafricain Steve Biko, mort assassiné dans sa prison par la police raciste de Pretoria, le 12 septembre 1977. Ce film est fondé sur l'amitié profonde qui unissait Biko et le journaliste libéral blanc Donald Woods. Il a été tourné au Zimbabwe qui a participé pour 20 % au financement du film. Le film a été vu par les représentants de l'AZAPO, l'organisation noire sud-africaine qui l'a approuvé. Le rôle de Steve Biko est tenu par l'acteur noir américain Denzel Washington, dont Richard Attenborough avait apprécié la prestation dans le film Soldier's Story et dont la ressemblance avec Malcolm X est hallucinante. Il a d'ailleurs tenu le rôle du grand militant noir sur les planches, ce qui lui avait valu de recevoir l'Audelco Award pour sa performance. 0 ROBERTPAC TROIS CONTINENTS. Sans doute le meilleur forum pour connaître et reconnaître les cinématographies oubliées par les distributeurs européo-américains, le Festival des trois continents de Nantes, refusant comme par le passé une vision tiers-mondiste du 7e Art au profit d'une vision purement cinématographique, a fait rêver la ville et la région, pour sa neuvième cuvée, grâce à une rétrospective du cinéma turc, unique en France, et à un panorama de dix ans des studios de Xian en Chine populaire. Ajoutons à cela une sélection, plaisir gourmand entre tous, d'une dizaine de comédies musicales indiennes, toutes bruissantes de chants, de danses et... de larmes. La compétition réunissant des oeuvres de dix pays, du Viêt-nam à Haïti, du Brésil à la Chine, en passant par la Corée, le Japon et la Turquie était honnête. La Turquie justement! : c'est elle qui était à l'honneur, une découverte, un bonheur! vingt-cinq fims, de 1935 à nos jours. Cette cinématographie trop méconnue, aux productions variées allant du policier au film sexy en passant par le mélodrame, qui produit une centaine de films en moyenne chaque année (185 l'an dernier !) s'affirme par son originalité : une tradition culturelle très forte, colorée par son appartenance à une Europe qui feint encore de l'ignorer. Depuis vingt ans, une figure domine cette production, celle du grand Yilmaz Guney, le révolutionnaire assoiffé de justice sociale, encore boycotté par les milieux officiels de son pays pour son militantisme kurde, mort en exil en France, et présent à Nantes à travers deux chefsd'oeuvre signés seul, Espoir (1970) drame de la pauvreté qui rend fou et Elégie (1971) qui met en scène, dans la tradition des bardes populaires de son pays, des hors-la-loi au grand coeur. Une révélation, le grand art de Metin Erksan venu lui-même présenter, sensible et esthète parfois, plusieurs magnifiques Cinéma turc: L'Eté torride, de Metin Erksan histoires de révoltes implacables: Audelà des nuits (1960), la Vengeance des serpents (1962), l'Eté torride (1963), drame de la possession de la terre et. .. de la femme. Son Kuyu (le Puits, 1968) a bouleversé le public par la violence d'une femme violée qui ira jusqu'au bout de sa vengeance dans un climat de banditisme d'honneur traditionnel. D'Atif Yilmaz, le troisième Grand turc on a pu déguster le charmant et plein d'humour Qu'elle était belle Istanbul (1966) dans la tradition italienne, sur une idylle naissante entre un gentleman stambouliote ruiné et une jeune provinciale montée à Istanbul pour devenir actrice, le tout prétexte à de superbes et amoureuses photographies de ville en hiver. Révolte contre l'injustice, violence des rapports sociaux, et des rapports entre hommes et femmes, humour salvateur des gens écrasés sont des leitmotivs de ce cinéma turc divers et pourtant marqué d'un sceau culturel bien reconnaissable. Le jury de Nantes ne s'y est pas trompé en couronnant un film de ce pays, l'Hôtel mère-patrie (Anayurt Oteli, 1987) d'Omer Kavur, saluant, en le doublant d'un prix d'interprétation, son acteur principal, Macit Koper. Anayurt Oteli marque en effet un renouveau dans la production turque, volontairement, nous expliquait l'auteur, en réaction avec films anatoliens, paysans et sociaux. Il y décrit, la solitude d'un personnage complexe gérant d'un hôtel dans une petite ville anatolienne, que la mélancolie est la vision fugitive d'une belle cliente, incarnée par l'étonnante Serra Yilmez, vont mener à la schizophrénie et au meurtre. Couronné cette année par le Grand prix national à Istanbul, ovationné à Valencia, il faut que ce film, ainsi que la plupart de ceux de la rétrospective, sortent sur les écrans français. 0 YVES THORAVAL Festival des trois continents, BP 3306 !Vantes 4033 cedex Semaine du cinéma de l'immigration MARIE D'ALGER, ALI DE CLICHY Merzag Allouache De Roger Hanin à Merzag Allouache, en passant par le cinéma arabe, italien, allemand ... Différences - n° 74 - Janvier 1988 Nuance de langage à fa;« absolument

cinéma d'immigration ne veut

pas nécessairement dire cinéma sur les immigrés. Cette distinction tient à coeur à Abdel Bennour, principal organisateur de cette Semaine du cinéma de l'immigration qui s'était déroulée auparavant à Alger et à Lyon (financée par le Fonds d'action sociale et l'Institut du monde arabe) et pour qui il s'agissait essentiellement de montrer que, sous le mot immigration, fusionne un monde de création mis en images: « Mieux connaître des films peu ou pas vus, de cultures spécifiques, éléments indispensables à l'enrichissement de la culture française. » Maintenir le mot Sortir du ghetto par là-même où on tente de le constituer: « l'immigration ». Le mot heurte encore . Se référant tellement à l'image de misérabilisme, de militant « mao-t'es-plus-dansl'coup coco », les organisateurs n'en ont pas moins tenu le pari de maintenir le terme - « nul autre ne conviendrait », dit Bennour - en en révélant ses aspects les plus créatifs, les plus riches. La démarche est louable ; le programme était un large éventail de cinéastes français, arabes, italiens, yougoslaves, allemands... Une vingtaine de courts métrages qui ne seront jamais vus ailleurs (mesure-t-on assez ce que cela signifie réaliser un film dont on sait qu'il sera peu vu ? ... ). Des débats se tenaient après chaque projection (souvent difficilement) . L'information a mal circulé autour de ce projet. Moitié culpa des organisateurs, moitié culpa de la presse ellemême (Selon A. Bennou « il y a eu un réel boycott de la part de Libération. Il paraît que l'immigration, ça ne se vend plus). De longs métrages connus (Black mie mac, Miss Mona, Tête de turc), moins connus (A contre-jour, Mirianna - délicieux ! - ) ou jamais vus. La semaine s'est ouverte avec Un coupable, de Roger Hanin, en première projection publique. Roger Hanin est indéniablement un personnage sincère et de bonne foi que le racisme scandalise et qui tente de le dire au travers de ses films. Malheureusement, cela ne fait pas nécessairement de lui un bon cinéaste. L'intrigue autour d'Ali François Caillou, arrêté lors d'une manifestation et injustement accusé d'avoir agressé un CRS sert davantage à Hanin de discours sur la justice qu'à un discours sur le racisme en tant que tel. Rien de nouveau dans ce scénario qui rappelle les vieux Cayatte ou Boisset à l'époque des justiciers cinématographiques. Ça sonne trop souvent faux dans les dialogues comme dans les situations elles-mêmes (la man if, la prison ... ). Le dernier film de Merzag Allouache, en revanche, est sacrément innovateur dans sa forme comme dans son propos. Avec comme personnage Marie d'Alger et Ali de Clichy, on s'attendait à tous les lieux communs : le conflit des cultures, la dure réalité de deux basanés à Paris, etc. Non. Deux amoureux, avant tout. Flash, passion et bohème à deux. Leurs origines respectives n'interviennent qu'en filigranes . C'est entre les scènes d'amour que se tient la nouveauté du discours . Elle veut devenir mannequin, lui cosmonaute. Et vlan pour l'image des Arabes immigrés . .. Tête de cochon Des scènes provos à tous niveaux; Allouache n'épargne personne: la scène des immigrés de retour du boulot dans le métro et plongés dans la lecture d'un roman qui n'est autre que L'amant, de Duras, ou celle du protagoniste ramenant à sa dulcinée une tête de cochon en cadeau hérisseront les cheveux des deux côtés de la frontière. C'est précisément parce que tout cela est encore trop fictionnel que le message passe. Il n'y a nulle intention de discours. Il y a seulement regard nouveau d'une réalité qu'il fait bon de regarder au futur. Ouf! Du cinéma d'immigration beau, gratifiant, poétique. Mais attention, pas naïf, pas naïf du tout. .. 0 SOUAO BELHAOOAO Il Il AGENDA Janvier 5 Jusqu'au 23, Frederico Garcia Lorca au Théâtre de la Ville. Jacques Nichet met en scène La Savetière prodigieuse avec le centre dramatique national LanguedocRoussillon. Rens. : 42.74.22.77. 7 Jusqu'au 7 février, Le Changeon, de Thomas Middleton et William Rowley, traduit et mis en scène par Stuart Seide. Unc pièce du XVII' siècle sur le thème de la double nature, de la dualité et de la métamorphose. Au théâtre de Genevilliers. Rens. : 47.93.26.30 .. 12 Jusqu'au 30 janvier, la compagnie Macqueron-Djaoui présente Le Jour de la limace, de Richard Crane à l'Espace acteur, 14 bis rue Sainte Isaure à Paris. L'histoire d'un homme moyen et content. Rens. : 42.62.35.00. 13 Pour un mois, L'Amante anglaise de Marguerite Duras. Basée sur un fait divers, un Duras différent mis en scène par Charles Tordjmann et le Théâtre populaire de Lorraine. Au Théâtre 71 de Malakoff. Rens. : 46.55.43.45. 15 Archie Shepp en quintet au New Morning. A voir et à entendre sans s'en lasser. New Morning. Rens. : 42.46.30.70. 15 Troisième festival de musique contemporaine à Fontenay-sousBois, Futurs Musique. Au programme, Transes européennes dirigées par le percussionniste Pablo Cueco, puis Tristan Clais et J'Orchestre symphonique du RhinMulhouse. Jusqu'au 28 février. Rens. : 48.75.44.88. 16 20 h 30 au Théâtre municipal de Boulogne-sur-Mer, l'Orchestre régional de Picardie joue Strauss et Tchaïkovski sous la direction du chef Magloire. 22 Première du Roi Lear de Shakespeare à la maison de la culture de Bourges, une coproduction de l'Autre théâtre et du Théâtre du Lierre. Mise en scène de Jean Gillibert. Rens. : 48.20.13.84. A partir du 2 février, Gérard Desarthe jouera, toujours à Bourges, JeanJacques Rousseau, dans une mise en scène de Jean Jourdheuil. FORMATION La Maison de l'étranger, 16, rue Antoine Zattara, à Marseille, organise des sessions de formation sur le droit de lïmmigratiol1 et les pratiques administratives. Elles durent quatre jours à chaque fois et traitent de toute la législation sur l'entrée en France, le travail, le regroupement familial, la naturalisation, le droit d'asile, les expulsions. .. Les sessions sont destinées à tous ceux qui travaillent dans les administrations, associations, collectivités locales, services sociaux et juridiques ... La première session a lieu le 21 janvier. Rens. : 91.95.90.15. B LOC-NOTE s YVES THORAVAL ATTILAH FAKIR. L'Evénement du jeudi a accordé son premier prix littéraire à Atti/an Fakir (ed. Souffles) de Ahmed Zitouni qui n'est pas du tout un inconnu, auteur, entre autres, d'un Aimez-vous Brahim (Belfond 1986) qui avait fait grand bruit lors de sa parution. Le sous-titre d'Atti/an ... , Les derniers jours d'un apostropheur (il s'agit du camarade Pivot) donne le ton féroce et guilleret d'un auteur, pas vraiment français de souche comme on dit, pendant les trois jours précédant une célèbre émission littéraire où il doit passer : une corrida médiatique d'une verve époustouflante, dans un périple kitsch, du 746e crachat sur la vitrine d'un coiffeur raciste à la raffle massive de sucres dans un café inhospitalier ... ARMENIENS. 1000 illustrations, 624 pages, pas une de moins, planches couleurs rehaussées d'or, Patrick Donabédian et J .-M. Thierry n'y sont pas allés de main morte pour restituer un énorme et somptueux pavé éditorial d'une érudition sans faille, Les Arts arméniens, sur quinze siècles, des origines, lorsque l'Arménie est devenu le premier Etat à adopter le christianisme jusqu'à nos jours, et cela à travers tous les territoires historiques arméniens: Cilicie (en Turquie), Arménie soviétique, Diaspora. C'est Mazenod, l'éditeur de plusieurs sommes sur les grandes civilisations qui l'a édité (je vous le dis tout de suite, j'ai consulté l'ouvrage en bibliothèque, car il est cher). CAUCASE STORY. Si TEHERAN. Il y a tellement peu d'informations, ces dernières années, autres que politico-faits divers sur l'Iran d'aujourd'hui qu'il faut saluer le dernier volume villes d'Autrement, très joliment agrémenté de photos noir et blanc : Téhéran: au-dessous du volcan. A vec sympathie, non pas pour Khomeiny, mais pour les Iraniens, les 10 millions de Téhéranis en particulier. En deux cents pages, des Français et des Iraniens, spécialistes ou pas, la plupart vivant là-bas, nous disent tout du vécu de tout un chacun, mais aussi de créateurs, sous la férule inquisitoriale de la révolution islamique, qui tente de s'insinuer jusque dans la chambre à coucher des citoyens. Avec humour, souvent désespoir, comment tenter de vivre normalement ? ACCT. L'Agence de coopération culturelle et technique, la grande agence des pays francophones du vous n'allez pas au Caucase dans les mois qui viennent, ce qui est probable, il faut L'art arménien: une très grande richesse courir à la Maison des Cultures du Monde car la Géorgie, l'Arménie, le Turkménistan et le Daghestan viennent à elle, pendant tout le mois de janvier, avec leurs « musiciens rares », les Bakhshis du désert de Karakorum, les danseurs de Erevan, de Tiflis (Tbilissi) et les Turcs du Daghestan. monde entier, vient de décerner des prix de son concours littéraire, ouvert à tous, pourvu que l'oeuvre soit en français, comme nous le disions ici l'an dernier. Pour 1987, c'est un jeune Tunisien, Hafedh Djedidi, qui a vu son roman Le Cimeterre ou le Souffle du Vénérable couronné, cependant que le Prix de Poésie allait au Marocain Khereddine Mourad pour le Chant d'Adapa. En plus d'un chèque de 15 000 F, les lauréats verront leur. oeuvre éditée dans deux jolis livres de poche avec la coopération des éditions Hatier, en une collection qui est certainement devenue la meilleure et la plus novatrice des littératures francophones du monde entier. FRED KUPFERMAN. C'est lui, journaliste et universitaire, spécialiste de la France de Vichy, qui a obtenu le Grand Prix de l'Histoire (MoetHennessy) 1987 pour son Laval 1883- 1945 (ed. Balland). Le couronnement d'un anti-best-seller de gare! NOUVELLE. Le cinéphile se souvient peut-être du beau film de l'Egyptien Henry Barakat, Le Peché (Al-Haram), (1965), interprété par la superbe Faten Hamama, tiré d'une longue nouvelle bouleversante de Youssef Idris. C'est sous le titre Le Tabou qu'elle vient d'être traduite en français, la première oeuvre d'Idris accessible dans notre langue, de ce « père de la nouvelle égyptienne », comme on l'appelle sur les bords du Nil, lui qui en a écrit plus de cent, en dehors de pièces de théâtre souvent osées et de chroniques régulières très suivies dans le prestigieux Al-Ahram. Dans Le Tabou (1958) l'auteur dresse un vigoureux réquisitoire, parcouru d'éclairs de révolte, contre la condition inhumaine faite aux ouvriers agricoles saisonniers par les pachas et autres latifundiaires du temps de Farouk, un scandale dénoncé par Nasser lui-même (mais les choses ont-elles radicalement changé depuis ?). Son long récit est celui de la faute d'une femme, en fait violée par un paysan, d'une de ces saisonnières misérables, de ces sans-terre, dont il sait décrire avec tendresse, l'humour, la fraternité, l'entraide, la détresse, un hymne à toute la paysannerie égyptienne qu'il a connue, lui fils du Delta, né en 1927, à la fois comme médecin et comme ancien militant marxiste souvent pourchassé par la police ! Issu de la génération suivant celle de Naguib Mahfouz, plus connu comme romancier-fleuve du petit peuple cairote, Idris est certainement l'écrivain égyptien actuelle plus susceptible, par sa concision, ses qualités d'introspection capables de traquer l'angoisse au fond de chacun, son exploration, souvent jugée osée en Orient, de la sexualité de ses personnages, de toucher le lecteur occidental. Ce que démontre, si besoin était, la (fort bonne) traduction quasi Différences - n° 74 - Janvier 1988 simultanée à la précédente d'un recueil de quatre de ses nouvelles, s'échelonnant entre 1954 et 1969, sous le titre collectif, La Sirène. Fruit d'un travail d'écriture très soigné, ces nouvelles scrutent, avec une certaine cruauté mais également avec une connivence pleine d'humour, la montée de sentiments paroxystiques que normalement la vie sociale réfrène, sentiments enfouis au fond de soi et dont il faut, d'une manière ou d'une autre, qu'ils éclatent, tant ils sont impossibles à réprimer sans devenir fou. Ainsi de cette jolie paysanne venue au Caire avec son mari concierge d'immeuble, qui d'abord éblouie par la grande ville dont elle a toujours rêvée, découvre qu'elle renferme aussi des loups. Violée par un « Monsieur » (encore la violence faite aux femmes), elle disparaîtra définitivement dans la foule pour oublier sa honte, mais peutêtre également pour succomber à la trouble attirance sensuelle de la ville par excellence. Ailleurs, un juge bourgeois célibataire protégé des duretés de la vie prend une servante dont il fait sa maîtresse : mais tout bascule lorsqu'elle lui vole sa montre, irruption intolérable et obscène de la violence prolétarienne venue de quartiers dont il ignore même le nom ... Ou bien ce récit court et haletant du narrateur parlant comme un amoureux à son père mort, assis â côté de lui en voiture, le long d'une route, avec soulagement, horrendo referens, dans une société patriarcale! A lire, ces nouvelles-coup de poing !D A vos PINCEAUX. Un Grand prix public, ouvert à tous, sans distinction de nationalité pourvu que le postulant crée en France et soit âgé de moins de 33 ans, le Prix du Portrait P. -L. Weiller a lieu chaque année (clôture des inscriptions par écrit le 12 février à l'Institut de France). Plusieurs lecteurs de Différences ont déjà remporté les 50 000 F offerts et ont vu leurs oeuvres exposées. Alors, pourquoi pas vous? Maison des cultures du Monde: 101, bd Raspail, 75006 Paris. Infos : 45.44.72.30. Institut de France: 23, quai Conti, Paris 75006. A CCI. Informations: 13, quai AndréCitroën, Paris 75015. Tél. : 45.75.62.41. Le Tabuu, de Youssef Idris, traduit de l'arabe par F. -M. Douvier, éd. I.e. Lattès. La Sirène, et autres nouvelles, traduites de l'arabe par L. Barbulesco et P. Cardinal, éd. Sindbad. 23. Danse au théâtre Paul-Eluard de Choisy-le-Roi. Deux troupes: Black-blanc-beur et Actuel force. Spectacle à 20 h 30. Rens. : 48.90.89.79. 2 5 Pour cinq jours, le collectif Tiers Monde de Faches-ThumesniL dans le Nord, nous offre ses Rencontres 88 autour d'expos, concerts et autres projections de films sur les problèmes économiques, sociaux et culturels de différents pays. Le tout aura lieu au centre culturel des Cinq Bonniers. Rens. : 20.95.46.52. 27 Chanson au Cithéa : Marie-Josée Vilar accompagnée par les Olusiciens de Jacques HigeIin. Cithéa, tél. : 43.57.35.13. 29 Le Théâtre du Lierre nous offre l'Opéra Nomade à la Maison de J'étranger de Marseille. Et c'est un très beau cadeau de gestes et de voix. qui a d'ailleurs fait l'unanimité de la critique. Rens. : 91.95.90.15. 29 Pierre Vassiliu a pris de la musique . d'ailleurs plein les oreilles, il est tombé dedans et il aime ça. A 21 h, au théâtre Rutebeuf de Clichy, il fait partager ses émotions. Elles sont fortes. Rens. : 47.39 .28.58. 31 A la Halle aux grains de Blois, Amédée Bricolo défie la mort. A sa manière, celle d'un clown tendre et poète. Rens. : 54.74.20.82. Février 8 et jusqu'au 12, la chanson aime les enfants. Un festival de la chanson pour enfants, ça n'est pas forcément bêtifiant. Cinq jours, cinq spectacles différents au Théâtre des Sources, à Fontenay-aux-Roses Rens. : 46.60.25.72. 9 Le Capitaine Fracasse de Marcel Maréchal poursuit sa route et ses aventures ... fracassantes. Sur la scène du théâtre municipal de Sète, ce sera pour un coup unique. 13 Karim Kacel en concert, c'est toujours bon à prendre! Le prochain rendez-vous est au théâtre Paul-Eluard de Choisy, à 20 h 30. Rens . : 48.90.89.79.0 IMPRIMERIE WEIL 117, rue des Pyrénées 75020 PARIS L v R E s o ICI ET 0 AILLEURS REGARDS. Les Français, c'est bien connu, ont un avis sur tout et sur chacun. Et pas forcément motivé. Une attitude qui amuse souvent autant les étrangers qu'elle les irrite parfois. Yves Daudu, lui, a fait le contraire: éplucher la presse étrangère pour nous tendre le miroir du monde. Et ce regard porté sur la France est aussi un clin d'oeil décapant et salutaire. De juillet 1986 à juin 1987, il a dépouillé cinq mille articles de presse de cent cinquante journaux de soixante pays et eQ a retenus deux cent trente. Si le béret basque et la baguette de pain sont toujours là, on retrouve aussi au hitparade la révolution française des ... capotes anglaises" Mitterrand, Chirac et les démèlés du cou,ple Le Pen ! De quoi nous rendre modestes, cette France vue parfois par le petit bout de la lorgnette. En rire ou en pleurer, il faut faire avec cette image. Plus sérieusement, cette année fut aussi celle, par Unlta (ltllhel 15 èl!cembre 1986 • - Comment s'llppelle le fleu\le qui tr/lverse Pli"' ? - Question fllCile , c'est le mouvement jjtudl/lnt!. exemple, des mouvements étudiants, des grèves SNCF, du boom du minitel, des attentats meurtriers, des visas aux frontières , du procès Barbie ou des télés privatisées. Ils sont aussi dans cette revue de presse . Un travail sérieux qui nous aidera sans doute à sortir d'un nombrilisme parfois ravageur. Le monde est grand, monsieur Dupont, et nous sommes sous son oeil, sans complaisance: « Toujours pas convaincus de ne pas avoir de pétrole, mais toujours bien trop convaincus d'avoir des idées. » Décapant vous disaisje .• Les Français à la Une, d'Yves Daudu. Ed. La Découverte. COLERE. Quelques semaines après la parution de son dernier roman Harlem Quartet dans notre pays, le grand écrivain noir américain James Baldwin s'est éteint dans sa retraite de SaintPaul- de-Vence. Né en 1924 à Harlem, il a débarqué en France en 1948 et avait, depuis, partagé sa vie entre les deux rives de l'Atlantique. Petit, fragile , écorché vif, cet homme doux a consacré toute son oeuvre à ses frères noirs exploités, méprisés. Il a participé aux luttes des années 60 pour les droits civiques aux Etats-Unis. Il écrivit ce qu'on peut appeler le premier manifeste des Noirs américains d'alors: La prochaine fois, le feu en 1962. Malgré son ton parfois menaçant, cet ouvrage ne voulait que proposer des solutions de bon sens à un problème qui hypothèque lourdement l'avenir du monde. . Son oeuvre romanesque est toute consacrée à la communauté noire. Elle est pleine de sa violence et de son érotisme, de sa tendresse, de sa passion, de son humour, de ses rythmes, de ses gospels, de ses frustrations, de sa révolte et de son admirable dignité dans la cruauté d'un monde qui lui refuse les droits les plus élémentaires. A Nice, lors de la présentation de Harlem Quartet, il s'écria: « Il n'y aura pas de paix sociale dans le monde, dans mon pays, dans le vôtre non plus, tant qu'on n'arrivera pas à surmonter le rêve, le cauchemar qui s'appelle le racisme. Bon gré, mal gré, le monde dans lequel CHINOIS. En dix ans, une ville chinoise a poussé en plein Paris. Un peu mystérieuse, tout le monde en parle, sans vraiment savoir qui sont les Asiatiques qui vivent dans les arrondissements du sud de la capitale, d'où ils viennent et comment ils vivent. Eric Venturi ni et Dominique Vidal ont pris le dragon par les cornes et sont allés chercher des réponses sur le terrain, dans les rues et les quartiers du Chinatown parisien. Des rencontres, des interviews, du bonze au financier en passant par l'ancien ministre de Hô Chi Minh, une série de portraits qui tisse un tableau du réel. Loin du fantasme .• Portraits de Chinatown, le ghetto imaginaire, de Eric Venturini. Ed et Dominique Vidal Autrement. AU FRONT. Anne Tristan est journaliste. Elle a choisi de s'immerger durant six mois dans un quartier de Marseille où le Front national est organisé, elle y a adhéré, pris des responsabilités. Elle James Baldwin nos enfants vont vivre ne sera ni blanc ni noir. Il n'y a que la race humaine qui peut sauver la race humaine, non? On n'a pas le temps de s'amuser avec des questions de couleurs. » D ROBERT PAC BIBLIOGRAPHIE DE JAMES BALDWIN Chez Gallimard : La prochaine fois, le feu, Personne ne sait mon nom, L'homme qui meurt, Chronique d'un pays natal, Le coin des Amen. Chez Stock: Chasses de la lumière, Le jour où j'étais perdu ... , Si Heale street pouvait parler, Meurtres à Atlanta, Harlem Quartet. Chez Calmann Levy : Le racisme en question (avec Margaret Mead). Chez Actes Sud : Jimmy's blues (poèmes). nous ramène de ce voyage un livre. La vie quotidienne du Front, c'est un mélange de petits riens qui marquent. La gentillesse apparente ou réelle de gens comme tout le monde, avec leurs blessures et leurs difficultés, mais qui ont un jour cristallisé tout cela en haine des autres. Les étrangers d'abord puis tous les autres, ceux qui ne sont pas de la « famille ». Du dérisoire, mais aussi de la haine à l'état pur, contrôlés par des cadres plus inquiétants où se mêlent nostalgiques nazillons et rescapés de l'Algérie française. Un livre qui dérange aussi en montrant que le Front national a plus ramassé des gens abandonnés de tous que conquis son territoire. La greffe n'a pris à Marseille entre la misère, le racisme et la violence que parce que personne n'a rien su proposer à ces gens, victimes de la crise et désespérés de la politique. Si combattre c'est savoir, lisez ce livre. D Au Front, par Anne Tristan. Ed. Gallimard. Et me voilà clandestin ... Triste anniversaire que celui de ma libération à mi-peine grâce à ma bonne conduite et à mes efforts de réhabilitation. Une volonté née en prison, une aide efficace à la réinsertion m'avaient redonné l'espoir. .. M. le Préfet en a décidé autrement, je serai expulsé ou clandestin. Condamné à 26 mois de prison, on m'a remis en liberté conditionnelle au bout de 13 mois en août 1986 : contrairement à ce que certains pensent, cette mesure se mérite et se gagne, cela suppose, bien sûr, un séjour en prison irréprochable, cela .suppose surtout que soient connus et reconnus une volonté de réinsertion et les moyens mis en oeuvre: cours, examens, participation à la vie collective en prison. Tout ceci est consigné dans le rapport remis par l'administration pénitentiaire au juge d'application des peines lors de ma sortie. Ce rapport me semblait assez élogieux et constituait un encouragement à ce que je voulais réussir. Une administration m'a tendu la perche ... une autre administration a décidé de me casser. Qui pouvait prévoir qu'une loi sur les expulsions, votée quelques mois plus tard (avec effet rétroactif !), allait balayer tous ces espoirs? Qui pouvait prévoir, au-delà de la loi, plus ou moins appliquée en France, l'obstination de la préfecture du Maine-et-Loire à poursuivre, à tracasser, à traquer deux hommes, leurs proches, leurs familles avec un acharnement qui relève du règlement de compte ? .. Je refuse de quitter la France; je ne sais pas ou plutôt je ne sais plus où est ma patrie, mais ce dont je suis sûr, c'est que, de mes 23 ans , j'en ai vécu 21 en France; je n'ai pas choisi cette terre, je n'ai même pas suivi, on m'y a amené ... Pur produit de l'éducation française, dès l'école maternelle, j'ai partagé les jeux des enfants de ce pays et à l'école publique, j'ai appris, au fil du temps, mes droits de citoyen ... Seul, celui d'entrer en prison m'a vraiment été reconnu (je reconnais l'avoir mérité). Le droit de vote? Même pas dans ma ville. .. Le droit au travail? Pas n'importe où, en tout cas pas dans la fonction publique. On me conteste actuellement le seul droit qui me semblait inaliénable: celui de respirer et de vivre sur le sol que j'ai toujours Loufti se cache. Pris en charge par un de ces réseaux qui planque les expulsables. Sa lettre, nous a-t-il semblé, illustre mieux qu'un long discours la dramatique situation de milliers de jeunes issus de l'immigration, à qui l'on refuse toute issue. foulé, sur la terre où j'aimerais maintenant fixer mes racines. Après m'avoir choisi, après avoir donné son avis favorable, M. le Préfet a le bonheur de devoir exécuter l'arrêté d'expulsion... Cette expulsion, je la refuse, j'ai dû me résoudre à la clandestinité. Heùreuse'ment entouré, matériellement et psychologiquement par des personnes qui, comme moi, trouvent la situation invraisemblable, je peux continuer à survivre dans mon pays. J'échappe ainsi à l'inévitable: en « cavale », seul et traqué, clandestin.. . tout le chemin parcouru, tous les efforts ne servaient plus à rien, j'étais à nouveau condamné à la délinquance. Mais, qu'on se rassure, je ne troublerai pas plus l'ordre public que je ne l'ai fait depuis ma sortie de prison (dire que je suis récidiviste est un mensonge), la solidarité joue au-delà de mon problème, beaucoup sont atteints dans leur conscience et veulent défendre une cause. Aujourd'hui, quelques-uns sont concernés. Combien demain? Dix, comme le dit M. le Préfet? ou cent, ou mille? Après l'aide au retour, le système du coup de pied au retour s'installe pour les enfants d'immigrés... avec leur famille si possible. Soyons réalistes, jeunes beurs, immigrés, Maghrébins, Arabes, (comment doit-on nous appeler exactement?) nous avons été victimes du déracinement, nous vivons la ségrégation, l'exclusion, les conditions de vie les moins décentes, quel avenir pour nous et surtout pour nos petits frères ... une volonté manifeste nous interdit tout enracinement

allons-nous attendre silencieusement

dans nos ghettos que s'organise la déportation. Pour l'instant, envers et contre tout, aussi longtemps que j'échapperai à la recherche de la police, je reste et j'observe. La lutte s'organise avec les militants et tous ceux que l'injustice interpelle. 0 LOUFTI DJERBI Les Petites Annonces de Différences A lire et faire lire : Les Tribulations d'un ouvrier agricole. Témoignage franc sur période 1914-1975, ce livre-constat doit être considéré comme un document. Ce « quotidien d'un communiste » est un livre d'histoire. Commande (80 F) à Ph. Mioch, rue St-Laurent, 11120 Marcorignan. CCP 527 Il Montpellier. (nO 326) Voyager utile pendant les vacances en organisant une action dans 1 pays d'Afrique. Téléph.-moi vos projets. Marguerite (1) 30.38.77.18. (nO 327) Foie gras, oie ou canard, magrets frais ou fumés, cassoulets ou confits ... Gourmets, adressez-vous toute l'année à J. Legrand, 58, rue des Mathurins, 75008 Paris. Tél.: 42.65.50.46 (n° 328) Plaisirs d'hiver: ski de fond, raquettes, relaxation, sauna à 110 m dans le Vercors La Sauvagine 26410 Glandage. Tél. : 75.21.11.06 (nO 329) Un Beaujolais différent: cultivé en biodynamie. Mention « Nature et Progrès ». Doc. à René Bosse-Platière, « les Carrières », Lucenay, 69480 Anse. Tél. : 74.67.00.99. (nO 330). A vendre état neuf, prix intéressants, livres sur racisme, droits de l'homme, etc. Liste sur demande. Ecrire au jour nal qui trans . (nO 331) Accueil et Promotion, assoc. d'éducation populaire, poursuit et développe ses actions de lutte contre l'analphabétisme et de Solidarité avec les migrants. Pour assurer des ' formations en soirée, l'équipe de St-Denis Cité Floral recherche des bénévoles. Rens.: (1) 43 .66. 09.00 (n° 333) A louer, Paris 13' appart. meublé séjour double - 2 chambres - période limitée. Ecrire au journal qui transmettra (n° 332). Tarif: 25 T.T.C. la ligne (26 signes ou espaces). Texte et règlement à Différences: 89, rue Oberkampf, 75011 Paris. Tél. : 48.06.88.33 Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient d'une insertion gratuite par an (maximum 5 lignes) Différences - n° 74 - Janvier 1988 Espagnoles françaises PARCOURS DE FEMMES L'émigration espagnole fait rarement la une des journaux. Discrète, nombreuse, ancienne, elle a longtemps vécu dans les soutes de la société française. Aujourd'hui, à travers ces paroles de femmes, c'est de son parcours et de son évolution qu'il est question. Entre Martha B., Barcelonnaise de 25 ans, venue mener à Paris une carrière de styliste internationale, et Luisa S., Andalouse, émigrée des années 60 et bonne à tout faire devant l'éternel, peu de similitudes, bien sûr, autorisent au portrait type. Attirées tras los montes par la tête ou par l'estomac, c'est-àdire victimes du franquisme ou de la stabilisation économique, les Espagnoles françaises (150000 environ, à peu près autant - ce qui est remarquable - que les hommes de la communauté) ont pourtant vu leur arrivée en France niveler leur itinéraire et orienter leur destin, trop souvent vers le service domestique qui n'est pas une profession. Francisca, Françoise Merchant, tient à parler français avec moi puisque nous sommes françaises - et dans la foulée éclaircit un point de détail: « Voilà 38 ans que je vis en France et on me demande encore: quand rentrez-vous dans votre pays ? .. La communauté espagnole compte jusqu'à quatre générations. Nous sommes d'ici, et laisser penser à mes petits enfants qu'ils sont différents, c'est comme leur parler de souris à cornes! » Beaucoup de femmes espagnoles sont comme elles, arrivées en France dans les années 40-50, persécutées pour leur résistance au franquisme. « A la faveur de la guerre, les Espagnoles s'étaient ouvertes à la vie économique et sociale ... Mais fuyant un pays où il était impossible de respirer, elles perdaient de fait les avantages acquis. L'arrivée en France les a à peu près généralement orientées vers les emplois domestiques, capables de fournir rapidement une situation en règle. »Conjoncturel à l'origine, le phénomène est devenu tradition lorsque les institutions d'accueil, comme la très célèbre Congrégation de la rue de la Pompe, se sont mises en tête de systématiquement placer les nouvelles venues (ainsi le 16e est-il devenu « quartier espagnol »). On a même édité, il y a 20 ans, un dictionnaire bilingue à l'usage spécifique des maîtresses de maison employant des domestiques hispanisants ! Francisca Merchant qui, dans les associations (elles sont plus de 400 en France pour la défense des intérêts de la communauté), s'est bougée pour que les choses changent, rappelle les conditions ultra précaires de l'emploi: « On pouvait voir travailler unefemme de ménage plus de 18 heures d'affilée ... Des filles toutes jeunes que leurs patrons s'appropriaient littéralement. Elles logeaient dans l'~ppartement defamille, devaient se lever en pleine nuit pour cuisiner, ou se soumettre au droit de cuissage. Rarement déclarées, elles se retrouvent à l'heure de la vérité avec des retraites hors normes. » 'Beaucoup dont le revenu est considéré insuffisant reçoivent un soutien de l'Etat français, mais qui ne les suit pas en Espagne, si elles songent à y retourner. Concours de paëlla : ça fait partie de /a culture Organisées, au sein des associations, les femmes espagnoles défendent l'une des revendications majeures de la communauté (mais qui les regarde au premier chef, puisqu'à elles sont dévolues toutes les relations extérieures : impôts, enfants, papiers ... ) : le maintien d'une culture espagnole en France, afin que ne s'aggrave pas le décalage déjà creusé avec l'Espagne. A intervalles, elles organisent des manifs bon-enfant, des expositions-concours de travaux manuels, qui récompensent le canevas le plus réaliste, les plus belles dentelles suramidonnées. « Renvoyer les femmes aux ouvrages manuels, c'est un peu vieux jeu, non ? .. L'artisanat, lefolklore, c'est aussi la culture. »Fancisca rappelle ce concours de paëlla organisé chaque année en juin et note que la tortilla, autrefois plat péjoratif, est aujourd'hui du dernier chic dans les cocktails mondains de l'Ambassade d'Espagne. En 1985, le très important Instituto de la Mujer, lié au destin de l'Espagne socialiste, organise à Madrid un séminaire sur la santé mentale de la femme espagnole. Spontanément oubliées, les associations de la communauté en France font un coup de force et mandatent le Dr Françoise M.-L., ellemême fille d'exilés, pour représenter « cette région de l'Espagne qu'est l'émigration ». La querida doctora, qui s'occupe corps et âme de la communauté (avec adulation en retour), a longtemps exercé au dispensaire Cervantés, autrefois lieu de rencontre affectif et thérapeutique, aujourd'hui fermé pour cause d'abandon par les institutions françaises et espagnoles qui, seules, pouvaient raisonnablement assurer sa survie. Elle rappelle que les femmes migrantes, parce qu'elles travaillent en majorité, souffrent moins de l'enfermement qu'entretiennent en Espagne des structures familiales et sociales encore rigides. « Mais l'isolement social et une mauvaise connaissance de la langue les amènent au repli sur soi qui, la plupart du temps, est pathogène. A vec toutes les contradictions que le déracinement suscite ... Des états dépressifs se manifestent par des fatigues intenses, des douleurs dans le dos, dans le cou ... Sans autre signe de dépression proprement dite. Il est difficile de faire comprendre à une femme qui souffre de douleurs localisées qu'il faut en chercher la raison ailleurs: Mais vous ne comprenez pas, me disent-elles, c'est au dos que j'ai mal? » rentrer à Gijon, où se trouve le reste de la famille et un fiancé. Mais, là-bas, les choses tournent court. « Ma famille n'admet pas que j'ai pu laisser mes parents seuls à Paris pour rejoindre un homme que je n'épouse pas! La difficile recherche d'un job ne simplifie pas sa nouvelle vie. Je demande 60 000 pesetas par mois (un peu plus de 3 000 F) pour un emploi de bureau et on m 'en propose 40 000. Ilfaut déjà 20 000 pesetas minimum pour trouver un logement correct! Je suis probablement surqualifiée, mais il n 'y a aucune raison pour que j'accepte un job sous-payé. » Ses allures de punkette, mini-jupe et cheveux sauvages (qu'elle avoue avoir eu teints en vert) lui ont fait découvrir un racisme à rebours. « On ne peut toujours pas vivre dans une ville de province espagnole sans se préoccuper de l'avis des gens. Gijon, c'est un village! Et ce sont les filles qui m'agressent le plus ». Les 4 ou 5 skins de Gijon - tu quoque - n'hésitent pas à la battre froid, et sur le mur du bar que tient son copain (El esquace, lieu de la movida asturienne où une voiture de casse fait la déco), elle découvre un jour l'inscription: « Sale Française, rentre dans Un nombre impressionnant ton pays. » des Espagnoles françaises vivent seules, non mariées en tout cas. On en trouverait probablement la raison dans l'exil, fortement briseur de couples, ou dans une série de rencontres malchanceuses avec des hommes souvent plus intéressés par la régularité de leurs revenus que par leur charme typique. Abandonnées, trompées, déçues (leit-motiv latin), elles ont laissé là leurs états d'âme et décidé qu'il était mieux de continuer seules. «Les mauvaises expériences avec les hommes ont fait no- Rosa Luiz : andalouse et punkette Dans un autre style, et dans un mouvement de jeunesse, Marie-José Ramirez travaille à faire disparaître les ghettos que constituent les communautés espagnoles en Europe. Elles reconnaît que des pratiques sexistes naissent du faible niveau d'intégration dans un pays. «En Allemagne, par exemple, où s'intégrer est difficile, la communauté tend à fonctionner sur elle-même. Les parents sont plus protectionnistes, plus durs pour les fi/les et les incitent fortement à se treformation », se plaît à dire FrancÏsca Merchant, dans un système qui admet le divorce et non, comme en Espagne, le droit tacite des hommes à l'adultère. Bien que divorcée, j'ai dû longtemps prétendre, en rentrant à Madrid, que j'étais encore mariée. » La tentation d'établir un parallèle entre les deux pays revient souvent et visiblement sans crainte des paradoxes. « Lesfemmes émigrées ont acquis par leur indépendance économique plus de maturité. Elles ont apris une autre langue, se sont ouvertes à d'autres cultures ... Mais on peut aussi dire que les Espagnoles restées en Espagne ont accompagné l'évolution du pays, dont on sait l'importance depuis 1975. Elles oseront se mettre en bikini, alors que les 'Françaises' ne le feront pas. » (Ah ce symbolisme du bikini !) « Changé ?.. Oui, sans doute ... En tout cas plus que les hommes qui vivent totalement entre eux, assure Rosa Ruiz (20 ans), en porte-parole de la deuxième génération. Elles parlent plus facilement ensemble, ont noué des liens avec leurs patronnes, ont appris du mode de vie et des idées des enfants ... Mais beaucoup sont encore cristallisées autour des années 60, en Espagne: look, état d'esprit, relations dans la famille... Comme si leur imaginaire s'était fixé à ce moment-là! » Rosa est arrivée en France toute petite, avec des parents d'origine andalouse, ayant déjà fait le pas d'une première émigration vers les mines asturiennes. L'été 1986, elle loupe l'oral du bac ( C'est pas facile de s'appeler Ruiz! ») et décide de marier à l'intérieur des associations espagnoles. En France, en Suisse, la situation est différente. Les filles sont plus émancipées du cercle communautaire. » Insidieusement interrogée sur les rapports amoureux entre Espagnols et Français, elle répond, timidement, mais répond qu'il est difficile d'entretenir des rapports simples avec un homme français. «En Espagne, on sort beaucoup plus en bandes, en copains, et moins systématiquement en couples, comme ici. Une autre chose aussi: un Espagnol, lorsqu'il sent qu'une fi/le est perdue, insiste, bien sûr, mais accepte plutôt bien le refus. Ici, il en fait tout un drame! » (Tiens ?) Au centre Ibéria Cultura de la rue Saint-Jacques, les deux « Pilar » appartiennent à la première génération de l'exil. A mi, no me ha trahido aqui el estomago, He venido la cabeza la primera! » Affirmation de dignité à la limite du sectarisme, mais en l'absence d'autre forme de reconnaissance sociale ... Pilar M. est entrée clandestinement en France dans les années 50. Plusieurs fois incarcérée pour sa participation aux premières grêves contre la dictature, elle garde de son séjour de deux ans à la prison de femmes de Ventas le souvenir de l'extrême isolement des prisonnières, « des montagnardes, en (suite p. 34) ID Charles--17 janvier 2012 à 14:07 (UTC)----------------------------~--~--~----------I Différences - n° 74 - Janvier 1988 1992 : l'immigration à deux vitesses ? 1992 sera une étape décisive pour l'Europe, cela est dit et répété. Des bouleversements se profilent, l'immigration n'y échappera pas. Récemment se tenait à Strasbourg un colloque du Conseil de l'Europe: « Osons vivre ensemble » . René Mazenod y représentait le MRAP. Nous publions des extraits de son intervention qui nous semble être une base de départ pour la réflexion. Si nous nous félicitons « que des immigrés, qui ont contribué à l'essor économique de certains pays européens, deviennent des Européens à part entière - je pense notamment aux Espagnols, Portugais, Italiensnous sommes inquiets de la mise en place par bon nombre de pays de la CEE actuelle de législations, de réglementations ou dispositions qui sont, pour nous, le signe d'une stratégie d'élimination sélective. On a, en effet, l'impression de se trouver en face d'une nouvelle forme institutionnelle d'exclusion et de racisme à l'égard de tout ce qui n'est pas migrant européen, avec comme toile de fond, l'Acte unique européen de 1992. Nous sommes d'autant plus inquiets que ces textes semblent donner raison aux voix haineuses qui clament qu'il y a des étrangers assimilables et d'autres non assimilables à cause de leur culture et de leur religion ... EGALITE ... Sur l'immigration, les législations des pays européens sont très disparates. Il nous semble qu'il conviendrait que le Conseil de l'Europe demande à tous les Etats membres concernés l'harmonisation positive de ces législations pour l'égalité des droits et des chances pour tous ceux qui résident en Europe et pas seulement pour ceux qui sont (ou vont devenir) européens. A notre sens, il conviendrait de recommander aux Etats membres concernés de créer pour tous les immigrés, quelle que soit leur origine ethnique, les conditions réelles d'insertion sociale et politique pour que l'égalité des droits soit effective sur tous les plans, de façon concrète: droit de vivre en famille, scolarité et formation, emploi, logement, santé, droits sociaux (notamment l'égalité des prestations sociales et familiales), droits syndicaux, droits d'association, droits politiques (être électeur et éligible à tous les niveaux). La meilleure façon serait de s'appuyer sur une convention européenne de l'égalité des droits de tous, européens et étrangers non européens. De plus en plus, on parle d'identité et on parle aussi de droit de vote des immigrés pour lequel un certain nombre de pays européens ont déjà pris des dispositions. UNE NOUVELLE CITOYENNETE Les immigrés, de quelque onglne ethnique qu'ils soient, font partie de la société où ils vivent parce qu'ils en assument pleinement les charges à égalité avec les Européens " d'origine" plus ancienne et qu'en conséquence ils ont le droit, comme toutes les personnes, de participer aux décisions qui les concernent là où ils vivent. Par simple justice, les étrangers dits " résidents" doivent pouvoir dans chaque Etat membre bénéficier des mêmes droits civiques et politiques que les nationaux, de la même citoyenneté qu'eux. L'immigration est une injustice pour ceux qui s'y trouvent contraints et pour les pays qui voient partir leurs forces vives. Elle n'est pas le fruit du hasard, elle est le résultat d'un désordre économique international. L'Europe a un rôle important à jouer en accélérant la mise en place d'un nouvel ordre économique international. De ce fait, elle viserait la source même de l'immigration et attaquerait le mal à sa racine. Dans un sens de partage et de partenariat, un document de base serait le bienvenu sur les rapports égalitaires de l'Europe et des pays du tiers monde en développement, notamment les pays non européens qui sont pourvoyeurs de maind'oeuvre immigrée ... " Au nom du MRAP, René Mazenod a fait alors trois propositions concrètes, " basées chacune sur la résidence et non la nationalité (toutes origines confondues, Européens et travailleurs immigrés non européens) : • Une Convention européenne de l'égalité des droits • Une charte européenne des droits civiques et politiques • Une charte européenne de la solidarité avec le tiers monde.D 1 Mouvements • FORMATION: le MRAP Grenoble vient d'achever un stage de formation, en collaboration avec les MJC, les Francs et Franches camarades, Travail et culture et le SNES. Sur l'Apartheid, néonazisme, MoyenOrient, Loi de 72. A Nantes, le comité local a mis sur pied des rencontres. Après les DOM-TOM en octobre, L'extrême droite en décembre, ce sera en février sur Nationalité et citoyenneté que les participants se retrouveront. Avenir aussi : USA, société plurielle? (6 avril) et Le racisme ? Les racismes? le 1e, juin. • LE PEN dehors. La venue du leader du FN à Roubaix a créé quelques vagues. Le MRAP a participé à toutes les actions contre le meeting de JeanMarie Le Pen et la presse locale a largement rendu compte de son action. Réponse de Le Pen: des coups de poings contre de jeunes manifestants devant le palais de justice de la ville. Plus de 1500 personnes ont participé le jour même du meeting d'extrême droite à une marche .organisée par une quinzaine d'associations dont le MRAP et syndicats. Le Pen n'a eu que 600 spectateurs. • LYON. Le tribunal a décidé de dissoudre l'association CharlesMartel, présidée par un conseiller municipal de Vénissieux, ex-RPR passé au Front national : Maurice Jouannon.Rayonnant sur la banlieue lyonnaise, le groupe Charles-Martel dénonçait « l'invasion immigrée » et la délinquance (forcément « arabe »), proposant aussi l'expulsion de tous les chômeurs immigrés. Le MRAP avait porté plainte, le tribunal lui a donné raison en dissolvant cette association raciste. • ACTIFS. Le MRAPMarseille vit des jours d'intense activité : le Front national fait de gros scores dans cette ville et s'y pose en arbitre électoral dans chaque consultation. Un arbitrage que certains voudraient bien s'attacher, même au prix d'une dérive vers les thèses lepéniennes ? Autant dire que le travail des antiracistes n'est pas forcément de tout repos. Lors du récent procès d'Aix où un CRS assassin d'un jeune immigré n'avait pris que du sursis, le MRAP local a ainsi pris /'initiative d'une manifestation de 2 500 personnes. Autre type d'action : un débat avec Anne Tristan, cette journaliste infiltrée plusieurs mois dans le FN de Marseille. Résultat: en un an, le MRAP-Marseille a doublé ses effectifs. Des renforts pour la lutte quoi. • A CASTRES, le MRAP fut à /'initiative d'une manifestation à la mémoire de Snoussi Bouchiba, un père de trois enfants assassiné fin novembre par deux parachutiste de la base militaire voisine. Deux mille personnes ont répondu à cet appel. Les deux militaires meurtriers ont été inculpés et le MRAP s'est porté partie civile dans cette affaire. • A SAINTETIENNE, le MRAP a présenté de nombreux films sur le nazisme (dont Welcome in Vien na) et a participé à la fête du livre avec Pierre Vidal-Naquet. Une pétition est actuellement lancée dans la région contre la candidature de Le Pen aux présidentielles. Elle a déjà recueilli plus de cent signatures d'élus ou de responsables syndicaux et politiques. Le comédien Jean Dasté s'est associé à cette action. LE MRAP RASSEMBLE La Seine-Saint-Denis est terre d'expérimentation pour les services de M. Pandraud dans la chasse aux immigrés déclenchée par la loi de 1986. Début décembre, la fédération du MRAP avait donc organisé la rencontre de quinze associations ou partis pour discuter d'actions communes contre les expulsions et les internements en centres de rétention. Ces quinze organisations (MRAP, LDH, Amnesty international, PCF, PSU, SOS-Racisme, LCR, FEN, CGT, SGEN, Amicale des Algériens en Europe ... ) ont dénoncé « la situation d'une extrême gravité sur le département en ce qui concerne les communautés issues de l'immigration. Les expulsions sont des méthodes arbitraires par lesquelles on fabrique des désespérés, des clandestins, au lieu de former des citoyens. " Les signataires ont décidé d'élargir leur action, de développer l'information sur les expulsions et d'organiser très vite une importante manifestation publique. Au plan national, le MRAP a tenu une conférence de presse avec des jeunes en instance d'expulsion.O Des fruits et légumes suspects Le MRAP de Marseille vient d'envoyer une lettre à M. Monory, pour protester contre les discriminations dans l'accès aux stages et formation: « Le centre des fruits et légumes de la Chambre de commerce et d'industrie d'Avignon propose des stages de formation interdits aux étrangers non membres de la CEE. Cette condition leur étant imposée, nous ont-ils dit, par la direction départementale du Travail. Nous pensons que cette condition est en contradiction avec l'article 7 de la Loi du 1 er TURQUIE : cc L'ENJEU » Les VI·' Journées cinématographiques du Val-de-Marne contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples présentaient cette année une dizaine de films turcs du 24 novembre au 8 décembre. 12 villes - aux municipalités diverses - et 16 salles de cinéma ont accueilli ces films après lesquels a lieu chaque fois un débat. Une exposition de photos, un spectacle de marionnettes contant les aventures de N'Hodja, des rencontres musicales, des repas turcs, voilà de quoi intéresser, rassembler des habitants du Val-de-Marne, des militants, des amateurs de cinéma, des associations d'immigrés et des scolaires. Le tout sous l'égide du conseil général. Pas question pour les organisateurs (comités locaux du MRAP, directeurs de salle et de MJC, responsables culturels municipaux) de s'en tenir au folklore, à l'exotisme de carte postale. Mais montrer, à travers une dizaine de films et plus de Différences - n° 74 - Janvier 1988 juillet 1972 qui stipule: « Seront punis d'un emprisonnement de deux mois à un an et d'une amende de 2 000 F à 10 000 F ou de l'une de ces deux peines seulement( .. .) Toute personne qui aura soumis une offre d'emploi à une condition fondée sur l'origine, le sexe, la situation de famille, l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. " Nous souhaiterions vivement, avant de porter-cette affai re devant les tribunaux avoir votre opinion sur cette question. ,,0 1 00 projections, la façon dont des réalisateurs turcs dont deux femmes rendent compte avec beaucoup d'humour et de tendresse souvent des difficultés quotidiennes de ce pays multiple. Ces journées - intitulées "L'oeil vers ... la Turquie" - avaient pour but de montrer comment fonctionne la société turque aux yeux de réalisateurs turcs; tout en connaissant mieux le pays dont beaucoup d'immigrés sont originaires, le public est amené à réfléchir sur la façon dont fonctionne aussi la société française, les réponses qu'elle apporte aux problèmes quotidiens. Avec, bien sûr, le plaisir du spectateur devant un ton, des images, un rythme, des décors auxquels il est peu habitués dans la mesure où ces films sont peu distribués. Le racisme naît souvent de l'ignorance !o Pour tous renseignements: MRAP 94, 36, rue Audigeois, 94400 Vitrysur- Seine. G. Coulon COMMUNIQUES • CONTRE LES EXPULSIONS Le MRAP a fait parvenir à Charles Pasqua un télégramme exprimant sa « stupéfaction » devant l'expulsion de plusieurs dizaines de réfugiés basques. Le MRAP souhaite« l'abandon de cette procédure hâtive et sans contrôle» qui conduit à de véritables rafles. • PALESTINE A l'occasion du 40· anniversaire de la décision de l'ONU sur le partage de la Palestine, le MRAP a publié une déclaration dans laquelle il« il souhaite ardemment que des négociations puissent enfin s' instaurer entre les représentants des deux peuples et que se tienne rapidement une conférence internationale » sur la question du Proche-Orient. .NOUMEA Après le verdic de Nouméa, où les meurtriers de 10 militants indépendantistes furent acquittés, le MRAP a dénoncé ce verdict reflétant « la situation coloniale qui persiste en Nouvelle-Calédonie caractérisée par la violence contre le peuple canaque qu'elle provienne de la force publique ou de mercenaires commandités par les privilégiés du système. » Le MRAP a participé quelques jours plus tard à la manifestation de solidarité convoquée par le FLNKS devant le ministère de la Justice et était représenté dans la délégation reçue par le directeur du cabinet ministériel. • MILITAIRES La part prise par les militaires dans plusieurs incidents, agressions ou meurtres racistes ces derniers mois a conduit le MRAP à réagir publiquement. « Après Carcassonne, Chambéry, Sedan où il y a eu 2 morts et plusieurs blessés, c'est aujourd'hui Castres où des parachutistes ont tué dans la nuit du 16 au 17 novembre, Senoussi Bouchiba, jeune Algérien de 32 ans. Comme il l'a fait précédemment, le MRAP se constitue partie civile dans cette affaire et appelle à une manifestation massive à Castres. 1/ intervient par ailleurs auprès du ministre de la Défense pour que des mesures exemplaires soient prises pour châtier les auteurs de ces crimes et pour éviter que de tels actes qui posent le problème des rapports de l'armée et de la société ne se renouvellent. " • RAPPORT HANNOUN Consulté par Michel Hannoun pendant l'élaboration de son rapport sur le racisme en France, le MRAP ne pouvait qu'être attentif à la sortie des propositions du député de l'Isère. « Les 53 propositions formulées même si certaines semblent surtout de caractère symbolique, peuvent ouvrir la voie à une action plus efficace contre les préjugés et les comportements racistes ainsi qu'à une meilleure insertion sociale des immigrés et de leurs familles ", a déclaré le MRAP qui demande donc « la mise en oeuvre urgente de moyens importants, l'autre condition étant que chaque mesure envisagée soit réalisée en concertation avec les intéressés et les organisations qui ont vocation à défendre leurs droits et leurs aspirations. Enfin, sur le fond, le MRAP continuera de demander" le retrait définitif du projet de réforme du code de la nationalité; l'abrogation des dispositions répressives de la loi du 9 septembre 1986, la levée des obstacles au regroupement familial, la reconnaissance aux immigrés de tous leurs droits sociaux et leur participation aux élections, notamment à l'échelon local. L'extrême-droite qui attise ouvertement le racisme, doit non seulement être condamnée, mais privée de tout soutien politique, et ses mensonges sur l'immigration doivent être clairement démasqués. " • BRAVO LES ANTILLAIS ! Le Pen et sa smala n'ont atterri ni en Martinique ni en Guadeloupe. La venue provocatrice du patron du Front n'est pas passée! Dans un communiqué, le MRAP a manifesté sa solidarité avec les manifestants et remarquait que M. Le Pen récidive puisqu'il prétend qu'il s'agit de « racisme antifrançais " . Pour lui, les habitants des DOM ne font pas partie de la communauté nationale ... Certaines haines sont décidément incurables. El Femmes espagnoles (suite de la p. 31) particulier! Elle donne des cours clandestins et assure du mieux qu'elle peut le soutien moral. » Dès leur sortie de prison, les femmes se trouvaient confrontées à des problèmes quasi insolubles de recherche d'emploi. Le gouvernement tenait les employeurs obligés de s'informer sur nos antécédents. « Oui, on trouvait du travail, mais au cinquième jour on nous renvoyait sans nous payer, puisque cela était interdit ... La police était constamment derrière moi pour mon aide aux prisonnières politiques, à leurs familles. Il me venait un dégoût terrible. Que me restait-il en Espagne ? La prostitution ou le vol. » Arrivée en France; elle fait une croix sur son passé professionnel (agent de maîtrise dans les télécoms) et rentre au service d'une famille française . « A vec pour seule crainte la limite de mes forces physiques, après trois ans d'emprisonnement. » Approximativement du même âge, Pilar c., militante antifasciste dans sa province d'origine, la Navarre, porta longtemps la tête haute - et rasée - avant son départ en exil (Barcelonne puis la France) avec le groupe constitué de ses parents et de gens du village. A l'arrivée en France, ne voulant pas trop s'éloigner des autres, elle échappe au travail agricole (littéralement, puisqu'elle fuit un propriétaire qui la retient par un faux contrat) pour entrer dans la domesticité. Que me restait-il en Espagne ? La prostitution ou le vol En 44, affectée au nettoyage d'une caserne occupée par les Allemands, elle s'ingénie à saper le moral des troupes : « Je disais aux jeunes soldats marqués par l'absence de leurs mères, de leursfemmes : Mais comment pouvez-vous vivrè loin de votre famille? Rentrez donc chez vous, vous serez tellement mieux? » Contre ses espérances, la fin de la guerre n'amène pas celle de Franco et Pilar entrée de bonne heure dans l'hôtellerie y restera jusqu'à la retraite ... Toujours contestatrice du mauvais ordre, renvoyant les rogatons aux cuisines ( Dans les cuisines des hôtels, c'est là que l'on mange le plus mal! »), défendant ses droits ou prenant fait et cause pour les nouvelles arrivées espagnoles, très ignorantes de la loi. Aucune des deux Pilar n'est mariée, et ne souhaite parler de cela, n'y trouvant aucune raison objective. Elles donnent une part de leur temps à lbéria Cultura et lorgnent parfois vers l'Espagne, se découvrant de vraies, bonnes ou fausses raison de ne pas repartir. « Si je m'en vais, dit Pilar M., songeant à la revente de son petit logement pour un achat équivalent en Espagne, je n'aurai pas les moyens de vivre. Ma retraite est trop faible. La loi d'amnistie de 77 n'a pas voulu reconnaÎtre les droits d'indemnisation pour les victimes de la dictature condamnées à l'exil. Et puis nous sommes ici, nous sommes d'ici ... Pourquoi partir maintenant ... » D Françoise Oasques Fédération des associations d'émigrés espagnols en France (FAEEF), 22 bis, rue Richer, 75 Paris. Tél. : 47.70.41.17. DE L E'.' IJRAT10N HEBOOIIADAIRE Organe de l'Amicale des Algériens en Europe 3, rue Joseph-Sansboeuf, 75008 Paris (1) 43.87.35.09 LES PIEDS SENSIBLES c'esll'affaire de SULLY Confort, élégance, qualité, des chaussures faites pour marcher 85 rue de Sèvres 5 rue du Louvre 53 bd de Strasbourg 81 rue St-Lazare Du 34 au 43 féminin , du 38 au 48 masculin, six largeurs CATALOGUE GRATUIT SlT,LY. 85 rue de Sèvres, Paris 6' 5 °'0 sur p'~s en ta rlon de cette annonce FRANCE SALES KNITWEAR SA 63, rue de Cléry 75002 Paris, France Tél. : (1) 42.36.94.79 Galerie Katia Granoff 92, rue du Faubourg-Saint-Honoré 75008 Paris PRÊT A PORTER FËMININ ~~ Charles'ABOUKIR @D.:.\y75002PARIS . :a','" TELEPHONE4233.90.16 ' .. galerie denise rené 196 boulevard saint-germain 75007 paris tél. : 42 22 77 57 câble denlsgal ---MODE MASCULlNE--On ne trouve pas de soldes au Dépôt des Grandes Marques Vente sans intennédiaire,~ L •• grtfle. le. plu. pr •• tlgleu ... de. couturiers françal. at ltaUan. 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Notes

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